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Révèle-moi!-volume1

Vousycroyez,vous,auxprédictionsdesvoyantes?Unjour,lorsd’unétéenAngleterre,l’uned’ellesm’aannoncéquej’allaisbientôtrencontrerl’hommedemavie,uncertainP.C.Lelendemain,jefaisaislaconnaissanceduflamboyantcomtePercivalSpencerCavendish,et,lesoirmême,lorsd’unbal,ilm’invitaitàdanser.Unvraicontedefées…saufquej’étaisunegaminerondeletteettimide,couvertedeboutonsdevaricelle!J’avais11anset«PercyleMagnifique»enavait20.Iln’empêchequejesuisimmédiatementtombéeamoureusedelui.Letempsapasséetjen’aijamaisrevulemagnétiquelordanglaisauregardsicaptivant,maissonsouvenirm’alongtempshantée.Aujourd’hui,mevoilàderetourenAngleterre.Jenesuispluslapetitefilleimpressionnabled’autrefois,jesuisuneadulte!Alorspourquoi,rienqu’àl’idéederecroiserlebeauPercival,moncœurnepeut-ils’empêcherdebattrelachamade?

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Kissme(ifyoucan)

VioletteSaint-Honoréabeaucroquerlavieàpleinesdents,ellen’embrassepasn’importequi!QuandlemilliardaireBlakeLennox,grandchefétoilé,embauchelajeunesurdouéepourdevenirlatoutenouvellepâtissièredesonpalace,ilréaliserapidementquelagourmandiseestleurseulpointcommun.Entreletyrandescuisinesetlabelleambitieusecommenceuneaventuresucrée-salée…enflammée.Follederagecontresonpatron,follededésirpourl’hommequ’ilestdanslavie,lajeuneFrançaisevadevoirchoisir.Confitured’orangeamèreoucœurcoulantauxfruitsdelapassion?

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Étreinte

Ilyadesgensàquitoutsouritetd’autresquiontlechicpoursemettredansdessituationscompliquées.J’aibeaumeneruneexistencebienordonnée,meréveillerdeuxheuresavantledépart,traverserdanslesclousetsuivrelesrecettesdecuisineàlalettre,ilsembleraitquej’appartienneàcettecatégoriedepersonnesdontlavieesttoujourschambouléepardesimprévus.Voicimonhistoire.CelledemarencontreavecRomanParker,lemultimilliardaireleplussexydelaplanète…etaussileplusmystérieux!Lamissionquejemesuisdonnée:découvrirl’hommederrièrelemilliardaire.Maispeut-onenquêterlejoursurlepasséd’unhommequandcelui-civousfaitvivrelesnuitslesplustorridesdevotreexistence?

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Envoûte-moi

Qu’est-cequipeutbienattirerTobiasKent,trentenairemultimilliardaireetcréateurdeparfumsrenommédanslemondeentier,versEleonorStuart,étudianteendesignrencontréeparhasarddansunrestaurantbranchédeNewYork?Entresesétudesàlafac,sespetitsjobsetsesmeilleursamis,lavied’Eleanorestdéjàbienremplie.Hermétiqueàl’amour,fidèleàsoncélibatdetoujours,sait-ellequeledestinenadécidéautrement?quesavievaêtrebouleverséeparunerencontre,aussimagnifiquequemaléfique?

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CallmeBitch

Mettezdansunedemeurelondoniennelespiresbaby-sittersdelaterreetlesmeilleursennemisdumonde,ajoutezunenfantpourrigâtéetlaissezmijoterdeuxsemaines.Leplanleplusfoireuxdel’Universoularecetted’unepassionépicée…avecjustecequ’ilfautd’amour,dehaine,d'humouretdedésir?

Tapotezpourvoirunextraitgratuit.

AliceH.Kinney

VAMPIREBROTHERS

Volume5

1.Lourdedécision

TristanetmoirestonsenfaceduvampirequeleclandesAnciensaenvoyéenémissaire.Letempssemblesuspenduautourdenous.JeseraisbienincapabledediresicesontlesbattementsdecœurdeTristanoulesmiensquirésonnentsifortàmesoreilles.Dehors,lanuitnousenveloppedesarobenoire. Tout est si calme que je peux même entendre le vent secouer les branches des arbres quiombragentlecampus.Nousnoussommespréparésàmourirquandnousnoussommesretrouvésfaceàlui,pasàcequ’ilnousfasseunepropositionaussialléchante…

Sesderniersmotstournentenboucledansmonesprit:

Cequej’aiàvousproposer,monsieurGrant,c’estdevousrendrevotrehumanité.

JeglisseunregardversTristan:ilsembleaussiincrédulequemoi.Pourtant,aufonddesesyeuxbleus,aussi troublésquetroublantsencet instant, ilmesembledécelerquelquechosedenouveau:unelueurd’espoir.

Jeletrouvedéjàtellementhumain,quepeut-ilsouhaiterdeplus?

L’Ancien et lui ont cependant l’air de parfaitement se comprendre, et jeme sens exclue de leursoudaineconnivence.Jemerisquealorsàdemander:

–Qu’est-cequevousentendezparlà?

Enentendantlesondemavoix,c’estcommesiTristanserappelaitqu’avanttout,j’étaisendanger.Ilsembledenouveausurladéfensive.Ilseraiditetreprendlemasquefroidquinelequittepresquejamais. C’est l’autre vampire qui me répond, toujours avec sa politesse affectée et sa dictionmaniérée:

–Cela signifie,mademoiselleWhite, que nous pourrions rendre àmonsieurGrant les attributsd’unehumanitéquiluifontdéfautetqu’ilsemblefortementregretter.Ainsi,nouspourrionsluifairedéfinitivement passer ce besoin de sang, qui lui paraît si fâcheux, et lui permettre de s’alimentercommevouslefaites.

Ilprononcecesderniersmotsd’unairdégoûté.

Ilenparlecommesinousmangionsdelaterre…Cen’estpasnousquinousnourrissonsdesangchauddirectementsurlecorpsdenosvictimesencorevivantes…

–Bienentendu,reprend-il,celaimpliqueraitégalementderenoncerauxpouvoirsqueluiconfèresa nature de vampire : ses sens redeviendraient humains, il ne pourrait plus reconnaître les êtressurnaturels à leur aura, comme il en est capable à l’heure actuelle, et sa puissance ne serait plus

démultipliéeàlatombéedelanuit.

Il s’interrompt pour nous contempler avec un air de défi, comme s’il venait d’énoncer unargumentpouréprouverTristanetsavolontédequitterlemondedelanuit.

Tristandétesteêtreunvampire,maisrenonceràtoutcequilerendplusfortquelesautres,est-ilvraimentprêtàl'accepter?

L’atmosphèreestoppressante.Toutesttellementsilencieuxquejen’osemêmepasfaireungeste.

–Parcontre,continuel’Ancien,monsieurGrantconserveraitsonimmortalité,danslamesureoùpersonnen’attenteraitàsavie,bienévidemment.Soncorpsresteraitégalementincapabledevieillir.

Jevaisdesurpriseensurprise.

Ensomme,Tristandeviendraitunesortedesuper-humain?C’esttropbeaupourêtrevrai,çadoitforcémentcacherquelquechose.

Denouveau,notrevisiteurnouslaisseletempsd’apprécieràleurjustevaleurlesmotsqu’ilvientdeprononcer.PuisTristanreprendlaparole.Sontonestfroid,presqueprovocateur:

–Depuiscombiendetempsnousobservez-vous,pourconnaîtresibiennosmoindresaspirations?

L’Ancien ne se laisse pas décontenancer. Son sourire carnassier reste figé sur ses lèvres et sonregardesttoujoursaussidur.Lesdeuxhommesseméprisentautantl’unquel’autre,etjenesaispascommentilsontréussiàprendresureuxpournepassesauteràlagorgejusqu’ici.

Nicombiendetempsilssontencorecapablesdeteniravantdesebattrepourdebon…

Tristansembleprêtàbondiraumoindremouvement.Quantàl’autrevampire,safroideuretsoncalmesontpresquepluseffrayantsencore:impossiblededevinercequ'ilvafaire.MaismêmesilaragedeTristanestvisible,etqu’iladoreraitavoirunprétextepoursauteraucoudesoninterlocuteur,ilsembleparfaitementmaîtredelui-même.

L’Ancienrépondàsaquestion:

–Notreclannesurvitpasuniquementparcequ’ilestpuissant.Nousnousinformonsdetoutcequisepassedanslemondeetquiestsusceptibledenousintéresser:lesrébellionsvampires,lesclansquisedistinguentparleurmodedevieoulesvaleursqu’ilsprônent,lesmonasetleurdestinée.

Alorsilsnoussurveillentdepuistoujours…

Jefrissonne.Sansquenousnousendoutions,lesAnciensonttoujoursépiénosmoindresfaitsetgestes,ilsonttoujourssuquinousétions,cequenousfaisions,etonttoujoursétéprêtsàagirsinouslesmettionsendanger.

Ousicommeaujourd’huiilspouvaientseservirdenous…

J’essayederéprimerlestremblementsquicommencentàmeparcourir.Pasquestiondeflancher,pasmaintenant.

Jesuisunemona,jedoisêtreforte.Lesortdel’humanitéestenjeu.

JemeserrecontreTristan,donneunepressionàsamainquitientlamiennepourmedonnerducourage.

–Quelserviceattendez-vousdemoi?

J'ai interrompu leur joute silencieuse sans qu’ils ne s’y attendent, et Tristan et l’Ancien meregardent avec surprise. Surprise,mais aussi désapprobation et inquiétude pour Tristan, qui auraitsûrementpréféréquejecontinuedenepasmefaireremarquer.Pourtant,ildoitcomprendrequejeneveuxplusme laissermalmenerpar ledestin.Jeveuxsavoircequ’onattenddemoi,etêtreprêteàaffrontermondestin.L’Ancienm’adressedenouveausonsourireeffrayant,quidécouvresescaninessaillantesdeprédateur.Lecontrasteentresonvisageinnocentetjuvénileetl’airdecruautéquereflètetoutesonexpressionestterrorisant.

Sanscompterlefaitd’appelerAncienquelqu’unquial’airsijeune,c’estpresquegrotesque…

Maissavoixglacialemeramènerapidementsurterre.

–Jesuisraviquevoussoyezprêteàvousmontrerraisonnable,mademoiselleWhite.Jenepeuxpas vous dire précisément ce quemon clan attend de vous.Ma seule mission était de venir vousdélivrernotreinvitation,etdevousassurernonseulementqu’aucunmalnevousserafait,maisquenousétionsprêtsàcertains«cadeaux»pourvousdédommagerdudérangement.

–Vousmedemandezdoncd’accepterunechosedontj’ignoretout,simplementenmefondantsurvotrebonnefoi?luidemandé-jed’untondubitatif,presquemoqueur.

– Vous semblez douter de nous, mademoiselleWhite. Rappelez-vous toujours qu’il nous seraitpossibledevoustuern’importequandetn’importeoù.Sinousnel’avonspasfaitjusqu’ici,c’estquenous avons besoin de vous. Nous ne voyons pas d’un bon œil la révolte de vampires qui a lieuactuellementdanslesuddupays,etnousavonsbesoindevospouvoirsdemonapourymettrefin.Votre rôle estdemaintenir l’équilibreentre les êtreshumainset surnaturels, et cet équilibreest entraind’êtrerompu.

–Maispourquoivoulez-vousconservercetéquilibre?Qu’est-cequeçachangepourvous? luidemandé-je.

Ilnevaquandmêmepasmefairecroirequ’ilagitparaltruismeetpourlebiendel’humanité?!

L’Anciensembleunpeuvexéparlamanièrebrusquedontjeluiaiparlé,maisilresteégalàlui-même.

–Cequecelachangepournous?Noussommespuissants,medit-il,durcissantimperceptiblementletondesavoix,bienpluspuissantsquelesautresvampires,etprobablementbienpluspuissantsquequiconque sur cette planète.C’est le bénéfice de l’âge qui fait croître nos pouvoirs, et ce sont cespouvoirsquinouspermettentderégnersurlemondedesvampires.Sanslesmonaspourlimiterlaforce des autres, notre équilibre à nous aussi risquerait d’être mis en balance. Nous refusons de

laisserunetellechosearriver.

C’estdoncça…

– Si j’ai bien compris, reformulé-je, on me demande à moi, une mona, supposée être uninstrument de la lutte contre les vampires, d’agir pour rendre plus puissants les vampires les plusdangereuxquiexistentsurterre?

–Neme faites pas croire,mademoiselleWhite, que toute votre existence a été consacrée à unelutte acharnée contre tous les vampires,me dit-il ironiquement en fixant Tristan, comme pourmefaireremarquerquec’estsurl’undessiensquej’aijetémondévolu.

Maisquelquechoseserévolteenmoi.

IlparledeTristancommes'ilétaitcommeeux?

Qu’ilosefairecommesiunmonded’humaniténelesséparaitpastouslesdeuxmerendfollederage, mais j’essaye de me maîtriser. Il recommence d’ailleurs à parler, sans abandonner son tonprovocateur.

–Mapropositionvoussemblepeut-êtreégoïsteencetinstant,maisrendez-vousbiencomptequ’ils’agitplutôtd’undecesraresmomentsdel’histoireoùnosintérêtsserencontrent:enacceptant,vouspouvez arrêter la traque des monas et la progression des vampires, rendre son humanité à votreamant et vous assurer avec lui un avenir humain, avec la sérénité de ne plus vivre de sang, lapossibilitédefonderunefamille…

Nouspourrionsavoirdesenfants?

J’oseàpeinenous imaginer,Tristanetmoi,enserrantdenosbrasunpetitbébé,unautreenfantgambadantautourdenous.Pourtant,c’estplusfortquemoi,l’imagevientdes’imposeràmonesprit,et je sais qu’elle ne me quittera plus jamais. Moi qui croyais que ma mission était de sauverl’humanité,jemedemandemaintenantcequejedoispenserdetoutça.J’essayedefairetairelapeurquinemequittepas.Jesensquejesuismaintenantassezfortepournepasl’écouteretagirselonmaconscience.J'ignorequelpartijedoisprendre.Jesuispartagéeentrel’envied’accomplirmondevoir,celled’offriràTristancedont ila toujoursrêvéetdevivreavec lui l’existencequenousvoulons.Maisilyaaussilanécessitéd’empêcherlesAnciensd’affirmerleurpouvoir…

MesyeuxseposentsurTristan.Ilmecouveduregard,inquietdecequejevaisrépondre.Jesuiscertainequemalgré sonenviedemeprotéger, il respecteramadécision, commes’il avait senti lechangement qui s’est fait en moi, comme s’il savait que j’ai décidé de ne plus fuir mesresponsabilités.Etilmesemblequ’ilmerespecteencoreplusmaintenantqu’ilnelefaisaitdéjà.

–Quedevrais-jefaire,sij’accepte?

Tristanalégèrementtressailliauxmotsquej’aiprononcés,maisiln’intervientpas.Jedevinealorsqueluiaussiestprêtàfairecequ’ilfaudraetàm’accompagnerjusqu’enenfers’illefaut.

–Une voiture vous attendra demainmatin, icimême,me répond l’Ancien en se levant et en se

dirigeant vers la porte, visiblement satisfait que l’entretien prenne fin. Elle vous conduira àl’aéroport.Biensûr,monsieurGrantestinvitéàsejoindreànous.

–L’aéroport?demandeTristan,denouveauenalerte.–Parfaitement.VousprendrezunavionspécialementaffrétépourvousquivousmèneraàPrague,

oùsetrouvenotrequartiergénéral.

Quandjeparlaisdel’enfer,jenem’imaginaispasêtresiprochedelavérité!

Ainsi,toutsepasseradoncsurleurterritoire,alorsqueTristanetmoiseronsisolésdetousceuxquipourraientéventuellementnousprotéger?

Ilsnousprennentpourdesfous?Ilsnousdemandentdenousjeterdenous-mêmesdanslagueuleduloup?

Enmêmetemps,pouvons-nousvraimentrefusercetteoffre?

Alorsquel'Anciens'apprêteàpartir,ilajoute:

–Rappelez-vousquenouspourrionsvouscontraindreàaccepter,maisnousavonsdécidédevenirenamis.Lavoiturevousattendraà6heures,soyezprêtsàpartiràcemoment-là.

Laporteclaquederrièrelui.Jepensaisquejemesentiraissoulagéequandilpartirait,maisc’estpresquel’inverse.JemeserrecontrelapoitrinedeTristanetenfouismonvisagedanssoncou.J’aienviedepleurerpourmedéchargerdetoutelatensionaccumulée,maisencoreunefois,jerefusedefaiblir.LamaindeTristanqui caressemes cheveuxdescend le longdemondos, sonbrasquimepressecontreluimeréconforteunpeu.

–Deva,medit-il,c’esthorsdequestion,noustrouveronsunesolution,ildoityavoirunmoyendelutterautrement…

J’aimeraislecroire,maisiln’yenaaucun.Etpouvons-nousnouspermettredefaireunecroixsurcequelesAnciensontànousoffrir?

ÀmoinsqueTristann’aitplusenviedequitterlesavantagesqueluioffrelaviedevampire?

Commes’ilavaitludansmespensées,ilmerépond:

– Ils essayent de nous appâter avec cette histoire d’humanité. Ils savent que c’est ce que nousvoulonsplusquetout.Maisriennenousditquecen'estpasunpiège.Jenesuispasprêtàprendrecerisque.Pasprêtàrisquertaviepourça.

J’aimeTristanplusquetoutaumondeetjesuisprêteàsacrifierbeaucoupdechosespourpasserlerestedemonexistenceavec lui.Peum’importedevivrenormalement, jeveuxsimplementresteràses côtés pour toujours. Mais je ne peux pas m’empêcher de l’aimer encore plus en me rendantcompteques’ilestprêtàrenonceràtoutcela,c’estpourmepréserver,moi.

Pourtant…

–Ilnes’agitpasquedenous,Tristan.Ils'agitdel’humanitéentière…J’aipassépresquevingtansàignorermesresponsabilités,jeneveuxplusqueleschosessepassentdecettefaçon.Jeveuxêtreunevraiemona,mêmesicelaimpliquedeprendredesrisques.

Etmalheureusement,mêmesicelaimpliquedeluienfaireprendreaussi…

Tristanenaconscience : il abiencomprisque j’avaisbesoinde reprendreenmain lecoursdemonexistence.

–Tu te rendscomptequemêmesi je t’accompagne, jenepourraipas tesecourir là-bas?Nousseronsàleurmerci,etnousdevronsleurfaireuneconfianceaveugle.

–Jelesais.Maisjepensequenousdevonsessayer.

Tristanne répond rien,mais je saisqu’il esthostile à cette idée. Jeme sensobligéede justifiermonchoix:aprèstout,ilnousimpliquetouslesdeux.

–Commel’aditcevampire,s’ilsveulentnoustuer,ilspourrontlefaireàn’importequelmoment.Etsivraiment ilsontbesoindemoi, ilsnemeferontaucunmal.Ceseramêmel’inverse : jeseraibienplusensécuritéauprèsdevampiresaussipuissants,pourmedéfendrecontrelesrebelles.

Etpuis,ilyacetteimagedeTristanetmoi,delafamillequenouspourrionsavoir,quimehante…

– Tu imagines que c’est notre seule chance de pouvoir avoir des enfants, de transmettre mespouvoirsdemona,recommencé-jeplusdoucement.

–Deva…souffleTristanàmonoreille.

Ilsaitquejedisvrai.Cependantilrestepartagé.Telquejeleconnais,sesdernièresréticencessontliéesàmaprotection,qu’ilnepourraplusgarantirsinousnousrendonschezlesAnciens.

Comme il faut être cruel pour lui promettre cedont il rêvedepuis plus dedeux cents ans en luidemandantdemettreenjeumasécurité,quiestplusimportantequetoutpourlui…

Jeme serre plus encore contre lui. Je hume son parfum, je profite de la tiédeur de son corps,commepoury trouver lasolution.Nous restonsquelquesminutes l’uncontre l’autre,pensifs, sansosernousparler.C’estluiquifaitéclaterlabulledanslaquellenousnoussommesenfermés:

–Tuasraison,maiscettedécisionesttellementlourde,jen’aipasenviequenoussoyonslesseulsàenassumerlepoids.Ilnousrestepeudetemps:allonschezmoipourenparleràGraham,aprèstout,c’estleseuld’entrenousàavoirconnuunAncien.

2.Conseildefamille

Alors que la voiture de Tristan avance sur le chemin de gravier qui mène chez lui, j’ail’impressionque le tempsa filé,etquenousn’avonsmisquequelquesminutesà traverser lavillepourarriver.Cependant,impossibledediresic’estTristanquiaconduitvite,ousic’estmoiquiétaistropabsorbéeparmespenséespourêtreattentiveàlaroute.

J’entendsmon téléphonevibrer dansmon sac aumoment où je vais sortir duvéhicule.C’est lenomdeLiamqui s’affiche.Monestomacsenouealorsque j’appuie sur l’écranetque lemessageapparaît.

[Unbaiser,ettutesauvessansunmot?]

Liamnem'a jamaiscachéqu'ilétaitamoureuxdemoi,etdansunmomentd'égarement, je luiaidonnéunbaiseravantdeprendrelafuite.Maintenant,jem'enveux...Jeluiaidonnédefauxespoirs.J’hésiteuninstantàlerappeler,jeluidoisuneexplication.Tristanouvremaportièreàcemoment-là.

–Dépêchons-nous,medit-il.

Jeprendslamainqu’ilmetend,etluiemboîtelepas.J’aijusteletempsdepianotersurleclaviertactileuneréponselaconique:

[Pas le temps de t'expliquer pour lemoment. Je suis tellement désolée que les choses se soientpasséescommeça…]

Jenemesuisjamaissentieaussilâchedemavie.

C’estd’ailleurs sûrementcequeLiamvapenser luiaussi,maisvu l’urgencede la situationqueTristanetmoiavonsàgérer,jenepeuxvraimentpasfaireautrement.Nousentronsdanslesalon,oùtout lemondeest réuni. IrisetElliottsontderetour.Jesuisheureusederevoirmameilleureamie.Pourtant,jelatrouvepâle,malàl’aise,plusencorequ’Elliott.Dansuncoin, lepluséloignéd’eux,Dianeestassise,visiblementgênéeelleaussi.

L’odeurdusangdemonadoitêtretellementattirantepourIris,çanedoitpasêtrefacilepourelledesecontrôleravecDianeetmoiprèsd'elle.

Maismêmes’il y apeude tempsqu’elle a été transforméeenvampire, je saisqu’elle est assezforte pour prendre sur elle. Je lui adresse un signe de lamain auquel elle répond par un sourirecrispé.Jen’osepasplusm’approcherd’elle,depeurd’accentuersonmalaise.

Touslesyeuxsontfixéssurnous,attendantcequenousavonsàleurapprendre.Tristanromptlesilence:

–Nousavonsreçulavisited’unAncienenarrivantchezDeva.

L’horreursepeintsurlevisagedeDiane,quiavudesespropresyeuxdequoisontcapableslesvampires.GrahametElliottseregardent,d’unairstupéfait,àlafoiscurieuxetinquietsdesavoircequi a pumotiver une pareille visite. Iris semble oubliermomentanément sonmalaise et s’exclameavecsaspontanéiténaturelle:

–Unquoi?!–UnAncien, lui répondElliott.Lesplusvieuxvampires sont regroupés enunclan, le clandes

Anciens,quivitquelquepartenEuropedel’Est.Ilsontétécréésendestempsimmémoriaux,etleurâgeleurconfèredespouvoirsbienplusimportantsquelesnôtres.

–Maisqu’est-cequ’iltevoulait,Deva?demandeIris,soudaininquièteelleaussi.–Ehbien…Selonsesdires,ilvenaitenpaix.Ilavaitunesortede...marchéànousproposer.–Unmarchédequelordre?medemandeGraham.– Apparemment, les Anciens auraient besoin de mon aide pour arrêter la progression des

vampiresrebelles.–Pourquoiest-cequetulesaiderais?m’interrogeElliott,d’untonbourru.–Parcequ’ilsontquelquechoseànousoffrirenéchange…continué-je.Ilsproposent,engagede

leurbonnefoi,derendresonhumanitéàTristan.

Touslesyeuxsefixentsurmoi.

Ondiraitbienquej’aifaitmouche…

GrahametElliottmeregardentd’unemanièreparticulièrementintense.Impossibledesavoirs’ilssont juste abasourdis, ou s’il n’y a pas une pointe d’envie dans la façon dont ils accueillent cetteannonce.

Eux aussi rêveraient de redevenir humains. Les frères Grant ont tellement souffert de leurtransformation.

–Maiscen’estpaslaquestion,poursuitTristan.ÇameparaîtuneentreprisebientrophasardeusepouryrisquerlaviedeDeva.Ilfaudraitserendreàleurquartiergénéral…

–Maisnouspourrionsvousaccompagner!proposeIris.Peut-êtrequ’ànoustous,nousserionsenmesuredeluttercontreeuxs'ilsmanquaientàleurparole!

– Impossible, lui réponds-je en secouant la tête. L’Ancien que nous avons vu a été clair : seulTristanaledroitdem’accompagner.

Irisaunemouefrustrée.

–Quelleautresolutionauriez-vous?demandealorsGraham.–Aucune,faitTristand'unairgrave.

Unsilencepesantretombealorsdanslesalon.Dianesembleperduedanssespensées,maisc’estpourtantellequireprendlaparole:

– Ils ont bien dit qu’ils pourraient arrêter la progression des vampires rebelles ? Pourquoi

feraient-ilsunechosepareille?–C’est apparemment dans leur intérêt, lui réponds-je. Ils ne veulent pas que d’autres vampires

puissentdevenirsuffisammentpuissantspourlesdéfier.–Çasetient,ditGrahamdesavoixposée.CetAncienvousa-t-ildonnésaparole?–Oui,confirmeTristan,maisjen'aiaucuneconfiance.–Lesensdel’honneurestunevaleurtrèsimportantepourlesAnciens,l'interromptsonfrère.Bien

sûr,ilssontprêtsàtoutpourparveniràleursfins,etilestimpossibled’êtresûrsd’euxà100%.Maisilmesemblequelesfuirestencoreplusvainquedeleurfaireconfiance.

–Ensomme,dis-jeaprèsunecourtepause,nousn’avonsquasimentrienàperdre…

JeregardeTristan.Jelesenspresquetorturéparlecombatintérieurqu’ilestentraindemener.LaraisonnousdictedecéderàlapropositiondesAnciens,maisjeleconnais:m’exposeraudangerestladécisionlaplusdifficilequ’ilpuisseprendre.JechoisisdoncderépondreàGrahamàsaplace.

–Tuesbiend’accordalors,luidis-je,quelachoselaplusraisonnableàfaireestd’accepterl’aidequ’ilsnousproposentetdeleurfaireconfiance?

Grahammeregardegravement.Ilsouritàpeine,luid’habitudesipromptàréconforter.Ilsecouelatêteavecrésignation.

–Eneffet.Jenevoispascequevouspouvezfaired’autre.

Ilsereprendrapidement,essayantderetrouversonattituderassurante:

– Je n’ai jamais entendu dire qu’un Ancien avait manqué à sa parole. La situation est déjàdésespérée.Plutôtquededirequenousn’avonsrienàperdre,nouspouvonsdirequenousavonstoutàygagner.

Jeluisouris,heureusedecemessaged’espoirqu’ilnousadresse.

–Nousn’avonspaslechoix,c’estnotredernièrechancedepouvoirarrêterleshordesdevampiresquisedirigentversnous,nepuis-jem’empêcherd’ajouter,enposantdoucementmamainsurlebrasdeTristan.

Il recouvre ma main de la sienne. Je devine alors qu’il se rend à ma décision et qu’ilm’accompagnera.Jeluisuistellementreconnaissantedenepasessayerdemeconvaincredenepaspartir,desimplementchercherlameilleurefaçondeveillersurmoi,mêmequandnousseronslà-bas,enterritoireennemi.Jeleregarde,deboutfaceàsonfrère.Ilesttellementsûrdeluietdecequ’ilaàfairemaintenant,qu’ilmeparaîtplusdigneetplusbeauquejamais,etjemeretiensdemejeterdanssesbras.

–Alorsc’estdécidé,meditIrisenlevantsurmoisesgrandsyeuxbleusettroublés,tuvaspartir?–Oui,luiréponds-je.

J’ail’impressionquepourlapremièrefoisdemavie,ledestinmelaisseunechancedefaireunchoix,deprendreenmainmonsort.Irism’adresseunsourireému.Mêmesijelasenstendue,peut-êtreentrainderésisterdetoutsonêtreàl’odeurdemonsangetdeceluideDiane,jesaiségalement

quejepeuxavoirconfianceenelle.

–Tu te souviens de l’époqueoùon se plaignait de notre viemonotone ?Quandondisait qu’iln’arrivaitjamaisrienàMissoula?medemande-t-elle.

J’étouffeunlégerrire,malgrél’atmosphèregravequirègnedanslapièce.

–C’esttoiquiteplaignais!Nousétionstellementtranquillesàcetteépoque!

JeregardeTristanavantdereprendre:

– Cependant, je n’échangerais ma vie actuelle contre celle d’avant pour rien au monde. J’y aitellementgagné…

Enréponse,samaincaresselamienne.Irisreprend:

– Je te comprends : tu étais une jeune fille timide, réservée, un peu effrayée par tout ce quit’entourait.Tuesdevenueunefemmecourageuse,quiaffrontedesépreuvesterriblessansfaillir.Tupeuxêtrefièredecellequetuesdevenue.

Jerestesansvoixdevantladéclarationd’Iris.Etémue.Jenesaispasquoiluirépondre,tellementjesuistouchée.Grahamajoute:

–Irisaraison.Tuasdécouverttoutàcoupquetuétaisunemona,tuasapprisenàpeinequelquesmoiscequelaplupartd’entreellesapprennentenplusieursannées.Tuasrisquétavieplusieursfois,maiscelat’arendueplusforte.Noussommestoustrèsfiersdecequetuesdevenue.

Leportraitestsibeauquej’aidumalàm’yreconnaître!

–J'ai toujourssuquecellequetuétaisvraimentserévéleraitunjour,meditalorsTristand'unevoixchaudeetvibrante,etquecejourvenutunoussurprendraistous.

Jevoudraistellementl'embrasserjusqu'àenperdrelesouffle.Aucuneparolenepouvaitêtreplusinspirantequelasiennepourmoi.Malheureusement,nousn'avonspasletempspourleseffusionsdesentiments.

–Alorsc’estdécidé,nouspartonsdemain,ajouteTristan.Nousallonsretourneraucampus,Devapourrafairesesbagages,etpuisnousnousprépareronsàcequenousallonsdevoiraffronter.

J’acquiesced’unsignedetête.

Nousauronsaumoinsunedernièresoiréetouslesdeux.

Tristan se lève le premier pour partir, puisquenotre décision est prise. Il donneune accolade àchacundesesfrèresavantdelesquitter.Jen’osemedirigerversIris,maisc’estellequivientversmoietmeserrecontreelle.

–Faisattentionàtoi,Deva,mechuchote-t-elleavantquejeparte.

J’essayed’avoirl’airserein,maisintérieurement,jesuisterrifiée.

J’ail’impressionquenoussommesentraindenousdireadieu…

JedisaurevoiràGraham.MêmeElliottmedonneunechaleureusepoignéedemain,lapremièremarqued’amitiéqu’ilmefaitdepuisquenousnousconnaissons.Dianemeprendlamainàsontour.

–MerciDeva,mercidefaireçapournoustous…

Les mots de Diane me vont droit au cœur : elle est non seulement une mona, mais c'est soncouragefaceauxépreuvesqu'elleatraverséesquim'adonnélaforcedeprendremonsortenmain.Jenesaispasquoirépondreauxattentionsdetousnosamis.Tristandéposemavestesurmesépaulesetpose son bras surmes hanches pourme guider jusqu’à la voiture. Je laisse allerma tête sur sonépaule.C’estsibondepouvoirmeressourcerauprèsdelui.

Unefoisdanslavoiture,ilmeditenmeregardantdroitdanslesyeux:

–Ilestencoretempsderevenirenarrière.

Jesecouelatête.

–Non.Lemomentestvenud’accomplircequel’onattenddemoi.

3.Dansl'antredelabête

La secousse queproduit l’avionquand ses roues touchent la piste d’atterrissage suffit à peine àm’arracheràmespensées.Depuisquenoussommespartis,jenefaisqu’alternerentrefolespoiretprofonddécouragement.

Sitoutfonctionne,Tristanvadevenirhumain,c’estlaseulechosequejedoisgarderentête.

Alorsquel’engins’immobilise,jemelaissealleraufonddemonsiègeetessayedevisualisertoutcequenousavonsàgagner:unevieaussinormalequ’ilpuissenousêtrepermisd'avoir,fonderunevraiefamille,transmettremespouvoirsetperpétuermalignée…

Etsilefaitdem’uniràunvampirecompromettaitlatransmissiondemonpouvoir?

L’avenirsembletellementflouencemoment,impossibledesavoiràquois’entenir,impossibledeseprojeter.

Jenesuismêmepascertainequejeseraitoujoursenviedans24heures…

Cette idéemeglacelesang,et je larepousseaussitôtqu’elleseprésenteàmonesprit.Si jesuisvenue ici, àPrague, c’estparceque je croisquenousavonsunechance. Jenedoispasme laisserabattre.Depuishier,Tristannemequittepasd’uncentimètre.Jedoisavouerquedesentirsachaleuretsaprésenceencontinuemerassureetm’aideàtenirlecoup.Sonvisageestpâlecependant,ilestcrispé.J’aimeraispouvoirletranquilliser,maisjesuispresqueaussisoucieusequelui.

Pas question de partager avec lui mes questions et mes inquiétudes. Et puis il faut penserpositivement:toutvabiensepasser.

Nouspénétronsdansl’aéroportVáclavHavel.Lafouledesvoyageursparviendraitpresqueànousfaire sentir comme de simples touristes nous aussi. Qui peut se douter en nous voyant que nousportonslesortdel’humanitésurnosépaules?

Jemedemandecommentnousallonsreconnaîtrenoshôtes.

Est-ce qu’on doit s’attendre à voir un vampire de typeNosferatu en costume noir et lunettes desoleiltenantunepancarteavecnosnoms?

Jepouffeintérieurementenvisualisantlascène.Tristanmejetteunregardinterloqué,maisjen’aipas le temps de lui expliquer. Une main se pose doucement, mais fermement, sur mon bras etm’arrête.Mêmeàtraversmesvêtements,jepeuxsentirqu’elleestglaciale.

Jeme tourne vers la personne quim’a arrêtée ainsi. Jem’attends à rencontrer un regard bleu,commeceluide tous lesvampires,et jem’étonnedecroiserdeuxyeuxnoisettequime fixent sans

paraîtremevoirvraiment.

–DevaWhite?medemandel’inconnu.–Oui?–Jesuisenvoyéparvosamispourvousmeneràeux.Sivousvoulezbienmesuivre.

Cetermed’amisetlafaçonqu’ilsonttousd’appuyerironiquementsurcemotn’ontpasfinidemeglacerlesang.Lejeunehommenousdevanceetnousluiemboîtonslepas.Restéeunpeuàl’arrièreavecTristan,jeparviensàluidiredoucement:

–Ilsenvoientunhumainpournouschercher?–Ildoitêtrehypnotisé,memurmureTristanrapidement.

Hypnotisé?CommeLiam?

Le souvenir de la première rencontre avec celui qui est depuis devenumon amime revient enmémoire. Il avait bu le sang du chef de son clan, et cela l’avait privé de toutes ses facultés dedécisions, il ne pouvait que lui obéir. Mais je croyais qu’on ne pouvait hypnotiser que d’autresvampires!

Jen’aipas le tempsd’enparleravecTristan :nousarrivonsdéjàdehors.Le jeunehommenousouvrelaportièred’uneimmensevoituredeluxenoire,auxvitresteintées.Quandelleserefermesurnous,j’aiuneboufféed’angoisseetjemesensprèsdesuffoquer.Jedoisprendresurmoipournepascéderàlapanique.

Lesdéssontjetésmaintenant,noussommesentreleursmains…

La ville défile derrière la vitre de la voiture contre laquelle j’ai appuyé mon front. C’est lapremière fois que je quitte les États-Unis et la première fois que jemets les pieds en Europe. End’autrescirconstances,jemeseraisémerveilléedevantl’architecturebaroquedelaville,lesmaisonstypiquesaux toitsverts, la rivièrequi traversedepart enpart lacapitale…Mais lepaysage s’étiresousmesyeuxsansquejesoisvéritablementcapabledefixermonattentiondessus.

Dommage,c’étaitpeut-êtreladernièreoccasiondevoirdebelleschosesavantdemourir…

Jem’enveuxaussitôtd’avoirpensécela.J’essayedemechanger les idéesetdemandeàTristand’unevoixaussinaturellequepossible:

–Tuesdéjàvenuici?ÀPrague?–Non,merépond-il.Grahamyestvenu.C’estpeut-êtreiciqu’ilarencontrél’Anciendontilnous

aparlé,oubienill’aaccompagnéjusqu’ici.–C’étaitilyalongtemps?– C’était il y a plusieurs années, me dit-il en faisant un effort pour me sourire, peut-être une

centaine.

Probablement essaye-t-il lui aussi de se détendre et deme réconforter.Maismon inquiétude nes’apaisequetrèsbrièvement.Lavilleestmaintenantderrièrenous,etlavoitures’enéloigneàvive

allure,nousemportantvers lacampagne.Lesenvironssontvallonnés,couvertsde forêtsd’unvertprofond.IlyaquelquechosedemoinsimpressionnantquedanslesmontagnesquenousconnaissonsàMissoula,maisdetoutaussisauvage.Nousnousenfonçonsaumilieudesarbres.Lalumièrebaisse.Laroutemonte.Jen’oseplusregarderTristan,depeurdeluicommuniquerl’angoissequimeserrela gorge. Jeme contente de sentir sa chaleur prèsmon épaule et deme laisser peser un peu pluscontrelui.

–Tucroisqu’ilyenaencorepourlongtemps?luidemandé-jetoutensachantpertinemmentqu’iln’enaaucuneidée,maislesilencedanslavoituredevientbientroppesant.

–Non,jepensequenousarrivons,merépond-il,àmagrandesurprise,enmedésignantunpointdel’index.

Auloin,ungrandbâtimentgrisnousapparaît.Cequejeprendsaudébutpourunebelledemeureserévèleêtreenréalitéunvéritablechâteau,bâtisurleflancdelamontagne,aumilieudesbois.Unetours’élèveau-dessusdesarbres.Alorsquelagrillesembles’ouvrird’elle-même,nouspénétrons,médusés,dansl’enceintedelabâtisse.

LesAnciensneserefusentrien,ondirait…

Lechauffeurnousmènejusqu’àlaporteoùundomestiqueenlivréenoirenousfaitentrer.Ilnousmènejusqu’àuneimmensesallebaignéedelumièredanslaquelletrônentdeluxueuxfauteuils.Parlesfenêtres,jepeuxvoirlesjardinsparfaitementagencés,lesalléesbordéesd’arbres,quitranchentavecl’aspectsauvagedelaforêtquenousavonstraversée.Ilnes’agitpasd’unesallederéception,plutôtd’unesortedesalled’attentedestinéeauxvisiteurs.Lemajordomenousconfieàune jeune femmeblonde,vêtueelleaussid’ununiforme,unerobenoireàcolblanc,quinousfaitsignedelasuivre.

Alorsquenousnousexécutons,Tristanfroncelessourcils.

–Tuasremarqué?medemande-t-il.–Non,quesepasse-t-il?–Ilssonttoushumains,jepeuxlesentiràl’odeurdeleursang.

Ilmesemblequemoncœurs’arrêtedebattreàcesmots.

Alorstouscesgenssonthypnotisés?

–Mais comment ont-ils pu les obliger à boire leur sang ? demandé-je àTristan en essayant demasquerlapaniqueaufonddemavoix.

–Lesvampireslesséduisent, lesattirentàeux.Ilsuffitqu’ils leurenfassentboireunepremièrefoisetl’addictionfaitlereste.C’estunesortededrogue,pourlesvampirescommepourleshumains.Unefoisqu’ilscontrôlentleuresprit,ilslesréduisentenesclavage.

C’estrépugnant!

Jen’arrivepas à croireque l’onpuisse semontrer aussimanipulateur.Qu’onpuisse à cepointn’avoiraucunrespectpourlaracehumaine.Devoircesdomestiquess’affairerautourdenous,pourépousseterlesmeubles,porterdesplatscontenantjenesaisquelmetsrepoussant,etsavoirqu’ilssont

tous réduitsenesclavagepar lesAnciensmerévoltentetmedégoûtentenmêmetemps.Çamefaitpenserauxanimauxquel’onutilisepourporterdeschargeslourdesavantdelesabattredesang-froidpourlesdévorer.Ensomme,c’estàcetinstantprécisquejeprendsconsciencedetoutel’horreurdelasituation,etdelafroidecruautédesAnciens.

Etsic’étaitlesortqu’onnousréservait?

Jesuissaisieparunesoudainesensationdefroid.Jem’attendaisàdécouvrirdeschosesaffreuses,mais pas à ça : unmonde où les humains sont considérés comme des bêtes de somme, attendantsagementlejouroùilsserontconsommés.

Etc’estaveccesvampires-làquejesuissupposéem’allier…

J’aienviedeprendremesjambesàmoncou,departiravecTristan,aussiloinquepossibledecetendroit. Je me demande en quoi ces gens peuvent m’aider à sauver qui que ce soit. Quel intérêtpeuvent-ilsavoirpourlemondedanslequeljevis?Qu’a-t-ilàvoiravecleleur?

Noustraversonsdescouloirscouvertsdetenturespourpresoubleuroi,noustournonsplusieursfois.Jeseraisprobablementincapabledem’yretrouverseule,j’ail’impressionquec’estauboutdumondequel’onestentraindememener.

Ouplusprobablementauboutdel’enfer…

Je repense à ces filmsqui sedéroulent dansdevieux châteauxd’Europede l’Est où il sepassetoujoursdeshorreurs.

Pasdepanique,onrespire.Grahamaditqu’ilsavaientlesensdel’honneur,etilsontpromisdenepasmefairedemal.

Aprèstout,jusqu’ici,nousavonsététrèsbientraités,nousallonsbien.Etilsontbesoindemoi,ilsl’ontdit.

Besoindemoi,maispourquoifaire?Enquoipeutbienconsistercemystérieuxservice?

Est-ilpossiblequel’Ancienquiestvenumetrouveraitmentiquandiladitqu’ilnesavaitpasenquoi cela consistait ?Est-ce qu’il ne cherchait pas plutôt àme cacher quelque chose ? Je doismeconcentrersurleursensdel’honneur.Riennevam’arriver.Ilsaurontcequ’ilsattendentdemoi,nousarrêteronslesvampiresrebelles,etnouspourronsfonderunefamille,Tristanetmoi.Cetteidéemecalmemomentanément.

Auboutdelonguesminutes,lajeunefemmes’arrêteenfindevantuneportequ’elleouvreetnousfaitentrerdansunegrandepièceaudécorbaroque.OnsecroiraitdansunchâteauduXVIIe siècleavectouscesveloursetcestapisseriesdélicates.Ungrandlitàbaldaquintrôneaumilieudelapièce,quicomprendaussiunpetitcoinsalon.Ladomestiquepousseégalementunepetiteporteescamotéedanslesboiseries:

–Icisetrouvelasalled’eausivoussouhaitezvousrafraîchir.

Unesalled’eau?Çatientplutôtduspaquedelasalledebains!

Desmosaïques anciennes ornent lesmurs, le plafond et le sol de la pièce.Nous avons à notredispositionuneimmensebaignoirecreuséeetunedouche,maisaussiunepetitecabinedesauna!

Lajeunefemmenousconfielaclefets’éclipserapidement,nouslaissantseuls,Tristanetmoi.Unequestioncontinuedem’obséder.

–Ilyaplusieursmonasdanslemondeentier,c’estbiença?–Oui,merépondTristan,unpeusurpris.–IlyenaaussienEurope,alors?–Évidemment:vousêtespeunombreuses,maisrépartiesdanslemondeentier.–Alorspourquoisont-ilsvenusjusqu’àMissoulapourmechercher?Pourquoimoi?Ildevaity

enavoirdesplusprochesdechezeux,non?

Tristanplongesesyeuxdanslesmiens.Uninstant,j’enoublieraispresquequejeluiaiposéunequestionpoursimplementposermeslèvressurlessiennes.

Ettoutoublierdansunlongbaiser…

Maisilrépond:

–Tutesouviensdecettehistoiredemonaoriginelle?–CelledontDianenousaparlé?Lamonadontlalignéeremonteraitàlapremièremonaquiaété

créée?Jem’ensouviens,oui.–Ettun’asjamaisenvisagéqueçapouvaitêtretoi?

Lasurprisemerendmuette.

Non!Àaucunmoment!

–Ilyasipeudetempsquejeconnaislavéritéàmonsujet!Etsipeudetempsquej’aivraimentcompriscequesignifiaitmonrôle!Jenesuisrien!

Tristanreplacederrièremonoreilleunemèchedecheveux.Samainfrôlemajoueet,pendantunedemi-seconde,jemesensàmaplace.

–Tuneterendspascompte,Deva,àquelpointtuesprécieuse.Etjeneseraispasétonnéquetulesoisencoreplusquenousl’avonstoujourscru.

–Maisqu’est-ceque çavoudrait dire ? Je serais capablede faire plusde chosesqu’une simplemona?

– Je n’en ai aucune idée. Jusqu’à ce queGraham etDiane en parlent, je pensais qu’il s’agissaitd’unelégendeetriend’autre.Pourcettefois,jen’ensaispasplusquetoi.

–Ets’ilsm’avaientfaitvenirpoursedébarrasserdemoiunebonnefoispourtoutes?

Qu’est-ce qu’ilme prend de lui dire une chose pareille ?Comme s’il n’avait pas déjà assez desouciscommeça!

Heureusement,Tristangardesonsang-froid.

–Sinousavonsacceptédevenir,c’estparcequ’ilsnousontassurédeleurloyauté,etqu’ilsontpromisqu’ilsneteferaientaucunmal.Ilssesontengagésànousaideràrétablirl'équilibreentreleshumainset lesvampires,àempêcheruneguerre terribleentrecesdeuxespèces.Nousdevonsnousraccrocher à ça. Graham lui-même nous a confirmé que les Anciens étaient connus pour n’avoirqu’uneparole.

Sontonassuréetsesparolesmecalmentunpeu.Ilm’attirecontreluiet jemelaissealler.Maisnoussommesrapidementinterrompuspardelégerscoupsfrappésàlaporte.

–Entrez,ditTristan.

Lajeunefemmequinousaconduitsjusqu’iciréapparaît.Ellenousinformedesavoixfrêle:

–Lesmaîtresm’ontpriéedevouspréciserquevous êtes libresd’aller et venir dans le châteaucommebonvoussemble.Toussaventquevousêtesicietqu’aucunmalnedoitvousêtrefait.

Elle nous adresse un léger salut de la tête, un sourire aussi glacial que sans âme, et s’en va denouveau.Jesuisdécidéeànepluscéderàlapeur.Aprèstout,jusqu’ici,toutvabien.

–«Lesmaîtres»,nepuis-jem’empêcherde répéter àTristand’un ton ironique.Tupensesquenous devons craindre de nous retrouver à passer le balai pour ces gens si nous ne sommes passages?

–Cen’estpasdrôle,mecoupe-t-il.Çapourraittrèsbienarriver.– Et tu penses que la livrée de soubrette m’irait bien ? demandé-je, décidée à détendre

l’atmosphère.

Jeluiarracheunsourire.

–Disonsquejepréféreraisquetulaportesdansunautrecontexte.

Ilposeunbaiserdouxetlégersurmeslèvres.Jemesensmieux,contrelui,commeça.Sabouchesefaitdeplusenpluspossessive,lamienneluirépondaveclamêmeardeur.

Enmêmetempsquemonesprits'apaise,messenss'éveillent.LegoûtdeTristansurmeslèvresmefaittournerlatête.

Voilàuneparfaitefaçondesechangerlesidées!

Etdeserassurer.Commeàchaquefois,lecontactdeTristancontremoimepermetdemerappelerque je suis vivante, que je suis capable d'affronter n'importe quoi tant qu'il reste près demoi. Seslèvresquittentlesmiennesuninstantetilmeregarde.

–Qu'est-cequ'ilya?luidemandé-je,unpeugênée.–Rien,merépond-il.Tuestrèsbelle,c'esttout.

Je lui souris. Jene saispas comment jedoisprendre cette façondemecontempler, comme s'ilvoulaitgravermestraitsdanssamémoire.

– Tu n'es pasmal non plus, dans ton genre, lui réponds-je en plongeantmon visage contre sapoitrinepourenrespirerleparfummusqué.

Tristan,monamour,monvampire...

Sa bouche a repris possession de la mienne, et il m'embrasse maintenant avec une passiondévorante.Jesensledésir,incandescent,aufonddemoi,quimepousseirrésistiblementverslui.Jenesaispascommentjepeuxoublierainsitoutcequim'entoureetnousmenacequandjesuisaveclui.

Àmoinsquecenesoitlecontraire,etquejenesoisvraimentmoi-mêmequequandjesuiscontrelui...

Nousrestonsenlacésdevantlafenêtre,nouslaissantréchaufferparlalumièredusoleilcouchant.Combienenverrons-nousencore?Combiendefoisencorepourrons-nousprofiterdelachaleurdenoscorps?Alorsquelejourtombe,nousprenonsconsciencedecequenotreexistenceadefragileetd'éphémère,etnoscaressessefontplusurgentes.

LesmainsdeTristandescendentlelongdemondosetseplaquentsurmesfesses,merapprochantdeluid'ungesteimpérieux.Pendantcetemps,jeposemesmainssursesjouesetmeplaqueunpeupluscontresabouche,commesimonsouffledépendaitdusien.Noslanguesdansenttouteslesdeux,nos respirations et nos cœurs sont à l'unisson. J'ai de plus en plus chaud, contre lui. Je me sensemportéeparuntorrentdesensationsetdesentiments.

–Jet'aimeTristan,nepuis-jem'empêcherdeluidire.

Mavoixtremble.Jeveuxoubliertoutcequinousentoure,toutecettepeurquinouscrispedepuisquelquesjours,etsimplementmeconcentrersurTristan,sursoncorpsetsurchaquecentimètredesapeau.

–Etmoi,Deva,jet'aimetellement,tun'aspasidée,merépond-il.

Ilentreprendalorsdefairepasserpar-dessusmesépaulesmonpulletletee-shirtquejeporteendessous, qu'il jette à nospieds sansménagement. Jem'empresse alors de lui retirer sa chemise, etnousnousretrouvonspeaucontrepeau,presquecœuràcœur.Maboucheerrelelongdesoncou,desapoitrine,tandisquemesmainsfrôlentsondosmusclé,faisantjouerdélicatementsousmesdoigtssapeautiède.Jelèchesestétons,goûtesapeauensuivantuncheminquidescenddesontorseàsonnombril.

Jeluisourismalicieusement:

–Tun'aspaspeur?–Dequoi?medemande-t-il.–Quejetemorde,luiréponds-jeavecassurance.

Ilrit.

Enfin,nouspouvonsêtrenous-mêmesetnousretrouveraprèscequenousvenonsdetraverseretenattendantcequ'ilnousresteencoreàvivre...

–Tudevrais,pourtant,luidis-jeavecsérieuxenposantmeslèvrespuismesdentssurlapeaudesonventre,justeau-dessusdesonpantalon.

Ilmerelèvevers luietm'embrassedenouveau,avecplusd'ardeurcettefois.Sabouchevientseperdrecontremonoreilleoùilmeditdansunsouffle:

–Aucontraire,jeseraiscurieuxdevoirça...

Auplusprofonddemoi,jemesensm'embrasersouslefeudel'excitation.Mabouchesebaladelelongdesamâchoire,jusquedanssoncou,dontjemordilledoucementlapeau,avantd'appliquerlemême traitement à ses lobes d'oreilles, et je me délecte des grognements de plaisir que pousseTristan.

Denouveau,mesmainsparcourentsontorse,caressentsespectorauxetsesabdominauxmusclés.Jedéposedesbaisersdanssoncou,sursesépaules,etmelaisseglisseràterrepourdéboutonnersonjean.Àtraversletissu,jepeuxsentirsonsexedur.Jel'effleureavantdeledécouvriretd'yapposermabouche.Jelelèched'aborddehautenbas,avantdemordillerdoucementlegland.

LarespirationsaccadéedeTristansemblemedictermesgestes.Jecontinuedemeconcentrersurleboutdesonmembreérigé,deletitillerduboutdemalangueetduboutdemesdents,avantdeleprendreàpleinebouche,etd'entamerunmouvementdeva-et-vient.

Tristannepeutretenirungémissementdeplaisir.

–Deva,dit-il,lavoixrauque,continue.

Jepoursuisdoncmesmouvements,tantôtvite,tantôtlentement.Jelesensdurcirencoredansmabouche.Moi-même,jemesensdeplusenplusexcitée.Ilposeunemaindoucesurmescheveuxqu'ilcaressependantquejecontinuedeluidonnerduplaisir.Soudain,ilmesoulèved'ungestesûretaisé.J'enroulemesjambesautourdelui,malangueautourdelasienneetjepassemesbrasautourdesoncou.Malgrémonpantalonquejeporteencore,jesenssonsexebutercontrelemienetjegémisdefrustration.

Ilmedéposesurl'undesfauteuilsetmeretirerapidementmonsoutien-gorge,monpantalonetmaculotte.Lasensationdelasoiedurevêtementsurmapeaunefaitqu'ajouteràmonexcitation.

Tristansedébarrasseluiaussidesvêtementsqu'illuireste,avantdes'agenouillerdevantmoietdese placer en face demon intimité offerte. Cette proximité n'a rien de gênant, pourtant, je ne peuxréprimerunréflexequimefaitresserrerlesgenoux.MaisTristansaisitmescuissesd'ungestetendreetfermepourlesécarterdenouveau.

–Nesoyezpassitimide,mademoiselle,medit-ild'untontaquin.

Jeluisourisetm'abandonneàsesmainsexpertes,quiàleurtoursemettentàcaressermonsexe.Sesgestessontsiparfaitementexécutésqu'ilsmetirentdessoupirsdeplaisir.Sesdoigtsm'explorent,mecaressent.Tristan jouedemoi commeunvirtuose. Il effleuremonclitorisgonfléd'envie,meslèvres,avantdes’immiscerenmoi.Jesensunevaguedebien-êtreenvahirmonventreetremonterjusqu'à ma poitrine. Comme instinctivement, mes mains se portent à mes tétons et en presse lespointesavecdélice,avantdesuivrelacourbedemesseins.EllesrejoignentensuitecellesdeTristan,suivant le rythme des siennes, intensifiant encore la volupté que je ressens.Alors quemon amantretiresesdoigtspourposerseslèvrescontremaféminitéexcitée,jeressensdesboufféesd'excitationquimemontentàlatête.

Ilvamerendrefolles'ilcontinue...

Mais jemegardebiende luidemanderd'arrêter.Aucontraire, jemelaisseallerunpeuplus.Jem'autoriseàperdrelesensdesréalitésquimereviendrabienasseztôt.Salangueagileexploremesmoindresrecoinsetm'arrachedespetitscrisd'extasequejenecontrôleplus.D'ailleurs,trèsvite,leplaisirdevientincontrôlableetuntorrentdejouissancem'emporte.Alorsquejesuishaletante,encoresecouéepar lesspasmesduplaisirqueTristanm'aoffert, ilembrasseavecdouceurmonfront.Sesmainssontappuyéessurlesbrasdufauteuil,departetd'autredemoi.Ilmedominedetoutsoncorpspuissantetjenepeuxretenirunsourire.

Cethommesublime,c'estlemien.

J'entouresesfessesdemesjambesetl'attireplusprèsdemoi.J'aiencoreenviedeseslèvressurlesmiennesetdesonsexeenmoi.Jemesensinsatiable.Jemefrottecontresonérectionavantdeleguiderenmoi.Jepousseunsoupirraviquandjelesenss'introduire,puisquandilmecomplèteenfin.Ilcommencealorsàbouger,àalleretvenirdansethorsdemoi.Jecambremesreinspourm'offrirplusencoreàlui.Enmêmetemps,ilposesatêtedansmoncoudontilmordillelapeau.Mesdoigtssecrispentdanssescheveuxalorsquesonmouvements'accélère,décuplantmessensations.

Alorsquejeressenslefeudelajouissancemonterpetitàpetit,j'attiresabouchecontrelamienne.Une fois de plus, nos souffles ne font plus qu'un.Nous partageons une plénitude que personne nepourra jamais nous enlever. Le corps de Tristan fond et refond en moi, me complétantmerveilleusement.Nossoupirssejoignentets'accordent.

Samaincaressemajoue,etilseretire.Jemeretournealors,appuyantmesmainssurledossierdufauteuil.Alorsquesabouchetièderemontelelongdemondos,jusquedansmoncou,jemesensdenouveau pénétrée par lui, avec plus de vigueur. Ses coups de boutoir se font plus puissants, plusimpérieux.Nousne soupironsplus,nouscrionsnotreplaisirdenous retrouverdecette façon.Sesmouvements sontplusprofonds.Moncorps se resserre sur savirilité,qui imposeàmoncorpsunrythmedeplusenplusintense.

Jeme perds en lui, alors que dans un derniermouvement, ilme fait atteindre le point de non-retour. Je m'arc-boute pour ressentir plus fort encore la volupté qui déferle en moi. Quelquessecondes après, Tristanm'étreint avec plus de force et de tendresse, et jouit dans un gémissementsourd.

Nous restonsquelques instants, luipenché surmoncorpsabandonné.Alorsquenous reprenonstouslesdeuxnotresouffle,sesmainscontinuentdecaressertendrementmesseinsetmonventre.Soncorpspèsedélicieusementsurlemien.Unesensationdebonheurinfiniprendpossessiondemoi.Jelaisse ma tête reposer contre mesmains jointes, et ferme les yeux pour me laisser bercer par lachaleurducorpsdeTristan.

Existe-t-ilunmomentplusdouxquecelui-ci?Quandaprèsl'amourjemelaisseallercontremonamant?

J'enroulesescourtesboucleschâtainsurleboutdemesdoigts,caresselapeaudoucedesanuque.Sapoitrineestpresséecontrelamienne,soncœurbatsiprèsdumienqueleurspalpitationssemêlentetseconfondent.Àcetinstantprécis,j'oublietout:oùnoussommes,cequenoussommessupposésfaire, ce que nous risquons : il n'y a que lui etmoi.Le temps est suspendu, comme si cemomentd'extasedevaitdurertoujours.

– Peut-être que tu devrais reprendre des forces pendant qu'on nous laisse un peu de répit, memurmureTristan.

Ilm'adéjàdonnétouteslesforcesdontj'avaisbesoin!

Jenemesenspasfatiguée,aucontraire,jemesenscapabledetout.Etsiletempsnousestcompté,jepréfèreenprofiteravecluiplutôtquelepasseràdormir...Jecaressesondos,prenantunplaisirsensuelàsuivreleslignesduresdesamusculatureparfaite.Jehumesonparfum:aprèsl'amour,ilmesembleplusexcitantencore.D'ailleurs,ilnetardepasàmettredenouveaumessensenéveil...

–Tunepensespasquenousavonsmieuxàfairequedormir?luiréponds-jed'untonmutin,enembrassantdoucementseslèvreschaudesethumides.

Jel'entendsétoufferunrireenm'embrassant.

–Si tudeviensaussiexigeante,medit-ilenentrecoupantsaphrasedebaisersamoureux, jevaisdevoirrestervampirepourpouvoirtecontenter...

C'estàmontourdesourire.

Siseulementilsavaitàquelpointjel'aimerai,toutletemps,partout,etquelqu'ilsoit!

Nous nous parcourons avidement, de nos yeux, de nos bouches, de nosmains, comme si nousvoulionsgarderàtoutjamaislesouvenirl'undel'autredanssesmoindresdétails.Jevoudraisfixerpourtoujoursdansmamémoiresonvisageetsoncorps,l'odeurdouceetmusquéedesapeau,songoûtlégèrementsalé,letouchersidouxetfermesousmesdoigts,ainsiqueleplaisirquemedonnentsescaresses.

Nous restons longtemps ainsi, à nous étreindre avec tendresse et passion, laissant nos corpsdéclarernotreamouràlaplacedenosvoix.Denouveau,ledésirprendpossessiondenousetnousfait perdre le contrôle de nous-mêmes. Nous ne nous guidons plus : nos bras se cherchent et setrouvent, nos jambes s'enlacent et s'entremêlent encore. Je pousse un soupir de soulagement et de

bonheurquand jesensdenouveauTristan,si fortetpuissantenmoi, sonsexedurdans lemien. Ilm'impose des mouvements longs et profonds qui me tirent des soupirs d'extase à chaque fois,auxquelsrépondsarespirationsaccadée.Sapeauglissecontrelamienne,noslanguessetrouvent,seperdent,puisseretrouvent.Leplaisirestdeplusenplusintense.Jelesensmonterenmoi,etjevoisTristanquis'abandonneluiaussi,nouspermettantd'oubliertoutcequinousentoure,toutcequin'estpasnous.Enfin,messensationsmedépassent,meprennenttoutentière,déferlantteluntsunami,etmecoupent le souffle. Je restehaletante, levisagecontre le torsedeTristan, tandisqu'ilme rejointenétouffantuncrirauquedejouissance.

Jeme sens dans un état second, encore sous l'effet du plaisir, de l'amour. Il nous faut plusieursminutespourreprendrenosespritsetquenoscœursseremettentàbattreàunrythmenormal.

Sinouspouvionsresterainsi,àjamais,toutseraittellementfacile...

Il me paraît si difficile tout à coup de devoir risquer cet amour si fort pour affronter desresponsabilitésquimedépassentetmedonnentlevertige.

– Que pouvons-nous obtenir de plus que nous n'ayons déjà, Deva ? me demande-t-il soudain,rencontrantmespenséessanslesavoir.

Saquestionmetiredematorpeur.Jemesouviensalorsquepourlui,ils'agitdepouvoirredevenirhumain,cequ'ilatoujoursvoulu.

Jeneveuxpasqu'ilyrenonce.Paspourmoien toutcas.Sanscompterquenousnepouvonspasnouspermettredenepenserqu'ànotrecouplemalheureusement...

–Nousavonstout,Tristan,nouspourrionsêtreheureux...Siseulementilnes'agissaitquedenous.

Jepenseàtoutescesvies,suspenduesauxdécisionsquenousallonsprendrelorsdesprochainesheures.Tristanaussi,jepense.Jel'entendssoupirer,puisilseredresse.Jemerelèveaussi.Ils'assoitalorsàmaplaceetm'attiresursesgenoux.Jemelaisseallercontrelui.

C'estdécidémentlemeilleurendroitaumondepourseressourcer.

Mêmedanscettechasteétreinte,noscorpsnuscontinuentdeparfaitements'accorderl'unàl'autre.Je respire l'odeur de sa peaumoite, laissemon doigt jouer le long de ses cheveux ébouriffés parl'amour,desamâchoirecarrée,desoncoumusclécommesemblel'êtrechaqueparcelledesoncorps.

Jel'aimetelqu'ilest,jen'aibesoinderiend'autre,c'estvrai.

Maisc'esttroptard,maintenantquenoussommeslà,nousdevonsjouerlejeudesAnciensjusqu'aubout.

4.L'heuredesrévélations

Jemesenstellementmieux,tellementplussûredemoietdecequejedoisfaire.Est-ceparcequeTristan a sume redonner des forces enme faisant l’amour ?Probablement.Et c'est tellement bond'avoirpuluidirequejel'aimais,tellementrassurantdel'avoirentendumeledireaussi...

Etaumoinssitoutdoitseterminer,nousauronsconnul’extasesensuelleunedernièrefois…

Mais je n'ai plus peur de mourir, Tristan m'a permis de retrouver ma confiance en moi et enl'avenir.

Jeviensàpeinedesortirdeladoucheetdefinirdem’habillerquandonfrappeàlaporte.Jemeraidisetmonregardcroiseceluidemonamant.D’ungestesûr,ilsedécideàouvrir.

Cen’estpeut-êtrequelajeunedomestiquedetoutàl’heure?

Inutiledesefairedesillusions:lanuitesttombée,l’heuredevéritéasonné.QuandTristanouvre,jecomprendstoutdesuiteàsonattitudequecen’estpasunsimpleserviteurquiestlà.Malgrémonassuranceetmescertitudes,monestomacsenoue.Tristanal’airsursesgardes.Jem’approchedeluiafindevoirquiestnotrevisiteur,etjesuissurprisedereconnaîtrelevampirequim’attendaitdansmachambreetquim’apersuadéedevenirici.Ilm’adressedenouveausonsourirecarnassierquimefaittrembler jusqu’à la moelle. Je prends néanmoins sur moi et lui renvoie un sourire aussi froid etdétachéquepossible.

–MademoiselleWhite ?MonsieurGrant ? Si vous voulez bienme suivre, je vais vous guiderjusqu’ànotrechef.

Tristansetourneversmoipourprendremamain,etc’estd’unpassûrquenoussuivonsl’Ancien.Enmeprojetantdanscetinstant,jepensaisquejeseraisterrorisée.Enfait,jesuisétrangementcalmeetrésignée.Jesaisquej’accomplismondestin.Cequejesuissurlepointdefairedépasselargementlecadredemavolonté.

Après avoir de nouveau serpenté dans le labyrinthe que forment les couloirs du château, nousarrivonsdansunesalleimmense.Degrandslustresencristalbrillentsouslesplafondssurlesquelsdes fresques peintes représentent des dieuxmythologiques ou des scènes bibliques. Toute la piècerespire le luxe, tant par ses proportions que par ses détails : le planchermarqueté, les rideaux develours,lesmeublesauxboiseriesfinementciselées.

Plusieurs vampires parmi les plus puissants dumonde nous attendent ici, dans un silence quasireligieux.

Jemedemandecommentjepeuxnepasêtreparalyséeparlapeur…

Tousm’observent.Aufonddelapièce,unefemmesetientassisesurunlargefauteuil.C’estversellequememènelevampirequinousaaccompagnés.

Alorsc’estellelechefduclan?

Jenesaispaspourquoi,jem’étaisattendueàunchefplus…viril.

Elleal’aird’avoirunetrentained’années,unequarantaine toutauplus.Sonvisagefinestd’unebeautépureetglacialeàlafois.Elleposesurmoidegrandsyeuxbleuclairquinesontpasexemptsd’unecertainebienveillance,etpourtantjesaisqu’elleestcapabledupireetquejenedoispasmefieràsonexpression.Aprèstout,c’estellelamaîtressedeceslieux.C'estellequinousatousréunisici,vampiresetmona,dansl'espoirdesauverl'humanité.

–MerciGavrilos,dit-elled’unevoixcristallineauvampirequinousaguidésjusqu'ici.

Jemerendscomptequecen’estquemaintenantquej’apprendssonnom.Ellemesourit,maissonsourire au contraire de celui deGavrilos n’a rien d’effrayant. Bien qu’il découvre lui aussi deuxcrocssaillantsetétincelants,ilneluiôtepascetairavenantqu’elleadepuisquenoussommesentrés.

–BonjourDeva,medit-elle.JesuisFreia,lagardiennedeceslieux.BonjourTristan.

Ellenousparle,commesielleétaitnotrechefànousaussi,maissanscecôtéhautainqueGavrilosatoujourseuànotreégard.Cependant, jemedouteque,malgrésonairdouxetsympathique,c’estprobablementlaplusdangereuseetlapluspuissantedetouslesvampiresassemblésici.

Quelâgepeut-ellebienavoir?

JenequittepasTristand’unmillimètre.JesoutiensleregardtroublantdeFreia,prêteàtout.

Ycomprisàtomberdansunpiège…

–Savez-vouspourquoinousvousavonsfaitvenir?medemande-t-elle.–Onm’aparléd’un service àvous rendre…réponds-jed’unevoix aussi assuréequepossible,

maissansmedireenquoiilconsistait,enéchanged'unmoyend'arrêterlesvampiresquimenacentdemassacrertousleshumains...

Elleadenouveausonsourireénigmatique.

–Monclann’aaucun intérêt àvoir l’équilibreentre lesvivantset lesmorts, entre lescréaturesnaturellesetsurnaturelles,êtrebouleversé.C’estpourtantcequiestentraindeseproduire.

Ellemefixe,commeattendantuneconfirmationdemapart,maisjenedisrien.Jerefused’entrerdanssonjeutantqu’onnemeditpasclairementcequel’onattenddemoi.Ellereprendcommesiellenes’étaitrenducomptederien.

–Cetéquilibre,dit-elle,enappuyantsurlesmotsqu’elleprononce,est legarantdelapaixetdurespectentrelesdifférentescommunautésquicomposentlemonde:vampires,sorcières,humains…

Dequeltypedepaixparle-t-elle?Lesvampirestuentleshumainspoursenourrir!

Freiasouritunefoisdeplus:

–Vousavezraison,medit-elle,monpeupletuelevôtrepourcomblersafaim…

Mais?Commenta-t-elledeviné?

–Lessorcièresnesontpaslesseulesàposséderledondeliredanslespensées,medit-elled’untonmalicieux.

Alors,depuisledébut,ellesaittoutcequejepense?

Freiacontinuedemefixerduregard,guettantmaréaction.Ilmesembled’ailleursquec’estcequefait l’ensemble des vampires assemblés autour de nous. Jeme sens trahie : depuis le début, j’étaisépiéesanslesavoir.

–Neleprenezpasmal,Deva,reprendFreia.J’ail’habitudedeliredanslesesprits,etjen’airienàreprocheràcequejepeuxliredanslevôtre.Permettez-moicependantderépondreàvotreremarquemuette :nousnousnourrissonsd’humains,mais leshumainsne senourrissent-ils pasd'animaux?Comprenez-moi:nousnedésironspasnoussoustraireàcequelanatureafaitdenous,maisnousnesouhaitons pas non plus massacrer les humains pour le seul plaisir d’exercer sur eux notredomination.C’estcetéquilibreetcettepaixquenousrespectons.

Alorsc’estcela,poureux,nousnesommesquedesanimaux,desproiescommelesontpournouslesbœufsoulescochons…

Monespritabeauserévolterdecettevisiondumonde,jesaisqu’ilmefautl’accepter,quecelafaitaussipartiedemonrôle.Jedoispréserverl’équilibre.Cetéquilibre.

Aprèstout,lerôledesmonasn’estpasl’anéantissementdelaracevampire,simplementdelimiterleurspouvoirspourquechacunpuissevivreenpaixetenharmoniedanscemonde.

Un sourire satisfait se peint sur les lèvres de Freia. Elle sait exactement ce que je pense. Elleconnaîtmesréticencesàcollaboreraveceux.Maiselledevineaussiquejevaislefaire,parcequ’ellearaison:nousdevonsunirnosforcespoursauverlemonde.

Elle attend un instant, comme pour me laisser le temps de digérer ces révélations, puis ellereprend:

–Savez-vous,Deva,pourquoic’estàvousquenousavonsfaitappel?–Jen’enaipaslamoindreidée.

LaconversationquenousavonseueTristanetmoitoutàl’heuremerevientenmémoire,maisjenesaispastropquoienpenser.

– Je pense au contraire que vous avez compris pourquoi c’est de vous dont nous avons besoin

Deva,devous,etdepersonned’autre.–Alorsc’estvrai?luidemandé-je.Jesuislamonaoriginelle?

Elleaunmouvementaffirmatifdumenton.

Moi qui m’habituais à peine à la charge que représente le rôle de mona, me voilà dotée d’unfardeaupluslourdencore…

Oualors est-ce une chance incroyable ? Je vais pouvoir jouerun rôle dans cemonde, peut-êtreéviter des guerres, éviter que des gens innocents ne meurent... Sauver l'humanité, rééquilibrer lesforcesdubienetdumal...

J'enailetournis,serai-jeàlahauteur?

–Nevous inquiétezpas,Deva.Lesortn’accorde jamaisàunêtreunpoidsplus lourdqueceluiqu’ilestcapabledesupporter.

Facileàdire…

–…Croyez-moi,c’estunelourdetâched’êtreàlatêteduclandesAnciens,maisaprèsmillecinqcentsansd’existence,jecommenceàcomprendrepourquoic’estmoiquiaiétéappelée.

Millecinqcentsans?

Mêmepourunvampire,jenem’attendaispasàunâgepareil!

–L’heureestvenuedevousexpliquercequenousattendonsdevous.Pourluttercontrelamenaceà laquellenousdevons faire face, nous allonsdevoir augmentervospouvoirs, afinqu’ils puissentsuppléeràceluidesmonasquiontététuées,etquevouspuissiezmettreuncoupd’arrêtàl’expansiondesvampiresrebelles.

–Augmentermespouvoirs?C’estçaleservicequejedoisvousrendre?–Commevouslesavez,augmentervospouvoirsaugmenteégalementlesresponsabilitésquevous

aurez.Etcelachangeravotrenature.Ainsi,vousdeviendrezimmortellevousaussi.

Jeresteébahieparcettenouvelle.

Immortelle?CommeTristan?CommeIris?

Jeressensunesortedesoulagementàl’idéedepartagerl’éternitéauxcôtésdeceuxquej’aime,etuneimmensesensationdevertigeetdepanique: l’infini, toutàcoup,alorsquej’ai toujourspenséquejevieilliraisetquejemourrais,c’estpresquetroppourmoi!

JeregardeTristan:ilestaussisurprisquemoidelatournurequeprennentlesévénements.

Freiareprendsesexplications:

– Le rituel à accomplir sur vous est assez simple et n’est aucunement dangereux. En revanche,celuiàaccomplirpourqueTristanredeviennehumainest…disonsqu’illuidemanderabeaucoupde

forcemorale.Maisvouscomprenezques’ilvousarrivaitunaccident,nousdevonsêtresûrsquevousayezunedescendanceetquevotrelignéesurvive.Etcommec'estsurTristanquevoussemblezavoirjetévotredévolu,nousdevonsfaireensortequevousfassiezdesenfants.

–Enquoicerituelserait-iléprouvantpourTristan?demandé-je,soudaininquiète.–IlexigequeTristanrisquevotrevie.Votresurvievateniràsacapacitéàrésisteraugoûtdevotre

sang.

Alors,c’estcequecachaitleurplan?CeseraitTristanlui-mêmequimemettraitendangerpouraccomplircequ’ilsontdécidé?

Ilserremamain.Jeleregarde,etcen’estpasdelaréticencequejelissursonvisage,maisunefranche désapprobation. Il n’y a pas de cadeau, pas d’échange dans ce que les Anciens nousproposent : ilsveulentque je soisassezpuissantepour tenirenéchec lesvampires rebelles,etqueTristandeviennehumainafindepouvoirassurermadescendance.

Ilnefautpasquejecraque,nousallonsyarriver,Tristanetmoi...

–En quoi consisterait exactement le rituel quime concerne ? demande alors Tristan. Pourquoiserait-ildangereuxpourDeva?Qu’a-t-elleàvoirlà-dedans?

Savoixestagressive.L’idéequecesoitlui-mêmequel’onpousseàmemettreendangerdoitluiêtreintolérable.

–Le rituel implique qu’aumoment où votre envie de sang sera décuplée, vous devrez boire lesangdeDevasanslatuer,répondFreiad’untondétaché.

5.Lerituel

Tristanestrévolté,àdeuxdoigtsd’exploser.Ilcriepresque:

–CommentçaboirelesangdeDeva?Voussavezquejeneferaijamaisunechosepareille!

Freia garde son calme et son apparente bienveillance,mais l’atmosphère de la pièce a changé.NoussavonsquelesAnciensnenousoffrirontrienparsimplealtruisme,ilsontbesoindenous.

Et ils n’hésiteront probablement pas à nous contraindre à faire ce qu’ils veulent si nousn’obéissonspasdenous-mêmes…

JeposemamainsurlebrasdeTristanpouressayerdelecalmer.

– Attends, Tristan, lui dis-je, laisse-leur une chance de nous expliquer en quoi cela consisteexactement.S’ilsteleproposent,c’estqu’ilspensentquetuenescapable,etjelepenseaussi.Ilsontbesoindenous,toutcommenousavonsbesoind'eux.

Tristanmefixe,incrédule.

Iln’aabsolumentpasconfianceenlui…

–Quellessontexactementlesétapesdurituel?demandé-jealors.Pourquoiest-cequel’enviedesangdeTristanseraitexacerbéeàcemoment-là?

–Tous ses sens le serontpar le ritequenous allons accomplir sur lui. Il devra fairepreuvedecontrôle et d’une grande maîtrise. Il faudra qu’il boive votre sang, et qu’il s’arrête de lui-mêmesuffisammentàtempspourquevousgardiezassezdeforcespourlasuite.

JeregardeTristanunenouvellefois,l’interrogeantduregard.

C’estrisqué,maisnousavonstellementàgagner…

Ethonnêtement, je n’arrivepas à croireune seule secondequeTristanpourraitme tuer. Je saisqu’ilenestincapableetqu’ilsaurasecontrôler,sic’estmaviequiestenjeu.

D’unevoixblanche,Tristanmerépond:

–Jen’yarriveraipasDeva,jen’aipasbudesanghumaindepuisdesannées,recommencertoutàcoup,etboirelesangd’unemona,àunmomentaussicritiquepourmoi,jenepourraipaslefaire…

–Tupourrais redevenirhumain,penseà laviequenouspourrionsavoir, tous lesdeux,uneviepresquenormale…

–Jesuis…Jesuisdésolé,medit-ildansunsouffleavantdedétournerleregard.

Jeluisouris.Jeneluienveuxpas.Maisjen’aipasenviederenoncer,pasmaintenant,passiprèsdubut.

–Moi,j’aiconfianceentoi,mecontenté-jedeluirépondre.

Freia nous regarde avec une expression de pitié sur son visage et je ressens tout à coup uneboufféedehaineàsonégard.Leurpropositionsialléchante,c’estellequinousdéchire,Tristanetmoi. Ils l’obligentàprendreunedécisionqui lui répugne : soit il risquemaviepoursauvernotreavenir,soitilyrenonce,etilporteracepoidsàjamais…

Lachefduclanprendunedernièrefoislaparole.

–C’esteneffetunedécisiondifficile,nousdit-elle.Nousvouslaissonsletempsdevousdécider.Gavrilosvavousraccompagneràvosappartements,oùnousvousferonsserviràdîner.Nousvousavons prévu du sang animal, Tristan, nous connaissons votre… régime. À moins que vous nepréfériezvousjoindreànotrerepas?

Ilyacommeunairdedéfidanslefonddesavoixquandelleposecettequestion.J’essayedemelesreprésenter :seserviront-ilsplutôt la jeunefillequinousaguidésànotrechambrelapremièrefoisouplutôtduchauffeur?

Etsurtout,est-cequ’ilsvontlesmettreàmort?

J’ai unhaut-le-cœur en envisageant toutes ces éventualités.Cesvampiresmedégoûtent et jemesurprendsàressentirunesorted’appréhensionàimaginerqueTristanpuisseaccepterleuroffre.

– C’est hors de question, répond-il en crachant presque cesmots. Je préfèrem’en tenir à mesprincipes.

Unrireméprisantparcourtl’assemblée.Freiaelle-mêmenepeutretenirunsourire.

Commejeleshaistousautantqu’ilssont!

Etjemefichequelamoitiéd’entreeuxpuissentliredansmespenséesetlesachent.Ilsnousontàpeinecachéquepoureux,nousn’étionsquedespions.

– Est-ce que nous pouvons nous retirer dans notre chambremaintenant ? demandé-je avec unepointedecolèredanslavoix.

–Bien entendu. Le rituel doit avoir lieu cette nuit impérativement : c’est la pleine lune, le seulmoment où nous pouvons le faire, et nous n’avons pas de temps à perdre. Nous vous enverronschercherentempsvoulu.

Gavrilospassedevantnous.Tristanetmoilesuivons,maisavantquenousayonspassélaportedelagrandesalle,lavoixdeFreiaparvientunedernièrefoisànosoreilles.Ellenousdemanded’untonamusé:

–Jemedemandesic’estvotrealimentationquiestlacausedelaprédilectionduclanGrantpour

lesjeuneshumaines,etplusparticulièrementpourlesmonas!

Tristannerépondpas,neluijettemêmepasunregard,tandisquenousentendonsFreiarireaveclesautresvampires.

–Dequoiest-cequ’elleparle?chuchoté-jeàTristan.–DeGraham.ElleparledeGraham.

Illaissepasserquelquessecondesdesilencequimeparaissentdureruneéternitéavantd'ajouter:

–Ilaétéfouamoureuxdetamère.

Grahametmamère?!

Jen’aipasenviequeTristanmefassesesrévélationsdanslescouloirssombresdecechâteaudefilm d'horreur, dans le dos deGavrilos que je déteste cordialement et qui nousméprise autant encontrepartie.J’aibeauêtresurdescharbonsardents,j’attendsdoncd’êtrearrivéedansnotrechambrepourqueTristanmedonneplusd’explications.

Àpeinelaporteest-ellereferméequejeluitombedessus.

–Graham?Etmamère?Etpersonnen’ajamaisjugébondem’enparler?

Tristanselaissetomberdansunfauteuiletpassesesmainssursonvisagecommepourreprendresesesprits.

–L’occasionnes’estjamaisprésentée,tuasdéjàappristellementdechosesensipeudetemps…

Ilalestraitstirés.

Pourmoi, tout est clair, je sais ce que je suis venue faire ici,mais lui, il doit se poser toujoursbeaucoupdequestions…

Detoutefaçon,monintentionn’estpasdel’accabler.Cen’estpaslemoment,etsurtout,jen’aipasenviedegâchercesprécieuxinstantsdontnousdisposons.

Onfrappeàlaportepournousapporternotrerepas.Lajeunefilleblondedetoutàl’heurelaisseànotredispositionunepetitedesserterecouverted’unenappeblancheetdeplusieursplatscouvertsdecloches en argent.Dans d’autres circonstances, je serais fascinée par cette débauche de luxe,maisaujourd’hui,mêmeendécouvrantlesplatsdélicieuxservisdansdesassiettesdeporcelainefine,j’aiunebouledansleventrequim’empêched’avalerquoiquecesoit.

DevantTristansetrouveunepochedesangintactequ’ilfixesansytoucher.

–Tudevraismanger,peut-êtrequeceseraplusfacilepourtoi,après…

Je n’ose pasmentionner explicitement ce que couvre cet « après »,mais Tristan l’a aussi biencomprisquemoi.Illuiseraplusfaciledesecontrôlerenmemordants’ils’estnourriauparavant.

Ilmeregardeetjevoisunéclairdecolèrebrillerdanssesyeux.Jemedépêchedechangerdesujetdeconversation:

–Etcettehistoire,entreGrahametmamère,alors…

Visiblement,ilpréfèreparlerdecela.Sonvisagesedétendunpeuetilcommenceàmeraconter:

–Oh,tuvastrouverquecettehistoireaunairdedéjà-vu,medit-ild’untonfaussementdétaché:unvampirequientreàlafacpourêtreplusprèsdelajeunemonasurquiildoitveiller,etquitombeéperdumentamoureuxd’elle…

Jerougisunpeu.

Finalement,Tristanetmoin’avonsfaitqueréécrirel’histoire…

–Quellesétudesfaisait-elle?Mamère,jeveuxdire…

Jenesaispascequim'intéresseleplusdanscettehistoire:enapprendreunpeuplussurGrahamque je connais à peine et dont j’admire le tempérament sage et posé, ou découvrir davantaged'informationssurmamèrebiologique.

–C’étaitunescientifique,medit-ilensouriant.Ellevoulaitdeveniringénieur.

Jesourisaussi.

Moi qui ai toujours été nulle en maths… Est-ce que j’aurais été une personne différente si jel’avaisconnue?Probablement.

–EtelleaeuunehistoireavecGraham?–Non.Elleatrèsvitedécouvertqu’ilétaitunvampire,ouc’estluiquin’apasvoululeluicacher,

je neme souviens plus.Mais cela ne l’a pas effrayée. Elle aimait beaucoupGraham,mais en tantqu’ami,etriend’autre.

–Oh.

C’estunehistoireunpeu triste finalementdesedirequeGrahamaaiméetquecelan’apasétéréciproque.J’essayed’imaginercequej’auraisressentisiTristanm’avaitproposéderesteramis.

J’aurais probablement pris mes jambes à mon cou, ça aurait été une situation bien tropdouloureuse…

MaispourGraham,c’étaitimpossible:ildevaitveillersurelleetilnepouvaitpass’enéloigner.

–Finalement,reprend-il,ellearencontréunhumain,dontelleesttombéeamoureuse,etqu’elleaépousé.Tonpère.

Ellepouvaitaimerunvampire,maiselleesttombéeamoureused’unhumain,alorsquemoi,jesuistombéeamoureused’unvampiremêmesiLiamétaitamoureuxdemoi…

Ces différences entre ma mère et moi me font un drôle d’effet. Comme si nous étions liéesjustement parce que nous avons été confrontées auxmêmes choix, mais que nous avons pris descheminsopposés.

–Tuvois,dis-jeàTristan.Jepensequec’est ledestinquiavouluquenousnousaimions, toietmoi. Et que si le destin nous a amenés jusqu’ici, ce n’est pas pour nous y abandonner. J’aimeraispouvoir fonder une famille avec toi et je pense qu’il est important que je puisse transmettremespouvoirs.Maistuétaisvampirequandjesuistombéeamoureusedetoi,etjet’aimeraitoutautantsitulerestes.Etjerespecteraitonchoix,quelqu’ilsoit.

Tristanouvrelabouchepourrépondre,maisneditfinalementrien.Ilprendmamainetm’attiresursesgenouxavantdemeserrercontreluietdeposersabouchesurlamienne.J’attiresonvisageplusprèsdumienencore.Jeveuxpouvoirmesoûlerdesonparfumetdesonsoufflecontremapeau.Audiablelerepas,j’aifaimdelui.

Mesmainsparcourent son corps, terrain connu, conquisdéjà tant de fois. Il s’abandonne àmescaresses d’abord, avant de retirer mes vêtements un par un, puis de repousser la desserte et dem’entraînercontrelui,nosdeuxcorpsroulantdoucementsurlesoldefaçonrassuranteetdélicieuse.

***

– Mlle White ? M. Grant ? Nous venons vous préparer pour le rituel, nous dit la jeune fillehabituelle,accompagnéecettefois-ciparuneautrejeunefemmeetdeuxhommes.

–Commentcela,nouspréparer?demandé-je,surprise.–Nousdevonsvoushabilleretvouscoifferpourquevoussoyezprêtspourlacérémonie.– Pourquoi est-ce que nous ne pouvons pas nous y rendre comme nous sommes ? intervient

Tristan.–Lesmaîtresontuntrèsgrandsensdudécorum,reprendlajeunefilled’untonégal.

Avantquenousayonspurépondrequoiquecesoit,lesdeuxfemmesm’emmènentdanslasalledebainstandisquelesdeuxhommess’occupentdeTristan.

Enquelquesminutes, onmecoiffe en faisant bouclermes cheveuxavantde les relever à l’aided’épingles,etonmerevêtd’unetuniqueblanche,serréesouslapoitrineetquidécouvremesépaules,conçuedansunesoietrèsfine,quiaquelquechosed’antiquedanssafacture.

Je ne peux pasm’empêcher d’avoir une pensée pour Iris qui aurait adoré partager unmomentpareilavecmoi:c’estbienlaseulequiauraitétéenmesuredesavoureruninstantaussifrivolemêmedanscesmomentsterribles.

Est-cequeTristanseratoujourslàquandjevaissortird’ici?

Jesuissoudainprised’unepeurpaniqueàl’idéequ'ilsoitemmenésansmoiàlacérémonie:jeneveuxpasmeretrouvertouteseuleparmieux.

C’estluimaforce…

Heureusement, quand je sors de la salle de bains, il est toujours là, prêt, vêtu d’une chemiseblanchedelamêmematièrequemarobeetd’unsimplepantalonnoir.Jepeuxpercevoirl’admirationdanssonregardquandilmevoitapparaître.Celamefaitmesentirfièreetplussûredemoi.

Onnousmènedanslamêmegrandesalle.Cettefois,lapiècesembleplongéedansl’obscurité.Elleest simplement illuminée par la lueur de centaines de bougies qui lui donnent un air suranné etsolennel.Lesvampiresontégalement revêtudes tenuesparticulièrespour l’occasion : toussontencostume,ouenrobedesoirée.

Jedevraisêtreintimidée,maisjen’aiaucundoute.Jesuisprêteàm’exposeràtoutcequel’onmedemandera.Jen’aipeurderien.Jenesaispasd’oùmevientcetteforcesoudaine.Peut-êtredeTristanquiesttoujourslà,avecmoi.Oupeut-êtretoutsimplementparcequejesaisquedetoutefaçon,jen’aipaslechoix:jenepeuxplusreculer.

Freias’avancehorsdugroupedesvampiresquinousfixent,Tristanetmoi.Elleporteunesublimerobebleueetdesbijouxenperle.Elle ressembleàun tableaud’autrefois tantelleparaîtdélicateetélégante.

–Voicilasorcièrequiaccompliralesrituels,medéclare-t-elleenmedésignantunefemmed’unecinquantained’années,vêtuedelamêmefaçonquemoi.

Puisellemetendunemaingantée.Prenantmoncourageàdeuxmains,jeluilancealors:

–Jepréfèrequenousaccomplissionsd’abordleritueldeTristan.

Dansl’assemblée,c’est lastupeur.Tristanlui-mêmemeregardesanstropycroire.Ilretientsonsouffleetnebougepasd’uncil.

Aumoins,ilnes’yopposepas.

Dèscetinstant,jedevinequetoutcommemoi,Tristanseplieraàcequ’onluidemandera.Jesaisqu’illeferapournous.Jeluiprendslamainpourluimontrerquej’aiconfianceenlui.

Aprèstout,iln’estpasseuldanscetteépreuve.Jesuislàpourlui,moiaussi.

Freiameregardeunpeusurpriseavantdemerépondre:

–Cen’estpasexactementcequenousavionsprévu,Deva.–Peut-être.Maisc’étaitparcerituelquevousvoulieznousprouvervotrebonnefoi,doncjeveux

pouvoirêtresûredevous.

Unmurmureindignéparcourtlesvampiresautourdenous.J’entendsdesvoixplusfortesquelesautress’exclamerdepartetd’autre:

–Quelleaudace!–J’aitoujoursditquenousnedevionspasnousabaisseràparlementeravecdeshumains.

Jenepensaispasquemaprotestationauraitautantd’effet...

IlmesemblevoirpasserenunéclairdesecondeuneombredemécontentementsurlevisagedeFreia,maisbienvite,ellesereprend.

–Jesuisassezsurprise,Deva,medit-elle,quevousneconsidériezpasqu’avoirpréservévotreviejusqu’icisoitunegarantiesuffisante.Cependant,commenousvousl’avonsdit,nousvoulonsquecetéchangedebonsprocédéssoitcordial.Nousaccomplironsdoncd’abordlerituelsurTristansitelestvotresouhait.

Jesuissoulagéequ’elleaccepte,denepasavoirà luttercontreelle.Franchement, jenesuispascertaine d’être de taille. Je ne saismême pas comment j’ai osé exiger quoi que ce soit, alors queTristan et moi sommes seuls, contre une trentaine de vampires qui nous méprisent et rêventprobablementdesedébarrasserdenous.

EllesetournealorsversTristanetluitendlamêmemain.

– J’en déduis que vous avez décidé de vous rendre à nos raisons, Tristan ? lui demande-t-elle.Nousplaçons,toutcommeDeva,degrandsespoirsenvous.Noussommestouspersuadésquevousnenousdécevrezpas.N’est-cepas,Deva?

Commentose-t-ellecroirequenoussommesdumêmecôté?

Cependant,jenepeuxqu’acquiescer.C’estTristanquejedoissoutenirmaintenant.

–J’accepted’accomplircerite,répondTristan,froidement.

Jesuissifièredeluiquej’enoublieraispresqueoùnousnoustrouvons.Jepassemesbrasautourdesoncouetmepencheàsonoreillepourluimurmurer:

–Tuasprislabonnedécision.Tuenescapable,Tristan.Tun’espascommeeux,tumel’asprouvétellementdefois.

Jesenssesbrasserefermerautourdematailleetsatêtereposerdanslecreuxdemoncou.Jesuissibien, là,contrelui,quejen’oseplusbouger.Jefermelesyeux,pourmieuxoublier l’endroitoùnoussommes, lesvampires toutautourdenous,ces rituelsquinous rendent sinerveux.Malgré labulledanslaquellenousnoussommesenfermés,lavoixdeFreiaparvientcependantànosoreilles.

–Quandvousvoussentirezprêt,Tristan,vousdevrezmordreDevaetboiresonsang.Vousdevrezenboiresuffisammentpourque lesangdesmonaspuisseagirsurvous.Lasorcièrequicollaboreavec nous récitera une incantation pour intensifier le pouvoir du sang deDeva, et son incantationexacerberatousvossens.Résistervousseratrèsdifficile,maisrappelez-vousquesivousnelefaitespas,Devamourra.

Jesenssonsoufflecontremapeausefairepluscourt.Denouveau,jeluimurmure:

–TuenescapableTristan, tu l’asdit toi-même :depuisque l’on seconnaît, tuescapablede te

maîtriserdemieuxenmieux.Ettun’espasunebête,ilyalongtempsquetuasabandonnécetaspectdetoi.Tuesdéjàtellementhumainpourmoi…

Il ne répond pas. La sorcière commence à réciter, d’une voix basse et envoûtante, une formuleentêtantedansunelanguequejenecomprendspas.

Tristan etmoi sommes toujours l’un contre l’autre, quand soudain, dansmon cou, je sens cettesensationbrûlantequej’aidéjàressentieàdeuxreprises.Unedouleurlancinantemeparcourtjusquedans lanuque,et jesens lesangpalpiterdansmonoreille.JesaisqueTristanacommencéàboiremonsang.

Jel’entendsdéglutir,d’abordavechésitation.Puissesbrasautourdemoiseresserrentavecplusdeforce.Cependant,jesaisbienquecen’estpaspourm’empêcherdemedébattrequ’illefait,c’estplutôtpour tenterde se raccrocher àmoi,pournepasoublierqu’ildoit semaîtriser. Jeposemesmainssursatêteetcontinuedeluimurmureràl’oreille,d’unevoixunpeuaffaiblie:

–TupeuxlefaireTristan,j’aitellementconfianceentoi.Tum’aspermisdedécouvrirquij’étaisvraiment.Sijepensequenoussommescapablesdepassercetteépreuve,c’estgrâceàtoi…

Ses bras autour demoi se font caressants.Les battements demon cœurme semblent ralentir ets’unir au rythme du sien. Je me sens faiblir, un peu plus à chaque seconde, et pourtant, je resteconfiante.Jesaisqu’ilsauras’arrêter.

Je commence à être prise d’un léger vertige. Se rend-il compte que s’il ne me tenait pas, jepourraism’effondrer?

J’ai perdu la notiondu temps. Je ne sais pasdepuis combiende tempsnous sommes ainsi, l’uncontrel’autre.Jenesaispascombiendetempsencorevadurernotreétreinte.Jesaisjustequ’au-delàdeladouleur,au-delàdelatorpeurquim’envahit,jemesensétrangementbien.

Mavoix est-elle encore audible ?Tristan est-il tropobnubilépar l’odeurdemon sang, ledésirimpérieuxdeleboire,etlebesoindeseretenir?

Jesaisqu’ilm’entend,qu’ilsaitcequ’ilfait.

–Nousallonsêtresiheureuxquandtoutcelaseraterminé,siheureux…Jet'aimeTristan.

Mavoixsebriseetjemesensvraimentsurlepointdedéfaillir.

Çanedevraitplusêtrelongmaintenant,jesuisàbout…

Àcemoment,Tristanmelâchebrutalement.J’entrevoisàpeinesonvisage,sescrocsrougisparmonsang.Ilm’apparaîtcommeunvraivampire,pourladeuxièmefoisdemavie.

Etladernière…

Aulieud’êtrehorrifiée,jeletrouvebeau.

Jemanquedetombertantjemesensfaible,etjesuisrattrapéedejustesseparquelqu’un,vampire,humain, jenesaispas, jen’aimêmeplus laforcedem’ensoucier.Etsoudain,avecuncri rauque,Tristans’effondresurlui-même,dansdesspasmesdedouleur.

6.Épreuves

Ma tête tourne. Tristan est à terre et souffre, visiblement. Je me débats dans les bras qui memaintiennentpourallerlevoir,pouvoirleserrercontremoi.

Jemesuismontréefortejusque-là,maistoutàcoup,jememetsàpaniquer.Jen’aiplusdeforcepourmedéfendre,Tristanmourrasipersonnenefaitrien,carilabumonsang.Sitoutcecin’étaitqu’unplanpoursedébarrasserdenous?SilesAnciensavaientmenti?

Toutmeparaîtsilent.

Pourquoi est-ce que personne ne bouge ! Pourquoi est-ce que personne ne fait rien pour aiderTristan?

Jeme révolte intérieurement,mais je suis incapable dem’exprimer ou de bouger, je suis tropfaible.

Ilsm’ontutiliséepourtuerTristan,etmaintenant,c’estmoiqu’ilsvonttuer…

D’ailleurs,peum’importe,finissons-ensic’estcequ’ilsontprévu.

Mais au moment où je suis sur le point de perdre complètement espoir, la voix de Freia meparvient.

–C’estbon,lesangdelamonaadûsuffisammentagir.Isis,faites-luiboirevotresang.

Jetournelatêtedanslamêmedirectionqu’elle.Unetrèsjeunefille,quial’aird’avoir15ans,dontlevisagedepoupéeestentourédebouclesbrunes,sedirigealorsversTristan.Paradoxalement,cetAncien-làestpeut-êtreleplusjeunevampirequej’aijamaisvu.

Isiss’agenouilleprèsdeTristanetentaillesonpoignetd’uncoupdecroc,avantdeleporteràsabouche.Unimmensesoulagementsefaitenmoi.

Rapidement,lessoubresautsquiagitaientlecorpsdeTristansecalment.Ilresteétenduàterre,lesyeuxfermés,sansconnaissance,maisilneparaîtplussouffrir.Jemeretiensdemejetercontrelui,d'embrasserchaquecentimètredesoncorpsmeurtri,de lecaresserafinquemesmainspuissentseréjouirellesaussiqu'ilsoitbienenvie.C’estàcetinstantquejemerendscomptequelesincantationsdelasorcièresesonttues.Depuiscombiendetemps?Jen’enaiaucuneidée.

Freiavientàmoietprendmonvisageentresesmains.

–Tristanestmaintenanthorsdedanger,Deva.C’estlemomentpourvousdesuivrelerituel.Ilestbienplussimpleetbienmoinséprouvant,ayezconfiance.

Je suis si affaiblie et si soulagéede savoirqueTristanvabienque le restem’est complètementégal. Je laisse la sorcière prendre ma main gauche, en étendre les doigts, et en retirer la bagued’argentquejeporte,labaguedesmonas,quesetransmettenttouteslesfemmesdemalignée.

Jesuisdesyeuxchacundesesmouvements.Lasorcièreportelabagueversleplafondilluminédechandelles et prononce encore desmots d'une voix gutturale. Je ne comprends pas le sens de sesgestes,maisjerestefascinée.Onluiapportesurunplateaud’argentunpetitverreencristalcontenantuntoutpetitpeudeliquiderougesombre.

Dusang…Maislesangdequi?

–Voicilareliquedusangdelamonaoriginelle,s’écriealorsFreia,d’untonsolennel.

Lasorcièreetelles’approchentdemoi.Avecuneaiguilleargentée,lasorcièrepiquemondoigtetlepressepour faire tomberquelquesgouttesdans leverre.Elle agit ensuitede lamême façon surFreia, et sur elle-même,de sortequenos sangs soientmélangésà celuique contient déjà le verre.Puis, en continuant de répéter inlassablement la même formule dont je ne perçois pas le sens, lasorcièreprendmabagueetlaplongedansleverrequ’ànouveauelleélèveau-dessusdesatête.

–Lesangdestroiséléments,naturelsetsurnaturels,quicomposentlemonde,reprendFreiad’unevoixpuissante.

Je me sens aller de mieux en mieux. Je me sens plus forte. Je me libère des mains quim’empêchaientdetomber,etmeredresse.

Est-cequeçaauraitunlienaveclerituelquivientd’êtreaccompli?

Freiaelle-mêmemetendlabaguequejem’empressederepasseràmondoigt.

Cettefois, jen’aiplusdedoute: toutest lié.Jenemesenspasseulementplusforte: jemesenspluspuissante.C’estcommesijeposaisunregardnouveausurlemondequim’entoure.Lalueurdesbougiesmeparaîtplusbrillanteetplusnuancée.Jen’aipluspeurderien,c’estcommesiplusriennepouvaitm’atteindre.

JemeprécipiteversTristanetm’agenouilleàcôtédelui.Ilcommenceàouvrirlesyeux.Detoutefaçon, je sais qu’il va bien. Je perçois des choses nouvelles qui, il y a quelques minutes encore,m’auraient complètement échappé. Je regarde Tristan et je vois bien qu’il est différent des autrespersonnesquinousentourent.Ilm’apparaîttoutàcoupparfaitementévidentqu'ilesthumain.

Quand il se relève, il me prend dans ses bras etme serre contre lui, comme il nem’a jamaisserrée,commes’ilavaitvraimentcruquej’allaisluiéchappercettefois.Ilavraimentdûpenserqu’ilpourraitmetuer.

–Deva,tuvasbien?medemande-t-il,d’unevoixfolled’inquiétude.–Çaamarché,Tristan,nepuis-jem’empêcherde luidire, toutamarché !Nousallonspouvoir

êtretellementheureuxdésormais!Nousallonsvivretouslesdeux,àtoutjamais!Nousauronsdesenfantsensemble,etmême,nousprendronsnosrepasensemble!

Il sourit à cette dernière remarque. Je haïssais les Anciens mais malgré leur égoïsme et leurcruauté,jenepeuxpasm’empêcherdeleurêtrereconnaissante.JemetourneversFreia:

–Alors,jesuisimmortellemaintenant,moiaussi?–Àtoutjamaisvotrecorpsgarderal’apparencequ’ilamaintenant.Vousvivrezpourtoujours,à

conditionquepersonnen’attenteàvotrevie.Vousnepourrezmourirqu’àconditionquequelqu’unvoustue.

–Etnosenfants,quedeviendront-ils?Est-cequ’ilsseronthumains,aussi?Est-cequ’ilsvivrontpourtoujours?

–Vos enfants atteindront l’âge d’homme,mais ils ne deviendront pas des vieillards.Cependant,vosfillesn’hériterontpasdevotrepouvoirdemona.

–Pourtant,est-cequecen'étaitpaslebut?m'étonné-je.–Lebutest lapréservationde l'équilibredesforces,merépondFreia.Lefaitquevouspuissiez

avoirdesfillesestavanttoutunesécurité,aucasoùilvousarriveraitquelquechose.Maisilnepeutyavoirqu'uneseulemonaoriginelle.

Mesfilles…

Toutcela,cetavenirdontj’aitellementrêvé,meparaîttoutàcoupsiréel!

–Etenquoimespouvoirssont-ilsdécuplés?

Pourlapremièrefoisdepuisquejel’airencontrée,Freiasembleunpeugênéepourrépondre.Elleréfléchitetsemblepesersesmots.

–Voussaurezdistinguerinstinctivementlesvampiresdesautreshumains,afindepouvoirmieuxvousenprotéger.Nousnepouvonspasvousdonnertouslesdétailsdecequevousserezdésormaisen mesure de faire, mais sachez que vous pourrez lutter quasiment à armes égales contre lesvampires...sibesoinest...

–Àarmeségales?– Disons que vous allez rapidement développer certaines techniques de défense qui vous

surprendrontpeut-être,maisquevousapprendrezàcontrôlerbienvite.

Sesparolessontpresquesibyllines,maisilmesemblecomprendrepourquoi.

Elledoitavoirpeurquej’utilisemespouvoirscontreelle,oucontrelesvampiresprésentsici…

Tristanestmaintenantcomplètementremisluiaussi.UnserviteurapporteàFreiaunmessagesurunplateaud’argent.Elledépliedélicatementlepapierpuislelitenfronçantlessourcils.Ellenousditensuite:

–Onm’apportedesnouvellesdechezvous.Malheureusement,celles-cinesontpastrèsbonnes…–Quevoulez-vousdire?demandeTristan,inquiet.–Quelesvampiresrebellesontbiencontinuéleurprogressionverslenord,luirépond-elle.Vous

devezvousdépêcherderentrerchezvousafindelesempêcherdedevenirplusfortsencoreetpouraiderlesvôtres.

L’atmosphère n’est plus aux réjouissances. Il est tempsmaintenant d’affronter unemenace plusinquiétantepeut-êtrequecellequenousavonsencourueenvenantici:cettefois,cesontaussilesviesdenosamisquivontêtremisesendanger...

***

LesAnciensontdenouveauaffrétépournousunavionprivé,afindenousraccompagnerauplusviteàMissoula.Nousprofitonsàpeinedecesquelquesheuresderepos.Avantdepartir,TristanaeuquelquesminutespourjoindreGraham:illuiaparuinquietetluiaditqu'Elliottetluis'attendaientàêtreattaquésd'uneminuteàl'autreparunehordedevampiresdéchaînésetsepensanttoutpuissants.Cetteidéemefaitfroiddansledos.

Nousarrivonsàl’aéroportdeBillings.Alorsquejeterminelesformalitésdouanièresetrécupèremonpasseport,j’entendsTristanm’appeler:

–Deva,viensvoirça!

Jemerapprochedelui.Ilalesyeuxsurl’undesgrandsécransdetélévisionquiornentlesalléesde l’aéroport. Sur une chaîne d’informations, on évoque en boucle une série de meurtres,soupçonnantqueleoulestueursauraientsuiviuncheminallantdel’ArizonaauMontana.

S’ilssavaientàquelpointcequisepasseestgrave,ceseraitprobablementlapanique…

Lanuitest tombéedepuislongtemps,maisTristanetmoigardonsnotresang-froid.LesAnciensontégalementprévuunevoiturepournousaccompagnerjusqu’àMissoula.Pendantletrajet,TristanappelleGraham:

–Oui,noussommesenroute,envoiture,pasloindeMissoula,commentvontleschosesparchezvous?…Tuasraison,rienquelaprésencedeDevaiciadéjàdûlesaffaiblir,leschosesnepeuventqu’allermieuxmaintenant…Dianeestensécurité?…Nousseronslàd’uneminuteàl’autre…

Quandilraccroche,jevoisbienqu’ilesttoujourspréoccupé.

–QuedisaitGraham?luidemandé-je.–Riendenouveau:Dianeestaumanoir,aveclui,ElliottetIris.Liamyestaussi.Apparemment,il

techerchait,maisquandilaapprislasituation,iladécidéd’utiliserl’arsenalquenousavionstrouvéchezleprofesseurTayloretderesterpourdéfendreDianeluiaussi.

Liam?Ilmecherchait?

Mon cœur se serre quand je repense à notre dernier échange, mais j’imagine qu’il a dûcomprendrelesraisonsdemonattitudedepuis…

Les derniers kilomètres me semblent durer des heures. Nous avons peur d’arriver trop tard.Pourtant,quandlavoiturenousarrêtedevantlagrilledelademeuredesGrant,toutsemblecalme.

Nousnousdépêchons,Tristanetmoi,derentrerdanslamaison.Irisest lapremièrequejevois.

Ellefondsurmoietmeserredanssesbras.

–Alorstuasréussi?!s’exclame-t-elle.

Iris,laseulepersonneàpouvoirmefairesourire,quellequesoitlasituation.Jesuisheureusedelaretrouver.

–Oui,touts'estbienpassé,luiréponds-je,soudaingagnéeparsonenthousiasme.–Quepeux-tufairedeplusqu'avantalors?Jesuistellementcurieusedeconnaîtretesnouveaux

pouvoirs!

Jesuisunpeugênée.

–Jenesaispastroppourl'instant...Jemesensdifférente,c'estcertain,pluspuissante...Maisnousavionstellementpeurqu'ilvousarrivequelquechose,noussommespartisprécipitamment,sansquej'aie le tempsdedécouvrirmesnouvellescapacités,etdansl'avion, ilétaithorsdequestiondem'yessayer,çaauraitététropdangereux,tucomprends...

Tristan salue ses frères et leur raconte brièvement ce que nous avons vécu.Dianeme sourit deloin,etprèsd’elle,j’aperçoisLiam.Jemedirigeaussitôtverslui.

–Jesuistellementdésolée,commencé-je,gênée.

Maisilm’interrompt:

–Cen’estrien,Deva.C’estlavie,nousfaisonsdeserreurs.Ladernièrefoisquej’enaifaitune,j’aiététransforméenvampire,alorsjedoisbienpouvoirtepardonnerunfauxbaiser!

Décidément,jesuisentouréed’amisenor!

Maismonbonheurestdecourtedurée:àpeineavons-nousposénosbagagesqu’unbruitdeverrebrisévientcoupercourtànosconversations.Jemeretourneetaperçoisalorsdanslesalonunevisiond’apocalypse : les rideaux ont commencé à s’enflammer, des cris nous parviennent sans que nouspuissionscomprendrecequisedit.

–Ilssontlà!

Àsuivre,nemanquezpasleprochainépisode.

Egalementdisponible:

SexFriends:LucyetArthur

LucyapoussésonamieChloédanslesbrasdubelAlistair,maiselleétaitloindesedouterqu'ellecraqueraitpourArthur,lefrèrejumeaudecelui-ci.Plussauvageetbadboyquesonfrère,maistoutaussibeau,Arthurestdotéd'uncharmemagnétiqueetd'unebeautéanimalequibouleversenttotalementlajeunefille.Ellen'avaitprévuquederestertroisjoursàNewYorkavantderentreràLondres...maiscestroisjourspourraientbienêtredeceuxquichangentunevieàjamais!

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