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LisaSwann

ADORE-MOI!

Volume5

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CallmeBaby

EmmaGreenaencorefrappé!***"Multimilliardairerecherchenanny."***EndébarquantàLondresavecsasœurjumelle,Sidonies'attendaitàtoutsaufàdevenirlanounoudeBirdie,lapetitefillecapricieusedurichissimeEmmettRochester.LajeuneFrançaisevientdeperdresamère,sonnouveaupatronpleuresafemme,disparuedeuxansplustôtdansunviolentincendie.Cabossésparlavie,cesdeuxcœursmeurtrissesontendurcis.Leurcredo:pourneplussouffrir,ilsuffitdenerienressentir.Maisentreeux,l’attiranceestfataleetlacohabitations'annonce…explosive.Objectifnuméroun:nejamaiscéderenpremier.Objectifnumérodeux:nepastomberamoureux.Lequeldesdeuxflancheralepremier?

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Touteàtoi

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1.Troispointsetuncercle

Dayton et Rob Pieters, le vieux musicien que nous venons de rencontrer, se dévisagent sansbroncher.

Merde,qu’est-cequeçaveutdire?!

Assiseentrelesdeuxhommes,aumilieudelafoulebruyanteduBlueNoteoùThreePointsCircle,legroupedeDayton,vientdedonnerunconcert,j’ail’impressionquemoncerveauestparalysé.Jeregardecetinconnuquis’estincrustéànotretablepourperturbernotremomentdebonheur.Cetypequ’on ne connaissait pas il y a cinq minutes et qui décrète que la chanson que Dayton vientd’interprétersurscèneestdesacompositionetpasdecelledemonamoureux…

–Visiblement,c’estlapremièrefoisquetuvoisunautretatouagecommeletien,ditRobPietersquipasseaussitôtaututoiement,commesilepointcommunqu’ilvenaitdesedécouvriravecDaytonenfaisaitunfamilier.

Daytonsecontentedesecouerlatête.Instinctivement,ilposesamaingauchesurletatouagepourlecacher,commeillefaitsouventquandilserendcomptequequelqu’unleremarqueoul’interrogeàcesujet–exactementcommeill’afaitlesoirdenotrerencontre.

–Tun’asaucuneidéedecequecetatouagesignifie?demandeRobPieters,l’airincrédule.

Dayton est muet. J’observe son visage qui ne révèle rien de ses émotions.Moi qui ai cru toutd’abordqueleproblèmeétaitsimplementleplagiatd’unechanson,jecomprendssoudainqueçan’arienàvoirou,entoutcas,quec’estbienplusqueça.

Réveille-toi,Dayton.Parle,bordel!

Derrièrelestraitsséduisantsdemonhomme,jesensànouveauunebataillequifaitrage.Çafaisaitunmomentquecelan’étaitpasarrivé,avectoutesmeshistoires,notrevoyageetsonagenda.C’étaittrop beau… Je croyais qu’on en avait fini avec les pensées sombres qui se télescopent dans soncerveau.

Je pose lamain sur la sienne. Sa peau est comme de la pierre sousma paume. Je voudrais leréchauffer, le rassurer,maisDaytonmeparaît loin,perdudans sespenséeset sespeurs.Levisageburinéduvieuxcowboy,RobPieters, estperplexe.C’estvraiquec’estunpeuperturbant, ce jeunetypequiperdlaparoled’uncoup.

–Bon,jeveuxpasteremueravectoutça,monvieux,lâcheRobavecunemineennuyée.Jedoist’avouerquandmêmequejemesuispointécesoirparcequelenomdetongroupem’intriguait.Ça,jepeuxpaslecacher,maistusaisquoi?Jevaisallernouschercherunverreàtous.Quandjereviens,situveuxpasqu’onparledutatouage,onparleramusiqueetçam’iratoutàfait.

Daytonhochelatêtesansprononcerunesyllabe.

Ohmaisnon!J’aimeraisensavoirplus,moi,maintenant!

RobPietersselèveaprèsnousavoirdemandécequenousvoulonsboire.IlaàpeinefaitdeuxpasquejemepencheversDaytonenluiprenantlesdeuxmains.

–Dayton,youhou?LaTerreappelleDayton?Ilsepassequoi,là?demandé-je,àlafoisinquièteetabasourdiedevoirmonamantcomplètementvidédesaprestance.

Sonregardestvide,sonvisagetoujoursimmobile.C’estàpeines’ilclignedesyeux.Ondiraitunestatuedecire.

Unestatuedeciretrèssexy,O.K…

Puisjelevoisdéglutir.Lestendonsdesoncousontraidescommedescâbles,sesmâchoiressontcrispéesetiltourneversmoiunregardillisible:trouille,colère,froideur?

Merde,donnez-moiledécodeur…

Jelèveunemainverssonvisageetluicaresselatempe.

–Dayton,çava?murmuré-je,lagorgeàprésentserrée.

Àmoncontact,ilsemblereprendrevie.Ilseredressed’uncoup,appuiefermementsescoudessurla tableetpasse lesmainssursonvisagecommepoursedébarrasserdesdernièresminutesquiseseraientgravéessursapeau.Ilvafalloirqu’oncommencequelquepart–etvite,avantquelecowboysolitairenerevienne…–,carj’ail’impressionqueçadoitêtreunsacrébordeldanslatêtedeDaytonàl’heurequ’ilest.

–O.K.,commencé-je.Bon,cettechanson,là,«BraveNewWorld»,elletevientd’où?

Etjemereprendsaussitôt:

–Attends, jenesuispasen traindedireque tu l’aspiquée,mais tuasditàce typeque tuavaistoujourseul’impressiondelaporterentoi.«Toujours»,çaveutdirequoi?Depuisl’adolescence?Depuisquetucomposes?Quand?

Jecapturesonattentionet jenevaispas la lâcher.Lesyeuxrivésauxmiens, jevoisqu’ilestentrainderéfléchir.Jen’aipasrompulecontactentrenosmains.

–Çaveutdiredepuistoujours,Anna,dit-ild’unevoixqu’ilsembleêtrealléchercheraucentredelaterre.Jecroismêmequec’estmonpremiersouvenir.Jelafredonnaistoutletemps.J’inventaisdesparolessurcettemélodieetc’estGraham,monpèreadoptif,quil’aposéepourlapremièrefoisennotessurlepianodelamaison.

Ilmarqueunepausepourfairelasynthèsedecequ’ilvientdemeconfier.

–Çavoudraitdirequec’estunechansonquej’aientenduedansmapetiteenfance,assezsouventpourlafredonnersansarrêtetavoirl’impressionfinalementdel’avoircomposée?

–Cedontonpeutêtresûrsaumoins,dis-jeenlesortantdesespenséesdanslesquellesjeneveuxpas qu’il s’enferme à nouveau, c’est qu’il existe un lien entre la chanson, ce Rob Pieters et tontatouage.

Dayton joint sesmains devant sa bouche en inspirant profondément.Sesmuscles jouent sous lapeaudesesavant-bras,et je retrouve,danscetteattitudede retouraucalmeetà lamaîtrisedesoi,l’hommequej’aime:solide,fort,quinecraintrien,quivadel’avant.

Aprèstout,luiaussiadroitàsesmomentsdefaiblesse!

–Çanefaitaucundoute,évidemment,dit-ild’unevoixplusaffirmée.–Nemedispasquetun’aspasenvied’ensavoirplus?luidemandé-je.

Illèvesurmoiunregardàlafoissurprisetmoqueur.

–Tunevaspasmefairelaleçonsurlefaitd’affrontercequidérange,non?dit-il,avecunpetitsourire.

O.K.,bienvu.Jesuistrèsmalplacéepourdonnercegenredeleçon,eneffet…

Jeprendsunairunpeustupide,priseenfaute,etilmesouritenmecaressanttendrementlajoue.Ilareprislecontrôle.Jesoupiredesoulagement.

–Queveutdirecesoupir,mademoiselleClaudel?medemandeDaytonenfrançais.–Uninstant,detevoircomplètementailleurs, j’avouequej’aieulatrouille,réponds-jeavecun

petitsourire.Là,çavamieux.–Jenesuispasenbétonarmé,tusais,Anna,dit-il,mêmesituaimeraisbien…

Ilyaunsous-entendu,là?!

Oh oui, sûrement, vu son sourire satisfait devant ma mine ahurie. C’est fou comme le faitd’évoquercetterelationsicharnelleetpassionnéequinouslieluipermetderefairesurfacedanstoutesonassurance.Voilàquelquechosedetangible,desolideetd’incontestable,cetteattiranceanimale…

–Jesavaisqu’unjour,celaarriverait,poursuit-il,quelepassémerattraperait.Jen’aijamaisvouluvraimentlefuir,c’estplutôtluiquim’afiléentrelesdoigts.Àl’époqueoùj’aitentéd’ensavoirplusenpénétrantleserveurdesservicessociaux,jesuistombédansunculdesac.Jen’étaisqu’ungossequ’onabandonnesansriend’autrequ’unprénom,uneguitare,untatouageetdescauchemars…Voilàce que je suis depuis toujours. J’ai apparemment ce soir l’occasion d’en savoir plus sur ce petitgarçon.Onamis ceRobPieters surmonchemin. Il est inconcevableque jemedéfile.C’est justeperturbant de se dire que voilà, lemoment est venu. Je crois que je viens de voir toutema vie sedéroulerdevantmesyeux,commesij’allaismourir,conclut-ilavecunpetitrirenerveux.

Sûrementpas!!

Lamainsouslatable,jetoucheparsuperstitionundespiedsenbois.

NousrepéronstouslesdeuxRobPietersquislalomeversnousentrelestables,enrapportantnosverres.

–J’espèrejustequecen’estpasunmirageouunefaussejoie,murmureDaytonalorsquelevieuxcowboyapproche.

Jeposelamainsurlasienneetlaserretendrement.Jesuislà,prêteàfairefrontetàencaisseraveclui.

Robdéposenosbières,serassiedcommesionétaitvenustousensemble,appuiesescoudessurlatableetsonmentonsursesmainsjointes,avantdeplongersonregarddansceluideDayton.Ilhausseles sourcils en signe d’interrogation silencieuse, et Dayton hoche la tête d’un air assuré pourrépondreauvieilhomme.

C’estparti…

Robs’éclaircitlavoixavantdedemander:

–Tuasquelâge,mongars?–31ans,répondDayton.

Levieuxmusiciensembleeffectueruncalculdetête.

–O.K.,fait-il.Tuveuxsavoird’oùmevientcetatouage?

Daytonhochelatête.

–Jevaisêtreobligédeteraconterunpeumonhistoire,commence-t-ilavecunsourired’excuseauquelDayton répondpar un autre engageant. Je viens de la campagne et je peux t’assurer que jen’auraisjamaisimaginéfinir,àplusdecinquantebalais,àNewYork,maisjesavaisquejen’allaispascroupiravecunbrindepailleaucoindubecàjouerdelaguitaresurunebottedefoinoupourlesbouseuxduvillage.Jetepasselenomdutrouperdudel’Oklahomad’oùjeviens,j’ensuissortià20anstoutjuste.J’aipasfaitd’études,mesparentsavaientpasleblépour.Ilsvoulaientjustequejerapportedequoimangeràlamaison,etilsm’avaientfichuàl’usine.Tuvois,onm’avaitprévuunebellepetiteviebienpourrie…Ohc’estsûrquej’auraiscertainementtrouvéuneblondepourmefairedesgossesetmepréparerlagamellepourl’usine,maisc’étaitpascequejevoulais.Montruc,c’étaitlamusique,etj’avaisaussientêtequecequelemondeproposaitengénéralétaitpourri,tuvois,quec’étaitpasseulementlesidéesdemesparents.Y’avaitdeschosesàchanger,etc’étaitpossiblesiondécidaitdevivreautrement.Alorsj’aifaitmonbaluchonetjesuispartisurlarouteenmedisantqueje réussiraisbienàperceren jouantdans lesbars,qu’onfiniraitbienparmeremarquer. Jepartaisavecunhandicap.Onestd’accord,lesannées80,c’étaitplustropcountryetblues,maisy’atoujoursunpublicpourunebonnemélodieetungarsquisaitseservirdesaguitare.

Robs’envoieunebonnegorgéedebière.Jesirotelamienneparcequej’aicommel’impressionqu’onestpartispourunehistoirequivadurerdesplombes.

Jesuisàdeuxdoigtsdedireauvieuxmusiciendepasserlaseconde,mais,enjetantuncoupd’œilàDayton,jemerendscomptequ’ilestattentif.

Je sorsmonblocàdessin etma trousse et commenceàgriffonnerdesportraitsdeRobPieterspourcapturercemomentunique,toutenl’écoutantparler.

–Ça n’a pasmis longtemps avant que je commence à crever la dalle, continueRob Pieters. Etj’étaispasallétrèsloin!J’étaisdansleMissouriquandjesuistombésurunebandedemarginaux.Enfait,passimarginauxqueça,étantdonnéqu’ilsvivaientengroupeavecdesrègleset toutça.Moi,j’étais tout seul. Ils m’ont filé à bouffer et m’ont vraiment accueilli parmi eux sansme poser dequestions.

–C’étaitunesortedecommunauté? interviens-je,voyantqueDaytonadécidéderestermuet letempsdel’histoiredeRob.

–Ouais,toutàfait,répondlevieuxmusicienensetournantversmoi.Audébut,jevoyaisjustedesgenscommemoi,jeunespourlaplupart,quiavaientdécidédevivresurlarouteetquiseposaientdetemps en temps dans une bicoque.C’était ça, oui, une communauté, je l’ai compris assez vite, dessortesdehippiesdesannées80.

–Maisleshippies,çaremonteàplusloin,non?demandé-je.– Sûr, répond Rob, mais tu sais, il existe toujours des rescapés, des idéalistes, et ça, y’a pas

d’époque pour. Alors oui, je suppose que c’était une sorte de hippies, des anarchistes qui avaientdécidédevivreenmargedelasociété.Malgrétout,y’avaitunchef.Ilsl’appelaient:«Leguide».

Là, je tique etme tourne versDayton dont je découvre le visage livide.Est-ce queRobPietersréveilledessouvenirsprofondémentenfouisoubien,commemoi,ilsentvenirquelquechosedepasnet?

–Unguide?répété-je.Çafaitunpeusecte,non?

LevisagedeRobsefermeetilal’airsoudainennuyé.

–Hum,oui, ça fait secte, avoue-t-il.Àvraidire, je saispascommenton fait ladifférenceentrejusteungroupedepaumésetunesecteorganisée.Maisoui,jecroisquetuasraison.Cetypeétaitplusvieux que nous tous, une bonne dizaine d’années de plus, et il menait les affaires du groupe. Onpouvait être sûrs d’avoir àmanger avec lui et, éventuellement, un toit pour dormir. Il veillait surnous,quoi,enquelquesorte…

PuisilsetourneversDayton,toujourssilencieux,lamaincrispéeautourdesonverre.

–Alorstuconnaispasl’histoiredetontatouage?luidemandeRobPieters.

Non,maismoi,j’aimeraisbienqu’oncreusecettehistoiredesecte,là!

JejetteunregardappuyéàDaytonpourqu’ilencourageRobànousdécrirecegroupedepaumés,commeildit.

–Non, jene saispasd’où il vient, avoueDaytonen réponse à laquestiondumusicien. J’ai étéabandonnéàl’âgede4ans.Jen’aiaucunsouvenirdecequ’ils’estpasséavant.Touts’esteffacé.Ilne

merestequecetatouage,unmotavecmonprénometuneguitared’enfantquejenelâchaispas.

LevisagedeRobsefermed’uncoup.Ilboitunelonguegorgéedesabièreetreposesonverrevide.

Jenesaispasàcombienilenest,maisçanevapasfaciliterl’histoire,toutça…

–Tusaispascequeçaveutdirealors?ditRobPieters.C’estliéàcegroupe,ça,c’estsûr.Àmoinsquecesoitunesacréecoïncidence,maisj’endoute.Àl’époque,quandonappartenaitaugroupe,onsefaisaittatouertroispointsetuncercle.Lecercle,c’étaitleguide,tuvois,commeunesorted’astresolaire,undieu,autourduquel les troispointsreprésentaientengros lafamille, lepère, lamèreetl’enfantquigravitentautour.Genreunegalaxie, tuvois, ledieucosmique, s’esclaffeRob. Jecroisqueleguideavaitdesrêvesdegrandeur,tuvois,dustylequandonseratrèsnombreuxetéparpillésdanstouslesÉtats,ceseraunmoyendesereconnaître.

Daytonhochelatête,toujoursmuetcommeunetombe.

Pardonpourlacomparaison…

–Entouscas,vousvousêtesreconnus,dis-jepourrelancerlemoulinàparoles.Vouspouveznousparlerplusprécisémentdecettesecte?Sonnom,combiendetempselleaduré,cegenred’infos…Vousvousrappelezsûrementdunomdeceguide?

Jen’osepasluidemanders’ilsesouviendraitd’unpetitgarçonquiauraitétédanslegroupeàlamême époque.C’est àDayton que revient de poser cette questionmais, quand je le regarde, il estblanccommelacraie,lesyeuxfroidsetvides,etdelasueurperlesursonfront.

Commes’ilsavaitoùjeveuxvraimentenvenir,RobPietersenchaîne:

–Toi,t’as31ans,tudis?demande-t-ilàDaytonavantdesefrotterlefrontcommes’ilétaitprisdansuneprofonderéflexion,ettuasétéabandonnéà4ans?

C’estça,monvieux,remuelecouteaudanslaplaie…

–Disdonc,çavoudraitdirequesoitt’esarrivésupertôtdanslegroupe,soittuyesné,ajoute-t-il.

Etlà,jenepeuxpasmeretenir.Underniercoupd’œilversDaytonquial’aird’êtresurlepointd’êtremaladeetjemitrailleRobPietersdequestions:

–Vousnevoussouviendriezpasd’unpetitgarçon,jenesaispas,oud’unbébédanslegroupe?Vousêtesarrivéquelleannéedanscettecommunauté?Etvousyêtesrestécombiendetemps?C’étaitquoiaujuste,cettesecte?

Levieuxfaitdesyeuxénormesetsereculealorsquejem’avanceenm’appuyantsurlatable.O.K.,onn’estpasdansuninterrogatoire,maisonn’estpasentraindediscuterdesdernierspotinsnonplus.Jenesaispassice typeserendbiencomptequ’ilvient justededéposerunebombedans laviedemonhomme.C’estcommes’ilprenaitsontempspourexpliquercommenttoutvapéterd’uncoup…

Soudain,j’entendsungrandbruitetjemetourneversDaytonquivientdeseleverd’unbondenfaisantbasculersachaise.Ilvacilleàmoitiéaprèss’êtreredresséaussibrusquement.Ilest livideetsesmainstremblent.Jemelèvemoiaussi.

–Merde,Dayton,çava?demandé-je,paniquée.

Ilsecouebrièvementlatête.

– Je ne sais pas ce que j’ai, dit-il, la tête me tourne et j’ai super chaud. Je vais prendre l’air,d’accord?Justecinqminutes.Jereviens,Rob,ajoute-t-ilàl’intentiondenotreinvitésurprise.Toutvabien,t’inquiète,c’estrien,memurmure-t-ilavantdedéposerunbaisersurmonfront.Jerevienstoutdesuite.

Jeleregardepartiraumilieudelafoule.Jen’auraispeut-êtrepasdûprendreleschosesenmainetêtre aussi pressante. Je vais peut-être trop vite pour Dayton. Après tout, c’est son histoire.Apparemment,jesuisplusempresséequandils’agitdessecretsdesautres…

JemetourneversRob.Levieuxmusicienfait,luiaussi,unedrôledetête.Jemerassiedsàlatable.

Ilavuunfantômeouquoi?

–Désolée,Rob,dis-je.J’aiétéunpeudirecte,maisjecroisquec’estimportantpourDaytond’ensavoirdavantagesursonenfanceetsesparents.Vousêtes lapremièrepersonnequisembleêtreenmesuredeluidonnerdesrenseignements.

Robal’airplutôtmalàl’aise.Ilacquiesce,maisrestemuet.

–Alors,continué-je,àproposdecettesecte…c’étaitquelgenre,ceguide?–Bah,assezsympaaudébut,maispas trèscommodeauquotidien. Ilavaitdegrandes idées,ça,

maislesmoyensétaientplutôtlimitésetdirects.–Çaveutdirequoi,ça?Directscomment?Dugenretyrannique,violent?Comment,Rob?

Ahc’estplusfortquemoi,cetonautoritaireetpressant,j’auraisdûêtreflic…

Ildétourneleregard,soudaintrèsintéresséparlesgensautourdenous.

–Rob, vous vous souvenez d’un petit garçon demoins de 4 ans avec une guitare ?Vous avezcomposélachansonàcetteépoque,cellequeDaytonachantéecesoir?

Ilm’ignorefranchement,çamerendfolle.Onestàdeuxdoigtsd’avoirl’ombred’unepistesurlepassédeDayton,etcevieuxschnockfaitsontimide.

–Jesuispassûrquetoncopainaitenviedesavoir,balance-t-ilenfinquandilsetourneversmoi.Etpuis,perso,jemerendscomptequeparlerdecettepériodememetmalàl’aise.C’estpasquedesbonssouvenirs.

Merde,ilnevapasnousplantercommeça!

–Enplus,jecroisquej’aibuquelquesverresdetrop,dit-ilensouriantpours’excuser.Ondevraitpeut-êtreenresterlà.

Etils’apprêteàselever!

Certainementpas!EtoùestDayton?Ildevraitdéjàêtrerevenu!

J’attrape le poignet deRobPieters et lui faismonplus beau sourire compréhensif. J’inspire ungrandcoupavantdeluidéclarer:

–O.K., Rob, j’ai l’impression que tout ça remue vraiment tout lemonde,mais vous n’êtes pasobligédetoutnousracontercesoir.Qu’est-cequevousdiriezd’yréfléchiretpuisqu’onserappellepourenparlerdansunendroitcalme?Daytonauraaccusélecoupetseraplusdisposé,luiaussi.Là,vousavezraison,c’estunpeu…brutal.

Rob prend un air embarrassé. Je sens qu’il a vraiment envie de s’en aller et qu’il regrette toutsimplementdes’êtrearrêtéànotretable.

–Qu’est-cequevousdiriezqu’onéchangenostéléphonesetqu’onlaissepasserquelquesjours?insisté-jeavecunsourirevraimentcharmeur.

–D’accord,dit-ilaprèsuntempsderéflexion.

Il se penche sur la table et attrape mon feutre pour écrire son numéro de téléphone à côté del’esquissedeportraitquej’aifaitedelui.Jedéchireunepageetinscrismonnuméroquejeluitends.

–Moiaussi,jedessine,dit-ilminederien,endésignantmonblocd’unmouvementdetête.J’avaisunboncoupdecrayon.

Ilmarqueunepause,etj’ailaconvictionqu’ilvamelivreruntrésorsurunplateaud’argent.

–Jetenaisunjournalàl’époqueoùjevivaisaveccegroupe,lâche-t-ilenfin.J’ymettaisnotrevieauquotidien,jedessinaisdesgens,j’écrivaismeschansonsaussi.Çapourraitpeut-êtreintéressertoncopain.Sijeleretrouve,jeluifileraivolontiers.Sijepeuxtireruntraitsurcetteépoque…

Bingo!

2.Touts'enchaîne!

Jepatientequelquesminutesàlatable,Daytonnedevraitplustarderàrevenir.Ets’ilprendl’airdevantleclub,RobPietersadûtombersurluiensortant.Ilsontpeut-êtreencoredestrucsàsedire.

Auboutdedixminutes,jecommenceàm’inquiéteretàregarderautourdemoi,desfoisquemonhommeseseraitfaitintercepterparunfan–oupire,uneadmiratrice…–,enrevenantmerejoindreànotretable.

Merde,maisqu’est-cequ’ilfout?

Ilmefautàpeinequelquessecondesdepluspourm’angoissertoutàfaitenmerappelantlatêted’enterrementdeDaytonaumomentoùilaquittélatablepourallerprendrel’air.

Merde,j’espèrequ’ilneluiestrienarrivé…

C’estsûrqu’avecmongabarit,jenevoispasenquoijepourraislesortirdupétrinencasdegroscoup dur. Je suis certaine que je ne serais même pas capable de le soutenir s’il tombait dans lespommes. D’un autre côté, j’ai du mal à imaginer mon amoureux tourner de l’œil comme unedélicate…

Non,vulasituation,ilseraitplutôtdugenreàpéterlesplombsetmettrelesbouts…

Jemelèved’uncoupdelatableet,avantdem’affoler,jedécidedemenermespropresrecherches.Aprèstout,l’endroitn’estpasimmense.Ilnedoitpassecacherbienloin.

Quiaditqu’ilsecachait?Moi?Uneintuitionpeut-être…

Jebalaielasalleduregardetslalomeentrelestablesendirectiondelasortie.Surletrottoir,desgroupesdeclientsfumentleurscigarettes,maispasdeDaytonenvue.Jem’approched’ungroupedefillesdemonâge.Ilyadeplusforteschancesqu’ellesl’aientrepérés’ilestsortiprendrel’air,plutôtqu’unebandedecopains.

–Excusez-moi,bonsoir,vousétiezauconcertdes3PointsCircle?demandé-jeauxfillesquimerépondentaussitôtpardesacquiescementsenthousiastes.Vousn’auriezpasvulechanteursortirilyaquelquesminutes?ajouté-je.

JerisquedepasserpourunefanquiharcèlelebeauDayton,maisjem’enfous.Jen’aipasenviedeleurdirequec’estmonpetitcopain.Jesuissûrequ’ellesnemecroiraientpas…

Évidemment,lesfillesaffichentdegrandssouriresravisàl’évocationdeDayton,maisaussidesminesamuséesparceque,oui, eneffet, jepassepour lapetite fanqui fait lepieddegruepourunautographe.

–Euhnon,maisonn’auraitpasétécontrelevoir,hein?répondunedesfillesdugroupe.

Ma tactiqueétaitdonc labonne.Daytonn’estpas sortiprendre l’air. Je retourneà l’intérieurduclubenrésistantàl’enviedel’appelertoutdesuitesursonportable.Jeneveuxpasqu’ilpensequejem’inquiète pour lui parce qu’il a disparu depuis dix minutes… Alors, je vais faire un tour auxtoilettes des hommes pour poursuivre mon enquête, cette fois, en interrogeant les spécimens quisortentdecetendroitdanslequeljenecomptepasrentrer.JedécrisDaytonàdeuxtypesrigolards,maisiln’estpaslà.Jemefaufiledanslescoulissespourretrouverlegroupe.JenemetslamainquesurJulian,lebassiste,quim’avouenepasavoirvuDaytondepuisqu’ilsontrangéleursinstruments.

Merde!Oùpeut-ilbienêtre?Ilnem’apasplantéequandmême!

Cettefois,jecomposesonnuméroetjebasculedirectementsursamessagerie.Surprise,jelaisseunmessageunrienbrouillon.

–EuhDayton?C’estmoi,enfin,c’estAnna,là.Ben…euh…moi,jesuistoujoursauBlueNote,maisjenetetrouvepas…C’estbête,hein?Tumedisoùtues?Alorsrappelle-moi,oui,c’estça,rappelle-moi.

Jemeposteprèsdubaretj’attendsenconsultantmontéléphonetouteslessecondesetdemie.Auboutdedixminutes,quimeparaissentuneheure,jetentedejoindreSummer,àtouthasard.

–Oui,Summer,c’estAnna,dis-jeàtoutevitessepouréviterqu’ellenemecoupedeseshabituels:«Benouais».J’étaisavecDaytondansunclubdejazzetjel’aiperdudanslafoule.Jen’arrivepasàlejoindre;sonportabledoitêtreéteint.

–Ahmerde,ben tuveuxque je fassequoi?medemande-t-ellealorsque j’entendsdubrouhahaderrièreelle.

–Jepensaisqu’ilétaitpeut-êtrerentréauNouveaumondepourm’attendreetquetupourraisallervoirs’ilestdanssonloft,réponds-jeencroisantlesdoigts.

–Benc’est-à-direquejenesuispaschezmoi,là,répondSummer.Situleretrouvesvraimentpas,jeveuxbienrentrer,maispastoutdesuite,hein?

–Non,non,t’inquiète,Summer,jevaismedébrouiller.Mercietbonnesoirée.

Et je raccrocheunpeuplus tendue,pasdu toutcommeunegrandequisedébrouille touteseule,maisplutôtcommeunefilleaffoléequiappelleaussitôtJeffàlarescousse.JeluiexpliquerapidementautéléphonenotrerencontreavecRobPieters,etilmedemandedeleretrouverauNouveaumonde.

JesautedansuntaxietrejoinsJeffdansTribeca.JesuissurprisedevoirSummeravecluisurletrottoir,devantl’entréedel’immeuble.

– Ben je me suis dit que j’allais quand même aller voir, dit-elle en haussant les épaules pourminimiserl’effortqu’elleafaitpourmerassurer.SiDaytonsemetàfuguerluiaussi!ajoute-t-elleavecunpetitsourire.

Nous montons ensemble au quatrième étage. Dès l’ouverture des portes de l’ascenseur, nouspercevons les notes queDayton joue sur sa guitare dans le salon. Je reconnais immédiatement lachanson«BraveNewWorld».

Ànotreentréedanslapièce,illèvelatête.

–C’estunevraiedélégation,lâche-t-ilavecunsourireamusébienquetendu.

Jerestesansvoix.Ilm’aplantéeauBlueNotesansm’avertirqu’ilpartait.

ILM’APLANTÉESANSM’AVERTIR!

–Çava,Dayton?demandeJeffens’avançantverssonamiquicontinueàjouersursaguitare,toutennousfixantavecunsourirepresquedrogué.

Jeremarqueunverreposéparterre,prèsdeDayton,puisunebouteilledevodkabienentamée.

Merde,ildéconnecomplètement,là…

Jeffs’approchedeluilentementetramasseleverreetlabouteillequ’ilvaposersurlecomptoirdelacuisine.Derrièremoi,Summermarmonne:

–Çacraint,jevouslaisseentrevous.

Puis,ellegrimpedansl’ascenseur.

Jenepeuxpasluienvouloir.L’ambianceestplutôt…bizarre.

–Dayton,dis-jed’unevoixneutrepournelaissertransparaîtrenimoninquiétude,nimasurprise.Tuespartisansmeledire.Jet’aiattenduauBlueNote,tusais.Jemesuisinquiétée.

–Jevoisça,Anna,merépond-il.Excuse-moi.

Maissavoixsonnefaux.

–J’avaisjustebesoind’air,puis,enfait,j’aieubesoinderentrerchezmoi,dejouer,denepenseràrien…

– Et de boire un petit coup pour être certain de ne penser à rien, ajoute Jeff. Ce n’est pas lameilleureidéequetuaieseue…

–Voilà,ditDayton.Boireuncoupetoubliertout.–Çanedurequ’unmoment,murmuré-je.Dayton,çan’estqu’uneillusion.–Biensûr,tusaisdequoituparles,hein,Anna?merépond-il,avantdesereprendreaussitôten

secouant la tête. Excuse-moi, je me comporte comme un con et je ne suis même pas saoul, net’inquiètepas.

Ça,onfaitunbeaucoupletouslesdeux.Entremoietmonnumérod’autruche,etDaytonquijouelepasse-muraille…

–Onn’irapasàl’hôpitalaumoinsavectoi,dis-jeenluisourianttendrement.Tuesfort.

Jemerapprochedelui,assissuruntabouret,pourappuyersatêtecontremonventre.Jeluicaresselescheveux.Jel’entendssoupireretselaisserallercontremoi.

–Tucroisça,Anna?chuchote-t-il.–Oui,réponds-jeenluiembrassantlehautducrâneetenleserrantcontremoi.J’ensuissûre…

Jeffenprofitepour s’éclipserenme faisant signede l’appeler, et je luiadresseunpetit sourirepourleremercier.

Nous restons tous les deux quelques minutes ainsi, sans rien dire, juste dans cette étreinterassurante que je lui offre. Je sens qu’il en a besoin, et je suis capable de le comprendre après lasoiréequenousvenonsdepasser.Jegardepourmoilefaitquej’aiprislenumérodetéléphonedeRobPietersdanslaperspectived’enapprendredavantagesurl’enfancedeDayton.

Commes’illisaitencoreunefoisdansmespensées,commesinousn’avionsvraimentpasbesoindemotspournouscomprendre,Daytonmurmure:

–Jen’aipasenviedeparler,Anna.–Onn’apasbesoindeparler,tusais,dis-je,lagorgeserrée,sincèrementtouchéeparsadétresse.

Onpeutallersereposer.Onselèveratoutneufsdemainmatin,aveclesidéesplusclaires.

Jesaisqu’ilnefuitpas.Daytonnefuitpas,c’estcommeça.Ilajustebesoind’encaisseravantdesereprendre. Je crois que je préfère qu’il réagisse ainsi plutôt qu’il fasse comme si de rien n’était,commes’il gérait lesnouvellesde la soiréecommeunevulgairemissionpourDayCool.C’estunêtrehumain,merde!Unhommesolideetsûrdelui,maisunêtrehumaintoutdemême.Etc’estainsique je l’aime, avec lamanière qu’il a d’alterner assurance, prestance etmoments de vulnérabilité.«Monhomme,l’hommequej’aime»,pensé-je,lecœurpleinàrasborddetendressepourDayton,alorsquejeluicaressetoujourslescheveuxetquejesenssarespirations’apaisercontremoi.

JedécidederesterauNouveaumondecesoiretavertisSaskiaparSMSpourqu’ellenes’inquiètepas.Daytonetmoifilonsvitenouscoucherdanslesbrasl’undel’autre,etlesommeilemportevitemonamoureux.Rassurée,jem’endors,moiaussi.

***

Quelquesheuresplustard,enpleinenuit,desmouvementsprèsdemoimeréveillent.

J’ouvre lesyeuxetallume la lampedechevetprèsdu lit, avantdeme tournerversDayton.Lespaupièresencorecloses,crispéesmême,ilremuenerveusementdanssonsommeil.Ilsecouelatêtecommes’ilessayaitdes’extirperd’unmauvaisrêve.Seslèvressonttiréescommes’ilsouffrait,etjedevinedanslapénombrelecheminscintillantdelarmessursesjoues.

Merde,maisqu’est-cequ’illuiarrive?

J’hésite.Jenesaispass’ilfautquejeleréveille.Ilmarmonnequelquechose,des«Non»étouffésetpaniqués.

–Nonpasça,répète-t-ilégalement.

J’aisoudainlatrouilledesavoirdequoiilrêve.Jeposemamainsursonépaule,maisils’agitede

plusbelleengémissant.Alorsjemepenchesurluietluichuchotedoucement:

–Dayton,monamour,réveille-toi.Dayton,c’estmoi,Anna,tuesentraindefaireuncauchemar.

Ilouvred’uncouplesyeuxetfixeleplafondquelquessecondes,avantdesetournerversmoi,leregardencoreflou.

–Tufaisaisuncauchemar,luidis-jed’unevoixdouce.Tut’ensouviens?

Ilhochelatêtelentementetfermelesyeuxencrispantlespaupières.

–Merde,qu’est-cequ’ilm’arrive?murmure-t-il.C’étaithorrible.J’étaisunpetitgarçon,j’avaispeur,j’avaismal…

MerciRobPieters,tuasouvertlaboîtedePandore…

–Tuveuxenparler?demandé-jeenmelovantcontrelui.– Jene suispas sûrqueçame fassedubien, répond-il, lavoix rocailleuse,enpassant sonbras

autourdemoipourmeserrerfortcontrelui.JecroisquelespremièresannéesdupetitDaytonn’ontpasétéparadisiaques.Ilyavaitunhommedanslerêvequimevoulaitdumal.Ilm’enfaisaitmême.Ilvoulaitm’enfermer,mepunirentoutcas.

Quellehorreur…Est-cequeçapourraitêtrelefameuxguide?

–Etj’aientendulavoixd’unefemmequinevoulaitpasqu’onmetouche,poursuitDaytondontlavoix tremble et le cœur s’emballe contremonoreille. Je croisque c’étaitmamère. Je l’appelais :«Maman»…

JemeredressesuruncoudeetdévisageDaytondontlesyeuxbrillent.

–Oh,Dayton…chuchoté-jeenprenantsonvisageentremesmainspourl’embrassertendrement.

Ilrépondàmonbaiseravecuneferveurquimefaitpenserquejesuissabouéedesauvetage,qu’ilseraccrocheàmoi.Jeletiens,jesuislàpourlui.Daytonaétéprésentaussipourmoicesdernierstempsalorsquej’enavaisbesoin.

Oui,notrepassionestsolide.S’ilenabesoinpourteniretaffronterladécouvertedesonpassé,jeserai là. Je me donnerai entièrement, corps et âme. Nous nous étreignons fort, nos corpss’entremêlentetjesensseréveillersondésircontremonventre.

Jesuislà,monamour,jesuislà…

***

Aumatin,lestraitsdeDaytonsonttirés.Notreétreinten’apasentièrementeffacésonangoissedela nuit. Je le regarde se préparer pour partir travailler, reproduire des gestes mécaniques etm’adresser,detempsàautre,unsourireamoureux,maisilnemeleurrepas,ilestpréoccupé.

JenevaispasluiparlerdujournaldebordqueRobPietersaévoquéetqu’ilestprêtàdonneràDaytonpourqu’ilenapprennepeut-êtreplussursavie.Jevaisagirdemoncôté,contacterRobsansrien dire et, si la lecture de ce journal m’apprend quelque chose, alors seulement j’en parlerai àDayton.Jemelivreàunpetitconflit intérieur : jevaisencorecacherquelquechose,alorsque j’aiassuréàDaytonqu’ilpouvaitmefaireconfiance.

Oui,maisc’estpourleprotéger!

– Tu as résolu ton problème avec laNSA ? demandé-je,mine de rien, pour parler de quelquechoseetnepasavoirl’aircoupabled’enmaniganceruneautre.

Daytonsemblepresquesoulagéd’aborderunsujetquineluiestpastropdouloureux.

–NousavonssignifiénotrerefusqueDayCoolagisseentantqueconsultantpourlaNSA,répond-il,maisçaneveutpasdirequelaNSAestpasséeàautrechose.Lesouci,c’estqu’onrisquedel’avoirsur le dosmaintenant. C’était un risque à prendre,mais je tiens à une certaine éthique dans notreboulot.

Il sepencheversmoi, toutbeauet sexyenMrBusiness, etdéposeunbaiseramoureuxsurmeslèvres.

–Bonnejournée,mademoiselleClaudel,dit-ilenfrançais.Nefaitespasdebêtises…

Jeprendsunfauxairoffusqué.

–Moi?Desbêtises?Jamais!réponds-jeenluisouriant.

Biensûr,sionconsidèrequecacherdeschosesn’estpasunebêtise…

***

DeretouràBrooklyn,letondelajournéeestdonné.Çatombebienparcequejenecomptaispasmeprélassergentiment.Alorsoui,notrerencontredelaveilleavecRobPietersetlesrépercussionsqu’elle pourrait avoir sur la vie de Dayton occupent une bonne partie de mon esprit, mais j’ail’impression d’être montée sur un moteur boosté à bloc. Il faut avouer que les nouvelles quim’arriventlesunesaprèslesautresontdequoimedonnerdel’énergie.

Toutd’abordSaskia.Quandjerentreàl’appart,jelatrouvetoutexcitée,faisantdesallers-retoursénergiquesdanslesalon,avecunChurchillenpleineformeentraindesejeterdansseschevilles.

–Ah,jet’attendaisavantdepartiràl’atelier,lance-t-elleenmelaissantàpeineletempsdemettrelesdeuxpiedsdansl’entrée.

Je dépose ma besace et m’installe confortablement, le chat sur mes genoux, face à ma copinetransforméeenvéritablebouledenerfs.Engros,çaveutdire:«Jet’écoute,vas-y.».

– J’ai étécontactéepar la fondationartistiqueDIA,par l’intermédiairede lagalerie, commence

Saskia en agitant lesmains dans tous les sens. Ces gens ont plusieurs sites d’exposition et ilsmeproposent d’ouvrir deux endroits pour deux expos complètement différentes : à Chelsea, pour lestoilesavecJeff,etàBeacon,aunord,pourunprojetaxéLandart.

J’applaudisavecungrandsourire.Toutcelasepassedemots.Saskiamesauteaucou,enfin,metombedessusdanslefauteuil.

–Merci,Twinkle,medit-elle.L’articledansOptiwoman, sur lesvisagesdansCentralPark,yestpourbeaucoup.

Elleseredressed’uncoupcommeunressort.

–Etmaintenantjefile!braille-t-elle.

Unmillièmedesecondeplustard,elleclaquederrièreellelaportedel’appartement.

Bon,envoilàunebonnenouvelle!Allez,monChurchill,auboulot!

Thé,musique et j’allume l’ordi pourmemettre au travail.Ma connexionSkype sonne aussitôt.Gauthier?MaisonestenpleinenuitàParis!Apparemment,vusatête,oui…

–Jecroisquej’aiperdumonportable.Tunelisjamaistesmails?J’aidoncdécidédeveillertoutelanuitenattendantquetuteconnectes,déclare-t-ild’unetraite.

– Bonjour, mon Gauthier, réponds-je sur un ton enjoué. Il ne fallait pas te priver de quelquesheuresdesommeil.Çapouvaitpeut-êtreattendre,non?

–Nooon,chantonne-t-ilmalgrélescernessoussesyeux.Jevoulaist’annoncerlagrandenouvelle.Micha est embauché dans la troupe de danse new-yorkaise etmon premier entretien pour le posted’administrateur s’est déroulé commedansun rêve. Il est fort probablequenous arrivionsbientôttouslesdeuxdanslagrossePomme!

J’applaudispourlasecondefoisenmoinsd’uneheure.C’estunvraifestival!J’envoieGauthieraulitaprèsl’avoirfélicité,puisjeconsultemamessagerieélectronique.

Commentça,jenelisjamaismesmails,pfff…

Je les lis parce que, sans eux, je ne travaillerais pas ! Voilà pourquoi je les lis régulièrement,contrairement à ce que pensemon ami qui avait besoin d’une excuse pour veiller toute la nuit etm’annoncerlanouvelle.

Etlà,j’applaudispourlatroisièmefois.ÇacommenceàagacerChurchillquis’efforcedefairelasieste, tranquille sur le coin de la table, au soleil. Parce que mes projets d’illustrations pour unecampagnedepubdemaquillageont été retenus !Là, çavaut le coupde se lever et d’entamerunepetitedansedigned’unedanseusederevuedeBroadway.

Commec’estchouettedetravaillerchezsoi…

MêmeClaireCourtevel, quim’appellepour sonencouragement énergiqueetquasi-quotidiende

Marines,nepourragâchermabonnehumeur.Je répondsà toutessesordresparun :«Yes,sir !»rigolard.

–Tubossesbiensurtonarticle?–Yes,sir!–Tutiensaucourantlarédactiondetesprogrès?–Yes,sir!–EttespagespourlesmagazinesOpti,tuenasplusieursd’avance?–Yes,sir!

Chaquefoisdeplusenplusfortetaugarde-à-vous,s’ilvousplaît!

–Tutefousdemoi,Anna?finit-elleparlâchersurletonducapitaineàcran.

Là,jem’abstiens.Jetiensàmapeau.

Dèsquej’airaccroché,jefaiscequej’aiaffirméàClairequej’avaisfait,alorsquejenel’aipasencorefait:j’appellelarédactionet«letypequ’ilfautconnaître»pourlerassurersurmesdélaisetrevoiravecluilecalibragedemonarticle.

–Bon,onestdanslestemps,dit-ilpourclorelesujet,etjevousfaisconfiance.Vousfaitesdubonboulot.

Cetypem’aàlabonne…

– D’ailleurs, j’allais vous appeler dans la journée, poursuit-il. Brad Travies nous accorde uneinterview exclusive après le tournage du dernier film sulfureux d’Elias Jespersen, le réalisateursuédois.Ilveutunejournalisteetcelleàquijevoulaisconfierl’articlen’estpastropchaude.

BradTravies,l’acteurenvogue,abonnéauxrôlesnoirsetdérangeants?!

–Vousêteslibre,là?IlfaudraitpartirdeuxjoursàMiami.

DeuxjoursàMiami?!

Etparcequ’onn’aqu’unevie,jem’entendsdireungrand:

–OUI!

3.Froidetchaud

J’aiàpeineraccrochéquejememetsdéjààcogiter…Est-celebonmomentpourlaisserDaytondeuxjoursalorsqu’ilrisquedeconnaîtredenouvellescrisesd’angoisse?

Sanscompterqu’ils’agitdepasserdeuxjoursencompagnieducélèbreBradTravies…

J’auraispeut-êtredûrefusercetteoffre,aussialléchantesoit-elle.D’unautrecôté,jemevoismalrappeler«Celuiqu’ilfautconnaître»chezOptiManenluiannonçantquenon,finalement,monpetitcopain a besoin de moi, que je refuse l’interview d’un des acteurs les plus en vue du moment !J’entendslavoixdeDaytondansmatête:«C’estgénial,Anna!J’étaissûrqueçaallaitmarcherpourtoi!Tuasdutalent!».

Oubiençam’arrangequelapetitevoixdeDaytondansmatêtemediseça…

Non,jesaisqu’ilréagiraitcommeça.J’aienvieégalementqu’ilsoitfierdemoi,commejesuisfièredesaréussite.

Je reçois les infos concernant la nouvellemission que j’ai acceptée, et je découvre que je vaispasserunenuitdanslavilladerêvedeBradTravies.C’estunpeuintimidant,non?Etsuperexcitantaussi…Jevaisrentrerdansl’intimitédelastar…

Pour décompresser et calmer mon excitation, je rédige un nouveau post sur mon blog en meretenantdedévoilerlagrandenouvelle–etçan’estpassimple…–,etenparlantdecesjoursoùtoutsemblevoussourire,oùvousvoyezlavieentechnicolorethautedéfinition,oùvousavezenviededescendredans la ruepourdéfiler touteseuleen jouant le rôlede toutes lesmajorettes, la fanfare,etc.,oùvousvoussentezlaforcededéfendreceuxquevousaimezàmainsnuesettoutesdentssortiesendéployantdesmiraclesdetendresse.

J’intituleleposte:«TwinkleSuperstar»,enrigolanttouteseuledansmoncoin.

UneinterventiondePontDesArtsnetardepasàs’affichersurl’écran:

[M’accorderiez-vousquandmêmeunverrecesoir?]

Jerépondsaussitôt:

[Unverre?Seulementunverre?]

Saréponseapparaîtimmédiatement:

[C’estquevousm’avezl’airbienoccupée,mademoiselleTwinkle.]

Montéléphonesonne.C’estDayton.

– Salut, toi, me dit-il de sa voix chaude qui me fait fondre. Tu passes une bonne journéeapparemment.

–Ouiii, que des bonnes nouvelles depuis que j’aimis les pieds dans l’appart, réponds-je d’unevoixenjouée.

JeluiraconteSaskia,Gauthier,lacampagnedepubetl’interviewexclusivedeBradTravies,quidéclencheaussitôtchezluiuneréactiondemâlepossessif.

–BradTravies,rienqueça!Bravo,belleprise!Tonnouveaubosstefaitsacrémentconfiance.Cetypealaréputationd’êtreuncoureursansvergogne.

–Ahbon?Maisc’estpourleboulot,là.Justeuneinterview.–Tuvasl’intervieweroù?IlestàNewYork?

C’estlàqueçasecorse…

–Non,àMiami,danssavilla,réponds-jed’unevoixaussineutrequepossible.

Silenceauboutdufil.

–Attends,jeregardelemailquejeviensderecevoir,dis-jepourmeublercetaffreuxsilence.Monaviondécolledemainà15heuresetjerentrelelendemainsoir.

–O.K.,dit-ilsimplement.–Maisonsevoitcesoir,non?dis-jepournepaslelaisserfilercommeça.Commentçava,toi?–Çava,çava,répond-ilcommesinousn’avionsrienvécud’extraordinaireaucoursdesquelques

dernières heures. Un peu crevé,mais j’ai beaucoup de rendez-vous. Je commence une session derecrutement pourDayCool. J’adore ces entretiens.En fait, jemets les candidats audéfi de trouvercertains trucs sur mon ordi, virus ou info, d’entrer sur des sites hautement sécurisés. C’est assezpassionnantetdéroutantpoureux,maisjesuistoujoursétonnéparlescapacitésdecesjeunestypes.

J’écoute. C’est rare qu’ilme parle avec autant de verve de son travail.Malgré tout, je ne peuxm’empêcher de penser qu’il est en train d’essayer de faire diversion. Ça n’est pas que cela nem’intéresse pas, bien au contraire, c’est juste que c’est louche qu’il choisisse cemoment précis –après la crise d’angoisse de la nuit et l’annonce demon interview du célèbre acteur –, pour êtresoudainplusloquacesurlesujet.

–Alorsonprendunverrecesoir?demandé-jeunenouvellefoisaveclégèreté.

Ils’éclaircitlavoix.

–Ahnon,excuse-moi,commence-t-ilsuruntonsoudainfaux,jen’avaispasvumonagenda.J’aiundînerd’affairescesoir.

–TuveuxquejepasseauNouveaumondeaprès,alors?

Jesais,çafaitlafillequiinsiste,maisluijoueautypequisedéfile,alors…

–Ah,çam’embêtedetefaireveilleralorsquetuparsdemain,Anna.Tuvascertainementdevoirpréparertoninterview,non?Onsevoitàtonretour,O.K.?Tumefilerasl’heured’arrivéedeton

vol,jeviendraitechercher.J’auraifinimasessionderecrutement.

Jenevoudraispasqu’ilsentequejesuisvexée,blessée,maisjelesuisquandmême.

–Bon,commetuvoudras,tuessûrqueçanetedérangepasquej’ailleàMiamialors?demandé-jepourtenterdemerassurer.

–Commetudis,c’estpourleboulot,s’esclaffe-t-il,etjetefaisconfianceausujetdececoureurdeBradTravies.

Ahlàlà!Jen’aimepasquandonmefaitconfiance.J’aitoujourspeurdedécevoir!

–Enfait,jem’inquiétaisunpeupourtoiaveccequ’ils’estpasséhier,Dayton.C’estjustepourça.Tuaspeut-êtreenviequejeresteavectoi?

Nouveauraclementdegorge.

–Anna,merci,jesaisquejepeuxcomptersurtoi,dit-ild’unevoixunpeudétachée.Net’inquiètepaspourmoi,jet’assure.Jesuistrèsoccupé;cequinem’empêchepasdepenseràcetypequenousavonsrencontré,maischaquechoseensontemps,d’accord?Onenreparleàtonretour.

–D’accord,dis-je.Tuvasmemanquer.–Toiaussi,maisdeuxjours,çapassevite,machérie,répond-il.Jet’embrasse.

Jem’accroche à ce dernier : «Ma chérie », pour ne pas sombrer dans le doute. Je n’aime pasquand il est un peu froid et, comme d’habitude, jeme sens en faute. Le soufflé de bonheur de lajournéevientderetomberetsetransformerenunegalettemoche,tiens…JemesenscoupabledenepasluiavoirparlédujournaldeRobPietersetdesonnuméroquej’aienpoche,coupabledeplanterDaytonpendantdeuxjours,alorsqu’ilapasséunenuitcauchemardesque,etcoupabledemeréjouirde cette interview du bad boy, beau gosse du cinéma américain. Dans deux jours, cette mauvaiseimpression sera derrière nous… enfin je l’espère. Mais il m’en veut, j’en suis convaincue. J’aivraimentlesentimentqu’ilm’abattuefroid.JefaisalorsdeuxchosesqueDaytonserasusceptibledemereprocher,maisjenepeuxm’enleverdelatêtequec’estpoursonbien.J’entendsencoresavoixdansmatête,mais,cettefois,ellerépètedeuxphrasesqu’ilaprononcéesaujourd’huimême:«Nefaispasdebêtises»et«Jetefaisconfiance.».Malgrétout,jecommenceparappelerKathyReevesaveclenuméroquem’adonnéSummerquandj’aivouluremercierlamèredeDaytond’avoirprisdemesnouvellesaprèsmacrisedetétanie.

Elleal’airàlafoissurpriseetheureuse.

–Anna,quelplaisirdet’entendre,commentvas-tu?medemande-t-elle.– Ça va mieux, Kathy, je vous remercie. La vie reprend son cours et mon travail m’occupe

vraiment.–Tuaspuparlerànouveauavectesparents?

Jesensquelefroidprovisoireentremamèreetmoi,mêmesiKathyn’enparlepasprécisément,laperturbe.C’estunemaman,elleaussi,aprèstout.

–Non,pascommej’aimerais.Jesuisencontactavecmonpèresurtout.Voussavez,jecroisque

mamanetmoiavonsbesoindereprendrenotresouffleavantdepouvoiraborderlesujet.Maisçavasefaire,jeleveux,Kathy.

– Alors je ne m’inquiète pas, Anna. Je sens que vous pourrez surmonter toutes les deux cetteépreuve.

–Kathy,dis-jepourenvenirauvifdusujet.Jenevousappelaispaspourparlerdemoi,maisdeDayton.

–Ilyaunproblèmeentrevousdeux?medemandeKathyReeves,soudaininquiète.–Non,pasvraiment.C’estplutôtqu’ils’estpasséquelquechoseen lienavecsonenfance,avant

sonabandon,etjemefaisdusoucipourlui,poursesréactions.D’autantquejeparsendéplacementquelquesjourspourletravail.

JeluiracontelarencontreavecRobPietersetlescauchemarsdeDaytonsuivantcettesoirée.Kathyprendquelquessecondesdesilencepourréfléchiravantdemerépondre.

–Àtaplace,jenem’inquiéteraispastrop,Anna,medit-elleenfind’unevoixrassurante.Daytonatoujours besoin d’unmoment de repli avant d’affronter la situation, ce qui ne veut pas dire qu’ilesquive. Pour les cauchemars, c’est moins contrôlable, mais que peut-on y faire ? S’ils sereproduisent, je sais qu’il comprendra par lui-même qu’il faut agir pour les repousser. Je vaisl’appeler,malgrétout,etjeverraibiens’ilmeparledetoutça.

AprèsavoirprisdesnouvellesdeKathyetGraham,deschevauxetdeleurpetitepensionnaire,jeraccrochesoulagée,avecl’impressiond’avoirbienagi.PuisjecomposelenumérodeRobPieters.Levieuxmusicienrépondd’unevoixempâtée,commetoutjustesortiedusommeil.

–RobPieters?Bonjour,jesuisAnna.OnabuunverrehiersoirauBlueNote.JesuislacopinedeDaytonReevesquialemêmetatouagequevous.

Robseraclelagorge.Jepréfèrel’avoirautéléphonequelevoirausautdulit…

– Mais on avait pas dit qu’on laissait passer quelques jours, jeune fille ? dit-il sur un tonpaternaliste.

–Oui, oui, c’est vrai, réponds-je,mais vous savez, j’ai réfléchi et je crois qu’avant deparler àmonamidel’existencedujournalquevousêtesprêtàluidonner,ceseraitbienqu’onsaches’ilyavraiment quelque chose qui le concerne dedans. Ça ne sert peut-être à rien qu’il se fasse de fauxespoirs.C’estunehistoireassezperturbantepourlui.

Ilrigoleàmoitié.

–Ilenadelachance,toncopain,d’avoirunepetitenénettepourveillersurlui,dit-il.Écoute,jevaisessayerderemettrelamainsurcejournaletjetelefilerai.Toutçan’aplusgrandeimportancepourmoi,àpartquejen’aipasenviedetoutremuer.Jem’endébarrasseraiavecjoie.

–Jevoussuis trèsreconnaissante,vraiment, réponds-jeavecsincérité.Jedoispartirdeux jours,maissijevousrappelleàmonretour,onpourrapeut-êtreconvenird’unrendez-vous?

Une fois que nous sommes tombés d’accord, je raccroche en cochant mentalement un nouvelélémentsurlalistedeschosesquejevoulaisfaire.IlmeresteàappelerJeffpourlerassurersurla

suite de la soirée avec Dayton et demander à genoux à Saskia de s’occuper encore une fois deChurchillenmonabsence.Je l’entendsdéjàhurler :«Mais jenesuispas lababy-sitterdecegroslard!»,avantd’accepter,évidemment.Legroslardenquestionaenfintrouvésavitessedecroisièrepoursasieste:surledos,toutespattesenl’airetunsouriredechatheureux.

***

J’atterrisàMiamià18heureslelendemain.Ilyfaitpluschauddequelquesdegrésqu’àNewYork,et ça se sent !La lumièreestplusviveaussi.À la sortiede l’avion, je suis surprisedenepasêtreaccueillieparunchauffeurdelimousine,detaxiousimplementquelqu’un,quoi…

Neprendrais-jepasdemauvaiseshabitudes,moi?Avecletraindevieauquelm’habitueDayton…

Jepatiente commeune idiote aumilieudesgensqui se retrouvent et, auboutde10minutes, jecomposelenumérodel’agentdeBradTravies,àtouthasard.

Jemefaisunpeurecevoirsurdesroses.Ladamen’apasl’aird’êtredisponible–étantdonnélebrouhahafestifquej’entendsderrièreelle,ellen’estpasaubureau…–,etellemebalance,sansêtrevraimentaimable:

–Ohmerde,j’aicomplètementzappé.

Elle m’assure ensuite qu’elle va m’envoyer l’adresse de la villa de la star par SMS et que jen’auraiqu’àm’arrangeravecmonmagazinepourlesfraisdetaxi…

Je patiente encore un bon quart d’heure avant de recevoir la fameuse adresse par SMS. J’ai letemps de laisser passer plusieurs clients dans la file de taxis dans laquelle jeme suis engagée paravance,prévoyantquel’agentrisquaitdenepassatisfairemesattentesdanslaminute.

Uneheuredetrajetetdeconversationrasanteaveclechauffeurdetaxiplustard,jemeretrouve,petitsacdevoyageetbesaceaubras,devantl’immenseportaildelademeuredeBradTravies.Portailassezhautpourqu’onnepuisseriendevinerdecequ’ilcache.

Jemepostedevantlacaméradesurveillanceetm’annonce.Jedoisrépéterplusieursfoismonnometmeplacerdemanièreàcequel’hommequimerépondpuissebienmevoir.Autonmoqueurdesavoix,jenesaispas,j’aiuneintuition,cedoitêtreBradTravies.

Ilsepaiematêteouquoi?Commesijen’avaispasassezgalérépourarriver!

Quand,enfin,jepénètredansleroyaume,jelevoisdescendreversmoil’alléemenantàsonpalaisblanc,croisemententreunchâteaustyleRenaissanceetuntemplegrec.

Beurk,quellehorreurcettebaraque!

Bradesttelqu’onlevoitsurl’écran:pasmoinsbeau,plusnaturelmêmeetpeut-êtreencoreplusséduisantquedanslesfilms.Pastrèsgrand,pastrèsbaraqué–enfindeloin,iln’enapasl’air…–,lescheveux bruns,mouillés et coiffés en arrière, une petite gueule d’ange déluré. Ilmarche d’un air

assuréversmoitelGatsbyleMagnifique,vêtuchicmaissimple.

Genre«Oh,jenevousattendaispas!»,maislaclassequandmême…

Jem’avanceversluidansmoncaracobordédedentelles,quicolleàmondossousmaveste.Jemesenstouteminabledansmonpantalondroitetmesballerines.

– Je suis désolé, dit-il, grand seigneur, en m’ouvrant les bras pour m’accueillir. Je viensd’apprendrequ’onvousavaitoubliéeàl’aéroport.

Jesecouelatêteensouriant,genre«Cen’estpasgrave»,et je lui tendslamainpourlesaluer,maisBradTravies,toujourslesbrasouverts,m’étreintcommesinousétionsdesamisdelonguedate.

–Jesuisravidevousavoirchezmoipourcepetittête-à-tête,dit-ilensuiteenplongeantsonregardlascifdanslemien.

Merde,c’estvrai,cetypeestungrosdragueur!

Il me prend par le bras et me conduit dans son immense villa à l’intérieur de marbre blanc,mouluresbaroquesetautreslustresdecristal.

Quelgoûtdechiotte…

BradTraviesesttrèsfierdesonintérieur,etilmefaitlavisitedeslieux,évoluantcommeunnobleensonchâteau.

IlmeprendpourunejournalistedeElleDécorationouquoi?

Nousnousinstallonsfinalementprèsdelapiscine.J’aiencoreavecmoimonpetitsacdevoyageetma besace avec mon matériel de dessin et d’interview. Pas un seul instant, Brad Travies ne s’estsoucié demon confort,mais je suppose qu’il doit être habitué à ce qu’on s’occupe de lui, et pasl’inverse…J’ai faimet j’aisoif,mais jecroisque jevaisdevoir faire l’impassesur toutça,parcequ’ilsembleêtrepartipourl’interview.

–Onm’aditquevousillustriezvosarticlesavecvosdessins,dit-il.Cool,jevaisposerpourvousalors ?Onpourraitpeut-êtredonner aux lecteursquelquechoseque jenedonneraispasenphoto,non?demande-t-ilavecuneœilladesuggestive.

Euh,moipascomprendre…

Jeme lancedans la listedequestionsque j’aipréparéeset je laisse lemonsieur fairesonshow.Parfois,monespritsedéconnecte–lemagnétobosseàmaplace!–,etjemecontented’observerlastar que j’ai en face de moi. Oui, il est beau gosse, un rien bad boy avec un sourire vraimentcharmeur,unpeuencoin.Ilfaitunpeugringalet–rienàvoiraveclespecsetabdosdeDayton…–,maiscelaneluienlèvepassonairdangereux,imprévisible.

Jemesuisrenseignéesurluihiersoir.Ilaeudenombreusesconquêtesetnesupportepasqu’on

lui résiste, bien qu’il ne s’embarrasse pas longtemps de ses liaisons. Il a aussi la réputation debeaucoupbossersesrôles.

– Pour le film sur les conducteurs de tanks pendant la guerre, je ne me suis pas lavé pendantplusieurs jours afin de vraiment ressentir quelles étaient leurs conditions de vie. Pour le film deJespersen, j’étaissousLSD.C’étaitmafaçondem’immergerdans lepersonnage,demefondreenlui.Jenebluffepas,Anna…ajoute-t-ilavecunregardappuyé.

Jeplongelemuseausurmoncroquis.

–Jen’aipaspeurdesscènesosées,desexe,vousvoyez,dit-ilenaccentuantouvertementlemot«sexe».Celanerestequ’unjeu.Jepeuxdireàmoncorpsquecen’estqu’unrôlequ’il joue.Moncorps joue et je ressens tout comme si je me regardais jouer, continue-t-il, alors que j’essaie dem’extirperdusujetfumeuxdesscènessulfureusesetnondoubléesdufilmdePetersen.

C’estunesortededuelquise livreaubordde lapiscine–ouf,unedamevientnousapporteràboire puis nous signaler que le dîner est prêt –, car Brad Travies ne cesse de lancer des attaquesexplicitesettrèsdéplacéesdansmadirection,etjelesesquiveavecdeplusenplusdemal.Parcequejesuis fatiguée.Parcequece typeestapparemment inépuisablequand ilaune idéederrière la tête.Parcequecesdeuxéléments additionnés fontque,parfois, jebaisse lagarde. Jedoisquandmêmeadmettrequ’ilesttrèssexy…etquejesuisentraindedînerentête-à-têteaveclui!

Iltrouven’importequelleoccasionpourmefrôler,touchermonbras.Ilvamêmejusqu’àcaressermajoue.Jesupposequeçafaitpartiedunumérodecharmeetquecelaluivautrégulièrementdebonsarticles.

Tantqu’ilnefautpascoucher!Aufait,puisquej’enparle…

–Brad, jecroisque j’aidéjàpasmaldematièrepourcesoir, luidis-jeenguised’amorcede :«Bonnenuit».Jevousproposequ’ons’yremettedemain.Jecroissavoirquevouscommencezlajournéecommeunvraisportif,tôtetpardel’exercice.Ceseraitintéressantdefairedescroquisàcemoment-là.

Ils’approcheavecunsourirecharmeur.

– Je pensais à d’autres situations où je serais plus à mon avantage et qui, j’en suis certain,captiveraientleslectrices,dit-ilenmegratifiantd’unregardenvoûtant.

Jemedéfiled’uncoup,souplecommeunspaghettitropcuit.Hoplà!

– Sans doute, mais vous oubliez vos lecteurs, réponds-je tout sourire. L’interview sera publiéedansOptiMan.

–Alorspeut-êtrepourvotreexpériencepersonnelle…insiste-t-il.Lenumasculin,vousaimez?

J’arrive à le contenir et le repousser avec humour en restant très vague et en lui faisantcomprendrequesoncharmeetsaplastiquesontincontestables.

Pourvuqu’ilmefoutelapaix!

Ilcapituledoncetmeconduitdanslachambreàladécoluxueuseetextrêmementvoyantedonnantsurlamer.Àpeinelaportereferméesurson«Bonnenuit»langoureux,jesouffleenfinetconsultemonportablequej’avaiséteintletempsdel’interview.

Unseulmessage.DeDayton:

[Tumemanques.Toutsepassebien?Baisersamoureux.]

Lire ces quelques mots tendres après notre dernière conversation téléphonique me fait le plusgrandbien.Ilnem’enveutpascommej’avaispulecraindre.

Jem’apprête à l’appeler pour lui raconter l’épreuve que je viens de traverser avec l’espèce desatyrequimesertd’hôte–etavecquitouteslesfemmesrêveraientdepasserlasoirée…–,quandjemeravise.Çanesertàriendel’inquiéter,nid’éveillersajalousieousoninstinctpropriétaire.Mieuxvautresterévasive.Detoutesfaçons,nousnousvoyonsdans24heures.

Alorsjeréponds:

[Oui,toutsepassebien.Boulot,boulot!Tumemanquesaussi.Douxbaisers.]

Bon,çava,çaneditrien.Commeça,ilnes’inquiéterapas,pensé-jeenmeglissantentrelesdrapsdesatindu lit. Iln’imaginerapaspleinde trucs.Des trucsdustyledeceluiquiarrivealors :deuxcoupsfrappésàlaportedemachambre,puislaportequis’ouvresansquej’aieletempsderépondreetBradTraviesquientredanslapièce,unpeignoirorientalouvertsursoncorpsnu.

Merde…

4.MiamiVice

Ilal’airenforme.Çanefaitaucundoutequ’ilauneidéederrièrelatête…etailleurs.Jem’assiedsdansmonlit,complètementestomaquée,lesdrapsremontésjusqu’aumenton,etjenetrouveriendemieuxqueposerunequestionstupide.

–Maisqu’est-cequ’ilsepasse?

Apparemment,y’alefeu…

BradTraviesresteplantéunmomentàl’entréedelachambre,sanudité–etsesattentes…–bienenévidence.Jefermelesyeuxfort,enespérantqu’unefoisquejelesrouvrirai,ilauradisparu.

–J’aipenséquenousn’enavionspasfini,déclare-t-ilcommes’ilétaittoutnatureldedébarquercomplètementàpoildanslachambred’unejournalistevenuel’interviewer.J’aipensé,continue-t-ilenapprochantdulit…quej’avaisenvied’offrirquelquechosedevraimentaudacieuxàmesfans.

SûrqueGauthierneseraitpascontrecegenredetenue…

Jerouvrelesyeuxetilesttoujourslà,nuetplusprèsmaintenant.

–Jenesuispascertainequeleslecteursd’OptiManaientenviedevousvoircommeça,bafouillé-je.

Il fautque je trouveunmoyendemedéfairedecetobsédésexuelquisecroit toutpermis.Trèsvite,dansmonesprit,jevisualiseunebalancequ’ilvafalloirquej’équilibreavecdélicatesse.Jenepeux pas l’envoyer paître grossièrement et me barrer en pleine nuit, au risque de provoquer unscandaleet,peut-être,dem’attirerdesennuisavecmarédaction.Jenepeuxpasnonpluscéderàcethorrible personnage sous prétexte que c’est l’idole de toutes les nanas de la terre et qu’il acertainementlepouvoirdefoutremacarrièreenl’air.

–Maisleslecteursontdesfemmes,despetitescopines,etpuis,pourquoinepasfairecoupdoubleetproposerunpendantféminindenotreinterview?propose-t-ilsurletonexagéréduséducteur.Tuterendscompte,Anna?Tuseraislapremièrejournalisteàêtreréellemententréedansmonintimité.

Ah,onsetutoiemaintenant…

– J’ai peur que cela vous desserve plutôt, dis-je enm’efforçant de paraître sûre demon fait etdétendue.

Autantqu’onpeutl’êtredevantuntypeàpoilquiadûprendrequelquessubstancesillicitespourquesondésirdemeureaussiinébranlable.

Là,Brads’assiedsurleborddulit,àpeineàunmètredemoi,etjemerecroquevillediscrètement.

Jesuisunebouledenerfscompacteethermétique.

–Vostalentsd’acteurméritentbeaucoupmieuxqu’unsimpleétalagedevotrepersonne.Leverlemystèresurvotre intimité?Toutevotre intimité? Jenepensepasquecesoitunebonnestratégie,Brad.Vousenavezparléavecvotreagent?

Etàtamamanaussi,grosvicieux?

Ilréfléchitquelquessecondes.

– Tu as raison, Anna, admet-il. Ce ne serait pas très fin de ma part. Par contre, rien ne nousempêchedeprofiterdecetteintimitéquejetedévoilepourfaireplusampleconnaissance,non?

Oh,c’estpasvrai,ilestborné!

–Jeneteplaispas,Anna?medemande-t-ilensepenchantversmoietenenvahissantmonespacevital.Nemedispasquetun’enaspasenvie,toiaussi…

Jemerendsbiencomptequ’ilfaudraitqueje ledise,maispas tropbrutalement.Jeconsidèresastature,àpeineplusmuscléeetimposantequelamienne–encoreunefois,rienàvoiraveclecorpsdivindeDaytonetsesproportionsdevraihomme!–,etjemedisqu’aupire,jepourraitoujoursmedéfendre.Quoiqu’ilfailletoujoursseméfierd’unanimalenrut…Lerepousserd’embléemeparaîtrisqué.Jenesaispascequelebonhommeaprispoursemettredanscetétat-là,maisçapeuttrèsbiendécuplertoutessesforces.

–C’estunpeupluscompliqué,Brad,voussavez,réponds-jepourgagnerdutempsenmeremuantlesneuronesdanstouslessens.

Dire que j’ai un petit copain ne servirait à rien ; ça pourrait même l’exciter. Le menacer dereprésaillesduditpetitcopainpourrait le fairesourire ; ila sûrement lesmoyensdesepayerunearméedegardesducorps.

Maismonmecaussi!

Je cherche, je cherche… Je pourrais avoir une grave maladie, je pourrais me lancer dans laconfessiond’unlourdtraumatismed’enfancequim’empêchetouterelationavecunhomme.

–Brad,jem’excuse,finis-jeparlâchersansmêmeyavoirpenséavant.J’aimelesfemmes.

Sonvisagesefigeet,encoreunefois, jedevinelesrouagesgrossiersdesapenséesemettreenroute.

–Ah,fait-ilsimplement.

Jehausse lesépaulesd’unairpenaud. J’imagine la têtedeSaskiasiellemevoyait…Elleseraitpliéeendeuxderireetsûrementfièredemoi!

–Jereconnais,vousêtesbelhomme,untypevraimentséduisant,etjepeuxcomprendretoutesces

femmesquivousadorent,poursuis-jepour le flattermalgré tout,mais jene suispas sensibleàcegenredecharme.Jesuisdésolée.

Bradavraimentl’airdéçuetennuyé.Ilbaisselatêtesurlaproéminencedesondésir,commes’ilnesavaitplusquoienfaire.Jenemefaispasdesoucipour lui, iln’aqu’àsortirdans laruepourramasseruneadmiratriceprêteàtout.

– C’est dommage, dit-il. Tu ne me semblais pas comme les autres, Anna. Pas complètementconquise,presquesurladéfensive.Unesortedechallenge,quoi…

Oui,ehbien,vareleverd’autresdéfisailleurs,mongars…

–Mais jecomprendsmaintenant,ajoute-t-ilenrelevant la tête,avecunair toutdemêmeunrienvexé.Jerespectetonchoix.C’estdommagepourtoi.

Ilfautbienqu’ils’ensortelatêtehaute,hein.Jenevaispasluienvouloir,tantqu’ilmefichelapaixetsebarredecettechambre.

–Alorslenumasculin,vraiment,pasdutout?tente-t-ilunedernièrefois.–Moi,jeveuxbienvousdessinernu,Brad,réponds-jepourarrondirlesangles,maisquandvous

serezpluscalme,hein?J’avouequelà,étantdonnémesaffinités,c’estunpeugênantcequevousmemontrez.Maisdemainmatin,auborddelapiscine,genrestatuegrecque,sivousvoulez?

Penaud,ilrefermesonpeignoirenhochantlatête.Jemeretiensdesoupirerdesoulagementquandils’apprêteàselever.Jetendslamainetluitapoteledosamicalement.

– Bonne nuit, Brad, dis-je gentiment. Je vous promets que le papier qu’on va faire seraexceptionnelmalgrétout.

Ilselèveets’éloignedignementd’unpasrapidesanssetournerversmoi.Quandlaporteclaquederrièrelui,jemedétendsenfindanslelit,lesyeuxfixésauplafondenm’étonnantencoredem’enêtre sortie sans dommages. Incroyable !Ce typenemanquepas d’air, sérieusement.Tout ça parcequ’il a une belle gueule, qu’il est pété de blé et qu’on le voit dans tous lesmagazines, il part duprincipequetouteslesfemmesluiappartiennent.

Uneseconde,jepenseàlapossibilitéqueBrad-le-satyrechanged’avisetreviennemeréveillerenpleinenuit.Alors, jeme lèvepourallercoincer laporteavecunechaise.Lasecondesuivante, j’aifurieusementenvied’appelerDaytonpourluiracontercetteaventure.Jesuisunpeuangoissée,etenparlermeferaitdubien.

Ouais,àmoi,maisàlui?

Un gros panneau lumineux rouge semet à clignoter dansma tête. Non, ne surtout pas appelerDayton.Cettehistoire l’énerveraitsansaucundoute,et il seraitcapablededébarquerenpleinenuitpourcalmerlesardeursdelastar…

Bon,jesuisgrande,jevaismedémerder,non?Ilseratoujourstempsdeluiracontercettehistoire

enrigolant,deretouràNewYork…

Jem’endorsenrestantsur lequi-vive,attentiveaumoindrebruitdans lamaison.Et ilyenaenpleinenuit,desriresetdelamusique…BradTraviesasûrementdûtrouveruneautrecompagnedejeu pour assouvir ses besoins…CommeDayton est loin de cemonde-là, alors qu’il pourrait êtreaussipuant,aussiimbudelui-même!Ilacertainementplusd’atoutsqueceBradTraviesadulépardesmillionsdegroupies.Quelleabsencedeclasse,vraiment…

***

Évidemment,Bradn’estpasaussimatinalqueprévuetjepoireautependantdeuxbonnesheuresauborddelapiscine.J’enprofitepourtravaillerd’aprèsdesphotos,quejeprendstoujoursavecmontéléphonepourmeservirdesupportencasdebesoin,etjefaisaussiquelquescroquisdudécor.Ilnemerestera,ensuite,qu’àmettrenotrestardecinémaenscène.Aprèstout,jepeuxbienmepasserdelui…

Ildébarqueenfinsurlaterrasse,accompagnéd’unesculpturaleblondeàfortepoitrine,juchéesurdesescarpinsquiluidonnentdeuxtêtesdeplusqueBrad.Déjàoutrageusementmaquillée,lablonderigolepourunrienets’installeàlatabledupetitdéjeuneravecunappétitdeloup.Bradmelanceunregard réjoui et hausse les sourcils d’un air appréciateur, comme pour avoir confirmation de sesgoûtsenmatièredefemmes.

Ahoui,j’oubliais,jesuishomo!

Je faisunemoueunpeuperplexe,histoirede lui fairecomprendrequ’ellen’estpas tropàmongoût.Onnesaitjamais,desfoisqu’ilauraitd’autrespropositionssalacessouslecoude…Ildoitmetrouverbienchipoteuse,maisjem’enfous.Jeveuxfinircetteinterview,mescroquisetrentreràNewYorkretrouvermonamoureuxetmeblottirdanssesbras!

JepasseencorequelquesheuresavecBradTraviesenendurant sescapricesd’enfantgâtéet sesallusionsunpeugrossièresmaintenantqu’ilestpersuadéqu’onestpotespuisqu’onaimelesmêmeschoses,entreautres,lesfemmes…Etpasquestiondel’endissuader,hein!Aufinal,j’ail’interviewquejevoulais.Iln’estplusdanslaséductionetseconfiecommeàunvieuxcopain.

Entremecs,hein,c’estça?

Ilmeparledesonenfance,desesdébuts,desesrelationsaveclemilieudushowbiz,commeilnel’ajamaisfaitàmaconnaissance,etmêmedesavieamoureuse,demanièrebeaucoupplushonnêtequedans lesmagazinespeople.Minederien, j’auraispuêtre traumatiséeparsonexhibitiond’hiersoir…Heureusementque je saisqu’il existedeshommes respectueux, tout enétantmille foisplussexyetbrillant…

Daytonparexemple!

Malgré tout, l’obsédé de la veille se transforme en gentleman dans l’après-midi quand il medéclare,avecunairgrandseigneur:

–Anna,vraiment,j’aibeaucoupappréciétamanièredetravailler.

Euh,moimoinslatiennedemerecevoir…

–Etj’aiunpeuhontedecequ’ils’estpasséhiersoir,poursuit-il.Jenesaispascequim’apris.Ilfautdirequelecomportementdelaplupartdesfemmesquejerencontreestplutôtdéstabilisant.Ellesmedonnentl’impressionden’attendrequ’uneseulechosedemoi,quejesuisassezheureuxdeleurdonnersoitditenpassant,conclut-ilavecunsourirefaussementmodeste.

Jeluiadresseunepetitemouecrispéeenrassemblantmesaffairesdedessin.Ilestbientôttempsdepartir.

–Jecroisquetuassuvoircequ’aucuneautrefemmen’auraitvuparcequ’elleauraitattenduautrechose,dit-il.C’estpourçaquejesuisheureuxdenotrerencontreet,même,demapetitedéconvenue.

– Mais vous vous êtes rattrapé, dis-je sans réfléchir. Enfin, je veux dire, tout ça, c’est oublié,bafouillé-jeentenantfermementmabesace.

Ilmegratified’unpetitsourireentendu.

–Onsecomprend,hein?fait-il,contentdelui.Ettusaisquoi?Onnevapasappeleruntaxi,jeteraccompagneàl’aéroport.

***

Ilauraitdûpréciser:«Jeteraccompagneàl’aéroportdansmoncoupéGrandSportBugatti»,unevoiture incroyable tout droit sortie d’un film d’anticipation… Beaucoup plus tape-à-l’œil quel’éléganteLightninganglaiseetrespectueusedel’environnementdeDayton.

Décidément,jevaisdevenirincollableenbagnolesetautreséquipementsdeluxe!

Il se gare en double file, là où il n’a pas le droit – bien sûr… –, et il décide deme conduirejusqu’auguichetdelacompagnieaérienne.

Grr,jenevaisjamaism’endéfaire…

Jecomprendstrèsvitequeçan’arienàvoiravecunsursautdegalanterie,maisplutôtqueBradvaenprofiterpours’offrirunpetitbaindefouleimprovisé.Dèsnotreentréedanslehalldel’aéroport,toutes les têtes se retournent vers lui, et il s’arrête plusieurs fois pour signer des autographes ouposerpourdesphotos.

Ausecours!

Parvenue au guichet de mon vol, je lui tends la main pour le remercier de son accueil. Bradm’ouvregrandlesbrasetm’étreintchaleureusementdevantlesyeuxébahisdesesfans.

–Anna,merciencorepouravoirsurestertoi-même,medit-ilcommes’iljouaitunrôle.

Je suis bouche bée et croise les doigts pour qu’aucunpaparazzi ne se trouve dans le coin pourimmortalisercetaurevoirquipourraitporteràconfusion.Jemedéfaisdelui,etilestaussitôthappéparlafoule.J’enprofitepourbrandirmonbilletàl’hôtesse,quandunevoixderrièremoidit:

–Jecroisquecettedemoiselleachangéd’avis;ellenepartpastoutdesuite.

Jeme retourne, le souffle coupé, pourme trouver face àDayton. Je le retrouve toujours avecplaisir,maislà,c’estau-delàdeça…Jemejetteàsoncou,lecœurbattant,etmeslèvrestrouventtoutdesuitelessiennespourunbaiserquisignifie:«Plusamoureux,tumeurs!».

–C’estunesurprisequitefaitplaisir,apparemment!medit-ilavecungrandsourire,ens’écartantunpeu.

–Tunepeuxpassavoiràquelpointtum’asmanqué,réponds-jeavantdel’embrasserànouveauavecpassion.

Nousreprenonsnotresouffle,lesyeuxdanslesyeux.Uneétincelledemalicebrilledanslessiens.

–Pourtant,après t’avoirvuedans lesbrasdeTraviscinqminutesplus tôt, j’auraispuavoirdesdoutes, dit-il. Si je ne te connaissais pas et si je n’avais pas reconnu ton expression agacée eténervée…

Ouf!Ilauraitpuimaginertoutlecontraire!

Jelèvelesyeuxaucieletiléclatederire.

–Maisqu’est-cequetufaislà?dis-jesanspouvoirmedéfairedemonsourireradieux.–Eh bien, déjà, tumemanquais, dit-il, et puis, jeme suis dit qu’on pourrait s’offrir une petite

escapadeavecunnouveaujouetquej’aibienenvied’acquérir.

Jelefixed’unairinterrogateur,sanscomprendre.Ilprendmonbagaged’unemainetm’entraînedel’autreverslasortie.

–Tuvasvoir,jesuiscertainqu’onvapasserunbeaumoment,memurmure-t-ilenmarquantjusteunepausepourm’embrasserdanslecou.

Avantquelesportesneserefermentderrièrenous,j’ailetempsd’apercevoirBradTraviesquimefixed’unairmédusé.Jeluiadresseunpetitsignedelamain.

Ohetpuismerdepourlesmensonges!

***

UnevoiturenousconduitàlamarinadeMiamiBeach.Pendantletrajet,Daytonm’attirecontrelui.

–TonSMSévasifd’hierm’afait tiquer,mademoiselleClaudel,medit-ilenfrançais.Jemesuisdoutéquequelquechosenesepassaitpascommeprévu,etjeconfesse,oui,j’aimêmeétéjaloux.

–C’estpourçaquej’aiétéévasive.Jenevoulaispasquetutefassesdesidées,réponds-je,blottie

contre son torse et sniffant son parfum épicé comme une droguée, mais tu as un sixième sens,apparemment.

Jeluiracontebrièvementlascèneetmongrosmensonge.

–Lesbienne,toi?s’esclaffe-t-il.Cetypen’avraimentpasdesixièmesensentouscas.–Écoute,tantmieux,non?réponds-je,trèsfièredem’êtresortiesansennuisdecettemésaventure.

Çaauraitpumaltourner.– Je n’ose même pas imaginer ce que je lui aurais fait alors, me chuchote-t-il. Je l’aurais

certainementtuédemespropresmains.

Cesontdesparoles,jelesais,maisellesexprimentlaforcedel’attachementdeDaytonpourmoi.Cesmotsmedonnentdesfrissons.

Arrivés à lamarina, on nous emmène, au travers du dédale des pontons vers une zone où sontamarrésdesbateauxplusluxueuxlesunsquelesautres,jusqu’àunesortedefuséesurl’eau,aupontentièrementenboisetaufuselaged’unnoirbrillantcommedupétrole.

Çaexiste,ça?!

–LasociétéquiconstruitcesyachtsestunclientdeDayCool,expliqueDaytonquimefaitmonterà bord enme tenant lamain.Quand j’ai vu cet engin incroyable, j’ai tout de suite eu envie de lepiloter.

–Parcequetusaispilotercegenredefusée?demandé-je,lesyeuxécarquillés.–C’estquandmême leminimumpourun typequiaun incroyablesixièmesens,non?dit-ilen

rigolant.

Noussommesmaintenantseulssurceyachtqu’onn’imaginepasfilersurl’eautantilressembleàunevéritableœuvred’art.C’estunpeulaversionmerdesaLightningpourlaroute.OnpeutdirequeDaytonaleluxecohérentetélégant…

Ils’installedanslefauteuilencuirdupiloteetjel’admireentraindemanœuvrerpoursortirdelamarinasouscesoleilparadisiaque,surcettemerturquoise,dansuneviedecontedefées…

Ohoh,c’estvrai,toutça!C’estvrai!Etc’estàmoiqueçaarrive!

Jem’accrocheàsesépaules,collantmonvisageàsoncou.Jesuisheureuse.

–Filetechangerdanslacabine,bellesirène,medit-il.Onvaprendrelelarge.

Jedescendsdansleventreduyacht,quiesttoutaussiimpressionnantquesonextérieur,etj’enfilelemaillotdebainquej’avaisemmené,aucasoù,pourMiami.Quandjeremonte,jemeposteprèsdeDayton,etleyachtpasseàlavitessesupérieureets’envolelittéralementau-dessusdelamer.

Commec’estgrisant!

Daytonen ritdebonheur.Auboutdequelquesminutes, jeme retourne.Miamiest loinderrière

nous,c’esthallucinant.Nousavonslongélacôte.

–On n’est pas loin deKeyBiscayne ; on va se poser un peu, dit alorsDayton qui fait ralentirl’appareiljusqu’àcouperlesmoteurs.Profiterdelavue,dusilence,denous…

Lesoleilestchaudettoutmoncorpsestbrûlant.C’estunesensationquej’aime,d’autantquemapeaumatenecraintpastroplesoleil.

Daytondescendàsontourpasserunboxer-shortdebainetremontedelacabineavecunplateaucouvertdevictuaillesetdeboissons.

–Cemomentestrienqu’ànous,dit-ilenposantletoutsurlatablesurmontéed’unauvent.

Ilme rejoint sur la banquette.Nos peaux chaudes se fondent presque totalement l’une à l’autrequandnoscorpss’effleurent.Jemordsdansunfruitjuteuxetfraisenlançantuneœilladegourmande.

–C’estmerveilleux,luidis-jeaprèsm’êtreessuyélabouche.–Ça l’est pourmoi aussi,Anna, répond-il en caressantmon visage, ses yeux plongés dans les

miens.Jeneveuxpasqueçachange.J’yaipasmalréfléchicesdernièresheures.Jeveuxquerienneviennegâchercesmoments,nilajalousieetsurtoutpaslepassé.

–TupensesànotrerencontreavecRobPieters?luidemandé-je.–Oui,entreautreschoses, répond-il.Lemeilleurmoyendenepasse laisserenvahir,c’estbien

d’affronter.JevaisretrouverceRobPieters.Çanedoitpasêtrebiencompliquépourmoi…

Oui,d’autantquej’aisonnuméro…

Oh,maisjen’aipasenviedeparlerdeçamaintenant!Jesuistellementheureusederetrouvermonamant après la nuit passée chez l’odieuxBrad Travies, qu’il sera toujours temps demain pour lesaveux.Ilestlà,toutprèsdemoi,etnoscuissessefrôlentsurlabanquette.Ilfaitchaud,noussommespresque nus et seuls aumilieu de l’océan – en tous cas loin de tous les regards –, et le corps deDayton est insolemment beau et sexy, bien plus désirable que le fruit juteux dont je viens de merégaler.J’admiresonvisageauxtraitsfinsetpleinsdecaractère,sescheveuxauxrefletscuivrésquele vent a décoiffés, ses lèvres bombées et sensuelles, son torse divinement sculpté qui luit sous lesoleil, ses épaules solides, son ventre plat, ses bras forts et ses cuisses puissantes. De petitspicotementsnaissentaucreuxdemoi.Jenesaissic’est lachaleursurmapeau,maismoncerveaupétilled’idéescoquinesetsensuelles.Çadoitse liredansmesyeuxparcequeDaytonmedemandeavecunpetitsourire:

–Anna,queveutdireceregard?–Ehbien,quejesuisd’accordavectoietquejeserailà,tulesais,commetul’asétépourmoi,

mais…–Maisquoi?demandeDaytonquimevoitveniràmonregardlascif.–Maislà,jenesaispas,onpourraitprofiterdecemomentetdecedécorpour…

Jemetortillecontrelui,etceslégerscontactsmedonnentlachairdepoulemalgrélachaleur.

–Oui?insiste-t-ilenseprêtantaujeudesfrottementsquej’aientamé.

–Poursefairedubienetmêmeplus…lâché-jeenposantmamainsursesabdosd’athlèteavecl’idéededescendreunpeuplusbas.

Lesourireauxlèvres,Daytoncaptelemessageetsepenchedansmoncoupourmetaquinerdesalanguequipointeentreseslèvresentrouvertes.Mamains’accrocheplusfermementàsonventreetlafièvres’abatsurnouscommeunouragan.

Oui,c’estsansdoute lachaleur…et l’euphoriederetrouverDaytonaprèscesdeuxjourspasséschezBradTravies–enayantéchappéaupire–,maisc’estaussiparcequenoussommesdéjàpresquenusqueledésirs’exprimeenmoidemanièresiviolenteetfulgurante.Jepasseduniveauexcitationmodérée à celui de frénésie passionnée, quime donne envie de dévorer et empoigner le corps sidésirable de mon amant, mais je me retiens… Les mains à plat sur le torse de Dayton, ses brasm’enserrant avec passion, nous nous embrassons à pleines lèvres, avec ferveur. Nous noussavourons,etnoslanguesselivrentàunedansevoluptueusequiprovoquedesvaguessuccessivesdefrissonsdanstoutmoncorps.

–Tuesbrûlante,Anna,mesusurreDayton,ettuasungoûtsucré.C’estunvraidélice.

Jem’écartedelui,lesoufflecourt,etplanterésolumentmonregarddanslesien.Lapassionmerenddéterminée.Dansmesyeux,ildoitpouvoirlireàquelpointjesuisfolledelui.C’estmafaçonàmoid’affirmertoutcequej’éprouvepourluietledésirqu’iléveilledansmonventre.

Jeme cambre pourme coller plus encore à son corps. Sesmains caressentmes épaules,monvisage, quand nous reprenons nos baisers passionnés. Puis il frôlema gorge et descend versmesseinstendusdanslestrianglesdemonhautdemaillotdebain.

Jerejettelatêteenarrièreettendsmapoitrineàlarencontredesescaresses.Daytonenglobealorsmesseinsdanssesmains. Il écarteet refermesesdoigts surmapoitrineenempoignant la totalité,avantde resserrer sonemprise sur lesmamelons.Sabouche se riveàmagorgeet il semet àmemordiller.Un petit gémissementm’échappe et j’arque davantage le dos pour luimontrer combienj’appréciesonardeur.Ilaunefaçontrèsviriledeprendrepossessiondemoncorps,delemalaxer,commedel’argilequ’ilmodèleraitàl’imagedesondésir.

Moi,jejoueaveclesien.Mesdoigtseffleurentmaintenantsonbas-ventredurcommedel’acier,remontentjusqu’àseshanchesquejeserre.Puismesmainsvontsepromenersurl’intérieurdesescuissesets’amusentàremonterexplicitementverssonentrejambe.Jen’aiqu’àbaisserlesyeuxpourmerendrecomptequ’ilestaussiexcitéquemoi.Sonboxer-shortestprêtàéclater,etlacourbedesonsexesedessineclairementsouslelycranoir.

Commeçam’excite…

LesmainsdeDaytonfinissentparécarter les trianglesdemonmaillotdebainpourexposer lespointescompactesdemesseins,rougiesparl’excitation.

Ilrelèvelatêtepourriversesyeuxauxmiens.

– On dirait deux petites framboises, chuchote-t-il d’une voix rauque. Tu crois que je peux les

déguster?

Àmonregardpresquedroguéparledésiretmonhochementdetêtelascif,ilcomprendqu’ilalapermission.J’anticipe lecontactmouillédesabouchesurmesseinsencrispantmonventre,car jesensquemonexcitationesttellequejeseraiscapabledejouirrienquesouslacaressedesalanguesurmesmamelons.

Je bascule en arrière, etDayton ajuste sa position sur la banquette, trouvant sa place entremescuisses.Sonérectionpuissantesecolleàmonslipdebain.

Unnouveaugémissements’arracheàmagorge.

–Dansquelétattues,Anna…lâche-t-il,attiséparlafièvredemoncorps.

Sa bouche se pose ensuite sur un de mes mamelons qu’il aspire doucement, refermant parmomentssesdentssurlapointe.MapoitrinegonfléeetfermesemetàvivresouslescoupsdelanguedeDayton.Illapeetlèche,faittournersalangueautourdechaquemamelon,entenantfermementmesseinsdanssesmains,puisilsuçoteetmordille.

Maiscommentfait-ilpourmefaireceteffet…

Monbassinestprisderoulementscontresonventre.Chaquefoisquesonsexebandéfrottecontrelemien,humideetemprisonnédansleslipdebain,j’émetsunpetitcrienimaginanttoutleplaisirquecesexevafaireexploserenmoi.J’ai le frontet les tempesenfeu, les lèvresentrouvertessurmeshalètementsetmesmainsquiappuientsurlesreinsdemonamantpourlecollerplusencoreàmonventre.

–J’aitropenviedetoi,Anna.Situnetecalmespas,jevaispartirtropvite,dit-il,essoufflé,enseredressantsursesbrasmusclés.

Ilmedévisage,médusé,alorsquejemecambrepourretrouversoncontact,surchaufféecommesionn’avaitpasfaitl’amourdepuisdesjours.

Quem’arrive-t-il?

Le décor et la situation extraordinaires exacerbent mon désir. Ajoutez à cela, le physiqueirrésistibledeDayton,sescaressesexpertes,lapromessedeplaisirqu’ildessinesurmoncorps…Jesuisauborddel’implosion.Aucunhommenem’ajamaismisedansuntelétat.Aucunautrehommenemeverrajamaisdanscetétat,j’enailaconviction.MoncorpsneveutqueDayton,etilnevoudrajamaisplusquelui.

Monardeurestcommunicative.Aprèsquelquessecondesàm’observerenproieauplusvifdésir,Daytonprend leschosesenmainavecdétermination. Ilseredressesur labanquettepours’asseoir,puism’attireàluietmehissesurlatabledevantnous,commeunemarionnettebourréed’électricitémaisincapabledevolonté.Ilselèveunpeupourécartercequiestposésurleplateauetm’allongeàmoitié dessus. Je reste en appui sur mes bras repliés. Dayton est assis face à moi. Sa poitrine sesoulèverégulièrement.Ilrespirefortetsonregardestd’acier,d’unbleupresquegrismétallique,qui

exprimeàquelpointilaenviedemoi.

Il soulève mes cuisses, pose mes pieds sur ses épaules et m’attire résolument vers lui sur leplateau, demanière à ce quemes fesses soient au bord de la table, les jambes ouvertes de part etd’autre du visage demon amant divin.Mon ventre se creuse, j’halète, les lèvres entrouvertes quej’humectedelalangue,sanspouvoirdétachermesyeuxduvisagedeDaytonquimefixetoujours.

Jevoissamainseleverversmonsexemouillédanslemaillot,etjeretiensmonsouffle.Ilopèretoutd’abordunelégèrepressiondesdoigtssurmonclitorishypersensible,etj’écartedavantagelesjambesensoupirant.

–Tonmaillotesttoutmouillé,Anna.

Oh…j’aimecettefaçonqu’iladeparlerquandnousfaisons l’amour.Cesmotsqui luiviennentnaturellement,alorsquetousleshommesquej’aiconnus–O.K.,pasdesmasses…–sesonttoujourscontentés de ahanements et de gémissements. J’aime quand il met des mots sur ses gestes et enamplifiel’impact.J’aimequandsavoixrauqueprononcecesparolesquimevontdroitauventre.

Il continuede frôlermon sexeduboutdesdoigts au traversdu lycra.Mescuisses en tremblentpresque. Jesuisàdeuxdoigtsde lesupplier.Puis lentement, si lentement, il semetà joueravec letissudumaillotenletendantsurmonsexe,enletirantaussidemanièreàcequ’ilappuieplusfortcontremonclitoris.Jemetrémoussesurlatable.C’estunsupplicedélicieux.Encoreplusdélicieuxquand j’imagine Dayton observer mes réactions à ses expériences. Il étire fermement le tissumaintenantetlerassembleenunefinecordelettequejesenss’immisceravecdouceurentreleslèvresmouilléesdemonsexe.

–Oh,Dayton…gémis-je,auborddelajouissance.–Jecontinue?demande-t-il,lagorgeapparemmentserrée.–Mmmmoui,parviens-jetoutjusteàprononcer.–Turuisselles,Anna.C’estterriblementexcitantdeteregarderdanscetétat.

Lesosdemonbassinsemblentsurlepointdepercermapeautantjemecambre.JetendsmonsexeversDayton comme une offrande,mais il a décidé de faire grimper lentement, très lentement lesdegrésduplaisir,enprenantsontemps.Leplaisirn’enseraquepluspuissant.

Ilcessedecomprimermonsexeaveclemaillotetsoulèvedélicatementletissuenl’écartantsurlecôté.Jesenstoutdesuitequemavulveestàdécouvert,carlachaleurdusoleilenflammeencorepluscequiestdéjàlargementenfeu.

Daytonsemetàsoufflerdoucementsurmonsexe.L’alternancedecettebrisesouffléedeseslèvresetdelabrûlurepassionnéedusoleilmefaitpasserpardessensationsjusqu’alorsinconnues.Plutôtque de me crisper, comme je l’ai fait quelques minutes plus tôt, les muscles de mes cuisses sedétendent et mon ventre s’assouplit. Je me laisse aller à la caresse exquise du souffle de monamoureuxetdelacaressedusoleil.JesupposequeDaytondoitsentirquejesuisailleurs,carilenprofite alors pour me prodiguer le baiser le plus voluptueux qui soit sur mon sexe. Ouvrantlégèrementmavulve,salanguelapetoutd’abordàplatmonsexe,dubasverslehaut,pourfinirpar

titillermonclitorisde lapointe. Je reprendsmachansondepetitscris. Jevaisdevenir folle tant ilprendsontempspourcontenirsondésiretaugmentermajouissance.Salanguemepénètreettournelentementàl’entréedemonvagin,commes’ilembrassaitmabouche.Mesmainssecrispentdanssachevelure,alorsquesonvisageamaintenantdisparuentremescuisses.Jelevoismonteretdescendreau gré de ses coups de langue.Mon corps commence à se couvrir de chair de poule.Mon cœurs’accélère,medonnel’impressiondechercheràs’évaderdemapoitrineetjegémisdeplusenplusfort.J’hésiteentremaintenirlatêtedeDaytonentremescuisses,pourqu’ilmemènesûrementverslajouissancequinaîtlentementenmoi,etlerepousserpourpasseràd’autresexercices…J’aienviedelesentirenmoi!

–Dayton,jevaisjouirsitun’arrêtespas,dis-jeenhaletant.

Mais il ne relève pas la tête etme dévore encore plus passionnément, immisçantmaintenant undoigtpuisdeuxenmoi,qu’ilfaittournerdansmonsexependantquesaboucheseconcentresurlesuçotementdemonclitoris.

L’orgasmemevientbrutalement.Jeredressetoutmonbustesurlatableavantdem’effondrerencriant presque de plaisir dans le silence de l’océan. Mon ventre et mes cuisses sont pris detremblements,messeinspointentvers lecielbleu turquoise.Etcen’estpas lesoleilquim’éblouit,mais bien les explosions successives de plaisir qui traversentmon corps. Je ferme les yeux.C’estcommesijemenoyais.Jenereconnaisplusmonsouffle.Jenesaisplusrespirer.Toutm’échappe,etjeportemesmainsàmoncœurquibatàtoutrompre,puisàmonvisage.

Bordel,jenesaisplusoùj’ensuis,là…

Dayton repose mes pieds sur la banquette. Mes jambes sont lourdes de la déflagration del’orgasme. Il me déplace légèrement sur le côté et se lève. J’ai un aperçu très explicite de sonérection,quidépassemaintenantdesonboxertaillebasse.

Dansquelétatildoitêtreaprèstoutça…

–Jereviens,mechuchote-t-ilensepenchantsurmoipourm’embrassertendrement.

Jesaisoùilva.Jesaiscequivasuivre,etjesuissurprised’êtreànouveausiviteémoustilléeparlaperspectivedecequivaarriver.

Ilrevienteneffet trèsviteavecunpréservatif.Jemeredressesurla table, lesoufflecourt,maisdéjà remplied’uneénergie sensuellequimesurprend.Monenviede l’avoir enmoin’apas faibli.Alorsqu’ils’approchedemoi,jeluiprendslamainpourluivolerlepréservatif.

–Assieds-toi,luidis-je,lavoixenrouéeparlajouissance.

Lepetit sourirequ’ilm’adresse est confiant et coquin.Un rien surpris aussipeut-être, car, je lesais,aufuretàmesuredenosétreintes,jedeviensdavantageunefemmesûredemoi,demesgestes.Jen’éprouveaucunegênefaceàcequi,auparavant,m’auraitplongéedansl’embarras.C’estquejesuis en confiance avec Dayton, parce que nous nous respectons et que, sans doute, nous nous…aimons?Nousnenouslesommesjamaisditenmots,maisnoscorpsnecessentdeselerépéter.

Avantqu’ilnes’installetoutàfaitsurlabanquette,jeposemesmainssursataille,puisdescendsjusqu’àlaceinturedesonboxer,quejefaisglisserpourlibérersonsexeenérection.Ensuite,jemedéfaisdemonmaillotdebain,quinesertplusàgrand-chosedepuisqueDaytonl’aécartédecequ’ildevaitcacher…

–Jetelaissefaire,Anna?medemandeDaytonavecunsourirepleindedésir.–Oui,dis-jedansunsouffle.

Jem’agenouilledevantl’hommequej’aimeetcesexemagnifiquedontl’envieaétéattiséeparlescaresses que m’a prodiguées Dayton. Je dépose le préservatif sur la banquette, puis je prends lemembredemonamantdanslamain,posantdanslemêmemouvementmeslèvressursonglandpourl’aspirer tout doucement.Commemoi quelquesminutes plus tôt sous ses coups de langue, je sensDaytonsecambreretcreusersonventre,alorsquemamaincommenceàmonteretdescendresursonsexeetquemalangueentouresonglanddanslamoiteurdemabouche.

Mmm,luidonnerduplaisirestaussidélicieuxqued’enrecevoir…

J’aimesentirsonmembrebrûlantetgonfléremplirmapaume,songlandsalécomblermaboucheetpercevoirlesfrémissementsdesoncorpsquis’abandonnependantquejelesuce.J’aimedevinersonregardsurcequejeluifais.Jevois,entremescils,sesmainssecrispersurlabanquette,puisillesposesurmatêtequ’ilmaintientdoucementpendantquesonbassinsemetàserehausseraurythmedemesalléesetvenuessursonsexe.

–Anna,c’estbon,chuchote-t-il.

Sanscesserdelecaresserd’unemain,l’autredescendeffleurersestesticulesetlestaquiner.Jelesprendsdoucementenmain.JepossèdemaintenantcomplètementDayton.Toutsonsexeestàmoi,etilnepeuts’évader.

–Mmmm,continue,halète-t-il,justeavantderéaliserqu’ilestpeut-êtresurlepointdejouir.

Alors il écarte gentimentmon visage de sonmembre –mais j’ai encore tellement envie de ledévorer…–pourenfilerlepréservatif,puisilsepencheversmoiet,aveclamêmeforcequetoutàl’heure,ilmesoulèvepourm’asseoiràcalifourchonsurlui.

Nousnenouscherchonspas.Jeletrouveaussitôt.Monsexeluisants’empaleimmédiatementsursonmembre.J’émetsunepetiteplainteexquisequandje lesensenfinmeremplircomplètement.Jebasculelebassinetprojettemesseinsverssabouche.Lesmainssurmataille,ilmesoulèveetmefaitretombersursonérection,leregardrivéànossexesquis’emboîtentavecvolupté.

Encoreunefois,jeperdslatête.Sonsexeenmoi,sigrosetbrûlant,sesmainspuissantesautourdemataille,j’aienviequ’ilfassedemoicequ’ilveut.J’écrasemonsexecontresonventre.Jem’ouvreenfaisanttournermeshanchesalorsqu’ilestfichéaufonddemoi.LeslèvresdeDaytonserefermentsurmonmamelonetlemordillent.Jejouissansm’enrendrecompte,unesecondefois,pluslongue,plus lente.Unorgasmequicommencebaspourmontercrescendo. Jemesens légère,commesi jem’envolais,maisc’estparcequeDaytonvientdeseleverenmeportantetm’allongesurlatablepourprolongermajouissanceenmepilonnantavecardeur.

Lesbras rejetésenarrière, jecontempleson torsedont lesmuscles jouentdans l’effortcharnel.J’admiresonvisagedontlesoleilgravelestraitsàl’eauforte.Ilestsuperbe.Jesuiscaptivéeparcequ’ildégage,cequ’ilest.Jebaignedansunocéandeplaisiretdebonheurmêlés,etj’observemonhommecourirversleplaisiretjouirens’accrochantàmeshanches.

Jesuislàpourl’accueillirdansmesbrasquandl’orgasmeseretireetquesoncorpssoudainpèseet s’alourdit.Sesbras tremblentquand ilsm’entourent.Lesbattementsdenoscœurs seconfondentpourbattreàl’unisson.Jepensetrèsfort:«Jet’aime»,etDaytonrelèveaussitôtlatêtepourplongersonregardbleudanslemien.Unregardquisembledirelamêmechosequemespensées.Sonsoupirdebonheuretsonbaiser,entoutcas,nelaissentaucundoute.

5.Saviecommeunroman

Quand le calme revient sur l’océan et queDayton etmoi reprenons nos esprits après nous êtreperdus dans une tempête de plaisirs sensuels, il est temps de rentrer à la marina et de rejoindrel’aéroportpourprendreunjetprivéquinousramèneraàNewYork.

Nous filons une dernière fois sur l’eau turquoise,Dayton, sesmains fermement assurées sur levolantdupiloteetmoi,amoureusementaccrochéeàsesépaules.

Chaqueheurequejepasseàsescôtésmerendplusfolledelui.Jeflottesurunnuageau-dessusdesvagues–etaccessoirement,dansunyachtluxueux…

Àpeinedeuxheuresplustard,nousnousinstallons,lapeaugorgéedesoleiletlecorpsendoloridenosétreintesamoureusesenmer,dans le jetprivé.L’intérieurde l’appareilestassezsimilaireàceluiduyacht.AvecDayton,j’aitoujoursl’impressiond’évoluerdansunmondeformidablefaitdecuir,d’œuvresd’art,demusiqueetdehaute technologie.Pourêtre franche,mêmesiaudébutcelam’impressionnaitbeaucoup,jecommenceàm’yfaire.Maisattention,jen’oubliepaslachancequej’aidevivrecesheuresexceptionnellesauxcôtésdecethommequil’esttoutautant…

J’appuiematêtecontresonépauledanslefauteuilvoisinetjesoupiredeplaisir.

–Sijetedisquejesuisheureuse,est-cequejemerépète?demandé-jedansunchuchotement.

Daytonposelamainsurmonvisagepourmetenircontrelui.

– Je crois qu’on ne le dit jamais assez,Anna, répond-il. Et çame rend encore plus heureux desavoirquetul’es.

Je relève les yeux vers lui et nous nous fixons quelques secondes, avant de nous embrassertendrement.

Çaveutdireunpeu:«Jet’aime»,ça,non?

–Jecroisquetuasunecertaineprédispositionaubonheur,poursuit-il,etàlerépandreautourdetoi.Tumefaisdubien.C’estpourçaquej’aiparfoisl’angoissedeteperdre.Notrerencontreestleplusbeaucadeauquelaviem’afait.

Alorslà,oui,çaveutdire:«Jet’aime»!

–Etjemerépètepeut-être, jeneveuxpasquenospassésrespectifsviennenttoutfoutreenl’air,ajoute-t-il. Ce doit être une sorte de signe. Il faut qu’on affronte et gère tout ça pour pouvoircommencerquelquechosedenouveau…etdebeau…

Jelefixeavecdesyeuxénamourés,lecœurbattantlachamade.

–Rienquetoietmoi,parceque…jet’aime,conclut-ilavantd’approchersonvisagedumienpourm’embrasserunenouvellefois.

Jeplaneau-dessusdesnuagesaprèsavoirsurvolél’océancommeunoiseau…Lepied!Jelaissece«Jet’aime»résonnerenmoi.

–Dèsdemainmatin, jepisteRobPieters,et je teprometsque,cette fois, jenemedéfileraipas,poursuit-ilensuiteavecdétermination.

J’aiunpetitsouriremalicieux.

–Tun’auraspeut-êtrepasbesoindelepisterlongtemps,dis-je.

Ilm’adresseunregardintrigué.

– J’ai son numéro de téléphone, ajouté-je en faisant une sorte de grimace de gosse qui avouequelquechosequ’elleauraitdûconfesserplustôt.

Iléclatederireetsesyeuxs’illuminentdegaîté.

–Anna,Anna,voilàcequej’aimeaussicheztoi,dit-il.Tusaisêtretêtuequandillefaut.

JeluirapporteensuitelafindemadiscussionavecRobPietersauBlueNoteetluiparledecettesortedejournaldebordqueRobtenaitdurantlesannéesqu’ilapasséesdanscette«secte».

–Jesaisquecen’estpasbien,maisj’avaisprisladécisiond’allercherchercejournaletdelelireavantdet’enparler,dis-je,unrienembarrassée.Jevoulaisvérifierparmoi-mêmequecelapouvaitt’apporterquelquechose.Jenevoulaispasquetuaiesdefauxespoirs.Ilfautdireaussiqu’avectescauchemars,jevoulaisteprotégerdecequetupouvaisapprendre.Jesuisdésoléedenepast’enavoirparlé,maisjecomptaislefaire,jet’assure.

Ilsourit,unepetitefossettesecreuseaucoindesaboucheetilcaressenégligemmentletatouagesursonbrasdroit,commesilefaitdeparlerdeRobPietersrendaitbrûlanteslesfiguresàl’encresursapeau.

–Jesais,Anna,net’enfais,m’assure-t-il.J’airéagicommeunconl’autresoir.Etjenesuispasàl’abrideréagirencorecommeuncon.

Nousrionstouslesdeuxetbavardonsencoreunpeu,avantquejefermelesyeuxpoursomnolercontremonhommeletempsdececourtvolversNewYork.

***

Nous rentrons chacun chez nous comme deux amoureux bien sages – certes contentés par leuraprès-midi érotique en yacht… Saskia n’est effectivement pas la baby-sitter non-stop de monChurchill et j’aimerais prendre le tempsde faire le tri dansmes croquis et de débroussaillermoninterviewavantunéventuelrendez-vousavecRobPieters.

Lelendemain,unefois lepetitdéjeunerprisencompagniedeSaskiasur lepieddeguerrepourpréparersonexpo,j’appellelarédactiond’OptiMan.Monbossmeprendaussitôtenligne:

–Touts’estbienpassé,Anna?medemande-t-ilcommes’ilm’avaitenvoyéeàl’étrangersurunfrontquelconque.

Surtoutnepasévoquerlavisitenocturneetdénudéedemonhôte!

–Euh,ehbien,oui,onpeutdireçacommeça,bafouillé-je.BradTraviesestunestar,quoi,avecsescapricesetsesdrôlesdemanies,maisjecroisquej’aicequ’ilfautpourunbonpapier.

– Ah ! Parfait, Anna. Je n’en attendais pas moins de vous, me répond-il. Figurez-vous qu’il aappeléhiersoirpourensavoirunpeuplussurvous.Raisonpourlaquellejemedemandaiscommentcelas’étaitpassé.

Je rassure le rédacteur en chef d’OptiMan et lui promets de lui livrer l’article illustré dansquelquesjours.

Tiens,tiens,BradTraviesserenseigne?Vapeut-êtrefalloirquejememéfie…

Je me mets au travail, poste un nouvel article sur mon blog, qui est une véritable déclarationd’amoursans«Jet’aime»àDayton.Jel’yreprésentecommeunesortededieugrecauxcommandesd’unhors-borddigned’unfilmdescience-fiction,avec,danslesillagedubateau,lepersonnagedeTwinklequifaitduskinautique,toutsourire,au-dessusdesflotsbleus.

Commentairequasi-immédiatdePontDesArts:

Hum,cemonsieurdoitêtreabonnéàmonblog…

[Jepensaisqu’ons’étaitadonnésàunautregenredesport…]

Jerougisdeplaisirausouvenirdenosheurescoquinessurleyacht,puisj’enchaîneavecmapagebimensuellepourOptiWoman,intitulée:«L’hommeidéal:MrBusinessetMrRock».Trèsinspiréedécidément, je prends de l’avance pour celle d’OptiMan, que je décline sur le mode fémininhumoristique:«Lafemmeidéale:beautéfataleetpiedsdansletapis».

MajournéeaétébienrempliequandjereçoisunSMSdeDayton:

[Jepassetechercherà18heures.RdvavecRob.Kiss.]

Bon, on avance !C’est déjà un pas vers ce dont il parlait, ce « tout beau, rien que pour lui etmoi»!

***

QuandDaytonsonneà l’interphone, j’attrapemabesaceet file le rejoindre.RobPietershabiteàLong IslandCity, dans leQueens, et le trajet est assez rapide.L’immeuble dans lequel vit le vieuxmusicienestplutôtmodeste,etlacaged’escalierrésonnedetouteslesmusiquesetaccentspossibles.

C’estladiversitéethniqueillustréeenunbâtiment.

DaytonfrappeàlaporteetlevieuxRobnetardepasàouvrir.IlmarqueunepauseendécouvrantmonDaytonencostardsanscravate,versionMrBusiness,maiscedernierrelèvesamanchepourluimontrer son tatouage, comme s’il s’agissait d’un mot de passe. Rob Pieters semble retrouver lamémoire.

– Ben, mon gars, t’avais pas vraiment le look de l’autre soir. J’ai eu un doute, tu m’excuses,déclareRobPietersennousprécédantdanslecouloirtrèsétroitdesonappartementjusqu’àunpetitsalonenpagaille.

Onpeutdirequeçaremetlespiedssurterre!Rienàvoiraveclemondedeluxeetd’espacedanslequelévolueDayton!Mais,étonnamment,passidifférentdenotreappartàBrooklyn,enmoinsneufetavecplusdedéco…marron.

Çasentletabacfroidetlevieuxgarsquinefaitpastropleménage.Robnousdébarrasselepetitcanapémiteuxetnousnousasseyons.

–Mercidenousrecevoiraussivite,Rob,commenceDaytonavecunsouriresincèredanslequeljeperçoisunecertainetension.

–Ben,sijepeuxterendreservice!rétorqueRobensepenchantverslatablebassepouryprendreungroscahiertoutgondolé.Tiens!fait-ilenlepoussantversDayton.J’airetrouvélejournaldontj’aiparléàtacopine.C’estunsacrébordellà-dedans,maisonnesaitjamais,hein?

Daytonprendlecahieretcommenceàlefeuilletermachinalement.Robsetait.

–Jesuisdésoléd’êtrepartisivitel’autresoir,Rob,ditDayton.Ducoup,jemedemandaissivousaviezréfléchidepuis,sivousvousrappeliezd’unpetitgarçon…quiauraitétémoi?

Levieuxmusiciensecouelatêteenrepoussantlaquestiondelamain.

–Jevaisêtrefrancavectoi,mongars,parcequetum’essympathiqueetquejecroisquetoutlemondealedroitdesavoird’oùilvient.Et,sûr,lavienousajouéunsacrétourennousfaisantnousrencontrerl’autresoir.Çadoitpasêtrepourrien.Maislefaitestquetoutça,c’estderrièremoi,quej’aiplustropenvied’yrepenser,nid’enparler.

–Mais pourquoi, Rob ? demandé-je, incapable de rester là sans rien dire pendant que le vieuxessaiedesedébarrasserdenous.Çan’apasétéunebonnepériodepourvous?

Robfaitlagrimaceetserenfoncedanssonfauteuil.

–Surlecoup,si,çam’aparubien,répond-il.Çacorrespondaitàcequejecherchais,unesortederébellioncontrelasociété.Onrêvaitd’unautremonde:le«Nouveauroyaume»,commel’appelaitleGuide.

LeNouveauroyaume,LeNouveaumonde…l’inconscientdeDaytonluiajouédestours…

–Maisquiétaitcethomme?demandeDayton.

–Untypeavecdesidéaux,maisquisecomportaitpastoujourstrèsbienaveclesgensdugroupe,tuvois, répondRob.Et jeveuxpas rentrerdans lesdétails,parcequ’onvivaitpeut-êtrecommeonvoulaitetpascommelasociétéledemandait,maisc’étaitpasnonplusleparadis.Fallaitabandonnerunpeude soi, tu vois, plus penser par soi-même.Finalement, on avait un chef qui faisait sa loi…J’étaisjeune,tusais.Jesaispastropcequej’avaisdanslatêteàl’époque,maispasassez,c’estsûr,pourmerendrecomptequequelquechoseclochait.

–Maisilyavaitaussidesenfantsdanscegroupe?insisteDayton.

RobPietersbaisselatête,toutenlasecouantlentement.

J’imagine,malgrémoi,legenredecommunautéoùtoutlemondecoucheavectoutlemonde,sanssavoirquiestlepèredelaprogénitureàvenir.Jemeraidisenpensantquec’estpeut-êtrelecasdeDayton…

Siçasetrouve,ilnesaurajamaisquiestsonpère…

Jeposemamain sur celledeDaytonquand je comprendsque levieuxRobn’irapasplus loin,malgrénosattentes. Jesensque,commemoi,Daytonestcertainque levieuxmusiciennouscachequelquechose,qu’ilsaitoucroitsavoirquiestlepèredeDayton.

Trèsbien,s’ilnousfilesonjournaldebord,c’estqu’ilpensequ’onpeutsedébrouillertoutseulsavec!

–Nousvousremercionsdevotregentillesse,Rob,dis-je,etsurtoutdenousconfiercecahierquiestquandmêmeunepartiedevotrehistoire.

–Jen’enveuxplus,grommelleRob.Faites-enl’usagequivousarrangeetgardez-le.

Nouslefixonstouslesdeuxavecdesminesahuries.

–Ouais,gardez-le,répèteRob.Jemerendscomptequemoinsj’ypenseetmieuxjemeporte.

Ilsesoulèvedesonfauteuiletsedirigeverslecouloirennoussignifiantclairementqu’ilenafiniavecnous.Daytonetmoinousjetonsunregardconsterné.

Devantlaporte,Robatoutdemêmel’airembêté.

–Comprends-moi,mongars,dit-ilàDaytonenluitapotantl’épaule,jesuispasséàautrechose.Jen’aipasenviederéveillercesvieuxsouvenirs.Jecomprendsquetoi,tuaiesenviedeconnaîtretonhistoire, mais c’est une histoire dont je n’ai pas envie de me souvenir. Je te file les clés, tu tedébrouillesavec.

Dayton remercie chaleureusementRob.Moi, j’ai juste envie de le torturer pour qu’il avouequisontlesparentsdemonamoureux,maismonhommeestbienplusraisonnablequemoi.

***

Nous rentronsàBrooklynavec leprécieux journaldeRobPieterset la ferme intentiondenous

plongerimmédiatementdanssalecture.

–Ah!J’auraispeut-êtredûsonner…dis-jeenentrantdanslesalondel’appartetendécouvrantJeffetSaskiatendrement–etunpeuplus…–enlacéssurlesofa.

Churchillmontelagardesurlatablebasse,genre«Ilsepassedestrucsquejepigepasici».Lesdeuxamoureuxs’écartentl’undel’autre.Jeffselèvepourvenirmedire:«Bonjour»etSaskiaselance,auprèsdeDayton,dansunedescriptiondétailléedesesdeuxexposencoursdepréparation.

–Ilfaudraquejevoieça,déclareDayton.Çapeutm’intéresserpourleNouveaumonde.

Saskiaestauxanges.Jeffestplustendu,etjedoutequecesoitjusteparcequenousvenonsdelessurprendre,alorsque,officiellement,jenesuispascenséeêtreaucourant…Dayton,parcontre,n’apasl’airdutoutsurpris.

Cesdeux-làdoiventseparlerentrehommes…

–Jeff,dis-jeenaparté, tun’aspasoublié le rendez-vousdontnousdevionsconvenirpourmonarticle?Jecomptesurtoi.

Sonvisageestcrispé,sesyeuxcreusés,iln’apasl’airaumieuxdesaforme.Pirequelafoisoùnousavionsévoquéd’éventuelsennuis.

–Jemesuisfoutudansunesacréemerde,medit-ilàvoixbasseetlesdentsserrés.

Saskiadébouleentrenous.

–Onyva?demande-t-elleàJeff.

Cinqminutesplus tard, lesdeux tourtereaux filentpouruneénième séancedeposepour l’expodontJeffseraleprincipalmodèle.

L’attitudedeJeffm’inquiètemalgré toutet,alorsquenousbavardonsavecDaytondecette joliehistoirequicommenceentrenosamis,jemerendscomptequ’ilnesoupçonnecertainementriendesennuisdesonami.

J’enparle?J’enparlepas?

J’aidonnémaparoleàJeff!Jedoisgardersonsecret.

Nouscommandonsdesplatschinois,puisnousinstallonsconfortablementsurlecanapé.

Pousse-toi,Churchill!

Lejournalposésurnosgenoux,nousnesavonsd’abordpasparoùcommencer.Ilfautdirequeletrucestunpeubordélique:pasdedate,oualorstrèsrarement.C’estécritdanstouslessens.Unefoisque le cahier a été fini, Rob a visiblement rempli ce qui restait d’espace sur toutes les pages, demanièrefarfelue.

– Dis donc, il a un sacré coup de crayon, Rob, commenté-je en tombant sur plusieurs de sescroquis.

Onyvoitdespaysages,decampagneaussibienquedeville,etdescroquisd’ambiancedegroupe.Ilyaaussidesportraitsplusprécisoùl’onpourraitreconnaîtrefacilementlapersonne,jesuppose.

– Et c’est un bon musicien aussi, un type inspiré, ajoute Dayton quand nous tombons sur despartitionstiréesàlava-viteoudesparolesdechansonsassortiesd’accordsdeguitare.

Noussommespressésdetrouver.Quoi?Nousnesavonspas…Impossibledesefierauxdates,cartoutestmélangé.Nouslisonsquelquespassagesdéroutants.

«J.aétémiseàl’amende.PrivéedesvisitesduGuideetobligéedeservirtoutlemonde.J’essaiederesteràl’écart.»

Oubien:

«Aujourd’hui,onchangedeméthode.Lamanche,çanemarchepas.Ilfautêtreplusconvaincants,maisjen’étaispaspourm’attaqueràdespersonnesvulnérables.Pourtantjel’aifait.Jen’ensuispasfier,mêmesicertainsvontpouvoirmangercesoir.»

Ouencore:

«Les flics sontvenus. Ila fallucacher les filles, cellesquinedevaientpasêtreavecnous, tropjeunes,etpuislesenfants,parceque,sionreste,ilsserontobligésd’alleràl’école.Putain,onleurdemandepourtantrien,niallocs,niautrechose,justequ’ilsnousfoutentlapaix.»

Nouséchangeonsparfoisdesregardsinquiets.

Qu’est-cequec’estqueceshistoires!

Heureusement, il y a desmoments plus calmes. Des rencontres avec des gens qui hébergent lacommunauté,letravaildansleschamps,lesveillées,maisçanemanquejamaisdevirer,àunmomentdonné,danslalimitedusordide.

Jefrémisàlalectured’unpassagequiacertainementdûsoulagerRobenl’écrivant,maisquimeglace.IlyracontecommentleGuidecorrigelesenfantsdelacommunauté.JelèvelesyeuxducahieretobserveDayton.

Merde,ilestlivide…

–Dayton,çava?demandé-jed’unevoixdouceenpassantlebrasautourdesesépaules.–Putain,ontrouverarienlà-dedans!déclare-t-ilbrutalementenrefermantd’uncouplecahier.

Illebalancesurlatablebasseetportelesmainsàsonvisage.

–On est trop pressés,murmuré-je.On fait tout vite. Il faut prendre le temps de le lire sans semettrelapression.

Daytonselèvepoursedérouillerlesjambesetsoulagersatension.Ilsedirigeverslacuisine.

– Je fais réchauffer les plats ? Ils sont froids avec ces conneries, dit-il en ayant besoinde fairequelquechosedesesmains.

Jereprendslecahiersurlatableetlefeuillettepluslentement,enessayantdefairelevideenmoi,sanschercheràtrouveràtoutprixquelquechosedeprécis,unedate,unnom,uneville,rien.

Ildoityavoirquelquechose!Robnenousl’auraitpasdonnépourrien,j’ensuispersuadée!

Toutencontinuantà tourner lespages, jerelève la têteaubruitdecasserolesdans lacuisine.Jesouris.Daytonpasse sesnerfs sur l’électroménager, et c’estunmoindremal. Ilpeut tout foutreenl’aircheznoussiçaluiévitedescauchemars…

Quandjebaisseànouveaulesyeuxsurlecahier,mesyeuxseposentdirectementsuruncroquis,pluspetitque lesautres,perduaumilieudu texte.Quelquechose ressortdans le texte, leprénom:«Dayton».Jedéglutisetmesmainssemettentàtrembler.

Pourvuquej’aiemisledoigtsurquelquechose…

Ledessinreprésenteunejeunefemmeauxcheveuxlongs,avecunbébédanslesbras.Letextequientourelecroquisdit:

«ÇaadurétoutelanuitetAudreyabeaucoupcrié,maisilestlà,lebébé,lepremierquejevoisnaître.Ellel’aappeléDayton,pourqu’ilsached’oùilvient.»

Merde,onyest!

–Dayton?dis-jeavecdifficulté,commedansuncauchemaroùonaperdulavoix.

Iltournelatêteversmoi.

–Tupeuxvenir,s’il teplaît?Jecroisquej’ai trouvéquelquechose,ajouté-je, toujoursavecunfiletdevoix.

Sestraitssefigent,sonvisagesevidedetoutsonsang.Ilestprèsdemoientroisenjambéesetmeprend lecahierdesmains. Jem’appuiecontre luiet luidésignedudoigt ledessinet lepassagedutexte.Ilinspecteetlit,puisrelèvelesyeuxversmoiavecuneexpressionàlafoisterrifiéeetsoulagée.

–Tucroisquec’estmamère…etmoi?demande-t-il,lagorgeserrée.

Àsuivre,nemanquezpasleprochainépisode.

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QuandZoéScartarriveàLosAngelespourretrouversonamiePaulineetqu'elleseretrouvesansportable,sansargentetsansadresseoùallersuiteàlapertedesesbagages,ellen'enrevientpasd'êtresecourueparlebeauTerrenceGrant,lastardecinémaoscariséelaplusenvuedumoment!EtquandquelquesjoursplustardTerrencerappelleZoépourluiproposerdetravaillercommeconsultantefrançaisesursontournage,ellepensevivreunrêve.D'autantquel'acteurnesemblepasinsensibleauxcharmesdelajeunefille…Maisl'universdeHollywoodpeutsemontrercruel,etlesapparencestrompeuses.Àquipeut-onsefier?EtquiestréellementTerrenceGrant?

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