Révolution numérique : trois tendances clés illustrées - 2009

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Copyright Innhotep Révolution numérique Trois tendances clés illustrées : 1. La « smartisation » des usages 2. Les « micro-multinationales » 3. L’apprentissage à l’heure du numérique Ce document est une publication du Cabinet Innhotep, rédigé en 2009

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Révolution numérique Trois tendances clés illustrées :

1. La « smartisation » des usages 2. Les « micro-multinationales » 3. L’apprentissage à l’heure du numérique

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I. L’intelligence numérique nous entoure de plus en plus

Les composants de « l’intelligence ambiante » sont définis dans Wikipédia comme étant l’ubiquité, l’attentivité (contexte d’usage automatiquement pris en compte), l’interaction naturelle et l’intelligence (analyse du contexte et l'adaptation dynamique). « iPhone» et « blackberry » sont deux symboles emblématiques de cette « intelligence ambiante ». Ils totalisent à eux deux 70% du marché des Smartphones et 606 millions de résultats de recherche dans Google, soit autant que le mot « America ». Déjà une forme de consécration ! En France, la Commission générale de terminologie et de néologie a clos l’année 2009 1 en officialisant des traductions de termes techniques, parmi lesquels le « Smartphone », poétiquement baptisé « Ordiphone », honorant ainsi de remarquables capacités de traitement. Doit-on s’obstiner à traduire « Smart » par « Intelligent » (compteur intelligent, réseaux intelligents, etc.), traduction réductrice, dans la mesure où « Smart » signifie également dans la langue de Shakespeare « dégourdi », « rapide » et même « chic » (ex. le cadeau Smartbox) ? Les innovations « smart » méritent l’ensemble de ces qualificatifs car elles tirent pleinement partie des révolutions numériques dont nous sommes à l’aube : augmentation des capacités, de la mémoire et de l’autonomie des objets, miniaturisation, accroissement de la connectivité y compris en situation de mobilité, réseaux haut débit, géolocalisation, bases de données globales (ex. Google), inventivité en matière d’applications, etc. Les innovations « Smart » pèsent et vont peser de plus en plus lourd dans l’économie :

La gestion de l’énergie va se faire de plus en plus « intelligente » sur l’ensemble de la chaîne de valeur avec les « smart grid », « smart meter » et « smart home ».

• Forçons le trait, évitons de rentrer dans le débat d’expert ou la spécificité française par souci de pédagogie. Les capacités de production et de transport d’électricité sont actuellement dimensionnées pour passer les pics de consommation, aussi courts et peu fréquents soient-ils. Or l’énergie de pointe, c’est à dire actionnable dans un temps très court, est précisément celle qui émet le plus de CO2, à l’exception de l’énergie hydroélectrique. Il y a donc un intérêt à lisser la courbe de charge en jouant sur la demande, en gérant mieux les flux : c’est l’objet des smartgrids. 11 milliards de dollars ont ainsi été affectés par le Président Obama aux «Smart Grid » dans le cadre de son plan pour une relance verte.

• Comme les « petits ruisseaux font de grandes rivières », la maitrise de l’énergie ne s’attache pas seulement aux gros consommateurs (industries, transports, etc.) mais à des foyers de consommation au

1 Arrêté dans le Journal Officiel du 27 décembre

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travers du « smartmeter » chez des particuliers et des professionnels. Ce dernier est « smart » en ce qu’il est un outil moderne, quasi temps réel et qu’il autorise de multiples services pour de multiples acteurs : mesure et affichage de la courbe de charge (ex. GoogleMeter), effacements sélectifs, diagnostics énergétiques, nouveaux modes de facturation (ex. tarif spot, période mobile), paramétrage sans intervention humaine, etc. Le distributeur ERDF qui va déployer 35 millions de compteurs Linky d’ici à 2017 n’est pas seul. De nouveaux acteurs, des Start-Up mais aussi des Fournisseurs d’Accès à Internet (FAI) pourraient bien prendre part à ce marché en pleine construction.

• Il est parfaitement légitime de mettre en doute la viabilité d’un tel système. On comprend bien que des mesures fines permettent dans un premier temps d’effectuer un diagnostic et prendre des mesures pérennes d’efficacité énergétique. Mais comment un particulier peut-il savoir qu’à 21H40 le 28 décembre 2009, il est en énergie de pointe, qu’il aurait intérêt pour optimiser sa facture à baisser la température de 0,5 degré pendant 2 heures, à repousser le séchage du linge de 3 heures ? La notion de « smart home » prend alors tout son sens, en lien avec le « smart meter ». A titre d’exemple Berkeley travaille sur des systèmes à air conditionné qui tiennent compte des habitudes de leur propriétaire ou encore du prix de l'électricité pour réguler leur consommation. Autre exemple, des systèmes optimisent la position des volets en fonction de la saison, de la luminosité ou température extérieure.

Avec la « smart car » le conducteur n’est plus le seul à penser : iSuppli estime qu’il y aura d’ici 2016 près de 62.3 millions de consommateurs qui auront accès à Internet dans leur véhicule (contre moins d’1 million aujourd’hui), ce qui autorise une infinité d’applications : détection de bouchons, partage de l’image d’un incident, de places de stationnement disponibles, etc. Par ailleurs la voiture pourrait s’intégrer dans les dispositifs de « Smart grids » comme énergie de réserve.

Le « Smartphone » m’évoque une métaphore triviale, celle de l’Inspecteur Gadget qui sort de son chapeau l’outil adapté à toute situation. Le Smartphone est certes un téléphone qui véhicule la voix, mais c’est presque accessoire. Prenons les deux champions : le Blackberry (10,1 millions dans le monde sur le dernier trimestre 2009), l’iPhone (7,1 millions dans le monde sur le dernier trimestre 2009, 50% du marché français des Smartphones et 8,5% des mobiles). Blackberry s’est d’abord illustré dans les milieux professionnels avec une technologie qui “pousse” les mails et les messages instantanés et séduit maintenant la jeunesse qui apprécie être informée en temps réel de l’activité des réseaux sociaux (Facebook, Myspace…). Apple a de son côté créé la surprise en se diversifiant avec un succès fulgurant dans la téléphonie mobile avec deux principales clés de succès : une ergonomie incomparable, une production d’applications sur un mode « collaboratif », Apple se faisant l’intermédiaire entre les éditeurs et les consommateurs. Il y a eu 3 milliards de téléchargements parmi 120000 applications disponibles sur l’App Store. Comment expliquer un tel succès ? Les applications de l’iPhone combinent plusieurs éléments qui s’apparentent aux sens humains : la vue (écran, photo / vidéo), l’ouïe (haut parleur, micro), le toucher (écran tactile, vibration), l’orientation (GPS, boussole, gyroscope), la communication (Internet, téléphone), le savoir (bases de données embarquées, externes), l’identité du possesseur (préférences, caractéristiques, historique, identifiants / mots de passe pré chargés…), la

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capacité de traitement, le tout avec une ergonomie et une simplicité très bien étudiées. Aussi le champ des possibles en matière de conception d’applications est-il extraordinairement vaste, d’où une offre pléthorique répondant à une demande boulimique de téléchargement. Quelques perles parmi tant d’autres, des sérieuses et des ludiques : BC Reader(scan et intégration automatique de cartes de visites), RATP, Avertinoo (avertisseur de radar), Comuto pour le covoiturage, OpenCellar (gestion de la cave à vin), WhiteNoise (génération de sons, y compris pour calmer votre bébé), Let’s Golf (jeu), Péteur (farce et attrape), etc. Il y en a même qui vous font progresser telle « Smart.fm » qui est basée sur les études sur la mémoire et le cycle d’apprentissage qui voudrait que le meilleur moment pour réviser les connaissances mémorisées est juste avant de les oublier. En vous inscrivant, le logiciel se rappellera ce que vous étudiez et se chargera de vous rappeler ce que vous êtes sur le point d’oublier, en vous informant et vous permettant de tester vos connaissances.

C’est paradoxal : les usages « smart » visent à améliorer notre efficacité et notre confort en un minimum d’effort au prix d’une incroyable complexité pour ceux qui produisent ces mêmes services. Les opportunités business mais aussi les risques sont à l’image de la taille des marchés, de la rapidité des développements et des évolutions technologiques. Maintenant plus que jamais les entreprises doivent comprendre et percevoir les signaux faibles pour bâtir des stratégies solides et entreprendre efficacement.

II. « La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf », à l’ère du numérique, elle le peut !

Jean De La Fontaine n’en reviendrait pas. Google, entreprise de la nouvelle économie fondée en 1998, tourne sur 450000 serveurs, indexe plus de 1000 milliards de pages et a réalisé un bénéfice de 1,42 milliards en 2008. Par son étendue, son impact sur les nouvelles formes de communication, Google change les règles du jeu, l’assemblage de la connaissance et les rapports de force économique. Hal Varian, économiste en chef chez Google depuis 2002 et professeur à l’Université de Berkeley, est un brillant théoricien de ces mécanismes et un commentateur privilégié de la période actuelle. Hal Varian explique un changement de paradigme concernant les entreprises innovantes : nous passons à l’ère des micro-multinationales où les moyens de communication sont devenus tellement bon marché et performants que n’importe qui peut s’organiser à travers le monde pour lancer une activité économique. Ce bouleversement est multiforme :

Levée des barrières géographiques : les nouvelles compagnies, les startups, les PME, peuvent démarrer digitale et internationale dès le premier jour. Avec le Cloud Computing les clients peuvent être immédiatement internationaux : par exemple la StartUp « DropBox » de partage et de réplication offline de documents que nous utilisons par ailleurs.

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Emulation créative : le bouillonnement d’échange d’informations permet de multiplier les expérimentations de façon exponentielle. Rappelons que les innovations de rupture viennent essentiellement de l’open innovation.

Expression des talents et baisse des coûts : les modes collaboratifs permettent de tirer partie des meilleures expertises à des coûts compétitifs.

Qualité des services : étalonnage du niveau de service sur le marché le plus exigent ou avancé (ex. le marché japonais sur les services aux personnes âgées).

A ce titre, les Services Web de Amazone peuvent être de fantastiques accélérateurs en proposant :

De l’hébergement d’applications ou de sites web

Des solutions de sauvegarde

Du e-Commerce

Plus original, sans jugement éthique qui serait ici hors propos, la plateforme d’intermédiation « Mechanical Turk ». Il s’agit de propositions de travaux online à faible valeur ajoutée et la mise en relation avec des personnes souhaitant effectuer ces tâches : tagging d’images, reconnaissance video, transcription de podcast, traduction, enquêtes d’opinion, dédoublonnage de catalogues produits online, …). Ces tâches sont très faiblement rémunérées. La start-up Snapmylife de partage de photos utilise ce service pour veiller à la moralité des photos postées, CastingWords l’utilise pour transcrire des podcasts, Knewton pour tester la performance d’un site et la construction d’une base d’opportunités…

Ce constat sur les micro-multinationales amène à repenser la manière dont nous percevons les start-up en France. Les choses ne sont heureusement pas complètement figées. Le Pacte PME, a par exemple été créé il y a trois ans afin de faciliter et renforcer les relations entre PME innovantes et grands comptes. 55 grands comptes se sont ainsi engagé à augmenter de 10 % la part des PME dans leurs achats. En tête du palmarès des augmentations les plus importantes, la SNCF a augmenté ses achats attribués aux PME de 684 millions d’euros, soit une croissance de 100,6 %, depuis la signature du Pacte. Pour son directeur des achats, Pierre Pelouzet, « c’est dans les PME que se trouve l’innovation. ». Le dispositif devrait s’étendre aux ETI (Entreprises de Taille Intermédiaire). Une écoute permanente de l’écosystème des start-up associée à une capacité d’identification des perles est un atout considérable pour une grande entreprise : innovation de rupture, relais de croissance, gains financiers, performance opérationnelle… Les mentalités sont malheureusement encore bien ancrées que l’apport d’une vision externe contribue à changer.

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III. Les évolutions numériques peuvent améliorer l’acquisition de connaissances et même le fonctionnement du système éducatif « traditionnel »

Les NTIC prennent ainsi une place croissante dans la vie quotidienne et le fonctionnement des sociétés, avec des usages qui vont varier en fonction des générations. L’enjeu est tel que l’Arcep fixe des objectifs élevés aux opérateurs, comme 98% de la population française couverte en 3G en 2013. En référence aux travaux de William Strauss et Neil Howe qui ont caractérisé la Génération dite X (née entre 1960-1980), on retrouve le terme de « génération Y » pour les personnes nées entre la fin des années 1970 et le milieu des années 1990 que l’on qualifie de « digital native » ou encore net génération ». La génération Y a une maîtrise intuitive de l'informatique grand public et de l'électronique portable (téléphonie mobile, photo numérique, GPS) dont elle a été la jeune spectatrice de l’introduction massive. Pour autant la génération Y a reçu une éducation traditionnelle (livres, cours magistraux, etc.). Il en est tout autrement pour la génération « Z », née avec les NTIC et fortement connectée, qui utilise couramment les réseaux sociaux, les applications mobiles, les jeux en ligne, et même des outils d’autoformation ludiques tels que Smart.fm, véritable succès au Japon. Avec un temps de retard sur les initiatives privées, gageons que les systèmes éducatifs, supérieurs puis élémentaires, vont progressivement évoluer pour intégrer ses évolutions.

La numérisation des supports va se poursuivre et la demande va augmenter avec la diffusion des tablettes. Lors du colloque scientifique Ludovia en août 2009, les experts se sont accordés pour dire que le papier devrait disparaître d’ici à 2020. Nous ne serons pas aussi catégoriques car le lien affectif avec l’édition papier perdurera encore longtemps. La bibliothèque numérique Gallica de la Bibliothèque nationale de France propose, après 10 ans de numérisation, près d’1 million de documents électroniques. On peut imaginer différentes formes de support numérique : des livres numérisés, des manuels numériques (au format flash, avec la possibilité de naviguer dans le contenu) ou encore des briques pédagogiques pour créer des cours personnalisés. On rejoint ainsi le concept de « cartable numérique » qui a comme première vertu l’allègement du poids du cartable. La lecture de supports numériques sur tablette est indiscutablement amené à ce développer. A titre d’exemple, le PDG de Média Participations, invité par le Club ESSEC Medias-Communication le 14 janvier 2010, explique que leurs BD numérisées sur iPhone, lancées il y a un an, rapportaient 100000€ par mois.

L’école se numérise au bénéfice de la relation entre le corps enseignant et les familles. Le lycée Saint-Sernin à Toulouse avertit par SMS du retard ou l’absence d’un enfant. Le « carnet de note électronique » permet de partager entre professeurs, parents, enfants les notes et appréciations.

Contrairement aux idées préconçues, les réseaux sociaux ne sont pas nécessairement à bannir de l’enceinte de l’école. Des chercheurs en technologie de l’université du Minnesota2, à partir d’observations de lycéens américains de 16 et 18 ans, ont montré que les réseaux sociaux sont de formidables outils pédagogiques permettant d’acquérir des compétences technologiques qui sont attendues aux 21ème siècle (téléchargement, édition et

2 Dr. Christine Greenhow

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modification de contenu). A l’école, les réseaux sociaux amélioreraient même la participation en classe et la collaboration entre élèves. L’université de Purdue a développé récemment Hotseat permettant aux élèves de poster en temps réel, via un ordinateur ou un mobile, leurs commentaires concernant le cours, de voter pour les commentaires les plus intéressants. De son côté, le professeur peut en temps réel juger de l’assimilation de son cours et ajuster le contenu.

Les portails de savoir concentrent une masse de connaissances utiles et fertilisent les rapports internationaux entre les universités. Le portail VideoLectures.NET (slovène) propose plus de 9000 interventions de professeurs universitaires et de chercheurs sous forme de vidéo (100 supplémentaires par semaine). La conférence peut être commentée et pourra prochainement être téléchargée. Grâce à des outils sémantiques, le portail est capable de rechercher des thèmes semblables auprès d’éminentes universités (Berkeley, Cambridge, le CERN…) et organisations. Selon le rédacteur en chef du site, les étudiants ont tendance à fréquenter avec plus d’assiduité les cours de conférenciers qu’ils auraient vu auparavant sur Internet. Des programmes visent d’ailleurs à rendre l’accès du portail plus facile sur un téléphone portable, ce qui rejoint l’initiative d’Apple, avec l’iTune University, plate-forme de distribution de contenus universitaires gratuits (Stanford, Berkeley, Duke, MIT…). Ces outils pédagogiques servent également aux étudiants de ces universités. Dani McKinney, chercheur à l’université de Fredonia, montre que les étudiants qui peuvent réécouter un cours si nécessaire, ont de meilleurs résultats à l’examen (+10% de bons résultats dans son expérimentation).

Les serious games sont des outils pédagogiques à part entière. Ils visent à rendre attrayante et pédagogique des concepts « sérieux » par une forme, une interaction, des règles et éventuellement des objectifs ludiques. Parmi les 92 lauréats des appels à projets sur le thème des serious gaming et le Web 2.0 retenus par Nathalie Kosciusko-Morizet en septembre 2009, « Play & Cure » vise par exemple à présenter virtuellement le corps humain (statique et dynamique) pour les étudiants de médecine et les lycéens. En matière de formation professionnelle, AXA teste un nouveau programme de formation interne à la vente dans lequel les salariés « jouent » à convaincre des clients virtuels, plongés dans un environnement en 3D, confrontés à des difficultés imprévues. AXA annonce un gain de 17000 contrats supplémentaires sur la région pilote.

Les jeux en ligne, à condition de ne pas tomber sous addiction, seraient de formidables outils de préparation à la vie professionnelle. IBM et Seriosity Study affirment que les jeux de rôles sur Internet requièrent et développent des qualités demandées aux responsables dans le monde de l’entreprise, en particulier organisation, leadership et sens du résultat. De plus, étant parfois des milliers à jouer ensemble, les joueurs apprennent à collaborer, à jouer de leur influence, à prendre des risques, à communiquer sans barrière hiérarchique.

Vous l’aurez compris, la question n’est plus de savoir si l’éducation va intégrer les innovations numériques mais plutôt de déterminer lesquelles, à quel moment, sous quelles conditions et pour quels effets. Il en va de la performance de notre système éducatif déjà mis à mal (ex. 23ème rang pour ce qui est des compétences scientifiques dans l’étude PISA 2006) et de la compétitivité de nos entreprises qui, elles aussi, doivent évoluer dans leur approche du numérique et de leur recrutement de talents.