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Vingt-troisième ► Secousse 1 Marc Blanchet Revoir Depuis 2007, Marc Blanchet montre son travail photographique en galeries et centres d’arts. Aux séries Miroirs du double (2007) et Miroirs du double / Sri Lanka (2008), ont succédé Fantôme (texte d’Éric Vuillard, 2012) et Récemment (texte de Patrick Boucheron, 2014). Les éditions Immanences, qui suivent désormais ce travail pour des publications à tirage limité, ont réalisé en mai 2017 le portfolio tirage palladium La Nuit accompagné d’un texte typographié d’Éric Vuillard. Les phot ographies de Marc Blanchet sont présentes dans des collections publiques et privées. Il travaille actuellement sur plusieurs séries, à l’écart de toute exploration de territoires ou communautés humaines, en privilégiant des thématiques orientées vers le paysage, le portrait ou l’archivage d’œuvres littéraires passées. Pour ce dernier projet (Les Archives), il puise dans son propre fonds photographique de ces cinq dernières années, la Photographie se faisant lectrice de la Littérature. Marc Blanchet donne ainsi mémoire à des auteurs disparus en confrontant ses photographies, réalisées hors de toute mise en scène ou reportage, aux obsessions, thèmes et vies d’auteurs disparus (premier volume Poussières : Benjamin ; Walser ; Kafka ; Schulz ; Celan et Sebald ; avec le soutien de la Drac-Centre, 2017). Éric Vuillard, au sujet de la série Fantôme (2012) : « (…) ce sont les silhouettes d’arbres qui m’ont en premier requis. Ce sont les personnages de nos inquiétudes. Elles se dressent devant nous, fuyantes, massives, comme des fantômes. Mais ce ne sont peut-être pas des arbres, seulement des traces aléatoires sur la buée du compartiment de train ou sur les vitres de la voiture. On ne le saura pas. Peu importe. On ne saura pas non plus si elles nous menacent ou bien nous protègent. Ce n’est pas tranché. Ce sont des silhouettes profondes, obscures. Elles murmurent une vérité sur le monde qui nous échappe, et elles se tiennent-là, comme des sentinelles. (…) Enfin, il y a ce grand rideau, cette toile épaisse sur les lour des dalles, dissimulant je ne sais quel théâtre du monde, une représentation évanouie. Cette photographie nous dit : « Je cache ». Et ce linge qui pend contre un mur, suspendu au fil du temps, est-ce que c’est notre secret ? Est-ce enfin ce qui reste lorsque l’on a tout dit ? Est-ce que c’est notre défroque ? » Patrick Boucheron, au sujet de la série Récemment (2014) : « Des ombres, des doubles, des revenants – oui, mais pas seulement. C’est aussi beaucoup plus simple que cela. [Marc Blanchet] nous donne de ses nouvelles. Nous montre ce qui s’est passé récemment. Alors l’histoire ? Sans nul doute : Marc Blanchet est un photographe d’histoire. Non pas qu’il agence quelques petits tableautins à costumes, c’est tout le contraire. Il prend à la volée du temps le mystère de son cours. Il saisit et rend visible ce que c’est, pour le temps, de passer. Il voit et donne à voir par quels états, par quelles textures, par quelles matières il passe. Comment il cherche à se divertir, débordant de son cours majestueux, pour se faufiler, s’immiscer, s’iriser. Le photographe n’est jamais très loin, non pour
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Vingt-troisième ► Secousse
1
Marc Blanchet
Revoir
Depuis 2007, Marc Blanchet montre son travail photographique en galeries et centres
d’arts. Aux séries Miroirs du double (2007) et Miroirs du double / Sri Lanka (2008), ont
succédé Fantôme (texte d’Éric Vuillard, 2012) et Récemment (texte de Patrick
Boucheron, 2014). Les éditions Immanences, qui suivent désormais ce travail pour des
publications à tirage limité, ont réalisé en mai 2017 le portfolio tirage palladium La Nuit
accompagné d’un texte typographié d’Éric Vuillard. Les photographies de Marc
Blanchet sont présentes dans des collections publiques et privées.
Il travaille actuellement sur plusieurs séries, à l’écart de toute exploration de territoires
ou communautés humaines, en privilégiant des thématiques orientées vers le paysage, le
portrait ou l’archivage d’œuvres littéraires passées. Pour ce dernier projet (Les
Archives), il puise dans son propre fonds photographique de ces cinq dernières années,
la Photographie se faisant lectrice de la Littérature. Marc Blanchet donne ainsi mémoire
à des auteurs disparus en confrontant ses photographies, réalisées hors de toute mise en
scène ou reportage, aux obsessions, thèmes et vies d’auteurs disparus (premier volume
Poussières : Benjamin ; Walser ; Kafka ; Schulz ; Celan et Sebald ; avec le soutien de la
Drac-Centre, 2017).
Éric Vuillard, au sujet de la série Fantôme (2012) :
« (…) ce sont les silhouettes d’arbres qui m’ont en premier requis. Ce sont les
personnages de nos inquiétudes. Elles se dressent devant nous, fuyantes, massives,
comme des fantômes. Mais ce ne sont peut-être pas des arbres, seulement des traces
aléatoires sur la buée du compartiment de train ou sur les vitres de la voiture. On ne le
saura pas. Peu importe. On ne saura pas non plus si elles nous menacent ou bien nous
protègent. Ce n’est pas tranché. Ce sont des silhouettes profondes, obscures. Elles
murmurent une vérité sur le monde qui nous échappe, et elles se tiennent-là, comme des
sentinelles. (…) Enfin, il y a ce grand rideau, cette toile épaisse sur les lourdes dalles,
dissimulant je ne sais quel théâtre du monde, une représentation évanouie. Cette
photographie nous dit : « Je cache ». Et ce linge qui pend contre un mur, suspendu au
fil du temps, est-ce que c’est notre secret ? Est-ce enfin ce qui reste lorsque l’on a tout
dit ? Est-ce que c’est notre défroque ? »
Patrick Boucheron, au sujet de la série Récemment (2014) :
« Des ombres, des doubles, des revenants – oui, mais pas seulement. C’est aussi
beaucoup plus simple que cela. [Marc Blanchet] nous donne de ses nouvelles. Nous
montre ce qui s’est passé récemment.
Alors l’histoire ? Sans nul doute : Marc Blanchet est un photographe d’histoire. Non
pas qu’il agence quelques petits tableautins à costumes, c’est tout le contraire. Il prend
à la volée du temps le mystère de son cours. Il saisit et rend visible ce que c’est, pour le
temps, de passer. Il voit et donne à voir par quels états, par quelles textures, par quelles
matières il passe. Comment il cherche à se divertir, débordant de son cours majestueux,
pour se faufiler, s’immiscer, s’iriser. Le photographe n’est jamais très loin, non pour
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faire spectacle ou porter témoignage de ce qu’il a vu récemment, mais pour nous faire
voir les yeux qui voient. Et ici, devant le banc ponctuant la forêt obscure, la trame
d’une toile. Ce que c’est que cette toile, vous le savez bien : c’est la peinture, l’histoire
de la peinture, toute l’histoire de la peinture. On ne voit qu’à travers elle. »
Marc Blanchet est né en 1968 à Bourges. Également écrivain, il a publié une vingtaine d’ouvrages
(poésie, essais, récits, proses), dont récemment : Méditations & autres brièvetés (La lettre volée, 2013). À
paraître (La Lettre volée en 2018) : Souffle de Beckett, essai et Valses & enterrements, proses
fantasmatiques. Les photos ci-après sont en grande partie tirées des séries Fantôme (2012) et Récemment
(2014). Site personnel : www.marcblanchet.fr
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