Mesure, contrôle et caractérisation des nanoparticules - Procédure ...
Résonance ferromagnétique et structure de nanoparticules ...
Transcript of Résonance ferromagnétique et structure de nanoparticules ...
HAL Id: tel-00195244https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00195244
Submitted on 10 Dec 2007
HAL is a multi-disciplinary open accessarchive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come fromteaching and research institutions in France orabroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, estdestinée au dépôt et à la diffusion de documentsscientifiques de niveau recherche, publiés ou non,émanant des établissements d’enseignement et derecherche français ou étrangers, des laboratoirespublics ou privés.
Résonance ferromagnétique et structure denanoparticules bimétalliques à base de fer
Romain Fleurier
To cite this version:Romain Fleurier. Résonance ferromagnétique et structure de nanoparticules bimétalliques à base defer. Matière Condensée [cond-mat]. Université d’Orléans, 2006. Français. <tel-00195244>
UNIVERSITE D'ORLEANS
THESE PRESENTEE A L’UNIVERSITE D’ORLEANS
POUR OBTENIR LE GRADE DE
DOCTEUR DE L’UNIVERSITE D’ORLEANS
Discipline : Physique
PAR
Romain FLEURIER
Résonance ferromagnétique et structure de nanoparticules bimétalliques à base de fer
Soutenue le : 11 décembre 2006
MEMBRES DU JURY
- François DUCASTELLE, Directeur de recherche – ONERA Châtillon Président du jury
- Janis KLIAVA, Professeur - Université de Bordeaux 1 Rapporteur
- Agnès TRAVERSE, Directrice de recherche – CNRS Orsay Rapporteur
- László FORRÓ, Professeur – École polytechnique fédérale de Lausanne Examinateur
- Jacques ROZIÈRE, Professeur - Université de Montpellier 2 Examinateur
- Patrick SIMON, Directeur de recherche – CNRS Orléans Examinateur
- Jean-Paul SALVETAT, Chargé de recherche – CNRS Orléans Directeur de thèse
- Marie-Louise SABOUNGI, Professeur - Université d’Orléans Directrice de thèse
UNIVERSITE D'ORLEANS
THESE PRESENTEE A L’UNIVERSITE D’ORLEANS
POUR OBTENIR LE GRADE DE
DOCTEUR DE L’UNIVERSITE D’ORLEANS
Discipline : Physique
PAR
Romain FLEURIER
Résonance ferromagnétique et structure de nanoparticules bimétalliques à base de fer
Soutenue le : 11 décembre 2006
MEMBRES DU JURY
- François DUCASTELLE, Directeur de recherche – ONERA Châtillon Président du jury
- Janis KLIAVA, Professeur - Université de Bordeaux 1 Rapporteur
- Agnès TRAVERSE, Directrice de recherche – CNRS Orsay Rapporteur
- László FORRÓ, Professeur – École polytechnique fédérale de Lausanne Examinateur
- Jacques ROZIÈRE, Professeur - Université de Montpellier 2 Examinateur
- Patrick SIMON, Directeur de recherche – CNRS Orléans Examinateur
- Jean-Paul SALVETAT, Chargé de recherche – CNRS Orléans Directeur de thèse
- Marie-Louise SABOUNGI, Professeur - Université d’Orléans Directrice de thèse
À Elen,
À mes Parents
Remerciements
Ainsi commence ce manuscrit, par mes remerciements, les plus sincères et les plus
chaleureux, à toutes les personnes qui m’ont aidé, soutenu, encouragé, découragé, conseillé,
dissuadé, fait confiance, cru en moi, donné du temps, fait rire, fait douter et par-dessus tout
accompagné dans ma découverte du monde de la recherche scientifique.
Je commencerai mes remerciements par les membres de mon jury, à commencer par Agnès
Traverse et Janis Kliava, les deux rapporteurs de ce travail, qui ont eu la gentillesse et la
patience de l’évaluer en profondeur. Je voudrais aussi remercier François Ducastelle, qui a eu
la tâche de présider ce jury, Patrick Simon, pour son aide scientifique précieuse, et Jacques
Rozière pour avoir accepté d’examiner ce travail.
Mais plus que tout autre, j’aimerais du fond du cœur remercier Jean-Paul Salvetat, qui est
celui qui a cru en moi, à tort ou à raison puisqu’il a eu par la même occasion à me supporter
en face de lui jour après jour durant ces quelques années. Je le remercie pour m’avoir fait
confiance, et pour avoir vu qu’à travers une bonne couche de doute et une once d’idées reçues
se trouvait un futur docteur en physique des matériaux.
La seconde personne que je tiens par-dessus tout à remercier n’est autre que Marie-Louise
Saboungi, qui m’a accueilli dans son laboratoire, le Centre de Recherche sur la Matière
Divisée, et m’a fait l’immense honneur d’être ma directrice de thèse. Sa gentillesse, son
attention et son implication ainsi que sa vision éclairée du métier d’enseignant-chercheur et
du monde de la recherche internationale m’ont donné du baume au cœur, et le courage
nécessaire à ces trois années de travail.
Je tiens également à remercier chaleureusement Sanjib Batthacharyya, sans qui je n’aurais
jamais connu les joies insoupçonnées de la chimie pour un physicien. Ses idées innovantes et
toujours originales me manquent déjà.
J’ai grandement apprécié de travailler avec Thomas Cacciaguerra et Fabienne Warmont, qui
ont réalisé les images de microscopie de cette thèse, et je les remercie de leur sang-froid face
à mes demandes impossibles.
J’ai eu la chance de partir durant trois mois aux États-Unis, à Argonne, à côté de Chicago
pour réaliser mes mesures d’absorption de rayons X à l’APS. Ceci n’aurait pu se faire sans
l’aimable collaboration de Klaus Attenkofer, pour qui j’éprouve une grande affection. C’est
avec nostalgie que je le remercie, lui ainsi que sa femme Eva, mais aussi les autres membres
de BESSRC, Marc Beno, Guy Jennings, … Sans oublier mon collègue de nuits blanches,
Marco Wiedenhoeft.
Je voudrais remercier également Anne-Lise Thoman et Pascal Brault du GREMI, qui ont pris
le temps de m’aider, et de me conseiller sur les dépôts par plasma.
La résonance ferromagnétique, technique parfaitement obscure pour le commun des étudiants
mortels, n’aurait pu se faire sans l’aimable assistance et les conseils éclairés de Patrick Simon
et Nicole Rimboux du CRMHT. Je voudrais aussi remercier Laszlo Forro et Titus Feher pour
les mesures réalisées à Lausanne.
Il me reste encore à remercier les autres personnes avec qui j’ai eu le plaisir de parcourir
joyeusement ces trois années de thèse. Ainsi, par ordre de préférence dans le désordre, je
voulais remercier Gérald de Bordeaux, dit super thésard, Julien, le seul qui arrive à frimer en
fiesta 84, Kévin, qui produit les manips, le papier et la conf qui va avec en une semaine,
Vincent, celui qui m’a fait découvrir les joies des « suburbs » américains, Nathalie, dont le
rire résonne encore dans les couloirs du CRMD, Hinda, du sud et à l’ouest en même temps,
mais aussi les anciens, Yannick, Philippe, Ahmed, Jérôme, Sébastien, et la relève, Matthieu,
Mathieu, Marçin, Haytam, Yasin, Irena, José, Tri, et encore Xavier, Fabienne Méducin,
Samuel-Emmanuel-Stéphane Guillot-Gillot, Jean-Michel Monfroy, Nani, Conchi, Roland,
bref, tout le CRMD, sans compter tous les autres qui ont fait de moi ce que je suis, c'est-à-dire
quelqu’un qui a écrit une thèse, ce qui n’est déjà pas mal.
Je finirai juste en adressant un grand merci à ceux qui m’ont connu de l’autre côté de la thèse,
qui m’ont soutenu et encouragé, et surtout supporté au quotidien. Les mots n’existent pas pour
dire à quel point je remercie toute ma famille et ma belle famille, et tout particulièrement
Benjamin, Fabien, Michèle, Claude et Elen, mon épouse
Sommaire 1 Introduction générale_____________________________________________________ 9
1 Chapitre I Le magnétisme des nanoparticules________________________________ 13
1.1 Introduction _____________________________________________________________ 15 1.1.1 Problématique ________________________________________________________________ 15 1.1.2 L’origine du magnétisme _______________________________________________________ 15 1.1.3 Diamagnétisme : propriété intrinsèque des atomes____________________________________ 17 1.1.4 Paramagnétisme : moments atomiques sans interactions _______________________________ 18 1.1.5 L’ordre magnétique spontané : Le ferromagnétisme et sa famille ________________________ 20
1.2 Origine du ferromagnétisme________________________________________________ 21 1.2.1 Introduction__________________________________________________________________ 21 1.2.2 Le couplage d’échange _________________________________________________________ 21
1.2.2.1 Généralités ______________________________________________________________ 21 1.2.2.2 Les différentes interactions d’échange _________________________________________ 22 1.2.2.3 Le critère de Stoner ________________________________________________________ 23
1.2.3 L’anisotropie magnétocristalline : du champ cristallin au couplage spin-orbite______________ 24 1.2.4 L’interaction dipolaire : anisotropie de forme________________________________________ 25 1.2.5 Les magnons ou ondes de spin : excitation d’un réseau de spins _________________________ 26 1.2.6 L’influence de la température sur les grandeurs mises en jeu dans le ferromagnétisme. _______ 27
1.2.6.1 L’évolution de l’aimantation en fonction de la température _________________________ 28 1.2.6.2 La température de Curie ____________________________________________________ 31 1.2.6.3 Le cas de l’anisotropie magnétocristalline en fonction de la température_______________ 32
1.3 Le magnétisme des nanoparticules___________________________________________ 33 1.3.1 Le superparamagnétisme _______________________________________________________ 34 1.3.2 Le magnétisme de surface : l’influence d’une structure hétérogène _______________________ 34 1.3.3 L’influence de la température sur les propriétés magnétiques des nanoparticules ____________ 35
1.4 Le cas des alliages à base de fer de type FexPt(1-x) ou FexPd(1-x) ____________________ 36 1.4.1 Introduction__________________________________________________________________ 36 1.4.2 Les alliages FePt et FePd _______________________________________________________ 37
2 Chapitre 2 Synthèses ____________________________________________________ 41
2.1 Introduction _____________________________________________________________ 43 2.1.1 Problématique ________________________________________________________________ 43 2.1.2 Généralités __________________________________________________________________ 44
2.1.2.1 Germination homogène. ____________________________________________________ 44 2.1.2.2 Germination hétérogène ____________________________________________________ 44
2.2 Synthèse physique ________________________________________________________ 45 2.2.1 Evaporation sous ultravide : _____________________________________________________ 46
2.2.1.1 L’évaporateur par faisceau d’électrons _________________________________________ 46 2.2.1.2 Protocole expérimental et calibrage ___________________________________________ 47
2.2.2 Pulvérisation par plasma ________________________________________________________ 50 2.2.2.1 Principe de fonctionnement__________________________________________________ 50 2.2.2.2 Protocole expérimental _____________________________________________________ 51 2.2.2.3 Echantillons obtenus et difficultés rencontrées. __________________________________ 51
2.3 Synthèse chimique ________________________________________________________ 56 2.3.1 Synthèse colloïdale : principe réactionnel___________________________________________ 57 2.3.2 Résultats de la synthèse. ________________________________________________________ 59
2.3.2.1 Le cas des ferrites de cobalt _________________________________________________ 60 2.3.2.2 Nanoparticules de FePt _____________________________________________________ 60 2.3.2.3 Nanoparticules de FePd_____________________________________________________ 61 2.3.2.4 Nanoparticules de FexO1-x+Pd, FexO1-x+Pt ______________________________________ 63
2.3.3 Recuits _____________________________________________________________________ 63 2.3.3.1 Fe40Pd60-5nm_____________________________________________________________ 65 2.3.3.2 Fe57Pt43-2nm _____________________________________________________________ 66
2.4 Conclusion ______________________________________________________________ 68
3 Chapitre 3 Caractérisations structurales ____________________________________ 69
3.1 Introduction _____________________________________________________________ 71
3.2 Les caractérisations par diffraction. _________________________________________ 71 3.2.1 Généralités __________________________________________________________________ 71 3.2.2 Diffraction des rayons X ________________________________________________________ 74 3.2.3 La diffraction électronique ______________________________________________________ 77 3.2.4 Traitement des données_________________________________________________________ 79 3.2.5 Mesures réalisées _____________________________________________________________ 79
3.2.5.1 Échantillons non recuits ____________________________________________________ 79 3.2.5.2 Recuits. _________________________________________________________________ 84 3.2.5.3 Échantillons oxydés _______________________________________________________ 89
3.2.6 Conclusion __________________________________________________________________ 91
3.3 L’absorption des rayons X _________________________________________________ 91 3.3.1 Introduction__________________________________________________________________ 91 3.3.2 Description de l’EXAFS ________________________________________________________ 92
3.3.2.1 Introduction à la théorie de l’EXAFS __________________________________________ 92 3.3.2.2 L’EXAFS appliqué aux nanoparticules_________________________________________ 94
3.3.3 Dispositif expérimental_________________________________________________________ 95 3.3.3.1 Généralités ______________________________________________________________ 95 3.3.3.2 Dispositif de recuit in situ ___________________________________________________ 97
3.3.4 Traitement des données_________________________________________________________ 98 3.3.5 Résultats ___________________________________________________________________ 102
3.3.5.1 Seuil du fer _____________________________________________________________ 102 3.3.5.2 Seuil du platine __________________________________________________________ 107
3.4 Conclusions sur l’étude structurale _________________________________________ 111
4 Chapitre 4 Résonance ferromagnétique____________________________________ 113
4.1 Introduction ____________________________________________________________ 115
4.2 Principe de la résonance Ferromagnétique ___________________________________ 116 4.2.1 Théorie de la résonance magnétique ______________________________________________ 116 4.2.2 Description du dispositif expérimental. ___________________________________________ 118 4.2.3 Résonance ferromagnétique ____________________________________________________ 120 4.2.4 Relaxation et résonance ferromagnétique __________________________________________ 121 4.2.5 Le cas d’un ensemble de nanoparticules ferromagnétiques ____________________________ 124
4.2.5.1 Influence de la distribution sur la raie de résonance : _____________________________ 124 4.2.5.2 Influence de la température sur les raies de résonance ____________________________ 125
4.3 Calcul numérique________________________________________________________ 127 4.3.1 Principe du calcul ____________________________________________________________ 127 4.3.2 Résultats du calcul numérique sur l’évolution des raies de résonances ___________________ 129
4.4 Résultats expérimentaux __________________________________________________ 132 4.4.1 Échantillons ________________________________________________________________ 132 4.4.2 Résonance ferromagnétique in situ de nanoparticules de FePd _________________________ 132
4.4.2.1 Évolution de l’intensité en fonction de la température ____________________________ 135 4.4.2.2 Évolution de la largeur de raie en fonction de la température. ______________________ 137 4.4.2.3 Détermination de la température de Curie. _____________________________________ 141 4.4.2.4 Conclusion _____________________________________________________________ 144 4.4.2.5 Comparaison entre le FePd et le FePt _________________________________________ 144
4.4.3 Mesure d’une structure Cœur coquille : Pd + oxyde de fer_____________________________ 146 4.4.3.1 Présentation des résultats __________________________________________________ 146 4.4.3.2 Calcul numérique ________________________________________________________ 148 4.4.3.3 Effet du changement de fréquence sur les caractéristiques de la raie de résonance ______ 149
4.5 Conclusion _____________________________________________________________ 151
5 Conclusion générale____________________________________________________ 153
6 Bibliographie _________________________________________________________ 157
1
Introduction générale
11
La plupart des propriétés macroscopiques de la matière, comme le magnétisme, la
couleur ou encore la conductivité, sont la conséquence d’interactions entre une infinité
d’atomes ( 1023/cm3). Lorsque l’on diminue la taille d’un objet, on modifie généralement ses
propriétés. Étudier les nanoparticules, c’est se placer entre deux mondes, l’un macroscopique,
l’autre microscopique, dans l’espoir de découvrir de nouvelles propriétés.
De nombreux chercheurs à travers le monde étudient l’évolution des propriétés physiques
quand la taille des objets diminue jusqu’à l’échelle de quelques nanomètres. Dans le cas des
particules magnétiques, une telle étude présente, en plus d’un intérêt fondamental, un intérêt
technologique important pour le développement du stockage de données1, et de l’électronique
de spin2, pour ne citer que ces deux applications. Chaque particule, porteuse d’un moment
magnétique M, est utilisée pour stocker un bit d’information (par exemple « 0 » pour M
orienté vers le haut, « 1 » pour M orienté vers le bas). Des nanoparticules d’alliages
bimétalliques, entre du fer ou du cobalt et un élément de la colonne du platine dans le tableau
de Mendeleïev, sont actuellement très étudiées comme support de données pour les disques
durs. La caractéristique principale de ces alliages (par exemple FePt) est de présenter une
constante d’anisotropie magnéto-cristalline, K1, très élevée lorsque les atomes sont ordonnés
dans une phase tétragonale. Ainsi la température de blocage de l’aimantation de
nanoparticules de tels alliages, TB, étant proportionnelle à K1, devrait être également élevée.
TB est une grandeur déterminante pour le stockage magnétique car pour des températures
supérieures à TB, l’aimantation fluctue rapidement dans le temps et il n’est donc plus possible
de stocker de l’information. Or TB est également proportionnelle au volume magnétique de la
particule, ce qui signifie que plus la taille de la particule est faible, plus K1 doit être élevé pour
maintenir la stabilité des moments à la température de fonctionnement des disques durs. Pour
maximiser la densité de stockage, il faut donc diminuer la taille des domaines et augmenter
l’anisotropie magnétique.
Le raisonnement précédent repose en fait sur des concepts macroscopiques. Pour des
nanoparticules, il faut tenir compte de la contribution de surface dans l’anisotropie
magnétique, et de la stabilité intrinsèque du moment magnétique et de son anisotropie. Les
deux diminuent lorsque la température augmente, pour s’annuler au voisinage de la
température de Curie, Tc. La transition ferromagnétique-paramagnétique à T= Tc dépend-elle
des caractéristiques des nanoparticules ? Les données de la littérature sur ces points restent
encore rares, notamment sur la variation de Tc en fonction de la taille et des caractéristiques
structurales des nanoparticules. Il est vrai que l’étude des propriétés magnétiques d’objets
nanométriques est délicate à plus d’un titre. Il est pratiquement impossible de mesurer les
propriétés d’une nanoparticule unique, aussi la majorité des travaux expérimentaux se font sur
des assemblées macroscopiques dont on mesure les caractéristiques moyennes. Il est donc
12
important de maîtriser la synthèse des nanoparticules pour travailler sur des ensembles
homogènes. Un aperçu de la littérature montre qu’il existe autant de types de nanoparticules
de FePt qu’il y a de chercheurs pour les synthétiser.
Un certain nombre de problèmes ont été mis à jour par les nombreux travaux sur le sujet. On a
constaté par exemple que les nanoparticules à base de fer s’oxydent en surface : quelle est
l’influence de cette couche d’oxyde sur les propriétés magnétiques ? La phase tétragonale
fortement anisotrope est obtenue par recuit des nanoparticules au-delà d’une température de
mise en ordre. Comment cette température varie t-elle avec la taille et la composition des
nanoparticules ?
L’objectif de cette thèse était de mesurer les propriétés magnétiques de nanoparticules
d’alliages bimétalliques à base de fer sur une large gamme de température, de façon à
déterminer la température de blocage et la température de Curie, ceci pour différents alliages
et diamètres de nanoparticules, et de mettre en évidence les effets dus aux changements de
phase sur l’anisotropie magnétique. Une première partie du travail a été consacrée à la
synthèse d’un ensemble homogène de nanoparticules d’alliage bimétallique à base de fer,
comme FePt et FePd. Nous avons testé plusieurs méthodes de synthèse, par voie physique et
chimique. Une méthode chimique par micelles inverses s’est avérée la mieux adaptée pour
notre étude. La structure des nanoparticules a été caractérisée par microscopie électronique en
transmission, et diffraction des rayons X. Des mesures d’absorption des rayons X sur
synchrotron ont fourni des informations sur l’ordre local3. Pour mesurer les propriétés
magnétiques, nous avons utilisé principalement la technique de résonance ferromagnétique4,5
dans une gamme de température allant de 10 à plus de 1000 K. Nous avons en outre effectué
des simulations numériques des spectres de résonance pour interpréter nos résultats
expérimentaux.
1
Chapitre I
Le magnétisme des nanoparticules
15
1.1 Introduction
1.1.1 Problématique
C’est un fait, la matière peut produire un champ magnétique et répondre à la présence d’un
champ magnétique. Longtemps un tel phénomène fut inexpliqué car derrière le magnétisme se
cache toute une kyrielle d’interactions de nature et d’origine différente. Ce fut uniquement
avec le développement d’un modèle microscopique de la matière et l’introduction de la
mécanique quantique que l’on a pu décrire correctement les propriétés magnétiques des
matériaux. Cependant, il n’est pas encore possible aujourd’hui d’expliquer complètement les
propriétés magnétiques de la matière. Il existe en effet plusieurs phénomènes qui restent mal
compris, comme l’évolution de l’aimantation en fonction de la température, le processus
d’apparition d’une température critique, ou encore la relaxation due à une excitation
ferromagnétique, pour ne citer qu’eux. Ces problèmes viennent essentiellement du fait que les
processus mis en jeu sont issus d’effets collectifs, et ne peuvent donc se résoudre qu’en
prenant en compte la totalité du matériau, le fameux problème à N corps, qui reste hors de
portée des calculateurs les plus performants. Or, si le nombre d’atomes venait à diminuer dans
un objet donné, l’effet collectif en serait nécessairement modifié. Une surface, un nanofil, ou
une nanoparticules sont autant de moyen de limiter la quantité d’atomes, selon une, deux ou
trois dimensions. Ainsi on s’attend à avoir de fortes modifications des propriétés magnétiques
pour de tels objets.
On peut alors se poser cette question : Comment la taille influence-t-elle les propriétés
magnétiques ?
Pour y répondre, nous allons dans un premier temps introduire succinctement les bases du
magnétisme de la matière, dans un souci de clarté de notation pour la suite, et pour mettre
clairement en relief l’influence de la taille sur les propriétés magnétiques, qui constituera la
deuxième partie de ce chapitre. Du fait de la nature de notre étude, nous nous attarderons sur
l’influence de la température sur les propriétés magnétiques, et notamment la température
critique de Curie.
1.1.2 L’origine du magnétisme
Une charge électrique en mouvement engendre un champ électromagnétique, c’est-à-dire une
grandeur physique capable d’exercer une force sur d’autres charges électriques. Si la
trajectoire de la charge peut être considérée comme une boucle fermée, on peut alors lui
16
associer un moment magnétique qui est proportionnel au moment cinétique de la charge à un
facteur gyromagnétique 0 près :
Lrr
0μ = et m
q
20 = (1-1) et (1-2)
Où μr
est le moment magnétique (en A.m2), q est la valeur de la charge en mouvement (en
C), m sa masse (en kg) et Lr
est le moment cinétique de la charge électrique (en J.s-1). Cette
relation de proportionnalité reste vraie en mécanique quantique, même si le rapport
gyromagnétique varie d’un système quantique à un autre. D’ailleurs, les constituants
élémentaires de la matière possèdent tous une propriété intrinsèque qui est d’avoir un moment
cinétique de spin Sr
. Ce moment cinétique de spin est lui aussi à l’origine d’un moment
magnétique, le moment magnétique de spin. Ces deux moments se couplent pour former un
moment angulaire total J .
Dans la matière, le noyau ainsi que les électrons sont des charges électriques, et possèdent un
spin. Mais comme le proton est environ 2000 fois plus lourd que l’électron, il en résulte que le
moment magnétique nucléaire est inférieur au moment magnétique porté par les électrons
d’environ trois ordres de grandeur. À un facteur gyromagnétique près, les moments
magnétiques présents dans un matériau sont donc essentiellement dus aux électrons et le
moment magnétique nucléaire peut être considéré comme une faible perturbation du système,
qui apparaît dans le traitement de la résolution de la structure hyperfine des niveaux d’énergie.
Dans le cas d’électrons localisés, on parlera de moment magnétique porté par un atome ou
une molécule. Lorsque les électrons sont délocalisés dans des bandes d’énergie, on parlera de
moment magnétique par électron, ou par trou dans le cas d’un semi-conducteur.
On appelle aimantation M (en A.m-1) la résultante de tous les moments magnétiques iμr
présents par unité de volume V (en m3) dans le matériau.
=i
iV
M μ1
(1-3)
Au bout du compte, si l’on veut connaître les propriétés magnétiques d’un matériau, il suffit
de savoir comment sont ordonnés les électrons à l’intérieur de celui-ci afin de connaître le
moment magnétique que chacun porte, puis de regarder les interactions des moments entre
eux afin de savoir comment ceux-ci s’agencent. Cela revient en théorie à prendre en compte
l’Hamiltonien du système et d’en déduire les niveaux d’énergie ainsi que leur densité
électronique. Dans le cas d’ions magnétiques isolés, cette évaluation est assez simple car il
suffit de connaître l’état d’un ion. Cependant elle peut devenir très difficile dans des solides
plus complexes tels que les métaux.
17
L’influence d’un champ magnétique B (en Tesla) extérieur sur un matériau peut être mesurée
grâce au tenseur de susceptibilité magnétique :
BMμ0
1= (1-4)
Associé au champ magnétique B , on peut définir le vecteur H :
( )MHHB +== 0μμ (1-5)
μ est le tenseur de perméabilité magnétique, 0μ est la perméabilité magnétique du vide,
égale à 4 .10-7 N.A-2.
Nous allons maintenant nous intéresser aux différents comportements magnétiques qu’il est
possible de rencontrer.
1.1.3 Diamagnétisme : propriété intrinsèque des atomes
Le diamagnétisme caractérise l’apparition d’une aimantation dont la direction s’oppose au
champ magnétique appliqué. Il est une conséquence de la loi de Lenz, c’est-à-dire que si l’on
considère une boucle de courant plongée dans un champ magnétique, un changement du
champ magnétique la traversant induit un courant générant un champ magnétique s’opposant
au champ appliqué. De la même manière, les électrons possédant un moment cinétique vont
voir leur état se modifier pour s’opposer au changement de champ magnétique appliqué. C’est
une propriété qui ne dépend pas de la température en première approximation (Figure 1-1).
Puisque la matière est composée d’atomes, eux-mêmes composés d’électrons possédant un
moment cinétique, cette propriété est intrinsèque à la matière. On montre
H
Mr
m
NZeμ== 2
20
6 (1-6)
où m est la masse de l’électron (en kg), e sa charge (en C), Z le nombre d’électrons, N le
nombre d’atomes par unité de volume (en m-3), r la distance des électrons au noyau (en m) et
μ0 la perméabilité du vide.
L’ordre de grandeur de la susceptibilité diamagnétique est de 10-6, ce qui est très faible si l’on
sait que dans certains matériaux, cette susceptibilité peut monter à 106.
18
Figure 1-1. Susceptibilité diamagnétique en fonction de la température
1.1.4 Paramagnétisme : moments atomiques sans interactions
Le paramagnétisme est la propriété que possède un matériau de générer en présence d’un
champ magnétique B , une aimantation M de même direction et sens que B , et de norme
proportionnelle à l’intensité du champ. La susceptibilité paramagnétique est donc positive.
Cette propriété est observée dans le cas d’un ensemble d’atomes ou de molécules, possédant
des moments magnétiques qui sont orientés aléatoirement les uns par rapport aux autres. Un
champ magnétique appliqué tend à orienter les moments magnétiques atomiques dans le sens
du champ.
Soit Jr
le moment cinétique total de l’atome considéré, résultante des moments cinétiques
orbitaux et de spin des électrons. Jr
est obtenu par les règles de Hund par exemple6. On sait
qu’on peut lui associer un moment magnétique Jg BJ
rrμμ = où
m
heB 2=μ est le magnéton
de Bohr, et Jg est le facteur de Landé déterminé à l’aide du théorème de Wigner-Eckart7.
Lors de l’application d’un champ magnétique, l’effet Zeeman lève la dégénérescence sur le
nombre quantique magnétique, et les niveaux d’énergie électroniques dégénérés se voient
séparés :
BgmBE BJJ μμ == . (1-7)
19
E est la différence d’énergie entre les niveaux de spin opposés, mJ la projection du moment
angulaire total sur l’axe z et 0B le module du champ magnétique appliqué. Les niveaux
d’énergie ainsi différenciés forment deux bandes d’énergie qui sont peuplées par les électrons
en suivant la statistique de Fermi-Dirac. Du fait de la différence du nombre d’électrons
présents entre ces deux bandes, il y a apparition d’une aimantation. Le calcul donne pour un
ensemble d’atomes de moment angulaire total Jr
une aimantation qui suit les fonctions de
Brillouin :
=Tk
JBgBgJ
V
NM
B
BJB
μμ et ( )
++=
J
x
JJ
xJ
J
JxBJ 2
coth2
1
2
)12(coth
2
12 (1-8) et (1-9)
Figure 1-2. Calcul par la fonction de Brillouin du moment magnétique (normalisé) en fonction de B/T pour un électron libre, un atome de fer isolé et un moment cinétique infini (Langevin)
Si l’on fait tendre le moment cinétique total vers l’infini, ce qui revient à considérer que l’on
traite un système classique. En effet, le moment magnétique μ peut avoir une infinité de
valeurs, il n’est plus quantifié. On trouve alors que la fonction ( )xB tend vers la fonction de
Langevin, donnée dans le cadre classique par l’application de la statistique de Boltzmann sur
un ensemble de moments magnétiques.
( ) ( )=x
xxM1
cothμ et Tk
Bx
B
μ= (1-10) et (1-11)
Pour rappel, la fonction de Langevin est obtenue par l’évaluation de la valeur moyenne du
cosinus de l’angle que forme l’aimantation avec le champ magnétique appliqué :
( )xL=cos (1-12)
20
On utilise notamment cette fonction pour calculer l’aimantation moyenne d’un ensemble de
nanoparticules porteuses d’un moment MV=μ (cf paragraphe 1.3.1)
Le régime paramagnétique est important dans le sens où il apparaît clairement que
l’augmentation de la température diminue l’aimantation, c’est-à-dire que l’agitation thermique
des atomes et des molécules contrarie l’orientation des moments magnétiques subissant un
champ magnétique.
Pour des hautes températures, la fonction de Brillouin peut se simplifier en un polynôme
d’ordre 1 :
( ) ( )33
1xOx
J
JxBJ +
+ si 1<<x (1-13)
En utilisant la relation de la susceptibilité magnétique, on trouve pour celle-ci :
( ) ( )
Tk
JJg
V
N
B
B 1
3
2+
=μ
(1-14)
À haute température, ou pour un champ appliqué suffisamment intense, l’évolution de la
susceptibilité se fait en fonction de l’inverse de la température. C’est la loi de Curie.
1.1.5 L’ordre magnétique spontané : Le ferromagnétisme et sa famille
Par ordre magnétique spontané, on entend que les moments magnétiques microscopiques ont
tendance à s’orienter dans un certain sens sans l’intervention d’un champ magnétique
extérieur. On distingue plusieurs types d’ordre :
Figure 1-3. Différents agencements des moments magnétiques dans la matière
a) Le ferromagnétisme, où les moments magnétiques sont orientés dans le même sens
b) L’antiferromagnétisme, où les moments magnétiques voisins sont orientés en sens
opposés
c) Le ferrimagnétisme qui est un cas particulier de l’antiferromagnétisme, où les
moments magnétiques opposés n’ont pas la même norme.
d) Les systèmes frustrés, ou verres de spin, où il n’est pas possible pour tous les moments
magnétique d’être dans une orientation d’énergie minimale.
21
e) L’hélimagnétisme, où les moments magnétiques sont désorientés d’un certain angle de
proche en proche
1.2 Origine du ferromagnétisme
1.2.1 Introduction
Lorsqu’on parle d’ordre magnétique, on pourrait penser qu’il s’agit tout simplement d’une
orientation de petits aimants les uns par rapport aux autres grâce à l’influence de leurs champs
magnétiques respectifs. Cependant, l’énergie dipolaire mise en jeu entre deux moments
magnétiques atomiques distant de 2 angströms, de l’ordre de 10-4 eV, est trop faible pour être
compatible avec un ordre ferromagnétique à température ambiante, (l’énergie thermique à
température ambiante atteint ~2,6 10-2 eV). En fait, il faut introduire une autre interaction afin
d’expliquer le fait que les moments magnétiques puissent s’orienter les uns par rapport aux
autres.
1.2.2 Le couplage d’échange
1.2.2.1 Généralités
Dans une structure ferromagnétique, tous les moments microscopiques s’orientent dans la
même direction et dans le même sens. Afin de rendre compte d’un tel phénomène, et
expliquer que son intensité est forte à l’échelle microscopique mais nulle à l’échelle
macroscopique, Weiss a le premier introduit une interaction à courte portée mais intense, qu’il
a nommé champ moléculaire8. Heisenberg a formalisé cette interaction en introduisant un
couplage entre deux spins de deux atomes voisins :
jiij SSJ ..= (1-15)
est l’énergie d’échange, ijJ est la constante d’échange entre deux atomes i et j, et dépend
de l’orientation de i par rapport à j et de la distance entre i et j, et iSr
est le moment cinétique
de spin de l’atome i. Selon que ijJ soit positif ou négatif, le minimum d’énergie est atteint si
les deux moments magnétiques sont orientés parallèlement ou antiparallèlement, donnant
ainsi naissance à une phase ferromagnétique ou antiferromagnétique, voire ferrimagnétique.
Cette interaction découle du fait que les électrons sont des fermions, ce qui implique que deux
électrons de même état quantique ne peuvent être au même endroit au même instant. De ce
fait, deux électrons possédant le même spin et même moment orbital, c'est-à-dire la même
énergie, ne peuvent pas être au même endroit. Leur interaction électrostatique est donc
nécessairement moins importante que celle de deux électrons appartenant au même niveau
22
d’énergie mais ayant un spin différent, et pouvant de ce fait être beaucoup plus proches. Afin
de limiter le gain en énergie qu’engendre le principe d’exclusion de Pauli, les électrons auront
tendance à renverser leur spin. Cette interaction est à prendre en compte dans l’établissement
du moment cinétique total. L’interaction d’échange se produit s’il y a un chevauchement des
orbitales électroniques voisines, c’est-à-dire si deux électrons appartenant à des atomes
différents peuvent se trouver au même endroit en même temps. Si tel n’est pas le cas, alors les
électrons ne peuvent pas se coupler.
1.2.2.2 Les différentes interactions d’échange
Selon Herring9, il est possible de distinguer 4 types d’échange (Figure 1-3) : L’interaction
d’échange des électrons itinérants, l’échange indirect, l’échange direct et le super échange.
Figure 1-3. Les différents types d’échange en fonction de la nature des interactions électroniques interatomiques et du caractère plus ou moins délocalisé des électrons
L’échange est direct si les atomes interagissent faiblement entre eux, si les électrons sont
localisés autour des atomes. Il dépend beaucoup des distances interatomiques et des angles
des liaisons atomiques. Le superéchange apparaît lorsque l’échange se fait par le biais d’un
atome sur lequel se produit le couplage d’échange, et qui est généralement un atome
d’oxygène. Chaque atome magnétique polarise les électrons de l’oxygène, où se réalise le
couplage d’échange. Cette interaction dépend aussi fortement des distances interatomiques et
des angles. L’échange indirect se produit lorsque les couches internes atomiques ne sont pas
complètement remplies comme dans le cas des éléments de transition. Ces électrons des
couches internes se retrouvent partiellement délocalisés dans la bande de conduction, et sont
donc partiellement polarisés par les règles de sélection internes aux atomes, et se couplent
dans le continuum électronique. L’échange des électrons itinérants se produit pour un gaz
de Fermi, c’est-à-dire des électrons présents dans un cristal d’ions positifs. Tout ou partie des
électrons de la bande de conduction se polarisent. Que ce soit pour l’échange indirect ou
23
itinérant, l’influence de la géométrie est minime, et même nulle dans le cas d’un gaz de Fermi
d’électrons sans interaction avec le milieu.
1.2.2.3 Le critère de Stoner
L’hamiltonien d’Heisenberg ne prend en considération que le recouvrement d’électrons
localisés, ce qui n’est pas le cas d’un échange indirect ou itinérant. Il est nécessaire de
considérer que les électrons sont délocalisés dans l’Hamiltonien, ce qu’a fait Hubbard10. Sans
rentrer dans les détails des calculs relatifs à la théorie du magnétisme itinérant, nous pouvons
noter que le ferromagnétisme apparaît dans des métaux où il existe une différence de
population entre les électrons de spins différents diminuant ainsi l’énergie du système.
Cependant, le fait de faire basculer une partie de la population des spins dans la bande de spin
opposé a un coût en énergie cinétique comme l’illustre la Figure 1-4.
Ces deux phénomènes opposés sont comparés grâce au critère de Stoner :
( ) 1>IN F (1-16)
où ( )FN est la densité d’états au niveau de Fermi, et I est une constante traduisant la
différence d’énergie entre la répulsion de deux électrons de même spin et de deux spins
différents. Ainsi, pour qu’un matériau soit ferromagnétique, il faut que la densité d’états au
niveau de Fermi soit grande, afin que l’inégalité soit supérieure à 1. Dans le cas des éléments
de la bande 3d, puisque l’interaction entre deux électrons de conduction se produit sur un site
localisé sur un atome, la constante de Stoner peut être évaluée comme l’énergie U gagnée par
le passage d’une paire de spins antiparallèles à une paire de spins parallèles sur ce site. U est
d’environ 5 eV. On a alors :
( ) 1>UN F (1-17)
Figure 1-4. Déplacement d’une quantité d’électrons de conduction depuis la bande de spin bas vers la bande de spin haut, en vue de minimiser l’énergie d’échange au prix de l’énergie cinétique
24
1.2.3 L’anisotropie magnétocristalline : du champ cristallin au couplage
spin-orbite
Jusqu'à présent nous n’avons considéré que le fait qu’un matériau ferromagnétique présente
une aimantation spontanée. Or il se trouve que cette aimantation n’est jamais orientée
aléatoirement dans le matériau, mais selon un ou plusieurs axes cristallins qui sont appelés les
axes de facile aimantation. Un tel phénomène est appelé anisotropie magnétocristalline. Ici
encore l’origine est microscopique, et elle vient du couplage entre le réseau cristallin et les
moments magnétiques.
Contrairement à un atome libre, un atome lié à d’autres atomes dans un matériau voit
l’énergie de ses orbitales électroniques modifiée par la présence des atomes voisins. En effet,
du fait des liaisons chimiques présentes, la charge électrostatique des atomes n’est pas nulle,
ce qui produit un champ électrostatique que l’on appelle le champ cristallin. Par ailleurs, le
moment magnétique orbital est couplé au moment magnétique de spin. Ainsi l’orientation des
moments magnétiques de spin dépend de l’orientation du moment cinétique orbital. Du fait de
l’orientation des orbitales par le champ cristallin et de leur peuplement partiel, l’énergie
nécessaire à l’orientation du moment magnétique de l’atome ne sera pas équivalente dans
toutes les directions de l’espace, mais subira l’anisotropie due au champ cristallin. Cette
anisotropie se ressent aussi sur le module du moment magnétique, pour les mêmes raisons.
L’aimantation au sein d’un cristal aura donc tendance à s’orienter préférentiellement selon
certains axes qui sont les axes de facile aimantation.
Selon que les matériaux magnétiques sont constitués d’éléments de transition 3d ou de terres
rares 4f, l’énergie du champ cristallin est respectivement bien plus importante ou bien plus
faible que le couplage spin-orbite. Ainsi on traitera d’abord l’une puis l’autre des
perturbations pour évaluer les niveaux d’énergie perturbés. Pour les éléments de transition 3d,
l’anisotropie magnétocristalline force l’orientation des moments cinétiques Lr
. Les moments
cinétiques de spin S sont faiblement couplés aux moments Lr
, ce qui fait que l’anisotropie
magnétocristalline n’est pas très importante. Par ailleurs, dans le cas d’éléments 3d à symétrie
cubique, le calcul montre souvent que le moment magnétique orbital doit être proche de 0. Le
moment magnétique total est alors composé presque essentiellement du moment magnétique
de spin. Ce phénomène s’appelle l’extinction du moment orbital, et explique notamment que
le fer pur en phase alpha a une très faible anisotropie magnétocristalline. L’énergie
d’anisotropie magnétocristalline est donnée par un développement en série selon des
coordonnées angulaires relatives à chaque symétrie :
25
...cossinsinsinsin
...)(6
46
34
22
1
23
22
212
22
21
21
23
23
221
++++=
++++=
KKKKE
KKE
Axial
Cubique (1-18) et (1-19)
Les i sont les cosinus directeurs, cosinus des angles formés entre les axes cubiques et la
direction du moment magnétique, est l’angle entre l’axe de symétrie principal et
l’aimantation, les constantes d’anisotropie magnétocristalline Ki sont en J.m-3.
En général, l’énergie magnétocristalline n’est que de quelques μeV/atome. Il est donc très
difficile de mener des calculs ab initio afin de retrouver des valeurs d’anisotropie
magnétocristalline6,11,12,13,14.
1.2.4 L’interaction dipolaire : anisotropie de forme
Cette interaction est due à l’interaction magnétostatique à proprement parler. Elle traduit en
fait l’influence de tous les autres moments magnétiques sur le moment magnétique auquel on
s’intéresse. Contrairement à l’interaction d’échange, elle fait interagir des moments
magnétiques à longue distance. La forme de l’échantillon va donc jouer un rôle primordial
dans son établissement.
On montre15 qu’il n’est possible de décrire analytiquement une telle énergie que dans le cas
d’objets uniformes et de forme ellipsoïdale. On introduit alors le tenseur démagnétisant N ,
dont les paramètres dépendent des excentricités des ellipsoïdes, de sorte que l’énergie prenne
la forme :
MNMforme ..2
10μ= (1-20)
Dans le cas d’ellipsoïdes de révolution (Figure 1-5), les éléments de matrice du tenseur sont
donnés par les formules suivantes :
Ellipsoïde allongé
( )+
==1
1ln
12
1
12 2
2
22mm
mm
mm
m
mNN ba (1-21)
+= 1
1
1ln
121
12
2
22mm
mm
m
m
mN c (1-22)
Ellipsoïde aplati
( )== 1
1sin
112
1 21
2
2
2 m
m
m
m
mNN ba
(1-23)
26
( )=
m
m
mm
mN c
1sin
1
11
1
21
22
2
(1-24)
avec b
c
a
cm == (1-25)
Figure 1-5. Configuration des deux formes possibles pour un ellipsoïde de révolution : forme allongée (à droite) et aplatie (à gauche) a, b et c sont les demi-axes de l’ellipsoïde.
Par la suite, nous modéliserons la forme des nanoparticules par des ellipsoïdes de révolution.
1.2.5 Les magnons ou ondes de spin : excitation d’un réseau de spins
Si l’on change l’orientation d’un spin couplé à ses voisins par l’interaction d’échange, on
observe la formation d’ondes, à la manière des ondes qui se forment lorsque qu’une goutte de
pluie tombe dans une flaque. De telles ondes sont appelées ondes de spin ou magnons16, et
leur présence peut perturber l’aimantation globale du système magnétique.
L’énergie d’échange est le terme prépondérant dans l’hamiltonien. Il gouverne les orientations
des spins les uns par rapport aux autres, et lui seul suffit à introduire les ondes de spin. On
néglige les autres interactions. On appelle l’hamiltonien qui régit l’orientation des spins
l’hamiltonien d’Heisenberg.
= jiji
spin SSJH ., (1-26)
Dans le cas d’un réseau périodique, chaque maille va porter un moment magnétique. Si nous
appelons Rr
un site du réseau cristallin, il est possible d’écrire l’hamiltonien d’Heisenberg
sous cette forme :
( ) ( ) ( )=',
''2
1
RR
RRJRSRSHrr
rrrr (1-27)
On sait que l’état fondamental est l’état pour lequel tous les spins sont alignés. Tous les sites
sont dans le même état de spin. Supposons maintenant qu’un site ait un spin renversé. L’état
27
propre de l’hamiltonien sera une combinaison linéaire des états où seul un site Rr
voit son
spin retourné, du fait des règles de commutation. Cet état propre peut s’écrire sous la forme :
=R
Rki ReN
krr rr
.1 avec ( ) ( )=
R
kRkRJSk 22 .2
1sin2
rrr (1-28) et (1-29)
où kr
est un vecteur d’onde et N le nombre de sites Rr
. Tout se passe comme si ce site
renversé était délocalisé dans tous les sites Rr
, amenant une légère oscillation des spins. Les
états propres kr
sont appelés les ondes de spins ou magnons. Chaque onde de spin traduit un
renversement délocalisé d’un spin, et diminue donc le moment magnétique total de la valeur
d’un moment magnétique de spin.
Les ondes de spins peuvent être considérées en première approximation comme des bosons.
Cependant, le principe de superposition des états élémentaires n’est pas rigoureusement
respecté, et les magnons ne se comportent plus comme des bosons à haute température.
Bien que le modèle d’Heisenberg ne soit valable que pour des spins localisés, il est possible
de montrer que les ondes de spins existent aussi dans les ferromagnétiques itinérants10.
1.2.6 L’influence de la température sur les grandeurs mises en jeu dans le
ferromagnétisme.
Forts de tous les concepts que nous avons pris soin d’introduire jusqu'à présent, nous allons
nous intéresser à l’évolution des propriétés magnétiques avec la température. Cette évolution
est encore à l’heure actuelle sujette à des recherches, aussi bien dans des solides
macroscopiques que nanométriques. Les processus d’excitation et leur importance respective
ne sont pas encore complètement élucidés. L’une des grandes difficultés est qu’il existe une
transition de phase ferromagnétique-paramagnétique qui apparaît à une température critique
appelée température de Curie. Cette transition est une transition de phase de second ordre, ce
qui signifie qu’il y a une singularité pour toutes les grandeurs physiques à la température
critique. Les grandeurs physiques associées au matériau se comportent selon des lois
d’échelle6 :
( ) ( )
<=
<=
C
C
C
C
C
TTsiTM
TTsitT
TTTMTTTM
0)(
)( (1-30) et (1-31)
Où ( )TM est l’aimantation spontanée du matériau, CT est la température de Curie et est
l’exposant critique caractéristique de l’évolution de l’aimantation.
( ) tTCV (1-32)
28
( )TCV est la chaleur spécifique et est l’exposant critique de la chaleur spécifique.
( ) tT (1-33)
( )T est la susceptibilité magnétique, et est son exposant critique.
( ) tT (1-34)
( )T est la longueur de corrélation, c’est-à-dire la distance caractéristique maximale
séparant deux moments magnétiques qui ne sont pas indépendants, et son exposant
critique.
On introduit aussi ( )rg , la fonction de corrélation de paire qui donne l’évolution de la
corrélation entre deux sites séparés de r dans le matériau.
( )+2d
r
r
erg pour 0t (1-35)
d mesure la dimensionnalité du matériau étudié, et est l’exposant critique associé à la
fonction de corrélation.
Tous ces exposants ne sont pas indépendants, les lois d’échelles permettent de formuler des
inégalités sur ces coefficients. Cependant, elles ne donnent en aucun cas les valeurs exactes. Il
est indispensable de développer un modèle pour évaluer le comportement près de la
température critique. En règle générale, les valeurs mesurées expérimentalement se situent
dans une fourchette de valeurs :
4,13,137,033,0 <<<< et
1.2.6.1 L’évolution de l’aimantation en fonction de la température
Au début de ce chapitre, nous nous sommes attardés sur la difficulté à calculer l’aimantation
d’un matériau au zéro absolu étant donné qu’il est nécessaire pour cela de connaître les
niveaux d’énergie électronique, ce qui est souvent impossible. Le calcul de l’aimantation ne
peut se faire qu’au prix de sévères approximations, diminuant fortement la zone de validité de
son évaluation16.
Il existe plusieurs modèles permettant de calculer l’évolution du magnétisme d’un
ferromagnétique en fonction de la température. Nous discuterons du modèle du champ
moyen, le plus simple, qui permet d’embrasser toute la gamme de température. Nous
discuterons ensuite du modèle d’Heisenberg qui a le mérite de donner de bons résultats à très
basse température, et enfin du modèle d’Ising, très utilisé dans les calculs numériques pour sa
facilité de codage.
29
1.2.6.1.1 Modèle du champ moyen Le modèle du champ moyen introduit par Weiss fut le premier modèle permettant de décrire
un comportement ferromagnétique. Il part du principe que l’influence des interactions
d’échange entre un atome et ses voisins peut être considérée comme l’effet champ magnétique
extérieur.
Reprenons l’expression du hamiltonien de Heisenberg dans un réseau cristallin en considérant
cette fois-ci l’interaction Zeeman due à un champ magnétique que subit le système. En
s’intéressant à un site particulier R du réseau, il est possible de mettre en évidence l’influence
des autres sites :
( ) ( ) ( )+= BgRSRRJRSH B
RR
μ''.'
rrrr (1-36)
Cette formule a la même forme que celle de l’énergie d’un spin plongé dans un champ
B effectif :
( ) ( )''1
'
RSRRJg
BB
RB
eff
rrr+=
μ (1-37)
L’approximation du champ moyen à proprement parler réside dans le fait de ne considérer
que la valeur moyenne de cet opérateur. Tous les sites ont le même spin étant donné que nous
sommes dans un réseau périodique, aussi l’évaluation de la valeur moyenne du spin est aisée :
( )Bg
M
N
VRS
μ
rrr
=ˆ (1-38)
V est le volume de matière et N est le nombre de mailles.
Et l’on peut écrire la valeur moyenne de l’opérateur effB :
MBB eff μ 0+= où ( )2
0
Bg
J
N
V
μ= et ( )=
R
RJJr
0 (1-39)
On se retrouve donc dans le cas paramagnétique, hormis le fait qu’au lieu d’un champ B , on
utilise un champ effB .
+=
+==
T
MBM
Tk
MBJgBgJ
V
N
Tk
BJgBgJ
V
NM
B
B
JB
B
effB
JB
μμμμ
μμ
0
0
0 (1-40)
Si le champ magnétique appliqué est nul, on a alors la relation auto-cohérente :
=T
MMM 0 ou bien
( ) ( )
( )=
=
xT
TM
xMTM 0
(1-41, (1-42) et (1-43)
30
Les solutions de cette équation peuvent être obtenues graphiquement en faisant se croiser les
deux fonctions ( )TM .
Figure 1-6: Evolution de l’aimantation selon le modèle du champ moyen.
Lorsque x tend vers 0, c’est-à-dire lorsque l’aimantation tend vers 0, l’égalité (1-43) devient
la tangente de l’aimantation. Au voisinage de la température de Curie, on peut donc écrire la
susceptibilité magnétique pour un champ appliqué nul sous cette forme :
( )
T
M
H
M
H
00
0
00 ==
=
(1-44)
Par comparaison avec la loi de Curie (1-14), on peut donner une valeur théorique de la
température de Curie :
( )03
1J
k
SST
B
C
+= (1-45)
On montre que l’évolution de l’aimantation au voisinage de la température de Curie est
pilotée par une constante 5,0= , ce qui est éloigné des valeurs expérimentales. Par ailleurs,
CT est toujours surévaluée avec un tel modèle, avec une erreur d’environ 50% pour le fer.
Tels sont les deux défauts du modèle du champ moyen. L’hypothèse selon laquelle il est
possible d’expliquer le comportement de l’aimantation en fonction de la température
uniquement grâce à la valeur moyenne de l’interaction d’échange est donc fausse.
1.2.6.1.2 Modèle d’Heisenberg16 En reprenant le modèle des ondes de spins, il est possible de remonter à l’évolution de
l’aimantation. Pour cela, rappelons que chaque magnon diminue l’aimantation d’un magnéton
31
de Bohr. Ainsi, connaissant la population des magnons, il devient possible de calculer la
diminution de l’aimantation par rapport à l’aimantation à saturation dans l’état fondamental.
A basse température, la population des magnons peut être décrite par la statistique de Bose-
Einstein.
En considérant les faibles kr
, à des températures relativement basses, et dans une géométrie à
trois dimensions, on montre que:
( )= 2
3
0)( BTTMTM C (1-46)
C’est la loi de Bloch pour un ferromagnétique d’Heisenberg, c’est-à-dire un ferromagnétique
où seule l’énergie d’échange est présente, valable à basse température.
De nombreux calculs numériques17 grâce à la méthode Monte-Carlo permettent de déterminer
la température de Curie, ainsi que l’évolution de l’aimantation à haute température. Le modèle
donne notamment pour les coefficients et 0,313 et 1,36-1,39, ce qui est assez proche de
la réalité.
1.2.6.1.3 Modèle d’Ising16 Le modèle d’Ising est une simplification du modèle d’Heisenberg où toutes les composantes
non diagonales du hamiltonien d’Heisenberg sont négligées. Cela revient à ne considérer que
deux orientations possibles pour les spins, reliées entre elles par l’interaction d’échange. Cela
implique notamment qu’il n’est plus possible de faire intervenir les ondes de spins dans le
modèle. Cependant, le fait d’avoir un solide ferromagnétique ne présentant qu’un nombre
d’orientation fini de chaque moment magnétique permet de faciliter le calcul. Le modèle
d’Ising 3D donne pour 5/16 et pour 5/4.
1.2.6.1.4 Du modèle au solide réel. Les modèles exposés ici présentent tous une faille majeure : il faut déterminer les constantes
d’échange entre les différents sites. Or un tel calcul est fastidieux car il nécessite l’évaluation
de la densité électronique. De ces modèles, on peut cependant retenir que l’évolution de
l’aimantation à basse température est bien comprise par le modèle d’Heisenberg, et que les
modèles d’Heisenberg et d’Ising permettent dans une certaine mesure de calculer l’évolution
de l’aimantation au voisinage de la température de Curie.
1.2.6.2 La température de Curie
La température de Curie est la température à laquelle l’énergie de couplage magnétique n’est
plus suffisante pour vaincre l’agitation thermique. Les moments magnétiques se désorientent
et l’aimantation spontanée devient nulle. Le solide devient paramagnétique et perd son
aimantation spontanée. On peut remarquer que l’application d’un champ magnétique très
32
faible suffit à restaurer un ordre magnétique lorsque le solide est à la température de Curie.
Ainsi, la susceptibilité magnétique tend vers l’infini à cette température. Il en va de même
pour la chaleur spécifique.
Nous avons vu que le modèle du champ moyen permet d’évaluer la température de Curie, qui
est cependant toujours surévaluée. Il est d’autre part compliqué de calculer correctement la
température de Curie à partir du modèle d’Heisenberg ou de Ising. Mohn et Wohlfarth18 ont
mis au point une méthode de calcul de la température de Curie, et l’ont appliquée avec succès
aux éléments de la couche 3d tels que le fer, le cobalt ou le nickel. Leur modèle s’appuie sur
le fait que dans les matériaux métalliques de type 3d, il existe deux types d’excitations
élémentaires qui interviennent dans la disparition de l’ordre ferromagnétique avec la
température : les excitations de Stoner19 et les fluctuations des spins18. Les excitations de
Stoner sont les excitations des électrons dues aux fluctuations thermiques, provoquant la
transition d’un état de spin bas à un état de spin haut. Les fluctuations de spins sont quant à
elles des mouvements collectifs des spins, comme les ondes de spin. Mohn et Wohlfarth ont
montré qu’il était possible d’évaluer la température de Curie à partir de la connaissance de ces
deux phénomènes d’excitation grâce à la relation :
01
2
=+SF
C
S
C
C
T
T
T
T
Avec S
CT la température de Curie hypothétique due uniquement aux excitations de Stoner et
SFT la température de Curie hypothétique due uniquement aux fluctuations de spins. Les
auteurs expliquent aussi comment obtenir ces températures à partir de la densité d’états
électronique et de la constante de Stoner. Quoi qu’il en soit, l’évaluation de ces deux
températures nécessite la connaissance de la structure des bandes électroniques du matériau,
chose qui reste encore aujourd’hui complexe dans le cas des métaux. On peut citer à titre
d’exemple une évaluation de la température de Curie dans un semi-conducteur magnétique,
où le calcul des bandes est bien plus simple20.
Cependant, un tel modèle n’est pas toujours aussi précis que le laissaient entendre Mohn et
Wohlfarth puisqu’il engendre dans le calcul de la température de Curie du CoPt une erreur de
température de 1200 K !21
1.2.6.3 Le cas de l’anisotropie magnétocristalline en fonction de la température
L’anisotropie magnétocristalline tire son origine du couplage spin-orbite. Sa valeur dépend
dans une certaine mesure de la valeur de l’aimantation. De même que l’aimantation, la
constante d’anisotropie magnétocristalline tend à s’atténuer jusqu'à la température de Curie.
Plusieurs travaux22,23,24 ont montré que la diminution de la constante d’anisotropie était en fait
33
la conséquence de la désorientation partielle des moments microscopiques par rapport à leur
axe de facile aimantation. Plus précisément, la variation de la constante d’anisotropie
effective est fonction de la variation en température de l’aimantation à saturation.
( )
( )
( )
( )
2
1
1
1
00
)(+
=
nn
s
s
M
TM
K
TK (1-47)
( )TK1 et ( )TM s sont la constante d’anisotropie magnétocristalline et l’aimantation à
saturation à la température T (en J.m-3 et en A.m-1), n est une constante dépendante de la
géométrie cristalline22.
Si l’on considère la valeur moyenne des moments microscopiques dans la formule (1-47), il
est possible de décrire l’évolution des constantes d’anisotropie par une combinaison de
fonctions de Langevin25 :
( )cosnPKK = (1-48)
( )= xLx
KK axial
310 avec
kT
Ex
mag= (1-49)
( ) ( )+= xLxx
xLx
KK cubique 320
10535101 (1-50)
( )xL est la fonction de Langevin, ( )cosnP est le polynôme de Legendre d’ordre n, est
l’angle que forme l’aimantation avec la direction d’énergie magnétique minimale, qui est la
direction de facile aimantation en l’absence de champ appliqué par exemple. magE est
l’énergie magnétique du système physique étudié. Pour une symétrie axiale, le polynôme de
Legendre est d’ordre 2, et il est d’ordre 4 pour une symétrie cubique. La fonction de Langevin
est obtenue pour un polynôme de Legendre d’ordre 1.
1.3 Le magnétisme des nanoparticules
Les objets que nous appelons nanoparticules sont plus ou moins sphériques avec un diamètre
variant de quelques nanomètres à quelques dizaines de nanomètres. Si de tels objets sont
ferromagnétiques, plusieurs effets dus à la taille apparaissent dans leur réponse sous champ.
La différence d’énergie libre magnétique entre deux orientations de l’aimantation, qui dépend
du volume de la nanoparticule, finit par être comparable, au fur et à mesure que l’on diminue
la taille des nanoparticules, à l’énergie thermique au voisinage d’une température dite de
blocage (Tb). En d’autres termes, les fluctuations thermiques sont suffisamment importantes
pour que le système puisse passer spontanément d’une orientation de facile aimantation à une
autre. Ce phénomène est appelé le superparamagnétisme26. Par ailleurs, on assiste à une
augmentation du rapport surface sur volume lorsque la taille diminue. En surface, le nombre
34
de voisins d’un atome diminue, ce qui modifie sensiblement la structure électronique de la
surface. La densité électronique de surface étant différente de celle du volume, le moment
magnétique et l’anisotropie magnétocristalline de surface sont différents du volume27,28. Le
volume de telles particules étant restreint, toutes les grandeurs magnétiques associées aux
phénomènes collectifs, telle que la température de Curie, en sont affectées.
1.3.1 Le superparamagnétisme
Le phénomène du superparamagnétisme découle de la dynamique de polarisation des
moments magnétiques à l’intérieur d’une nanoparticule. La relaxation thermique de
l’aimantation d’une particule est la plupart du temps traitée grâce à la loi d’Arrhenius :
=Tk
Et
B
B
rel exp0 (1-51)
où BE (eV) est la barrière d’énergie magnétique à franchir pour passer d’un état à l’autre. relt
(s) est le temps moyen de relaxation et 0 (s) est le temps de relaxation pour une barrière
nulle. relt est le temps de demi-vie d’un état de polarisation de l’aimantation. Ce temps est à
comparer avec le temps caractéristique de mesure de l’aimantation. Si le temps de relaxation
est bien plus grand que le temps de mesure, on peut alors considérer le matériau comme
ferromagnétique. Si ce temps est plus court que ce temps de mesure, alors l’aimantation
paraîtra nulle, et tout se passera comme si l’on avait affaire à un matériau paramagnétique de
spin géant ; c’est le superparamagnétisme. Le temps de relaxation est directement relié aux
fluctuations thermiques du matériau. Plus la température est élevée, plus le temps de
relaxation est court.
Le superparamagnétisme est un problème majeur dans le stockage de données magnétiques.
En effet, afin d’augmenter la quantité de données stockées, la taille des bits magnétiques doit
diminuer. Mais en dessous d’une taille critique, l’énergie d’anisotropie magnétocristalline
n’est plus assez grande pour empêcher l’effet superparamagnétique d’apparaître à température
ambiante. Le temps de relaxation devient comparable au temps caractéristique associé au
stockage de données, qui est de l’ordre de 10 ans. Un moyen de lutter contre le
superparamagnétisme est d’augmenter l’anisotropie magnétocristalline et par conséquent la
température de blocage.
1.3.2 Le magnétisme de surface : l’influence d’une structure hétérogène
L’anisotropie magnétocristalline ainsi que le moment magnétique atomique sont
complètement dépendants de la configuration électronique. Or, vu qu’il manque des voisins
en surface, l’apparition de l’anisotropie magnétocristalline peut être compromise. Un faible
35
rapport surface/volume peut par exemple forcer l’orientation des moments magnétiques
perpendiculairement à la surface29,30. Dans le cas de nanoparticules, le rayon de courbure très
petit intervient dans l’apparition de cette anisotropie de surface. Kodama a notamment montré
qu’il pouvait apparaître un verre de spin en surface des nanoparticules, du fait d’une
anisotropie de surface poussant à orienter les moments magnétiques dans un sens différent de
ceux du cœur, diminuant d’autant la contribution à l’aimantation des nanoparticules28. Un
comportement magnétique désordonné semble être une caractéristique générale de la surface
des nanoparticules31. Au fur et à mesure que la taille diminue, l’importance de l’anisotropie de
surface va augmenter. Cette anisotropie de surface est difficile à évaluer dans le cas de
nanoparticules car il est difficile de mesurer les propriétés magnétiques d’une particule
unique32,33.
1.3.3 L’influence de la température sur les propriétés magnétiques des
nanoparticules
La dimensionnalité est d’une importance capitale dans la détermination du comportement de
l’aimantation en fonction de la température. En effet, les petites dimensions confinent les
ondes de spins, et l’on observe un changement du coefficient de la loi de Bloch34. Selon
l’étude de Lin35 l’exposant critique semble toutefois rester de l’ordre de celui d’une structure
3D.
L’évolution de la température critique relative à une transition de phase a fait l’objet de
plusieurs études qui reposent pour l’essentiel sur le formalisme introduit par Fisher36 et
Barber37. Si l’évolution de la température de Curie a été bien étudiée pour les couches
minces38, les travaux sur les nanoparticules sont nettement moins nombreux39. L’essentiel de
la littérature fait état d’une diminution de la température de Curie avec la taille des
nanoparticules38,39,40. Il existe cependant quelques cas particuliers. Ainsi, on observe une
augmentation sensible de la température de Curie dans des solides nanostructurés41,42. La
température de Curie peut aussi augmenter dans le cas où la réduction de taille entraîne un
changement de la phase cristalline43, ou encore quand l’existence d’un couplage entre la
couche magnétique et le support magnétique se produit44.
Des travaux effectués par Fisher36 sur l’effet d’une taille finie sur les lois d’échelle dont nous
avons parlé précédemment aboutissent à une loi du type :
( ) ( )[ ]=
0d
d
T
TdT
C
CC (1-52)
est un coefficient qui varie entre 1 et 1,5939, d est la taille caractéristique des échantillons,
et 0d est de dimension équivalente à une longueur microscopique caractéristique du matériau,
36
par exemple son paramètre cristallin. Selon Fisher et Barber, cela vient du fait que la longueur
de corrélation spin à spin est limitée par la dimension caractéristique du système étudié45.
Si le système possède une taille plus grande que cette longueur de corrélation, alors
l’évolution de la température de Curie en fonction de la taille du système suit la loi de
puissance, sinon elle suit une loi linéaire.
1.4 Le cas des alliages à base de fer de type FexPt(1-x) ou FexPd(1-x)
1.4.1 Introduction
Les alliages de type AxB(1-x) avec A=Co, Fe, ou Mn et B= Ni, Pd, Pt sont des alliages connus
pour leurs propriétés magnétiques singulières. CoPt, FePt1 ainsi que Co3Pt21, dans la phase de
symétrie quadratique, montrent une anisotropie magnétocristalline très importante, de l’ordre
de 106 J.m-3, faisant de ces matériaux des candidats sérieux pour le stockage de données
magnétiques. Des composés tels que Fe3Pt ou FeNi possèdent un effet invar46, c’est-à-dire
qu’ils ont un coefficient de dilatation thermique proche de zéro. Fe3Pd possède des propriétés
de mémoire de forme. Le fait que tous ces solides aient une structure similaire signifie que les
variations de comportement magnétique ne sont dues qu’aux différences de structures
électroniques. Il est donc légitime de penser que la mise en forme en nanoparticules de ces
alliages est susceptible d’induire toute une série de modifications de leurs propriétés
magnétiques. Le nombre de systèmes est très important, et nous avons décidé de nous
concentrer spécifiquement sur deux systèmes donnés : les alliages de type FePt, FePd.
La grande difficulté dans l’étude de tels alliages est que les phases présentant des propriétés
magnétiques remarquables sont la plupart du temps difficile à obtenir. En effet, de tels
alliages proposent différents états métastables qu’il est souvent délicat de contrôler47,48 (voir
Figure 1-7 et Figure 1-8).
37
Figure 1-7. Diagramme de phase d’un composé bimétallique fer-platine
Figure 1-8. Diagramme de phase d’un composé bimétallique fer-palladium
1.4.2 Les alliages FePt et FePd
Deux types de phases peuvent exister à température ambiante :
• Une phase cristalline quadratique de type L10 qui consiste en une phase quadratique
face centrée où s’alternent une couche d’atomes d’un type et une couche d’atomes de
l’autre type selon l’axe c.
38
• Une phase cristalline cubique de type A1, métastable pour les systèmes FePt et FePd,
qui consiste en une maille cubique face centrée de type solution solide, c'est-à-dire que
la nature des atomes composant la maille est aléatoire.
Figure 1-9. Schémas représentant les deux structures cristallines possibles pour des alliages de type AuCu ainsi que la phase L12 pour un alliage du type AuCu3
L’obtention de la phase L10 pour des couches minces ou des nanoparticules se fait souvent en
deux temps. Une première étape consiste à synthétiser, généralement à basse température, un
matériau possédant la composition requise pour former la phase souhaitée. Ce matériau
cristallise alors dans la phase A1 qui est métastable. Afin d’obtenir la phase stable L10, on
augmente l’énergie cinétique des atomes, le plus souvent par chauffage jusqu'à une
température donnée, dépendant notamment de la méthode de synthèse, de la composition, et
de la présence d’impuretés à l’intérieur du matériau49.
Sur les gammes de concentration en platine ou en palladium par rapport au fer, les paramètres
cristallins suivent la loi de Vegard50,51,52.
Composition diametre (nm) structure a (Å) c(Å) T recuit °C Tc (K) ref
Fe50Pd50 massif A1 3,807 53
Fe50Pd50 massif A1 3,849 3,714 53
Fe50Pd50 massif A1 756 54
Fe50Pd50 massif L10 723 54
Fe45Pd55 massif A1 703 54
Fe45Pd55 massif L10 673 54
Fe40Pd60 massif A1 623 54
Fe40Pd60 massif L10 593 54
Fe50Pd50 massif L10 3,852 3,723 55
Fe54Pd46 massif L10 3,80 55
Fe58Pd42 massif L12 3,79 55
Fe64Pd36 massif L12 3,76 55
Fe50Pd50 11 A1 3,86 amb 56
Fe50Pd50 11? A1 3,83 550 56
Fe50Pd50 11? A1 3,83 600 56
Fe50Pd50 11? A1 3,81 700 56
Fe50Pd50 11? A1 3,79 700 56
Fe21Pd79 massif A1 721,5 48
39
Composition diamètre (nm) structure a (Å) c(Å) Trecuit (°C) Tc (K) ref
Fe50Pt50 massif L10 3,861 3,788 57
Fe50Pt50 massif A1 3,82 58
Fe45Pt55 3 à 4 L10 580 728 59
Fe47Pt53 3 à 4 L10 580 785 59
Fe57Pt43 3 à 4 L10 580 870 59
Fe61Pt39 3 à 4 580 59
Fe76Pt24 3 à 4 580 59
Fe60Pt40 massif L10 723 59
Fe43Pt57 7,5 L10 3,88 3,80 51
Fe46Pt54 7,8 L10 3,88 3,75 51
Fe47Pt53 7,9 L10 3,87 3,73 51
Fe48Pt52 9,6 L10 3,86 3,73 51
Fe62Pt38 10,8 L10 3,84 3,74 51
Fe50Pt50 4 A1 3,90 360 52
Fe50Pt50 4 A1 3,83 450 52
Tableau 1-1. Différentes valeurs de la littérature pour les paramètres cristallins a et c, la température de recuit (Trecuit) pour obtenir la phase anisotrope L10, et la température de Curie (Tc), pour des compositions et des tailles
de nanoparticules similaires à celles de notre étude.
La phase L10 est une phase très largement étudiée1,60,61,62,63 pour son anisotropie
magnétocristalline très importante, qui est de l’ordre de 7.106 J.m-3 pour l’alliage FePt L10 et
de 2,5.106 J.m-3 pour l’alliage FePd L10. Que ce soit sous forme de nanoparticules ou de
couches minces, ces matériaux sont pressentis comme ceux des nouvelles générations de
disques durs.
L’aimantation totale de la phase L10 est avant tout dépendante de la teneur en fer par rapport à
la quantité de platine, car c’est le fer qui « polarise » le platine. Que ce soit dans la phase A1
ou L10, le nombre de voisins pour l’atome de platine reste le même, et de ce fait, l’aimantation
du système varie peu. On estime l’aimantation à 0,8.106 A.m-1 pour le FePt64 et à 1,2.106 A.m-1
pour le FePd63.
La température de Curie pour l’alliage de FePd est de 756 K pour la phase A1 et de 723 K
pour la phase L10. Cependant, cette grandeur dépend de la quantité relative de palladium.
Ainsi pour une composition Fe40Pd60 la température de Curie chute à 623 K pour la phase A1
et 593 K pour la phase L1065. Elle est de 726 K et 721 K pour l’alliage Fe21Pd79
48.
Pour l’alliage FePt, la température de Curie est de 723 K pour une composition Fe60Pt4066 en
phase L10, et dépend largement de la composition59.
Le Tableau 1-1 montre un résumé de quelques valeurs prises dans la littérature concernant les
propriétés structurales ainsi que la température de Curie. On peut noter, que ce soit pour le
système FePt ou FePd, que les valeurs sont pour le moins hétérogènes. Cette hétérogénéité
tire son origine des différentes méthodes de synthèses. On peut aussi noter la forte
augmentation de la température de Curie avec la concentration en fer.
2
Chapitre 2
Synthèses
43
2.1 Introduction
2.1.1 Problématique
Nous avons vu au chapitre précédant l’enjeu que représente la compréhension du magnétisme
des nanoparticules. Nous allons maintenant nous intéresser aux moyens de fabriquer de telles
particules. Les nanoparticules sont obtenues soit par division d’un matériau (par broyage par
exemple67), soit par croissance à partir de composés précurseurs1,68. La difficulté majeure qui
apparaît lorsque l’on tente de synthétiser des nanoparticules est qu’il est souvent très délicat
de connaître leur composition ainsi que leur structure, et encore plus difficile de contrôler leur
morphologie. La synthèse des nanoparticules est une opération complexe, qui nécessite un
ajustement assez fin du dispositif expérimental.
Dans notre étude, l’objectif de synthèse est de disposer d’un ensemble de nanoparticules
suffisamment important afin de mesurer leurs propriétés magnétiques à l’échelle
macroscopique, suffisamment stables chimiquement pour qu’on puisse les mesurer, et
suffisamment homogènes pour que l’on sache ce que l’on mesure.
Il existe un grand nombre de techniques possibles pour la synthèse de nanoparticules, que l’on
peut grossièrement séparer en deux groupes : les méthodes par voie physique et les méthodes
par voie chimique :
• La voie physique repose sur des procédés d’évaporation par chauffage, pulvérisation
plasma, bombardement ionique, etc, et que l’on fait se condenser sous forme de
nanoparticules, la plupart du temps sur une surface.
• La voie chimique met en jeu des réactions chimiques dans un solvant produisant une
précipitation d’une phase solide se constituant sous forme de nanoparticules.
Nous avons eu l’opportunité d’expérimenter trois méthodes différentes de synthèse de
nanoparticules. Parmi ces trois méthodes, deux sont issues de la voie physique, la dernière
étant une synthèse chimique. Les synthèses par voie physique utilisent comme substrat du
silicium, ou de carbone amorphe pour la mesure par microscopie électronique à transmission
(MET).
Dans un premier temps, nous nous intéresserons aux conditions générales nécessaires à la
synthèse de nanoparticules. Nous nous concentrerons ensuite sur les méthodes que nous avons
utilisées pour la synthèse physique ainsi que sur les résultats obtenus, puis nous présenterons
les résultats obtenus par voie chimique, et la raison pour laquelle nous nous sommes
concentrés sur cette synthèse.
44
2.1.2 Généralités
La synthèse de nanoparticules nécessite deux facteurs déterminants : il faut que les conditions
thermodynamiques et cinétiques soient favorables à l’apparition d’une phase solide, et il faut
que cette phase solide reste sous la forme d’une nanoparticule et ne devienne pas trop grosse.
Le processus d’apparition d’une phase solide se découpe en deux parties68 :
• Une première partie appelée germination, durant laquelle on peut considérer par
exemple que deux atomes dans une phase liquide se collent l’un à l’autre et ne se
décollent plus, comme dans un solide, formant alors un germe.
• Une partie appelée croissance, durant laquelle d’autres atomes du milieu environnant
viennent s’ajouter au germe formé durant la germination, pour constituer une phase
solide. L’art de la synthèse de nanoparticules est donc de contrôler ces deux
processus : favoriser une germination importante et une faible croissance afin d’avoir
un solide fortement divisé sous forme de nanoparticules.
La germination peut être soit spontanée, soit induite par des sites atomiques préférentiels,
comme des défauts atomiques présents sur une surface par exemple. Dans le premier cas nous
parlons de germination homogène, dans l’autre de germination hétérogène. Suite à cette
germination, il faut que la particule grossisse jusqu'à la taille voulue. Pour cela il existe
différents moyens de contrôle.
2.1.2.1 Germination homogène.
Que ce soit par précipitation dans une solution ou par condensation d’un gaz, la germination
homogène se produit dans un environnement où les atomes qui vont former le germe sont
libres de se déplacer. Ce sont les fluctuations locales qui provoquent l’apparition des germes.
Cependant, ces mêmes fluctuations peuvent provoquer leur disparition.
2.1.2.2 Germination hétérogène
Dans le cas d’une germination hétérogène, les nanoparticules apparaissent sur des sites qui
sont une singularité sur la surface de dépôt. Le degré d’adhérence d’une phase solide sur le
substrat est le facteur capital qui détermine si l’on va avoir une croissance couche par couche
ou au contraire une croissance de type nanoparticules. Il existe trois types de croissance68 : la
croissance par îlots, dite de VOLMER-WEBER, la plus intéressante pour notre étude car elle
permet la synthèse de nanoparticules isolées, la croissance d’une couche suivie d’une
croissance par îlots, dite STRANSKI-KRASTANOV et enfin la croissance de type couche par
couche dite de type FRANK-VAN DER MERWE.
Ces trois types de synthèse peuvent être vus de manière simpliste comme la conséquence du
fait qu’il existe une différence d’énergie de liaison entre un atome adsorbé et le substrat et
45
celle entre deux atomes adsorbés : l’atome qui vient rencontrer la surface peut soit rester sur
la surface, soit repartir. S’il est adsorbé, il va diffuser, puis se fixer sur un site de germination.
Les sites de germination peuvent être soit des défauts de la surface, soit d’autres atomes
adsorbés précédemment sur la surface. Si l’adhérence entre l’atome adsorbé et le substrat est
importante, tout site de la surface est un piège potentiel de l’atome adsorbé. On assiste alors à
une croissance de type FRANCK-VAN DER MERWE. Si l’adhérence entre les atomes adsorbés et
la surface est plus faible que l’adhérence entre deux atomes adsorbés, alors va apparaître sur
la surface des îlots constitués d’atomes adsorbés. C’est la croissance de type VOLMER-WEBER.
Si l’adhérence entre les atomes adsorbés entre eux est plus faible que l’adhérence avec le
substrat, alors une fois la première couche formée par croissance FRANCK-VAN DER MERWE,
on assiste à une croissance par germination de type VOLMER-WEBER. C’est la croissance de
type STRANSKI-KRASTANOV.
Figure 2-1. Schéma représentant les différents types de germinations hétérogènes
2.2 Synthèse physique
La synthèse par voie physique repose sur le principe de la croissance de nanoparticules grâce
à l’apport sous forme atomique des éléments constitutifs. Son fonctionnement est basé sur
l’évaporation d’un matériau et sa condensation sur le substrat choisi69,70, le déplacement ou la
réduction d’atomes provoqués par irradiation au sein d’un matériau, l’inclusion d’atomes par
bombardement ionique ou encore la condensation spontanée d’un gaz.
Nous avons eu l’opportunité d’utiliser deux dispositifs expérimentaux : un bâti de dépôt par
évaporation sous ultravide, et un bâti permettant le dépôt de matériaux pulvérisés par plasma.
Dans les deux cas, nous avons choisi comme substrat du silicium recouvert d’oxyde naturel.
Cette couche d’oxyde faiblement rugueuse est amorphe, et possède donc beaucoup de défauts
qui sont autant de sites de germination. Nous avons utilisé deux types de silicium : le Si(111)
et le Si(100). Le substrat de silicium est nettoyé à l’acétone, puis à l’eau deux fois de suite, et
pour finir à l’éthanol. L’autre type de substrat utilisé est le carbone amorphe recouvrant les
grilles de microscopie électronique.
46
2.2.1 Evaporation sous ultravide :
Le dispositif expérimental développé au Centre de Recherche sur la Matière Divisée71 est
constitué d’une chambre de dépôt contenant un porte-échantillon, une balance à quartz, un
manipulateur, ainsi que trois sources disponibles : une source de Knudsen (chauffage par
résistance d’un creuset), et deux cellules chauffantes par bombardement d’électrons. La
chambre dispose aussi d’un canon à ions argon. La chambre de dépôt est maintenue sous
ultravide (10-9 mbar) grâce à une pompe ionique. Attachée à cette chambre se trouve une
chambre de stockage pouvant accueillir plusieurs échantillons. Cette chambre de stockage est
reliée à un dispositif de mesure XPS, et à un sas par lequel nous introduisons les échantillons.
(voir Figure 2-2).
2.2.1.1 L’évaporateur par faisceau d’électrons
L’évaporateur par faisceau d’électrons est un dispositif où le matériau à évaporer doit être
conducteur et solide. Il se présente sous la forme d’une tige, qui fait office de cathode. Une
anode circulaire est centrée au bout de la cathode. Un courant d’électrons est généré par une
haute tension à très faible ampérage. Les électrons bombardent alors la cathode qui se met à
chauffer. Au-delà d’une certaine température, le processus de sublimation apparaît, et les
atomes de la cathode sont éjectés dans le vide. C’est l’angle solide que forme le bec de
l’évaporateur qui permet de focaliser le flux atomique sublimé. Une faible partie de la
quantité sublimée est chargée. La mesure de ce courant, qui dépend du matériau considéré
ainsi que de la tension et de l’ampérage du flux d’électrons, est caractéristique du flux de
matière sortant du bec.
Figure 2-2. Schéma du dispositif expérimental. Le vide est de 10-9mbar. Le substrat est soit du silicium, soit du carbone amorphe. Les sources sont orientables
47
2.2.1.2 Protocole expérimental et calibrage
Les substrats vierges sont placés sur le porte-échantillon, puis introduits dans le sas. Ensuite,
un vide d’environ 10-6 mbar y est produit. Un substrat est ensuite introduit depuis le sas jusque
dans l’enceinte de stockage qui, une fois isolée, présente un vide de 10-9 mbar. Enfin, il est
transféré dans la chambre de dépôt. Nous avons utilisé les deux sources d’évaporation par
faisceau d’électrons. L’une est équipée d’un filament de platine enroulé sur une tige de
tungstène, l’autre est équipée d’une tige de fer. Le platine, le tungstène et le fer sont tous trois
purs à 99,99%. Le fait d’utiliser une tige de tungstène plutôt qu’une tige de platine vient du
fait qu’aux pressions de travail, le point de fusion et le point de sublimation du platine sont
très proches.
Le flux d’atomes évaporés étant faible (quelques 1013 at.s-1), l’élaboration d’un échantillon
dure entre 2 et 12 heures. Les échantillons sont ensuite sortis de la chambre de dépôt, et sont
stockés à l’air.
L’une des difficultés techniques d’un tel dispositif est qu’il nécessite un calibrage, c'est-à-dire
un réglage des vitesses de dépôt par une étude de la quantité de matière déposée sur les
échantillons en fonction des conditions expérimentales. En effet, étant donné les faibles
quantités déposées, il est nécessaire de mesurer le flux de matière déposée par une technique
annexe. Nous avons utilisé pour cela la mesure par rétro-diffusion Rutherford (Rutherford
Back Scattering ou RBS). La quantité d’atomes déposés au bout d’un temps t sur la surface du
substrat est mesurée par RBS, et le flux ainsi déduit est comparé au flux ionique en sortie de
bec. Le problème d’un tel calibrage est qu’il consomme beaucoup de matériau à évaporer,
réduisant d’autant la quantité d’échantillons pouvant être réalisée par la suite avant de
remplacer la source d’évaporation, et de recommencer un nouveau calibrage.
Du fait de la fréquente utilisation de l’enceinte de dépôt au sein du laboratoire et du temps
important que nécessite le calibrage, seuls neuf échantillons de test ont pu être réalisés. Les
deux premiers échantillons ont servi à calibrer le flux de fer. Les trois autres ont servi à
calibrer le flux de platine (voir Figure 2-3).
48
Figure 2-3. Variation de la vitesse moyenne de dépôt en fonction du flux d’ions à la sortie de la source
Les quatre échantillons restants sont constitués de deux grilles de microscopie supposées
recouvertes de Fe50Pt50 durant deux temps d’exposition différents (2 et 4 heures) ainsi que
leurs dépôts équivalents sur substrat de silicium.
Figure 2-4. Images MET des nanoparticules obtenues. Échantillon Fe3Pt2L2 à gauche et Fe3Pt2L4 à droite. Fe3 signifie que le courant du fer est de 3 mA, Pt 2, que le courant du platine est de 2 mA. Lx signifie x heures
de dépôt
Les nanoparticules obtenues semblent être d’une bonne homogénéité en taille, mais présentent
une coalescence pour un temps de dépôt de seulement 4 heures.
Afin de vérifier l’homogénéité du dépôt, nous avons décidé de modifier la prise de mesure par
RBS en changeant la taille de la section du faisceau de particules . Le faisceau ayant
initialement une section carrée d’environ 5 mm , il a été collimaté en un faisceau de section
rectangulaire de 2 mm2, ce qui permet de mesurer les éventuelles inhomogénéités du dépôt.
49
La répartition en fer et en platine pour l’échantillon déposé pendant dix heures est reportée
dans le tableau 2-1.
Échantillon t (h) X Z n(at) (1015) %Fe %Pt nFe nPt Flux Fe Flux Pt
Fe3Pt2L2 2 1,89 25,5 74,5 0,48 1,41 0,241 0,704
Fe3Pt2L4 4 4,67 66,4 33,6 3,10 1,57 0,775 0,392
Fe3Pt2L10 10 -3,4 -2 15,33 61,4 38,6 9,41 5,92 0,941 0,592
Fe3Pt2L10 10 -1,4 2 9,86 94,6 5,5 9,32 0,54 0,932 0,054
Fe3Pt2L10 10 -1,4 -6 13,81 70,2 29,8 9,69 4,12 0,969 0,412
Fe3Pt2L10 10 -1,4 -2 13,575 73,2 26,9 9,93 3,64 0,993 0,364
Fe3Pt2L10 10 -0,4 -2 10,63 85,8 14,2 9,12 1,51 0,912 0,151
Fe3Pt2L10 10 -5,4 2 10,49 44,9 55,2 4,70 5,79 0,470 0,579
Fe3Pt2L10 10 -6,4 2 7,57 29,7 70,3 2,25 5,32 0,225 0,532
Fe3Pt2L10 10 -3,4 2 12,37 64,3 35,7 7,96 4,41 0,796 0,441
Tableau 2-1. Évolution des quantités d’atomes déposés en fonction des temps de dépôt et de la zone observée. Fex signifie que le courant du fer est de x mA, Pt x, que le courant du platine est de x mA. Lx signifie x heures
de dépôt
Les deux premiers points notés sont pris avec une surface d’analyse de 5 mm . À partir de ces
valeurs, il est possible par interpolation d’avoir un profil de densité d’atomes déposés sur le
substrat.
Figure 2-5. Variation de densité surfacique en fonction de la position sur le substrat de silicium
Nous voyons que l’échantillon déposé présente une grande inhomogénéité, ce qui est
rédhibitoire pour l’étude que nous souhaitons faire. Compte tenu de la difficulté et du temps
nécessaire pour réaliser un calibrage de l’orientation des sources, nous avons fait le choix de
ne pas poursuivre plus loin la synthèse par évaporation sous ultravide.
50
2.2.2 Pulvérisation par plasma
L’autre possibilité de dépôt qui nous était offerte était d’utiliser un bâti de dépôt par
pulvérisation cathodique par plasma d’argon. Ce dispositif expérimental, développé au sein
du Groupement de Recherche sur l’Énergétique des Milieux Ionisés (GREMI) par l’équipe de
Pascal BRAULT, a l’avantage d’avoir un flux de matière bien plus important que le dispositif
d’évaporation sous ultravide. Si la mise en œuvre de l’enceinte est plus simple, de même que
sa disponibilité, son gros défaut vient du fait qu’il est très complexe d’évaluer directement la
quantité de matière déposée à partir des données expérimentales.
2.2.2.1 Principe de fonctionnement
Figure 2-6. Schéma du dispositif expérimental de dépôt par pulvérisation par plasma
Une étude très complète du dépôt par cette technique a été réalisée par Jean-Philippe
ROZENBAUM, durant sa thèse au GREMI72.
Dans une enceinte mise sous vide, puis remplie d’un gaz d’argon, une antenne en inox est
reliée à un amplificateur hautes fréquences ainsi qu’à un générateur à hautes fréquences
générant des ondes radio à 92,8MHz. L’excitation produite par les ondes radio dans le gaz
d’argon génère un plasma. Le plasma ainsi créé est dit hors équilibre, car la température des
électrons est supérieure à celle du gaz. En effet, l’excitation par une onde HF induit une
oscillation par rapport à une position moyenne des différentes particules chargées du système,
oscillation proportionnelle à la masse de ces particules. L’influence de cette excitation est
négligeable pour les ions, qui ne sont excités que par l’agitation thermique, d’où le nom de
plasma froid. Pour les électrons au contraire, l’excitation due à l’onde HF est bien plus
51
importante que l’agitation thermique. Un potentiel négatif est appliqué sur un filament du
matériau à pulvériser enroulé comme un ressort de diamètre d’environ 1cm. Ce potentiel
négatif attire les ions d’argon présents dans l’enceinte, les accélère jusqu'à ce qu’ils
rencontrent la surface du filament où peut se produire alors une pulvérisation : les atomes en
surface sont éjectés dans l’enceinte. Les atomes ainsi éjectés entrent rapidement en collision
avec les ions Ar+, et se thermalisent à la même température que celle des ions, qui est proche
de la température ambiante. Ainsi la densité de flux atomique peut être considérée comme
isotrope depuis le filament pulvérisé. Les atomes vont finalement se condenser sur une
surface, elle aussi à température ambiante.
2.2.2.2 Protocole expérimental
Avant d’effectuer le dépôt, il convient de régler la position des matériaux à pulvériser de
manière à ce qu’ils soient placés symétriquement par rapport à l’antenne. Nous les avons donc
espacés d’environ 4 cm perpendiculairement à l’axe de l’antenne. Ce réglage est assez délicat
car le seul moyen d’arriver à une position adéquate est de tordre les filaments manuellement.
Les substrats de silicium ou les grilles de microscopie sont fixés sur le porte-échantillon dans
l’enceinte. Cette enceinte est pompée à l’aide d’une pompe turbomoléculaire jusqu'à environ
10-6mbar. De l’argon est ensuite injecté, et la pression régulée à environ 1,33.10-1mbar
(100mtorr). Puis l’antenne est polarisée par un signal HF de grande amplitude. Enfin, les
filaments des matériaux à déposer sont polarisés. Il ne reste plus qu’à rapprocher la canne des
filaments pour que le dépôt se fasse. Durant le dépôt, nous mesurons le courant présent dans
le filament, proportionnel au nombre d’ions qui viennent sur le filament par seconde. Une fois
le dépôt terminé, les tensions sont coupées, et l’enceinte est remise à l’air.
2.2.2.3 Echantillons obtenus et difficultés rencontrées.
Les échantillons ont été préparés en une dizaine de campagnes de synthèse. Les premières
synthèses ont fait office de test pour le calibrage des vitesses de dépôt. Puis une série
d’échantillons a été préparée dans le but d’étudier les propriétés structurales. Les dernières
séries ont été élaborées afin de réaliser des recuits, indispensables à l’apparition de la structure
L10 qui nous intéresse. Durant le dépôt, plusieurs échantillons sont placés les uns à côté des
autres afin d’augmenter la surface de mesure.
2.2.2.3.1 Echantillons de calibrage du flux : Les mesures de densités surfaciques sont faites par RBS grâce à un faisceau de particules
qui couvre 5mm de la surface de l’échantillon. Un test préliminaire d’homogénéité a été fait
52
sur un échantillon en mesurant l’échantillon situé à gauche sur le porte-échantillon et
l’échantillon situé à droite.
échantillon tension (V) t Fe (s) t Pt (s) % Fe % Pt n total .1015 n Fe .1015 n Pt .1015
FePt1mG -200 60 60 63,5 36,5 0,810 0,514 0,296
FePt1mD -200 60 60 63,5 36,5 0,955 0,606 0,349
FePt25sD -200 25 25 63,5 36,5 0,210 0,133 0,077
1mFePt2.3mD -200 60 80 48 52 1,310 0,628 0,681
16mFePt17m -200 960 1020 63,5 33 10,050 6,382 3,317
16mFePt17m -200 960 1020 65,5 32 14,45 9,46475 4,624
Pt1.5h -200 0 5400 3,2 95,9 26,8 0,8576 25,7012
Pt1h -200 0 3600 6,8 90,4 20,23 1,37564 18,28792
échantillon tension (V) t Fe (s) t Pt (s) % Fe % Pt n total .1015 n Fe .1015 n Pt .1015
Pt1m -300 60 60 0 100 0,810 0 0,810
Fe1m -300 0 60 90 10 1,020 0,918 0,102
FePt2m -300 120 240 26 74 2,350 0,611 1,739
FePt2m -300 120 240 28,5 71,5 2,390 0,6812 1,709
10mFePt5m -300 600 900 25,4 74,8 13,050 3,315 9,761
5mFePt2.5mG -300 150 450 35 65 4,120 1,442 2,678
5mFePt2.5mD -300 150 450 54,3 45,7 3,820 2,074 1,7457
Tableau 2-2. Liste des quantités d’atomes déposées en fonction du temps de dépôt pour chacune des électrodes. Fe ou Pt signifient quel filament a été polarisé, xm correspond à un temps de dépôt de x minutes, xh pour x
heures, et G ou D correspond à la position gauche ou droite de l’échantillon dans l’enceinte.
Figure 2-7. Évaluation de la vitesse de dépôt. On remarque les grandes incertitudes sur les vitesses de dépôt
Comme pour l’évaporation sous vide, la vitesse de dépôt reste la même quel que soit le temps
de dépôt, ce qui signifie que ce processus est stable dans le temps. En revanche, cette vitesse
semble différer dans l’espace puisque l’on a une différence entre les échantillons placés à
droite et à gauche dans le bâti.
53
2.2.2.3.2 Mesure de l’homogénéité des substrats. Afin de mesurer l’homogénéité, nous avons disposé quatre substrats de silicium dans
l’enceinte de manière à couvrir un maximum de la surface du porte-échantillon. Puis, nous
avons mesuré en différents points grâce au RBS les densités atomiques en fer et en platine.
échantillon tension (V) t Fe (s) t Pt (s)
Fe10m -300 600 0
Pt10m -300 0 600
Tableau 2-3. Conditions expérimentales de préparation des échantillons utilisés pour l’évaluation de l’homogénéité
Figure 2-8. Emplacement des substrats utilisés pour l’étude de l’homogénéité
Nous mesurons pour le fer et pour le platine une vingtaine de points pour la cartographie. Les
densités des points non mesurées ont été évaluées par interpolations linéaires.
Figure 2-9. Densités de fer (graphique de gauche) et de platine (graphique de droite)
Ces mesures permettent de voir à quel point le dépôt est inhomogène, notamment pour le
platine, avec des quantités déposées allant du simple au triple selon la zone de dépôt.
Cependant, la distribution complexe que revêt la densité surfacique de fer est plus
problématique car il semble que la densité de fer est plus importante en bordure. Ce
phénomène pourrait venir d’une pulvérisation résiduelle des pièces en inox, situées très près
de l’échantillon.
54
2.2.2.3.3 Aspect des dépôts après synthèse Nous avons étudié la morphologie des dépôts réalisés par pulvérisation plasma sur grille de
carbone par MET.
Figure 2-10. Dépôts de fer et de platine, montrant une croissance de type STRANSKI-KRASTANOV. L’échantillon de droite montre des trous dans la membrane de carbone (les zones claires et homogènes), que nous attribuons à
une attaque des ions O+
Figure 2-11. L’échantillon de gauche est pour l’essentiel constitué de platine, contrairement à l’échantillon de droite, où les nanoparticules sont constituées de fer. Les zones non couvertes de droite sont des trous dans la
membrane de carbone.
On remarque sur la Figure 2-10 à droite que la membrane de carbone a disparu sur certaines
parties de la grille de microscopie. On suppose qu’une telle disparition est due au
bombardement d’ions O+ durant la synthèse, provenant probablement de problèmes
d’étanchéité lors de la réalisation du dépôt. On peut remarquer sur cette image la présence sur
les membranes de deux zones différentes : une partie fortement coalescée, qui apparaît aussi
sur l’image de droite de la Figure 2-11, et une partie de type nanoparticules d’un diamètre
d’environ 5 nm qui se trouve sur les zones fortement coalescées. L’échantillon de droite
Figure 2-11 étant constitué exclusivement de fer, nous supposons que la présence de fer dans
les échantillons formés sur grille de microscopie tend à produire une croissance de type
55
FRANK-VAN DER MERWE. L’échantillon de gauche présenté sur la même figure est constitué
de platine et il se forme des nanoparticules qui finissent par coalescer : c’est une croissance de
type VOLMER-WEBER. Il se forme aussi des nanoparticules plus petites (environ 2 nm).
2.2.2.3.4 Réalisation des recuits Parallèlement aux études sur l’homogénéité des dépôts, une étude sur le recuit des structures
formées a aussi été menée. Son but était de fabriquer la phase cristalline qui nous intéresse,
c’est-à-dire la phase L10.
Figure 2-12. Échantillon 100904Fe57Pt43-2nm recuit à 600°C. Les flèches indiquent les pics caractéristiques de
la structure L10. (pics [001], [110], [111], et [220], de l’intérieur vers l’extérieur)
Le recuit a été fait à 600°C sous une atmosphère réductrice constituée de 50% d’argon et de
50% d’hydrogène73. Dans le but de prévenir une oxydation après recuit, nous avons ajouté une
faible quantité d’acétylène afin d’enrober les nanoparticules d’une couche de carbone produite
par décomposition catalytique74,75.
Pour observer cet échantillon par microscopie électronique, après avoir déposé une goutte
d’alcool sur la surface du substrat, on frotte doucement cette surface à l’aide de la pointe
d’une pince de microscopie. De cette surface se décrochent les nanoparticules qui se mettent
en suspension et qui sont ensuite récupérées sur une grille recouverte de carbone amorphe.
Les particules obtenues ont un diamètre variant entre 5 et 20 nm (Figure 2-12). On peut
observer autour des particules une gangue de carbone obtenue par réduction catalytique de
l’acétylène. Les caractérisations par diffraction d’électrons montrent que la phase obtenue
correspond à la structure FePt L10.
56
2.2.2.3.5 Perspectives de la technique de dépôt par pulvérisation plasma. Nous avons vu que le gros défaut du dispositif utilisé était la forte inhomogénéité des dépôts.
Cette inhomogénéité vient du fait de l’impossibilité de régler avec précision la position des
filaments, mais peut aussi venir de la méthode de fixation des substrats : le fait d’avoir des vis
placées à proximité des échantillons peut être l’explication d’une augmentation de la densité
de fer sur les bords des substrats. Le plasma provoque une faible pulvérisation des vis,
composées d’inox, et du fer ainsi pulvérisé se dépose sur le substrat.
Le deuxième problème concerne la forme des dépôts ainsi synthétisés. Au final, la croissance
des nanoparticules se fait selon une croissance mixte, présentant des zones fortement
coalescées portant des nanoparticules plus denses que l’on suppose contenir davantage de
platine. Le fait que l’oxyde de fer et le platine ne soient pas miscibles76 peut expliquer ce type
de croissance : le fer s’oxyde, et l’oxyde de fer mouillerait facilement le carbone amorphe. Le
platine mouillerait plus facilement l’oxyde de fer que le carbone amorphe, et croîtrait donc sur
l’oxyde de fer. On obtient ainsi la structure multicouche que l’on observe.
Du fait de l’impossibilité de pouvoir améliorer la qualité et l’homogénéité des dépôts par
pulvérisation plasma sans avoir à modifier profondément le dispositif expérimental, nous
avons choisi d’explorer une troisième voie de synthèse : la synthèse chimique par micelle
inverse.
2.3 Synthèse chimique
Dans le cas d’une synthèse par voie chimique de nanoparticules, l’apport de matière se fait
par décomposition de précurseurs moléculaires contenant les éléments composants les futures
particules. Que ce soit sous la forme d’une réduction, d’une décomposition thermique ou
d’une irradiation, les éléments ainsi libérés ne sont pas stables au sein de la phase où se
produit la réaction chimique, et vont précipiter, c'est-à-dire former un solide. Ce processus se
décompose en une phase de germination et une phase de croissance. L’art de synthétiser des
nanoparticules est de favoriser la germination tout en limitant la croissance dans un premier
temps, puis de stopper la germination et contrôler précisément la croissance afin d’avoir la
taille désirée pour les nanoparticules. Cette croissance peut être limitée par un contrôle précis
des conditions de synthèse, que ce soit la concentration, la température ou encore l’ajout
d’espèces chimiques. Il existe de nombreux ouvrages et articles permettant d’introduire la
synthèse de nanoparticules par voie chimique77,78,79, et nous nous contenterons de décrire la
synthèse que nous avons mise en oeuvre, c’est-à-dire la synthèse de nanoparticules colloïdales
par réduction et décomposition thermique de précurseurs organométalliques.
57
2.3.1 Synthèse colloïdale : principe réactionnel
La synthèse colloïdale produit des nanoparticules entourées de molécules de type tensioactifs,
c'est-à-dire présentant une zone hydrophile et une zone hydrophobe, que nous appellerons
aussi surfactant. Cette bipolarité leur permet de créer des structures auto-organisées dans de
l’eau ou dans un solvant apolaire. Si la concentration en molécules tensioactives est
suffisamment faible, alors leur organisation prend la forme de vésicules sphériques qui sont
appelées micelles. Les micelles peuvent contenir une phase non miscible avec le solvant,
comme de l’eau dans de l’huile. Ainsi formées, les gouttelettes d’eau ne vont pas coalescer à
cause de la non miscibilité, et le résultat est une suspension dite colloïdale. Dans un solvant
polaire, comme l’eau, la partie polaire (hydrophile) du tensioactif est à l’extérieur de la
vésicule, nous avons affaire à une micelle directe. Si la partie polaire pointe à l’intérieur de la
vésicule, comme c’est le cas si le solvant est apolaire, nous avons affaire à une micelle
inverse.
Le mode de synthèse que nous utilisons se décompose en quatre étapes :
• Une première étape qui consiste à mettre en solution des ions métalliques, initialement
sous forme de sels ou de complexes, en présence de réactifs, produisant ainsi des
atomes métalliques qui vont constituer la nanoparticule. Dans notre cas, cette phase est
contrôlée par la température, qui va provoquer la réaction de décomposition thermique
et de réduction des espèces organométalliques.
• Une seconde étape où les éléments constitutifs vont produire les germes nécessaires à
la croissance des nanoparticules. Dans notre cas, cette phase est produite par saturation
du solvant en atomes métalliques.
• Une troisième étape où le processus de germination est stoppé. Dans notre cas cette
phase est contrôlée par la soudaine diminution de la quantité d’atomes métalliques
présente en solution, du fait même de la germination.
• Une quatrième étape où seule la croissance des nanoparticules peut encore se produire.
Cette dernière phase est la plus longue. La matière provient des atomes solvatés.
Durant cette dernière étape, il peut se produire un phénomène que l’on appelle
maturation d’Ostwald ou « Ostwald ripening ». Cette phase se caractérise par une
diminution de la quantité de germes et une augmentation de la taille des germes
restants. En fait, les petits germes sont moins stables que les gros, et se
désagrègent. Comme le système n’est pas dans la phase de germination homogène,
les atomes en solution viennent s’agréger sur les germes plus gros, et ainsi
participer à leur croissance.
58
Figure 2-13. Les quatre phases de la synthèse chimique de nanoparticules bimétalliques
Notre synthèse de nanoparticules colloïdales s’inspire des travaux de Sun et Murray1 sur la
synthèse de nanoparticules de fer-platine56,80,81,82. Nous utilisons comme molécules
tensioactives un mélange d’acide oléique et d’oléylamine, qui va former des micelles inverses
dans l’éther d’octyl (solvant apolaire). Du fait que les nanoparticules à base de fer ont
tendance à s’oxyder à l’air, la synthèse est faite sous atmosphère inerte d’argon. L’apport de
matière se fait soit par une décomposition thermique du pentacarbonyl de fer (Fe(CO)5),
composé organométallique dangereux, soit par réduction d’un acétylacétonate de fer II, de fer
III, de platine, ou encore de palladium (Fe(C5H8O2)2, Fe(C5H8O2)3, Pt(C5H8O2)2, Pd(C5H8O2)3,
respectivement). La réduction se fait par un polyalcool, le 1,2 dodécahexanediol.
Dans le but d’obtenir des nanoparticules d’une stœchiométrie donnée, on utilise du
pentacarbonyl de fer ou de l’acétylacétonate de fer, en proportion variable avec
l’acetylacétonate de platine ou de palladium. Alors qu’une proportion de 1/1
d’acétylacétonate de fer et d’acétylacétonate de platine ou de palladium donne un alliage
Fe50Pt50, il faut environ une proportion de 2 pour 1 si l’on utilise du pentacarbonyl de fer pour
obtenir des nanoparticules d’un alliage similaire. Dès 100°C, les molécules de surfactant sont
ajoutées en concentrations minimes de manière à former des micelles inverses autour des
germes. La limitation de la croissance se fait par une brusque diminution de la quantité
d’espèces présentes en solution du fait d’une forte germination.
Lors de la germination, les molécules tensioactives viennent se greffer sur les germes,
modifiant alors la vitesse de croissance de ces derniers83. La température est ensuite
augmentée jusqu'à la température d’évaporation du solvant, permettant ainsi à la température
du système de rester constante. Cette température élevé (297°C dans notre cas) permet de
favoriser une croissance homogène des nanoparticules, bien que la synthèse proprement dite
puisse se dérouler à plus basse température83. Le temps de réaction varie entre 30 et 60
59
minutes. La synthèse s’effectue dans un ballon à trois entrées. L’entrée principale permet de
fixer le condenseur pour le reflux, une autre permet l’introduction d’une sonde de
température, et une troisième munie d’un septum permet d’injecter dans la solution le
surfactant à l’aide d’une seringue. En haut du condenseur est fixé un dispositif permettant une
circulation d’argon. L’argon permet de purger le dispositif avant la synthèse. Différents
dispositifs ont été utilisés pour le chauffage de la solution. Une première tentative a été
d’utiliser un récipient métallique contenant une huile à haute température d’ébullition placée
sur un porte-échantillon chauffant et permettant une agitation magnétique. Outre le fait qu’un
tel dispositif dégage des vapeurs très salissantes, pouvant même endommager certaines
matières plastiques présentes sous la hotte, la platine chauffante n’était pas assez puissante
pour atteindre la température de reflux. Les températures des synthèses se situaient aux
alentours de 240°C au lieu de 300°C. Nous avons ensuite employé un chauffe-ballon dans
lequel une feuille d’aluminium servait de récipient à une faible quantité d’huile à haute
température d’ébullition. Ce système permettait de monter jusqu’à la température de 300°C
sans difficulté, mais le chauffe-ballon utilisé ne disposait pas d’un agitateur magnétique. La
dernière solution a été d’utiliser une platine chauffante disposant d’un agitateur magnétique
supportant un cristallisoir de faible diamètre rempli d’une faible quantité d’huile.
2.3.2 Résultats de la synthèse.
Les premiers résultats de synthèse nous ont fourni deux type de nanoparticules : des
nanoparticules de taille homogène, et des nanoparticules de distribution de taille très large
(Figure 2-14). Ces résultats traduisaient un manque de reproductibilité des synthèses. Parmi
les nombreuses espèces synthétisées : FePt, FePd, FeNi, Fe2CoO4, Fe2Gd, FexO1-x+Pd ou Pt,
nous nous sommes concentrés sur FePt, FePd, FexO1-x+Pd et Fe2CoO4, une ferrite de cobalt.
Figure 2-14. Échantillon de Fe50Pt50-10nm présentant une distribution en taille trop importante. Le diagramme de diffraction montre la présence d’un oxyde de fer cristallin
60
2.3.2.1 Le cas des ferrites de cobalt
Nous avons synthétisé des ferrites de cobalt en reprenant le même protocole expérimental
hormis le fait que la synthèse se soit effectuée sous air84. Les ferrites de cobalt ainsi obtenues
ont une distribution en taille assez étroite, et présentent une phase cristalline bien définie84.
Figure 2-15. Images MET des nanoparticules de ferrite de cobalt, et diffraction électronique montrant une
structure caractéristique d’une ferrite. D’après Bhattacharyya et al.84
2.3.2.2 Nanoparticules de FePt
Plusieurs synthèses de nanoparticules de type FePt ont été réalisées avec succès. Nous nous
intéresserons à l’échantillon Fe57Pt43-2nm (Figure 2-16).
Figure 2-16. Image MET de nanoparticules de Fe57Pt43-2nm. Le diagramme de diffraction ne montre pas de pics de diffraction d’oxyde de fer : on en déduit que la structure est probablement métallique, mais désordonnée car
les anneaux sont diffus.
Lors de l’évaluation de la distribution en taille des nanoparticules, nous mesurons pour
chaque particule une taille maximale et une taille minimale, afin de prendre en compte
l’erreur faite lors de la mesure. La distribution est déterminée grâce à l’ajustement d’une loi
lognormale (Figure 2-17) sur la statistique mesurée85.
61
( ) =
22
ln
2
1exp
2
2exp
μ
μ
d
dn (2-1)
( )dn est l’amplitude de la densité en fonction du diamètre d, μ est la valeur la plus probable
et est la dispersion de la courbe (Tableau 2-4).
Figure 2-17. Évaluation du diamètre moyen et de la distribution en taille à partir d’une loi lognormale
μ
moyenne 2,12 0,18 min 1,98 0,2 max 2,3 0,15
Tableau 2-4. Paramètres de la distribution de taille des nanoparticules de Fe57Pt43-2nm.
L’analyse par EDX donne une composition relative de 57% en fer et 43% en platine.
2.3.2.3 Nanoparticules de FePd
Sur les nombreux essais de synthèse de nanoparticules de FePd qui ont été réalisés, un seul a
produit des nanoparticules non oxydées. L’échantillon est nommé Fe40Pd60-5nm. Les
nanoparticules ont une distribution de taille bimodale (figures 2-18 et 2-19, tableau 2-5).
62
Figure 2-18. Échantillon Fe40Pd60-5nm : image MET et cliché de diffraction. On remarque la coexistence de deux tailles de nanoparticules.
Figure 2-19. Évaluation de la distribution de taille des nanoparticules Fe40Pd60-5nm. On remarque la distribution bimodale des nanoparticules.
μ
moyenne 4,97 0,31
petites 3,61 0,28
grosses 6,97 0,17
Tableau 2-5. Paramètres de la distribution de taille bimodale des nanoparticules Fe40Pd60-5nm
L’analyse par EDX donne une composition relative de 40% en fer et 60% en palladium.
63
2.3.2.4 Nanoparticules de FexO1-x+Pd, FexO1-x+Pt
Parallèlement aux synthèses de nanoparticules de type FePt ou FePd, nous avons essayé de
synthétiser des nanoparticules de Fe3Pt et Fe3Pd. Il s’est avéré que les synthèses produisaient
des nanoparticules de forme et de taille homogène, dont la structure présente des pics
cristallins caractéristiques d’un oxyde de fer de type Fe3O4.
Figure 2-20. Echantillon de FexO1-x+Pd-5nm
Le palladium, tout comme le platine n’est pas miscible dans l’oxyde de fer. Ainsi, s’il se
forme un oxyde, on devrait voir apparaître une séparation de phases. D’un coté, l’alliage fer-
palladium s’appauvrit en fer, de l’autre l’oxyde de fer se forme. Plusieurs références font état
de la formation d’une structure de type cœur coquille55,56.
2.3.3 Recuits
Plusieurs types de recuits ont été réalisés, avec à chaque fois le mélange d’un gaz inerte (azote
ou argon) et d’un gaz réducteur, l’hydrogène. Durant le palier à haute température, il est
possible d’injecter une faible quantité d’acétylène afin de produire un dépôt de carbone
catalytique, pouvant prendre la forme de nanofibres74, comme effectué lors de la synthèse
physique par plasma.
Le problème majeur qui apparaît lors du recuit est la coalescence des nanoparticules. Or
contrairement à une synthèse sur substrat, le fait de disposer d’une solution colloïdale permet
d’utiliser comme support pour le recuit un solide à haute surface spécifique. Nous avons ainsi
64
utilisé trois types de solides divisés : une poudre d’Al2O3, une poudre de SnO2 (Figure 2-21) et
une poudre de NaCl.
La poudre d’alumine, de par sa faible masse moléculaire, est une candidate idéale pour toutes
les études mettant en jeu l’absorption des rayons X.
Figure 2-21. Différence de taille des cristallites de la poudre substrat. À gauche, Al2O3 saturée de nanoparticules de Fe3Pt ; à droite, SnO2 imprégnée d’une faible quantité de nanoparticules de FePd qui sont
indécelables.
La poudre de SnO2 est très pure, et présente une ligne de base plate sur les spectres de
résonance paramagnétique électronique entre 4 et 1000 K. Elle est donc bien indiquée pour les
mesures de résonance ferromagnétique. Par contre, la forte masse atomique de l’atome d’étain
ne fait pas du SnO2 un bon candidat pour les caractérisations EXAFS.
La poudre de NaCl, quant à elle, donne peu de pics de diffraction du fait de sa structure
cubique face centrée. Elle est en outre soluble dans l’eau, ce qui permet de récupérer les
nanoparticules après recuit pour les observer par microscopie électronique86.
Quatre types de recuits ont été réalisées ex situ, et les caractérisations par EXAFS et
résonance ferromagnétique ont été accompagnées de recuits in situ :
1. Recuit de grilles de microscopie électronique à 300°C sous un mélange d’argon 95% et
d’hydrogène 5% ;
2. Recuit dans une matrice de NaCl à 250°C et 600°C sous argon et hydrogène dans les
mêmes proportions ;
3. Recuit dans une matrice de NaCl à 600°C sous argon et acétylène en proportion
volumique de 1 pour 1 ;
4. Recuit dans une matrice de NaCl de 200°C à 600°C par paliers de 100°C, sous argon et
hydrogène en proportions 95% / 5%.
La durée des recuits a été de 15 minutes à la température de consigne, atteinte en suivant une
rampe de 5°C.min-1 pour le premier recuit et de 10°C.min-1 pour les autres.
65
Le mélange nanoparticules-NaCl est dissous dans l’eau et centrifugé afin de ne recueillir que
les nanoparticules. L’opération est répétée une à trois fois afin d’éliminer la présence
résiduelle du substrat de NaCl.
2.3.3.1 Fe40Pd60-5nm
Les recuits 1 et 4 ont été appliqués sur les nanoparticules de Fe40Pd60-5nm.
Figure 2-22. Recuit de l’échantillon Fe40Pd60-5nm à 300°C : faible coalescence, et apparition de plans cristallins en image haute résolution.
Le recuit sur grille de microscopie montre une répartition en taille similaire à celle observée
avant recuit. Il est cependant possible de faire des images haute résolution, ce qui ne l’était
pas avant recuit, et traduit donc un meilleur ordre cristallin, confirmé par la diffraction
électronique.
Figure 2-23 : Fe40Pd60-5nm recuit à 200°C dans NaCl. On remarque que tout le NaCl n’a pas été enlevé par lixiviation.
66
Figure 2-24. Fe40Pd60-5nm recuit à 300°C dans NaCl. On observe une augmentation de la cristallinité
Figure 2-25 : Fe40Pd60-5nm recuit à 200°C dans NaCl. La cristallinité est encore meilleure, laissant apparaître davantage d’anneaux de diffraction en comparaison de la Figure 2-24
L’étude du recuit de Fe40Pd60-5nm montre une augmentation de la taille des cristallites et de la
cristallinité, mais nous n’avons pas observé la phase L10.
2.3.3.2 Fe57Pt43-2nm
Les recuits 2 et 3 ont été appliqués à l’échantillon Fe57Pt43-2nm. Le recuit 2 à 600°C des
nanoparticules de Fe57Pt43-2nm dans NaCl engendre une large dispersion en taille (Figure 2-
26), ainsi qu’une très bonne cristallinité. On observe notamment les pics de la structure
FePt L10.
67
Figure 2-26. Recuit de l’échantillon Fe57Pt43-2nm à 600°C dans le NaCl : forte coalescence des nanoparticules
Cette large distribution est due au fait que le chlorure de sodium que nous avons utilisé ne
possède pas assez de surface spécifique pour que les nanoparticules puissent être
suffisamment séparées les unes des autres.
Le recuit 3 a comme objectif la croissance d’une couche de carbone protégeant les
nanoparticules contre l’oxydation. Le temps de présence de l’acétylène a été de 15 minutes,
permettant ainsi à la réaction catalytique de s’opérer et de produire des nanofilaments de
carbone.
Figure 2-27. Nanoparticule de FePt, entourée d’un nanofilament de carbone. C’est la nanoparticule qui induit la synthèse de ce nanofilament par réaction catalytique avec l’acétylène.
68
Le recuit induit une augmentation de la taille des nanoparticules qui atteint environ 10 nm.
Sur la Figure 2-27, on peut observer une nanoparticule bien organisée, entourée de plans
graphitiques.
2.4 Conclusion
Chaque mode de synthèse possède ses avantages et ses inconvénients. Toutes ces synthèses
ont l’inconvénient de produire essentiellement des nanoparticules ou des nanostructures
oxydées. La synthèse par voie physique a comme principal défaut de ne pas produire
facilement des dépôts homogènes. Dans le cas de la synthèse par voie chimique, on peut
obtenir des particules homogènes en taille. Les particules sont davantage sphériques dans le
cas de la synthèse chimique. Enfin, la quantité de nanoparticules synthétisées est plus
importante par voie chimique que par voie physique. Pour notre étude, la synthèse par voie
chimique est donc plus adaptée.
La synthèse par pulvérisation par plasma a produit des dépôts fortement hétérogènes, dont la
structure témoigne d’une croissance de type STRANSKI-KRASTANOV, avec une couche
d’oxyde de fer supportant des nanoparticules de platine.
Pour ce qui est des nanoparticules obtenues par voie chimique, si l’on se limite aux
observations faites par microscopie électronique, certaines synthèses semblent donner des
particules métalliques, et d’autres, des particules formées d’oxyde de fer cristallin. Cet oxyde
de fer formerait une coquille, alors que le cœur serait constitué d’un alliage riche en platine ou
en palladium. L’oxydation durant la synthèse a été mise à profit pour produire des
nanoparticules de ferrite de cobalt.
Le recuit permet d’améliorer l’ordre cristallin des nanoparticules métalliques et d’obtenir la
phase L10.
Dans la suite de notre étude, nous allons nous concentrer sur les quelques échantillons
présentés dans le tableau 2-6, avant et après recuit :
Échantillon taille moyenne (nm) % Fe % Pd Trecuit °C gaz substrat
Fe57Pt43-2nm 2,1 57 43 “ “ “ “ 250 Ar+H2 NaCl “ “ “ “ 600 Ar+H2 NaCl “ “ “ “ 600 Ar+H2+C2H2 NaCl
Fe40Pd60-5nm 5 40 60 “ “ “ “ 300 Ar+H2 carbone amorphe “ “ “ “ 200 Ar+H2 NaCl “ “ “ “ 300 Ar+H2 NaCl “ “ “ “ 400 Ar+H2 NaCl “ “ “ “ 500 Ar+H2 NaCl “ “ “ “ 600 Ar+H2 NaCl
FexO1-x+Pd-5nm 4 30 70
Tableau 2-6. Les différents échantillons utilisés dans la suite de l’étude
3
Chapitre 3
Caractérisations structurales
71
3.1 Introduction
Ce chapitre a pour but de résumer les différentes études structurales des nanoparticules que
nous avons synthétisées.
Les caractérisations chimiques et structurales de nanoparticules reposent sur une
multiplication des techniques utilisées, afin de recouper au maximum les informations
obtenues. Comme nous l’avons vu brièvement (cf 1.3.2), les propriétés structurales peuvent
être amenées à changer selon la taille des nanoparticules. Ainsi, à la difficulté de détection se
rajoutent les précautions qu’il faut prendre lorsque l’on compare les mesures effectuées aux
propriétés données pour un matériau massif. Enfin, les nanoparticules bimétalliques à base de
fer sont susceptibles de s’oxyder comme nous avons pu l’observer après la synthèse. Ainsi,
déterminer l’importance de la phase oxydée est capital pour l’étude des propriétés
magnétiques.
Pour cette étude, nous avons choisi de nous concentrer sur des techniques expérimentales les
plus couramment utilisées pour la caractérisation des nanoparticules, c’est-à-dire la diffraction
des rayons X, la diffraction électronique et l’absorption des rayons.
Dans un premier temps, après avoir introduit les notions indispensables à notre argumentation
relatives à la compréhension du phénomène de diffraction, nous nous attarderons sur les
résultats obtenus ainsi que les limitations de cette technique. Enfin nous aborderons la
technique de spectroscopie d’absorption des rayons X, avec analyse de la structure fine
(EXAFS).
3.2 Les caractérisations par diffraction.
3.2.1 Généralités
Le phénomène de diffusion élastique est un phénomène d’absorption-émission d’une onde par
des atomes. Cette onde peut être de nature électromagnétique comme dans le cas des rayons
X, ou bien être l’onde de probabilité de présence associée à une particule quantique comme
dans le cas de la diffraction électronique. Les ondes émises sont sphériques avec pour centre
l’atome diffuseur. En présence de deux atomes diffuseurs, il peut y avoir interférence entre les
ondes émises, soit constructive, soit destructive selon leur déphasage. Celui-ci dépend de la
direction de l’onde excitatrice, de la distance entre les atomes, de la direction selon laquelle
on regarde, de la nature des atomes, et de la longueur d’onde. Si la longueur d’onde est plus
large que la distance entre les deux atomes, il ne peut pas y avoir interférence constructive ou
destructive.
72
Le phénomène de diffraction apparaît comme un cas particulier de la diffusion par un
ensemble d’atomes : lorsque les positions atomiques sont corrélées, comme c’est le cas dans
un cristal, on observe alors l’apparition de directions de l’espace relatives à la direction de
l’onde incidente selon lesquelles les ondes émises par les atomes sont en phase, elles
interfèrent de manière constructive. C’est le phénomène de la diffraction.
Figure 3-1. Condition de diffraction de Bragg
À partir de la Figure 3-1, on déduit la loi de Bragg à partir du calcul de la différence de
chemin optique :
nd =sin2 (3-1)
d , la distance interréticulaire et , l’angle de diffraction, sont définis sur la figure 3-1. est
la longueur d’onde de l’onde incidente.
La loi de Bragg est la loi fondamentale de la diffraction. La présence d’un pic de diffraction à
un certain angle permet d’en déduire une distance entre deux plans atomiques. Cependant, il
existe un grand nombre de plans atomiques différents dans un cristal, et il y aurait donc a
priori un très grand nombre de pics de diffraction. En fait, il n’en est rien, pour plusieurs
raisons que nous allons voir.
L’intensité est directement dépendante de la nature des atomes présents dans les plans
cristallins diffractants ainsi que de leurs positions relatives par rapport à un nœud de la maille
cristalline. Chaque atome apporte un déphasage à l’onde diffusée qui lui est propre, auquel se
rajoute un déphasage de par sa position au sein de la maille cristalline. À chaque atome est
associé un pouvoir diffusant, et à chaque maille cristalline est associé un facteur de structure
F K( ) tel que :
F K( ) = f r( )exp 2i rK( ).dVmaille
(3-2)
r est la coordonnée d’un atome dans la maille, ( )rf est le facteur diffusant associé à chaque
atome de la maille et le vecteur d’onde K est donné par la formule ci-dessous :
73
if kkK = (3-3)
où ik et fk sont les vecteurs d’ondes de l’onde incidente et diffusée. K dépend de l’angle
entre le vecteur d’onde incident et transmis. Ainsi, si l’on veut déterminer le diffractogramme
d’une espèce chimique donnée, il est nécessaire de calculer la fonction F K( ) pour tous les
K .
Le facteur de structure peut être nul pour certaines conditions de Bragg. C’est par exemple le
cas des réseaux cubiques faces centrées monoatomiques tel que l’or, qui ne peuvent pas
présenter de pics relatifs aux directions [100] et [110]. Le premier pic qui apparaît est donc le
pic [111].
En condition de Bragg, K est égal à l’inverse de la distance entre deux plans. Ainsi, pour
calculer le diffractogramme, on peut considérablement limiter l’intégrale en ne considérant
que les directions effectivement autorisées par la loi de Bragg. Si l’on effectue une
transformée de Fourier du réseau cristallin direct, on obtient un réseau réciproque constitué de
nœuds représentant les mailles cristallines élémentaires. Les conditions de diffraction
reviennent à considérer que le vecteur K pointe sur l’un de ces nœuds.
Il existe un autre facteur qui va influencer l’intensité d’un pic dans une orientation donnée. Il
s’agit du facteur de forme. Il résulte de la forme des cristallites diffusantes. Il peut être écrit
de cette manière :
L K( ) = exp 2i r.K( )cristal
(3-4)
Dans le cas d’un cristal infini, la zone diffusante est aussi infinie, et deux ondes diffusées
situées à l’infini l’une de l’autre vont interférer. L’angle selon lequel on observe un pic de
diffraction est très précis, et la largeur du pic ne dépendra que de la largeur angulaire
intrinsèque du faisceau incident. À l’inverse, si les cristallites sont très petites, les ondes
diffusées sont très proches les unes des autres, et les conditions d’interférence sont moins
contraignantes : les pics s’élargissent. La variation de la largeur des pics en fonction de la
taille des cristallites est donnée par la formule de Scherrer :
cos.
.1
kH = (3-5)
où H1 est la largeur angulaire à mi-hauteur en radians du pic à l’angle associé à une
cristallite. k est un facteur est égal à 0,89, est la longueur d’onde et est la taille moyenne
des cristallites (voir Figure 3-2).
74
Figure 3-2. Évolution de la largeur de raie avec la taille des cristallites selon la formule de Scherrer, pour la longueur d’onde MoK à 0,7107Å. Plus la raie est large, plus l’intensité est faible; seule l’aire est conservée. Il
est ainsi plus difficile de détecter la diffraction par les petites particules.
Il est ainsi possible de déterminer la taille de nanoparticules cristallines à partir de la largeur
des pics de diffraction.
Connaissant les lois régissant le phénomène de diffraction, il est possible de calculer les
intensités des pics de diffractions à partir de la connaissance des positions atomiques dans une
cristallite :
I K( ) = I0 F K( ) L K( )( ).L.P (3-6)
I0 est l’intensité incidente, L et P sont respectivement des facteurs de Lorentz et de
polarisations dépendant de l’angle d’incidence87.
Pour réaliser de tels calculs, nous avons utilisé le programme DISCUS88,89. Ce programme
permet notamment de calculer l’intensité et largeur des pics que ce soit en calculant selon
toutes les directions du réseau réciproque, ou en se limitant uniquement au calcul selon les
directions principales du réseau réciproque.
3.2.2 Diffraction des rayons X
Cette technique est la plus performante et la plus facile à mettre en œuvre pour déterminer la
structure cristalline d’un matériau macroscopique. Nous nous limiterons à la diffraction de
poudres puisque les particules sont orientées aléatoirement. Les rayons X diffractés prennent
dans ce cas la forme de cônes de diffraction ayant pour centre l’échantillon. Par projection sur
un plan, on obtient des cercles concentriques dont le diamètre est proportionnel aux angles de
diffraction. La diffraction des rayons X a été utilisée dans ce travail pour déterminer les
structures des nanoparticules obtenues par voie chimique, que ce soit après la synthèse ou
75
après le recuit. Nous avons utilisé un diffractomètre de rayons X avec une source de
molybdène et un détecteur par ionisation. L’avantage d’une source molybdène est d’avoir une
petite longueur d’onde qui permet d’atténuer l’effet de la petite taille des nanoparticules sur la
largeur des pics.
Les rayons X sont produits par l’excitation de la raie K du molybdène et possèdent une
longueur d’onde de 0,7093 Å. Les raies satellites sont très proches de la raie principale et
nous les considérons confondues avec la raie K . Ce rayonnement est produit par
bombardement d’une anode en molybdène : une cathode de tungstène est chauffée et soumise
à un fort potentiel électrique (de l’ordre de 30 kV) grâce à une anode en molybdène. Cette
anode est bombardée par des électrons (courant de 30 mA) et produit deux types de
rayonnement. Un rayonnement de freinage des électrons, et un rayonnement provenant de la
fluorescence des atomes de molybdène. Un filtre est utilisé pour permettre de ne sélectionner
que cette longueur d’onde. Les rayons X ainsi produits par la source sont mis en forme par un
collimateur qui permet au faisceau de rayons X d’avoir une forme rectangulaire d’angle solide
désiré. Une fois collimaté, le faisceau a une largeur à mi-hauteur de 0,1312° dans le plan du
détecteur.
Lors de la mesure de la largeur du pic de diffraction, il est important de tenir compte du fait
que ce pic est en fait la résultante d’une convolution entre la géométrie angulaire du faisceau
incident et le pic qui serait produit par le faisceau incident équivalent à une impulsion Dirac.
Considérant la largeur à mi-hauteur intrinsèque du faisceau incident, si l’on applique la
formule de Scherrer à 0° au pic correspondant au faisceau incident, on trouve une taille de
cristallite hypothétique de 12 nm. Cela signifie que pour des particules de 12 nm et plus, c’est
la largeur du faisceau incident qui est prépondérante dans la largeur à mi-hauteur des pics de
diffraction observés.
Le porte-échantillon est placé au centre du dispositif expérimental. Il est ajusté de manière à
ce que le faisceau de rayons X passe entièrement dans l’échantillon à mesurer. Un morceau de
plomb est placé derrière le capillaire afin d’absorber le faisceau direct. C’est le « beam-stop ».
Un détecteur de la forme d’un arc de cercle couvrant 120° est placé dans le plan horizontal
derrière l’échantillon et le beam-stop. Ce détecteur fonctionne selon le principe d’ionisation
d’un gaz d’azote: Lorsqu’un photon vient interagir avec le gaz, apparaît alors un électron et
un ion. Aux extrémités du détecteur se trouvent une anode et une cathode. Chacune de ces
électrodes va détecter la charge positive ou négative à un instant donné. La différence de
temps entre les deux détections permet de déduire l’emplacement de l’évènement “ionisation”
dans le détecteur. Il est ainsi possible de remonter à l’angle que forme les faisceaux diffractés
par rapport au faisceau incident. Une prise de mesure de diffraction des rayons X dure au
minimum 24 heures.
76
Par évaporation du solvant de la suspension colloïdale, nous obtenons une poudre qui est
introduite dans un capillaire en verre. Ce type de préparation a le défaut d’exposer les
nanoparticules directement à l’air, ce qui risque de les oxyder1. Par ailleurs, les quantités de
nanoparticules nécessaires sont relativement importantes par rapport à la quantité disponible
après une synthèse.
L’autre solution est d’utiliser un matériau divisé comme substrat pour les nanoparticules.
Nous avons essayé plusieurs substrats : SnO2, Al2O3 et NaCl.
Figure 3-3. DRX du substrat de Al2O3 avant et après recuit sous air.
La diffraction de la poudre d’Al2O3 utilisée est représentée Figure 3-3. On remarque qu’elle
n’est pas stable durant le recuit. L’analyse des pics par rapport aux données bibliographiques
montre que cette poudre est un mélange d’Al2O3 en phase et , et d’une alumine
hydroxydée qui disparaît lors du recuit90,91. On peut notamment remarquer que la largeur du
pic principal est assez importante, ce qui pourrait signifier que la taille des cristallites est plus
petite que la taille maximale observable de 12 nm via la formule de Scherrer. En mesurant la
largeur du pic principal, on trouve une taille moyenne des cristallites de 8 nm, en désaccord
avec l’observation en microscopie électronique. Soit les grains sont formés d’un assemblage
de plusieurs cristallites, soit un désordre structural entraîne un élargissement des pics. Un tel
désordre peut notamment être responsable de la zone de diffusion située entre 7 et 23°.
77
Figure 3-4. Diffractogramme du SnO2 avant et après recuit
Le SnO2 présente une cristallinité bien meilleure que l’Al2O3, ainsi qu’une invariance de la
structure après recuit. Cependant il présente l’inconvénient de produire des pics de diffraction
proches des positions théoriques de nos particules. Par ailleurs, l’étain ayant un numéro
atomique élevé absorbe davantage les rayons X que les autres substrats.
Figure 3-5. Diffraction du substrat de NaCl.
La poudre de NaCl a été choisie pour l’absence de pics dans la zone d’intérêt située autour de
18°, où est sensé sortir le pic le plus intense des phases FePt ou FePd. En outre, NaCl est
soluble dans l’eau. Il devient ainsi possible d’éliminer le substrat afin d’observer les
nanoparticules par microscopie électronique après recuit.
3.2.3 La diffraction électronique
Le principe physique est le même que pour la diffraction de rayons X si ce n’est que les ondes
utilisées sont les ondes de probabilité de présence des électrons. L’énergie des électrons est de
l’ordre de 200 keV, soit une longueur d’onde associée de 2,5 pm. Ainsi les conditions de
diffraction sont très différentes puisque la longueur d’onde électronique est 30 fois plus petite
78
que celle des rayons X. En outre, la section efficace de diffusion pour une onde électronique
est bien plus importante que pour des rayons X. Ainsi, les intensités diffractées sont telles que
l’on peut les observer sans qu’il y ait nécessité d’accumuler les données comme dans le cas
des rayons X en laboratoire. La faible longueur d’onde implique que les motifs de diffraction
dévient peu de l’axe optique, ce qui permet ainsi d’observer davantage de pics de diffraction
sur le plan image. Dans le cadre d’une diffraction d’un échantillon sous forme d’une poudre,
le résultat est toutefois très similaire à celui d’une diffraction de rayons X. On retiendra que la
résolution angulaire d’une diffraction électronique est par contre en deçà de celle produite par
des rayons X. L’avantage du microscope électronique est de sélectionner des zones très
localisées que l’on souhaite faire diffracter.
La détermination des angles de diffraction est faite grâce à l’utilisation d’un étalon d’or dont
la diffraction est prise à la même longueur de caméra que l’échantillon, et dont le motif de
diffraction est connu.
Pour mesurer précisément les positions des raies de diffraction, nous utilisons un traitement
d’image qui consiste à reporter toutes les taches de diffraction dans une même direction, et de
tracer le profil d’intensité lumineuse selon cette direction.
Figure 3-6. Diffractogramme électronique du Fe40Pd60-5nm et agrandissement d’un profil de diffraction électronique le long d’une ligne horizontale
Figure 3-7. Profil de diffraction électronique de l’échantillon Fe40Pd60-5nm non recuit tracé à partir des niveaux de gris. L’abscisse représente les distances mesurées sur le film photographique
79
3.2.4 Traitement des données
À partir du paramètre de maille et des indices de Miller h, k et l, il est possible de calculer les
distances interréticulaires dhkl. En formulant l’hypothèse de la structure cristalline de nos
particules, il est alors possible d’ajuster les paramètres cristallins afin que les distances
interéticulaires calculées soient ajustées au plus près des distances théoriques. Notre méthode
de convergence est la méthode des moindres carrés.
Parallèlement, il est possible de déterminer la taille moyenne des cristallites grâce à la
formule de Scherrer. Pour cela, nous mesurons la largeur à mi-hauteur des pics en y ajustant
une gaussienne.
Une fois les paramètres déterminés, un calcul numérique est effectué par le programme
DISCUS, qui permet de tracer une courbe de diffraction théorique. Le modèle utilisé pour le
calcul est un cristal de taille comparable à celle déterminée par la formule de Scherrer. Ce
type de calcul peut être assez long (plusieurs jours) dans le cas de cristallites assez grosses, et
dans le cas où l’on calcule la diffusion totale du cristal. La courbe théorique est ensuite
comparée à la courbe expérimentale.
3.2.5 Mesures réalisées
3.2.5.1 Échantillons non recuits
Les diffractogrammes des échantillons synthétisés non recuits montrent avant tout des pics
assez larges que l’on peut associer à une taille de cristallites assez faible, que ce soit par
diffraction des rayon X ou par diffraction électronique. Les échantillons non recuits présentent
un pic assez large sortant à 10,5°, attribué au surfactant utilisé lors de la synthèse52.
3.2.5.1.1 Echantillon Fe40Pd60-5nm non recuit La structure du Fe40Pd60-5nm non recuit est la structure la mieux définie observée après
synthèse. Il est possible d’évaluer précisément la position des pics.
80
Figure 3-8. Diffractogramme de l’échantillon Fe40Pd60-5nm et diffractogrammes calculés pour la phase A1 à
partir du paramètre de maille déterminé expérimentalement, et la phase FePd L10 théorique.
La structure cristalline correspond à une maille cubique faces centrées composée d’atomes
identiques, ce qui signifie que les atomes de fer et de palladium n’ont pas de sites
préférentiels dans la maille cristalline, et nous permet de conclure que l’on a une phase A1
avec un paramètre de maille de 3,94 Å.
FePd A1 a : 3,943 Å
2 ° dhkl Å dhkl th Å err h k l
17,92 2,277 2,276 0,001 1 1 1
20,56 1,987 1,972 0,016 2 0 0
29,67 1,385 1,394 0,009 2 2 0
34,74 1,188 1,189 0,001 3 1 1
36,55 1,131 1,138 0,007 2 2 2
Tableau 3-1. Différence entre les distances interréticulaires calculées et expérimentales pour une phase A1 de paramètre de maille donné.
L’application de la formule de Scherrer sur chaque pic de diffraction permet d’évaluer la taille
moyenne des cristallites. Nous effectuons la moyenne des diamètres donnés par la formule sur
chaque pic bien défini. Nous trouvons ainsi un diamètre de 2,25 nm, ce qui est nettement
inférieur aux diamètres de 4,5 nm observés par microscopie électronique.
A titre de comparaison, sur la Figure 3-8 nous avons placé les calculs numériques effectués
avec une cristallite diffractante de 6x6x6 mailles élémentaires de paramètre 3,943 Å, soit un
cube de 2,3 nm de côté. Si l’on compare les intensités calculées aux intensités mesurées, on
constate que les largeurs à mi-hauteur des pics [111] sont similaires, mais que les intensités
maximales des autres pics théoriques sont supérieures aux intensités expérimentales. Nous
associons ces différences au fait que les nanoparticules ont une structure présentant un
81
désordre cristallin assez conséquent ayant pour résultat la diminution de l’intensité des pics de
faibles distances interréticulaires, traduisant d’une absence de corrélation entre les atomes
relativement éloignés. Cet argument est confirmé par une étude plus détaillée des largeurs de
raies comme présenté sur la Figure 3-9. Plus on a un dhkl faible, plus le désordre est important,
et plus les pics sont élargis. Or les pics s’élargissent effectivement si l’on va vers les faibles
dhkl. Thomson et al ont montré la différence de diamètre pour des nanoparticules de FePt
produit par la synthèse de Sun et al, selon que l’on les observe par diffusion de neutrons aux
petits angles, ou par diffraction des rayons X92.
Figure 3-9. Évolution des largeurs de raies en fonction des distances interréticulaires: mise en évidence du désordre cristallin.
Figure 3-10. Comparaison des résultats obtenus par diffraction des rayons X et par diffraction électronique, et calcul d’une structure de Fe40Pd60-5nm de 6x6x6 mailles.
Ce désordre structural peut provenir d’une oxydation partielle des nanoparticules. On peut
aussi imaginer une structure de type cœur-coquille92 : un cœur constitué d’une structure
82
cristalline d’un alliage bimétallique en phase A1 entouré d’une coquille en oxyde de fer
amorphe.
3.2.5.1.2 Structure de l’échantillon Fe57Pt43-2nm La taille des particules étant plus petite que dans le cas du Fe40Pd60-5nm, on s’attend à voir des
pics plus larges. Nous avons mesuré la diffraction électronique et la diffraction des rayons X.
Figure 3-11. DRX du Fe57Pt43-2nm et modèles pour deux tailles de cristallites.
83
Figure 3-12. Diffraction électronique du Fe57Pt43-2nm et modèles calculés à partir de la position du pic principal pour deux tailles de cristallites, ainsi que la DRX correspondante
La Figure 3-12 montre un bon accord entre diffraction électronique et diffraction des rayons
X. La structure est difficile à résoudre du fait de la présence d’un seul pic bien défini. Il est
toutefois possible d’évaluer une taille des cristallites à partir de sa largeur à mi-hauteur grâce
à la formule de Scherrer : 1,3 nm. En se reportant à l’image MET de ces nanoparticules, on
observe une taille de celle-ci égale à 2,25 nm en moyenne. Comme pour le Fe40Pd60-5nm,
deux possibilités s’offrent à nous. Soit les cristallites diffractantes sont plus petites que le
diamètre donné par la microscopie électronique, soit elles ont la bonne taille, mais possèdent
un désordre cristallin. Nous avons tracé sur la Figure 3-11 le spectre modèle calculé pour
deux cristallites différentes, de 3x3x3 mailles et de 6x6x6 mailles. Si une maille de 3x3x3
donne un profil où les pics se chevauchent, on remarque cependant que les pics secondaires
sont assez intenses par rapport au pic principal. Il n’en est pas de même pour une cristallite
6x6x6 ou l’intensité est plus faible. Un tel désordre peut aussi expliquer l’élargissement de la
raie principale.
FePt A1 a= 3,821 Å
2 dhkl Å dhkl calc Å err h k l
18,50 2,206 2,206 0,000 1 1 1
Tableau 3-2. Evaluation de la structure de l’échantillon Fe57Pt43-2nm. La structure semble être une phase cubique de paramètre de maille équivalent à celui d’une structure de type FePtA1
84
3.2.5.2 Recuits.
Différents recuits ont été réalisés à différentes températures. Les échantillons recuits sont le
Fe57Pt43-2nm et le Fe40Pd60-5nm. Le recuit induit plusieurs transformations structurales. La
première est l’augmentation de l’intensité des pics. La deuxième est l’augmentation de la
taille si l’on est en condition de coalescence. La troisième transformation consiste en un
éventuel changement de phase cristalline.
3.2.5.2.1 Fe57Pt43-2nm Trois types de recuits ont été réalisés pour Fe57Pt43-2nm : un recuit à 250°C et à 600°C sous
argon et hydrogène, et un recuit à 600°C sous argon et acétylène. Un substrat de NaCl réduit
en poudre a été utilisé comme support d’imprégnation.
Figure 3-13. Variation du spectre de diffraction des nanoparticules de Fe57Pt43-2nm. On peut remarquer une
augmentation importante des pics lors du recuit.
Le premier diffractogramme réalisé est celui des nanoparticules non recuites, afin de le
comparer à celui représenté Figure 3-11. On observe l’absence du pic [111]. Une telle
absence peut avoir plusieurs raisons. La première est que la quantité de matière serait trop
faible par rapport au NaCl. Ainsi, les rayons X seraient majoritairement diffusés par le
substrat. Alors que le recuit s’opère, on voit apparaître le pic [111]. Une analyse de la largeur
de ce pic nous montre qu’il est très fin, d’une largeur comparable à la largeur intrinsèque du
dispositif expérimental.
En prenant la gaussienne ajusté au pic [111] du recuit à 600°C et en prenant la largeur de raie
déterminée pour l’échantillon non recuit sans NaCl, on obtient la Figure 3-14 :
85
Figure 3-14. Comparaison entre la somme du diffractogramme de NaCl et de la gaussienne d’ajustement par
rapport à la courbe expérimentale et la même somme avec une gaussienne de largeur de raie déterminée par le diffractogramme Figure 3-11
Ainsi il est plausible que la largeur de la raie soit effectivement à l’origine de l’absence d’un
pic mesurable pour l’échantillon non recuit déposé dans NaCl. Intéressons-nous maintenant à
la largeur de raie proprement dite. Le fait que la largeur de raie soit de l’ordre de la largeur
intrinsèque signifie que les nanoparticules sont d’une taille minimale de 12 nm, ce qui
confirme les observations d’augmentation de la taille des nanoparticules faites par
microscopie. On remarque par ailleurs que seules sont observées les particules les plus
grosses par diffraction ; cela tient du fait que la masse des petites particules par rapport aux
grosses est négligeable.
Grâce à l’indexation des pics du recuit à 600°C, il est possible de déterminer la structure :
FePtL10 a : 3,852 c : 3,721
2 dhkl dhkl calc err h k l
10,94 3,720 3,721 0,001 0 0 1
18,57 2,198 2,198 0,000 1 1 1
21,22 1,926 1,926 0,000 2 0 0
26,68 1,537 1,536 0,001 1 1 2
30,78 1,336 1,362 0,026 2 2 0
Tableau 3-3. Détermination de la structure de l’échantillon Fe57Pt43-2nm recuit sous hydrogène et argon. On trouve une phase de type L10
La structure montre que l’on a une phase quadratique de paramètre cristallin a=3,852Å et
c=3,721Å. Ainsi, il s’est produit un changement de phase lors du recuit.
Nous avons aussi observé l’échantillon à 600°C par diffraction électronique.
86
Figure 3-15. Comparaison entre la diffraction électronique, la diffraction des rayons X et le modèle associé à la
diffraction des rayons X.
La cohérence entre le modèle, la diffraction des rayons X et la diffraction électronique est
assez bonne, hormis pour les pics [001] et [110] qui sortent à une position différente pour la
diffraction électronique. Par comparaison avec un spectre du Fe3O4, nous pouvons attribuer
ces pics à un oxyde de fer.
Figure 3-16. Comparaison entre la diffraction électronique et les modèles de FePt et Fe304
Ainsi, il semble que le processus d’obtention des nanoparticules en vue de la microscopie
induise l’apparition d’une couche d’oxyde suffisamment importante et bien organisée pour
87
être observable par diffraction électronique. La dissolution dans l’eau de l’ensemble
NaCl+nanoparticules provoque probablement une forte oxydation des nanoparticules.
3.2.5.2.2 Fe40Pd60-5nm Une série de recuits du Fe40Pd60-5nm à différentes températures a été effectuée. Comme pour
l’échantillon Fe57Pt43-2nm, le mélange Fe40Pd60-5nm+NaCl non recuit ne présente pas de pics
provenant des nanoparticules. Aucune observation des pics intenses tel que le pic [111] n’a pu
être faite. Nous attribuons cette absence à une trop faible quantité de matière présente dans
l’échantillon pour qu’elle puisse être détectée.
Figure 3-17. Diffraction de l’échantillon de Fe40Pd60-5nm +NaCl après différents recuits. On remarque une
absence des pics relatifs à la structure FePd, que ce soit la phase A1 ou L10.
Le recuit sur grille de microscopie effectué à 300°C montre, quant à lui, une évolution du
paramètre de maille.
88
Figure 3-18. Comparaison des modèles du Fe40Pd60-5nm massif et Fe40Pd60-5nm sans recuit au profil de
diffraction du Fe40Pd60-5nm recuit à 300°C
Nous constatons une diminution du paramètre de maille, qui tend vers le paramètre du FePd
A1 massif. Cette diminution peut être associée à une augmentation de la taille moyenne des
cristallites par rapport à l’échantillon non recuit (cf. Figure 2-18), et surtout à l’apparition
d’un meilleur ordre cristallin, influençant directement le paramètre de maille. Nous avons en
effet constaté l’apparition après recuit d’un contraste de diffraction permettant de visualiser
les plans atomiques en haute résolution, même sur les particules les plus petites (2-3nm).
Nous associons donc le paramètre de maille observé pour les particules non recuites à un
désordre cristallin, désordre qui disparaît avec un recuit à 300°C.
À 600°C, on s’attend à voir une structure de type L10. Or la diffraction électronique ne montre
qu’un mélange entre un oxyde, NaCl, et une phase qui est probablement un alliage très riche
en palladium de FePd. L’oxydation importante est associée au traitement de dissolution du
substrat dans l’eau.
89
Figure 3-19. Fe40Pd60-5nm recuit à 600°C. On remarque que les nanoparticules sont surtout composées d’oxyde
de fer, et on note aussi la présence de NaCl.
3.2.5.3 Échantillons oxydés
La mesure d’un échantillon apparemment oxydé nous apporte davantage d’information sur la
structure des nanoparticules. Nous avons analysé par diffraction des rayons X un échantillon
de composition FexO1-x+Pd qui s’est avéré oxydé.
Figure 3-20. Structure de particules de Fe70Pd30 oxydées. On peut remarquer que bien que participant à 30% du
spectre, le Fe3O4 est particulièrement visible.
90
L’analyse des pics montre qu’on a effectivement une structure de type Fe3O4. Cependant, tous
les pics ne sont pas indexés par cette structure, et qui plus est, il semble que ces pics aient une
largeur de raie plus importante que ceux de Fe3O4. L’analyse de ces pics montre qu’il s’agit
d’une structure cubique. Nous associons cette structure à FePd. Sur la Figure 3-20, la
comparaison entre l’expérience et un modèle théorique calculé à partir des largeurs de raies
mesurées et des paramètres de maille déterminés, où l’importance relative des deux espèces
est ajustée pour s’ajuster au maximum à l’expérience. Le bruit de fond est ajusté par une loi
linéaire.
2 Fwhm diamètre (nm) dhkl dhkl th h k l espèce a (Å)
13,7297 0,329 18,50 2,9671 2,967 2 2 0 Fe3O4 8,392
16,1016 0,419 12,73 2,5323 2,5303 3 1 1 Fe3O4 8,392
17,915 1,013 4,16 2,2778 2,2782 1 1 1 FePd 3,946
19,362 0,695 6,52 2,109 2,098 4 0 0 Fe3O4 8,392
20,5636 1,151 3,61 1,9869 1,973 2 0 0 FePd 3,946
23,9023 0,274 26,05 1,7126 1,713 4 2 2 Fe3O4 8,392
25,3838 0,41 13,34 1,6142 1,615 5 1 1 Fe3O4 8,392
27,7027 0,44 12,10 1,4814 1,4835 4 4 0 Fe3O4 8,392
29,4916 1,85 2,18 1,3933 1,3951 2 2 0 FePd 3,946
34,5682 1,566 2,64 1,1937 1,1898 3 1 1 FePd 3,946
Tableau 3-4 : Tableau récapitulatif des valeurs mesurées sur le Fe70Pd30 et la comparaison par rapport aux modèles théoriques du FePd et du Fe3O4 ajustés
L’échantillon FexO1-x+Pd-5nm présente quant à lui une structure de même type :
Figure 3-21. Diffractogramme par rayons X de l’échantillon Fe70Pd30-5nm On constate l’absence de pics provenant d’une structure métallique cubique face centrée.
91
3.2.6 Conclusion
Les études structurales menées par la diffraction des rayons X et par la diffraction
électronique montrent que les structures synthétisées ont une faible cristallinité qui se traduit
par une diminution anormale de l’intensité des pics pour les grandes longueurs de corrélation.
La largeur à mi-hauteur des pics de grande longueur de corrélation, comme le pic [111]
donnent des tailles de cristallites plus petites que celles observées par microscopie
électronique. Cette différence peut s’expliquer par une structure cœur-coquille, avec un cœur
métallique riche en platine ou en palladium, et une coquille formée d’un oxyde amorphe, et
donc indétectable par diffraction. Dans le cas de nanoparticules de FePt, les mesures après
recuit montrent l’apparition de la phase L10, ainsi qu’une coalescence responsable de la
diminution des largeurs de raies. Pour ce qui est du FePd, les recuits s’accompagnent d’une
augmentation de l’arrangement cristallin. La phase L10 n’a pu être détectée, car la quantité de
nanoparticules présentes dans le NaCl était trop faible pour être détectée en l’absence de
coalescence. Cette étude a par ailleurs montré l’importance des phases oxydées dans ces
nanoparticules. Le processus d’oxydation montre une tendance des nanoparticules à présenter
une séparation de phases. Cette démixtion peut prendre la forme d’une structure cœur-
coquille, d’après les observations par MET que nous avons réalisées lors de la synthèse.
3.3 L’absorption des rayons X
3.3.1 Introduction
La spectroscopie d'absorption des rayons X (XAS) est un des outils les plus puissants pour
l'étude des propriétés locale de la matière. Elle a connu un essor important grâce à l’utilisation
du rayonnement synchrotron. C’est une technique de spectroscopie qui permet de sonder
localement un matériau et de connaître autour d’un atome donné la nature, le nombre et les
positions des atomes voisins.
Afin de mesurer l’évolution de cet ordre local en fonction de la température, nous avons mis
en place un outil expérimental permettant de mesurer les spectres d’absorption in situ à basse
température (100K) suite à des recuits sous argon jusqu'à 1100K.
Le mécanisme prépondérant d'absorption des RX est l'ionisation ou effet photoélectrique. Les
électrons de cœur, appartenant aux couches K, L, M… sont ionisées par les rayons X si leur
énergie d’ionisation est inférieure à celle des rayons X. On mesure l’absorption à l’aide d’un
coefficient d’absorption μ. Si l’on augmente l’énergie des rayons X incidents jusqu'à l’énergie
de l’un de ces niveaux, il s’opère alors une soudaine augmentation de μ. C’est le seuil
92
d’absorption. Si on augmente encore l’énergie, s’en suit des oscillations du coefficient
d’absorption, comme présenté sur la Figure 3-22.
Figure 3-22. Principe de l’absorption des rayons X
On distingue deux zones de mesures différentes dans l’absorption des rayons X :
- Le XANES, pour X-ray Analysis of the Near Edge Structure, qui donne des
informations sur la nature des états vide au niveau de fermi, dépendant des atomes
voisins. On situe la plage en énergie du XANES entre -50eV et +50eV autour du seuil
d’absorption.
- L’EXAFS, ou Extended X-ray Absorption Fine Structure, littéralement structure fine
étendue de l’absorption des rayons X, repose sur le principe d’interférences d’ondes de
probabilités de présence d’électrons. Les interférences impliquent la notion de
distance entre deux sources, ou entre une source et son image. Les distances mises en
jeu ici sont les distances interatomiques. La plage en énergie de l’EXAFS commence à
environ 50eV au delà du seuil d’absorption, jusqu’à plus de 1000eV.
Les limites en énergies sont toutefois indicatives et sont celles communément utilisées. Nous
nous concentrerons uniquement sur l’EXAFS.
3.3.2 Description de l’EXAFS
3.3.2.1 Introduction à la théorie de l’EXAFS
Lorsqu’un électron se retrouve dans le continuum électronique au-delà du niveau de Fermi, il
est libre de se déplacer dans le solide. Les ondes de probabilités de présence de l’électron libre
se réfléchissent sur les atomes voisins, donnant lieu à des interférences entre les ondes de
probabilités de présence incidentes et réfléchies. Si les interférences sont destructives, la
93
probabilité de présence de l’électron excité est nulle. Cela signifie que la probabilité selon
laquelle l’électron existe au-delà de l’atome est nulle. L’électron ne pouvant pas sortir, il ne
peut pas absorber l’énergie du photon X, et l’onde n’est donc pas adsorbée. Si au contraire les
interférences sont constructives, l’électron a davantage de chance d’exister au delà de l’atome,
et l’absorption des rayons X incidents s’en trouve augmentée.
L’amplitude des oscillations du coefficient d’absorption dépend de la nature et du nombre de
voisins et la fréquence des oscillations dépend de la distance entre l’atome émetteur et l’atome
réflecteur, de l’énergie de l’électron excité ainsi que du déphasage qu’induisent les cortèges
électroniques de l’atome émetteur et réflecteur sur l’onde réfléchie. Ainsi, en faisant varier la
longueur d’onde, on va successivement passer d’un état de faible absorption à un état de forte
absorption. Les oscillations EXAFS sont caractérisées par la grandeur ( )E :
( )( ) ( )
( )E
EEE
0
0
μ
μμ= (3-7)
( )E0μ est le coefficient d’absorption de l’atome sans voisin. Il représente la ligne de base
autour de laquelle s’effectuent les oscillations EXAFS.
L’information contenue dans le signal EXAFS ne peut pas être exploitée directement ; elle
nécessite l’utilisation d’un modèle numérique établi à partir d’hypothèses, notamment sur les
phases susceptibles d’être présentes dans l’échantillon. Ce modèle est ensuite ajusté aux
données expérimentales.
Connaissant l’énergie d’absorption, il est possible d’exprimer le vecteur d’onde en fonction
de l’énergie :
( ))()(5123,0
8)Å( 02
02
1 eVEeVEh
EEmk
e== (3-8)
em est la masse de l’électron, et h est la constante de Planck.
Non sans certaines approximations, on peut calculer les oscillations du coefficient
d’absorption93. Dans le cas d’un matériau isotrope, au seuil K d’un élément considéré, les
oscillations EXAFS prennent cette forme :
( )( ) ( ) ( ) ( )( )++=
i
iii
k
R
k
i kkReekR
kfNSk
i
,22sin, 2
2
2
20
22
(3-9)
Où :
- 20S caractérise l’influence de la modification du saut d’absorption due aux processus
multiélectroniques94.
- iN est le nombre d’atomes présents dans la couche i.
94
- ( )kf , est le facteur d’amplitude de rétrodiffusion produit par un atome de la
couche i.
- iR est la distance entre les atomes appartenant à la couche i et l’atome absorbeur.
- 2 est le facteur de Debye Waller. Il traduit le fait que les atomes ont une position
plus ou moins bien définie dans un matériau, que ce soit à cause de la température ou
d’un désordre cristallin. Plus le désordre est grand, plus les oscillations EXAFS sont
atténuées.
- est la longueur du libre parcours moyen dans le matériau pour un électron d’une
énergie donnée.
- i est le déphasage dû aux couches électroniques des atomes composants la couche i.
- ( )Ki , est le déphasage produit par la rétrodiffusion
Les déphasages et amplitudes de rétrodiffusion peuvent être calculés pour un couple
adsorbeur-atome voisin donné. C’est notamment ce que fait le code FEFF, que nous
utiliserons dans cette étude.
3.3.2.2 L’EXAFS appliqué aux nanoparticules
Il existe plusieurs études portant sur la caractérisation de nanoparticules par EXAFS 3,95. En
effet, cette technique peut détecter sans trop de difficulté des atomes présents dans des
structures relativement petites, telles que les nanoparticules.
L’une des caractéristiques de l’EXAFS dans le cas des nanoparticules est que l’amplitude du
signal EXAFS est toujours moins grande que celle correspondant au même matériau
massif3, 95. Cette diminution provient du fait que les atomes de surface deviennent très
nombreux par rapport aux atomes de volume, ce qui se traduit par une diminution importante
du nombre de voisins, et donc de l’amplitude du coefficient d’absorption.
En première approximation, on peut considérer que le nombre moyen de voisins peut être
exprimé de la sorte :
( ) SSSca FNFNN += 1 avec ( )CS
S
SVV
VF
+= (3-10)
Où aN est le nombre de coordination observé, SN le nombre de voisins des atomes de
surface, SV est le volume des atomes de surface, cN est le nombre de voisins au cœur de la
nanoparticule, et cV est le volume des atomes de cœur. SF est la fraction volumique des
atomes de surface.
Si l’on considère les particules sphériques, il est possible d’exprimer le diamètre en fonction
du rapport entre la coordinance apparente et la coordinance du cœur96 :
95
c
a
N
N
RD =
12
3 (3-11)
Plus la nanoparticule est d’une taille importante, plus le rapport va tendre vers 1. Au-delà de
4 nm, les signaux sont comparables à ceux du matériau massif97.
3.3.3 Dispositif expérimental
3.3.3.1 Généralités
La mesure du coefficient d’absorption μ se fait en comparant l’intensité des rayons X
absorbés avec l’intensité des rayons X incidents. L’absorption est déterminée par une mesure
de l’intensité transmise, de la fluorescence, ou du courant généré suite à l’absorption dans le
cas d’un matériau conducteur.
L’objectif de ces mesures d’absorption étant de suivre l’évolution de la structure lors du recuit
tout en limitant la coalescence, nous avons choisi d’utiliser une poudre d’alumine dans
laquelle nous avons dispersé nos nanoparticules. Nous avons opté pour une mesure en
fluorescence. Le diamètre du capillaire est pris le plus petit possible de manière à limiter
l’auto-absorption de la fluorescence.
Nous avons choisi de faire les mesures d’absorption aux seuils du fer et du platine. Nous
avons du laisser de côté le seuil du palladium car un des éléments de l’optique utilisé est en
palladium.
Nous avons fait les mesures d’absorption par rayonnement synchrotron en collaboration avec
Klaus Attenkofer du groupe BESSRC de l’Advanced Photon Source à l’Argonne National
Laboratory, sur la ligne 11IDD. Le dispositif expérimental est présenté Figure 3-23.
Figure 3-23. Principe de fonctionnement du dispositif expérimental utilisé. Le rayonnement synchrotron arrive de la gauche.
Les mesures d’absorptions se font à une énergie donnée. Pour obtenir cette énergie, on utilise
deux éléments d’optique de rayons X : un monochromateur et un miroir. Le monochromateur
est constitué de deux plaques monocristallines pratiquement parallèles. Le monocristal utilisé
ici est en silicium. Le premier monocristal diffracte les rayons X incidents polychromatiques.
Les conditions de diffraction sont telles qu’un des faisceaux diffractés d’une énergie voulue
96
soit projeté vers le deuxième monocristal. Ce faisceau diffracté est en fait constitué d’une
énergie donnée et de ses harmoniques. C’est la légère désorientation du deuxième cristal qui
permet de couper l’essentiel des harmoniques. Un deuxième filtre est constitué d’un miroir de
rayons X. Un tel miroir utilise la propriété de réflexion totale des rayons X en incidence
rasante, qui dépend de l’énergie du faisceau incident et de la nature des atomes constituant la
surface de réflexion. Ainsi, il suffit de se placer en limite de réflexion totale pour l’énergie
principale. Les harmoniques ne sont alors plus réfléchies et le signal est parfaitement
monochromatique.
Figure 3-24. Profil de réflectivité en fonction de l’énergie d’un miroir de palladium en fonction de l’énergie
pour différents angles d’incidence.
L’utilisation de la fluorescence pour la détection du seuil d’absorption pose de sérieux
problèmes de bruit qui proviennent de la méthode de détection. Alors que l’intensité du
faisceau incident, monochromatique se fait très précisément à l’aide d’une chambre ionique,
la fluorescence, polychromatique, doit être mesurée à l’aide d’une chaine de mesure
permettant de discriminer les différentes énergies des rayons X émis. Les rayons X détectés
dans la configuration présentée Figure 3-23 sont en fait la somme de la fluorescence X de
tous les éléments présents dans le matériau, ainsi que des rayons X incidents diffusés,
élastiquement ou inélastiquement par l’échantillon. L’inconvénient est qu’une telle chaine est
très vite saturée si l’intensité totale des rayons X détectés est trop importante. Or, si la
quantité d’éléments dans l’échantillon est trop petite, le signal spécifique par rapport au signal
total récupéré par le détecteur solide sera trop faible. Dans le cas présent, nous sommes
obligés de rester en régime dilué afin d’éviter la coalescence des nanoparticules. Plus
l’intensité du signal qui nous intéresse par rapport au signal mesuré par le détecteur est faible,
et plus le temps d’acquisition doit être long.
97
3.3.3.2 Dispositif de recuit in situ
L’objectif étant de mesurer l’évolution chimique et structurale, nous avons développé un
dispositif expérimental permettant d’effectuer un recuit in situ des échantillons sous argon.
Au total, 18 jours de rayonnement ont été nécessaires pour tester différents protocoles
expérimentaux.
Parmi les différents dispositifs expérimentaux présents permettant de faire une étude en
température, nous nous sommes concentrés sur l’utilisation conjuguée d’un four optique
couplé à un jet d’azote froid (cryostream). Le travail d’élaboration proprement dit a été de
concevoir et réaliser un porte-échantillon compatible avec une étude à haute et basse
température, motoriser le four optique, le capillaire et le canon à azote froid ainsi que le
détecteur en translation. Les moteurs sont pilotés par l’interface utilisée pour contrôler les
autres éléments motorisés de la ligne, ce qui permet :
- de déterminer le point d’incidence maximal sur l’échantillon
- de déterminer la position du détecteur pour laquelle l’intensité est optimale, c’est-à-
dire le point où le détecteur détecte un maximum de fluorescence sans pour autant être
saturé.
Dans une boîte à gants sous argon, l’échantillon est placé dans un capillaire en quartz. Ce
capillaire est ensuite placé dans le porte-échantillon, conçu à cet effet et fermé
hermétiquement. L’ensemble est ensuite sorti de la boite à gants et fixé sur le dispositif
expérimental. Ce porte-échantillon est refroidi par circulation d’eau, et se trouve sur le
dispositif à 5 cm au-dessus du point d’incidence des rayons X. Le capillaire est chauffé par un
four optique centré sur le capillaire et dont la consigne a été préalablement calibrée. Une
sonde thermique est placée au niveau de la zone étudiée durant le chauffage afin de s’assurer
de la température atteinte. Le recuit dure dix minutes. Le four est arrêté, et le jet d’azote froid
est appliqué de suite sur le capillaire en quartz. Les mesures se font à basse température. Un
détecteur solide à silicium est utilisé pour enregistrer la fluorescence.
Du fait de la faible masse du capillaire dans lequel se trouve l’échantillon, il est possible de
chauffer ou refroidir très rapidement l’échantillon (en quelques secondes).
Un défaut de cette méthode est que le gradient thermique entre deux zones de l’échantillon
peut parfois être trop important. Ainsi, à la limite du jet d’azote froid, il arrive que la poudre
présente dans l’échantillon « saute » à cause des effets de convection à l’intérieur du
capillaire, rendant impossible toute mesure. Ce problème est évité en contrôlant au mieux la
position du capillaire dans le jet d’azote froid, afin que la zone mesurée soit dans la zone
laminaire de l’écoulement.
98
Figure 3-25. Schéma du dispositif expérimental. On peut voir sur la photographie le détecteur (en vert) qui ne figure pas sur le schéma, et le canon d’azote froid (en bleu). Le porte-échantillon n’apparaît que sur le schéma.
Nous avons mesuré le spectre d’absorption de l’échantillon Fe57Pt43-2nm, et de nombreux
passages (environ 10 pour le fer) ont été nécessaires pour extraire du bruit de fond un signal
exploitable.
3.3.4 Traitement des données
Le signal expérimental de l’absorption obtenu, on peut en extraire le spectre EXAFS ( )k ,
donné par l’équation (3-9). Ce spectre peut ensuite être comparé à un modèle théorique. La
comparaison se fait par un ajustement de la courbe théorique sur la courbe expérimentale.
En premier lieu, le signal expérimental est normalisé par rapport au seuil mesuré. Pour cela, à
la zone appelée pré-seuil est ajustée une loi polynomiale, le plus souvent linéaire. Ce pré-seuil
modélise l’absorption atomique normale des rayons X par les autres atomes présents dans
l’échantillon. L’énergie du seuil est prise le plus souvent comme le maximum de la dérivée du
coefficient d’absorption. La zone d’EXAFS proprement dite est ajustée par une équation
reproduisant l’absorption atomique de l’atome excité sans voisins 0μ . Cette équation de type
polynomiale, spline, etc., permet de tracer une allure générale de l’absorption sans prendre en
considération les oscillations EXAFS.
De ces ajustements on tire une courbe présentant des oscillations en fonction de l’énergie. On
procède alors à un changement d’abscisse, transposant les énergies mesurées en vecteur
d’onde grâce à la formule (3-8).
Du fait que l’oscillation EXAFS décroît fortement avec l’augmentation de l’énergie, il est
souvent utile de multiplier le signal par une fonction croissante de l’abscisse, k , 2k ou 3k ...
de façon à renforcer le signal, avec toutefois le risque d’augmenter le bruit pour les hautes
valeurs en énergie. Une transformée de Fourier permet ensuite d’obtenir une variation de la
99
densité atomique par rapport à l’atome excité à un déphasage près, dépendant entre autre de la
nature des atomes voisins.
Étant donné la difficulté de traiter directement la fonction ( )k , notamment à cause du bruit
engendré par la mesure le fait de passer par une transformée de Fourier permet d’isoler la
zone dans l’espace direct dont nous souhaitons voir la contribution dans l’espace des vecteurs
d’onde. On effectue ainsi un filtrage. C’est cette fonction filtrée qui va nous servir de donnée
expérimentale dans le calcul des différentes contributions atomiques.
Dans un premier temps, un modèle de la structure atomique étudiée est généré par calcul.
Pour cela, nous utilisons le programme FEFF8.298. La plupart des valeurs nécessaires au
fonctionnement du programme au regard de nos spécificités expérimentales sont prises selon
les conseils donnés dans la documentation du programme99. Les structures sont rentrées atome
par atome, reconstituant un volume caractéristique de la nanoparticule. Ces structures sont
générées grâce au programme ATOMS100.
Figure 3-26. Exemple de données d’entrée pour FEFF8.2 pour le calcul d’un oxyde de fer
Ce calcul donne un ensemble de fichiers, un par couche d’atomes donnant lieu à une réflexion
électronique, pour lesquels le programme a calculé plusieurs paramètres en fonction du
TITLE Fe3O4
* Fe K edge energy = 7112.0 eV
EDGE K
Le seuil de la mesure est le seuil K S02 0.75
* pot xsph fms paths genfmt ff2chi
CONTROL 1 1 1 1 1 1
PRINT 1 0 0 0 0 3
EXCHANGE 0
* r_scf [ l_scf n_scf ca ] SCF 5.0 0 10
* emin emax eimag
* LDOS -30 20 0.1
*** for EXAFS: RMAX 10.0 and uncomment
*** the EXAFS card
RPATH 7
EXAFS 15
Debye 100 470 0
POTENTIALS * ipot Z element l_scmt l_fms stoichiometry
0 26 Fe 2 2 0.001
1 26 Fe 2 2 1
2 08 O 3 3 3
ATOMS * this list contains 437 atoms
* x y z ipot tag distance
0.00000 0.00000 0.00000 0 Fe 0.00000 0
2.16300 0.00000 0.00000 2 O 2.16300 1 (…)
-2.16300 -4.32600 -8.65200 2 O 9.91211 436
END
100
vecteur d’onde : le facteur de réduction 20S , le libre parcours moyen, l’amplitude et le
déphasage de la réflexion, ainsi le déphasage dû à l’atome central. On parle aussi de chemins
de diffusion. Ces chemins sont ensuite analysés par le programme FEFF qui ajuste alors les
paramètres fondamentaux relatifs à l’expérience pour de tels chemins, tel que le facteur de
Debye-Waller, ou le décalage relatif en énergie des spectres par rapport au seuil théorique. Le
résultat est une fonction EXAFS que l’on peut comparer avec la fonction expérimentale
comme présenté Figure 3-27.
Figure 3-27. Comparaison entre un spectre mesuré et un spectre calculé par FEFF8.2 pour le platine métallique.
L’échantillon mesuré Figure 3-27 est une feuille de platine métallique. On remarque
qu’hormis un léger décalage en abscisse provenant d’une différence dans l’évaluation de
l’énergie seuil, les oscillations sont bien identiques. La différence d’amplitude est attribuée au
facteur de Debye-Waller, et le décalage en énergie provient de la différence de l’évaluation de
l’énergie du seuil d’absorption.
L’obtention par calcul d’un spectre EXAFS n’est pas toujours faisable. En effet, dans le cas
où l’on a plusieurs espèces, leurs absorptions vont s’ajouter. Il peut alors être très difficile de
déterminer les différentes contributions dans le spectre total. Dans le cas d’un matériau
amorphe, puisqu’il n’existe pas d’ordre au-delà des quelques premières couches atomiques, le
spectre d’absorption montre moins d’oscillations, et sa transformée de Fourier ne va traduire
que la présence de premiers voisins, les pics correspondant aux autres voisins étant très
élargis.
101
Il n’est pas aisé de calculer un modèle qui permette de retrouver le spectre EXAFS
expérimental. Cependant, il est possible de filtrer le spectre en ne prenant en compte que
l’influence des premiers et des seconds voisins. Pour cela, nous isolons les pics provenant des
plus proches voisins dans la transformée de Fourier du spectre, puis nous réalisons une
transformée de Fourier. C’est cette transformée de Fourier qui va être comparée aux
oscillations EXAFS créées cette fois-ci par les chemins de diffusion dus aux premiers voisins.
Il n’est donc plus possible de déterminer avec précision une structure cristalline, mais il reste
possible d’avoir une idée sur la position, la nature et la quantité d’atomes premiers voisins
suite au filtrage.
Pour cela, nous utilisons des logiciels d’ajustement des données théoriques sur les données
expérimentales. Nous avons utilisé deux logiciels différents : VIPER101 et ARTEMIS102, pour
leurs spécificités propres :
• VIPER offre la possibilité de visualiser et traiter plusieurs spectres simultanément,
avec une interface graphique plus performante que celle d’ARTEMIS. Son autre
avantage est la possibilité de traiter efficacement des spectres d’absorption bruts pour
en tirer le signal EXAFS. Nous avons utilisé essentiellement ce programme pour le
traitement des données.
• ARTEMIS propose une vitesse de convergence de l’ajustement plus grande que celle
de VIPER, au détriment d’un contrôle de l’évolution de cette convergence. Ce
programme propose par contre une gestion très poussée des différents chemins de
diffusion calculés par FEFF. Ce programme a été utilisé pour tester différentes
configurations de chemin de diffusion sur les échantillons afin de trouver lesquels
convergeaient le mieux.
Le calcul FEFF donne des chemins de diffusion dont l’amplitude est plus ou moins
importante. L’ajustement d’une composition théorique sur l’expérience s’effectue en
sélectionnant un nombre minimal de chemins de diffusion, et en ajustant le mieux possible les
données théoriques aux données expérimentales. Les résultats de la simulation tels que le
nombre de voisins et les distances doivent être regardées d’un œil critique. La difficulté est
donc de sélectionner jusqu’où les paramètres ajustés sont acceptables.
Les critères permettant la validation d’un calcul sont :
• Une distance interatomique ajustée différente du modèle au plus de 0,3 Å. Au-delà il
faut envisager une modification de la structure cristalline modèle.
• Une énergie de seuil ne dépassant pas les 10 eV de décalage par rapport au seuil
théorique.
102
Le changement de l’énergie seuil d’une espèce à une autre vient du fait que cette
énergie dépend de l’électronégativité des atomes absorbeurs, et que celle-ci varie
d’un matériau à un autre, dans des variations ne dépassant les 10 eV.
• Un facteur de Debye-Waller le plus grand possible
Du fait que la diffraction des rayons X donne des indications sur une structure
présentant un fort désordre cristallin, nous tentons de voir retranscrit ce désordre
sur les spectres expérimentaux.
• Pour chaque espèce chimique, garder une valeur de et de l’énergie identique pour
les différents chemins de diffusion.
Le désordre cristallin ainsi que l’électronégativité d’un atome sont supposés
isotropes et sont donc les mêmes pour tous les chemins relatifs à une espèce
chimique. Il peut par contre être différent entre deux espèces différentes.
• Si possible, garder une proportion entre les coordinences des chemins d’une même
espèce par rapport à la phase théorique.
La composition des matériaux obéissent à des règles de stœchiométrie qu’il
convient de conserver au maximum.
• La présence des chemins de diffusion les plus importants pour un matériau donné.
Ainsi le traitement de l’EXAFS s’est résumé en la comparaison de l’expérience avec
différentes combinaisons de chemins théoriques calculés, afin de déterminer la structure
locale des nanoparticules.
3.3.5 Résultats
3.3.5.1 Seuil du fer
Nous avons effectué en moyenne 6 spectres par température de mesure afin d’augmenter le
rapport signal sur bruit. L’aquisition d’un spectre dure environ 2 heures.
Le pas en énergie utilisé lors du balayage en énergie est variable. Constant jusqu'à 50eV au
dessus du seuil, il devient proportionnel à la valeur du vecteur d’onde au delà. Son
augmentation suit ainsi une loi en racine carrée par rapport au temps. La valeur maximale en
énergie mesurée est située entre 1000 et 1500eV au dessus du seuil.
103
Figure 3-28. Mesure de l’absorption au seuil K du fer de l’échantillon Fe57Pt43-2nm avant recuit mesurée à 100K. L’encart présente la figure XANES de l’échantillon comparée à des données de la littérature103,104.
On constate que le coefficient d’absorption est très important au niveau du seuil, ce qui est
caractéristique d’une phase oxydée, comme présenté dans l’encart. Cette caractéristique est
observée pour toutes les températures de mesure. Le fer reste donc fortement oxydé tout au
long du traitement thermique. Le spectre EXAFS montre une allure similaire pour les
différentes températures.
Figure 3-29. Spectres EXAFS au seuil du fer. On remarque le bruit très important pour les valeurs élevées de k.
Les points rouges sont les valeurs moyennes
104
Figure 3-30. Allure des différentes transformées de Fourier des spectres expérimentaux aux différentes
températures. La présence d’un proche voisin à moins de 2 Å est synonyme de premiers voisins légers tels que l’oxygène.
Au-delà de 10 Å-1, nous n’observons plus d’oscillations. Cela ne change pas après recuit, tout
comme le reste du signal. Il n’y a quasiment aucune évolution du signal EXAFS avec la
température, ce qui signifie que l’environnement du fer reste sensiblement le même.
Figure 3-31. Comparaison entre un spectre théoriquede FePt et l’expérience. Les deux spectres sont
dissemblables : l’environnement moyen des atomes de fer ne correspond pas à celui du FePt.
Différents essais avec des chemins de différents environnements du fer ont été effectués aux
trois températures de mesure. Il apparaît que seuls les chemins de type oxydes peuvent
correctement s’ajuster aux données expérimentales.
105
Pour les mesures faites sur l’échantillon avant recuit, quelques études confirment le fait qu’il
existe une proportion importante de fer oxydé105,106,107. La transformée de Fourier du signal
EXAFS Figure 3-32 montre la présence de voisins à courte distance, que l’on attribue
habituellement à des atomes légers. L’intensité des seconds voisins est très faible par rapport
à celle des premiers, alors que dans le cas d’un oxyde de fer par exemple, on constate que les
seconds voisins donnent un signal important (cf. Figure 3-33). Ces deux signes sont supposés
être la signature d’atomes de fer oxydés dans une phase désordonnée.
Vu la précision de nos spectres, et étant donné le fait que les spectres des oxydes de fer sont
semblables concernant les distances de premiers voisins (voir Figure 3-28), nous avons choisi
d’utiliser les chemins calculés à partir d’un oxyde de fer de type FeO pour sa simplicité
structurale et son nombre limité de chemins de diffusion intenses. Nous n’avons pris que deux
chemins, le chemin principal Fe-O, qui est celui de la plus courte distance interatomique, et le
chemin Fe-Fe qui est le chemin le plus intense après Fe-O. Une fenêtre encadrant uniquement
les deux pics principaux est délimitée afin de réaliser une transformée de Fourier inverse.
Figure 3-32. Ajustement avec deux chemins de FeO. La transformée de Fourier inverse montre un mauvais
accord entre la théorie et l’expérience
FePt RT - FeO
path1 Fe-O path 2 Fe-Fe
Rfit (Rth) (Å) : 1,96 (2,163) 3,03 (3,058)
Nfit (Nth) : 3 (6) 2 (12)
(Å-2) : 0,01 0,01 E (eV) : -5,96 -5,96
Tableau 3-5. Valeurs prises pour les ajustements des deux chemins de FeO sur FePtRT
106
Figure 3-33. Transformée de Fourier du signal EXAFS du FeO théorique au seuil du fer
Les valeurs trouvées par cet ajustement confirment la présence d’un oxyde désordonné. Bien
que le modèle adapté à l’interprétation des spectres soit celui du FeO, il serait faux de dire que
le fer présent dans notre échantillon possède une stœchiométrie de type FeO. Les distances
des proches voisins sont par exemple de 1,88 et 2,05 Å pour le Fe3O4, de 2,16 Å pour le FeO.
Nous avons trouvé une distance pour une liaison Fe-O à 1,96 Å pour notre échantillon,
distance qui se trouve dans les gammes de distances interatomiques auxquelles on peut
s’attendre. Quoi qu’il en soit, il n’est nullement besoin de faire intervenir des liaisons Fe-Pt
dans l’ajustement des oscillations EXAFS. S’il y a du platine, il n’est pas à coté du fer.
La stœchiométrie n’est pas respectée, et l’intensité des pics est trop faible. Ces deux faits sont
caractéristiques d’atomes de fer proches d’une surface. Il est possible d’évaluer le diamètre
associé au signal EXAFS mesuré en utilisant la formule (3-11). On obtient un diamètre de
6 Å, plus petit que celui mesuré par microscopie. Il y a deux explications à cela : soit les
atomes de fers sont majoritairement dans des nanoparticules très petites, soit ils sont
uniquement à la surface des nanoparticules observées par microscopie.
Le comportement est identique pour les composés recuits :
FePt 800K - FeO
path1 Fe-O path 2 Fe-Fe
Rfit (Rth) (Å) : 1,965 (2,163) 3,018 (3,058)
Nfit (Nth) : 3 (6) 1,5 (12) (Å-2) : 0,01 0,01
E (eV) : -4,8 -4,8
Tableau 3-6. Ajustement réalisé pour l’échantillon Fe57Pt43-2nm recuit à 800K. On note que les seconds voisins n’apparaissent pas dans le spectre.
FePt 1100K - FeO
path1 Fe-O path 2 Fe-Fe
Rfit (Rth) (Å) : 1,927 (2,163) 2,978 (3,058)
Nfit (Nth) : 3 (6) 1,5 (12) (Å-2) : 0,01 0,01
E (eV) : -9,44 -9,44
Tableau 3-7. Ajustement réalisé pour l’échantillon Fe57Pt43-2nm recuit à 1100K.
107
3.3.5.2 Seuil du platine
Le bruit du dispositif expérimental est plus faible que dans le cas du fer, car le seuil L du
platine est plus élevé que le seuil K du fer. Par ailleurs, on constate qu’il y a une évolution du
signal relatif au platine avec la température de recuit. On observe notamment une diminution
du bruit avec la température, que l’on peut associer à une augmentation de la cristallinité
(Figure 3-37).
Figure 3-34. Résultats bruts des signaux EXAFS obtenus à 100 K pour différents recuits.
On constate que les oscillations EXAFS présentent un changement suite au recuit. L’étude de
la transformée de Fourier de ces oscillations nous permet de mettre en évidence ce qui se
produit (Figure 3-38). Nous pouvons remarquer que les distances et les intensités des pics de
densités radiale évoluent avec le recuit. A température ambiante, nous observons la présence
d’atomes proches de l’atome absorbeur, pouvant être des atomes d’oxygène (pic 1).
L’intensité tend à diminuer au fur et à mesure que le recuit se poursuit, contrairement au pic 2
qui voit son intensité augmenter. Ce pic, caractéristique de distances métalliques traduit à
priori la présence de voisins platine ou fer. Enfin, nous observons une augmentation de
l’intensité des pics 3 et 4.
108
Figure 3-35. Transformées de Fourier des spectres EXAFS. On peut remarquer que la nature des premiers
voisins change au fil du recuit. Le pic 1 correspond à des atomes d’oxygène, les pics 2, 3 et 4 sont attribués au platine.
Le spectre à température ambiante ne montre pas de structure bien définie telle que celle du
FePt métallique, mais montre une série de voisins pouvant s’apparenter à des atomes
d’oxygène ou de platine. Un modèle composé des chemins de diffusion du platine métallique
et de l’oxyde de platine PtO2 ont donné un ajustement satisfaisant.
Figure 3-36. Ajustement de la transformée de Fourier directe de la mesure avant le recuit.
FePt RT - FePt PtO2
Premier
voisin PtO2 théorie
Premier voisin FePt
théorie
Rfit (Å) : 1,98 2,00 2,68 2,71
Nfit : 1,2 6 3,2 12 (Å-2) : 0,00055 0,0062
E (eV) : 15,16 2,85
Tableau 3-8. Meilleur ajustement du Fe57Pt43-2nm RT au seuil du platine.
La meilleure combinaison semble être le mélange d’une quantité de 25% de PtO2 et de 75%
de platine métallique. On remarque que la distance entre deux atomes de platine est plus
faible que dans le cas du matériau massif.
L’évaluation du diamètre donne 3,2 Å pour l’oxyde et 5 Å pour le platine métallique. Du fait
que les pics des premiers voisins sont faibles en intensité, il est difficile de savoir jusqu'à
quelle distance la transformée de Fourier à une signification physique. Il n’est pas possible de
109
dire quel est l’ordre chimique, si toutefois parler d’ordre chimique dans une structure de 3 Å à
un sens.
Le recuit à 800 K montre un signal bien mieux défini, mais qui reste cependant difficile à
ajuster, quelle que soit la méthode utilisée.
Figure 3-37. Ajustement de la transformée de Fourier directe de la mesure après recuit à 800K.
FePt RT - FePt PtO
Chemin 1 FePt Pt-Fe Chemin 2 FePt Pt-Pt Chemin 1 PtO Pt-O
Rfit (Rth) (Å) : 2,79 (2,68) 2,69 (2,74) 1,90 (2,06)
Nfit (Nth) : 0,5 (8) 6 (4) 0,5 (4)
(Å-2) : 0,0051 0,0051 0,001 E (eV) : 2,70 2,70 -5,48
Tableau 3-9. Meilleur ajustement du signal EXAFS Fe57Pt43-2nm recuit à 800K.
Il s’est avéré qu’un ajustement constitué essentiellement d’un chemin Pt-Pt, complété par
deux chemins Pt-Fe et Pt-O, donne le meilleur résultat. Cependant, étant donné la très faible
proportion des deux chemins de Pt-Fe et Pt-O, il est difficile de dire à quel point ces chemins
ont une signification physique. Le fait est qu’il est nécessaire d’introduire une faible quantité
d’atomes diffuseurs très proches de l’atome excité, et que seul un atome d’oxygène est
susceptible de prendre une telle position par rapport à un atome de platine dans notre système.
Par ailleurs, le platine métallique présentant la distance interatomique la plus courte de
2,77 Å, le fait d’avoir une position à 2,69 Å nous rapproche davantage des distances de type
Pt-Pt dans l’alliage FePt. Aussi, nous avons inclus des atomes de fer nécessaires à une telle
phase. S’ils sont présents, ils sont en très faible quantité, ce qui n’a rien d’étonnant compte
tenu des informations recueillies au seuil du fer. En comparaison avec la mesure du seuil du
platine à température ambiante, on trouve donc une réduction du degré d’oxydation des
atomes de platine. Le diamètre des nanoparticules de fer-platine, riches en platine est estimé à
9 Å. Lorsque le recuit est poursuivi jusqu'à 1100 K, nous observons un bien meilleur rapport
110
signal sur bruit. Celui-ci nous permet de déterminer immédiatement que le signal est pour
l’essentiel dû au platine métallique.
Figure 3-38. Transformée de Fourier inverse du signal EXAFS au seuil du platine après recuit à 1100K, ainsi
que l’ajustement réalisé à partir de platine métallique.
Figure 3-39. Ajustement de la transformée de Fourier directe de la mesure après recuit à 1100K. Seul le platine est présent.
FePt RT - Pt
Chemin 1 Pt Pt-Pt
Rfit (Rth) (Å) : 2,71 (2,77)
Nfit (Nth) : 7 (12) (Å-2) : 0,0061
E (eV) : 2,95
Tableau 3-10. Meilleur ajustement pour l’échantillon recuit à 1100K.
L’échantillon recuit à 1100 K semble encore plus métallique que celui recuit à 800 K. Par
ailleurs, les pics secondaires sont mieux définis. Cela s’explique par une cristallinité
supérieure visible notamment par le coefficient de Debye-Waller. Si à 800 K il était peu
justifié de rajouter un chemin du fer, cela devient complètement inutile pour le recuit à
1100 K. Un autre point important est que l’intensité du pic est supérieure à celle du recuit à
800 K, que nous expliquons par une augmentation du nombre d’atomes de platine métallique.
111
La valeur de 7 déduite pour le nombre de coordinence reste toutefois en deçà de la valeur
théorique de 12. Le diamètre estimé pour des nanoparticules de platine sphériques qui seraient
à l’origine du signal mesuré pour un recuit de 1100 K est de 10 Å. L’évolution de la
transformée de Fourier du signal EXAFS montre une augmentation du nombre de premiers
voisins constitués d’atomes de platine, et une diminution du nombre de voisins oxygène. Le
nombre de voisins de fer est minoritaire à haute température.
3.4 Conclusions sur l’étude structurale
Les études structurales nous ont permis de définir clairement l’ennemi de nos nanoparticules
bimétalliques : l’oxygène.
Pour le cas de l’échantillon Fe57Pt43-2nm, la diffraction des rayons X montre un seul pic de
diffraction bien défini, dont la position est très proche d’une structure de type FePtA1. En
regardant la largeur à mi-hauteur et les intensités relatives des pics de diffraction, nous
aboutissons à une structure assez désordonnée compatible avec des nanoparticules de 1,3 nm
de diamètre, alors que le diamètre mesuré par microscopie était de 2,12 nm en moyenne. Nous
supposons que cette différence est due à une couche d’oxyde de fer amorphe en surface de la
nanoparticule.
L’EXAFS confirme l’hypothèse de l’oxyde amorphe. Cependant, les mesures montrent aussi
que le platine est partiellement oxydé avant recuit. Contrairement au fer, le platine se réduit et
voit son ordre cristallin augmenter lors du recuit pour donner des nanoparticules de platine
métallique. Il n’apparaît jamais clairement de liaison Fe-Pt d’après les données EXAFS. La
formule (3-11) donne des tailles de cristallites très petites pour l’oxyde de fer quel que soit le
recuit, ou pour le platine avant recuit.
Les atomes de fer et de platine semblent ne pas être en contact, car aucune trace significative
de proches voisins de platine au seuil du fer ou de fer au seuil du platine n’a pu être
clairement mise en évidence. Les atomes de platine restent majoritairement métalliques, bien
qu’une proportion non négligeable (20%) soit entourée d’oxygène avant recuit.
L’hypothèse structurale plus probable est que les nanoparticules avant recuit auraient une
structure de type cœur-coquille, un cœur très riche en platine partiellement oxydé de diamètre
1,3 nm, et de désordre cristallin prononcé, et une coquille constituée d’un oxyde de fer ne
présentant pas d’ordre cristallin, d’environ de 0,5 nm d’épaisseur. Cette structure est similaire
à celle déduite par Thomson et al92.
On observe une contraction importante du paramètre de maille de ce cœur de platine,
conséquence de la petite taille de ce cœur, et expliquant la méprise qu’il est possible de faire
en regardant uniquement la DRX.
112
Pour les échantillons recuits, il y a une incohérence entre la structure de type L10 observée par
diffraction et un ordre local exclusivement constitué d’atomes de platine déterminé par
EXAFS. Plusieurs raisons sont envisageables. Les deux solutions les plus probables sont :
• la coalescence observée par MET suite au recuit en présence d’un gaz réducteur a
permis la croissance de la phase L10.
• dans le cas de l’EXAFS, on voit disparaître la phase cristalline hydroxydée du substrat
d’alumine durant le recuit. L’atmosphère entourant les nanoparticules n’est pas
renouvelée. Seul le platine a pu se réduire, grâce à une mobilité thermiquement activée
des atomes de platine venant grossir le cœur.
Dans le cas de l’échantillon Fe40Pd60-5nm la taille des nanoparticules est plus grande. La
structure semble assez proche de la structure théorique du FePdA1, mais avec cependant un
désordre cristallin présent. L’épaisseur de la couche d’oxyde serait d’environ 1 nm. Après
recuit et remise à l’air, l’oxyde de fer devient visible par diffraction électronique, signifiant
que les nanoparticules se sont oxydées. Les nanoparticules oxydées de FePd présentent une
structure de type cœur-coquille.
Ainsi, de nombreux éléments nous incitent à penser que les nanoparticules synthétisées non
recuites présentent un certain désordre cristallin et un état d’oxydation avancé. Plus
l’oxydation est importante, plus la structure de type cœur-coquille apparaît. Par recuit sous
hydrogène, il est toutefois possible de diminuer cette couche d’oxyde, et de produire la phase
L10.
4
Chapitre 4
Résonance ferromagnétique
115
4.1 Introduction
Dans ce chapitre, nous présenterons les mesures magnétiques que nous avons effectuées sur
nos échantillons grâce à la technique de résonance ferromagnétique.
Les spectroscopies de résonances magnétiques sont des techniques courantes d’analyse en
physique du solide. Que l’on fasse résonner des noyaux ou des électrons, le principe physique
reste le même, à savoir l’excitation électromagnétique d’une transition du système entre deux
états d’énergie de spin séparés par un champ magnétique. En faisant varier le champ appliqué
ou la fréquence de l’onde excitatrice, il est possible de mesurer cette énergie, qui est souvent
perturbée par l’environnement local des spins c'est-à-dire la structure et la chimie locale d’un
matériau.
L’effet Zeeman est la traduction quantique de l’interaction entre un champ appliqué avec un
ensemble de moments magnétiques indépendants qui vont tendre à s’orienter dans celui-ci,
afin de minimiser leur énergie. Une manière courante de concevoir ce problème est de prendre
le modèle classique des moments magnétiques, qui vont avoir un mouvement de précession
autour du champ appliqué. Si l’on applique un petit champ oscillant à une fréquence égale à la
fréquence de précession dite de Larmor, et perpendiculaire au champ appliqué, le moment
magnétique va accroître l’amplitude de sa précession ; il se produit une résonance.
Figure 4-1. Mouvement de précession de l’aimantation dans un champ B0 où règne aussi un champ tournant B(t) perpendiculaire à B0.
Dans le cas d’un solide ferromagnétique, il existe un fort couplage entre les différents
électrons, s’observant notamment par l’apparition sans champ magnétique extérieur, d’une
différence de population entre les états de spins haut et bas étant à l’origine d’un moment
magnétique spontané. Cette énergie étant en régle générale bien plus intense que l’énergie
Zeeman, les moments magnétiques restent fortement couplés par l’interaction d’échange.
C’est l’aimantation totale de l’échantillon de matière ferromagnétique qui va présenter un
mouvement de précession en présence d’un champ appliqué. D’un point de vue
116
microscopique, on peut apparenter la résonance ferromagnétique à une excitation des ondes
de spins du matériau.
La présence d’autres interactions magnétiques, telles que l’anisotropie magnétocristalline ou
encore le champ démagnétisant, vont modifier le comportement de l’aimantation dans le
champ. La mesure de la résonance permet donc a priori de remonter à ces valeurs. Ainsi,
grâce à l’étude de la résonance ferromagnétique, il est possible d’avoir une idée sur la manière
dont sont distribués les champs internes au matériau.
Dans un premier temps nous nous intéresserons aux aspects théoriques mis en jeu pour l’étude
d’un système de nanoparticules par résonance ferromagnétique en température. Puis nous
développerons les calculs numériques réalisés pour un système de nanoparticules magnétiques
tel que celui que nous avons élaboré. Nous présenterons ensuite le dispositif expérimental
utilisé pour nos mesures, avant de présenter les résultats proprement dits.
4.2 Principe de la résonance Ferromagnétique
La résonance ferromagnétique est la résonance magnétique d’électrons couplés
ferromagnétiquement. Dans un premier temps, nous allons voir quelles sont les grandeurs
mises en jeu dans la résonance magnétique, puis nous étudierons le cas particulier d’un solide
ferromagnétique. Nous expliquerons enfin comment évolue la physique d’un tel phénomène
pour un ensemble de nanoparticules.
4.2.1 Théorie de la résonance magnétique
Soit un système possédant un moment magnétique μr
auquel est associé un moment angulaire
Jr
tel que Jrr
0μ = , et soumis à un champ magnétique 0Br
.
Son Hamiltonien est donné par l’énergie Zeeman :
Brr
.μ=H (4-1)
L’évolution de l’observable moment magnétique μ̂r
est donnée par l’équation d’évolution
dans le temps :
[ ]tit
+=μ
μμ ˆ
,ˆ1ˆ r
r
h
r
H (4-2)
Supposant que l’aimantation à une norme constante, il vient :
Bt
rrr
= μμ
0 (4-3)
C’est l’équation du gyroscope.
117
Cette équation peut aussi être obtenue classiquement en partant du principe de la conservation
du moment angulaire :
=t
Jr
(4-4)
Où est un couple de force. Or à un moment magnétique plongé dans un champ magnétique,
on associe un couple de force :
Brr
= μ (4-5)
On retrouve ainsi l’équation (4-3)
Afin de résoudre cette équation, on se place dans un référentiel tournant à la pulsation L
r par
rapport au référentiel du laboratoire, orienté dans la direction et le sens du champ magnétique
appliqué. Ce changement de référentiel fait apparaître le terme μrr
L dans le second membre
de l’équation :
μμμ rrrrr
+= LBt
0 (4-6)
Cette équation montre que le moment magnétique est immobile si
BL
rr0= (4-7)
Cette pulsation est appelée pulsation de Larmor.
Appliquons maintenant un champ magnétique ( )tbr
oscillant à une pulsation 0 ,
perpendiculaire au champ magnétique Br
selon l’axe zOr
tel que :
( ) ( ) Btbtb yx << (4-8)
On pose
000 Brr
= (4-9)
Puisque le champ oscillant est faible, μr
est pratiquement aligné avec Br
, et donc
μμμμμ =<<r
zyx
( )[ ]tbBt
rrrr
+= μμ
0 (4-10)
Les solutions d’un tel système peuvent s’écrire grâce au tenseur de susceptibilité de Polder108
(voir Figure 4-2) :
Brr
μ = et =
000
0
0
a
a
i
i
(4-11)
118
avec 020
2
2
BB
B= (4-12)
020
20.
BB
BBa = et
B
μ=0 (4-13)
0 est la susceptibilité statique du matériau.
Figure 4-2. Paramètres du tenseur de Polder en fonction du champ appliqué (en Tesla) pour une fréquence de résonance constante à droite, et de la fréquence de résonance (en Hz) pour un champ constant à gauche.
Ainsi, lorsque la pulsation du champ oscillant devient proche de la pulsation de Larmor, sa
susceptibilité dynamique diverge et le moment magnétique entre en résonance. Grâce au
tenseur de susceptibilité de Polder nous pouvons calculer pour une polarisation donnée du
champ magnétique oscillant, la susceptibilité complexe du système109. L’absorption de l’onde
magnétique excitatrice est proportionnelle à la partie imaginaire de la susceptibilité complexe,
c’est-à-dire proportionnelle à a . Si l’on intègre la partie réelle de la susceptibilité complexe,
on obtient une grandeur qui est égale à la susceptibilité statique 0 .
4.2.2 Description du dispositif expérimental.
Le phénomène de résonance ferromagnétique se produit grâce à deux éléments : un champ
magnétique, et un champ électromagnétique. La mesure de la résonance ferromagnétique
s’effectue en regardant l’absorption de l’onde électromagnétique par l’échantillon plongé dans
le champ magnétique.
Du fait de la faible masse des électrons, le rapport gyromagnétique, qui intervient dans la
détermination de la précession de Larmor, donne des fréquences qui sont de l’ordre de la
dizaine de GHz pour un champ d’un tesla. Or les ondes électromagnétiques de quelques
gigahertz sont des micro-ondes, et nécessitent l’utilisation de guides d’ondes, ne transmettant
une onde électromagnétique que pour une bande de fréquence étroite. Pour ce qui est de la
source de champ magnétique, un champ de quelques Tesla est généré par un électro-aimant,
119
qui va supporter des changements de courant appliqué. Ainsi, les dispositifs de RPE
travaillent à fréquence constante et à champ magnétique variable.
Nous avons utilisé trois dispositifs expérimentaux : un dispositif de type BRUKER
fonctionnant en bande X (9,3GHz) fonctionnant de 300K à 1000K, un dispositif BRUKER
ELEXSYS avec une cavité haute sensibilité cylindrique fonctionnant à basse température
(5K-300K), fonctionnant en bande X (9,3GHz) et en bande Q (34GHz).
Figure 4-3. Schéma du dispositif expérimental de résonance ferromagnétique
Afin de mesurer expérimentalement la courbe de la résonance ferromagnétique de nos
échantillons, on utilise trois appareils :
- Un électro-aimant qui génère un champ magnétique variable, nécessaire à la précession des
moments magnétiques.
- Un deuxième électro-aimant qui va faire osciller le champ magnétique autour de la valeur
imposée par l’électro-aimant principal, nécessaire à la mesure de la dérivée de l’atténuation
du champ électromagnétique appliqué. Ainsi on mesure effectivement non pas l’absorption,
mais la dérivée de l’absorption en fonction du champ magnétique appliqué.
- Un Klystron, qui est un générateur de micro-ondes à une fréquence donnée, dont la
composante magnétique stationnaire sert de champ magnétique excitateur. Nous avons utilisé
deux type de fréquence, la bande X et la bande Q.
Les spectres de résonance ferromagnétique obtenus sont des représentations de l’évolution de
l’absorption de l’onde excitatrice par rapport au champ appliqué.
120
Les dispositifs basse température que nous avons utilisés sont présents au laboratoire
IPMC/SB de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne.
Le dispositif haute température utilisé est un Bruker, installé au Centre de Recherche sur les
Matériaux à Hautes Températures, adjoint d’une cellule haute température optimisée au sein
de ce laboratoire. Il consiste en une résistance de tungstène, en forme de solénoïde, maintenue
dans un tube en quartz sous flux de gaz Formier (mélange N2/H2 à 5%). Le tube contenant
l’échantillon au centre de la résistance, également en quartz, est rempli d’argon ultra pur, et
protégé de l’extérieur par un capuchon en caoutchouc. Le tout se trouve centré dans une
cavité résonnante. La température est mesurée à l’aide d’un thermocouple placé à proximité
du tube contenant l’échantillon.
4.2.3 Résonance ferromagnétique
Nous allons maintenant nous intéresser à un système ferromagnétique, et intégrer les termes
d’énergie que nous avons détaillés dans le premier chapitre. Par ailleurs, puisque le
ferromagnétisme implique des mouvements collectifs de moments magnétiques, dans la suite
du problème, nous raisonnerons sur l’aimantation Mr
.
Nous avons vu précédemment qu’il existait quatre termes d’énergie dans les systèmes que
nous avons étudiés : L’énergie Zeeman, que nous avons introduite dans le cas idéal, l’énergie
magnétostatique, l’énergie d’anisotropie magnétocristalline et l’énergie d’échange.
L’énergie d’échange est le terme prépondérant de l’énergie. Cependant, nous avons vu que
l’interaction d’échange était isotrope, et que c’était le champ cristallin qui provoquait
l’orientation du moment magnétique dans l’espace. Aussi, cette énergie va uniquement
contribuer dans l’apparition d’une aimantation spontanée. C’est cette aimantation qui va
apparaître dans l’équation de précession de la résonance ferromagnétique. Pour les autres
termes d’énergie qui sont anisotropes, ils vont perturber la précession de l’aimantation, car ils
auront tendance à vouloir laisser l’aimantation dans une direction préférentielle qui n’est pas
forcément celle du champ appliqué. On peut donc donner l’expression de l’énergie
magnétique qui va intervenir dans le cas de la résonance magnétique :
( ) MNMKMBE MMnn
rrrrrr..
2
1,. 00 μ++= (4-14)
L’orientation de l’aimantation est donnée par les angles ( )0,0 qui minimisent l’énergie
libre du système. On peut considérer, si les termes anisotropes ne sont pas trop importants,
que l’hamiltonien est équivalent à celui d’une interaction Zeeman pure. C’est le cas du
ferromagnétique doux. Au lieu du champ appliqué, apparaît un terme de champ effectif :
121
effBMrr
.=H (4-15)
Il est possible de déduire de la valeur de effBr
M
EBeff
rr
= (4-16)
Ce champ effectif peut aussi être vu comme la somme du champ appliqué et des champs
internes associés aux énergies d’anisotropie magnétocristalline MCB , ainsi qu’au champ
démagnétisant DB .
DMCeff BBBB ++= 0
r (4-17)
Dans le cas d’une anisotropie axiale, le champ d’anisotropie magnétocristalline prend cette
forme :
naimantatiofacileMC eM
KB
22=
2K est la constante d’anisotropie magnétocristalline d’ordre 2, et naimantatiofacilee est la
direction de facile aimantation donnée par l’anisotropie magnétocristalline.
Si l’on se place en coordonnées sphériques, il est possible4 d’exprimer ce champ effectif en
fonction de l’énergie magnétique du système de la manière suivante :
=
22
2
2
2
2
0sin
1
MMMM
eff
EEE
MB (4-18)
Les angles M et M sont les angles en coordonnées sphériques de l’aimantation par rapport
au champ appliqué. Quand la fréquence de Larmor associée à ce champ effectif devient égale
à la fréquence micro-onde de l’onde excitatrice, nous sommes alors en condition de
résonance. Dans le cas de nanoparticules d’anisotropie axiale, le champ de résonance prend
cette forme110 :
44.025.1
00 1=
B
BBB
MC
res (4-19)
Misra et al ont montré que l’intensité de la raie de résonance est directement proportionnelle à
l’aimantation du matériau111.
4.2.4 Relaxation et résonance ferromagnétique
Jusqu'à présent nous n’avons pas considéré l’évolution temporelle des états excités. Or
l’énergie électromagnétique absorbée par le système durant la résonance doit être dissipée,
sinon le système devient saturé. Cette énergie est dispersée dans le système via des processus
122
de relaxation. Ces processus sont complexes puisqu’ils mettent en jeu les fluctuations locales
de l’état du système telles que les vibrations thermiques du réseau ou encore les fluctuations
des densités électroniques, les fluctuations d’ondes de spins… L’influence de ces fluctuations
se traduit par un temps de relaxation, qui est une grandeur phénoménologique.
Traditionnellement, on peut distinguer deux types de relaxation : une relaxation de type spin-
réseau auquel on associe T1 et une relaxation de type spin-spin auquel on associe T2. Dans un
cas, le réseau cristallin va permettre à un état excité de spin de se désexciter, dans le second,
les états de spins voisins vont perdre leur cohérence du fait des fluctuations du champ local.
Dans le cas d’un solide ferromagnétique, les entités excitées sont des ondes de spins, qui vont
interagir avec les phonons pour produire une relaxation spin-réseau, ou entre elles pour
produire une relaxation spin-spin. Plus le temps de relaxation est court moins l’énergie de
transition excitée par l’onde électromagnétique sera bien définie, et plus la raie d’absorption
sera large. À l’inverse, plus ce temps de relaxation est grand, plus la raie est étroite.
Pour ce qui est de l’intensité de la raie, celle-ci n’est pas infinie. Elle dépend de la puissance
de l’onde excitatrice, ainsi que de la population de spins pouvant changer d’état d’énergie.
L’onde excitatrice provoque une transition d’état de haute énergie vers un état de basse
énergie, et vice-versa. Du fait des processus de relaxation, une certaine quantité de spins
excités par l’onde électromagnétique va spontanément se désexciter et revenir à leur état de
basse énergie, faisant ainsi pencher la balance de l’interaction onde électromagnétique - spin
vers l’absorption. À l’équilibre thermique, on conserve constamment une différence de
population entre les états de spin haut et bas, ce qui permet d’observer le phénomène de
résonance en continu. Lorsqu’on augmente la puissance (P) de l’onde excitatrice, il est
possible d’atteindre un régime dit de saturation, dans lequel le processus de relaxation est trop
lent pour maintenir l’équilibre. Dans ce cas, l’intensité (I) de la raie de résonance diminue
lorsque la puissance augmente. L’exploitation de la courbe I(P) permet d’évaluer le temps de
relaxation spin-réseau112. Ce régime n’est toutefois jamais atteint dans nos expériences.
Dans la suite de notre présentation de la technique de la résonance ferromagnétique, nous
tiendrons compte de ce phénomène de relaxation par un terme de relaxation dans l’équation
du gyroscope magnétique amorti. Pour cela, il existe plusieurs formalismes109, mais nous nous
limiterons à l’utilisation du formalisme de Landau-Lifshitz :
( )effeff BMMM
BMt
M rrr
r
rrr
=20 (4-20)
avec 0>
L’absorption résonnante dépend du comportement de l’aimantation en fonction du champ
appliqué. Si on a une onde magnétique excitatrice polarisée linéairement selon l’axe xOr
123
appliquée sur un matériau magnétique parfaitement doux, c’est-à-dire dont l’aimantation M
est constante, et orienté selon le champ appliqué, on a alors comme valeur de la susceptibilité
imaginaire :
( )[ ]( )[ ]( )[ ]222
02
0222
02
0
40
2220
201
''effBeffBeff
effBB
BBBBBBBB
BBBB
+++
++= (4-21)
avec 0B le champ résonnant, effB est le champ effectif et B la largeur de la raie :
B =B0M0
(4-22)
Figure 4-4. Raies de résonance de différentes largeurs selon le champ appliqué (en Tesla). Le champ résonnant,
correspondant au maximum de l’intensité, augmente lorsque la largeur des raies diminue, un comportement caractéristique de la résonance ferromagnétique.
Sachant que l’on mesure la dérivée de l’absorption, la courbe donnée par l’expérience de
résonance ferromagnétique prend la forme présentée Figure 4-5.
Figure 4-5. Définition des grandeurs mesurables sur une raie de résonance ferromagnétique.
Il est aussi possible de déterminer l’intensité de la raie en faisant une double intégration
comme présenté Figure 4-6.
124
Figure 4-6. Définition de l’intensité d’une raie de résonance ferromagnétique.
4.2.5 Le cas d’un ensemble de nanoparticules ferromagnétiques
Les nanoparticules magnétiques ne sont pas toutes identiques, et orientées dans la même
direction. Il n’existe donc pas un seul champ de résonance, et une seule largeur de raie. Ainsi,
lorsque l’on mesure la résonance ferromagnétique d’un tel ensemble, nous récupérons en fait
la somme d’autant de spectres d’absorption qu’il y a de particules. De plus, les grandeurs
magnétiques varient en fonction de la température. Nous avons vu que l’aimantation ainsi que
l’anisotropie magnétocristalline tendaient à diminuer lorsque la température diminue, jusqu’à
la température de Curie. Qui plus est, au-delà d’une certaine température, la température de
blocage, se produit l’effet superparamagnétique.
4.2.5.1 Influence de la distribution sur la raie de résonance :
Trois paramètres peuvent être mesurés sur les courbes : la largeur de raie, le champ résonnant
apparent, et la forme de la raie. Tous trois dépendent de l’hétérogénéité de l’ensemble de
nanoparticules. L’influence des différentes grandeurs est complexe, et il n’est pas aisé de
déterminer directement quel effet donne tel résultat. Cependant, on peut esquisser quelques
vérités :
• Une anisotropie plus importante contribue à des raies plus larges. En fait, plus
l’anisotropie est grande, plus la différence du champ effectif entre deux orientations
est grande.
• Une distribution en taille importante produit nécessairement une distribution des
propriétés magnétiques plus large, et donc une augmentation de la largeur de raie.
• L’aimantation influence directement la largeur de raie dans la formule de Landau et
Lifshitz (4-22), et tend à la réduire. Cependant une plus grande aimantation tend à
augmenter le terme d’anisotropie dû au champ démagnétisant, et donc la largeur de
raie.
125
Toutes les particules produisent une résonance ferromagnétique avec une largeur de raie qui
leur est propre. C’est la somme de toutes les conditions de résonance qui donne un spectre
mesurable expérimentalement.
4.2.5.2 Influence de la température sur les raies de résonance
On distingue trois phénomènes fondamentaux qui interviennent dans l’évolution de la raie de
résonance ferromagnétique avec la température :
• L’évolution de la différence de peuplement des niveaux d’énergie mis en jeu dans le
processus d’absorption avec l’onde excitatrice.
• La relaxation de l’excitation magnétique qui dépend des fluctuations thermiques.
• La variation des grandeurs magnétiques avec la température.
La première affirmation tient du fait que plus la température est élevée, plus la différence de
peuplement entre deux niveaux d’énergie diminue. L’absorption diminue d’autant. Il est assez
difficile de déterminer quelle grandeur influence la relaxation ferromagnétique, et il est assez
difficile de déterminer précisément quelle est l’influence de la température sur celle-ci. D’une
manière générale, on peut dire que la relaxation ferromagnétique diminue avec la température,
c’est-à-dire que la largeur de raie augmente avec la température du fait des processus de
relaxation ferromagnétiques112. Pour ce qui est des grandeurs magnétiques, nous avons vu
qu’elles n’étaient pas du tout constantes.
4.2.5.2.1 superparamagnétisme Par ailleurs, nous avons vu que le superparamagnétisme introduit également un processus de
relaxation magnétique. Les fluctuations thermiques désorientent l’aimantation. Au-dessus de
la température de blocage, on voit apparaître un comportement paramagnétique suivant la loi
de Langevin. La température de blocage dépend du temps que prend une mesure. On peut
associer ce temps à la période associée à la fréquence de Larmor, soit environ 10-9s. Si la
température est inférieure à la température de blocage, on observe alors des moments qui ont
une direction privilégiée dans l’espace. La désorientation progressive des moments
magnétiques se fait par relaxation ferromagnétique, processus qui intervient dans la résonance
ferromagnétique.
Dans le cas de la résonance ferromagnétique, on admet que la température de blocage est
atteinte quand l’égalité suivante est satisfaite :
Bk
KVT = (4-23)
Au-dessous de la température de blocage, le temps de relaxation est plus long que le temps de
mesure, et certains moments n’ont pas le temps de s’orienter correctement dans le champ.
Globalement, du fait que les moments magnétiques sont orientés aléatoirement, la somme des
126
aimantations est nulle, et l’échantillon aura en apparence une aimantation très faible, due
uniquement aux quelques moments qui ont tout de même réussi à s’orienter dans le champ.
Ainsi, si la température diminue, l’intensité de la raie de résonance doit elle aussi diminuer.
Au-dessus de la température de blocage, nous avons un comportement qui se rapproche d’un
comportement paramagnétique. À haute température, bien au-delà de la température de
blocage, la variation de la susceptibilité statique doit être similaire à une loi de Curie, avec
comme moment magnétique la somme des moments magnétiques présents dans la particule :
=particules
jJμ et ( ) ( )
TTk
JJg
V
N
B
B22
1
3
μμ += (4-24)
L’évolution de l’aimantation d’un ensemble de nanoparticules est résumée Figure 4-7.
Figure 4-7. Evolution de l’aimantation en fonction de la température. Blocage des aimantations à basse
température, qui s’annulent deux à deux pour laisser une aimantation effective nulle, et évolution à haute température comme un matériau paramagnétique suivant la loi de Langevin. On notera la diminution de la norme de l’aimantation des nanoparticules avec la température. Les doubles flèches schématisent l’effet du
superparamagnétisme.
4.2.5.2.2 Température de Curie, intensité et largeur des raies Au voisinage de la température de Curie, on a une diminution drastique de l’aimantation et de
la constante d’anisotropie magnétocristalline. Ceci à pour effet de diminuer d’autant les
largeurs de raies et de faire tendre le champ de résonance vers le champ de Larmor. Par
ailleurs, du fait que de moins en moins de moments magnétiques participent à l’aimantation
des nanoparticules, on doit observer une diminution importante de l’intensité de la raie. Les
moments magnétiques devenant indépendants de l’aimantation de la nanoparticule produisent
une résonance paramagnétique, mais du fait de la haute température, la différence de
population est trop faible pour permettre de voir une absorption qui leur serait due.
127
L’utilisation d’un programme de calcul devient inévitable si l’on veut comprendre
précisément quels sont les paramètres qui influencent la largeur de raie et le champ de
résonance observé expérimentalement.
4.3 Calcul numérique
Afin de comprendre quel est le rôle des différentes grandeurs, nous avons élaboré un
programme informatique en FORTRAN, et repris la trame de la méthode de calcul
développée par Berger et al113.
4.3.1 Principe du calcul
Une distribution en taille et en forme des nanoparticules, dotées d’une aimantation et d’une
anisotropie magnétocristalline est élaborée. Le champ de résonance est calculé pour chaque
particule prise individuellement. On somme ensuite les différentes contributions, avec pour
résultat une raie de résonance d’une forme complexe, à comparer aux données
expérimentales.
On simule la forme des nanoparticules par des ellipsoïdes de révolution. La génération de la
distribution de taille et de forme se fait à partir de distributions lognormales générées
aléatoirement pour les deux axes des ellipsoïdes. Un facteur de corrélation doit être introduit
entre les deux distributions afin de produire une distribution proche de celle mesurée par
MET.
Chaque particule est caractérisée par son orientation dans l’espace ( D et D ) et par
l’orientation de ses axes cristallins ( MC et MC ) par rapport au champ appliqué.
L’aimantation induite est orientée selon la direction présentant un minimum énergétique ( M
et M ). Les paramètres à faire varier pour obtenir ce minimum sont au nombre de 6 et
correspondent aux angles formés par le champ magnétique et respectivement l’axe de facile
aimantation, une direction cristallographique, et un axe de l’ellipsoïde. La quantité
d’opérations à réaliser pour un ensemble de 1000 particules, où le champ cristallin,
l’aimantation et le champ démagnétisant pourraient avoir 900 orientations différentes (30
selon et 30 selon ) produirait 306.1000=7,29.109 conditions différentes à explorer.
Comme le temps de calcul est prohibitif, nous sommes obligés de prendre en compte certaines
approximations.
Nous avons vu au chapitre 1 qu’il était possible de décrire l’évolution de la valeur moyenne
de la constante de l’anisotropie magnétocristalline en fonction d’une fonction de Langevin
d’ordre supérieur à 1. Dans ce cas, cette fonction est la résultante d’orientations aléatoires,
dépendant de la température, de moments magnétiques par rapport à une direction d’énergie
128
magnétique minimale. Or, notre système est constitué d’une multitude d’orientations
cristallines par rapport au champ magnétique appliqué le long duquel s’orientent les
aimantations des nanoparticules si le champ cristallin est assez faible. D’un point de vue
physique, les deux cas sont identiques, et il est possible d’exprimer la moyenne des
orientations par les équations (1-49) et (1-50).
Toutefois, ce calcul n’est valable que dans le cas où l’effet Zeeman est l’effet dominant par
rapport aux autres énergies, car il nécessite l’existence d’une direction privilégiée unique25.
Ces équations sont auto-consistantes car l’énergie magnétique est calculée à partir de la valeur
de l’anisotropie magnétocristalline moyennée par les formules de Langevin d’ordre 2 et plus,
fonctions qui dépendent de cette même énergie magnétique. Aussi, il est nécessaire de faire
converger le terme d’énergie ainsi que le terme d’anisotropie, ce qui rajoute une couche de
calcul. Cependant, l’utilisation de telles formules permet de simplifier grandement
l’évaluation de la distribution de l’anisotropie magnétocristalline, puisque ce terme moyen
peut être pris pour remplacer une distribution d’une infinité de nanoparticules de formes
identiques dont les axes cristallins sont orientés aléatoirement.
Du fait que nous avons fixé la forme des nanoparticules comme étant des ellipsoïdes de
révolution, nous pouvons assimiler l’effet de l’interaction dipolaire à une interaction
d’anisotropie axiale, ce qui permet de prendre uniquement la valeur moyenne des interactions
dipolaires selon le même principe que l’anisotropie magnétocristalline.
Ainsi, d’un système à 6 variables, nous limitons le calcul à un problème à 2 variables. Le
champ auquel se rapporte le calcul de l’énergie minimale devrait normalement être le champ
appliqué. Cela donnerait encore une équation autocohérente, chose que nous évitons en
prenant comme champ appliqué le champ de Larmor. Une fois l’orientation d’énergie
minimale obtenue, il est possible de calculer le champ effectif grâce à la formule (4-18).
Le calcul de la largeur de raie se fait par l’introduction d’un terme proportionnel à
l’anisotropie magnétocristalline auquel on ajoute une constante faisant office de largeur de
raie intrinsèque.
Une fois les largeurs de raie et les champs résonnants calculés, ces données sont réinjectées
dans la formule de Landau et Lifshitz, permettant ainsi de calculer l’allure de la raie d’une
nanoparticule « moyenne » d’une forme donnée. La somme de toutes ces raies donne le
spectre final.
129
Figure 4-8. Variation des fonctions de Langevin d’ordre 1 (Cubique), 2 (axial) et 4 (Langevin). Ces courbes sont
tracées pour un diamètre de particule de 3,5nm et une aimantation de 1.106A.m-2
4.3.2 Résultats du calcul numérique sur l’évolution des raies de résonances
L’utilisation du calcul pour simuler les raies de résonance ferromagnétique que nous avons
observées n’est pas encore aboutie, car le nombre de paramètres à faire varier est assez
important. Toutefois, nous présentons ici l’influence des variables mises en jeu dans le calcul
des largeurs de raies.
Jeux de paramètres :
T est la température de calcul, Tcurie est la température de Curie, M est l’aimantation en
106A.m-2, K est la constante d’anisotropie magnétocristalline d’ordre 2 (on se place dans le cas
d’une anisotropie axiale) en 104 J.m-3, dM et dK sont des largeurs de distribution des valeurs de
l’aimantation et d’anisotropie. X0 est la taille de la nanoparticule dans son plan de révolution
selon l’axe Z. Z0 est la taille de la nanoparticule selon son axe de révolution. dX et dZ
traduisent les largeurs de distributions des tailles de particules intervenant dans le calcul des
lognormales servant à modéliser ces distributions. Rho est le facteur de corrélation. n_theta,
n_phi sont les nombres d’orientations possibles des paramètres selon les angles et
sphériques, n_ess est le nombre de nanoparticules à partir desquelles la distribution en taille
est calculée. dB0 et dB1 sont les paramètres servant à définir la largeur intrinsèque de la sorte :
T= 80. ; Tcurie=933.
------------------------------------------------------
M= 1.20 ; dM= 0.00 * e+6 ; K= 8.50 ; dK= 0.00 * e+4 ; cubique
------------------------------------------------------
X0= 3.200 ; dX= 0.180 ; Z0= 3.80 ; dZ= 0.180(nm) ; Rho=0.80
------------------------------------------------------
n_theta= 28 ; n_phi= 28 ; n_ess= 800 dB0= 1500.00 ; dB1= 20.00 Gs ; forme : 2
130
( ) 1.0 dBTfdBB += (4-25)
( )Tf est une fonction de Langevin d’ordre correspondant à la symétrie magnétique des
nanoparticules.
Le temps de calcul peut très vite devenir important dans le calcul des raies de résonances. Le
gain se fait essentiellement sur la diminution des « accidents » qui peuvent être présents sur la
courbe, comme montré Figure 4-9.
Figure 4-9. Comparaison entre deux calculs dont les paramètres physiques sont similaires. La courbe rouge est calculée avec n_the=n_phi=28 et n_ess=800. La courbe noire : nthe=n_phi=50 et n_ess=2000
Figure 4-10. L’évolution selon la valeur de l’aimantation se limite à l’augmentation de la largeur de raie.
131
Figure 4-11. L’évolution de l’anisotropie influence grandement la largeur de raie, ainsi que le champ de
résonance.
Figure 4-12. L’influence de la largeur de raie intrinsèque est minime. Son influence se fait surtout sentir dans l’évolution en fonction de la température des raies de résonances.
132
Figure 4-13. L’influence de la taille des nanoparticules sur les raies de résonances est prononcée.
Étant donné que tous les paramètres que nous avons fait varier influencent la largeur de raie,
la seule solution permettant de découpler l’influence de la taille et l’influence de l’anisotropie
magnétocristalline est de faire varier la température.
4.4 Résultats expérimentaux
4.4.1 Échantillons
Nous avons caractérisé trois échantillons, le Fe40Pd60-5nm, le Fe57Pt43-2nm et le Pd+oxyde de
fer. Les nanoparticules synthétisées sont au départ sous forme de suspension colloïdale dans
de l’hexane. Or la température d’ébullition de l’hexane est trop basse pour permettre une
étude à haute température. (La température de Curie du matériau massif est de 750 K pour le
FePd L10 par exemple). Si l’on se contente d’évaporer le solvant pour obtenir une poudre de
nanoparticules, un autre problème se pose car le recuit provoquerait une coalescence, et un
accroissement de la taille des nanoparticules avec la température, rendant impossible toute
conclusion sur les propriétés magnétiques de nanoparticules d’une taille donnée.
Afin de se libérer des problèmes de coalescence, nous avons décidé d’utiliser une poudre de
SnO2 ultra-pure de haute surface spécifique comme substrat, afin de profiter de sa grande
surface spécifique et de sa stabilité thermique.
4.4.2 Résonance ferromagnétique in situ de nanoparticules de FePd
L’échantillon Fe40Pd60-5nm a été analysé pour des températures allant de 20 à 850 K, en
effectuant plusieurs montées et descentes en température. Nous allons voir comment il est
133
possible grâce à ces mesures de déterminer un modèle précis du comportement magnétique de
nos nanoparticules, et notamment la mise en évidence de la transition A1-L10.
Figure 4-14. Variation de la résonance ferromagnétique de l’échantillon Fe40Pd60-5nm en fonction de la
température, dans la gamme 20-280K
La courbe basse température du Fe40Pd60-5nm montre deux signaux bien définis. Le premier
signal situé vers 1500 G correspond à des centres paramagnétiques d’ions Fe3+ 114, impuretés
présentes en très faible concentration, dont la contribution est négligeable dans notre étude.
Le deuxième signal provient des nanoparticules. On observe également, pour T<50 K, la
présence d’un pic de faible intensité au champ de résonance 3300 G provenant d’impuretés
résiduelles du tube en quartz.
Une première observation est l’augmentation considérable de la largeur de raie lorsque la
température diminue. À cette augmentation de largeur de raie est associée une diminution du
champ résonnant, en accord avec la théorie présentée paragraphe 4.2.3.
134
Figure 4-15. Évolution des raies de résonance lors de la première montée en température.
Figure 4-16. Évolution des raies de résonance lors de la première descente en température faisant suite à la
première montée.
135
Figure 4-17. Variation de la résonance ferromagnétique de l’échantillon Fe40Pd60-5nm en fonction de la
température, mesurée suite à la première descente.
À plus haute température, on remarque que s’opèrent de nombreux changements tant sur la
forme que sur la largeur de raie ou encore l’intensité. Plusieurs mesures ont été faites à des
températures identiques permettant de voir l’évolution au cours du temps de la raie. Le temps
écoulé entre chaque mesure est d’environ 15 minutes.
4.4.2.1 Évolution de l’intensité en fonction de la température
Afin de discuter de l’évolution des propriétés magnétiques en fonction de la température, nous
pouvons tracer en fonction de la température les grandeurs I et IT . , I étant obtenue par la
double intégration de la raie de résonance. L’intensité I est proportionnelle à l’aimantation
dans le cas d’un solide ferromagnétique (cf 4.2.3), alors que IT . permet de remonter à
l’expression du moment magnétique à partir de la loi de Curie, sachant que I est proportionnel
à la susceptibilité statique. Ainsi, IT . est proportionnel à l’aimantation dans le cas d’un
régime superparamagnétique.
136
Figure 4-18. Évolution de l’intensité en fonction de la température entre 40 et 300 K
La variation en température de I à basse température fut la première mesure réalisée. Elle
permet de mettre en évidence la transition d’un régime ferromagnétique à basse température,
vers un régime superparamagnétique à haute température. La transition entre les deux régimes
se produit au voisinage de la température de blocage TB pour laquelle la susceptibilité atteint
un maximum. Nous évaluons TB à 80 K avant recuit sur les courbes de basse température. La
courbe à basse température est caractéristique d’un refroidissement à champ nul.
Figure 4-19. Les formes pleines sont associées à l’échelle de gauche, les formes vides à l’échelle de droite.
L’indexation des points suit l’ordre chronologique de la prise des mesures.
137
À haute température, on constate une évolution irréversible de l’intensité suite au recuit dès
673K, suivie d’une évolution réversible sur toute la gamme de température si la température
de recuit n’est pas trop élevée. Si cette température de recuit est très élevée, l’évolution de
l’intensité reste similaire à celle observée avant recuit. On peut s’apercevoir que l’intensité
augmente progressivement en fonction de la température juste avant 673 K, ce qui est en
contradiction avec une évolution classique de l’aimantation en fonction de la température. Cet
effet commence à 523 K et atteint son paroxysme pour 673 K. Il est susceptible d’être la
conséquence de plusieurs phénomènes :
• Une augmentation soudaine du nombre de moments magnétiques présents dans les
nanoparticules. Cette augmentation pourrait venir d’un changement de phase, depuis
une phase non magnétique vers une phase magnétique.
• Un changement de la température de Curie, du fait de la présence de nouvelles phases
magnétiques. Si la température de Curie augmente, on obtient une quantité plus
importante de moments magnétiques participant à l’aimantation.
• Un passage d’un régime superparamagnétique à un régime ferromagnétique. Cela
revient à considérer que l’intensité est égale à l’aimantation à saturation, et donc plus
proportionnelle à IT . .
Lors du second recuit, on retrouve des valeurs similaires à celles observées durant la première
descente. L’intensité diminue de manière continue jusqu'à la température maximale mesurée.
La deuxième descente adopte un comportement identique à la première descente, si ce n’est
que l’intensité diminue un peu. Ce phénomène traduit une perte de moments magnétiques, qui
se fait plus graduellement. Toutefois, l’évolution de l’intensité après recuit est très différente
de celle avant recuit. Si l’on suppose que cette différence vient du fait que l’on a observé une
transition A1-L10, alors les largeurs de raies devraient être affectées.
4.4.2.2 Évolution de la largeur de raie en fonction de la température.
L’évolution de la largeur de raie et du champ résonnant nous donne aussi de précieuses
indications sur le comportement magnétique des nanoparticules.
138
Figure 4-20. Évolution des pics normalisés de l’échantillon Fe40Pd60-5nm en fonction de la température
Figure 4-21. Evolution des largeurs de raies à basse température pour l’échantillon Fe40Pd60-5nm. Les hauteurs
des raies de résonances sont normalisées
139
Figure 4-22. Évolution de la largeur de raie (symboles vides) et du champ résonnant (symboles pleins). On notera que les raies de résonances dépendent de la cavité et de la fréquence, qui sont toutes les deux différentes
entre les mesures à basse et à haute température
Dans la suite de cette étude, on distinguera trois cas : Les mesures faites à basse température
(5 à 280 K), les mesure faites à haute température avant la transition (de 323 à 673 K), et les
mesures faites à haute température après la transition (entre 323 et 823 K). Cette transition
correspond à l’augmentation importante de l’intensité à 400°C (673 K).
Les raies de résonance montrent un comportement assez différent entre la basse et la haute
température. La largeur de raie à 280 K à basse température est plus petite que celle à 323 K
de la haute température avant la transition. Par ailleurs, le champ résonnant tend vers un
plateau à basse température au fur et à mesure que la température augmente, puis croît
linéairement à haute température, avant ou après la transition, jusqu’à tendre vers une autre
constante.
On observe une augmentation nette sur la largeur durant la transition s’opérant à 673 K. La
partie constante de l’évolution de la largeur de raie en température avant transition correspond
à l’augmentation progressive de l’intensité dans le temps observée Figure 4-19. Nous
attribuons cette singularité à un changement de phase. Lors de la première descente, après la
transition, la largeur de raie est très différente de celle d’avant la transition. Même si lors de la
deuxième descente, on remarque que la raie est toutefois un peu moins large, nous
considérons, en accord avec l’évolution de l’intensité que la phase observée reste la même. Le
changement de comportement de la largeur de raie en fonction de la température nous permet
de dire que cette transition observée traduit aussi une transition superparamagnétique-
140
ferromagnétique, conformément aux observations de Hsu et al115. Les auteurs ont en effet
montré en comparant des nanoparticules de différentes tailles qu’un comportement à peu près
linéaire de la largeur de raie de résonance de petites particules était caractéristique d’un
caractère ferromagnétique. A l’inverse, une décroissance importante de la largeur de raie au
fur et à mesure que la température augmente, ressemblant à l’évolution de la largeur de raie à
basse température traduit un comportement superparamagnétique. La partie se situant avant la
transition montre une largeur de raie qui semble évoluer de la même manière que l’évolution à
basse température, mais à une température plus élevée. Une telle différence traduit une
évolution des nanoparticules entre les mesures à basse température, et celles faites à haute
température, vieillissement que nous associons à une oxydation des nanoparticules les plus
petites, laissant seulement les plus grosses en régime bloqué, ayant pour résultat une
augmentation de la température de blocage.
La transition provoque une augmentation importante de la largeur de raie. Cette augmentation
est associée à une augmentation de l’anisotropie magnétocristalline, augmentation que nous
associons à l’apparition d’une phase L10. L’apparition de cette phase est la conséquence de la
réduction du cœur provoquée par la température.
Il est possible en utilisant la formule (4-19) pour tracer l’anisotropie effective en fonction de
la température à partir du champ de résonance, l’anisotropie effective étant donnée par la
formule :
naimantatiofacileeff
effres eM
KBBB 20 == (4-26)
C’est-à-dire qu’au lieu du champ d’anisotropie magnétocristalline, il s’agit du champ effectif
auquel on aurait enlevé le champ appliqué, soit un champ magnétique traduisant l’anisotropie
générale de l’échantillon. effK , une grandeur comparable à l’anisotropie magnétocristalline,
est la constante qui caractérise ce champ d’anisotropie. Ce terme contient l’influence de
l’anisotropie magnétocristalline.
141
Figure 4-23. Evolution du rapport M
Keff2 en fonction de la température. On gagne un facteur 2 lors du recuit.
Bien qu’une telle variation soit une approximation de la réalité, il reste possible de voir qu’un
tel rapport est très différent selon que l’on regarde l’évolution à basse température ou
l’évolution à haute température après recuit. Entre autres, nous observons une diminution de
ce rapport suite à la transition. Cette transition produit donc soit une diminution de la
constante d’anisotropie, soit une augmentation de l’aimantation. Une diminution de
l’anisotropie magnétique est en contradiction avec un régime bloqué après la transition
puisque la température de blocage ne dépend que de la constante d’anisotropie et du volume.
Nous considèrerons que ce comportement constitue une preuve de plus de l’augmentation de
l’aimantation des nanoparticules suite à cette transition.
4.4.2.3 Détermination de la température de Curie.
Il est théoriquement possible d’évaluer la température de Curie de cette phase, en extrapolant
l’évolution de son aimantation vers les hautes températures. Cependant, il n’est pas possible
de déterminer correctement une température de Curie avant la transition magnétique. Seule la
température de Curie après cette transition a pu être déterminée.
142
Figure 4-24. Évaluation de la température de Curie. On trouve des valeurs similaires pour le second recuit et la deuxième descente. De plus, on peut évaluer quantitativement la baisse de l’aimantation à saturation lors de la
deuxième descente.
Mise à part l’aimantation à saturation, les deux ajustements sur les courbes mesurées lors du
deuxième recuit et de la deuxième descente sont similaires (Figure 4-24). Le fait que l’on ait
une diminution d’intensité pourrait s’expliquer par le fait que le cœur des nanoparticules
s’oxyde partiellement à haute température. Une diminution de la taille du cœur
ferromagnétique au profit d’un oxyde magnétique dont les constantes d’anisotropies sont plus
faibles (K1=-1,35.104 J.m-3 et K2=-2.80.103 J.m-3 pour le Fe3O4 d’anisotropie cubique par
exemple), doit avoir pour effet une diminution de la largeur de raie, ce qui est observé. Les
températures de Curie trouvées sont de 835 K et de 829 K, ce qui est bien plus élevé que la
température de Curie de la phase L10, alors que la température de Curie est censée être au
mieux égale et souvent plus faible pour des nanoparticules par rapport au matériau massif. En
fait, les seuls cas d’augmentation importante de la température de Curie font état de
l’apparition d’un couplage d’échange entre deux phases magnétiques42. Or il se trouve que
dans l’hypothèse d’une structure de type cœur coquille, un tel couplage pourrait se produire
entre le cœur et la coquille. La température de Curie de l’oxyde Fe3O4 ou Fe2O3 est de 858 K,
ce qui est un peu plus élevé que la température que nous obtenons.
Afin de préciser l’effet à haute température, une troisième série de montée et descente en
température a été faite sur le même échantillon (Figure 4-25).
143
Figure 4-25. Évolution des largeurs de raies durant le troisième recuit. Les courbes prises avec l’échantillon
tourné de 90° sont en pointillés, la courbe en tiret pointillé est prise pour une orientation de 180° par rapport au champ.
On constate sur la Figure 4-25 que la forme et l’intensité des raies sont légèrement différentes
après un premier balayage du champ, et qu’un deuxième balayage dans les mêmes conditions
permet de retrouver la forme et l’intensité initiales lorsque l’échantillon était orienté
parallèlement dans le champ. Nous associons cet effet à une polarisation des nanoparticules
par le champ statique appliqué.
L’intensité diminue à nouveau après « recuit », de même que la largeur de raie. C’est un
processus similaire à celui que nous avons observé Figure 4-17.
Figure 4-26. Variation de l’intensité en fonction de la température, équivalente à une quantité de moments effectifs présents dans l’échantillon. Suite aux différents recuits, on remarque que l’aimantation à saturation
diminue encore.
144
Pour ces derniers recuits, on remarque la température de Curie semble augmenter pour
atteindre des valeurs proches de celles de la phase Fe3O4 ou Fe2O3. Le cœur devient de plus
en plus pauvre en fer, et seule la phase d’oxyde de fer finit par résonner.
4.4.2.4 Conclusion
Suite à l’étude de l’échantillon Fe40Pd60-5nm par résonance ferromagnétique, nous avons pu
déterminer ses propriétés magnétiques, en accord avec ses propriétés structurales. Nous
savons, grâce aux études structurales, que les nanoparticules métalliques que nous avons
synthétisées par voie chimique présentent une part non négligeable d’oxyde amorphe,
entourant un cœur d’alliage métallique ou bimétallique en phase A1. La résonance
ferromagnétique que nous obtenons est celle de cet alliage, c’est-à-dire, dans le cas du
Fe40Pd60-5nm un ensemble de cristallites de 2,25 nm de diamètre, présentant une faible
anisotropie magnétocristalline. On trouve que de telles particules présentent une température
de blocage d’environ 80 K. La largeur de raie va diminuer au fur et à mesure que la
température augmente, car l’effet de l’anisotropie magnétique est annulé par les fluctuations
thermiques des moments magnétiques, c’est l’effet superparamagnétique.
Lorsque l’on atteint une température de 400°C, une augmentation spectaculaire de l’intensité
est observée. Sans expliquer complètement ce phénomène, nous l’associons à une séparation
nette des phases composant le cœur et la coquille, transformant la phase de cœur en phase, et
augmentant la cristallinité de la coquille. La transition du cœur de la phase A1 vers la phase
L10 se traduit par une augmentation importante de l’anisotropie magnétocristalline, expliquant
l’augmentation de la largeur de raie. Ainsi, le système magnétique a une température de Curie
comparable à celle d’un oxyde et posséde une forte anisotropie magnétocristalline provenant
du cœur métallique. On suppose que cet effet est dû à un couplage d’échange entre le cœur et
la coquille, à la manière de l’augmentation de la température de Curie lors du couplage de
nanocristallites avec la matrice magnétique.
4.4.2.5 Comparaison entre le FePd et le FePt
La différence entre les phases FePtL10 et FePdL10 est une anisotropie magnétocristalline plus
importante dans la première que dans la deuxième. L’étude des nanoparticules de FePt en
phase L10 permettrait donc d’appuyer ou de rejeter le modèle présenté précédemment. Une
telle étude montre une similitude entre l’évolution des largeurs de raies et des champs
résonnants entre le FePt et le FePd. Dans le cas du Fe57Pt43-2nm, nous n’avons observé aucun
pic de résonance avant d’atteindre une température élevée, supérieure à 600°C, où s’opère une
transition, similaire à celle observée pour le Fe40Pd60-5nm, et donc supposée de nature A1-L10
avec l’apparition d’une coquille d’oxyde de fer. Le signal des nanoparticules de FePt dans la
phase A1 a été obtenu après réduction des nanoparticules (dispersées dans SnO2) sous gaz
145
Formier à 250°C. On remarque sur la Figure 4-27 que la température de blocage est
supérieure pour les nanoparticules de FePt, malgré leur taille plus petite.
Figure 4-27. Évolution de l’intensité en fonction de la température de l’échantillon Fe57Pt43-2nm après
réduction, comparé à l’échantillon Fe40Pd60-5nm avant recuit
Figure 4-28. Variation comparée des largeurs de raie et des champs de résonance pour le Fe57Pt43-2nm et le
Fe40Pd60-5nm.
La largeur de raie est plus grande pour FePt que pour FePd, dans les phases A1 et L10. Ceci
est peut-être relié au fait que le couplage spin-orbite est plus fort avec le platine qu’avec le
146
palladium, qui se traduit par une anisotropie magnétocristalline plus forte dans les phases
contenant du platine. Cet effet est d’autant plus visible que les nanoparticules de FePt sont
deux fois plus petites que les nanoparticules de FePd. La température de Curie, ainsi que
l’évolution du signal après des recuits ultérieurs est identique à celle de l’échantillon Fe40Pd60-
5nm. Seule la largeur de raie et le champ résonnant sont différents, tout comme les
anisotropies magnétocristallines des phases FePtL10 et FePdl10. L’anisotropie
magnétocristalline des nanoparticules dépend du contenu du cœur. Cette comparaison permet
donc de confirmer toutes les hypothèses proposées dans la conclusion sur le magnétisme de
Fe40Pd60-5nm, selon lesquelles les nanoparticules recuites présentent un couplage d’échange
entre la phase anisotrope L10 et la phase à forte température de Curie d’oxyde de fer, de type
Fe3O4 ou Fe2O3.
4.4.3 Mesure d’une structure Cœur coquille : Pd + oxyde de fer
Nous avons vu durant l’étude structurale qu’il était possible de synthétiser des nanostructures
de type Fe3O4+Pd. Nous avons pris l’une de ces structures (l’échantillon nommé Fe3Pd01) et
nous avons mesuré ses propriétés magnétiques par résonance ferromagnétique en bande X à
basse et haute température, et en bande Q à basse température.
4.4.3.1 Présentation des résultats
Figure 4-29. Evolution de la raie de résonance en fonction de la température de l’oxyde de fer.
147
Figure 4-30. Même évolution que présenté Figure 4-29, avec les hauteurs des pics d’absorptions normalisées
À basse température, l’évolution de la largeur de raie semble similaire à celle du FePd et du
FePt.
Figure 4-31. Variation de l’intensité en fonction de la température. On situe la température de blocage au maximum d’intensité, par analogie avec les courbes de susceptibilité obtenues en magnétométrie statique à
champ nul.
Contrairement aux études précédentes, nous n’observons pas de transition brutale de
l’intensité. Le fait de pouvoir déterminer la structure Fe3O4 ou Fe2O3 avant le recuit signifie
que la séparation entre le cœur et la coquille s’est déjà opérée. Par ailleurs, on observe une
148
variation continue de l’intensité au-delà de la température de blocage. Nous sommes en
régime superparamagnétique. On évalue TB à 160 K. On trace alors IT .
Figure 4-32. Évolution de l’aimantation en fonction de la température de l’échantillon Pd+oxyde de fer. On
trouve une température de 787 K
Ce résultat conforte notre hypothèse que la température de Curie obtenue pour les
nanoparticules de composition FePd et FePt est déterminée par la couronne d’oxyde entourant
le cœur métallique des nanoparticules. Ici la couronne d’oxyde possède un cœur non
magnétique, ce qui fait que son anisotropie est bien plus faible que dans le cas présent.
4.4.3.2 Calcul numérique
Figure 4-33. Evolution de largeurs de raies calculées selon la méthode évoquée au paragraphe 4.3. On peut
remarquer que l’évolution du comportement de la raie de résonance est bien reproduite.
TC
149
Les calculs numériques effectués s’appuient sur le modèle présenté dans le paragraphe 4.3.
On peut noter que l’évolution présentée Figure 4-30 est très similaire à celle observée Figure
4-29. De cette constatation, nous faisons l’hypothèse que le diamètre des domaines
magnétiques est d’environ 3,5 nm.
4.4.3.3 Effet du changement de fréquence sur les caractéristiques de la raie de résonance
Nous avons discuté dans la théorie de la résonance magnétique des nanoparticules du
problème relatif à la distinction entre largeur de raie intrinsèque, qu’on peut mesurer sur une
particule individuelle, et largeur effective de la raie inhomogène, décrivant l’ensemble de
nanoparticules, dont les caractéristiques magnétiques et structurales sont distribuées. Une
caractéristique de la largeur intrinsèque, dans l’hypothèse d’un mécanisme de relaxation du
type Landau-Lifshitz, est sa variation linéaire en fonction du champ résonnant local. Pour
tester cette hypothèse, nous avons mesuré le signal de résonance des nanoparticules de Pd-
Fe3O4 en bande X (9,3 GHz) et en bande Q (34 GHz) entre 10 et 300 K. La Figure 4-34
montre que la largeur de raie vers 0 K est du même ordre pour les deux fréquences, alors que
la différence s’accentue lorsque la température augmente. Sur la Figure 4-35 sont reportées
les variations de la largeur de raie Bpp et le champ Bres renormalisées par la fréquence
excitatrice, pour illustrer clairement la transition de régime de relaxation qui s’opère lorsque
la température augmente.
• Dans le régime dit « bloqué », compris entre 0 K et TB ( 160K), le processus de
relaxation est du type rétrécissement du champ d’anisotropie par le mouvement
brownien des moments magnétiques. La relaxation intrinsèque a peu d’effet dans ce
régime, et la décroissance de la largeur de raie est très bien décrite par le modèle de
Kliava et Berger113, comme le montre la Figure 4-31.
• Au delà de TB, dans le régime superparamagnétique, les effets d’anisotropie sont
quasiment annulés, et on obtient une raie de résonance intrinsèque, homogène, dont la
largeur est décrite par l’expression B0 / M . Ainsi, lorsqu’on approche de la
température de Curie, l’aimantation diminue et la largeur de raie augmente comme le
montre Figure 4-36. Un comportement similaire a été observé dans des couches
minces ferromagnétiques4.
150
Figure 4-34. Variation de la largeur de raie en fonction de la température, en bande X et en bande Q
Figure 4-35. Le trait plein vertical sépare le régime bloqué du régime superparamagnétique. Sa position coïncide avec le maximum d’intensité de la résonance ferromagnétique observé Figure 4-31.
151
Figure 4-36. Variation de la largeur de raie due à la relaxation du champ d’anisotropie modélisée par la loi.
=Tk
KVG
Tk
MVLHH
BB
pp 0113
4.5 Conclusion
La technique de résonance ferromagnétique permet de mettre en évidence le comportement
magnétique des nanoparticules à haute température. Plusieurs avantages sont à mettre en
avant. Tout d’abord, elle permet d’observer le ferromagnétisme à des températures beaucoup
plus élevées qu’avec des techniques classiques de résonance110. Par ailleurs, elle permet
d’évaluer facilement par le comportement des raies et de l’intensité du signal plusieurs
grandeurs magnétiques comme la température de Curie, l’aimantation et l’anisotropie.
L’utilisation du calcul numérique pour modéliser la forme des raies de résonance permet
d’obtenir des informations précises sur nos nanoparticules, telles que la taille, la distribution
en taille, l’aimantation, l’anisotropie magnétique…
Dans le cas des échantillons Fe40Pd60-5nm et Fe57Pt43-2nm, nous avons mis en évidence un
couplage d’échange magnétique entre le cœur métallique anisotrope et la coquille d’oxyde,
ayant pour conséquence une augmentation de la température de Curie, tout en conservant une
anisotropie magnétocristalline importante.
Plusieurs questions restent toutefois en suspens. Tout d’abord, la phase ferromagnétique
observée pour le Fe40Pd60-5nm à température ambiante n’est pas clairement définie. Cela est
d’autant plus étrange que le Fe57Pt43-2nm ne possède pas de résonance ferromagnétique avant
recuit, à moins d’être réduit. Pouvoir contrôler l’atmosphère environnant les nanoparticules in
situ serait un atout indéniable pour pousser plus loin les investigations.
5
Conclusion générale
155
Au terme de notre étude, nous avons pu mettre en évidence à quel point était importante la
maîtrise de la synthèse dans l’étude des nanoparticules. Il est en effet virtuellement possible
de produire n’importe quel type de phases cristallines, et surtout celles que l’on ne souhaite
pas. Le défaut de la synthèse par voie physique est qu’il est difficile de produire des dépôts
homogènes. Or, l’homogénéité du système étudié est capitale si l’on veut connaître les
propriétés magnétiques. La synthèse par voie chimique est susceptible de produire des
nanoparticules de bonne qualité chimique et structurale, avec une distribution en taille
relativement homogène, à condition de contrôler précisément les conditions de réaction. Ce
fut le cas des échantillons Fe57Pt43-2nm et Fe40Pd60-5nm. Les caractérisations structurales, en
couplant la diffraction des rayons X, la diffraction électronique et la spectroscopie
d’absorption X, nous ont permis de dresser une carte d’identité assez précise de nos
nanoparticules, non sans difficultés. Nous avons en effet utilisé ces techniques à la limite de
leur sensibilité. L’EXAFS est une technique de choix pour l’étude des nanoparticules,
puisqu’elle permet de mettre en évidence les structures locales à des tailles inaccessibles par
diffraction des rayons X. Cependant, l’interprétation de ces signaux peut parfois relever d’un
tour de force. Les spectres EXAFS ne peuvent donner que les grandes lignes de la structure
locale. Il est par exemple impossible avec une telle technique de différencier la phase A1 de la
phase L10. De cette étude structurale en ressort une structure de type cœur-coquille présentant
un désordre cristallin assez important avant recuit. Après recuit, nous avons clairement mis en
évidence l’apparition de la phase L10 pour les nanoparticules de l’échantillon Fe57Pt43-2nm. Le
recuit produit deux effets qui sont reliés : l’apparition d’une couche d’oxyde et l’apparition
d’une structure cœur-coquille bien définie. Enfin, nous avons pu observer les propriétés
magnétiques par résonance ferromagnétique des deux systèmes bimétalliques FePd et FePt.
Cette étude a montré qu’il apparaissait un couplage magnétique entre le cœur métallique et la
coquille d’oxyde augmentant de manière importante la température de Curie des
nanoparticules. On associe par effet de couplage la forte anisotropie du cœur L10 à la
température de Curie de la coquille d’oxyde de fer. Par ailleurs, nous avons montré que nous
pouvions suivre l’évolution des grandeurs magnétiques comme l’anisotropie
magnétocristalline ou l’aimantation, et ce en fonction de la température.
Ce travail ouvre de nombreuses perspectives, que ce soit pour la synthèse, les caractérisations
structurales ou magnétiques. La synthèse par voie chimique se révèle être la seule technique
permettant de disposer de suffisamment de matière pour des mesures magnétiques
« macroscopiques ». Cependant, nos échantillons ont présenté une couche d’oxyde de taille
variable, avec un cœur présentant un concentration en fer elle aussi variable. Nous avons vu
l’importance de la couche d’oxyde de fer dans l’établissement des propriétés magnétiques, et
156
il serait donc intéressant d’orienter l’étude de la synthèse chimique de nanoparticules vers
l’obtention directe d’une structure cœur coquille de taille et de composition contrôlée. Se pose
tout de même le problème de savoir comment utiliser les nanoparticules entourées de ligands
pour des applications. De nombreux efforts sont faits dans l’étude de l’auto-organisation de
nanoparticules, mais cela interdit des processus de recuits, ceux-ci provoquant inévitablement
une coalescence. La croissance par voie physique présente ici de nombreux avantages,
puisqu’il s’agit des méthodes courantes d’élaboration des matériaux pour l’électronique de
spin. La solution serait peut-être de combiner les deux méthodes de croissances, en piégeant
les nanoparticules auto-organisées possédant une structure cœur-coquille dans une matrice de
type oxyde ou polymère. Les propriétés de couplage entre ces différentes structures ainsi
imbriquées restent cependant à déterminer. L’électronique de spin est tributaire de l’effet de
magnétorésistance géante. Si celui-ci est mesuré dans le cas de couches minces, il reste encore
très peu étudié dans le cas de nanoparticules. On pourrait imaginer, toujours grâce aux effets
de couplages magnétiques, produire des systèmes présentant des propriétés de conduction
originales.
Nous avons vu que les caractérisations structurales étaient délicates à mener pour les
nanoparticules de petites tailles. L’utilisation de techniques de pointe telle que l’imagerie en
microscopie électronique en transmission résolue chimiquement (EELS) permettraient d’avoir
davantage d’informations. Le système de mesure d’absorption des rayons X est lui aussi
susceptible d’être grandement amélioré par un contrôle de l’atmosphère entourant les
nanoparticules, et permettant de voir par exemple l’effet de la réduction sur les nanoparticules
oxydées.
La résonance ferromagnétique ouvre elle aussi de nombreuses perspectives. Tout d’abord,
l’utilisation systématique de la simulation des raies de résonance permet de remonter assez
précisément aux grandeurs magnétiques présentes dans le système, ainsi qu’à la taille, la
forme, et leur distribution sur une population de nanoparticules. La méthode peut s’appliquer
sur de nombreux systèmes magnétiques, qu’ils soient sous la forme de couches minces ou de
nanoparticules dans une matrice. Pouvoir déterminer l’influence d’une matrice magnétique
sur les nanoparticules, voir évoluer l’anisotropie magnétique de ces nanoparticules, que ce
soit en fonction de la température ou de l’environnement chimique, caractériser un
changement de phase magnétique, structural, etc, les possibilités sont nombreuses. Une
atmosphère contrôlée permettrait d’étudier l’influence de la chimie de surface sur les
propriétés des nanoparticules. Enfin, il est à priori possible d’étudier les déformations des
nanoparticules en fonction de la température, ce qui permet d’évaluer l’influence de la
coalescence sur le magnétisme.
157
6 Bibliographie 1 SUN, S., MURRAY, C. B., WELLER, D., FOLKS, L. et MOSER, L. A., Monodisperse FePt nanoparticles and
ferromagnetic monodisperse nanocristals superlattices, Science, 287 1989 (2000) 2 RENARD, J.-P., BRUNO, P., MÉGY, R., BARTENLIAN, B., BEAUVILLAIN, P., CHAPPERT, C., DUPAS, C., KOLB, E., MULLOY, M., PRIEUR, J., VEILLET, P. et VÉLU, E., Inverse giant magnetoresistance (invited), Journal of Applied Physics 79 5270 (1996) 3 BELYAKOVA, O. A., ZUBAVICHUS, Y. V., NERETIN, I. S., GOLUB, A. S., NOVIKOV,Y. N., MEDNIKOV, E. G., VARGAFTIK, M. N., MOISEEV, I. I. et SLOVOKHOTOV, Y. L., Atomic structure of nanomaterials: combined X-ray
diffraction and EXAFS studies, Journal of Alloys and Compounds 382 46 (2004) 4 FARLE, M., Ferromagnetic resonance of ultrathin metallic layers, Reports on Progress in Physics 61 755 (1998) 5 RAIKHER, Y. L. et STEPANOV, V. I., Magnetic resonances in ferrofluids: temperature effects, Journal of Magnetism and Magnetic Materials 149 34 (1995) 6 TREMOLET DE LACHEISSERIE, É., Magnétisme I fondements Presses Universitaires de Grenoble, Grenoble, (1999) 7 COHEN-TANOUDJI C., DIU B., LALOË F., Mécanique quantique II, Hermann, Paris, (1973) 8 WEISS, P., J. Phys. Rad. 4 469 (1907) 9 HERRING C., Magnetism volume IV: Exchange interactions among itinerant electrons, ed. par RADO, G. et SUHL, H., Academic Press, New York and London, (1966) 10 BRUNO, P., Anisotropie magnétique et hystérésis du cobalt à l’échelle du plan atomique: théorie et expérience, Thèse de doctorat, Université de Paris Sud Centre d’Orsay (1989) 11 STEARNS, M. B. in 3d, 4d, and 5d Elements, Alloys and Compounds, édité par WIJN, H. P. J., Landolt-Börnstein, New Series, Group III, 19, Springer, Berlin, (1986) in RAVINDRAN, P., KJEKSHUS, A., FJELLVÅG, H., JAMES, P., NORDSTRÖM, L., JOHANSSON, B. et ERIKSSON, O., Large Magnetocristalline anisotropy in bilayer
transition metal phases from first-principles full-potential calculations Physical Review B 63 144409 (2001) 12 GRANGE, W., Anisotropie magnétocristalline des films d'alliage Co[x]Pt[1][ ][x] étudiée par dichroïsme
magnétique circulaire, Thèse de doctorat, Université de Strasbourg 1 (1999) 13 BRUNO, P., binding approach to the orbital moment and magnetocrystalline anisotropy of transition-metal
monolayers, Physical Review B 39 865 (1989) 14 BLUNDELL, S., Magnetism in Condensed Matter. Oxford University Press, 2001. 15 OSBORN, J. A., Demagnetizing Factors of the General Ellipsoid, Physical review 67 351 (1945) 16 ASHCROFT, N. W. et MERMIN N. D., Physique des solides, EDP sciences, Les Ulis, (2002) 17 SABIRYANOV; R. F. et JASWAL, S. S., Ab initio calculations of the Curie tempreature of complex permanent
magnet materials Sm2Fe16A (A=Ga, Si) Journal of Applied Physics 81 5315 (1997) 18 MOHN, P. et WOHLFARTH, E. P., The curie temperature of the ferromagnetic transition metals and their
compounds Journal of Physics F Metal Physics 17 2421 (1987) 19 STONER, E. C., Collective Electron Ferromagnetism. II. Energy and Specific Heat, Proceedings of the Royal Society of London. Series A, Mathematical and Physical Sciences 169 339 (1939) 20 ZHOU, Y., et LAI, W., Calculation of the band structure and Curie temperature for Y2Fe17 and Y2Fe17N3 Journal of Physics: Condenses matter 9 2759 (1997) 21 KASHYAP, A., GARG, K. B., SOLANKI, A. K., NAUTIYAL, T. et AULUCK, S., Electronic structure fermi surface
and Curie temperature calculation for the CoPt System Physical Review B 60 2262 (1999) 22 ZENER, C., Classical Theory of the temperature dependance of magnetic anisotropy Energy Physical Review 96 1335 (1954) 23 CALLEN E.R., et CALLEN, H.B., Anisotropic magnetization Journal of Physics and Chemistry of Solids 16 310 (1960) 24 INOUE, K., SHIMA, H., FUJITA, A., ISHIDA, K., OIKAWA, K. et FUKAMICHI K.,Temperature dependance of
magnetocristalline anisotropy constants in the single variant state of L10 type FePt bulk single crystal, Applied Physics Letters 88 102503 (2006) 25 DE BIASI, R. et DEVEZAS, T., Anisotropy field of small particles measured by resonance, Journal of Applied Physics, 49 2466 (1978) 26 DORMANN, J. L., FIORANI, D. et TRONC, E., Magnetic relaxation in fine particles systems, Advances in
Chemical Physics, 158 283 (1997) 27 SAMPEDRO, B., CRESPO, P., HERNANDO, A., LITRÁN, R., SÁNCHEZ LÓPEZ, J. C., LÓPEZ CARTES, C., FERNANDEZ, A., J. RAMÍREZ, J., GONZÁLEZ CALBET, J. et VALLET, M., Ferromagnetism in fcc Twinned 2.4 nm
Size Pd Nanoparticles Physical Review Letters 91 237203 (2003) 28 KODAMA, R. H., Magnetic nanoparticules Journal of Magnetism and Magnetic Materials 200 359 (1999)
158
29 BRUNO, P. et RENARD, J. P., Surface anisotropy of transition metal ultrathin films Applied Physics A 49 499 (1989) 30 LABAYE, Y., CRISAN, O., BERGER, L., GRENECHE, J. M. et COey, J. M. D., Surface anisotropy in
ferromagnetic nanoparticles Journal of Applied Physics 91 8715(2002) 31 GAZEAU, F., BACRI, J. C., GENDRON, F., PERZYNSKI, R., RAIKHER, Y. L., STEPANOV, V. I. et DUBOIS, E., Magnetic resonance of ferrite nanoparticules: evidence of surface effects Journal of Magnetism and Magnetic Materials 186 175 (1998) 32 JAMET, M., WERNSDORFER, W., THIRION, C., MAILLY, D., DUPUIS, V., MÉLINON, P. et PÉREZ A. Magnetic
Anisotropy of a Single Cobalt Nanocluster Physical Review Letters 86 4676 (2001) 33 Wu, X. W., GUSLIENKO, K. Y., CHANTRELL, R. W. et WELLER, D., Magnetic anisotropy and thermal stability
study on FePt nanoparticle assembly Applied Physic Letters 82 3475 (2003) 34 CRESPO, S P., GONZÁLEZ, J. M., HERNANDO, A. et YNDURAIN, F. J., Spin-wave excitations in ribbon-shaped
Fe nanoparticles Physical Review B 69 12403 (2004) 35 LIN, W. C., HUANG, P. C., SONG, K. J. et LIN, M. S., Enhanced Curie temperatures in Fe and Co magnetic
nanoparticle assembly on single-crystalline Al2O3/NiAl(100) with normal metal capping layer, Applied Physics Letters 88 153117 (2006) 36 FISHER, M. E. et BARBER, M. N., Scaling Theory for finite-size effects in the critical region, Physical review Letters 28 1516 (1972) 37 BARBER, M. N., in phase transitions and critical phenomena edited by C. DOMB et J. L. LEBOWITZ (academic New York 8 145 (1983) 38 CUI, X.F., ZHAO, M. et JIANG, Q. Curie transition temperature of ferromagnetic low-dimensional metals, Thin Solid Films 472 328 (2005) 39 ZHONG, W. H., SUN, S. Q., TAY, B. K., LI, S., BAI, H. L. et JIANG, E. Y., Curie temperature suppression of
ferromagnetic nanosolids, Journal of Physics: Condensed Matter 14 L399 (2002) 40 MERIKOSKI, J., TIMONEN, J. et MANNIEN, M., Ferromagnetism in small clusters. Physical Review Letters 66 938 (1991) 41 BESSAIS, L., DJÉGA-MARIADASSOU, C. et BEAUNIER, P., Effect of nanocrystallization on the structure and the
magnetic properties of Nd–Fe–Co–Al–B glassy alloy, Journal of Applied Physics 99 093906 (2006) 42 CHENG, Z. H., ZHANG, J. X., KRONMÜLLER, H., DUNLAP, R. A. et SHEN, B. G., Enhancement of the Curie
temperature of the amorphous intergranular phase in Sm–Fe–Ga–C nanocomposite permanent magnetic
materials, Jounral of Physics: Condensed Matter 15 267 (2003) 43 TANG, Z. X., SORENSEN, C. M. ET KLABUNDE, et K. J., HADJIPANAYIS, G. C., Size-dependent Curie
temperature in nanoscale MnFe2O4 particles, Physical Review Letters 67 3602 (1991) 44 HERNANDO, A., NAVARRO, I., PRADOS, C., GARCÍA, D., VÁZQUEZ, M. et ALONSO, J., Curie-temperature
enhancement of ferromagnetic phases in nanoscale heterogeneous systems, Physical Review B, 53 8223 (1996) 45 ZHANG, R. et WILLIS, R. F., Thickness-dependant Curie temperature of ultrathin magnetic films : effect of the
srange of spin-spin interactions, Physical Review Letters 86 2665 (2001) 46 SAUNDERS, G., SENIN, H. et SIDEK, H., Third-order elastic constants, vibrational anharmonicity, and the
Invar behavior of the Fe72Pt28 alloy, Physical Review B 48 15801 (1993) 47 DUPLESSIS, R. R., STERN, R. A. et MACLAREN, J. M., Phase stability criteria for cubic and orthorhombic
Fe3Pt and Fe3Pd, Journal of Applied Physics 95 6589 (2004) 48 RECARTE, V., PÉREZ-LANDAZÁBAL, J; I., GOMEZ-POLO, C.,CAMPO, J. et GARITAONANDIA, J.S., Influence of
atomic rearragments on the magnetic properties of a thermally treated disordered Fe21Pd79 alloy, Journal of Non-Crystalline Solids 287 96 (2001) 49 KANG, S., HARRELL, J. W. et NIKLES, D. E., Reduction of the fcc to L10 Ordering Temperature for Self-
Assembled FePt Nanoparticles Containing Ag Nanometters 2 1033 (2002) 50 QADRI, S. B., KELLER, T. M., LITTLE, C. A., LUBITZ, P., Structural and magnetic properties of nano-
crystalline FePd alloys prepared by organo-metallic synthesis, Applied Physics A 81 587 (2005) 51 KLEMMER, T. J., SHUKLA, N., LIU, C., WU, X. W., SVEDBERG, E. B., MRYASOV, O., CHANTRELL, R. W., WELLER D., TANASE, M. et LAUGHLIN, D. E., Structural studies of L10 FePt nanoparticles Applied Physics Letters 81 2220 (2002) 52 DING, Y., MAJETICH, S. A., KIM, J., BARMAK, K., ROLLINS, H. et SIDES, P., Sintering prevention and phase
transformation of FePt nanoparticules, Journal of Magnetism and Magnetic Materials 284 336 (2004) 53 TANAKA, K. et ICHITSUBO, T, Single-crystal elastic constants of disordered and ordered FePd, Journal of
Applied Physics 96 6220 (2004) 54 LAUGHLIN, D., KUMAR, S., TANASE, M. et WANG, L., Crystallographic aspects of L10 magnetic materials Scripta materalia 53 (2005) 383 (2005) 55 TZITZIOS, V.K., PETRIDIS, D., ZAFIROPOULOU, I., HADJIPANAYIS, G. et NIARCHOS, D., Synthesis and
characterization of L10 FePt nanoparticles from Pt-Fe3O4 core-shell nanoparticles, Journal of Magnetism and Magnetic Materials 294 e95 (2005) 56 CHEN, M. et NIKLES, D. E., Synthesis of spherical FePd and CoPt nanoparticules, Journal of Applied Physics 91 15 (2002) 57 PCPDFWIN v. 2.02, JCPDS-International Centre for Diffraction Data (1999) 43-1359
159
58 PCPDFWIN v. 2.02, JCPDS-International Centre for Diffraction Data (1999) 59 IWAKI, T., KAKIHARA, Y., TODA, T., ABDULLAH, M. et OKUYAMA; K., Preparation of high coercivity
magnetic FePt nanoparticles by liquid process, Journal of Applied Physics 94 6807 (2003) 60 TZITZIOS, V., BASINA, G., GJOKA, M., BOUKOS, N., NIARCHOS, D., DEVLIN, E. and PETRIDIS, D., The effect of
Mn doping in FePt nanoparticles on the magnetic properties of the L10 phase, Nanotechnology 17 4270 (2006) 61 LUO, C. P. ET SELLMYER, D. J., Structural and magnetic properties of FePt : SiO2 granular thin films, Applied Physics Letters 75 3162 (1999) 62 WATANABE, K., KURA, H. et SATO, T., Transformation to L10 structure in FePd nanoparticles synthesized by
modified polyol process, Science and Technology of Advanced Materials 7 145 (2006) 63 BENYOUSSEF, J., LE GALL, H., VUKADINOVIC, N., GEHANNO, V., MARTY, A., SAMSON, Y. et GILLES, B., Ferromagnetic resonance in epitaxial FePd thin films with perpendicular anisotropy Journal of Magnetism and Magnetic Materials 202 277 (1999) 64 CHEN, J.S., LIM, B.C., DING, Y.F. et CHOW, G.M., Low-temperature deposition of L10 FePt films for ultra-
high density magnetic recording, Journal of Magnetism and Magnetic Materials, 303 309, (2006) 65 LAUGHLIN, D. E., SRINIVASAN, K., TANASE, M., WANG, L., Crystallographic aspects of L10 magnetic
materials Scripta Materialia 53 383 (2005) 66 SAHA, S. , THONG, C. J. HUANG, M. Q., OBERMYER, R. T., ZANDE, B. J. CHANDHOK, V. K., SIMIZU, S. et SANKARA, S. G., Magnetic and mechanical properties of (Fe, Co)–Pt bulk alloys prepared through various
processing techniques Journal of Applied Physics 91 8810 (2002) 67 NICOARA, G., FRATILOIU, D., NOGUES, M., DORMANN, J.L., et VASILIU, F., Ni-Zn ferrite nanoparticles
prepared by ball milling Synthesis and Properties of Mechanically Alloyed and Nanocrystalline Materials, Pts 1 et 2 - Ismanam-96 Materials Science Forum 235 145 (1997) 68 VENABLES, J. A., SPILLER, G. D. T. et HANBÜCKEN, M., Nucleation and growth of thin films, Reports on Progress in Physics, 47 399 (1984) 69 SATO, K., BIAN, B. et HIROTSU, Y., Fabrication of oriented L10-FePt and FePd nanoparticles with large
coercivity, Journal of Applied Physics 91 8516 (2002) 70 SATO, K. et HIROTSU, Y., Structure and magnetic property changes of epitaxially grown L10-FePd isolated
nanoparticles on annealing Journal of Applied Physics 93 6291 (2003) 71 BOUET, N., Croissance de nanoparticules de CoxPt100-x : effets dus à l’échelle nanométrique, thèse, Orléans, (2006) 72 ROZENBAUM, J.-P., thèse, université d’Orléans (2000). 73 LIU, C., KLEMMER, T. J., SHUKLA, N., WU, X., WELLER, D., TANASE, M. et LAUGHLIN, D., Oxidation of FePt
nanoparticules, Journal of Magnetism and Magnetic Materials 266 96 (2003) 74 BRETON, Y., thèse, université d’Orléans (2002) 75 BRETON, Y., FLEURIER, R., SALVETAT, J. P., THOMANN, A. L., VERSTRAETE, M., CHARLIER, J. C. Catalyst
consumption during growth of carbon nanofilaments on Pd seeds, Applied Physics Letters 85 5376 (2004) 76 KETTELER, G., WEISS, W., RANKE, W. et SCHLÖGL, R. Bulk and surface phases of iron oxides in an oxygen
and water atmosphere at low pressure, Physical Chemistry Chemical Physics 3 1114 (2001) 77 MELLOR, J.W., a comprehensive treatise on inorganic and theoretical chemistry, LONGMANS, GREEN and Co. London Vol III 1923 78 SCHMID, G., Large clusters and colloids. Metals in the embryonic state Chemical Reviews 92 1709 (1992) 79 TOSHIMA, N. et YONEZAWA, T., Bimetallic nanoparticules — novel materials for chemical and physical
applications New Journal of Chemistry 11 1179 (1998) 80 HOWARD, L. E. M., LOC NGUYEN, H., GIBLIN, S. R., TANNER, B. K., TERRY, I., HUGHES, A. K. et EVANS, J. S. O., A Synthetic Route to Size-Controlled fcc and fct FePt Nanoparticles, Journal of the American Chemical Society 127 10140 (2005) 81 MURRAY, C. B., SUN, S., GASCHLER, W., DOYLE, H., BETLEY T. A. et KAGAN, C. R., Colloidal synthesis of
nanocrystals and nanocrystal superlattices, IBM Journal of Research & Development 45 47 (2001) 82 SUN, S., ANDERS, S., THOMSON, T., BAGLIN, J. E. E., TONEY, M. F., HAMANN, H. F., MURRAY, C. B. et TERRIS, B. D., Controlled Synthesis and Assembly of FePt Nanoparticles, Journal of Physical Chemistry B 107 5419 (2003) 83 CHEN, M., KIM, J., LIU, J. P., FAN., H. et SUN, S., Synthesis of FePt Nanocubes and Their Oriented Self-
Assembly, Journal of the American Chemical Society 128 7132 (2006) 84 BHATTACHARYYA, S., SALVETAT, J. P., FLEURIER, R., HUSMANN, A., CACCIAGUERRA, T. et SABOUNGI, M. L., One step synthesis of highly crystalline and high coercive cobalt-ferrite nanocrystals Chemical Communication 38 4818 (2005) 85 JAMET, M., DUPUIS, V., MÉLINON, P., GUIRAUD, G., et PÉREZ, A., Structure and magnetism of well defined
cobalt nanoparticles embedded in a niobium matrix, Pyhsical Review B 62 493 (2000) 86 SATO, K., KAJIWARA, T., FUJIYOSHI, M., ISHIMARU, M., HIROTSU, H., SHINOHARA, T., Effects of surface step
and substrate temperature on nanostructure of L10– FePt nanoparticles Journal of Applied Physics 93 7414 (2003) 87 FAVRE-NICOLIN, V., Développement de la Diffraction Anomale Dispersive, Application à l’étude de Structures
Modulées Inorganiques et de Macromolécules Biologiques, Thèse, Université Grenoble 1, (1999)
160
88 PROFFEN, T., et R.B. NEDER, DISCUS, a program for diffuse scattering and defect structure simulations, J.
Appl. Crystallogr. 30, 171 (1997). 89 Th. PROFFEN et R.B. NEDER, DISCUS, a program for diffuse scattering and defect structure simulations -
Update, J. Appl. Crystallogr. 32, 838 (1999). 90 SOUZA SANTOS, P., SOUZA SANTOS, H. et TOLEDO, S.P., Standard Transition Aluminas. Electron Microscopy
Studies, Materials Research 3 104 (2000) 91 OLLIVIER, B., RETOUX, R., LACORRE, P., MASSIOT, D. et FÉREY, G., Crystal structure of -alumina: an X-ray
powder diffraction, TEM and NMR study, Journal of Material Chemistry 7 1049 (1997) 92 THOMSON, T., TONEY, M. F., RAOUX, S., LEE, S. L., SUN, S., MURRay, C. B. et TERRIS, B. D., Structural and
magnetic model of self-assembled FePt nanoparticle arrays, Journal of Applied Physics 96 1197 (2004) 93 http://www.labos.upmc.fr/cim2/activites/sax/Yesa3.pdf 94 TEO, B. K., Basic principles and data analysis, Springer Verlag Berlin, Heidelberg, New-York, Tokyo (1985) 95 MENEAU, F., SANKAR, G., MORGANTE, N., WINTER,R., CATLOW, R. A., GREAVES, G. N. et MEURIG THOMAS, J., Following the formation of nanometer-sized clusters by time-resolved SAXS and EXAFS techniques, Faraday Discussions122 203 (2002) 96 LÖFFLER, J. et WEISSMÜLLER, J., Grain-boundary atomic structure in nanocrystalline palladium from x-ray
atomic distribution functions, Physical Review B 52 7076 (1995) 97 ZANGHI, D., Caractérisations structurales et magnétiques d’agrégats de Ni et de Co en matrice ALN, Thèse, Université Paris VI, (1999) 98 REHR, J.J. et ALBERS, R.C., Theoretical approaches to x-ray absorption fine structure, Rev. Mod. Phys. (2000) 72, 621-654 99 Liste des commandes associées au programme FEFF 8.2 http://leonardo.phys.washington.edu/feff/ 100 RAVEL, B., ATOMS: crystallography for the X-ray absorption spectroscopist Journal of Synchrotron Radiation 8 314 (2001) 101 KLEMENTEV, K.V., Extraction of the fine structure from x-ray absorption spectra, Journal of Physics D: Applied Physics 34, 209 (2001) 102 RAVEL, B. et NEWVILLE M., ATHENA, ARTEMIS, HEPHAESTUS: data analysis for X-ray absorption
spectroscopy using IFEFFIT Journal of. Synchrotron Radiation 12, 537 (2005) 103 ARCON, I. MOZETIC, M., et KODRE A., study of oxygen plasma-treated micronized iron oxide Vacuum
80 178 (2005)104 YURKOV, G. Y., GUBIN, S. P., PANKRATOV, D. A., KOKSHAROV, Y. A., KOZINKIN, A. V., SPICHKIN, Y. I. , NEDOSEIKINA, T. I., PIROG, I. V. et VLASENKO, V. G. Iron(III) Oxide Nanoparticles in a Polyethylene Matrix,
Inorganic Materials 38 137 (2002) 105 HUANG, T. W., HUANG, Y. H., TU, T. H. et LEE, C. H., X-ray diffraction and absorption spectroscopy studies
of the structure of self-assembled FePt nanoparticles during annealing, Journal of Magnetism and Magnetic Materials, 282 127 (2004) 106 ANDERS, S., TONEY, M. F., THOMSON, T., THIELE, J.-U., TERRIS, B. D., SUN, S. et MURRAY, C. B., X-ray
studies of magnetic nanoparticle assemblies, Journal of Applied Physics 93 7343 (2003) 107 ANDERS, S., TONEY, M. F., THOMSON, T., FARROW, R. F. C., THIELE, J. U., TErris, B. D., SUN, S. et MURRAY, C. B., X-ray absorption and diffraction studies of thin polymer FePt nanoparticle assemblies Journal of Applied Physics 93 6299 (2003) 108 VONSOVSKII, S. D., Ferromagnetic Resonance, Pergamon Press, Oxford (1966)] 109 BERGER, R., BISSEY, J.C., KLIAVA, J., Lineshape in magnetic resonance spectra, Journal of physics: Condensed matter 12 9347 (2000) 110 ANTONIAK, C., LINDNER, J. et FARLE, M., Magnetic anisotropy and its temperature dependence in iron-rich
FexPt1 x nanoparticles, Europhysics Letters, 70 250 (2005) 111 MISRA, S. K., MISIAK, L. E., BAHADUR, D., SRINIVAS, V. et DUNLAP, R. A., Ferromagnetic resonance study
of icosahedral and amorphous Al55Mn20Si25 alloys, Physical Review B 40 7537 (1989) 112 BLOEMBERGEN, N. et WANG, S., Relaxation effects in para- and ferromagnetic resonance, physical Review 93 72 (1954) 113 KLIAVA, J. et BERGER, R. Magnetic resonance spectroscopy of iron-doped glasses: From isolated ions to
clusters and nanoparticules, Recent Research Developments in Non-Crystalline Solids 3 41 (2003) 114 ABRAGAM, A., BLEANEY, B., Electron paramagnetic resonance of transition ions, Clarendon Press, Oxford (1970) 115 HSU, K. H., WU, J. H., HUANG, Y. Y. et WANG, L. Y., Critical size effects on the magnetic resonance in
Fe3O4 nanoparticles, Journal of Applied Physics 97 114322 (2005)
Résonance ferromagnétique et structure de nanoparticules bimétalliques à base de fer
Résumé : Cette étude a pour objectif de montrer la pertinence de l’utilisation de la résonance ferromagnétique dans l’étude du magnétisme des nanoparticules. Les recherches en nanomagnétisme présentent des enjeux fondamentaux et appliqués fortement liés nécessitant une étude minutieuse des nouvelles propriétés qu’offrent les nanomatériaux. C’est le cas des alliages bimétalliques à base de fer lorsqu’ils se présentent en dimension réduite. Parmi les moyens disponibles pour révéler les propriétés magnétiques de nanoparticules, la résonance ferromagnétique, lorsqu’elle est mesurée en fonction de la température, présente l’avantage d’être sensible à la fois à la distribution en taille, à l’anisotropie magnétique et à l’aimantation des nanoparticules. Parallèlement, des études structurales, s’appuyant sur l’absorption et la diffraction des rayons X ainsi que la diffraction électronique, ont été menées afin de déterminer leurs compositions chimique et cristalline en fonction de la température. L’utilisation conjuguée de ces techniques a permis de mettre clairement en évidence l’apparition au sein des nanoparticules d’un couplage d’échange entre un coeur bimétallique à très forte anisotropie magnétocristalline, et une coquille formée d’un oxyde de fer magnétique à température de Curie élevée.
MOTS-CLES : Résonance ferromagnétique, Nanoparticules, EXAFS, FePt, FePd
Ferromagnetic resonance and structure of iron-based bimetallic nanoparticles
Abstract : The aim of this study is to show the relevance of ferromagnetic resonance to the problem of nanoparticle magnetism. Research in nanomagnetism involves strongly connected basic and applied issues, requiring a careful study of the new properties exhibited by nanomaterials. This is the case with iron-based bimetallic alloys subjected to reduced dimension. Among the available methods for probing the magnetic properties of nanoparticles, ferromagnetic resonance carried out as a function of temperature presents the advantage of being sensitive simultaneously to the size distribution, magnetic anisotropy and magnetization. At the same time, x-ray absorption and diffraction as well as electron diffraction measurements were carried out in order to determine the chemical and crystalline composition of the nanoparticles as a function of temperature. The combined use of these techniques shows clearly the appearance within the nanoparticles of an exchange coupling between a bimetallic core with strong magnetocrystalline anisotropy and a shell made up of a magnetic iron oxide with an elevated Curie temperature. KEYWORDS : Ferromagnetic resonance, nanoparticles, EXAFS, FePt, FePd DISCIPLINE - SPECIALITE DOCTORALE : Physique - Science de la matière
INTITULE ET ADRESSE DE L'U.F.R. OU DU LABORATOIRE :
Centre de Recherche sur la Matière Divisée, 1b rue de la Férollerie, 45071 Orléans cedex 02, France