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MeganHarold

TOUTPOURLUIMILLIARDAIREETDOMINATEUR

Volume10

1.Lesattaquesdetrop

Le silence est pesant.NiHayley nimoi ne prononçons une parole.Nous observonsAdam.Lestraitstirés,lessourcilsfroncés,illitetrelitl’articledepressequenotreamiejournalistevientdeluidonner.Desdizainesdequestionsdoivent lui traverser l’esprit.Cetarticlenenousapprendriendenouveau.HowardetHenryHill,lepèreetl’oncled’Adam,sontmortsdansunaccidentd’hélicoptère.Mais il soulève une question : est-ce que Lorraine et Ambrose Carter n’avaient pas intérêt àprovoquercetaccident?LorraineHillhéritaitdelafortunedesonmariHenryetprenaitpossessionde celle de son beau-fils Paul et de son neveuAdam en attendant leurmajorité.Quant àAmbroseCarter, le troisième associé de l’industrie pharmaceutique desHill, il obtenait les pleins pouvoirsdécisionnairesaprèsladisparitiondeHowardetdeHenry.

L’enquête sur ce drame n’a révélé aucun sabotage, rien ne peut laisser croire à un homicide.L’incidentmécaniquen’ajamaisétéremisenquestion.Ilestfortprobablequ’ilnes’agissequed’unesimple etmalheureuse coïncidence.Ambrose et Lorraine ont profitémalgré eux de cette tragédie.Maiscommentnepasimaginerqu’ilsauraientpuêtreresponsablesdeleurmort?

SiLorrainen’avaitpasétéaussiabjecteavecnous,cettequestionnenousviendraitpasàl’esprit.Lorraine a été la tutrice d’Adam après la mort de sa mère. Au lieu de son père, encore en vie.Lorraineamentisurlamèred’Adam,surPauletsurHoward…Adamsaitdésormaisquesonpèrenelesajamaisabandonnés,luietsamère,qu’ilatoujoursétéprésent,qu’ilaimaittoujourssafemmeLeslie.Maisquelquechoselesempêchaitdevivretouslestroisréuniset,aprèslamortdesamère,quelquechoseempêchaitHowardderécupérersonfils.Maisquoi?

LorraineatoujoursracontéàAdamqu'ilavaitunemauvaisemèreetunpèredéfaillant.Ellen’estquemensongesetmenaces.DepuisquePaul luiaappris les investigationsd’Adamsursesparents,Lorraineestperturbée.Ces recherchessur lepèred’Adamlagênent,maispourquoi?Cedoitêtreénormepourl’inciteràvenirmeproférerdesmenaces,directement,pours’exposercommeellenel’avaitjamaisfaitauparavant.Lorraineamontrésonvraivisage,acherchéàm’intimiderenévoquantmesproches.LorrainesouhaitequejeconvainqueAdamdetoutarrêter,denepluschercheràsavoircequiatantéloignésonpère.

Maisc’esttroptard.

SiLorrainenes’obstinaitpasàstoppercesrecherchespartouslesmoyenspossibles,jusqu’àfaireagressersonpropreneveupour lui fairepeur,Adamaurait-iléprouvé lamêmedétermination?SiLorrainen’avaitpascherchéàmenuire,aurais-jeencouragéAdamàpersévérer?Lorrainecacheetprotège beaucoup trop d’informations. Et Adam a le droit de connaître la vérité sur son père.Commentseconstruireunfutursereinsilepasséestinstable?

–Donc,sionrésume,LorraineetAmbroseavaienttoutàgagneraveclamortdemonpèreetdemononcle,déclareAdampourlui-même.

–C’esteffectivementcequelaissepensercetarticle,commenteHayley.Maisçaneveutpasdire

pour autant queLorraine etAmbroseont cherché cette situation. Ils enont profité,mais toutes lesmortssontprofitablesquandunefortuneestenjeu.

–Etpuissurtout,jamaispersonnen’aavancélathéoriedumeurtre,àl’époque,interviens-jeenmesouvenantdemesrécentesrecherchessurInternet.L’enquêtesurl’accidentaconcluàunedéfaillancetechnique.S’ilyavaiteudesdoutes,çaauraitétésoulevémaislà,rien…

Adam acquiesce. Lorraine etAmbrose sont peut-être des profiteurs,mais de là à orchestrer undoublemeurtre…J’aipeineàlecroireetchassecetteidéedematête.

Non,ceseraittropignoble…

–EtceSimonCollins,quiapparaîtàplusieursreprisesdansvosrecherches,voussavezquoideplussurlui?demandeAdamàHayley.

–Hormislefaitqu’ilétaitprochedevotrepèreetqu’ilaquittéSanFranciscorapidementaprèssamort,pasgrand-chose,confesselajournaliste.IlvitencemomentàBakersfield.Jedevraispouvoirtrouversonadresseexactefacilement.

–MerciHayley,merci beaucoup. J’aimeraispouvoir prendre les choses enmain,mais avec lesmenacesqueLorraineaproféréesàl'encontred'Éléahiersoir…

–Lorrainet’amenacée?l’interromptHayleyensetournantversmoi.–Oui,aprèsleconcert.Ellem’attendaitdanslaloge.Ellem’ademandédepersuaderAdamdetout

arrêter,sinonellepourraits’enprendreàmesproches,raconté-je.–Sijepeuxdonnermonavissurcettesituation,Lorraineprotègeunsecretquim’al’airénorme,

avance Haley. De toute ma carrière de journaliste, je n’ai jamais croisé de personnage aussidéterminéetfroidquecetteLorraine.

–C’est pour ça qu’il faut absolument nousmontrer discrets, reprendAdam.Si vous sentez quequelquechosecloche,vousdevezm’eninformertoutdesuite.

– Je le ferai, Adam. J’ai l’avantage de passer pour quelqu’un de discret, observe Hayley ensouriant.Çamepermetdepasserinaperçue.

–D’ailleurs, il faudrait que nous arrêtions de nous rencontrer ici au bureau, on ne sait jamais,continueAdam.

–J’aiuneidée!s’exclameHayley.Laissez-moipublierunautresujetsurvous,n’importequoi,çaexcusera mes allées et venues ici. Après tout, depuis nos entretiens et l’exclusivité que vous medonnez,cen’estpassiimprobable.

–Bonneidée.Jedemandeàmonservicedecommunicationdevouscontacterpourça,approuveAdam.MerciHayley,merci beaucoup. C'est très agréable et c'est un vrai soulagement de pouvoircomptersurvous.

Hayleyesttouchéeparcesparoles.Ellerougit.Hayleyestdevenuenotreamie,unevraiepersonnedeconfiance,unsoutiendanscettebataille.Elleestnonseulementefficacedanssonmétiermaiselleest aussi une vraie alliée pour nous. Jamais je ne regretterai ce jour où nous nous sommesrencontrées,devantleconservatoire.Hayleyadésormaissaplacedansmavie.

Lajeunefemmenouslaisseànosquestions.Désormais, toutenotreattentionest tournéeversceSimonCollins.

AdamrassemblelespapiersqueHayleyalaissésderrièreelle.Cesnouvellesinformationsnel’ont

pasébranlé.Aucunelassitudenetransparaîtdanssesgestes,bienaucontraire.Adamestuncombattantdansl’âme.

Uncombattantterriblementsexy!

Ces épreuves pourraient physiquement marquer n’importe qui, mais pas lui. Son regards’assombritparfois,maisc’estbientoutcequ’illaissetransparaître.Ilrelèvelatête,s’aperçoitquejel’observe,etsonvisages’éclaired’unsourire.

–Quandtumeregardescommeçamonange,tumedonnesl’impressiond’êtreleroidumonde.–Tul’es,pourmoi,dis-jeenm’approchantdelui.

Sur lapointedespieds, jedéposeundélicatbaisersurses lèvres.Cecontact, lesmainsd’Adamdansmondos,meréconfortent.Lapassionquinousanimetouslesdeuxnesemblepasêtreaffectéepartoutesceshistoiressordides…

Maisaufait!

«Ilfautquejetedemande,mesouviens-jesoudain.Est-ceque,quandonafaitl’amourici,danstonbureau,lescamérasnousontfilmés?»

Jelèvelesyeuxverslefauxplafond,oùsontdissimuléeslescamérasdesurveillance.Lesoirducambriolagedecebureau,j’aiapprisquedescamérassetrouvaientici.

« Filmer ? Nos ébats ? J'aime garder un souvenir de ces moments-là... », répond Adam,visiblementamuséparmaquestion.

Ilplaisanteouilestsérieux?

Jeplisselesyeuxpourlecerner,dubitative.

«Vraiment?»

Adampartdansungrandéclatderire:

–Non,ne t’inquiètepasmonange, jene temettraispasdanscegenredesituation.Jecoupe lescaméras quand j’arrive le matin, ce que je fais ici, pour les affaires ou avec toi, est strictementconfidentiel.

–C’estcequejepensais,maisçametrottedanslatêtedepuisl’autresoir.Tuasfinispardécouvrirquis’estintroduitici?Ont’avoléquelquechose?

–Aucundocument,papierouobjetn’aétédérobé.C’estlemystèreleplustotal.Undeplus…

Surcesmots,Adamattrapelelobedemonoreilleavecsabouche.Unedéchargemeparcourtledos.

« Je doismalheureusement travailler.Mais je compte continuer ce que j’ai commencé, dit-il enponctuantchaquemotd’unbaiserdansmoncou.Trèsvite.»

Jefondsdanssesbras,entouréedesonparfumenivrant.Maisjedoismereprendre,ledevoirnousappelle.

–Qu’as-tuprévuaujourd’hui?medemandeAdam.–Aprèsl’incidentd’hiersoir,onm’adonnémajournée.Jepenseallervoirmonfrère.Jenesais

pascommentilvadepuissadernièrediscussionavecClaire.–Çanes’arrangepasentreeux?–Jenesaispastrop.J’essaiedenepasm’enmêlermaisçam’al’aircompliqué.–Faisattentionàtoi,d’accord?Tuasdenouveauxgardesducorpsquirejoignentlespremiers.Je

tiensàcequ’ilnet’arriverien.

Deuxdeplus?

AdamprendtrèsausérieuxlesmenacesdeLorraine.Jeluiaidemandélaveilledeprotégermesparents,ClaireetRyan.

Pourqu’ilneleurarriverienàeuxnonplus.

JequitteAdametemporteunpeude sonodeuravecmoi. Je soupireenm’arrachantà ladoucechaleurdesesbras,auprofondbien-êtrequejeressensensaprésence.

Hautlescœurs,nousnenousquittonspaspourtrèslongtemps!Cesoirsansdoute…

J’attrapemontéléphoneaufonddemonsacpourjoindreRyan.Jenetienspasunenouvellefoisàessayerdeleconvaincred’arrangerleschosesavecClaire.Monfrèreaprisladécisiondeprendredureculquantàleurcouple,jedoisrespectersonchoix.Etagirentantquesœur.Ilapeut-êtrebesoindemonréconfort,dediscuter,dequelqu’unquiluiremontelemoral.Ilneconnaîtpasencoregrandmonde ici à San Francisco, depuis son emménagement récent. Il ne répond pas à son téléphone.J’essaieànouveau:pasderéponse.Iln’apascourscematin,ilnetravaillepasnonplus.

Peut-êtrequ’ilneveutpasmeparler?Qu’ilcroitquejevaisencorelesermonner?Jevaisfaireunsautchezlui,ceseraplussimplepourdiscuter.

J’appellel’ascenseuretmeretournemachinalement.Toutestcalme, tout lemondetravailledansuneambiancestudieuse,chacunàsonbureau,derrièrelesparoisvitrées.Jeneconnaispersonneici,sinondevue.Soudain,j’aperçoisConradaudétourd’uncouloir.Ilsedirigeverslebureaud’Adamaupasdecourse.Jel’entendscrier,avantdepasserlaporte:

«Adam!Onaunproblème!»

Ettoutvatrèsvite.Ilseretourne,m’aperçoit,courtversmoi.

Qu’est-cequ’ilsepasse?

«Éléa,revenez»,medit-ild’unevoixgrave.

Jelesuis,Adamnousattendàlaportedesonbureau,lamineinterrogative.Conradfermelaporte

derrièrenous.Jen’aimepasl’expressiondesonvisage.

–Adam,onaunproblèmeavecRyan,finit-ilparlâcher.–Ryan!m’exclamé-je.

Mesjambessontprêtesàsedérober.

«Lesgardesducorpsviennentdem’appeler.Ilsviennentd’emmenerRyanàl’hôpital»,continueConrad.

Àl’hôpital?Monfrèreestàl’hôpital?

–Quelhôpital?arrivé-jeàdemander.–AuMémorial,il…

JenelaissepasàConradletempsdefinirsaphrase.Monfrèreestàl’hôpital,jedoislerejoindre,toutde suite ! Jemeprécipitedans l’ascenseurquivientd’ouvrir sesportes. J’entendsAdamcriermonnom,ilmedemandedel’attendre.Maisjenepeuxpas.Simonfrèreestàl’hôpital,c’estpeut-êtreparcequeLorraineamissesmenacesàexécution.

C’estpeut-êtreàcausedemoi…Etc’estpeut-êtregrave!

Jen’aipasletempsdepleurer,jenepensequ’àretrouvermonfrère.

MonDieu,Ryan…

Jeretrouvemavoituredansleparking,déposéecematinparundemesgardesducorps.Jel’avaislaisséelaveilleauconservatoire.

Aux urgences de l’hôpital, l’infirmière d’accueil me confirme la présence de mon frère etm’indiquele litoù jepeuxleretrouver.Jepousse lerideauentourantsonlitet le trouveassis,sontéléphoneàlamain.Ilouvregrandslesyeuxenm’apercevant,sansdouteétonnédemevoirici.

«Ryan!»crié-jeàmoitié.

Monfrèreestsalementamoché.Seslèvressontgonflées,sonvisagetuméfié.Ilporteàl’arcadeunpansement,sonbrasestenécharpe.

–Éléa,qu’est-cequetufaislà?J’allaist’appeler,dit-ildansunegrimacededouleur.–Qu’estcequit’estarrivé!demandé-jeenm’approchantdulit,glacée.–Jefaisaismonfootingcematinetunmecm’esttombédessusparderrière.Ilm’amisausolet

m’adonnédescoupsdepied.Jen’ai rienvu, j’aiessayédemeprotéger la tête.Ças’estpassé trèsvite.Deuxhommesm’ontramasséetdéposéici.

Jeserrelesdentsmaisunsanglotmesecoue.

Lorraine…

–Hé,çavapetitesœur.JenesavaispasqueSanFranciscocraignaitautantqueNewYork,essaiedeplaisanterRyan.

–Est-cequetuasmal?–Çava,lesmédecinsm’ontdonnécequ’ilfautet…–Ryan!Éléa!

Adamvientd’arriver,suivideConrad.

–Oh!vousêtesvenusennombre,s’étonneencoreRyan,visiblementravi.–Qu’est-cequ’ils’estpassé?!demandeAdamàsontour.

Monfrèrerépètecequ’ilvientdemedire.Uneinfirmièrevientaussidenousrejoindre.Ryanpeutrentrerchezlui.Jel’aideàenfilersonsweat,jen’arrivepasàprononcerunmottellementjemesenscoupable.Adamalamâchoirecrispée,Conradlevisagefermé.

–Bon,vousallezmedirecequ’ilsepasse?s’inquièteRyan.Etcommentvoussaviezquej’étaisici?

–Quelqu’unt’areconnuetm’aappeléeaussitôt,mens-je.C’estpratiquequetutravaillesdansunhôpital:s’ilt’arrivequelquechose,jesuisprévenuerapidement.

Ryanme regarde d’un air sceptique.Mais ses contusions calment son envie d’en savoir plus. Ilémetungrognementquandilposelepiedpar terre.AdametConradseprécipitentpour l’aider.JedécidederamenerRyanchezlui,AdametConradnoussuiventenvoiture.Jenetienspasàinquiétermon frère, il a assezdonnéaujourd’hui. Jeveux juste le ramener chez lui et le savoir en sécurité.Adam m’aide à le mettre dans son lit. Les antalgiques assomment mon frère. Nous le laissonsrécupéreretjeluiprometsdepasserlevoirplustarddanslajournée.

–Çava,monange?medemandedoucementAdamsurletrottoir.–Siçava?Monfrèrevientdesefairepasseràtabac,ettumedemandessiçava?C’estmafaute

s’il est dans cet état, Lorraine… elle a… Pourquoi est-ce que ses gardes du corps ne l’ont pasprotégé?Tum’avaispromisqu’ilneluiarriveraitrien!crié-je.

Mesnerfslâchent,jecraque.Jenesupportepasl’idéequetoutestmafaute…

–Monange,calmetoi,tentedem’apaiserAdamenmeprenantdanssesbras.Cen’estpastafaute.Lesgardesducorpssontintervenusaussivitequ’ilsontpu,maisilsavaientlaisséunpeud’avanceàRyanpendantsonfootingpourqu’ilnedécouvrepasleurprésence.Ilsontfaitpartirl’agresseuretilsonttoutdesuiteemmenéRyanàl’hôpital.

–Tuveuxdirequeçaauraitpuêtrepire?–Jenesaispas,peut-être,n’ypensepas.L’essentielestqueRyannevapastropmal.–Situn’avaispasmisenplacesaprotection,Ryanauraitpu…

Mavoixsebrise.

Est-cequeLorraineestderrièrecetteagression?

Jepleuremaintenantàchaudeslarmesdanslesbrasd’Adam,vidantcetrop-pleindestress.Conrad

se fait discret et s’est éloigné à quelques pas de là. Soudain, mon téléphone sonne. J’aperçois lenuméro de Claire à travers mes larmes. J’essaie de m’éclaircir la voix et de ne rien laissertransparaîtrequandjedécroche.

–Claire?–Éléa,j’aibesoindetoi!Est-cequetupeuxvenirmedépanner?Jesuisàlacasernedésaffectée,

tutesouviens?Mavoitureestenrade!Unpetitmalins’estamuséàlacérermespneus!–Quoi?!

Cen’estpaspossible,Ryan,puismaintenantClaire…çanepeutpasêtreunecoïncidence.Adam,inquiet,m’interrogeduregard.

–Çam’énerve!Jesuisbloquéeetj’aiunrendez-vousimportant!ajouteClaire,excédée.–Attends,jesuisavecAdam,jeluiexplique.

Je relate àAdam ce qu’il vient de se passer pour Claire. Conrad s’est rapproché. Lui etAdaméchangentunregard.

Oh!jen’aimepasceregard.

«Dis-luiqu’unevoiturepasselaprendre,sesgardesducorpsnesontpasloin,ilss’occuperontdesavoiture»,mechuchoteAdamenfaisantsigneàConrad.

Lebrasdroitd’Adamattrapeàsontoursontéléphone.

–NebougepasClaire,Adamt’envoieunevoiture,informé-jemonamie.–OKsuper.Maisçam’embêtedelaissermavoitureici!–Net’inquiètepaspourça,ils…–Ilssontdéjàlà!Disdonc,c’estduservicerapide!Ilssontpasmal,enplus!RemercieAdam

pourmoi,jedoistelaisser,jesuishyperenretard!Àplus.

Clairevientderaccrocher.Jesuisabasourdieparcetenchaînementd’événements.

–JecroisqueLorrainenousenvoiedesmessages,entends-jedireAdamàConrad.Ellen’estplusdanslesmenaces,elleestpasséeàl’action.Ilfautvraimentquetoutlemondesemontrevigilant.

– Les équipes deRyan et Claire sont prévenues. Je vais appeler celles de vos parents Éléa,meglisseConrad.

Mesparents…

Jereprendsmontéléphone,moncœurbatlachamade.

Jamaisdeuxsanstrois…Non,pasmesparents!

Iln’yapasdedécalagehoraireavecKelowna,ilsdoiventdéjàêtreautravail.Sitoutvabien…Lasonnerieajouteàmonstress.

Pourquoitardent-ilsàrépondre!

–Allô?faitenfinlavoixdemamèreauboutdufil.–Maman,c’estmoi,Éléa,est-ceque…–Oh ! Éléa, c’est toi. J’attends un appel de l’assureur, je ne peux pas rester trop longtemps au

téléphone.Tunedevinerasjamaiscequis’estpasséici…

Non…

–Lemagasinestsensdessusdessous.Tonpèreadéjàcommencéàranger,maisonaeuquelquesdégâtssurlaported’entrée.L’assureurdoitmerappeleret…

–Etvous,est-cequeçava?demandé-jed’unevoixblanche.

AusondemavoixAdamcomprendimmédiatementqu’ilsepassequelquechose.

–Oui,oui,nousallonsbien,tonpèreetmoi.Onadécouvertlemagasincematinenarrivant.Jet’assure,vivementlaretraite,j’aidumalàsupportercestress,pestemamère.Enfin!JetelaisseÉléa,rappelle-moiplustard,d’accord?

–Ouimaman,boncourage…

Ryan,Claire,mes parents.Hier soir, Lorrainemenaçaitmes proches.Cematin, ils ont tous ététouchés.

Ellen’adoncpluspeurderien,elleestprêteàtout!

Faceàmonsilence,Adamprendlaparole.

–Monange,jesuisdésolédevousavoirentraînés,toiettesproches,dansmeshistoires…–Nesoispasdésolé.TunepeuxpascontrôlerLorraine.Tuasfaitcequ’ilfallait,tuasmismes

prochessousprotection,quisaitcequiauraitpusepassersitunel’avaispasfait?–C’estvraiAdam, intervientConrad.Jeviensd’avoir l’équipedeKelowna.Ilsontsurprisdeux

hommes cette nuit près de la maison des parents d’Éléa. Nos hommes se sont montrés et ils ontdéguerpi.Ilsontdûserabattresurlemagasin.

–Lorrainevientdefaireunegrosseerreur,grinceAdam,entresesdents.Quejenelacroisepas,qu’ellen’osepasveniràmoi!

–Retournonsaubureaudiscuterdetoutcecientrenous.Nousyseronsmieux,proposeConrad.

Adamacquiesce.Moiaussi.Conraddécidedeprendremavoiturepour rentrer.Je rejoinsAdamdanslasienne.Assisesurlabanquettearrière,jem’aperçoisquejeserremontéléphone.Mesdoigtssont crispés, presque blancs. Je n’éprouve plus aucune peur, mais de la colère. Adam a raison.Lorraineaététroploin.

2.Prêteàsebattre

Je suis silencieuse sur le chemin qui nous ramène au bureau d’Adam. La colère me vrillel’estomac.Lorrainem’amenacéeetnousaenvoyédesmessagesenattaquantmesproches.Ryanestcelui qui a été le plus touché… Il ne faut pas que je la croise, il ne faut pas que je la voie. Il estdésormaisimpossibled’imaginerquenouspuissionsavoirdebonnesrelations,impossibled’oublier.Etdirequ’ilyapeunousdînionschezelle!Quejelacomplimentaissursonintérieur!Si jedoisremettrelespiedschezLorraine,c’estbienpourdéversermacolère!

Est-cequ’elleva s’arrêter làouest-cequ’elle comptepoursuivre,prendre encorema famille etmon amie pour cibles ? Heureusement qu’Adam a fait le nécessaire, qu’ils sont tous protégés.Sinon…Unsentimentdeculpabilitém’assaille.Lemêmequej’aiéprouvépourClaire,quandnotremaisonabrûlé.SilecoupableavaitunlienavecPaul,lapolicen’ajamaisréussiàsavoirsiPaulavaitcommanditécetautredrame.Àmescôtés,Adamserrelesdents,ilesttendu.Ilaleregardailleurs,tournéverslafenêtre.Ilmeserrelamainmaisjelesenstourmenté.

De retour dans le bureau d’Adam, jeme laisse tomber dans le canapé et pose la tête dansmesmains.Jelesentendsdiscuter,Conradetlui,delasituation.

–Rappelletoutesleséquipes,engagedumonde.Jeveuxunesurveillancevingt-quatreheuressurvingt-quatre,commenceAdam.Jeveuxquetoutlemondesoitprêtàréagir.Etunrapportdeuxfoisparjour.

–BienAdam.EtpourÉléa?demandeConrad.–Doublel’équipeaussi,jeveuxdesgenspostésdevantsonappart.–Jevaisfairelenécessaire,comptesurmoi.

Conradfermediscrètement laporteenpartant.J’ai l’impressionqu’Adamet luisonten traindemonterunepetitearmée.Adammerejoint,jelèvelatêteverslui.Sonregardestanxieux.

–Éléa,est-cequeçava?– Je ne sais pas, avoué-je, lasse. J’ai peur,mais je suis en colère aussi. J’ai envie d’aller voir

Lorraine,decrier,decassersesobjetsd’art…–Jesuisfurieuxaussi.

Adamm’attire doucement contre lui. Je pose la tête contre son torse. J’entends son cœur battred’unrythmerégulier.

«Éléa,murmure-t-ildansmescheveux.Ilsuffitd’unmotdetapartpourquej’arrêtetout.J’arrêtedecouriraprèsmonpère,jenetienspasàtemettreendanger.Niàcequ’ilarrivequelquechose,àtafamilleouàtoi.Jenepourraispasmelepardonner.»

Jemerecule,lesyeuxbrillants,nonpasdelarmes,maisdedétermination.

«Tuasledroitdeconnaîtretonpassé,tonhistoire.Jeneveuxpasquetuarrêtes,aucontraire.JeveuxquetudécouvrestoutelavéritéetqueLorrainen’intervienneplusdansnotrevie.Tuasfaittoutcequ’il fautpourprotégermesparents,RyanetClaire.Maintenant, je comptebienmebattre à tescôtés.Lorrainenemefaitpaspeur,jenecrainsrienquandjesuisàtescôtés.»

Adamplongesonregarddanslemien.Jeretrouvedanssesyeuxsaforcenaturelle.

«Trèsbien,oncontinue.Maislejouroùtusensqueçavatroploin,dis-le-moi.Entremonpasséetmonavenir,monchoixestfait.»

Avenir?Adamparled’avenir?Pourquoiest-cequej’enfrissonne?L’intensitédanssesyeux?Meparle-t-ild’unaveniràdeux?

– Il faudraitpeut-êtreprévenirRyanetClaire,ajouteAdamaprèsuncourt instantde silence. Ilssaventcequenoustraversonsdepuisledébut.

–Tucrois?J’aipeurdeleseffrayer.– Ryan a tout de même déménagé pour te protéger, et Claire n’est pas du genre à se laisser

marcherdessus,souligneAdam.S’ilssemontrentprudents,ilsneserontplusdesciblesfaciles.–OK,maisjen’enparlepasàmesparents.Toutleurexpliquerseraittropcompliqué,etmamère

feraittropd’histoires.– Ta mère pourrait te pousser à me quitter, s’amuse Adam. Non, tes parents doivent rester en

dehorsdeça,tuasraison.

Non seulementmamère pourrait me pousser à quitter Adam,mais aussi à quitter la ville et àretourneraucalmeetàlatranquillitédeKelowna.Jen’arrêteraispasd’enentendreparler!

–JevaisappelerClaireetRyanetleurparlerdetoutçacesoir.Plusviteceserafait,plusvitejemesentiraisoulagée.Enattendant,jevaistelaissertravailler.

–Tiens-moiaucourant.Jefaispareilsij’aidunouveaudemoncôté.Etfaisbienattentionàtoi,d’accord?

Nousnousquittonsdansunedernièreétreinte,tendre.Moncœurbatlachamade.Aprèstoutescesémotions,Adamaprononcélemot«avenir»enparlantdenousdeux.Jequittelebureaud’AdametdécidedefaireundétourversceluideConrad.Jefrappeàsaporteavantdeglissermatête.

–Éléa?Vousavezbesoindequelquechose?demande-t-ilimmédiatementenm’apercevant.–Non,rien.Jevoulaisjustevousremercier.Pourcequevousfaites.–Oh!Ehbien,derien,dit-ild’unairgêné.Vousneméritezpascequ’ilvousarrive.C’estunpeu

mafaçonàmoideprendrelesarmescontreLorraine,ajoute-t-ilenplaisantant.

Devant l’immeuble, j’aperçois ma voiture garée. Je jette un œil aux alentours et aperçois mesgardes du corps. Je leur souris. Jeme sens en sécurité, aux aguets, mais bien entourée. Avant demonterdansmavoiture,jeprendsletempsd’appelerClaire.

–SalutÉléa!Disdonc,superefficacesleshommesqu’Adamaenvoyéscematin.Lespneusdemavoituresontchangés,jelarécupèredansuneheure!s’enthousiasmemonamieendécrochant.

–Super!Dis,jedoisteparlercesoir,tupeuxmerejoindreàl’appartdeRyanaprèstonboulot?

–Sic’estpournousmettrefaceàfaceetparlerdenosproblèmes,nonmerci!Jepréfèrequeçaviennedelui!

–Non,pasdutout.C’estimportantClaire,vienschezRyancesoir,OK?–Qu’est-cequ’ilsepasse?Tum’inquiètesàêtresisérieuse!–Jepréfèret’enparlercesoir,promets-moidevenir,Claire.–OK,jeserailà.Riendegrave,Éléa?–Jetedistoutcesoir.–OK,àcesoiralors.

J’imaginequeClaire seposedesquestions en cemoment.Adama raison, il faut qu’ils sachenttouslesdeux.J’envoiedanslafouléeunSMSàRyan.Ildoittoujoursdormiravecsesmédicamentsingéréscematin.

[Jepasseenfind’après-midipourvoircommenttuvas.]

Monaprès-midi s’offre àmoi.Avec tout ça, nousn’avonsmêmepaspris le tempsdedéjeuner,maisjesuisincapabled’avalerquoiquecesoit.Niderentreretdemeretrouverseuleàressasserlesévénementsdelamatinée.

Non,ilfautquejem’occupe.

Je décide deme rendre au conservatoire, j’ai envie de retrouver la fraîcheur deMax, de joueraussi,çanepeutquemefairedubien.

Max…Est-cequeLorrainesaitqueMaxestmonami?Est-cequeMaxaussi…?

Monventresecrispeànouveau.MarelationavecMaxest récente, ilapeut-êtreéchappéàcettevaguedramatique.Lesourireque je lis sur sonvisagequand j’entredans la sallede répétitionmerassure.Ilprendletempsdeterminersadiscussionavantdemerejoindre.

–Éléa,tudevaistereposeraujourd’hui!–Jemesensmieux,net’inquiètepas.Ettoi,toutvabien?demandé-jeinnocemment.–Oui,çava,riendenouveaudepuishier.–EtAlanvabien?–Oui,jepense…Tuesbiencurieuse,qu’est-cequ’ilsepasse?–Oh!rien,jeprendsdesnouvelles,riendeplus.–Tiens,enparlantdenouvelles,jecroisqueM.Glenenaapprisunecematinquin’apasl’airde

leréjouir.Ils’estenfermédanssonbureau.Tudevraisallerlevoir,ilvoulaitteparlerdemain,maispuisquetueslà…

–OK,jevaislevoir…Àplustard!

LesecrétaireduPhilharmoniqueestencoredanstoussesétats.

Çadevientunehabitude…

Quellenouvellelebouleverse?Laportedesonbureauestouverte.Jedonnequelquescoupssurlechambranlepourqu’illèvelatêteets’aperçoivedemaprésence.

–Éléa,jepensaisquevousneveniezpasaujourd’hui!–Jemesensmieux,alorsjesuisvenue.–C’estbien,c’estbien…,répète-t-il,ailleurs.–Est-cequetoutvabienmonsieurGlen?Maxm’aditquevousvouliezmevoir?insisté-je.–Oui,c’estvrai.Entrez,fermezlaporte.

Jem’exécuteetm’assoisdanslefauteuildevantsonbureau.

– Les travaux de l’Avery Fisher Hall à New York avancent très vite, m’apprend M. Glen. Ilsdevraientêtreachevésd’iciàquelquessemaines.

–Déjà?!m’exclamé-je.–Ehoui,déjà.LesresponsablesduPhilharmoniqueévoquentdéjànotreretour.–Oh!–Nousavonsmistellementdecœurànotreinstallationiciquenousavonsoubliéqu’ellen’était

queprovisoire,ajoute-t-il.

Aprèsl’incendiequiaravagél’AveryFisherHall,l’antreduPhilharmoniquedeNewYork,Adamavait eu l’idée de tous nous déménager à San Francisco, pour que personne ne se retrouve auchômage.Maisc’estvrai,iln’ajamaisétéquestiond’uneinstallationdéfinitive.

–Jetenaisjusteàvouseninformer,Éléa.JesaisquevousavezdesattachesiciàSanFranciscoetqu’ilserasansdouteplusdurpourvousderepartiràNewYork.Maissachezquevousneserezpaslaseule.Noussommesnombreuxànousêtreattachésàcettevie ici.Enfin,notremaisonn’estpas là,souffleM.Glen.

–C’est vrai,mais je suivrai le Philharmonique àNewYork, comme cela a toujours été prévu,assuré-je.

Quitteàcequecelamebriselecœur?

–Quetoutceciresteentrenous,Éléa.Uneannonceofficielledevraitêtrefaiteprochainement.–Trèsbien,jenedirairien.

M.Glena l’airaffectéparcetteperspectivededépart.Seserait-il luiaussiattachéà laville?Jequitte son bureau, pensive. Je savais que ce moment arriverait, mais avec tous ces derniersévénementsdansmavieprivée,j’aioccultélefaitquelePhilharmoniqueestavanttoutnew-yorkais.Maistellementdechosesontchangédepuismonaudition.EnpostulantauPhilharmonique,jesavaisquejedevraisvivreàNewYorketquitterClaire.Maisdepuis…MarelationavecAdamaprisunpeuplusd’ampleur,noussommesplusprochesquejamaisavecmonamieetRyann’habitemêmeplusàNewYork.Jerisquedoncdemeretrouverseule,éloignéedesgensquej’aime.Maisjenepeuxpasnonplussacrifiercetteplacesiimportantepourmacarrière.

Pourquoi l’apprendre aujourd’hui, pourquoi pas demain ou la semaine prochaine ? La journéen’a-t-ellepasétéassezdure?Mesnerfsn’ont-ilspasétéassezsollicités?Commentfairepourrestericisansnuireàmacarrière?Ilfautquejetrouveunesolution.Jenepeuxpaspartiràl’autreboutducontinent alors que tout le monde est là… J’assiste aux répétitions de mes collègues.Mais d’uneoreilleseulement.Mespenséesseportentsurledépart,lesévénementsdelamatinéeetmaprochaine

discussionavecRyanetClairecesoir.

Quellejournée!

Quandjesonneàlaportedemonfrère,j’éprouveencoreuncoupaucœurquandj’aperçoissonétat. Son agresseur ne l’a vraiment pas raté. Ryanm’explique avoir dormi une bonne partie de lajournée. Il se sentmieux, légèrement handicapé par son bras douloureux,mais ilme rassure. Sescontusionsdevraientrapidementserésorber,«paroled’étudiantenmédecine».Alorsqu’ilsortdelasalledebainsoùils’estrafraîchi,jeluiapprendsqueClaires’apprêteànousretrouver.

–Quoi?!Ahnon,jenesuispasd’accord.Jen’aipasdutoutenviedeparleràClaireetencoremoinsqu’ellemevoiedanscetétat.Sérieusement,Éléa,tucroisquec’estlemoment?s’énerve-t-il.

–JeneluiaipasdemandédepasserpourparlerdevousdeuxRyan,j’aiquelquechosed’importantàvousdire.Jesaisquecen’estpaslemoment,maisilfautvraimentquejevousparle.

–Etçaméritedenousréunirdanslamêmepièce?Elleaacceptédevenir?–Jeneluiaipaslaissélechoix,etoui,çaméritedevousréunir.Crois-moiRyan,voshistoiresde

couplenemeregardentpas,maislà…c’estimportant.–Est-cequeçaaunrapportaveccematin?demande-t-il,calmé.–Oui…–Jemedoutaisqu’ilyavaitquelquechosede louche.Toi,AdametConradquidébarquezd’un

coupalorsquejen’aieuletempsdeneprévenirpersonne…C’estgrave?–AttendonsClaire,d’accord?

Monamienetardepasàarriver.ClaireetRyanviennenttoutjustedesuspendreleurrelation.Ilsnesesontpasparlédepuiscemomentdouloureux,j’imaginequec’estdifficilepoureuxdeseretrouverensemble.MaisquandClaireaperçoitl’étatdeRyan,ellenepeuts’empêcherdes’inquiéter.

–Qu’est-cequ’ilt’estarrivé?demande-t-elle.–Unmecm’esttombédessuspendantmonfootingcematin.Maisçava,répond-il,distant.

Devantcettefroideuraffichée,Clairenecherchepasàensavoirplus.Ellesetourneversmoi:

–Bonalors,qu’est-cequ’ilyadesiimportant?–Asseyez-voustouslesdeux,proposé-je.

Ryans’installedanssoncanapéetClaireprendsoindechoisirunechaise,àbonnedistancedemonfrère.Jepasseoutrecetteambiancetendue.Ellem’attriste,maisçan’estpasleplusimportantcesoir.

–VousvoussouvenezdeLorraineHill?commencé-je.–La tante d’Adamqui t’accusede la disparitionde sonneveu et le fait tabasser sur unparking

désert?Difficiledel'oublier!commenteClaire.–Adamcontinue les recherches sur sonpassé.Après samère, il cherchedésormaisàensavoir

davantagesursonpère,etçan’apasl’airdeplaireàLorraine,continué-je.

Danssoncanapé,Ryanseredresse.

–Ellevouscréetoujoursdesennuis?demande-t-il.

–Elleestvenueauconservatoirehiersoiretm’amenacée.SiAdamn’arrêtepassesrecherches,ellem’aavertiequ’elles’attaqueraitàvous.

RyanetClaireéchangentunregard.Ryanestlepremieràprendrelaparole.

–L’agressiondecematin?C’estelle?–Onpensequeoui.Pareilpourtavoiture,Claire.–Tuaseuunproblèmeavectavoiture?demandeRyanensetournantversClaire.–Oui,mesquatrepneusontété lacérés, répond-elle.Éléa, tuveuxdirequeLorraines’attaqueà

nous?–On pense qu’ellemet sesmenaces à exécution pourmontrer àAdam qu’elle est prête à tout.

Ryan,lesparentsaussi…

Mavoixs’étrangle.

«Papaetmaman?Euxaussi?»

Ryanestdebout,lespoingsserrés.

«Leurmagasinaétésaccagécettenuit,soufflé-je.Maiseuxn'ontrien.»

Monfrèretapelemurdesamainvalide.

«C’estpaspossible!»

J’essaiedereprendrelecontrôledemavoix.

–Vous êtes tous sous surveillancedepuis hier soir.Dèsque j’ai prévenuAdamdesmenacesdeLorraine,ilamisenplacedeséquipesdeprotectionpourchacund’entrevous.Ryan,leshommesquit’ontamenéàl’hôpitalcematinetquinousontprévenus,c’étaienttesgardesducorps.Claire,pareilpourceuxquisesontoccupésdetoiaprèstonappel.

–C’estpourçaqu’ilsontétélàsivite!commenteClaire.–Oui.Nosparentsaussiontuneéquipequilesprotège.Cettenuit,ilsontsurprisdeshommesqui

tentaientderentrerdansleurmaison.Ilsontdûserabattresurlemagasin.Tesgardesducorpsétaienttrop loin de toi Ryan pour intervenir cematin. Ils devaient semontrer discrets, pour ne pas vousinquiéter.Maismaintenantquevousêtesaucourant,ilspourrontagirplusvite.

Lesilences’installe.RyanetClairesemblentassommésparmesparoles.

«Vousêtesensécuritémaintenant,mais il faudraitquevoussoyezprudents, si jamais…Jesuisdésoléequetoutçavoustouche,jesuisdésoléeRyan,jenepensaispasquetoutiraitsiloin…»

Mavoixsebriseànouveau.

Est-cequ’ilsvontexploserdecolère?M’accuserdemettreendangerleursécurité?Medemanderdeneplusjamaislesapprocher?

–Donc,làdanslarue,partoutoùjevais,ilyadeshommesquimesuiventpourmeprotéger,c’estça?m’interrogeClaire.

–Oui,c’estça,acquiescé-je.– OK. Je vais leur dire que s’ils chopent quelqu’un qui me veut du mal, je veux qu’ils me

préviennentpourquejeluifilequelquesclaquesaussi.Jepensequeçapourraitmefairedubien!–JesuisdésoléeClaire,vraiment…–Nesoispasdésolée!Lorraineestimmondedes’enprendreàtesparents.OK,lasituationestun

peutendue,cen’estpascommund’avoirdesgardesducorps,maisçanevapasm’empêcherdevivrepourautant,continueClaire.

–MaispourquoiLorraineneveut-ellepasqu’Adamfassedesrecherchessursonpère?intervientRyan.

–C’estunmystère.MaisAdampersévère,ilveutsavoirlavérité.–Et il abien raison, adhèreClaire.Ne t’inquiètepasÉléa,on seraprudents.Faites cequevous

avezàfaireetnous,ehbien,onfaitattention.– Je suisd’accord, si j’avaispuattraper lemecquim’a fait çacematin, je lui auraisdonnéun

messagepourcetteLorraine,s’agaceRyan.– Dans l’état dans lequel tu es, tu ne risques pas d’envoyer beaucoup de messages, le taquine

Claire.–Maisjen’airien,c’estsuperficiel,sedéfendRyan.–Ahoui?Mêmesij’appuielà?demandeClaireenserapprochantdemonfrère.–Aïe!crieRyanaumomentoùClairetoucheunedesescôtes.–C’estbiencequejedis.Ilnet’apasloupé,quandmême!Tuastoutcequ’iltefaut?s’enquiert

Claire,lavoixsoudainadoucie.–Oui,souffleRyan,troublé.Lesmédecinsm’ontdonnédesantalgiques.

Claire et Ryan viennent d’enterrer la hache de guerre et jeme sens presque de trop, dans cettepièce.

«Jen’airienprévucesoir,tuveuxquejereste?»

LaquestiondeClaireestpleinedesous-entendus.MonamietendunepercheàRyan,est-cequ’ilvasavoirlasaisir?

«OK»,lâchemonfrèreaprèsuncourtmomentderéflexion.

Oui!

–JedoisretrouverAdam,glissé-je.Jesuistellementdésoléedevousentraînerdanstoutça.–Net’inquiètepaspournous,ditClaire.Onestdevotrecôté!–Oui,etsurtout,préviens-moisituasdunouveauducôtédesparents!ajouteRyan.–Situlesappelles,neleurdisriensurtout.Jeneleurairienexpliqué,jeneveuxpaslesinquiéter,

précisé-jeàRyan.–Jecroisaussiqu'ilvautmieuxqu'ilsrestentendehorsdetoutça,approuveRyan.Mamanserait

capablededébarquericietdenousrameneràlamaisontouslesdeux!

C'estexactementcequej'aiditàAdamtoutàl'heure!

JeserreRyanetClairecontremoi.Sanslesavoir,monfrèreetmonamieviennentdemerendretoutesmesforcespourmelancerdéfinitivementdanscettebataillecontreLorraine.Sansleursoutien,toutauraitpuêtredifférent…Jereparsavecnonseulementleurdétermination,maisaussil’idéequetoutn’estpasfinientreeux.Ilsontretrouvéleurcompliciténaturellequilesliaitjusqu’àprésent.

S’ilpeutsortirquelquechosedebondetoutecettehistoire,alors…

JerejoinsAdamauMandarin.Jesaisqu’ilyest,ildélaissesouventsamaisonpoursasuiteàdeuxpas de son bureau. Quand il m’ouvre la porte, dans sa tenue décontractée, toute la tension de lajournées’efface.Ilestbeauàcouperlesouffle!Jemejettesurlui, l’embrassepassionnément.J’aibesoindelui,desonétreinte,desonodeursurmoi.Adamrépondàmonbaiser,etmeportejusqu'àlachambreàcoucher.

3.Unmariagedansl’air

Adamselèvediscrètement,pournepasmeréveiller.Jefaissemblantdedormir,pourl’observeretlaisserlibrecoursàmespensées.Cettenuitaencoreétémagique,noscorpssedécouvrentchaquefoisunpeuplusetleurrencontredonnelieuàunfeud’artificedeplaisir.Jemetrouveencoreunpeugaucheparfois,maisAdammeguide,m’accompagnedansmescaresses.J’ail’impressionqu’ilsaitexactementcomment révéler l’amanteque jesuis.Cettepassionquinoushabite, l’unet l’autre,n’apas faiblidepuisnotre rencontre.Elle s’épanouitet suscitecebesoinperpétueldenous toucher,denous sentir, de nous séduire. J’aime percevoir le regard d’Adam posé surmoi, ce regard quimedonnedespapillonsdansleventre.Lecharmemagnétiqued’Adamopèredèsqu’ilestprèsdemoi.Lesévénementsrécentsoccupentbeaucoupmonesprit,maismoncorpslui,merappelletoujourscetimpérieuxpouvoird’attraction. Jemedemandeencorecommentunhommeaussibeau,aussi sexy,peutêtreattiréparquelqu’uncommemoi.

Cettealchimiequinousrapprocheestbienmystérieuse.

J’aidûmerendormirsurcespensées.Quandjemeréveille,lasuiteestsilencieuse.Àcôtédemoi,surl’oreillerd’Adam,jetrouveuneroserouge.Jelarespire.

Adamm’aoffertunefleur,etpasn’importelaquelle…

Cettepetiteattentionmeréchauffelecœur.C’estlesourireauxlèvresquejeposelepiedausol.

Lajournéecommenceterriblementbien!

JesaisismontéléphonepourenvoyeràAdamunmessagequandjem’aperçoisquej’enaireçuun.C’estHayleyquimedemandesiellepeutmeretrouvercematin,auplusvite.Ladernièrefoisqu’ellea cherché à me joindre, c’était pour m’annoncer qu’une rumeur de grossesse me concernantcommençaitàserépandresurInternet.

C’estquoimaintenant?Unamantcaché?Unemaladieincurable?

Jeluiréponds,ensoupirant:

[JesuisauMandarin,onpeutseretrouveraubarpourprendreuncafé?][OK.Jesuislàdansvingtminutes!]

Hayleyestplutôtpressée…

Çanemeditrienquivaille…

Jedécided’informerAdamaucasoùunemauvaisenouvelleseprofileàl’horizon.

[Mercipourlafleur,elleestmagnifique…Hayleyveutmevoirenurgencecematin,jecrainsune

mauvaisenouvelle.][J’espèrequenon,onenaeuassezcesdernierstemps…Tiens-moiaucourant,majoliefleur…]

Jem’assoisàunetableetcommandeuncafé.J’aileventretropnouépourm’offrirunvraipetitdéjeuner.Mêmemesdoigtssontglacés.Hayleyestunpeuenretard,maisellefinitparmerejoindre,essoufflée,maislesyeuxbrillants.

– Excuse-moi pour le retard,mais cette circulation… Je vais prendre un café aussi, dit-elle ens’adressantauserveur.

–Alors,qu’est-cequ’ilyadesiurgent?Je t’avoue, jen’aimepasquandtumedemandesde tevoiraussivite!

–Oh ! non, je ne voulais pas t’inquiéter. C’est plutôt une bonne nouvelle, inattendue,mais unevraiebonnenouvelle,s’enthousiasmeHayleyavecunlargesourire.

J’observemonamie.Jel’airarementvuesisourianteetépanouie.Moninquiétudes’estenvoléeetalaissélaplaceàlacuriosité.Hayleyfaitdurerlesuspenseenprenantletempsdesucrersoncafé.Jesuisàdeuxdoigtsdelapousseràparlerquandenfin,elledaignem’endireplus.

– Je t’ai parlé de mon amoureux, souffle-t-elle sur le ton de la confidence. Mark est grandreporter,ilestsouventloin.Bref.IlseposequelquesjoursàSanFrancisco,ilarrivedemain.Etilenaprofitépour…

–Pour…,continué-je,suspendueàseslèvres.–Pourmedemanderenmariage!s’exclameHayley.–Oh!Hayley,félicitations!

Hayleym’avaitglisséun jourcombiencettedistanceentreMarketelle leurpesait.J’imaginesajoie,nonseulementdeleretrouver,maisaussiderecevoircettedemande!

C’estsiromantique…

–Vouscomptezvousmarierquand?–Demain!m'annonce-t-elledansunéclatderire.

Jem’étrangleavecmagorgéedecafé.

Demain?

–Vousvousmariezdemain?!répété-je,abasourdie.–Oui,Markn’estpaslàtrèslongtempsetonveutprofiterdecemomentoùonpeutvraimentle

faire.–Jecomprends,maisorganiserunmariagepourdemain,c’estcompliqué!–Oh!non,onneveutpasd’ungrostruc,unepetitecérémonierapidenoussuffit.Onveutjustese

marier,ajouteHayley,lesourireradieux.–Hayley,jesuistellementcontentepourtoi!–Jevoulaisaussitedemandersituvoulaisêtremademoiselled’honneuretm’aideruntoutpetit

peu?Jesuisterriblementexcitée,j’airêvédememarieravecMark,maisjesuistotalementpaniquéeàl’idéedefranchirlecap!

–Tuveuxque jesois tademoiselled’honneur!Maisouibiensûr!Etbiensûr, je t’aide.Onvafairecequ’ilfautavecletempsqu’ona.Jeveuxquetusoisbelleetsereinequandtudirasouidemain.Oh!Hayley,c’estmagnifique!

Je suis ravie et flattée que Hayley me choisisse pour l’accompagner dans ce moment aussiimportant.C’estaussilapremièredemesamiesàfranchirlecapdumariage.

Jevaisprendremamissionàcœur,Hayleylemérite!Maisjen’aijamaisfaitça…

–Tutravaillescematin?demandé-je,prêteàpasseràl’action.Jevaisauconservatoireendébutd’après-midi,onpeutcommencerdèsmaintenant.Tarobe?Tuasunerobe?

–Tuessûre?Jen’aipasderobe,non…–Bon,commençonsparça,situaslarobe,tuasl’essentiel!–OK,maisquelquechosedesimplealors!

JefaisunerapiderecherchesurmontéléphonepourvoirlesmagasinsderobedemariéedeSanFrancisco.Devantlalonguelisteaffichéeparlemoteurderecherche,jeblêmis.

Ilvafalloircibler!

Certainesenseignesdisposentd’uncatalogueenligne.Noussommestouteslesdeuxpenchéesau-dessusdemontéléphone.Heureusement,Hayleysaitcequ’elleveut,etcequ’elleneveutpas.Letriestvite fait.Nous repéronsdeux, troismodèles,dansdeuxboutiquesdifférentes.Nousdécidonsdecommencerparça.J’entraîneHayleydansmavoiture.

Jedoislachouchouter!

Lapremière boutiquede robesdemariéenous laisse unpeu sceptiques : tropde frous-frous etd’artifices,tropdetout.Riennecorrespondaumariageexpressdemonamie,niàsoncaractère.Laseconde, au contraire, nous séduit dès que nous passons la porte. Hayley s’arrête devant unmannequin.Larobequ’elleobserveestunelonguerobeblanche,prèsducorps.Lacoupeestsimple,etletissuimmaculéestsertiicietlàdequelquesbrillants.Unelargebretellecouvreuneépaulealorsque l’autre est entièrement dénudée. Hayley me regarde. J’acquiesce. La vendeuse du magasins’approchedenous…etmedévisage:

«Excusez-moi,vousneseriezpasÉléaHaydensen?LaviolonisteduPhilharmonique?»

Jelaregarde,surprise.C’estbienlapremièrefoisqu’onmereconnaîtentantquemusicienne.

–Euh,oui,c’estbienmoi.–Jelesavais!ajoute,heureuse,lavendeuse.Jevousaivuejouerrécemmentetj’adorecomment

vousnousoffrezlamusique.Monmarietmoi,nousavonsététellementémerveillés!Ilnemecroirapasquandjeluidiraiquevousêtesvenueici!Est-cequejepeuxvousdemanderunephoto?

Unephoto?

JemetourneversHayley,quimesourit.

–Donnez-moivotreappareil,jevaisvousprendreavecÉléa,proposemonamieàlavendeuse.–Oh!c’estgentil,vraimentjesuisravie!s’exclamelajeunefemmequiseplaceimmédiatementà

côtédemoi.

Une fois le cliché obtenu et l’enthousiasme de la vendeuse passé, celle-ci se rappelle soudainpourquoinoussommeslà.

–Vousavezbesoind’unerobe?medemande-t-elle.–Non,pasmoi,monamie,précisé-je.

Hayley lui montre la robe et lui demande si elle peut l’essayer. Trop contente de m’avoir, lavendeusesembleprêteànousdéroulerletapisrouge.

Çaendevientpresquegênant…

Hayley passe en cabine et ressort.Cette robe est faite pour elle.Elle est parfaite, ni trop ni pasassez,ellescintilleàlalumière,soulignelafinesilhouettedeHayley…Monamiesembleséduiteetémue.Elleaelleaussiunvéritablecoupdefoudrepourcetterobe.

–Mademoiselle,vousêtesmagnifique!confirmelavendeuse.Quelquesretouchesauniveaudelatailleetelleseraparfaitesurvous.Pourquandvouslafaut-il?

–Demain…,avancedoucementHayley.

Lavendeuselaregardeetplisselesyeux.

–Demain…demain?–Ouidemain,confirmé-jeenm’avançant.Vouspensezquec’estfaisable?

LajeunefemmeregardeHayleydespiedsàlatête,touchelarobe.

–C’estque…j’aidéjàbeaucoupdetravail…–S’ilvousplaît…,imploré-je.–Bon.C’estvraimentparcequecetterobeestfaitepourvous.Redressez-vous,jevaisplacermes

aiguilles,acceptelavendeuseenattrapantsonmatériel.

Hayleyetmoiéchangeonsunregardvictorieux.

Nousavonslarobe!

–Elleseraprêtepourdemainmatin,jenepeuxpasfaireplusvite!–C’estparfait,dis-je.Jepasserailaprendre,etjetel’apporterai,commeçatuaurasletempsdete

coiffer,ajouté-jeenm’adressantàHayley.

Nousquittonslemagasin,lesourireauxlèvres.Hayleyestradieuse.

–MerciÉléa,jenepensaispastrouverunerobeaussibelleetaussivite!–Elletevasibien!Tuserastrèsbelle!Tesparentsseronttrèsémus.

–Mesparentsneserontpaslà,niceuxdeMark.Onn’apasletempsdefairevenirtoutlemonde.Maistantpis,onreferaunefête,plustard,avectoutlemonde.

–C’estdommageoui,maisvulesdélais…,dis-jeenréfléchissant.Bon,cesoir,avecClaire,oniraboireunverreàtrois.Ceneserapasunvraienterrementdeviedejeunefille,maisbon,ilfautquandmêmecélébrertadernièresoiréedecélibataire!

JeramèneHayleyàsavoiture,làoùellel’avaitlaisséecematinavantdepartirenquêtedesarobe.Surlechemin,j’apprendsquenonseulementleursprochesneserontpasprésents,maisqu’ilsn’ontrienprévuaprèslepassageàl’hôteldeville.

Cen’estpaspossible,onpeuttoutdemêmefairemieux!

Nousnousdonnonsrendez-vouslesoirmêmedansunbarducentre-ville.Avantleconservatoire,jedécidede faireuncrochetpar lebureaud’Adam. Ildoitattendredemesnouvelles,autant luiendonnerdevivevoix!

«Éléa,j’attendaisdetesnouvelles!»

Adamselèveprécipitammentdesonbureauets’approchedemoi,leregardinterrogateur.

–Oh!excuse-moi,j’aiétéprisedansuntourbillon!–Alors,qu’est-cequeHayleytevoulait?medemande-t-ilenm’entraînantdanslecanapé.

Jeluiracontemamatinéeendétail.Aufuretàmesuredemonrécit,lestraitsd’Adamsedétendentetprennentuneexpressionamusée.

–Jesuisd’accordavectoi,déclareAdam,Hayleyméritemieuxqu’unrapidepassageàl’hôteldeville.Situasbesoind’argent,tusaisque…

–Oh!non,l’interromps-je.JeneveuxpasmettreHayleymalàl’aise.Jevaismedébrouillerpourluiorganiserquelquechosedesympa.

–Bon, laisse-moiaumoinsappeler leMandarinalors,pourqu’ils’occupedudéjeuner.Ceseramoncadeaudemariage!insisteAdam.

– Il n’y a pas beaucoup d’invités, tu sais. Je vais voir siClaire etRyan sont là, siMax etAlanpeuventselibéreraussi,ilssesontbienentendusladernièrefois…JeneconnaisaucunamideMarkenrevanche,réfléchis-je.

–J’aimapetiteidéesurlaquestion…,souffleAdamavecunsouriremystérieux.–Oh!jeconnaiscetteexpression!Tupréparesquelquechose!–Nonrien!

Adammebasculeenarrière,pourmefairetaireetpenseràautrechose.

Jesuispersuadéequ’ilaquelquechosederrièrelatête,maisquoi?

Soudain,onfrappeàlaporte.Adametmoinousredressonsàregret.Conradentre,ilseprécipitesurnous.

«Adam…Oh!bonjourÉléa!dit-ilenm’apercevant.Adam,Hayleyvientdevousenvoyerune-

mailavecl’indicateur«important».Ils'agitpeut-êtredel'informationquevousattendiez.»

Adamselèveetsedirigederrièresonécran.

«C’estl’adressedeSimonCollins,àBakersfield,nousinforme-t-il,d’unevoixgrave.Nousallonspouvoiravancer.»

Puis,s’adressantàConrad:

– Essaie de joindre JohnBleth et demande-lui d’enquêter discrètement sur cet homme. Je veuxsavoirs’ilconnaîtLorraine,s’ilestliéd’unequelconquefaçonàelleouàAmbrose.Qu’ilprépareuneenquêtedeterrainavantquej’aillevoirdirectementcethomme.

–Jel’appelletoutdesuite,Adam.

Conradnousquitte etm’adresseun signede tête. Jeme souviensde JohnBleth, ilm’a aidée etsoutenue quand Adam a disparu. Sans lui, nous ne l’aurions pas retrouvé aussi vite. Adam saits’entourer,c’estundétectiveefficace.

–Est-cequetuveuxquejereste?demandé-jedoucementàAdam.–Non, tuasunmariageàmettreenplaceetcetheureuxévénement tombeàpointnommépour

apporterunpeudegaietédans tout ça,dit-il enpointantdudoigt sonécran.Soisprudentepour tasoiréeentrefilles,d’accord?Jeneveuxpasapprendrequelesgardesducorpsvousontportéespourvousramenerchezvous!

Letonestàlaplaisanterie.C’estvrai,nousavonsbesoindecesmomentsdelégèreinsouciance,decesboufféesd’air.

Arriverons-nous,Adametmoi,àavoirl’espritlégerunjour?

Jequittelebureaud’Adam,portéeparsonregard.Ceregardsienveloppant…

JeretrouveMaxauconservatoire.Ilprometd’êtreprésentdemainetd’informerAlan.Sisonmarinepeutêtreprésentdurantlacérémonieàl’hôteldeville,ildevraittoutdemêmepouvoirveniraudéjeuner.Maisaprèsl’enthousiasmedûàcetteannoncedemariage,Maxmeglissesesinquiétudes.M.GlenluiaconfiénotreprochainretouràNewYork.Cetteperspectivenel’enchantepas.Ilatoujoursvécu àSanFrancisco,Alan est professionnellementbien installé ici et cedéménagement risquedeleur poser quelques problèmes. Max se pose les mêmes questions que moi : pouvons-nous nouspermettredequitterlePhilharmonique?Est-cequecetteplaceméritequenousquittionsnosprochesouquenousbouleversionsnosquotidiens?Max,mêmes’ilaétéengagéici,àSanFrancisco,justeaprèsnotrearrivée,savaitpertinemmentquenotrevraiportd’attacheétaitNewYork.Mais,commemoi,ilavait«oublié».Soninquiétuderéveillelesmiennes.Est-cequ’ilexisteunesolutionpournousévitercedéménagement?

Claire est emballée quand je lui propose notre soirée entre filles. Elle qui travaille dansl’événementiel,l’organisationdemariageestunvraijeud’enfant.AvantqueHayleynousretrouveaubar, nous faisons le point pour savoir où nous en sommes, à presque vingt heures du début desfestivités.EtClairen’estpasenmanqued’idées.Quandelleapprendqueledéjeuneraura lieudans

une salle de réception duMandarin, elle décide de s’occuper de la décoration. Elle fait jouer soncarnetd’adressesetobtient,enquelquesappels,lapromessed’unesallesoigneusementdécorée.

J’aihâtedevoirlatêtedeHayleyquandelledécouvriracequenousavonspréparé!JeneconnaispasdutoutMark,j’espèrequ’ilapprécieraluiaussi!

Ennous rendantaubar,endébutdesoirée,Clairemeglissequ’elleviendraavecRyan.S’ilsnesontpasofficiellementensemble,ilsnesontpasnonpluscomplètementséparés.

Décidément,cettejournéen’estpasavareenbonnesnouvelles!

L’ambiancedubar,unpeulounge,convientparfaitementànotresoirée.Musiqued’ambiance,petitdancefloor,rideauxépaisauxvitres,fauteuilsencuiretbougiessurlestablesbasses,noussommesparfaitementdansnotreélément.Noustrinquonsavecenthousiasmeàcemariagequiseprofileetàcetteviedecélibatairequis’éteint.Claireanimelasoirée,nouspousseauxconfidences,auxaveuxquantànosrelationspasséesetactuelles,ànosfantasmes,nosdésirs,nosrêves.Toutypasse.Nousrionsdeboncœur, les serveursontcompris l’importancedecette soiréeetapportentuneattentionparticulièreauxverresdeHayley.Mais soudain, jeme raidis.Emys’approchedenotre table, avecsonhabituelsourirehypocrite.ClaireetHayleyluitournentledosetnelavoientpasarriver.

«Éléa,disdonc,jenesavaispasquetufréquentaiscegenredebar!Çanousfaitunautrepointcommun!Quandjetedisquenousdevrionsdevenircopines!»

Elle n’a pas un regard pourmes amies. Vu son œil un peu hagard, je pense qu’elle a déjà dûprofiterdelasoirée.

«Ahmaisiln’yapasqueçad’ailleurs,dit-elleens’accrochantàlatable.TonfrèreRyan,ilestmagnifique!Unpeujeune,maisiladel’avenir!»

Quand je l’entends prononcer le nomdeRyan,mon sang ne fait qu’un tour.Mais ce n’est riencomparéàlatêtequefaitClaire.Jecroisqu’Emys’estengagéesurunterrainglissant…JesensqueClaireestprêteàbondir,jedécided’enrajouterunecouche.

–EmyarencontréRyansurlecampus,expliqué-jeàClaire.–Oh!oui,continueEmy,sanssedouterdecequil’attend.Ilapromisdemerappeler,tupourras

luidirequej’attendssoncoupdefil?

Etvoilà,Emyaprononcélesmotsdetrop.Ilesttempsd’assisterauspectacle.

«Euh,excuse-moi,commenceClaire.Jepensequ’ilnet’appellerapas.»

EmyjettepourlapremièrefoisdesonarrivéeànotretableunregardversClaireetHayley.

–Etpourquoiest-cequ’ilnem’appellerait-pas?demande-t-elle,méprisante.– Parce qu’on est ensemble, ça me paraît une bonne raison, ajoute Claire, posément, mais

fermement.–Cen’estpascequ’ilm’adit,insisteEmy.

–Écoute-moibien,lâcheClaire.Jesaisquitues,leshistoirespourriesqueturacontessurÉléaetAdam.Tunet’approchespasdeRyan,tuneluiparlesmêmepas.Jen’aipaslapatienced’Éléa,sij’aiunsouciavectoi,crois-moi,tulesentiraspasser.Alors,éloigne-toi,libèrel’espace,parcequejen’aijustepasenviedeperdremontempsavectoicesoir.Maist’esprévenue,faisgaffeàtoi,jen’aipaspeurdesnanasdanstongenre.

Claires’estlevéedesonfauteuilenparlantettoisemaintenantEmy.Lajeunefemme,d’habitudesisûred’elle,hésite.Ellen’apasl’airdesavoirsielledoitsurenchériroufaireprofilbas.Ellereculed’unpas,tremblantsousl’effetdel’alcool,oudelapeur,etdécidedes’enaller.

«Jeconnaisunmeilleurbar»,jetteEmyavantdenousquitter.

Claireserassoit,satisfaite.

Jepensequ’Adamauraitappréciélascène.

Nous chassons très vite Emy de nos esprits et reprenons le cours de notre discussion. Unediscussionqui glisse rapidement sur nos propresmariages, àClaire etmoi.Celui deHayleynousdonnedesidées,desenviesdebonheuràdeux.

ConvoleravecAdam…jen’yavaisjamaispensé,maisl’idéemeséduit.

4.Amarreslarguées

Adampeutêtrerassuré,noussommesrentréessansl’aidedenosgardesducorps,laveille.Çaneveutpasdirepourautantquenoussommesfraîchescematin,maisunbonmaquillage,uneaspirineetun café devraient nous faire du bien. Hayley a passé la nuit à la maison. Claire a proposé de lapréparercematin,letempsquej’aillerécupérerlarobe.Etaufuretàmesurequenousémergeonsdesbrumesdelaveille,l’excitationnousgagne.

Hayleysemariedansquelquesheures!

LefuturmariéabienatterricematinàSanFranciscoetsepréparedesoncôtéavecsontémoin.Lesdeuxtourtereauxseretrouverontdonc,entenuedecérémonie,directementàl’hôteldeville,etce,aprèsdessemainespasséesloinl’undel’autre.Hayleyestfébrile,quineleseraitpasàsaplace?Jeme prépare rapidement,mamissionmatinale est la plus importante. Je ne dois pas prendre deretarddanslacirculation,niajouterdustressàlafuturemariée.

Ilme faut peu de temps pour être au volant dema voiture, sur le chemin de la boutique.Maisquelquechosecloche.J’ail’étrangesentimentd’êtresuivieetcettesensationseconfirmeaumomentoùjemegaredevantlemagasin.Unevoiture,peudiscrète,segareàsontournonloindelà.Avantdedescendre, j’appelle l’un demes gardes du corps.Cen’est vraiment pas lemoment de semontrerimprudente,maispeut-êtrequejem’inquiètepourrien.

–MademoiselleHaydensen?faitunevoixgraveautéléphone.–J’ail’impressiond’êtresuivie,est-cequevousavezremarquélavoiture?– Je confirme, oui, elle vous suit depuis votre départ. On la surveille. On va faire vérifier la

plaque.Onestprêtsàintervenirs’illefaut,mademoiselle.–OK,merci.

Jeraccrocheetsorsdemavoiture.Laboutiquevienttoutjusted’ouvriretjen’aipasdetempsàperdre. Je pousse la porte du magasin, non sans jeter un œil autour de moi. Je ne vois pas leconducteurdelavoiture,lesvitressontfumées.

Jen’aimepasdutoutcettesensationd’êtreobservée!

Lavendeusedelaveillem’accueillechaleureusementetmeproposedepatienter,letempsqu’elleglisselarobedanssahoussedeprotection.Peudetempsaprès,jereçoisunSMSdugardeducorps.Ilsontidentifiélavoiture,elleappartientà…Emy.DoncEmym’observedesavoiture?

Étonnant de la voir debout aussi tôt, vu son état hier soir, elle n’a pas dûprendre qu’une seuleaspirinecematin!

DoncEmymepiste?Ellevacroirequejememarie…Maisoui!EllechercheunnouveauscooppourLorraine!

Maisquellepauvrefille,ellen’adoncriend’autreàfaire?

Je souris. Puisqu’elle est là, autant lui donner ce qu’elle attend…De jolis clichés de moi ! Jem’approchedelavitrine,attrapequelquesaccessoiresdemariée,unvoile,unetiare,etfaissemblantdelesessayer.Jeprendsunemineréjouieet,quandlavendeuseapprocheaveclarobe,jen’hésitepasunesecondeàserrerlahoussecontremoi,commesionmedonnaitleplusbeaucadeaudelaterre.

Jeremerciechaleureusementlavendeuse,quimeglisseenplusunsaccomprenantleschaussuresetlesaccessoireschoisislaveille.J’emporteavecmoilapanopliecomplètedelafuturemariée,ilnemeresteplusqu’àrentreràlamaison.J’aihâtedesavoirquelséchosmaprestationrecevra!

Jenemesoucieplusd’EmyquandjedonneàHayleysarobe.PendantqueClairelaprépare,jefiledansmachambrepourrevêtirunerobefourreaurose.Unedélicateceinturenoirem’affinelatailleetmondécolletéestmisenvaleurparunedentelle,noireelleaussi.Claireachoisiunerobe longue,classiquemaiscolorée,poursoulignercejourdefête.Quantàlamariée,elleestàcouperlesouffle.Quandj’entredanslesalonetquejeladécouvre,prêteàpartir,jesuisémue.

«Allez les filles,onpréservenotremaquillageaumoins jusqu’à lacérémonie»,nousordonneClairegentiment,pourtantémueelleaussi.

Adamaeuladélicateattentiondenousenvoyerunelimousine.Hayleys’installeconfortablement,elletrépigned’impatienceàl’idéederetrouverMark,maisaussidedevenirsafemme.Lavoituresegare devant l’hôtel de ville. On nous conduit à un petit salon, pour nous faire patienter. Je laisseHayleyetClaireensembleetparsàlarecherched’Adam.Jel’aperçoisdeloin,ilestmagnifiquedanssoncostumenoiravecsacravategrise.Moncœurs’emballe,jenevoisquelui.Adamm’aperçoitàsontour,ilmesourit.Etnousrestonslàtouslesdeux,ànousobserver.Letempssembles’êtrearrêté.Jemesurprendsàpenserquej’aimeraisêtreàlaplacedeHayley,etAdamàcelledeMark.Iln’yaque nous dans ce hall, je fais abstraction du bruit et du monde. Quelque chose passe entre nous,quelquechosed’indescriptible.Etpuislaréaliténousrattrape,quelqu’unmebouscule,s’excuse.Mondevoirserappelleàmoi,jerejoinsAdam.Ilm’accueilled’unevoixgrave,commesicemomenthorsdutempsl’avaittroublé,luiaussi.

«Tu es resplendissante,mon ange,me souffle-t-il enm’emprisonnant dans ses bras.Dommagequenoussoyonsoccupés…Viensvoir,j’aiunesurprise»,ajoute-t-ilenm’entraînantdansl’undespetitssalonsdemariage.

Ilouvrelaporteetjedécouvreunepiècebondée.Pendantunmoment,jecroisqu’ils’esttrompé.Devantmamineinterrogatrice,Adamm’explique,unsouriremalicieuxauxlèvres:

–J’aipenséqueHayleyetsonfuturmariseraientheureuxdesemarieravecleursproches…–Tulesasfaitvenir?demandé-je,ébahie.– Oui, quelques coups de téléphone, et voilà. Mes collaborateurs s’y connaissent aussi en

organisationdemariage.–Oh!Adam!Hayleyvaêtretropheureuse!Mais,leMandarin?L’hôtelsait-ilquenoussommes

plusnombreux?m’inquiété-je.–Oui,net’enfaispas…Toutestprêtici,ilnemanqueplusquelesmariés.

–Tuessi…généreux…etsiattentionné...Merci!–Tumeremercierasplustard,monange.VachercherHayley!Ilfautqu’elleetMarkdécouvrent

cettesurpriseensemble.–Oui…

Je serre la main d’Adam, je n’ai pas de mots pour exprimer toute ma gratitude. Adam raterarementuneoccasiond’apporterunpeudebonheurauxautres.Etsansjamaiss’envanter,niattirerl’attention sur lui. Nous sortons tous les deux, Adam ferme les portes derrière lui et se place àl’entrée. Il tient à garder sa surprise intacte, il s’implique dans cemariage… Je fonds devant sonattitude. Il a l’aird’yprendre tellementdeplaisir ! J’aperçoisRyan,MaxetAlanqui attendent euxaussidanslehall.Jen’aipasencorevuMark,jenesaispasdutoutàquoiilressemble.JeretrouveHayleyetClaire.J’aidumalànepassourirebêtementetàrésisteràl’enviedemettreClairedanslaconfidence.Jemecontentedeleurdirequetoutestprêt,etquenousn’attendonsplusquelemarié.

Devantlaportedusalondemariage,oùsetienttoujoursAdam,unhommevientàlarencontredeHayley.Claireetmoirestonsenretrait.MarksetientdeboutdevantHayleyetsembleémudevantsafuture femme. Grand, brun, avec des petites lunettes, il porte un trois-pièces avec une fleur à laboutonnière, Mark ne ressemble pas au grand reporter que je m’imaginais. S’il avait porté unpantalondetreillis,unsacenbandoulièreetuntee-shirtbeige,j’auraissansdoutepulereconnaître.Les futurs mariés s’embrassent, heureux de se retrouver. Puis Hayley se tourne vers nous etcommencelesprésentations.Adamnousarejoints.

–Mark,dit-elled’unevoixlégèrementenrouée.VoiciÉléa,ClaireetAdam.–Hayleym’abeaucoupparlédevous,mercidenousavoiraidéspourcemariageultra-rapide.

Savoixestgrave,chaleureuse.

«Nousdiscuteronsplustard,ilesttempsd’yaller,signalé-je.Vousêtesprêts?»

MarketHayleyseregardentetacquiescent.Adam,Claireetmoi,passonsdevantpourleurouvrirlaportedu salondemariage.Unhoquetde surprise les fige sur lepasde laporte. Ilsviennentdedécouvrir que leurs parents, leurs familles et leurs amis se tiennent debout devant eux. Hayley setourneversmoi,leslarmesauxyeux.

–Mais…commentavez-vousfaitpour…–Chut…Vas-y,ilsvousattendent,murmuré-jeendésignantl’assemblée.

MarketHayleyentrentdanslapièceetprennentletempsdesaluertoutlemonde.Ilssontheureux,c’estuneévidence.Clairenoussouffle,àAdametmoiun«Bienjoué»avantderejoindreRyan.JeregardeAdam:ilsourit,satisfait.

Moncœurbatpourlui,c’estuneévidence.

Lacérémoniedemariageàl’hôteldevilleestrapide,solennelle,maislepublic,enjouéetheureuxd’yassister, contribue largementàdonnerplusd’enthousiasmeàcemoment.Une fois labagueaudoigt, Hayley tombe dans les bras de ses parents. Elle n’est pas au bout de ses surprises, quand,arrivéeauMandarin,elledécouvrelasallederéceptionsuperbementdécorée.Clairemefaitunclin

d’œildeloin.

Queltravaild’équipe!

Aucoursducocktailquiprécèdelerepas,letéléphoned’Adamsemetàvibrer.Ilm’appelleavantderépondre,c’estLorraine.

Lesnouvellesvontvite!

Jeluiairapidementcontél’épisodedecematin,Emydanssavoitureetlamascaradequej’aifaitedanslaboutique.Adamrépond,avecdétachement.

«Oui…Non,jenevoispasdequoituparles….Ah…Jesuisoccupé,vérifietessourcesavantdem’appeler.»

Adamluiraccrocheaunezalorsquej’entendsencorelavoixénervéedeLorraine.

Elledoitfulminer!QuantàEmy,ellerisquedepasserunsalequartd’heure!

Adamsoupire,levantlesyeuxauciel.

« J’ai résisté à ne pas parler desmenaces qu’elle t’a faites.Mais qu’elle ne recommence pas àm’appeler pour des inepties pareilles. Ma tante est tombée bien bas si elle croit tout ce que luirapporteEmy»,grinceAdam.

Jehochelatête.

Est-cequelesdeuxfemmesdéjeunentensemblepourseraconterlesdernierspotinsdelaville?Ceseraitlegenred’Emy…

Ledéjeunerestdélicieux.J’observeHayleyetMark.Lesjeunesmariésprofitentdeleurmoment,etleurbonheureffacelavisiondeLorraine.Avantquelafêteneprennefin,ilsnousentraînentàpart,Adametmoi.

– Je ne sais pas comment vous remercier pour tout ça, c’est tellement magique ! nous confieHayley,desétoilespleinlesyeux.

–C’estvrai,c’estjusteénorme,nosproches…Maiscommentavez-vousfait?demandeMark.–Vosfamillesavaientvraimentenviedepartagercemomentavecvous,ilfallaitjusteleurdonner

lesmoyensdevenir,expliqueAdam.–Vousnousavezbeaucoupgâtés,ajouteHayleyennousserrantdanslesbras.Merci!–Àvousd’organiservotrevoyagedenocesmaintenant,glissé-je,changeantdesujetpouréviter

depleurercommeunemadeleine.–Çaneserapaspourtoutdesuite,jereparsdemainpourl’Inde.Maisc’estprévu,intervientMark

enserrantsafemmecontrelui.MercibeaucoupÉléa,Adam.

Lasallederéceptionsevide.Lesinvitéssontpartispourl’aéroport.Cemariagespontanéestuneréussite,maisilnouslaisseunpeuhébétés.ClaireetRyansontrepartisensemble.Ilsnesesontpas

quittésdetoutelamatinée,leurréconciliationestenbonnevoie.

–Jesuistirailléentrel’enviederetrouvermasuiteavectoietcellederetourneraubureaupourmesréunionsdel’après-midi,meglisseAdamavecunsourire.

–Jerisquedem’endormirsijerencontreunlit,grimacé-je.–Quiaditquenousirionsaulit?ditAdamenm’embrassantdoucementl’épaule.J’aiautrechose

àteproposer,situesd’accord.–Ahoui?–Johnm’aenvoyésoncompterendu.CeSimonCollinsnesembleavoiraucunlienavecLorraine

ou Ambrose. Il confirme tout ce qu’on sait déjà, commence Adam. Je compte aller le voir etj’aimeraisquetuviennesavecmoi.

–Biensûr,tusaisquejetesuis!–Pourbrouillerlespistes,aucasoùnousserionssuivis,jeteproposedepartirenbateaucesoir.

Toutlemondecroiraquenouspartonspourunecroisièreàdeux.Demainmatin,aprèsavoiraccostéàSantaBarbara,nousnousrendronsdirectementàBakersfield.Quanddis-tu?

Unecroisièreàdeux,Adametmoisurunbateau…

–C’estunetrèsbonneidée!–Lanuits’annonceclaireet lamercalme,cettecroisièreseraavant toutunmomentpournous,

monange…

Adamcontinuedem’embrasserdélicatement,lelongdemoncou.Cecontactetlaperspectivedecettenuitéveillentmessens.

«Une voiture passera te prendre ce soir pour t’emmener à lamarina », conclutAdamavec undernierbaiser.

Jesoupire.

Jevoudraisdéjàyêtre!

Les répétitions au conservatoire se déroulent lentement et la fatigue ne m’aide pas à êtrepleinementconcentréesurmontravail.Jepeuxm’éclipserplustôt,etfileràl’appartpourpréparerunsac.Aprèscestressdel’organisationdumariage,lecalmeduPacifiqueestlebienvenu.

Luietlesbrasfortsd’Adam.

Sur lebateau,Adamm’attenden tenuedécontractée. Je le rejoins sur lepont alorsque le soleilcommenceàdéclineràl’horizon.Lalégèrebrisemarinefaitvolermajupe,cequin’échappepasauregardcoquind’Adam.L’équipageterminelesdernierspréparatifs.Dupont, jepeuxapercevoirunintérieur spacieux et clair, des canapés beiges, des larges fauteuils. Le lieu a l’air immense etcomplètement différent du dernier bateau que m’a fait visiter Adam, sur lequel il m’a offert lestradivarius.Adamn’apasl’intentiondemefairevisiter.Ilmetendunecoupeetprendappuisurlebastingage,oùjelerejoins,lesyeuxrivésverslamer.

–Prêtepourunepetiteescapadeenmer?dit-ilenportantlacoupeàseslèvres

–Oui,unepetiteparenthèseavantdedécouvrirlavérité,peut-être…–LaissonsceSimonCollinspourlemomentetnepensonsqu’ànous.J'aid'autresenviespource

soir:j'aifaitinstallerdescaméras,tum'asdonnédesidéeshier…,ajouteAdamavecunsourirepleindemalice.

Adam se tourne versmoi et pose un baiser surmes lèvres, plein de promesses.Mon ventre secrispeaussitôt.

«…quejecomptebienréaliser.»

Sesmotsrésonnentdansmatêtealorsqueleyachts’éloignelentementdelamarina.

La brisemarine n’arrive pas àme rafraîchir tellement la température est montée. Il a suffi dusourireaguicheurd’Adam,d’unregardpleindepromessesérotiques,pourquemoncorpstoutentiers’enflamme.

Ilm’estimpossiblederésisteràcethomme.

Déjà,leslumièresscintillantesdeSanFranciscos’éteignentàl’horizon.Noussommesdésormaisen pleine mer et la nuit s’installe. Tout est couleur d’encre autour du bateau, tout est calme. Lebruissementdel’eaucontrelacoqueestleseulbruitaudible.Mêmelesalléesetvenuesdel’équipage,surlepontsupérieur,nousparviennentétouffées.Noussommesvéritablementseulsaumondesurcetespace restreint, doucement éclairé par les quelques sources lumineuses du salon. D’ici peu, lesétoilesbrillerontdansleciel.Jenesaispascedontj’aileplusenvie:observerlesétoiles,nueauxcôtésdemonamant,ouapprécieruneplusgrandeintimitédansnotrecabine.

Lesdeux…

Adam vient de disparaître par l’escalier menant au pont supérieur, sans doute pour donner lesdernièresconsignesdenavigationavantlanuit.

Oupeut-êtrepoursoulignernotreenvied’intimité?

Jel’observe.Sonpantalonenlinsoulignelesmusclesdesescuisses,dessinesatailleetsesfessesrondes.Sachemisenoire,décontractée, trancheaveccellequ’ilportait aujourd’hui, aumariagedeHayley. Pas de cravate, pas de boutons à n’en plus finir…Sa chemise au col tunisien, qu’il portevolontairementouverte,laisseapercevoirsontorse.

Untorsequemeslèvresimaginentdéjàembrasser…

Deretouràmescôtés,Adams’approchedemoieteffleuremeslèvres.Aussitôt,moncœursemetàpalpiter.Ilm’inviteàlesuivrejusqu’aubastingagearrièredubateau.Surlamer,lesillagedubateause dessine. Plus près de l’eau, l’air se fait plus frais. Je frissonne malgré le contact tout proched’Adam.Monamantsurprendmonlégermouvementetvientseplacerderrièremoi,m’entourantdesesbras forts. Jene regrettepaspourautantdenepasavoirpenséàmettreungilet surmarobeàbretelles.Jen’auraispasaussibiensentilacaressedeslèvreschaudesdemonamantaucreuxdemanuque,nisonsouffledansmoncou.

«Lasoiréeestbelle»,murmure-t-ildansmondos.

Jetournelégèrementlatête.C’estcemomentquechoisitleventmarinpoursouffler,révélantleparfumtrèsmasculind’Adam.Sonodeurm’enveloppe,sesbrasm’enserrent.Jesuisdanslesbrasdel’homme le plus sexy de San Francisco et sans doute de tous les États-Unis, et c’est moi qu’il achoisie pour l’accompagner. Je ne peux pas m’empêcher d’être flattée. Adam continue dem’embrasser,lesépaules,lanuque,lecou.Soudain,ilmemord,sesdentss’attardentsurmapeau.Jefrissonnedespiedsàlatête.Monamantcontinuedemedégusteralorsquesesmainsremontentsurmonventre,jusqu’àmesseins.Sousletissudemarobe,jesensmestétonssedresser.Commes’ilssouhaitaient indiquer lecheminà sesdoigts longset fins, avertirde leurprésenceet signifier leurenvied’êtretouchés,malmenés,caressés.Jefermelesyeux,l’abordagedemonamantsurmoncorpsme laisse sans défense. Mon ventre se crispe, mon intimité se réveille. Ma respiration devientsaccadéealorsqu’Adamcontinuedemedéguster.Sesmainspressentmesseins,titillentmesboutonsroses. Je pousse un léger gémissement, rejette la tête en arrière. Sur mes fesses, je sens naîtrel’excitationchezmonamant.Iln’enfautpaspluspourqueledésirm’arracheuncri.Adamportesamainàmes lèvres. Jepassema languesursesdoigts, jemesensprêteà lesdévorer. Jeglissesonindexentremeslèvres.Jeveuxqu’Adamcomprennequ’ilm’exciteetquejesuisprêteàrépondreàtoutessesattaquesérotiques.

Ilenlèvesamain,laredescendlelongdemoncorps,demataille.Sesdeuxmainsseposentsurmeshanchesetlentement,sesdoigtsremontentletissudemarobe.Jeveuxqu’ilm’embrasse,quenoslangues se trouvent. Je veux que cette tension s’accentue encore. Je tourne la tête, les lèvresentrouvertes, les yeux cherchant le regard demon amant. Les lèvres d’Adam remontentmon cou,aspirentlelobedemonoreille,lemordillent.Etpuis,saboucherencontrelamienne,noslanguessetrouventetpartentdansunedanseendiablée.Notrebaiserestpassionné,fougueux,etfaitmonterd’uncrannotreexcitation.Jenesaispassurquoimeconcentrer.Surcebaiserhumideetchaudquimefaitperdrelatêteousurlesmainsd’Adamqui,maintenant,seglissentsousmarobeetcommencentàsefrayeruncheminversmonbas-ventre,sousladentelledemontanga.

Adamme presse contre lui un peu plus fort, son sexe est terriblement dur. Sa main se faufilederrièrelesderniersrempartsdemonintimité.Endécouvrantàquelpointjesuisexcitée,Adamémetungrognement.Et il commencesonmouvementdeva-et-vient,monclitorisest électrique.Chaquepassagem’arracheuncri.

C’estsibon…

Je vacille mais mon amant me soutient, je m’accroche à la rambarde et laisse mon bassin semouvoirsous lesgestesassurésd’Adam.Ilenfaudraitpeupourquemoncorpssoitsubmergéparunevaguedeplaisir.Jelasensd’ailleursvenirmaisj’aienviedeplus,j’aienviedequelquechosedeplusfort,denouveau.Jemeredresselégèrementet,d’unevoixrauque,j’interpelleAdam:

«Prends-moi!»

Cesdeuxmotsembrasentmonamant.Jesenssonsexecontremesfesses.Adamlibèresonmembretendu vers le ciel et fait roulerma culotte surmes cuisses.Aucun tissu ne nous gêne plus. Jemepenche légèrement en avant, écarte un peu les jambes. Le sexe brandi d’Adam se fraie un chemin

entremesfesses,trouvel’entréedelavolupté.Jemesensaccueillanteetj’exerceunerapidepressionpourquesonmembremepénètre.Jepousseuncri,recommence.Jelefaisentrer,puissortir.Adamacceptemonjeu,metientparlataille.Soudain,sonsexeseretrouveentieraucreuxdemoncorps.Monamantmedonnedescoupsdereins,monbassinprendlerythme.Nousbougeonstouslesdeux,nous gémissons tous les deux. Je sens une douce chaleur commencer à prendre forme dansmonventre.Jesensqu’ellesedistilledansmesveines,qu’ellegagnechaquerecoindemoncorps.Adampassesamainsurmonpubisetsemetdenouveauàcaressermonclitoris.Jechavire,sansbouéedesauvetage.Cecontactmetlefeuauxpoudres,monorgasmeestintense,ilmesubmerge.Monamantmesuitàsontourdanscetteexplosionsensuelle.Noscorpssecalment,maispasnotredésir.Adams’éloignedemoi,melibère.Jemeredressemaisresteplaquéecontrelui.Ilrajustemarobeetsonpantalon.Nousrestonsaccrochésl’unàl’autre,letempsdereprendrenotresouffle.

«Monange,tumesurprendstoujours.Tonpouvoirsurmoiestdéroutant,jenesaispassijedoism’enréjouir,oum’eninquiéter»,dit-ildoucementenm’invitantàmeretourner.

Nousnousfaisonsface.Sesyeuxbrillentdansl’ombre.Jeneperçoispasnettementl’expressiondesonvisage,maislesondesavoixestchaud.

«Tusaisaussicommentéveillermessens»,soufflé-je,enmordantmeslèvres.

Soudain, un éclair d'effronterie traverse le regard d'Adam. Il me montre mon tanga, d'un airvictorieux.J'essaiedel'attraper,envain.Adamestplusrapidequemoi.

«Jecroisquetun'enaurasplusbesoin»,dit-ilenleglissantdanslapochedesonpantalon.

Jem'offusquemoyennement.Mes fesses sont nues, caressées par le fin tissu dema robe. Cettesimplesensationmetmoncorpssous tension…Jemesensplus libre,plusaccessible.AvecAdam,j’ail’impressiondedeveniruneautredanscesmomentsd’intimité.Moiquimanquedeconfianceenmonpotentielérotique,ilmesuffitdepenseràAdam,del’observer,del’effleurermême,pourqu’uninsatiabledésirde le toucher,de lesentirbougerenmoi, se fassesentir.Noscorpsse répondentàmerveille,ilsdépassentnotreraison.Etquedevrais-jediredesonpouvoiràlui,desonmagnétisme,quimefaitperdremesmoyens!

Unnouveausouffledeventnoustouche.Jefrissonne.

«Tuasfroid,constateAdamenmecaressantlebrasdudoigt.Rentrons.»

Adamm’attrapelamainetjelesuisàl’intérieurdubateau.Lesalonestluxueux,soigneusementdécoré dans des teintes crème, du sol au plafond.Quelques lambris d’acajou viennent apporter uncôtéraffiné.Unimmensecanapécourtlelongd’uncôtédubateau,prèsdubar.

Lessoiréesicidoiventêtreconviviales.

Surtout, le salon est beaucoup plus grand qu’il n’y paraît à l’extérieur. Dans un autre coin, unbillardattendsagementquel’onviennes’occuperdelui.Unpetitcouloirs’ouvreplusloin,menantcertainementverslescabinesdespassagers.

–Cebateauestmagnifique,dis-jeentournantsurmoi-même,observantchaquedétail.–Jem’enserspourlessortiesentreamis.Tuneverrasaucunbureauici,aucunordinateur.Quand

jesuisàsonbord,montravailresteamarréàlaterreferme.C’estmabulled’oxygène.–Ettabulledeplaisir?demandé-je,soudaincurieuse.

Adams’esttoujoursmontrédiscretquantàsesprécédentesconquêtes.

«Seulementavectoi,monange.Tueslaseuleetuniquefemmequecebateauaitvu.»

Aprèsavoirappuyésuruninterphone,Adamrevientversmoi.Sonregardestceluid’unprédateursedélectantd’oresetdéjàdesaproie.Jefrissonneencoreunefois,nonpasdefroid,maisdedésir.

Cetteintensitédansleregardestannonciatricedeplaisir.Adamattrapemamainetposeseslèvressur l’intérieurdemonpoignet. Jenepensaispascettepartiedemoncorpsérogène,etpourtant, jesensmes joues s’enflammer.Mon amant sourit devantma surprise, que je nemasque pas. Il s’enamuse,melanceunregardcoquinetcommenceàmemordillerlepoignet.Jedéglutisdifficilement.

L’arrivéedel’undesmembresdel’équipage,portantunplateaudanslesbras,melaissel’occasionderespirerànouveau.Adammelaissedansunclind’œiletremerciel’homme,quis’éclipseaussitôt.Jenepeuxm’empêcherdebaisserlatêteetdeportermonregardversmonpoignet.

Cettepetitezone-làpeutapporterautantdesensations?

Nonseulementcebaiseraréveillémessensmaismoncœurcognefollementdansmapoitrine.Leregardd’Adam,cetteinvitationdanssesyeux,cettepromiscuité,sonauramagnétique…Loinouprèsdemoi,jen’aiqu’uneenvie,cesoir:meglisserdanssesbras,sentirsontorsenu,lachaleurdesoncorps,etsonsexegrandisousl’effetdesondésirpourmoi.

Est-ce l’airmarinqui amplifiemondésir impérieuxdene faireplusqu’unavec son corps?Oujustemoncorpsqui,unefoisencore,décidedeprendreleschosesenmain?

Adam m’observe en me servant un verre derrière le bar. Je ne soutiens pas son regard, j’ail’impressionqu’ilpourraitmeconsumersurplace.Jeparcourslesalon,caresselemobilierduboutdes doigts. Dansmon dos, je sens quemon amant neme quitte pas des yeux, qu’ilme détaille…J’essaiedenepasdéfaillir,dememontrerlaplusnaturellepossible.

Lebillard.Parfaitpourmedonnerunecontenance.

Jem’approchedeceténormeobjet,lesboulessontenplace,lesqueuescroiséessurletapisvert.

«Tuasdéjàjoué?»demandeunevoixderrièremoi.

Adamvientdemerejoindre,deuxverresàlamain.Jefaisnondelatête.

«Tuvasvoir,c’esttrèssimple.Toutestunequestiondemouvementetdeprécision»,ajoute-t-ilenposantlesverres.

Ilme tend une queue, en attrape une autre.Mon amant se penche sur la table et commence unedémonstration de billard.Mais je n’écoute pas ce qu’il dit, j’observe son corps. Jememords leslèvresdevantsesfesses,j’imaginesonsexesepressercontrelatable.

Commej’aimeraisêtreàsaplace.

Jeserrelaqueueentremesdeuxmains,devantmoi.J’entendsauloinlavoixd’Adam,maistoutemonattentionseportesursasilhouette,sesmusclesquisedessinentsoussesvêtements,sonprofilravageur. J’aienviedecaresserses fesses,deglissermamainsoussonpantalon…Marespirations’accélère,mes lèvress’ouvrent légèrement.Sansm’enrendrecompte,mesmainsvontetviennentsurlaqueuedebillard.

«Cequetufaisàcettequeueestterriblementérotique,monange.Jevaisêtrejaloux.»

Lavoixrauqued’Adammetiredemespensées.J’observemesmains,surprise.Jerougis.

«Tum’asl’airtrèsdissipée,ajouteAdamens’approchantdemoi.Unpeudepratiquedevraitplustepassionner.»

Monamantmemontrelatabledebillarddelamain,m’invitantàjoueràmontour.

Jen’airienvu,rienécouté!

Jemepenchesurlatable,maladroite.J’essaiedetoucheruneboule,sanssuccès.

« Tss, Tss, mademoiselle, vous n’avez rien écouté. J’hésite entre persévérer dans votreapprentissageouvouspunirpourvotreinattention»,faitlavoixchaudeetvibranted’Adam.

Ilsepencheversmoi,placesesmainssurlesmiennesetguidemesgestes.Maisjenesuisplusaubillard.Lecorpsdemonamantestplaquécontrelemien,jesenssarespirationdansmoncou.

Jenesuispasenétatd’apprendreàjoueraubillardcesoir!

Devantmatotaleinefficacitédevantlesboules,Adambaisselesbras.

«Vousêtesdissipée,mademoiselle.Jecroishélasquejenepeuxrienfairepourvous…»,dit-ilenmefixantdroitdanslesyeux,unefaussenuancedereprochedanslavoix.

Jememordsunenouvellefoislalèvreinférieure.

Jemefousdubillard,c’esttoiquejeveux!

Adam semble lire dans mes pensées. Un éclair vient de traverser son regard. D’un geste, ilm’assoitsurlatabledubillardets’installeentremesjambes.Monamantestprisd’uneragesoudaine,unerageà laquelle jeréponds.Lafureurdesonbaiserestcommunicative, jen’attendaisqueça.Jeserremesjambesautourdesataille,jesensl’urgencedemondésir.

Monamantneperdpasdetempsetpassemarobepar-dessusmatête.Ilobservequelquessecondes

messeinssousladentelledemonsoutien-gorge,tendusverslui,prêtsàêtrelibérés.Leurappelestentendu,monamantdégrafemondessousd’unemainetempoigne l’undemesseinsde l’autre. Jegémis. Mais ce n’est pas ce que j’attends, je le repousse légèrement, agrippant de mes mainsmaladroites la fermeturede sonpantalon.Mondésir exiged’être assouvi,monventreme faitmaltellementilréclameavecforcelesexed’Adam.Monamantcomprendmonimpatienceetyrépondàlaperfection.Ilhôtesonboxerd'ungeste.Nosdeuxsexessefontface.Jefrémisdevantsonmembrebandé,unlongfrissonmeparcourtledos.D’unlégermouvement,jem’approcheduborddelatable,Adamm’attrapelesfesses.Etsoudain,monamantestenmoi.Cetteentréefulgurantem’arracheuncri!

Enfin!

Mon amant me torpille, ses coups sont profonds, forts. Il émet des gémissements rauques, jem’accroche à lui et d’un coup, c’est l’explosion. Je suis emportée loin par le plaisir. Au mêmemoment,Adamsecrispe, ilm’attrape lescheveuxavantdegémirà son tour,portéparcetélandejouissanceparfaite.

Nousnousaccrochonsl’unàl’autrepourrecouvrernosesprits,haletants.Jem’aperçoisqu’Adamporte toujours sa chemise. Je souris devantmon impatience, je n’aimême pas pris le temps de ledéshabiller. Moi en revanche, je ne porte plus rien sur cette table de billard, soudain trèsinconfortable.JemetortilleunpeuetAdamm’attrapeavantdemeporterjusqu’aucanapé,oùilmedéposedélicatement.Puisilenlèvesachemiseets’allongeàmescôtés,posantsatêtesurmesjambes.Ilaunevueimprenablesurmesseins.Jeposeunemainsursapoitrineetsenslesbattementsdesoncœurretrouverunrythmenormal.Jeglissemesautresdoigtsdanssescheveux.

Lesourired’Adamnemasquepassesintentions.

Jecroisqu’ilnes’agitqued’unepause…

5.L’enveloppedeHoward

Cettenuitsurlebateauaétédivine.Jamaisnousn'avionsfaitl'amourdefaçonsisensuelle.Adametmoisommesplusamoureuxquejamaisetnosébatsgagnentenpassion.C’estcompliquécematinderetourneràlaréalité.Dansquelquesminutes,nousaccosteronsdanslamarinadeSantaBarbaraoùnousattendentuneéquipedegardesducorpsetJohnBleth, ledétectiveprivé.Cettecroisièreentredanssasecondepartie.RencontrerSimonCollinsestdéterminantdanslasuitedesrecherchessurlepèred’Adam.Jenepeuxpasm’empêcherdemesentirtendue.LeplanmisenplaceparJohnetAdampour se rendre à Bakersfield donne l’impression d’une visite top secret. Adam tient à semontrerdiscret,Lorrainenous surveillepeut-être, d’une façonoud’uneautre.Eton sait désormaisqu’ellepeuttentern’importequoicontrenousetnosproches.Ladiscrétions’imposedonc,etAdamamislesmoyenspourquecevoyageàBakersfieldpasseleplusinaperçupossible.

«Tuasbiendormi,monange?»medemandeAdam,surlepont,unetassedecaféàlamain.

Dans son jean et son sweat blanc,Adamafficheune allure décontractée derrière ses lunettes desoleil.Mêmesonvisagesembleserein,sonsouriredétendu.

Commentfait-il?J’angoissepourdeux?

Sonbaisernetrahitaucunstress,bienaucontraire.

–Tuasl’airtrèsdétendu,luifais-jeremarquer.–C’estvrai,c'estgrâceàtoietàlanuitquenousvenonsdepasser.Jesuisportépartonamour,je

mesensplusfortàtescôtés,monange…,seconfieAdam,leregardplongédanslemien.

Moncœurmanqueunbattement.Ceregard…

«EtjesuisimpatientderencontrerceCollins»,ajoute-t-ilensetournantverslamarina.

J’aimeraisafficherunetelledécontraction,maismesdoigtssontbeletbiencrispéssurmapropretassedecafé.J’aitellementhâtedesavoirsicethommedétientlaclédenosmystères…L’équipageest sur le pont lui aussi, préparant notre accostage. La journée s’annonce belle, le climat de cettepartie de la Californie tient ses promesses. Le jupon en lin blanc et le débardeur que j’ai choisisdevraientme permettre de ne pas souffrir de la chaleur qui s’annonce. Et le regard queme porteAdammeconfirmequ’ilappréciematenue.

Aprèsl’entrevueavecCollins,nousauronsencorel’enviedeprofiterduretour?

Nousaccostonsrapidementaumilieudesautresyachtsdelamarina.Trèsvite,Johnmonteàbord.Je retrouve avecplaisir le détective, qui nous avait beaucoupaidés àRiverton. J’avais eu le tempsd’apprécier sonefficacitéprofessionnelle,maisaussi soncôté trèshumain.LuietAdamsesaluentd’une poignée demain franche. Il serre lamienne avec plus de délicatesse et m’offre un sourirebienveillant.

–Lameraétécalme?demande-t-ilenprenantplacesurl’unedesbanquettesdupont.–Excellente,répondAdam.–SimonCollinsvousattend,enchaîneJohnqui,commeàsonhabitude,vadroitaubut.Ilamême

l’airtrèsimpatientdevousvoir,Adam.Quandilasuquevouslerecherchiez,ilablêmi,j’aimêmecruqu’ilallaitfaireunmalaise.Maisils’estvitereprisetaacceptésansdiscuter.

–Iln’afaitaucuneremarquesurl’objetdenotrevenue?s’enquiertAdam.–Aucune, il s’est contenté de hocher la tête.C’est un hommepeu expansif, et c’est comme s’il

s’attendaitàcettevisite.Iln’apasétésurpris,iln’arienditsicen’estqu’ilvousattendait.–Bon,trèsbien.J’informetoutlemondedenotredépartetonsemetenrouted’iciàunedizaine

deminutes,décideAdam.

Adam se tourne vers moi. Je hoche la tête, je suis prête à partir et à faire la rencontre de cethomme.Surlaterreferme,nousrejoignonslavoituredeJohn.Derrièrenous,jevoisdeshommess’engouffrerdanslesleurs.Cinqvoituresnoussuivent,Adamn’apaslésinésurlesmoyens.Jerestesilencieusealorsqu’AdametJohncontinuentdediscuterdutravaildudétective.

Bakersfieldétalesesgrandeslettrescapitalessuruntrèslargepanneau,au-dessusdelaroute.Johnrouleencorequelquetempsetdébouchesurunquartiercalmeàl’écartducentre-ville.Ilarrêteenfinsavoituredevantunepetitemaisondeplain-pied,blanche,terriblementbanale,àl’imagedebeaucoupd’autresdans la rue.Moncœurcommenceàbattreplus fort. J’observeAdam,qui semble toujoursconserversonsang-froid.Avantdedescendre,ilconsultesontéléphone.

«Bien,toutlemondeestenplace.OndevraitêtretranquillespourdiscuteravecCollins»,dit-il.

Johnacquiesce,laminesérieuse.Jejetteuncoupd’œilparlavitrearrière.Lesvoituresdesgardesducorpssesontfonduesdanslepaysage.AdametJohnsortentdelavoiture,jefaisdemême.Adamm’attendetm’attrapelamain.Ilnechercheparcegesteaucunréconfortmaisildoitsentirquejesuistendue.

SiLorraineapprendquenoussommesici,dequoiserait-ellecapable?Est-cequ’elleconnaîtelleaussiceSimonCollins?

Nous remontons lapetite alléeet John frappeà laporte. Je retiensmonsoufflequand j’entendsbougeràl’intérieur.Adamaretiréseslunettesdesoleil,samâchoiresecrispe.Laportes’ouvre.Unhommed’unesoixantained’annéessetientdeboutdevantnous.

«Monsieur Collins, voici Adam, dont je vous ai parlé, et sa compagne Éléa », nous présentebrièvementJohn.

Grand et mince, les cheveux grisonnants, il nous observe avant de nous laisser entrer. Nouspénétronsdanssamaison,aumobiliersommaire.SimonCollinsvitavecl’essentiel.Levieilhommea une démarche plutôt lente et s’assoit dans un fauteuil avec beaucoup de précaution, comme s’ilrisquaitdesecasser.Iln’apasditunmot.

Johnavaitditqu’ilétaitpeuexpansif,maislà…

D’unsignedelamain,ilnousinviteàprendreplaceenfacedelui.Lesbrassurlesaccoudoirsde

sonfauteuil,ilréunitsesdeuxmainsdevantluietposelatêtedessus.IlnequittepasAdamdesyeux.Cesilenceestétrangeetconfèreàcemomentunsentimentparticulier.

Sommes-nouslesbienvenusici?

Adamn’avisiblementpas l’intentionderomprecesilence,niJohn,quiaoptépouruneposturediscrète.Enretrait,iladécidédes’asseoirplusloin.

Peut-êtresuis-jedetrop?

Maisalorsquejem’interrogesurmaplaceici,SimonCollinsprendlaparole.

«Adam.Tavenueestunvraisoulagementpourmoi,commencel’hommed’unevoixtremblante,certainement due à son âge. Je vais enfin pouvoir accomplirmamission. Il n’y a plus de temps àperdre.Ilfautquetusaches!»

Mission?Tempsàperdre?

JesensAdamsetendre,toutesonattentionestrivéesurlevieilhomme.

–Unemission?répèteAdam.–Tonpèrem’ademandéunservice,unjour.Tusais,tonpèreétaitunhommebonetgénéreux.Je

nesaispascequ’aputeraconterLorraineàsonsujet,maisçanedoitpasêtrelaréalité.–VousconnaissezLorraine?– Si je la connais ! Ah, je suis bien content de ne plus la voir, quelle femmemonstrueuse, et

malhonnêteavecça.Ellenes’intéressaitqu’àlafortunedesonmari,ellenepensaitetnevivaitquepour l’argent. Je n’ai jamais aimé cette femme, ton père non plus, et jemedemandemême si tononcle,Henry,neregrettaitpassonmariage,s’énerveColins.

– J’ai beaucoup de questions à vous poser sur mon père, monsieur Collins. Vous avez raison,Lorraine a émis beaucoup de mensonges sur mon passé, ce que je découvre tout juste, expliqueAdam.Vousêtessansdouteleseulàavoirconnumonpèreetàpouvoirm’enparler.

–J’aibienconnutonpèreoui,et tamèreaussi.Nousavonsfaitnosétudesensemble,nousnousconnaissionsdepuis si longtemps…J’ai eu l’occasionde rencontrerLeslieplusieurs fois etmêmed'assister à leur rencontre.Nousnous fréquentions souvent, tesparents etmoi. Ils avaient toujoursl'air très amoureux.Etpuis,du jour au lendemain, tamèreadisparu.Howardn’a jamaisvraimentréponduàmesquestionsàsonsujet,commes’ilnepouvaitpasparler.Tamèreestparties'installeràRiverton,etjen'aijamaissupourquoi.C'étaitunsecretbiengardé.Tesparentscommuniquaientparmonintermédiaire.J'airespectéleursilence.

–Vouscroyezquequelqu’unlesempêchaitdeparler?questionneAdam.– Sûrement. Ton père a toujours été quelqu’un d’affable et puis, du jour au lendemain, il s’est

montré angoissé, tendu. Nous étions amis mais il a commencé à espacer ses visites, se souvienttristementCollinsenregardantdanslevague.

–Vous savezpourquoimonpèrenem’apas récupéré à lamortdemamère ?demandeAdam,pleind’espoir.

–Hélasnon.Nousnenousvoyionsdéjàplusbeaucoupàl’époque.Jen’aimêmepasappristoutdesuite la mort de ta mère. Howard était devenu l’ombre de lui-même, on ne le voyait plus aux

réceptions données par leur grande industrie. Quant à Henry, Lorraine le suivait partout, je n’aijamaispuluiparlerdesonfrèresansquecettefemmesoitlà,àtraînerderrièrenous…

–VouscroyezqueLorraineempêchaitHowardetHenryd’agirlibrement?–Jenesaispas,jepeuxjustedirequ’elleétaitomniprésente.LorrainesupervisaitlafamilleHillet

onnevoyait plusqu’Ambrose, leur associé, pourparler de l’industriede tonpère. J’ai perdu toutcontactavectonpère,àmongranddésespoir.

Nouveaumomentdesilence.SimonCollinssefrottelesyeux.Adampoursuit:

–J’aiapprisquemonpères’occupaitdenous,mamèreetmoi.Ilnes’estjamaisconfiéàvous?–Bien sûrque tonpère s'occupaitdevous ! Il avait enviede fonderune famille etLeslie et lui

avaientl’airsiheureux.Jesuispersuadéquequelquechosel’empêchaitdevousvoir,devivreavecvous,etquandilafiniparvenirmevoirjusteavantl’accident,j’enaieulaconfirmation.

–Monpèreestvenuvousvoiravantdemourir?–Oui,j’aiététrèssurprisquandilestvenuàmoncabinet.Ilavaitterriblementvieilli,ilétaitrongé

parl’inquiétude,j’avaisunautreHowardsouslesyeux.Jem’ensouvienscommesic’étaithier.Ons’estretrouvésdansmonbureau,ilaacceptéunscotchetils’estunpeudétendu.Ilm’aditquesavieluiavaitéchappé,qu’ilétaitfatigué.Ilm’aconfiéuneenveloppe,quejedevaisteremettre.

–Uneenveloppe?répèteAdam.–Oui,jenesaispascequ’ellecontient.Jel’aiconservéeprécieusement,etplacéedansuncoffre

dansunebanqueici,danslecentre-villedeBakersfield.Jevaistechercherlaclé.

Levieilhommeselèvedifficilement,quittelapièceetrevientquelquesinstantsplustard.Il tendunepetitecléàAdam,quil’attrapedélicatement.Nosyeuxsontrivéssurcettepetiteclé.Àquelsecretdonne-t-elleaccès?

– Ton pèrem’a demandé de veiller sur cette enveloppe. Je devais te la faire parvenir une foisLorrainemorte.Maistoutcecin’aquetropduré.Tudoisdécouvrircequetonpèrevoulaitteconfier,jesuissûrquec’estdelaplushauteimportancepourtoi.Lorraineesttropintervenuedansnosvies.Ilest temps que ça cesse, je ne veux plus qu’elle soit une barrière dans ta famille, Adam. J’espèrevraimentquetudécouvrirascequetucherchesdanscetteenveloppe,quetudécouvrirasquetonpèreétaitunhommebon.

–Lorraineestdéjàtrèsprésentedansnosvies,soufflé-jedoucement.

SimonCollinsmeregarde,étonné.

–Lorraine s’est effectivementmontrée trèsprésente cesderniers temps, expliqueAdam.Depuisqu’elleadécouvertmesrecherchessurmesparents,ellemultiplielesmenaces.Elleadéjàprovoquéquelquesincidentsdanslavied’Éléaetcelledesesproches.Elleestprêteàtoutpourquejecessemesrecherches.

–Cettefemmen’adoncpaschangé,s’emporteSimon.Soyezplusfortsqu’elle!Tesparentsn’ontsansdoutepaseulaforcedeluitenirtêteAdam,trouvezlemoyendeluirésister!Cettefemmeestabjecte!

Simon s’étrangle, John s’empresse de lui donner un verre d’eau. Le vieil homme reprend sonsouffleavecdifficulté.

–MonsieurCollins, jepeuxvousposerunedernièrequestion?demandeAdam.Pourquoiavez-vousquittéSanFranciscoaprèsl’accidentdemonpère?

–La concurrence était devenue trop rude, les jeunes avocats étaient des loups.Et puis, après lavisitedetonpère,monbureauaétésaccagé.Deuxjoursaprès,tonpèremourait.Jenesaispassionétaitvenucherchercetteenveloppe,maisj’aisentiqu’ilétaittempsdepartir,dem’éloignerdecetteville.

Levieil hommecommence àmontrer des signes de fatigue.Cette discussion lui fait revivre untristepasséqui l’affecte toujours.J’aimeraispouvoir luiapporterunpeuderéconfort, luidirequetoutirabienmaintenant.Maiscetéchangem’attristemoiaussi.M’attristeetmerévolte.HowardHilln’apasétémaîtredesondestin,ilauraitpuvivreavecsafamille,Adamauraitpugrandiravecsesparents.Maisçanes’estpaspassécommeça…

Pourquoi?

Adamselève,jel’imite.Larencontretoucheàsafin.

–Merci,monsieurCollins,mercibeaucoupdenousavoirparlé.–Vacherchercetteenveloppe,tuverras,jenel’aipastouchée.Elleestexactementcommetonpère

mel’adonnée.–Onvas’enoccuper.Jenesaispascommentvousremercierd’avoirconservécemessagedemon

père.Laissez-moivousfaireprotéger.Nousavonspristouteslesprécautions,maisLorraineestprêteàtout,proposeAdam.

–Oh!non,queLorraineouseshommesviennent,j’aifaitmondevoir.S’ildoitarriverquelquechose,cen’estplustrèsgravemaintenant.

–Jepréfèrevoussavoirensécurité,monsieurCollins.Juste le tempsque toutesceshistoiresseterminent,insisteAdam.

Lesdeuxhommesseserrentchaleureusementlamain.

Unjourpeut-être,quisait,nousreverronsSimondansdemeilleurescirconstances?

Nousquittonslevieilhommecommenoussommesentrés,ensilence.AdamserretoujoursdanssamainlacléquevientdeluiconfierSimon.

–John,dit-ilenfinens'adressantàsonamidétective,prendcettecléetrends-toiàlabanque.Jenepeuxpasyallermoi-même,jerisqued'êtrereconnu.Jetefaissuivreparunevoitureetretrouve-nousensuiteaubateau.J’aibesoindesavoir.

–OK,jesaisquoifaire.Àtoutàl’heure.

Johnmonterapidementdanssavoiturealorsqu’Adampasseunappelrapide.Aussitôt,unevoiturearrive,prêteàescorterJohn.NousrestonsdevantlamaisondeSimonCollinsquelquesinstants.

–Commenttesens-tu?soufflé-jedoucementàAdam.–Excité.Monpèrem’a laisséuneenveloppe.J’aihâtedesavoircequ’ellecontient…Ila laissé

unetrace,pourmoi.Tunepeuxpassavoirl’effetqueçamefait,moiquiaisilongtempscruqu’iln’éprouvaitquedel’indifférenceàmonégard.

–Tunesavaispas…–Oui,maismaintenant qu’on a la conviction que quelque chose a séparémes parents, je dois

savoirdequoiils’agit,conclutAdam,plusdéterminéquejamais.

Une autre voiture vient de se garer devant nous. Nous rentrons à la marina de Santa Barbara,reconduitspardeuxgardesducorps.Nousnoustenonslamain.Àcetinstant,toutesnospenséessonttournéesversJohn.

Pourvuqu’ilneluiarriverien!

Sur le pont du bateau, nous attendons. Parfois serrés l’un contre l’autre, parfois tendus vers leponton,attendant impatiemmentdevoirapparaîtreJohn. Impossiblepourmoid’avalerquoiquecesoit, je suis trop angoissée. J’ai peur d’apprendre que John a eu un accident, qu’une voiture lui afoncédessusoupire,quel’enveloppen’estpluslà.Adamaussiestimpatient,maisilgèremieuxlapression, commed’habitude.Et puis soudain, John arrive. Il remonte les pontons d’un pas rapide,bienentourépardeuxgardesducorps.Il tientquelquechosedanssamain…Arrivésur lepontdubateau,ilneditrien.IltendsimplementuneenveloppeàAdam.

Les battements de mon cœur s’accélèrent. Adam observe cette enveloppe en papier kraft trèsépaisse.Illatourne,laretourne,elleneporteaucuneinscription.Johns’éclipseetmelaisseseuleencompagnied’Adam.Jelelaisseseul,cemomentluiappartient.HowardHillestprésentluiaussi,jepeux levoir, l’imaginer, satisfait et rassuré.Enfin, sonmessageestpassé.Enfin,Adampossèdecequ’ilsouhaitaittantluiconfier…

Adam s’assoit au bord de la banquette. Très précautionneusement, il commence à l’ouvrir. Ilregardeàl’intérieur.Etjen’encroispasmesyeux.Luid’habitudesifort,sisolide,jelevoisciller,jevoissesyeuxs’agrandir,jel’entendsétoufferunhoquetdesurprise.

Qu’ya-t-ildanscetteenveloppequilebouleversetant?

Àsuivre,nemanquezpasl’épisodesuivant.

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