Reves Mythe

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7/23/2019 Reves Mythe http://slidepdf.com/reader/full/reves-mythe 1/84 Rêve et mythe Contribution à l’étude de la psychologie collective

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Rêve et mythe

Contribution à l’étude de la psychologie collective

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Table des matières

I. — La recherche psychanalytique selon Freud..............................2

II. — Les fantasmes infantiles dans le rêve et le mythe. La théorie

du désir et le mythe..........................................................................5

III. — Le symbolisme du langage onirique et dautres formations

fantasmatiques...............................................................................!!

I". — #nalyse de la légende de $rométhée....................................2%

 ". — La marque de linfantile dans la psychologie individuelle et

collective. La réalisation du désir dans le rêve et le mythe...........2&

 "I. — Les e'ets de la censure dans le rêve et le mythe. La

condensation..................................................................................%(

 "III. — Les e'ets de lélaboration par déplacement dans les

légendes de $rométhée) *o+se et ,amson.....................................-!

I. — Les moyens de /guration du mythe......................................-(

. — Les réalisations de désir dans la légende de $rométhée.......-0

I. — #nalyse du mythe de lorigine du breuvage divin................52

II. — La théorie du désir dans le mythe.......................................5&

III. — Les forces déterminantes de la vie psychique de lindividu

et de la collectivité.........................................................................(!

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 []

... 1 Il nest point de hasard 3 et ce qui nous semble

appro4imation aveugle est issu des sources les plusprofondes.

-

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I. — La recherche psychanalytique selon Freud 

Les théories psychologiques au4quelles sattache le nom de Freud

couvrent une série de domaines de la vie psychique de lhomme qui)6 premi7re vue) ont peu de relations entre eu4. Freud est parti de

certaines manifestations psychiques pathologiques décrites dans les

 Études sur l’hystérie  publiées en !085 en collaboration avec 9.

:reuer. La constitution progressive de la méthode psychanalytique

e4igea une étude approfondie des rêves ;!<. Il apparut par la suite

quune pleine compréhension de ces phénom7nes e4igeait une

investigation comparée. #ussi Freud anne4a=t=il dautres domainesde la vie psychique normale et pathologique. #insi furent con>us les

travau4 sur lhystérie) les représentations obsessionnelles et dautres

troubles psychiques rassemblés dans la 1 ,ammlung ?leiner ,chrif=

ten @ur Aeurosenlehre ) !8B8) puis la monographie sur le  Moi

d’Esprit,  !8B5) les Trois Essais sur la Sexualité,  !8B5) et) plus

récemment) lanalyse psychologique dune Cuvre poétique ;2<. Freud

réussit 6 envisager ces productions apparemment hétérog7nes de lapsyché humaine sous langle de leurs points communs D celui de leurs

relations avec linconscient) avec la vie a'ective de lenfant et avec la

se4ualité. Leur tendance commune est de représenter comme réalisé

un souhait du suEet. lles se servent des mêmes moyens pour arriver

6 leurs /ns.

;!<  Die Traumadeutung  ;La science des rfves<) !8BB. 2G éd.)

!8B8.

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I. — La recherche psychanalytique selon Freud

;2<  Der alm und die Tra!me in " #$emens  1 %radiva ) !8B&

;Hélire et êve dans la B Jradiva de K. 9ensen<.

$our celui qui nest pas familiarisé avec les écrits de Freud et de

ses disciples) il peut paratre étonnant que lon puisse tenter

sérieusement de considérer toutes ces productions sous des angles

communs. Il demandera quelle peut être la relation du mot desprit

avec linconscient. Il doutera quune maladie puisse permettre au

patient qui en sou're la réalisation dun désir. Il ne concevra pas

comme possible de la mettre en parall7le) 6 cet égard) avec un

pc7me. Il ne comprendra pas les relations générales qui régissent et

les rêves de ladulte et la psyché de lenfant. n/n) il sél7vera peut=

être surtout contre les relations établies entre ces phénom7nes

psychologiques et la se4ualité. He même) les théories de Freud

apparaissent pleines de contradictions et dabsurdités 3 elles

semblent généraliser sans critique des découvertes isolées. He sorte

que lon sera tenté de récuser demblée une méthode dinvestigation

qui a permis dobtenir les résultats sus=évoqués ;i<.

Mne réponse immédiate 6 ces di'érentes obEections mobligerait 6

un e4posé détaillé de lensemble de la théorie freudienne) ce qui

dépasserait le cadre de cet écrit. Le cours de notre investigation

nous o'rira loccasion daborder la plupart des probl7mes essentiels

au4quels Freud a consacré son activité. n attendant) Ee me

contenterai dune seule indication D Nous les phénom7nes psychiques

que nous avons mis cOte 6 cOte sont les produits de l’imagination

humaine" Il nest pas possible décarter sans plus la supposition

quen tant que tels ils doivent présenter certaines analogies.

n dehors des productions de limagination individuelle) il en est

dautres qui ne peuvent être attribuées 6 limagination dun seul. 9e

me bornerai ici 6 considérer les mythes et les contes comme tels.

Aous ne savons pas qui les a créés) qui fut le premier 6 les raconter.

Nransmis de génération en génération ils ont subi ainsi des

modi/cations et des adEonctions. Hans les légendes et les contes

(

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I. — La recherche psychanalytique selon Freud

se4prime limagination dun peuple. 9usqu6 un certain degré) Freud

en a fait lobEet de son investigation et a découvert bien des aspects

qui les rendent comparables au4 Cuvres de limagination

individuelle. écemment) un autre auteur a suivi. i?lin ;2< a fait une

analyse psychologique des contes  de di'érents peuples. 9e me

propose ici de comparer le mythe avec les phénom7nes de la

psychologie indi=

;!< Nelle est 6 peu pr7s la position prise par la science médicale

 vis=6=vis des théories de Freud. Il faut reconnatre que ces théories

semblent de prime abord étranges 6 qui nest pas averti. Il faut

souligner quun fossé les sépare de la psychologie traditionnelle.

Peci ne devrait cependant pas être une raison de sen défaire par un

haussement dépaules) ou par quelques formules lapidaires Eoviales)

comme le critique ne manque pas de le faire.

;a< Le travail annoncé par i?lin D &ccomplissement des souhaits

et sym'olisme des contes parut alors que Eavais terminé ce travail.

Pest pourquoi Ee nai pu citer que la br7ve communication

préliminaire de lauteur ;1 $sychiat. und Aeurol. Kocnenschrift )

!8B&) nQR 22=2-<.

 viduelle) en particulier avec le rêve. 9e veu4 montrer que les

théories de Freud sappliquent largement 6 la psychologie du mythe

et quelles sont propres 6 nous introduire 6 une compréhension

nouvelle des légendes ;!<.

&

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II. — Les fantasmes infantiles dans le rêve et le

mythe. La théorie du désir et le mythe

 9e voudrais prévenir demblée certaines obEections a priori

concernant lentreprise que Ee proEette. Sn pourra mopposer que le

mythe est un produit imaginaire élaboré en période de veille alors

que le rêve appartient au sommeil) cest=6=dire 6 un degré moindre

de conscience. *ais un e4amen plus attentif montre quil ne sagit

pas l6 dune di'érence absolue.

Aous ne rêvons pas quendormis 3 il y a des rêves éveillés. Hans

ceu4=ci) nous nous transportons dans un monde irréel et nous

formons un monde et un avenir selon nos vCu4. Il nous apparatra

incessamment que la même tendance habite les rêves de nos nuits.

Pertains êtres ont une grande propension 6 la rêverie diurne 3 on le

per>oit 6 leur air absent. Hes transitions imperceptibles m7nent

 Eusqu6 lactivité fantasmatique morbide. ITes enfants sadonnent

particuli7rement 6 ces fantasmes de type onirique. Hans ses rêves

éveillés) le gar>on est roi dun grand empire) il est vainqueur dans

des luttes sanglantes 3 ou bien il se produit sous laspect dun chef 

indien ou dune autre /gure. Mn degré pathologique de la rêverie en

plein Eour nest pas rare che@ lenfant. L6) déE6) nous constatons quil

est impossible de tracer une fronti7re entre les fantasmes diurnes et

les rêves. JrUce 6 Freud) nous savons de plus que les pensées du

rêve ne se constituent pas pendant celui=ci) mais sont préformées

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II. — Les fantasmes infantiles dans le rêve et le mythe. La théorie du désir et le

mythe

pendant létat vigile. #u cours du rêve) elles ne font quemprunter

une forme qui sécarte de celle sous laquelle nous e4primons

dordinaire nos pensées.

He même) une autre obEection nest quapparemment Eusti/ée)

mais est propre 6 servir de point de départ au4 considérations

suivantes. Sn nous dira que le rêve est une production individuelle

alors que le mythe condense lUme populaire. #insi la comparaison

serait donc insoutenable. Pette obEection est facile 6 écarter. *ême

si le rêve est issu des émotions dun suEet) il est des émotions qui

sont

;!< Pest également) mon te4te achevé) que parut un article de

Freud) 1 Her Hichter und das $hantasieren ()e po*te et

l’imagination+  ;V Aeue evue )  e  cahier) mars !8B0< e4primant

lidée fondamentale de mon travail sous une forme concise. ;1 Il est

fort vraisemblable qu les mythes sont les résidus déforR més des

désirs fantasmés de nations enti7res et quils correspondent au4

rêves séculaires de la Eeune humanité < généralement humaines.

lles se4priment dans les reves que Freud appelle 1 typiques .

Freud a réussi 6 faire remonter ce groupe de rêves 6 certains désirs

communs 6 tous les hommes) et 6 démontrer que ces mêmes désirs

fondent certains mythes. Pest pourquoi les constatations de Freud

sur les rêves typiques pourront nous servir de base dinvestigation.

*ais il est dautres raisons de prendre comme point de départ

lanalyse des rêves typiques. Ils nous fournissent loccasion

dapprofondir la théorie de la réalisation du désir dans le rêve. He

plus) ils présentent) 6 certains égards) une comple4ité moindre que

la plupart des autres rêves ;i<.

Hapr7s la théorie de Freud) tout rêve rec7le un désir refoulé dans

linconscient. Nout être a vécu des moments dont il ne parvient pas 6

se souvenir) sinon avec un vif sentiment de déplaisir. Il cherche 6

éliminer ces réminiscences de sa conscience. Il ne parvient pas 6 les

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II. — Les fantasmes infantiles dans le rêve et le mythe. La théorie du désir et le

mythe

faire disparatre compl7tement de sa mémoire 3 il peut seulement les

re$ouler  dans linconscient. Les souvenirs refoulés et les désirs qui

leur sont liés) sont apparemment oubliés 3 cest=6=dire quils sont

soustraits 6 la remémoration spontanée. *ais ce matériel psychiquerefoulé est libéré) 6 la moindre défaillance de la fonction consciente)

d7s que limagination remplace la pensée logique) ordonnée. Peci

advient dans les rêves éveillés) les rêves et dans des situations

pathologiques variées. Les désirs refoulés reprennent leur place

dans les rêves et dans les symptOmes de certaines perturbations

psychiques. Limagination représente laccomplissement des désirs)

 Eadis espéré) mais Eamais réalisé. Aous reviendrons par la suite sur lefait) démontré par Freud) quune part importante des désirs refoulés

date de lenfance. $our linstant) il nous su'it de retenir que) dapr7s

Freud) le rêvee%t la réalisation dun désir refoulé) et que les racines

les plus profondes de ce désir appartiennent 6 lenfance du rêveur.

Freud insiste sur la valeur des réminiscences infantiles 6 lorigine

des rêves typiques. Les rêves qui traitent del6 mort de proches

parents sont particuli7rement instructifs 6 cet égard. Pes rêvesparaissent 6 premi7re vue in/rmer la conception freudienne de la

réalisation du désir dans le rêve. Nout un chacun qui a rêvé de la

mort dun proche quil a aimé) se défendra énergiquement davoir

souhaité cette mort) davoir e4primé en rêve ce désir secret. Il

insistera sur le fait que le rêve sest accompagné des sentiments

pénibles de la peur et de le'roi et quil e4primait donc une

appréhension mais certainement pas un désir.

WRXe obEection plus lointaine) apparemment essentielle) quant 6 la

comparai=son du rêve et du mythe) pourrait sappuyer sur le /ait que

les mythes se constituent progressivement) au long des générations)

alors que le rêve est une formation lugace) éphém7re. Pette

obEection sera envisagée la suite de ce travail.

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II. — Les fantasmes infantiles dans le rêve et le mythe. La théorie du désir et le

mythe

Sr) la théorie ne consid7re pas seulement les désirs actuels) mais

accentue la signi/cation des émotions infantiles précoces. êver de

la mort dun proche parent) ne permet nullement) selon la théorie

freudienne) de conclure 6 un désir actuel du rêveur 3 il su'it quil aitnourri ce désir 6 une époque quelconque) peut=être tr7s éloignée.

:ien entendu) ceci nen facilite pas laveu pour autant.

 9usqu6 un certain Uge) variable suivant les personnes) lenfant

néprouve pas de sentiments altruistes. Il vit un égo+sme na+f. Il est

parfaitement erroné dadmettre que les sentiments des enfants vis=6=

 vis des parents et de leur fratrie soient demblée a'ectueu4. :ien au

contraire) il e4iste une certaine concurrence. Lenfant) Eusque=l6

unique) montre une Ealousie évidente 6 larrivée du second enfant

auquel son état vaut une grande sollicitude. Il est habituel de voir un

enfant disputer son biberon au plus Eeune) être Ealou4 lorsque celui=ci

occupe les genou4 maternels qui furent sa place 6 lui seul. Il lui

envie son Eouet) il insiste sur ses propres avantages lorsquil parle

du cadet au4 adultes. Pe dernier d7s quil est en mesure de le faire)

réagit de fa>on également égo+ste. n son ané) il voit un oppresseuret cherche 6 sopposer 6 lui autant que sa faiblesse le lui permet.

Hans des conditions normales) ces oppositions pour une grande part)

sévanouissent peu 6 peu. *ais elles ne peuvent être supprimées

radicalement) malgré tous les e'orts éducatifs.

Les impulsions hostiles dun enfant contre un autre se4priment

dans le désir de sa mort. Sn contestera bien entendu quun enfant

puisse être asse@ 1 mauvais pour souhaiter la mort de lautre.

1 Pelui qui parle ainsi ne réalise pas que la représentation Y être

mort Z de lenfant na de commun avec la nOtre rien de plus que le

mot ;Freud<. Lenfant na pas unree présentation claire de la mort

dun homme. Il entend peut=être dire que tel ou tel membre de la

famille est mort. $our lui) cela signi/e simplement D cette personne

n-est plus l." Le4périence quotidienne permet de saisir avec quelle

!!

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II. — Les fantasmes infantiles dans le rêve et le mythe. La théorie du désir et le

mythe

facilité lenfant se remet de labsence dune personne aimée. Il tend

peut=être les mains dans la direction o[ sa m7re a disparu) il pleure

un temps) puis il se console en Eouant ou en mangeant et ne se

rappelle plus spontanément labsente. Il en est de même des enfantsplus Ugés de constitution psychique normale. Le petit enfant identi/e

la mort et labsence. Il ne peut pas davantage se représenter que

celui dont on lui apprend la mort ne reviendra plus Eamais. Aous

comprenons maintenant comment un enfant peut) en toute bonne foi)

souhaiter la mort de lautre ;ou dune autre personne<. Pelui=ci est

son concurrent 3 toute raison de compétition et de Ealousie serait

écartée sil était absent.

Lattirance se4uelle adoucit un peu la relation compétitive entre

fr7re et sCur) par rapport 6 celle qui e4iste au sein dune fratrie

de même se4e. Aous reprendrons ce point par la suite.

Sn nous contredira si nous considérons sous le même angle la

relation de lenfant 6 ses parents... *ais comment peut=on ad= \

mettre que lenfant souhaite la mort de sa m7re) de son p7re ] #u

plus) consentira=t=on 6 le reconnatre dans le cas dun enfant

maltraité par ses parents) en aEoutant toutefois quil sagit

heureusement de4ceptions et quune généralisation est

inadmissible.

Les rêves de la mort du p7re ou de la m7re comme il en survient

che@ tout individu) apportent léclaircissement recherché. Freud

souligne que 1 les rêves de mort des parents concernent

fréquemment celui des deu4 qui est du même se4e que le rêveur) que

donc lhomme rêve le plus souvent de la mort du p7re) la femme de

celle de la m7re . Freud e4plique ce comportement pour une part

par la prédilection se4uelle précoce du /ls pour la m7re) de la /lle

pour le p7re. Pette prédilection crée une certaine rivalité du /ls avec

le p7re pour lamour de la m7re) de même entre /lle et m7re pour

lamour du p7re. NOt ou tard) le /ls sél7ve contre la patria potestas,

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II. — Les fantasmes infantiles dans le rêve et le mythe. La théorie du désir et le

mythe

soit ouvertement) soit intérieurement seulement. ,imultanément) le

p7re prot7ge cette sienne puissance) du /ls qui crot. Mn rapport

similaire e4iste entre m7re et /lle. *algré sa piété /liale) son amour

6 légard de ses enfants) qui temp7rent ou modi/ent cette relationcompétitive) lhomme civilisé ne peut pas en e'acer les traces. #u

mieu4) ces tendances seront refoulées dans linconscient. Pest alors

précisément quelles se4priment dans les rêves. Les enfants

prédisposés au4 a'ections nerveuses ou psychiques e4tériorisent

précocement un amour ou une répulsion e4agérés contre leurs

parents ou lun deu4. Pes tendances nettes dans leurs rêves le

seront encore plus dans les symptOmes de la maladie qui suivra.

Freud en donne des e4emples instructifs. Il e4pose le cas dune

 Eeune malade mentale qui) dans un état confusionnel ;i<) e4prima

dabord une violente aversion 6 légard de sa m7re. edevenue plus

lucide) elle rêva  de la mort de sa m7re. Finalement) elle ne se

contenta plus de refouler dans linconscient ses sentiments contre sa

m7re. lle alla vers une surcompensation de ce sentiment en

constituant la phobie) cest=6=dire la peur pathologique) quil puissearriver quelque chose 6 sa m7re. #u fur et 6 mesure quelle redevint

matresse delle=même) laversion se transforma en une sollicitude

e4agérée pour sa m7re. 9ai observé récemment un cas tout

semblable.

 #Eoutons) pour compléter) que les rêves des adultes traitent

souvent de la mort dun enfant. Les femmes enceintes qui sou'rent

;i< Science des rêves, p. !&8.

de leur état rêvent davortement. Hes p7res et m7res qui aiment

tendrement leur enfant 6 létat de veille) peuvent rêver dans

certaines circonstances quil est mort — par e4emple si sa présence

compromet un but quils se sont /4é.

Les rêves typiques contiennent donc des désirs que nous ne nous

avouons pas dans la vie éveillée. Hans la vie onirique) ces désirs

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II. — Les fantasmes infantiles dans le rêve et le mythe. La théorie du désir et le

mythe

secrets se4priment. /es désirs communs . 'eaucoup ou . tous, nous

les rencontrons aussi dans les mythes"  Le premier point de

comparaison qui nous occupe) est donc le contenu commun 6

certains rêves et mythes. Il nous faut reprendre les données deFreud. Pomme nous le rappelions) cest lui qui fut le premier 6

analyser un certain mythe — la légende d^dipe — grUce au4

perspectives ouvertes par linterprétation du rêve. 9e cite le passage

suivant de Freud ;!< D

1 ^dipe) /ls de La+os) roi de Nh7bes) et de 9ocaste) est abandonné

encore nourrisson) car un oracle a annoncé au p7re que ce /ls 6

natre serait son meurtrier. Il est sauvé et élevé comme /ls de roi

dans une cour étrang7re Eusqu6 ce que) incertain de ses origines) il

interroge lui=même loracle. Il en re>oit le conseil déviter sa patrie

car il en serait réduit 6 devenir le meurtrier de son p7re et lépou4 de

sa m7re. #lors quil tourne le dos 6 sa patrie supposée) il rencontre le

roi La+os et le tue au cours dune dispute vite attisée. $uis il parvient

devant Nh7bes o[ il résout les énigmes du ,phin4 qui barre la route.

n remerciement) les Nhébains lélisent roi et lui donnent la main de 9ocaste. Longtemps son r7gne se poursuit paisible et digne et il

con>oit deu4 /ls et deu4 /lles avec sa m7re) inconnue de lui comme

telle. $uis une peste éclate qui impose au4 Nhébains une nouvelle

consultation de loracle. Pest ici que se situe la tragédie de

,ophocle. Les messagers apportent la nouvelle que la peste cessera

lorsque lassassin de La+os sera chassé du pays. Laction de la pi7ce

nest rien dautre que le dévoilement progressant pas 6 pas) etartistement ménagé — comparable au travail dune psychanalyse —

du fait qu^dipe lui=même est lassassin de La+os) mais quil est aussi

le /ls de lassassiné et de 9ocaste. R

La tragédie d^dipe nous émeut auEourdhui aussi profondément

que les contemporains de ,ophocle) bien que nous ne partagions pas

leur conception des dieu4 et du destin) ni leur croyance au4 formules

!-

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II. — Les fantasmes infantiles dans le rêve et le mythe. La théorie du désir et le

mythe

des oracles. Freud en conclut avec raison que la fable doit recéler

quelque chose qui éveille en tous des sentiments familiers) 1 Il nous

fut peut=être donné 6 tous de diriger vers la m7re notre premier émoi

se4uel) vers le p7re la premi7re haine et le premier désir de violence)nos rêves nous en convainquent. Hans la tragédie d^dipe) nous

 voyons saccomplir les désirs de notre enfance) tandis quau cours de

notre développement) nous avons remplacé linclination se4uelle

pour la m7re) la révolte contre le p7re par des sentiments damour et

de piété.

;!< Science de 0 rêves, p. !0B.

Pomme le remarque Freud) la tragédie renvoie au rêve typique o[

le rêveur sunit se4uellement 6 sa m7re. La traduction littérale du

te4te est la suivante D

1 Par beaucoup dhommes sc sont déE6 unis en rêve 6 leur m7re.

La tragédie contient la réalisation de deu4 fantasmes infantiles

oniriques liés entre eu4 D Le fantasme de la mort du p7re et de la

relation amoureuse avec la m7re. Les conséquences de leur

réalisation nous sont montrées dans toute leur horreur.

Le même con_it entre p7re et /ls apparat dans le mythe dSu=

ranos et des Nitans. Suranos tente décarter ses /ls car il redoute

quils ne nuisent 6 sa puissance. ,ou /ls Phronos se venge en émas=

culant le p7re. Pette forme de vengeance dénote bien laspect se4uel

de la rivalité. Hailleurs Phronos cherche 6 se prémunir de même

contre ses propres enfants D il les dévore) 6 part le plus Eeune /ls)

`eus. Pelui=ci se venge) loblige 6 cracher les enfants et e4ile

Phronos et les autres Nitans au Nartare 3 dapr7s une autre version)

`eus lui aussi émascule son p7re.

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III. — Le symbolisme du langage onirique et dautres

formations fantasmatiques

Les deu4 récits d^dipe et dSuranos et de ses descendants nont

pas seulement un contenu voisin) mais également une conformité

importante de leur forme e4térieure. Hans tous deu4) le déguisement

symbolique est presque absent. Le déroulement nous est livré en

termes crus. Il est remarquable quil en est de même pour les rêves

typiques au4quels nous nous sommes référés pour e4pliquer ces

mythes. Freud a observé que l6 aussi le déguisement symbolique

était tr7s peu poussé.

n général) nous rencontrons) au cours de linterprétation des

rêves) les e'ets dune instance psychique que Freud a appelée la

censure" 1ous en reparlerons plus précisément 3 ici) nous ne ferons

que la caractériser en quelques traits. La censure ne tol7re pas que

nos désirs secrets se dévoilent en rêve sous leur vrai visage) elle

contraint 6 lobscurcissement de la tendance réelle du rêve par la

1 déformation propre au rêve . Mne 1 élaboration onirique tr7s

 vaste se'ectue pour contourner cette censure. Aous reviendrons

par la suite sur ses manifestations. Pependant) nous devons

considérer d7s .  présent lune des formes de la déformation

onirique D le déguisement symbolique des désirs. Les rêves de mort

du p7re et de commerce se4uel avec la m7re) dont il a été question)

constituent une e4ception remarquable) dans la mesure o[ un désir

!(

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III. — Le symbolisme du langage onirique et dautres formations fantasmatiques

qui nous épouvanterait 6 létat vigile est représenté comme réalisé

sans aucun déguisement symbolique. Freud e4plique ce fait en deu4

temps D aucun désir ne nous parait aussi éloigné de nous que celui=

l6 3 cest pourquoi la censure nest pas 6 la hauteur de telles

énormités. Heu4i7mement) ce désir,  peut facilement se cacher

derri7re le souci actuel pour la vie de la personne aimée. Il est du

plus haut intérêt que la légende d^dipe et celle de Phronos et de

`eus soient pauvres en moyens de4pressions symboliques. Hans sa

conscience éveillée) lhomme se croit in/niment éloigné des horreurs

d^dipe ou de celles de Phronos 6 légard de son p7re et de ses

enfants.

Aous constatons pour linstant quil y a des analogies

remarquables entre certains mythes et certains rêves. este 6

déterminer si ces analogies ont une signi/cation générale. He même

que pour la plupart des rêves) lanalyse des mythes est rendue

di'icile du fait du déguisement symbolique du contenu véritable.

Pette complication est absente de la légende d^dipe et des rêves

typiques 6 contenu voisin 3 cest pourquoi ils étaient propres 6 nous

introduire au4 probl7mes qui nous intéressent.

,i la plupart des mythes se présentent sous une forme

symbolique) ils doivent en réalité signi/er ou receler autre chose que

ce que traduit leur forme apparente. /omme les rêves, ils exigent

une interprétation" )a légende de 2rométhée nous servira de4emple

de mythe symbolisé. Aous allons la soumettre 6 un travail

dinterprétation tout semblable 6 lanalyse du rêve. Pet e4emple

nous servira 6 poursuivre la comparaison entre le rêve et le mythe.

 9e sais 6 quelle obEection Ee me heurterai en me proposant

dinterpréter le mythe sur le mod7le de linterprétation du rêve) et en

a'irmant que le même symbolisme r7gne de part et dautre. Pest le

grand mérite de Freud de lavoir découvert. JrUce 6 cette recherche)

nous avons appris 6 connatre des relations importantes entre les

formations psychiques citées. La valeur de cette similitude) acquise

!&

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III. — Le symbolisme du langage onirique et dautres formations fantasmatiques

non sans peine) est passionnément contestée par la critique. Les

adversaires des théories freudiennes reEettent linterprétation des

symboles quils consid7rent comme fantastique et forcée. Freud et

ses disciples sont sensés être victimes dune autosuggestion qui leur

fait voir toutes choses selon leurs préEugés. Ils éveillent plus

particuli7rement la malveillance de la critique en considérant le

symbolisme du rêve et des formations de la même famille) comme

le4pression de représentations se4uelles. #ucun autre enseignement

de Freud déviant de lopinion admise nest attaqué avec autant de

 violence que linterprétation des symboles. lle est Eustement de la

plus grande importance pour notre recherche. Pest pourquoi) avant

de procéder 6 le4posé des symboles dun mythe) Eétablirai ma

recherche sur une base aussi large que possible. 9e voudrais prouver

6 cet e'et que la symbolisation découverte par Freud est

profondément enracinée dans chaque hmnNN et la été de tout

temps. Il sav7re quil sagit essentiellement dune symbolique

se4uelle et de le4pression de fantasmes se4uels. Les données

suivantes sappuy7rent pour une part sur les précieu4 écrits de

leinpaul ;i<. Pet auteur sest vu lui aussi contraint de faire front

contre une critique moralisatrice. 9e cite une remarque de leinpaul

6 ce suEet ;2< D 1 Aous voudrions faire observer que ces fantasmes

;se4uels< nappartiennent pas seulement au4 temps patriarcau4 o[ ils

étaient naturels) mais quils se4ercent Eusqu6 maintenant o[ ils sont

stigmatisés comme pervers" 

Le symbolisme se4uel est une manifestation psychique qui

accompagne lhomme dans le temps et lespace. Hans les débuts de

notre culture) il apparat avec précision sous une forme moins crue)

mais touEours claire 3 il sa'irme Eusqu6 auEourdhui dans la vie

psychique de lêtre humain. leinpaul le dit de fa>on percutante D

 )’homme sexualise l’univers"

,i nous envisageons les débuts des arts plastiques) nous trouvons

une multitude in/nie de représentations des organes se4uels) soit

!0

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III. — Le symbolisme du langage onirique et dautres formations fantasmatiques

déguisées) soit précisées et ne laissant subsister aucun doute. NantOt

leurs formes sont utilisées en un sens décoratif. NantOt les vases) les

cruches et autres ustensiles de toutes sortes ont la forme des

génitoires. Pertains obEets artisanau4 de divers peuples portent le

nom du mod7le qui a inspiré leur forme. Les récipients et les

ustensiles égyptiens) grecs) étrusques et romains sont des témoins

éloquents de cette symbolisation se4uelle de tous les temps) restée

 vivace dans le peuple. # moins de fermer les yeu4) nous pouvons

faire les mêmes remarques 6 propos des obEets dart et des

ustensiles de peuples incultes. Il y a l6 un domaine de recherche

pour la science de lart car les observations de ce genre restent tr7s

dispersées dans la littérature.

La symbolisation se4uelle a une signi/cation peut être plus

importante encore dans les cérémonies religieuses de tous les

peuples. Hinnombrables usages la recouvrent. Le culte de la

fécondité) si répandu che@ les peuples) donne lieu 6 une

symbolisation abondante qui na nullement besoin de se4primer par

des manifestations grossi7rement univoques ;phallus) etc.<.

*ais il nest pas nécessaire de chercher si loin des habitudes

quotidiennes. Aotre langue est le meilleur témoin de la signi/cation

que la se4ualité a dans la pensée de lhomme de touEours. Noutes les

;!< leinpaul D )e'en der Sprache, vol. I 3 Die 34tsel der Sprache,

 vol. II 3 Sprache ohne orte, vol. III 3 Das Stromge'iet der Sprache

;La vie de la langue 3 Le énigmes de la langue 3 Langage sans

paroles 3 Le _u4 de la langue<.

;a< Sprache ohtie orte ;Langage sans paroles<) !08B) p. -8B.

langues indo=germaniques et sémitiques poss7dent ;ou

posséd7rent Eadis< un genre ;i<. Pest un fait dont on se soucie fort

peu habituellement. *ais ré_échissons D pourquoi dans notre langue

les mots ont=ils un genre masculin ou féminin ] $ourquoi la langue

attribue=t=elle au4 obEets inanimés un se4e ou lautre ] Pertaines

langues indo=germaniques connaissent même un troisi7me genre

!8

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III. — Le symbolisme du langage onirique et dautres formations fantasmatiques

auquel sont attribués les mots qui ne trouvent pas leur place dans les

deu4 autres catégories) soit parce que limagination cherche

 vainement une analogie se4uelle) soit que pour une raison ou une

autre) la neutralité se4uelle doive être soulignée. Il est bien sr

di'icile de saisir pourquoi tel obEet a tel genre plutOt que tel autre. Il

est dailleurs 6 remarquer que certains substantifs de langues

proches sont de genres di'érents. $oursuivre linvestigation de ce

probl7me de philologie si intéressant nous m7nerait trop loin. Aous

ne voulons que rappeler quelques r7gles de la langue allemande. n

allemand) tous les diminutifs sont neutres. Limagination populaire

les compare 6 lhomme immature. Les petit enfants surtout sont

désignés par 1 es ;neutre< et traités comme neutres 3 dans

certaines régions) les /lles adultes sont appelées 1 es tant quelles

ne sont pas mariées. Les 1 /lles et les 1 demoiselles sont des

diminutifs et des neutres Eusqu6 leur mariage ! Les animau4 portent

des noms totalement di'érents selon quils sont mUles ou femelles.

Le même genre cependant est attribué 6 dautres animau4) quel que

soit leur se4e. Hans certains cas) la cause en est transparente. ,ont

masculins les animau4 che@ lesquels lhomme retrouve des qualités

propres 6 la virilité) la force corporelle) le courage) etc. Pest

pourquoi les prédateurs sont du genre masculin. Le chat est en

général nommé au féminin) ses cUlineries) sa grUce et sa souplesse

évoquent des qualités féminines. Pes e4emples peuvent su'ire.

La se4ualisation linguistique dobEets inanimés est un fait curieu4.

Hans les di'érentes langues) certains obEets sont attribués

réguli7rement ou de préférence 6 tel genre. Il doit y avoir l6 une

symbolisation se4uelle commune 6 di'érents peuples. #insi les

bateau4 sont) en allemand) surtout du genre féminin. Les noms

propres donnés au4 bateau4 également) même sils sont usuellement

masculins. *ême la langue anglaise) qui no're plus que des

rudiments de di'érenciation se4uelle) traite le navire au féminin 3

seul) le bateau de guerre est comparé 6 un lutteur et nommé 1 man

2B

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III. — Le symbolisme du langage onirique et dautres formations fantasmatiques

of ar . Pette conception est renforcée par la /gure féminine qui

orne la proue de nombreu4 bateau4. 1 #u4 yeu4 du marin) le bateau

na pas seulement épaules et arri7re) il est aussi arche renfermant

;i< 1 ,e4e en allemand ;A. d. N.<.

les germes de la vie) petite bote mystique portée par la

procession des femmes lors des fêtes de Hemeter et de Hionysos.

Nelle lépouse du dieu hindou iva) il croise sur la mer universelle

avec le mUt central en guise de phallus ;leinpaul<. Mne autre

représentation peut Eouer ici. Lhomme de mer vit longtemps séparé

de sa femme) cependant quil est /4é 6 son bateau. Il vit avec son

bateau) comme le terrien avec sa femme et sa famille. #insi) la

métaphore fait du bateau son épouse.

La pupille de lCil humain qui apparat comme une tache sombre

est attribuée au même genre dans les langues les plus diverses.

1 $upilla veut dire /lle en latin 3 la 4(piE grecque) la ni /a

espagnole) la anna du sanscrit ont le même sens. Lhébreu dispose

de deu4 e4pressions dont lune signi/e 1 /lle et lautre 1 petit

homme . La plupart des chercheurs pensent que cette dénominationest en relation avec le délicat re_et en miroir que lon voit dans la

pupille dautrui. leinpaul soppose) bien entendu) 6 cette e4plication

poétique et en propose une plus conforme 6 la nature. Il soutient que

la tache centrale de liris est comparée par limagination na+ve 6 un

trou et utilisée comme un symbole grossier du se4e de la femme. Il

en va de même) par e4emple) pour le conduit auditif. uelle que soit

le4plication) il nen reste pas moins le fait de la se4ualisation dun

organe) en soi compl7tement ase4ué.

Hans certains dialectes allemands) les agrafes et les boutonni7res

sont appelées mUles et femelles. Hi'érents métiers utilisent les

e4pressions de m7re) matrice) 1 patrice ;!< il sagit touEours dun

creu4 et dune mine qui sy introduit. n Italie) il e4iste des clefs

mUles et femelles selon que le4trémité 6 introduire est pleine ou

creuse.

2!

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III. — Le symbolisme du langage onirique et dautres formations fantasmatiques

Aous parlons comme de femmes de nombreuses villes et de pays

entiers. $resque tous les arbres sont femelles pour nous 3 visiblement

leurs fruits servent de terthm comparationis"  n latin) le genre

féminin des arbres est une r7gle absolue ;1 =Les femmes) arbres)

 villes) pays) etc...<.

 9e me borne 6 ces quelques e4emples démonstratifs. $our peu

quon approfondisse létude de sa langue maternelle) on rencontre

partout cette symbolique se4uelle. Le travail de leinpaul D 1 le

creuset du langage ;2<) fournit) 6 cet égard) un riche matériel.

Limagination humaine adome dun se4e les obEets inanimés

témoignant ainsi de la signi/cation puissante de la se4ualité. Il

sensuit que lhomme na pas avec les obEets une relation purement

obEective 3 il a une relation subEective et personnelle marquée) et

;@< Nraduction littérale de la99emand ;A. d. N.<.

;a< Stromge'tet der Sprache,

qui tire son origine de sa se4ualité. La fa>on danimer les obEets

environnants est profondément ancrée en lhomme. Lenfant gronde

et bat la table contre laquelle il sest heurté. Lhomme ne se limitepas 6 animer, il sexualise aussi. Aous arrivons 6 comprendre ainsi le

point de vue de leinpaul) 6 savoir que lhomme se4ualise lunivers.

 5l est remarqua'le de constater que la philologie et la recherche

'iologique et médicale a'outissent aux mêmes données"

Pomme Freud ;!< la montré) la pulsion se4uelle de lêtre humain

est auto=érotique au stade précoce) cest=6=dire que lhomme ne

connat pas dobEet en dehors de lui sur lequel il puisse concentrer salibido. Pe nest que peu 6 peu que sa libido sadresse 6 dautres

obEets) non seulement humains et vivants) mais aussi inanimés.

Létude approfondie de ces répercussions de la se4ualité fera lobEet

dune autre publication) en particulier en ce qui concerne leurs

anomalies si signi/catives pour la compréhension de certains

troubles mentau4.

22

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III. — Le symbolisme du langage onirique et dautres formations fantasmatiques

Aous avons constaté limportance que lhomme accorde au4

di'érences se4uelles depuis le tout début. Le besoin de4pansion de

la se4ualité de lhomme dépasse de loin lobEet de la satisfaction

se4uelle. Lhomme pén7tre) impr7gne tout ce qui lenvironne de sa

se4ualité et son langage est la preuve de son imagination se4uelle

touEours 6 lCuvre. La surestimation du rOle de la se4ualité dans la

 vie normale et pathologique que lon reproche 6 Freud et 6 ses

disciples parat tout 6 fait invraisemblable 6 la lumi7re de ces faits.

Le danger de la sous6estimation  me parat bien plus grand. Mne

obEection souvent reprise consiste 6 dire que la pulsion de

conservation domine la vie de lhomme) bien plus que la pulsion

se4uelle 3 que cest une e4agération que dattribuer 6 cette derni7re

la premi7re place 3 que la recherche inaugurée par Freud ne se

complat qu6 conférer 6 toutes choses un sens se4uel. Il est possible

que consciemment  linstinct de conservation et ses conséquences

semblent prédominer. *ais les adversaires de Freud commettent la

faute de ne considérer que les processus conscients. 9amais Freud

na prétendu que les représentations se4uelles conscientes aient la

priorité sur toutes les autres. Pe sont Eustement les représentations

inconscientes refoulées qui in_uencent le plus fortement

limagination.

Noutes les obEections proférées contre la théorie de la se4ualité de

Freud sont réduites 6 néant lorsque nous considérons notre langue

maternelle. La langue est directement issue de lêtre le plus intime

du peuple. n elle son imagination parle 3 elle se manifeste 6 travers

des métaphores et des analogies dont nous sommes 6 peine

;!< Trois Essais sur la théorie de la sexualité"

$R #L #M##*. — SiM", PS*$LN,. !.

conscients. Aous ne pronon>ons pas une phrase qui ne contienne

des e4pressions symboliques. $our une grande et importante part) ce

symbolisme est de type se4uel. 9e rappelle une fois encore quil y a

dans notre langue des mots masculins) féminins et neutres

2%

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III. — Le symbolisme du langage onirique et dautres formations fantasmatiques

;concernant les obEets<. ,i les adversaires de Freud ont raison) si

 vraiment linstinct de conservation prime sur la pulsion se4uelle) il

parat étonnant que la langue discerne selon un point de vue se4uel

$ourquoi ne di'érencie=t=elle pas les choses selon quelles

conviennent ou non 6 la conservation ] $ourquoi en place des

catégories masculine et féminine) ne crée=t=elle pas celles de ce qui

est comestible) potable et en troisi7me lieu impropre 6 la

consommation ]

He temps immémorial) un certain nombre dobEets et dactivités

semble avoir été mis au service de la symbolisation se4uelle. Aous

les trouvons) doués de cette signi/cation dans la :ible) dans les

 "édas) dans les mythes grecs et nordiques) dans les po7mes des

temps historiques) dans les rêves. Il en est ainsi du serpent comme

symbole du membre viril. Hans la Jen7se) il est le séducteur dve 3

même signi/cation ;i< dans les contes allemands et nordiques. Le

serpent Eoue un grand rOle dans les rêves des femmes 3 la

signi/cation du symbole est généralement claire. La peur

superstitieuse des serpents semble liée 6 la même représentation ;2<.

Aous apprenons asse@ souvent des malades mentales) quelles sont

attaquées par des serpents qui sintroduisent dans leur se4e ou dans

leur bouche. Aous savons qu6 cet égard) la bouche nest que le

substitut de la vulve ;le 1 déplacement vers le haut de Freud et le

travail cité de i?lin<.

La pomme est un autre symbole privilégié. lle représente la

fécondité féminine. ve séduit #dam avec la pomme ;%<.

Le4périence des associations montre de fa>on fort instructive

combien le symbolisme se4uel est enraciné >n lhomme. Sn prononce

certaines paroles=stimuli devant quelquun qui doit y réagir par les

mots qui lui viennent 6 lesprit. Le choi4 du mot de même que

dautres manifestations montre souvent que le mot stimulus a

touché) par voie associative) un 1 comple4e de type se4uel

2-

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III. — Le symbolisme du langage onirique et dautres formations fantasmatiques

;!< i?lin D  2sychologie und Sexualsym'oli7 der M4rchen

;$sychologie et symbolique se4uelle dans les contes<.

;2< Pomparer 6 ceci le te4te page 5(.

;%< La grenade est un symbole de fécondité apparemment 6cause de ses nombreu4 pépins. Pest pourquoi elle est lattribut de

 9unon) déesse=épouse. Le pavot ncne en graines) est ! attribut de

 "énus. Hans une légende) "énus se transforme en carpe. La richesse

en Cufs de la carpe femelle était proverbiale dans

! antiquité. Hans certains pays) la coutume veut que les épou4

soient couverts de n@. He tels usages sont fréquents D ils appellent

une progéniture nombreuse. # comparer avec leinpaul D  )angagesans paroles, p. 2&.

che@ la personne observée ;!<. La propension 6 assimiler au

comple4e le mot le plus anodin) 6 le saisir comme symbole du

comple4e est souvent considérable. Pette tendance nest absolument

pas consciente che@ la personne en cause) lorsquelle réagit au mot=

stimulus. Hans certains cas) elle peut éclaircir elle=même la relation

du mot réaction au comple4e se4uel) non sans surmonter desréticences plus ou moins marquées. Hans dautres cas) il en cote

des e'orts pénibles 6 lobservateur. Pelui qui a quelque e4périence

de la technique et de lanalyse psychique) sera orienté dans la

direction voulue par la réaction et les manifestations secondaires. La

clinique psychiatrique de `jrich utilise une liste de !BB mots=

stimuli 3 son application 6 un asse@ grand nombre de personnes a

donné des résultats intéressants pour la connaissance de lasymbolisation se4uelle de linconscient. Pes résultats recoupent les

données acquises ailleurs par Freud.

uelques e4emples nous éclaireront. Le mot stimulus 1 p_jgen

;labourer< suscite réguli7rement des manifestations psychiques

remarquables. Il déclenche che@ la personne soumise 6 le4périence

tous les aspects connus de lémotion D allongement du temps de

réaction) incompréhension) demande de répétition) achoppement)

25

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III. — Le symbolisme du langage onirique et dautres formations fantasmatiques

gestes de perple4ité) etc... *anifestement) 1 p_jgen 1 est entendu

comme la désignation symbolique de lacte se4uel. Il est 6 noter que

ce mot est tr7s habituellement utilisé dans ce sens en grec) en latin

et dans les langues orientales ;2<. Hautres mots=stimuli comme

1 long ) 1 mUt ) 1 aiguille ) 1 étroit ) 1 partie ) sont

réguli7rement assimilés 6 leur sens se4uel. Aous attribuons donc

souvent un sens se4uel au4 mots qui nous sont lancés de fa>on

incohérente. ,il e4iste un comple4e se4uel marqué) cette tendance

se trouve maEorée.

He tels faits montrent clairement que le symbolisme et plus

spécialement le symbolisme se4uel sont un bien commun 6 toute

lhumanité. Ils in/rment lobEection que cette symbolique ou que la

signi/cation qui lui est attribuée ne4iste que dans limagination de

chercheurs partiau4. leinpaul ;%< se4prime 6 ce suEet avec

précision et acuité D 8n ne $a'rique pas les sym'oles, ils existent  3 ils

ne sont pas inventés, ils sont simplement reconnus ;-<.

;!< Le4pression 1 comple4e est utilisée dans les travau4 de la

Plinique psychiatrique de `jrich ;en particulier dans les tudes

diagnostiques des associations 9Diagnostischen &sso:iations

studien+, éditées par 9ung<. Les auteurs désignent ainsi un comple4e

de représentations 6 forte charge a'ective qui tend 6 être scindé de

la conscience et 6 être refoulé dans linconscient.

;2< leinpaul D 3.tsel des Sproche ;knigmes du langage<) p. !%(.

;%X leinpaul D Sprache ohne orte+  ;Langage sans paroles<) p.

2(.;-< Les adversaires de Freud dédaignent soccuper sérieusement

du symbolisme et de son essence. écemment) . Keygandt

93emarques critiques sur la psychologie de la démence précoce )

1 *onatschrift fjr $sychiatrie und Aeurologie ) vol. 22!8B&< a

donné un sens particuli7rement grotesque au4 symptOmes dun état

crépusculaire. Il pense avoir ainsi montré le caract7re forcé et

absurde de

2(

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III. — Le symbolisme du langage onirique et dautres formations fantasmatiques

 9e ne me contenterai pas de la référence au4 données freudiennes

sur les symboles ou au4 e4emples de rêves quil a analysés. 9e

rapporterai ici le fragment de lanalyse dun rêve pour autant quil

peut e4pliquer la symbolique. 9e ninsisterai pas sur le reste du

matériel de ce rêve pour ne pas alourdir. Le rêve me fut raconté par

une de mes connaissances) le voici D

1 9e suis seule dans une pi7ce de forme allongée. :rusquement un

bruit souterrain retentit) mais il ne métonnepas cartout de suite Ee

me souviens quen un point du sol un canal souterrain donne

directement dans leau. 9e soul7ve une trappe et aussitOt apparat un

être vêtu dune fourrure brunUtre) qui ressemble beaucoup 6 un

phoque. Il reEette la fourrure et se rév7le être mon fr7re qui) hors

dhaleine et épuisé) me prie de laccueillir car il est parti sans

permission et a nagé sous leau trouble. 9e lengage 6 sallonger sur

une chaise longue de ma chambre et il sendort. $eu apr7s) un

nouveau bruit retentit mais bien plus fort. *on fr7re sursaute avec

un cri de terreur D 1 Ils me recherchent) ils vont penser que Eai

déserté Il revêt sa pelisse et tente de fuir par le canal souterrain)

mais revient tout de suite et dit D 1 a ne sert 6 rien) ils ont occupé le

conduit 6 partir de leau # ce moment) la porte souvre et

plusieurs hommes se précipitent et se saisissent de mon fr7re.

Hésespérée) Ee leur crie D Y Il na rien fait) Ee veu4 plaider pour lui Z

 # cet instant) Ee me réveille.

La rêveuse est mariée depuis quelque temps et se trouve au début

dune grossesse. Pe nest pas sans crainte quelle envisage

laccouchement. Le soir précédent) elle sétait fait e4pliquer le

développement et la physiologie du fCtus. lle était déE6 informée

schématiquement) mais il savéra quelle avait certaines conceptions

erronées. #insi) elle avait mal saisi la signi/cation du liquide

amniotique. Hautre part) elle se représentait les poils /ns du fCtus

;lanugo< aussi épais que ceu4 dun Eeune animal.

2&

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III. — Le symbolisme du langage onirique et dautres formations fantasmatiques

 )e canal qui m*ne directement . ;eau < la /li7re génitale. Leau

liquide amniotique. He ce canal surgit un animal velu, comme un

phoque. Le phoque est velu et vit dans leau) tout comme le fCtus

dans le liquide amniotique. Pet être) cest=6=dire lenfant attendu)

apparat atissit=t D accouchement rapide et facile. Il se rév7le être le

 $r*re  de la rêveuse. He fait) son fr7re est beaucoup plus Eeune

quelle. #pr7s la mort prématurée de sa m7re) elle dut sen occuper

et eut

linterprétation freudienne. Pest bien l6 Nerreur fondamentale de

la critique. Sn pense que la symbolique sinvente) se produit

consciemment. *ais les écrits de Freud nous apprennent quelle tire

son origine de linconscient. Pest touEours lorsque la conscience est

éliminée en partie ou totalement que le matériel refoulé de

représentation émerge) cest= 6=dire dans le sommeil et les états

crépusculaires. Pes représentations apparaissent sous une forme

déguisée 3 elles se servent de symboles. Pomme :leuler le montre

(Mécanismes $reudiens dans la symptomatologie des 2sychoses)

1 $sychiatr. et Aeur. Kochenschrift ) !8B(<) la symbolisation est une

forme associative mineure qui utilise de vagues analogies au lieu des

relations logiques. Aous sommes incapables de cette activité

associative 6 létat de claire conscience et dattention vigile. La

symbolisation ne peut donc pas être inventée sur commande.

6 son égard une position plutOt maternelle. lle lappelle encore

maintenant le petit) et les deu4 punés 1 les enfants . Le Eeune fr7re

représente donc lenfant attendu. lle désire sa visite ;elle habite

loin de sa famille<) elle attend donc dabord le fr7re) ensuite lenfant.

Pest la deu4i7me analogie entre le fr7re et lenfant. lle souhaite)

pour une raison accessoire ici) que son fr7re quitte son domicile.

Pest pourquoi il le 1 déserte dans le rêve. Pe domicile est

aquatique 3 l6) il nage beaucoup ;troisi7me analogie avec le fCtus<.

,on domicile 6 elle est aussi au bord de leau. La chambre étroite o[

elle séEourne dans le rêve donne sur leau. Hans la chambre) il y a

20

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III. — Le symbolisme du langage onirique et dautres formations fantasmatiques

une chaise longue qui peut servir de lit lorsquil y a un hOte. Pest

son fr7re quelle attend. uatri7me analogie D cette pi7ce est

destinée 6 devenir la chambre denfant) le bébé y dormira.

n arrivant) le fr7re est hors dhaleine. Il a nagé sous leau pour

 venir. Le fCtus aussi) lorsquil a quitté leau) doit lutter pour respirer.

Le fr7re sendort rapidement comme lenfant apr7s la naissance.

$uis suit une sc7ne o[ le fr7re est dans un état de vive frayeur)

dans une situation sans issue. Mne telle situation) laccouchement)

attend précisément la rêveuse. lle en est e'rayée davance. n

rêve) elle déplace cette peur sur le fCtus) soit sur le fr7re qui en

tient lieu. lle lengage 6 sallonger puisquil est si épuisé. #pr7s

laccouchement) elle sera épuisée et devra se reposer. n rêve) elle

est active et cest le fr7re qui se couche. lle se tire da'aire dune

autre fa>on encore D le fr7re est Euriste et son activité) cest dassurer

la défense en 1 plaidant . lle lui prend ce rOle) elle plaide pour lui.

n contrepartie) elle lui prête sa peur.

Pe rêve contient des symboles qui sont des e4emples typiques.

ntre un enfant et un phoque) entre un canal souterrain et la /li7regénitale) il ny a quune vague analogie. Pependant) dans le rêve) lun

remplace lautre. Le fr7re de la rêveuse remplace lenfant) bien quil

soit adulte depuis longtemps. $our elle) il demeure 1 le petit . Le

rêve utilise de préférence les mots qui peuvent être compris de

plusieurs fa>ons di'érentes.

$our une part) les réalisations de désir de ce rêve sont claires D le

désir dun accouchement facile) qui ne cause pas de peur) le désir depouvoir soccuper du fr7re. Il est vraisemblable que ce rêve) qui na

pas été interprété 6 fond) comporte une autre réalisation de désir

restée cachée. 9e donnerai un e4emple pour montrer que la même

symbolique appartient 6 dautres états psychopathologiques. Les

hallucinations des malades mentau4) quil sagisse détats

permanents ou détats crépusculaires transitoires) ressemblent

28

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III. — Le symbolisme du langage onirique et dautres formations fantasmatiques

e4traordinairement au4 images du rêve. Lanalyse nous apprend quil

ne sagit pas seulement dune ressemblance super/cielle.

Mn oncle ivrogne abuse de sa ni7ce) une /llette de di4 ans) dans la

grange pr7s de la maison des parents. Il lavait menacée dincendier

la maison si elle se dérobait. Intimidée par les menaces) elle céda 6

plusieurs reprises. Lorsque quelque temps apr7s elle présenta des

troubles mentau4) les souvenirs de lattentat se4uel et les reproches

quelle sadressait de sa soumission constitu7rent le contenu

essentiel de la psychose) cest=6=dire quils détermin7rent les

manifestations morbides. Ils se cachaient derri7re une symbolique

se4uelle qui concorde parfaitement avec la symbolique du rêve. He

ma description détaillée du cas) publiée précédemment ;i<) Ee citerai

les passages qui nous intéressent ici D La patiente sou'rit pendant

des années de visions nocturnes) en particulier elle voyait brler la

grange. Pette vision poss7de une double détermination 3 loncle avait

menacé dincendier la grange et cest l6 quil avait abusé delle. $ar

ailleurs) elle avait des cauchemars terribles. lle voyait une nuée de

hibou4 D les animau4 la regardaient /4ement) volaient vers elle) lui

arrachaient sa couverture et sa chemise et criaient D honte 6 toi tu

es nue Pest manifestement la réminiscence du viol. $lus tard)

éveillée) elle voyait lenfer. Les sc7nes quelle visualisait étaient tr7s

teintées de se4ualité. lle vit des 1 êtres métamorphosés ) 6 moitié

animau4) 6 moitié humains) des serpents) des tigres) des hibou4. Il y

avait aussi des ivrognes qui se transformaient en tigres et se ruaient

sur les animau4 femelles. Les réalisations de désir des visions et des

rêves ne se comprennent que grUce 6 lhistoire de la malade. Il su'it

ici de comprendre les symboles. Les 1 êtres métamorphosés ) qui

incarnent loncle de la patiente) composés dun ivrogne et dun tigre)

sont particuli7rement intéressants. Livresse et la brutalité bestiale

de loncle sont réunies dans u même symbole. Hans une sc7ne

se4uelle) les serpents ne peuvent pas avoir dautre sens que celui

que nous leur connaissons déE6. Pertains animau4 Eouent un grand

%B

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III. — Le symbolisme du langage onirique et dautres formations fantasmatiques

rOle comme symboles se4uels dans le rêve et la psychose. Mne

patiente tr7s érotique atteinte dhébéphrénie avait nommé 1 animau4

de beauté ceu4 qui apparaissaient dans ses hallucinations.

uphémisme qui nest pas dépourvu dérotisme.

i?lin a rassemblé de4cellents e4emples de ce genre glanés )

dans les contes de di'érents peuples. n/n) Ee voudrais mentionner

la symbolique de la nouvelle de 9ensen) analysée par Freud.

;i<  >?e'er die @edeutung sexueller ?ugendtraumen $!r die

Symptomatologie der Dementia praecox  ;La signi/cation des

traumatismes se4uels de lenfance pour la symptomatologie de la

démence précoce<. 1 `entralblatt f. Aervenheil?. ) !8B&.

%!

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I!. — "nalyse de la légende de #rométhée

Mne même symbolisation) essentiellement se4uelle) se retrouve

dans les productions les plus diverses de limagination humaine. 9entreprendrai maintenant lanalyse dun mythe" La constitution de

sa symbolique et dautres analogies importantes avec le rêve nous

retiendront.

Hapr7s les Jrecs) $rométhée a créé les hommes) puis il a dérobé

le feu des dieu4 pour le porter 6 ses créatures. La conception de la

création de lhomme par un être supérieur est banale che@ les

peuples les plus divers. $our courante quelle soit) elle nen e4ige pasmoins une e4plication 3 de même celle de ce créateur ni vraiment

dieu) ni vraiment homme) qui déroba le feu des dieu4 et entra ainsi

en con_it avec `eus. #dalbert uhn sest attaché 6 létude de la

légende de lorigine du feu. uhn est le fondateur de la mythologie

comparée la science lui doit une série détudes fondamentales sur

plusieurs personnages mythologiques. Lauteur part du fait que

certaines légendes communes au4 peuples indo=européens sontcontenues dans les "édas hindous sous une forme plus originelle que

dans les sources grecques ou autres. Pest ainsi quil est parvenu 6

remonter 6 des sources védiques pour les personnages d#thén7) des

centaures) dSrphée) de Kotan et dautres dieu4 et héros du mythe

grec et germanique) et 6 e4pliquer ainsi le sens propre des mythes.

,on grand travail D De l-origine du $eu et du 'reuvage divin  ;!058)

réimpression en !00(<) est dune importance considérable pour la

%2

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I". — #nalyse de la légende de $rométhée

recherche mythologique. Hautres chercheurs ont suivi ses traces)

Helbrjc?) ,teinthal) Pohen) oth) *a4 *jller) ,chart@. 9e ne ferai

état ici que des résultats les plus importants des investigations de

uhn et pour des raisons techniques) Ee me limiterai au mythe de

lorigine du feu. 9e men tiendrai en partie 6 un e4trait du travail du

uhn que ,teinthal a repris dans une conférence critique ;!<. 9ai

également utilisé les remarques générales que Pohen ;2< a apportées

au4 résultats de uhn.

Il nest bien entendu pas possible) dans le cadre de ce travail)

daborder les di'érents aspects des analyses comparées linguistique

et mythologique. # cet égard) Ee men réf7re au travail cité et au4

écrits de ,teinthal et de Pohen.

Pertaines découvertes nous ont appris que tous les peuples

;!<  Die 2rometheus Sage in ihrer urspr!nglichen %estalt  ;La

légende de $rométhée dans sa forme originelle<. 1 `eitsch.

fjr"OI?er=psychologieund,prachis=senschaft ) !0(2) tome II.

;2< Pohen D  Mythologische ;orstellungen von %ott et Seele

;Ponceptions mythologiques de Hieu et de lUme<. 1 `eitsch. fjr "Ol?erpsychologie ,prach=issenschaft ) !0(0) !0(8) tomes " et

 "I)

indo=européens se procuraient initialement le feu par frottement.

Pette méthode se retrouve encore au4 époques historiques 3 les

termes techniques qui la désignent nous sont connus. Les peuples

incultes dautres races emploient encore le même procédé. La

question de savoir comment lhomme est parvenu 6 concevoir le feupar frottement reste ouverte. Hapr7s uhn) cest la nature qui aurait

été linitiatrice de lhomme D il pouvait avoir observé comment la

pousse désséchée dune plante grimpante) agitée par le vent) se

frottait au creu4 dune branche et sen_ammait. $eschel ;!< déE6

mentionna linvraisemblance de cette e4plication 3 il pense que cest

en creusant) ou au cours dautres activités manuelles) que lhomme

%%

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I". — #nalyse de la légende de $rométhée

apprit 6 connatre réchau'ement de deu4 obEets par frottement

même sans observer le même déroulement dans la nature.

Le dispositif primitif dallumage était constitué par un bUton dur

et un disque de bois tendre) creusé dune e4cavation. Mn mouvement

de rotation et de forage en_ammait le bois. Le feu ainsi obtenu

présente linconvénient de séteindre peu apr7s 3 il faut alors le

produire 6 nouveau. *ais lhomme pouvait observer le même fait

avec un autre feu) celui du ciel. Phaque Eour le feu du soleil y

apparaissait) chaud et brillant 3 par périodes) des rayons en_ammés

descendaient étincelants et consumants. Le feu céleste aussi

séteignait apr7s un temps. #u ciel aussi) quelque chose brlait et

séteignait. Mne représentation tr7s ancienne des peuples indo=

européens décrit les nuages comme un arbre) le frêne universel que

nous rencontrons dans les mythes les plus variés. *ais le bois du

frêne servait précisément 6 faire du feu. Le feu du ciel signi/ait bien

que le frêne céleste brlait. Léclair Eailli du ciel était le feu du frêne

céleste. #insi se développa lidée que le feu terrestre est un feu

céleste descendu sur terre. Le mouvement rapide de léclair évoquait

le vol des oiseau4 3 do[ la supposition quun oiseau niché dans le

frêne céleste avait apporté sur terre le feu du ciel. Hans les mythes

de peuples et de périodes di'érents cest laigle) le faucon ou la pie

qui Eouent ce rOle. Pertains genres darbres) par e4emple le sorbier

qui porte des fruits rouges) des épines ou des feuilles découpées)

représentaient les métamorphoses de loiseau de léclair. ,es

particularités permettaient de reconnatre la couleur) les serres et le

plumage de loiseau.

 # cOté des feu4 célestes et terrestres) il e4iste une troisi7me

représentation dans le mythe indo=européen D le feu vital. Aous

trouvons ici la troisi7me analogie grUce 6 laquelle les feu4 céleste et

terrestre furent identi/és. Le feu de la vie doit également être

provoqué. Nant quil est dans le corps) celui=ci est chaud. t comme

tout autre

%-

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I". — #nalyse de la légende de $rométhée

;!< $eschel D ;di7er7unde, (e éd.) Leip@ig) !005.

feu) il séteint. Lanalogie la plus perceptible sétablissait entre la

conception et la préparation du feu. He même que le forage dun

disque de bois avec un bUton con>oit le feu) de même la vie de

lhomme séveille dans le giron maternel. Les preuves de cette fa>on

de voir sont nombreuses tant dans la langue que dans le mythe. 9e ne

mentionnerai ici que la transposition des noms des organes génitau4

de lhomme et de la femme au4 éléments essentiels du briquet

primitif. Pette conception sétait faite chair et sang dans le peuple.

$lus encore D cette identi/cation se retrouve dans les langues

sémitiques. n hébreu les e4pressions 1 mUle et 1 femelle

signi/ent littéralement D le perceur et le4cavée.

 #insi) lorigine du feu de la vie) la création de lhomme est

également déplacée vers le haut) vers le frêne céleste. He lui sont

issus et lhomme et le feu 3 cest pourquoi lhomme comme le feu ont

reEoint la terre grUce 6 un oiseau D cest la cigogne qui apporte les

enfants.

Mne époque plus tardive sédimente une couche nouvelle dans lemythe) créant des dieu4 semblables au4 hommes. lle conserve

lanalogie du feu et de la vie mais elle lui donne une forme nouvelle 3

ce dieu du feu est aussi lhomme=dieu. Hans les "édas) nous trouvons

un dieu #gni ;agni ignis en latin) feu< qui incarne le feu) la lumi7re)

le soleil et léclair) et qui est aussi le premier homme. $our les

mythes de di'érents peuples #gni est aussi loiseau=éclair. $icus) le

pic) est 6 la fois oiseau) feu) éclair et homme dans le mythe latin le

plus ancien. Mne version plus tardive du mythe fait du pic le premier

roi du Latium 3 mais de plus) il était le dieu tuté=laire des accouchées

et des nouveau=nés) cest=6=dire le dieu de la vie.

 #vec la personni/cation progressive des dieu4) tout devint leur

production ou leur attribut. #insi le feu nétait plus le dieu) mais était

suscité par le dieu. Mn dieu allumait le matin le feu solaire éteint 3 en

forant le disque solaire par introduction dun coin dans le nuage) il

%5

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I". — #nalyse de la légende de $rométhée

produisait léclair. He même) il fallait concevoir 6 nouveau le feu

terrestre. ,i le feu était éteint) #gni avait disparu 3 il devait sêtre

caché. He même quau ciel il se cachait dans un nuage ;larbre de

nuages<) il se dissimulait sur terre dans le disque de bois. Sn pouvait

le provoquer 6 en sortir par des manCuvres de forage et de

frottement. Aous rencontrons l6 un personnage nouveau du mythe)

son nom le plus ancien dans les "édas est *atarichvan. *atarichvan

cherche #gni qui se dérobe dans le nuage ou dans le bois et le

ram7ne sur terre. Hapr7s une autre version) il trouve #gni dans une

caverne. Il apporte au4 hommes la lumi7re et la chaleur dont ils ont

besoin. ,on nom signi/e 1 celui qui sen_e ou qui Cuvre dans la

m7re ) cest 6 nouveau léclair ou le bUton foreur.

Le $rométhée du mythe grec correspond 6 *atarichvan — qui

apporte le feu. #u cours des époques historiques) le nom $rométhée

qui a subi diverses modi/cations se voit attribuer la signi/cation

1 celui qui prévoit et pourvoit . Mne des formes anciennes) entre

autres) est 1 $ramantha ) nom 6 double sens. Il signi/e de fa>on

immédiate celui qui produit par frottement. $ar friction) il apporte le

feu et con>oit lhomme. Il est 6 remarquer que 1 *atha désigne le

se4e de lhomme. Le deu4i7me sens de $ramantha est D voleur de feu.

 # cOté de laspect $rométhée=$ramantha concevant le feu) il en est

un autre o[) comme *atarichvan) il le cherche ou le dérobe au ciel.

Il rec7le létincelle de feu dans un arbrisseau de narthe4) cest=6=dire

dans une essence de bois qui sert 6 faire du feu.

Hans le mythe) le feu nous apparat sous trois formes D comme feu

;et simultanément dieu du feu<) comme celui qui con>oit le feu ;ou

frotteur) ou foreur<) et en/n comme homme. Lhomme est identique

au feu du mythe dans la mesure o[ les premiers hommes sont issus

du feu et parce que lhomme rec7le le feu de la vie.

%(

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!. — La marque de linfantile dans la psychologie

individuelle et collective. La réalisation du désir

dans le rêve et le mythe

La br7ve description que Eai faite ne donne quune notion

incompl7te des sources multiples qui con_uent dans la légende de

$rométhée. Pette investigation est dune haute portée scienti/que.

lle a conduit 6 labandon de la conception classique du mythe

comme e4pression imagée dune pensée religieuse ou philosophique.

uhn chercha 6 montrer que tout mythe repose sur une conception

de la nature. Il prouva que chaque mythe renferme) en de>6 du

contenu immédiatement appréhendé grUce au4 mots) un contenu

latent qui se cache derri7re les e4pressions symboliques ;i<. Pelui qui

connat la méthode freudienne dinterprétation des rêves et la

théorie qui en découle remarquera les analogies importantes avec

linterprétation de la légende de $rométhée par uhn. Lorsque la

même méthode dinvestigation sapplique 6 des formations

apparemment aussi di'érentes que le rêve et le mythe) on peut y voir

une nouvelle con/rmation de lhypoth7se que ces di'érences

masquent une parenté. Le4emple de la légende de $rométhée nous

;i< uhn nhésita pas 6 dénoncer ouvertement le caract*re se4uel

de cette symbolique. Aous savons par notre e4périence actuelle

quune telle théorie est attaquée comme non scienti/que et

immorale. ,teinthal entreprit) dans le te4te cité) de défendre uhn.

%&

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 ". — La marque de linfantile dans la psychologie individuelle et collective. La

réalisation du désir dans le rêve et le mythe

 9e ne me priverai pas ici de reproduire ses termes 3 ils semblent

adressés ar D D adversaires de la théorie freudienne D a Lorsquune

telle précision et les scrupules dun Euge ont éprouvé chaque motif et

que les conclusions en sont tirées sans essai de persuasion nimaquillage mais avec le plus grand soin) alors le mérite est non

seulement scienti/que) mais également éthique.

servira 6 prouver la parenté psychologique du rêve et du mythe.

Le mythe de $rométhée — dans la mesure) o[ il nous intéresse ici

— peut être raconté en peu de mots. Linterprétation qui nous a

découvert le vrai sens de ces quelques mots en a e4igé bien plus. Il

en est de même pour le rêve car) même court) il contient in/niment

plus que son récit ne permet de le supposer. Pomme Freud la

remarqué pour le rêve) le mythe aussi cache un contenu latent

derri7re le contenu manifeste. $our latteindre) il faut une technique

dinterprétation. Pomme pour le rêve) ce procédé doit dévoiler

lensemble du matériel de représentations et de sentiments qui

se4prime dans le mythe.

Les di'érences plus ou moins marquées des contenus latent et

manifeste e4pliquent que lintéressé ne soit que rarement en mesure

de comprendre son rêve. Il déclare le rêve absurde) déraisonnable) il

sél7ve contre la recherche dun sens 3 sil tente vraiment de

pénétrer la signi/cation de son rêve) il en donne une e4plication

insu'isante) ne sinspirant que du contenu marifeste. Mne collectivité

ne fait pas autrement lle ne comprend pas davantage le contenu

latent de ses mythes 3 elle en donne une e4plication trop limitée. Les

e4emples le montrent bien. Les rêves de la mort des proches — dont

nous avons déE6 parlé — sont réguli7rement interprétés de fa>on

erronée par les intéressés. He même) les Jrecs méconnaissaient le

sens réel de la légende de $rométhée et la signi/cation du nom de

$rométhée. Aous reviendrons sur ce point.

%0

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 ". — La marque de linfantile dans la psychologie individuelle et collective. La

réalisation du désir dans le rêve et le mythe

Il faudrait e4pliquer le fait que la collectivité formatrice de mythes

se conduit vis=6=vis de ses créations comme le rêveur vis=6=vis de ses

rêves. Freud nous apporte la clef de cette énigme. ,a théorie du rêve

culmine dans cette phrase D )e rêve est un $ragment dépassé de lavie psychique in$antile"  Pette a'irmation nest pas demblée

compréhensible. La conception de Freud sest élaborée de la fa>on

suivante. Aotre mémoire conserve bien plus dimpressions que celles

au4quelles le souvenir a ordinairement acc7s. Il en est en particulier

ainsi des réminiscences qui sont marquées dun sentiment pénible et

que nous 1 oublions volontiers. lles ne sont pas absolument

éteintes) mais simplement soustraites 6 la reproduction volontaire.Aous avons déE6 fait connaissance de ce processus de re$oulement

dans l’inconscient" Aous avons coutume décarter de la conscience

les souhaits non accomplis ou irréalisables en raison des émotions

pénibles qui leur sont liées. Les rêves tissent la part maEeure et

essentielle de leur matériel 6 partir des représentations refoulées 3

seule) une proportion réduite du contenu onirique est de nature

actuelle) récente. Il en est de même lorsque des phénom7nespathologiques troublent lactivité consciente. L6 aussi) danciennes

réminiscences émergent dun refoulement profond. Aous pouvons

lobserver tout particuli7rement dans lhystérie et la démence

précoce. La conception du refoulement est indispensable pour

e4pliquer les symptOmes morbides les plus variés. Les souvenirs

refoulés proviennent de toutes les époques de la vie. Mne analyse

e4acte peut prouver que le fondement ultime dun rêve ou dunsymptOme de la maladie considérée est une réminiscence infantile.

Lenfant accomplit ses désirs) mêmes actuels et non refoulés et pour

autant quils ne se réalisent pas par des fantasmes diurnes ou

oniriques. # un Uge plus avancé) cette activité fantasmatique se

limite essentiellement au sommeil. Hans le rêve) ladulte conserve

non seulement sa $aAon enfantine de penser) mais encore les o'#ets

de cette période. Les désirs et les événements infantiles déposés

%8

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 ". — La marque de linfantile dans la psychologie individuelle et collective. La

réalisation du désir dans le rêve et le mythe

dans linconscient ne sont quapparemment oubliés. L6) ils attendent

en quelque sorte que le suEet vive un événement analogue 6 celui de

lenfance. Pette analogie étaie lassimilation des deu4 événements.

Le souvenir infantile subit un renforcement dans linconscient.Lorsquil a atteint une certaine intensité) il simpose dans le rêve du

suEet sain) dans les manifestations pathologiques du névrosé ou du

psychotique. Heu4 conditions doivent être remplies D labaissement

de lactivité consciente que réalisent 9e rêve et certains états

morbides) et un motif actuel. n général) on nest gu7re enclin 6

ménager au4 événements vécus et au4 désirs infantiles la place que

 Ee leur accorde avec Freud. Sn obEectera que les intérêts infantilessont écrasés par dautres) tout di'érents) mais il savérera quil ne

sagit l6 que dune obEection apparente. 9usqu6 la parution en !085

des  Études sur l-hystérie  de :reuer et Freud) la signi/cation des

émois et des réminiscences infantiles pour la psychologie normale et

pathologique navait Eamais été vraiment appréciée. Pest le mérite

de ces deu4 auteurs davoir attiré lattention sur la signi/cation des

réminiscences infantiles. #u cours des années suivantes) Freud acontinuellement élaboré cette théorie. ,i les conceptions sur la

signi/cation des événements infantiles ont subi des modi/cations

essentielles) la théorie des 1 infantilismes psychiques ;!< na

nullement été abandonnée. Il nous est possible de4pliquer pourquoi

les réminiscences infantiles précoces ont une telle in_uence sur le

développement psychique de lindividu. ,i les événements qui

frappent lenfant sont souvent dorigine e4terne) sans rapport avecson individualité) il en est dautres qui précisément en surgissent.

 9ai essayé de le prouver pour certains événements vécus de nature

se4uelle dans deu4 articles ;2<. Aous pouvons formuler en termes

géné=

;!< Nraduction littérale 3 il sagit des réminiscences infantiles.

-B

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 ". — La marque de linfantile dans la psychologie individuelle et collective. La

réalisation du désir dans le rêve et le mythe

;2< #braham D Be'er die @edeuCung sexueller ?ugendtraumen

 #!r die Symptoma6toiogie der dementia praecox ;La signi/cation des

traumatismes se4uels Euvéniles

fau4 que lenfant doit une partie des événements quil a vécus et

probablement les plus impressionnants 6 des émois internes) innés. Il

faut aEouter que lenfant en bas Uge na pas encore appris 6

subordonner ses désirs 6 des désirs étrangers pour des motifs

éthiques) quil nest pas encore blasé mais réceptif 6 toutes les

impressions et quainsi) il réagit avec une vive intensité.

Les souvenirs tardifs sont assimilés 6 ceu4 de lenfance. n

particulier les souvenirs refoulés ultérieurs prennent place pr7s des

désirs infantiles refoulés. 9e rappelle ici la préférence infantile du /ls

pour la m7re) sa rivalité avec le p7re et les désirs qui sont liés 6 ces

émotions. Mne cause actuelle réveille ces souvenirs denfance. Ils

trouvent maintenant leur e4pression dans un rêve. Pet e4emple

parmi dautres éclaire le sens de ce que Freud a dit du rêve D un

fragment de vie psychique infantile dépassée.

Hans le rêve) lactivité fantasmatique infantile et ses obEets

survivent. #insi apparat lanalogie entre le mythe et le rêve. Le

mythe tire son origine dune période de la vie de la collectivité

depuis longtemps révolue et que nous pourrions appeler son enfance.

Il est facile de Eusti/er cette comparaison. Mne e4pression que Freud

utilise dans la Science des rêves  illustre bien cet état de fait. # 

propos de la période de lenfance dont nous ne nous souvenons pas

clairement) il parle de lépoque préhistorique  du suEet. ,i les

réminiscences de ce temps sont imprécises) elles nen ont pas moins

laissé des impressions. Les désirs qui nous tenaient 6 cCur en ce

temps=l6 et dont nous ne nous souvenons quimparfaitement nont

pas totalement disparu) ils ont seulement été refoulés et vivent dans

nos fantasmes oniriques. Il en est de même des mythes" 5ls ont pris

naissance au temps préhistorique de la collectivité, dont nous

-!

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 ". — La marque de linfantile dans la psychologie individuelle et collective. La

réalisation du désir dans le rêve et le mythe

n’avons aucun témoignage précis" 5ls contiennent des réminiscences

de son en$ance" La théorie de la réalisation du désir dans le rêve

peut=elle être transposée au mythe ]

 9e le prétends et prenant appui sur Freud) Ee formule ainsi mon

point de vue D )e mythe est un $ragment dépassé de la vie psychique

in$antile de la collectivité" 5l contient 9sous une $orme voilée+ les

désirs de l’en$ance de la collectivité"

Aous avons déE6 rencontré des preuves importantes étayant cette

conception en analysant certains mythes et des rêves 1 typiques .

Aous avons reconnu que la légende d^dipe e4primait la se4ualité

infantile tout comme certains rêves. Le transfert ;i< se4uel du /ls

pour la symptomatologie de la démence précoce<) 1 `entralblatt

fjr Aervenheil=?unde $sychiatrie ) !8B&) et  Das Erleiden

sexuelier Traumen als orrn in#antiler Sexua'et4tigung  ;Les

traumatismes se4uels comme forme dactivité se4uelle infantile 3)

même volume.

. ;!< ,i #braham emploie la notion de transfert pour le premier

obEet authentique damour) cest par rapport 6 létape libidinale —

auto=érotique — anob=Eectale. A. d. N.

sur la m7re donne lieu 6 des désirs qui) comme bien dautres)

subissent le refoulement. Léducation de lêtre humain nest rien

dautre quun refoulement contraint et systématique des émois innés.

Pes pulsions pouvaient se réaliser pendant la Eeunesse de la

collectivité) alors que les relations étaient plus naturelles) que lesconventions navaient pas encore pris une forme rigide. #u cours

dune période plus tardive) elles furent refoulées par un processus

que nous pouvons mettre en parall7le avec le refoulement individuel.

*ais elles ne succomb7rent pas totalement et se conserv7rent dans

le mythe. Pe processus pour lequel Ee proposerai le nom de

re$oulement collecti$   est responsable du fait que le peuple ne

-2

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 ". — La marque de linfantile dans la psychologie individuelle et collective. La

réalisation du désir dans le rêve et le mythe

comprend plus le sens originel de ses mythes) de même que nous ne

comprenons pas) sans plus) celui de nos rêves ;i<.

Il semble que dans les mythes qui touchent sa prime enfance) un

peuple e4prime ceu4 de ses désirs quil a lhabitude de refouler le

plus. Ponsidérons les descriptions bibliques du paradis Freud les a

remarquablement caractérisées D 1 Le paradis nest rien dautre que

le fantasme collectif de lenfance de chacun. H#dam et dve) la

Jen7se accuse surtout la nudité et le fait quils nen avaient pas

honte. Aous savons que lusage Euif e4igeait sév7rement que le corps

soit couvert. Linfraction 6 cette coutume est particuli7rement

réprouvée dans les récits bibliques. Aous trouvons dans un rêve

typique) le parall7le 6 ce fantasme collectif de nudité. Aous rêvons

occasionnellement que nous nous promenons tr7s peu vêtus et

rencontrons des gens qui ne tiennent pas compte de notre état. La

peur qui accompagne habituellement ce rêve correspond au

refoulement marqué du désir infantile de se montrer nu. Freud a

apporté la preuve quil sagit dans ce rêve dun fantasme infantile de

nudité (Science des rêves, p. !((<. Il souligne le plaisir que prennentles enfants 6 se montrer nus ou 6 se4hiber devant dautres enfants

ou des adultes. Phe@ certains suEets) cette déviation infantile du

besoin se4uel persiste avec une force inhabituelle) entravant toute

activité normale D ce sont les e4hibitionnistes.

Léthique des 9uifs) tr7s rigoureuse en mati7re se4uelle) e4igeait

que le fantasme collectif de la nudité soit repoussé 6 la prime

enfance de lhumanité. Les Jrecs) bien moins honteu4 de leur nudité)

navaient pas 6 remonter si haut dans le passé. Freud a souligné que

la légende dMlysse et Aausicaa traite du même th7me. lle peut être

mise en parall7le avec les rêves de nudité sus=mentionnés.

;i< Le fait quun peuple ne comprend pas ses mythes ne peut pas

être ramené 6 la notion quil les a en partie empruntés 6 un voisin. Il

na pu sen saisir que parce quil y retrouvait ses propres comple4es.

-%

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 ". — La marque de linfantile dans la psychologie individuelle et collective. La

réalisation du désir dans le rêve et le mythe

Pest Eustement ceu4=ci qui sont refoulés. He plus) toute collectivité

modi/e les mythes quelle a repris 3 il faudrait alors quelle saisisse

le sens de ces modi/cations) mais il nen est rien.

La légende grecque de $rométhée est conforme au récit biblique

de la création du premier homme. Pomme nous le disions) elle sen

distingue par labsence dune composante correspondant 6 un

fantasme de nudité. lle contient par contre le récit du rapt du feu

dont la description biblique no're pas léquivalent. Aous

chercherons maintenant quels fantasmes ou désirs collectifs refoulés

se4priment dans lanthropogonie grecque et spécialement quelle est

la signi/cation du rapt du feu. $our parvenir 6 ce but) il nous faut

considérer certaines propriétés générales du mythe dont

le4plication nous ram7nera 6 son tour 6 la théorie freudienne du

rêve.

Freud déclare que tout rêve est égoste"  Aous avons bien d

apprendre 6 refouler toutes nos pulsions égo+stes. $our lamour des

autres — pour des raisons sociales et familiales — nous avons été

contraints de le faire. Lorsque linconscient se4prime comme dans le

rêve) ces pulsions refoulées sa'irment. :ien sr) elles doivent être

soigneusement masquées 3 leur apparition ouverte est inhibée par la

censure. Légo+sme du rêve apparat en ce que le rêveur est touEours

au centre du rêve. Peci ne veut bien entendu pas dire que le rêveur

se voit constamment lui=même au centre du déroulement onirique.

Fréquemment) il suit le scénario en spectateur. *ais il est alors

représenté par lacteur qui tient le rOle principal. Pelui=ci est tenu

par une personne qui présente un point commun avec le rêveur) une

particularité ou un événement vécu ou autre chose.  )e rêveur 

s’identiFe avec le personnage principal du rêve"  #insi nat

limpression que le héros du rêve en forme également le centre.

'ectivement lidenti/cation est un 1 de même que ;Freud)

Traumdeutung, p. 2!(<. *ais la particule 1 de même que manque

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 ". — La marque de linfantile dans la psychologie individuelle et collective. La

réalisation du désir dans le rêve et le mythe

au langage onirique. Le rêve ne peut e4primer la comparaison quen

rempla>ant une personne ou un obEet par une analogie. Le fait que le

but du rêve) la réalisation du désir) est également totalement égo+ste

a déE6 été constaté conformément au4 investigations de Freud. Lesautres formations psychiques que nous avons mises en parall7le avec

le rêve sont égo+stes dans le même sens. Aous serions entranés trop

loin 6 tenter de le démontrer par e4emple pour les états

crépusculaires hystériques. La situation est plus claire dans les

troubles mentau4 chroniques comportant des formations délirantes.

La psychose est elle aussi intégralement égo+ste. Le malade est en

tout cas le centre du syst7me délirant. Il est e4posé 6 toutes sortesdintrigues) de préEudices) de persécutions) venant de tous cOtés. ,es

coll7gues veulent lévincer) une armée de détectives lépie. Il est

lunique) le solitaire) le Euste) auquel un monde inEuste et envieu4 a

déclaré la guerre. #insi tout délire de persécution contient

implicitement une mégalomanie. La psychiatrie) il est vrai) na

coutume de parler de délire de grandeur que lorsquune idée de

grandeur précise est e4primée. Pest pourquoi nous préférons parler)dans un sens plus général) .’un complexe de grandeur" Lorsquil

nous entretient de son syst7me délirant) le malade mental nous

évoque la constitution de lanneau des fables de la mythologie autour

de certaines silhouettes. Le syst7me délirant dun malade mental est

comme un mythe par lequel il cél7bre sa propre grandeur. Il est des

malades qui prétendent être telle personnalité historique cél7bre)

Aapoléon ou :ismarc?. n trouvant cette analogie entre lui etAapoléon) ce malade sidenti/e sans arri7re=pensée 6 Aapoléon —

tout comme nous le faisons en rêve. Hans la psychose) le 1 de même

que fait défaut comme dans le rêve. Hans le détail nous trouvons

de nombreuses preuves con/rmant la Eustesse de cette comparaison.

,ouvent les malades transposent dans leur enfance leurs idées

délirantes) en particulier de grandeur. 9e pense surtout au4 idées

délirantes de /liation car elles sont dun intérêt particulier pour

-5

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 ". — La marque de linfantile dans la psychologie individuelle et collective. La

réalisation du désir dans le rêve et le mythe

lanalyse de la légende de $rométhée. Nout psychiatre connat des

cas de ce genre. Mn patient prétend par e4emple que ceu4 dont il

porte le nom ne sont pas ses vrais parents 3 de fait) il serait le /ls

dune personne noble) il aurait d être écarté pour un motif mystérieu4 et aurait été) enfant) con/é 6 ses 1 parents . ,es

ennemis veulent maintenir la /ction de sa basse e4traction pour

étou'er ses droits légitimes 6 la couronne ou 6 de grandes richesses.

Les idées délirantes de /liation nous rappellent les rêveries

infantiles o[ le gar>on est un prince ou un roi) dont les victoires

surpassent en gloire celles de tous les autres. Le désir dêtre grand

se satisfait par le fantasme de lorigine royale. Par dans

limagination infantile) un prince est de toute évidence prédestiné 6

susciter ladmiration de tous. Laspiration nostalgique vigile de tout

enfant) cest de devenir grand — au double sens de ce mot. Il me

semble que celui qui) adulte) accomplit ou pense accomplir quelque

chose de4ceptionnel a nourri un tel comple4e de grandeur. Il a

oublié les imaginations de son enfance) mais le comple4e qui les a

suscitées ne meurt quavec lui. LUge venant) ces ambitions nont pasété remplies. Lhomme sain en transpose aussi la réalisation dans

lenfance et devient le laudator temparis acti"

Pe comple4e de grandeur est propre tant 6 lenfance dun peuple

qu6 celle dun suEet. Il ne disparat pas totalement au cours de la

période 1 historique dun peuple. Hans le mythe) il y a également

une identi/cation. Le peuple sidenti/e au personnage central du

mythe. Le 1 de même que lui est également étranger ;i<.

;i< ,teinthal (Die Sage von Simson  ;La légende de ,amson<)

1 `eitschrift fjr "Ol?erpsychologie ,prachissenschaft ) vo+. 2)

!0(2< e4plique que la formule 1 de même que a opéré une

modi/cation capitale dans le développement psychique de

lhumanité.

-(

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 ". — La marque de linfantile dans la psychologie individuelle et collective. La

réalisation du désir dans le rêve et le mythe

Phaque peuple a voilé lhistoire de ses débuts 6 laide dun mythe

qui nous rappelle de fa>on saisissante les idées délirantes de /liation

des patients. Phaque peuple veut être issu de son Hieu principal) il

 veut avoir été 1 créé par lui. La création nest rien dautre quuneconception  dépouillée de se4ualité. Linterprétation par uhn de la

légende de $rométhée le montre clairement. $rométhée 1 crée les

hommes 3 mais si nous poursuivons son histoire) il est celui qui fore)

con>oit et simultanément il est le dieu du feu. Les "édas nous parlent

de plusieurs générations de prêtres au service du dieu du feu #gni)

et tirant leur origine du feu Les noms de ces prêtres ;#ngirases)

:hrgn) etc.< signi/ent feu ou _amme. #insi lhomme fait remonterson origine au4 Hieu4 quil sest créés) au feu quil a divinisé) au

divin frêne do[ le feu lui est venu. #s?r) le frêne) est le p7re.originel

dans la légende nordique. #insi lhomme des temps immémoriau4 a

proEeté au ciel son comple4e de grandeur. Les patients qui se

contentent dune haute origine terrestre et nous qui faisions de

même Gdans nos imaginations infantiles) nous ne sommes que les

épigones insigni/ants de cet homme passé.La légende de $rométhée est riche en e4emples didenti/cations.

Il su'it de rappeler celle entre le foreur) léclair et lhomme. ,i

lhomme a été con>u par un dieu) il est également divin ou bien le

dieu est également humain. Lhomme sidenti/e donc 6 la divinité. Il

en est ainsi dans la version ancienne de la légende de $rométhée. Pe

nest que plus tardivement que la création prit la place de la

conception.

Lhistoire de la création dans l#ncien Nestament ne fait

quapparemment e4ception. :ien entendu) le récit de la Jen7se ne

dit pas que lhomme est issu de son divin créateur. Hieu crée

lhomme . son image"  Ici) le contenu manifeste de lhistoire

comporte une analogie 6 la place dune identi/cation. Les origines

dIsral sont retracées Eusquau4 p7res archa+ques. Les recherches

-&

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 ". — La marque de linfantile dans la psychologie individuelle et collective. La

réalisation du désir dans le rêve et le mythe

de la mythologie comparée nous apprennent que les p7res

archa+ques sont des divinités pa+ennes modi/ées. #insi Isral fait) lui

aussi) remonter ses origines 6 un être divin. Pette conception dut

être adaptée au monothéisme par la suite. Les anciens dieu4originels entrent au service du Hieu unique. Lorgueil national doit se

contenter détablir un rapport étroit entre les p7res archa+ques et

leur Hieu. Hieu les contacte personnellement) leur parle) contracte

avec eu4 une alliance dont leurs descendants pro/teront 3 de sorte

que ceu4=ci se sentent particuli7rement proches de lui.

-0

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!I. — Les e$ets de la censure dans le rêve et le

mythe. La condensation

Aous connaissons déE6 le concept de censure. ,i dans le rêve le

refoulement e4ercé par la conscience est écarté) les désirs libérés

napparaissent cependant pas de fa>on ouverte. La censure ne tol7re

pas le4pression claire et univoque des représentations refoulées)

mais les contraint dapparatre sous un déguisement étrange. Pette

dé$ormation onirique transforme le contenu réel ;latent< en contenu

manifeste. Pomme Freud la montré) les pensées latentes du rêve

sont préformées d7s létat vigile) par la voie de lélaborationinconsciente. Le rêve ne forme pas de pensées nouvelles 3 il mod7le

les pensées préformées de la veille conformément au4 e4igences de

la censure. Freud distingue quatre voies qui permettent cette

élaboration. Aous devons véri/er sil en est de même dans le mythe)

si une censure sy e4erce et si le mythe utilise les mêmes moyens que

le rêve pour la contourner. Ici encore) nous pouvons nous servir de la

légende de $rométhée comme dun paradigme) mais 6 loccasion)nous considérerons dautres mythes encore.

Aous envisagerons dabord — parmi les di'érents processus du

travail onirique — celui de la condensation"  Aous la rencontrons

dans la légende de $rométhée sans y prêter plus dattention. Il nous

était apparu que cette légende) si simple de prime abord) e4prime en

peu de mots un grand nombre didées. Pelles=ci constituent) comme

-8

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 "I. — Les e'ets de la censure dans le rêve et le mythe. La condensation

nous lavons vu) le contenu latent du mythe. Mn seul élément du

contenu onirique manifeste rec7le fréquemment) non point une mais

plusieurs idées du rêve. Il en est pratiquement de même pour le

mythe. ,i les quelques mots de la légende contiennent toutes les

pensées que le travail de uhn nous fait connatre) chaque mot doit

être en quelque sorte surdéterminé, comme cest le cas dans le rêve.

Linterprétation des rêves peut apporter la preuve quun personnage

du rêve peut représenter plusieurs personnes réelles. Il nest pas

rare) par e4emple) quune apparition onirique ait le visage dune

personne donnée) mais la silhouette dune autre. Le rêveur met ainsi

en rapport deu4 personnes qui co+ncident sur un point important.

Nout événement du rêve peut également être pluridéterminé. Pest

pourquoi lanalyse des rêves doit respecter la multiplicité des

signi/cations 3 chaque mot du récit onirique peut contenir un sens

double ou multiple.

 De même que les éléments du rêve, ceux du mythe sont

surdéterminês" La légende grecque de $rométhée doit sa forme 6 un

processus de condensation de grande envergure. Le personnage de

$rométhée) lanalyse nous le montre) est la condensation de trois

conceptions.

Hapr7s lune) il est le dieu du $eu,  dapr7s la seconde le $eu,

dapr7s la troisi7me) l’homme" # partir de ces représentations) sest

condensée la légende du rapt du feu. ,teinthal ;!< a résumé en une

phrase lapport fondamental de lanalyse de uhn D &pr*s que le dieu

du $eu est descendu du ciel, il va, homme ou dieu, . sa propre quête,

. la quête d’un lui6même divin ou élément divin pour la terre et $ait

don de lui . un lui6même, homme"

 # celui qui a coutume danalyser les rêves selon la technique

freudienne) le mécanisme de condensation) qui leur est commun)

fera apparatre la parenté du rêve et du mythe. Hans des détails

apparemment insigni/ants du mythe) il reconnatra des

condensations analogues 6 celles du rêve. Lanalyse de uhn fournit

5B

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 "I. — Les e'ets de la censure dans le rêve et le mythe. La condensation

la preuve dune détermination multiple pour presque tous les

éléments de la légende de $rométhée et pour chaque symbole. 9e

rappellerai simplement le4emple de loiseau divin qui condense les

fonctions symboliques les plus diverses.

Pest 6 ce travail de condensation que les étranges formations

oniriques de mots nouveau4 doivent leur origine. Freud

; 5nterprétation des rêves,  p. 2B2 et autres< donne des e4emples

intéressants de ce genre et leur signi/cation. Les malades mentau4

;2< en produisent de semblables. *ais lhomme normal en fait autant

6 létat de veille) lorsquil commet une erreur de langage. Les

e4emples de ce genre se trouvent surtout dans la 2sychopathologie

de la vie quotidienne de Freud. Hu matériel qui sy trouve consigné)

 Ee ne tirerai quun e4emple ;%<.

1 Mn Eeune homme dit 6 sa sCur D Pest compl7tement /ni avec

les H. 9e ne les salue plus. lle répond D Pest dailleurs une drOle de

1 Lipp=schaft . lle voulait dire 1 ,ippschaft ;compagnie< 3 mais

elle condensa deu4 éléments dans son lapsus) 6 savoir que son fr7re

avait Eadis ébauché un _irt avec la /lle de cette famille et que de

celle=ci on disait peu auparavant quelle entretenait une liaison

;Liebschaft< établie et coupable.

La légende de $rométhée nous o're les mêmes condensations de

mots que celles qui échappent par 1 inadvertance 6 lhomme

normal ou se rencontrent dans le rêve et che@ le malade mental.

$ramantha ; $rométhée< apporte par friction le feu... et lhomme 3

dapr7s une autre conception) il vole le feu pour lapporter 6

lhomme. Pes deu4 points de vue sont condensés dans le nom de

$ramantha. $ramantha veut dire celui qui produit par friction et

simultanément celui qui dérobe ;le feu<i Pette condensation est

;!< ,teinthal D  Die 2rometheussage in t7rer urspr!nglichen

%esCalt ;La légende de $rométhée dans sa forme primitive<) p. o.

;2< 9ung D 2sychologie de la Démence précoce, alle) !8B&.

;%< ae édition) !8B&) p. %B.

5!

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 "I. — Les e'ets de la censure dans le rêve et le mythe. La condensation

permise par la conformité sonore entre le substantif matha ; le

membre viril 3 comparer au latin nentula< et la racine du verbe math

; prendre) dérober<. $ar ailleurs) il faut considérer le double sens

du verbe frotter.

 "II. — Héplacement et élaboration secondaire

H#A, L " N L *N.

Hans le mythe et le rêve) une grande part des di'érences entre

les contenus latents et manifestes est due 6 la condensation. La

seconde méthode que linconscient utilise pour le déguisement

onirique est celle du déplacement) ainsi que Freud la nommé. Pette

part du travail onirique a son répondant dans le mythe. $our desraisons qui apparatront bientOt) Ee traiterai du déplacement en

même temps que du troisi7me aspect du travail onirique)

l-éla'oration secondaire"

Lorsque nous avons commencé 6 e4aminer les analogies entre

rêve et mythe) nous voulions surtout Eusti/er notre démarche. Aous

avons pu réduire deu4 obEections) nous avons laissé la troisi7me sans

réponse. Il nous faut y revenir. Sn peut nous opposer) dapr7s lesdonnées des recherches récentes) que le mythe a subi des

modi/cations avant datteindre 9a forme o[ il nous est transmis —

alors que le rêve parat être une création fugace) éphém7re. *ais ce

nest l6 quune apparence. Le contenu du rêve est lui aussi préparé

de longue main. Aous avons comparé les périodes de la vie dun

homme et celles dun peuple et nous avons trouvé que le rêve et le

mythe tirent leur source dun temps préhistorique. Aous avons vuque les composantes oniriques sont préformées 6 létat vigile.

 #Eoutons que le développement du rêve nest pas terminé avec le

réveil. La concurrence entre les représentations et les désirs qui

suscitent le rêve et la censure se poursuit. $endant que nous

essayons dévoquer un rêve) et plus particuli7rement lorsque nous

essayons de le raconter) la censure accomplit encore des

52

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 "I. — Les e'ets de la censure dans le rêve et le mythe. La condensation

modi/cations pour parfaire le remaniement onirique. Pest ce que

Freud nomme 1 lélaboration secondaire ;i<.

lle est la poursuite) du travail de déplacement qui sest fait au

cours même du rêve. Pes deu4 processus de même nature

poursuivent un même but. Ils déplacent le contenu et l-aGect du rêve.

Les éléments dont la signi/cation est prééminente parmi les pensées

;i< 9e ne prends en considération ici que les manifestations de

lélaboration secondaire qui apparaissent lors de lessai de

reproduction du rêve 3 elles sont dune signi/cation particuli7re pour

la comparaison avec le mythe. 9e ne mappesantirai pas sur les

autres e'ets de lélaboration secondaire qui agissent au cours mOme

du rêve et en modi/ent la forme.

du rêve tiennent dans le rêve même un rOle accessoire) tandis

quune quelconque circonstance est traitée en long et en large. Pest

ainsi que selon le4pression de Freud) il se produit dans le rêve) un

1 renversement de toutes les valeurs . Linsigni/ant devient le

centre brlant de lintérêt 6 la place de ce qui est signi/catif et

laccent a'ectif) en relation avec les pensées du rêve) est déplacé duplus au moins signi/catif. #u cours de lélaboration secondaire) ces

phénom7nes se rép7tent. Pe sont Eustement les passages critiques du

rêve qui succombent le plus vite et le plus fortement au refoulement

d7s le réveil ce qui rend leur reproduction malaisée. He sorte que

la'ect aussi subit une modi/cation proche de la précédente.

Mn comple4e de grande valeur a'ective et qui fonde le rêve) se

fera valoir au cours de la même nuit ou dune des nuits suivantes.Les rêves ultérieurs tendent 6 la même réalisation de désir que les

précédents 3 ils comportent de nouveau4 moyens de4pression)

dautres symboles et des associations latérales nouvelles. Mn

comple4e puissant peut se4primer des années durant sous forme

dun rêve répétitif. # cet égard) il su'it de rappeler les rêves

typiques dont nous avons parlé) par e4emple le rêve infantile de

nudité. t ces rêves typiques ménagent la transition allant du rêve

5%

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 "I. — Les e'ets de la censure dans le rêve et le mythe. La condensation

au mythe.  Mutatis mutandis,  nous reconnaissons un processus

psychologique identique dans le fait que le même rêve accompagne

longtemps un suEet et se modi/e peu 6 peu par assimilation

déléments nouveau4) et dans celui quun mythe subit au cours des

périodes de la vie dun peuple des modi/cations progressives.

:ien entendu) les laps de temps au cours duquel se développe un

mythe sont in/niment plus grands que pour le rêve. Hautre part)

nous pouvons solliciter des renseignements sur les points douteu4 de

la part dune personne 6 laquelle nous voulons interpréter un rêve.

$ar comparaison) lanalyse dun mythe est rendue di'icile car nous

sommes réduits 6 pénétrer) par des comparaisons et des

combinaisons) dans une formation psychique constituée il y a des

millénaires. Pe nest alors que pour quelques rares cas) spécialement

favorables) quil sera possible de discerner quelle part du

déplacement revient au temps o[ le mythe sest /4é) et quelle part

au4 époques suivantes o[ la tradition orale sest transmise de

génération en génération. Lorsquune version ne correspondait pas

au4 conceptions dune génération) celle=ci entreprenait une

1 élaboration secondaire du mythe. Aous ne devons pas oublier les

in_uences marquantes que les mythes de ses voisins ont pu e4ercer

sur la transmission des mythes dun peuple. $our toutes ces raisons)

ce serait forcer la réalité que dentreprendre une séparation

arti/cielle entre déplacement et élaboration secondaire. Lorsque Ee

parlerai de déplacement dans le mythe) Ee laisserai dorénavant la

ques=don ouverte de savoir sil sagit dun déplacement primaire ou

secondaire.

5-

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!III. — Les e$ets de lélaboration par déplacement

dans les légendes de #rométhée% &o'se et

(amson

Aous avons rencontré) 6 maintes reprises) les e'ets du

déplacement dans le mythe sans lui avoir accordé plus dattention.

 )a légende grecque de 2rométhée comporte les traces précises dun

tel travail. Pomme les recherches de uhn nous lont appris) ce

mythe est issu dun temps o[ les forces de la nature nétaient pas

encore vénérées sous forme de dieu4 semblables au4 hommes. #u fur

et 6 mesure de la personni/cation des dieu4) apparaissent #gni et

*atharichvan. Le premier était le feu) le dieu du feu) lautre le dieu

qui suscite le feu par forage) qui ram7ne l#gni lorsque celui=ci se

cache. Pes deu4 /gures ne sont pas distinctes 6 lorigine.

*atharichvan apparat bien plutOt comme un surnom d#gni et ne

sen détachera comme être personnel que plus tardivement.

*atharichvan — auquel correspond le $rométhée grec) — était en

réalité le chercheur du $eu" Hans le mythe grec) il devient le voleur 

de $eu" Pontre la volonté des dieu4 il dérobe le feu du ciel pour les

hommes et il en subira la punition. $rométhée doit donc se

soumettre 6 la volonté de `eus 3 cest ici que se situe le déplacement

le plus important de la légende. Hans le mythe primitif dapr7s lequel

*atharichvan=$rométhée ram7ne #gni) le ton de la réprobation fait

défaut. La version grecque du mythe proc7de 6 un déplacement

55

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 "III. — Les e'ets de lélaboration par déplacement dans les légendes de

$rométhée) *o+se et ,amson

a'ectif. $rométhée qui p7che 6 légard des dieu4) devient le

représentant de lhomme qui fréquemment soppose au4 décisions

des dieu4. Hu fait de cette déformation de la légende) le sens originel

du nom de $rométhée=$ramantha se perdit. Les vieu4 temps na+fslavaient nommé celui qui con>oitR qui fore. Pette conception

succomba au refoulement) Eusqu6 ce que le peuple eut

compl7tement altéré le sens du nom. Il fut quelque peu apprêté et)

secondairement) il re>ut la signi/cation de D 1 celui qui pourvoit 6

lavance. Aavait=il pas été quérir le feu pour ses créatures et

navait=il pas ainsi loyalement acquis ce nom I La transformation du

nom de $ramantha en celui de $rométhée et la modi/cationcorrespondante de son sens nous o'rent un e4emple de déplacement

tr7s instructif.

Le processus de déplacement dans la légende de $rométhée

acquiert un intérêt supplémentaire si nous considérons une partie du

travail de uhn que nous avons négligée Eusquici. # cOté des mythes

concernant l’origine du $eu,  uhn traite des mythes apparentés

concernant l’origine du Fltre divin" 9e ne pourrai étudier ici loriginecommune de ces mythes au risque de quitter notre suEet. 9e me

contenterai de souligner entre autres e4emples que lorigine

commune de léclair et de la pluie provenant du nuage autorise 6

faire remonter le feu et le /ltre divin du mythe 6 une origine

commune. Mne donnée de la mythologie comparée nous retiendra

spécialement D le fait quau  2rométhée  de la légende grecque ;ou

indo=européen< correspond le  Mose de la :ible. ,i nous comparonsle *o+se donateur de la loi) avec le $rométhée donateur du feu)

dapr7s le récit de l#ncien Nestament et la description dschyle) ces

personnages paraissent avoir peu de ressemblances. *ais lhistoire

de *o+se comme celle de $rométhée comporte un déplacement

important. Il nous faut distinguer le vieu4 *o+se mythique du *o+se

biblique. Le *o+se biblique) tout comme $rométhée) monte au ciel et

en rapporte — comme celui=ci le feu — la Loi. Il monte parmi léclair

5(

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 "III. — Les e'ets de lélaboration par déplacement dans les légendes de

$rométhée) *o+se et ,amson

et le tonnerre 3 nous retrouvons lorage. Pe nest vraisemblablement

pas par hasard que cette loi est dénommée 1 ardente . n général)

nous voyons *o+se comme le /d7le serviteur du dieu unique 3 tandis

que $rométhée) en dérobant le feu) entre en con_it avec les dieu4)*o+se tient la loi des mains de Hieu) ce qui e4clut le con_it. La

révolte de *o+se contre Hieu se trouve ailleurs. Le personnage du

mythe pa+en qui correspond 6 *o+se se procure leau du nuage grUce

6 léclair. *o+se est muni dun homologue de léclair ou de

linstrument foreur du mythe pa+en 3 dune verge) symbole qui

réapparat dans dinnombrables légendes. Hun coup de cette verge)

il fait Eaillir leau des rochers dans le désert) contre lordre du,eigneur ;Aombres) chap. 2B<. *o+se est puni de sa désobéissance D

il ne parviendra pas 6 la Nerre $romise. *o+se ne vole donc pas leau)

il se contente de frapper la roche et dappeler ainsi leau. ,elon

lordre de Hieu) il devait parler  6 la roche 3 limpatience le poussa 6

la frapper. Le déplacement m7ne ici e4traordinairement loin. Aon

seulement *o+se nest quun simple humain) un serviteur de Hieu —

il ne commet même pas un vol comme $rométhée — il ne faitquappeler dune fa>on intempestive leau qui lui est octroyée. #insi)

la faute de *o+se est déplacée sur un péché mineur. Hu même coup)

la puissance de Hieu se trouve augmentée du fait que même une

faute relativement minime ne demeure pas impunie.

Aous découvrons ici une perspective intéressante concernant la

constitution de certaines idées mor'ides"  Hans la gen7se de la

névrose obsessionnelle) nous trouvons une 1 transposition ;Freud<)qui est un mécanisme de déplacement similaire. Hapr7s les

recherches de Freud) les représentations o'sédantes  sont issues

dautoaccusations des patients se référant 6 une activité se4uelle

interdite.

5&

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 "III. — Les e'ets de lélaboration par déplacement dans les légendes de

$rométhée) *o+se et ,amson

Le patient cherche 6 compenser) par une e4trême correction ce

qu6 son avis) il commit en mati7re se4uelle. Il se conduit comme sil

était réellement fautif de quelque chose ;i<.

 9ai mentionné récemment un processus analogue au cours de

certains troubles mentau4 ;démence précoce) mélancolie< ;2<. Le

délire dindignité de ces malades peut souvent être ramené 6 des

reproches concernant la se4ualité. Pes patients déplacent le

sentiment de culpabilité issu des réminiscences se4uelles sur une

défaillance insigni/ante dun autre type. Il nest pas possible de les

détacher de cette conception. ,i lon applique 6 ces cas les

considérations freudiennes) la raison de leur comportement sen

trouve éclairée. Ils veulent écarter leur sentiment de culpabilité.

Les déplacements du genre de celui de lhistoire de *o+se sont

tr7s fréquents dans l#ncien Nestament. Aous y trouvons de

nombreu4 mythes dorigine pa+enne qui) au fur et 6 mesure que le

peuple se ralliait au monothéisme) entr7rent au service de la

nouvelle religion et subirent 6 cette /n des déplacements essentiels.

Nous les ouvrages historiques sur l#ncien Nestament témoignent de

la lenteur du passage au monothéisme et des luttes violentes qui le

marqu7rent. Les dieu4 ou les êtres divins du vieu4 mythe durent

quitter leur piédestal) se contenter du rOle dhumains et se

subordonner au dieu unique. Hans certains cas) ce déplacement est

dimportance D le dieu de Eadis devenu homme devient un adepte

particuli7rement /d7le) un élu du dieu unique. Les /gures des p7res

archa+ques et de *o+se sont les produits de ce processus de

déplacement. La légende de ,amson convient particuli7rement 6

létude de ce processus. Aous en possédons une élaboration faite de

main de matre par . ,teinthal ;%<. 9e nen rapporterai que les traits

essentiels car elle conduit 6 des résultats analogues 6 ceu4 de

lanalyse de la légende de $rométhée.

50

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 "III. — Les e'ets de lélaboration par déplacement dans les légendes de

$rométhée) *o+se et ,amson

Pomme en témoigne létymologie de son nom) ,amson est le dieu

du soleil du vieu4 paganisme sémite et il correspond 6 lercule de la

légende indo=européenne. Pelui=ci) 6 proprement parler) est

également dieu solaire ou héros 3 la légende dercule ressemble 6celle de ,amson par toute une série de traits importants. ,amson est

le d Deu solaire au4 longs cheveu4 comme #pollon 3 il est le dieu qui

réchau'e et qui engendre lastre diurne) dispensateur de

bénédiction 3 en été) il atteint lapogée de sa puissance. #ussi lhiver

et la nuit sont ses contreparties naturelles 3 dapr7s une

;r< 9e ne peu4 approfondir ici la théorie de Freud 6 ce suEet) et Ee

men réf7re

 ] a0 ?lerner ,chriften @ur Aeurosenlehre .

T braham 3 )es traumas sexuels, etc.) !8B&.

=r.;%< ,teinthal D  Die Sage von Simson  ;La légende de ,amson<.

1 `eitschr. /ir "ol?er?unde ,prachiss 1 ) vol. 2) i0(@.

représentation répandue parmi les peuples) ils sont personni/és

par la déesse lune. Lorsque le soleil décline) le dieu solaire fuitdevant la déesse lune qui le poursuit. ,il atteint sa plus grande force

en été) il ne peut sen réEouir D 6 partir du coucher du soleil) il la

perd 3 il est vaincu par la déesse de la nuit et de lhiver comme un

homme fort peut succomber au pouvoir dune femme. ,amson) le

dieu solaire générateur) apparat comme faible 6 légard de la femme

dans la description du Livre des 9uges. "raisemblablement) Halila est

une des formes de cette déesse de la nuit et de lhiver. ,amson perd

sa force avec sa chevelure) cest=6=dire que le dieu solaire perd ses

rayons. *ais comme le soleil récup7re sa force apr7s lhiver) ainsi les

cheveu4 de ,amson repoussent) de sorte quil reprend encore une

fois ses forces 3 toutefois pour un temps limité. Par il cherche la mort

et il la trouve au cours de la fête que ses ennemis les $hilistins

 vouent 6 leur dieu Hagon. *ais Hagon est le dieu stérile de la mer et

58

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 "III. — Les e'ets de lélaboration par déplacement dans les légendes de

$rométhée) *o+se et ,amson

du désert 3 dans le mythe) il est une puissance adverse) hostile au

dieu du soleil.

,amson) héros et dieu solaire) se tue lui=même. Pest l6 un trait

que nous trouvons aussi dans les mythes voisins. Hans le récit

biblique) le suicide de ,amson se produit une deu4i7me fois en

dehors de la fête de Hagon) sous une forme) il est vrai) di'icile 6

reconnatre. Le dieu solaire unit en lui deu4 tendances

contradictoires. Il est dune part le dieu qui réchau'e) qui engendre

la vie) dautre part le dieu qui consume) qui met 6 mal) qui dévore.

Pe dernier aspect est représenté par le symbole du lion 3 cest sous

le signe du lion quen été le soleil atteint son apogée. He même

qu#gni et *atharichvan furent originellement un seul être mais

devinrent par la suite deu4 puissances opposées) de même lardeur

dévorante du soleil est scindée du dieu solaire bienfaisant sous le

symbole du lion. Le premier acte héro+que de ,amson et le premier

travail dercule sont la victoire sur un lion 3 le dieu solaire

béné/que tue le dévorateur sous la forme du lion — et ce faisant) se

tue lui=même.

Mne élaboration tr7s déformante a permis au dieu du soleil de

devenir ,amson) le héros voué 6 Hieu. Il ne subsiste de son être

originel que quelques vestiges di'icilement compréhensibles en eu4=

mêmes D la force résidant dans les cheveu4) la faiblesse 6 légard de

la femme) la mort par suicide. n raison de sa longue chevelure)

,amson devient le 1 Aasir de la légende postérieure) le /ancé du

dieu qui délivre son peuple de la servitude. Sn peut supposer ici

lidentité de ,amson) dercule et du *el?art phénicien) dieu tuté=

laire de son peuple. Le cheminement par lequel le dieu solaire du

paganisme devient le héros voué 6 Hieu ne nous est pas connu en

détail 3 mais di'érentes sources nous prouvent que cette

transformation se'ectua. Isral fut en lutte durant des si7cles avec

les $hilistins et perdit sa liberté dans ces con_its. Lancien dieu

(B

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 "III. — Les e'ets de lélaboration par déplacement dans les légendes de

$rométhée) *o+se et ,amson

solaire — celui qui concrétisait la fertilité et la victoire sur le feu

dévastateur — devait désormais combler les vCu4 du peuple sous la

forme du héros national. Pomme *o+se) il cesse dêtre Hieu pour

devenir son serviteur et il est choisi par Hieu pour aider son peuple.Il napparat pas comme un chef de troupe) mais touEours isolé

comme le soleil se déplace seul au ciel. ,eul) il bat les $hilistins avec

la mUchoire de lUne 3 aveugle) il est seul face au4 milliers de

$hilistins et il les entrane avec lui dans la mort.

(!

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I). — Les moyens de *guration du mythe

Aous avons trouvé dans le mythe lélaboration par condensation

et déplacement du rêve) il nous reste 6 e4aminer un dernier aspectdu travail du rêve) cest=6=dire 6 trouver son homologue dans le

mythe. Noutes les représentations ne se traduisent pas sans plus

dans le rêve) et il en est de même pour le mythe. :ien sr) il y a une

di'érence D le rêve dramatise alors que le mythe prend /gure

dépopée. Pependant tous deu4 doivent sentourer de précautions

semblables quant 6 la possibilité technique de /guration de leur

contenu. Le rêve) par e4emple) doit trouver une représentation/gurée pour les abstractions. # cet e'et) ses préférences vont au4

tournures verbales prises au sens littéral. Hans un rêve communiqué

par Freud) par e4emple) la rêveuse veut e4primer quun musicien

quelle apprécie domine de loin les autres ;1 turmhoch < ;autant

quune tour<. Hans le rêve) elle le voit dans la salle de concert)

dirigeant du haut dune tour. Les relations logiques de notre langue

ne peuvent /gurer comme telles dans le rêve. Aous avons déE6 vucomment le 1 de même que est /guré par identi/cation et que la

même chose se produit dans le rêve. Mne autre relation 1 ou bien

ceci — ou bien cela se4prime de di'érentes mani7res dans le rêve.

$ar e4emple) sous forme dalignement des di'érentes possibilités)

cest=6=dire de représentation /gurée so'rant au choi4. 9ai

remarqué récemment une autre mani7re. Le patient présente les

di'érentes possibilités D 1 ou bien) — ou bien au cours de rêves

(2

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I. — Les moyens de /guration du mythe

di'érents. ,elon notre e4périence) les rêves de la même nuit servent

6 une seule réalisation de désir 3 dapr7s mon e4périence

personnelle) il nest pas rare que la série des rêves dune nuit

confronte les di'érentes possibilités de réalisation du désir et

corresponde ainsi 6 un 1 ou bien — ou bien . Pette e4plication me

parut particuli7rement lumineuse dans le cas suivant D une dame)

proche de son mariage) mais redoutant) de part et dautre) de

sérieuses résistances) me raconta cinq rêves appartenant 6 la même

nuit. Ponnaissant asse@ précisément les circonstances de sa vie) Ee

pus constater que toutes les di'érentes possibilités davenir étaient

envisagées 6 travers ces rêves. La rêveuse se cachait dans chaque

rêve derri7re une personne de sa connaissance qui sétait trouvée

dans une situation de ce genre. Lutilisation abondante du matériel

infantile était tr7s intéressante. Mn peuple ne fait pas autrement

dans ses mythes. Il présente également le même désir dans

di'érents mythes. 1ous découvrons ici une des causes de la parenté

du contenu de tant de mythes"  Mn désir est=il dune intensité

particuli7re) il trouve son e4pression dans di'érents mythes. Noute

/guration particuli7re est une nouvelle fa>on de prendre position et

met en valeur un nouvel aspect. Il nest que de sen référer au4 deu4

récits bibliques parall7les de la création.

La relation étroite de deu4 aspects du rêve se4prime

fréquemment par le rapprochement) dans le contenu manifeste du

rêve) de ces aspects ou de leurs symboles. Hans le mythe) il en er=t

de même. Hans la légende de $rométhée) le foreur est touEours voisin

du disque ou de la roue 3 dans la Jen7se) de même) le serpent et la

pomme sont lun 6 cOté de lautre. La légende de $rométhée nous

montre tr7s bien comment une personne peut se cacher derri7re

plusieurs symboles D $rométhée est foreur et éclair. La légende de

,amson nous en o're un e4emple dun intérêt tout particulier. Le

suicide du dieu solaire ,amson est représenté par le héros du soleil

,amson tuant le lion solaire.

(%

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I. — Les moyens de /guration du mythe

*ais la tUche la plus ardue pour permettre une /guration) cest

de circonvenir la censure. Aous avons déE6 parlé) dune fa>on

générale) du travestissement symbolique. Hans la légende de la

descente du feu) nous trouvons des circonlocutions symboliques

particuli7rement pour le se4e de lhomme ou pour sa fonction. Peci

nous rappelle le symbolisme du rêve. La foreuse) la verge ou un

instrument analogue représentant le se4e masculin est un symbole

fréquent dans les rêves. La réalisation du désir est transparente

lorsquune femme rêve quelle se fait poignarder par un homme.

Hans dautres rêves) un sabre) un arbre ou une esp7ce végétale

appropriée par sa forme) apparat comme symbole masculin.

,on corrélatif féminin se trouve aussi dans la légende. Pest le

disque solaire ou la roue solaire ou le nuage au creu4 duquel se meut

le $ramantha) léclair ou la massue du tonnerre 3 cest visiblement

lantre o[ #gni sest caché.

Hans la légende de $rométhée) le feu nous apparat sous trois

formes D comme feu céleste) comme feu terrestre) comme feu vital.

n rêve) le feu signi/e souvent le feu se4uel) lamour. $uisque

$rométhée est le dieu qui con>oit) le feu de lamour pourrait bien

être considéré comme une quatri7me composante.

(-

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 ). — Les réalisations de désir dans la légende de

#rométhée

Ponvaincus désormais que la censure et lélaboration du rêve

trouvent dans le mythe leur parfait homologue) nous revenons 6 la

question de la réalisation du désir dans la légende de $rométhée. Il

sagit détablir ce qui se cache derri7re le travestissement

symbolique. Ici encore) il savérera que nous ne pourrons nous

passer de la technique que Freud a utilisée pour linterprétation des

rêves.

Les Jrecs eu4=mêmes ont fait une tentative en ce sens. Le

contenu de la légende leur était devenu incompréhensible 3 le nom

du héros cependant était facile 6 modi/er de fa>on telle quil soit

représentatif. #insi) $ramantha devint le 1 $ourvoyeur . Mn tel

demi=dieu est tr7s utile — si Ee puis me permettre de parler ainsi. ,on

e4istence correspond 6 un désir touEours actuel de lhumanité D celui

dun être plein de sollicitude. Hans la transcription nominale de

1 celui qui pourvoit ) se4prime indubitablement un désir. *ais nous

savons que ce sens a été conféré secondairement au mythe et que le

symbolisme de la légende de $rométhée ne lui correspond pas. Peci

nous évoque) par analogie) la psychologie du rêve. Il nest pas rare

de reconnatre demblée un désir émergeant du rêve. Hans ce cas) le

rêveur est prêt 6 reconnatre sa réalité. Il sagit touEours dun désir

simple mais on se demande) dans ce cas) 6 quel e'et le travail du

(5

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. — Les réalisations de désir dans la légende de $rométhée

rêve a été fourni si ce désir) que lélaboration du rêve devait

recouvrir) se4prime au grand Eour. ,i lon proc7de 6 une analyse plus

précise du rêve) on remarque que le désir actuel en cache un autre

qui présente une certaine analogie avec le premier. Le désir actuel

forme en quelque sorte la couche la plus super/cielle du rêve D celle=

ci recouvre un désir refoulé. Le travail interprétatif nest pas terminé

pour autant. Hans certains cas) il est possible détablir avec certitude

une troisi7me couche. Pette couche) la plus profonde dans le rêve

;comme dans la psychose< est réguli7rement constituée par des

réminiscences infantiles.

Pette strati/cation peut aussi être démontrée dans la légende de

$rométhée. Les investigations de uhn nous apprennent que la

couche la plus ancienne du mythe est une identi/cation de lhomme

et du feu) de la gen7se de lhomme et de la gen7se du feu. La

deu4i7me couche correspond 6 une conception plus tardive qui

connaissait des dieu4 personnalisés. Hans cette couche du mythe) le

dieu du feu est également lhomme dieu par lequel lhomme est

conAu" Hans la troisi7me couche) la plus récente) $ramantha nest

plus celui qui con>oit) mais le créateur de lhomme et 1 celui qui

pourvoit .

Aous avons déE6 parlé de cette derni7re couche et du fantasme de

désir quelle contient. $ar analogie avec le rêve) nous pouvons nous

attendre 6 ce que chacune des couches plus anciennes incarne

également un désir. Aous connaissons déE6 celui correspondant 6 la

deu4i7me couche. Lhomme fait remonter son origine 6 un être divin

et de ce fait il est lui=même divin. Il s’identiFe avec $ramantha. Aous

avons pu prouver quune tendance semblable 6 celle des fantasmes

de lenfance de lindividu se4prime ici D celle que nous déduisons de

le4istence dun comple4e de grandeur. Le désir dans la deu4i7me

couche de la légende de $rométhée pourrait être précisé comme

suit D Aous voulons être con>us par un être divin et participer 6 cette

divinité 3 chacun de nous est un $ramantha. 9e souligne que ce

((

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. — Les réalisations de désir dans la légende de $rométhée

fantasme présente une composante se4uelle indiscutable. ,i cet

aspect se4uel reste un élément relativement subordonné dans la

deu4i7me couche) nous trouvons dans la couche la plus profonde un

contenu se4uel pur) une réalisation de désir dans le domaine se4uel.

La deu4i7me couche se distingue de la plus archa+que par un

refoulement se4uel bien plus a'irmé.

Le symbolisme de la couche la plus profonde est indiscutablement

se4uel D il e4prime un complexe de grandeur sexuelle"  Lhomme

compare sa puissance génératrice 6 celle du foreur qui suscite le feu

dans le disque de bois) 6 lCuvre du foreur céleste) léclair.  Dans sa

 $orme la plus ancienne, la légende de 2rométhée est l’apothéose de

la puissance génératrice de l’homme"

Aous nous sommes déE6 e'orcés de prouver que la se4ualité

forme le noyau le plus intime de lêtre humain. Mne erreur aussi

ancienne que répandue veut que lenfance soit indi'érente au point

de vue se4uel. 9e ne parle pas bien entendu de cas de précocité

se4uelle anormale. Les investigations de Freud ;!< nous contraignent

6 admettre quil e4iste une activité se4uelle d7s la tendre enfance.

lle nest pas bien entendu consciente en tant que telle pour lenfant

et elle est tr7s loin de lactivité se4uelle de lindividu mr et sain.

$récocement) lenfant séveille au voyeurisme sexuel,  lié 6 la

curiosité pour les di'érences entre les se4es) pour la conception) etc.

Phaque enfant demande tOt ou tard D do[ suis=Ee venu ] Pe que

lenfant apprend 6 cet égard apporte 6 son imagination une

nourriture considérable. Lintérêt porté au4 activités se4uelles donne

lieu 6 une tension incomparable. Mne révélation inattendue peut

entraner de violentes émotions. He même les premiers signes

physiologiques de la maturation se4uelle que lenfant remarque sur

lui=même) suscitent fréquemment la peur et la répulsion.

;!< Trots Essais sur la théorie de la sexualité"

Aous avons souvent vu surgir) 6 partir de fantasmes infantiles) des

constructions fantasmatiques morbides. Aous constatons détranges

(&

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. — Les réalisations de désir dans la légende de $rométhée

analogies entre ces productions pathologiques et les mythes. Le

médecin rencontre fréquemment des fantasmes issus du voyeurisme

et de la curiosité infantile lorsquil pén7tre la vie des malades

mentau4 ou des névrosés en se servant de la psychanalyse. # cet

égard) Ee men réf7re 6 lanalyse dun cas de psychose parano+de par

Freud ;i<. Mne signi/cation e4traordinaire revient 6 la curiosité

se4uelle dans le domaine des manifestations obsédantes) en

particulier en cas de rumination obsédante. Les patients de ce type

sont obligés) soit 6 la rumination contre leur gré des questions

transcendantales) comme lorigine de Hieu et du monde) soit 6 se

demander pourquoi telle chose est ainsi et non pas autrement. Mne

observation personnelle que Ee rapporterai bri7vement) indique la

signi/cation qui revient au voyeurisme infantile che@ les personnes

prédisposées 6 la névrose.

Le patient distinguait che@ lui=même deu4 types de manifestations

obsédantes D lobligation de prier et celle de regarder tout obEet

méticuleusement pour ruminer ensuite au suEet de sa fabrication) de

sa composition) etc. Il raconte quil était soumis 6 cette obsession

depuis lenfance bien quil ait eu des rémissions plus ou moins

prolongées. Lanalyse révéla que) petit gar>on) il avait souvent tenté

de déshabiller les personnes dont il partageait la chambre ou le lit.

,on intérêt concernait laspect des organes génitau4 et du

postérieur) la venue des enfants et les événements qui la

précédaient. Il se reprochait les essais forcenés par lesquels il

cherchait 6 satisfaire une curiosité indiscutablement pathologique et

commen>a 6 prier Hieu et 6 demander quil lui permt de devenir un

honnête homme. La pri7re prit rapidement un caract7re obsédant D il

couvrait de litanies des bouts de papiers et les lisait aussi

fréquemment que possible. Il craignait vivement domettre) ne ft=ce

quun mot. ,imultanément au4 pri7res) il développa le4amen

obsessionnel des obEets. Il savéra que le patient sétait consacré 6

létude de toutes sortes dobEets indiGérents, 6 la place de le4amen)

(0

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. — Les réalisations de désir dans la légende de $rométhée

considéré comme coupable) de certaines parties du corps. ,on

intérêt concernait surtout lenvers des obEets et le processus de leur

fabrication. Pes ré_e4ions sur la constitution dobEets indi'érents

faisaient contrepoids 6 la ré_e4ion sur la naissance de lhomme.

Pomme il arrive souvent dans de tels cas) langoisse était

1 déplacée ;2< sur des représentations indi'érentes. Pest le même

th7me qui préoccupe tout enfant mais ce gar>on) 6 un degré

anormal D le th7me que la mythologie a nommé anthropogemie"

;!< 1 leine ,chriften @ur Aerrosenlehre ) p. !2-.

;2< 1 ,ammiung leiner ,chriften @ur Aeurosenlehre ) p. !!0.

La conception dun homme) la constitution dune nouvelle vie sontsi énigmatiques que ces phénom7nes ont sollicité de tout temps

lintérêt particulier des hommes et ont d stimuler la formation des

mythes. La conception devait apparatre comme un acte magique 6

une période o[ lobservation scienti/que ne4istait pas encore. Aous

pourrons étayer encore autrement cette hypoth7se. Hans la

mythologie) dans la croyance au miracle) partout la baguette

magique Eoue un grand rOle. *ais il est hors de doute que cettebaguette nest quune représentation symbolique de lorgane génital

masculin ;pour des raisons que Ee ne détaillerai pas ici<. Mn symbole

tout semblable) celui de la baguette creusant le disque de bois centre

la forme la plus ancienne de la légende de $rométhée. 9e nai

 Eusqualors pas souligné une particularité étrange de la légende de

$rométhée D c’est une légende purement masculine"  Lhomme qui

con>oit apparat tant sous une forme personnalisée ;$ramantha<

quesymboliquement. La femme nest représentée que par le disque

de bois et nest mentionnée que tout 6 fait accessoirement dans la

légende. Aous avions conclu que dans sa couche la plus ancienne la

légende de $rométhée était lapothéose de la puissance virile. Pette

conception trouve ici une enti7re con/rmation. La forme la plus

ancienne de la légende de $rométhée tend 6 proclamer la puissance

procréatrice de lhomme comme le principe de toute vie. Pest l6)

(8

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. — Les réalisations de désir dans la légende de $rométhée

 Eusqu6 auEourdhui) le délire de grandeur se4uel de tout suEet

masculin.

&B

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 )I. — "nalyse du mythe de lorigine du breuvage

divin

Lorigine du philtre divin est 6 Euste titre étroitement liée 6 la

légende de lorigine du feu que nous concevons comme une légende

de la conception. Aous lavons déE6 mentionnée) mais navons pas)

 Eusquici) abordé lanalyse de ce mythe. Aotre e4périence antérieure

nous permet de prévoir que deu4 légendes en étroite relation

co+ncident quant 6 leur tendance. Lécrit fondamental de uhn nous

servira encore une fois de guide pour lanalyse du mythe du philtre

divin. # partir dun certain moment) nous emprunterons bienentendu un chemin personnel.

Hans les te4tes hindous les plus anciens) le philtre divin sappelle

 #mrta) puis ,oma) puis aoma dans le `endavesta. Hans la

mythologie grecque) nous connaissons les termes de Aectar et

d#mbroisie. Sn attribue 6 ce philtre des e'ets variés) merveilleu4 et

mystérieu4 D il anime) il enthousiasme) il conf7re limmortalité. Pette

derni7re propriété est clairement e4primée dans #mrta et dans

 #mbroisie qui lui correspond étymologiquement 3 le mot nectar

contient un sens analogue.

 #ussi loin que remonte la tradition) nous apprenons que tous les

peuples ont composé des breuvages enivrants) dont lusage suscite

des impressions bien connues et trompeuses. Lhomme se sent

animé) enthousiasmé) transporté et le breuvage engendre une

&!

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I. — #nalyse du mythe de lorigine du breuvage divin

sensation de chaleur accrue et la convoitise se4uelle. Les cultes de

Hionysos ont également un caract7re érotique. Le breuvage éveille

donc le feu che@ lhomme dans les deu4 sens de la chaleur et du feu

de lamour. Sn obtenait le breuvage enivrant en pressant certaines

plantes. Pelles=ci apparaissent dans le mythe comme les plantes

soma. $armi elles) cest le frêne ;ou le sorbier< qui nous intéresse)

cest=6=dire larbre même dont le bois sert 6 concevoir le feu. He ses

branches) on e4trait un suc que lon appelle soma.

 # cOté du soma terrestre) le mythe parle dun soma céleste et les

V9eu4 sont identi/és) tout comme ce fut le cas pour le feu terrestre

et divin. ,ur terre) le soma et le feu sont obtenus grUce au frêne. t

de même que dapr7s la légende de $rométhée le  $eu céleste  est

allumé avec le frêne universel ;larbre des nuages< de même le soma

divin est issu de ce frêne. Sn lobtient en forant le bois du frêne

universel ;cest=6=dire dans le nuage<. Le soma terrestre est un soma

divin issu du frêne céleste. Mn oiseau qui niche dans ses branches la

porté sur terre. Lanalogie avec la légende du feu est ici éclatante. He

même que le feu céleste comprend lardeur solaire et léclair) de

même le soma divin a plusieurs signi/cations D il est 6 la fois rosée et

pluie et devient encore le breuvage des dieu4. Larbre de nuages est

décrit avec plus de précision dans certains mythes. ,es racines

plongent dans des lacs D de son pied Eaillissent des sources qui

retombent sur terre sous forme de pluie. Hes branches) tombe la

rosée ;i<.

Aous avons constaté précédemment que lignition terrestre et

céleste de la couche la plus ancienne de la légende de $rométhée

nétait que le représentant symbolique de lacte de la conception.

Aous pouvons 6 Euste titre admettre que le soma terrestre et céleste

illustre symboliquement une troisi7me donnée encore inconnue de

nous. Pelle=ci) uhn ne la pas vue. Pest pourquoi nous dépasserons

lanalyse de uhn pour aboutir 6 la troisi7me signi/cation du soma D

la plus importante) car la plus originelle.

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I. — #nalyse du mythe de lorigine du breuvage divin

;i< Mne autre représentation que lon peut relever dans les mythes

indo=européens voyait dans les nuages un cheval au galop 3 de sa

crini7re) la rosée tombait 6 terre. Pe cheval de nuages) porteur du

soma) donne le cheval ailé $égase de la mythologie grecque. Hautre

part) les nuages mouvants deviennent les Lrinnyes. He l6 viennent

les légendes de la horde sauvage) etc. de la mythologie germanique.

La représentation dun nuage en pourchassant un autre essayant de

le saisir) nous est connue par un tableau moderne D la fenaison de

,egantini.

!! est remarquable que limagination dun artiste) dont lCuvre

incarne lidée de ! unité de la nature) emprunte la même voie que

limagination des peuples de lépoque préhistorique.

Le soma céleste est obtenu par le forage dans le nuage) cest=6=

dire par un acte symbolique de conception. La conséquence proche

me semble être que le soma symbolise la semence humaine. #ssurant

la reproduction) la semence est vivi/ante et rend immortel. lle

féconde comme le soma céleste qui tombe 6 terre sous forme de

rosée ou de pluie. Aous parvenons alors 6 saisir pourquoi les

légendes de lorigine du feu et du breuvage divin sont si intimement

liées. La partie du corps qui con>oit est indiscernable de la semence.

 # cette couche la plus ancienne du mythe et dont le sens se4uel

est clair) sen aEoute — comme dans la légende du feu — une

deu4i7me. Hans ce cas aussi elle se distingue de la premi7re par la

personniFcation des phénom*nes de la nature,  cest=6=dire par

lapparition de /gures divines anthropomorphes et par un

re$oulement sexuel intense" Aous rencontrons un être 6 demi divin

qui porte le nom de soma. ,oma est le génie de la force et de la

conception 3 notre supposition sur la nature essentielle du soma se

trouve con/rmée. Hans certains mythes) ,oma est remplacé par #gni

que nous connaissons bien.

Hans la mesure o[ il nous permet de comprendre la couche la

plus précoce de la légende du soma) il est intéressant de4aminer un

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I. — #nalyse du mythe de lorigine du breuvage divin

mythe grec qui a conservé la représentation de lorigine du philtre

divin par forage. `eus désire parvenir Eusqu6 $erséphone qui est

cachée dans la montagne de nuages. $our ce faire) il se transforme

en un serpent et se fore un chemin 6 lintérieur de la montagne. Pe

symbolisme se4uel est aisément compréhensible. He lunion V de

`eus et de $erséphone nat Hionysos) le dieu du vin 3 une

personni/cation du breuvage divin. Hionysos est allaité par les

yades. n tant que déesses de la pluie) celles=ci personni/ent

également le soma céleste 3 en tant que constellation) elles régnent

sur la période des pluies.

Le `eus de la mythologie grecque correspond 6 lIndra de la

mythologie hindoue) lui aussi dieu du ciel clair et serein. Hans la

légende du soma) il tient un rOle important. Il dérobe le soma. He

même que dans la troisi7me couche de la légende de $rométhée

*atarichvan va quérir #gni) de même Indra tire le soma de la

caverne o[ les Jandharves le surveillent ;!<. Pe rapt est commis par

Indra Cuvrant sous la forme dun faucon. *ais dans certaines

légendes) le rapt du soma est attribué 6 #gni) prenant également la

forme dun oiseau. n apprenant 6 le connatre comme celui qui

dérobe le soma) nous avons devant nous une identi/cation

remarquable. Le faucon doit lutter avec les Jandharves pour la

possession

;!< Hans un travail spécial) uhn a montré que les Jandharves ont

engendré une génération de démons) les centaures de la légende

grecque.

Hr #L #:##*. = ^M", PS*$LN,. !. 8 du soma. #u

cours du combat) il perd une plume qui tombe 6 terre et devient

plante 6 soma. Aous avions rencontré un récit tout semblable au

cours de lanalyse de la légende de $rométhée. He même la troisi7me

couche de la légende du soma est tellement remaniée que le contenu

manifeste ne présente plus aucune trace de se4ualité.

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I. — #nalyse du mythe de lorigine du breuvage divin

Il nous faut poursuivre la signi/cation de la plante 6 soma et nous

acquérons ainsi de nouvelles preuves de lidentité du soma et de la

semence humaine. La branche de larbre 6 soma — représentant

symbolique du membre viril — a de merveilleuses propriétés. Aon

seulement elle donne le breuvage soma) mais elle sert de plus au4

usages et cérémonies les plus divers. Hu sorbier) on détache la

baguette divinatoire qui) permet par e4emple de repérer les points

deau souterrains. ,elon une coutume ancestrale) les prêtres au

printemps battaient le bétail avec une branche de sorbier pour

augmenter sa fécondité et la production de lait. La branche de

larbre 6 soma reparat dans la baguette magique) dans celle der=

m7s et de Nhyrsos) baguette avec laquelle Hionysos fait couler le vin

des rochers 3 la signi/cation symbolique de la baguette séclaire

encore si nous rappelons quelle se transforme en serpent sous les

 yeu4 de $haraon ;i<.

Mne autre des si nombreuses fonctions du sorbier dans les mythes

et usages retiendra notre attention. Pest en bois de sorbier que lon

faisait le pilon dont on se servait pour préparer le beurre. Pe bois

protégeait contre toutes sortes de sorcelleries dont on se croyait

spécialement menacé en préparant le beurre. Les sources dont nous

disposons montrent indubitablement que la préparation du beurre

était comparée 6 la conception de même que celle du feu et que

symboliquement elle le rempla>ait. Le produit) le beurre) était

comparé et identi/é 6 la fois 6 la semence et au soma. Mn récit du

*ahabharata décrit la constitution du soma comme la préparation du

beurre. #pr7s uhn ;2< Een donne la version abrégée. Les dieu4 qui

désirent l#mrta et les #sura ;démons méchants< prennent la

montagne *andara comme pilon pour battre locéan. Indra encorde

la montagne avec le serpent "asu?i et les dieu4 et les #sura

commencent 6 tirer. He la gueule du serpent sortent fumée et

_ammes qui sassemblent en nuages épais et font tomber les éclairs

et la pluie sur les dieu4. ,imultanément) au cours des secousses

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I. — #nalyse du mythe de lorigine du breuvage divin

subies par la montagne) les arbres du sommet frottés lun contre

lautre sen_amment et le feu ainsi produit enveloppe la montagne

comme léclair le fait du nuage sombre. Indra éteint ce feu avec

;!< Le phénom7ne de lérection a incité) semble=t=il) 6 une

grande activité fantasmatique. La transformation de la baguette

;phallus< en serpent signi/e le retour du phallus 6 létat _accide.

;2< uhn D )-origine du $eu, !00() p. 2!8.

leau des nuages. La s7ve des arbres puissants et des plantes

coule dans la mer) et leau ainsi mélangée avec la s7ve la meilleure

se prend en beurre — et donne lieu au soma — qui dans la légende

est identi/é 6 la lune et 6 dautres êtres mythiques 3 en dernierapparat Hhanvantari portant la cruche blanche qui contient l#mrta.

Les dieu4 et les #sura se la disputent et les premiers sont

 vainqueurs.

Les vieu4 po7mes hindous contiennent dautres descriptions de la

production de l#rmta. #ucune ne contredit la signi/cation que Eai

proposée. Phacune des trois couches que nous avons pu démontrer

dans la légende contient la réalisation dun désir analogue 6 celui dela couche correspondante de la légende de $rométhée. La même

apothéose cél7bre ici la conception et lorgane générateur) l6 la

semence. Le refoulement du contenu se4uel de la légende

transforme progressivement la semence en breuvage divin) cadeau

dun dieu bienveillant 6 lhomme. La légende du soma subit donc les

mêmes modi/cations que la légende de $rométhée et aboutit comme

celle=ci 6 une réalisation de désir actuel non se4uel.

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 )II. — La théorie du désir dans le mythe

 9ai tenté de formuler une théorie de la gen7se du mythe en me

fondant sur lobservation psychologique) et de létayer par lanalyseapprofondie de4emples. Il est temps maintenant de confronter mes

conceptions 6 dautres théories mythologiques.

La plus ancienne théorie et Ee crois actuellement la plus populaire

encore admet que le mythe est le4pression /gurée didées

philosophiques et religieuses. Mne conception répandue est celle qui

 veut que le fondement de la vie psychique soit fait de telles idées. 9e

ne peu4 adhérer 6 ce point de vue. $as plus quon ne peut admettreque lenfant vient au monde avec une éthique altruiste) on ne peut

admettre que les hommes des périodes préhistoriques portaient en

eu4 des idées religieuses quils auraient par la suite symbolisées

dans les mythes. Il a fallu un processus de refoulement tr7s prolongé

avant quune telle éthique ne devnt la propriété solide dun peuple

et ce processus se rép7te encore auEourdhui en raccourci che@ tout

individu. Lanalyse de la légende de $rométhée nous a montré que leseul aspect qui apparat comme une idée éthique) religieuse — la

conception de $rométhée comme être qui pourvoit au4 besoins — est

de nature accessoire et secondaire. $ar contre) les idées et les désirs

dun autre ordre constituent la base proprement dite de la légende.

Pomme Freud la montré pour la légende d^dipe) Ee pense avoir

apporté pour celle de $rométhée la preuve que son origine nest pas

fondée par des conceptions religieuses ou philosophiques) mais parla

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II. — La théorie du désir dans le mythe

fantasmatisation se4uelle de lhomme. 9e consid7re les aspects

éthiques et religieu4 comme un sédiment plus tardif) comme un

produit du refoulement. Les autres légendes) dont Ee nai pu

malheureusement traiter en détail) me semblent con/rmer ce point

de vue.

Lorsque uhn) il y a cinquante ans) a inauguré la mythologie

comparée) cette Eeune science a rompu avec lancienne conception

de lorigine des mythes. Helbrjc? ;i< a e4primé avec précision ce

renversement. Il e4pliqua que tout mythe était issu dune observation

naturelle. Le mythe tentait un essai na+f de4plication dun

phénom7ne de la nature. Sn reconnaissait maintenant un

développement au mythe et lon comparait les di'érentes légendes

avec les contenus analogues de celles dautres peuples.

Mne théorie moderne veut faire remonter 6 la même source tous

les mythes sémites et indo=germaniques D 6 la contemplation des

constellations. Les recherches récentes nous ont appris que

:abylone était la patrie de lastronomie et que bien des mythes

semblent en procéder. Pest la théorie astrale" Aous citons un petit

travail de Kinc?ler ;2< 6 titre dorientation.

*ettre 6 la. source de tout mythe une observation de la nature) y

 voir le4pression dune conception de lastronomie) nest pas

enti7rement satisfaisant. Le motif de la formation des mythes ne

nous apparat pas. Pest négliger légocentrisme de toute

imagination humaine. ,il est possible que des considérations

astronomiques aient eu une in_uence puissante sur la /guration

terminale du mythe) leur signi/cation ne peut cependant avoir été

que secondaire. Le rêve aussi rec7le le matériel des observations du

monde e4térieur D 6 lanalyse rapide) elles peuvent apparatre comme

le contenu essentiel du rêve. Le rêveur a utilisé ce matériel car il y a

trouvé des analogies avec son 1 moi 3 il lui sert 6 voiler

symboliquement ses fantasmes de désir. Les considérations

astronomiques dun peuple lui servent 6 la même /n. 5l pro#ette ses

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II. — La théorie du désir dans le mythe

 $antasmes au ciel" )e centre des mythes, c’est le peuple lui6même"

 En eux, il vit l’accomplissement de ses désirs"

 )a théorie du mythe6désir   peut sans di'iculté sélargir 6 une

théorie de la religion=désir. Lidenti/cation originelle de lhomme

avec son dieu est impossible 6 méconnatre dans le mythe et dans la

religion. Mn refoulement prolongé a permis au4 peuples

monothéistes de parvenir 6 se subordonner 6 leur dieu comme 6 un

créa=

;!< Helbrjc? D  Die EnBtehung des Mythus'eiden 5ndo6

germanischen ;ol7ern ;La constitution du mythe che@ les peuples

indo=européens<) 1 ̀ eitschrifc fur "Ol?erpsychologie

,prachissenschaft ) vol. %) !0(5.

;2< Kinc?ler D Hirnme' elten'ild der @a'ylonier as %ruttdlage

der elt=amchauung Mythologie aller ;=-l7er   ;Limage du ciel et du

monde des :abyloniens comme fondement de la conception du

monde et de la mythologie de tous les peuples<) in  1 Her alte

Srient ) !8B2.

teur. ,i des remaniements progressifs et considérables ontconduit 6 considérer le dieu unique comme le p*re des hommes —

non plus au sens du p7re qui con>oit mais au sens du p7re qui

pourvoit — il y a l6 6 nouveau un fantasme de désir enraciné dans

lenfance. Pest le fantasme même qui fait apparatre $rométhée

comme 1 celui qui pourvoit ) pour lamour des Jrecs. Lhomme

désire une sollicitude prévoyante) il proEette son désir au ciel D l6 doit

résider un p7re qui prend soin de tous les hommes. Le culte de la*adone correspond également 6 un fantasme de désir issu de

lenfance. # la m7re pleine de sollicitude) proche de tous les besoins

de lenfant) ladulte ne veut pas renoncer au cours des détresses de

sa vie. #insi) il reporte sur la reine des cieu4 ses fantasmes infantiles

persistants. ue lau=del6 soit fantasmatisé au sens du christianisme

ou comme lieu des plaisirs sensuels au sens de lIslam) toutes les

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II. — La théorie du désir dans le mythe

conceptions dune survie ne sont rien dautre que les réalisations des

fantasmes de désir.

 9ai donné une e4plication de la gen7se et des transformations du

mythe 6 laide de la théorie du désir. Il convient denvisager leur 

disparition" Pest un fait asse@ connu qui constitue une nouvelle

analogie avec le rêve. Phaque rêve subit des modi/cations

régressives dont le rythme est tantOt rapide tantOt lent. Loubli nest

pas absolu) mais les idées du rêve et leurs accessoires sont refoulés 6

nouveau. #insi un peuple a des périodes doubli de ses mythes. Par

pour toute collectivité) il est un temps o[ elle se débarrasse de ses

traditions et o[ un mode de pensée prosa+que sinstalle 6 la place des

 vieu4 fantasmes. Pest une reconnaissance progressive des lois de la

nature qui suscite cette évolution) mais cest aussi une situation

générale qui parvient 6 satisfaire le comple4e de grandeur. Les

autres formations fantasmatiques et le symbolisme du langage

prennent part 6 cette involution. Le symbolisme se4uel de la langue

ne senrichit plus. Les symboles présents tendent 6 disparatre. La

langue anglaise est la plus 1 avancée 6 cet égard. Il serait plus

 Euste de dire la plus 1 involuée . Les di'érences de se4e y sont

e'acées 6 part des traces in/mes. La symbolique du langage et de la

mythologie nest apparemment pas une forme de4pression

convenant 6 la civilisation moderne) spécialement 6 celle des

 #nglais. Les réussites concr7tes permettent de renoncer au4

fantasmes de dér. Mn peuple qui est loin de la réalisation de son

comple4e de grandeur nationale se conduit di'éremment. Le4emple

des 9uifs est typique. Ils ont conservé pendant de longues périodes

les fantasmes caractéristiques de lenfance dun peuple. uon songe

seulement au désir que réalise le fantasme du peuple élu et de la

Nerre promise.

La science moderne appelle )oi 'iogénétique $ondamentale le fait

que lévolution de lindividu représente la répétition sommaire du

développement de lesp7ce. Hans chaque esp7ce) des modi/cations

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II. — La théorie du désir dans le mythe

corporelles progressives se sont e'ectuées au cours des longues

périodes de la phylogén7se. Lindividu parcourt les mêmes étapes

évolutives au cours de son développement. ,ur le plan psychique il y

a également che@ lindividu une évolution qui rép7te le

développement phylogénétique. Aous avons rencontré bien des

manifestations qui appartiennent aussi bien 6 la vie de lindividu qu6

celle de la collectivité. Le parallélisme qui nous parat le plus

important est le suivant D #u cours de la période préhistorique) un

peuple élabore ses désirs en constructions fantasmatiques qui

parviennent 6 la période historique sous forme de mythes. He même

lhomme crée au cours de sa 1 période préhistorique les fantasmes

issus de ses désirs qui persistent dans les rêves de la 1 période

historique .  &insi le mythe est le vestige de la vie psychique

in$antile d’un peuple et le rêve est le mythe de l’individu,

0!

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 )III. — Les forces déterminantes de la vie psychique

de lindividu et de la collectivité

La recherche analytique dont lCuvre de Freud contient les

principes) couvre les phénom7nes normau4 et pathologiques de la vie

mentale des individus et des peuples. Hans ces domaines) elle peut

démontrer que tout phénom7ne psychique est déterminé par des

causes discernables. #uEourdhui) nous navons plus besoin de

combattre la croyance 6 la suggestion. Pest sur un autre front que

nous avons 6 nous défendre. Pest une conception répandue et même

soutenue comme scienti/que que de considérer que le hasard r7gnedans le domaine psychique. Sn se refuse 6 admettre un

déterminisme psychique précis) pour les mille événements de la vie

quotidienne) les intuitions) les erreurs) les oublis) etc.) le contenu des

rêves et les manifestations individuelles dune maladie mentale. Sn

en reste au vieu4 point de vue dualiste. Sn assigne au4 faits

psychiques une position 6 part en les e4cluant du déterminisme des

lois de la nature. La conception qui conf7re au hasard $étiologie dese'ets psychologiques est stérile car elle ne rend Eamais compte des

phénom7nes de la vie psychique individuelle. Ici sins7re la théorie

de Freud. lle consid7re tout phénom7ne psychique comme un e'et

et en cherche une cause psychologique spéci/que. LobEet de cette

investigation) cest létude des forces déterminantes dans la vie

psychique.

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III. — Les forces déterminantes de la vie psychique de lindividu et de la

collectivité

Le premier déterminant du comportement psychique ultérieur)

cest la prédisposition que lenfant apporte avec lui. La constitution

psychose4uelle est laspect qui entre en premier en ligne de compte

pour e4pliquer les structures fantasmatiques. lle se4prime avec leplus de véracité dans lenfance Eusqu6 ce que le refoulement entre

en vigueur. #lors que lenfant sapprête 6 transférer ses penchants 6

certains obEets animés ou inanimés et 6 les retirer des autres) les

in_uences de léducation) du milieu) etc...) simposent et lobligent 6

refouler une part de ses émotions naturelles) en particulier se4uelles.

 # cOté de la prédisposition innée) ces émotions infantiles refoulées

e4ercent une in_uence puissante et déterminante. Le matérielpsychique infantile apparat dans toutes les structures

fantasmatiques. Les réminiscences de périodes plus tardives de la

 vie viennent en troisi7me position. lles aussi sont pour une grande

part refoulées. Sn consid7re souvent comme ine4istantes les

réminiscences inaccessibles au souvenir spontané. Freud le premier

a reconnu la signi/cation du refoulement et les e'ets déterminants

du matériel psychique refoulé et leur a accordé la place quilsméritent.

 5l n’y a pas de hasard  dans le domaine du psychique. Pe qui)

e4térieurement) peut apparatre comme tel puise au4 sources de la

constitution innée et du refoulement se4uel infantile. Les

événements vécus apr7s lenfance sont comme des auents qui se

 Eettent dans ce _euve primitif. Pe nest pas du fait dune

surestimation que nous accordons une signi/cation si ample 6 lase4ualité parmi les forces déterminantes. Hans la vie organique)

nous voyons partout la conservation de lindividu se subordonner 6

celle de lesp7ce comme 6 un principe supérieur. La pulsion au

service de la conservation de lesp7ce doit être la plus forte) sinon

lesp7ce périrait.

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III. — Les forces déterminantes de la vie psychique de lindividu et de la

collectivité

La recherche analytique au sens de Freud a auEourdhui encore

mauvaise réputation aupr7s de la critique. lle partage ce destin

avec une branche de la recherche linguistique) létymologie. Sn a pu

dire de celle=ci que les voyelles ny /guraient pas et que lesconsonnes ny avaient quun rOle médiocre. Pependant

linterprétation dun mot sur des bases scienti/ques se défend et lui

 vaut 6 Euste titre le nom de science de 1 lauthentique ) cest=6=dire

de lessence véritable des éléments de la langue. La théorie

freudienne est une étymologie des manifestations psychiques. lle

aussi se fraiera son chemin) même sil doit lui en coter plus dun

combat avec la pruderie et les préEugés de la science moderne.