Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux...

66

Transcript of Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux...

Page 1: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,
Page 2: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,
Page 3: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux et tenez-vous au courant des sorties etdes dernières nouveautés ! Facebook : cliquez-iciTwitter : @ed_addictives

Page 4: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

Egalement disponible :

Kidnappée par un milliardaire

La jolie Eva est enlevée par Maxwell Hampton. Seulement, son riche et séduisant ravisseur prétendqu’il a fait cela pour la sauver d’un danger dont il ne veut rien révéler. La jeune femme, indépendanteet attachée à sa liberté, va se rebeller contre cette captivité forcée, mais son kidnappeur au charmeenvoûtant se révèle tout aussi énigmatique que persuasif. Et Eva va devoir lutter contre son propredésir. Car quand la tentation est trop forte, le proverbe ne dit-il pas que le meilleur moyen d’yrésister, c’est encore d’y céder ?

Tapotez pour voir un extrait gratuit.

Page 5: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

Egalement disponible :

Juste toi et moi

Fraîchement sortie de l’école des beaux-arts de Miami, Alice Brighton décroche un contrat pourpeindre une fresque dans la très select clinique du docteur Noah Law, un éminent chirurgienesthétique. Contre toute attente, Alice découvre que le célèbre praticien possède un regard envoûtantet un charme magnétique… ainsi qu'un tempérament glacial. Mais la jeune artiste peintre va bientôtdécouvrir que parfois le feu brûle sous la glace…

Tapotez pour voir un extrait gratuit.

Page 6: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

Egalement disponible :

Étreinte

Il y a des gens à qui tout sourit et d’autres qui ont le chic pour se mettre dans des situationscompliquées. J’ai beau mener une existence bien ordonnée, me réveiller deux heures avant le départ,traverser dans les clous et suivre les recettes de cuisine à la lettre, il semblerait que j’appartienne àcette catégorie de personnes dont la vie est toujours chamboulée par des imprévus. Voici mon histoire. Celle de ma rencontre avec Roman Parker, le multimilliardaire le plus sexy de laplanète… et aussi le plus mystérieux ! La mission que je me suis donnée : découvrir l’hommederrière le milliardaire. Mais peut-on enquêter le jour sur le passé d’un homme quand celui-ci vousfait vivre les nuits les plus torrides de votre existence ?

Tapotez pour voir un extrait gratuit.

Page 7: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

Egalement disponible :

Envoûte-moi

Qu’est-ce qui peut bien attirer Tobias Kent, trentenaire multimilliardaire et créateur de parfumsrenommé dans le monde entier, vers Eleonor Stuart, étudiante en design rencontrée par hasard dans unrestaurant branché de New York ? Entre ses études à la fac, ses petits jobs et ses meilleurs amis, lavie d’Eleanor est déjà bien remplie. Hermétique à l’amour, fidèle à son célibat de toujours, sait-elleque le destin en a décidé autrement ? que sa vie va être bouleversée par une rencontre, aussimagnifique que maléfique ?

Tapotez pour voir un extrait gratuit.

Page 8: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

Egalement disponible :

Call me Bitch

Mettez dans une demeure londonienne les pires baby-sitters de la terre et les meilleurs ennemis dumonde, ajoutez un enfant pourri gâté et laissez mijoter deux semaines. Le plan le plus foireux del’Univers ou la recette d’une passion épicée… avec juste ce qu’il faut d’amour, de haine, d'humour etde désir ?

Tapotez pour voir un extrait gratuit.

Page 9: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

Mina Shepard

Page 10: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

MON MILLIARDAIRE, MON MARIAGE ET MOI

volume 2

Page 11: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

1. Orgueil et crème glacée

Connaissez-vous l’expression « ascenseur émotionnel » ?

Je n’en avais jamais, je crois, éprouvé le sens jusqu’à aujourd’hui. Depuis que j’ai rencontréSamuel par hasard, lorsqu’il s’est réfugié chez moi pour échapper aux paparazzis qui le traquaient,j’ai vraiment cru que le prince charmant existait. J’ai cru que tout cela était réel : le coup de foudreau premier regard, l’amour, la passion, la rencontre avec l’homme dont toutes les femmes rêvent,celui qui est non seulement ambitieux et drôle, mais aussi plein de surprises et d’attentions. Celui quivous regarde avec des yeux pleins d’étoiles et vous couvre de cadeaux, celui grâce auquel vous avezl’impression d’être unique au monde et exceptionnelle.

C’est ce que j’ai cru lorsque j’ai rencontré Samuel Wright.

Du moins je le croyais jusqu’à il y a quelques instants, lorsque je me suis retrouvée chez lui, àembrasser son frère jumeau (tout nu !), pensant que c’était Samuel. Mon Dieu, je ne me suis jamaissentie aussi honteuse de ma vie, quelle situation embarrassante ! Rien que d’y repenser, ça me donneenvie de disparaître au fond du premier trou de souris dans lequel je pourrais bien me glisser, ou deme cacher la tête dans le sable comme les autruches.

Et Samuel, quel beau menteur il fait ! Je me demande bien quand il avait l’intention de me direqu’il avait un frère jumeau. Et pas n’importe quel frère jumeau, s’il vous plaît, Benjamin Baker-Rae,l’acteur, LE comédien bankable du moment ! Mais qu’est-ce qui lui a pris, franchement, de me mentirà ce point ? Lui qui m'a juste dit qu'ils se « ressemblaient » ! S’il y a vraiment une chose dont j’aihorreur, c’est bien ça : le mensonge et la dissimulation. Je ne peux pas supporter que l’on trahisse maconfiance, et ce depuis mon enfance. C’est surtout pour cela que je ne supporte pas la situation, et queje ressens le besoin irrépressible de prendre la fuite. Et c’est pour cela que je me retrouve maintenanten train de dévaler quatre à quatre les escaliers de marbre de la villa de Samuel.

Le cœur battant la chamade, je continue ma course dans les couloirs interminables de la demeure,jusqu’à ce que je parvienne, enfin, au parc, que je traverse avec toute l’énergie que je peux puiser enmoi.

La peine que je ressens au moment où je franchis la porte du domaine est aussi immense et intenseque celle que j’ai éprouvée le jour où ma mère adoptive est partie avec ma sœur, m’abandonnant ànouveau. Cette femme, qui m’a recueillie à ma naissance avec son mari (qui est toujours mon papaadoré), a décidé qu’elle en avait assez de moi lorsqu’elle a eu sa fille biologique. Dès lors, elle atout simplement voulu me rendre, comme un jouet qu’on retourne au magasin lorsque l’on n’en est pascontent, ou pire, comme un chien que l’on abandonne dans un refuge pour animaux. C’est exactementce que j’ai eu l’impression d’être lorsqu’elle a fait ses bagages, peu après mes 8 ans. Heureusement,mon père n’a jamais cautionné sa folie et s’est occupé de moi comme de sa propre fille, comme il

Page 12: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

l’avait toujours fait, mais il n’empêche que le mal était fait et que la blessure est toujours là, ancréeau plus profond de mon être.

Ce jour-là, lorsque ma mère et ma sœur sont parties toutes les deux, je me suis promis de ne plusfaire confiance à personne.

J’aurais dû respecter cette promesse ! Je me suis complètement ouverte à Samuel, je lui ai confiécertains de mes secrets les plus intimes, lui ai raconté mes envies et mes rêves, me suis offerte àlui… Et il m’a menti, trahie, humiliée. Je pensais le connaître, mais je ne sais pas du tout qui il est.

Comment a-t-il pu me cacher qu’il avait un jumeau ? Sur quoi d’autre m’a-t-il menti ? Je n’ose pasimaginer tous les secrets qu’il peut bien avoir… Mais n’a-t-il jamais été sincère avec moi ? Meserais-je complètement fourvoyée sur lui ?

Tout au fond de moi, malgré la trahison et l’affront, j’ai toujours une infime lueur d’espoir, cellequ’une toute petite partie de ce que l’on a vécu soit réelle, et que je n’aie pas été pour Samuel qu’unesimple petite poupée française avec laquelle il voulait s’amuser. Mais au fond, à quoi bon… Je nepourrai jamais le savoir, de toute façon.

***

Confortablement installée sur le canapé moelleux de Rachel, lovée au milieu des coussins auxcouleurs poudrées, je savoure un à un les petits biscuits préparés avec amour par mon amie. Ellenous a invitées pour le thé, Grace et moi, dans le nouvel appartement qu’elle occupe désormais avecTom. C’est étonnant de voir leurs deux univers se mélanger comme ça… Au milieu des objetsféminins de Rachel se mêlent les affaires bien masculines de son fiancé : les fleurs côtoient lesfigurines de personnages de jeux vidéo, les livres de cuisine et de mode se mêlent aux ouvrages sur letennis ou sur la randonnée, à côté de ses petits escarpins reposent de grosses baskets taille 45 qui lesfont paraître encore plus minuscules… Rachel et son Tom ont créé ensemble leur petit universdouillet et à leur image, celle d’un couple adorable, heureux et amoureux. Si je suis sincèrementheureuse pour mon amie, je ne peux m’empêcher de ressentir un léger (mais néanmoins douloureux)pincement au cœur. Je ne connaîtrai peut-être jamais le bonheur de la vie à deux, des matins où l’onse réveille chiffonnée mais dans des bras amoureux pour nous consoler, l’excitation des projetscommuns, la passion des disputes que l’on achève sous la chaleur torride de la couette… Toutes ceschoses que j’aurais rêvé de faire avec Samuel.

Qu’est-ce que ça aurait pu donner, nous deux ? Est-ce qu’on aurait pu, nous aussi, emménagerun jour ensemble ? Bon il faut que j’arrête, ça ne sert à rien de ruminer comme ça. Avec des « si »on refait le monde. Et puis c’est un menteur, il ne faut pas que je l’oublie !

Cela fait quatre jours déjà que je suis tombée nez à nez (ou plutôt bouche à bouche) avec lejumeau célèbre de Samuel, soit autant de temps où j’ignore ses coups de fil et où je résiste à latentation de répondre à ses messages. Non mais, on ne me prend pas pour une idiote sans en payer lesconséquences ! En même temps, la petite lueur d’espoir est toujours là, au fond de moi, à scintiller

Page 13: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

faiblement tandis que je refuse de voir l’évidence. On pourrait appeler ça « l’esprit de contradictionlié à ma condition féminine », mais je crois simplement que l’on ne décide pas de cesser d’êtreamoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup, même si mes amies sont là pourme remonter le moral. J’ai envie d’appeler mon père pour qu’il me console, lui qui sait toujourstrouver les mots pour me réconforter, mais ce serait impoli vis-à-vis des filles.

– Vous vous rendez compte quand même de jusqu’où il a été capable d’aller ? Me cacher queBenjamin Baker-Rae était son frère, me mentir délibérément, en me regardant droit dans les yeux…Déjà, il m’avait fait le coup de ne pas me dire pour le champagne. Comme une nouille j’ai passél’éponge, mais là il a carrément dépassé les limites, même pas dépassé, à ce stade il les a faitexploser ! De toute façon c’est compulsif, qui ment une fois mentira mille fois, m’exclamé-je enenfouissant la tête dans un coussin, feignant la colère pour mieux dissimuler la tristesse que jeressens.

J’ai raconté mes déconvenues avec ce manipulateur de Samuel Wright à mes deux amies mais,pour une raison que je n’arrive vraiment pas à saisir, elles ne prennent pas du tout mon parti. Je croisqu’en réalité elles ne se rendent pas bien compte à quel point je suis meurtrie de cette situation.

– Elle est de toi, celle-là ? me taquine Grace.– Allez Sarah Bernhardt, arrête la comédie. Tu sur-réagis là, tu ne te rends pas compte de la

chance que tu as. Ce n’est pas tout le monde qui peut sortir avec une demi-célébrité. C’est le frère deBENJAMIN BAKER-RAE, hello, je crois que tu ne réalises pas… C’est juste DINGUE ! ! !s’extasie Rachel.

– Je sais… Mais toute cette histoire a remué tellement de choses en moi… J’ai l’impression quetout mon passé m’est revenu en pleine figure. Je m’étais juré, quand ma mère est repartie avec masœur, de ne plus jamais faire confiance à personne. J’ai donné une chance à Samuel, et voilà ce queça donne ! Évidemment il ne faut pas le prendre pour vous, les filles, me ravisé-je immédiatement.

Mon père mis à part, Rachel et Grace sont les deux seules personnes au monde en qui j’ai uneconfiance aveugle.

– Je te comprends complètement sur ce point, Lola. Mais ta mère et Samuel, ce sont deuxpersonnes radicalement différentes, liées à des situations et des contextes qui n’ont rien en commun,il ne faudrait peut-être pas…

La sonnerie de mon portable interrompt Rachel. C’est Samuel, justement, qui tente pour lamillième fois de me joindre. Et pour la millième fois, je l’ignore et range rageusement mon téléphonetout au fond de mon sac.

Quand j’ai décidé de faire ma tête de mule, je ne fais pas semblant. Mais je crois, si je suis centpour cent honnête avec moi-même que j’ai surtout peur de souffrir encore plus.

– Tu ne décroches pas ?– Non Grace, je ne décroche pas, m’obstiné-je. Je ne veux plus jamais lui parler.

Page 14: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

– Je te trouve dure, quand même. Essaye de te mettre un peu à sa place, c’était peut-être trèsdifficile pour lui de t’avouer ça, me contredit Grace en prenant la défense de Samuel. Tu imagines,toi, révéler un secret pareil ? Et Rachel a complètement raison : tu as beaucoup souffert, c’est un fait,mais il ne faut pas tout mélanger. Tu rencontres un prince charmant, sympa, riche, qui te vénère, quipar-dessus le marché a un frère et des parents célèbres, et toi tu fais la fine bouche… Tu ne réalisespas que des milliers de filles rêveraient d’être à ta place, certaines seraient même prêtes à tuer.

– Oui, moi la première, je l’avoue. Enfin, je veux dire si je n’avais pas Tom, bien sûr, se raviseRachel illico avec un air coupable.

– Je m’en fiche comme de ma première chemise de l’argent et de la célébrité. Je l’aime lui, pource qu’il est. Je lui ai fait confiance et il m’a trahie, plusieurs fois. Une confiance ça ne s’achète pas.

– Justement, si tu l’aimes comme tu le dis, réfléchis bien avant de rompre définitivement. Écoutece qu’il a à te dire, tente encore Grace.

– Il n’y a rien à ajouter, assené-je pour clore définitivement cet épineux et douloureux sujet.

Mon téléphone se met à nouveau à sonner. Officiellement, je campe toujours sur mes positions,mais le doute s’est insidieusement immiscé en moi.

Et si les filles avaient raison ?

J’hésite à décrocher et tends la main vers mon sac… puis change d’avis.

S’il a été capable de m’entourlouper deux fois, qu’est-ce qui me prouve qu’il ne recommencerapas ? Et puis ce n’est ni le moment ni l’endroit pour parler.

– Tu as hésité ! On te connaît Lola, il te fait craquer ce garçon, ça crève les yeux. Et avec ton petitcœur sensible de midinette, tu vas bouder encore quelques jours mais tu finiras bien par t’attendrir.

Grace a mis le doigt sur un point que je ne peux pas nier : je craque complètement pour Samuel etquoi qu’il fasse je risque de fondre comme neige au soleil si j’entends sa voix. Mieux vaut me tenir àdistance si je veux réussir à me protéger !

– Mais oui, ça c’est certain, renchérit Rachel. J’espère que tu ne feras pas ta mauvaise tête troplongtemps et que tu lui donneras une chance de s’expliquer, car je suis sûre qu’au fond de toi tusouffres de cette situation. Tu te rends malheureuse toute seule. Et puis tu sais, à force de le faireattendre il va peut-être finir par se lasser et par abandonner. Et tu regretteras d’avoir été siintransigeante… « Si l’on s’engage sur une pente savonneuse, il faut s’attendre à faire desglissades », comme dirait ma mère.

Touchée ! Ha, je déteste quand elles ont raison.

– Oui enfin bon, il ne faut pas non plus exagérer… Fais-le quand même un peu ramer ! conclutGrace.

***

Page 15: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

Après notre après-midi entre filles, je rentre directement à la maison car je n’ai qu’une envie :m’offrir une soirée cocooning et essayer, autant que faire se peut, de ne pas me torturer les méningesà propos de Samuel, de son frère ou de qui que ce soit d’autre.

En arrivant devant chez moi, j’ai la surprise de découvrir qu’un sublime bouquet de roses rougesm’attend sur le pas de la porte. Splendide. Énorme. Je n’ai pas besoin de regarder la carte poursavoir qui l’a fait livrer… Honnêtement, il est magnifique, je meurs d’envie de le prendre et del’emporter à l’intérieur. C’est un brin cliché, le coup des fleurs pour s’excuser, mais il faut êtrehonnête : quelle fille ne rêverait pas qu’un homme ait de telles attentions pour elle ? Néanmoins ceserait un aveu de faiblesse. Ça montrerait que je flanche, et Samuel s’en tirerait vraiment à très boncompte.

On va voir, si j’ai un cœur de midinette !

L’orgueil nous pousse parfois à faire des choses ridicules et un peu puériles. Telle une princesse,je néglige le bouquet et le laisse abandonné là où je l’ai trouvé, à côté du paillasson. (avec unegrosse pointe de regret, tout de même). Une fois rentrée à la maison, entre le démaquillage et lebrossage de dents, je ne peux m’empêcher de faire des allers-retours à la fenêtre pour l’admirer (etsurtout surveiller qu’aucune voisine ne me le pique).

C’est tout de même dommage. De si jolies roses…

Mais je reste déterminée à ne pas craquer et vais me mettre au lit, l’esprit torturé de questions.

***

La première chose que je fais le lendemain en me levant, c’est d’aller vérifier que le bouquet esttoujours à la porte. En effet, il n’a pas bougé d’une épine…

Vers midi, tandis que je vaque à mes occupations (en essayant à tout prix de ne pas penser aumagnifique cadeau que je m’obstine à négliger), j’entends le bruit d’une voiture qui se gare au boutde mon allée : c’est la berline de Samuel ! Une bouffée d’orgueil et de panique me saisit, et je netrouve rien de mieux à faire que d’aller me cacher derrière le rideau de la fenêtre pour pouvoirl’espionner discrètement. Malgré la colère qui ne m’a pas quittée, un pincement au cœur me saisitlorsque je vois sa silhouette s’avancer dans l’allée, et que je distingue ses belles lèvres sous l’ombrede son éternelle casquette. Ces lèvres que j’aimais tellement embrasser… Mon pouls s’accélère unpeu plus à chaque pas qu’il fait. Lorsqu’il constate que le bouquet est toujours là, il s’en empare et,d’un air impassible, le ramasse. Son expression complètement fermée ne laisse deviner aucuneémotion. Mon cœur bondit quand il s’apprête à frapper à la porte, et, oubliant toutes mes résolutions(comme prédit par mes amies) je me précipite pour lui ouvrir. Mais c’est trop tard. Il se ravise déjàet je l’observe, impuissante, tourner les talons, jeter le bouquet dans la poubelle et remonter envoiture.

Un énorme sentiment de regret me submerge alors. Je me précipite sur le perron pour le rattraper,

Page 16: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

mais c’est inutile : la voiture a disparu.

Les filles ont raison, j’ai été stupide, orgueilleuse, bornée… J’aurais dû l’écouter, mais j’ai ététrop fière. J’ai définitivement tout gâché.

La mort dans l’âme, je décide d’aller trouver le réconfort là où je sais qu’il se trouve, fidèle etimmédiat : dans le réfrigérateur. Le cœur lourd, je m’empare d’une cuillère et de la glace au chocolatqui n’attend plus que moi, l’attaquant à même le pot. À la sensation de la crème fondant sur malangue, un sentiment d’apaisement m’envahit immédiatement : je sais qu’il ne durera pas, mais ça faittellement de bien sur le coup ! Alors que je me laisse pleinement aller à la gourmandise, la sonnettede l’entrée retentit.

Qui ça peut bien être ? Je n’attends personne… Le facteur ou le voisin sans doute.

Piquée par la curiosité, je me précipite à la porte pour l’ouvrir sans même prendre la peine dereposer mon pot de glace, la cuillère à la main. Quelle n’est pas ma stupéfaction lorsqu’en ouvrant, jetombe nez à nez avec Samuel ! Il n’est pas revenu les mains vides et tient dans ses bras un grosbouquet composé de… bonbons !

– Je me suis dit que tu ne pourrais pas résister à celui-là, dit-il en esquissant un sourire timide.

Je me sens soudainement très cruche avec ma glace à la main, prise en flagrant délit de boulimiesucrée. Mon premier réflexe, sous l’effet de la surprise et de la honte, est de lui refermer directementla porte au nez et de rester plantée derrière, interdite. Il n’y a pas que l’orgueil qui peut provoquerdes réactions bizarres…

– Lola… Allez ouvre, s’il te plaît. On ne va pas jouer au chat et à la souris indéfiniment. Parceque sache que je ne suis pas découragé ! Je compte bien rester devant ta porte jusqu’à ce que tul’ouvres, quitte à installer un campement devant chez toi. Il faudra bien que tu sortes à un momentdonné… Non ? Tu ne veux pas… ? D’accord, alors écoute-moi au moins, je sais que tu es derrière etque tu m’entends. Je suis vraiment, vraiment désolé de t’avoir menti. Je ne voulais pas te faire demal, la situation m’a échappé. Mais tu sais, dissimuler mon identité est pour moi une manière de meprotéger, j’ai toujours appris à vivre comme ça… C’est comme une seconde nature. Lola ?

Dès lors que je l’ai vu, j’ai senti toutes les barrières que j’avais érigées autour de moi céder une àune, et je n’avais plus envie que d’une chose : courir me réfugier dans ses bras. Et entendre le son desa voix n’avait fait que raviver encore plus cette passion que j’ai pour lui, et qui sera toujours bienplus forte que la moindre des résolutions que je pourrais prendre…

J’en crève d’écouter ce qu’il a me dire, de le revoir, de le toucher, de l’embrasser… et de neplus jamais devoir être séparée de lui !

Je décide de lui accorder une chance et de lui ouvrir, sachant très bien au fond de moi que je lui aidéjà pardonné.

Page 17: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

Mais ce n’est pas une raison pour qu’il le sache ! Avant de lui ouvrir, je me refais rapidement unecontenance et tente d’afficher le visage le plus inexpressif dont je suis capable, froid et distant. J’aitoujours fait ainsi, et je dois reconnaître que j’ai un certain talent en la matière, une vraie actrice.J’ouvre finalement la porte… Il n’a pas bougé, il est toujours là, son bouquet de bonbons à la main,me souriant de son petit air coquin. Le peu de rancœur qui me reste s’évapore instantanément et,malgré toute ma volonté à rester impassible, je sens que mes yeux parlent pour moi. Il est vraimenttrop irrésistible, et l’attirance physique que je ressens pour lui, à la limite de la dépendance, mesubmerge comme une vague.

Sans compter qu’une chose est certaine avec les hommes d’affaires, les bons je veux dire, c’estqu’ils ont une détermination et une force de caractère à toute épreuve. Ils ne lâchent rien, jamais, etlorsqu’ils ont une idée en tête, rien ne peut les arrêter avant qu’ils ne parviennent à leurs fins.

Et Samuel, en homme d’affaires hors pair, fait partie de la catégorie des plus tenaces. Aussi, cen’était pas une porte, pas plus que les paroles courroucées que j’ai pu avoir, qui allaient l’empêcherde me donner les explications qu’il voulait me fournir. Il ne lui faut qu’une minute pour me fairefondre d’un regard, et sa main douce qui se pose sur mon bras me fait frissonner malgré moi.

– Lola, écoute-moi juste une minute et ensuite, si tu veux, je m’en irai.

La seconde que je mets à hésiter lui semble un signe d’encouragement, et, sans que je lui répondequoi que ce soit, il entre dans la maison.

C’était visiblement plus facile pour Samuel de me parler à travers la porte, car, lui qui est pourtanttrès sûr de lui se retrouve un instant interdit. Je n’en mène moi-même pas large et me retrouve d’uncoup hyper intimidée. Je me sens rougir, je ne sais plus trop où regarder et je dois m’agripper à monpot de glace pour dissimuler le léger tremblement qui s’est emparé de mes mains.

Samuel est le premier à rompre le silence :

– Tiens, c’est pour toi, dit-il en me tendant le bouquet de bonbons. Tu peux même les manger, si tuveux, ajoute-t-il avec un petit rire maladroit.

Malgré les circonstances qui ne s’y prêtent pas du tout, ma nature gourmande ressurgit et je nepeux pas m’empêcher de lorgner les bonbons d’un œil plein de convoitise.

Hum, il a même pensé aux oursons en guimauve !

Samuel a un petit sourire en voyant que, malgré ma distance feinte, je ne résiste jamais à une petitedouceur lorsqu’elle me tend les bras. Mais là, la situation ne s’y prête vraiment pas, je veux dire, cen’est pas comme si Samuel était venu me raconter ses dernières vacances !

– Ah, merci, dis-je en déposant avec une fausse négligence le bouquet sur le guéridon de l’entrée.On passe au salon ? proposé-je d’un ton qui se veut toujours aussi détaché.

– D’accord, dit-il en me suivant dans le couloir, un peu déstabilisé par mon attitude.

Page 18: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

Il ne pensait tout de même pas que j’allais lui tomber dans les bras !

– Tu veux boire quelque chose ?– Non Lola, écoute… Je n’arrive plus à faire comme si de rien n’était, commence Samuel soudain

impatient. Je suis venu car je voulais te voir, te parler, t’expliquer. Tu pourras peut-être comprendreet me pardonner, quand tu sauras…

Je ne réponds rien mais je regarde Samuel d’un air encourageant : je suis disposée à l’écouter. Ilpoursuit :

– Mon père, enfin, notre père, est aussi un acteur très connu : Mark Baker-Rae. Ma mère, Helen,est aussi très célèbre : on ne peut pas être mariée à Mark Baker-Rae sans baigner dans sa lumière, etsans connaître toutes les déconvenues que la célébrité implique. Elle n’a jamais travaillé, mais celane l’empêche pas de jouer un rôle important : mon père ne prend aucune décision sans son conseil, etsurtout elle nous a élevés mon frère et moi. Quand nous sommes nés, mon père était au sommet de sacarrière, il venait d’avoir son premier oscar, lui et ma mère ont pensé, je ne sais pas pourquoi,qu’avoir des jumeaux serait mauvais pour son image.

Samuel parle d’une voix précipitée, dans un seul souffle.

– Ça demande plus de responsabilités, et ça fait trop « casé » pour un acteur, moins sexy… Je nesais pas ce qu’ils se sont mis en tête, mais ils ont eu peur qu’il n’ait moins de rôles au cinéma. Danstous les cas ils ont décidé qu’il ne valait mieux montrer qu’un enfant. Officiellement il n’y avait queBenjamin, et moi j’existais dans l’ombre. Je vivais caché dans la villa de mes parents, à Hollywood.Je n’étais pas si malheureux, il ne faut pas croire ça : j’étais bien entouré, choyé, j’avais absolumenttout ce dont j’avais besoin. Nora, que tu connais, et d’autres employés, s’occupaient de moi. Jeremplaçais de temps en temps Benjamin, qui lui a commencé à jouer dans des films et a été célèbretrès tôt. Parfois je devais me faire passer pour lui, je n’avais pas le droit de dire comment jem’appelais, à personne, je devais toujours dire que j’étais Benjamin. Sauf quand j’ai commencé mesétudes et que j’ai vraiment repris ma liberté, quand je suis parti de la maison pour étudierl’œnologie. J’ai toujours appris à mentir sur ma famille, sur mon frère… Comme ils ont pris unpseudonyme, j’ai pu garder mon vrai nom. Pour le public et les médias je n’existe pas, et c’est trèsbien comme ça, je refuse de voir ma vie privée étalée dans la presse, tu comprends ? Je suisvraiment, vraiment désolé…

Complètement soufflée par ces révélations, je ne sais vraiment pas quoi dire alors que les mots sebousculent dans mon esprit. Samuel a enduré tellement de choses affreuses, comme ça a dû êtrepesant pour lui. Et quel poids il doit toujours avoir sur les épaules, aujourd’hui encore !

– J’ai bien cru que j’allais devoir passer l’après-midi et la nuit dehors, plaisante-t-il soudain,pour rompre le silence qui s’est installé.

– J’avoue que j’ai hésité, ça aurait pu être marrant de te laisser là. Mais tu m’aurais fait hontedevant les voisins, le taquiné-je.

Page 19: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

Malgré notre dispute et la déception que j’ai pu ressentir, je me réjouis de constater que notrecomplicité est toujours intacte. Samuel me serre dans ses bras et, soulagée et heureuse à la fois,j’enfouis ma tête au creux de son épaule, respirant profondément son odeur, frémissant au contact deses mains qui me caressent doucement le dos, descendant jusqu’au bas de mes reins. Aucune sorte decrème glacée ne pourra jamais m’apporter ce réconfort-là.

– J’ai tellement rêvé de pouvoir faire ça, murmure Samuel, visiblement aussi soulagé que moi.Merci de m’avoir donné une chance, et merci de m’avoir écouté jusqu’au bout. Ce moment seraitparfait s’il n’y avait pas ce pot de glace gelé entre nous, s’amuse-t-il.

– Oups, désolée ! m’excusé-je en m’empressant de le poser par terre et de me lover à nouveau toutcontre lui.

– Tu m’as tellement manqué…

Samuel m’embrasse, passionnément, et je redécouvre avec délice le goût de ses lèvres, leurincomparable douceur, la tendresse de ses caresses lorsqu’il passe ses mains sur mes joues, sur manuque… Je pensais avoir perdu ça à tout jamais.

– Toi aussi tu m’as manqué, dis-je à mon tour. Je comprends mieux maintenant pourquoi tu étaisaussi mystérieux, tu as enduré des choses que peu de personnes auraient été capables de supporter…Mais ne t’avise pas de me mentir à nouveau ! Tu es sûr que tu n’as rien d’autre à me révéler ? Pas defemme, d’enfant illégitime, de clone ? Samuel Wright est bien ton vrai nom ? dis-je sur le ton de laplaisanterie, mais avec un petit fond d’avertissement tout de même.

– Vrai de vrai, promis juré. Et non, pas d’autres secrets à l’horizon. Encore une fois, je te présentemes excuses, dit-il en me regardant droit dans les yeux, l’air sincèrement désolé. Je me suis laisséenfermer dans mon mensonge… Je voulais te dire la vérité, mais plus le temps passait, plus jecraignais ta réaction. Je ne voulais pas te perdre, alors je reculais sans cesse le moment tout enessayant de trouver le courage de tout te révéler. C’est un secret que je garde depuis ma naissance,mes parents m’ont élevé caché et j’ai toujours été habitué à vivre dans l’ombre. Je ne veux pas ensortir, et je ne veux surtout pas être associé au nom de mon père et de mon frère.

Si je suis bouleversée, choquée et complètement retournée par tout ce que Samuel vient de meraconter, je n’arrive cependant pas à concevoir comment il peut se laisser enfermer dans un tel jeu defaux-semblants. Et comme je n’ai pas l’habitude de dissimuler ce que je pense…

– Samuel, tout d’abord j’aimerais te dire à quel point je suis émue par tout ce que tu viens de meconfier. Tu as vécu une histoire incroyable, et c’est totalement révoltant et injuste que tu aies dû subirça. On t’a volé ton enfance, on t’a forcé à vivre dans l’ombre d’un autre, et non seulement tu astraversé cette épreuve, mais en plus tu as réussi à avancer dans la vie et à devenir quelqu’und’exceptionnel. Tu as selon moi plus de courage et de force que n’importe laquelle des personnes queje connais… Mais… je ne comprends pas, continué-je, comment peux-tu vivre dans le mensongecomme ça ? Est-ce que tu peux vraiment te sentir toi-même ? Tu n’aurais pas envie de t’assumer, deréagir, de sortir de cette illusion ? Tu n’aurais plus jamais à mentir à personne !

Le visage de Samuel s’assombrit d’un seul coup, et lui qui s’était ouvert à moi se braque

Page 20: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

immédiatement.

– Lola, tu ne peux pas me comprendre. Tu ne sais pas ce que c’est que d’avoir grandi en te sentantillégitime, rejeté, comme si tu étais une honte ou un fardeau, un jouet utilisé à la guise de ta famille.J’ai toujours vécu avec ce secret, j’ai construit ma vie autour de lui ! Et malgré ce poids j’ai réussi àm’accomplir. Par moi-même, sans recevoir l’aide de qui que ce soit. Je suis fier de qui je suis, je neme résume pas à un nom, peu importe mon nom, ce qui compte c’est ce que j’ai accompli.

– Notre passé est peut-être différent, mais moi aussi j’ai traversé des choses terribles, tu le sais.Et tu sais que je suis très bien placée pour me mettre à ta place. C’est pour ça que je ne comprendspas…

– Écoute Lola, toi et moi on est différents, on ne réagit tout simplement pas pareil face auxévénements. Mais je ne regrette pas que tu connaisses mon secret. Maintenant que c’est fait, jereconnais que je suis soulagé de ne plus avoir à te mentir, car je tiens à toi. Je sais que c’est tôt, maisces dernière semaines m’ont fait réaliser à quel point tu comptes pour moi. Je… Je suis amoureux detoi…, lâche-t-il, sans que je m’y attende, comme s’il avait trouvé, au détour d’une conversationanodine, le courage de me dire ces mots difficiles à confier. C’est la première fois de ma vie… queje dis… « je t’aime », Lola, avoue-t-il, ému et un peu intimidé.

Bouleversée, je n’ose pas dire à Samuel que c’est aussi la première fois qu’on me le dit. J’aitellement rêvé de les entendre, ces mots ! Venant de lui, c’est un bonheur encore plus intense, encoreplus inespéré, encore plus magique. J’ai l’impression que ce moment est un songe…

– Je t’aime aussi, parviens-je à murmurer d’une voix entrecoupée par l’émotion.

Samuel m’embrasse tendrement sur les lèvres, me serre un peu plus fort dans ses bras, et nousrestons ainsi enlacés quelques instants. Puis il reprend la parole :

– Tu sais, tout ça est vraiment nouveau pour moi. On n’en a jamais parlé, mais avant toi je n’aijamais rencontré de femme qui me donne envie de m’engager. J’ai bien eu quelques relations, maisaucune n’était vraiment sérieuse. Avec toi c’est différent, je n’avais jamais ressenti de sentimentsaussi forts. Je veux tout faire pour que ça marche entre nous, j’ai vraiment envie qu’on avanceensemble… Je te promets que je ne te mentirai plus jamais. Je me suis expliqué avec mon frère,aussi, et il te présente ses excuses. Lui, il a trouvé ça plutôt cocasse, il ne pensait pas que çaprendrait des proportions aussi énormes, et il en est désolé. Nous avons beaucoup discuté, ce qui estune bonne chose car ça ne nous arrive pas très souvent, pour ainsi dire jamais, et ça m’a fait du bien.Je lui ai bien fait comprendre que tu n’étais pas n’importe quelle fille, et qu’avec toi il ne pouvait sepermettre de s’amuser. Il l’a très bien compris. Alors, est-ce que tu me pardonnes ?

– Hmmm… Je ne sais pas, je vais y réfléchir, minaudé-je.– Ah oui ? Je pense que j’ai encore quelques arguments qui devraient finir de te convaincre, dit-il

en me soulevant du sol et en me faisant basculer par-dessus son épaule.– Samuel, repose-moi ! m’exclamé-je en éclatant de rire et en m’agrippant à lui de toutes mes

forces.– Rentrons, ça commence à devenir indécent cette histoire. Je pense qu’on devrait emporter ce pot

de crème glacée, il pourrait nous être utile.

Page 21: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

S’exécutant, il se penche pour ramasser la glace (ce qui me fait crier et rire encore plus fort) et metransporte jusqu’à la chambre. Impatiente de sentir à nouveau sa peau contre la mienne, et euphoriqueà l’idée de nos retrouvailles câlines, j’ai bien l’intention de le laisser mettre à exécution ses idéespolissonnes…

***

Le lendemain matin je me réveille au chaud dans les bras de Samuel. Il est encore endormi, j’enprofite pour observer ses traits parfaits, tout en me demandant quels autres mystères il peut bien meréserver. J’adore ça, m’éveiller serrée contre l’homme que j’aime, surtout après une nuit torridecomme celle que nous venons de passer. Ce plaisir si simple et si immense à la fois, ce lot detendresse dès le petit matin, cette promesse…

OK… Je deviens vraiment mièvre, là.

C’est vrai, être amoureux, ça rend un peu idiot. Mais bon, on n’a pas besoin de courir après leprix Nobel tout le temps, vive la frivolité !

Ses longs cils sont agités de soubresauts, comme s’il faisait un mauvais rêve.

– Je ne dors pas, Lola. Arrête de me regarder, dit-il en ouvrant un œil.– Moi ? Pas du tout, je dormais.– Viens par ici, dit-il, coquin.

Ignorant ma petite tentative de mensonge, il me serre un peu plus contre lui et dépose un baiser surmes lèvres.

– Ça te tenterait un petit brunch tout à l’heure ? J’ai envie d’un énorme petit déjeuner avec desœufs, des pancakes, des fruits frais…

– J’en salive rien que d’y penser, réponds-je sans hésiter, toujours partante lorsqu’il s’agit demanger quelque part, ou de manger tout court.

– Génial. Mais je veux un câlin d’abord, réclame-t-il en passant au-dessus de moi.

Notre « câlin » ayant pris un peu plus de temps que prévu, il est plus de midi quand nous sommesfin prêts pour aller bruncher, et mon estomac, titillé par la perspective de pancakes couverts de siropd’érable, crie famine. Je me hâte de rejoindre Samuel qui est déjà dehors à m’attendre devant lavoiture, toute contente de me montrer dans une nouvelle petite robe bleu ciel qui fait parfaitementressortir ma peau claire.

Je ressens malgré moi une pointe de déception lorsque je découvre que Samuel porte encore sonéternelle casquette noire, qu’il a comme toujours relevé le col de sa veste, et qu’en plus cette fois il aajouté des lunettes de soleil. J’avais bien compris, suite à notre conversation, qu’il ne comptait pasrompre avec ses habitudes et sortir à visage découvert pour autant, mais au fond de moi j’avais toutde même espéré un petit changement. J’imagine qu’on ne se débarrasse pas de ce genre de réflexes si

Page 22: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

aisément. Tout ne va pas être facile…

– Lola… Tu es très jolie, vraiment, dit Samuel sur un ton hésitant, et je suis désolé de te demanderça… Mais ça t’embêterait de te couvrir un peu plus ?

– Comment ça ? demandé-je, déstabilisée.– Hum, je ne sais pas, disons que tu pourrais mettre un chapeau, ou des lunettes de soleil, comme

moi.– Tu veux que je me déguise ? ! m’écrié-je, outrée.– Mais non pas du tout ! Mais tu sais comment c’est…– …– S’il te plaît ? Ce n’est pas si contraignant, c’est juste une petite habitude à prendre, dit-il comme

s’il me demandait la chose la plus anodine du monde.– Très bien…, cédé-je en essayant de ne pas laisser paraître mon mécontentement.

Devoir me grimer pour sortir avec Samuel me contrarie au plus haut point, je n’ai aucune envie derentrer dans ce jeu de la dissimulation. Mais je n’ai pas non plus le désir de démarrer un nouveauconflit alors qu’on vient à peine de se rabibocher. En retournant chercher mes lunettes, je prendsbrutalement conscience que connaître le lourd secret de Samuel implique désormais de devoir ledéfendre avec lui. J’ai l’impression d’avoir malgré moi mis le doigt dans un engrenage qui dépassece que je peux imaginer…

Page 23: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

2. En route pour Hollywood !

Lorsque Seymour, que Samuel a appelé pour venir nous chercher chez moi, nous dépose devant lerestaurant, le sentiment de nervosité qui m’a envahie lorsque Samuel m’a demandé de me couvrir nes’est pas complètement dissipé. J’ai l’étrange sensation que vouloir cacher nos visages nous rendencore plus visibles.

– Tu n’as pas l’impression qu’on attire encore plus l’attention comme ça ? Je veux dire… Est-cequ’on n’aurait pas l’air un peu suspect ? chuchoté-je, malgré tout amusée par la situation, nous sentantun peu comme dans la peau de deux agents secrets en mission.

– Lola, tu peux parler à voix haute, tu sais, me répond Samuel d’un ton amusé. Sinon on risquevraiment d’avoir l’air étrange. On est juste un couple qui vient prendre le petit déjeuner, pas Bonnieet Clyde. Ne t’inquiète pas, et arrête de te faire des films.

Je le suis à l’intérieur, tête baissée, dissimulant mon visage dans l’ombre de mes verres fumés.Samuel enlève son couvre-chef et ses lunettes, et je m’empresse de faire pareil (tout en restant auxaguets). Telle une voleuse ayant peur de se faire prendre en flagrant délit de chapardage, je jette descoups d’œil furtifs aux alentours, et tout le monde me fait l’effet d’être un paparazzi potentiel. Mêmeles serveurs me semblent être missionnés par la presse pour nous mitrailler en cachette.

La folie me guette…

Délaissant mon exercice d’observation, je me laisse peu à peu distraire par la beauté des lieux.Encore une fois, Samuel m’a réservé l’une de ces adresses fabuleuses dont il a le secret. La salle,aménagée en patio avec des arcades et des colonnes, s’ouvre sur un magnifique jardin intérieur. Lestables en fer forgé blanc, entourées de fauteuils recouverts de coussins assortis, sont nichées aumilieu d’une végétation luxuriante et de fleurs aux couleurs vives. Des lanternes distillent de joyeusestouches acidulées ici et là, et au milieu du jardin coule un véritable ruisseau avec un petit pont debois qui l’enjambe.

– Alors ? Ça te plaît ? s’enquiert Samuel.– Mais oui, c’est tellement charmant ! On se croirait en pleine campagne. Et cette petite source au

milieu, c’est vraiment trop joli, m’émerveillé-je.– J’étais certain que tu allais aimer. Et j’espère que tu as faim, parce que la nourriture ici est tout

simplement exquise.

Beau, sexy, intelligent… et tellement aux petits soins !

Une serveuse nous guide jusqu’à une table discrète juste à côté de la petite source, et nous tenddes cartes que je parcours d’un œil qui pétille de gourmandise. Le menu regorge de tout ce quej’aime : charcuteries et fromages, viennoiseries, pains de toutes sortes, pâtisseries…

Page 24: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

– Tu as vu, ils ont même des spécialités françaises. Prends ce qui te fait plaisir.– Je ne sais même pas quoi choisir, tout me fait envie ! salivé-je d’avance.– À vrai dire tout me tente aussi. Pourquoi choisir ? Mademoiselle s’il vous plaît, nous

souhaiterions passer commande. Nous goûterons à tout ce qu’il y a à la carte, deux portions dechaque, merci, enjoint-il avec un air espiègle à la serveuse qui n’en revient pas. Et veuillez je vousprie tout apporter en même temps, le salé et le sucré !

Amusée, celle-ci prend note sur son petit carnet électronique en se demandant si on sera vraimentcapables de venir à bout de tout ça. Mais moi je n’ai aucun doute : on y arrivera. Impatiente de voirarriver nos assiettes, je regarde un peu autour de moi, tandis que Samuel me parle de son travail.

– Je vais tout faire pour décrocher ce contrat. La société Piper-Heidsieck, qui malgré son nom estune marque française, est aussi sur le coup, mais je sens que nous allons gagner. Le rendez-vous avecle client s’est vraiment bien passé, il s’en est fallu de peu pour qu’il signe sur-le-champ, mais sonassocié lui a conseillé de réfléchir.

– Mince !– Oh non, c’est normal, il engage tout de même des millions de dollars. S’il achète pour tous ses

restaurants, ça implique qu’il passera d’autres commandes par la suite, c’est un budget faramineux.Mais je le sens bien.

Écouter Samuel parler de son métier est fascinant. Lui qui est si doux dans la vie personnelleprend soudain un aplomb et une assurance qui le rendent impressionnant. Ça ne m’étonne pas qu’il aitsi bien réussi : il connaît son sujet sur le bout des doigts, il sait convaincre et inspire confiance. Maisj’ai beau être pendue à ses lèvres, une femme assise à une table non loin de la nôtre capte monattention. Elle ne cesse de se retourner pour nous regarder, d’une façon tellement peu discrète qu’ellefrise l’impolitesse.

Oh non, ça ne va pas recommencer… Cette fois, ça ne va pas être facile de s’enfuir à toutesjambes !

– Samuel, pardon de t’interrompre, mais regarde cette femme, dis-je en la désignant du regard. Tune trouves pas qu’elle agit bizarrement ? Elle n’arrête pas de se tourner vers nous !

Évidemment, il suffit que j’alerte Samuel pour que celle-ci se mette à manger normalement sansnous prêter attention, comme pour mieux me narguer et me faire passer pour une parfaite idiote auxyeux de mon amoureux.

– Si elle ne fait que regarder, ignore-la simplement, me conseille-t-il.

C’est le moment que choisit la serveuse pour venir nous apporter notre brunch. Un plateau nesuffisant pas, elle tire avec elle une énorme desserte entièrement recouverte de plats.

Nous qui voulions passer incognito…

Saumon fumé et crumpets, pancakes et sirop d’érable, fondants au chocolat et œufs brouillés à la

Page 25: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

truffe blanche, soufflés aux légumes et croissants au beurre, confitures variées et fromages, pains à lacroûte bien dorée… Je ne sais même pas par où commencer tant il y en a, et tant tout à l’airappétissant.

Du coin de l’œil, je surveille la femme, qui est cette fois bel et bien tournée vers nous.

– Tiens, tu vois, elle nous regarde ! m’exclamé-je.– Lola, notre table est entièrement recouverte de nourriture, tout le monde nous regarde, réplique-

t-il d’un air taquin.– En effet… Mais…– J’attaque les œufs. Fais-en de même, ça va refroidir, dit-il en prenant une première bouchée.

Mmm c’est un vrai régal.

Un peu tendue, je pique ma fourchette dans une assiette au hasard, gardant l’intruse dans ma lignede mire. Je ne suis pas du tout concentrée sur ce que je mange, ce qui m’empêche de savourerentièrement l’onctueuse texture de la crème au citron qui accompagne le saumon.

Sauf que j’ai raison : à présent la femme, qui n’est pourtant pas seule à table car un hommedéjeune avec elle, est carrément retournée, ne se gênant pas du tout pour nous dévisager ouvertement.Je déteste me sentir observée comme ça, en particulier quand je mange. J’ai l’impression d’être unebête de foire, je comprends mieux maintenant tout le soin que met Samuel à se déguiser dès qu’il esten public. Ça va me rendre folle ces histoires, et surtout ça me gêne d’être épiée de la sorte !

– Samuel, j’insiste. Elle nous regarde.

Je n’ai pas le temps de terminer ma phrase que la femme se lève et se dirige droit vers notre table.Avant que nous puissions réagir, elle est déjà devant nous, et un pic d’adrénaline me traverse d’unseul coup qui me pousse à me lever d’un bond de ma chaise :

– Tu vois, je te l’avais bien dit. Je ne suis pas folle, je le sens bien quand on m’observe !m’emporté-je.

– Mais Lola…– Je ne comprends pas et ne comprendrai jamais comment tu peux trouver ça normal, d’être en

permanence traqué et interpellé. Si tu y arrives, très bien, mais moi je ne supporte pas d’être scrutéecomme un animal de zoo. Je ne me sens pas bien, je voudrais qu’on s’en aille, s’il te plaît, supplié-jeen faisant de mon mieux pour garder mon sang-froid.

– Très bien, nous y allons, me dit Samuel en se levant calmement. Inutile de s’énerver.– Oh mais non, ne partez pas ! Je suis vraiment navrée, mademoiselle, intervient la femme. Je ne

pensais pas… C’est que, de loin j’ai cru reconnaître un ancien ami de fac que je n’ai pas vu depuislongtemps, mais je n’étais pas certaine, alors… Ne gâchez pas votre déjeuner pour ça. Si je peux mepermettre, votre réaction est un peu disproportionnée, se permet-elle d’ajouter.

– Il n’y a pas de mal, madame, c’est une erreur, ça peut arriver.

Samuel, comme à son habitude, est en totale maîtrise, galant et courtois. Et moi je suis

Page 26: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

complètement, profondément, incroyablement… morte de honte.

– Samuel, je suis désolée, c’est ma faute. Je vous présente mes excuses, madame, je me suisemportée pour rien, je suis confuse.

– Viens Lola, sortons. Tu dois avoir besoin de prendre l’air, dit Samuel en me prenant doucementpar la taille. Au revoir, madame.

En un geste, Samuel récupère nos affaires, dépose de l’argent sur la table et me fait sortir. Je suisencore toute tremblante de ce qui vient de se passer, choquée par ma propre réaction. Me mettre dansun état pareil sans raison ne me ressemble pas… Cependant, l’air frais de l’extérieur me fait du bien.

– Samuel, pardonne-moi, je n’aurais jamais dû réagir comme ça, tu dois me prendre pour unefolle, m’excusé-je, vexée et penaude, tandis que nous avançons sur l’avenue du restaurant endirection de la voiture.

– Mais non Lola, pas du tout. Au contraire, c’est moi qui suis stupide, je suis un idiot. Tu as essayéde me parler mais je ne t’ai pas écoutée, je n’en ai fait qu’à ma tête. J’aurais dû comprendre que tu tesentais vraiment mal à l’aise et prendre en compte ce que tu me disais. Dorénavant je te promets queje ferai plus attention à ne pas te mettre dans une situation embarrassante, dit-il en m’enlaçant un peuplus pour me réconforter.

– Et moi je te promets que plus jamais je ne ferai de crise comme ça. C’était irrationnel.

Rassurée, je me love tout contre lui.

– Mais non, tu avais raison en plus : cette femme nous observait bel et bien. En fait tout est safaute, c’est elle qui est impolie. On devrait retourner lui hurler dessus, et lui faire faire une journéede plonge pour la punir, ça lui ferait les pieds, plaisante-t-il.

Comme toujours, Samuel arrive à dédramatiser et à me faire rire.

– En fait, je voulais profiter de ce brunch pour te parler de quelque chose d’important, commence-t-il, en cessant soudain d’avancer.

Son visage prend tout à coup un air sérieux qui me fait craindre le pire, et mon cœur se met àbattre à mille à l’heure. Je sais très bien ce que ça veut dire quand un garçon dit à une fille « il fautqu’on parle ».

C’est pas vrai, qu’est-ce qu’il va bien pouvoir m’annoncer, cette fois ? Oh la la, je sais ! Si çase trouve, en fait, c’est lui le vrai Benjamin, et l’autre est Samuel !

– J’aimerais beaucoup, si tu es d’accord, te présenter à mes parents.

Alors là, je m’attendais à tout, sauf à ça ! ! !

– Je sais que ça peut paraître précipité, mais j’ai beaucoup réfléchi à la question et je pense quec’est le bon moment pour que vous vous rencontriez, poursuit Samuel, qui n’a apparemment pas

Page 27: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

remarqué que mon visage était passé par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. On est ensemble depuispeu de temps, certes, mais la durée n’est pas ce qu’il y a de plus important. Ce qui compte c’est ceque l’on ressent l’un pour l’autre. Je t’aime, je veux que tu fasses partie intégrante de ma vie, etsurtout je tiens à te prouver que je veux m’impliquer dans notre relation. Je veux te montrer à quelpoint tu as une place particulière dans mon cœur. Je n’ai jamais présenté aucune fille à ma famille.

Tout s’est mis à bouillonner dans ma tête au moment où Samuel a prononcé les mots « te présentermes parents ». Des pensées et des sentiments contradictoires s’entrechoquent en moi comme desdizaines de boules de flipper lancées à pleine vitesse, brouillant complètement mes idées. Joie, peur,appréhension, euphorie, panique, impatience, crainte… J’ai complètement décroché de ce qu’il meraconte, et je vois ses lèvres bouger sans qu’aucune de ses paroles ne parvienne à mon cerveau.

La main de Samuel qui se pose dans le bas de mon dos me tire de ma rêverie, cette simple caresseme faisant l’effet d’une décharge électrique : chaque fois qu’il me touche, mon estomac fait desloopings ! Non seulement je dois gérer mon trouble, mais en plus je dois encaisser cette propositionqui me fait ab-so-lu-ment paniquer.

– Euh… Lola, ce silence est un peu inquiétant… Tu ne veux pas ? Écoute, si tu trouves que c’esttrop précipité je comprends…

– Je… Euh ? ? ? Non ! Enfin je veux dire oui, bien sûr. Je reviens ! Pardon, ne bouge pas !– Mais où vas-tu ? !– Je ne sais pas ! Je reviens dans deux minutes, ne bouge surtout pas !

Et voilà. C’est tout moi. Samuel me propose de rencontrer ses parents, et au lieu d’être contente,je panique et je fugue comme une adolescente.

Ne sachant où aller me cacher, je trouve refuge sur le côté de l’immeuble le plus proche, d’où jepeux apercevoir un Samuel complètement interloqué qui attend que je refasse surface, ne sachant quoifaire. Lui qui a l’habitude de prendre les décisions, qu’on les approuve, et surtout qu’on les exécute,est complètement dérouté par mon comportement … Qui, c’est vrai, devient très bizarre quand je memets à paniquer.

Je m’adosse contre le mur dont la fraîcheur m’apaise, le cœur battant comme si j’avais couru unmarathon.

Ce n’est pas que je ne me réjouisse pas, bien au contraire. C’est une étape incroyable pour notrecouple, et je suis vraiment heureuse que Samuel veuille faire les présentations officielles. Je sais ceque ça représente pour lui et pour moi.

Mais je m’affole complètement.

Rencontrer la famille de son copain est déjà stressant, mais quand en plus c’est une famille decélébrités, c’est encore plus effrayant. Je ne me suis jamais retrouvée dans cette situation jusqu’àprésent (et même si j’en avais eu l’occasion, je crois que je me serais débrouillée pour esquiver tantça me fait peur). En plus, c’est un véritable engagement, on va rentrer Samuel et moi dans la catégorie

Page 28: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

des « couples officiels ». Grosse pression… Mais là, il n’est pas question de me défiler, il s’agit dela famille de Samuel, j’ai vraiment envie de faire sa rencontre.

Celui qui m’impressionne le plus, c’est son père, une telle icône… C’est tout de même unmonument du cinéma américain ! C’est lui qui a gagné l’oscar du meilleur acteur cette année, ildétient le record du nombre d’apparitions dans des films et bon, entre nous, il a tout de même unpassé sulfureux… Il paraît qu’il en a fait de belles, pendant sa jeunesse. Il donnait des fêtesincroyables, on entendait parler de lui partout, il était de toutes les cérémonies, se baladant dans unhélicoptère à son effigie (comment ne pas être impressionnée et intimidée par quelqu’un qui a sa têtesur un hélicoptère ?). Et puis du jour au lendemain il s’est comme volatilisé. Il a eu son fils Benjaminet il s’est barricadé dans sa villa hollywoodienne avec sa femme. Aujourd’hui je comprends mieuxpourquoi, mais tout de même : le mythe subsiste, auréolé de mystère !

Un autre « détail » me turlupine aussi : je n’ai pas revu Benjamin depuis notre rencontreexplosive, et mon égo meurtri n’est pas encore complètement remis de cet épisode honteux. Je l’aiquand même confondu avec Samuel, et embrassé pendant son sommeil. Quand j’y repense, j’en suisencore mortifiée. D’un autre côté… J’ai quand même embrassé Benjamin Baker-Rae, c’estcomplètement dingue !

Nageant en pleine confusion, je décide de me tourner vers la personne la plus indiquée pour gérerles situations de crise : Rachel.

Je me précipite sur mon téléphone pour l’appeler, et les quelques sonneries qui retentissent avantqu’elle ne décroche me paraissent durer une éternité tant je trépigne d’impatience. Je jette un œilfurtif vers Samuel qui est toujours en train de m’attendre, et qui en a profité pour consulter sontéléphone.

Il doit vraiment penser que je suis la fille la plus bizarre qu’il ait jamais rencontrée… Maisbon, après tout, ses parents l’ont bien planqué dans leur villa et fait passé pour son frère, alors jene peux pas avoir l’air si étrange que ça.

– Allô ?– Rachel, c’est moi !– Salut Lola, tu vas bien ? Je suis avec Grace. Attends, je te mets sur haut-parleur… Voilà !– Hello Lola. Lalo. Allôôôô.– OK Grace, est-ce qu’on peut garder l’étape « vannes et jeux de mots » pour un peu plus tard ? la

coupé-je. J’ai besoin de conseils.– Tu as ta voix de quand tu ne sais pas choisir entre le fondant au chocolat et la tarte au citron, me

dit Grace d’une voix inquiète.– C’est pire que ça.– Pire ? L’heure est grave. Vas-y, vide ton sac, on t’écoute, m’encourage Rachel.– Samuel veut me présenter à ses parents !– Hein ? ! crie Rachel.– Incroyable ! Mais c’est hyper tôt pour rencontrer sa famille ! s’exclame Grace.

Page 29: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

– Je suis jalouse, Tom a mis au moins un an avant de se décider à me présenter aux siens ! C’estgénial, tu dois être sur un petit nuage !

– Sous pression tu veux dire. Tu te rappelles QUI sont ses parents ? rappelé-je, mon estomac secontractant à la simple pensée de me retrouver face aux Baker-Rae.

– Mais oui c’est vrai ! Tu es doublement chanceuse, tu vas aller chez des stars, tu te rendscompte ? s’enthousiasme Rachel, hystérique.

– Je sais, mais je suis aussi doublement stressée. C’est la première fois que je vais passerl’épreuve du feu, et pour mon baptême il faut que je tombe sur un couple de people !

– Mais Lola, arrête avec ces clichés. Samuel est sympa et il est loin d’être snob, c’est qu’il a étéélevé comme ça. Ils sont peut-être très gentils et très simples, ses parents. Pour le moment c’est toiqui as des préjugés, remarque Grace avec justesse.

– Tu marques un point, suis-je obligée de reconnaître.– Et puis c’est quand même énorme, tu vas aller dans une villa à Hollywood, c’est plus difficile

d’y entrer que de s’infiltrer à la Maison-Blanche !– Tu réalises que tu vas rencontrer des gens que des milliers de personnes voudraient rencontrer ?

Tu vas voir où ils vivent, découvrir leurs goûts, leurs affaires personnelles… Tu vas carrément entrerdans leur intimité, tu vas leur parler, les toucher…

– C’est vrai… Je reconnais que c’est complètement fou ! admets-je, rassérénée par l’enthousiasmecommunicatif de mes amies.

– Mais oui, tu devrais te réjouir et profiter de ta chance au lieu de flipper comme ça, ajoute Grace.– Et puis entre nous, tu es une « adorabeule » petite frenchie, ils vont t’adorer.– Oui, n’oublie pas d’exagérer ton accent ! conseille Rachel.– Vous êtes folles les filles, dis-je en rigolant. Je savais que vous alliez me remonter le moral.– Tant mieux. Tu n’as aucune raison de t’en faire. En plus ça montre que c’est sérieux entre vous,

Samuel doit vraiment avoir envie de s’engager avec toi, affirme Grace.– Mince, Samuel ! m’écrié-je, me souvenant brusquement qu’il doit toujours être à la voiture, en

train de se demander ce que je fabrique.

Pourvu qu’il ne soit pas parti ! Décidément, avec lui j’enchaîne les maladresses…

– Quoi « Samuel » ? demande Rachel.– Il m’attend depuis tout à l’heure, il faut que j’y retourne !– Quoi ? s’écrie Grace, d’une voix mi-interloquée, mi-amusée.– Désolée les filles, je vous raconterai plus tard, je dois vraiment vous laisser.– OK, on n’a rien compris mais on t’embrasse, dit Rachel avant de raccrocher.

Ragaillardie par cette conversation, je me dépêche de rejoindre le pauvre Samuel, qui patiente àcôté de la berline.

– Je commençais à me demander si tu allais revenir, me dit-il avec une moue boudeuse. Où es-tuallée comme ça ?

– Oh, juste derrière. Je suis désolée, j’ai un peu paniqué… Tu dois vraiment penser que je suisdingue, mais je t’assure que normalement je suis tout à fait saine d’esprit. Je commence à croire queje suis comme toi : je dois avoir une jumelle diabolique, sauf que la mienne est dans ma tête et

Page 30: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

qu’elle me contrôle de l’intérieur, réponds-je, penaude.– Je ne te trouve pas folle, je te trouve drôle, poursuit-il en me caressant tendrement la joue. Et

surprenante, avec toi on ne s’ennuie jamais. Bon, du coup tu ne m’as toujours pas donné ta réponse…C’est oui ?

– Oui ! Je ne vais pas nier que je suis terrorisée, mais bien sûr que c’est oui ! m’exclamé-je en luisautant au cou.

– Il n’y a pas de raison, tu verras, chez moi personne ne mord. Ma mère en revanche pourrait bient’arracher une poignée de cheveux ou deux, je l’ai déjà vue faire avec une petite actrice qui tournaitun peu trop autour de mon père, avoue Samuel en changeant de visage et guettant ma réaction.

– Tu plaisantes ? ? m’écrié-je, horrifiée.– Mais oui bien sûr ! me rassure-t-il.– Tsss, idiot va…

Samuel rit de bon cœur devant mon air déconfit, me prend dans ses bras et me fait plein de petitsbisous sur le visage et dans le cou.

– J’ai un cadeau pour toi.– Un cadeau ?– Oui, mais ce n’est pas grand-chose. C’est plutôt symbolique.

Samuel fait signe à Seymour qui va chercher un grand paquet dans le coffre et me le rapporte.

– Ouvre-le.

Curieuse et excitée comme une petite fille le soir de Noël, j’arrache le papier sans aucunménagement. À l’intérieur, je découvre une magnifique robe à fleurs, très fraîche, en mousselinelégère. Elle est assortie d’une élégante veste de smoking blanche, Samuel a même pensé à ajouter unepochette en cuir rouge et un fin bracelet en or.

– En revanche, je te laisse choisir les chaussures. C’est vraiment trop difficile d’offrir deschaussures à une femme, ajoute-il, à moitié sérieux.

– Merci, c’est très beau, tu n’aurais pas dû ! m’émerveillé-je, séduite par la tenue, mais surtoutpar l’attention de Samuel.

– Je me suis souvenu que tu avais adoré la robe que je t’ai offerte pour la soirée chez Diego.Alors je me suis dit que tu aurais peut-être envie d’une nouvelle tenue pour la rencontre.

– Oh c’est trop beau, merci !

Je l’embrasse fougueusement pour le remercier, folle de joie. C’est trop beau pour être vrai, unpetit ami pareil !

Cependant, tout au fond de moi, enfouie, une voix sournoise me souffle des pensées négatives. Etsi Samuel essayait de me formater ? Et s’il m’avait offert cette tenue parce qu’il ne me trouve pasassez élégante pour ses parents ?

N’importe quoi ! Bon allez, arrête un peu avec ton habituelle paranoïa. Aie confiance !

Page 31: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

Bien décidée à être heureuse et à profiter de la chance que j’ai, je décide d’ignorer mes doutes et,pour une fois, m’autorise à être pleinement heureuse. Je ne pense plus qu’à une seule et uniquechose : la sensation des doigts de Samuel qui glissent tout doucement vers la naissance de mesfesses…

Page 32: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

3. Une bimbo et des macarons

– Allô, Lola ? dit une voix masculine que je ne reconnais pas immédiatement.– Oui c’est moi, qui est-ce ?– Je recommence : allô, Frenchy bis ?– Étienne ! Comment vas-tu ? Je suis trop contente de t’entendre ! Tu m’appelles de Paris ?– Waouh, du calme petite fille, une question à la fois ! Alors dans l’ordre, yes je vais bien, et toi ?

Je suis content de te parler aussi. Et oui je t’appelle de Paris, d’ailleurs tu ne m’en voudras pas de nepas rester longtemps, je te contacte pour une raison précise, enchaîne Étienne avec son débit deparole caractéristique.

– Dis-moi.– Je voulais te proposer un job, enfin un stage, avec moi chez Ladurée. J’ai eu des infos comme

quoi ils vont offrir une formation « pâtisserie et macarons » de deux mois, mais ce n’est pas encoreofficiellement lancé. J’ai tout de suite pensé à toi et à ton projet d’entreprise, ça cartonne lesmacarons à L.A. dans les salons de thé de luxe. J’anticipe un peu, mais je sais que les candidaturesvont pleuvoir donc, si ça t’intéresse, tu me le dis et je fais passer directement ton CV à monresponsable.

– Oh la la ! Merci d’avoir pensé à moi ! Ce serait incroyable, c’est certain ! Mais ça débuteraitquand ? Je suis toujours en stage…

Évidemment, la véritable raison de mon inquiétude n’est pas la fin de mon contrat avec la MaisonLawrence…

– Le plus tôt serait le mieux. Tu as quelques semaines devant toi quand même, pour y penser etpour t’organiser, on ne déménage pas des États-Unis du jour au lendemain. Tu n’es pas obligée derépondre maintenant, tu peux réfléchir un peu, mais ne tarde pas trop quand même, je ne voudrais pasque cette chance te passe sous le nez…

Je sens clairement à l’avertissement d’Étienne que c’est une sacrée faveur qu’il me fait : il m’offrecarrément le stage sur un plateau, alors que les places pour celui-ci seront chères et la concurrencerude. Mais malgré la chance incroyable que cela représente, je ne peux me résoudre à accepter sur-le-champ.

– Non c’est sûr. Écoute, je ne peux pas te donner de réponse aujourd’hui, il faut que j’y réfléchisseà tête reposée, mais dans l’idée ça m’intéresse. Je te tiens au courant le plus rapidement possible.

– Deal ! Bon, je vais devoir te laisser, tiens-moi au courant. Et avant de raccrocher, comment vaton insupportable collègue Jordana ? Elle s’est fait mettre à la porte, j’espère ?

– Non même pas, je n’ai rien dit à M. Lawrence pour la pâte à choux. Mais j’ai de la chance, ellea été envoyée en boutique à l’autre bout de L. A., donc je ne la vois plus du tout.

– Frenchy bis, tu es trop gentille, s’indigne-t-il.

Page 33: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

– Je sais, ça me perdra…– On va surtout changer tout ça quand tu viendras bosser avec moi. Et tu notes bien que j’ai dit

« quand » et pas « si ». Bon cette fois-ci je te laisse, j’attends ton appel.– D’accord, au revoir et merci encore !– Ciao.

Interdite, je reste quelques secondes le téléphone à la main, tentant de peser le pour et le contre.

Alors là, vous parlez d’un dilemme. C’est une occasion en or qui me tombe du ciel, le genred’offre qui ne se présente pas deux fois dans une vie. Ladurée est une entreprise tellementprestigieuse… Ce serait un sacré point fort sur mon CV, et pour mon projet de salon de thé n’enparlons pas.

Dans d’autres circonstances je n’aurais pas réfléchi et j’aurais dit oui immédiatement. J’aurais faitmes bagages sur-le-champ, sous-loué ma maison et serais retournée directement à Paris. J’aurais pupasser deux mois entiers à me faire chouchouter par mon père, revoir mes amis, retrouver tous lesendroits que j’aime dans la Ville Lumière…

Mais voilà, ma vie compte désormais une nouvelle donnée, et pas la moindre : Samuel. Je n’aiaucune envie de le laisser alors que tout va si bien entre nous et que je vais rencontrer ses parents…Deux mois ce n’est rien, mais c’est si long en même temps.

Pourquoi est-ce que c’est toujours comme ça ? Pourquoi est-ce que dans la vie rien ne peutjamais être simple ? Pourquoi, quand tout va comme sur des roulettes, doit-on faire des choix qui,quoi qu’il arrive, vont nous coûter ?

Plutôt que de ressasser mes questions en retournant et re-retournant le problème dans ma tête, jedécide d’appeler Samuel, et de lui demander ce qu’il en pense. Après tout, il est la principale raisonde mon hésitation, peut-être en sera-t-il aussi la solution ?

– Bonjour toi. Comment ça va ?

Mon cœur se resserre encore un peu plus lorsque j’entends le son de la voix de Samuel au bout dufil.

– Bien, mens-je, et toi ?– Très bien. J’ai rendez-vous avec un client dans quelques minutes, mais je t’écoute.– OK. Je voudrais te dire quelque chose. Ce n’est pas évident donc je préfère aller droit au but.– Lola, tu me fais peur. C’est grave ? s’inquiète-t-il d’un ton angoissé.– Non non, ne t’en fais pas. Tu te rappelles Étienne, le stagiaire français qui travaillait chez toi

quand on s’est rencontrés ?– Oui je m’en souviens très bien, pourquoi ?– Il vient de me proposer un stage de pâtisserie. De deux mois. Chez Ladurée… à Paris.

Samuel marque une pause qui me semble durer une éternité.

Page 34: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

– Je vois. Franchement, c’est une belle opportunité, ce serait peut-être dommage de ne pas lasaisir. Enfin, je ne veux pas t’influencer, il faut que tu prennes cette décision seule, en fonction de ceque tu désires vraiment. Mais ce serait un bon point pour ton projet, ça t’ouvrirait des portes ici. Jesais ce que c’est, d’avoir des rêves professionnels, et je ne voudrais pas que tu regrettes ton choix.

La réponse de Samuel me fait l’effet d’une douche froide. J’aurais pensé, espéré même, qu’il meretienne un minimum !

– J’ai dit à Étienne que j’allais réfléchir. Je dois le rappeler dans quelques jours. Mais si je disoui ça va arriver vite, d’ici quelques semaines d’après ce que j’ai compris…

– Il faut que tu fasses ce dont tu as envie. Quelle que soit ta décision, je m’y adapterai et je tesoutiendrai.

– Merci, dis-je d’une voix éteinte.– Au fait, avant que j’y aille, moi aussi j’ai une grande nouvelle, s’enthousiasme Samuel,

changeant de sujet, pas plus affecté que ça par ce que je viens de lui annoncer. Mes parents nousinvitent à dîner ce samedi ! Il y aura aussi mon frère et sa copine, Bianca, que tu connais déjà. Tu eslibre, j’espère ?

– Oh… Oh la la. Après-demain ? Oui, je suis libre.

Au secouuuuurs ! Cette fois-ci c’est du concret, il ne s’agit plus que d’en parler !

Dans ma tête, c’est l’explosion : un mélange de panique et d’excitation, d’adrénaline etd’appréhension qui font faire des saltos à mon estomac. Je ne pensais pas, lorsque j’ai accepté derencontrer la famille de Samuel, que ça arriverait aussi vite !

– Super, alors je leur confirme. Je viendrai te chercher samedi vers 18 heures, acte-t-il d’un tonjoyeux.

– Parfait. On se rappelle d’ici là de toute façon.– Oui ! Je suis désolé, mon rendez-vous vient d’arriver. Je t’embrasse.– Moi aussi…

Mon baiser ne trouve pour écho que la tonalité du téléphone. Je ne sais plus quoi penser : Samueltient suffisamment à moi pour me présenter à ses parents, mais ça ne le dérange pas plus que ça que jepuisse potentiellement partir des semaines à l’autre bout du monde… Qu’est-ce que je suis censéefaire ? Et dire que la rencontre aura lieu samedi, ça va venir tellement vite !

Décidément, le téléphone m’aura apporté de sacrées nouvelles aujourd’hui… La prochaine foisqu’il sonne, je ne décroche pas !

En revanche, je me précipite sur mon ordinateur pour faire part de cette nouvelle à mon père. Luiseul, qui reste mon meilleur confident, saura trouver les mots pour me rassurer et m’empêcher deflipper complètement.

Enfin, d’un autre côté, je me demande bien à quelle sauce il mangera Samuel le jour où je vais lelui présenter !

Page 35: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

***

Elle est où, cette fichue robe ? !

Le jour des présentations avec ma « belle-famille » est enfin arrivé. Samuel sera chez moi d’iciquelques minutes, et je ne sais toujours pas comment m’habiller. Le sol de ma chambre est jonché desvêtements que j’ai essayés puis délaissés, ne parvenant pas à faire mon choix. Je cherche ma robefétiche, celle que je porte à chaque événement important, mais impossible de mettre la main dessus !

– Hello, la porte était ouverte. Tu n’es pas prête ? me demande Samuel en me couvant de sonregard pétillant avant de venir m’embrasser et m’enlacer.

– Si si, dans une minute, promets-je, tout en sachant pertinemment que j’aurai besoin de bien plusd’une minute pour être fin prête.

Je déniche finalement la fameuse petite robe, rose à bretelles, toute simple, à laquelle j’assortisune fine ceinture dorée et des petites sandales en cuir. Une lichette de mascara, une touche de blush etun soupçon de baume à lèvres plus tard, me voilà parée. Ouf !

– Tu ne mets pas la tenue que je t’ai offerte ? Tu ne l’aimes pas ? me demande Samuel, l’airinterrogateur.

– Au contraire, je l’adore. Mais j’ai bien réfléchi, et pour rencontrer tes parents j’ai envie d’êtrevraiment « moi ». De porter mes vêtements, ceux que je mets tous les jours. Et justement, celle-ci estma robe porte-bonheur, je me sens bien dedans et ça me rassure quand je l’ai sur moi…

Son visage s’illumine à nouveau.

– Tu as raison. Reste toi-même, peu importe la robe que tu portes, de toute façon tu es sublime.Prête ?

– Prête.

Évidemment, je ne suis pas prête du tout… Mais quand il faut y aller, il faut y aller.

Après un trajet où j’oscille entre stress et excitation, nous arrivons finalement à Hollywood.Nichée au milieu des collines, la villa des parents de Samuel est une forteresse encore plus sécuriséeque celles de Samuel et Diego réunies. Encerclée de hauts murs de plusieurs mètres de haut, elle estarchi-surveillée par une brigade d’agents de sécurité qui arpentent le site, certains se baladant enjeep dans l’immense parc qui entoure la maison. Naturellement, Samuel n’a pas besoin de déclinerson identité pour franchir les portes, mais je n’échappe à un contrôle dans les règles que parce qu’ilordonne qu’on me laisse passer sans fouille.

J’ai l’impression d’être dans une autre dimension, on se croirait au Pentagone. La situation frise leridicule quand j’aperçois un vigile accompagné d’un chien surveiller les alentours à l’aide dejumelles. Tout est démesuré, hors normes, incroyable, et sérieusement too much.

Page 36: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

Il nous faut bien dix minutes pour traverser le parc en voiture. Dix minutes pendant lesquelles moncœur bat encore plus fort, plus vite, prêt à exploser, malgré la chaleur rassurante de la main deSamuel posée sur ma cuisse.

Nous arrivons finalement devant la villa la plus magnifique qu’il m’ait été donné de voir.Immense, enfouie au milieu d’arbres et de palmiers, elle se compose de plusieurs bâtisses aux toitsde tuiles orangées, ayant chacune au moins deux étages. Sous les arcades de la façade se dessinent delarges baies vitrées, et sur le côté j’aperçois une piscine en forme de lagon, entourée de plantesexotiques. La splendeur de la villa réveille la groupie qui sommeille en moi et qui bouillonned’impatience à l’idée de découvrir l’intérieur de la maison.

Seymour nous dépose juste devant l’escalier qui mène au patio, où je distingue une silhouettemasculine qui fume une cigarette.

– Tiens, mon frère est déjà arrivé.– Sam ! crie ce dernier en nous faisant de grands signes et en dévalant l’escalier quatre à quatre.– Benjamin, comment vas-tu ? demande Samuel d’un ton que je ne trouve pas spécialement

chaleureux pour quelqu’un qui s’adresse à son frère.

Si j’avais la chance d’avoir une jumelle, je lui sauterais au cou. Samuel, malgré ce qu’il m’adit, ne doit pas avoir tout à fait digéré l’incident de l’autre soir…

– Pas mal, et toi frérot ? répond Ben avec un grand sourire.

Il s’avance pour donner une tape dans le dos de Samuel, qui fait tout de même l’effort de luirendre son accolade.

– Très bien, merci. Tu te souviens de Lola ?– Comment aurais-je pu l’oublier ? plaisante-t-il en me faisant un gros hug.

Les Américains, qui sont d’un naturel très expansif, ont l’habitude de serrer tout le monde dansleurs bras.

– D’habitude c’est moi qui déshabille les filles une fois les présentations faites, mais sache, Lola,que j’adore ton style ! dit-il en rigolant de bon cœur.

Je n’apprécie que moyennement cette blague de mauvais goût, et je mets un point d’honneur à nepas sourire pour que Ben comprenne bien que je ne rentre pas dans ce jeu-là.

– Bon, on n’est peut-être pas partis sur les meilleures bases du monde, reprend-il, mais ça ne veutpas dire qu’on ne peut pas s’entendre. Qu’est-ce que tu dirais qu’on rembobine et qu’on reparte dezéro ? On oublie tout, on prend les mêmes et on recommence : enchanté, je suis Benjamin, le frère deSamuel.

– OK, ça me va, dis-je après une seconde d’hésitation. Enchantée, Lola, dis-je en serrant la mainqu’il me tend.

Page 37: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

Après tout il a l’air d’être sincère, et pas si lourd que ça finalement (mais je réserve encore monjugement sur ce dernier point). Je suis là pour faire connaissance avec les parents de Samuel, j’aidonc plutôt intérêt à me mettre le frère dans la poche et à ne pas trop faire ma mauvaise tête.

C’est fascinant à quel point leur ressemblance physique est frappante. Ils ont beau avoir des stylescomplètements différents (Samuel est plus chic, toujours en costume pour le travail ou en pantalonbien coupé et chemise, quand Benjamin est plus à la cool, en bermuda et tee-shirt un peu débraillé),on dirait des clones. Ils sont aussi grands et musclés l’un que l’autre, ont tous les deux de beaux yeuxnoirs, un nez fin, une bouche pulpeuse, des dents parfaitement blanches… Deux gravures de modepour le prix d’une ! Même leurs mimiques et leurs intonations sont similaires, et je retrouve chezBenjamin cette façon de sourire en coin qu’a Samuel… Mais je constate avec jubilation qu’il n’a pashérité de la même petite fossette sur la joue, celle qui me fait tant craquer depuis que je l’aidécouverte.

Ceci dit, les ressemblances s’arrêtent au physique, car ils n’ont pas du tout l’air d’avoir lesmêmes traits de caractère. Benjamin, comparé à Samuel qui est tellement posé et affirmé, me faitpenser à un jeune chien fou qui s’agite dans tous les sens. Il fait très « ado » pour un homme depresque 30 ans, avec ses blagues et sa façon de jouer au petit malin. Si j’étais méchante, je diraismême que je le trouve assez quelconque. Je ne sais pas si c’est mon amour pour Samuel qui le rendplus terne, mais il n’est pas si impressionnant que ça. Il est joli à regarder, et voilà. Finalement, je levois plus comme le « frère de » que comme « l’acteur hyper connu et hyper courtisé ». Mais bon, jesuis forcée d’admettre qu’il est bien plus sympa et abordable que ce à quoi je m’attendais.

– Mon frère m’a beaucoup parlé de toi, et je ne dis pas ça pour être poli, lance-t-il en me faisantun clin d’œil.

– S’il te plaît, Benjamin ! l’arrête Samuel en lui faisant les gros yeux.– Oh ça va Sam, ne sois pas si coincé !– En bien j’espère ? le taquiné-je, ne doutant pas de sa réponse.– Mais oui, bien sûr !– Les garçooooooons ! hurle une voix stridente provenant de la maison.

L’arrivée en fanfare d’une, disons-le franchement, superbe bimbo, interrompt notre discussion.Perchée sur d’hallucinants escarpins à talons aiguilles, vêtue d’une mini-jupe blanche ultra-courte etd’un débardeur rose pétard qui souligne son extrême minceur, elle s’avance vers nous d’un pasassuré. Ses bijoux dorés reflètent la lumière du soleil, qui ricoche sur ses lèvres laquées de glossavant de rebondir sur le miroir que forment les verres de ses lunettes de marque, derrière lesquels ondistingue des yeux de chat très maquillés. Son vernis à ongles est assorti à la couleur de son top et deses lèvres, elle n’a laissé aucun détail de sa tenue au hasard. Son ultime accessoire est un minusculechihuahua affublé d’une petite casquette rose qu’elle tient blotti contre sa poitrine.

Pauvre bête…

Il ne me faut pas plus d’une fraction de seconde pour reconnaître l’antipathique jeune femme brunerencontrée lors de la soirée chez Diego, et qu’un nœud se forme dans mon estomac : c’est Bianca, la

Page 38: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

copine de Ben. C’est en voyant le petit chien que je comprends pourquoi son visage m’a sembléfamilier ce soir-là. Je l’avais déjà vue dans une émission de téléréalité ! Son père est un chanteurconnu, elle trimbale son animal partout et s’amuse même à l’habiller et à lui vernir les griffes… Maiselle est surtout réputée pour être la pire langue de vipère de tous le show-business, ce qui n’estfranchement pas pour me rassurer. Moi qui ne suis personne, une « nobody », elle va me dévorertoute crue !

La lolita de pacotille serre Samuel dans ses bras comme si elle ne l’avait pas vu depuis desannées. Une accolade qui me fait bouillonner en mon for intérieur, surtout que Samuel ne semble pasperturbé le moins du monde par cette débordante démonstration d’affection.

Un silence gêné s’installe, interrompu par Ben qui semble tout aussi contrarié que moi :

– Lola, tu connais Bianca ? Ma petite amie, dit-il en insistant bien sur le terme.

À mon grand soulagement, celle-ci est forcée de relâcher Samuel. Elle se tourne ensuite vers moi,me toisant de toute sa hauteur. Je sens son regard méprisant se poser sur moi et me scanner de la têteaux pieds, me faisant regretter d’avoir préféré ma robe à la tenue de Samuel.

– Salut, Laura, articule-t-elle froidement.

Elle a fait exprès de se tromper de prénom pour me provoquer !

Je n’ai ni le temps de la corriger ni celui de la saluer en retour car elle enchaîne directement,visiblement peu intéressée par ma réponse.

– Mark et Helen nous attendent au salon, les garçons. L’apéritif est servi.

Cette peste va m’ignorer toute la soirée, elle ne fait même pas semblant d’être polie !

La main de Samuel qui se glisse dans la mienne me réconforte, même si je suis un peu contrariéequ’il n’ait rien dit pour me défendre. Mais bon, j’imagine qu’il a l’habitude des attitudes de diva desa belle-sœur, il ne doit pas y accorder d’importance…

C’est vrai que c’est très futile. Autant ne pas relever.

– Pas trop stressée ? me demande-t-il gentiment.– Oh, si peu, ironisé-je.– Ne t’inquiète pas, tout va bien se passer, dit-il en resserrant un peu plus la pression de ses doigts

en signe de soutien.

Guidé par Bianca, notre petit groupe étrange s’avance vers la villa. Si des circonstancesincroyables ne nous avaient pas réunis, nous n’aurions jamais rien eu à faire tous les quatre ensemble.Et pourtant…

Page 39: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

Si on m’avait dit qu’un jour j’allais déjeuner avec des stars !

Les battements de mon cœur s’accélèrent un peu plus à chaque pas qui me rapproche du momentoù je vais, enfin, rencontrer les parents de Samuel. En bons habitués des lieux, Bianca et les jumeauxne prennent même pas la peine de passer par la porte et entrent directement par l’une des grandesbaies vitrées qui donnent sur le salon. Moi qui mets les pieds ici pour la toute première fois, je mesens un peu illégitime, comme si j’entrais par effraction.

Détends-toi. Inspire, expire…

Le souffle coupé, je pénètre dans un incroyable double salon, immense, décoré avec goût, sansdoute par des professionnels.

L’espace, lumineux, est complètement ouvert sur l’extérieur, et de grands voilages ondulentdoucement au rythme du vent qui les agite. Le parquet de bois noir contraste avec de moelleux tapisblancs, assortis à de gros fauteuils et canapés de cuir. La pièce est pleine de tableaux de maîtres,d’orchidées, de fleurs et de plantes dont j’ignore les sortes, mais qui distillent dans l’espace unparfum sucré agréable. Une grande table est déjà prête pour le déjeuner, dressée avec beaucoup deraffinement : nappe et assiettes blanches, couverts en argent, verres en cristal qui brillent de millefeux sont disposés au millimètre près, pour six convives. À l’opposé, un piano à queue attend qu’unmusicien vienne caresser ses touches.

Quelle maison de rêve ! Je me demande si c’est ici que Samuel a vécu enfant, lorsqu’il étaitcaché… Cette villa serait un peu comme une prison dorée, en fait…

Bianca, qui est visiblement ici comme chez elle, prend directement place sur le grand canapé,libérant son petit chien qui va s’y promener et s’y rouler en boule, griffant sans ménagement le cuirdélicat. Aberrant…

Benjamin se vautre dans un fauteuil, et Samuel me guide jusqu’au canapé où nous prenons place àcôté de Bianca. Je suis un peu gênée de ne pas attendre ses parents, qui devraient arriver d’uneminute à l’autre, mais le stress m’assèche la bouche et je n’ose pas dire un mot. Après tout, tout lemonde à l’air de trouver ça normal, qu’aurais-je à redire ? Sur la table basse, des plateaux chargésde petits-fours appétissants et une bouteille de champagne de Samuel attendent qu’on les déguste.

Juste en face de moi, un immense miroir occupant presque tout un pan de mur me renvoie l’imaged’une Lola pâle comme un linge. Heureusement, Samuel tient toujours ma main serrée dans la sienne,en caressant tout doucement mes doigts. La chaleur rassurante de sa paume me réconforte, maislorsque j’entends le « clic » significatif d’une porte qui s’ouvre, mon estomac fait mille loopings surlui-même… Mark et Helen Baker-Rae vont enfin faire leur entrée !

Page 40: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

4. Une mise en bouche corsée

Assise du bout des fesses sur le canapé, je commence à hyperventiler tant mon stress et monexcitation sont à leur comble (celles et ceux qui ont déjà dû passer l’épreuve de la premièreprésentation à la belle-famille me comprendront). Mains moites, bouche sèche, souffle court… Moncorps trahit mes émotions et je suis terrorisée, parcourue de frissons, au moment où la porte s’ouvreenfin, comme au ralenti. Mark fait son entrée le premier, suivi d’une Helen particulièrement enbeauté.

Je connais bien les traits du visage du père de Samuel pour l’avoir vu à maintes reprises sur lespetit et grand écrans, mais je découvre avec étonnement que la mère de Samuel, contrairement aureste de la famille, est blonde et a des yeux bleus transparents. Fine, gracile, sa peau est si pâle quel’on voit courir de fines veines bleutées sur le dessus de ses mains. Vêtue d’une robe chasubleblanche assortie d’un chemisier couleur lavande, parée de boucles d’oreilles, d’un collier et d’unbracelet d’argent, il se dégage d’elle une élégance raffinée mais aussi une froideur qui, dès lepremier regard, me fait comprendre que je vais ramer pour m’en faire apprécier. Son visage estfermé, ses yeux perçants me scrutent de la tête aux pieds, et il est clair à son air contrit que le premierexamen de passage n’est pas concluant…

Mais je ne m’avoue pas vaincue et compte bien faire bonne figure. Je ne peux et ne veux pasdécevoir Samuel. Je lui adresse mon plus beau sourire, me faisant la plus charmante possible, priantintérieurement pour faire bonne impression.

– Maman, papa, je vous présente Lola, ma petite amie.

Le « petite amie » dans la bouche de Samuel résonne en moi comme un écho qui me remplit dejoie et d’orgueil.

Bonjour, je suis la petite amie de Samuel Wright. Hello, je suis Lola, la copine de Samuel.Enchantée, Lola, la fiancée de Samuel. Lola Wright, ravie de faire votre connaissance… Oups, jecrois que je m’enflamme un peu !

– Madame, monsieur… Je suis ravie de vous rencontrer. Merci de m’avoir invitée, vous avez unemaison magnifique, parviens-je à articuler d’un ton le plus enjoué possible.

– Tout le plaisir est pour nous, répond Helen d’une façon qui me laisse penser qu’elle est pluspolie que réellement enjouée.

Oh oh ! C’est loin d’être gagné…

Heureusement pour moi, le père de Samuel se montre un peu plus ouvert.

Page 41: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

– Sois la bienvenue Lola, dit-il aimablement. Si nous nous installions ?

Mark Baker-Rae a tout du gentleman. Une allure de dandy dans son pantalon de costume noir et sachemise blanche, un air distingué, ce sourire étudié… Il est évident que séduire est chez lui uneseconde nature. Cependant, comme sa femme, il affiche une courtoisie un peu froide qui me maintientà bonne distance. Cette fois-ci c’est vraiment limpide : je vais devoir m’accrocher pour être acceptéedans cette famille au passé tumultueux.

C’est normal en même temps. J’imagine que quand tu es si célèbre tu dois apprendre à te méfierde tout le monde, il y a tellement de gens intéressés… À leur place je serais devenue complètementparano.

Nous prenons à nouveau place autour de la table, et Benjamin est déjà bien occupé à enfourner despetits-fours sans prendre le temps de les apprécier. J’imagine que lorsqu’on est habitué aux produitsde luxe on ne se rend plus vraiment compte de leur saveur…

J’essaye de regarder discrètement le contenu des plateaux, curieuse de découvrir toutes cesdouceurs colorées qui m’ouvrent l’appétit. Mon œil (de professionnelle, bien sûr) estirrésistiblement attiré par les canapés au saumon et au fromage, les jolies verrines garnies de légumeset de sauces crémeuses, les bouchées aux fruits de mer, la charcuterie et le caviar !

– Sers-toi voyons mon ange, susurre Helen avec une voix dans laquelle coule du miel, en poussantun plateau vers Samuel. Avant que ton frère n’engouffre tout.

– Mais d’abord, champagne ! dit Mark Baker-Rae en me tendant une coupe. À notre rencontreavec cette charmante demoiselle.

– À la santé de Lola, lance joyeusement Ben en faisant tinter son verre contre le mien.– À Lola, ajoute Samuel en me regardant tendrement.– Servez-vous, mademoiselle.

Helen, jouant son rôle d’hôte à la perfection, m’indique les mignardises.

J’hésite. Samuel, qui n’a encore touché à rien, prend un petit-four pour m’encourager enm’adressant un petit sourire en coin. Il sait à quel point j’adore manger et ça l’amuse de me voirparalysée face à toute cette nourriture. Il doit probablement deviner à quel point j’ai envie de goûterà tout, mais je n’ose pas me servir, je suis trop intimidée. J’ai l’impression que tout ce que je vaisfaire ou dire sera disséqué, analysé, jugé… Helen me regarde toujours avec insistance, attendant queje fasse honneur à son apéritif (qu’elle n’a selon moi évidemment pas préparé elle-même).

Ça doit être une sorte de test… Fais quelque chose, Lola. Bouge. Prends donc un de ces fichustoasts !

Mais rien à faire. Je reste paralysée par la timidité, incapable de faire un geste. Un sentiment depanique commence à m’envahir, accentué par le fait que je me sens complètement ridicule. Biancam’observe avec un petit sourire en coin, jubilant de me voir ainsi en mauvaise posture. C’estBenjamin qui m’apporte un secours inattendu, déposant un canapé sur une petite assiette et me la

Page 42: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

collant d’office dans les mains.

– Goûte-moi ça, tu m’en diras des nouvelles.

Maladroitement, me sentant observée, j’attrape le petit-four de la façon la plus distinguée que je lepeux, du bout des doigts. Malgré mon stress, je salive en portant à mes lèvres ce blini surmonté decrème, de petits dés de saumon et d’herbes fraîches, un peu angoissée à l’idée de m’en mettre partout.

– Comme tu as de la chance ! Comme j’aimerais être à ta place ! Moi aussi, si je ne surveillais pasma ligne, je me ferais plaisir, mais malheureusement je ne peux pas me permettre de me laisser alleret d’avoir des rondeurs. Mais toi ça te va bien, et je trouve que tu as du courage d’assumer tonphysique comme ça, me lance perfidement Bianca, un sourire hypocrite sur le visage.

Aïe ! Mais qu’est-ce qu’elle est sournoise, elle sait taper là où ça fait mal, celle-là !

– Tu as raison ma chérie, renchérit Helen. Quand on a un public, on est toujours obligé decontrôler l’image que l’on renvoie. La célébrité est une véritable entrave aux libertés individuelles,même celles qui sont aussi simples que le fait de se nourrir. Mais tu n’as vraiment aucun souci à tefaire, tu as une silhouette incroyable.

La crème, que j’ai du mal à avaler, me paraît soudain lourde, écœurante. Profondément blesséepar ces remarques, je ne peux que me contenter de faire bonne figure et de garder le sourire, même sià l’intérieur, je me liquéfie. J’appelle intérieurement Samuel au secours mais il semble participer àcette soirée un peu de loin, comme un spectateur pas tout à fait intéressé par la pièce qui se jouedevant lui. Malheureusement pour moi, nous ne sommes pas au théâtre, et toute cette tragédie est belet bien réelle. Bon, je le reconnais, j’exagère un peu quand je dis « tragédie ». Je me sentais déjà,comparée à Bianca, engoncée dans ma robe et terriblement gauche, je suis maintenant humiliée ettriste de savoir que Helen n’apprécie pas mon physique. De toute façon, c’était couru d’avance : dansce milieu tout est basé sur l’apparence, si on n’entre pas dans le moule il est difficile de se faireaccepter.

– Qu’est-ce que vous racontez toutes les deux ? Lola n’a aucun complexe à avoir, elle n’a pas ungramme de trop ! C’est vous qui êtes bien trop minces, comparées aux femmes normales, s’énerveSamuel.

Qu’est-ce qu’il est sexy quand il sort de ses gonds comme ça…

Je n’avais jamais vu Samuel hausser le ton en société. Les circonstances n’ont beau pas êtrefavorables, je me laisse surprendre par une soudaine bouffée de désir : j’adore voir Samuel si viril,si affirmé, et au fond de moi je jubile qu’il me défende face à Bianca. Toutefois, une autre partie demoi ressent une gêne profonde à l’idée qu’il puisse se disputer avec sa mère par ma faute. Helen faitde gros yeux comme si personne ne lui avait jamais rétorqué quoi que ce soit avant cette soirée-là. Jene crois pas que ce soit la meilleure façon de me faire bien voir auprès d’elle…

– Mais enfin Samuel, ce que tu es susceptible. Nous n’avons rien dit de mal, ce n’était pas

Page 43: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

méchant ! D’ailleurs Lola n’est pas vexée, n’est-ce pas Lola ? ajoute Helen en me prenant à parti, mefaisant bien sentir que je n’ai pas intérêt à la contredire.

– Non non, pas du tout…– Mais c’est vrai, il n’y a pas de quoi, Sammy. Tout ce que je voulais dire, c’est que c’est

finalement moi qui subis la pression des médias, et que je suis obligée de me priver pour garder unesilhouette acceptable.

Bianca qui minaude tout en parlant, pose sa main sur le genou de Samuel, me faisant bouillonnerintérieurement. Cette pimbêche a vraiment décidé de tout faire pour me torturer ! Elle ne perd rienpour attendre. En plus, elle est ridicule avec son pseudo-discours complètement formaté sur sacondition de pauvre petite people victime du méchant public.

– Si tu te préoccupais un peu moins de ta petite personne et de ce que les autres pensent de toi, tun’aurais pas ce genre de problème, rétorque Samuel, en retirant sa main.

Son soutien est pour moi la plus belle des vengeances, et l’air déconfit de Bianca me procure unplaisir sans nom. Je sais, c’est puéril… Mais c’est tellement bon !

– Samuel, voyons ! Tu n’es pas obligé d’être si désagréable, le blâme sa mère.– Vous me fatiguez tous avec vos histoires, intervient M. Baker-Rae, qui jusqu’alors s’était

contenté d’écouter d’une oreille distraite.– Dans tous les cas, c’est bien normal que Lola soit tentée, elle est cuisinière. Elle aime la

nourriture, et si elle a toute la journée le nez dans la crème et le chocolat c’est logique qu’elle selaisse aller à grignoter. N’importe qui succomberait à la tentation. Enfin n’importe quelle personnelambda, je veux dire.

Bianca 2, Lola 0.

Cette peste fait bien honneur à sa réputation de teigne à la langue acérée. Être dans la même piècequ’elle me fait l’effet d’être plongée pieds et poings liés dans un nid de vipères, ne pouvant rien fairequ’attendre la prochaine morsure… Mais, si je ne peux pas riposter maintenant sous peine de mefaire définitivement « blacklister » par la famille Baker-Rae, je suis secrètement bien déterminée àlui réserver quelques coups de griffes pour plus tard.

Assis tout contre moi, je sens une tension traverser tout le corps de Samuel, crispé par les parolesde Bianca.

– Tiens, c’est vrai ? Comme c’est intéressant. On a tendance à critiquer le travail manuel de nosjours, mais je ne suis pas d’accord, il n’y a pas de sot métier comme on dit, déclare Helen d’un tonsnob. Et puis ça doit être tellement difficile ! Les horaires pas possibles, être debout toute lajournée… Dieu merci je n’ai pas eu à en passer par là !

Me voilà maintenant sur un ring, à prendre des coups et à devoir tendre l’autre joue en souriant.

– Lola n’est pas du tout cuisinière, elle est pâtissière, et elle ouvrira bientôt son propre salon de

Page 44: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

thé. En attendant elle est en stage de management dans une grande maison de pâtisserie que vousdevez tous connaître puisque vous-mêmes ne faites appel qu’à elle pour vos réceptions : la MaisonLawrence. Et pour avoir goûté ses créations, je peux affirmer qu’elle est incroyablement douée !

La riposte de Samuel a fusé avant même que je n’aie pu ouvrir la bouche pour me défendre. Fièred’être si bien défendue par mon amoureux, je ne peux que savourer intérieurement la sensation dejoie qui m’envahit. Je ne me réjouis pas que Samuel contredise sa mère face à moi, au contraire, jesuis triste que celle-ci ait décidé d’entrée de jeu de me considérer comme une ennemie, sans raison.Mais je me sens si heureuse de constater encore une fois que Samuel est là pour moi, envers et contretous.

– Samuel, peux-tu me suivre deux minutes s’il te plaît ? J’aimerais rapporter d’autres bouteilles dechampagne.

– Mais maman, on paye des gens pour ça, laisse Samuel tranquille, s’interpose maladroitementBen.

Oh non… Ça sent la dispute de famille généralisée. Tout ce que je voulais, c’était rencontrerles parents de Samuel et faire bonne impression, pas déclencher une Troisième Guerre mondiale…

– Samuel ? insiste Helen.

Contraint et forcé, Samuel soupire, me dit qu’il revient tout de suite, se lève du fauteuil, et, droitcomme un I, suit sa mère à contrecœur dans une autre pièce de la maison.

– Ne t’en fais pas Lola, me rassure Benjamin, ils sont un peu comme chien et chat ces deux-là,mais c’est comme ça qu’ils s’aiment.

– Tiens mon ange, prends un petit quelque chose toi aussi, il n’y a pas de raison, minaude Bianca,qui n’en a visiblement rien à faire des histoires de sa belle-famille et qui préfère cajoler son chien.

Tout naturellement, elle attrape un petit-four et le lui donne.

– Quel chien de luxe celui-là, raille Ben.– Ne l’écoute pas Cookie, dit-elle en enfournant une autre mignardise dans la gueule du chien, qui

n’en demandait pas tant.– Tiens Lola, tu veux un scoop ? me demande Ben en changeant de sujet.– Euh, oui.– Devine qui va me donner la réplique dans mon prochain film.– Hum… Ryan Gosling ? tenté-je.– Lui ? Non, jamais de la vie je ne voudrais jouer avec ce type. Il est aussi expressif qu’une

murène, dit Ben avec un soupçon de jalousie dans la voix. Indice : c’est une fille.– Julia Roberts ?– Plus jeune.– Si elle t’entendait !– Mais Bianca, elle ne peut pas m’entendre.

Page 45: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

– Oui mais même. On ne parle pas comme ça d’une star comme Julia. Je lui répéterai tout, persifleBianca.

– Surtout que c’est une femme sublime, elle est encore plus radieuse maintenant qu’à ses débuts.Et d’une classe, intervient le père de Samuel.

– Bref. Une autre proposition ? coupe Ben.– Emma Stone ?– Oh joli, c’est le même prénom. Ce n’est pas elle mais tu touches au but.– Emma… Ça ne peut pas être Emma Thompson ?– Bon je te le dis sinon tu ne vas jamais trouver. C’est Emma Watson ! Tu sais, la gamine qui joue

dans la série Harry Potter. C’est énorme, non ? s’extasie Ben.– Ah, oui en effet, réponds-je, pas impressionnée du tout (je n’ai même pas vu ces films).

Notre palpitante conversation est soudainement interrompue par des éclats de voix provenant de lapièce voisine. Pour la troisième fois depuis que je le connais, j’entends Samuel s’énerver et hausserle ton, et c’est toujours à cause d’un membre de sa famille. Lui qui est ordinairement si calme, qui faittoujours preuve d’un sang-froid et d’une maîtrise à toute épreuve… Il doit vraiment avoir beaucoupde rancœur envers eux, même enfouie au fond de lui, pour qu’ils le fassent sortir de ses gonds commecela.

Comment a-t-il pu leur pardonner ce qu’ils lui ont fait vivre enfant ?

Il fait soudain irruption dans la pièce, luttant pour dissimuler sa fureur sous un air faussementimpassible. Il se contient, mais je commence maintenant à suffisamment bien connaître les traits deson visage pour deviner qu’il bouillonne de l’intérieur.

– Lola, nous partons.– Mais… Tu es sûr ? tenté-je, gênée de la tournure que prennent les événements.– Certain.

Son ton, sans être agressif, indique clairement qu’il n’y a pas à discuter et qu’il ne changera pasd’avis.

Je crois que je commence à apprendre des choses sur moi et sur mes fantasmes inavoués, car,malgré le malencontreux revirement de situation, voir Samuel furieux me donne des envies qui ne sontpas de circonstance… Il se dégage de lui une animalité nouvelle qui exacerbe la sensualité qu’ildégage déjà en temps ordinaire. Si nous étions seuls, je l’aiderais bien volontiers à employer toutecette énergie à d’autres fins bien plus amusantes…

– Mais enfin Samuel, tu ne vas tout de même pas partir pour ça ? C’est ridicule, voyons. J’ai faitpréparer ton plat préféré ! se lamente Helen, qui me fait quand même mal au cœur.

Même les stars ont des disputes, comme toutes les familles ordinaires. Finalement, ce sont desgens normaux. Vivant dans une autre dimension, mais normaux.

– Voyons fils, arrête tes enfantillages et rassieds-toi, ordonne Mark.

Page 46: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

– Mais oui Sam, allez frérot, je ne sais pas ce qui s’est passé mais je suis sûr qu’il n’y a pas dequoi en faire un drame, ajoute Ben, qui ne semble jamais rien prendre au sérieux.

– Sammy, reste, s’il te plaît ! Même Cookie veut que tu restes, regarde, il pleure.

Cette Bianca, je lui ferais bien avaler la casquette de son roquet !

– Viens mon amour, Seymour est déjà devant l’entrée, me dit Samuel, insensible aux supplicationsde sa famille.

– Madame Baker-Rae, monsieur Baker-Rae… Je suis désolée. Au revoir, j’espère vous revoirbientôt. Au revoir Bianca, au revoir Ben, salué-je, embarrassée.

– Au revoir Lola, ravi de vous avoir rencontrée, me répond Mark en me serrant la main.– Ciao Lola, ne t’en fais pas, ça va s’arranger. Je te l’ai dit, ils sont toujours comme ça. C’est

peut-être moi le « jumeau-star », mais Sam adore les sorties théâtrales, plaisante Ben.– C’est tout de même dommage… Samuel. Je suis ta mère quand même, j’ai bien le droit de te dire

les choses comme je les pense… Eh bien soit, puisque tu es si orgueilleux et si colérique, tu n’asqu’à partir, après tout. Bonsoir !

Samuel, visiblement très remonté contre Helen, se dirige d’un pas déterminé vers la porte.

– Et moi, j’ai le droit de les recevoir comme j’en ai envie. Je vous dis au revoir, conclut-ilsèchement.

Je suis soulagée de quitter les lieux, étant donné la tension régnant depuis le début de l’apéritif,mais je ne peux pas m’empêcher de me sentir mal. Je culpabilise car c’est un peu à cause de moi queSamuel s’est disputé avec sa mère, et je suis profondément peinée de voir que celle-ci, à qui jevoulais tant plaire, me rejette sans même me connaître, sans me laisser aucune chance de lui montrerque je ne veux rien d’autre que le bonheur de son fils. Mes craintes étaient finalement fondées et jeconstate douloureusement que les clichés ont la peau dure. Mais ça s’arrangera peut-être avec letemps, après tout.

Malgré son bras qui enserre mes épaules, je dois accélérer le pas pour suivre la cadence deSamuel, qui est encore bien remonté. Ce n’est qu’une fois dans la voiture qu’il parvient à se détendreun peu, mais son beau front est froncé, sa mâchoire serrée, et son regard noir fixe le vide, droitdevant lui. J’ose rompre le silence, après tout, ce n’est pas contre moi que Samuel est fâché.

– Je peux te demander ce qu’il s’est passé ? tenté-je d’une petite voix.– Rien de grave, ne t’en fais pas. Ma mère est une tête de mule et elle ne changera jamais, j’ai

préféré ne pas m’éterniser. Ne t’inquiète pas, ça n’a rien à voir avec toi…

Il dit ça uniquement pour ne pas me blesser…

J’ai vraiment du mal à croire que « ça n’a rien à voir avec moi », mais à quoi bon insister ?

– Je suis désolée que ça se soit passé comme ça, reprend-il sur un ton un peu gêné. J’avaisvraiment envie de te les présenter mais ça n’était pas une bonne idée en fait…

Page 47: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

Sa phrase, qu’il a prononcée sans oser me regarder dans les yeux, s’obstinant à garder le visagetourné vers la fenêtre, reste en suspens. De toute façon, je ne pense pas que Samuel soit disposé àadmettre que sa mère me déteste, il préférera le nier plutôt que de me faire de la peine. Et autre choseme gêne, dont j’ai envie de lui toucher deux mots : le cas de Bianca.

Je n’aime vraiment pas la façon dont elle se comporte avec lui, et cette manie insupportablequ’elle a de le toucher tout le temps ! Mais bon, est-ce qu’il ne risque pas de me trouver puérile, avecma jalousie et mes doutes ? Et si elle lui correspondait mieux que moi ? Sa mère l’apprécie, elle, moije n’ai visiblement pas ma place dans la jet-set… Allez, je le lui dis. Ou j’attends demain, quand toutsera retombé un peu ? Mais ça sera du réchauffé, demain…

Samuel interrompt ma petite séance de tergiversation :

– Tu as l’air soucieuse. Je te le redis, ça n’a vraiment rien à voir avec toi.– Non, ce n’est pas ça.– De quoi s’agit-il alors ? Dis-moi.– Non, ce n’est rien.– Lola, on ne va pas commencer à se faire des cachotteries, et puis dans un couple il faut

communiquer, dit-il d’un ton doux qui me donne le courage de lui avouer mes inquiétudes.– D’accord. Si tu veux tout savoir, je n’apprécie pas la manière dont ta soi-disant belle-sœur

minaude en permanence devant toi.– Bianca ? ! Mais non, tu te fais des films, elle fait ça avec tout le monde, répond-il, étonné

comme si j’avais dit la chose la plus absurde qui soit.– Pardon ? C’est moi qui me fais des films ? répliqué-je, piquée à vif. Je ne crois pas non, elle te

dévore des yeux et glousse comme une dinde dès que tu ouvres la bouche !– Mais… Lola, je rêve ou tu es jalouse ? me taquine-t-il en me pinçant la joue, soudain radouci.

Il affiche un petit sourire amusé qui dessine son adorable fossette.

Tellement sexy !

– Pas du tout ! Je ne fais que relater des faits.– Ne nie pas, tu es jalouse, dit-il en venant se coller tout contre moi. Et je dois admettre que

j’adore cette idée, murmure-t-il dans un souffle à mon oreille, avant de m’embrasser avidement. Jetrouve ça plutôt excitant…

Aux vestiges d’électricité qui règnent dans l’air se mêle une soudaine tension érotique qui faitgrimper la température d’un coup. Par jeu, je fais mine de le repousser.

– Je ne suis pas jalouse.– Petite menteuse… Viens par ici, murmure-t-il d’un ton langoureux.

Samuel remonte la vitre opaque qui nous sépare de son chauffeur et qui permet d’insonorisercomplètement l’habitacle avant de venir se pencher sur moi pour m’embrasser.

Page 48: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

– Alors comme ça on est jalouse… Tu sais que tu es très sexy quand tu t’énerves, susurre-t-il touten descendant jusque dans mon cou.

Les choses prennent soudain une tournure bien plus torride. Ayant toujours en tête les enviespolissonnes qui me sont venues tout au long de la soirée, j’entre avec impatience dans le jeu de monamant, ayant hâte de profiter de tout le confort qu’offrent les sièges en cuir de sa luxueuse berline (etde connaître pour la toute première fois l’expérience des jeux coquins à l’arrière d’une voiture…).

Les mains pressées de Samuel s’aventurent sur mes cuisses, passent sous ma robe pour venircaresser mes fesses, puis redescendent, remontent, virent, se ravisent, vont et reviennent, courent surmon corps qui frémit sous ses caresses. Les coquines exploratrices, avides de s’approprier denouvelles régions de plus en plus intimes, s’attardent sur mon ventre, effleurent mes seins qui semettent soudainement à pointer, se glissent sous le fin coton pour mieux les étreindre, de toute lapaume pour mon plus grand plaisir. Samuel descend mes bretelles l’une après l’autre, et découvrecomplètement ma poitrine.

– Tu ne peux pas savoir à quel point j’adore tes seins. Je n’ai jamais vu de seins si parfaits, sironds, si beaux, murmure-t-il.

Ses paroles, qui me remplissent d’orgueil, ont sur moi l’effet d’un miel chaud qui coulerait le longde ma gorge. Je me sens si belle lorsqu’il me parle comme ça, si femme, si désirable !

Il fait ensuite descendre la robe jusqu’à mon ventre, dont le tissu délicat glisse légèrement sur moncorps, puis se penche pour embrasser mes seins, chacun à leur tour, avant de prendre mon téton droiten entier dans sa bouche, aspire et mordille doucement le mamelon, ce qui me fait pousser dessoupirs, tout mon corps emporté par le plaisir de sentir ses mains sur moi.

La tête renversée en arrière sur le siège, je glisse et reglisse mes mains dans ses cheveux, jecaresse sa nuque et son dos, et je faufile mes doigts dans sa chemise pour sentir sa peau douce, tandisqu’il continue de lécher doucement mes seins. Le contact de son épiderme, ses muscles tendus sous sapeau légèrement moite, les quelques poils virils sur son torse, la chaleur torride qui se dégage de luiexacerbent ma passion, son odeur d’homme qui me remplit tout entière, que j’inspire profondémentpour m’imprégner de lui, mélange de parfum poivré et de transpiration suave, me fait complètementchavirer.

Samuel continue également à me parcourir, ses mains douces et expertes remontent le long de mescuisses, contournent la rondeur de mes hanches pour atteindre le creux de mes reins qui se cambrent.Mon corps réagit parfaitement à ses gestes, en osmose, je frissonne tout entière. Ses doigts impatientspassent ensuite par-dessus ma culotte, me caressent à travers le tissu, et je commence à être vraimenttrès, très, très excitée, ne pouvant plus tenir, pressée de le sentir en moi.

Je ferme les yeux pour profiter pleinement de la sensation de plaisir qui m’envahit, entièrementofferte à ses désirs. Samuel se glisse habilement au plancher de la voiture pour se retrouver accroupidevant moi. Délicatement, il écarte mes jambes et s’emploie à les embrasser. Il commence d’abord

Page 49: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

par les genoux, remonte tout doucement le long de mes cuisses, taquine le pli de l’aine, va et revient,et tarde à faire ce que je meurs d’envie qu’il fasse, car il sait très bien qu’une petite pointe defrustration ne fera que décupler ma jouissance.

Alors que je tremble presque tant je trépigne de recevoir le cadeau qu’il s’apprête à m’offrir, ilcommence, enfin, à titiller mon sexe avec sa langue. Celle-ci s’attarde longuement à l’extérieur, surles lèvres, lèche délicatement leur contour avant de se glisser doucement en moi, et je pousse despetits cris de plaisir que je ne peux pas contrôler. Samuel continue, lentement, avec langueur, et sedélecte tout autant que moi de ce moment, que je savoure pleinement. Aucun homme ne m’a jamaisautant comblée… Tous les muscles de mon corps se tendent de plaisir, et Samuel, qui sent monexcitation, s’attarde un peu plus sur mon clitoris, il aspire et joue habilement avec ce petit boutonentièrement voué au plaisir. De la pointe de sa langue, il va un peu plus vite, et les petitsgémissements qui m’échappent trahissent le plaisir que j’y prends. Ma respiration s’accélère, se faitplus forte, et je crains que le chauffeur ne m’entende… Mais je n’y peux rien, et c’est bien trop bonpour être pudique ou raisonnable, et je me laisse aller, la tête rejetée en arrière sur le cuir du siège,mes mains agrippées à ses cheveux.

– J’aime t’entendre respirer comme ça. Tu aimes quand je te lèche de cette façon ? susurre-t-il.– Oui, soupiré-je dans un souffle.

À présent, il glisse ses doigts à l’orée de mon sexe, avant de s’y enfoncer un peu plusprofondément. Il va et vient, et alterne pendant quelques jouissives minutes caresses et coups delangue. J’ai vraiment du mal à contenir mes cris, plus excitée et grisée que jamais, et je dois memordre le bras pour les étouffer un peu… Samuel s’arrête alors que je suis presque au comble duplaisir.

– Lola… À présent j’aimerais te demander quelque chose… J’adorerais te voir te caresser devantmoi, te regarder te donner du plaisir…

Surprise par cette demande inattendue, j’ai un petit temps d’hésitation. Je n’ai jamais fait ça, et jesuis un peu intimidée à l’idée d’être observée dans un tel moment d’intimité, moi qui suis d’un naturelsi réservé. Mais Samuel se penche à nouveau sur moi, et, tandis qu’il m’embrasse, il prend ma mainpour la placer tout doucement entre mes cuisses. Ses doigts appuient délicatement sur les miens, lesdirigent sur mon propre sexe… Au début, je suis un peu décontenancée et gauche car, moi-même, jen’ai pas l’habitude de me toucher seule. Mais je découvre avec délice de nouvelles sensationsphysiques, celles de mes propres doigts qui vont et viennent en moi, et, au bout de quelques minutes,je prends bien plus d’assurance dans mes gestes. Je me caresse, laisse mes mains faire leur chemin,aller et venir, se glisser dans mon sexe, titiller le clitoris. À mon plus grand étonnement, je parviensmoi-même à me donner la chair de poule, au bord de l’extase.

Samuel doit sentir que je commence à complètement me laisser aller, car il se recule pourm’observer. Moi qui suis normalement si pudique, j’adore sentir son regard sur moi tandis que je medonne du plaisir. Je me sens sexy, femme… Samuel a l’air au moins aussi excité que moi ! Je vois, àla bosse indécente qui se dessine sous son pantalon, qu’il a lui aussi très envie de pousser un peu

Page 50: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

plus les préliminaires.

Alors que je commence vraiment à perdre la tête, la voiture s’arrête et je ressens une frustrationénorme quand je comprends que nous sommes arrivés à destination, devant la villa de Samuel.

Mais pour nous, la nuit ne fait que commencer, et je compte bien poursuivre sur l’oreiller ce quenous venons d’entamer dans la voiture. Je remonte en urgence les bretelles de ma robe, rajuste macoiffure, rouge d’émotion, et Samuel se précipite sur le siège pour se rasseoir, juste au moment oùSeymour ouvre la portière. Comme si de rien n’était, mais non sans me gratifier d’un petit souriremalicieux et complice, Samuel sort de la voiture, m’entraînant par la main, ses doigts serrant lesmiens sous l’effet de l’excitation.

– Je n’en peux plus d’attendre ! me glisse-t-il tout bas. Merci Seymour, et bonne nuit, reprend-il àvoix haute.

– Bonne soirée, mademoiselle, bonne soirée, monsieur Wright, répond ce dernier, à qui j’adresseun signe de tête poli.

– S’il savait, murmure Samuel à mon oreille, et je laisse échapper un petit rire amusé.

Nous remontons rapidement l’allée et nous nous précipitons vers la villa. À peine la portefranchie, Samuel jette un rapide coup d’œil à l’intérieur pour voir si le champ est libre (on ne saitjamais, si Nora ou un autre employé se promenait dans les couloirs à cette heure tardive) et étantseuls, nous ne pouvons attendre d'avoir atteint sa chambre pour continuer à nous déshabiller, riantcomme des gamins de la possibilité d’être surpris.

J’attrape Samuel par le col de sa chemise et l'embrasse passionnément pendant que ses mainss'attaquent adroitement aux boutons de ma robe, qu'il ouvre en entier. Je me retrouve à demi-nue dansle couloir, bien trop fiévreuse pour ressentir de la gêne, et je fais complètement abstraction de lapossibilité que Nora ou n’importe qui d’autre puisse passer par ici à ce moment-là. Samuel dégrafemon soutien-gorge avec impatience, commence à me caresser les seins d'une main, tandis que l'autredescend langoureusement sur mon corps, jusqu'à atteindre ma culotte de fin coton, qu'il m'ôte, lafaisant glisser jusqu'à mes chevilles.

Ses doigts experts, qui caressent maintenant doucement mon sexe frémissant, savent exactementcomment me faire plaisir… Excitée par ses gestes autant que par la peur qu'un employé ne noustrouve là, je ne peux retenir de profonds soupirs…

J'embrasse et je mordille ses lèvres si pulpeuses, son visage, son cou, et mes mains avides à leurtour s'empressent d'aller libérer son pénis, déjà dur et tendu. Je commence à le caresser, doucementpuis de plus en plus vite, et c'est tout son corps qui se cabre. Prise d’une inspiration coquine etsoudaine, j’ai envie moi aussi de donner du plaisir à Samuel. Même si je n’ai pas beaucoupd’expérience en matière de fellation, je suis grisée par un désir qui me donne confiance en moi. Jem’agenouille face à lui, pour descendre et finalement retirer complètement son pantalon, son caleçonet ses chaussettes au passage, et prendre délicatement son sexe entre mes lèvres, dont la peau à ungoût doux et suave. Lentement, je le parcours de ma langue, prenant un plaisir immense à l’entendre

Page 51: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

soupirer sous l’effet de mes nouveaux talents. Je monte et redescends le long de son membre, avantde le prendre en entier dans ma bouche. Puis je vais et je viens, de haut en bas, j’alterne les pressionspour lui offrir des sensations différentes, j’accompagne de mes mains les gestes de mes lèvres.Samuel gémit, et le bonheur que je ressens à lui donner du plaisir est immense.

– J'ai tellement envie de toi, je n'en peux plus ! lâche-t-il dans un râle.

Moi aussi je brûle d'envie de sentir le contact ardent de sa peau, aussi, je me redresse pour meretrouver face à lui, passe mes bras autour de son cou et l’embrasse fougueusement.

– Moi aussi, parviens-je à articuler entre deux baisers. Viens !

En tentant de les déboutonner, j'arrache malgré moi les boutons de sa chemise, pour dévoiler sontorse puissant, si beau, dont les muscles luisants sont couverts d’une fine pellicule de transpirationtellement excitante que je respire profondément, m’imprégnant de son odeur. Je n'entends plus que sarespiration qui fait écho à la mienne, saccadée, et dont le souffle refroidit ma peau brûlante par à-coups… Ses mains s'attardent sur mes fesses, parcourent sensuellement mes cuisses, et Samuel, quin’y tient plus, me soulève pour que je passe mes jambes autour de sa taille, me plaque tout contre lui,sans avoir de cesse de m’embrasser fougueusement et de laisser jouer sa langue avec la mienne.

Lovée contre son beau corps que je désire au plus près de moi, je l’attire pour que l’on seretrouve tous deux plaqués contre le mur. Samuel, comprenant parfaitement et instinctivement où jeveux en venir, attrape discrètement un préservatif, qu’il enfile rapidement avant de venir en moi. Ilme pénètre, langoureusement d'abord, puis de plus en plus vite, tout en me maintenant pour meprotéger de la dureté du mur. Tandis que Samuel continue ses va-et-vient, jusqu’à m'emmener aucomble du plaisir, je perds littéralement le contact avec le monde qui m’entoure, me perdant dans lasensation d’extase qui m’envahit…

– Ça te dit de varier un peu les plaisirs ? murmure Samuel d’une voix entrecoupée.– Oui, d’accord, réponds-je sur le même ton, curieuse de voir quelle surprise mon amant me

réserve.

Confiante, je me laisse guider tandis que Samuel se retire et me fait doucement me retourner.

– Prends appui contre le mur, me conseille-t-il, tandis qu’il me saisit par les hanches pour mepénétrer par-derrière.

Obéissant de bonne grâce, je m’exécute tandis qu’il me prend, et je me cambre au maximum pourressentir le plus profondément possible son sexe en moi, encore plus excitée par cette position qui merend faussement soumise, et qui me donne l’impression d’être, aux yeux de Samuel, encore pluscoquine. Fermant les yeux, je peux jouir à loisir de la pression ferme des mains de Samuel sur meshanches, de son souffle que je sens dans mon dos, de ses gémissements qui me font ressentir lapuissance du plaisir qu’il prend lui aussi. Je n’entends plus que sa respiration, saccadée et sensuelle,qui se mêle à la mienne, et je sens, à son corps tendu, que de son côté l'orgasme est en train de veniraussi. Je ne peux me retenir de crier lorsqu'il survient, simultané et renversant.

Page 52: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

Mon tendre amant, qui a joui en même temps que moi, est maintenant calme et relâché, il se retiredoucement pour me serrer tout contre lui et m’embrasser dans le cou, sur la nuque, à la racine descheveux…. Puis je me retourne pour pouvoir l’embrasser aussi, tandis qu’il me prend dans ses braset me serre fort contre lui. Toujours appuyée contre le mur, je peux sentir son corps pressé contre lemien, si chaud….

– C’était tellement bon, dit Samuel, encore essoufflé. J’adore faire l’amour avec toi, tu me rendscomplètement fou.

Flattée, comblée et ivre de bonheur, j’ai du mal à réaliser que je puisse lui faire cet effet-là. Etpourtant, c’est bien réel !

– Moi aussi j’adore faire l’amour avec toi… On pourra recommencer, dis ? Bientôt ? Tout desuite ? lui demandé-je avec malice.

– C’est bien ce que je disais tout à l’heure : tu es une vraie petite coquine.

Mais soudain, des pas qui se rapprochent dans le couloir (peut-être ceux de Nora) nous alertent,nous poussant à ramasser nos affaires et à nous enfuir vers ses appartements, complètement nus,trébuchant et riant comme des gamins.

Page 53: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

5. Spa et douche glaciale

Le lendemain matin, les rayons du soleil filtrant à travers les fenêtres dont nous n’avions pas closles rideaux nous tirent tous deux du sommeil. Lovée dans les bras de Samuel, bien au chaud sous lescouvertures, j’étire langoureusement mes muscles courbaturés de nos acrobaties de la veille. Samuel,les cheveux en bataille, m’embrasse tendrement.

– Tu as bien dormi, ma beauté ? me demande-t-il, les yeux pleins de tendresse.– Très bien, et toi ?– Très, très bien…– J’ai fait de beaux rêves. Tu étais dedans, dis-je avec un air espiègle.– Oh, je vois, et c’était quel genre de rêves ? demande-t-il d’un air coquin.– Du genre érotiques, bien sûr. Du genre où nous sommes tous les deux à l’arrière de ta voiture, ou

nus contre le mur du couloir…– J’adore ce genre de rêves… Viens par ici, dit-il en m’embrassant et en me serrant plus fort

contre lui.– Et toi, tu as rêvé de moi ?– Hum… Honnêtement, je ne me souviens plus de quoi j’ai rêvé.– Oh non ! Tu aurais dû entrer dans le jeu, inventer un truc ! ! m’exclamé-je.– Pardon ! Bon, ce soir on refait tout pareil qu’hier, et demain on recommence le jeu du réveil. Et

cette fois tu ne seras pas déçue, d’accord ?– OK. Mais tu as intérêt à me raconter une histoire très sexy ! réclamé-je avec gourmandise.– Promis, juré.

Un petit moment se passe où nous ne faisons rien d’autre que nous embrasser et nous caresser, touten douceur, juste pour le plaisir de sentir nos peaux l’une contre l’autre. Samuel est si tendre et sipassionné à la fois. Et solide, ambitieux, charismatique… Je n’aurais jamais pu imaginer un jouravoir la chance qu’un homme comme lui pose son regard sur moi et me désire à ce point. Et voilàqu’il m’a présentée à ses parents… Je ne sais pas si c’est ma sensibilité exacerbée par tout cet amourdéferlant en moi depuis ces dernières semaines ou si c’est cette nuit trop courte qui me rend soudainémotive, mais je sens le besoin de lui ouvrir mon cœur.

– Tu sais, j’ai réalisé hier à quel point tu étais spécial pour moi. À mes yeux, tu représentesl’Homme avec un grand H. J’aime la façon dont tu t’imposes, dont tu fais entendre tes idées et le faitque tu respectes tes convictions quoi qu’il arrive… Et, surtout, je trouve que tu as une paire de fessesmagnifiques.

Samuel part d’un grand éclat de rire et s’apprête à répondre, mais je sens que j’ai besoin d’allerau bout de ce que je veux lui dire maintenant que je suis lancée.

– Attends, je n’ai pas fini. Depuis que je te connais, même si j’ai quelques fois frôlé l’arrêt

Page 54: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

cardiaque, j’ai vécu des choses incroyables, passionnantes et extraordinaires. Tu es à mes yeux lapersonne la plus étonnante et la plus mystérieuse qu’il m’ait été donné de rencontrer. J’ai envie deconnaître tout de toi, de continuer à me laisser porter par notre relation, et de la vivre à fond. Et ausside faire très souvent l’amour !

Samuel rit à nouveau.

– Tes désirs seront des ordres.– Je l’espère bien ! Pour le monde entier ton frère est peut-être un sex-symbol, voire un fantasme,

j’irais même jusqu’à dire un mythe… Mais pour moi il n’est que « le frère de Samuel Wright ».– Waouh, merci… D’habitude c’est moi le « frère de » ! Ça me surprend et me touche énormément

tout ce que tu me dis, me répond-il avec des frissons dans la voix.– Ne te réjouis pas trop vite… Je dois t’avouer quelque chose. Lors de notre tout premier rendez-

vous, quand j’ai su que tu n’étais pas vraiment un acteur célèbre, je l’ai presque regretté, le taquiné-je pour voir sa réaction.

– Quoi ? C’est vrai ? s’exclame-t-il, vexé.– Mais bien sûr que non voyons, je te charrie !– Et moi je ne marche pas, je cours ! J’aime mieux ça, dit-il en m’enlaçant et en déposant un baiser

dans le creux de mon cou.– Comment aurais-je pu regretter, franchement ? Je t’ai immédiatement trouvé beau, spirituel,

drôle… Et maintenant que je connais ton frère, il a beau être sympa et joli garçon, je te trouve bienau-dessus, dans tous les domaines.

– Eh bien… C’est la première fois qu’on me dit des choses comme ça. Je me sens un peu idiot, jene sais pas quoi répondre, je suis ému. Je vais bientôt verser une larme comme une petite fille.

Comme à son habitude, Samuel se cache derrière la dérision, mais je lis dans son regard qu’il estsincèrement touché et troublé.

– Lola, j’ai pensé à quelque chose qu’on pourrait faire tous les deux. J’ai envie qu’on franchisseencore une autre étape, alors j’ai pensé… J’ai pensé qu’on pourrait faire des tests médicaux, commeça on pourrait se passer du préservatif. Peut-être que tu pourrais prendre la pilule, mais seulement situ es d’accord. Qu’en penses-tu ? Réponds-moi franchement.

Oh la la, mais cette fois il n’y a plus aucun doute possible, on est vraiment dans une relationexclusive ! Non pas que j’en ai jamais douté, je veux dire, Samuel m’a tout de même présenté sesparents ! Mais quand même, c’est un pas de plus, un engagement de plus !

Je suis folle de joie et excitée par cette autre étape que nous allons franchir, et qui est toutenouvelle pour moi : je ne m’étais jamais à ce point lancée dans une histoire si sérieuse avecquiconque.

– C’est une très bonne idée. Je n’y avais pas réfléchi, mais je suis d’accord, on serait plustranquilles et plus libres, réponds-je d’un ton emballé et amoureuse comme jamais.

– Génial. Bon, en attendant, je pense qu’on va tout de même avoir besoin d’un petit morceau de

Page 55: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

plastique dès à présent. Parce que toutes ces émotions m’ont donné envie de vous câliner tout de suiteet maintenant, mademoiselle, reprend-il plus doucement, le regard taquin.

Joignant le geste à la parole, Samuel se penche sur moi pour m’embrasser, et nous commençonstous les deux une partie de ces jeux dont nous avons le secret, ces jeux doux et coquins, d’où lui etmoi sortons gagnants à tous les coups…

***

– Ça, c’est une émulsion à la violette et au gingembre. J’en ai mis juste une pointe : suffisammentpour que ça relève un peu la crème, mais pas trop pour que ça ne tue pas le goût de la fleur. Verdict ?

– Mmmh, c’est pas mal hein, hésite Rachel en goûtant la mignardise que je viens de lui tendre.– La menteuse, elle déteste. Regarde la tête qu’elle fait, ricane Grace en voyant la mine peu

convaincue de Rachel.

Nous sommes mercredi après-midi (le jour des enfants, ça n’a pas de prix) et j’ai invité Rachel etGrace à venir tester des créations que M. Lawrence veut lancer l’automne prochain. Je travaille, lesfilles se gavent de gâteaux en exclusivité, on fait nos habituelles plaisanteries : tout le monde estcomblé.

– Grace, tu n’es pas dans ma tête, tu ne peux pas savoir ce que je pense, riposte Rachel.– C’est ce que tu crois, ma jolie…– Bon, Rachel, les coupé-je dans leurs chamailleries habituelles, dis-moi la vérité : tu en penses

quoi ?– Sérieusement, c’est bon. Fin, subtile en bouche. Après, le gingembre ce n’est pas trop mon truc.– OK, OK. Goûte ça alors. C’est un chou fourré à la liqueur de chocolat. C’est un peu corsé.– Ah, celui-là j’adore ! s’exclame-t-elle, la bouche pleine de crème.– Vraiment ?– Carrément, c’est délicieux ! Je peux en avoir un autre ?– Non, je voudrais t’en faire goûter d’autres avant, M. Lawrence veut des retours pour demain.– D’accord, alors next, dit-elle en tendant son assiette dans ma direction.

La sonnerie de mon téléphone retentit au moment où je m’apprête à servir à mes amies unetartelette à la citrouille (un ingrédient très étrange aux yeux d’une Française qui n’a pas l’habituded’introduire des légumes dans ses desserts, mais très répandu aux États-Unis). Comme j’ai les mainspleines, je fais signe à Rachel de décrocher.

– Allô ?

La personne au bout du fil répond quelque chose, et les yeux de mon amie s’écarquillentd’étonnement.

– Qui est-ce ? chuchoté-je.« C’est Sa-mu-el », articule Rachel en silence pour que celui-ci ne l’entende pas.

Page 56: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

– Non c’est Rachel. Lola est occupée, je peux prendre un message ?– Mais non, passe-le-moi immédiatement, ordonné-je d’une voix autoritaire.

Je repose l’assiette de mignardises sur la table et lui arrache le téléphone des mains.

– Allô ?– Regarde comme elle minaude, se moque malicieusement Grace.– Allôôôô, m’imite Rachel, la bouche en cœur.

J’essaye de me concentrer sur la conversation pour ne pas éclater de rire, tout en lançant desgrimaces à mes amies.

– Je te dérange peut-être ? demande Samuel.– Non non, pas du tout ! Je t’écoute.– Elle a des cœurs qui lui sortent des yeux, glousse Rachel.

Je me sauve dans la chambre pour être plus tranquille et claque la porte au nez de mes deuxdiaboliques acolytes, qui me poursuivent en me parodiant.

– Je voulais t’emmener au restaurant, mais si tu es avec tes amies ce n’est pas grave, on peutreporter.

– Oh non, allons-y ce soir ! Les filles ne sont passées que pour le thé, m’empressé-je de répondre,me réjouissant d’avance de passer une soirée en tête à tête avec Samuel.

– Ah d’accord, tant mieux pour moi alors. Vers quelle heure je peux venir te chercher ?– Eh bien, il est déjà 17 heures… Tu ne voudrais pas venir maintenant ? Tu pourrais rencontrer les

filles comme ça, proposé-je, prise d’une inspiration soudaine.– À vrai dire, je suis déjà devant chez toi…– Non, c’est vrai ? ! m’exclamé-je.

C’est vraiment sa spécialité de se trouver derrière ma porte sans y être invité !

– Oui ! Je ne te l’ai pas dit parce que je ne voulais pas m’imposer pendant ton teatime.– Mais non, entre voyons, tu ne nous déranges pas du tout, au contraire !– Très bien, j’arrive alors, je suis impatient de rencontrer tes amies. À tout de suite.– À tout de suite !

Je repars en courant briefer les filles pour qu’elles se tiennent à carreau. Je n’ai pas franchementenvie qu’elles ressortent tous mes secrets embarrassants en présence de Samuel, je tiens à garder unminimum de crédibilité.

– Bon les filles, j’ai trente secondes pour vous prévenir que Samuel arrive. Alors pas de blagues,hein ?

– Quoi ? Qui ? Quand ? Où ? Il arrive maintenant ? demande Rachel.– Incroyable, on va enfin rencontrer le fameux prince charmant ! se réjouit Grace.– Oui, maintenant ! Il est devant la porte, alors arrêtez de vous égosiller et essayez d’avoir un

Page 57: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

comportement normal. Ce qui inclut : pas de cris aigus, pas de gloussements hystériques, pas de…

Driiiing !

Le bruit de la sonnette interrompt mes recommandations. Je cours l’accueillir, suivie de Grace etRachel qui ont hâte de voir enfin la tête de Samuel. Lorsque j’ouvre la porte, une bouffée d’orgueilm’envahit lorsque mon amoureux apparaît, beau comme un dieu dans sa chemise bleue et sonpantalon beige. Ma fierté est encore plus grande en constatant que la mâchoire de mes copines estprête à se décrocher. Le sourire jusqu’aux oreilles, je fais un petit bisou à Samuel, un peu frustrée dene pas faire durer ce plaisir plus longtemps, notre « public » étant pendu à nos lèvres (enfin, au sensfiguré, bien sûr).

– Bonjour, mesdemoiselles, je suis Samuel, dit-il en se penchant pour faire une bise à Rachel, à lafrançaise.

– Enchantée, Rachel, se présente-elle, tout sourire.

Je vois à ses grands yeux pétillants qu’elle est déjà sous le charme. C’est vrai que Samuel est trèsbeau. Et charismatique. Et élégant (je dis ça de façon tout à fait objective). Je me rengorge de plusbelle.

J’ai tellement de chance d’être sa copine !

– Grace, annonce mon amie en s’avançant vers Samuel pour l’embrasser à son tour.

Je connais très bien cette petite comédienne : elle feint d’être complètement calme alors que jeSAIS qu’elle est aussi curieuse et surexcitée que Rachel.

– Contente de faire enfin ta connaissance, ajoute-t-elle.– Moi aussi ! J’ai beaucoup entendu parler de vous deux.– Et encore, elle ne t’a pas tout dit. Mais, comme dirait le dicton « il y a des choses qu’il vaut

mieux garder secrètes », taquine Grace, qui met tout de suite les pieds dans le plat.

Asticoter malicieusement, c’est sa façon bien à elle de tester les nouvelles têtes qu’elle rencontre.

– Tu veux boire quelque chose ? J’ai du Coca, du jus de fruit, énuméré-je pour faire diversion.– Je ne dirais pas non à un petit jus de fruit.– Tu ne nous proposes même pas une petite coupe de ton cru ? Je suis déçue, continue Grace sur sa

lancée.– Zut, je viens de rater ma première impression. Je me rattraperai la prochaine fois, promis !

répond Samuel.– Ça doit être génial d’être producteur de champagne ! Mais du coup tu n’es pas tenté d’en boire

tout le temps ? J’adore le champagne moi, à ta place je serais soûle en permanence ! Je prendrais desbains au champagne, fantasme Rachel.

– Non, tu sais, ça ne serait pas très pro. Et si j’en buvais tout le temps je l’apprécierais beaucoupmoins. Et toi tu es fleuriste, d’après ce que Lola m’a dit ? demande Samuel, sincèrement intéressé.

Page 58: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

– Tout à fait. Je travaille dans une boutique qui n’est pas loin d’ici. C’est moins prestigieux queproductrice de champagne, mais ça me plaît beaucoup.

– C’est le plus important, être épanoui dans ce qu’on fait, dit Samuel, philosophe.– Je ne te le fais pas dire, approuve Grace.

La rencontre a l’air de bien se dérouler. Ouf ! En même temps, il y avait peu de chances pourque ça se passe mal, mais on ne peut jamais savoir après tout.

– Et toi, tu es photographe, c’est bien ça ?– Oui, free-lance.– Ça doit être palpitant, tu dois rencontrer des tas de gens différents, et beaucoup voyager aussi,

j’imagine.– Énormément, effectivement. J’adore ça, mais parfois c’est épuisant de courir entre deux avions.

Mais tu dois savoir ce que c’est, avec ton boulot tu dois pas mal bouger, non ?– Oui, je vais souvent rencontrer mes clients étrangers. En France et en Asie, majoritairement.– Vous avez de la chance ! Moi je n’ai pas bougé des États-Unis depuis des décennies, regrette

Rachel. On aimerait bien s’offrir un beau voyage avec Tom, mais pour le moment on ne peut pas tropse le permettre.

L’ombre de tristesse qui passe sur le visage de mon amie me peine, et je regrette un peu de luiavoir parlé du statut privilégié de Samuel.

– Quand j’aurai ouvert mon salon de thé et que je serai riche, je te payerai un tour du monde.– Chose promise, chose due ! En attendant, je ne dirais pas non à une petite part de gâteau en rab.

Et à un massage, si tu veux bien, j’ai tellement mal au dos !– Pour le gâteau, te voilà exaucée, dis-je en déposant un autre mini-chou au chocolat dans son

assiette. Pour le massage, comment dire… Demande à Tom quand tu rentres chez toi.– Tom n’est pas là ce soir, c’est l’enfer !– Tu n’aimes pas les massages ? me demande Samuel.– J’adore, quand on me les fait. Mais je n’aime pas trop masser. Enfin, ça dépend de la personne,

bien sûr, ajouté-je avec un air entendu.– J’ai une idée. Si le cœur vous en dit, Lola, on peut aller au restaurant demain, et ce soir, toi et

les filles vous allez vous faire chouchouter de ma part dans un spa. L’un de mes clients, qui estdevenu un ami, dirige un palace sur Rogers State Beach, avec un spa extraordinaire. Comme çaRachel pourra avoir son massage sans que personne ne soit de corvée, dit-il en adressant son fameuxclin d’œil à Rachel, qui est complètement sous son charme.

– Oh la la, arrête de me faire rêver Samuel, dit cette dernière avec des étoiles plein les yeux.– Ne vous privez pas ! En plus, finalement, ça me permettrait de rattraper le retard que j’ai sur

mon boulot. J’étais en rendez-vous toute la journée, pour une fois j’avais coupé mon téléphone, ce quin’est pas coutume. Et ça n’a pas loupé, lorsque je l’ai rallumé pour t’appeler j’avais des dizaines demessages et d’e-mails que je dois absolument consulter. Dis-toi que tu me rends service en y allant !

– Tu es sûr ?– Ça me fait vraiment plaisir. Il suffit que je passe un petit coup de fil, je vous commande, disons,

une séance de hammam, gommage et massage du corps, ça vous va ? Et je vous y dépose en voiture.

Page 59: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

– Maintenant ? Vraiment ? Oh non, je n’ose pas accepter ! dit Rachel, avec un air qui indiquequ’elle a envie de répondre tout le contraire.

– Tu aurais tort. Imagine, des huiles parfumées, des petites bougies, un bon massage…– OK, tu m’as convaincue ! cède mon amie, qui n’aura vraiment pas eu à se faire prier.– Génial, je suis content. Et toi Grace ?– Moi, je ne suis pas une vendue comme Rachel, je ne vais pas me laisser acheter comme ça,

balance-t-elle à un Samuel estomaqué. Mais non, je plaisante bien sûr ! C’est vraiment très sympa deta part, mais comme je vous le disais, je dois filer… Maintenant d’ailleurs, sinon je vais être enretard pour mon shooting. Mais si à l’occasion tu cherches une partenaire pour aller voir un match encarré VIP, je suis volontaire.

– J’en prends bonne note. OK, ce sera donc une séance de cocooning en duo pour ces dames. Jevais téléphoner à mon ami pour booker le rendez-vous, je reviens dans une minute.

– Merci, merci !

Rachel et moi sommes aussi surexcitées et impatientes que si on nous avait dit qu’on allaitrencontrer le président des États-Unis en personne. Au-delà de la joie que je ressens à l’idée d’allerme faire dorloter dans un palace de luxe (Qui ne s’en réjouirait pas ? À part Grace, je veux dire.), jesuis touchée par le geste de Samuel. Il n’était vraiment pas obligé de faire ça, et même s’il estsincèrement généreux, une petite voix me dit qu’il l’a aussi fait pour me faire plaisir… Ce qui mecomble d’autant plus.

Quelques minutes plus tard, Samuel est de retour.

– C’est bon, tout est réglé. Et je peux vous dire que vous n’allez pas être déçues. Prêtes pour allervous faire chouchouter ? nous demande-t-il, tout content de nous faire ce cadeau.

– Prêtes ! hurlons-nous en chœur avant de nous ruer dehors.

***

Encore extasiées de notre séance de soins, Rachel et moi avons du mal à redescendre de notrepetit nuage. Ma peau est encore toute parfumée des précieuses huiles appliquées par la masseuseaprès notre séance de hammam, et mes cheveux sont doux, bien hydratés après un soin à l’huiled’argan. De toute notre vie, nous n’avions jamais mis les pieds dans un palace aussi luxueux,d’ailleurs, nous n’avions jamais mis les pieds dans un palace du tout ! Et pour notre première foisnous n’avons pas été déçues : personnel aux petits soins, cabines spacieuses et douillettes, bougiesapaisantes, et surtout deux heures entières de cocooning. Un rêve !

À la sortie du palace, nous avons la surprise de découvrir la voiture de Samuel qui nous attend : ilnous a envoyé son chauffeur pour nous raccompagner. Décidemment, quand il veut faire plaisir, mongentleman préféré ne fait pas les choses à moitié. Nous prenant vraiment pour deux princesses, nousnous installons à l’arrière.

– Je voudrais pouvoir faire ça tous les jours, soupire Rachel.– Moi aussi ! Si seulement on pouvait revenir trois heures en arrière et tout recommencer !

Page 60: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

– Oh oui, si seulement ! Mais bon, on en a bien profité.– C’est sûr. Est-ce que ça te dit qu’on se fasse une soirée entre nanas ? proposé-je. On achète des

glaces, on fait des cookies, on se gave devant des comédies romantiques, on lit des magazines peopleet on se met du vernis à ongles ? Comme avant ? Ça fait tellement longtemps qu’on n’a pas fait ça.

– Je n’aurais pas pu imaginer meilleur programme pour terminer cette journée parfaite !

Aussitôt dit, aussitôt fait. Nous faisons halte au centre commercial, où nous faisons le plein de toutun tas de plaisirs coupables : crème glacée au caramel, biscuits industriels (un crime en tempsordinaire, mais ce soir on a le droit), tablettes de chocolat au lait, aux noisettes, noir, aux éclatsd’orange… C’est si bon d’être déraisonnable parfois.

– Lola, on a failli oublier un truc indispensable, que dis-je, vital même !– Quoi donc ? On a la glace, rien n’est plus important que la glace.– Les magazines !– C’est vrai ! Heureusement que tu y penses. Une soirée filles n’en est pas une sans potins ou

magazines.

Nous nous dirigeons illico vers le kiosque à journaux.

– Mais… Qu’est-ce que c’est que tout ça ? m’écrié-je, l’estomac serré d’angoisse face à ladécouverte que je viens de faire.

Devant mes yeux, les rayonnages du kiosque sont chargés de journaux étalant des photos de Ben,en charmante compagnie… Compagnie féminine qui, de toute évidence, n’est pas Bianca. Intriguée,j’attrape une revue au hasard pour savoir ce que celui-ci a bien pu trafiquer mais l’article,finalement, ne m’apprend pas grand-chose : l’acteur Benjamin Baker-Rae aurait été surpris en pleinflirt avec une inconnue blonde.

Je parviens à distinguer les traits familiers, même si la photo n’est pas assez nette pour distinguerclairement les traits du visage et dire avec certitude de quel jumeau il s’agit.

Celui de la couverture porte une casquette. Une casquette noire. La même casquette noire queSamuel a en permanence vissée sur la tête.

Benjamin n’est pas du tout du genre à se cacher. Alors que Samuel, lui, si.

Est-ce que c’est vraiment Ben sur la photo ? Serait-il infidèle ? Ou se pourrait-il que ce soitSamuel ? Non, je ne peux pas croire que Samuel m’ait encore menti. Pas après tout ce qu’il s’estpassé, après ce qu’on s’est promis…

Le stress, l’incompréhension et le doute déferlent en moi comme une vague.

– Tout va bien ? Tu fais une drôle de tête, s’inquiète Rachel.– Je ne sais pas trop… C’est censé être le frère de Samuel sur la photo, dis-je en désignant le

magazine, mais comment en être certaine ? Cette fille n’est pas sa copine ! Ça pourrait très bien être

Page 61: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

Samuel que le paparazzi aurait confondu avec Ben, c’est sa casquette !

Je me précipite sur mon téléphone pour appeler Samuel sur-le-champ, mais Rachel m’arrête.

– Lola, attends avant de paniquer. Je comprends tes doutes, mais là tu n’as pas assez d’éléments.Je serais toi, j’enquêterais un peu de mon côté avant de demander des comptes.

– Tu as raison, admets-je.– Commençons d’abord par regarder dans les autres magazines, tu n’en as lu qu’un seul.– Bien vu, Sherlock.

Nous commençons à les feuilleter un par un quand le buraliste, très mécontent, nous interpelle,sourcils froncés.

– Dites donc, mesdemoiselles, ce n’est pas une bibliothèque ici !– Oui pardon. Nous les prenons tous !

Les bras chargés de revues, nous retournons à la voiture qui nous ramène jusque chez moi, bienmoins joyeuses que lors du trajet précédent, et commençons à éplucher frénétiquement les magazinespeople que nous venons d’acheter.

Mais rien. À ma grande frustration, nous n’apprenons rien de plus ! Benjamin a été photographiéavec une inconnue, flirtant dans une boîte de nuit de Venice Beach. Il est accusé de tromper sa petiteamie officielle, Bianca, star de la téléréalité réputée pour ses attitudes de peste. Voilà, c’est tout.

– C’est vraiment n’importe quoi ces magazines, il n’y a aucune info dedans ! pesté-je, frustrée.

Soudain, mon œil bloque sur un gros titre qui me fait l’effet d’un coup de poing dans l’estomac.

« Benjamin Baker-Rae et son jumeau : la révélation », annonce le torchon dont je m’empareillico pour le parcourir, lisant à voix haute quelques-unes des phrases les plus importantes pourRachel.

– « Benjamin Baker-Rae a révélé à notre journaliste l’existence de son frère jumeau, quirépondrait au prénom de Samuel… Ce serait celui-ci qui aurait été photographié en compagnie de lajeune inconnue blonde… L’information a été révélée par l’acteur lui-même, et, au vu de son caractèreextraordinaire, des preuves irréfutables ont été apportées. » Il ne dit pas quelles preuves, dis-je avecl’espoir infime qu’il soit encore possible de démentir.

Mais au fond de moi, je sais bien que c’est trop tard, et que les dés sont désormais jetés. Tous lessecrets finissent par être révélés un jour ou l’autre.

– C’est lui, Rachel. C’est Samuel, précisé-je inutilement, d’une voix chargée des sanglots que jeme force à retenir.

– Bon, écoute, tu sais ce que c’est, la presse people : on ne peut pas s’y fier. Je reconnais quec’est plutôt mauvais signe, mais on ne peut pas se baser sur un seul article, tente de me rassurer mon

Page 62: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

amie.– Tu ne comprends pas ! Benjamin a révélé l’existence de Samuel, tu te rends compte de ce que ça

signifie ? ! Je ne comprends vraiment pas pourquoi il a fait ça, qu’est-ce qui peut bien lui avoirpris ? !

– Calme-toi Lola, ça ne sert à rien de hurler. Je comprends. Mais il faut qu’on essaye d’en savoirencore plus. Regardons sur Internet.

– C’est vrai, tu as raison, dis-je en essayant de garder mon calme.

Mais mes mains tremblent lorsque je m’empare de mon téléphone pour faire une recherche surGoogle. Le cœur battant à tout rompre, je tape « Jumeau Benjamin Baker-Rae » dans la barre derecherche.

Et là, il n’y a plus aucun doute : des dizaines de résultats apparaissent. Des sites de journauxpeople, des blogs, les réseaux sociaux, et même les sites de journaux très sérieux relaient la même etterrible information : Benjamin Baker-Rae a un frère jumeau. Avec toujours la même image à l’appui,cette photo où Samuel serre dans ses bras une inconnue blonde.

Je découvre même des interviews de Bianca, qui n’a pas loupé cette occasion trop belle pour faireparler d’elle, et qui déclare que « c’est leur vie privée » et qu’elle n’a pas l’intention de seprononcer à ce sujet. Elle qui en pince pour Samuel, elle doit se réjouir d’apprendre que c’est déjàfini entre nous…

Je ne peux pas y croire. Samuel ne peut pas m’avoir fait ça. Après tout ce qu’il m’a prouvéjusqu’à maintenant ! Il m’a présentée à ses parents ! Il doit y avoir une explication… Ou est-ceque je suis en train de me mentir à moi-même ?

Mon cœur se brise à la pensée que Samuel m’ait effectivement trompée. À la tristesse et à lacolère que je ressens se mêle un sentiment de compassion : cette révélation va complètementbouleverser la vie de Samuel. Peu importe que ce soit lui ou non sur la photo, maintenant que sonidentité est révélée, sa vie ne sera plus jamais la même. Est-ce qu’il sera un peu soulagé, tout demême ? Ou est-ce qu’il sera dévasté, perdu, lui qui a construit toute son existence autour de cesecret ? Comment va-t-il encaisser ce choc terrible ?

– Je crois que cette fois il n’y a plus de doute possible… Je n’arrive pas à y croire, murmuré-je,effondrée.

– C’est affreux, c’est vrai. Je crois que tu devrais appeler Samuel. Pour tirer tout ça au clair, etpour voir comment il prend la chose.

– C’est justement ce que j’allais faire.

Mais seule la messagerie me répond. Je tente et retente en vain de le joindre, composant etrecomposant frénétiquement son numéro, tout en sachant que c’est inutile : son téléphone restedésespérément éteint.

– Arrête de t’acharner, Lola, ça ne sert à rien et ça ne fait que t’énerver. Il te rappellera dès qu’il

Page 63: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

rallumera son téléphone, j’en suis certaine.– Je réessaye une toute dernière fois, m’obstiné-je, ne prêtant pas du tout attention aux paroles

pleines de bon sens de mon amie.

Au moment où je m’apprête à retenter ma chance, un numéro inconnu s’affiche sur mon écran.

C’est peut-être lui, il a peut-être juste perdu son téléphone ! Oh mon Dieu, ou alors c’estl’hôpital, il lui est arrivé quelque chose !

– Allô ?– Allô, Lola ? C’est Ben…– Ben ? m’étonné-je, m’attendant à tout sauf à l’entendre lui.– Oui. Est-ce que Samuel est avec toi ? J’essaye de l’appeler depuis des heures mais il est

injoignable.

Le ton de sa voix laisse transparaître toute son angoisse. Et le sentir angoissé m’angoisse encoreplus !

– Non, justement, j’ai tenté de le joindre des dizaines de fois mais je tombe sur sa messagerie…J’ai lu les articles.

– Je vois… Tu es au courant alors, dit-il d’une voix blanche.– Oui.– Je sais ce que tu dois penser. Tu dois te dire que je suis un salopard, un égoïste, que je ne pense

qu’à moi et à ma petite personne. Et c’est vrai, j’ai fait n’importe quoi, et je te jure que je le regretteamèrement. Je ne sais pas ce qui m’a pris, j’ai complètement paniqué, quand je me suis faitsurprendre en train de tromper Bianca je n’ai pas assumé. Je ne savais pas comment me dépêtrer etj’ai accusé Samuel sans réfléchir aux conséquences…

– Donc c’est bien toi sur la photo ?– Oui c’est moi, est-il forcé de reconnaître.– En plus tu as dénoncé Samuel pour rien ?– Écoute Lola, ne me fais pas plus culpabiliser. Je me sens malade de ce que j’ai fait, je m’en

veux terriblement. Et avec ça je suis hyper emmerdé parce que je n'arrive pas à joindre Samuel, il adisparu de la circulation, personne ne l’a vu. Même Diego ne sait pas où il est ! Je suis passé chezlui, j’ai parlé à Nora et François, personne ne l’a vu depuis le début de la soirée. Alors ça ne fait paslongtemps, certes, mais Samuel les tient toujours au courant d’où il se trouve, au cas où ils auraientbesoin de le joindre pour le travail. Et puis, je voudrais vraiment lui parler…

– Il était encore avec moi il y a quelques heures, il ne peut pas être allé bien loin.– Je ne sais pas. Vu comment les rumeurs se répandent… Aujourd’hui c’est sorti sur Internet et

dans un mag people, mais demain ce sera en une de tous les journaux.– Mon Dieu…

En proie à une véritable panique, mon esprit commence sérieusement à s’échauffer.

– Tout est ma faute, reprend Ben. Je m'en veux tellement… Faut que je le retrouve. Je vais

Page 64: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

continuer à le chercher.– Tu n’aurais pas une idée d’où il a pu aller ? Un endroit où il aime se réfugier ?– Tu connais Samuel, l’endroit où il se sent le mieux au monde, c’est chez lui, au milieu de ses

vignes. Je dois vraiment y aller, s’excuse-t-il d’un ton plat. À plus tard, Lola.

Rachel me lance un regard interrogateur.

– C’était le frère de Samuel. C’était bien lui sur la photo. Il a été pris en flagrant délit et il n’a pasassumé de tromper sa copine, alors il n’a rien trouvé de mieux à faire que d’accuser Samuel à saplace, lui résumé-je précipitamment, tout en me jetant sur le canapé, à bout de force.

– Mais quel… Voilà où ça mène, le mensonge et la lâcheté. Mais je savais que Samuel ne t’auraitpas trahie, lui.

– Rachel, Ben ne le trouve pas, il n'est pas chez lui, personne ne l'a vu depuis des heures. Il fautqu’on le retrouve à tout prix ou je vais devenir folle. Où est-ce qu’il peut bien être ? Il a pu fairen’importe quoi, prendre un avion, fuir à l'autre bout du monde…

– Ne pense pas à des catastrophes tout de suite. Il pourrait tout aussi bien être enfermé chez lui àréfléchir.

– Toute sa vie il a tout fait pour garder son anonymat, c'est d'ailleurs ce que ses parents lui ontenseigné depuis tout petit. Il a choisi un métier à mille lieues de celui de ses parents et de son frère.Et là, comment est-ce qu'il va réagir ? Ça risque de mal se passer… tu comprends ? Je suis vraimentinquiète cette fois !

– Oui, je comprends, ne t'inquiète pas, on va le chercher. Viens, allons à son domaine.

Morte d’inquiétude, je prie pour que Samuel soit effectivement en sécurité chez lui. Mais ce seraittrop beau, trop facile, trop évident. Rongée d’angoisse, je refoule les larmes qui me montent aux yeuxet tente de rester forte devant mon amie. Mais intérieurement, je suis anéantie.

J’ai un mauvais pressentiment… Où peut-il bien être ?

À suivre,ne manquez pas le prochain épisode.

Page 65: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

Mon milliardaire, mon mariage et moi 3

Page 66: Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux sociaux ...ekladata.com/...mon-mariage-et-moi-Tomes-2.pdf · amoureuse du jour au lendemain… Je me sens déprimée d’un coup,

Egalement disponible :

Révèle-moi ! - volume 1

Vous y croyez, vous, aux prédictions des voyantes ? Un jour, lors d’un été en Angleterre, l’une d’ellesm’a annoncé que j’allais bientôt rencontrer l’homme de ma vie, un certain P. C. Le lendemain, jefaisais la connaissance du flamboyant comte Percival Spencer Cavendish, et, le soir même, lors d’unbal, il m’invitait à danser. Un vrai conte de fées… sauf que j’étais une gamine rondelette et timide,couverte de boutons de varicelle ! J’avais 11 ans et « Percy le Magnifique » en avait 20. Iln’empêche que je suis immédiatement tombée amoureuse de lui. Le temps a passé et je n’ai jamais revu le magnétique lord anglais au regard si captivant, mais sonsouvenir m’a longtemps hantée. Aujourd’hui, me voilà de retour en Angleterre. Je ne suis plus lapetite fille impressionnable d’autrefois, je suis une adulte ! Alors pourquoi, rien qu’à l’idée derecroiser le beau Percival, mon cœur ne peut-il s’empêcher de battre la chamade ?

Tapotez pour voir un extrait gratuit.