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Révèle-moi ! - volume 1

Vous y croyez, vous, aux prédictions desvoyantes ? Un jour, lors d’un été enAngleterre, l’une d’elles m’a annoncéque j’allais bientôt rencontrer l’hommede ma vie, un certain P. C. Le lendemain,je faisais la connaissance du flamboyantcomte Percival Spencer Cavendish, et,le soir même, lors d’un bal, il m’invitaità danser. Un vrai conte de fées… saufque j’étais une gamine rondelette ettimide, couverte de boutons de varicelle! J’avais 11 ans et « Percy le Magnifique» en avait 20. Il n’empêche que je suis

immédiatement tombée amoureuse delui.Le temps a passé et je n’ai jamais revule magnétique lord anglais au regard sicaptivant, mais son souvenir m’alongtemps hantée. Aujourd’hui, me voilàde retour en Angleterre. Je ne suis plusla petite fille impressionnabled’autrefois, je suis une adulte ! Alorspourquoi, rien qu’à l’idée de recroiserle beau Percival, mon cœur ne peut-ils’empêcher de battre la chamade ?

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Kidnappée par unmilliardaire

La jolie Eva est enlevée par MaxwellHampton. Seulement, son riche etséduisant ravisseur prétend qu’il a faitcela pour la sauver d’un danger dont ilne veut rien révéler. La jeune femme,indépendante et attachée à sa liberté, vase rebeller contre cette captivité forcée,mais son kidnappeur au charmeenvoûtant se révèle tout aussiénigmatique que persuasif. Et Eva vadevoir lutter contre son propre désir.Car quand la tentation est trop forte, le

proverbe ne dit-il pas que le meilleurmoyen d’y résister, c’est encore d’ycéder ?

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Juste toi et moi

Fraîchement sortie de l’école des beaux-arts de Miami, Alice Brighton décrocheun contrat pour peindre une fresque dansla très select clinique du docteur NoahLaw, un éminent chirurgien esthétique.Contre toute attente, Alice découvre quele célèbre praticien possède un regardenvoûtant et un charme magnétique…ainsi qu'un tempérament glacial. Mais lajeune artiste peintre va bientôt découvrirque parfois le feu brûle sous la glace…

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Étreinte

Il y a des gens à qui tout sourit etd’autres qui ont le chic pour se mettredans des situations compliquées. J’aibeau mener une existence bien ordonnée,me réveiller deux heures avant le départ,traverser dans les clous et suivre lesrecettes de cuisine à la lettre, ilsemblerait que j’appartienne à cettecatégorie de personnes dont la vie esttoujours chamboulée par des imprévus.Voici mon histoire. Celle de marencontre avec Roman Parker, lemultimilliardaire le plus sexy de la

planète… et aussi le plus mystérieux !La mission que je me suis donnée :découvrir l’homme derrière lemilliardaire. Mais peut-on enquêter lejour sur le passé d’un homme quandcelui-ci vous fait vivre les nuits les plustorrides de votre existence ?

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Envoûte-moi

Qu’est-ce qui peut bien attirer TobiasKent, trentenaire multimilliardaire etcréateur de parfums renommé dans lemonde entier, vers Eleonor Stuart,étudiante en design rencontrée parhasard dans un restaurant branché deNew York ? Entre ses études à la fac,ses petits jobs et ses meilleurs amis, lavie d’Eleanor est déjà bien remplie.Hermétique à l’amour, fidèle à soncélibat de toujours, sait-elle que ledestin en a décidé autrement ? que sa vieva être bouleversée par une rencontre,

Amber James

LA CAPTIVE POSSÉDÉEPAR UN MILLIARDAIRE

Volume 2

1. Septième ciel

Je m’appelle Leah Windfield etdepuis trois jours il se passe de drôlesde choses dans ma vie. Si je m’en sorsindemne et que je ne suis pas devenue àmoitié folle, il faudrait peut-être que jesonge à écrire mon histoire.

Il doit être 14 heures, je me trouve àbord d’une limousine. Je suis vêtued’une tenue de collégienne, jupeécossaise et débardeur, que JulianStorm, le milliardaire qui a poussé monpère à se laisser mourir et qui a fait de

moi sa captive, m’a obligée à porter. Ilest à mes côtés, mais je ne peux pas levoir car mes yeux sont bandés. Si jen’avais pas visé cet homme avec unpistolet pour lui faire peur, je n’en seraispas là. Mais j’ai tiré, le coup est partialors que j’étais persuadée que l’armen’était pas chargée. Par bonheur, c’étaitune balle à blanc. Les caméras desurveillance de son bureau ontcependant tout enregistré et Julian en aprofité pour me prendre en otage. « Pourapprendre à se découvrir », m’a-t-ilprécisé !

Qu’est-ce qui lui prend ? Quecherche-t-il ?

Je me sens d’un seul coup fragile etimpuissante.

Des multiples enceintes du véhicules’échappent et se mêlent des voixgrandioses : c’est un air d’opéra deVerdi que mes parents écoutaientsouvent. J’ai l’impression étrange d’êtredans un film. Je me dis aussi quej’aimerais bien pouvoir contacter Mary,pour me confier et lui faire part de mesinquiétudes, mais cela n’est pasvraiment possible dans l’immédiat.

Difficile d’écrire un SMS àl’aveugle.

En attendant, je ne sais absolument

pas où Julian m’emmène. Etfranchement, ça commence àm’inquiéter. « J’envisage de te vendrecomme esclave au plus offrant. Ça te vacomme réponse ? » Voilà mot pour motce que Julian m’a annoncé, avant de mepousser sur la large banquette de cesalon roulant. Et sincèrement, non, cetteréponse ne me va pas le moins dumonde !

Je m’efforce de demeurersuffisamment impassible pour ne pas luilaisser deviner mon angoissegrandissante, mais je ne peux pasm’empêcher de me demandersérieusement si Julian Storm plaisantaitou non en évoquant la possibilité de me

vendre comme esclave.

Et si c’était vrai, après tout ?

À bien y réfléchir, je ne sais pasgrand-chose de lui. Ça fait trois joursqu’il me retient prisonnière. C’est à lafois beaucoup et pas assez pour cernerune personnalité dans toute sacomplexité. J’ai adoré la nuit dernièrequand nous avons fait l’amour d’unefaçon incroyable, mais ce fut un momentd’égarement. Nous n’étions pas nous-mêmes. Au bout du compte, on finittoujours par se réveiller… et puiss’effacent les rêves. On ouvre les yeux,on découvre le visage d’un homme quis’est déjà refermé et alors… bonjour la

réalité ! Et si Julian Storm était encoreplus redoutable que je ne l’imaginais ?

Je délire peut-être, mais il y a dequoi se poser des questions. Je mesurepeut-être un peu tard combien j’ai étéfolle de me laisser aller au point decoucher avec cet homme. Et j’ai beau mesentir bien comme jamais, la situationn’est pas claire. La belle voix de Julianme fait alors sursauter. Son ton est sidélicat que j’en frissonne.

– Est-ce que tu me fais confiance,Leah ?

Je me tourne vers lui, essayantd’imaginer son expression derrière mon

bandeau.

– Comment ça ?– Crois-tu sérieusement que

j’envisage de te vendre commeesclave ? Parce que si c’est le cas, jevoulais t’assurer que je plaisantais.

Malgré moi, je suis rassurée, il adeviné mon angoisse et je ne peuxm’empêcher de lui faire confiance. Maisje suis trop fière et je fais mine de nepas avoir cru un seul instant à cettemenace. J’adopte un sourireprovocateur, presque moqueur, genre« je n’ai peur de rien », et je lui répondssur un ton aussi léger que possible :

– Sans blague ? Tu m’en voisrassurée, monsieur Bluffeur !

Comme il ne répond pas, j’ajoute surle ton du défi cette fois :

– De toute façon, tu n’aurais pastrouvé un acheteur suffisamment riche.

Les doigts de Julian frôlent alors monépaule, puis replacent une mèche decheveux derrière mon oreille.

Seigneur, pas ça !

– C’est surtout qu’à mes yeux, tu n’aspas de prix, Leah, dit-il d’une voix quime fait chavirer.

Ce geste et ces mots, je l’avoue,m’atteignent en plein cœur. À bien yréfléchir, c’est la première fois queJulian me dévoile ses sentimentsprofonds. C’est au-delà de la séductionou d’un quelconque numéro de charme.Ce sont des mots qu’il n’a pas préparés.C’est venu comme un souffle. Et quelquechose me dit qu’il est sincère, je nesaurais expliquer pourquoi, je le ressensc’est tout. Mais je n’ai pas envie deflancher, je dois me reprendre. J’aidécidé de m’en tenir à ma décisionmatinale, à savoir demeurer intraitableet intouchable. C’est à moi de mener mabarque.

À moi de prendre la main.

– C’est très joli, Julian, mais çasonne faux.

Son silence face à ma répliqueblessante veut tout dire. Et je pense ànouveau qu’il était sans doute vraimentsincère en m’avouant la valeur qu’ilm’accorde.

Mais pas question de me laisseravoir.

– En tout cas, désolé pour cettemauvaise blague, Leah, chuchote-t-ilavec une désarmante délicatesse. Je mesuis permis de te placer ce bandeau parjeu, mais je ne pensais pas t’inquiéter. Etça m’aurait fait de la peine si tu avais

cru un seul instant que j’avais demauvaises intentions.

La main de Julian vient de se posersur ma cuisse et je suis incapable deréprimer des frissons.

Merde, qu’est-ce qui ne va pas chezmoi ?

Il y a une seconde à peine j’avaispeur et maintenant je ressens comme undésir incontrôlable, c’est grave ! Le faitd’avoir les yeux bandés semble décuplertous mes autres sens. Je respire sonparfum et le contact de ses doigts sur mapeau me rend toute chose. Je…

Non, non et non, pas question !

Ce n’est qu’un réflexe, oui c’estpurement physique. Encouragée par cettepensée salvatrice, je me dégage aussitôtde son emprise en me déplaçantvivement de côté sur la banquette.

– Ne me touche pas, Julian, ne metouche plus. Je ne t’appartiens pas !C’est compris ?

C’est sorti tout seul, c’était agressifet j’ai l’impression d’être une pileélectrique. Je serais capable de le gifler.Contre toute attente, Julian Stormn’insiste pas.

– Apprécies-tu les voyages dans lesnuages ? me demande-t-il posément.

Je lui réponds d’une voix peuassurée :

– Quels nuages ?

Sa voix se fait tendre, irrésistible :

– Les nuages dans le ciel, princesse.

C’est comme ça qu’il m’appelaitquand nous faisions l’amour ! Attentiondanger…

Je m’efforce de conserver moncalme, adopte un ton aussi neutre que

possible :

– Sois plus clair, s’il te plaît !– Un avion va bientôt décoller pour

une destination inconnue.– Qu’est-ce que tu racontes ?– Dans une dizaine de minutes, cette

limousine s’immobilisera sur une pisted’aérodrome, m’explique-t-il avec leplus grand naturel. Et nousembarquerons tous les deux à bord d’unavion.

Mon cœur loupe un battement. Unavion maintenant ! Depuis que j’ai poséles fesses sur le cuir confortable de cettelimousine, je suis comme embarquéedans le wagonnet de montagnes russes et

c’est de plus en plus oppressant. En fait,je n’ai jamais pris l’avion. Et ça me faitun peu peur, j’ai mes raisons.

– Ça n’a pas l’air de t’emballer,chuchote-t-il à mon oreille.

Je m’écarte encore de lui.

– Ne t’approche pas de moi, c’estcompris ? Et si tu veux tout savoir,l’avion ce n’est pas mon truc. Le frèrede mon père est mort à la suite d’uncrash aérien. J’évite depuis toujours cemoyen de transport.

Julian soupire, demeure un instantsilencieux, avant de répondre :

– Désolé pour ton oncle, mais c’est lafatalité. Il aurait pu tout aussi bienmourir en traversant la rue.

Je hausse les épaules.

– Tout va bien se passer, ne crainsrien. L’avion est l’un des moyens detransport les plus sûrs.

Oui, je suis au courant, monsieurJe-sais-tout ! Mais quand même !

Nous demeurons silencieux, nouslaissant emporter par les envoléeslyriques de Verdi. C’est vraiment beau.J’ai été bercée d’opéras quand je vivaisavec mes parents et j’en écoute encore

parfois pour me concentrer quand je suisdans mon atelier.

– En tout cas, je suis content det’offrir un baptême !

Pfff, il commence à m’agacer avecson calme et sa gentillesse. Il a l’air detrouver ça normal que j’aie les yeuxbandés. Que je sois soumise à sesmoindres désirs.

Merde, merde, et re-merde !

– Tu me prends pour qui, Julian ? Tucrois vraiment que je suis un jouet ?

– Je ne vois pas ce qui peut te fairepenser une chose pareille ! Si on doit

reparler du bandeau, je constate que tun’as pas vraiment lutté, Leah. Tespoignets ne sont pourtant pas liés. Alorsje me dis que tu aimes peut-être ça… Teprendre au jeu, te laisser diriger.

Pfff ! Je détourne la tête, dirigeantmon profil vers la vitre à traverslaquelle je ne peux rien voir. Ne pas luioffrir le loisir d’observer mon visageme rend cependant moins vulnérable.Cela dit, Julian a raison : rien nem’empêchait d’essayer de retirer monbandeau. Alors quoi ? Peut-être que çame plaît, ainsi qu’il le suppose.

– Dis-moi pourquoi tu asl’impression d’être mon jouet ? insiste-t-

il sur un ton amusé.– Achète-toi des lunettes, espèce de

sadique !

Là, j’ai franchement envie d’arracherce bandeau de mes yeux, de me jeter surce milliardaire capricieux, de le rouerde coups, de l’insulter, avant d’ouvrir laportière et de sauter en marche pourretrouver enfin ma vie d’avant. MaisJulian Storm me tient avec cette vidéode ma tentative d’homicide ! Je suispieds et poings liés. Et ça me rend deplus en plus dingue. Il doit sentir monagacement car il m’annonce alors d’unevoix calme et chaude :

– Je te retirerai bientôt ce bandeau,

Leah. De toute façon, tes yeuxcommencent à me manquer.

Arrête avec ça, tu veux ? J’en aimarre du baratin ! De toutes ces chosestrop compliquées…

– Tu sais quoi, Julian ?– Non, dis-moi. Je crains le pire,

mais dis-moi !– Je pense que tu es un grand malade

et ne le prends surtout pas comme uncompliment. Ta façon d’agir est toutsimplement celle d’un irresponsable.

Je l’entends presque sourire, puis ilrépond :

– Comme ça, nous sommes deux ! Lafille au pistolet et le mec au bandeau.C’est le début d’un roman à succès, j’ensuis sûr.

Son calme, son self-control, tout celame fait perdre mes moyens. Je voudraisêtre capable de trouver les mots qui fontmal, d’avancer les arguments quidéstabilisent mais je sais que d’unefaçon ou d’une autre, Julian Storm auratoujours le dernier mot. Et puis c’estvraiment très désagréable de s’adresserà quelqu’un les yeux bandés. On a cetteimpression décourageante que les motsn’atteindront jamais leur cible. On estsans repère avec une voix qui semblesans cesse vous échapper.

La limousine s’immobilise et moncœur s’emballe. Je ne vois rien, j’ail’impression de tout ressentirdifféremment. Le moindre son meperturbe et tous mes sens sont en alerte.Bientôt je vais me retrouver dans unavion et j’appréhende un peu.

Julian saisit ma main pour m’aider àsortir de l’habitacle. Une légère brisecaresse mon visage. Il ne fait pas froidmais je tremble et je me demande si jene suis pas en train de faire de latachycardie. Je fais quelques pas malassurés et je me sens vaciller sur letarmac.

– Suis-moi, Leah. Donne-moi la

main, tu veux ?

Je m’exécute et Julian me guide. Jesens son souffle sur mon front, il meretire enfin le bandeau.

– Et voilà, dit-il avec un air presqueenfantin.

La lumière du jour me fait cligner desyeux, puis je m’accoutumeprogressivement. Je découvre une foisde plus que le monde de Julian Storm estdécidément très éloigné du mien.

– C’est un Gulfstream G500 ! Je l’aiacheté sur les conseils de John Travoltaqui possède le même.

Autour de lui, tout n’est que luxe etconfort. Je me sens perdue,décontenancée, là debout, au pied de songigantesque jet.

Merde alors, tous les gens richesdoivent se retrouver régulièrement pourboire des coups avant de faire leurshopping !

Je détaille les formes de l’appareil. Ildoit faire près de 30 mètres de long.

– Pas mal, j’avoue !

Julian rit, avant de me couper lesouffle :

– Ton pilote s’impatiente, Leah.Allez, monte à bord.

– Tu veux dire que c’est…– Oui, j’adore voler.

Il a combien de surprises encoredans sa pochette ?

– Tuer, emprisonner, voler, tu saistout faire ! Qu’est-ce que tu préfères ?

Julian soupire et se contente derépondre :

– C’est toi qui me tues, Leah, tu esincorrigible.

Je hausse les épaules et j’ajoute l’air

de rien :

– Au fait pour John, si tu peuxm’obtenir un autographe, Mary estdingue de cet acteur.

Il acquiesce et m’invite à emprunterles marches intégrées à la ported’embarquement.

Je réprime un frisson avant depénétrer dans le Gulfstream. Derrièremoi, Julian verrouille le sas d’accès. Jem’aperçois alors qu’il vient de déposerun petit sac de voyage sur un siège. Ilcapte mon regard, m’adresse un petitclin d’œil et annonce :

– Ce sont des vêtements pour que tupuisses te changer tout à l’heure avantl’atterrissage. Tu vois, Leah, je ne suispas si pervers !

– Je te le dirai quand j’aurai vu cequ’il y a dans ce sac, Julian, pas avant !

Mon ton est un peu cassant, mais çame fait secrètement plaisir qu’il aitpensé à ça. Je ne me voyais pasdébarquer je ne sais où à moitiédéshabillée. En tout cas, il était supermignon son clin d’œil. Julian esquisseun sourire et me déclare d’une voixchaude :

– En attendant, mets-toi à l’aise etboucle ta ceinture.

Oh, non, ça veut dire que je vais meretrouver seule à l’arrière.

– Détends-toi, ajoute Julian. Je doischecker avant le décollage.

Tu as intérêt à bien checker parceque moi je suis trop jeune pour mourir.

J’éprouve un étrange sentiment. Jesuis à la fois excitée d’être seule dans unavion privé avec Julian Storm et… trèsmal à l’aise. Il y a de la place pour aumoins 20 personnes. Je ne sais pas oùm’installer. Je me demande quelle est lazone la moins dangereuse en cas decrash.

Au son des réacteurs, je me force àconserver mon calme. Tout ce vacarmemécanique m’impressionne et me donnele vertige.

Seigneur, je veux descendre, s’il teplaît !

La voix de Julian m’extirpe de mespensées :

– Leah ?

Mmm, j’aime sa façon de prononcermon prénom…

– Quoi ?– Je me disais que tu pourrais peut-

être me rejoindre dans le cockpit etjouer le rôle de copilote !

Je suis pétrifiée par cette proposition.

N’importe quoi, c’est complètementfou…

D’abord, je ne suis pas vraimentrassurée et puis je suis résolue à ne pluslui obéir. Mais en même temps, c’estvraiment… tentant !

Je dois y aller, je n’aurai pas tousles jours une telle occasion…

J’hésite encore un instant, avant deme faire la réflexion que je préfère être

copilote plutôt que passive et seule dansmon coin. Motivée par cette pensée, jele rejoins enfin.

Calée dans mon siège enveloppant,j’observe Julian procéder auxvérifications d’usage. Il a l’air tellementà l’aise et… heureux !

Mince, c’est impressionnant. Tousces boutons, toutes ces commandes…

– Comment tu fais pour te souvenir detout ? Il y a tellement de trucs àbidouiller !

Julian me sourit :

– C’est une question d’habitude. Maisce n’est pas du « bidouillage », c’estassez précis au contraire.Heureusement !

– Et c’est vraiment normal tout cebruit ?

– Ce sont les réacteurs, Leah. Ils sontalimentés par deux moteurs Rolls-Royce. Ce qui autorise une vitesse decroisière assez raisonnable.

– C’est-à-dire ?– Autour de 800 kilomètres à l’heure,

mais on peut aller jusqu’à Mach 0,85.– Et c’est quoi Mach 0,85 ?– Un peu plus de 900 kilomètres à

l’heure !

Je hoche la tête. Ma vitesse maximum

jusqu’à présent, j’ai dû l’atteindre dansmon vieux break Volvo et elle devait sesituer autour des 140 kilomètres àl’heure. Je vais défaillir, je crois.

Julian passe un casque micro etconverse un instant avec la tour decontrôle puis il engage le jet sur la pisteoù il l’immobilise. Je tourne les yeuxvers mon pilote.

– Et maintenant, Julian ?– On attend l’autorisation de

décoller, princesse.

Il m’offre un sourire à tomber et ilajoute sur un ton à la fois enjoué etrassurant :

– Ensuite, le ciel est à nous !

Mon Dieu, il est à la fois tellementdoux et maître de lui-même ! Et si…sexy !

Au bout de quelques minutes qui mesemblent interminables, une voixnasillarde résonne dans le cockpit. Lesourire de Julian s’agrandit et jecomprends que tout est OK pour ledécollage.

– C’est parti, tu vas adorer !

Je hoche la tête tandis que leGulfstream accélère sur la piste. Moncœur bat à tout rompre, le tarmac défile

de plus en plus vite sous les roues du jet.Une question stupide me vientbrusquement à l’esprit et je ne peux pasm’empêcher de m’exclamer :

– Tu as pensé à faire le pleind’essence ?

Julian éclate de rire.

– Oui, ne t’inquiète pas ! Il y asuffisamment de kérosène pour faire aumoins 10 000 kilomètres. Près de quatrefois plus qu’il n’en faut pour atteindrenotre destination.

Notre destination doit donc se situerdans un rayon de 2 500 kilomètres

environ… Et alors tout s’accélère. Unesensation de poussée indescriptible.Et… jouissive ! C’est inexplicable, jeviens de passer de l’angoisse au plaisiren quelques secondes à peine.

– Welcome in the sky ! s’écrie Juliantandis que nous arrivons en bout depiste.

Quand le jet décolle enfin, j’ail’impression que c’est ma vie quidécolle.

– Oh, merde, c’est…– Comment, Leah ?– Non, non, rien ! Vole, Julian…

Il acquiesce en souriant et j’ouvregrand les yeux pour admirer lespectacle. Je ne sais pas ce qui m’attendmais je sais qu’il est trop tard pour fairemachine arrière. Je dois simplementprofiter de l’instant présent… Et c’estassurément un instant pas comme lesautres. Pour le reste, je me rassure en merépétant cette phrase que j’affectionneparticulièrement : « Demain est un autrejour… »

Et dans quelques jours, quoi qu’ilarrive, d’une manière ou d’une autre jeserai libre.

Pour l’instant, je suis dans les nuages.C’est la première fois. C’est mon

baptême… Je suis au septième ciel.Avec Julian Storm. Et j’aime ça.

2. Vous savez siffler,n’est-ce pas ?

– Ça te plaît, Leah ?

Je hoche la tête, incapable derépondre à la question de Julian. Ilm’offre un sourire lumineux d’un airentendu.

Oh, si tu savais comme il est beauton sourire… Et oui, oui, oui ça meplaît à mort !

Les mots ne veulent pas sortir,l’émotion m’étrangle et 1 001 penséesdansent dans ma tête. J’ai encore tant demal à y croire, c’est pourtant la réalité.Je suis dans un avion, pour la premièrefois de ma vie. Je peux voir les nuages àtravers la vitre du cockpit et je suis auxcôtés du pilote.

Le plus beau pilote du monde…

Je n’ai plus peur, je suis comme uneenfant qui découvre un manègeexceptionnel. Oubliées les rancœurs,oublié le désir de vengeance…

Pour l’instant tout du moins…

Je veux en profiter et graver tout celadans ma mémoire. Je ne pense qu’àperdre mon regard dans cet océand’altitude, dans ce ciel bleu peuplé depetits cumulus qui évoquent desmorceaux de coton que nous traversonscomme dans un rêve.

Il se passe quelque chose en moi.Oui, quelque chose est en train dechanger dans ma vie. J’observe le beauprofil de Julian. Sait-il à quel point sonprofil est… hallucinant ?

Il se tourne instinctivement vers moi.

– Tu sais, Leah, quand je suis dansles airs, c’est un avant-goût de paradis.

Ça se voit dans tes yeux, Julian, ças’entend dans ta voix.

Il a l’air si heureux tout d’un coup !Et moi aussi je le suis… Nous necessons d’échanger des regards tendreset chauds à la fois. C’est comme dudésir en ébullition qui brasille dansl’espace de la cabine de pilotage.

– Tu devrais quand même surveillerla route, non ?

Julian rit :

– J’adore cette phrase, Leah. Noussommes à plus de 5 000 mètresd’altitude, en plein ciel, et tu me parles

de surveiller la route comme si nousétions en train de rouler sur uneautoroute du Texas.

Je lui souris, mais j’insiste :

– Quand même, il pourrait y avoir unautre avion en face ou que sais-je ?

– Nous empruntons des couloirsdifférents, Leah. Il n’y a aucun risque.De plus, ce petit bijou est équipé du necplus ultra en matière de navigation.Système de vision améliorée, radar,caméra infrarouge projetant l’image dela vue avant sur un collimateur tête hauteet j’en passe et des meilleures. Tu esrassurée ?

Je hoche la tête, je n’ai strictementrien compris à son charabia, mais ça al’air plutôt sérieux. Je respire un peu etme détends. Je suis de plus en plusimpressionnée par la maîtrise de Juliandans tous les domaines. Il ne s’emportejamais, a réponse à tout, fait l’amourcomme un dieu. Et en ce moment, sousmes yeux, il pilote son énorme avioncomme s’il était sur un vélo et celaaiguise inconsciemment mon envie delui.

Qu’est-ce qu’il ne sait pas faire ?Quelles sont ses lacunes ?

J’essaie de garder la tête froide, maisce n’est pas facile. Je suis très partagée.

D’un côté, je me tiens à quelquescentimètres d’un homme magnifique quine cesse de m’étonner. D’un autre côté,je suis sa prisonnière. Ces sentimentsdifférents se carambolent dans moncerveau troublé. Et une questionlancinante revient sans cesse cogner àmon esprit : je me demande en effet ceque Julian Storm attend vraiment de moi,j’aimerais comprendre pourquoi cethomme m’a embarquée dans ce voyagepuisqu’il ne compte pas me vendrecomme esclave.

– Dis-moi, Julian, dis-moi où on va !Et ce que nous allons y faire ?

– Tu verras une fois sur place, petitecurieuse. Pour le moment, profite de ton

baptême de l’air !

Pourquoi est-il toujours si évasif ?

Je n’ai pas le loisir de me poser pluslongtemps la question car Julian passesubrepticement sa main dans mescheveux. Encore un geste délicat qui mesurprend agréablement et auquel je suisloin d’être insensible.

Comment vais-je m’en sortir s’il mefait des choses comme ça ?

Pour être honnête, à cet instant précis,j’aimerais assez qu’il aille plus loin.Oh, je m’en veux vraiment d’être sichangeante ! Je me donne pourtant des

excuses en me disant qu’il s’agitcertainement de l’ivresse de l’altitude.

Et la nuit dernière c’était l’ivressedu champagne ! Il va falloir se calmeravec l’ivresse…

Je feins l’indifférence pour garder unminimum de contenance. J’efface lesimages très chaudes qui traversent monesprit. La séance photo dans le salon, lamusique, ce jeu de séduction, le canapéet nos corps mêlés, la sueur sur le front,le long des reins, le dialogue excitantdes gémissements, le plaisir à répétition.Un pur truc de dingue, si nouveau dansma vie…

Mmm, j’ai aimé qu’il me possède. Etje voudrais encore…

Je ferme les yeux, je fais appel àtoutes mes forces intérieures afin deparvenir à me concentrer sur autrechose. Le ciel, immense, me faitbizarrement penser à ma future toile encours de création. Mon atelier memanque. Et l’odeur des produits. Lecouteau sur la toile et les couleurs qui semélangent. Ma vie de tous les jours memanque un peu même si je suis en trainde vivre des moments singuliers.

Je me calme encore en me disant queJulian est en train de piloter et qu’il nepeut pas faire deux choses à la fois.

J’espère de tout mon cœur qu’il ne vapas se mettre en mode pilotageautomatique pour avoir les mains libreset essayer de me faire craquer. J’auraistrop peur. Pas vraiment de lui, plutôtd’une panne de système électroniqueavec crash à la clé. Et puis j’ai toujoursété une fille tenace. Je veux vraimentm’en tenir à ma décision : ne plus céderà ses avances.

Je lisse les rebords de ma jupeécossaise et me rends compte à nouveauque Julian m’a purement et simplementdéguisée. Ce qui me donne l’occasiond’essayer de reprendre une contenance.Sur un ton de reproche, je lui demande :

– Tu pourrais me donner la raison dece choix étrange ?

– De quoi parles-tu ? demande-t-ilsans m’adresser le moindre regard.

– Cette tenue ridicule, Julian, cedéguisement d’écolière ! Tu as besoin deça pour être excité ?

Julian se tourne vers moi et meréplique avec un air presque indigné :

– D’abord, tu n’es pas ridicule danscette tenue. Ensuite, tu n’as pas besoind’être habillée comme ça pourm’exciter, crois-moi !

– Alors pourquoi ? Pour jouer ? Pourm’humilier ? Pour me soumettre ?

Julian retrouve son sourire qui tue etse mord la lèvre inférieure :

– Mmm, te soumettre, princesse. Rienque d’y penser, je…

Je l’interromps direct :

– Stop, dis-moi pourquoi. Ne changepas de sujet, j’aimerais comprendre.

Julian soupire et se tourne enfin versmoi :

– Pour le plaisir des yeux, toutsimplement… Et peut-être aussi ensouvenir de l’université.

Je ne peux pas m’empêcher de rire :

– Tu étais super moche et aucune fillene voulait de toi, c’est ça ?

Julian rit à son tour, avant de sereprendre pour me répondre :

– Disons plutôt que j’ai passé tantd’heures à étudier pour réussir que j’airaté des occasions, alors je me rattrape !

– Et tu te rattrapes avec taprisonnière ? C’est plutôt lâche de lapart d’un homme qui se prétendgentleman.

Julian sourit imperceptiblement maisil demeure silencieux. On dirait parfois

qu’il possède un crédit limité deréponses et qu’il en gère l’utilisationcomme s’il s’agissait d’un compte enbanque. Il semble qu’à ses yeuxcertaines questions peuvent se passer deréponses. Il est du genre à tourner septfois sa langue dans sa bouche. Je penseencore qu’il a décidé de prendre sontemps avec moi. Il se dévoile peu à peu,avec lenteur. C’est un homme qui n’arien à prouver. S’il ne cesse dem’étonner, il n’a pas besoin de longsdiscours pour le faire. Et secrètement,même si son côté laconique a tendance àm’exaspérer, j’apprécie assez qu’il n’enfasse pas trop. Bien que je sois un peufrustrée de ne jamais savoir sur quel

pied danser, je lui suis secrètementreconnaissante de sa délicatesse. Il abeau m’obliger à vivre une situation peuordinaire, il ne me manque jamais derespect. Même quand il m’a prise avecfermeté, la nuit dernière, il étaitconcentré sur mon plaisir. Beaucoupd’hommes à sa place auraient profitésans vergogne de la situation. Pas JulianStorm. Il est…

Stop, je dois arrêter avec tout ça. Jene veux pas d’une love-story avec unStorm.

Je suis fatiguée d’osciller sans cesseentre le cœur et la raison. Par bonheur,Julian évoque alors un sujet qui brise

quelque peu l’étrange intimité qui nousencercle.

– Il faudra vraiment que ton amieMary fasse attention, Leah. John a eul’occasion de s’entretenir avec sonfiancé et il a de mauvais pressentiments.

Je hausse les épaules et répliquesèchement :

– Mary est une grande fille, Julian !Arrête de te mêler de tout, veux-tu ? Ellesaura très bien se défendre toute seule.

Julian hoche la tête mais il n’a pasl’air convaincu.

– Je dis juste ça par expérience. Jesais que les gars comme ce Winston sontcapables de tout quand il s’agit d’argent.

Je n’y crois pas !

– Désolée, mais là c’est carrémentl’hôpital qui se fout de la charité !

Je me rends compte un peu tard quemon ton était très cassant. Julian sembleperdu dans la contemplation du ciel etdes nuages. Son nez frémit, son front seplisse, il est touché, je l’ai blessé. Si jem’en veux un peu, je me rassure en medisant qu’il ne l’a pas volé.

Il a tout de même un sacré culot de

me mettre en garde à propos des petitstrafics de Winston, lesquels sont sanscommune mesure avec les siens. Jerepense à notre galerie familialerécupérée par des financiers pour yimplanter une maudite pizzeria. Jerepense à mon père qui s’est laissémourir. Je repense à cette blessure quime torture chaque jour depuis le drame.Alors franchement, je ne vais pas avoirpitié de l’air triste qu’affiche en cemoment même ce milliardaire qui nel’est certainement pas devenu ens’embarrassant de scrupules.

Je ferme les yeux, je revois sinettement le sourire de mon père quandtout allait encore bien. Et cette image me

déchire le cœur. Je m’en veuxterriblement de me retrouver dans cettesituation, en proie à cet affrontementpsychologique qui ne cesse de me fairechanger d’avis.

Quel est mon rôle dans ce jeu dontles règles m’échappent ?

Je suis plus que désorientée. Jevoudrais m’endormir et me réveillerchez moi. Dans ma vraie vie. Je rêved’un petit déjeuner avec Mary à discuterde choses et d’autres. Et puis, jem’habillerais avant de me rendre àl’atelier. Mais, je suis là, embarquéedans un jet qui file vers je ne sais où.J’ai fait des folies avec ce type, je suis à

bord de son joujou volant à frissonnerdès qu’il me frôle ou qu’il me dit deschoses touchantes, alors que hier encoreje désirais me venger de tout le malqu’il a fait à ma famille.

Pardonne-moi, papa, je n’avais pasle choix. Ce salaud m’a prise à monpropre piège.

– Tu es parfois très dure, souffle-t-il.

Il a prononcé ces mots si faiblementque j’ai failli ne pas les entendre. Sansle regarder, je réponds simplement :

– C’est la vie qui m’a rendue commeça. Je ne…

Je suis interrompue par destremblements qui secouent l’avion avecviolence.

– C’est quoi, ça ? !

Le souvenir de mon oncle décédédans un crash aérien me revient enpleine face.

Ça n’arrive pas qu’aux autres !Putain, j’en étais sûre. Non, non, pasça !

La carlingue malmenée du Gulfstreamsemble prise au piège d’un monstreaérien décidé à nous pulvériser. C’estune sensation atroce. D’autant plus que

Julian demeure silencieux et concentré.Une seule chose me sauve de la crise denerfs, c’est qu’il n’a pas l’air plusétonné que cela. Il fait même preuved’un calme olympien.

Mon estomac quant à lui fait du yoyodans mon ventre. Et, sans réfléchir,j’agrippe la cuisse du pilote d’une mainferme.

Qu’est-ce qui se passe, pourquoi çane s’arrête pas ?

La voix posée de Julian répondmiraculeusement à mes interrogations.

– Je vais stabiliser l’appareil, tout va

bien. Cela dit, tu n’es pas obligée defaire tes griffes sur ma cuisse !

Ces quelques mots me font un bienimmense. Grâce à son self-control et àson humour, je décompresse un peu.

– Nous traversons une petite zone deturbulences, Leah. Ça va bientôts’arrêter.

– C’est… c’est quand bientôt ?

Julian vérifie des données sur unécran.

– Trente secondes, tout au plus !

Les trente secondes les plus longues

de ma courte vie…

Je revois mon enfance, les vacancesavec mes parents, les premiers baisersen cachette avec mon amoureux encolonie de vacances, mes annéesd’université… et je revis la sensationmerveilleuse de ma première toileachevée. Et si c’était fini, ma vie ?

Non ! C’est impossible que toutfinisse maintenant…

Je manque de pousser un hurlementde joie quand le jet se stabilise enfin.Julian m’adresse un bref sourire :

– Tu vois, Leah.

Je hoche la tête en souriant à montour et je retire ma main de sa cuisse.J’ai un peu honte d’avoir cédé à cetteimpulsion. Mais j’étais si inquiète. Cen’était qu’un réflexe.

– Désolée pour ta cuisse. C’est justeque…

– Chut, m’interrompt-il. Ce n’étaitpas du tout désagréable. Je te proposed’aller te détendre à l’arrière. Je t’aichoisi un film, tu n’as plus qu’àt’asseoir, te servir une boisson fraîche etappuyer sur la télécommande.

Je hausse les sourcils.

– Le trajet va durer encore

longtemps ?– Le temps d’un film, Leah !

chuchote-t-il. Tu n’aimes pas lecinéma ?

Si ! Bonne idée après tout, cesémotions m’ont vidée.

Je hoche la tête et rejoins la cabinequi fait la taille de l’appartement que jepartage avec Mary. C’est dingue !Pourquoi a-t-il choisi un si gros avion ?Il faudra que je pense à le lui demander.

Plus tard ! Pour l’instant je me pose.

Confortablement installée dans unfauteuil couchette, j’esquisse vaguement

l’idée de me changer, mais je n’ai pas lecourage de passer à la pratique. Je m’enoccuperai plus tard. J’enclenche lelecteur de DVD. Je bâille en regardantle lion rugissant de la Metro-Goldwyn-Mayer. Et sur l’écran large apparaissentles premières images du film.

Je suis littéralement saisie parl’émotion.

Comment a-t-il su ? Quelqueshommes ont essayé de me faire craqueravec Love Actually, mais jamais avec…Le Port de l’angoisse !

Je n’en reviens pas, je suis justescotchée. Ce chef-d’œuvre fait partie de

mon top 5 ! Combien de fois me suis-jeimaginée répliquant à l’homme de mavie cette fameuse phrase prononcée parla sublime Lauren Bacall à l’intention del’inoubliable Humphrey Bogart : « Vousn’êtes pas obligé de dire quelquechose… Ou peut-être simplement siffler.Vous savez siffler, n’est-ce pas ? »

Malheureusement, l’occasion de fairema Lauren ne s’est encore jamaisprésentée. Il faudrait tant de conditionsréunies pour que cette fameuse répliquene tombe pas comme un cheveu sur lasoupe. Il faudrait un timing bien précis etbien souvent cela n’arrive qu’au cinéma.Dans les grands films d’amour. La vraievie tourne bien plus souvent au drame

psychologique, j’en sais quelque chose.En tout cas, c’est quand même génial derevoir Le Port de l’angoisse à plus de5 000 mètres dans le ciel. Je souris englissant un peu plus sur la banquette,émerveillée par les images de mon filmchéri.

Je ne crois pas aux signes, maisc’est quand même assez troublant.

Ce Julian Storm ne cesse de mesurprendre.

Et si j’arrêtais d’y penser ? Si je mecontentais de profiter du spectacle ?

Je m’étire sur mon siège en soupirant

d’aise. Je suis dans un jet demilliardaire, mes bras nus étendus surles accoudoirs. Je revois pour la énièmefois le film qui m’a donné envie d’êtreamoureuse un jour. Et je frissonnelégèrement chaque fois que je me penchesur le côté et que mes yeux se posent surla nuque de mon pilote. Je me laissealler, je me sens lourde. Un poids pèsepeu à peu sur mes paupières. La voixinimitable de Lauren Bacall me berceirrésistiblement…

3. Bienvenue àMexico !

Je soulève les paupières au son de lavoix rauque et enveloppante de Juliandiffusée par les haut-parleurs de lacabine.

Mmm, il y a pire comme réveil.

– Ladies and gentlemen, nous venonsd’atterrir sans encombre à l’aéroportBenito Juárez de Mexico. Votrecommandant de bord espère de tout

cœur que vous avez effectué un agréablevol. Il est 20 heures, heure locale, latempérature est de 24,5 °C. Le vol retours’effectuera demain, au petit matin. Jevous souhaite un merveilleux séjourdans cette ville incroyable.

Mexico, c’est fou, on est à Mexico !

Je me souviens de m’être endormieau milieu du film. La tension sans doute.Je me suis laissée aller. J’étais bien. Lavoix de Lauren Bacall me berçait, c’étaittrop bon. Et je dormais si profondémentque je ne me suis même pas renducompte que nous atterrissions. Pas malpour un premier vol !

Chapeau pour cet atterrissage endouceur, commandant Storm !

Je m’étire et Julian me rejoint.

– Alors, ce film ?– Pas mal !– Pas mal ? fait-il mine de s’étonner

tout en souriant.

Je hoche la tête et je change de sujetsans prêter plus d’attention à sa mimiquede satisfaction. Il commence à meconnaître, mais pas question de luiavouer à quel point il m’a troublée etenchantée en choisissant mon filmpréféré.

– Bon ! Qu’est-ce qu’on fiche àMexico, Julian ?

Il se passe la main dans les cheveuxen me répondant.

– J’aime cette ville pour plusieursraisons. Je vais d’abord te présenterquelqu’un de très important… et puis jet’ai préparé une petite surprise.

C’est une manie de vouloir toujoursme faire des surprises ?

En tout cas, quand on prétend que denos jours les hommes ne font plusd’efforts pour étonner les femmes, jepourrais signer sur-le-champ un

document officiel garantissant qu’ilexiste des exceptions.

Je quitte mon siège et ouvre le petitsac de voyage que Julian a laissé à monintention. J’y découvre des dessous ainsiqu’une jupe, un chemisier en soie, unshort en toile noire et un débardeur encoton de la même couleur. Il y a mêmeune paire de sandales à fines lanières.J’interroge Julian du regard pour savoirquelle tenue m’est destinée aujourd’hui.

– Compte tenu des heures que nousallons passer à Mexico, propose-t-il,j’avais pensé à une tenue sport etconfortable.

Je hoche la tête, me saisis du short etdu débardeur, puis je m’éclipse dans lestoilettes. Je fais un brin de toilette, mechange et rejoins Julian qui mecontemple avec un sourire éclatant. J’airechaussé les Converse plus adaptées àmon look du moment.

– Alors, dis-je, quel est le verdict ?– Tu es belle dans cette tenue

décontractée. De toute façon, Leah, toutte va !

Merci du compliment, monsieurStorm.

J’esquisse une révérence et Julian ritavant d’ouvrir le sas de sortie du

Gulfstream. J’ai à peine posé le pied surla première marche du petit escalierqu’une sensation de chaleur me caresse.L’air est sec et assez pollué. Au pied dujet, une limousine qui doit mesurer pasloin de sept mètres de long nous attendsur le tarmac.

À ce train, je vais finir parcontracter des goûts de luxe !

Julian descend aussitôt à la rencontred’une splendide créature. Une grandebrune aux cheveux soyeux qui luidescendent jusqu’aux reins. Son regardest de braise. Elle a la trentaine et elleest magnifique !

Ils se serrent un instant l’un contrel’autre. Et je ressens aussitôt unpincement de jalousie à les voir siproches. Ça me fait mal de l’avouermais ce serait vraiment malhonnêted’oser prétendre qu’ils ne forment pasun couple à couper le souffle.

Si Julian m’a forcée à faire près3 000 kilomètres en avion pour meprouver qu’il connaît de jolies femmes,ce n’était pas la peine de se donner tantde mal et de dépenser tous ces litres dekérosène. Pourquoi se montrer sidispendieux pour m’informer de ce quej’ai déjà pu vérifier en naviguant surGoogle ? On y trouve des centaines dephotos de bombes atomiques pendues au

cou puissant de Julian Storm.

Julian me fait un signe et je lesrejoins.

– Leah, j’ai l’honneur de te présenterJennifer Marquez. Jennifer, j’ai leplaisir de te présenter Leah Windfield.

Je serre la main de la belleMexicaine tout en songeant quej’apprécie le choix des termes employéspar Julian. Comment ne pas aimersecrètement le fait d’être associée aumot plaisir ?

La voix chaleureuse et mélodieuse deJennifer caresse mes tympans. Nous

nous jaugeons, ses yeux sont immenseset je me dis que bien des hommes ont dûs’y perdre.

– Le temps d’aller récupérer undocument à la tour de contrôle et je suisà vous. Installez-vous dans la limousineet servez-vous à boire. Il y a tout cequ’il faut dans le frigo.

Je la regarde s’éloigner vers unbâtiment haut perché. Elle est justeravissante. Même sa façon de marcherest un régal pour l’œil ! Je me mords lalèvre inférieure. Je me tourne vers Julianet l’observe avec un air provocant :

– Une conquête parmi tant d’autres ?

Il sourit avant de lâcher d’un tonassez sec, à la limite de l’agacement :

– Crois-le ou non mais Jennifer estune amie d’enfance. Je sais bien quecertains ne croient pas l’amitié possibleentre un homme et une femme, maisj’emmerde un peu ces gens-là.

Waouh, c’est rare quand JulianStorm laisse échapper un mot moinspoli qu’un autre !

Et ça le rend très humain. J’aimequand les mots sortent telles dessensations immédiates.

Il poursuit :

– Je ne saute pas sur tout ce qui porteune jupe. Et j’ai trop de respect pour lesbelles relations. Alors oui, nous sommesd’accord ! Jennifer est magnifique. Maisnon, je n’ai pas joué au démineur avecelle.

Je hoche la tête, je ne sais pas quoirépondre. Il n’y a rien à dire en fait.C’était une réponse à la fois calme etferme et j’ai envie de le croire. Et jesuis secrètement flattée qu’il ait éprouvéle besoin de se justifier sur ce point.Comme si…

Je me calme, d’accord !

Tout au long du trajet qui nous

conduit vers Santa Fe, le quartier desaffaires où se trouvent les bureaux deJennifer Marquez, Julian prend le tempsde m’expliquer le rôle important quetient son amie dans l’Accord de libre-échange nord-américain et dans laprévention des tremblements de terre etautres catastrophes naturelles telles queles tornades, courantes dans la région.Tout en l’écoutant je me demande siJennifer sait qui je suis. Croit-elle que jesuis une journaliste pour qu’ilm’explique tout de façon si détaillée ?Je serais assez curieuse de découvrir ceque Julian a pu lui raconter à monpropos.

– Il y a eu deux gros séismes au

Mexique, Leah. Le premier en septembre1985 et le deuxième en mars 2012. AvecJennifer nous avons lancé différentesopérations pour tenter de se préparer aumieux à ce genre de situationsdramatiques.

C’est bien joli tout ça, mais je medemande toujours pour quelle raisonprécise Julian me présente cette femme.Si c’est pour me raconter ce qu’il faitavec elle, nous aurions pu tout aussi bienrester à Los Angeles et discuter surSkype. Je pressens cependant au fil desexplications de Julian que cette femmeest une personne très importante dans lavie du jeune milliardaire et qu’il luiapparaissait essentiel de me la présenter

dans le contexte.

Les sourires de Jennifer me mettenten confiance. Elle est chaleureuse,bienveillante. Nous écoutons Julian quin’a jamais autant parlé devant moi. Etj’apprends de quelle manière ilss’impliquent tous deux dansl’amélioration des conditions de vie auMexique. De temps à autre, Jennifer sejoint à Julian pour m’exposer des faitsque j’ignorais totalement.

– Julian n’exagère pas, Leah. Enraison d’une démographie galopante, lamégapole mexicaine est l’une des pluspeuplées au monde. Associée à uneexcessive concentration industrielle,

cette surpopulation occasionne uncertain nombre de problèmes urbains.

– La misère et la pollution en fontpartie intégrante, précise Julian, l’airgrave.

– Bref, la route est encore longue,avoue Jennifer. Je travaille jour et nuitsur ces dossiers. Et Julian m’aidebeaucoup depuis plus de trois ansmaintenant.

Ils se sourient tendrement. Je peuxsentir qu’une belle histoire les unit, uneaventure humaine qui me dévoile unJulian inattendu, apparemment soucieuxdes problèmes d’autrui. Ce qu’il m’ad’ailleurs déjà prouvé à sa manière ens’occupant du petit ami de Mary. Et de

Katia aussi.

– Un jour, explique Julian, j’ai reçuun appel de Jennifer. Nous nousconnaissons depuis l’enfance car j’ailongtemps vécu au Mexique avant dem’installer à Los Angeles pour menermes affaires. Un jour, Jennifer m’a donctéléphoné pour me proposer dem’impliquer dans ses actions.

– Et il n’a pas hésité un seul instant,Leah. Je me cognais contre un murd’incompréhension depuis des mois.Julian m’a permis de le casser.

Ils se sourient à nouveau. S’ilsn’étaient pas que des « amis », j’auraisde quoi nourrir ma jalousie pendant

plusieurs saisons.

La limousine s’immobilise enfin aupied d’un immense immeuble de verre etd’acier.

– Sur ces belles paroles, je doism’absenter une petite heure, je vouslaisse toutes les deux, j’ai quelque choseà organiser. Merci de prendre soin deLeah, Jennifer.

– C’est promis, beau gosse !

Julian adresse un clin d’œil àJennifer et se mord subrepticement lalèvre inférieure en croisant mon regard,avant de disparaître. Et je me retrouveseule avec la belle Mexicaine.

Nous rejoignons son bureau qui sesitue au dernier étage de la tour. Elle sedirige vers un bar et me propose quelquechose à boire. Je ne sais pas quoirépondre, je ne sais pas où j’en suis et jene sais pas quoi boire. Me sentant unpeu perdue, Jennifer me propose unMartini Dry.

Je hoche la tête.

Va pour un Martini !

Au fil de la conversation qui s’ensuit,j’apprends que depuis leursretrouvailles Julian s’est juré de faire ensorte que le Mexique soit mieux préparéà d’éventuels futurs séismes et mieux

équipé face aux ravages des fréquentestempêtes.

– Il œuvre toute l’année pour récolterles fonds nécessaires à la réalisation decette mission. D’où les ventes régulièresd’objets d’art aux quatre coins dumonde.

– Vous voulez dire qu’il reverse unepartie des bénéfices pour mener à bienvos opérations ?

Jennifer boit une gorgée de MartiniDry, avant de m’offrir un sourirerenversant :

– Mieux que ça, Leah ! Julian reversel’intégralité des bénéfices à la fondation

que nous avons créée voici trois ans.

Je n’en reviens pas. Jennifer doit meparler de quelqu’un d’autre. L’hommequ’elle évoque ne peut pas être Julian.

Ça se saurait quand même !

Et pourtant, plus nous parlons plus jecomprends qu’il existe fortprobablement un Julian dont je nesoupçonnais pas l’existence. Ce qui mefascine c’est que tout cela n’estmentionné absolument nulle part. Bref, Iln’en tire apparemment pas la moindregloire.

Jennifer évoque le programme de

recherche auquel ils participent et quidevrait permettre de prévenir ledéclenchement d’un séisme avecplusieurs minutes d’avance par le biaisdes téléphones portables. Et moi je melaisse emporter par ce récit de la viesecrète de Julian Storm. J’apprends queJulian s’est investi dans l’évolution decette application révolutionnaire et qu’ilinjecte des sommes considérables – dontles fameux bénéfices des ventesd’œuvres d’art qu’il organiserégulièrement – tant pour le programmemené par Jennifer que pour lareconstruction aux normes de certainsbâtiments. Et notamment les écoles dansles bidonvilles.

Je suis subjuguée et ne comprendspas pourquoi Julian ne m’a rien dit.D’un autre côté, je suis tellementbraquée qu’il a dû penser que des faitsseraient plus parlants que de bellesparoles. Et les faits sont là. Je peux lesvoir briller dans le regard de Jennifer.Et je peux deviner dans ses attitudes, sessourires et ses paroles que la Mexicainevoue un immense respect à Julian.

Je ne peux pas m’empêcher demontrer mon étonnement :

– Il ne m’a jamais parlé de tout cela,pas une seule fois !

– Je ne sais pas depuis combien detemps vous vous connaissez, Leah, mais

de toute façon Julian est un hommesecret. Il n’est pas du genre à se justifier.C’est juste quelqu’un de bien quiprivilégie les actions aux beauxdiscours. De plus, il déteste se mettre enavant. Il fait tout cela parce qu’il y croit.Pour m’aider et pour le salut duMexique.

– Et moi qui pense depuis toujoursqu’il n’est qu’un salaud sans cœur, un…

Jennifer m’interrompt aussitôt avecfermeté, comme blessée par mesparoles.

– Je vous arrête tout de suite, Leah.Avec Julian, c’est à la vie à la mort. Dela même façon que je peux compter sur

son appui, je serai toujours là pour lui.Personne ne pourra jamais se permettrede dire du mal de Julian en maprésence !

Elle marque une pause pour nousresservir. Puis elle reprend :

– Je ne sais pas qui vous êtesexactement par rapport à Julian, je medoute simplement que vous comptezparce que c’est la première fois qu’il meprésente une femme. Quoi qu’il en soit,Leah, sachez que si tous les « salauds »étaient comme lui, le monde iraitbeaucoup mieux.

Je hoche la tête. Je ne sais plus quoi

dire. J’ai peur d’avancer des idéesdéplacées. Et puis je suis troubléequ’elle ait imaginé que je puissecompter pour Julian.

Jennifer me sourit.

– Prenez peut-être le temps de ledécouvrir. Vous le jugerez ensuite,d’accord ?

Je lui souris timidement. Je suis unpeu confuse. J’ai parfaitementconscience d’y être allée un peu fortdans mes propos. En outre, ça fait moinsd’une heure que Julian s’est absenté… etil me manque déjà !

Je l’ai dans la peau. Je dois me fairesoigner. Quelque chose déconne chezmoi…

Jennifer a peut-être raison sur denombreux points. Mais elle ne connaîtpas ma vie. Elle ne sait pas pour monpère. Alors oui, je compte biencontinuer à découvrir Julian Storm.

Je ne lâche pas l’affaire, papa. Jefais de mon mieux pour garder la têtefroide… Mais c’est dur, je te jure, c’estdur. J’ai tellement de doutes sur tout…

4. Le soleil et la lune

Julian vient d’arriver dans le bureaude Jennifer Marquez.

Il nous a quittées depuis soixante-trois minutes et trente secondesexactement – oui, c’est nouveau, c’estmême grave, je mesure le temps sanslui ! – et j’ai l’impression de ne pasl’avoir vu depuis quinze jours.

Son sourire fait plaisir à voir. Il al’air heureux. Je me fais la réflexionqu’il est plus vivant et détendu qu’à Los

Angeles. On dirait que le fait de seretrouver au Mexique le rend vraimentlui-même. Son regard est animé d’uneflamme nouvelle.

Il regarde nos verres et s’exclame :

– Je vois qu’on ne s’ennuie pas dansce bureau !

– J’ai fait découvrir à Leah maboisson préférée. On a bu quelqueslitres de Martini et on a commencé àdire des choses horribles sur toi. Tu eshabillé pour l’hiver, mon cher.

Je repense au moment où j’ai traitéJulian de salaud devant Jennifer. Je suisun peu gênée, mais le regard qu’elle

m’offre prouve qu’elle ne m’en veut pas.

Julian sourit et il passe une main dansses cheveux tout en nous regardant.

Il est vraiment canon.

– Jennifer, j’espère que tu ne m’envoudras pas, mais il se fait tard et j’airéservé une petite surprise à Leah. Jevais devoir l’enlever.

Ce mec est infatigable ou quoi ?

Jennifer se penche vers moi etchuchote :

– Allez-y ! Franchement je ne l’ai

jamais vu comme ça. Je ne sais pas dutout ce que vous lui avez fait, ni ce quevous lui reprochez, mais c’est lapremière fois que je le découvre sinaturel et épanoui en présence d’unefemme.

Mon cœur bat plus vite. En réponse àson allusion sur le bonheur inhabituel deJulian, j’adresse un sourire doux ettimide à la belle Mexicaine.

– Merci pour votre accueil, Jennifer,merci pour… tout.

Elle m’embrasse sur la joue et mepousse enfin vers Julian.

– J’étais heureuse de te voir, beaugosse, lui lance-t-elle, même si c’étaitcourt.

Julian adresse un clin d’œil àJennifer.

– Je reviens bientôt, ma belle. Lecombat continue !

J’aime sincèrement leur façon de sedire qu’ils s’aiment, avec des motssimples. Leur fusion sans effusion. Cesont deux belles personnes unies par lemême désir, celui de faire le bien. Et çame fait… du bien !

Je rejoins Julian qui m’attend sur le

seuil du bureau. Son regard mebouleverse, j’ai envie de me blottircontre lui, de sentir son parfum et sesmains sur mon corps. Je m’applique à nerien laisser transparaître mais au fond demoi je suis impatiente de découvrir sasurprise. Des idées étranges me passentpar la tête avec un naturel qui me sidère.D’une part, je commence à m’habituer àêtre sa prisonnière. D’autre part, jem’aperçois que je me suis peut-êtretrompée sur Julian. Pour être honnête,j’éprouve le sentiment grandissant qu’iln’a rien fait de mal.

Mais j’aimerais comprendre quandmême, découvrir la vérité.

Comment une personne qui se souciedu bien-être d’autrui et de tout un paysaurait-elle pu exproprier un galeriste etle conduire à mourir de désespoir ?

Un 4 x 4 Land Rover nous attenddehors et nous nous installons àl’arrière. Notre chauffeur m’adresse unsourire entendu qui se passe decommentaires. Il a l’air de me trouver àson goût, ce que ne manque pas deremarquer Julian.

– Concentrez-vous sur la route,Francesco, lui demande-t-il gentiment.

Mmm, j’adore quand il est un peujaloux…

C’est le soir mais la circulation dansles rues bondées de Mexico est encoredifficile. La clim n’a pas l’air defonctionner et je peux sentir un filet desueur glisser entre mes reins.

– Où m’emmènes-tu cette fois ?– Chut…

D’accord, ça va j’ai compris…

Il est 23 heures et je me demandecomment Julian tient le coup. Je ne saispas s’il a dormi un peu avant ledécollage de Los Angeles, mais le faitest qu’il assure. C’est sans doute encoreun pouvoir de milliardaire ! Aprèsquarante-cinq minutes de trajet dans les

rues de Mexico, le Land Rover s’engagesur une piste cahoteuse menant à unesorte de zone à mi-chemin entre unchamp et un terrain vague. Et soudain,quand notre véhicule s’arrête enfin dansle soleil couchant, j’éprouve unesensation de pure folie.

Je n’en crois pas mes yeux. Sur ceterrain au milieu de nulle part, un petitgroupe s’occupe de préparer unimmense ballon dirigeable.

– Tu as déjà voyagé en montgolfière,Leah ?

Oui, bien sûr, j’en fais tous les joursun petit quart d’heure avant d’aller

travailler à l’atelier…

Je hausse les épaules, avant d’émettreun long soupir où pointe une légèreangoisse :

– Je t’ai déjà expliqué que j’ai peuren avion, Julian. Alors unemontgolfière !

Julian pose une main sur mon épauleet me regarde dans les yeux :

– Tu as eu peur pendant notre voldans le Gulfstream ?

Je réfléchis rapidement, incapable dedétacher mon regard du sien.

– À part le moment où il y a eu desturbulences un peu violentes, non !

Julian sourit, l’air victorieux, puis ilcaresse ma joue d’un geste doux :

– Alors fais-moi confiance, tu vasadorer cette nouvelle expérience.

Je hoche la tête, mais je n’en mènepas large. Je vais décoller pour laseconde fois de ma vie. Cette fois-ci, enpleine nuit, à bord d’une nacelle qui nem’inspire aucune confiance. Et moncœur joue des percussions.

Incroyable, cette manie de toujoursvouloir m’emmener dans les airs…

Mais quand même, ses yeux dans lesmiens, sa main sur ma joue, j’avoue,j’aime…

Les hommes qui s’occupent depréparer la nacelle nous font alors signede venir et nous les rejoignons. L’heuredu vol de nuit en montgolfière a sonné.

Au secours, j’ai peur.

Après un bref à-coup, la nacellequitte lentement la terre ferme. Et moi jevogue alors entre l’inquiétude etl’émerveillement. Plus nous montonsdans le ciel, plus je me dis que j’ai tantde choses à découvrir dans la vie. Enquelques heures, j’ai effectué un vol Los

Angeles-Mexico en jet privé piloté parun milliardaire beau comme un dieu.Puis j’ai appris que ce type ne vit pasque pour lui et ne serait pas le salaudque j’imagine. Et maintenant, je suis àses côtés, à bord d’une nacelle évoluantdans le ciel nocturne pour une nouvelledestination inconnue. Je reste peut-êtresa prisonnière mais nul doute que denombreuses femmes seraient heureuseset excitées de se retrouver à ma place.

Je me penche un peu avec unesensation de vertige. Et j’admire leslumières de la ville qui brillent à lamanière de petits lampions. C’estimpressionnant, ça flanque le vertigemais c’est un immense cadeau qu’il me

fait. Nous continuons à monter et jecommence à me poser des questions plustechniques.

– Tu es sûr que tu sais diriger cegenre d’appareil ?

Julian rit, je sens son souffle tout prèsde ma nuque.

– On ne dirige pas une montgolfière.On peut la faire s’élever ou redescendre,mais elle va là où les courants de l’airla portent. Elle est libre, Leah, il faut selaisser emporter.

Une vague de panique me prend, desquestions cruciales m’assaillent.

Elle au moins est libre !

Où allons-nous atterrir alors ? Et sion se perdait en plein no man’s land ? Jerecommence à parler pour éviter dem’engluer dans de sinistressuppositions.

– On est à quelle altitudeexactement ?

– Pas loin de 3 000 mètres !

Merde, là je n’aurais jamais dûposer une question pareille.

Je me recule un peu et je regardeautour de moi. Le spectacle est tout demême magnifique. Et la silhouette de

Julian qui se découpe dans l’obscuritél’est tout autant. À la lueur des brûleursqui envoient soudain de l’air chaud dansla poche du ballon, j’intercepte lesourire radieux de mon milliardaire.

Il est chez lui quand il est ailleurs…

Cette pensée sibylline vient de mecaresser avec une drôle d’évidence. Il al’air en effet si heureux, si différent, plusléger.

– C’est magnifique, Julian ! Merci.

Je ne reconnais pas ma voix,étranglée, troublée, émue.

– Tu n’as encore rien vu, Leah,souffle-t-il.

Je soupire tout en balayant une mèchede cheveux qui me tombe devant lesyeux. C’est plus un soupir d’amusementque d’agacement. Même si c’estfranchement déroutant qu’il ait toujoursquelque chose en plus à m’offrir, je suistrès impatiente de savoir de quoi Julianparle.

– Qu’est-ce qu’il va se passerencore ?

Tandis que la nacelle glisse sous unplafond d’étoiles, fidèle à son habitudequand je le questionne un peu trop

précisément, Julian pose un index surses belles lèvres.

Mmm, super envie de les mordre…

– Ça va commencer, petite curieuse,chuchote-t-il.

De son bras tendu, Julian me désigneune zone où brillent plusieurs lumières.J’écarquille les yeux et je commence àdécouvrir le décor de toute beauté quis’offre à mon regard.

– Incroyable ! C’est totalement…irréel !

Ces mots sont sortis tout seuls. Il faut

dire que c’est absolument grandiose. Jeregarde Julian, l’interrogeantsilencieusement.

– Nous survolons le sitearchéologique de Teotihuacan,m’explique-t-il. Ça te plaît ?

Comment cela pourrait-il ne pas meplaire ?

Je suis bouleversée. J’ai l’impressiond’avoir remonté le temps. Je retrouve aufil des secondes les sensations de lapetite enfance, j’entends la voix de monpère me raconter avec passion lespyramides d’Égypte. Et Julian sembleaussi passionné quand il parle de ces

merveilles de l’Amériqueprécolombienne. Sa voix estmélodieuse, je l’écoute avecémerveillement comme lorsque j’étaisune petite fille déjà fascinée par le récitdes civilisations d’antan.

– Je suis heureux d’être ici avec toi,Leah.

Il a chuchoté ces mots à mon oreilleet je me promets de ne jamais lesoublier. Son bras entoure soudain mesépaules et je me rends compte quej’attendais inconsciemment ce geste desa part. Cette fois, je ne me dérobe pas.Je n’en ai pas le courage. Pire encore,j’aime en secret ce bras qui m’encercle.

Je ressens tant de puissance et dechaleur à son contact. C’estinexplicable. Et tant mieux finalement.Je me laisse simplement faire et j’écoutesa voix qui détaille à grand renfortd’anecdotes la belle histoire despyramides mexicaines. Je me délecte desa voix rauque et envoûtante. Je leregarde à la dérobée. Sous la lueur de lapleine lune, ses beaux yeux brillent.

Il est craquant…

– Voici donc les pyramides du soleilet de la lune.

Julian commence à faire descendre lamontgolfière, nous nous rapprochons peu

à peu du sol et les éclairages seprécisent. Je constate alors qu’il s’agitde photophores garnis de bougies. Il doity en avoir des milliers. C’esthallucinant.

– Dis-moi, Julian, c’est toujourséclairé ainsi la nuit ?

Je devine son sourire dans mon dos.Je sais dans le même temps qu’il a toutorganisé pour moi !

– J’avoue que j’en rêvais depuislongtemps, Leah. Découvrir ces lieux enpleine nuit. J’ai pensé qu’avec toi ceserait bien. J’ai donc appelé un de mesamis à Mexico en lui parlant de mon

rêve. Et voilà !

Ce mec est dingue. Un fou furieux, lemot est faible. Ça a dû lui coûter unefortune de faire préparer cette mise enscène.

Je sais, il est milliardaire, maisquand même…

L’idée est si merveilleuse,romantique. Et il a fait ça… pour moi !J’ai presque envie de m’évanouir. Lanacelle se pose en douceur entre lesoleil et la lune.

Quelle sensation de plénitude !

Je n’oublierai jamais cet instant, ilest d’ores et déjà gravé dans mamémoire. En tout cas, Julian est unexpert pour les atterrissages en douceur.Je n’ai pas été bousculée, je n’ai pas eule temps d’avoir peur.

– Tu as vraiment fait ça pour moi,Julian ? Tous ces éclairages, c’estvraiment rien que pour mes yeux ?

Il acquiesce.

– Pour toi et moi, oui.– Dis-moi pourquoi, s’il te plaît ?

Explique-moi, je suis perdue. Je ne saisplus quoi penser, tu sais ?

– Ne pense pas, Leah. Savoure.

Je hausse les épaules. Comment nepas se poser mille questions ? Nousdescendons de la nacelle et Julian meprend par la main. Toutes ces bougiesqui dansent autour de nous offrent unspectacle absolument féérique. J’ail’impression d’être une princesse. Celapeut paraître stupide, mais je le ressensphysiquement. Je ne cherche pas àm’écarter de Julian. Je me laisse gagnerpar la magie des lieux et le savoir-fairede mon milliardaire en matière de…séduction.

– Nous allons marcher sur l’avenuedes morts, Leah.

Ça c’est déjà moins gai…

– Et tu sais quoi, Leah ?– Non, je ne sais pas. À vrai dire, je

ne sais plus rien, Julian.– Je ne me suis jamais senti aussi

vivant.

Je capitule, j’abdique, je rends lesarmes, j’ai du caractère d’accord ! Maisil y a des limites. Tout est parfait depuisnotre décollage. Je ne cesse d’entrerdans la quatrième dimension depuis queje suis en contact avec Julian Storm. Jevais finir par me demander s’il estréellement humain. Il serait un genred’extraterrestre descendu sur Terre pourprendre la température ambiante que jene serais pas plus surprise que ça.

– C’est beau ce que tu viens de dire.– Je ne sais pas, Leah. Je le ressens,

c’est…

Il s’interrompt, visiblement ému. Savoix d’ordinaire assurée s’est quelquepeu étranglée. Et même s’il n’avait pasprononcé le moindre mot, la pression desa large main sur la mienne l’atteste defaçon évidente. Nous avançons ensilence sur l’avenue des morts. Et peu àpeu, je m’aperçois que je pourraisprononcer exactement les mêmes mots.Je suis animée par des sentimentsidentiques. Je m’arrête et je le regardecomme je ne l’ai encore jamais regardé.Je le regarde comme une femme peutregarder un homme, sans penser à rien

d’autre. Je le regarde comme une femmequi a envie d’un homme. Je frissonne. EtJulian lit à son tour ce qui brille dansmes yeux. Là encore son sourire letrahit.

Un sourire affolant… Son premiervrai sourire peut-être.

Mon désir est si fort, c’est commeune drogue non répertoriée qui me faitvaciller dans mes résolutions. J’ai enviede ses lèvres, de son corps plaquécontre le mien, de nos souffles affolés.Je sais qu’il faudra patienter car noussommes dans un lieu sacré. J’espèresimplement de tout mon cœur que lamagie ne s’estompera pas quand nous

aurons quitté ce décor à tomber.

Comme s’il avait compris l’urgencede désamorcer une situation tropérotique, Julian s’éclaircit la gorge etme raconte des anecdotes sur lacivilisation aztèque. Je l’écoute et ledésir physique se fait plus discret pourlaisser place au bien-être dans lequelnous baignons.

– Sais-tu quelle est la signification deTeotihuacan, ce lieu où nous évoluons ?

N’en ayant pas la moindre idée, jem’en tire par une pirouette :

– Attends, je l’ai sur le bout de la

langue !

Julian rit et j’aime aussitôt ce rire quirésonne dans la nuit tandis que lesphotophores éclairent son visage dont jen’arrive pas à me détacher.

– Tu connais le mot « nahuatl »,Leah ?

– Non, qu'est-ce que cela veut dire,professeur Storm ?

– Le nahuatl est la langue desAztèques.

Je ne peux pas m’empêcher de penseren souriant que ça doit faire son effetd’ajouter une telle langue à son CV. Unegarantie d’être remarqué parmi les

candidats à un poste !

– Et Teotihuacan signifie « la cité oùles hommes se transforment en dieux ».

Je n’ai pas la force de réagir. Je finismême par m’inquiéter. Chaque mot deJulian tombe juste. C’est presque trop.Je ne suis pas loin de penser quel’homme dont je voulais me venger il y aquelques jours à peine s’estprogressivement transformé en une sortede dieu sous mes yeux. Je dois mecalmer, ça devient ridicule. C’est tropfacile tout ça…

Par bonheur, un bruit de moteur quis’approche nous tire de cette torpeur.

Des phares se rapprochent et le 4 x 4 quinous a déposés sur le terrain vague avantle décollage s’immobilise à notrehauteur.

– Il est l’heure de partir, souffleJulian.

Je hoche la tête silencieusement.

Oui, le rêve est terminé, retour à laréalité.

– Mais qui va s’occuper de lamontgolfière ?

Julian semble surpris par cetteattention car il me répond :

– Ne t’inquiète pas, quelqu’un vavenir la récupérer demain matin.

Je suis malgré tout soudain envahied’une grande tristesse. Garderl’équilibre, protéger l’harmonie, toutcela semble parfois si compliqué.Pourtant quand Julian vient me rejoindresur la banquette du véhicule, son regardme fait comprendre que je n’ai pas rêvé.Le désir est bel et bien là. Je le sens à safaçon de poser sa main sur mes genoux,aux papillons qui s’agitent dans monventre. Il y a des choses qui ne trompentpas.

D’un instant à l’autre, nous savonstous les deux que se laisser aller au

plaisir des sens sera la seule voiepossible. Les mots que Julian m’adresseen se penchant vers mon oreille meconfirment que je ne suis pas en train dedélirer.

– Francesco va nous déposer àl’aéroport. Nous allons passer la nuitdans la cabine du Gulfstream et nousdécollerons au petit matin pour rallierLos Angeles. Le programme teconvient ?

Je me mords la lèvre inférieure.

– Oui, Julian. Je…

La bouche de Julian plaquée contre la

mienne m’empêche de poursuivre.

Cette fois, je n’aurai pas besoin decroire que c’est un simple égarement quime pousse à le désirer de toute mon âmeet de tout mon corps.

Francesco vient de nous déposer dansla zone de parking des avions, au pieddu Gulfstream de Julian.

Si notre chauffeur a regardé dans sonrétro pendant le trajet, il a dû voir deslèvres soudées l’une à l’autre, uniesdans un baiser passionné et profond. Jen’ai jamais embrassé un homme aussilongtemps, je n’ai pas vu passer letemps, je ne pourrais pas décrire la

route. Nous étions tendres et incapablesde nous séparer. Ma peau vibrait, j’enoubliais de respirer.

Je regarde les feux de position du 4 x4 disparaître progressivement dans lanuit. J’ai le goût de la bouche de Juliandans la mienne et ça me fait vibrer. Moncœur bat la chamade car je sais très biencomment la nuit va se dérouler. Je n’aijamais été aussi excitée de toute ma vie.Bien plus encore que lors de mapremière et seule fois avec Julian. Pourla simple et bonne raison que j’ail’impression qu’il s’agit d’un autrehomme. En quelques heures depuis LosAngeles, il s’est passé tant de choses quichangent la donne.

Julian me tend une main que je saisissans réfléchir. J’aime la douceur de sonemprise, le contact de ses doigts sirassurant. Nous escaladons à la hâte lesmarches intégrées à la porte d’accès dujet et nous nous enfermons avecprécipitation dans la cabine.

Enfin seuls…

Julian caresse aussitôt mon visage,mes cheveux, je sens son souffle tièdesur mon front. Je lève les yeux vers sonmenton, ses lèvres qui palpitent et sesjoues où pointe une barbe naissante. J’aitrès envie de la sentir sur ma peau, cettebarbe. Envie d’être marquée par lecorps de cet homme. Envie de me

souvenir de tout avant même d’avoircommencé quoi que ce soit. Je frémisquand son autre main glisse sur lacourbe de mes fesses rondes.

Ses deux mains remontent vers mesépaules nues qu’il effleure du bout desdoigts.

– Le grain de ta peau me rend fou,Leah.

Mmm, j’ai l’impression qu’il suffiraitqu’il passe juste un doigt sous mon shortpour me procurer un orgasme. Je suisparcourue de frissons et je suis à fleurde peau. Un geste, un mot de cet hommeseraient à même de me faire décoller.

Julian m’abandonne un instant pouréclairer la cabine encore plongée dansl’obscurité. Même pour ça il est doué !Les milliers de photophores sur le sitedes pyramides, c’était splendide. Enquelques secondes, l’ambiance tamiséede l’espace feutré qu’offre la cabine dujet devient résolument propice aurapprochement des corps. Julian medévore des yeux. Ses pupilles sontcelles d’un félin qui vient de repérer saproie.

Mmm, c’est moi la proie…

– Tu es ravissante dans cette lumièredouce.

Tu n’es pas mal non plus,monsieur…

Il sélectionne une playlist sur un iPodqu’il branche au système audio del’avion.

Alicia Keys, le retour !

Cette chanteuse me rappelle dessouvenirs très… érotiques. Je vais finirpar croire que ses titres sont destinés àcomposer la bande originale de chacunde mes ébats avec Julian. Cette foisc’est « Superwoman » et je ne peux pasm’empêcher d’onduler sur place enaguichant Julian. Je me rends compteque je suis beaucoup plus à l’aise que

l’autre nuit, dans le salon de la villa. Jeme sens femme. Et c’est très agréable.

– C’est pour moi, cette chanson ?

Un sentiment de bien-être teinté defierté me submerge. Je suis légère,insouciante, je tourne sur moi-même etje ris tout doucement.

Mon milliardaire danse également surl’air d’Alicia Keys à quelquescentimètres de moi. Il se mord la lèvreinférieure en hochant la tête. Il estdiaboliquement séduisant. Bien des topmodels feraient une dépression nerveuses’ils se retrouvaient à cet instant mêmeen compétition avec Julian Storm. Il faut

reconnaître que c’est un spécimen debeauté hors normes.

– J’ai envie de voir tes seins, Leah,me dit-il de sa voix rauque etenveloppante.

Il passe une main dans mes cheveux,il insiste.

– Je veux te regarder.

Je fais durer le plaisir. Je joue matimide et minaude, feins d’hésiter. Jesuis toujours sa captive, mais je ne suisplus du tout celle de la première fois,partagée entre la réticence et le désir.Cette nuit, je veux exactement la même

chose que lui. Nous sommes à égalité. Etj’ai décidé d’exister à part entière.

– Je ne suis pas sûre, Julian.– N’oublie pas que…– Je suis ta captive, je sais.

Sa façon d’acquiescer me renddingue. Il a l’air si sûr de lui tout enfaisant preuve de délicatesse. C’estcomme un ordre silencieux et c’estcomme une prière. Je ne me suis jamaisdéshabillée de la sorte pour personne. Etlà, je sais pourtant que je serais prête àme caresser devant lui s’il m’en intimaitl’ordre. Je rougis à cette idée. Je suisune autre Leah… la vraie sans doute.Enfin ! Je me débarrasse de mon

débardeur et je sens le regard de Julianposé sur mes seins dont la pointe estdéjà dure. Je sais que tout à l’heure illes pincera, les mordillera, les sucera.Cette perspective me rend folled’avance. Je suis pieds nus en short noirdevant le plus beau des hommes qui meregarde passionnément, en ondulantdevant moi avec sensualité. Ses musclestendus roulent sous sa chemise. Et je nepeux manquer de remarquer lerenflement conséquent qui déforme sonentrejambe. Sa voix rauque m’ordonneavec douceur :

– J’aimerais que tu retires ton shortmaintenant.

J’obéis sans plus tarder et je leregarde en tremblant de désir. Je neporte plus désormais qu’une culotte decoton blanc. La voix excitée de Julianme propose alors de faire glisser mapetite culotte le long de mes jambes etde la lui donner.

Il fait une fixation sur les dessous,c’est un genre de fétichiste !

Cette pensée me fait sourire. Je m’enfiche, ça me plaît qu’il me demande cegenre de choses. Je brûle de désir et jepeux sentir un filet de sueur mechatouiller les reins. Entraînée par lavoix d’Alicia Keys, je m’exécute, j’ôtema culotte et je la lui tends. Il la porte à

son visage sans me quitter des yeux. Jeme mords la lèvre inférieure tandis quesa main libre glisse lentement vers lazone où son pantalon est si tendu.

– Tu me fais de l’effet, Leah.

Merci, ça j’avais cru remarquer !

Je me passe la langue sur les lèvreset tout mon corps se met à trembler.C’est super érotique quand il dit ça. Jeme souviens de son sexe si beau etattirant. Je me souviens de son goût et jele veux encore entre mes doigts, dans mabouche, sur ma langue. Je n’ose pas luidire qu’il me fait « de l’effet » lui aussimais mon regard en dit sans doute

beaucoup plus. Il passe une main dansses cheveux en bataille et je ne peux pasme retenir de caresser mes lèvres desdoigts. Il a tellement de magnétisme.

Ce n’est pas un homme, c’est unaimant !

Julian se colle contre moi tout enrangeant ma petite culotte dans la pochede son pantalon. Je suis au bord de sabouche qui tremble, sur la trajectoire deses yeux brûlants qui me font déjàl’amour. Et là encore je pourrais jouirsous l’intensité de son regard sipénétrant, si désireux, si provocant. Jegémis malgré moi. Il sourit et je perdspied. J’adore les fossettes qui se

dessinent au creux de ses joues. Il mebouleverse. Et je sais que lui aussi esttrès excité par ces sons qui sortentd’entre mes lèvres. Je frissonne, ilfrémit. Une de ses mains saisit mescheveux avec douceur mais fermeté pourtirer ma tête en arrière, puis il plongeson visage dans mon cou pour le lécher.Je sens son désir contre mon ventre. Jeme presse un peu plus fort encore contrelui. Il est si dur, si…

Fais-moi tout ce que tu veux,Julian…

Son autre main se glisse entre mescuisses. Ses lèvres abandonnent mon couet il me regarde à nouveau en souriant :

– J’adore te sentir mouillée commeça.

C’est toi le coupable !

Je lui dis que j’ai envie de lui. Il merépond qu’il adore le timbre de ma voixquand je le demande. Il gémit et glisseun doigt dans ma fente qu’il enfonce loinen moi, d’un seul coup. Je pousse un cri.Son pouce se met à tourner et à voyagerautour de mon clitoris. Il ne me quittepas des yeux, se joue de moi avec sesdoigts comme si j’étais un instrument demusique. Il est audacieux et raffiné danschacun de ses gestes.

Mon Dieu, il me connaît déjà si

bien…

– Merci d’être avec moi, murmure-t-il sans cesser de faire coulisser sonmajeur dans mon intimité.

Ma réponse n’est qu’un longgémissement qui s’étire à l’infini tandisque je savoure sa caresse. Il abandonnemon sexe, recule de quelques pas.

Nooon, Julian, j’en veux encore…

– Regarde-moi, Leah, murmure-t-il.

Il ondule en se mordant la lèvreinférieure et ses yeux lancent deséclairs. Il déboutonne sa chemise pour

se mettre torse nu, son corps musclédans le clair-obscur de la cabine estmagnifique. Waouh, un homme beaucomme le diable danse et se déshabillerien que pour mes yeux. C’est un strip-tease impromptu dont je savoure chaquephase.

Je t’en supplie, le pantalonmaintenant…

Il sourit comme s’il lisait en moi etdéboucle sa ceinture. Son pantalontombe à ses pieds et son boxer blanc netarde pas à suivre le même chemin. D’unmouvement du pied, il se dégage de sesvêtements et me contemple en souriant.Il est nu devant moi, si à l’aise. Il est

craquant et tellement indécent, à croquer.Son érection est un attentat à la pudeur.Un volcan se réveille en moi, marespiration s’accélère, chaquecentimètre carré de ma peau réclame lesattentions si particulières de cet hommeau charisme insoutenable.

J’admire son corps, lequel sembleavoir été sculpté par un artiste de génie.Il a des muscles que je ne connaissaismême pas ! Il me faudrait sans doute desheures avec un dictionnaire d’anatomiepour espérer les classifier. Il se pencheet fouille dans la poche de son pantalon.Il en extirpe un étui de préservatif qu’ildéchire avant de dérouler le latex lelong de son membre dressé. Ses yeux se

plantent à nouveau dans les miens. Sonnez frémit, il recule de quelques pas ets’installe sur un siège de la cabine.

– J’ai envie que tu viennes sur moi,Leah.

Je me mords assez fort la lèvre,suffisamment pour sentir le goûtmétallique du sang sur ma langue. J’ail’impression de m’embraser.

– Viens, petite princesse.

Je hoche la tête et je le rejoins envacillant tant mes jambes tremblent. Jeprends appui sur les accoudoirs du siègetandis qu’il me guide vers son sexe qu’il

tient. J’ai l’impression d’être du métalen fusion attiré par un aimantirrésistible. Le contact de son gland sigonflé au bord de mes lèvres me faitfrissonner de la tête aux pieds. Je gémis,je soupire, je tremble. Nos yeux secherchent, nos lèvres se frôlent. Lesmains de Julian étreignent alors meshanches et c’est comme une déchargeélectrique qui me parcourt la colonnevertébrale quand je m’empaledoucement sur son érection.

Alicia Keys entame les premiersaccords de « No One ». Julian agrippemes fesses avec vigueur pour que jevienne encore plus sur lui. C’est unesensation intense. Il me remplit et j’ai

l’impression de le posséder. Jecommence à bouger lentement sur lui etc’est un véritable incendie qui sedéclare dans tout mon corps. La musiqueajoute à mon désir et mon émoi. Je suiscomme transportée. Je danse sur Julian.Je me cambre, mon corps ondule sur sescuisses musclées. Sa langue se promènesur mes seins dont la pointe est plussensible que jamais. Mes tétons, mesaréoles, il sait si bien s’en occuper,c’est tellement jouissif. Mon sexe secontracte par intermittence autour de saverge qui semble durcir en moi sans fin.Je ne peux pas m’empêcher de penserque nous sommes faits pour êtreensemble.

C’est divin…

– Là, c’est toi qui me prends, Leah.J’adore…

Il me griffe les fesses et je mecontracte.

Oui, marque-moi, je veux tes tracessur moi…

Je pousse un cri et je gémis.

– Je te sens si bien…

Julian augmente la pression de sesmains sur mes fesses.

– Encore, souffle-t-il.

Son membre cogne au fond de moiavec régularité, je ressens chaque fois lacaresse de son gland. Je chevauche unhomme magnifique qui me pétrit lesfesses en me regardant dans les yeuxcomme si j’étais un cadeau du ciel etqu’il désirait me dévorer. Je suissurvoltée. Je commence à accélérer lemouvement et Julian s’arc-boute parintermittence pour venir plus vite à marencontre. Je passe mes mains dans sachevelure que j’agrippe et je me plais àremonter parfois le bassin, libérantpresque complètement la verge deJulian, avant de m’asseoir à nouveau surlui. Julian grogne tout en léchant lapointe de mes seins et en les prenant tour

à tour avec délicatesse entre ses dents siblanches. Cette douce morsure est unplaisir indescriptible. Sa barbe agressema peau de façon délicieuse. Lasensation de ses cheveux soyeux sousmes doigts est un régal. Des gouttes desueur perlent au front de mon amantsublime. Notre étreinte est animale. J’ail’impression d’être une cavalièrechevauchant un étalon fougueux.

– Encore, Leah, plus vite.

Oui, tout ce que tu voudras…

Comme si c’était encore possible,j’augmente la cadence, je monte et jedescends sans relâche sur le sexe de

Julian. J’ai l’impression qu’il est deplus en plus présent en moi. Je suis toutprès. Et lui aussi je le sais, c’est écritdans ses yeux où passent toutes lesnuances du plaisir. Je garde une maindans ses cheveux et de l’autre je caresseson torse si large et brillant de sueur,puis je le griffe à mon tour tant je suishors de moi. Je halète, au bord dem’évanouir. Il gémit de plus belle etm’administre une série de petites fesséesau gré de mes va-et-vient.

Ses paumes qui claquent sur mapeau, mmm…

Ma main remonte vers son cou, sonvisage, ses joues, son nez, ses sourcils et

je glisse un index entre ses lèvres que jefais aller et venir dans sa bouche en leprovoquant du regard. Il est comme fou.

Nous sommes fous…

Nos respirations sont saccadées. Nosgémissements incessants s’entremêlent etrecouvrent presque la musique diffuséepar les enceintes. J’ai l’impression dene pas avoir connu le plaisir avant lui.Tout du moins, c’est sans communemesure. Il me comble et me dévaste.Mon énergie est décuplée par lessensations que la vigueur du membre deJulian provoque en moi.

J’entends sa voix rauque qui me

supplie soudain de ralentir un peu. Il mesouffle qu’il n’en peut plus, que c’esttrop. Cet aveu lâché dans un souffle merend heureuse. Je gémis plusieurs foiscomme pour lui signifier « oui,d’accord », mais je n’obéis pas sur-le-champ. Quelque chose d’inexplicableme pousse à continuer encore et encore.Je ne peux pas m’empêcher dem’empaler infiniment sur lui, affolée parle son de nos peaux qui claquent l’unecontre l’autre. Dans les yeux de Julian,je devine qu’il est lui-même entré dansun autre monde et qu’il n’a plus tout àfait le contrôle. C’est un peu moi quimène la danse à cet instant et c’est tropbon de le découvrir soudain si

vulnérable.

D’une main, je lui caresse une joue etje commence à réduire l’ampleur de mesdéhanchements, jusqu’à demeurerimmobile sur son sexe. Ses yeux brillent,ses mains pétrissent mes fessesm’obligeant à bouger à nouveau toutdoucement sur lui en cerclesconcentriques. Je lui dis que je vaisbientôt jouir.

– Je t’attends, petite princesse.

Alors je recommence à bouger surlui, je me soulève et je m’empale encoreet encore, de plus en plus vite…Jusqu’au point de non-retour. Et

j’explose en même temps que lui. Noscris se mêlent tandis que nos corpssoudés tremblent à l’unisson.

Nous demeurons un long momentsilencieux, nous nous efforçons deretrouver un rythme cardiaque régulier.Et sa voix résonne enfin comme uneplainte si douce à mon oreille :

– Leah ! Qu’est-ce que tu me fais ?

Je pose mes lèvres contre sa tempe etje gémis. Je n’ai pas d’autre réponse enrayon. Je suis juste épuisée, très émue etterriblement épanouie.

Je sens ses bras qui me serrent contre

lui et cela vaut tous les plus beauxdiscours. J’ai presque mal mais je ne disrien. J’en profite, je goûte chaquemillième de seconde de cet instantinoubliable. Je respire dans son cou unmélange de sueur et de lui-même. J’aimeson parfum, son odeur. Je sens aussi sonsexe qui bat toujours en moi, prisonnierde mon intimité qui se contracte parintermittence. Je perçois les pulsationsde son cœur contre mes seins. Et puis ily a cette chaleur cuisante sur mes fessesqui me procure l’impression d’êtrevivante. Je pourrais m’endormir enquelques secondes et faire les plusbeaux rêves du monde. Mais les yeux deJulian me tiennent éveillée. Son regard

apaisé et empli de reconnaissance melance des étoiles. Elles se transformentdans le même temps en petites comètesdans mon ventre. Les lèvres de Julians’entrouvrent :

– Je n’ai jamais…– Chuuut…

Il se mord la lèvre inférieure et medécoche un sourire à crier de bonheur. Ilse redresse tout en restant en moi. Il metient par les cuisses, je m’accroche à soncou quand il se met debout en mesoulevant comme une plume pourpivoter et m’installer en douceur sur lesiège. Désormais à genoux devant moi,son sexe toujours dans le mien, il fait

passer mes jambes sur ses épaules. Cethomme est renversant dans tous les sensdu terme.

– Je n’ai pas dit mon dernier mot,petite princesse.

Je souris en tendant le bras pourcaresser son visage.

Tout ce que tu voudras, Julian,surtout si tu m’appelles comme ça…

J’agrippe les accoudoirs du siègealors qu’il recommence à aller et veniren moi. Je n’ai pas envie de résister, jene suis plus du tout fatiguée. C’estmagique entre nous, c’est tout.

La musique s’est arrêtée et nosgémissements qui résonnent dans lesilence de la cabine n’en sont que plusexcitants.

5. Sur le sentier de laguerre

L’imposant Gulfstream de Julian fendles airs, cap sur Los Angeles. Le soleillevant procure d’étranges et surréalistescouleurs aux nuages. C’est un spectacled’une beauté inconcevable.

Tout mon être est si sensible que jen’arrive pas à trouver de position un tantsoit peu confortable sur cette banquettepourtant si accueillante. J’ail’impression d’avoir participé à de

nombreuses épreuves sportives. En fait,c’est un peu comme si j’avais cumuléune séance de lutte, des kilomètres à lanage et une série de figures inconnues deyoga. Sincèrement, j’exagère à peine.Chacun de mes muscles est endolori. Jesuis à fleur de peau. Mon cœur et moncorps dansent encore le tango du plaisir.

C’était hallucinant !

Je pensais pourtant qu’il n’y auraitjamais rien de plus dingue que nos foliessur le canapé de la villa de Julian Storm.Qu’il s’agissait d’un moment de grâcequi ne se reproduirait sans doute pas. Orje n’avais encore rien vu. Le sexe avecJulian est un truc démentiel. Un mystère

plus mystérieux que le Triangle desBermudes. Une alchimie magique nousréunit comme une évidence, il n’y a riend’autre à dire. Malgré ma petiteexpérience, j’ose prétendre que c’estexceptionnel. J’ai l’impression que nousn’avons aucune limite, lui et moi. C’estchaud, très chaud entre nous, et pourtanttout se déroule dans le respect etl’harmonie. Et puis cette fois Julian n’apas eu besoin de forcer mes barrières.Nous étions tous les deux aussi libresdans le même enclos de nos fantasmes.

Est-ce cela que l’on nomme l’accordparfait, l’osmose ou je ne sais quoi ?

Ma peau est encore imprégnée du

parfum de Julian. Je passe une main surmon visage.

Mmm, son odeur.

Je reconstitue comme je peux lepuzzle des dernières heures. Je repenseà toutes les révélations qu’a pu me faireJennifer Marquez quand nous buvions duMartini dans son bureau, en attendant leretour de Julian. Je revois chaque geste,chaque attention de mon « geôlier ». Etje dois reconnaître que je commence àdouter très sérieusement de saculpabilité dans la mort de mon père.N’allez pas croire que je sois aveugléepar ces moments de plaisir intense entrenous. Nos corps à corps ne m’ont pas

fait perdre la raison, quelques neuronesde mon cerveau sont suffisammentdétachés de cet aspect de notre étrangerelation. Une autre chose me frapped’ailleurs plus que tout. Pas une seulefois, en désormais quatre jours, Juliann’a éprouvé le besoin de se justifier.

Il n’a rien à se reprocher, celasemble assez évident…

Si Julian Storm se livre peu à peu,comme il ne l’a sans doute jamais fait,ce ne sont jamais que des bribes desecrets révélées sans ostentation, aucompte-gouttes… Non, pour l’instant leseul domaine dans lequel monmilliardaire se donne sans compter,

c’est définitivement celui du sexe. Jen’ai jamais ressenti pareil bonheur dansles bras d’un homme et je crois pouvoiravancer qu’il en est de même pour lui.Je l’ai senti dans nos souffles mêlés,dans les regards et les mots prononcésdans l’intimité du plaisir. Je l’ai entendudans nos cœurs qui résonnaient l’uncontre l’autre.

Plus tard dans la nuit, allongée contrele corps de Julian, j’ai vainement tentéde le rendre plus loquace concernant sesactivités humanitaires, mais il a éludémes questions.

– Je n’aime pas trop parler de moi,Leah.

– Ce n’est pas se mettre en avant qued’expliquer aux autres ce qu’on fait desa vie.

– Peut-être, mais cela ne sert à riend’en parler. Je préfère de loin agir.

Je n’ai pas insisté, j’ai déposé unbaiser sur ses paupières qui sefermaient. Et puis Julian s’est endormideux petites heures. Et moi, je nepouvais détacher mon regard de sonvisage apaisé.

C’est la première fois que je passaistant de temps à regarder un hommedormir. Tant de temps que je n’ai pasdormi moi-même, guettant le cœurbattant l’instant fragile où ses paupières

se soulèveraient.

À l’aube, l’infatigable Julian a ouvertles yeux, il m’a donné un sourire qui m’atotalement bouleversée, avant de mechuchoter qu’il était temps de décoller.À mon tour, j’ai ressenti le besoin de mereposer et je suis allée m’allonger unpeu dans la cabine. Un air de jazzpassait en fond sonore. Je me suisendormie avant même que le jet nedécolle et j’ai rêvé de nous.

Julian et moi…

Nous étions dans une maison, nousvivions ensemble, j’étais la femme de savie et il était l’homme de la mienne. Un

vrai rêve de cinéma. C’était beau,simple… un rêve en somme.

Je passe une main dans ma chevelureébouriffée et je m’étire pour la millièmefois. Sur le siège voisin, Julian adisposé les vêtements de rechange qui setrouvaient dans le petit sac de voyage.Des dessous neufs, une jolie jupe entissu écru, un chemisier en soie et dessandales à fines lanières.

J’adore ! Ce mec pense toujours àtout, c’est dingue. Et il a vraiment dugoût !

Je rejoins les toilettes du jet pour merafraîchir, me coiffer et m’habiller.

Quand j’en sors, mon « pilote » meprévient que nous approchons de LosAngeles et que nous allons bientôtatterrir. L’inquiétude me gagne soudain.Il a si peu dormi et j’imagine le pire.

– Tout va bien, Julian. Pas tropfatigué ?

– J’ai connu des jours meilleurs, maistout est OK. Je devrais être capable deposer cet avion sans encombre sur lapiste.

Bonjour la psychologie !

Je sais qu’il plaisante, mais quandmême. Je me crispe un peu enm’installant et en bouclant ma ceinture

tandis que l’avion perd de l’altitude.J’observe la terre ferme à travers monhublot. Les routes, les bâtiments et lesvoitures sont de plus en plus visibles.Les battements de mon cœurs’accélèrent. Je vais vivre mon premieratterrissage en avion les yeux ouverts.

Si j’avais su, j’aurais avalé un oudeux calmants pour dormir un peu pluslongtemps. Je me sens un peu seule aumilieu de la cabine. Personne à qui tenirla main. Personne pour m’offrir unsourire réconfortant.

– Je sais que tu es angoissée, Leah.Viens me rejoindre. Tu verras, c’est trèsbeau à voir quand on arrive sur la piste.

Allez, rejoins-moi vite !

Il lit vraiment dans mes pensées,c’est incroyable. Je ne me fais pas prieret je prends place dans le cockpit. Quitteà se crasher, autant le faire à ses côtés.

– Tout va bien se passer, Leah.

Stop, ne dis plus rien ! Occupe-toijuste de cet avion.

Il se tourne vers moi et m’observe uninstant, l’air séduit :

– Tu es très jolie avec cette jupe et cechemisier !

Touchée par ses mots, je me mords lalèvre inférieure et je trouve la ressourcede plaisanter :

– My tailor is rich !

Julian rit et j’ai envie de me jeter surlui tant il est craquant. Je m’accrocheenfin aux accoudoirs de mon siège tandisque lui entame la procédure d’approche,avant ce qu’il nomme la « finale », àsavoir la trajectoire qu’il faut prendrepour se trouver dans l’axe du tarmac.

– Nous sommes au-dessus du seuil depiste, c’est le moment de cabrerl’appareil pour exécuter un arrondi.

– Quoi ?

Ma question est sortie comme uncouac. On aurait dit un gémissement degrenouille écrasée par un poids lourd.Pas très glamour tout ça. Julianm’adresse un bref regard où je croisdeviner une légère nuance de moquerie.

– Cela sert à réduire la pente de notretrajectoire et à se placer en parallèleavec la piste.

– D’accord, Julian. Fais ce que tuveux, mais fais-le bien !

Seigneur, je vais tourner de l’œil oupiquer une crise de nerfs, au choix !

Imperturbable, Julian continue de medécrire les gestes à réaliser avant de

toucher le sol.

– Je viens de réduire la puissance desmoteurs, je relève le nez du jet pouraugmenter sa portance et bien placer letrain d’atterrissage central.

Je pose une main sur la cuisse deJulian, en prenant garde de ne pas lapresser trop fort pour ne pas le dérangerà ce moment critique. Ce fou furieuxtrouve encore le moyen de gémir degourmandise tandis que le traind’atterrissage entre soudain en contactavec le sol. Je n’aime pas trop le bruitque cela produit, c’est franchementflippant.

– Ça, c’est fait ! Maintenant je réduiscomplètement la puissance des moteurs,je commence à utiliser les aérofreinspour diminuer progressivement laportance.

D’un seul coup, sans pouvoir mel’expliquer, je n’ai plus peur, je suissubmergée par une confiance absolue encet homme qui maîtrise si parfaitementces opérations délicates. Sa voix merassure et me berce. J’aime qu’il medétaille le processus avec tellementd’attention. C’est vraiment un défi deprécision ! Je ressens à peine le momentoù le train avant entre à son tour encontact avec la piste. C’est comme unedécharge d’adrénaline et je laisse

échapper un cri de joie.

Bravo, Julian !

– Il ne reste plus qu’à augmenter lefreinage en utilisant les inverseurs.

Lentement mais sûrement, dans unvacarme assourdissant dû aux réacteursqui fonctionnent en sens inverse, leGulfstream ralentit jusqu’às’immobiliser enfin.

– Alors, Leah ?

Je suis comme une gamine.

– C’était… c’était génial !

Julian passe le dos de sa main sur majoue, avant de diriger le jet à faibleallure vers le point de parking. Unhomme nous attend près d’unelimousine, laquelle est garée à côtéd’une Porsche. Nous débarquons duGulfstream et rejoignons cet homme encostume qui a vraiment beaucoupd’allure.

– John, je te présente Leah Windfield.Leah, voici John Edwards dont je t’aidéjà parlé.

Nous nous saluons mais je devineaussitôt que quelque chose ne va pas.Une ride de mauvais augure barre lefront de l’avocat.

Mary, c’est Mary, j’en suis sûre…

– Je n’ai pas de bonnes nouvelles,Leah. Votre amie Mary est à l’hôpital.Winston n’y est pas allé de main morte.

Pas Mary, pas elle…

– C’est arrivé quand ? s’inquièteJulian.

À voix basse, l’air désolé, Johnrépond :

– Dans la nuit, Julian. À la sortied’une discothèque.

Soudain, c’est un mélange de colère

et de peur qui se met à bouillir en moi.

– Je vais lui faire la peau à ce salaud.

Toutes les angoisses et émotions queje refoule depuis le début de macaptivité ressortent d’un seul coup. C’estmon tempérament de Sicilienne quis’exprime à nouveau. J’intercepte aumême moment l’échange de regardsentre Julian et John. J’y lis laconnivence et la détermination et jecomprends aussitôt que d’une manièreou d’une autre Winston risque fort deregretter son geste. Mais je veux réglerle problème moi-même. C’est monaffaire, car c’est mon amie. Je n’aijamais supporté l’idée que l’on puisse

faire du mal aux gens que j’aime. Je metourne vers Julian et j’annonce :

– Je vais aller le trouver, il va leregretter.

Julian pose une main sur mon épaule :

– Reste calme, Leah. On va…

Je l’interromps tout en repoussant sonbras.

– Rester calme ? Tu plaisantes ouquoi ? Mary est mon amie, cet abruti deWinston est…

– Je vais régler ça avec John,m’interrompt Julian à son tour.

– Non pas question, Mary est commema sœur. Nous ne sommes plus dans unjeu, là ! Et arrête de décider pour moi !

Julian et John se regardent, l’airindécis. J’ai conscience de ne pas fairepreuve de beaucoup de reconnaissance àleur égard, mais je suis trop énervée.J’en ai marre des jeux qui finissent mal.Et je ne laisserai pas Winston jouer avecMary au point de l’envoyer à l’hôpital.

Je maîtrise à grand-peine lestremblements qui me parcourent. Juliansoupire tandis que John tente uneapproche à sa façon. Il a une belle voixet s’efforce de parler avec douceur pourm’apaiser :

– Écoutez, Leah. Faites-nousconfiance, ce type semble incontrôlable,il est assez dangereux. Votre place est auchevet de Mary. Elle a besoin de vous,sincèrement.

– Je vais demander à mon chauffeurde t’y conduire, ajoute Julian.

– Je m’en fiche de ton chauffeur ! Jene joue plus je t’ai dit, je n’ai pas besoinde toi.

Mon ton est glacial, je suis furieuse etje sais que mon comportement vis-à-visde Julian est excessivement violent,mais c’est plus fort que moi. Il ne ditrien mais je vois bien qu’il estbouleversé, blessé. C’est comme s’ilavait peur de quelque chose, comme si

la situation lui échappait. Puis sonregard se durcit, entre lassitude et colèrerentrée. Mon pouls s’accélère.

Je ne l’ai jamais vu comme ça !

– Alors fais ce que tu veux, finit-ilpar lâcher. Pars, Leah, tu es libre ! Jevais effacer le disque dur, tu n’as rien àcraindre de moi. Moi non plus, je nejoue plus.

Il se passe la main dans les cheveux.Je remarque ses belles lèvres quitremblent. Je devine qu’il fait des effortsincroyables pour rester digne. Il se mordla lèvre inférieure et précise d’un tondoux mais sans appel :

– Je ne te demande qu’une chose !– Quoi encore, monsieur Storm ?

Il hausse les épaules et soupire, ildoit me trouver franchement injuste maisil accuse le coup, avant de bien détacherses syllabes :

– Laisse-moi m’occuper de Winstonavec John !

Putain, il est têtu.

– Mais je viens…– Fais ce que je te dis, Leah, fais au

moins ça ! s’emporte Julian. Mary asûrement besoin de toi, elle est seule àl’hôpital. Et tu sais quoi ? Plutôt que de

toujours vouloir tuer tout le monde, tuferais mieux de penser à t’occuper desgens qui t’aiment et qui ont besoin detoi.

Mes jambes flageolent, je suisremuée. C’est la première fois qu’ils’énerve. Mais j’ai beau être surprise, iln’a pas tort. Mary a besoin d’uneprésence. Elle ne connaît pas Julian etJohn. C’est moi qu’elle attend, c’estévident. Julian a raison une fois de plus !Dès que je me laisse guider par lacolère, je ne fais pas forcément ce qu’ily a de mieux.

Le regard de Julian se fait plusclément, l’orage est passé. Mais la

couleur du ciel dans ses yeux demeuretriste et grise.

– À part ça, je suis désolé de t’avoirembarquée dans ce petit jeu.

Il a l’air vraiment contrarié. Jeressens comme une douleur à l’idée queles règles du jeu viennent de changer etque nous sommes déjà en train de nouséloigner. En quelques secondescritiques, quelque chose vient d’évoluerdans notre étrange relation.

Je ne suis plus sa captive ! Je devraism’en réjouir, mais je suis effrayée àl’idée de ne plus le revoir. Et dans sonregard à lui, je lis des sentiments

identiques.

Mon magnifique milliardaire arboreun air torturé qui me dévoile encore unnouvel aspect de sa personnalité. Noussommes malheureusement dansl’affrontement, et la séparation estinéluctable.

– Prends soin de toi, souffle-t-il.

Sa voix me paraît soudain trèslointaine.

On ne va pas se quitter comme ça !

À présent que les effets de ma colèreprimaire s’estompent, j’essaie de

justifier maladroitement la raison de maviolence verbale à son égard.

– Tu sais, je voulais…

Mais non, c’est trop tard !

Julian ne peut plus m’entendre car ils’éloigne déjà sans se retourner pourrejoindre John Edwards qui l’attend auvolant de sa Porsche. Je les regarde àbord du bolide et je me fais la réflexionque les deux amis ressemblent à descombattants sur le sentier de la guerre.

Sois prudent, Julian, s’il te plaît…

Je suis surprise par la réelle

tendresse des mots qui dansentsilencieusement dans ma tête. Elle estpresque palpable, toute cette douceurqui me caresse. Je rejoins la limousineen marchant comme un automate. Jegrimpe à bord et demande au chauffeurde me conduire à l’hôpital.

Mary…

Je n’ai même pas pensé à demanderce que ce lâche de Winston avait fait àmon amie. J’ai peur de ce que je vaisdécouvrir à l’hôpital. Mary méritetellement mieux, quelqu’un de bien, devraiment bien.

Comme Julian…

Je suis anéantie. C’est à nouveau lavalse effrénée des questions qui dansentdans mon cerveau. Et maintenant, quevais-je faire ? Oublier Julian ?Revenir ? Ou m’acharner à vouloir lepunir d’être un Storm ? Vais-je continuerà le désirer puis à le détester tour àtour ? Ou bien vais-je commencer àl’aimer un jour pour l’éternité ?

Est-ce que quelqu’un m’entend là-haut ? Est-ce que quelqu’un pourraitme répondre ?

Une larme coule sur ma joue tandisque la limousine traverse Los Angeles etses encombrements, roulant au pas versl’hôpital où Mary vient d’être admise.

J’arrive, Mary. Je suis si désoléepour toi et je suis si triste pour tout…

À suivre,ne manquez pas leprochain épisode.

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La captive possédée par unmilliardaire – Vol. 3

La colère peut s’effacer. Les secrets sedéterrer. Les personnalités se dévoiler.Parfois la magie d’un soleil couchant surla vallée de San Fernando peut laisserespérer une dernière chance et un cadeauinespéré. La lumineuse captive et lefascinant milliardaire seront-ilscapables d'aller au-delà des barrièresqui s'était dressées entre eux ? Et si undernier mensonge venait toutbouleverser ?Qui de Leah Windfield ou de Julian

Storm aura le dernier mot ? Et quellesera l’issue de ce face à face passionnel? Vous le découvrirez au fil deschapitres du dernier épisode de la sagad'Amber James.

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Vampire Brothers

Deva rêvait de quitter le Montana pourétudier l’histoire de l'art dans uneuniversité prestigieuse ; elle doit rester àMissoula pour ne pas s’éloigner de samère, gravement malade. Deva pensaitque cette nouvelle année universitaireserait d’une banalité sans égale ; untueur en série sévissant dans les parageset les agissements suspects de sameilleure amie vont vite lui faire revoirsa copie. Deva croyait avoir trouvé enDante un véritable ami ; un seul regarddu beau Tristan Grant et sa vie va être

bouleversée à tout jamais…Attirée malgré elle par ce sublimegarçon dont elle ne sait rien, la joliejeune fille va tout faire pour échapper àla passion qui cherche à s’emparerd’elle. Car elle en est certaine : ce beauvisage et cette assurance implacabledissimulent quelque chose. Mais quandelle découvre enfin son secret, il estdéjà trop tard…

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