Recrutement Embaucher à temps partagé, mode d’emploi · 2018. 5. 30. · le marketing, la...

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29 Cahier 1 ı N° 3226 ı 19 mai 2018 ı Le Moniteur des pharmacies L’équipe défis de leur métier, que ce soit dans le marketing, la communication, l’in- formatique, les ressources hu- maines… », ajoute Sylvie Thiebault, directeur associé de Finaxim. Alléger ses contraintes d’employeur Le temps partagé permet de calibrer le temps de travail du collaborateur concerné au plus près de ses besoins tout en échappant à certains inconvé- nients du temps partiel, dont Philippe Vitoria rappelle qu’il est « de plus en plus encadré réglementairement tout en ne correspondant plus aux aspira- tions d’un certain nombre de salariés ». De plus, avec cette formule, le titulaire transfère ses responsabilités d’em- ployeur à l’ETTP ou au groupement d’employeurs auquel il appartient. « De quoi lever les freins psychologiques liés à une embauche en CDI et aux difficultés potentielles de se séparer d’un collaborateur », plaide Sylvie ie- bault, qui le présente aussi comme « un format plus souple que le CDD ». Bénéficier d’un apport d’expérience « Non seulement les collaborateurs à temps partagé ont à cœur de s’investir et de péreniser leurs missions, mais ils sont opérationnels dès leur entrée dans l’entreprise et font souvent mon- tre d’une productivité supérieure à ce que le dirigeant pouvait escomp- ter », note Sylvie iebault. Souvent « seniors », leur expérience très di- versifiée leur confère un atout sup- plémentaire : « Ils apportent un regard neuf et souvent enrichissant à la structure qui les accueille », pointe Philippe Vitoria. Leur point de vue peut également se révéler précieux en cas de difficultés économiques ou de tensions sociales. Adapter son organisation de travail L’accueil d’un collaborateur à temps partagé repose toutefois sur certains prérequis. « La démarche conviendra mieux à des officines inscrites dans une logique entrepreneuriale, estime Philippe Vitoria. En premier lieu, il faut être prêt à ouvrir ses portes à des profils souvent atypiques. » En- suite, « pour exploiter au mieux leur capacité de travail, il faut offrir aux collaborateurs concernés un cadre aussi structuré que possible ». Un bon prétexte, relève-t-il, pour améliorer son organisation ! En ce qui concerne le temps de travail, « le recours à un groupement d’employeurs se justifie pour une journée ou deux par semaine. Au-delà de trois jours, une embauche directe est préférable », indique le spé- cialiste. Sylvie iebault souligne l’im- portance de « bien évaluer avec le collaborateur la charge de travail et les responsabilités qu’il est à même d’assumer pendant son temps de pré- sence ». Vis-à-vis de l’équipe, il convient aussi de s’assurer d’avoir cla- rifié le positionnement de la personne : « Dans le domaine RH, par exemple, c’est une chose de venir en support au dirigeant de l’entreprise, c’en est une autre de se voir déléguer cette responsabilité ». Embaucher à temps partagé, mode d’emploi Recrutement Encore peu développé dans la profession, le temps partagé représente une piste prometteuse face aux difficultés de recrutement. En conciliant compétences et flexibilité, cette démarche peut même constituer un avantage concurrentiel. CHLOÉ DEVIS STEVE@COLORADO /ISTOCK Choisir sa formule Partager un collaborateur avec une ou plusieurs autres entreprises ? Cette pratique, de plus en plus répandue dans un certain nombre de secteurs, peut prendre différentes formes. La première consiste à se regrouper lo- calement entre employeurs et à salarier les collaborateurs partagés via la struc- ture ainsi créée. Une autre solution consiste à s’adresser à une ETTP (en- treprise de travail à temps partagé) existante qui mettra à disposition un collaborateur facturé au prorata des heures effectuées. S’offrir des experts « Le recours au temps partagé permet de recruter plus facilement des profils qui manquent à l’officine, mais qu’elle n’a ni les moyens ni la nécessité d’embaucher à temps complet », fait valoir Philippe Vitoria, dirigeant de Vénétis. Un certain nombre de fonc- tions de back office se prêtent bien à la démarche : la gestion administrative, la logistique, les achats… Mais c’est aussi « un bon moyen pour les titu- laires de s’adjoindre des compétences pointues pour faire face aux nouveaux

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29Cahier 1 ı N° 3226 ı 19 mai 2018 ı Le Moniteur des pharmacies

L’équipe

défis de leur métier, que ce soit dans le marketing, la communication, l’in-formatique, les ressources hu-maines… », ajoute Sylvie Thiebault, directeur associé de Finaxim.

Alléger ses contraintes d’employeurLe temps partagé permet de calibrer le temps de travail du collaborateur concerné au plus près de ses besoins tout en échappant à certains inconvé-nients du temps partiel, dont Philippe Vitoria rappelle qu’il est « de plus en plus encadré réglementairement tout en ne correspondant plus aux aspira-tions d’un certain nombre de salariés ». De plus, avec cette formule, le titulaire transfère ses responsabilités d’em-ployeur à l’ETTP ou au groupement d’employeurs auquel il appartient. « Dequoi lever les freins psychologiques liés à une embauche en CDI et aux difficultés potentielles de se séparer d’un collaborateur », plaide Sylvie Thie-bault, qui le présente aussi comme « unformat plus souple que le CDD ».

Bénéficier d’un apport d’expérience « Non seulement les collaborateurs à temps partagé ont à cœur de s’investir et de péreniser leurs missions, mais ils sont opérationnels dès leur entrée dans l’entreprise et font souvent mon-tre d’une productivité supérieure à ce que le dirigeant pouvait escomp-ter », note Sylvie Thiebault. Souvent « seniors », leur expérience très di-versifiée leur confère un atout sup-plémentaire : « Ils apportent un regard

neuf et souvent enrichissant à lastructure qui les accueille », pointePhilippe Vitoria. Leur point de vuepeut également se révéler précieuxen cas de difficultés économiques oude tensions sociales.

Adapter son organisation de travail L’accueil d’un collaborateur à tempspartagé repose toutefois sur certainsprérequis. « La démarche conviendramieux à des officines inscrites dansune logique entrepreneuriale, estimePhilippe Vitoria. En premier lieu, ilfaut être prêt à ouvrir ses portes àdes profils souvent atypiques. » En-suite, « pour exploiter au mieux leurcapacité de travail, il faut offrir auxcollaborateurs concernés un cadreaussi structuré que possible ». Un bonprétexte, relève-t-il, pour améliorerson organisation ! En ce qui concernele temps de travail, « le recours à ungroupement d’employeurs se justifiepour une journée ou deux par semaine.Au-delà de trois jours, une embauchedirecte est préférable », indique le spé-cialiste. Sylvie Thiebault souligne l’im-portance de « bien évaluer avec lecollaborateur la charge de travail etles responsabilités qu’il est à mêmed’assumer pendant son temps de pré-sence ». Vis-à-vis de l’équipe, ilconvient aussi de s’assurer d’avoir cla-rifié le positionnement de la personne :« Dans le domaine RH, par exemple,c’est une chose de venir en supportau dirigeant de l’entreprise, c’en estune autre de se voir déléguer cetteresponsabilité ».

Embaucher à temps partagé, mode d’emploi

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Encore peu développé dans laprofession, le temps partagéreprésente une piste prometteuseface aux difficultés de recrutement.En conciliant compétences etflexibilité, cette démarche peutmême constituer un avantageconcurrentiel.

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Choisir sa formulePartager un collaborateur avec une ouplusieurs autres entreprises ? Cettepratique, de plus en plus répanduedans un certain nombre de secteurs,peut prendre différentes formes. Lapremière consiste à se regrouper lo-calement entre employeurs et à salarierles collaborateurs partagés via la struc-ture ainsi créée. Une autre solutionconsiste à s’adresser à une ETTP (en-treprise de travail à temps partagé)existante qui mettra à disposition uncollaborateur facturé au prorata desheures effectuées.

S’offrir des experts« Le recours au temps partagé permetde recruter plus facilement des profilsqui manquent à l’officine, mais qu’ellen’a ni les moyens ni la nécessitéd’embaucher à temps complet », faitvaloir Philippe Vitoria, dirigeant deVénétis. Un certain nombre de fonc-tions de back office se prêtent bien àla démarche : la gestion administrative,la logistique, les achats… Mais c’estaussi « un bon moyen pour les titu-laires de s’adjoindre des compétencespointues pour faire face aux nouveaux

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