Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux...

50

Transcript of Rejoignez les Editions Addictives sur les réseaux...

RejoignezlesEditionsAddictivessurlesréseauxsociauxettenez-vousaucourantdessortiesetdesdernièresnouveautés!Facebook:cliquez-iciTwitter:@ed_addictives

Egalementdisponible:

SexFriends-Etplussiaffinités

Lesexesanslessentiments,unhommesanslesinconvénients.Unanaprèss’êtrefaitlarguerparsonpetitami,Janes’estinstalléesurlacôteOuest,fuyantsonpasséetsafamille…Ellequin’attendplusriendesesrelationsavecleshommestentedesereconstruireàlacampagne,loindesesdéboiresamoureux.

Tapotezpourvoirunextraitgratuit.

Egalementdisponible:

Noël,monmilliardaireetmoi

Noël,unmilliardaire…quedemanderdeplus?

Milliardaireaupassédouloureux,HarrisonCooperdétestelesfêtes.IlserendpourtantdansleMontanapourretrouversafamille.MaryElligsonestsonopposée,étudianteviveetenjouée,elleestuneamoureuseinconditionnelledeNoël.Entreeux,toutcommencemal:jetantleurdévolusurlemêmecadeau,MaryetHarrisonsedisputentaumomentoùilsfontconnaissance.Ilsaimeraienttouslesdeuxneplusjamaisserevoir!MaislamagiedeNoëlpeutfairedesmiracles,etvoilàqueleurscheminssecroisentànouveau!Invitésàlamêmesoirée,coincéssousunebranchedegui,ilsnepouvaientimaginerpiresituation…Etpourtant,dehasardsensurprises,ilsnevontcesserdeserapprocher…Maispourront-ilssesupporter?

Tapotezpourvoirunextraitgratuit.

Egalementdisponible:

Mavie,mesrêvesetlui

Dèsqu’ils’agitdesentiments,JuneSachsestunegrandeempotée!Ellenepossèdepaslemoded’emploiluipermettantdedécoderlesintentionsdesautres.RaphaëlWarrenestsûrdelui,trèssûrdelui…etheureusement,carilvadevoirl’êtrepourdeux!

Tapotezpourvoirunextraitgratuit.

Egalementdisponible:

Jeuxinterdits

À15ans,j’airencontrémonpireennemi.SaufqueTristanQuinnétaitaussilefilsdelanouvellefemmedemonpère.Etqueçafaisaitdeluimondemi-frère.Entrenous,laguerreétaitdéclarée.Etonn’apastenudeuxmoissouslemêmetoit.À18ans,leroidesemmerdeursrevientdupensionnatoùilaétéenvoyépourlelycée.Ilasondiplômeenpoche,lesyeuxlesplusperçantsquisoientetunsourireinsupportablequej’aienvied’effacerdesagueuled’ange.Oud’embrasserjustepourlefairetaire.

Tapotezpourvoirunextraitgratuit.

Egalementdisponible:

Encore!

Miatientlecourrierducœurauseind’unecélèbreradiodeSeattle,écoutant,conseillant,rassurantsanscesselescœursmaladesquil’appellentsouventtarddanslanuit.Maisseulederrièresonmicro,lecœurbriséparunerelationquis’estmalterminée,lajeunefemmenecroitplusenl’amour,ellepourtantsiapteàenparlerauxautres…Parleplusgranddeshasards,soncheminvacroiserceluideHarryBannister,milliardairerécemmentéluHommedel’année.Pragmatique,controlfreak,solitaire,Harryesttoutsoncontraire.Etpourtant,ilsvontdécouvrirensemblequelaviepeutêtrebienplusdouceetdrôleàdeux!

Tapotezpourvoirunextraitgratuit.

PhoebeP.Campbell

LUIRÉSISTER…OUPAS

Volume5

1.Unrevirementinattendu

Quand Tessa referme doucement la porte derrière elle, je rouvre les yeux. Pelotonnée sous lacouette,j'aifaitsemblantdedormirpournepasavoiràparler…

Pardon,Tessa.

Depuismon retour en catastrophe chez nous,mameilleure amie est aux petits soins pourmoi,comprenantmieuxquequiconquelessouffrancesquejetraverse.

Voilàplusdevingt-quatreheuresque j'aiquittéJoseph, le laissantseulenpleinrestaurant,aprèsavoirjetélecontenudemonverresurlui.Plusdevingt-quatreheuresdurantlesquellesiln'apastentéuneseulefoisdemecontacter…cequimeconfortedansmadécision.

Hélaspourmoi,cettecertituded'avoirfaitlebonchoixnem'empêchepasdesouffrir.Josephmemanqueplusquetout.Sonodeur,sachaleur,saprestance,lecontactdesapeau,safossetteadorablelorsqu'ilsourit,notreincroyableconnexionphysique…

Stop!!

Son humour, sa manière de me regarder d'un air narquois parfois, sa façon détendue dereconnaître quand je le déstabilise et jusqu'au surnom de « petite tête de mule » qu'il me donneparfois.

–Oh,j'enaimarre,gémis-jeenlaissantéchapperunsanglotépuisé.

D'un geste exaspéré, je balance mon oreiller au pied du lit, de toutes mes forces, envoyantvaldinguermontéléphoneportableparlamêmeoccasion.

Tantpis,jem'enfous.

Quipourraitm'appeler,detoutefaçon?Mesparents?Pasquestionquejeleurrépondedanscetétat,mamèredevineraitquequelquechosenevapasets'inquiéteraitimmédiatement…EtTessapensequejedors.QuantàJoseph…j'aibiencomprisqu'ilnefallaitplusrienattendredecemec.

Ilestsûrementtropoccupéàm'accuserd'êtreresponsabledel'attitudedeJohn!

Sitantestqu'ilpenseencoreàmoi…

Aussitôt,jemeremetsàpleurer,terrasséeparlaréalité:Josephetmoi,c'estbeletbienterminé.Etj'aimal.

***

Ouvrantlesvoletssansprendredeprécautions,Tessamesortd'unsommeilchargédecauchemars.

–Allez,debout!lance-t-elle,impitoyable.J'airamenédequoibruncher,jepréparetoutçapendantquetutedouches!

–Tessa…grogné-je.Laisse-moi,j'aipasenvie.– Je sais, réplique-t-elle en tirant surmesdraps,me faisant protester deplusbelle.Mais je sais

aussiqueresterdanslenoircommeuneâmeenpeine,cen'estpastoi!–Jesuisfatiguée.

Mameilleureamies'assoitàcôtédemoietprendmamaindanslasienne.Jelèveunœilmaussadesurelle.Sesyeuxvertsmefixent,pleinsdecompassion.

–Non,tuasunchagrind'amour,fait-elledoucement.– Si, je suis fatiguée, Tessa, je t'assure, reprends-je, la voix tremblante. Je suis fatiguée deme

tromper,fatiguéed'avoirdessentimentspourdesmecsquifinissenttoujoursparmefairedumal…–Amen,masœur,soupire-t-elle.Tuvassortirdulit,tedoucher,t'habillercommesituallaisbien,

venir bruncher avec tameilleure copine et on va discuter de ton plan d'attaque pour que ça ne sereproduisepas,OK?

–T'asfaitunstagedanslesMarinesouquoi?lancé-je,avecencoreunpeudemauvaisehumeur,maisconscientequeTessaaraison.

–Estime-toiheureusequenon,tuseraisdéjàentraindefairedespompes.Allez,àladouche!

***

QuandTessamevoitsortirde lasalledebains, lescheveuxhumides,habilléed'un jeanetd'uneblousecolorée,ellesourit,puisapprouveensilence.

Demoncôté,mêmes'ilnes'agitqued'apparence,lefaitdememaquillerlégèrement,demasquertantbienquemallegonflementdemesyeuxetdeporterdesvêtementsquej'aime,mefaitdubien.

Pasbeaucoupdebien,maisc'estdéjàça…

J'ai quitté Josephpourmeprotéger, jemedois de rester logique : pas question de sombrer, deregrettermonchoixnidemerendremaladepourlui.

Tessaadresséunejolietabledansnotrepetitsalon.Jesourispresque,touchéeparseseffortspourme remonter lemoral.Elle a achetédesviolettes,qu'elle adisposéesauxquatrecoinsde lapièce,dansdes petits verres.Sur la table du salon, des toasts, une saladede fruits frais, du chocolat, desmini-pizzaset…unegrandecarafedeMimosa!Letraditionnelcocktaildesbrunchs, jusd'orangespresséesetchampagne.

–Tuveuxmesaouler?demandé-je,unpeusoupçonneuse.–Tedétendre,rienàvoir,faitaussitôtTessa,metendantunedesdeuxflûtesqu'ellevientdeservir.

Àl'amitié!Etàl'avenir!–Àl'amitié.Merci.

Marousseamiesecontented'unclind’œiletboitunegorgéedesoncocktail.J'enfaisautantetréalise qu'il va me falloir manger quelque chose rapidement, si je veux éviter de retourner mecoucherdansquelquesminutes!

***

Endébutdesoirée,noussommestouteslesdeuxaffaléessurlesol,aprèsavoirvidélacarafedeMimosaetdévoréquasimenttoutelanourriturequeTessaavaitrapportée.Durantdesheures,ellem'aécoutée lui parler de Joseph, de combien il était merveilleux et épouvantable à la fois. De fil enaiguille,nousavonsaussireparlédesamésaventureavecMax,qu'ellenecroiseraprobablementplusjamaischezAlistair.

–Jecroisquec'estcequimefaitsipeuravecJoseph,confié-je,soudain.–Quoi?–Jevaislerevoir.Sansarrêtjusqu'àlafindemonstage.

Je réalisequevendredi, jenemesuispasdu toutprésentéeàmonposte, tropbouleverséepourmêmepenseràprévenirquiquecesoit!Jemeredresse,consternéedenepasyavoirpenséavant.

–Tessa!fais-jed'unevoixstridente.–Quoi?Quoi?s'inquièteaussitôtmonamie,s'asseyantelleaussid'unbond.–Etsijemefaisaisvirerpourabandondeposte?J'aidéjàeudesennuisdansmonancienstage

avecMax,alorssicettefoisc'étaitButlerIncorporationquimevirait?

Mon cœur bat à tout rompre à l'évocation de cette éventualité. Àma grande surprise, Tessa serallonge,visiblementsoulagée.

–Franchement,ilsnerisqueraientpasunprocèspourharcèlementsexueldelapartd'unestagiaire,tutefaisdesfilms.TucroisvraimentqueJosephestdugenreàsevengercommeça?demande-t-elle,aprèsuneminutedesilence.

–Non.

Ma réponse a fusé, spontanée.Au plus profond demoi, je le sais : Joseph a des défauts, il estcolérique,impulsif,jaloux…maispasmesquin.Jamaisilneferaitunechosepareille.Tessatournelatêteversmoi.

–Ben,tuvois,fait-elle.–Maisilnem'apasappeléepourautant,remarqué-je,unpeuamère.–C'estvrai.Jen'aipasditqu'iln'avaitquedesqualités.Maislui,aumoins,n'apasprislapeinede

tecontacteruniquementpourtefairedumal.

Contrairementàcequ'avaitfaitMax.

CetteremarquedésabuséedeTessamerendmuettepourplusieursminutes.Sansquejen'ypuisserien faire, les souvenirs de nos baisers dans son bureau, l'ascenseur… les regards compliceséchangésquandnousnous croisionsdans les couloirs…Toutme revient,mevrillant le cœur. J'ai

beauressentirde lacolèreenvers luiquand j'évoquesesderniersmots, injustesetcruels, je l'aimeencore…etunequestionvientmetarauder,encoreetencore.

–Tessa…–Hum?–Tucroisquej'aibienfait?medécidé-je,finalement.–Pourquoitumedemandesça?–Parceque…J'aipeurque…qu'aprèsJohn,jesoispeut-êtreunpeutropméfianteoutrop…Jene

saispas,reprends-je,metournantverselle.Jesuispartiecommeunefurie,jeneluiaipaslaisséunechancedes'excuser.Tucroisquej'auraisdû?

Tessa me regarde, songeuse, prend le temps de réfléchir, une moue sérieuse sur son visagehabituellementrieur.

–Tuasréagiainsiparcequ'il t'ablesséeenparlantcommeil l'afaitetça,n'importequi l'auraitcompris. Je ne vais pas te donner de conseil,ma vie amoureuse n'est pas si brillante pour que jepuissemelepermettre,ajoute-t-elleenlaissantéchapperunpetitrire.Maisjesuissûred'unechose:tueslafillelaplusintelligentequejeconnaisseettunepeuxpasavoirfaitunechosestupide.

–T'esgentille,mais…J'aipeut-êtreprésentéàJosephunefacturequiappartientàJohn,tuvoiscequejeveuxdire?

–Oui,jevois,maisc'estjustequetuasunpassé,desréactionsdepeur,deméfiance,c'estnaturel,ets'ilneveutpaslecomprendre,ehbien…c'estqu'iln'estpaslebonpourtoi,meréponddoucementmonamie.Parcequetespeurs,çafaitpartiedetoi,c'estquitues…

Un silence accueille la sortie de Tessa. Je laisse quelques larmes couler sur mes joues. Elle araison, siçanemarchepas,c'estqu'ilnem'aimepascomme jesuis.Ouquenousnesommes toutsimplementpascompatibles.

–C'estfou,jenesaispascommentjepeuxêtreaussibrillantequandils'agitdesautresetdeveniraussidébilequandj'aiuncoupdecœurpourunmec,soupirealorsmonamie,d'unairnavré.

Et, sans pouvoir rien y faire, je pouffe, pensant d'ailleurs que son diagnostic peut tout à faits'appliqueràmapersonne.Aprèsm'avoirjetéunregardétonné,Tessasejointàmoiet,bientôt,nousfinissonsencrisedefourire,aumilieudeskleenexroulésenbouleetdenosverresvides.

***

Majournéeapocalyptiquepost-parutiondemaphotodansuntabloïdétaitfinalementpirequecequejeviensdetraverseraujourd'hui,ausiègedeButlerIncorporation.Personnen'étantaucourantdemaruptureavecJoseph,monabsencedevendredin'amêmepasétéabordéeparArnoldetBritney,tous deux aussi occupés que moi par le lancement des lignes Honey. Agatha, quant à elle, n'avraisemblablementmêmepasremarquéquejen'étaispaslà…

Parcontre,ilestclairquelemomentoùj'aicroiséJosephdanslehalln'apasétéfacileàvivre.J'airedoutécetinstanttoutelajournéeetc'estenquittantleslieuxquejemesuisretrouvéefaceàlui,quientraitaupasdecoursedanslebâtiment.Nousnoussommesaperçusenmêmetemps,maisquandj'ai

vuqu'ilsedirigeaitversmoi,levisagefermé,sesyeuxturquoisedardéssurmoi,j'aipaniqué…etj'aiprislafuite,profitantdelafoulequigrouilleenpermanenceaurez-de-chausséedelatourButler.

Deretourchezmoi,jeréalisequemalignedeconduite,àsavoirresteràbonnedistancedeJoseph,risquedenepasêtrefacileà tenir, tantcethommemefaitdel'effet.Si j'aifui,cen'estpastantparcraintedecequ'ilpouvaitmedirequepournepas tropm'approcherde lui.Rienquede levoir aprovoquéchezmoiuneréactionphysiqueincontrôlable.Machinalement,jefermelespoings:ilmesemblesentirladouceurdesapeauauboutdemesdoigts.

–Çasuffit,ilfautquej'oublieça.

Heureusementpourmoi,quelqu'unfrappeàlaported'entrée.Contentedecettedistraction,jemeprécipitepourouvrir.

Joseph!

Muettede stupeur, je reste immobile, lamain sur lapoignéede laporte.Devantmoi, se tient legrandJosephButler,danslemêmecostumequ'ilportaitquandjel'aicroisé,uneheureplustôt.L'airabattu,lesyeuxtristes,ilmedévisage.

–J'aimeraisqu'onparle.Tuveuxbien?medemande-t-ild'unevoixéteinte.

Je sensmes résolutions fondre commeneige au soleil devant son attitude blessée, impossible àfeindre.Cethommequej'aivudirigersonempireindustrield'unemaindefer,respectédetous,setrouve sur le pas dema porte, àme demander si j'accepte de lui parler…Et je doisme rendre àl'évidence:j'aienvied'entendrecequ'ilaàmedire.Jeluifaissigned'entrer.Jevaisl'écouter,maisjenedoispasoublierdequellemanièreilm'aaccuséed'êtreincapabledemeprotégerdeJohn.

Cesouvenir ravivemacolèreet je restedeboutdans lecouloir, lesbrascroisés, sans l'inviteràs'installerdavantage. Ilhoche imperceptiblement la têteetdemeure luiaussidans lecouloir, faceàmoi,l'airembarrassé.

–Jemesuisconduitcommeuncrétin.Jen'avaispasàfaireça,c'estjusteque…quandjevoiscesaletypes'enprendreàtoi,çamerenddingue!Jevoudraisjustequetumelaissest'aider,débute-t-ilrapidement,lavoixbasse,maisferme.Jeviensteprésentermesexcuses.

Samanièred'allerdroitaubut,sansfairedefaux-semblant,medéstabilise.Johnm'avaithabituéeàparlerbeaucoup,en tournantautourdupot, sans jamais reconnaître ses torts. Josephn'aeuaucunehésitation,maissaprisedeconscienceest-elledurable?Ets'ilrecommençait?

–Jelesaccepte,dis-je,lavoixvacillante.Maistuavaispromisdenerienfaireettuasagiderrièremondos,Joseph!

Ilbaisselatête,confus.

–Jesais,j'aieutort,jeleregrette.

Relevantlatête,ilplantesesyeuxturquoisedanslesmiens,sanschercheràfuirmonregard.

–Pardonne-moi.– Mais comment veux-tu que je te fasse confiance ?! m'écrié-je, émue par sa sincérité, mais

décidéeàallerauboutdecettediscussion.Iln'yapasquepourJohn!Regarde,tuasmêmeéloignéArnolddemoi,sousprétextequetuesjaloux!Alorsqu'enfait, jenel'intéressepasdutout, ilsortavecCamilla!

Josephtressaille,sincèrementsurpris.Ilpassesamaindanssescheveuxblonds,lesébouriffantaupassage.Unemèchedoréevientbarrersonregardtranslucide,luidonnantunairfaroucheetsexyquimefaitfondre.

Jenedoispasmelaisserdistraire.

–Jen'aipascherchéàt'empêcherdevoirArn…commence-t-il.–Nemeprendspaspouruneconne,Joseph,lecoupé-je,sansaucuneindulgence.Tul'asconfiéà

Normanpourl'éloignerdemoi.–Putain…Jesuisunabruti,murmure-t-ilcommepourlui-même.Dis-moicequejedoisfaire…

Jen'aiaucuneidéede…commentmecomporter,ajoute-t-il,piteusement.

Jeréalisequebienqu'ilsoithabituéàprendreseulsesdécisions,àtoutdiriger…pourlapremièrefois, il accepte de s'en remettre àmoi pour notre relation. L'étau qui enserraitmes côtes jusqu'icisembleserelâcherenfin.

Jenesaispassiçapeutmarchermaisjedoisessayer.

–NemeparleplusdeJohn,pourcommencer,fais-jed'unevoixplusdouce,décroisantlentementlesbras.Fais-moiconfiance.

–Trèsbien,jenet'enparleraiplus,répète-t-il,faisantuneffortvisible.–Alorsdanscesconditions,jepourraipeut-êtretedemanderdel'aide.–Tuleferas?demande-t-il,pleind'espoir.–J'aidit«peut-être»,insisté-je,ferme.

Enfin, il sourit. Faiblement d'abord, puis plus franchement, en secouant la tête. Je fronce lessourcils,sanscomprendre.

–Tuestoujoursaussidureenaffaires,finit-ilparlâcher.Têtedemule…

Àmontourjesouris,haussantlesépaules.

–Nemefuispluscommetul'asfait,Olivia,ajoute-t-ildansunsouffle.Jenepeuxplusmepasserdetoi.

Savulnérabilitéassuméemetoucheaupointdemefairemonterleslarmesauxyeux.Jemejettecontrelui,tandisqu'ilmeserreàm'enétouffer,balbutiantdesmotsd'amour,avantdem'embrasseràen perdre haleine. J'ai l'impression que nous nous retrouvons après des mois de séparationinvolontaire. Nos mains courent sur nos vêtements, détachent les boutons, arrachent, découvrent,

caressent, empoignent… Bouches soudées, nous nous dirigeons vers ma chambre, semant nosvêtementssurlesol.

***

Depuislundi,toutachangé…Aprèsunesoiréetorrideàl'appartement,Josephm'aemmenéechezlui, d'où je ne suis pas encore repartie ! Les recommandations de Tessa me semblent désormaisinutiles, tant le dialogue est fluide entre lui et moi. Comme si notre dernière dispute avait libéréquelquechose.

AuseindeButlerIncorporation,lelancementdelaligne«SacredHoney»,destinéeàdevenirunproduitmythiqueuniquementadresséauxstarsinternationales,estsurlepointdesefaire:letravaileststimulant,excitant,etlafouguedeJosephenaffaires,sesidéesbrillantesfontquechaquejourjesuisunpeuplusattiréeparlui.

Jamaisjen'auraisosérêvervivreunechosepareilleunjour.

Finalement, serait-ce possible que ce soit aussi simple d'être parfaitement heureuse ?Me faireconfianceet…luifaireconfiance?

2.Opérationcoup-de-poing

De:[email protected]À:[email protected]:RéunionclubexternshipOlivia,J'ai cru comprendre que vous n'aviez pas pu vous rendre disponible pour les deux premièresréunionsdes étudiants enexternship.Même si je comprends que votre stage soit prenant et quevoushésitiezàquitterleslocauxprestigieuxdelasociétéquivousaccueille,j'insistesurlefaitquecesréunionssontunmoyendetisservotrefuturréseauprofessionnel.Olivia,croyez-moi,négligervotreréseau,mêmepouruneétudianteaussibrillantequevous,c'estvouspriverd'unatoutcrucialpourvotrecarrière.Ilmesemblequ'ilyajustementundéjeunerprévuauclubaujourd'hui.Pensez-y.PrJohanson

Bon,jecroisquecettefois,jen'aipluslechoix.

Jereconnaisquejen'aipasvraimentététrèssérieusequantàceclub…préférantsystématiquementêtre auprès de Joseph.Mais lemail demonmentor est clair : j'ai sous-estimé l'importance de cesréunionsetilesttempsqueçacesse!Avecunsoupir,jeprendsmontéléphonepourjoindreJoseph.

–Allô?fait-ild'untonimpérieux.–C'estmoi,Olivia.–Oh…JesuisavecNorman,meprécise-t-il,rapidement.Toutvabien?–Oui, oui, je ne te retiendrai pas longtemps, je voulais juste te prévenir que je ne pourrai pas

déjeuneravectoi,cemidi,débité-jeàtoutevitesse.

S'ilestavecsonamidanssonbureau,c'estqu'ilsdoiventdiscuteraffaires,notreconversationseradoncbrève.

–Tuasunsouci?medemande-t-ilaussitôt,prévenant.–Non,aucun,justeuneréuniond'étudiantsàlaquellejedoisassister.–OK,jecomprends.J'iraidéjeuneravecNorman.Onsevoitplustard?–Avecgrandplaisir.–Parfait.

Etsansaucuneautredémonstrationaffective,Josephraccroche.Jesoupire, résignée,etaprèsuncoupd’œilàl'horlogedemonordinateurjedécidedemerendreaussitôtsurlecampus.

–Bon,jedoisfileràlafac,jeseraideretourendébutd'après-midi,lancé-jeàmescollègues.

Britney,autéléphoneavecuneattachéedepressed'ungrandmagazinedemode,d'aprèscequejecomprends,serendàpeinecomptedemondépart.QuantàArnold,unécouteurdansl'oreillegauche,illèveunemaindistraitepoursignifierqu'ilm'aentendue,sanscesserdefixersesécrans.Detoutefaçon,depuisquejel'aiaperçuentraindesebécoteravecCamilla,iloseàpeinemeregarderdanslesyeux…

***

Noussommesunevingtained'étudiantsendroitetpresqueautantd'enseignantsetprofessionnelsreconnus, diplômés de la faculté deNewYork. Jememêle à la foule, picorantmoi aussi dans lebuffetmisànotredisposition,unverredethéglacéàlamain.Jesaluelesquelquesconnaissancesquej'ai déjà. Tiffany, une grande brune, issue d'une bonne famille new-yorkaise, se détourne à monapproche,visiblementmalàl'aise.Jen'insistepas:depuismaruptureavecJohn,jesuishabituéeàcequecertainespersonnes,quej'aiautrefoiscôtoyées,metournentledos.Quandonpossèdelecarnetd'adresses de mon ex, on a évidemment plus d'influence qu'une inconnue qui doit travailler pourremboursersonprêtuniversitaire.

Et,contrairementàmoi,leprofesseurJohansonn'oubliepasce«détail».Ilabienfaitd'insisterpourquejevienneàcesréunions.

–S'ilvousplaît!S'ilvousplaît!

Comme tous lesautres, je tourne la têtevers le fondde la salle,où je reconnaisMarkAllen, leprésidentactueldececlub.Unsourireéclatantàlabouche,ilgrimpesurunesortedepetiteestradedanslebutvraisemblabledefaireundiscours.

–Merci à toutes et à tous de votre présence. Je sais que vous êtes très occupés, aussi je vousproposedecommencer.Aujourd'hui, sinousavons fixénotre rendez-vousà l'heuredudéjeuneretnonplustard,c'estpouravoirleprivilèged'accueillirparminousquelquesanciensdel'universitéquiexercentaujourd'huiauprestigieuxbarreaudeNewYork!

Nousapplaudissons,tandisquederrièreMark,cinqpersonness'avancent.

Nomd'unchien!J'auraisdûm'endouter!

Souriantmodestement, entreunavocatd'affairesaux lunettesépaissesetuneprocureureconnuepourlasévéritédesesréquisitoires,se tientJohnMcDumphy,quia tombélavestedesoncostumegris.J'entendsàpeinelasuitedudiscoursdeMark,sicen'estlepassageoùilremerciechaudementlescinqprofessionnelsd'avoiracceptédeservirde«parrainsetmarraines»àceclub.Lalumièresefait : je comprends maintenant où et comment John a eu ma nouvelle adresse mail chez ButlerIncorporation.IlluiasuffidedemanderlalistedesétudiantsetleurscoordonnéesàMark,tellementenadmirationdevantluiqu'iln'yavuaucunmal.

Comme lorsque je sortais avec John et qu'il commençait à abuser du scotch, je participe auxconversations, mais sans jamais perdre de vue l'endroit où il se trouve. Différence notable :aujourd'hui,jen'essaiepasdevoirdequellehumeurilest,maisplutôtderesteràbonnedistancede

lui.Heureusement,j'aifinalementlachancedepouvoirapprocherlacélèbreWilmaCarringhton,uneavocated'affairesquiafaitparlerd'elleenmettantàgenouxunemultinationalequivoulaitracheterles brevets d'une petite entreprise duMontana, dans le secteur des jeux électroniques.Un véritabletour de force qui a fait d'elle une référence en matière de propriété intellectuelle et droitsd'exploitation.Avecsonpetitmètrecinquanteetsacoupedecheveuxpixieblonde,c'estuneversionféminineparfaitedeDavidcontreGoliath…Durant lesvingtminutesquedurenotreconversation,j'oublietotalementmonex,tantWilmaestbrillante.

Etjecroisquelecourantestpasséentreelleetmoi!

Ellemedonnemême sa carte devisite avant de s'éclipser. Je souris, ravie, et glisse cepremiersésamedansmonsacàmain.Aprèsunrapidecoupd’œilàmonportable,j'estimequ'ilesttempspourmoideretournertravailler.Deplus,j'espèreobscurémentqueJohn,fidèleàlui-même,serabientropoccupéàjouerlesmodèlesàsuivrepourserendrecomptedemondépart.

Commeça,j'aiunechancedel'éviterpourdebon.

Hélaspourmoi, jen'étaisvisiblementpaslaseuleàgarderunœilsurl'autreet je l'aperçoisquiprend congé de ses interlocuteurs, à peine ai-je passé la porte. Dans le couloir, j'accélère le pas,fonçantàl'extérieursansattendre.

–Olivia!Attends!faitunevoixautoritairederrièremoi.

Tupeuxrêver!

Sansmêmemeretourner,jememetsàcourirsurlecampus.Vucequim'estarrivéladernièrefoisquejel'ailaissém'approcher,jen'aiqu'uneseulepriorité:éviterdemeretrouveràmoinsdetroismètres de mon ex. Un instant, je pense avoir réussi à le semer, tablant pour qu'il rechigne à mepoursuivreenpleinejournée,devanttémoins,lecampusétantpleind'étudiantsquidéjeunentdehors.Maisquandj'arriveprèsduportail,entrelesdeuxcolonnesdebriquesrouges,unétauserefermesurmonbrasgauche.

–Jet'aiditd'attendre,grinceJohnprèsdemonoreille.

Je reconnais bien là sonmode opératoire : de loin, on pourrait croire qu'il cherche juste àmeprévenirdesaprésence,sansaucuneagressivité.Sonvisageafficheunsourire,maissesyeuxlancentdeséclairs.Samainremonteversmonépaule,commepourmedonneruneaccolade,maissesdoigtss'enfoncentdansmachair,mefaisantgrimacerdedouleur.Ilmeforceàm'approcherdelui.

–Tucroisalleroù,commeça?murmure-t-ilàmonoreille,entresesdentsserrées.

Tétanisée,jen'arrivepasàmedégager.

C'estdoncçaqu'onéprouvequandonvitunétatdesidération…

Cetteréflexiontraversemonesprit,commesij'assistaisàcettescènedeloin.Pourtant,c'estbiende mon épaule qu'irradie la douleur sous la poigne de John. Mais soudain, je vois ce dernier

écarquillerlesyeuxetsejetersurlecôté,perdantl'équilibresurletrottoir.

–Lâche-la,salopard!

Portant machinalement la main à mon épaule libérée, je me tourne vers Joseph, qui vientd'apparaîtreàmescôtés.Lespoingsserrés, il toiseJohnd'unairméprisant, lesyeuxd'unbleudur,vibrantd'unecolèretellequej'enfrissonne.

–Qu'est-ceque…balbutieJohnenserelevant.

Enuneseconde,Josephs'estjetésurluietluiassèneunénormecoupdepoingauvisage.Monexs'affaledenouveausurlesol.

–Jet'aiditdelalaissertranquille,luiordonneJosephd'unevoixpresquetropcalme.

John,sonné,secouelatête,maisnetenteplusdeserelever.IlregardeJoseph,lapeurgagnantpeuà peu sur la stupéfaction dans ses yeux. Pas une seule fois il n'ose poser son regard sur moi…Réalisantd'unseulcoupquelesgenscommencentàsedirigerversnous,jesaisisJosephparlebras.

–Partonsd'ici,chuchoté-jerapidement.Maintenant.

Sansunmot,ilpassesonbrasautourdemonépauleet,unedizainedepasplustard,noussommesprèsd'unevoituredesportdontilouvrelaportièrepassager.Prévenant,ilm'aideàm'installer,avantdeprendreplaceàsontoursurlesiègeduconducteur.J'aiàpeineletempsd'apercevoirmonex,quiserelèvepéniblement,danslerétroviseur,quenoustournonsaucoindelarue.

***

Il me faut quelques minutes pour rassembler mes esprits et réaliser ce qui vient de se passer.Josephconduit,ensilence,lesmainscrispéessurlevolant.

–Jet'emmèneauxurgences,déclare-t-il.–Non,non,cen'estpaslapeine,jevaisbien!réponds-jeprécipitamment.–Olivia,cetypet'aagresséesousmesyeux,tunepeuxpasallerbien,insiste-t-il,sanscacherson

inquiétude.–Jet'assurequeçava,lerassuré-jeencore.Tuesintervenuavantqu'ilnesepassequoiquecesoit,

ajouté-je,aprèsunehésitation.

Josephme jette un coupd’œil rapide, sans répondre. Je crois noter une légère détente dans sesépaules.

–C'estvrai,reprends-je.Cettefois,toninterventionétaitlabienvenue.–Tulepenses?medemande-t-ilalors,visiblementsoulagé.–Jelepense.Merci.

Joseph ne répond rien et ne cherche pas à savoir ce qui s'est passé avec John avant qu'iln'intervienne.Toutencontinuantdeconduire,ilposesimplementsamaindroitesurlamienne.Jela

saisisetremarquealorsunelégèreenflure,conséquencepalpabledelaforceaveclaquelleilafrappémonex.Unrirenerveuxm'échappealors,àl'évocationdecedernier,étalésurledos,enpleinerue,danssonbeaucostume,unairstupéfaitsurlevisage.

–Quand je pense à la tête qu'il a faite, pouffé-je, sanspouvoirme retenir.Lui qui est tellementhabituéàsauvegarderlesapparences!

Jeris,àpetitscoups,des larmesperlentaucoindemesyeux…LamaindeJosephserreunpeupluslamienne.Jeprendsalorsunegranderespiration,désireusedemecalmeravantquemesnerfsnelâchentpourdebon.J'aieupeur…etjesuissoulagéequeJosephaitétélà.

–Tupassaisparlà?demandé-jesoudain.–JesuisvenudéjeunerdanslequartieravecNormanetj'aivoulutefaireunesurpriseenpassant,

m'explique-t-ilalors.–Pourunesurprise…murmuré-je.Jecroisquec'estledignehéritierdesMcDumphyquil'aeue:

les quatre fers en l'air devant desbâtiments financés enpartie par son entrepreneur immobilier depère…

–Commentça?faitJoseph,fronçantlessourcils.McDumphy,commeRobertMcDumphy?–Oui,c'estlepèredeJohn.Tuleconnais?–Deréputation,répondsobrementJoseph,aprèsuncourtsilence.

EntrelaçantmesdoigtsàceuxdeJoseph,jesoulèvesamainenfléejusqu'àmeslèvresetdéposeunbaisersurledosdecelle-ci.Josephmejetteunregardtendreetmesourit.

– En tout cas, je pense que cette fois John a compris qu'il vaut mieux me laisser en paix !m'exclamé-je,réalisantqu'enfinj'enaiprobablementterminéaveccettehistoire.

Poussantungrandsoupir,jem'étirejusqu'àfairecraquermondos.Jesensmatensionnerveusededissoudre,tandisquej'observeducoindel’œilmonbeaublondconduiresouplement,dansletraficdense de New York. Nous arrivons sur la Cinquième Avenue, où Joseph plonge bientôt dans unparkingsouterrain,situésouslatourButler.

–Jen'avaisjamaisremarquéqu'ilyavaitunparking,ici!m'exclamé-je.–J'aiencorequelquessecretspourtoi,figure-toi,merétorque-t-il,amusé.

Jehausse les sourcils en souriant, séduiteune foisdepluspar l'adorable fossetteque j'aperçoisquandiltournelatêteversmoi.

–Tucroisquejepourraistouslesdécouvrirunjour?–Commepourunjeudepiste?metaquine-t-il.–Hum…Quelquechosecommeça,rétorqué-je,surlemêmemode.Etpourchaquesecretmisà

jour,j'auraisunerécompense.

Iléclatederireetsepencheversmoi.

–Voilàquimesembleunpeuintéressé,MlleScott,murmure-t-il,avantdem'embrasserdoucement.

Posantmamainsursanuque,jeluirendssonbaiser,fermantlesyeux…oublianttoutlereste.

3.Escapadeentêteàtête

Je m'étire voluptueusement dans les draps de soie. Avant même d'ouvrir les yeux, je sais queJoseph a déjà quitté le lit.Avecun soupir, je roule surmoi-même et plongemonvisage dans sonoreiller, respirant son parfum, me remémorant avec bonheur les sensations de sa peau contre lamienne.J'aidormilovéecontreluitoutelanuit,aprèsuneétreintedespluspassionnées.Finalement,jemerésigneàouvrirunœiletsaisismonportable:11heures!

Maispourquoim'a-t-illaisséedormiraussitard?!

Même si aujourd'hui, nous n'avons rien prévu, aucun rendez-vous, aucune obligation, j'ai bienl'intentiondeprofiter de lui durant tout leweek-end ! Jeme lève aussitôt et foncedans la salledebainsattenanteàsachambreimmense.Contrairementàcelleoùilm'avaitemmenéelapremièrefoisquej'aipassélanuitchezlui,pasdebaignoirecirculaire,maisunsystèmeaudioderniercriavecunedouche à l'italienne immense, alliant confort et efficacité. Bientôt, l'eau crépite sur ma tête, mesépaules. Toutmon corps se réveille, tandis que jeme savonne avec l'un des flacons hors de prixlaissés là à disposition. La ligne « agrumes » de Butler est un régal pour tous les sens : mousseépaisse,parfumincroyableethydratationmaximaledel'épiderme!Cesproduitssontvraimentàlahauteurdeleurréputation.

Hum…J'ail'impressiondemetrouverdansunvergerdemandarines,c'estdélicieux…

Je souris,malgrémoi.Voilàque jememets àpenser« corporate»,y compris sous ladouche,alorsquejesuisenweek-end.Maisvulasemainequenousvenonsdepasser,cen'estpasétonnant.Maintenantqueleproblèmedesruchesestrésolu,lapériodedeturbulenceslaissepeuàpeuplaceàuneintenseactivité,teintéed'excitation.Lelancementde«BlessedHoney»,lalignedestinéeaugrandpublic, est prévu pour le 23 décembre. L'objectif affiché est de créer un véritable événement, unengouementsansprécédentquiferaparlerdelui-même,àlapériodedeNoël.

Lacommunicationfaitepréalablementsurlaligne«SacredHoney»,quineserapasvendue,maisofferteàdespersonnalitéssoigneusementchoisies,devraassurerlesuccèsdelalignegrandpublic.L'idéeestaudacieuse,maisleplanningmillimétré–quivientdéjàdesubiruncontretemps–rendledéroulementde cette stratégie commerciale risqué…et l'ensembledes employés concernésunpeunerveux.Noussommesdébutnovembreetlatensionestdéjàmontéedeplusieurscrans.

Jen'osepasimaginercequeçaserami-décembre!

Mais commeme l'a dit Joseph, ce n'est pas la première fois qu'il procède ainsi, en prenant desrisques.Mêmesi,d'aprèscequej'aicrucomprendre,iln'apastoujourseul'ambitiondefaireentrerundesesproduitsdanslalégende…Réfléchissantàtoutça,jesorsdeladoucheetenfileuneroberosefoncé,courte,faited'unesortedelainageincroyablementdoux,avecundécolletédansledos,quime laisse une épaule découverte.Décontractée,mais sexy ! Impatiente de retrouver Joseph, jedescendsdanslesalon,nonsansadmirerlavuesurNewYorkofferteparlesimmensesbaiesvitrées

del'appartement.

Jenem'yhabitueraijamais,c'esttellementépoustouflant!

Joseph,installéàlatabledelasalleàmanger,devantunetassedecaféetuneassiettequicontenaitvraisemblablementdesœufsbrouillés,lèvelesyeuxdesonordinateurenentendantmespas.

–Bonjour,biendormi,j'imagine?mesalue-t-ilavecsonsourireirrésistible.–Merveilleusement,réponds-jeendéposantunbaisersurseslèvressensuelles.Maistuauraisdû

meréveillerplustôt!–Pourquoi?Tudormaistellementbienquejen'aipaseulecœurdet'interrompre,fait-il,passant

samainsurmajoue.Tubrunchesavecmoi?ajoute-t-il,fermantsonordinateur.–Avecplaisir!Jemeursdefaim!

Aussitôt,deuxserveursquejen'avaisjamaisvusauparavantentrentdanslapièceetinstallentsurlatable une théière brûlante, des viennoiseries, de quoi faire un breakfast anglais, des pancakes, dufromage…Lanappeserecouvred'assiettes,deplats,decorbeilles,tantetsibienquejefinisparrire.

–Tuattendsdesinvités?demandé-je,hilare.–Non,maisaprèslanuitquenousavonspassée,jemesuisditquetuauraisbesoindereprendre

desforces,merétorqueJoseph,trèssérieusement.

Je rougis aussitôt, jetant un regard aux serveurs. Mais ceux-ci demeurent impassibles, commefrappésdesurditépartielle.Jenedisplusrien,meservantunthéblancauxmyrtillesetprofitantdel'abondancequim'estofferte.

Décidément,ilcombletousmesappétits!

Après quelques minutes, où Joseph et moi échangeons des plaisanteries, parlons de choses etd'autres,jevoiscedernierdevenirplussérieux.Comprenantquequelquechoseletracasse,jefroncelessourcils.

– Joseph, que se passe-t-il ? Tu es préoccupé, je le vois bien, ajouté-je, soutenant son regardturquoisesansfaiblir.

–Àvraidire,j'hésitaisàt'enparler,maisoui,quelquechosem'inquiète.–Jet'écoute,fais-jeaussitôt,lagorgeserrée.

Josephgardelesilencequelquessecondessupplémentaires,visiblementmalàl'aise,cequiachèvedem'angoisser.Puissoudain,ilsemblesedécider,plantesesyeuxdanslesmiensetrepoussesatassedecafé.

–J'aimeraisreparlerdetonex,JohnMcDumphy.

Jelèvelesyeuxauciel,prêteàlâcherunsoupirexaspéré.

– Uniquement si tu es d'accord, Olivia, reprend Joseph avec empressement. Ce n'est pas de lajalousiedemapart,jesuisinquietpouruneraisonprécise,jet'assure,argumente-t-ilprudemment.

Sesprécautionsm'adoucissentetsonairsincèrementennuyécommencemêmeàm'alarmer.

Jepeuxaumoinsl'écouter,jeverraiaprès.

–OK,vas-y,fais-jefinalement.

Josephhochelatête,soulagé.

–Lapremière foisque j'ai suquecepetit salopardétait tonex, jen'aipasprêtéattentionà sonnom,m'explique-t-il.

Commec'étaitaprèsavoirvuunephotodeseslèvressoudéesauxmiennes,çapeutsecomprendre…

Jenerelèvepas,unpeugênée.

–Cettesemaine,j'aicomprisquiétaitsonpèreetdonclafamilleàlaquelleceJohnappartient…Tuasdéjàrencontrésonpère?medemande-t-ilsoudain.

– Euh, une ou deux fois seulement, c'est un homme d'affaires très occupé, d'après ce que j'aicompris,expliqué-je,unpeuperplexe.

– Hum. Occupé et discret, surtout, me répond Joseph, sérieux. D'autant plus discret qu'il a deshabitudesassezpeucompatiblesaveclalumièredujour…

–Qu'est-cequetuveuxdireparlà?demandé-je,intriguée.–LesMcDumphysontconnuspournereculerdevantaucunemanœuvrepourobteniruncontratou

se débarrasser d'un concurrent,m'explique alors Joseph d'une voix dure. Ils ne se battent pas à laloyale.Pots-de-vin,intimidations,ilssontprêtsàtoutpourarriveràleursfins.

Unfrissonglacécourtlelongdemonéchine.Jesensmonvisagesedécomposer:ceportraitdelafamilledeJohnéclairesoudaind'unjournouveaul'attitudedecedernier.

– Il y a deux ans, un entrepreneur concurrent, sur le point d'arracher un contrat de plusieursmillionsdedollarsàRobertMcDumphy,aosédénoncerlestentativesd'intimidationdontilavaitétévictime. Apparemment, sa femme et lui avaient été menacés par des hommes cagoulés, qui lesattendaientchezeux,auretourd'unesoirée.

–Oh,monDieu!EtlepèredeJohnaétésoupçonné?– Le pauvre entrepreneur n'a pas eu le temps de déposer plainte contre lui, il a fait une chute

malencontreusesurunchantier.Mortsurlecoup.Sonépousearefusédetémoigner.

Jeresteuninstantmuette,souffléeparcequejeviensd'apprendre.Labouchéedebriochequejevenaismachinalementdeprendremedonnel'impressiondes'êtretransforméeenpapiermâché.

–Tuveuxdireque…tucroisqu'ilaététuépar…

Jen'oseterminermaphrase.

–JecroisquelesMcDumphysontdesgensdont il fautseméfier,déclaredoucementJoseph.Etj'aurais aimé avoir ton accord pour que Norman s'assure que John te laisse bien tranquille,désormais.

–Unesortedesurveillance,donc?demandé-je,prudente.– C'est ça, une sorte de surveillance, pour que je sois certain que tu ne cours aucun danger,

acquiesce-t-il,comprenantqu'ilm'aconvaincue.–OK…Si tuprometsquejeserai tenueinforméedecequeNormanpourra trouver,négocié-je

toutdemême.

Pasquestiondeluicéderlespleinspouvoirs,mêmesicequ'ilvientdemeraconterfaitfroiddansledos.

–Évidemment,fait-il,metendant lamainpar-dessusla table.Bon,etmaintenantquenousavonsfiniaveclessujetsdésagréables,quedirais-tud'allerprendreunpeul'air,ceweek-end?

Jesouris,mesouvenantdesmomentsparticulièrement tendreset torridesquenousavonspassésdans sa propriété des Hamptons et acquiesce aussitôt, ravie. Je préviens Tessa par SMS, qui merépond que, de toute façon, elle a prévu tout un week-end avec son groupe d'écriture créative.Quelquesminutesplustard,nousnousengouffronsdanslaRolls-Royce.

****

–Quandtum'asparléde«prendrel'air»,jen'imaginaispasquetuenvisageaisça…–Déçue?medemandeJoseph,unsourireamuséauxlèvres.–Idiot!fais-jeenriant,conscientequejedoisavoirl'airpluséberluéquedéçu.

Aprèsunvoldecinqheuresdanssonjetprivé,nousavonsatterrisurl'îleCalivigny,aulargedeGrenade…Sous nos yeux : lamer desCaraïbes, calme et d'une limpidité presque surnaturelle, laplagedesableblancquifaitletourdel'île,lescocotiers.

– Mais… il n'y a personne ? demandé-je, d'un seul coup, réalisant qu'à part le quadragénairesouriantquiaprisnosbagagesànotrearrivée,noussommesseuls.

– Ilyaunpeudepersonnel,mais j'ai loué toute l'îlepour leweek-end, répondnonchalammentJoseph,enmeguidantversunpetitcheminombragé.

–Tuasquoi?!

Jem'arrêted'unseulcoup,n'osantcomprendrecequ'ilvientdemedire.Ilseretourneversmoi,sonfabuleuxsourirecreusantsajouegauche,savourantl'effetdesadéclarationsurmoi.

– C'est un vrai plaisir de te surprendre, Olivia, murmure-t-il alors, en m'enlaçant, avant dem'embrasserenmepoussantcontreuncocotier.

Sa main saisit mon menton, son pouce vient entrouvrir délicatement mes lèvres, qu'il caressedoucement de sa bouche entrouverte. Rapidement,mesmains àmoi viennent se poser sur la toilerugueuse de son jean brut, cherchant le bombé de ses fesses. Soudain, sa langue vient chercher lamienne.Nousnousembrassonsàperdrehaleine,àl'ombred'unsoleilradieux.

Auloin,seulsnousparviennentleclapotisdesvaguesetleschantsdesoiseaux…Quandnoslèvresseséparentenfin,j'ailatêtequitourne,lesoufflecourtetl'espritenfeu.Contremoi,Josephplonge

sonregarddanslemien,sanscachersesintentions.Contremonbas-ventre,jepeuxsentirsondésirbrut,sansfard…Jenesuispaslaseulequecetteétreintefurtiveamisedanstoussesétats.

–Tupeuxmesurprendrecommeçaquandtuveux,soufflé-je,encoreunpeuétourdie.–Jen'ymanqueraipas,répond-ilsurlemêmetonavantdemeprendrelamainpourm'entraînerà

sasuite.

***

Lerestedel'îleestàlahauteurdecequej'aidécouvertenarrivant.Nousallonspasserleweek-enddansunedesvillasmisesàladispositiondes«invités».Josephachoisilamaisonlaplusprochedela plus grande plage. Nichée au cœur d'un immense jardin tropical, elle comporte une terrassepanoramique à couper le souffle et sur laquelle nous pourrons admirer le coucher du soleil, dansquelquesheures,ainsiqu'unesuitesomptueuse…

–Aveclitkingsize,memurmureàl'oreillemonravisseur,quisembles'amusertoujoursautantenmevoyantm'exclamerchaquefoisquejedécouvreunenouvellemerveille.

Jesourissansrépondre,sentanttoujoursunesourdepalpitationaucreuxdemonventre.JenemelassepasderegarderJosephdéambulerdansl'immensedemeure,lesfessesmisesenvaleurdanssonjeanparfaitementcoupé, sescuissesmuscléesque j'aienpermanenceenviede toucher…Danssonsimple tee-shirt blanc, qui ne cache riende samusculature, il est le fantasmevivant que toutes lesfemmesontunjourconvoquédansleursrêveslesplusfous.

Etc'estavecmoiqu'ilest…àportéedemain,debouche…

Pourmapart, j'ai troquémarobedelainage,appropriéepour l'automnenew-yorkais,maisbientropchaudedanslesCaraïbes,pourunesimpletuniquedecotonnadeblancheetdessandalesplatesencuir.

Bientôt,alorsqu'unmajordomenousfaitvisiterlesmoindresrecoinsdelavilla,jen'écouteplusrien,nefaisantqu'admirerlecorpsdeJoseph,lacouleurdesesyeux,meretenantdepasserlesdoigtsdanssacheveluredorée.

Nous échangeons des regards chargés d'électricité, jouant l'un avec l'autre.Taquin, Josephposemille et une questions au majordome, qui répond de bon cœur, donnant des détails, racontantl'histoiredelamaison.

Chaque fois que nous passons une porte, Joseph s'efface pourme céder le passage, juste assezpourquejedoivelefrôler,cequejenemeretienspasdefaire,pourleplaisirdesentirsonsoufflesesuspendre. Je sens son regard sur moi. Lui aussi me détaille, à la dérobée. Je fais balancer meshanchesquandjemarchedevantlui,mecambrepourmieuxadmirerunevuesurlamer,melècheleslèvresenlisantlemenucensénousêtreservidanslasoirée.

Quand (enfin !) la visite est terminée, je suis un concentré d'impatience. Joseph saluetranquillement lemajordome, qui ne doit pas en revenir d'avoir eu affaire à des « invités » aussi

intéressésparsavisite,avantdesetournerversmoi.

Sansmêmeluilaisserletempsderéagiroudirequoiquecesoit,jemeruesurlui,soulevantsontee-shirtpourpassermesmainssursonventre,sondos…Avecunpetitrire,ilm'accueillecontrelui,passe lui aussi ses mains sous le tissu de ma robe, caresse mes cuisses et remonte doucement,m'arrachantunsoupird'excitation.

–Tun'aspasaimélavisite?medemande-t-il,d'untoninnocent.–Si,c'étaitparfaitcommepréliminaires,rétorqué-jeenmefrottantcontrelui.

Ilgémitsourdement,puisremontematuniquepar-dessusmatête.Docile,toutaussiimpatientequelui,jelèvelesbras,quittantmomentanémentlecontactdesapeautièdeetdouce.

–Eh!protesté-jesoudain.

Contrairement à ce que j'avais cru, il ne me retire pas ma tunique, mais s'en sert pourm'immobiliserlesmainsau-dessusdematête.

–Tun'aspasledroit!crié-je,indignéedesatraîtrise.–Quiaditça?fait-il,mimantl'intérêtsincère.

Maislalueurdanssesyeuxnelaisseaucundoutesursespensées:ilsaittrèsbiencequ'ilfaitetestparfaitementsatisfaitdusuccèsdesaruse.Jesecouelatête,abaissantmesbrasdevantmoi.

–Cen'estpasfair-play,protesté-je.–Eneffet,murmure-t-ilalors,frôlantmeslèvresdessiennes.

Jefermelesyeux,malgrémoi.Maissoudain,jesensqu'onmesoulèveet,enunquartdeseconde,mevoiciemportée,jetéesursonépaulecommeunvulgairecolis!

–JosephButler!Tumeposestoutdesuite!crié-je,riantetrageantàmoitié.–Jen'entendsriendutout!secontente-t-ilderépondre,unsouriredanslavoix,marchantd'unbon

pasendirectiondufameuxlitkingsize.

Je finispar rireauxéclats, tantmasituationm'apparaît absurde.Lesmains immobiliséesdevantmoiparmatuniqueentortilléeautourdemespoignetsparJoseph, jetéeentraversdesonépauleettransportéeainsijusqu'àlasuiteoùnousavonsnosquartiers,dansl'incroyablevillaexotiqueoùnousallonspasserleweek-end.

–Joseph!Tun'aspasledroit!m'indigné-je,nepouvantm'empêcherdeglousser.–Jecrois,aucontraire,quejeviensdem'accordercedroit,réplique-t-il,faussementsérieux.

D'uncoupd'épaule, ilouvre laportedenotre suite.Uneodeurenvoûtantemeparvient : senteurépicée du bois sombre dans lequel sont taillés les meubles, notes florales des élégants bouquetsdisposésunpeupartout,parfumsucréprovenantdujardinsurlequeldonnentnosfenêtresouvertes.

Soudain, Joseph me lâche sur le matelas de l'immense lit king size, qui trône au centre de la

chambre.Poussantunlégercri,mevoicisurledos,unpeuétourdie,lesmainstoujoursattachéesetensous-vêtements!

Josephs'abatsurmoi,danssonjeanetsontee-shirtblanc,sublime.Ilattrapemespoignetsetlesremonteau-dessusdema tête,enmêmetempsqu'ilposesabouchesur lamienne.Lepoidsdesoncorps sur le mien me fait aussitôt de l'effet. J'ouvre les jambes pour les passer autour de lui,répondantàsonbaiseravecfièvre.

Déjà,durantlavisite,j'aicesséd'écouterlaprésentationdumajordomepouradmirersesmusclesfessiers impeccables, imaginant mes mains caressant sa peau tiède… Alors maintenant que noussommesenfindanscelit,jepeuxmelaisseralleràmondésirsansfaux-semblant.

Oh,Joseph,j’aitellementenviedetoi!

LalanguedeJosephsepromènesurmeslèvres,plongedansmabouche,partàlarencontredemaproprelangue,l'agace…Puisilcommenceàm'embrasserdanslecou,descendprogressivementversmesseins,encoreemprisonnésdansmonsoutien-gorgededentelleblanche.Jegémisetmecambre,lesyeuxfermés,lesmainstoujoursfermementmaintenuesparlapoigneinflexibledemonamant.Jesuisàsamercietj'adoreça…Impatiente,jesensmesseinssetendredéjà,avantmêmequeJosephneleseffleure.

Doucement,ilsoulèveladentelleetfaitpasserlalingeriepar-dessusmesseins.Curieusement,jemesensbienplusànue,partiellementdéshabillée,ques'il avait totalementôtémonsoutien-gorge.Instinctivement, j'esquisse un geste pour dégrafer moi-même la pièce de lingerie, mais Josephm'empêchedebouger.J'ouvrelesyeux,comprenantalorsqu'ilnes'agitpasuniquementd'unemiseenscène:ilveutréellementm'empêcherdemeservirdemesmains.

–Joseph…–Jeveuxque tume laissesprendre toutmon temps,me répond-il, fermement,maisd'unevoix

douce.

J'avalemasaliveavecdifficulté.Machinalement,jetentedenouveaudemelibérerdesapoigne,mais il raffermit saprise etun léger sourirenaît sur sabouche sensuelle, tandisque je tentede ledésarçonner,enmecambrantdetoutesmesforces.

Rapidement,cequin'étaitqueréflexedemapartsemueenunelutteacharnéepourreprendrelecontrôledelasituation.Maisplusjemedébats,plusilresserresonemprisesurmoi…etpluslefaitd'éprouversaforcephysiquem'excite.

Josephprendgardeànepasmefairemal,maissansjamaismelaisserprendreledessussurlui.D'unemain,alorsquejeprendsappuisurmespiedspourlefairebasculersurlelitetmedégager,ilpince doucement un demes tétons. Poussant un cri, je resserre les jambes et retombe sur le dos,traverséeparunesensationdeplaisiraiguë,quimefaittressautercommeuncourantélectrique.

–Laisse-toialler,Olivia,murmurealorsJoseph,enpromenantsamaingauchesurmoncorpsquitressaille.

Jesoupire,puisrecommenceàm'agiterquandsamaindescendversmaculotte.

–Çasuffit,maintenant!

Joseph,commeprisd'impatienceluiaussi,détachesaceinturedecuiret lapasseautourdutissuquimaintientmespoignetsensemble.D'unseulgeste,ilpasseunbrassousmataille,meremonteverslatêtedulitetattachefermementlaceintureàcelle-ci.Cettefois,jesuisimmobiliséepourdebon!

–Joseph!–Tunem'aspaslaissélechoix,Olivia,mefaitcedernieravecunregardamusé.–Détache-moitoutdesuite!–Vraiment?C'estcequetuveux?

Ilplongesonregardturquoisedansmesyeux,mesonde…enmêmetempsqu'ilpromèneleboutdesesdoigtssurmapeaufrissonnante.

–Jeneferairienquipourraittedéplaire…Maiscequetuvoudrasbienquejetefasse,jeleferaiàmonrythmeetcommej'enauraienvie.

Savoixchaude,aussidélicieusequ'unecaresse,faitbattremoncœurplusvite.Avecunsourire,ilpose alors ses doigts surma gorge et je réalise que la pulpe de son index, surma jugulaire, luiindiqueàquelpointsesmotsviennentdemetroubler.

–Dis-le.–Joseph…–Dis-leoujetelaissecommeça!–Tun'oseraispas!répliqué-je,sansêtretoutàfaitsûredemoi.

Sansunmot,ilselèveetsedirigeverslaporte.Sondosmuscléroulesousletee-shirtdefincotonblancet,sanssaceinture,sonjeanestdescenduencoreunpeuplussurseshanchesétroites.

Jamaisrienvud'aussisexy…

Passantlalanguesurmeslèvres,jemerendsàl'évidence:j'aitellementenviedeluiquejenevoismêmepas pourquoi je lutte… J'ai envie qu'il fasse demoi ce qu'il veut, comme il veut, et surtoutautantdefoisqu'illeveut!

–Non,fais-jefinalement.

Joseph se retourne, faisant mine de ne pas comprendre. Il s'adosse au mur, dans une posenonchalante,unemècheinsolentetombéesursesyeuxquimecaressentsanssecacher.Allongéesurledos,lesmainsrelevées,attachéesàlatêtedelit,lesseinsdécouverts,jemesensàlafoisvulnérableet…sexy,vulaformedésormaissanséquivoquedesonjean!

–Non,jeneveuxpasquetumedétaches,prononcé-jeàmi-voix,maissansdétournerlesyeuxdesonregard.Jeveuxquetumefassesl'amour…s'ilteplaît,ajouté-jemêmedansunsouffle.

Masuppliquefaitsoneffet.Levisagechangé,Josephrevientàmescôtés.

–Cambre-toi,m'ordonne-t-il.

Cettefois,j'obéiset,passantrapidementsamaindroitesousmondos,ilm'ôtemonsoutien-gorge,qu'il jette négligemment sur le sol. Puis, semettant à califourchon surmoi, il retire son tee-shirt,m'offrantunevueimprenablesursontorsemuscléethâlé,lesmusclesdessinés,lesabdominauxsurlesquelsj'aimetantpassermesdoigts,lesdeuxlignesdescendantverssonbassin…lespectorauxetlesépaulesconfortables,sesbicepsquej'aimeentourerdemesmains,commepourenéprouver ladureté. Je laisse échapper un gémissement qui le fait sourire. J'ai l'impression que le fait d'êtreattachée, rendue impuissante, me fait perdre la tête plus rapidement encore que si je pouvaispromenermesmainssurlui,letoucher,lecaresser,luidonnermoiaussiduplaisir!

Jevaisdevenircomplètementcingléedansmoinsdecinqminutes.

Josephcommencealorsàexplorermoncorps,effleurantmapeau,entrouvrantmes lèvres,puisdescendantlapulpehumidedesesdoigtsversmestétonsdéjàdurcis…Ilsedirigeprogressivementversmonnombril,longelalisièredemaculottededentelle,puisremonte.Jenepeuxm'empêcherdemetortiller,demecambrer,decreuserleventre…Maisriendecequejefaisnesemblel'inciteràprolongersescaressesoulesdirigerverslesendroitsquejem'évertueàluirendreplusaccessibles!

Lafrustrationet leplaisirsemêlentrapidementenunfaisceaudesensationsquiparcourentmesnerfs aiguisés, commesi toutmoncorpsdevenaitplus réceptif !Finalement, Joseph sepenche surmoi.Sachaleurmeparvientsansmêmequesapeaun'entreencontactaveclamienne.Jefermelesyeux.Tousmessenssontdécuplés.Sonodeur,sachaleur,sonsouffle…Jecomprendsqu'ils'amuseàfaireréagirmesseinsensoufflantsimplementsurmestétonsencorehumidesdemapropresalive.Jeles sens réagir immédiatement, se tendre jusqu'à l'insupportable. J'ai envie qu'il me touche, qu'ilm'empoigne,même!Jegémisplusfort,presqueagacée,ouvrantlesyeuxpourlefusillerduregard,maissansoserprotester,depeurqu'iln'arrêtetotalement!

Je découvre alors qu'il me regarde, attentif et visiblement satisfait de me voir manifester del'impatience.

–Çateplaîtdememettredanscetétat?–Beaucoup,répond-ilsanssefaireprier,avecunpetitsouriresûrdelui.–Sale type,murmuré-je,comprenantalorsque jenesuispasprèsd'obtenirqu'ilcessede jouer

avecmesnerfs.–Tunelepensespasvraiment,souffle-t-ilalors,encaressantl'intérieurdemescuisses,lesyeux

toujoursrivéssurmoi.

Mesmusclessecrispentimmédiatement,jeretiensmonsouffle.Sansquejenepuisserienyfaire,jesensmonregardsefairesuppliant.

Oui,jet'enprie,remonte…

Maissansperdresonsourire,Josephpoursuitsoninfernalecaressesanssepresser,promènesesdoigtssurmapeau, retardeaumaximumlemomentoùsesmainsentrerontencontactavec lafine

dentelle pour, enfin, atteindremon entrejambe, où je sensmon désir palpiter si fort que j'en suisétourdie.

Aprèsplusieursminutesainsi, toutmoncorpsestagitéde frissonset je respireparà-coups, lesyeuxfermés,sansplusbouger…C'estseulementàcemoment-là,quandj'aiabandonnétoutetentativedeprotester,demecambreroudemesoustraireàsavolonté,qu'ilsedécidealorsàmeretirermalingerie.Legémissementexpirantquisortalorsdufonddemagorgemesurprendmoi-même…Jesuisàboutdeforcesetdenerfs.

Josephsetientdésormaisentremesjambes,lelongdesquellesilcontinuedepromenersesmains,maiscettefoisilvajusqu'àmonintimitébrûlante,qu'ildécouvre,exploreetfinitd'incendierdesesdoigts experts. Je le regarde qui observe lesmoindres réactions demon corps, qu'il provoque etauxquellesilrépond.Jemesenscommeuninstrumentauxmainsd'unvirtuose.

LespectacledeJosephquimerévèlelescapacitésdemoncorpsàressentirduplaisir,sesgesteslents, précis, sa douceur maîtrisée et son plaisir évident à me faire ainsi l'amour, tout m'affole.Soudain,ilplongesesdoigtsenmoietjepousseuncri,mecambrantpourveniràsarencontre.

Évidemment, lànonplus, il neme laissepas faire. Imperceptiblement, je sens sa caresse intimes'ajuster.Ilmeveuttoutàlui,ilestseulmaîtredemonplaisir…Unelarmeexaspéréecoulesurmajoue, qu'il vient recueillir tendrement, avant de déposer surmes lèvres un baiser à la fois doux etimpérieux.

Comme une noyée, je respire son souffle, lèche ses lèvres et aspire sa langue, avec laquelle jejoue,faisantalleretvenirlamiennecontreelle.Jelesensquisetendaussitôt,lesouffleplusrapide.Entremes jambes, samain s'agite toujours, deplus enplus rapidement. Jememets àhaleter, sanscesserdel'embrasserdelamêmemanièreimpudique,crue.

Jen'aipasd'autremoyenpourobtenirdeluiqu'ilmeprenneenfin.

Mesjambessemettentàtrembler,puismonventre,mesbras…jusqu'àfairefrémirlatêtedelit.Aucreuxdemoncorpsnaîtundélicieuxincendie.Jememetsàgémirdeplusenplusfort.Soudain,jem'obligeàrouvrirlesyeuxetdécouvreJosephquiscrutemonvisage,l'airsiamoureux,sifascinéde ce qu'il voit que j'en reste bouleversée.Mais le plaisir continue de gronder enmoi, commeunroulementdetonnerrequiannonceunoraged'été.

– Je t'en supplie, Joseph, je t'enprie, jen'enpeuxplus,balbutié-je, lavoix serréepar l'urgence.Faiscequetuveux,maisjet'enprie,fais-le!

Unsourirevient éclairer sonbeauvisageet sesyeux se ferment, tandisque samainquittemonsexeruisselant.Jecomprendsqueluinonplusn'enpeutplusetqu'iln'attendaitqu'uneseulechose:quejem'abandonnetotalement.

Enuninstant,ilestnusurmoi,lapeauaussibrûlantequelamienneetsonsexetenduàl'oréedemoncorps.J'émetsunlonggémissementsourd,sansoserbougerunseulmuscle,touslessensauxaguets.Mais,levisagetendu,Josephsecontentedebougerlesreinslentement,sansjamaisplongerenmoi, retardantencore lemoment fatidique.Cette simplecaresse,quasiment imperceptible, suffit

néanmoinsàmemettredanstousmesétats.

Laprochainefoisqu'ilvasimplementm'effleurer,jevaisexploserenmilleéclats!

Mesnerfssesonttransformésenunréseauvibrant,chaufféàblanc,quiréagitaumoindresouffle,aupluspetiteffleurement.Àtraversmespaupièresmi-closes,jepeuxtoutefoismerendrecomptequelesrésistancesdeJosephnesontpasloind'êtrevaincues,ellesaussi.Mâchoireserrée,illuttecontresapropreenvie,et lorsqu'ilfermelesyeuxàsontourjesaisqu'ilva,enfin,m'accorderlecoupdegrâce.Jepousseuncriavantmêmede lesentirenmoi,commesi saseule intentionsuffisaitàmefairejouir.D'unlentcoupdereins, ilmepénètre, lentement…et je l'accompagned'unbasculementprofonddemeshanches,laissantmonbassinalleràlarencontredusien,instinctivement.D'ungestesouple, il détachemesmains. Je les pose sur ses fesses, sans pour autant chercher à l'attirer plusprofondémentenmoi.Jeveuxsimplementlesentirbouger,sentirsesmusclessecreuser,àchacundesescoupsdereins.

Dumétalenfusioncouledésormaisdansmesveines,lelongdemesnerfs,partout…Etpourtant,jemesenslégère,commeparcourued'étincelles.Nousgémissonsenchœur,échangeonsdetempsàautre unbaiser, tandis quenos corps s'épousent, se cherchent et semélangent. Je fonds,m'enrouleautourdelui,ilmesemblequenousnefaisonsplusqu'un.

Lentement, je sens la jouissance prendre possession de chaque recoin de mon corps,profondément,particuleparparticule.Josephcontinuedevenirenmoi,chaquefoisunpeuplusloin.Moncorpss'ouvreà l'infinipourl'accueillir,sansprécipitation.Cettefois,aucunefrénésienenoussaisit.Jesuissansforces,nepouvantplusquel'accueilliretjouir…Lefrontposéaucreuxdemonépaule,ilgémitetcontinuedemefairel'amourdelamêmemanière,avecobstinationettendresse.

Jemesenstrembler,despiedsàlatête,puisjesuiscommedispersée,éparpillée.Jem'entendscrierdeplaisir, tout au loin…Sousmesmainscrispées, je sens Josephqui se tendà son tourune toutedernière fois, lâchant un cri grave, avant de se laisser retomber sur moi et de m'embrasser avecfièvre,demonépaulemoitejusqu'aucoindemespaupièresrefermées.

Je sensmapeauparcouruede légers frissons, enhaut demes cuisses, au creuxdemes reins…Comme une vague qui se retire, le plaisir s'apaise, progressivement, non sansm'arracher d'autresgémissementsalanguis,épuisés.

–Oh,monDieu…Jevaismourir…soufflé-je,encoresouslechoc.–J'espèrebienquenon,j'aitrèsenviederecommencer,murmureJosephavecunsourire.

Jegémis,cettefoisdavantagepourexprimermastupéfaction.Couchésurmoi,jesenssongrandcorpsauxmusclesbandésagitéd'unlégerrire…etjesouris,comblée.

4.Complotetdéception

DeboutdevantlafaçadeimposantedelatourButler,jesouris,ungrandgobeletdethéchaïbrûlantsaturédelaitetdemiel,àlamain.

Ilmefaudrabiença!

Aprèsunweek-endparadisiaquesurl'îleCalivigny,jemesenspleined'énergie.Nousavonspassécesdernièresquarante-huitheuresàfairel'amour,dormir,mangerdesmetsdélicieuxetnousbaignerdans la mer des Caraïbes ! Jamais je n'ai vécu une telle symbiose avec lui ni personne d'autre,d'ailleurs!

Résultat : j'ai l'impression de flotter et il m'est impossible d'arrêter de sourire. Nous sommesrevenusàl'aubeàNewYork,laRollsdeJosephm'adéposéechezmoipourquejemechange.J'enaiprofitépourapporterlepetitdéjeuneràTessa.

Mameilleureamiea, semble-t-il, passéunbonweek-end,plutôt studieux,puisqu'elle a retrouvédesétudiantsdesoncoursd'écriturecréativeàunesoiréedelecturepublique.Maislorsquejeluiaidemandé s'il n'y avait personne dans son cours qui l'intéressait pour des raisons moins…«littéraires»,elleasimplementhaussélesépaules.Contrairementàsonhabitude,Tessanem'apasdécrit l'ensembledesélémentsmasculinsdesaclasse,leurdonnantunqualificatifparfoisexpéditif,maistoujoursdrôle.

Soit l'écriture créative l'intéresse davantage que ses précédents choix universitaires, soit… sarécenteexpérienceavecMaxl'aquelquepeuéchaudée.

L'avenirnousdiradequoiils'agit.Pourlemoment,machèrecolocatairepassesontempsentrelescoursenquestion,quelquessortiesstudieuses,sonboulotchezAlistairet…moi!D'ailleurs,ellem'a fait promettre de dîner avec elle, ce soir, pour que je lui raconte tout (ou presque) sur monfabuleuxweek-end.

– Mais en attendant, au travail ! murmuré-je pour moi-même, en poussant la double porte dubâtiment.

Je salue les hôtesses d'accueil d'un sourire et me dirige d'un bon pas vers les ascenseurs.Contrairementàlapremièrefoisoùjesuisentréeici,jemesensaujourd'huibienplussûredemoi.

ÉvidemmentlerelookingeffectuéparLeonardEnochyn'yestpastotalementétranger.Désormais,parmi la foule de modèles, photographes et autres silhouettes perchées sur stilettos et ornées debijoux improbables, jenemesensplus totalementendécalage…Aujourd'hui, jemarcheaumilieudesdéessespost-modernesetdesdandysbarbussanslongerlesmurs,dansmesescarpinsderniercri,vêtue d'une combinaison gris foncé qui marque ma taille et souligne mes courbes. Les cheveuxsimplementrelevés,maisledécolletéparéd'uncollier-plastronenrésinepourpre,jenedétonneplus.

Mais lechangementn'estpasqu'uneaffaired'apparences.Mavieaprisune tournure inattendue,quimedonneconfianceenmoicommejamais.Mavieamoureuseestaubeaufixe,avecunhommeque jen'aurais jamais rêvépouvoirapprocheretquiestdinguedemoi…Et jen'aiplusbesoindecourirentremescours,monstageetmonboulotalimentairepuisque,bienplustôtqueprévu,jesuispayéepourfairecequejefaislemieux:dudroit!

J'en suis là de mes réflexions quand l'ascenseur s'arrête à mon étage. Je sors d'un bon pas etm'installeàmonbureau,aprèsavoir saluéuneBritneydéjàpendueau téléphone.Avec leprochainlancementdesdeuxlignesHoneysur lemarché,entantquechargéedecommunicationjunior,ellen'aplusuneseulesecondeàelle.

Toutcommemoi,elleestbiendécidéeàprouveràAgathadequoielleestcapable.

Depuis le départ dePeterDumsey, elle etmoinous sommesunpeu rapprochées, nous trouvantplus de points communs que je ne l'aurais cru. J'apprécie sa discrétion quant à ma relation avecJoseph et, professionnellement, plus nous nous côtoyons, plus nous nous estimons.Même si notrecomplicitén'estqueprofessionnelle,c'esttoutdemêmebienagréabledetravaillerdansuneambiancesaine!

Arnold quant à lui n'est pas encore arrivé. J'espère qu'il ne travaille plus en salle des serveurs,j'aimerais bien prendre ma pause avec lui et peut-être enfin crever l'abcès sur ce baiser que j'aisurprisentreCamillaetlui.Depuiscefameuxjour,Arnoldm'évite,aupointquelasituationdevientridicule.

D'autantquejesuismalplacéepourlejuger!

– D'accord, super ! J'attrape le dossier de presse et j'arrive pour vous déposer tout ça ! lanceBritneyàsoninterlocuteurtéléphonique,l'airvictorieux.Yes!crie-t-elleaprèsavoirraccroché.

Sonenthousiasmemesortdemespensées.Jeluisouris,amuséeparsamineguerrière.

–Unebonnenouvelle?demandé-je,curieuse.–Unesacréebonneprise,oui!merétorque-t-elle,répondantàmonsourire.J'aidelachance,j'ai

uneanciennecopinedepromoquibosseàlarédactiondeVogueUS,etdevinequoi?ElleetsabosssontencemomentmêmeauSheraton,àTimesSquare,pourundéfiléprivé!Etdevinequivaleurconfier le dossier de presseHoney enmain propre, en obtenant la promesse d'une double-page ?Hein ? C'est qui la boss de la com, ici ?! lance-t-elle soudainement, en entamant une petite dansevictorieuse.

J'éclate de rire. Pour la première fois depuis que je la connais, Britney se laisse aller à undébordementdejoiepureetsaspontanéitémesurprendautantqu'ellem'amuse.Avecunairunpeucontrit,ellesereprend.

–Oui,jesais,j'enfaisunpeubeaucoup,maisl'équipesenioratellementdecontactsincroyablesquec'estdifficiledemarquerdespoints,ducoup…

–Tuasraison,jesuisfièredetoi,fonce!fais-jeenlevantmonpouce.Etbonnechance!–Merci!

Britney court presque jusqu'à l'ascenseur, son dossier sous le bras, pleine d'enthousiasme. Aumomentoùelledisparaît,montéléphoneportablesonne.

Tessa?

–Allô?

Dans lecouloir, j'aperçoisAgathaquiapproche,altière,dansunerobe-tubed'unsomptueuxvertfoncé.

–Ilyaunproblème,jecrois,mefaitalorsTessa,d'unecurieusevoixétouffée.–Quoi?fais-jeàmontour,fronçantlessourcils.–Tonanciencollègueestlà,PeterChose!chuchotemonamie,tendue.–PeterDumsey?Oùça?–ChezAlistair,bonsang!Jecroisqu'ilguettaitMax,etmaintenantilssontdanslepetitsalonen

traindesedisputer!–Merde…Qu'est-cequ'ilsdisent?demandé-jeaussitôt,alertée.–Attends…

J'entendsquelquesbruitsétranges,puisd'unseulcouplavoixdeMaxrésonnedansmonoreille.Jecomprends que Tessa me fait écouter la conversation. M'agitant sur ma chaise, je claquefrénétiquementdesdoigtspourattirerl'attentiond'Agatha,tandisquejemetsmontéléphonesurhaut-parleur.

–Mais,monpauvrevieux,lancelefrèredeJosephd'untonméprisant,qu'est-cequevousvoulezqueçamefasse?Pourquoivospetitsproblèmesminablesmeconcerneraientenquoiquecesoit?

Agathafroncelessourcils,comprenantimmédiatementquemonétrangechorégraphien'estpaslesigned'unedémencesubitedemapart.Elles'avanceversmoietsefigeenreconnaissantlavoixduneveud'Alistair.

– C'est Max Keaton, il est avec Peter Dumsey, articulé-je silencieusement, lui faisant signed'approcherpourécouteravecmoi.

Agathatendl'oreille,l'airconcentré,s'approchantencoreplusdemoipourmieuxécouter.

–Nousavonsunennemicommun,tentealorsPeterd'unevoixdeconspirateur.Ennousassociantpouragir,nouspourrionssatisfairenosintérêtsmutuels.

–Maisdequoivousmeparlez?répondMax,toujourshautain.–MaisdefairemordrelapoussièreàButler!s'exaspèremonanciencollègue.Ilm'afaitrenvoyer

dujouraulendemain,etvous,ilvousafaitsubirlemêmesortsijenemetrompepas.

Lecoupestaudacieux…DireàMaxqu'ilaétéviréparJoseph,c'esttenterletoutpourletout.Unéclat de rire accueille la sortie de Peter.Agatha etmoi retenons notre souffle, dans l'attente de laréponsedeMax,dontl'hilaritémesembleunpeuforcée.

–Josephabiendesdéfauts,maisiln'estpasidiot,reprend-ild'untonsec.S'ilvousarenvoyé,c'estparcequevousavezétéassezstupidepourvousfaireprendre!Etc'estàcausedevotrenégligencequ'ilapuremonterjusqu'àmoi,alorsnevenezpasm'emmerderavecvospetitsproblèmes.

–Vousn'êtespastoutàfaitétrangeràmespetitsproblèmes,commevousdites!C'estparcequejevousaipermisd'achetercesfoutuesruchesquejesuisdanscettesituationaujourd'hui!Jenevousdemandepasd'argent, justedemefaireprofiterdevotreréseau,insistealorsPeter,quisembleauxabois.Présentez-moicommejuristeetjem'occupedureste.

–Vousn'êtespasassezdouépourquejecontinueàfaireaffaireavecvous,persifleMax.Enplus,connaissantJoseph,ilasûrementfaitensortequevotrerôledeprête-nomsesache,alors«commejuriste»,laissez-moirire!Votrecarrièreestfoutue,pensezàvousreconvertir!

Un silence consterné accueille la sortie de Max. Je retiens mon souffle, tétanisée par ce quej'entends.LesdeuxhommesavouentsansgêneavoirtentédenuireàJoseph,PeternecachepassonintentiondesevengeretMax…Certes,ilneditrienquilaisseprésageruntelprojetdesapart,maissonméprisostensibleenversPeternemeditrienquivaillesursapersonnalité.

–Vousleregretterez.

C'estPeterquivientdeprononcercesmots, sur le tonde l'évidence.Mais savoixmoins fermequ'auparavant me laisse penser qu'il est abattu par le refus deMax. Ce dernier pousse un soupirexaspéré.

–Vousavezterminé,çayest?–Vousleregretterez,répètealorsPeter.

Uneporteclaqueetunbruissementsoudainsefaitentendredanslehaut-parleur,puisquelquespasprécipités.Uneautreportesereferme,plusdoucementcettefois.

–Tuasentendu?mefaitalorsTessa,àvoixbasse.–Oui, tout.J'étaisavecAgathaBayard, ladirectricegénéraledeButlerIncorporation,précisé-je

aussitôtàmonamieencoupantlehaut-parleuraprèsunregardd'excuseàAgatha.

Celle-ciclignedespaupières,semblantréfléchiràcequ'ellevientd'entendre.

Inutilequ'ellesachecequeTessapensedel'altercation…nideMax.

–T'endisquoi?medemandemonamie.–Hum…qu'ilfautprévenirJoseph,fais-jeaussitôt,lançantunregardàladirectricegénérale.

Celle-ciresteimpassible,maisnebougepas,semblantattendrelafindelaconversation.Jedécided'abréger.

–Maxarefusé,mefaitalorsremarquerTessa,visiblementsoulagée.–Oui,j'aientendu.Maisiln'apasnonplusmenacéPeterdeledénoncer,répliqué-je.–Peut-êtrequ'illefera…

Maisletonhésitantdemonamiem'indiqueque,pasplusquemoi,ellenecroitàcettethéorie.

–Tessa,jevaisdevoirraccrocher,onreparledetoutçaplustard,OK?Çavaaller?–Ouais,ouais, j'aipresquefini ici, je fileencoursetonse retrouvecesoir,commeprévu,me

fait-elle,comprenantquejedoisallerprévenirJosephauplusvite.

Àpeineai-jeraccrochéqu'Agathatournelestalonsverslasortie.

–M. Butler doit partir rencontrer des acheteurs dans une heure, nous avons juste le temps del'avertir,m'informe-t-elled'unevoixbrusque.

***

–Voilàcequenousavonsentendu,terminealorsladirectricegénéraled'unevoixneutre.

Soncompte-renduétaitonnepeutpluspragmatique,commedépourvudetouteémotion.

Aussifidèlequ'unenregistrement.

Je dois reconnaître qu'à sa place, je n'aurais pas pu m'empêcher de ponctuer mon récit deréflexionspersonnelles,dequestions…maismonimplicationaffectiven'estpasexactementlamême.Face à nous, assis derrière son immense bureau, Joseph affiche un air sombre, la main sur sonmenton.Sesyeuxlancentdeséclairsetsafureurnefaitaucundoute,maisilrestecalme,nesemblantpascraindrelesreprésaillesdePeter.

–Cepetitsalaudnesaitpasàquiilcomptes'attaquer,murmure-t-ilsoudain.Ils'imaginepouvoirmenuire,maissansl'appuideMax,samargedemanœuvreestmince.

–TuvasmettreNormansurlecoup?demandecarrémentAgatha.–Évidemment,tonnealorsJoseph,agacé.–Bien.

Agathaselève,visiblementunpeuvexéedel'emportementdeJoseph.

Etjelacomprends…Onnetirepassurlemessager,c'estlamoindredeschoses.

–MerciAgatha,entoutcas,faitalorsJoseph.

C'estcenséêtredesexcuses,j'imagine…

Mais Agatha semble s'en contenter. Je pense que leur relation date de suffisamment longtempspourqu'elleneseformaliseplusdescoupsdesangdesonprésident,maisàsaplacej'auraisdumalàresteraussizen.

Àpeinel'élégantedirectricea-t-ellequittélapiècequeJosephsetourneversmoi,avecunsourirefin,étrange,soussesyeuxencorebrillantsdecolère.

–ÀproposdeNorman,ils'estchargédetonexetjecroispouvoirdirequelepetitMcDumphyvabientôtmordreàl'hameçon,déclare-t-il,visiblementsatisfait.

–Mordreàl'hameçon?!Quelhameçon?fais-jeaussitôt,n'osantcomprendre.

Nemedispasquetuasfaitplusqu'enquêtersurlui,Joseph,pitié…

–Tulesaurasbientôt,répond-il,énigmatique.– Tu m'avais dit que tu le faisais juste surveiller ! m'écrié-je, déjà exaspérée par ce que je

comprends.–Non,cen'estpascequej'avaisdit,osealorsJoseph,prenantunairsurprisquifinitdememettre

encolère.–Nejouepassurlesmots,tuinsultesmonintelligence!–Olivia,écoute…–Non!C'esttoiquivasm'écouter!lecoupé-je,horsdemoi.Chaquefoisqu'onendiscute,c'estla

même chose, et tu finis par n'en faire qu'à ta tête.Alors je vais te dire ce que tu vas faire, JosephButler:tuarrêtestoutetlesujetestclos.Définitivement.Sinon…

Jem'interrompssoudainement,mesurantlepoidsdesmotsquiontfaillifranchirmeslèvressouslecoupdelacolère.Maisl'évidencemefrappe:c'estcequejepense,cequejeressens…etjedoisfaireconfianceàmoninstinct.Cen'estpaslapremièrefoisqueJosephoutrepasseleslimites,jedoisfrapperfort.

–Sinon,c'estterminéentrenous,etcettefoisjenereviendraipasenarrière.

Le beau visage de Joseph tressaille. Sous mes yeux, je le vois aux prises avec des sentimentscontradictoires.Colère,doute…

–C'estunultimatum?demande-t-ilfroidement.–Oui.

Maréponseclaque,aussibrusquequesaquestion.

Tuveuxdesrapportsdeforce?Trèsbien.Jesuisdetaille.

Aufonddemoi,jemesensbienmoinssûredemoiquecequej'affiche,maisjetienslecoup.Pasquestiondemelaisserdictermaconduiteparunhomme,pasmêmeleplusséduisantquisoit.Lèvresserrées,Josephsereculesursonfauteuiletsaisitunstylo.

Quoi?C'esttout?

Sansunmot, ilmefixe.Aprèsquelquessecondesdesilence tendu, jeme lève, sanscachermonexaspération.

–Jetelaisse,nousavonsdutravail,lâché-jeensortant,cinglante.

Quandjepensequ'ilaosémetraiterdetêtedemule!Denousdeux,franchement,jenesaispasquiestleplusbuté!

Deretourdansl'openspace,encoreénervéeparl'attitudedeJoseph,monopinionsurlaquestionestfaite.Josephestbienleplusbutédenousdeux,maiscettefois-ci jenecéderaipasunpoucedeterrain.Qu'ilcessedes'occuperdemonpasséetnousauronspeut-êtreunfutur.Maisaprèsleweek-

endenchantéquevousavonspassé,jesens,toutaufonddemoi,queJosephferaunpasversmoi.Ilmel'apromis.

5.Congédiée!

Accroupieprèsdenotremini-chaînereliéeàsonordinateur,Tessachoisitavecsoinlabande-sonde la suite de notre soirée entre filles.Quand j'entends les premières notes de «ManDown », deRihanna, jenepeuxpasm'empêcherdesourire.Monamiese retourneethausse lesépaulesenmevoyantquilaregarde.

–Benoui,çareflèteunpeumonhumeurvis-à-visdeshommes,là,avoue-t-elle.AprèsledépartdePeter,cetaprès-midi,Maxestpartisansmêmechercheràmevoir.J'enaimarre,jet'assure!Ilcoucheavecmoi,mejettecommeunevieillechaussette,puism'envoiedesSMSpourmedirequ'ilregrette,et finalement il m'ignore chaque fois qu'on se croise chez Alistair ! résume-t-elle d'une voixexaspérée.Alorsoui,«ManDown»,c'estparfait!Nemedispasquetun'espasd'accordavecmoi!

–Euh…Jen'ensuispasaumêmepoint,réponds-je,prudemment.–Forcément,après tonweek-endsuruneîlederêve,àfaire l'amour toute la journée,soupire-t-

elle.Àtaplace,moiaussi,jemesentiraisd'humeurindulgente!–Indulgente?C'estplutôtque…

Jem'interromps,cherchantexactementdequellehumeurjemesensvis-à-visdeJoseph.

–On était tellement bien tous les deux ceweek-end, tellement connectés, que jeme sens plutôtconfiante,reprends-je.Oui,c'estça,j'aiconfiance.Mêmesions'estdisputéstoutàl'heure,ajouté-je.

Jen'aipasencoreraconténotredernieraccrochageausujetdeJohn.Tessaetmoiavonssurtoutparlédemonweek-endsurl'îleCalivignyetdudernierrebondissementconcernantlesdeuxfrères,JosephetMax.

Maisc'estvraiquej'aiunpeufaitpreuvededénienrefusantd'yrepenser…cequinemeressemblepas.

–Ahbon?Pourquoitunem'asriendit?s'étonned'ailleursTessa.–Jen'aipaseuletemps…

Monamiemelanceunregardentendu,pasdupe.Jemesensrougirunpeu.

–DisonsqueJosephaencorevouludécideràmaplacedelamanièredontjedevaisgérermonex,résumé-jed'un tonque j'espèredésinvolte.Jemesuisénervée, je luiaiditd'arrêteret jepensequecettefois,c'estbon.

–Tuasbienfait.Maisc'estsûrqu'ilavraimentcompris?Parcequelesdeuxfrangins,là,ilsontquandmêmeleurpetitcaractère,fait-elle,sanscachersonscepticisme.

–J'aivraimentétéclaire:jeneveuxpasqu'ilintervienne,point.

MaislaréflexiondeTessasèmeledoutedansmonesprit.Josephva-t-ilvraimenttenircomptedemonopinion?Ilnes'estpasvraimentprononcé…préférantsedraperdansunsilencebuté.

Iln'apasnonpluscherchéàmeconvaincrequej'avaistort,cettefois,celadit.

–Jet'envie,soupirealorsTessa,metirantdemesréflexions.MêmesiJosephn'estpasparfait,ilestsuperattentionné,vousvousvoyeztouslesjoursoupresque…Franchement,Olivia,depuisquetusorsaveccemec,tues…jenesaispas.

Tessapenchelatêteetplisselesyeuxenmeregardant,sibienquejefinisparémettreunpetitrire,embarrasséeparsamanièredechercherlemotjusteenmescrutant.

–Dense,finit-elleparlancer.–Hein?fais-je,perplexe.Dense?–Oui,jenesaispascommentledireautrement,maisc'estlemotjuste.Tuesplusdense.– Tu es sûre que c'est un cours d'écriture créative que tu as pris ? C'est pas plutôt « poésie

surréaliste»?m'amusé-je.–Ah,moque-toi,tiens!Tuasprisendensité,c'esttout!insistemonamie.Tuesrestéelamême,

maisenplusaffirmée…Etçatevabien,ajoute-t-elleavecsonbeausourirepétillant.

Touchéeparsaréflexion,jeluirendssonsourire.J'espèrequ'ellearaisonetquemonaffirmationdemoi-mêmeseraassezsolidepourconvaincreJoseph.

–Bon,onsefaitquoipourdîner?demandesoudainementTessa.J'ailasuperdalle!

Aumomentmêmeoùelleprononcecesmots, je réalisequemondéjeunersur lepouceestbienloinetque,moiaussi,jemeursdefaim.

–Moiaussi,fais-jealorsensautantsurmespieds,tandisque«RuntheWorld»retentitdansnotrepetitsalon.

Ma meilleure amie et moi nous dirigeons vers la cuisine, bien décidées à ne pas nous laisserabattre.

***

De:[email protected]À:[email protected],[email protected],[email protected]:ProgrammeformationBonjour,Mercidevousrendreà10heuresdanslapetitesalledeconférencespourprendreconnaissanceduprogrammedeformationJunior,quisedérouleradurantlesdeuxprochainessemaines.AgathaBayardDirectricegénérale

Interloquée,jelèvelesyeuxversmesdeuxcollègues,quidécouvrentenmêmetempsquemoilemessaged'Agatha.Britney fronce les sourcils,visiblementcontrariée, tandisqu'Arnoldafficheune

mouedubitative. Je ne suis donc pas la seule à trouver ce programme étrange, d'autant plus en cemoment.C'estdéjàça.

–Vousaviezentenduparlerdeçaavant?demandé-jeàlacantonade.–Non,etc'estunpeubizarredenousenvoyerenprogrammedeformationjusteencemoment,

remarqueaussiBritney.SijenepeuxpasmeconsacreràlacommunicationsurHoney,jenevoispascommentjevaispouvoirfairemespreuves!

–Ça dépend du contenu, c'est toujours pareil,mais c'est clair que le timing est un peu étrange,renchéritArnold.

Le service informatique est moins touché que nous par la sortie d'un nouveau produit, maisj'imagine volontiers que sa préoccupation est aussi sentimentale… bien que n'ayant toujours pasréussiàluiparlerenprivé.

S'ilarrêtaitdem'éviter,ceseraitplussimple.

Pourmapart,cemailme laisseune impressionétrange :unprogrammedeformation,annoncésoudainement,alorsquetoutButlerIncorporationseconsacreaulancementdeHoney,çamesemblemanquerd'à-proposetcen'estpaslegenred'AgathaBayard.

***

Sa prestance accentuée par son ensemble d'un blanc éclatant, qui rappelle sa chevelure coupéecourt,ladirectricegénéraleentredanslasalledeconférencesà10h01trèsexactement.

–Bonjour,lance-t-elleavantdeprendreplacederrièrelepupitrequifaitfaceauxfauteuilsdesigndisposésfaceàelle,enarcdecercle.

La«petite » salle de conférences comporte tout demêmeunevingtainedeplaces, etmesdeuxcollèguesetmoiavonsl'airunpeuperdu,assiscôteàcôteaupremierrang,commedesbonsélèves.Notre nervosité saute aux yeux, tandis que nous attendons avec impatience de savoir ce qui nousattend,nosportablessurlesgenoux,desfoisquenousdevrionsprendredesnotes.

–J'aibeaucoupàfaire,jeseraibrève,etsivousavezdesquestions,faitesensortequ'ellessoientconcises,déclareAgathaenguised'introduction.

Super,onesttoutdesuitedansl'ambiance,aumoins.

Mais son air sévère me donne à penser qu'elle, pas plus que nous, ne trouve très pertinent cesoudainprogrammedeformation…

–Britney?fait-elleimmédiatementendardantsesyeuxbleu-vertsurmavoisine.Vouspartirezdèscet après-midi pour une tournée d'information auprès de nos principaux bureaux du pays :Washington,Miami,Dallas,LosAngeles,Seattle,etc.,etc.Toutestbooké,vousverrezçaendétaildanscedossier.

AgathatendàBritneyunepochetteépaisse,auxcouleursnoiretargentdeButlerIncorporation.

– Je sais que vous avez fait du bon travail récemment, reprend-elle d'une voix qui me semblemoinssèche.Vousverrez,ilyaaussiàfaireailleursqu'àNewYork.

–Jen'endoutepas,merci,faitBritneyenserasseyantavecunsourire.

Oui… Sauf que jeme doute bien qu'elle aurait préféré rester : c'est ici que les choses les plusimportantesvontsejouer.

– Arnold, quant à vous, vous partez une semaine pour la Silicon Valley, dans une société deformationpourdéveloppeursetgestionnairesderéseau,faitensuiteAgathaenluitendantégalementunepochettenoiretargent.

–Merci,faitArnold,visiblementsoulagéparladurée,relativementcourte.

Une semaine sur la côte ouest, juste le temps que Camilla et lui se manquent pour mieux seretrouver.

Cette pensée me serre la gorge : combien de temps cette formation va-t-elle m'éloigner deJoseph?Jemeraccrocheà l'idéequesicederniernem'aparléde rien,c'est sansdoutequ'il s'estdébrouillépourquejeresteàNewYork.Aprèstout,unestagiaireendroitdesaffairesn'apasbesoindepartiruneéternitéàl'autreboutdupayspourapprendrelesficellesdumétier.

–Olivia,puisquevousêtesbilingue,vouspartezdeuxsemainesenEurope,déclarealorsAgatha,ruinant tousmes espoirs. Plus exactement enFrance, dans une société que nous venons d'acquérir.Vousserezchargéed'accompagnerleurtoutnouveauservicejuridiquepourleurfuturdéveloppementinternational.

–Bien…Merci,finis-jepararticuler,unpeusonnée.

Je prendsmoi aussi la pochette noir et argent que la directrice généraleme tend, incapable desoutenir son regard. Deux semaines de l'autre côté de l'océan Atlantique. Des trois juniors del'entreprise,jesuiscellequ'onenvoieleplusloinetpourladuréelapluslongue.Josephauraitvoulume punir pour lui avoir tenu tête hier qu'il ne s'y serait pas pris autrement.Mon cœur bat à toutrompre. La désillusion est cruelle. Moi qui pensais que nous étions arrivés à un point de notrerelationoùlaconfiances'étaitinstallée.

Laconfiance…Manaïveté,oui!

J'ai le sentiment étouffant de me faire congédier par l'homme que j'aime, sous couvert d'unedécisionprofessionnelle.Lepouvoirque Josepha surmoime saute soudainauxyeux. J’essaiederesterprofessionnelle,maisc’estpeineperdue.Vexéecommeunpou,jesensleslarmesmemonterauxyeux.

Agathamedévisage,sansrienlaisserparaîtredesespensées.Troublée,jetentederassemblerlesmiennes,demecomposerunmasqueinexpressif.Maisj'aitouteslespeinesdumondeàresterdigne,assomméeparcequivientdem'arriver.

–Vouspouvezyaller,nousdit-ellealors,sanscesserdem'observer.Olivia,restezuninstant, jevousprie.

Mes deux collègues se lèvent et quittent la salle de conférences, non sans me jeter un regardinterrogateur.

–Vousavezvosparentsdans leSudde laFrance,n'est-cepas?medemandeAgathad'unevoixpresquedouce.

–Euh…Oui,eneffet.–Vousverrez,lasociétécosmétiqueauseindelaquellevousêtesenvoyéeestsituéeenProvence.

Oh…Coïncidence?

Jelèveunsourcil,sansoserformulermaquestionàvoixhaute.Agathaesquisseunemoueàmi-cheminentrelesourireetl'airnavré.

–Vousfaitesdubontravail,m'assure-t-elle.–Pourtant,j'ailesentimentd'êtreéloignéedufeudel'action,osé-jeenfin.–Jecomprends,mais…

Ellesemblehésiteruninstant,puissedirigeverslasortie.Jecroisqu'ellevamelaisserainsienplan,maisfinalementelleseretourne,sesyeuxperçantsrivéssurmoi.

–Laplupartdesgenspensentqu'aimerunhommedepouvoir,c'estvivredansleluxe,maisc'estsurtoutvivredansladémesure.Cequin'arienàvoir,assène-t-ellepresqueàvoixbasse.Raressontlesfemmesassezfortespourtenirlecoup.Maisjecroisquevouspourriezenfairepartie.

Etcettefois,melaissantméduséedanscettesalledeconférences,elletournelestalonsetdisparaît.

Alorsça…J'airêvéoujeviensderecevoiruneleçondevieprivéeparlafroideetimperturbableAgathaBayard?

J'enresteimmobileunebonneminute,merepassantmentalementsesmots.

Maisàpartmefairecomprendrequ'ellemetrouve«assezforte»pouraimerJoseph…Qu'est-cequ'elleavoulumedireexactement?

Je soupire.Certes, le jugementd'Agatha est flatteur,mais si aimerunhomme relèvedu tourdeforce,est-cevraimentdel'amour?Oudelaperformance?Etquevientfaireladémesurelà-dedans?Lentement,jesorsdelasalleetmedirigemachinalementversundistributeurdeboissonsfraîches.Unbonsodaglacé,biencaféiné,m'aiderapeut-êtreàcomprendrecetteénigmemystérieuse.Maislecouloirestbondédecréaturesderêves,agrippéesàleurtéléphoneportableouenpleineconversationentreelles.J'entendsdesaccentschantants,exotiques,del'italien,durusse…Ramenéeàlaréalité,jeréalisequejesuisprèsdesbureauxduservicemarketing,actuellementenpleincastingpourtrouverlesmannequinsquireprésenterontlaligne«BlessedHoney»,destinéeaugrandpublic.Aussitôt,lamorsuredelajalousiesefaitressentir.

Jecomprendsmieuxl'empressementdeJosephàm'éloignerd'ici…

Amère, je constateque toutes les jeunes femmesprésentes ici sont jeunes, grandes, sublimes, et

qu'elles me rappellent douloureusement celles aux bras desquelles le célèbre Joseph Butler,milliardaireetséducteur,figureenphotodanslesmagazinesousurInternet.

Jevaisluiendonner,moi,deladémesure,àl'hommedepouvoir!

Déçuepartoutcequivientdesepasser,jetournelestalonsetfonceversl'ascenseur.Direction:ledernierétageoùrègnelemaîtredeceslieux!

***

Coup de chance, le bureau de son assistante est désert. En temps normal, j'attendrai docilementdans la salle d'attente, surtout que j'entends les bruits d'une conversation à travers la porte fermée,maislà,jenesuispasd'humeuràagirnormalement.Jefrappeetentrepresqueaussitôt,sansattendred'yavoirétéconviée.

–Jecontrôleleurscommunications,toutestenplace,finitNormanavantdes'interrompreenmevoyantdébouler.

–Olivia!Qu'est-cequiteprend?!

Joseph,l'airmécontent,selèveimmédiatementetvientversmoi.

–Jevousdérange?Navrée, lancé-je,sansmêmefairesemblantdepensercequejedis.J'aiàteparler.Maintenant.

MaisJosephmesaisitparlebrasetmereconduitfermementhorsdesonbureau.

–Jesuisoccupé,fait-ilsèchement.–Tropoccupépourmoi?lancé-je,avecunairdedéfi,jetantunregardversNorman.

Lamine imperturbable de celui-ci m'agace. Il détourne la tête et semet à feuilleter un calepinminuscule dans son énorme main aux doigts carrés, comme si tout le reste l'ennuyaitprodigieusement. Son attitudeme donne l'impression qu'ilme voit comme un contretemps un peupénible, mais passager… ce qui fait flamber ma colère, lorsque Joseph me raccompagne jusqu'àl'ascenseur.

–Lâche-moi!fais-jeendégageantbrusquementmonbras.–Maisbonsang,tuesdevenuedingueouquoi?s'agaceJoseph.–Ettoi?Pourquoitum'envoiesquinzejoursenFrance?Pouravoirlechamplibre?

Hélas,sousmesyeux,levisagedeJosephsefigeenuneexpressionquej'auraissouhaiténejamaisvoir:enuneseconde,ilsemblestupéfaitd'avoirétédémasqué.Surprise,culpabilité,puisrapidementdenouveauunairsévère,presquehautain.

–J'ignoredequoi tuparleset,àvraidire,cen'estni lemoment,ni l'endroit.Tu travaillespourmoi,Olivia,merappelle-t-il.Tum'asdemandéde te traiterenprofessionnelledanscesmurs, tu tesouviens?

–Oui,mais…

– Alors comporte-toi en professionnelle ! m'interrompt-il, cinglant, appuyant sur le bouton del'ascenseur.

Figéepar laduretédesavoix,humiliéeparcequ'ilvientdemedire, jene réponds rien, tandisqu'ilretournes'enfermeravecsoncherNormandanssonbureau.Implacable,moncerveaum'offreun résumé sordide de ce qui vient de se passer : Joseph, constatant que je refusais toujours de lelaisseragiràsaguisepourgérermonpasséetmavieengénéral,vienttoutsimplementdem'envoyeràl'autreboutdelaplanètepouravoirlechamplibreaveclesnouvelleségériesdesamarque.

Exitlastagiairebiennaïve,lemilliardaireséducteurs'offreuncastingprivé!

Maismoncynismeamernemesoulageenrien.Alorsquejevenais tout justederetrouvermonassurance,quejemesentaisprêteàluifairepleinementconfiance,cethommevientdemettrefinànotrehistoire…Larguéepourmanquededocilité…

Quandjepensequej'aiétéassezbêtepourycroire…encoreunefois…

Dévastée, j'ouvre fébrilement le dossier noir et argent que je tiens encore dans lesmains.Mondépartestprévupourdemain.

Iln'aurapasperdudetemps.

Je ferme les yeux, ravagée par le chagrin, l'ego dévasté, et me laisse aller contre la paroimétalliqueetfroide.

Àsuivre,nemanquezpasleprochainépisode.

Egalementdisponible:

Prétentieux,insolent,maisirrésistible

Elleestambitieuse,loyale,drôle;ilestsexy,brillant,protecteur.Entiers,àfleurdepeau,touslesdeuxontunevolontéd'acier…quelessentimentsviennentmettentàmal.Etquandlepassélesrattrape,l’avenirdeleurhistoired’amourestplusqu’incertain.Trahisons,jalousies,coupsdudestin…Lapassionpourra-t-elletriompherdetout?

Tapotezpourvoirunextraitgratuit.

Retrouveztouteslesséries

desÉditionsAddictives

surlecatalogueenligne:

http://editions-addictives.com