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Egalementdisponible:

Kissme(ifyoucan)

VioletteSaint-Honoréabeaucroquerlavieàpleinesdents,ellen’embrassepasn’importequi!QuandlemilliardaireBlakeLennox,grandchefétoilé,embauchelajeunesurdouéepourdevenirlatoutenouvellepâtissièredesonpalace,ilréaliserapidementquelagourmandiseestleurseulpointcommun.Entreletyrandescuisinesetlabelleambitieusecommenceuneaventuresucrée-salée…enflammée.Follederagecontresonpatron,follededésirpourl’hommequ’ilestdanslavie,lajeuneFrançaisevadevoirchoisir.Confitured’orangeamèreoucœurcoulantauxfruitsdelapassion?

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Egalementdisponible:

CallmeBitch

Mettezdansunedemeurelondoniennelespiresbaby-sittersdelaterreetlesmeilleursennemisdumonde,ajoutezunenfantpourrigâtéetlaissezmijoterdeuxsemaines.Leplanleplusfoireuxdel’Universoularecetted’unepassionépicée…avecjustecequ’ilfautd’amour,dehaine,d'humouretdedésir?

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Egalementdisponible:

Kidnappéeparunmilliardaire

LajolieEvaestenlevéeparMaxwellHampton.Seulement,sonricheetséduisantravisseurprétendqu’ilafaitcelapourlasauverd’undangerdontilneveutrienrévéler.Lajeunefemme,indépendanteetattachéeàsaliberté,vaserebellercontrecettecaptivitéforcée,maissonkidnappeuraucharmeenvoûtantserévèletoutaussiénigmatiquequepersuasif.EtEvavadevoirluttercontresonpropredésir.Carquandlatentationesttropforte,leproverbenedit-ilpasquelemeilleurmoyend’yrésister,c’estencored’ycéder?

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SexFriends:LucyetArthur

LucyapoussésonamieChloédanslesbrasdubelAlistair,maiselleétaitloindesedouterqu'ellecraqueraitpourArthur,lefrèrejumeaudecelui-ci.Plussauvageetbadboyquesonfrère,maistoutaussibeau,Arthurestdotéd'uncharmemagnétiqueetd'unebeautéanimalequibouleversenttotalementlajeunefille.Ellen'avaitprévuquederestertroisjoursàNewYorkavantderentreràLondres...maiscestroisjourspourraientbienêtredeceuxquichangentunevieàjamais!

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Révèle-moi!-volume1

Vousycroyez,vous,auxprédictionsdesvoyantes?Unjour,lorsd’unétéenAngleterre,l’uned’ellesm’aannoncéquej’allaisbientôtrencontrerl’hommedemavie,uncertainP.C.Lelendemain,jefaisaislaconnaissanceduflamboyantcomtePercivalSpencerCavendish,et,lesoirmême,lorsd’unbal,ilm’invitaitàdanser.Unvraicontedefées…saufquej’étaisunegaminerondeletteettimide,couvertedeboutonsdevaricelle!J’avais11anset«PercyleMagnifique»enavait20.Iln’empêchequejesuisimmédiatementtombéeamoureusedelui.Letempsapasséetjen’aijamaisrevulemagnétiquelordanglaisauregardsicaptivant,maissonsouvenirm’alongtempshantée.Aujourd’hui,mevoilàderetourenAngleterre.Jenesuispluslapetitefilleimpressionnabled’autrefois,jesuisuneadulte!Alorspourquoi,rienqu’àl’idéederecroiserlebeauPercival,moncœurnepeut-ils’empêcherdebattrelachamade?

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LucyK.Jones

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ENVOÛTE-MOI

Volume4

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1.Danslenoir

Oùsuis-je?

Ilfaitnoir.J’ail’impressiond’êtreengourdie,commedansducotonoudubrouillard.Ilfaitchaudaussi.Jeseraismêmeplutôtbien,sijen’avaispassimalàlatête.Toutmesembleàlafoisassourdietextrêmementviolent.Lessensationsreviennent.L’airquejerespiremevrillelescôtes.J’entendsdubruit.Unbrouhaha incompréhensibledont, petit àpetit, desvoix sedétachent. J’entendsdeplus enplusdistinctement.Ladouleuràlatêtediminueettoutdevientplusclair.

Ilyaunefemmeprèsdemoi.Unhommeestavecelle.Çayest,jelesreconnais.AudreyetTobias.Mameilleureamieetl’hommequej’aime.Ilssedisputent.Maisçan’apasdesens.

DepuisledébutdemarelationavecTobias,Audrey,mameilleureamie,l’atoujoursapprécié.Elletrouvemêmenotrehistoirefollementromantique!Pourtant,àcequej’entends,ellesemblevraimentfurieuse.

–Tobias,vas-tuenfinmedirecequis’estpassé?–Jenesaispas,Audrey,jenecomprendspas…,murmureTobias.

Jene l’ai jamaisentenduaussibouleversé ! J’essaiede tourner la têtevers lui,pour le rassurer.Mais,àmagrandesurprise,moncorpsnem’obéitpas.

Quem’arrive-t-il?

C’est terriblement frustrant :mon cerveau ordonne àmesmembres de bouger,mais rien ne seproduit.Commentvais-jefaire?Vais-jeresterdanscetétattoutemavie?Unsentimentdepaniquem’envahit,trèsviteendiguéparuneimmensefatigue.Jemevidedemonénergieàforcedechercheràfaireunmouvement.Rapidement,jecomprendsquejen’aipasd’autrechoixquederesterainsietd’écouter.

–Redis-moiencorecequetuasvu,ordonneAudrey.–Jel’avaisinvitéeàdînerjeudisoir…

Jemesouviensàprésent.Tobiasavouluorganiserundîneràquatre:luietmoi,sononcleHenryetAmaury,soncompagnon.

–Pourquoin’es-tupasallélachercherenvoiture?demande-t-elled’unevoixaccusatrice.

C’était prévu entre nous : Tobiasm’a déposée chezmoi pour que je puisseme changer, avantd’allerchercher sononcle. Ildevait leconvaincred’assisteràcedîner. J’appréhendaiscemoment,carlesrelationsentreHenryetmoisonttrèstendues.Depuisqu’ilmeconnaît,ilnem’aimepas.Ilamêmeprétenduquej’avaisséduitTobiaspourobteniruncontrataveclesParfumsKent,lasociétédeTobias.Quelle idée !Même si je suis très fièrequemonprojet de flaconait retenu l’attentiondes

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ParfumsKent,jesuisbienincapabled’ourdiruntelcomplot!MessentimentspourTobiassontbienplusprofondsquenel’imaginesononcle.

– Elle m’attendait devant chez moi avec Peter, son garde du corps, répond Tobias. J’arrivaispresqueàsahauteurquandilyaeudescoupsdefeu.

Jemesouviensdeladétonation.Puisplusrien.Rienqueladouleuretlenoir.

–Parlons-endesgardesducorps!exploseAudrey.Tutrouvesquec’estuneréussite?–Calme-toi,Audrey.Peteraussiaétéblessé.

Ohnon!J’espèrequ’ilvabien…

–Qu’est-cequetuveuxqueçamefasse?Monamieestdanslecoma!

Maisnon!Jesuislà!

Je ne parviens toujours pas àme faire entendre.Rien à faire. Je neme suis jamais sentie aussiimpuissante.

–Pastoutàfait,larassureTobias.Selonlesmédecins,elleestendormie,situpréfères.–Commentça?–Lemédecinditquel’électroencéphalogrammeestbon:letraumatismen’estpasprofond.Mais

ellepeutavoirbesoindetempspourreprendreconnaissance.–Etsonautreblessure?–Elle cicatrisera vite, assureTobias.Laballe n’a fait que la frôler.Ce sont sa chute et le choc

violentdesatêtesurlesolquiétaientlesplusinquiétants.–Iln’yarienàfairepourlaréveiller?lepresseAudrey.–Hélas,non,ilfautquecelavienned’elle.

Tobiaspousseunprofondsoupir,commesidonnercesinformationsl’avaitépuisé.

Jenedemanderaispasmieuxquedelesrassurer!

–C’estdélirant!s’exclameAudrey.QuipourraitvouloirdumalàEleanor?–Aprèsquelavoitureatentédenouspercuter,j’aicruquec’étaitmoiquiétaisvisé.–Maispourquoi?demandemonamie.–Ehbien…

Jesensmonamanthésitersurlesmots.

–Jesuisriche…,lâcheTobias.–Jenevoispaslerapport.Tuaslesmoyensd’assurertasécuritéetcelledetesamis!luireproche

Audrey.–J’aiessayé ! rétorqueTobias. J’aimêmevoulum’éloignerd’ellepourqu’ilne luiarriveplus

rien!–Moiquicroyaisquetul’aimais…,lanceAudreyd’unevoixdéçue.

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–Tunecomprendspas…

Je suis suspendue à ses lèvres, mais Tobias ne dit plus rien. J’entends à peine sa respiration.Audreyvienttoutjustedeformuleràsafaçonlaquestionquejebrûledeluiposer:Tobiasm’aime-t-ilautantquejel’aime?

–Tul’aimes,n’est-cepas?

Tobiassetait.Lessecondess’allongent.

–Tunel’aimespas,c’estça?Tunel’aimesmêmepas?s’insurgemonamie.–Jenevaispastedireàtoiquejel’aimealorsquejeneluiaipasencoreditàelle!lâcheTobias,

malheureux.

AudreyetTobiasnedisentplusrienpendantunmoment.Finalement,Audreyreprendlaparole:

–OhTobias!murmure-t-elle,bouleversée.–J’aivoulum’éloignerd’ellepourlaprotégermaisjenepouvaispas…Ellememanquaittrop!

Jedevenaisfouàforcedenepluslavoir,j’avaisbesoind’êtreavecelle.Etmaintenant…

Lajoiemesubmerge.Tobiasm’aime!Jevoudraisbondirdemonlit, leprendredansmesbras,l’embrasser,là,toutdesuite!Tobiasm’aime.Jel’aime!Jevoudraistellementleluidire!

Il faut quemon corps réagisse. Je tente demobiliser l’ensemble demes forces pour ouvrir lesyeux, mais une fois encore, la fatigue prend le dessus. Il ne s’est passé que quelques secondes,pourtant,jesuisbrusquementharassée.Jesombreànouveaudanslenoirabsolu.

Jenesaispascombiendetempss’estécoulédepuisquejesuis«partie».Jeredécouvreunautresens:monodoratestrevenu.Lesinformationsqu’ilm’envoienesontguèreagréables:unepuissanteodeurdedésinfectantm’agresse.J’entendsencoredubruit,maissicettefois,jereconnaislavoixdeTobias,jenereconnaispascelledel’hommeavecquiilparle.

–Docteur,vousn’avezvraimentaucunpronostic?demandeTobiasd’unevoixanxieuse.–Cen’estpasunjeudehasard,mêmesiparcertainscôtés,jecomprendsquevouspuissiezavoir

cetteimpression…,répondlemédecind’unevoixcalmeetapaisante.–Vousnemaîtrisezdoncrien?rétorqueTobias.–Non,monsieur.

S’ilyabienunechosequeTobiasnepeutaccepter,c’estdenepasavoirlecontrôle.Leprincipaltraitdesoncaractèreestdenejamaisrienlaisserauhasard.Ilnesupportepasdeselaisserguideroudedevoirattendre.

Certes,Tobiasestriche,maisfaceàlasanté,l’argentnevautrien…Ildoitêtredanstoussesétats!Jesuislà,siproche,etj’enragedenepouvoirlerassurer…

Lemédecinpoursuit:

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–Ilfautêtrepatient.Sesconstantessontbonnes,maislecerveauresteunmystère,monsieurKent.– Mais vous avez bien déjà dû voir des cas similaires ? Combien de temps ont-ils mis à se

réveiller?–C’est variable d’un individu à l’autre, explique le praticien patiemment. J’ai quandmêmeune

bonnenouvelle:lesjoursd’Eleanornesontplusendanger.–Dieumerci!–Elleaeubeaucoupdechance,voussavez.Àquelquescentimètresprès,laballeauraitputoucher

uneartère.–Merci,docteur.Elleva…aussibienquepossible,alors?résumeTobias.–Onpeutdireça,eneffet,confirmelemédecin.Elleasubiungrostraumatisme.Onnesefaitpas

tirerdessustouslesjours!Elleabesoinderepos.–Jevaisveillersurelle,ditTobias.–Jevouslaisse.J’aid’autrespatientsàvoir.MademoiselleStuartestentredebonnesmains.

J’entendsclaquerlaporte.Immédiatementaprès,Tobiasprendmamaindanslasienne.Commesapeauestdouce!J’aimeraistantpouvoir laserrer,maiscegestesisimple,cemouvementauqueljen’aimêmejamaisréfléchiavant,moncorpsmelerefuseaujourd’hui.

La fatigue est un peu moins présente, mais toujours là. C’est incroyable comme le plus petitbattementdecilsdemandeunemobilisationdel’ensembledemoncorps…J’aipeur:etsijerestaiscommeçatoutemavie?sijepercevaislemondeextérieursanspouvoirinteragiraveclui?

Laportes’ouvreàlavolée.

–Ah!tueslà,ditunevoixforteetnasillarde.–Bonjour,Henry,ditTobias.

Ilest sansdoutevenucherchersonneveupour le rameneraubureau.Henry travailleégalementpourlesParfumsKent.Jedoutequ’ilsoitvenuprendredemesnouvelles!CelasignifiequeTobiasvapartir.Jeneveuxpasmeretrouverseule.Jen’aimepascetendroit.

Nemelaissepas,Tobias!

–Quefais-tulà?demandeHenrybrusquement.–Tulevoisbien,jeveilleEleanor,répondTobiasd’unevoixneutre.–Oui,d’accord…EtPeter?J’aiapprisqu’ilétaitsorti.–Depuisvendredimatin.Sablessuren’étaitquesuperficielle.– Tant mieux. C’est une bonne nouvelle. Je t’attends donc à 16 heures pour le conseil

d’administration,déclareHenrysurletondelaconversation.–Non.–Comment?s’insurgeHenry.Mais,tuasdutravail!Tunepeuxpasresterici!

Henryparledeplusenplusfort.Mêmedanscesommeilétrange,sonintonationmehérisse.

–Jenepartiraipasd’ici,répondTobiasposément.

Quelsoulagement!

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Siseulementjepouvaisluimontrermagratitude!Maisrienn’yfait:jerespire,j’entends,jesens,maisjenepeuxtoujourspasbouger.

–Soisraisonnable,Tobias,ditHenryententantdemaîtrisersavoix.Tuconnaisàpeinecettefille!–Eleanoretmoisommestrèsproches,ditTobias.–Oh,jet’enprie!Siçasetrouve,ellen’aquecequ’ellemérite!Rienneteditqu’ellen’apastout

organisé!

C’estlagrandethéoried’HenryKentàmonsujet:j’enveuxàlafortunedeTobiasetsuisprêteàtout pour parvenir àmes fins.Même àme faire tirer dessus, apparemment !Quelmépris dans savoix!J’espèrequeTobiasnevapascroireça…

–Tudisn’importequoi,Henry,rétorqueTobias,froidement.–Pasdutout!Tuneterendspascomptedel’étenduedetafortuneTobias.Celacréedesenvieux.– Je suis parfaitement conscient de ce que je possède, dit Tobias en détachant chaque mot. Et

Eleanors’enmoque.

C’estvrai!

–L’argentchangelesgens,Tobias,poursuitHenry,sansprendreencomptelechangementdetondesonneveu.Tunesaispasquiestvraimentcette…personne.Tuesdécidémenttropnaïf.Ilesttempsdegrandirunpeu!

– Il est surtout temps que tu comprennes qu’Eleanor compte dans ma vie, Henry. Et que tul’acceptes.

Le tondeTobiasestchargédecolèrefroide.J’imaginefacilement lesdeuxhommesquisefontface:Tobiasdanssonéternelcostumenoir,etsononcle,portantsansdouteuncostumechic.Tousdeuxsetiennentdechaquecôtédulit.Unevraiejouteverbale!

–Trèsbien,lâchefinalementHenry.Quecomptes-tufaire?–Jenequitteraipascettechambretantqu’Eleanorneserapasréveillée,ditTobiascatégorique.

Lesdeuxhommessetaisentunlongmoment.Henrysedirigelentementverslaporte.

–Jeprendsdonclesrênesdel’entrepriseentonabsence,ditHenry.–Trèsbienet…merci.

L’atmosphèredanslapièceseradoucit,commeunebrisedefraîcheurqu’onauraitlaisséeentrerparlafenêtre.Aufond,HenryaimeTobiascommesonproprefils…

– Tobias ? Prends soin de toi, mon grand. Et d’elle aussi, reprend Henry avant de refermerdoucementlaportederrièrelui.

Unechaiseraclelesolàcôtédemonlit.Tobiass’yassoitetmereprendlamain.Jesuisheureusedepouvoir sentirànouveau : sonparfumsiparticulierembaume toute lachambre. Je suis tombéeamoureusedeTobiasenpartiegrâceàcettefragrance.Chaquemomentpasséavecluiestliéàelle:

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demachutedanslesbrasdeTobiasaurestaurant,ànotrederniermomentintimedanssonbureau,ceparfumm’entoure depuis qu’il est entré dans ma vie. C’est pourquoi, lorsqu’on nous a demandéd’inventerunflaconpourcenouveauparfum,ilm’aétési«facile»decréer«la»bouteilleidéale.Quandjesensceparfum,jemesensensécurité.

LamaindeTobiasaussimerassure.Ilsemetàmeparlertoutdoucement:

–Eleanor,jetefaisunepromesse:jetejurequejedécouvriraiquiestlefouquit’atirédessusetpourquoiilafaitça.Àpartirdemaintenant,jenetequitteplus,mêmesijedoisresterlàdesjoursdurant.Jen’aipassuêtreprésentpourévitercedrame,maisc’estfinimaintenant,jetelepromets.

Il y a une telle tendresse dans sa voix ! Jeme sens enveloppée d’amour.Une énergie nouvelles’emparedemoi,etenfin,moncorpsréagit:jebatsdespaupières.Lalumières’immisceentremescilsetm’éblouit.J’ailagorgesèche,maisjeparviensquandmêmeàmurmurer:

–Tobias…–Eleanor,tuesréveillée!

LescontoursduvisagedeTobias,penchésurmoi,sontflous.Ilmefautplusieurssecondespourvoircorrectementànouveau.Enfin,lebeauvisagedeTobiassefixedevantmesyeux.

–J’aisoif…

Ilseprécipitepourm’apporterunverred’eau.Je regardeautourdemoi : toutestblanc.Jesuisseuledansunegrandechambre.Desmachinesémettent toutes sortesde sons,plusoumoinsaigus.Plusieursbouquetsde fleurs sontposés sur les tablettesdesdeuxcôtésdu lit. J’essaied’attraper lecrochetpourmeredresser,maisj’ailesbrasenguimauve.

–Attends,meditgentimentTobias.Jevaist’aider.

Ilmesoulèvefacilementcommesijenepesaisrienetm’assoitdanslelit,avantdereplacermonoreiller.Tobiasmeserreunlongmomentcontrelui.Jesenslesbattementsdesoncœuràtraverssachemise.Jemesensinfinimentmieux.

–Tuesbien?–Oui,mercibeaucoup.– J’ai eu si peur, Eleanor, si peur…, dit-il en me caressant la joue. Je vais aller prévenir un

médecinquetuesréveillée.–J’ai…dormilongtemps?demandé-jed’unevoixmalassurée.–Troisjours.

Tantqueça?C’estsiétrange…AlorsqueTobiass’apprêteàpasserlaporteenquêted’undocteur,uneimagetraversebrusquementmonesprit.Mesidéessontencoreconfuses,maisilfautquejeluidisecedontjemesouviens.

–Attends…s’ilteplaît,Tobias,murmuré-jefaiblement.Ilfautquejeteparle.–Plustard.Tudoistereposer.

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–Non!Ilfautquejemesouvienne,maintenant.C’estimportant.–Toutceque tuveux,Eleanor,meditTobias,apaisant.Jesuis là, jene tequittepas.Prends ton

temps.

Tobias a reprismamain dans la sienne. Peu à peu, lamémoireme revient : l’homme que j’aicroisédanslarueàcôtédechezmoi…Sesyeuxverts…

–C’estlemêmehommequ’aurestaurant,dis-jeàvoixhaute.–Pardon?Jenecomprendspascequetudis,merépondTobias,inquiet.

Jetâchedem’expliquersansrienomettre:

–L’autrejour,enrentrantàlamaisonavecPeter,nousavonscroiséunhommebizarre.J’aimêmecruqu’ilallaitsortirunearme…,dis-jeenfrissonnant.

–«Bizarre»,dis-tu…Commentétait-il?mepresseTobias.–IlétaithabillécommeunSDF,maisjenesuispassûrequ’illesoitvraiment.–Pourquoidis-tucela?–Cethomme…Sonregard…C’étaitl’hommedontj’aieusipeuraurestaurant,lejouroù…–Tum’estombéedanslesbras?finitTobiasavecunsourirecharmeur.–C’estça,approuvé-jeenluirendantsonsourire.–Tupensesdoncqu’ils’agitdumêmehomme,ditTobias.–Steven,lesecondgardeducorps,nousaapprisqu’ilétaitvenujusquechezmoiunpeuavantque

nousnelecroisions.–Pourquoin’ont-ilspasprévenulapolice?s’exclameTobias.

Jebaisselesyeux.

–Jeleuraidemandédenepaslefaire,murmuré-je.–Maispourquoi,Eleanor?–Cethommeétaitunsans-abri,Tobias.Jenevoulaispasenplusqu’ilaitdesennuisaveclapolice

àcausedemoi.Ilnem’avaitrienfait!

Cettetiradem’aépuisée.Tobiasmecaresselajoue.

–Jetereconnaisbienlà,dit-ilenmeresservantunverred’eau.C’estcurieuxquePeternem’enaitpasparléquandilm’afaitsonrapport.

–Ilallaitsansdoutelefaire,dis-je,maisilyaeulescoupsdefeu.–Quandas-tucroisécethomme?

Jeréfléchispourparveniràmeresituerdansletemps.

–Mercredisoir.–Est-cequetuleconnais?– Je suis sûre de le connaître,mais… Je suis désolée, Tobias, je neme souviens pas, dis-je en

grimaçant.–Tuasmalàlatête?Jevaisprévenirquelqu’un.Jereviens,medit-ilavantdeseprécipiterdansle

couloir.

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J’ai beau être réveillée, je ne suis pas encore tout à fait remise. Ces quelques minutes deconversationm’ontvidée.Tobiasrevient,accompagnéd’unmédecinetd’uneinfirmière.JereconnaislavoixdoucequiavaittentédecalmerTobias.

– Heureux de vous retrouver, mademoiselle Stuart, me lance l’homme en blouse blanchejoyeusement.Commentvoussentez-vous?

–Fatiguée…J’aimalàlatête.–C’estnormal.Çairamieuxdansquelquesheures.Leplusdurestfait:vousêtesréveillée.

Ilprendmatempératureetmatension,puis il testemesréflexesà l’aided’unmarteau.Jeréagisbienàl’ensembledestestsauditifsetvisuels.

– Vous devriez récupérer très vite à présent. Prenez ça, me dit-il en me tendant un cachet. Çacalmeravotrecéphalée.

–Merci.– N’hésitez pas à utiliser le bouton qui est ici, si vous avez besoin de quelque chose, me dit

l’infirmièreensortantàlasuitedumédecin.

Tobiasattendquenoussoyonsseulspourreprendrelaparole:

–J’aibeaucoupréfléchi,Eleanor…–Qu’ya-t-il?–Jeneveuxnitechoquerniremuerd’ancienssouvenirs…–Non,çava,jet’assure.Dis-moiàquoitupenses.–Toutcelapourraitêtreliéàlamortdetesparents,non?medemande-t-ilabruptement.

Jesuisabasourdie.

–Pourquoi?C’étaitilyatrèslongtemps,Tobias…–Tu ne te souviens pas de cet homme, pourtant tu es sûre de le connaître, raisonne-t-il à voix

haute.Ettum’asexpliquéquetuasaussicomplètementeffacélajournéecorrespondantaudécèsdetesparents.

Je prends le temps de digérer ce qu’il vient deme dire. Cet épisode correspond au plus grandtraumatismedemonenfance.Seloncequejesais,j’auraisassistéàlascène.Cependant,cesouvenirestsidifficileàintégrerquemoncerveauapréférél’oublier.Parlasuite,j’aibiententéderetrouvermessouvenirs,maissansgrandsuccès:j’aisurtoutfaitbeaucoupdecauchemars,maisilmemanquetoujours des pièces du puzzle. SiTobias a raison, cela veut dire que je subis encore une nouvelleconséquencedecetévénementtragique.Etquelleconséquence!Onessaiejustedemetuer.

–C’estvraiquej’aitoutoublié,admets-je.Maisquelrapportcethommeétrangepourrait-ilavoiravecmesparentsetmoiquandj’avais8ans?

–Imaginonsquelecambrioleurt’acroiséeett’areconnue,maispastoi.Ilprendpeur,carilseditquesilamémoireterevenait,tupourraisl’identifier.

–Ça se tient…,murmuré-je, après un long silence.Mais pourquoi ne pasm’avoir attaquée dèsqu’ilacomprisquij’étais?Pourquoil’ai-jevurôderprèsdechezmoi?

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–Jel’ignore,meditTobiasd’unairdésolé.Cen’estpeut-êtrepasçadutout.Maisjeteprometsquenousledécouvrirons.Ensemble.

Tobiasmeprenddanssesbrasetmurmure:

–Jenelaisseraipluspersonnetefairedumal.J’aicruquemafortunetemettaitendanger,maisc’étaituneerreur.J’aivoulum’éloignerdetoietjen’aipassuteprotéger.

Ilm’embrassepassionnément.Jem’accrocheàluietsavourecemoment,priantpourqu’ildurelepluslongtempspossible.Jeluirendssonbaiser.Quandseslèvressedétachentdesmiennes,ilplongesonregarddanslemienetm’observelonguement.Jelisbeaucoupd’amourdanssesyeux.Jenemerappellepasm’êtresentieaussiheureuse.Moncœurbatlachamade.

Tobiass’humecteleslèvresetmedit:

–Jet’aime,Eleanor.–Jet’aime,Tobias.

Denouveau,noslèvressefondentenunbaiserfougueux.

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2.Horsdedanger

Tobias quitte l’hôpital à regret, après avoir demandé à Steven,mon second garde du corps, demonterlagardeàlaportedemachambre.

Jeresteseule,àrevivreencoreetencoresadéclaration.Jesuissurunnuage.Mêmelanourritureinfâmequ’onmesertaudînern’entamepasmabonnehumeur.

Audreyarrivepeuaprès.Tobiasl’aprévenuedemonréveiletellemesauteaucou.

–Eleanor,j’aieusipeur!–Jevaisbienàprésent.Trèsbien,même.

Monsourirebéatluimetlapuceàl’oreille.

–Oh,oh…tumecachesquelquechose!s’exclamemonamieensouriant.–Jesuisamoureuse,Audrey.–C’estmerveilleux,Eleanor!Jesuistellementheureusepourtoi.

Ilresteunpointquej’aibesoind’éclaircir:

–Quand j’étais« endormie»,dis-je enhésitant sur le terme, ilm’a semblévous entendrevousdisputer,Tobiasettoi.

Audreyeststupéfaite.Ellehésiteàmerépondre,puisselance:

–Jen’auraisjamaiscruquecequ’onracontaitàlatélésurlespersonnesdanslecomasoitvrai!Tuasraison,Eleanor.J’étaisfolled’inquiétude.Tuétais là,surcelit, inerte…etTobiasmeparlaitdesgardesducorps.J’aipétélesplombs!

–Tobiast’aditqu’ilm’aimait.– Exact, ditAudrey enme regardant avec tendresse. Il étaitmal à l’aise car il ne te l’avait pas

encoreavoué.

Jehochelatête.Elleprendmesmainsdanslessiennes.

– Je suis tellement soulagée de voir que tu n’as rien ! Est-ce que le médecin t’a dit quand tupourraissortir?

–Bientôt,j’espère.Iladitqueleplusdurétaitpassé.J’aihâtederentreràlamaison.–Commentvas-tufairetouteseule?demandeAudrey.–Jevaisbien!Etjenesuisplustouteseule!–D’accord,maiscen’estpastrèsprudent,Eleanor.Onaessayédetetuer!MêmeTobiasenest

convaincu.

Jene répondspas.Plus j’y réfléchis,plus jemedisquemêmesi celamesemblecomplètement

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fou,l’explicationavancéeparTobiasestplusqueplausible.Jeseraisdoncendangerdèslorsquejemettraisunpieddehors.Jefrissonneàcetteidée.

Audreyremarquemontroubleetmeprenddanssesbras.

–Tudoistereposer,meconseille-t-elle.Tuaseudelachance,maisilnefautpasenabuser.Ilesttempsquetudormes.Onverraplustardcommenttut’organiserasdehors.

– Votre amie a raison, dit lemédecin qui vient d’entrer dans la chambre. Voulez-vous prendrequelquechosepourvousdétendre?

–Non,jevousremercie,docteur.Çaira.–Trèsbien,alorsbonnenuit,mademoiselleStuart.–Jerepasseraidemain,ditAudrey.J’essaieraidepasseravecMattsijeletrouve.–Ilvabien?demandé-je,heureused’entendreparlerdequelqu’und’autrequedemoi.–Oui,oui…,rétorque-t-ellesansmeregarder.Ilfautquejefile!

Jefroncelessourcils.Jejureraisqu’Audreynem’apastoutdit.Sonfrères’est-ilencoremisdansde sales draps ?Matt aime un peu trop graffer lesmurs des bâtimentsmunicipaux, au goût de lapolice. Il y a quelques semaines, j’aimême dû lui obtenir en urgence une place à lamaster classd’Aspenpourqu’ilpuisse«semettreauvert».Lapolicelecherchait.

J’aimeraisyréfléchirunpeupluslongtemps,maislafatiguemerattrape.Jebâille,clignedesyeuxetfinisparm’assoupir.

J’espèrequeTobiasviendramevoirdemain…

***

Quandj’ouvrelesyeux,ilestdéjàlà,assissurunechaise,sansdoutebienplusinconfortablequecellesauxquellesilesthabitué.Ildortdansunepositionimprobable,laboucheentrouverte.

Commeilesttouchant!Ilestencoreplusbeauainsi!

Maisjen’aipasleloisirdeleregarderdormir.Ilseréveilledèsqu’ilm’entendbouger.

–Bonjour,Eleanor,medit-ilens’étirant.As-tubiendormi?–Mieuxquetoi,j’ensuissûre…,dis-jeenluicaressantlajoueavectendresse.Tuasdormiici?– Je suis repassé, tardhier soir, répond-il enmeprenant lamain. Jen’aipasvoulu te réveiller,

maisjen’avaispasenviedetequitter.–Ilnefallaitpas!dis-jeenvoyantsonbeaucostumetoutfroissé.–Tuauraispréférénepasmevoir?demandeTobiasenmeregardantdroitdanslesyeux.–Au contraire, dis-je en prenant son visage entremesmains.La journée ne pouvait pasmieux

commencer.–Tantmieux,ditTobiasavecungrandsourire.

Nousnousembrassons.Nosmainsquisejoignentmefontfrissonner.Jeledévoreavecpassion.Jesens la vie battre dans mes veines. Une énergie nouvelle s’empare de moi. Je meurs d’envie de

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l’attirersurlelitpourfairel’amouraveclui,là,toutdesuite.

–Jesuissortitoutàl’heurepourt’acheterlespâtisseriesquetuaimestant,ajoute-t-ilenattrapantunsacenpapierquejen’avaispasvu.Jemesuisditqueceseraitmeilleurquelepetit-déjeunerdel’hôpital.

– Quelle bonne idée ! m’exclamé-je en le regardant disposer les brioches et autres pains auxraisinsdevantmoi.

Encoreunefois,jesuisconquiseparlegoûtexquisetlefondantdecesgâteaux.Lapremièrefoisquejelesaigoûtés,Tobiasétaitpasséchezmoiàl’improvistepourm’offrirunpetit-déjeuner.

Pendantquejemerégale,Tobiassortunpetitpaquetenpapierdesoiedesaveste.Ilestàpeineplusgrandqu’unefeuilledepapier.

–Encoreuncadeau?demandé-je,stupéfaite.–Ouvre,m’encourageTobias.

Je découvre une superbe nuisette en dentelle blanche. Légère, aussi fine et délicate qu’une toiled’araignée,avecdesperlesbrodéessurledécolleté.

–Commeelleestbelle!m’exclamé-je.–J’aihâtede tevoir laporter,murmureTobiasaucreuxdemonoreille,surun tonquimefait

rougir.

Aprèsnotrepetit-déjeunerenamoureux,ilm’expliqueensuitequ’ilsouhaiterenforcerlasécuritéautourdemoi.

–Tuasdéjàmisdeuxgardesàmonservice!m’écrié-je.Queveux-tufairedeplus?–Ilfautmettrelapoliceaucourant.Detoutefaçon,c’estobligatoire,puisqu’ont’atirédessus.Et

puisl’hôpitall’acertainementdéjàprévenue.–Des policiers vont venirm’interroger ? demandé-je en écarquillant les yeux.Mais, je neme

souviensderien!Ettoi,as-tuvuletireur?–Non,répondTobias.J’étaisfocalisésurtoi…–Alors,àquoiçasert?Ilsvontnousdirelamêmechosequeladernièrefois:«Votreplainteva

être classée », récité-je en mimant la voix éraillée d’un des deux inspecteurs que nous avionsrencontrés.

Une voiture venait de tenter de nous percuter. Nous avons fait une déposition en bonne et dueforme,maisilsontestiméquenosinformationsétaientinsuffisantespourouvriruneenquête.

– C’est la seconde fois qu’on essaie de te tuer en quelques jours, Eleanor. Un homme a voulurentrercheztoietilyseraitsansdouteparvenusiStevenn’avaitpasmontélagarde.Apparemment,iltesurveilledepuisunbonmoment.Ilfautquetuleurracontestoutça.

–Oui,tuasraison,réponds-je,unpeueffrayée.–Parle-leuraussidetescauchemarsetdelamortdetesparents.–Non,Tobias,dis-jeensecouantlatête,ilsvontmeprendrepourunefolle!

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Je me sens aussi mal à l’aise que lorsque j’ai croisé Tobias avant de me rendre chez monthérapeute.Jenevoulaispasluidireoùj’allais.J’aidumalàparlerdetoutçaouvertement…Faceàlapolice,jen’auraispaslamoindrecrédibilité!

–Jeserailà,meditTobiasenessuyantdesmiettesautourdemabouche.Tun’asrienàcraindre.–Merci,dis-jeenmeblottissantcontrelui.Toutcelaesttellementhorrible…

Ilmebercetoutdoucement,jusqu’àcequejemecalme.C’estévident,Tobiasaraison.Lapolicedoitêtremiseaucourant,mêmesielledécidedenerienfaire.

Quelquesinstantsplustard,deuxhommesentrentdanslapièce.Jenelesconnaispas,maisjesaisqu’ils sont de la police avantmême qu’ils ne se présentent. Ils ressemblent à deux héros de sérietélévisée.Le plus vieux porte un pardessus clair sur une bedaine assez prononcée. Il est chauve etmoustachu.Ilnousserrelamainavecungrandsourire.L’autredoitavoiràpeine20ans:unejeunerecrue, tropbienpeignée,avecdugeldans lescheveuxetunblousondecuir tropgrand,censé luidonnerl’aird’undur.

JelisdanslesyeuxdeTobiasqu’illesaidentifiés,luiaussi.Sapostures’estbrusquementraidie.Ilesttendu.Ilseplaceentreeuxetmoi,commepourmeprotéger.

L’entretiencommencedemanièrecordiale.Lespolicierss’inquiètentdemonétatetmeposentdesquestionssimples.Leplus jeunenotemesréponsesdansunpetitcalepinnoir.Quandj’évoquemescauchemars,jelesvoistiquer.

C’estbiencequejecraignais…

Dansmapoitrine,lapaniquecommenceàmonter.Jechercheàmejustifier,maismonexplicationestmaladroite:

–Jenemaîtrisepasmesrêves!Cen’estpasparcequejevoisunthérapeute,que…

Tobiasposelamainsurmonbraspourmefairetaire.

–Biensûr,mademoiselle,nouscomprenons,ditlepolicierleplusâgé.–Cethomme,jel’aivu.Plusieursfois,dis-je,butée.–Vousn’avezaucuneidéedecequ’ilvousveut?interrogelejeunehomme.–Non!

Je repense évidemment aux hypothèses de Tobias concernant la mort de mes parents. Faut-ilvraimentquejeleurenparle?

–Pourtant,ilvousatirédessus,rétorque-t-il.Survous,passurvotreami.Vousnesavezvraimentpaspourquoi?

–Ellevousadéjàrépondu,s’interposeTobias,cassant.–Vousêtessonavocat?demandelevieuxpolicieravecunsourire.–Pourquoi?Elleenabesoin?

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LetondeTobiasestcinglantetsansréplique.Lesdeuxpoliciersseregardent.

–Non,biensûrquenon,ditl’hommeaupardessus.–Quecomptez-vousfairepourmademoiselleStuart?demandeTobiassansleslâcherdesyeux.– Nous avons bien noté les différents événements… Avez-vous autre chose à nous dire, qui

pourraitnousaider?

JechercheTobiasdesyeux.Ilhochelatête.Cemouvementnepassepasinaperçu.

–Mademoiselle?m’interpellelepolicier.–J’aiperdumesparentslorsquej’avais8ans,lancé-jesanspréambule.

Lesdeuxpolicierssetaisent.Ilsattendentlasuite,maisjepeineàformulermesphrases.Levieuxpolicierreprendlaparole:

–Nousensommesdésolés,mademoiselle.Pourquoipensez-vousquecelapourraitavoirunlienavecvosagressions?

–Ilssontmortsdansuncambriolage.J’aiassistéàlascène,maisj’aitoutoublié.

Lejeunehommeaucalepinnoirmeregardebizarrement,avantdeleverlesyeuxauciel.Jesenslerougememonterauxjoues.Tobiasesttoujoursàmescôtés…prêtàbondir.Ilboutsilencieusement.

–Pourriez-vousnousendireunpeuplus?C’étaitquandexactement?Connaissez-vouslenomdelapersonneenchargedel’enquêteàl’époque?

Àmagrandesurprise,leplusâgédesdeuxsemblemeprendreausérieux.Jeluidiscequejesais.Jesuisatterréedeconstaterquejen’aiquetrèspeud’élémentsàleurdonner.

–Pourriez-vousnousindiquerl’adressedevotregrand-mère?Ilmesembleimportantquenousayonsunentretienavecelle.

Ohnon!

–Vousêtessûrs?demandé-jeunpeutropvite.–Pourquoi?demandeleplusjeune,suspicieux.Vousnousavezmenti?

Jenem’attendaispasàcetteattaquedirectequejereçoiscommeuncoupàl’estomac.Pourtant,jen’hésitepasuneseconde:

–Biensûrquenon!rétorqué-je,outrée.Jeneveuxpasluifairedepeineenremuantdemauvaissouvenirs,c’esttout.

–Nous ferons preuve d’unmaximumde tact, je vous le promets,me rassure le vieux policier.Maisilfautétudiertouteslespistes.Ilesteffectivementpossiblequecelasoitimportant.

Lesdeuxhommesnoustendentleurscartesetnousdemandentdelesappelersiquelquechosenousrevient.Ilsnoussaluentetnouslaissentenfinseuls.

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–Ilsn’ontpasl’airconvaincus,dis-jeàTobias,déçue.–Tuasfaitcequ’ilfallait,m’assure-t-il.C’étaitnécessaire.Demoncôté,j’aidemandéàPeters’il

sesentaitd’attaquepourreprendresonposte:ilahâte.–Ilvabien?demandé-je,inquiète.–Oui,ilestparfaitementremisàprésent.Maisils’enveuténormément.–Pourquoi?–Ilestimequ’ilauraitdûmieuxteprotéger.–Ilafaitdesonmieux,j’ensuissûre!m’exclamé-je.

Cen’estpasl’avisdetoutlemonde.AudreyaclairementlaisséentendreàTobiasqu’elledoutaitdel’efficacitédesgardesducorpsaprèscequim’étaitarrivé.

–J’aivucequis’estpassé,ditTobias.Ilaététouchéenpremier,sansdouteparcequel’agresseurvoulaitleneutraliserenpremier.

–C’estaussimonavis,dis-je,enfrissonnant.

Celanepeutvouloirdirequ’uneseulechose:quiquesoitlapersonnequim’atirédessus,ellenecherche plus seulement à m’effrayer, mais bien à me tuer. Tobias semble avoir suivi le mêmeraisonnementquemoi,carilasoudainementl’airtrèsinquiet.Ilmeprenddanssesbrasetmeserretrèsfort.Malgrécela,lapeurmeglacelesang.

Nous restons blottis l’un contre l’autre jusqu’à ce qu’on frappe à la porte de ma chambre. Lemédecinentre,toutsourire:

–Commentvoussentez-vous,cematin?–Mieux,docteur,merci.J’aibiendormi.

SansdouteparcequejesentaisqueTobiasveillaitsurmoi!

–C’estparfait.Jevaisvousexaminer.–Quandvais-jepouvoirsortir?demandé-jeavecimpatience.–Vousnevousplaisezpascheznous?plaisantelemédecin.Rapidement,jepense.Ilfaudravous

organiserpourrefairevotrepansement.–Nevousinquiétezpas,docteur,ditTobiasenmecouvantdesyeux.

Audreyaussiaproposédem’aider.Jeneseraidoncpasseuleunefoisderetourdans lemondeextérieur.Cettepenséemerassure.

Lemédecinsourit.

–Trèsbien,dit-ilennotantdesindicationssurlafeuilledetempérature.Danscecas,jepensequemademoiselleStuartpourrasortirdèsdemain.

Monhospitalisationn’auraduréquetroisjourspourmoipuisquejenemesouviensplusderienavantmonréveil.Maisc’estbiensuffisant,jecommençaisdéjààenavoirassez.

–Jevaispasserunappelpourpréparertasortie,ditTobiasenm’adressantunclind’œil.

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Ilm’embrassetendrementets’enva.Unefoisquenoussommesseuls, lemédecinmeremetuneenveloppe.

–Nousavonsdûvousfaireunbilansanguincomplet,m’informe-t-il.Voicilesrésultats.–Ya-t-ilunproblème?demandé-jeenfronçantlessourcils.–Absolumentpas!merassure-t-il.Toutvabien.

Jeregardelafeuilled’analyses:ladernièreligneindique«HIV:négatif».Lepraticiensuitmonregardetmedit:

–MonsieurKentasubilemêmetest.

Jehoche la tête. Jeme retiensde luiposer laquestionquimebrûle les lèvres,mais son regardbienveillantmetranquillise.Sesyeuxsourient.

–Jevousaifaituneordonnancepourunecontraception,puisquevousêtesrestéeplusieursjourssanspouvoirprendrelapilule.

Ilavraimentpenséàtout!

–Mercidocteur.

Ilquittelapièceenmesouhaitantunpromptrétablissement.

AudreyetTobiasentrentensembledanslachambrequelquesminutesplustard.

–Coucou!Tuasbonnemine!s’exclamemonamie.– Jeme suis permis d’aller chercherAudrey, explique Tobias. Je voudrais…Accepterais-tu de

t’installerchezmoiduranttaconvalescence?Audreypourraitveillersurtoidanslajournée,dit-ilenéchangeantunregardavecmameilleureamie.

Unsilences’installedanslachambre.J’aidûmalcomprendre.

–Tuvoudraisquej’habiteavectoi?demandé-je,éberluée.

Audreysourit.Tobiasmeprendlamain.

–Oui.

Ma bouche s’assèche instantanément. Un feu d’artifice explose dans ma tête. C’est tellementinattendu!Tellementmerveilleux!Maisjen’aijamaisvécuavecquelqu’undepuisquej’aiquittémagrand-mère.Jesuisàlafoisfolledejoieetmortedepeur.Jesuispartagéeentreunimmensebonheuretlapeursourdedeperdremaliberté.J’aimeTobiasetriennepouvaitmefaireplusplaisirquecetteproposition.Maisn’est-cepasunpeuprécipité?

–Sijepouvais,jenetequitteraisplusdesyeux,déclareTobias.–Tobias…,commencé-je,encherchantmesmots.– Chut, dit-il en posant un doigt sur mes lèvres. Je n’oublie pas que j’ai promis de ne plus

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t’étoufferet jenerevienspassurmapromesse.Maisjemesuisaussi juréqu’ilnet’arriveraitplusrien.

– Et comme j’ai des jours de congé à prendre, lance Audrey, joyeuse, si tu veux bien, je vaism’occuperdetoi!

–Super,m’écrié-je,ravie.–Marchéconclu,alors!Etsituveuxmonavis,Tobiasaraison:letempsdetaconvalescence,tu

serasplusàl’aisechezluiquedanstonstudio,raisonneAudrey.

HabiterchezTobiasoùtoutestsibienrangé…Va-t-ilsurvivreàmondésordre?

– Je rangerai avant qu’il rentre le soir, me promet Audrey qui semble avoir compris monembarras.

–Jeferaidemonmieuxpournerienremarquer,ajouteTobias.

Nouséclatonsderiretouslestrois.Jesuisheureused’avoirdesprochesquimecomprennentsibien. Entourée comme je le suis, la peur quim’enveloppe depuismon réveil reflue peu à peu. Jelaisselebien-êtrem’envahir.

–Mesdemoiselles,jedoisvouslaisser.Mononclevadevenirfou,sijenepassepasaubureau.–Commentva-t-il?demandé-jepoliment.–Trèsbien,mêmes’ilestunpeubousculédansseshabitudes,répondTobiasensouriant.–Pourquoi?– Il doit admettre qu’une jeune femme est entrée dansma vie et que j’espère bien qu’elle va y

rester,ditTobiasenquittantlapièce.

Jerougissousleregardravidemonamie.

–Quellejoliedéclaration!–C’estvrai,admets-jedansunmurmure.–Jesuispasséecheztoiavantdevenir.Jet’aiprisdesvêtementsetquelquesbabioles,dit-elleen

tendantunsacdevoyage.–Mercibeaucoup.–Tagrand-mèrem’aappelée,ditAudrey.–Monportableestéteint!m’exclamé-jeenregardantl’écrannoir.Elledoits’inquiéter,surtoutsi

lapoliceestpasséelavoir.–Lapolice?Pourquoi?

Jeluiracontelavenuedesdeuxpoliciersetl’hypothèsedeTobias.

– Je comprends que tu ne veuilles pas faire de peine à ta grand-mère. Mais si vraiment lesévénementssontliés,commelepenseTobias,peut-êtrequ’ellepourraleurdonnerdesinformationsutiles.

–Jenesaispas…,murmuré-je.–Appelle-la,meconseilleAudrey.

Jem’exécuteet raccrocheuneheureetdemieplus tard. Jenemesouvienspasdequanddate la

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dernièrefoisqueGrand-mèreetmoiavonsautantparlé.Elleabiensûrététrèsinquiètequandelleasu que j’étais à l’hôpital. J’ai même cru qu’elle allait avoir un malaise quand je lui ai dit qu’onm’avaittirédessus.Maisensuite,pourlapremièrefois,elleaacceptéd’évoqueravecmoilamortdemesparents.Malheureusement,ellenem’arienapprisquejenesachedéjà…

J’aibienété témoinducambriolagequi leuracoûté lavie.Onignorepourquoi lecambrioleur,quim’aforcémentvue,m’aépargnée.Àl’époque,lapoliceavoulum’interroger,maisj’étaissouslechoc.Jen’aipaspuparlerpendantplusieursjours.Ensuite,onacomprisquejenemesouvenaispasdudrame,àpartpartiellementdansmescauchemars.

Magrand-mèrea trouvé l’hypothèsedeTobias invraisemblable :pourquoisi longtempsaprès?Maiselleaconvenuquej’avaisbienfaitdeparleràlapolice.Jel’airassuréedemonmieuxetjeluiaipromisdel’appelertouslesjours.

–Commenttesens-tu?medemandeAudrey,aprèsquej’airaccroché.–Çava…J’aienviededessiner.

Chaquefoisquemesémotionsontbesoindes’exprimer,celapasseparmoncrayon.

–J’yaipensé!s’écrieAudreyensortantunblocetdescrayonsdusaccontenantmesvêtements.–Ohmerci,tuesunevraieamie,m’exclamé-jeenm’emparantdemonmatériel.–Jetelaisse,meditAudrey.Jerepasseraicesoir.–Mercipourtout…–C’estnormal,rétorqueAudreyavectendresse.Repose-toisurtout.

Jepasselerestedelajournéeàdessiner:desportraitsdemagrand-mère,deTobias,maisaussidel’hommeauxyeuxverts.

Ilfaudraquejetransmettemesdessinsàlapolice…

Pour le dîner, Audrey et Tobias sont àmes côtés. L’absence deMattm’étonne,mais je ne faisaucun commentaire. Nousmangeons des lasagnes préparées par Pat, qui a tenu àm’apporter lui-mêmemonrepasavantd’ouvrirlerestaurantpourleservicedusoir.

–Pat,tun’auraispasdû!m’exclamé-je,trèstouchée.–Hors de question que tumanges n’importe quoi, dit-il en jetant un coup d’œil dédaigneux au

plateau-repas servi par l’hôpital. De plus, ta grand-mère m’a appelé et je lui ai promis de bienm’occuperdetoi.

–Jelareconnaisbienlà!dis-jeenriant.

Jesuisfatiguée.Lajournéeaétéricheenémotions.Jedoismereposersi jeveuxêtreenformepour sortir demain. Audrey me souhaite une bonne nuit. Tobias m’embrasse tendrement et veuts’installerpourpasserlanuitàmescôtés,maisjerefuse.

–Vatereposer,monamour.Toutvabien.–Tuessûre?demandeTobias.–Biensûr.

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–Jerestelàletempsquetut’endormes,décrèteTobias.–Situveux,dis-jeenbâillant,mamainaucreuxdesapaume.

Lesommeilmegagnetrèsvite.

***

Tobiasvientmechercherà10heureslelendemainmatin.Enbasdesonimmeuble,leportiermesouritetmedemandecommentjemesens.

–Beaucoupmieux,merci!–J’aieusipeurenvousvoyanttomber,mademoiselle,s’exclame-t-il.

Jeréalisequejemetiensàl’endroitoùonm’atirédessus.Malgrémoi,jeregardelesalentours.Tobiasmepousseàl’intérieur.Nouspassonsenfinlaportedesonpenthouse,dont,unefoisencore,lavuepanoramiquemecoupelesouffle.

–Bienvenuecheztoi,meditTobiasenm’embrassant.–Merci,Tobias.

Jeluirendssonbaiseretnousrestonsenlacésdelonguesminutes.Sesmainsdansmescheveuxmedonnentdedouxfrissons,dontjemedélecte.

–Uncocktailsansalcool?mepropose-t-ilensouriant.–Avecplaisir.

Me voici à nouveau seule dans cet immense salon au style très épuré et impeccablement rangé.Danscettepièce,jecrainstoujoursdedéranger,oupire,decasserquelquechose.Commentvais-jepouvoirmesentirchezmoiici?

–Suis-jebête?Ilmanquequelquechoseici!s’écrieTobias.–Quoidonc?–Dudésordre!Delavie!dit-ilenposantlesverressurlatablebasse.Attends,jevaisarrangerça.

Tobias se renddans labibliothèqueet revientavecunepilede livresqu’il laisse tomber sur lescanapés. J’ouvredegrandsyeuxquand je levoisôter savestedecostumeet la lancerà travers lapièce. Nous sommes encore loin du chaos demon studio car je suismaladivement bordélique. Ilguette ma réaction. Je souris, ne pouvant qu’admirer l’effort que ce désordre représente pour ce«controlfreak».Lorsdemaprécédentevisite,ilavaitrangéetmêmepliémesvêtements!

–Tucomprends,poursuit-ilsurletondelaconversation,jenesuispassouventchezmoi.Iln’yapasassezdefouillisici!

Ses yeux pétillent. J’éclate de rire quand il commence à se déshabiller, aumilieu du salon. Sachemisetombeausol,dévoilantsontorsemagnifique.

–Tun’asdoncpluspeurqu’ontevoie?demandé-jeendésignantlavue.

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–Jem’enfiche,déclare-t-il.Tucomptesresterhabillée?–Ilmesemblequequelqu’unm’aoffertunemagnifiquenuisette!Neserait-cepaslemomentde

l’essayer?

Pourtouteréponse,sesyeuxplongentdanslesmiens,déclenchantenmoiuntorrentdedésir.

Tantpispourlanuisette!

Lentement,jedéfaismonchemisier,tandisqueTobiasretiresonpantalonetseschaussettes.Trèsvite, nos vêtements sont éparpillés un peu partout, mais cela n’a aucune importance. Nus tous lesdeux,nousnousembrassonsavecpassion.Noscorpsfrissonnent,heureuxdeseretrouverenfin.Duboutdesdoigts,Tobiassuitlecontourdemonpansementquirecouvremacicatrice.

–Tuasmal?medemande-t-ilavecunepointed’inquiétude.–Unpeu,maispas assezmalpournepasprofiterde ton corps, le rassuré-je, avantde l’attirer

contremoi.

LecorpsdeTobiascontrelemienmefaittremblerdedésir.Commechaquefoisquemesmainstouchentsapeau,ellespapillonnentpartout:sesmusclessaillants,laformedesesfesses,sachutedereinstatouée…Cethommeestincroyablementdésirable.

Tobiasnonplusn’estpasindifférentànotrenouvelleproximité.Sonsexesetendtandisquenoslanguessemêlent.J’aitellementenviedelui!

Est-ce dû à cette fantastique impression de dominer tout Manhattan dans ce sensationnelpenthouse ? La ville semble nous transmettre son énergie et sa vie bouillonnante à travers lesimmensesbaiesvitréesquinousentourent.Jetrembledelapointedespiedsàlaracinedescheveux.

LesmainsdeTobiasenfermentmesseinstendusets’amusentàenagacerlespointesduboutdesdoigts. Je pousse un cri de plaisir qui semble le ravir. Il joue unmoment, jusqu’àmordillermesmamelonsdevenushypersensibles.

Aumomentoùjevaislesupplierdemefairel’amourdanslaminute,Tobiasdélaisseundemesseinspourseglisserentremescuisses.J’airarementétéaussiexcitée.

Tobiasprendsontemps.Sesdoigtss’immiscentetbougentenmoi,jusqu’àmefairecrier.Desonpouce, il s’amuseavecmonclitoris. Jen’enpeuxplus.Mescris sontdevenusdesexclamationsdedésir,dessupplicationspourqu’enfin,Tobiasacceptedemefairejouir.Maismonamantsemblefairecequ’ilveutavecmonplaisir.Ilendisposeàsaguise,mêmesij’ignorecommentils’yprend.Jemesenssurlepointdechavirer,àl’extrêmelimite…Pourtantchaquerespirationpassesansqueviennelalibérationquej’attends.Jenesuisplusqu’impatienceetvoluptélorsqu’ilretiresamain.

–Tuesenfeu,mabelle,murmureTobiasenmecaressantlajoue.–J’aitellementenvie…–Vraiment?medemande-t-ild’unevoixprofondeetterriblementsensuelle.

Sesyeuxbrillentde lamême lueurque ladernière fois.Tobiasvoulaitque je luidisecomment

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j’aimerais qu’il me fasse l’amour. Je ne me sentais pas prête à me livrer ainsi. C’est différentaujourd’hui.Monexcitationesttellequejenemereconnaispas.Jesuisd’humeurcoquine,j’aienviedejouer.

–J’aienviedetoi,Tobias.–Raconte-moi,dit-ilens’agenouillantdevantmoi.–Jeveuxtesmains,tabouche…J’aienviedetesentirenmoi…Jevoudrais…

Maisjenepeuxpascontinuer.Jen’arriveplusàarticulerlemoindremot.Tobiasaenfouisatêteentremescuissesetcommenceàtitillermonboutonavecsalangue.Cettecaresseestsidélicieuse,sienivrantequemonorgasmeexplosed’unseulcoup.Jecriemajouissancesanslamoindreretenue.MaisTobiasn’entendpass’arrêterlà,ilpoursuitsacaresse,déclenchantenmoidepetitesdéchargesquimesecouentvoluptueusement.

J’aijoui,maiscelan’afaitqu’accroîtremonenviedelui.Jelisuneardeurfolleetsanslimitesaufonddesesyeuxgris.Sescaressesnesontqu’undébut,nouslesavonstouslesdeux.

Tobiasserelèvemaisavantqu’ilaitpufaireunmouvement,jem’emparedesavergedressée.Ellepalpitedanslecreuxdemamainetgrossitsousmescâlineries.Jefaislentementalleretvenirmesdoigtssursonmembre,dontladouceurmetrouble.Jetombeàgenouxdevantluietrelèvelatête.Jecherchedesyeuxlevisagedemonamant.Ilpassesamaindansmescheveuxetmesourit.J’approchemeslèvresdesachairdurcieetm’amuseàluidonnerdepetitscoupsdelangue.Tobiasfrissonnedèsquejem’avanceverslui.Jepoursuismonjeuplusieurssecondesavantdeleprendreenfindansmabouche.

Avant de connaître Tobias, je n’avais pas eu beaucoup de petits amis, encore moins d’amants.Tobiasmefaitdécouvrirunmondedesensationsnouvellesetdeplaisirsinédits.Ilmerévèleàmoi-mêmetellequejesuisvraiment:unejeunefemmeamoureuse,lasciveetavidedevolupté.

Dansma bouche, le sexe de Tobias tressaille, jusqu’à ce quemon amantmette un terme àmacaresse.Ilm’allongeausoletsepencheau-dessusdemoi.Jelisuneinterrogationmuettedanssonregard.C’estlapremièrefoisquenousallonsfairel’amoursanspréservatif.Ilattendmonaccord.Jeplongedanssesyeuxetnelâchepassonregard,jusqu’àcequ’enfin,Tobiasmepénètre.Sesyeuxsetroublent. Nos peaux se touchent, nos corps s’accordent. Chaque fois, ce sont de merveilleusesretrouvailles, comme s’ils n’attendaient que cela. Il existe entre nous une réelle alchimie, quel’absence de préservatif rend encore plus tangible. Cela nem’a jamais gênée,mais cette nouvelleétapedansnotrerelationrendnosmomentsintimesencoreplusintenses.Jeprofiteaumaximumdecettesensation,plusriennesemetentrenousàprésent.J’ail’impressiond’êtretouteàluietluitoutàmoi.Tobiasdonnedepuissantscoupsdeboutoirquimerendentdingue.Jeneveuxsurtoutpasqu’ils’arrêtejusqu’àcequejejouisse.Jesensqu’ilseretientpourmedonnerunmaximumdeplaisir.Ilattendlemomentultime,pourfinalementjouirenmêmetempsquemoi.Noscrisd’extasesemêlent.

Grâce à l’immense baie vitrée du penthouse, j’ai l’impression d’avoir fait l’amour au cœur deManhattan.Leslumièresdelavilledonnentànosébatsuneambiancefuturiste.Tobiasnousrecouvred’unecouverturelégèreetnousrestonsàregarderlavuequis’offreànous.C’estmagique!

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Je réalise qu’il n’y a presque aucun vis-à-vis à cette hauteur. Troublée, je rappelle à Tobias saréactionlapremièrefoisqu’ilm’avuenuedanssonsalon.

–Pourquoim’as-tucouvertedetonpeignoirl’autrematin?Personnenepeutnousvoirici!– C’était un bon moyen de te prendre dans mes bras, murmure Tobias, un sourire taquin aux

lèvres.–C’esttout?demandé-je,intriguée.Pourtant,nousnerisquionspasd’êtresurpris!

Jemedemandebiencequiapulepousseràréagirsivivement!

– Je n’ai pas l’habitude de voir une femmemagnifique nue dansmon salon. J’ai eu une enviesoudaineetimpérieusedetesentircontremoi.

Jerougissouslecompliment.

Nosyeuxseferment.Tobiasetmoinousassoupissonsdanslesbrasl’undel’autre.Jemeréveillelapremière.Tobiasalevisagecalmeetdétendu.Ilesttrèsdifférentdel’imagerigideettoujourssouscontrôlequ’ilsedonnetouslesjours.Ilesttelquejeleconnaisvraiment.

Jemedégagedesonétreinte,justeassezpourleregardersansdérangersonsommeil.Unefoisdeplus,jesuisfascinéeparcecorpsparfaitquisedessinesouslacouverture.Unrayondeluneéclaireenpartieletatouagesursachutedereins.«Forceetmaîtrise».Jesuislaformedel’idéogrammeduboutdesongles,avantdedescendredoucementjusqu’àsesfesses.Jeprendsplaisiràcaresserpuisàgriffersapeau.Tobiasfrissonneetouvreunœil.Ilsemetsurleventre.Sondosmuscléapparaît.Jemeplacejusteau-dessusdelui.Mesmainsseposentsursesépaulesetcourentsurchaquecentimètredepeau.Cecontactm’électriseetmedonneenviedeplus.

Mes lèvres effleurent sa nuque. Son parfum, rendu plus intense par la chaleur de son corps,m’enivre. J’aienviede lesentir,de legoûter,aupointdeplantermesdentsdanssoncou.Lorsquemesseins touchentsapeau, je tenteunnouveaujeu: jepoursuismonmassage,nonplusseulementavecmesmains,mais avecmon corps tout entier. J’ai envie de lui procurer le plus de sensationspossible.Jesenslachairdepouleseformersursondos.

Aime-t-ilcequejeluifais?Jenetardepasàavoirlaréponse.Tobiasseretourneetmesourit.Ledésir brille dans ses yeux. Son appendice dresséme confirmequ’il a autant envie demoi que j’aienviedelui.D’unmouvementample,ilm’attrapeparleshanchesetmeplacesurmembretendu.Jegémis de bonheur.La sensation est fantastique.Unbrasiermonte enmoi à une vitesse folle etmemordleventre.Tobiasdécided’unrythmesoutenu.Jesuissecouéepardesvaguesdeplaisirquimesubmergent en continu. Je crie de plus en plus fort. Lorsque Tobias s’arrête pour reprendre sonsouffle,jeluisignifieclairementquejenesuispasd’accord!

Les ongles plantés dans ses épaules, je reprends là où il s’est interrompu. Lentement,voluptueusement,jecommenceàondulersurlecorpsdemonamant.Monregardplongédanslesien,jerecherchelevertige.Uneenvieégoïstequejen’aijamaisressentiemeprendetmedonneenviedemontreràTobias l’effetqu’ilmefait. Jemedéchaîne,aupointdesentir lasueurcoulerdansmondos. Jeme laisse emporter jusqu’aumomentoù jevoisTobias lâcherprise : il renverse la tête en

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arrière et pousseun cri rauque,qui rappelleunpeuune libération.Ses tremblements sepropagentdansmonproprecorpsetmedéclenchentunorgasmepuissant,quime laissepresque sans forces,maisauxanges.

Tobiasmerecueilledanssesbrasetm’embrasseavecunefouguenouvelle.

–Tuesunique,Eleanor,medit-ilenmeregardantdanslesyeux.–Pourquoi?–Tuessibelledansleplaisir…

Ilalesyeuxencoretroublesetunsourireflottesurseslèvres.Aucunhommenem’ajamaisparléainsi. J’appréciesoncomplimentàsa justevaleur : il fautvraimentque je l’aie impressionnépourqu’ilse«lâche»aupointdemedirecequ’ilressentsansymettreplusdeformes.Jenel’enaimequedavantage.

Tobias se lève et me tend la main. Je suis encore tout étourdie par le plaisir que je viens deprendre.Jemerendscomptequejusqu’àprésent,j’ignoraispresquetoutdesmystèresdelachair.

–Jenesavaispasquefairel’amourpouvaitêtreaussibon!

Tobiaséclatederire.

–Iln’yaquetoipouroserdireleschosessifranchement!Jesuisheureuxquetul’aiesdécouvertavecmoi,dit-ilenmeprenantdanssesbras.

Nousquittons le salonet savue renversantepour rejoindre lachambredeTobias,maindans lamain.Nousnousblottissons sous la couette chaudeetmoelleuse.Tobiasm’attire contre lui. Jemesens formidablement bien, enveloppée par la chaleur de son corps. J’aimerais profiter encore duveloutédesapeauqui,aprèstoutcequenousavonsvécucesoir,meprovoqueencoredesfrissons.

Desimagesdenosébatstournentdansmatêteetmetroublentdélicieusement.LarespirationlenteetprofondedeTobiasm’accompagneverslesommeil.Jesaisqu’ilserasereinpourunefois,jesuisconvaincuequ’ilneseratroubléparaucuncauchemar.

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3.Entreamies

–Jet’interdisdeposerlesmainssurelle!–Tais-toi!Tunecomprendsrien,tun’asjamaisriencompris!

J’ai peur,mais je nepeux rien faire.Desbruits de lutte résonnent autourdemoi. Jeme sens siimpuissante!Undrameseprépare,jelesens.Puis,uncristridentretentit.C’estunefemme.

Jemeréveilleenhurlant.

Cecri,c’étaitmoi?

–Eleanor,tuvasbien?

Audreyestàcôtédemoietprendmesmainsdanslessiennes.Ilmefautplusieurssecondespourme souvenir où je suis. Peu à peu, je me resitue. Je suis dans l’appartement de Tobias, dans lachambre à coucher. J’ai passé une nuit d’un érotisme incroyable hier avec lui. Hier, mardi. Noussommesdoncmercredi.Matin?Après-midi?

–Quelleheureest-il?demandé-jeàAudreylavoixencoreensommeillée.–Presquemidi.Tudormaisquandjesuisarrivée.Tobiasestpartitravailler.–Jem’ensouviens.Ilm’aembrasséavantdesortir,maisaprès…–Lemédecint’aprévenuequandtuessortiedel’hôpital:turisquesd’avoirencoredesmoments

defatigue.C’estbienquetuaiesdormi!–Mouais…j’auraispréférénepasfairedecauchemars…–Jecomprends…Tum’avaisdéjàparlédetesrêves,maisjen’imaginaispascequetuvivais,dit

Audreyenmeregardant,l’airangoissé.Tuveuxm’enparler?

J’hésite encore. Je n’ai aucune envie de me replonger dans cette épouvante. Finalement, je melance:

–C’estflou…J’aientendudeuxhommessebattre…Unefemmequicriait…

Jetrembleencoreenyrepensant.Audreymeprenddanssesbras.

–Tonthérapeutet’avaitbienditquetuferaisdesrêvesliésauxsouvenirsqueturemuesdurantlesséances,n’est-cepas?

Le«Professeur»!Jel’avaispresqueoublié,celui-là!

–Eneffet,oui…Maissimathérapiememetdanscetétat-là,jepréfèrearrêter!

Je n’ai pas vu mon thérapeute depuis presque deux semaines. La dernière fois, cela m’avaitprovoquéuncauchemarsiviolentquej’avaistéléphonéàTobiasenpleinenuit!

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–Peut-êtrequ’ilnefautpas,justement…,rétorqueAudrey,pensive.C’estsansdoutelesignequetonsubconscienttravaillepourremettredeschosesenplace.

–Tucrois?–Jen’ensaisvraimentrien!avoue-t-elle.Maistudevraispeut-êtreluienparler,non?

À qui d’autre pourrais-je en parler de toute façon ? Il est probable qu’il soit le seul à pouvoirm’aider…

–Jevaisappelersondragon,heu…jeveuxdiresasecrétairepourprendrerendez-vous,dis-jeencherchantmontéléphone.

Audreyglousse.

–Soisgentilleavecelle!–Jesuistoujoursgentille,rétorqué-je.C’estellequin’estpasaimable,toutçaparcequej’airaté

quelquesrendez-vousavecsoncherProfesseur!Jelasoupçonned’enêtreunpeuamoureuse.–Tucroisquec’estréciproque?–Jenesaispas…Ilfaudraquejeluiposelaquestionlorsdemaprochaineséance!

Audreyéclatederire.Jemesensdéjàunpeumieux.

Durant mon bref entretien téléphonique, j’ai un mal fou à conserver mon sérieux. Le visageaustèredelavieilledameauxlèvrespincéesmedonneenviederire.

–LeProfesseurpeutvousrecevoirdemainà11heures,mademoiselleStuart.Ilaacceptécarvousditesquec’estuneurgence.Nesoyezpasenretard!dit-elleavantderaccrocher.

Sontondisaitclairementqu’ellen’approuvaitpas,maisjem’enfiche.Audreysemblerassurée.

–Ilyasansdouteuneexplicationlogique!– Je n’y crois pas trop, malheureusement. Mais parler de tout ce qui m’est arrivé ces quinze

derniersjoursmeferadubien.–Tuvasenavoirdeschosesàluiraconter!s’exclameAudrey.–Tum’étonnes!

Pourmefairerire,monamies’assoitsurlelitet,lesmainsjointes,s’efforcedeprendresonairleplussérieux:

–Bonjour,mademoiselle,fait-elleavecsaplusgrossevoix.Quoideneuf?–Oh!pasgrand-chose,Professeur.Onajustetentédemetuer…deuxfois!poursuit-elleavecune

voixtrèsaiguë.

Racontéautrement,celameferaitcertainementfrémir,maisAudreyestvraimenttropdrôle.

– Il ne va pas s’en remettre, pouffé-je.Merci,ma grande, j’avais bien besoin de décompresseraprèsunrêvepareil.

–Plussérieusement,as-tuuneidéedecequeveulentdire tescauchemars?medemandeAudrey

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aprèsquelquesminutes.Cesvoix,tunelesreconnaispas?

Jeréfléchisunmomentavantderépondre:

–J’yaisouventpensé.Cesrêvesreviennentrégulièrement,commejetel’aidit.Ilestpossiblequecesoientlesvoixdemesparents.Enfait,jesuispresquesûrequelavoixdefemmeestcelledemamère.Maisj’étaistellementpetite…

–Tuentendraisdonctesparents?Tunetesouvienspasdeleursvoix?–Pasvraiment.Çafaittroplongtemps,maintenant.

Audreysecouelatête.

–LeProfesseurm’aexpliquéun jourque lecerveaunerecouraità l’amnésiepartiellequ’endetrèsrarescirconstancesettoujourspourseprotéger.

–C’estterrifiant!–Tuasraison,dis-jeenbondissanthorsdulit.Maisçadonnefaim!Sionfouillaitdanslefrigode

Tobias?–J’arrive!lanceAudreyalorsquejesuisdéjàdanslesalon.–Quellevueépoustouflante!murmure-t-elleenmerejoignant.–C’estmagique,n’est-cepas?Etjenet’aipasmontrélapiscine!–Waouh!Ya-t-ilquelquechosequeTobiasn’apas?demande-t-elleenriant.

Jefaisminederéfléchir:

–Dufromage!répliqué-jeavecungrandsourire.Etdequoifaireunsandwich.

Audreyéclatederire.

– Un homme célibataire et riche. Il mange au restaurant midi et soir, dit-elle en ouvrant lesplacards.Iln’yarienici,àpartd’excellentesbouteillesdevinetdescapsulesdecaféhorsdeprix.

–Sionallaitdéjeuneraurestaurant?proposé-je.Patseraravidevoirquejevaisbien.–Tuessûrequetuneveuxpasquel’oncommandeetquetutereposes?–Sûre,réponds-je.Jemeprépareetonyva!

Une fois dehors, nous retrouvons nos deux gardes du corps, Peter et Steven, qui nous saluentgentiment.

–Jesuiscontentedevoirquevousallezmieux,dis-jeàPeter.–Merci,mademoiselleStuart,ditPeter.Jenesaispascommentm’excuser…–Appelez-moi, Eleanor ! Il va falloir reprendre les bonnes habitudes,m’exclamé-je. Pourquoi

vousexcusez-vous?Vousn’ypouviezrien!–C’estmontravaildevousprotéger,mad…Eleanor.–Onnepeutriencontreuneballederévolver,Peter,rétorqué-jeenleforçantàs’arrêter,pourle

regarderdanslesyeux.Vousavezfaitdevotremieux.JelesaisetTobiaslesaitluiaussi.

Peternerépondpas.Audreyetmoinousrendonsaurestaurantendiscutantdetoutetderienpouréviterdepenserauxévénementsrécents.C’estlapremièrefoisquejemepromèneenvilledepuisma

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sortiedel’hôpital.Mêmesijefaistoutpournepaslemontrer,jenesuispasaussirassuréequejelevoudrais.

–Eleanor,s’écriePatenmevoyant,tuvasbien?–Oui,Pat,jeteremercie.–Jesuiscontentdetevoir!Maisneprofitepastrop,ilfaudrarevenirtravaillerunjour,dit-ilmi-

sérieux,mi-badin.

Ilnechangerajamais!Ilnousinstalleetnousapportelacarte.

–Jecroisqu’onabienfaitdesortir,dis-jeàAudrey.Çafaitdubien.J’adoreTobias,mais…–Tunetevoyaispasresteràl’attendrecommeunebonnepetiteépouse?poursuitAudrey,taquine.–C’estça!confirmé-je.Maisoublionsmeshistoirespourlemoment.CommentvaMatt?

Ladernièrefoisquenousnoussommesparlé,Mattetmoinoussommesdisputés.Ilm’araccrochéaunez.J’hésite,maisfinalement,jen’enparlepasàAudrey.

–Jevaistedirelavérité:jenesaispasoùestmonfrère,déclareAudrey.–Ahbon?Etcelanet’inquiètepas?m’exclamé-je,surprise.

Audreyestunevraiemèrepouleencequiconcernesonpetitfrère,surtoutdepuisquesesgraffitisluivalentdesdémêlésaveclajustice.Jepensesouventqu’ellelesurprotège.Jeluiaidéjàconseillédelelaisserrespirer,maisdelàànepassavoiroùilsetrouvealorsquelescourssontfinis…C’estunerévolution!

– Il est parti hiermatin et je ne l’ai plus revu. Je lui ai laissé unmessage pour lui dire que jepassaislajournéeavectoi.

–Àquoioccupe-t-ilsesjournées?–Jenesaispas.Ilm’aconvaincuedeluifaireconfiance.–Commenta-t-ilréussiuntelmiracle?demandé-jeenriant.

Patnousapportedeuximmensesplatsd’osso-buco.Jeplongemafourchettedanslasauceavecuneréellegourmandise.C’estdélicieux.

–Ilm’arappeléqu’ilétaitunélectronlibre,ditAudreyavantdecommenceràdévorerlecontenudesonassiette.J’aiessayédelesuivrelorsdemapremièrejournéeàNewYorklasemainedernière.Ilm’abaladéedefriperiesencafésbranchésetm’amêmeinvitéeàvoiruneexpo.

–C’étaitbien?demandé-jelabouchepleine.–Pasmonstyle.J’aidétesté.Maisj’étaisbiendécidéeàlesuivreunpeupartout,jusqu’àcequ’il

medemande,officiellement,deluifaireconfiance.–Ettuluiasditoui?m’écrié-je.–Nousavonsparlédenotreenfance…etilm’aconvaincue.–Jenecomprendspas.

Nous commandons des tiramisus et des cafés en dessert, avant qu’Audrey ne me pose unequestion:

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–Jet’aiditcequ’avaitfaitMattlejourdeses18ans?–Unefêteàtoutcasser?proposé-je.–Pasexactement.Ilafuguépendanthuitjours.

J’ouvredegrandsyeux.

–Pourquoia-t-ilfaitcela?Tamèreadûêtrefolled’inquiétude!–Derage,surtout.Enfait,noussavionsexactementoùilétait.–Chezunefille?demandé-jeendévorantmondessert.–EnRépubliquedominicaine,réplique-t-elleens’essuyantlabouche.

Jefroncelessourcilsetavance:

–SpringBreaktardif?–Pasdutout.Ilétaitcheznotrepère.–Jecroyaisquevousn’aviezplusdenouvellesdeluidepuisplusieursannées!–C’estexact,confirmeAudrey.Ilaquittémamanilyalongtemps.MaisMattajugébondefaire

desrecherchesetdereprendrecontactaveclui.Ilsavaitpourtantquecelaferaitdelapeineànotremèreetqu’ilneseraitsansdoutepasaccueilliàbrasouverts.

–Etalors?demandé-je,captivée.–Ilestrentréàlamaisonetasimplementditàmamanqu’ilfaisaitcequ’ilvoulait.Ilestcomme

ça,ditAudreyenlevantlesyeuxauciel.–Salegosse !Mais je le reconnaisbien là !marmonné-je, à la foisoutréeet admirativedevant

l’espritderébelliondemonami.–N’est-cepas?Notremères’estfaituneraison.Mattestunetêtedemulebutée.Maisilaunbon

fond.–Donc,tulelaissesfaire?–Queveux-tuquejefassed’autre?Jenevaispaslepoursuivretoutemavie!Jepréfèrepasserdu

tempsavectoi!medit-elleensouriant.–Moiaussi,jesuisheureusequetusoislà!–Queveux-tufairemaintenant?OnvapiquerunetêtedanslapiscinedeTobias?–Avecplaisir!

Nousquittonslerestaurantsousl’œilvigilantdePatetsuiviesdeprèsparPeter.L’après-midiestsplendide.Avantderentrer,j’insistepourquenouspassionschezMatt.Iln’estpaslà,maisAudrey,quihabitechezluiquandelleestàNewYork,enprofitepourrécupérerquelquesvêtements,dontsonmaillotdebain,etsacrèmesolaire.Mattnesemblepasêtrerevenuicidepuisplusieursjours.Sonlitn’est pas défait, il n’y a pas de vaisselle dans l’évier et ses crayons sont sagement rangés dans satrousse.Audreyetmoinefaisonsaucuncommentaire,maisjevoisbienquemonamieestcontrariée.

Elle ne se détendvraiment qu’une fois quenous sommes allongées sur un transat sur le toit del’immeubledeTobias.Lapiscineétincellesouslesrayonsduchaudsoleildejuin.

–Alors?medemandeAudrey.–Alorsquoi?–QuelssonttesprojetsaveclebeauTobias?

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–Moi,desprojets?Tumeconnaismieuxqueça!m’exclamé-je.–Tucroisvraimentquejen’aipasvulaflammedanstesyeuxquandtuparlesdelui?

Jesuisheureusedeportermeslunettesdesoleilpournepascroisersonregard.

–Tul’aimes,meditAudrey.Etilt’aimeaussi.–Oui.–Etvousalleztravaillerensemble.–Pasexactement,jevaistravailleravecledépartementMarketing.–LedépartementMarketingdesParfumsKent.L’entreprisedeTobias.Tun’aspaspeurquecela

poseproblème?– Je n’y ai pas vraiment pensé. Pour l’instant, je ne sais même pas comment va se passer ma

collaboration avec lesParfumsKent !Même si je suis heureuseque la directrice dumarketing aitretenumonprototype.

Jesongeauvasteopenspacesurlequelladirectricedumarketingsemblerégnersanspartage.Illuisuffitd’uncoupd’œilpoursurveillerletravaildechacun.Malgrémoi,monestomacseserre.Ai-jevraimentenviedetravaillerdanscesconditions?Maissurtout,ai-jeenvied’être«lapetiteamiedupatron»auxyeuxdetousmescollègues?

Jefaispartdemonangoisseàmonamie.

–Jesuissûrequeçavatrèsbiensepasser,merassureAudrey.–Sansdoute.–Tuasunréeltalent!Çan’aéchappéàpersonne.Mêmel’oncledeTobiasabienétéobligédele

reconnaître!–C’estvrai…

Épuisée,jelaisseAudreyprofiterdelapiscineetparsmereposerdanslesalondel’appartement,Manhattan à mes pieds. Je me réveille quelques heures plus tard en pleine forme et décide derejoindreAudreyauborddelapiscineavecunpeudematériel.

–Tobiasnevapastarderàrentrer,ditAudrey.–Déjà?Ilfautquejerange,m’exclamé-jeenregardantautourdemoi.

J’aipasséladernièreheureàpeindreleportraitdemonamiedanslalumièredusoleilcouchant.J’aitrouvédespinceaux,del’aquarelleetunchevaletdanslabibliothèque.Dubeaumatériel.Jen’aipasrésistéàl’enviedel’essayer.Lerésultatn’estpasmal,mais,commeàmonhabitude,jemesuisétalée:lesabordsdelapiscinesontjonchésdegobeletsenplastique,pinceauxettubesd’aquarelle.

–Jevaist’aider,ditAudrey.–J’espèrequeTobiasnem’envoudrapasdem’êtreserviedesesaffaires.–Aucontraire,tuasbienfait,ditunevoixderrièrenous.–Tobias!

Jemeprécipitedanssesbrasetl’embrasseàpleinebouche.Ilmerendmonbaiser.Nousrestonscollésl’unàl’autreunlongmomentaupointqu’Audreyfaitmined’enêtregênée.

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–Hum…jevaisvouslaisser,ditAudreyensouriant.Eleanor,jeserailàà9heuresdemain.–Tuneveuxpasdîneravecnous?–Non,pascesoir.J’aimeraisbienretrouverMatt.Jeluifaisconfiance,maismaconfianceases

limites.Bonnesoirée,lesamoureux!lance-t-elleavantdenouslaisserseuls.–Mattadisparu?s’étonneTobias.–J’espèrequenon.C’estunelonguehistoire.Tuasfaim?– Oui, mais je t’ai préparé une surprise. Je te propose donc d’aller nous promener pendant…

disons…quaranteminutes.–Nitrente-neuf,niquaranteetune!dis-jeenriant.C’estprécis!Quenousréserves-tu?–Ne soispas si curieuse et rhabille-toi,meditTobias.Sinon, jene répondsplusde rien etma

surprisevatomberàl’eau.

Jesuistoujoursenmaillotdebain,lapeaugorgéedesoleiletlesourireauxlèvres.J’hésite.

Pourtant,laminutesuivante,nousmarchonsversCentralPark.Ledébutdesoiréeesttrèsagréable.Quelbonheurdesepromenermaindanslamain!

Quandnousremontonsà l’appartement, jenereconnaisplus rien.Toutest recouvertde tenturesorientalesethindoues.Ilyadesguirlandesunpeupartoutetmêmeunestatued’éléphantgigantesquedansuncoindusalon.Commenta-t-ilpulafaireentrer?Onsecroiraitdansunpalaisdesmilleetunenuits!

Dèsl’entrée,l’appartementembaumelecurryetlesépices.Tobiasm’amènedanslesalonoùuneimmense tableaétédressée.Unmaîtred’hôtelnousaccueilleetnousprésente lesplats.Toutes lesspécialitésindiennesquejeconnaisainsiqueplusieursautresquejeneconnaispassontdisposéessurlatable.Delamusiqueindiennesedéclenchedèsnotreentréedanslapièce.

–Jemesuissouvenuquetuaimaislacuisineindienne,medit-il.–Tobias,c’estmerveilleux!m’exclamé-je,desétoilesdanslesyeux,etçaal’airtellementbon!

dis-jeenprenantplaceàsescôtés.–Jepensequeçaserabon.LesplatsviennentdumeilleurrestaurantindiendeNewYork.

Nousmangeonsavecplaisir.Lesplatssonteffectivementsucculentsetl’ambianceunpeufolledecettesoiréemeravit.Jesuisrepuebienavantd’avoirpugoûteràtout.NousregardonsNewYorkàtraversl’immensebaievitrée.Lavilleestbaignéedansleslumièrestamiséesdel’ambiancecrééeparTobias.EncoreuninstanthorsdutempscommeseulTobiassaitm’enoffrir.

Siseulementuntelbonheurpouvaitdurertoujours…

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4.Àl’écoute

Àmonréveillelendemain,toutadisparu,sauflastatuedel’éléphant,quisembleavoirtrouvésaplace dans l’immense salon du penthouse. Heureusement qu’elle est toujours là, sinon j’aurais pucroirequej’avaisrêvé.Maisnon.Cettesoiréeextraordinaireabeletbieneulieu.J’aiencoreentêteles lumières tamisées, les saveurs de la nourriture indienne et la tendresse de Tobias. Nos rirespartagés.Sesbaisers.Nosbaisers.Sescaresses surmapeau.Malheureusement j’étais trop fatiguéepourenprofiterlongtemps.JemesuisendormielovéecontreTobias,ensécurité.Jepourraispassermajournéeàrevivrecemomentàl’infini.

MaisAudreyvabientôtarriveretj’airendez-vouschezmonthérapeuteà11heures.Quandj’aiditàTobiasquej’avaisprisrendez-vous,ilm’aapprouvée.

–C’estuneexcellenteidée.Çavat’aideràyvoirplusclair.– Je l’espère…Si comme tu lepenses, tout est lié audécèsdemesparents, cela expliquerait la

violencedescauchemarsquejefaisencemoment.–Etlefaitqu’onchercheàtenuire,ditTobiasd’unairgrave.

Ilapeurpourmoi,jelevoisbien.Jen’aimepasça.Jeneveuxpasêtreunesourcedetourmentspourl’hommequej’aime.IlvafalloirqueleProfesseurm’aideàtrouverunesolution,etvite!

Audreynousarapportéunsolidepetit-déjeuner.Entredeuxcroissants,jedemande:

–EtMatt?–Pasvu.–Ilvarevenir.–J’espère.Jecommenceàregretterdeluiavoirfaitconfiance…

Elle se cache derrière sa tasse. Mon amie n’est pas aussi sereine qu’elle veut bien le dire.D’ailleurs,ellechangerapidementdesujetdeconversation:

–Çayest,tutesenscheztoi,ondirait?

Jeregardeautourdulit.Mesaffairesontcolonisélachambre:blocs,crayons,tablette,vêtementsenvrac…

–Jenem’enétaismêmepasrenducompte!m’exclamé-jeenrougissant.–Tobiasnet’apasfaitderemarqueavantdepartircematin?–Pasunmot!–Ilt’aimeéperdumentcethomme!s’écrieAudreyenriant.Ledésordre,chezunpsychorigide,il

n’yariendepire…–Iln’estpassi rigidequeça! rétorqué-jeavantde lui racontercomment ila lui-mêmemisses

affairessensdessusdessousavantdemefairel’amourpassionnément,lesoiroùjemesuisinstallée

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chezlui.– Tu as de la chance, murmure mon amie à la fin de mon récit. Tobias est un homme bien.

Vraiment.–Etencore,tunesaispasd’oùvientcetéléphant!dis-jeenluiprésentantlastatuequitrônedansle

salon.–Qu’est-cequec’estqueça?demandeAudreyeffarée.–Unesoiréeaurestaurantindien,selonTobias.–Ehbiendisdonc…,s’exclameAudrey,ilnefaitpasleschosesàmoitié!–Jamais,m’écrié-je,leregardvague,enrepensantàlanuitdernière.–Veinarde!Dis-moi,danscombiendetempsdois-tupartir?

Jeregardemamontreetmerendscomptequ’enyallantàpied,jesuisdéjàenretard.

–LasecrétaireduProfesseurvaencoremecloueraupilori!–Prendsuntaxi!–Pasbesoin.Peteretmoiallonscourirunpeu.Çanenousferapasdemal!dis-jeenplaisantant.–Cen’estpasdrôle,Eleanor,tudoisteménager!Allez,vacherchertontaxi!s’écrieAudreyen

mepoussantdehors.

J’arrivepileà l’heure,maisen sueuraucabinet.Ma tenue froisséeetmescheveuxdécoiffésnesontpasdugoûtdelavieilledameprécieusequim’ouvrelaporte.

–Bonjour,mademoiselleStuart,medit-elleleslèvrespincées.–Bonjour,dis-jeenreprenantmonsouffle.Vousallezbien?–Fortbien,rétorque-t-elleavantdemetournerledossansmêmem’inviteràallerm’asseoiren

salled’attente.

Jem’apprêteàleluifaireremarquer,quandunevoixs’élèvederrièremoi:

–MademoiselleStuart.–Oh!Professeur,m’exclamé-je,bonjour.Jenem’attendaispas…Enfin…Vousêtestoujoursen

retardd’habitude…

Lasecrétairequipassaitparlàmanquedes’étoufferd’indignationenentendantmaremarque.Elledoitfaireunimmenseeffortpournepaslâcherlapilededossiersqu’elletientàboutdebras.

–Entrez,jevousenprie,ditleProfesseurensouriant.

Je m’assois avant qu’il ne m’y invite, j’ai l’habitude. J’aime bien cet endroit : une vaste pièceregroupantundivan,unbureauetdeuxchaises,unebibliothèque,desfauteuilsclubetdestabouretsbas…LeProfesseuravouludonnerplusieurspossibilitésàsespatientspourcommuniqueraumieuxaveclui.

Pourmapart, j’apprécieparticulièrement lavue surCentralPark.Bien sûr, celan’a rienàvoiravec l’immensebaievitréedupenthousedeTobias,mais le rideaud’arbresquisembleprotéger lecabinetdesregardsaquelquechosederassurant.

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Lapremièrefoisquejesuisvenue,jem’attendaisàvoirdesdiplômesaccrochésunpeupartout.Jen’avais jamais rencontré de « Professeur » avant.Mais point d’étalage de ce genre sur lesmurs !Spécialisteenpsychiatriepourlesadolescents,leProfesseurapréféréexposerlespeinturesréaliséesparsesjeunespatients.Unpeumalàl’aiselorsdemapremièreséance,jeluiaidemandés’ilnemetrouvaitpasunpeu«âgée»pourfairepartiedesaclientèle.

–Auriez-vousperduvotreâmed’enfant?medemanda-t-ilmystérieusement.–Je…jenecroispas,non,répondis-je,désorientée.–Alors,vousavezpilel’âgerequis,rétorqua-t-il,lesourireauxlèvres.

Sonsourireavaitremportémaconfianceetavaitmarquéledébutdemathérapie.J’aiapprisàmedétendrefaceàcethommequirestepourmoiunparfaitinconnuetàm’ouvriràlui.Lesthérapiesquej’avaissuiviesauparavantm’avaientaidéeàme livrer,mais jene l’avais jamais faitavecautantdesincérité. Il est lepremieràqui j’aimontrémesdessins.Ledernieraussi, car jen’aipasvraimentaimécela.Maisaucuneimportance.Jesaisquejepeuxluiparlerdetout,sanspeurdujugement.

–Vousavezvoulumevoirenurgence.Quesepasse-t-il?–Ehbien…

Jeposelesmainssurmesgenouxetévitesonregard.Commentvais-jebienpouvoirluiannoncerça?

–Vousallezmeprendrepourunefolle,Professeur…–Voussavezquevouspouvezparlersanscrainteici,merassure-t-il.–Ehbien,voilà,onaessayédemetuer.Deuxfois.

LeProfesseurresteparfaitementcalmedevantl’énormitédemonaffirmation.S’ilestbouleversé,choquéousimplementsurprisparmadéclaration,iln’enlaisserienparaître.

–Ques’est-ilpasséexactement?

Jeluiraconteendétaill’épisodedelavoiture,puislescoupsdefeuetenfinmonréveilàl’hôpital.Ilm’écouteavecattention,enprenantdesnotes.

–Voussouvenez-vousdequoiquecesoitconcernantlapériodequiaprécédévotreréveil?–Pasvraiment…Desvoix,parfois…Maiscen’étaientpasdesrêves,j’entendaiscequisepassait

danslapièce.–Commentlesavez-vous?–Onmel’araconté.–Quivousl’araconté?Voussouvenez-vousd’unescèneenparticulier?–Jemerappelleavoirentenduunedisputeentremameilleureamieetmon…compagnon.Parla

suite,Audreym’aconfirméquecettealtercationavaitbieneulieu.–Intéressant,commente-t-ilenjouantavecsonstylo.

J’ensuisravie!Maissaréponsenem’aidepasbeaucoup…

–Quelétaitlesujetdecettedispute?

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Jerougisjusqu’àlaracinedescheveux,maisleProfesseurnesemblepasremarquermontrouble.Jeprendsmontempspourrépondre:

–Le…l’amourquemeportemoncompagnon.–Votreamielemettait-elleendoute?–Enquelquesorte…MaisTobiass’estdéfendu,ilaavouéqu’ilm’aimait.–Vousl’avait-ildéjàdit?–Non.Maisilm’enafaitpartdèsmonréveil.

Leprofesseurhoche la tête, commesi jevenaisdedéclarerunechosecapitale,quiéclairemonproblèmed’unelumièrenouvelle.Jedétestequandilfaitça!Jepoursuisnéanmoins,carcettedisputeentreAudreyetTobiasm’apermisdecomprendreunpointimportant:

–Illuiaaussiexpliquéqu’enrefusantdemevoirjusqu’àjeudidernier,ilvoulaitmeprotéger.Ilpensaitquec’étaitluiquiétaitviséparlavoiture.

–Pourquoipensait-ilcela?Votreamia-t-ildeschosesàsereprocher?–Non, bien sûr que non !m’exclamé-je. Il est très riche. Il craignait qu’on ne s’attaque à lui à

causedesonargent.

Ilsembleréfléchiràcequejeviensdedire.

–Pourtant,c’est survousqu’ona tiré.Avez-vous lamoindre idéede la raisonpour laquelleonvousafaitça?

Jesecouelatête.

– Tobias pense que… tout serait lié à la mort de mes parents. Que peut-être, après toutes cesannées, le cambrioleurm’aurait croisée et reconnue.C’estpour celaqu’il voudraitme tuer.Est-cequecelavousparaîtplausible?demandé-jeenlevantlesyeuxverslui.

–Toutestpossible,répond-ilévasivement.

Cen’estpasdecegenrederéponsedontj’aibesoin!Jevoudraissonavis,pourunefois.

–Etvous,quepensez-vousdecettesituation?merelance-t-il.–Moi?Jevoudraisquetoutcelas’arrête,biensûr!Jeneveuxplusmefairetirerdessus!Jene

veuxplusmerappelertoutcela!m’écrié-jeenmeprenantlatêtedanslesmains.

Je suis bien plus agressive que je ne le voudrais. Le Professeur ne s’offusque pas de monchangementdeton.

–Vousavezpeur?–Évidemment,toutcelameterrifie.– Pourtant, votre ami fait tout pour vous protéger. Il engage des gardes du corps, prévient la

police…–Jesais,mais…

Lesmotsnefranchissentplusmeslèvres.Unevéritéestentraindevoirlejourdansmatête,mais

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j’aiencoredumalàlaformuler.Jeregardemesmainsetsuissurprisedeconstateràquelpoint jetremble.

–Jen’aipaspeurdemourir,murmuré-jepluspourmoi-mêmequepourmonthérapeute.

Ledireàhautevoixsonnecommeuneévidence.J’ail’impressiondel’avoirtoujourssu.

–Dequoiavez-vouspeuralors?medemandeleProfesseurd’unevoixdouce.–DemettreTobiasendanger,réponds-jesansréfléchir.–Vouspensezquec’estlecas?–Àcausedemoi,unhommeadéjàétéblessé,dis-jeenpensantàPeter.–Vousn’yêtespourrien.Cen’estpasvousquiaveztiré,rétorqueleProfesseur.–S’ilnem’avaitpasprotégée…–C’estsontravail,déclare-t-ild’unevoixcalme.–ÇaauraitpuêtreTobias!m’exclamé-je,effrayéeàcettesimpleidée.Jeneveuxpasqu’ilmeure

àcausedemoi.Jeneveuxpasleperdre.–Commevousavezperduvosparents?

Le Professeur sait très bien me faire aller au bout de mes raisonnements. Même ceux que jepréféreraiséviterdeformuler.

–C’estça,oui…–Voussentez-vousresponsabledelamortdevosparents?

Pourquoimedemande-t-ilça?Cen’estpaslaquestion!J’étaisunepetitefille,jen’auraisrienpufaire…Enfin,jecrois.Peut-êtrequ’enfindecompte…

–Jenesaispas,bredouillé-je.C’estlointoutça,dis-je,encroisantlesbrassurmapoitrine,butée.

Monprésent,c’estTobias.

–Vousfaitestoujoursdescauchemars?demande-t-ilenchangeantdesujet.–Çam’arrive,oui…,marmonné-je.Ilssonttoujoursaussiflous.–Desvoixd’hommesquisedisputent,puisunefemmequihurle,c’estbiença?–Oui…c’esttoujoursàpeuprèsça.

Ilyaunmomentquejeneluiaipasdécritmescauchemars.Pourtant,ilmerestituelesscènesqueje lui ai déjà décrites avec une précision étonnante. J’avais déjà remarqué auparavant qu’il faisaitpreuved’ungrandprofessionnalisme.Ilconnaîtmondossieràfond,sansavoirbesoindeconsultersesnotes.

–Vouspensezdoncqu’ils’agitdel’assassinatdevosparents,affirmeleProfesseur.–Peut-être…

Jenesuispasconvaincue.Ouplutôt,celan’aaucune importance,auregardde laviedeTobias.Nouscontinuonsàparlerdemesrêvespendantquelquesminutes,maisjen’ysuisplusvraiment.Jesuispréoccupéedepuisquej’airéussiàmel’avouer:Tobiasestpeut-êtreendangeràcausedemoi.

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Çam’estclairementinsupportable.

Lafindelaséancearriveenfin.

–Nousnousrevoyonsdansunequinzainedejours,indiqueleProfesseur.–Est-cebiennécessaire?demandé-jed’unevoixneutre.

Ilrelèvelatête.

–Vousvoulezinterromprevotrethérapie?–Ehbien…jenesaispassicontinuerestvraimentutile…

Me voilà bien avancée : j’ai contrarié le Professeur ! J’aurais sans doute dû réfléchir avant deparler.Maisdepuisletempsquejesongeàarrêtermesthérapies,c’estpeut-êtrel’occasion!

–Vousn’avezpas l’impressiond’avancer?Pourtant,nousavonspeut-être identifié l’originedevoscauchemars…

–Pasvraiment.Mescauchemarsontsurtouteulieupendantmathérapie,rétorqué-jedutacautac.–Lesubconscientpossèdeunmécanismeparticulier,quireste,pourl’essentiel,trèsmalconnu…

Jebalayel’argumentd’ungeste.SeulTobiasaréussiàm’apaiser.Etaujourd’hui,lefaitderemuertouscessouvenirsrisquedemettrel’hommequej’aimeendanger.

–Jeneveuxplusvivredanslepassé,parviens-jeàarticuleravecdifficulté.

Tout à coup, leProfesseurme semble aussi impressionnant que sa secrétaire cherche à le faireparaître.

–Trèsbien,dit-il.Danscecas, jevouslaissereprendrerendez-voussivouslejugeznécessaire.Parcontre,j’aiunelonguelisted’attente.

J’aicompris.Ilmecongédieenmeserrantlamain.Unefoisdehors,jerespireprofondément.Ilfaitbeau.C’est le toutdébutde l’après-midi.JedevraisappelerAudreypourdéjeuner,mais jen’aipasfaim.J’aienviedemarcherunpeu.

–Peter,sommes-nousobligésderentrertoutdesuite?demandé-jeaugardeducorps.–Absolumentpas,Eleanor.–Alors,marchonsunpeu,d’accord.J’aimeraisprofiterdusoleil.

Ilhochelatêteetm’emboîtelepasensilence.J’aisurtoutbesoindemeviderl’esprit.Jelaissemespasm’amenerlàoùilsveulent…etmeretrouvedevantchezmoi.Mescléssontdanslapochedemonmanteau.

–Vousnevouleztoujourspasboireunetisaneavecmoi?demandé-jeàPeter.–Non,merci.Jerestedevantlaporte.Prévenez-moiquandvousvoudrezpartir.

J’ai une sensation bizarre en passant la porte, comme si je n’avais pasmis les pieds dansmon

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studiodepuisdessiècles.Celanefaitpourtantqu’unesemaine.

Jesuisheureusederetrouver«mon»désordre.Audreym’aapportéassezdevêtementsetd’objetspersonnelspourquejepuissem’installerchezTobiaspendantplusieurssemaines.Maiscen’estpaslamêmechose.JevischezTobias,paschezmoi.

Ladernière fois que je suis partie d’ici, j’ai claqué la porte et fait tomber toutesmes lettres enattente sur le sol. Mes babioles qui traînent un peu partout et surtout dans les endroits les plusincongrusmerassurent.Toutemavieestrassembléedanscetoutpetitespace,telunniddanslequeljemeblottisavecplaisir.Jemetsdel’eauàchaufferetramasselecourrieréparpillésurlesolavantdem’allongersurmonlit.

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5.L’heureduchoix

Enfoncée dansmes oreillers, les pieds sousma couette, je programme une playlist demusiqueNewAge surma tablette et commence enfin le tri que je repousse depuis plus d’une semaine. Jen’aimepasl’administratif.Toutescesprocédures,touscesdélaisàrespecter…çamebarbe.Jemetsdecôtélesfactures,sansprendrelapeinedelesouvrir.J’envoiedirectementàlapoubelleunepiledeflyers : soirées étudiantes, nouvel institut de beauté, restaurant japonais qui vient juste d’ouvrir…Rienne retientvraimentmonattention, jusqu’àcequemon regard tombesuruneenveloppebleuetoutesimple.Onyainscritmonnometmonadressed’uneécrituremalhabile,quimerappellecelled’unenfantquiapprendlacalligraphie.Unautredétailmesurprend:iln’yapasdetimbre.

Jen’aipasl’habitudederecevoirducourrierpostal.Enfant,j’avaisdéjàuneadressee-maildontjemeservaispouréchangeravecmesamisoumesprofesseurs.Depuislors,jecommuniquetoujoursainsi.Mêmemescartesd’anniversairesontvirtuelles!

Pourtant, j’ai un rapport très particulier avec le papier, j’ai beaucoup demal à dessiner sur unécran.Biensûr,commetousmescamarades,jedoissouventutiliserdeslogicielsdedessinoude3Dpourréalisermesprototypes,maisjecrayonnetoujoursmesesquissessurunbloc.J’aibesoindececontactpresquecharnelentremesdoigtsetlegraindelafeuille.Lebruitdelamineducrayonquicourtsurlasurfacedupapierm’apaiseetmepermetdecommenceràcréer.

Cependant, jen’ai jamaiseu leréflexed’écrireni l’habitudederecevoirdes lettres.Tellequejemeconnais,jeseraistoujoursentraindechercherdestimbresetmesmissivesfiniraientchiffonnéesdanslefonddemonsacsansjamaisvoirlacouleurd’uneboîteauxlettres!

Enfindeprimaire,ungarçondemaclassem’adéclarésaflammedansunlongpoèmeécritsurdupapier parfumé. Il m’avait juste dit de bien surveillermon courrier. Je l’ai fait. Pendant quelquesjours,j’aiactualisémaboîtee-maildèsquej’enavaisl’occasion,dansl’espoirdevoirapparaîtresonmessage.Nonseulementjenel’aijamaisreçu,maisenplus,legarçons’estmisàmefairelatête!J’étaiscomplètementperdue.Quandj’aienfinoséluidemanderpourquoiilm’avaitfaitmarcheravecson histoire de courrier, il l’a terriblement mal pris ! Il m’a accusée de dire n’importe quoi,vociférantqu’ilavaitpassédesheuresàm’écriredesmotsdontjen’avaispasledroitdememoquer.Ilm’aplantéelààlasortiedel’école.Jesuisrentréetrèsviteàlamaisonetj’aiexpliquéenpleurantàGrand-Mèrecequim’étaitarrivé.Ellea froncé lessourcils,puis,sansunmot,elleestsortiede lamaison.Jenecomprenaispascequiluipassaitparlatête.Jemesouviensencoredemastupeurquandelleestarrivée,uneenveloppeàlamain.Elleavaitvraimentl’airpeinée.

–Jesuisdésolée,machérie.Lefacteurn’apasrelevéledrapeauetjen’aipasvérifiélecourrierdepuisquelquesjours…

J’étais mortifiée. J’ai évidemment essayé de m’excuser, mais mon petit camarade ne m’a plusjamaisadressélaparole.

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Cette histoire a marqué ma vie, d’une certaine manière. Depuis que je vis seule, je demandetoujoursunduplicatademesfacturessurpapierpouravoirleréflexed’allerconsultermaboîteauxlettres…danslaquellejenereçoisjamaisriendepersonnel.

Jusqu’àaujourd’hui.

Je déchire l’enveloppe en l’ouvrant. À l’intérieur, une feuille quadrillée blanche très ordinaire.Maislemessageécritdessusd’uneécrituremalhabilemeglacelesang:

«Désolé,maistunemelaissespaslechoix,Elanor.Adieu.»

Labouilloiresiffledepuisplusieursminutes,pourtant,jenemelèvepaspourallerl’éteindre.Moncerveauestcommebloqué.Plusrienneluiparvient,hormiscesquelquesmotsquitournentenboucledansmatête.Soudain,j’aifroidcommeenpleinhiver.Instinctivement,mesmainsserefermentsurmesbras.Jetremble.J’ail’impressiontrèsnettedevivreundemescauchemars.Saufquecettefois-ci,jenevaispasmeréveiller.

Qu’est-cequecelapeutbiensignifier?Àquin’ai-jepaslaissélechoix?Lechoixdefairequoi?Pourquoiest-ildésolé?Etcederniermot:«Adieu».C’esttellementétrange…Angoissantaussi.

Il y a aussi cette faute dans mon prénom. En d’autres circonstances, j’aurais ri : celui qui memenace ne saitmême pas écrire Eleanor ! Encore une fois, je repense àmon enfance : c’est unemauvaiseblague,unvilainmessagescotchésurmoncasier…Hélas,c’estbienplussérieuxqueça…

Il y a encore une semaine, si onm’avait dit que quelqu’un, sur cette terre,me voulait dumal,j’auraissansdouteéclatéderire.Plusmaintenant.Jen’imaginaispas,mêmeaprèscequiétaitarrivéàmesparents,qu’onpuisseenvouloiràmavie.Pourtant,lescoupsdefeu,l’hôpital,toutcelaestbienarrivé.C’estdélirant.Pourquoimoi?Jesuisuneétudiantecommelesautres!L’hypothèsedeTobiasn’a jamais vraiment quitté mon esprit depuis que nous en avons parlé. Mon agresseur serait lecambrioleur,lemeurtrier.L’hommequiabrisémavieunepremièrefoisquandj’avais8ansvoudraitmaintenantterminerletravail?Silongtempsaprès?

Jen’arrivepasàycroirevraiment.Jelisetjerelislemessagecommes’ilcontenaitunsenscaché.

Depuis le début de mes thérapies, quand je pense à la mort de mes parents, je ressens uneperpétuellefrustration.Chaquefoisquej’évoquelessouvenirsqu’ilmereste,ilmemanquetoujoursquelquechose.Pendant longtemps, jenesuisparvenueà rien :mamémoireavaiteffacé toutecettesinistrejournée.Onm’aditquemoncerveaus’étaitprotégé.Letraumatismeétaittropimportantpourque je puisse vivre avec. Pour cette raison, il a fallu que j’apprenne à « lâcher prise ».La grandeexpressiondetouslesthérapeutes:

–Vousdevezlâcherprise,mademoiselle!–Comment?–Laréponseestenvous!

J’y suis parvenue, enfin je crois. J’avais trop envie de vivre pourme laisser rattraper parmesfantômes.Aufildutemps,magrand-mère,mesamis,lespsysm’ontaidéeetj’airéussiàrangerla

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mortdemesparentsdansuneboîte,pourvivreauprésent.

Mais depuis que j’ai commencé à consulter le Professeur, les choses ont changé. J’ignorepourquoi.Ilnetravaillepourtantpasdifféremmentdesautres.Ilposedestasdequestions,hochetropsouvent la tête,nedonneaucuneréponse.Cependant, ilmefaitm’interroger.Commelorsqu’ilm’aexpliqué que je devais accueillir les souvenirs sans chercher à les retenir. Sinon ils reviendraienttoujoursmehantersousformedecauchemars.

Selonlui,jerefusederetrouverlamémoire.Quelledrôled’idée!Pourtant,enyréfléchissant,cen’est pas faux : mes cauchemarsme terrifient. J’ai toujours la sensation désagréable que quelquechosem’échappe.

Depuisquelquesjours,touts’estencoreaccéléré.J’ail’impressionquecequimemanquedepuissilongtempsestlà,àportéedemain,àfleurdesouvenir…IlasuffiqueTobiasfasselelienaveccequiest arrivé à mes parents pour que, petit à petit, le puzzle qu’est ma mémoire accepte enfin decommenceràs’imbriquercorrectement.IlafallulalogiquerationnelleetsansfailledeTobiaspourquemonhistoireretrouvesacohérence.

Manquaitlapiècecentrale.

Quiaessayédemetuer?Quiatuémesparents?

Elanor. La réponse à mes questions tient dans ces six lettres. Il ne s’agit pas d’une fauted’orthographe.Onm’adéjàappeléecommeça.Elanor…Cemotsembleremplirtoutmoncrâne.Ilprendtoutelaplace,résonne,commeunéchovenudupassé.

Je ferme les yeux et la vérité explose derrière mes paupières closes. La dernière fois que j’aientendumon prénom prononcé ainsi, j’avais 8 ans. Je ne savais pas encore que quelquesminutesaprèsavoirentenducesurnom,mesparentsdisparaîtraientpourtoujours.Elanorétaitunsurnomquimerendaitfolle.Uneseulepersonnem’appelaitainsi.

Onditqu’ilfauttoujoursseméfierdecequel’onsouhaiteplusquetout.J’aitoujourstrouvéçaétrange.Maintenant, je comprendsmieux.Depuis des années, je veux savoir cequi est arrivé cettenuit-là.Aujourd’hui,jesais.Etjenemesuisjamaissentieaussimal.

Quefaireàprésent?Jenepeuxpasresterici.JenepeuxpasresterdanslaviedeTobias.Ilyadéjàeubientropdemorts.

Meslarmescoulentsanss’arrêter,maisj’aimaréponse.JedoisquitterTobiasetpartirleplusloinpossible.

Pourtant, je l’aime. J’aimeTobiasplusquen’importequi.Maisc’est justementpourcelaque jedoislequitter!Jenepeuxpasluifairecourirderisques,c’estbeaucouptropdangereux!Moi-même,jenesaispascequipeutm’arriver.JeneveuxpasqueTobiasmeure,encoremoinsparmafaute!

Tobiasn’apasàêtremêléàtoutça:c’estmonpassé,paslesien.Jedoispréserversonfutur.

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Àsuivre,nemanquezpasleprochainépisode.

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