Recherche Agronomique Suisse, numéro 1, janvier 2015
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RECHERCHEAGRONOMIQUESUISSE
J a n v i e r 2 0 1 5 | N u m é r o 1
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Production végétale En quête de variétés tolérantes – pour une gestion durable du feu bactérien Page 4
Production végétale Enjeux de la production de pommes sans résidus Page 12
Environnement Recul des prairies à fromental Arrhenatheretum et conséquences sur la biodiversité Page 20
Le feu bactérien est un sérieux problème pour la culture de fruits à pépins en Suisse. Pour éviter de recourir aux antibio-tiques, les chercheurs et chercheuses d’Agroscope explorent intensivement des approches alternatives. De nouveaux principes actifs, stratégies de protection phytosanitaire et mesures sont testés afin d’assainir les arbres atteints et d’obtenir des variétés de pommes et de poires robustes pour la culture de fruits à cidre. (Photo: Gabriela Brändle, Aroscope)
ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.
EditeurAgroscope
Partenairesb Agroscope (Institut des sciences en production végétale IPV;
Institut des sciences en production animale IPA; Institut des sciences en denrées alimentaires IDA; Institut des sciences en durabilité agronomique IDU), www.agroscope.ch
b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne, www.ofag.chb Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen, www.hafl.chb Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau, www.agridea.chb Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,
Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement, www.usys.ethz.chb Institut de recherche de l'agriculture biologique FiBL, www.fibl.org
Rédaction Direction et rédaction germanophoneAndrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz,Agroscope, case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 58 466 72 21, Fax +41 58 466 73 00
Rédaction francophoneSibylle Willi Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz,Agroscope, case postale 1012, 1260 Nyon 1, Tél. +41 58 460 41 57
SuppléanceJudith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz,Agroscope, case postale 1012, 1260 Nyon 1, Tél. +41 58 460 41 82
e-mail: [email protected]
Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Responsable Corporate Communication Agroscope), Evelyne Fasnacht, Erika Meili et Sibylle Willi (Agroscope), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich), Thomas Alföldi (FiBL).
AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris (étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne/App: CHF 61.–*
* Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch
AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Agroscope, case postale 64, 1725 Posieux e-mail: [email protected], Fax +41 26 407 73 00
Changement d'adressee-mail: [email protected], Fax +41 31 325 50 58
Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch
ISSN infosISSN 1663 – 7917 (imprimé)ISSN 1663 – 7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrégé: Rech. Agron. Suisse
© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.
Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS
SommaireJanvier 2015 | Numéro 1
3 Editorial
Production végétale
4 En quête de variétés tolérantes – pour une gestion durable du feu bactérien
Anita Schöneberg, Sarah Perren et
Andreas Naef
Production végétale
12 Enjeux de la production de pommes sans résidus Michael Gölles, Esther Bravin, Stefan Kuske et
Andreas Naef
Environnement
20 Recul des prairies à fromental Arrhenatheretum et conséquences sur la biodiversité
Andreas Bosshard
Production animale
28 Croisements entre races laitières et à viande pour optimiser la performance bouchère
Arlène Müller, Alexander Burren et
Hannes Jörg
Eclairage
36 Plantes cultivées en Suisse – cinq monographies
Peer Schilperoord
39 Actualités
40 Interview
43 Manifestations
Editorial
3
Michael Gysi, chef Agroscope
AGROSCOPE – un regroupement pour davantage d’efficacité
Chère lectrice, cher lecteur,
Agroscope a gagné en visibilité et en efficacité depuis sa réorganisation début
2014. C’est ce que montrent de nombreuses réactions issues de l’agriculture et du
secteur agroalimentaire ainsi que de la politique et de l’administration.
Fin 2012, le Conseil fédéral a décidé de réunir les trois stations de recherche
en une seule, Agroscope. Au travers de cette réorganisation, le Conseil fédéral
poursuivait différents objectifs: uniformiser et améliorer la structure de direc-
tion et la gestion administrative d’Agroscope de manière à séparer la conduite
opérationnelle et la conduite stratégique; n’utiliser plus qu’une seule marque en
Suisse; mettre en place une culture d’entreprise commune. Il importait en outre
de positionner Agroscope de manière optimale pour l’avenir et de renforcer ainsi
son efficience.
La conduite d’Agroscope, basée sur six pôles stratégiques, a engendré un rap-
prochement des différents sites. Je constate qu’après une année déjà, la collabo-
ration au sein d’Agroscope s’est renforcée et améliorée. Pour la conduite et en
particulier pour les comités d’institut, l’indépendance par rapport aux sites
représente certes un grand défi, mais elle est mise en œuvre avec succès et beau-
coup d’engagement par les personnes concernées. Vivre au sein de cette nou-
velle structure a permis aux collaborateurs-trices de percevoir leur entreprise
sous un autre angle: il s’agit de la première étape vers une culture d’entreprise
commune. L’actuel mandat de prestations d’Agroscope de 2014 à 2017 se base
déjà sur la nouvelle structure organisationnelle. Lors de la consultation des
milieux politiques, il a été reconnu qu’Agroscope a rempli sa mission de réorga-
nisation interne et est désormais parée pour affronter l’avenir.
Du point de vue stratégique, Agroscope est dirigée par le Conseil Agroscope,
présidé par Bernard Lehmann. L’an dernier, le Conseil Agroscope et le comité de
direction d’Agroscope ont élaboré les nouveaux outils suivants pour la conduite
stratégique d’Agroscope:
•• Les séances du Conseil Agroscope, qui ont lieu six fois par an, dont une sous
forme de séance spéciale sur deux jours;
•• Les dialogues d’institut, qui ont un caractère informatif, offrent la possibilité
aux instituts d’Agroscope de présenter les défis actuels;
•• Le «processus du portefeuille» et le dialogue thématique, qui ont lieu chaque
année, permettent au Conseil Agroscope d’examiner l’orientation de la
recherche et de mettre en œuvre sa fonction de pilotage.
•• L’association des quatre groupes consultatifs externes (parties prenantes,
système de connaissances agronomiques, autres offices fédéraux, Conseil de la
recherche agronomique).
Bien qu’après une année nous soyons visiblement sur la bonne voie quant à la
mise en application de la gouvernance d’Agroscope, je pars du principe que les
outils précités peuvent encore être optimisés.
Je suis convaincu qu’avec cette nouvelle gouvernance, Agroscope utilise ses
ressources restreintes de manière optimale et oriente ses travaux de recherche
sur les domaines où l’agriculture et le secteur agroalimentaire ont le plus besoin
de solutions. Agroscope est ainsi mieux armée que jamais pour relever les défis
qui l’attendent.
Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 3, 2015
4 Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 4–11, 2015
I n t r o d u c t i o n
Le feu bactérien est apparu pour la première fois en
Suisse à la fin des années 80. Depuis, il a régulièrement
fait des ravages, récemment en 2007 et 2012. L’année
dernière également, la maladie causée par la bactérie
Erwinia amylovora a fait des apparitions isolées. Depuis
2008, l’application strictement réglementée de l’antibio-
tique streptomycine est autorisée dans les vergers en
Suisse afin de lutter contre E. amylovora. L‘utilisation est
limitée à la situation locale et au maximum une applica-
tion par année est autorisée. L’utilisation de la strepto-
mycine n’étant pas une solution à long terme de gestion
du feu bactérien, la station de recherche Agroscope à
Wädenswil s’emploie à trouver des alternatives. Le pro-
jet Herakles, financé par des fonds externes, teste de
nouvelles substances actives et stratégies de protection
phytosanitaire, ainsi que des variétés de pommes et de
poires à cidre tolérantes au feu bactérien. Des mesures
adaptées d’assainissement des arbres atteints sont égale-
ment à l’essai. Le but du projet est de contribuer à une
gestion efficace et durable du feu bactérien. Suite à des
tests effectués par Agroscope sur plus de 800 variétés de
pommes et de poires, quelques variétés tolérantes au
feu bactérien ont pu être identifiées (Perren et al. 2012,
Szalatnay et al. 2008). En cas de forte attaque de la mala-
die, les variétés tolérantes sont quand même atteintes.
Mais puisque le développement des symptômes est plus
Anita Schöneberg, Sarah Perren et Andreas Naef
Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 8820 Wädenswil, Suisse
Renseignements: Anita Schöneberg, e-mail: [email protected]
En quête de variétés tolérantes – pour une gestion durable du feu bactérien
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Figure 1 | Parcelle d’essai pour les tests de sensibilité au feu bactérien après inoculation des fleurs de variétés de fruits à pépins. (Photo: Agroscope)
En quête de variétés tolérantes – pour une gestion durable du feu bactérien | Production végétale
5
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Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 4–11, 2015
Les variétés de pommes et poires tolérantes
au feu bactérien sont un facteur important
dans la gestion de cette maladie. Deux
méthodes sont utilisées afin d’évaluer la
sensibilité au feu bactérien d’une variété de
fruits à pépins suite à l’inoculation artificielle:
l’inoculation des pousses et l’inoculation des
fleurs. Depuis 2013, Agroscope peut procéder
à des inoculations artificielles de fleurs en
plein champ sur une parcelle d’essai unique
en Suisse. Une analyse de corrélation a
permis de comparer les deux méthodes. Une
faible corrélation positive a été constatée,
qui n’était toutefois pas significative. Les
variétés qui se montraient déjà peu sensibles
lors de l’inoculation des pousses sous serre
étaient plutôt tolérantes lors de l’inoculation
des fleurs. Toutefois, comparée à l’inocula-
tion des fleurs, la sensibilité de certaines
variétés lors de l’inoculation des pousses
était fortement sur- ou sous-estimée. Ainsi,
afin d’assurer une meilleure reproductibilité
des résultats dans la pratique, les variétés
prometteuses lors de l’inoculation des
pousses devraient encore être testées en
plein champ par inoculation artificielle des
fleurs. Les deux méthodes expérimentales,
additionnées aux autres observations de la
sensibilité des variétés tirées de la pratique,
permettent de prodiguer des conseils fiables
concernant la culture de variétés de fruits à
pépins tolérantes au feu bactérien en Suisse.
lent, l’assainissement est plus efficace que pour les varié-
tés sensibles (Aldwinckle et Preczewski 1976). Des varié-
tés de fruits à pépins aptes à la commercialisation et
100 % résistantes n’ont pas encore été trouvées. Deux
méthodes sont utilisées afin de tester la sensibilité des
variétés au feu bactérien; l’inoculation des pousses en
serre de quarantaine, qui permet de tester la variété sur
une durée relativement courte. Cependant, la porte
d’entrée principale en plein champ pour l’agent patho-
gène du feu bactérien est la pleine fleur. La bactérie est
transmise par des pollinisateurs tels que les abeilles, ou
par la pluie (Thomson 2000). L’autre méthode, l’inocula-
tion artificielle des fleurs en plein champ, est proche des
conditions retrouvées dans la pratique, mais elle est
aussi plus onéreuse et plus exigeante que l’inoculation
des pousses.
Les essais peuvent être menés depuis 2013 au
domaine d’essai fruits à noyau du Breitenhof sur une
parcelle test d’Agroscope unique en Suisse et entière-
ment recouverte de filets. Des premiers résultats ont
déjà été obtenus. Une comparaison des deux méthodes
expérimentales devrait permettre de conclure si les
résultats de la sensibilité au feu bactérien sont fiables.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Inoculation des pousses
Lors de l’inoculation des pousses, les greffons des varié-
tés à tester ont été greffés sur le porte-greffe M9 T337 et
placés dans des pots rosier (hauteur 35,5 cm, diamètre
7 cm). Ils ont ensuite été cultivés quatre à cinq semaines
sous serre en conditions optimales (17 – 25 °C, 70 % d’hu-
midité relative). Lorsque les pousses atteignaient les
10 cm de longueur, seule la pousse la plus robuste était
Figure 2 | Inoculation de l’extrémité des pousses avec Erwinia amylovora. La solution bactérienne est injectée dans l’extrémité de la pousse à l’aide d’une seringue médicale. (Photo: Agroscope)
Production végétale | En quête de variétés tolérantes – pour une gestion durable du feu bactérien
6 Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 4–11, 2015
conservée et placée sous serre de quarantaine en blocs
aléatoires complets (10 plants par variété). La bactérie
E. amylovora (souche FAW610Rif, concentration =
109 cfu/ml) a été directement injectée dans la pousse à
l’aide d’une seringue (Rezzonico et Duffy 2007). L’injec-
tion a été faite 0,5 cm en dessous de la dernière feuille,
de façon à ce qu’une goutte de la solution bactérienne
adhère à la tige (fig. 2). Les plants ont encore été cultivés
trois semaines dans les mêmes conditions climatiques que
précédemment. Les bactéries se propagent et se multi-
plient dans la pousse à partir du point d’inoculation, pro-
voquant des symptômes vert-gris à noirs. La longueur de
la lésion visible (LL) depuis l’extrémité de la pousse a été
mesurée chaque semaine pendant trois semaines. Les
variétés «Gala Galaxy» (sensible) et «Rewena» (tolérante)
ont servi de référence (fig. 3). La sensibilité de la pousse
a été déterminée en calculant le pourcentage de la LL par
rapport à la longueur totale de la pousse trois semaines
après l’inoculation artificielle (LL3) (selon Le Lezec et Pau-
lin 1984). En rapprochant ce résultat avec celui obtenu
pour la variété sensible de référence, il est possible de
comparer les résultats de séries d’essai indépendantes et
sur plusieurs années (tabl. 1).
Inoculation des fleurs
L’inoculation des fleurs a été réalisée au domaine d’essai
fruits à noyau du Breitenhof à Wintersingen (canton de
Bâle-Campagne) sur une parcelle d’essai d’Agroscope
recouverte entièrement de filets. Le filet anti-insectes
empêche le transit de vecteurs indésirables. Il n’est pos-
Figure 3 | Longueur de lésion visible trois semaines après l’inoculation artificielle avec Erwinia amylovora. Variété sensible de référence «Gala Galaxy» (à gauche) et variété tolérante de référence «Rewena» (à droite). (Photo: Agroscope)
Evaluation de la sensibilité des pommiers au feu bactérien après inoculation des pousses
Très faible Longueur de lésion (LL3) < 25 % comparée à la LL3 de «Gala Galaxy»
Faible Longueur de lésion (LL3) 25–40 % comparée à la LL3 de «Gala Galaxy»
Moyenne Longueur de lésion (LL3) 40–60 % comparée à la LL3 de «Gala Galaxy»
Elevée Longueur de lésion (LL3) 60–100 % comparée à la LL3 de «Gala Galaxy»
Très élevée Longueur de lésion (LL3) > 100 % comparée à la LL3 de «Gala Galaxy»
Tableau 1 | Evaluation de la sensibilité au feu bactérien des pousses de variétés de pommiers, trois semaines après l’infection artificielle de l’extrémité de la pousse (LL3).
En quête de variétés tolérantes – pour une gestion durable du feu bactérien | Production végétale
7Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 4–11, 2015
Les variétés en essai ont été greffées sur le porte-greffe
M9 T337 avec «Golden Delicious» comme greffe inter-
médiaire. Les scions de deux ans ont été mis en pot
(volume de pot: 10 l), cultivés une année supplémentaire
puis disposés sur la parcelle au printemps. Les arbres de
la première série de tests de l’année commencent à
sible de pénétrer dans la parcelle que par un sas. Le
matériel qui en ressort est décontaminé afin d’éviter la
propagation du feu bactérien. Une fois l’essai terminé,
une procédure de contrôle des plantes-hôtes du feu
bactérien est effectuée annuellement sur un périmètre
de 500 m.
Figure 4 | Inoculation des bouquets floraux avec une solution d‘Erwinia amylovora sur des arbres en pot de trois ans en plein champ. (Photo: Agroscope)
Tableau 2 | Echelle d’évaluation de l’infection des fleurs après inoculation artificielle en plein champ. (Photos: Agroscope)
Catégorie Parties atteintes Description Photo
1 Pas de symptômes• Aucun symptôme visible• Flétrissement des fleurs typique de la variété
2 Symptômes diffus• Etamines et/ou carpelles brun-noir • Réceptacle, pédoncule et sépales verts • Ne pas forcément attribuer ces symptômes au feu bactérien
3 Infection des fleurs < 1/3• Sépales et/ou réceptacle orange à noir• Tige sans nécrose ou < 1/3 de sa longueur
4 Infection des fleurs > 1/3• Tige entièrement nécrosée ou > 1/3 de sa longueur• Pédoncule vert, nette séparation
5 Bouquet floral et pédoncule • Coloration foncée du pédoncule, sépales sains
6Bouquet floral, pédoncule et jeune pousse
• Jeunes pousses malades• Pas de jeunes pousses, tout le bouquet floral est malade
(y.c. les sépales)•Pas de nécrose visible du bois
7 Nécrose du bois < 5 cm • Nécrose du bois visible (< 5 cm)
8 Nécrose du bois > 5 cm • Nécrose du bois visible (> 5 cm)
9 Nécrose du bois > 10 cm • Nécrose du bois visible (> 10 cm)
Production végétale | En quête de variétés tolérantes – pour une gestion durable du feu bactérien
8 Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 4–11, 2015
débourrer. En revanche, la floraison de la deuxième série
a été retardée: les arbres ont été entreposés en chambre
froide puis sortis en temps voulu afin de permettre le
débourrement en été. Par variété, douze plants de trois
ans (trois répétitions de quatre plants) ont été placés sur
la parcelle en blocs aléatoires complets. Les arbres
étaient irrigués par un système d’irrigation goutte-à-
goutte. En période de floraison, deux ruches ont permis
la pollinisation des arbres de la parcelle entièrement
recouverte de filets. Pour l’inoculation, dix bouquets flo-
raux par arbre au stade pleine floraison (BBCH65) ont
été marqués puis inoculés en vaporisant manuellement
une solution d’E. amylovora (souche suisse, FAW610Rif,
concentration = 3,5 × 108 cfu/ml) (fig. 4). Des sachets plas-
tiques ont été placés autour des bouquets de l’année
2013 pendant six jours afin d’assurer une protection
contre les intempéries et d’offrir des conditions d’infec-
tion favorables aux bactéries. En 2014, les sachets plas-
tiques n’ont pas été utilisés puisqu’en 2013 les résultats
liés aux dégâts ne présentaient aucune différence statis-
tiquement significative entre les fleurs avec ou sans plas-
tique (données non présentées ici). L’importance des
symptômes sur les bouquets floraux a été évaluée 7, 14,
21 et 28 jours après l’inoculation. Les variétés «Gala
Galaxy» (sensible) et «Enterprise» (tolérante) ont servi
de référence. L’échelle d’évaluation des symptômes com-
prend neuf catégories, allant de l’absence de symptômes
ou symptômes diffus jusqu’à des nécroses du bois d’in-
tensité différente, en passant par des infections de fleurs
isolées ou de bouquets floraux (tabl. 2). La sensibilité au
feu bactérien après l’inoculation des fleurs est détermi-
née 28 jours après l’inoculation, en comparant le pour-
centage des bouquets floraux > catégorie 5 à celui
obtenu par «Gala Galaxy» (tabl. 3).
Statistiques
Pour effectuer l’analyse de corrélation, la moyenne de la
LL3 de chaque variété a été comparée à «Gala Galaxy»,
et ceci pour toutes les inoculations de pousses de
2008 – 2014. Les résultats du précédent projet «Sélection
des variétés pour une stratégie intégrée contre le feu
bactérien dans la culture suisse des pommes à cidre –
SOFEM» et du projet «Description des ressources géné-
tiques fruitières – BEVOG I et II» ont ainsi été intégrés à
l’analyse. Toutes les variétés (à l’exception de «Grauer
Hordapfel») ont été testées au moins deux fois dans des
séries d’essai indépendantes. En revanche, pour l’inocu-
lation des fleurs, seuls les résultats d‘une année par
variété sont disponibles actuellement (exceptions: varié-
tés de référence «Gala Galaxy» avec trois séries et «Enter-
prise» avec deux séries). Les données ne suivant pas une
distribution normale, une corrélation de Spearman sui-
vie d’un test t ont été appliqués à l’aide du programme
XLSTAT 2011 sur Microsoft Excel 2010 afin de déterminer
le seuil de signification (α = 0,05).
R é s u l t a t s
La sensibilité au feu bactérien de plus de 150 variétés de
pommes et de poires a été testée de 2012 – 2014 dans le
cadre du projet Herakles. Seuls les résultats des variétés
ayant déjà généré des données sur la sensibilité des
fleurs sont présentés ici.
Inoculation des pousses et des fleurs
Les variétés ayant déjà présenté une faible sensibilité
lors de l’inoculation des pousses et / ou d’une grande
importance en arboriculture ont été privilégiées pour
l’inoculation des fleurs. Il n’est donc pas surprenant de
constater qu’une grande partie des variétés testées
n’était que très peu voire moyennement sensible au
feu bactérien lors de l’inoculation des fleurs. Au cours
de deux séries d’essais indépendants, aucun bouquet
floral de la variété témoin «Enterprise» ne présentait de
symptômes supérieurs à la catégorie 5. Les variétés
«Rubinola» et «Rewena» ne montraient pas non plus
de nécroses du bois (fig. 5). Les cultivars «Dalinette»,
«Empire» et «Grauer Hordapfel» ainsi qu’un peu plus
loin «Santana» ont été classés «très peu sensibles».
Quatre autres variétés ont été classifiées «peu sensibles»:
Evaluation de la sensibilité des pommiers au feu bactérien après inoculation des fleurs
Très faible < 25 % bouquets floraux > catégorie 5 comparés à «Gala Galaxy»
Faible 25–40 % bouquets floraux > catégorie 5 comparés à «Gala Galaxy»
Moyenne 40–60 % bouquets floraux > catégorie 5 comparés à «Gala Galaxy»
Elevée 60–100 % bouquets floraux > catégorie 5 comparés à «Gala Galaxy»
Très élevée > 100 % bouquets floraux > catégorie 5 comparés à «Gala Galaxy»
Tableau 3 | Evaluation de la sensibilité au feu bactérien de variétés de pommiers après inoculation des fleurs, quatre semaines après l’inoculation artificielle
En quête de variétés tolérantes – pour une gestion durable du feu bactérien | Production végétale
9Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 4–11, 2015
lation des pousses. Cependant, la majorité des variétés
moyennement sensibles lors de l’inoculation des pousses
étaient aussi moyennement voire très sensibles lors de
l’inoculation des fleurs. «Santana» et «Reglindis» fai-
saient toutefois exception en obtenant une sensibilité
«très faible» et «faible» lors de l’inoculation des fleurs,
alors qu’elles étaient «très sensibles» lors de l’inocula-
tion des pousses.
D i s c u s s i o n
La méthode de l’inoculation des pousses permet de tes-
ter en un temps limité la sensibilité au feu bactérien de
plusieurs variétés. Au verger, la fleur est la voie d’infec-
tion principale (Thomson 2000). La méthode d’inocula-
tion des fleurs correspond donc mieux aux conditions
naturelles d’infection trouvées dans la pratique. La pré-
paration des arbres requiert cependant trois années de
culture et la réalisation des essais prend beaucoup de
temps. En raison de la forte influence des conditions
météorologiques sur les attaques du feu bactérien, la
répétition des essais est indispensable. Le risque d’infec-
tion pour les variétés dont la floraison se situe en période
de conditions optimales d’infection est plus grand que
pour les variétés dont la floraison s’effectue en période
plus fraîche.
«Reglindis», «Heimenhofer», «Bittenfelder» et «Ingol».
Les cultivars «Rubin», «Golden Orange», «Opal», «Bos-
koop S.H.» («Boskoop rouge») et «Relinda» ont présenté
une sensibilité moyenne. Seules huit des 24 variétés tes-
tées ont été considérées comme «très sensibles». Parmi
celles-ci les variétés «Ariane», «René» et «Maunzen-
apfel» étaient nettement moins sensibles que «Natyra»,
«Liberty» et «Bohnapfel» qui présentaient une sensibi-
lité équivalente à la variété témoin «Gala Galaxy». La
variété «Sauergrauech» («pomme raisin») était légère-
ment plus sensible que «Gala Galaxy». Il s’agit toutefois
de tenir compte que ces résultats de l’inoculation des
fleurs ne proviennent que d’une seule série d’essais.
Corrélation entre l'inoculation des pousses et des fleurs
Le coefficient de corrélation de Spearman de 0,3 révèle
une faible corrélation positive entre l’inoculation des
pousses et des fleurs. Le résultat est non significatif
(p = 0,231) et le coefficient de détermination est de 0,06.
En représentant les données graphiquement, il est aisé
de constater que le rapport entre les résultats des deux
méthodes de test n’est pas un rapport linéaire standard
mais plutôt une tendance avec quelques écarts. Quelques
variétés - p. ex. «Liberty» et «René» - présentaient une
forte sensibilité lors de l’inoculation des fleurs alors
qu’elles s’étaient montrées peu sensibles lors de l’inocu-
9 11 12 13
16 16 17 17 17
21 22 22 24
26 29 29
34 45
53 53
56 62
69 100
0 20 40 60 80 100
Inoculation des pousses
68 0
55 3
96 7
57 7 0
38 0
62 71
38 52
98
50 50
34 91
20 31
100
0 20 40 60 80 100 % bouquets floraux > catégorie 5
vs «Gala Galaxy»
Inoculation des fleurs
Gala GalaxyReglindisSantana Natyra®
HeimenhoferGolden Orange
Rubin Sauergrauech
BohnapfelOpal®
BittenfelderMaunzenapfel
Ariane Rubinola
IngolRewena
Grauer Hordapfel RelindaEmpire Liberty
DalinetteBoskoop S.H.
Enterprise René
Longueur de lésion (en % de la longueur totale de pousse) vs «Gala Galaxy»
Figure 5 | Résultats de l’inoculation des fleurs (à gauche) en % de bouquets floraux > catégorie 5 comparés à la variété sensible de réfé-rence «Gala Galaxy», quatre semaines après l’inoculation. Résultats de l’inoculation des pousses (à droite), indiqués selon la longueur de lésion (en % de la longueur totale de pousse) comparés à «Gala Galaxy» trois semaines après l’inoculation.
10
Production végétale | En quête de variétés tolérantes – pour une gestion durable du feu bactérien
Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 4–11, 2015
Même en l’absence de répétitions pour une variété don-
née lors du test de l’inoculation des fleurs, l’analyse de
corrélation permet déjà de tirer quelques conclusions sur
les différences entre les deux méthodes expérimentales.
D’après l’analyse des deux méthodes, la sensibilité au
feu bactérien d’une variété n’est que faiblement corré-
lée et non significative. D’un côté, cette faible corréla-
tion positive indique que les variétés très sensibles lors
de l’inoculation des pousses se montrent également très
sensibles lors de l’inoculation des fleurs. D’un autre côté,
nos essais ont aussi démontré que quelques variétés
étaient clairement plus tolérantes lors de l’inoculation
des pousses que lors de l’inoculation des fleurs. Lors d’es-
sais similaires, Persen et al. (2011) et Horner et al. (2014)
ont fait des observations identiques. Ainsi, en plein
champ, la tolérance au feu bactérien d’une variété peut
facilement être sur- ou sous-estimée, si seule la méthode
d’inoculation des pousses est appliquée. Les résultats
d’évaluation de la sensibilité au feu bactérien étant dif-
férents selon la méthode utilisée, Horner et al. (2014)
proposent une explication: la base génétique (Quantita-
tive Trait Loci, QTLs) des mécanismes de résistance est
différente qu’il s’agisse de la sensibilité des pousses ou
des fleurs.
C o n c l u s i o n s
L’inoculation des pousses est une méthode facilement
applicable et peu coûteuse pour la préselection du maté-
riel variétal à disposition. Une variété évaluée «très sen-
sible» lors de l’inoculation des pousses obtiendra rare-
ment une meilleure évaluation lors de l’inoculation des
fleurs. Toutefois, l’évaluation de la sensibilité au feu bac-
térien des variétés prometteuses devrait aussi passer par
le test de l’inoculation des fleurs. L’évaluation de la sen-
sibilité au feu bactérien d’une variété en verger est plus
pertinente avec la méthode d’inoculation des fleurs. La
combinaison des deux méthodes expérimentales et des
observations tirées de la pratique, permet de formuler
des recommandations fiables sur les variétés tolérantes
au feu bactérien, au bénéfice de la culture des fruits à
pépins en Suisse.
� n
Remerciements
Les auteurs remercient la Coopérative CAVO, la Quality Juice Foundation et les cantons d’Argovie, Lucerne, Saint-Gall, Thurgovie et Zurich pour le financement du projet Herakles. Les équipes du domaine d’essai fruits à noyau du Breitenhof et de l’exploitation arboricole à Wädenswil pour le soutien technique et la réali-sation des essais. Les collaborateurs du projet BEVOG I et II (Description des res-sources génétiques fruitières) pour la transmission des données de l’inoculation des pousses.
11
En quête de variétés tolérantes – pour une gestion durable du feu bactérien | Production végétale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 4–11, 2015
The search for robust varieties for
sustainable fireblight management
Robust apple and pear varieties are an
important tool in sustainable fireblight
management. Two artificial inoculation
methods are used for assessing a pome-fruit
cultivar’s susceptibility to fireblight: shoot
inoculation and blossom inoculation. Since
2013, Agroscope has for the first time been
in a position to conduct artificial blossom
inoculation tests on an outdoor trial plot
that is unique in Switzerland. A correlation
analysis was used to test both methods as to
their comparability. A weakly positive
correlation was detected, which was
nevertheless not significant. Cultivars with
low susceptibility in the shoot inoculation in
the greenhouse also often proved to be
robust in the blossom inoculation. With
some cultivars, however, susceptibility in the
shoot inoculation was markedly under- or
overestimated compared to susceptibility in
the blossom inoculation. For better transfer-
ability of the results to practice, the most
promising candidate cultivars from the shoot
inoculation should therefore also be tested
outdoors by means of artificial blossom
inoculation. The combination of the two test
methods and the additional observations on
the susceptibility of the cultivars from
practice will allow us to make reliable
recommendations of fireblight-tolerant
varieties for Swiss pome-fruit production.
Key words: Erwinia amylovora, fire blight
susceptibility, robust varieties, shoot
inoculation, blossom inoculation.
La ricerca di varietà tolleranti per una
gestione sostenibile del fuoco batterico
Le varietà di mele et pere tolleranti sono
uno strumento importante nella gestione
del fuoco batterico. Per classificare la
sensibilità al fuoco batterico di una varietà
di frutta a granella vengono impiegati due
metodi: l'inoculazione nei germogli e
l'inoculazione nei fiori. Dal 2013, per la
prima volta Agroscope è in grado di
eseguire inoculazioni artificiali nei fiori in
pieno campo, su un lotto sperimentale
unico in tutta la Svizzera. La comparabilità
dei due metodi è stata testata tramite
un'analisi di correlazione. Si è potuta
osservare una debole correlazione
positiva, comunque non significativa. Le
varietà che con l'inoculazione dei germogli
in serra erano già poco suscettibili alla
malattia, si sono spesso rivelate resistenti
anche con l'inoculazione nei fiori. Nel caso
di alcune varietà, la suscettibilità alla
malattia con l'inoculazione nei germogli è
stata tuttavia notevolmente sotto- o
anche sopravvalutata rispetto all'inocula-
zione nei fiori. Per meglio trasferire i
risultati nella pratica, le varietà candidate
più promettenti sottoposte all'inocula-
zione nei germogli dovrebbero dunque
essere anche testate in pieno campo per
mezzo dell'inoculazione artificiale nei fiori.
Combinando entrambi i metodi di test e
anche osservando nella pratica la propen-
sione alla malattia delle varietà, è possi-
bile raccomandare in maniera attendibile
le varietà più tolleranti al fuoco batterico
da impiegare nella coltivazione della frutta
a granella.
Bibliographie ▪ Aldwinckle H. S. & Preczewski J. L., 1976. Reaction of terminal shoots of apple cultivars to invasion by Erwinia amylovora. Phytopatholgy 66, 1439–1444.
▪ Horner M. B., Hough E. G., Hedderley D. I., How N. M. & Bus V. G. M., 2014. Comparison of fire blight resistance screening methodologies. New Zealand Plant Protection 67, 145–150.
▪ Le Lezec, M. & Paulin, J. P., 1984. Shoot susceptibility to fireblight of some apple cultivars. Acta Horticulturae 151, 277–281.
▪ Perren S., Egger S. & Kellerhals M., 2012. Mit robusten Sorten dem Feuer-brand trotzen. Landfreund 12, 32–35.
▪ Persen U., Gottsberger R. & Reisenzein H., 2011. Spread of Erwinia amy-lovora in apple and pear trees of different cultivars after artificial inocu-lation. Acta Horticulturae (ISHS) 896, 319–330.
▪ Rezzonico F. & Duffy B., 2007. The role of luxS in the fire blight pathogen Erwinia amylovora is limited to metabolism and does not involve quorum sensing. Mol Plant-Microbe Interact 20, 1284–1297.
▪ Szalatnay D., Hunziker K., Kellerhals M. & Duffy B., 2008. Triebanfällig-keit alter Kernobstsorten gegenüber Feuerbrand. Schweiz. Z. Obst-Wein-bau 9, 8–10.
▪ Thomson S. V., 2000. Epidemiology of fire blight. In: Fire blight: The disease and its causative agent, Erwinia amylovora. (Ed. J. L. Vanneste). CAVI Publishing, Wallingfort UK, 9–37.
12 Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 12–19, 2015
La variété de pomme résistante à la tavelure Ariane.
I n t r o d u c t i o n
Dans la pomiculture, la lutte contre les agents patho-
gènes d’origine fongique et animale joue un rôle central,
car une infestation de faible ampleur suffit à causer des
pertes économiques aux arboriculteurs. Dans la produc-
tion intégrée de pommiers, jusqu’à vingt traitements
environ sont pratiqués contre les agents pathogènes,
suivant les conditions météorologiques. Les produits
phytosanitaires les plus fréquemment utilisés sont les
fongicides.
La procédure d’autorisation des produits phytosa-
nitaires fixe pour chaque principe actif des limites
maximales de résidus et des délais d’attente entre la
dernière application et la récolte, afin de garantir une
consommation sans risque des produits. Jusqu’à pré-
sent, les autorités d’homologation ne publient aucune
limite concernant le nombre de principes actifs identi-
fiables sur le produit. Différents grands distributeurs
européens ont cependant mis en place des systèmes de
management de la qualité pour réduire la quantité de
résidus dans les denrées alimentaires, mais aussi le
nombre de principes actifs utilisés pour la protection
des plantes. En Suisse, un consensus a été trouvé au
sein de SwissGAP entre production et commerce des
denrées alimentaires: en plus des limites légales de rési-
dus, le nombre toléré de principes actifs identifiables
sur les produits de récolte a été fixé pour chaque espèce
fruitière.
Il est difficile aux arboriculteurs qui pratiquent la
production intégrée de satisfaire ces exigences. Au cours
de la saison, différents agents pathogènes d’origine ani-
male et fongique sont combattus de manière ciblée à
l’aide de produits phytosanitaires sélectifs. Par ailleurs,
pour éviter l’apparition de résistances, différents prin-
cipes actifs sont souvent utilisés contre le même agent
Michael Gölles, Esther Bravin, Stefan Kuske et Andreas Naef
Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 8820 Wädenswil, Suisse
Renseignements: Andreas Naef, e-mail: [email protected]
Enjeux de la production de pommes sans résidus
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Enjeux de la production de pommes sans résidus | Production végétale
13
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 12–19, 2015
Dans la lutte contre les ravageurs, les
maladies et les adventices, la production
fruitière moderne mise avant tout sur des
produits phytosanitaires sélectifs et respec-
tueux des auxiliaires. Cela suppose l’emploi
d’un grand nombre de principes actifs qui
peuvent laisser des résidus dans les fruits.
Différents grands distributeurs européens
ont mis en place des systèmes de manage-
ment de la qualité pour réduire la quantité
totale de résidus, mais aussi pour réduire le
nombre de produits phytosanitaires utilisés.
Dans le cadre d’un essai de plusieurs années
sur les pommes, Agroscope a étudié si la
production sans résidu était faisable d’un
point de vue agronomique et économique.
Les résultats montrent qu’il est possible de
produire des pommes sans résidu en adap-
tant les stratégies actuelles de protection des
plantes contre les maladies fongiques.
L’application d’une telle stratégie dans la
pratique permettrait de répondre à une
attente importante de la part des consomma-
teurs. Cependant, sans différenciation de prix
par rapport à la production intégrée, cette
stratégie n’est pas rentable sur le plan
économique.
pathogène. C’est pourquoi Agroscope a étudié quelles
stratégies de protection des plantes permettaient de
minimiser les résidus sur les pommes et si ces stratégies
étaient économiquement rentables.
M é t h o d e
En 2008, un essai de plusieurs années a été mis en place
dans une plantation fruitière existante à Wädenswil.
Cette publication présente les résultats des années 2009
à 2012.
Variétés
L’essai a porté sur la variété Golden Delicious (0,3 ha) et
les variétés résistantes à la tavelure Ariane, Otava et
Topaz (0,75 ha). La taille des blocs d’essais a été conçue
de manière à permettre de cultiver les variétés comme
dans la pratique (tabl. 1).
Stratégies phytosanitaires
Trois stratégies phytosanitaires différentes ont été com-
parées: la production intégrée (PI), la production biolo-
gique (BIO) et la production Low Residue (LR) (fig. 1). La
stratégie LR consistait en une combinaison de la straté-
gie PI et de la stratégie BIO. Durant la première moitié
de la saison (du débourrement jusqu’à mi-juin environ),
les cultures ont été traitées à l’aide de fongicides selon le
standard PI, pour lutter au mieux contre la tavelure et
l’oïdium. Puis, les cultures ont été traitées à l’aide de
fongicides biologiques, Armicarb (principe actif: bicarbo-
nate de potassium) et Myco-Sin (principes actifs: argile
sulfurée et extrait de prêle), tous deux combinés avec du
Système PIAgroscope LR BIO
Blocs de variétés
Golden Delicious: variété sensible à la tavelure, année de plantation 1999, porte-greffes FLeuren 56, 1 bloc de 4 rangées par systèmeAriane: variété résistante à la tavelure (Vf), année de plantation 2006, porte-greffes Lancep, 2 blocs de 2 rangées par système Otava: variété résistante à la tavelure (Vf) , année de plantation 2004, porte-greffes J-TE-E, 2 blocs de 2 rangées par système Topaz: variété résistante à la tavelure (Vf), année de plantation 2004, porte-greffes J-TE-E, 2 blocs de 2 rangées par système
Régulation des rendements
Eclaircissements chimique et manuel
Eclaircissements chimique et manuel Eclaircissements mécanique et manuel
Fumure Selon les directives PI Selon les directives PI Selon les directives BIO
Protection phytosanitaire
Stratégie selon les recom-mandations Agroscope
Stratégie visant à minimiser les résidus de pesticides
Stratégie BIO usuelle dans la pratique
Maladies fongiques Cf. fig. 1
Feu bactérien1–2 traitements à la streptomycine contre le feu bactérien 1–2 traitements de Myco-Sin-contre le feu bactérien
Filet de protection sur toute la parcelle (barrière pour les abeilles contaminées)
Carpocapses de la pomme
Technique des phéromones pour semer la confusion sur l’ensemble de la parcelle
Autres ravageurs1–2 traitements insecticides contre les pucerons et les autres ravageurs
selon le seuil de tolérance1–2 traitements insecticides contre les pucerons et les
autres ravageurs selon le seuil de tolérance
Adventices 1–2 traitements herbicides dans les rangées d’arbres Lutte mécanique contre les adventices dans
les rangées d’arbres
Tableau 1 | Description des systèmes de production PI, LR et BIO
Production végétale | Enjeux de la production de pommes sans résidus
14
soufre mouillable. Il n’existe pas de limites supérieures
pour ces principes actifs qui ne sont d’ailleurs pas non
plus répertoriés dans les screenings de résidus de pesti-
cides. Les traitements en été et avant la récolte visent à
lutter contre la tavelure et l’oïdium, mais aussi à réduire
les infections dues à des agents de pourriture, qui
entraînent des pertes lors du stockage.
L’ensemble du dispositif expérimental a été protégé
par un filet anti-grêle. Les côtés et les bouts de parcelles
ont également été fermés par des filets anti-grêle afin
d’empêcher le passage des insectes. De plus, des distri-
buteurs de phéromones ont été répartis sur toute la sur-
face afin de semer la confusion parmi les carpocapses.
Avec les stratégies LR et IP, la lutte contre les ravageurs,
la régulation de la charge, la fumure et la lutte contre les
adventices se déroulaient de la même manière. Avec la
variante BIO, les cultures étaient traitées selon les direc-
tives de l’agriculture biologique. La figure 1 présente les
stratégies fongicides et le tableau 1 les autres mesures
d’entretien et de protection des plantes.
Relevé des donnéesLes données relevées sur la parcelle concernaient la pré-
sence de maladies, l’infestation par les ravageurs et le
temps de travail investi. Après la récolte, le rendement
et la qualité des fruits ont également été enregistrés.
Les fruits stockés ont été contrôlés pour déterminer les
maladies dues au stockage et les dommages physiolo-
giques. Pour les stratégies LR et PI, les analyses de rési-
dus ont été effectuées sur des échantillons de 2,5 kilos
de pommes Golden Delicious et Topaz fraîchement
récoltées. Ces échantillons ont été testés à l’aide de la
méthode Multi (UFAG Laboratories, 6210 Sursee) afin
d’identifier les principes actifs polaires et apolaires.
Tri et stockage
Après la récolte, tous les fruits ont été triés selon les
directives de la Fruit-Union Suisse (FUS) pour les pommes
de table. Un échantillon de 100 kg de pommes produites
selon les différents procédés et de 20 kg de pommes pro-
venant de la parcelle témoin non traitée a été stocké
pendant six mois en entrepôt CA (controlled atmosphere,
1 °C, 1,5 % CO2, 1,5 % O2).
Evaluation économique
Le calcul du cash-flow a été réalisé à l’aide du modèle
Arbokost (Agroscope 2013). Le cash-flow correspond à
la somme des recettes et des amortissements annuels de
la plantation de pommiers. Pour chaque variété et
chaque procédé, le nombre réel d’heures de machines
et d’heures de main-d’œuvre a été comptabilisé ainsi
que les quantités de produits phytosanitaires et d’en-
grais. Les coûts de machines sont basés sur les tarifs
d’Agroscope (Gazzarin et Lips 2012), les coûts de main-
d’œuvre sur les tarifs de la Fruit-Union Suisse et les coûts
d’infrastructure sur ceux d’Arbokost.
Les temps de récolte n’ont pas pu être enregistrés
précisément car les parcelles (variétés x procédé) étaient
trop petites. C’est pourquoi les heures de récolte ont
été calculées sur la base d’un débit de récolte de 120 kg/
MOh (heures de main-d’œuvre) et du volume de récolte
final. Le calcul des revenus se base sur la part de pommes
de catégorie I (selon les directives de la FUS). Les prix
mentionnés sont les prix indicatifs publiés par la FUS
(Agridea 2011, 2013). Pour les stratégies PI et LR, les prix
indicatifs sont les prix PI, pour la stratégie BIO par
contre, les prix indicatifs sont ceux de la production BIO.
Les fruits à cidre et les fruits destinés à l’industrie n’ont
pas été pris en compte dans le calcul des revenus.
2x Anilinopyrimidine
Tavelure – Saison des infections secondaires (conidies)
2x Triazole (SSH)
Eté Fin
1x Delan
4 - 6x Captan
3 se
mai
nes
Réco
lte
Débourrement
Tavelure – Saison des infections primaires (ascospores)
1x Delan
1x cuivre
2x Anilinopyrimidine
PILR
BI
O
1x Triazol (SSH)
Pré-floraison Floraison Post-floraison
2x Strobilurine (QoI)
5–6x Bicarbonate + soufre 8
jours1x
Bicar-bonate
8 jou
rs3–4x Alumine + soufre
2–3x Alumine + soufre
5–6x Bicarbonate + soufre
2–3x Alumine + soufre
1x Bicar-bonate
uniquement Golden Del.
Figure 1 | Stratégies fongicides contre les maladies fongiques dans les variantes PI, LR et BIO.
Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 12–19, 2015
Enjeux de la production de pommes sans résidus | Production végétale
15
que les traitements n’ont été appliqués que de manière
préventive et qu’aucune pulvérisation n’a eu lieu pen-
dant la phase de germination des ascospores. Les résul-
tats confirment que, dans le cas de la tavelure, il est
important de lutter de manière optimale contre les
infections causées par les ascospores en début de saison.
Les résultats montrent également qu’il est difficile de
maîtriser la tavelure avec les variétés sensibles dans la
pomiculture biologique. La situation de l’oïdium est
semblable à celle de la tavelure quel que soit le procédé.
L’infestation par l’oïdium dans les différents procédés
n’a cependant eu aucun impact sur le résultat écono-
mique.
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Bons résultats contre la tavelure et l’oïdium
La stratégie LR a permis de lutter efficacement contre la
tavelure et l’oïdium. En moyenne des années d’essai,
avec les stratégies PI et LR, la fréquence des infestations
de Golden Delicious par la tavelure de la feuille était
inférieure à 0,5 % en été et celle des infestations par la
tavelure du fruit au moment de la récolte inférieure à
1 % (fig. 2). Des infestations nettement plus élevées ont
été observées dans le procédé BIO, à un point tel qu’il ne
serait plus acceptable dans la pratique. Les mauvais
résultats des cultures BIO peuvent s’expliquer par le fait
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
Ariane Golden Del.
Otava Topaz Ariane Golden Del.
Otava Topaz Ariane Golden Del.
Otava Topaz Ariane Golden Del.
Otava Topaz
BIO PI LR non traité
Fréq
uenc
e [%
]
Tavelure de la feuilleTavelure du fruitOïdium
Figure 2 | Pourcentage de feuilles ou de fruits infestés par la tavelure et l’oïdium dans les différents procédés (moyenne de 2009 à 2012).
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
Ariane Golden Del.
Otava Topaz Ariane
BIO PI LR non traité
Fréq
uenc
e [%
]
ElevéeMoyenneLégère
Golden Del.
Otava Topaz Ariane Golden Del.
Otava Topaz Ariane Golden Del.
Otava Topaz
Figure 3 | Pourcentage de fruits atteints de rouille et intensité de la rouille au moment de la récolte dans les différents procé-dés (pourcentage dans la catégorie concernée, moyenne de 2009 à 2012).
Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 12–19, 2015
Production végétale | Enjeux de la production de pommes sans résidus
16
BIO Golden Delicious plus sensible à la rouille
Afin d’évaluer l’effet des traitements sur la rouille des
fruits, ces derniers ont été classés en trois catégories
(infestation légère, moyenne, élevée). Les fruits légère-
ment atteints par la rouille ont été classés dans la caté-
gorie de fruits de table. Les fruits des deux autres caté-
gories ne peuvent plus être vendus comme fruits de
table. Comme le montre la figure 3, les différences entre
les procédés étaient minimes. Seuls les pommiers Golden
Delicious avaient plus de fruits atteints de rouille
moyenne à élevée dans la parcelle témoin non traitée
ainsi que dans la parcelle BIO.
Les ravageurs ne posent pratiquement aucun problème
Dans l’ensemble, les ravageurs étaient peu nombreux au
fil des années, quel que soit le procédé ou la parcelle.
Généralement, il suffisait de faire un traitement contre
les hoplocampes, un contre les pucerons et un contre les
tordeuses de la pelure. Dans tous les procédés, l’infesta-
tion des fruits par les ravageurs a été relevée avant la
récolte (fig. 4). Les principaux dommages étaient dus à la
voracité des chenilles, mais les tordeuses de la pelure et
les hoplocampes ont également causé de gros dégâts.
Les pertes les plus importantes ont été constatées dans le
procédé BIO. Suivant la variété, 1,5 à 7,5 % des fruits
étaient abimés. Les procédés PI et LR ne présentaient pas
de différences en ce qui concerne l’infestation par les
ravageurs. La parcelle de pommiers Golden-Delicious,
plus ancienne, a enregistré des dommages nettement
plus lourds que les autres variétés, quel que soit le pro-
cédé considéré, sans doute du fait du volume plus impor-
tant des arbres. La variété Ariane semble être peu
attrayante pour les insectes ravageurs du fait des pro-
priétés de ses fruits; en effet, on n’a constaté ici que de
très faibles dommages, avec le procédé BIO également.
Pertes de stockage avec les variantes BIO et Low Residue
L’évaluation des fruits après le stockage n’a pas permis de
mettre en évidence des différences significatives entre les
procédés en ce qui concerne les dommages physiologiques
liés au stockage. Des taches amères et des cas d’échaudure
ont parfois été constatés, mais les pertes restaient très limi-
tées. Seule la variété Ariane s’est montrée particulièrement
sensible à Soft Scald, ce qui, certaines années, a entraîné
des pertes importantes allant jusqu’à 20 %. Des différences
nettes entre les procédés et les variétés ont par contre été
constatées au niveau des maladies de conservation (fig. 5).
Tous les procédés confondus, les plus grandes pertes ont
été causées par les gloeosporioses (Gloeosporium). Les
variétés Otava et Topaz notamment se sont montrées très
sensibles à cette maladie fongique. Avec ces deux variétés,
aucune différence n’a été observée entre le témoin non
traité et les procédés BIO et LR. Ariane en revanche semble
être très résistante aux pourritures dues à la conservation.
Quant à Golden Delicious, les procédés PI et LR étaient
équivalents en ce qui concerne les pourritures, alors que les
pommiers du procédé BIO affichaient une infestation légè-
rement plus importante. L’important est de savoir que
chaque relevé n’a pris en compte que les dommages princi-
paux, c’est-à-dire l’agent pathogène qui attaquait la plus
grande proportion du fruit. Cette méthode explique pour-
quoi l’infestation de Golden Delicious par les pourritures
dues à la conservation est plus faible dans le témoin non
traité que dans les procédés LR et BIO. Dans la plupart des
cas, la tavelure de conservation (Venturia inaequalis) était
responsable de la majorité des dommages. Les résultats
montrent que les fongicides employés dans les procédés LR
et BIO n’étaient pas en mesure d’empêcher l’infection des
fruits sur le terrain par les agents pathogènes responsables
des pourritures de conservation, ni de garantir la santé des
fruits pendant leur stockage.
0
1
2
3
4
5
6
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BIO PI LR
Fréq
uenc
e [%
]
Autres
Hoplocampes
Petites tordeuses des fruits
Carpocapses de la pomme
Tordeuses de la pelure
Voracité des chenilles au stade précoceAriane Golden
Del. Otava Topaz Ariane Golden
Del. Otava Topaz Ariane Golden
Del. Otava Topaz
Figure 4 | Pourcentage de fruits endommagés par les ravageurs animaux dans les différents procédés (moyenne de 2009 à 2012).
Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 12–19, 2015
Enjeux de la production de pommes sans résidus | Production végétale
17
Evaluation économique
En moyenne des années 2009 à 2012, les rendements des
parcelles PI (38 032 kg/ha) étaient plus élevés que ceux
des parcelles LR (37 103 kg/ha) et des parcelles BIO
(20 657 kg/ha). Le pourcentage de fruits de catégorie I
lors du déstockage ou pack out était plus élevé pour le
procédé PI (77 %) que pour le procédé LR (68 %) ou
encore le procédé BIO (62 %). Le pack out des Golden
Delicious BIO était particulièrement bas avec seulement
38 %, tandis qu’Ariane et Otava ont atteint un pack out
de 70 % même avec le procédé BIO. Le tableau 3 pré-
sente le cash-flow des années 2009 à 2012 pour les
quatre variétés de pommes et les trois stratégies. Le
cash-flow doit être positif pour qu’il soit possible de
faire des réserves en vue de prochains investissements.
Pas de résidus avec Low Residue
Les échantillons du procédé LR étaient exempts de
résidu de 2010 à 2012 (tabl. 2). En 2009, un résidu d’un
principe actif non appliqué (dérive) a été découvert
dans l’échantillon LR. Le fait de restreindre l’utilisation
des produits phytosanitaires chimiques de synthèse à la
première moitié de la saison a donc eu le succès
escompté. Des résidus ont été identifiés toutes les
années dans les échantillons des parcelles PI. Les traite-
ments contre les pourritures de conservation et les
pucerons en été ont notamment laissé des traces de
principes actifs dans les pommes. Les résidus étaient
nettement en dessous des limites maximales fixées par
la loi pour Captane (3 mg/kg), Trifloxystrobine (0,5 mg/
kg) et Pirimicarbe (1 mg/kg).
0
10
20
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40
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90
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Ariane Golden Otava Topaz Ariane Golden Otava Topaz Ariane Golden Otava Topaz Ariane Golden Otava Topaz
BIO PI LR non traité
Fréq
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e [%
]
Brûlure des lenticelles
VenturiaPenicilliumPourriture de l'oeil
BotrytisMoniliaGloeosporium
Figure 5 | Pourcentage de fruits atteints de pourritures de conservation au bout de six mois en entrepôt CA dans les différents pro-cédés (moyenne 2009–2012).
Année VariétéRésidus en mg de principe actif /kg de récolte
PI LR
2009
Golden DeliciousCaptane 0,07
Aucun résiduTrifloxystrobine 0,03
TopazCaptane 0,12
Trifloxystrobine 0,01 (Dérive!)Trifloxystrobine 0,07
2010
Golden DeliciousCaptane 0,32
Aucun résiduTrifloxystrobine 0,02
TopazCaptane 0,58
Aucun résiduTrifloxystrobine 0,03
2011 Golden DeliciousPirimicarbe 0,05
Aucun résiduCaptane 0,12 Trifloxystrobine 0,03
2012Golden Delicious Captane 0,18 Aucun résidu
Topaz Captane 0,20 Aucun résidu
Tableau 2 | Analyses de résidus des échantillons issus de la stratégie PI et LR (méthode Multi)
Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 12–19, 2015
18
Production végétale | Enjeux de la production de pommes sans résidus
Suite à une erreur de relevé, les chiffres de Golden Deli-
cious ne sont pas disponibles pour la stratégie BIO en
2011. En dépit de rendements plus faibles et d’un pack
out bas, la production BIO affiche un cash-flow supérieur
à celui des stratégies PI et LR. Ce résultat s’explique par
le prix plus élevé des fruits (+ 100 %) et par les contribu-
tions à la surface (+ 1200 fr./ha) plus élevées pour la pro-
duction BIO (Agridea, 2011, 2013). Le cash-flow des
pommes Topaz BIO et Ariane BIO était toujours positif,
sauf en 2011 pour Ariane. En 2012, les pommes Golden
Delicious BIO affichaient un cash-flow fortement négatif
en raison d’un rendement bas (15 000 kg/ha). De 2010 à
2012, suite à un meilleur pack out, le cash-flow du pro-
cédé PI était plus élevé que celui du procédé LR, pour
toutes les variétés à l’exception d’une seule. Malgré tout,
la stratégie PI a elle aussi conduit à un cash-flow négatif.
En effet, des analyses antérieures ont déjà montré que
les revenus de la PI ne couvraient pas les coûts de pro-
duction avec des coûts de main-d’œuvre standard
(35 fr./MOh pour les chefs d'exploitations), 24 fr./MOh
pour la main-d’œuvre interne et 21 fr./ MOh pour la
main-d’œuvre externe) (Bravin et al. 2011). Cela signifie
d’une part que les salaires internes sont inférieurs au
niveau standard et d’autre part qu’il n’est pas possible
de constituer des réserves.
C o n c l u s i o n s
Les résultats du présent essai permettent de dégager
plusieurs options pour le développement de la produc-
tion intégrée. La combinaison de produits phytosani-
taires chimiques de synthèse et produits phytosanitaires
autorisés pour la production Bio et de méthodes de lutte
alternatives comme la mise en place de filets sur les
cultures, permet de bien maîtriser la tavelure de la
pomme et l’oïdium ainsi que de nombreux ravageurs.
Parallèlement, cette stratégie va aussi dans le sens de ce
qu’attendent les consommateurs, à savoir des fruits avec
peu ou pas de résidus de produits phytosanitaires. Tou-
tefois, pour qu’une stratégie Low Residue soit égale-
ment intéressante pour les producteurs, le succès écono-
mique doit être garanti. Dans l’essai, les rendements et
la qualité de la récolte étaient comparables à ceux de la
stratégie PI, mais les pertes importantes pendant le stoc-
kage, notamment de Golden Delicious, Otava et Topaz,
n’ont pas permis d’avoir une production rentable. Quelle
que soit la stratégie, Ariane était la variété la plus résis-
tante aux maladies, mais n’a pas non plus obtenu un
résultat positif avec la stratégie LR. C’est pourquoi
Agroscope étudie d’autres variétés résistantes, à la
recherche de pommes qui conviendraient pour une pro-
duction rentable et sans résidu. Le traitement des fruits
à l’eau chaude après la récolte pourrait être une solution
aux problèmes de pourriture durant le stockage. Des
essais parallèles ont étudié l’efficacité d’un tel traite-
ment. Un bon résultat a été obtenu sur les variétés sen-
sibles Topaz et Otava, notamment contre la gloeospo-
riose (Gloeosporium), le principal agent pathogène dans
cet essai (Good et al. 2012). Cependant, le traitement à
l’eau chaude revient cher à cause de la consommation
d’énergie et le prix des pommes issues de la production
intégrée ne suffit pas à couvrir les coûts supplémentaires.
La méthode doit encore être optimisée avant de pouvoir
être rentable dans la pratique.Enfin, il faut aussi se demander si une production de
pommes sans résidu apporte un plus pour l’environne-
ment. Dans le cadre du projet ENDURE de l’Union euro-
péenne terminé en 2010, la durabilité de différentes stra-
tégies de protection des plantes a été étudiée dans la
production de pommes (Naef et al. 2011). On a constaté
que les variétés résistantes et les méthodes alternatives
de protection des plantes, comme la mise en place de
filets sur les cultures et la technique de lutte par confu-
sion, permettaient de réduire considérablement l’écotoxi-
cité. Un système cultural qui vise en plus à réduire les rési-
dus de produits phytosanitaires a certes permis de mieux
préserver les auxiliaires, mais n’a pas apporté d’améliora-
tions en matière d’écotoxicité, de toxicité humaine et de
consommation des ressources. C’est la preuve que le déve-
loppement de systèmes de cultures fruitières novateurs
doit être précédé de l'évaluation de durabilité, afin de
pouvoir garantir une plus-value pour la branche fruitière,
les consommateurs et l’environnement. � n
BIO PI LR
Ariane Golden D. Otava Topaz Ariane Golden D. Otava Topaz Ariane Golden D. Otava Topaz
2009 1574 4324 8646 113 -8636 -4105 -6862 -5660 -7905 2226 -4284 -5663
2010 5642 -9512 -7397 9958 -5238 -7750 -9024 -3773 -8242 -13 214 -10 083 -4549
2011 -539 x 7643 17 200 -5941 -625 -2481 -854 -6679 -179 -3591 -1858
2012 1545 -27 400 -8388 2574 -6383 -12 129 -5795 -2916 -6909 -16 087 -9141 -11 417
Tableau 3 | Cash-flow de 2009 à 2012 par variété et par procédé (fr./ha)
Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 12–19, 2015
Remerciements
Nous remercions Heinrich Höhn, Maxie Hubert, Franz Gasser, Claudia Good, Reto Leumann et toute l’équipe de l’exploitation expérimentale pour leur soutien.
19
Enjeux de la production de pommes sans résidus | Production végétale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Sfide nella produzione di mele senza
residui
Per contrastare parassiti, malattie e
malerbe, i moderni sistemi di produ-
zione della frutta puntano su prodotti
fitosanitari selettivi e non nocivi per gli
insetti utili. Ciò presuppone l’impiego
di un maggior numero di principi attivi
diversi, che possono essere rintracciati
sui frutti sotto forma di residui. Vari
operatori europei della grande
distribuzione hanno avviato sistemi di
gestione della qualità volti a ridurre
non solo la quantità complessiva di
residui sugli alimenti, ma anche il
numero dei diversi prodotti fitosanitari
utilizzati. Quanto alle mele, Agroscope
ha condotto un test pluriennale allo
scopo di analizzare le possibilità di una
produzione senza residui dal punto di
vista tecnico-produttivo ed economico.
I risultati mostrano che la produzione
di mele da tavola senza residui è
possibile purché si adegui l'attuale
strategia di protezione dei vegetali
dalle malattie fungine. L'attuazione di
una simile strategia nelle pratiche
colturali consentirebbe di rispondere a
un'importante esigenza dei consuma-
tori. Tuttavia, senza una differenzia-
zione dei prezzi della produzione
integrata, questa strategia non è
redditizia dal punto di vista economico.
Challenges of the residue-free apple
production
Crop protection in general and apple
crop protection in particular rely on
pesticides, but consumers demand a
reduction of pesticide use and ideally
an elimination of pesticide residues in
order to minimize the impact on the
environment and the risk for human
health. Producers need information
and advice to establish sustainable
production systems that reduce the use
and the residues of pesticides. Whole-
salers in Europe introduced quality
management systems in order to
reduce residues and the used plant
protection products. Agroscope tested
during several years from a technical
and economic point of view a low-
residue strategy. The production of
residue-free apples is possible. Alterna-
tive measures such as insect exclusion
netting, mating disruption against
codling moth (Cydia pomonella),
mulching with leaves to reduce scab
(Venturia inaequalis) inoculum, and
modern storage techniques were
applied. The production of low-residue
apples meets consumer demand.
However, economic calculation showed
that the low-residue strategy is not
profitable because of storage diseases.
A price premium for low-residue
production might be justified by
environmental advantages.
Key words: pesticide residues, apple
production, scab, Gloeosporium,
economic evaluation.
Bibliographie ▪ Agroscope (édit.), 2013. Arbokost, Verschiedene Versionen, Wädenswil, Schweiz.
▪ Agridea (édit.), 2011. Produzenten- Richtpreise 2009 und 2010, Lindau, Schweiz.
▪ Agridea (édit.), 2013. Produzenten- Richtpreise 2011 und 2012, Lindau, Schweiz.
▪ Bravin, E., Carint. D., Dugon J., Hanhart J. & Steinemann B., 2011. La pro-duction de fruits à pépins en Suisse sous la loupe.
▪ Bravin E., 2012. Investieren in Obst – Apfel ist nicht Birne. Schweizer Zeitschrift für Obst und Weinbau 12/12, 10–13.
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Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 12–19, 2015
20 Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 20–27, 2015
Chaque exploitation de plaine devrait exploiter de belles prairies à fromental riches en espèces sur au moins 10–25 % de sa surface fourragère. Le fourrage est idéal pour une utilisation pendant la phase de tarissement et pour l'élevage.
Les prairies à fromental hier et aujourd’hui
Dans une monographie de phytosociologie, Schneider
(1954) a caractérisé les prairies de fauche de basse alti-
tude à fromental s.s. (Arrhenatheretum) ainsi: prairies
permanentes fertilisées, fauchées et parfois pâturées, de
plaine et jusqu’à une altitude d’environ 800 m. Selon
l’exposition et les conditions climatiques, ce type de prai-
ries peut se trouver en Suisse jusqu’à environ 1000 m
d’altitude, quasiment relayé plus haut par les prairies de
fauche de montagne à avoine dorée (Trisetetum).
Les prairies à fromental étaient les «prairies grasses» de
l’agriculture dans la période de rotation triennale et la
«bataille des champs» après la Seconde Guerre mondiale.
On les trouvait essentiellement dans les sites les plus pro-
ductifs. Elles étaient habituellement légèrement fertili-
sées avec une fumure, et en plus un peu de purin et sco-
ries de Thomas dès la fin du 19e siècle. Les prairies à
fromental étaient généralement fauchées deux fois par
an et souvent pâturées avant et/ou après. Selon les
endroits et la fertilisation, leur rendement en substance
Andreas Bosshard
Ö+L Ökologie und Landschaft GmbH, 8966 Oberwil-Lieli, Suisse
Renseignements: Andreas Bosshard, e-mail [email protected]
Recul des prairies à fromental Arrhenatheretum et conséquences sur la biodiversité
E n v i r o n n e m e n t
21
Recul des prairies à fromental Arrhenatheretum et conséquences sur la biodiversité | Environnement
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 20–27, 2015
Une comparaison des relevés de végétation
historiques et actuels de prairies intensives
montre un recul dramatique de la diversité
spécifique dans les prairies des régions de
plaine en Suisse. En 1920, on ne trouvait
pratiquement que des prairies dépassant
largement le niveau de qualité de biodiver-
sité QII. En 1950, au minimum 85 % des
prairies les plus intensives atteignaient
encore ce niveau QII sur les meilleurs sols,
dont un tiers bien en-dessus. Ces prairies
grasses d’autrefois étaient décrites comme
des prairies à fromental et formaient encore
dans les années 1950 le type dominant et
répandu de prairies.
Comme le montre une cartographie actuelle,
les prairies à fromental ont depuis été
remplacées presque entièrement par des
herbages pauvres en espèces suite à une
forte intensification. Elles représentent
aujourd’hui au maximum 2 % de la surface
agricole utile dans leur forme à peu près
typique – et sont exploitées le plus souvent
comme prairies écologiques.
Mais même les reliquats de prairies à
fromental restantes se sont nettement
appauvris. Le nombre moyen d’espèces de
plantes a passé de 38 dans les années 1950 à
27 aujourd’hui (-30 %). Le nombre d’espèces
caractéristiques des prairies à fromental a
même reculé de 25 à 9 (-64 %). 71 % des
prairies à fromental relevées aujourd’hui
n’atteignent pas le niveau QII. Le recul de la
biodiversité faunistique est encore plus
marqué, comme le montre une recherche
bibliographique.
Dans ce contexte, une conservation stricte et
un soutien efficace des prairies à fromental
revêtent une grande importance.
sèche se situait entre 5 et 10 t/ha (Klapp 1965, Dietl
1986). En plaine et jusqu’au milieu du siècle dernier, les
prairies à fromental en Suisse n’étaient pas seulement
«le type de prairies dominantes, mais aussi celles aux plus
hauts rendements; elles rapportaient bien la moitié du
fourrage produit en Suisse par les prairies naturelles»
(Stebler et Schröter 1892).
Avec la disponibilité pratiquement illimitée d’engrais
chimiques et de ferme, la mécanisation toujours crois-
sante de l’exploitation et l’apparition de mélanges de
semences plus productifs, l’intensité de l’exploitation
des prairies après la Deuxième Guerre mondiale a beau-
coup augmenté; à tel point que la plupart des prairies à
fromental sont désormais classées parmi les prairies
extensives ou peu intensives et non plus dans les zones
particulièrement tournées vers la production. A cause
de l’intensification, il n’y a plus que des reliquats de peu-
plements de prairies à fromental et souvent dans des
lieux «atypiques» comme les talus ou surfaces résiduelles
en règle générale exploités comme prairies écologiques.
Là où les prairies à fromental dominaient autrefois sont
apparues des «prairies intensives» qui ont perdu la plus
grande partie de la biodiversité d’autrefois, surtout la
diversité en fleurs, graminées et petits animaux.
Jusqu’à présent, il n’y avait pas d’évaluation du recul
des prairies à fromental. Kuhn et al. (1992) ont parlé
d’un recul estimé de 55 000 ha en 1949 à juste 500 ha au
début des années 1990 dans le canton de Zurich. La
majorité de ces 500 ha – qui représentent à peine 0,7 %
de la surface agricole utile du canton de Zurich – ne se
trouve pas vraiment sur le Plateau mais dans des régions
plus en altitude. Dietl (1995) évalue la part restante pour
le Plateau suisse à 2 – 5 % des surfaces herbagères et
Klötzli et al. (2010) estiment qu’il ne reste que 1 – 5 % des
peuplements d’autrefois pour l’Europe centrale.
Le recul des prairies à fromental est ainsi bien plus
important en surface et en pourcentage que presque
toutes les autres associations végétales depuis le 19e
siècle. Il dépasse même le recul des prairies humides et
marais en Suisse (Gimmi et al. 2011). Bosshard (1999) a
donc décrit les prairies à fromental s.s. comme un des
milieux les plus menacés de Suisse. Hutter et al. (1993) les
ont classées «menacées d’extinction» en Allemagne, à
l’exception des prairies en sous-association cirse maraî-
cher et fromental classées «seulement» fortement
menacées. Sur la liste de rouge des milieux de Suisse,
elles sont provisoirement classées «vulnérables».
Projet prairies à fromental Arrhenatheretum
Le recul rapide des prairies à fromental a été négligé par
les milieux agricoles et de la protection de la nature. Ces
derniers ont longtemps classé toutes les prairies à fro-
22
Environnement | Recul des prairies à fromental Arrhenatheretum et conséquences sur la biodiversité
mental comme des prairies grasses et se sont concentrés
sur les prairies maigres et prés à litière et leurs espèces
rares. Avec les facilités d’intensification, les prairies à fro-
mental ne sont plus non plus attractives pour l’agricul-
ture depuis le milieu du siècle dernier. Outre les quelques
estimations mentionnées plus haut, plusieurs paramètres
n’ont pratiquement pas été étudiés jusqu’ici: l’étendue
du recul des prairies à fromental, la manière dont la qua-
lité de ces prairies restantes s’est modifiée, ou encore les
conséquences sur la biodiversité du paysage cultivé de la
disparition importante de ce milieu autrefois dominant.
Le but de cette étude comparative dans le cadre du «Pro-
jet prairies à fromental», réalisé grâce au soutien de Bris-
tol-Stiftung, de Pro Natura et d’autres sponsors1, était de
combler une partie de cette lacune et de faire des propo-
sitions pour la conservation des prairies à fromental qui
subsistent.
Relevés de végétation: comparaison avec 1950
L’agronome Johann Schneider a étudié en 1949 et 1950
les prairies de fauches de basse altitude de Suisse orien-
tale, en se concentrant sur le canton de Zurich, du point
de vue phytosociologique et de la localisation. Sa thèse
de doctorat a été publiée en 1954 sous l’instigation de
Friedrich Traugott Wahlen, autrefois professeur directeur
de l’Institut pour la production végétale de l’ETH Zurich.
Depuis le travail de Stebler et Schröter (1892) offrant une
vue d’ensemble sur les prairies et pâturages de Suisse, le
travail de Schneider a été la première étude – et aussi la
dernière de cette ampleur – sur ce qu’il reste des prairies
à fromental de Suisse.
L’ensemble des données de la thèse comprenait
116 prairies qui ont été caractérisées par à un relevé de
végétation détaillé et au moyen d’analyses de sol. Pour
sa recherche, Schneider surtout a choisi des «peuple-
ments bien développés et importants du point de vue
économique».
L’un des volets du projet prairies à fromental avait
pour objectif de répéter les relevés de végétation de
Schneider et de les comparer avec les prairies à fromen-
tal encore existantes. Les prairies étudiées par Schneider
ont été localisées grâce aux noms des lieux-dits et le bref
descriptif de la situation et du site. Bien que les coordon-
nées ou données précises manquent, 90 des 116 surfaces
relevées ont pu être clairement identifiées. Des prairies
à fromental se trouvent encore sur 15 de ces 90 sites. En
considérant un rayon de 250 m autour des lieux de rele-
vés les plus probables de Schneider, 63 prairies à fromen-
tal d’une surface de plus de 5 a ont été identifiées. Un
relevé de végétation a été réalisé en leur centre selon la
méthode de Schneider.
Changements de la composition botanique
Schneider a enregistré en moyenne 37,5 espèces végé-
tales par are dans les prairies à fromental étudiées, dans
une fourchette comprise entre 32 et 43 espèces, dont
en moyenne 11 de graminées, 3 de légumineuses et
23 d’herbes. La formation autrefois la plus courante des
prairies à fromental, le type avec renoncule bulbeuse,
comportait 40 espèces caractéristiques dans au moins
60 % des relevés. Ce chiffre est plusieurs fois supérieur
au nombre d’espèces représentatives, c’est-à-dire de
véritables espèces prairiales, qui est inférieur à 10 dans
les prairies intensives actuelles.
La composition botanique des prairies à fromental
encore existantes2 diffère aussi foncièrement des rele-
vés de végétation de Schneider. Le nombre moyen d’es-
pèces a passé de 38 à l’époque à 27 aujourd’hui, ce qui
représente un recul d’environ 30 % au sein de ce type de
prairie. Le nombre d’espèces caractéristiques des prai-
ries à fromental, soit les espèces végétales qui avaient
selon Schneider une probabilité d’au moins 80 % d’être
présentes dans une prairie à fromental, s’est même
réduit de 25 à 9 espèces, soit une réduction de 64 %.
«Qualité botanique» autrefois et aujourd‘hui
Schneider a identifié en moyenne 8,4 espèces (ou
groupes d’espèces) dans les 116 prairies à fromental
identifiées – exploitées intensivement pour l’époque –
qui comptent aujourd’hui parmi les indicateurs de qua-
lité pour la biodiversité des prairies écologiques (niveau
de qualité QII). Ce sont plus de deux espèces de plus que
le minimum de six espèces de qualité QII nécessaires
pour déclarer une prairie comme «précieuse du point de
vue écologique» et prétendre aux contributions à la
qualité pour la biodiversité (SPB-QII) dans le cadre de
l’ordonnance fédérale sur les paiements directs. De ces
116 prairies, 85 % atteignaient le niveau minimum QII. Le
nombre le plus bas d’indicateurs QII était de 3, le plus
haut de 17. Plus d’un tiers des prairies à l’époque inten-
sives avaient dix espèces indicatrices QII ou plus, ce qui
n’est atteint aujourd’hui qu’exceptionnellement en
plaine même parmi les prairies écologiques avec la qua-
lité QII.
1Nos remerciements s’adressent non seulement aux sponsors, mais aussi aux col-laborateurs de Ö+L Ökologie und Landschaft GmbH, qui ont participé aux relevés de végétation et à leur évaluation, Lina Kamleitner, qui a contribué aux données sur la répartition actuelle des prairies à fromental dans le cadre d’un travail de diplôme, et l’ancien Institut des Sciences de l’environnement de l’Université de Zurich qui a suivi ce travail.
2Pour différencier les prairies à fromental d’autres types de prairies, une clé de végétation quantitative a été développée sur la base de la littérature. Elle permet une classification reproductible des peuplements de végétation trouvés.
Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 20–27, 2015
23
Recul des prairies à fromental Arrhenatheretum et conséquences sur la biodiversité | Environnement
Schneider (1954). Autrefois se trouvaient peu d’indica-
teurs typiques de la présence de lisier et de charge en
nutriments, comme le cerfeuil des prés ou le ray-grass
d’Italie, mais par contre la présence d’indicateurs d’ap-
ports en éléments nutritifs moyens ou maigres était
bien plus marquée.
Répartition actuelle des prairies à fromental
Pour pouvoir mieux quantifier ce recul massif de prairies
à fromental selon les estimations jusqu’alors à disposi-
tion, une cartographie des prairies et de l’exploitation a
été réalisée dans le cadre du projet prairies à fromental
sur un total de 2250 ha de surface agricole utile et dans
23 communes de Suisse orientale choisies au hasard (tra-
vail de diplôme Kamleiter 2009). Onze communes se
situent dans le canton de Zurich, quatre dans le canton
de Saint-Gall, trois dans le canton d‘Argovie, deux dans
les cantons de Thurgovie et Glaris et une dans chacun
des cantons d’Uri, Lucerne et Schaffhouse.
La cartographie a eu lieu dans chaque commune le
long de transects déterminés selon des critères homo-
gènes dans le but d’atteindre toutes les altitudes et une
répartition équilibrée d’expositions du sud au nord. Au
total, 174 prairies à fromental ont été identifiées. Les
prairies à fromental représentaient 4 % de la SAU, et 5 %
des herbages permanents. Dans la région biogéogra-
phique est du Plateau, elles représentaient la part la plus
petite avec 3,4 % des herbages. Dans les Préalpes et Alpes
du Nord une part de 4,4 %, et la plus grande part dans la
région du Haut-Rhin avec 8,8 %. Sur les transects de l’est
du Plateau, ces prairies à fromental formaient près de la
moitié des prairies écologiques.
La taille moyenne des prairies à fromental identifiée
était de 33 ares. En comparaison, la taille moyenne des
prairies à dactyle – exploitées plus intensivement – était
de 88 ares, soit presque le triple, et dans la région des
Préalpes même cinq fois supérieure. Les prairies à fro-
mental se trouvaient «souvent comme des bordures
étroites le long de routes ou chemins, à la limite de par-
celles ou sur des talus». La raison la plus souvent évo-
quée par les agriculteurs est justement la qualité
moindre de la surface exploitée en tant que prairie
extensive ou peu intensive (Jurt 2003). On ne trouve pra-
tiquement plus de grandes prairies à fromental typiques
sur de bons sols, comme celles qui dominaient autrefois.
Les prairies à fromental d’aujourd’hui ne peuvent finale-
ment plus être comparées avec les types de prairies
d’autrefois du site.
Quelque 22 % des prairies à fromental identifiées le
long des transects atteignent le niveau QII. Cela repré-
sente 37 % de la surface – à peine 2 % de la surface agri-
cole utile (fig. 1). Cette proportion devrait être nette-
Les 63 prairies à fromental actuelles relevées – générale-
ment exploitées extensivement comme prairies écolo-
giques – présentent en moyenne à peine quatre espèces
QII, donc moins de la moitié en comparaison avec les
données de Schneider concernant ces prairies alors
exploitées «intensivement». 71 % des prairies à fromen-
tal actuelles relevées n’ont pas atteint le niveau de qua-
lité QII. Alors que l’exploitation autrefois considérée comme
«intensive» conduisait généralement à la «qualité éco-
logique», deux tiers des prairies à fromental actuelles
n’atteignent pas le niveau de qualité QII, même en
étant exploitées de manière extensive. Et cela même si
les peuplements actuels sont exploités en général dans
l’optique de conserver autant que possible ou de rele-
ver la diversité spécifique, ce qui est le but des contribu-
tions écologiques. De plus, environ la moitié des peu-
plements étudiés se situaient sur des reliques de surfaces
qui pourraient être à peine intensifiées ou des sites peu
productifs, qui favorisent une plus grande diversité en
espèces en comparaison avec les sites de Schneider. Le
nombre le plus bas d’espèces indicatrices QII dans les
relevés de prairies à fromental actuelles se situait à 0 et
le plus haut à 10.
Appauvrissement en 1950 déjà
Scherrer (1925) a fait des douzaines de relevés de végé-
tation de prairies à fromental dans la vallée de la Limmat
environ 25 ans avant la thèse de Schneider. Le nombre
moyen d’espèces pour la qualité se situait >10.3 Seule
une prairie relevée «un an après l‘ensemencement», où
domine le dactyle et avec ≥5 espèces, atteindrait tout
juste3 la qualité écologique selon les standards actuels.
Les autres, avec ≥7 à ≥13 espèces pour la qualité, rempli-
raient donc nettement les critères minimaux actuels
pour QII. Même une prairie à fromental «moyennement
humide, fortement fertilisée (fumier et lisier)» atteignait
encore ≥7 espèces. Deux prairies avec des engrais
chimiques (superphosphate) et une exposition nord-est
à nord-ouest comportait même ≥11 espèces – ce qu’at-
teignent encore juste quelques petites prairies maigres
dans la vallée de la Limmat qui occupent bien moins de
un pour mille de la surface agricole utile (cartographie
dans le cadre de Bosshard 2014).
Ces chiffres indiquent que les prairies à fromental
étaient en 1925 encore nettement plus riches en espèces
qu’environ 25 ans plus tard, au moment des relevés de
3Seules les espèces présentes très régulièrement ont été introduites dans les tables de végétation. Des espèces plus rares, dont 19 autres espèces (ou groupes d’espèces) pour la qualité, n’ont pas été classifiées. Il devrait donc y avoir en réalité dans la plupart des prairies quelques espèces pour la qualité de plus que dans les chiffres présentés ici.
Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 20–27, 2015
24
Environnement | Recul des prairies à fromental Arrhenatheretum et conséquences sur la biodiversité
ment plus basse que dans le pays voisin où les herbages
de plaine tendent à être exploités moins intensivement,
sauf dans l’Allgäu. Dierschke et Briemle (2002) ont par
exemple estimé en 2000 la proportion de prairies à fro-
mental encore existantes en Allemagne à 14 % par rap-
port à 1950.
Biodiversité faunistique: recul encore plus grand
La transformation presque totale des prairies à fromen-
tal dans les herbages intensifs, et dans une moindre
mesure des terres arables (entre autres cultures de maïs)
ainsi que l’urbanisation depuis les années 1950 ont
conduit à des pertes dans la faune encore plus drama-
tiques que parmi les plantes. Les groupes d’organismes
spécialisés et typiques des herbages, qui caractérisaient
le paysage de manière visuelle et sonore, colonisaient en
Suisse les prairies à fromental, donc les herbages exploi-
tés intensivement, encore dans les années 1950 sur l’en-
semble du territoire et avec de grandes densités de
population. C’est ce qui ressort entre autres des relevés
actuels de prairies à fromental (Bosshard & Kuster 2001).
Par contre, sur les prairies intensives d’aujourd’hui, plus
aucune espèce parmi les papillons diurnes, les sauterelles
ou les oiseaux nicheurs au sol, des ordres du règne ani-
mal souvent riches en espèces, ne peut terminer un cycle
de vie (cf. par ex. Kohli et al. 2003, SBN 1989, Schneider
et Walter 2001). Les surfaces les plus riches en espèces
botaniques ont régressé de 98 % et ne forment plus que
de petits îlots, sur lesquels on peut considérer que les
densités de population de ces espèces typiques des prai-
ries ont fortement diminué, ou ont même totalement
disparu, comme pour les oiseaux des prairies. En compa-
11 18 29
89 82 71
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100%
Nord desAlpes
Est du plateau
Haut-Rhin
57 67
58
14 12
1
18 18
34
11 3 7
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100%
riche en graminées (sans Q II)
avec qualité Q II
Prairie à fromental avec cirse maraîcher
Prairie à fromental avec sauge
Prairie à fromental avec alchémille
Prairie à fromental avec lvraie vivace
0%2%4%6%8%
10%12%14%16%18%
N
NNE
NE
ENE
E
ESE
SE
SSE
S
SSO
SO
NO
NNO
riche en graminées (sans QII)
avec qualité QII
!
Nord desAlpes
Est du plateau
Haut-Rhin
OSO
O
ONO
Figure 1 | En haut: Répartition de l’exposition des prairies à fromental répertoriées selon le type riche en graminées (pas de qualité biolo-gique QII pour surfaces de promotion de la biodiversité SPB) et le type avec la qualité QII. Les prairies à fromental précieuses de qualité en-core disponibles se trouvent généralement dans des endroits secs plutôt exposés au sud. En bas: Qualité floristique (à gauche) et types de formations selon le lieu (sous-associations, à droite) des prairies à fromental identifiées, distribuées selon les régions biogéographiques Préalpes et nord des Alpes, est du Plateau et Haut-Rhin.Source: Kamleiter 2009, adapté
Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 20–27, 2015
25
Recul des prairies à fromental Arrhenatheretum et conséquences sur la biodiversité | Environnement
ries à fromental. Dans le même temps, la puissance des
machines dans l’exploitation des prairies s’est multipliée,
si bien qu’on peut exploiter aujourd’hui, par unité de
main d’œuvre, une surface plusieurs fois plus grande.
Mais les coûts de ce développement vont bien au-
delà de la destruction de la diversité spécifique (Boss-
hard et al. 2011): l’augmentation de la productivité s’est
payée cher avec en parallèle un effondrement sans pré-
cédent et toujours en cours des exploitations et struc-
tures paysannes, avec d’innombrables dommages envi-
ronnementaux aux eaux, sol, air et climat. Mais aussi, la
consommation croissante d’énergie non renouvelable
dépasse maintenant de loin les calories produites et a
transformé l’agriculture de productrice primaire d’éner-
gie en consommatrice nette. Les conséquences sociales
sont tout aussi dramatiques que les conséquences écolo-
giques. La production en Suisse ne réalise même plus
aucun revenu à cause des coûts de production hauts et
des prix bas dus à la production de masse. Sans le sou-
tien de l’Etat, les familles paysannes enregistreraient en
moyenne des pertes financières pour chaque heure de
travail investie dans la production agricole des herbages.
Dans le contexte de cette évolution qui mérite réflexion,
il devrait être évident que les dernières prairies à fro-
mental restantes, autrefois largement répandues,
devraient être absolument conservées et favorisées
autant que possible dans le cadre de formes de produc-
rant les tailles de populations avec 1950, il en reste
aujourd’hui moins de 1 % dans ces groupes d’espèces des
prairies de plaine en Suisse (fig. 2 à droite, cercle vert).
Cela correspond à peu près aux estimations de SBN
(1989) qui parlent d’un recul des populations de papil-
lons diurnes à environ un centième de celles du début du
siècle dernier sur le Plateau.
Les efforts pour favoriser les prairies à fromental
grâce à de nouveaux semis ces quinze dernières années
en Suisse devraient tout de même avoir amené un
retournement de tendance. Même si les chiffres
manquent pour une vue d’ensemble, on peut penser
que bien plus de 1’000 ha de prairies à fromental ont été
depuis lors réensemencées, dont bien 80% pourraient
remplir les exigences pour la qualité QII selon les estima-
tions.
C o n c l u s i o n s
Un véritable effondrement de la biodiversité des régions
agricoles de plaine se cristallise en Suisse dans la dispari-
tion à grande échelle des prairies à fromental, qui
étaient jadis un des habitats dominants du paysage rural.
Pendant des décennies, cette perte a été acceptée
presque sans broncher comme le prix de l’augmentation
de la productivité. De fait, le rendement des herbages a
presque doublé, aussi grâce à l’intensification des prai-
riche
appauvri
habitat plus disponible
population actuelle
1950diversité botanique
et faunistique
Aujourd’huidiversité botanique
Aujourd’huidiversité faunistique
et taille de population restante (en vert)
Figure 2 | Comparaison de la répartition spatiale de la richesse en espèces dans les prairies de plaine en Suisse en 1950 et aujourd’hui. Une prairie est décrite ici comme «riche» quand elle remplit les exigences de qualité botanique QII pour les surfaces de promotion de la biodi-versité SPB (végétation) ou possède au moins une espèce cible ou caractéristique (papillons diurnes). Pour la faune, non seulement le nombre d’espèces par surface a reculé, mais aussi la taille des populations, dans des proportions dramatiques: d’après les estimations ac-tuelles, il ne reste qu’environ 1 % du nombre de papillons diurnes dans les herbages par rapport à 1950 (petit cercle vert à droite propor-tionnel aux autres cercles). La situation est similaire pour les autres groupes d’animaux des milieux prairiaux (par ex. oiseaux nicheurs au sol, sauterelles, punaises) (voir texte pour les détails).
Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 20–27, 2015
26
Environnement | Recul des prairies à fromental Arrhenatheretum et conséquences sur la biodiversité
tion économiquement plus durables. Comme le montrent
les calculs, les réflexions économiques et écologiques
vont de pair dans de nombreux domaines, comme en
production fourragère (Bosshard et al. 2011, Bosshard &
Meierhofer 2014). Mais aussi au vu des objectifs environ-
nementaux pour l’agriculture à atteindre, les prairies à
fromental font figure d’habitat à favoriser en priorité
dans le paysage rural (Walter et al. 2013).
Les nombreuses possibilités qui existent pour cela
seront montrées dans un prochain article. Sous l’angle
de la gestion d’exploitation dans une approche globale,
avec une exploitation nuancée, adaptée au lieu et avec
une alimentation du bétail bovin appropriée pour les
animaux, les prairies à fromental ont une place impor-
tante encore aujourd’hui, non seulement du point de
vue écologique, mais comme élément productif dans
une exploitation agricole respectueuse des ressources et
économiquement durable. � n
Bibliographie ▪ Bosshard A., 1999. Renaturierung artenreicher Wiesen auf nährstoffrei-chen Böden. Ein Beitrag zur Optimierung der ökologischen Aufwertung der Kulturlandschaft und zum Verständnis mesischer Wiesen-Ökosyste-me. Dissertationes Botanicae Band 303 Stuttgart. 201 p.
▪ Bosshard A., 2014. Projekt Landschaftsqualität und Vernetzung Limmat-tal –Evaluation Pilotphase 2011-2013. Bericht i.A. Kanton Aargau. Ö+L GmbH Oberwil-Lieli.
▪ Bosshard A. & Kuster D., 2001. L`importance de prairies à foin extensives nouvellement crées pour papillons diurnes et sauterelles. Agrarforschung 8 (7), 252–257.
▪ Bosshard A., Schläpfer F. & Jenny M., 2011. Weissbuch Landwirtschaft Schweiz. Analysen und Vorschläge zur Reform der Agrarpolitik. Haupt, Bern. 2. Auflage.
▪ Bosshard A. & Meierhofer U., 2014. Entwicklungsmöglichkeiten von Landwirtschaftsbetrieben unter der neuen Schweizer Agrarpolitik AP 2014–17. Vision Landwirtschaft, Oberwil-Lieli.
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▪ Dietl W., 1995. Wandel der Wiesenvegetation im Schweizer Mittelland. Zeitschrift für Ökologie u. Naturschutz 4, 239–249.
▪ Gimmi U., Lachat T. & Bürgi M., 2011. Reconstructing the collapse of wet-land networks in the Swiss lowlands 1850–2000. Landscape Ecol. 26, 1071–1083.
▪ Herzog F. & Walter T. (éd.), 2005. Evaluation der Ökomassnahmen Bereich Biodiversität. Schriftenreihe der FAL 56, 185–201.
▪ Hutter C. P., Briemle G. & Fink C., 1993. Wiesen, Weiden und anderes Grünland. Weidbrecht, Stuttgart, Wien.
▪ Jurt L., 2003. Bauern, Biodiversität und ökologischer Ausgleich. Dissertation Universität Zürich.
▪ Kamleiter L., 2009. Verbreitung und Zustand der Fromentalwiesen in der Nordostschweiz. Diplomarbeit an der Hochschule Weihenstephan-Triesdorf, Fakultät Umweltsicherung, Betreuung durch U. Asmus und A. Bosshard.
▪ Klapp E., 1965. Grünlandvegetation und Standort. Nach Beispielen aus West-, Mittel- und Süddeutschland. Parey, Berlin.
▪ Klötzli F. et al. 2010. Vegetation Europas. Das Offenland im vegetations-kundlich-ökologischen Überblick. Ott, Berne.
▪ Kohli, L. & Birrer S., 2003. Verflogene Vielfalt im Kulturland – Zustand der Lebensräume unserer Vögel. Schweizerische Vogelwarte Sempach.
▪ Kuhn, U. et al., 1992. Naturschutz-Gesamtkonzept für den Kanton Zürich. Entwurf im Auftrag des Regierungsrates, Zürich.
▪ SBN (éd.), 1987. Tagfalter und ihre Lebensräume. Schweizerischer Bund für Naturschutz, 516 p.
▪ Scherrer M., 1925. Vegetationsstudien im Limmattal. Veröff. Geobot. Inst. Rübel, 2. Heft. Zurich.
▪ Schneider J., 1954. Ein Beitrag zur Kenntnis des Arrhenatheretum elatio-ris in pflanzensoziologischer und agronomischer Betrachtungsweise. Hans Huber, Bern.
▪ Schneider K. & Walter T., 2001. Fauna artenreicher Wiesen: Zielarten Potential und Realität am Beispiel der Tagfalter (Rhopalocera und Grypo-cera) und Heuschrecken (Saltatoria). FAL - Schriftenreihe 38.
▪ Walter T. et al., 2013: Operationalisierung der Umweltziele Landwirt-schaft – Bereich Ziel- und Leitarten, Lebensräume (OPAL). ART-Schriften-reihe 18, Zurich-Reckenholz-Tänikon.
▪ Stebler F. G. & Schröter C., 1892. Versuch einer Übersicht über die Wie-sentypen der Schweiz. Landwirtschaftliches Jahrbuch der Schweiz 6.
Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 20–27, 2015
27
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Sum
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Recul des prairies à fromental Arrhenatheretum et conséquences sur la biodiversité | Environnement
The decline of Arrhenatherum mead-
ows in the Swiss lowland and its
consequences for biodiversity
A comparison of historic and current
vegetation surveys of intensively
managed meadows reveals a dramatic
decline of species diversity in Swiss
lowland grassland. In the 1950s, the
most intensively managed meadows
were Arrhenatherum meadows. Over
85 % of these achieved the QII stand-
ard defining meadows with «high
biodiversity value», and more than a
third significantly surpassed the QII
threshold.
A current inventory shows that since
the 1950s, Arrhenatherum meadows
have been almost completely replaced
by species-poor, highly intensified
grassland. The remaining
Arrhenatherum meadows – nearly all
managed and funded as «ecological
compensation areas» – make up less
than 2 % of the permanent grassland
area in the Swiss lowlands.
These remaining Arrhenatherum mead-
ows have impoverished species
richness. On average, it has declined
by 30 % from 38 plant species per
100 m2 in 1950 to 27 today. The
number of species characteristic of the
Arrhenatherum grassland communities
has declined by 64 % from 25 to 9.
Today 71 % of the few remaining
Arrhenatherum meadows fail to reach
the QII standard.
The loss of animal diversity in Swiss
lowland grassland is even more severe
than the plant diversity decline, as
shown by a literature review.
Key words: Swiss lowland, permanent
grassland, biodiversity decline,
Arrhenatherum meadow, historic
comparison.
Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 20–27, 2015
Diminuzione di arrenatereti e conse-
guenze per la biodiversità
Un confronto tra rilievi della vegeta-
zione storici e attuali indica una
drammatica diminuzione degli arrena-
tereti nelle pianure svizzere. Mentre
nel 1920 difficilmente esistevano prati
che non avessero un grado di qualità
della biodiversità di molto al di sopra
del QII; nel 1950, ancora 85 % dei prati
gestiti più intensivamente sui suoli
migliori raggiungeva ancora il livello
QII, un terzo dei quali con una qualità
molto elevata. Questi prati pingui
vengono definiti prati dell’associazione
Arrhenaterion (arrenatereti) e nel 1950
costituivano ancora il tipo di prato più
diffuso.
Come dimostrato da un’attuale
comparazione di rilievi botanici, gli
arrenatereti sono stati quasi tutti
sostituiti da prati poveri di diversità
vegetale a causa di una forte intensifi-
cazione dell’agricoltura. Oggigiorno
questi prati – perlopiù gestiti come
prati ecologici – ricoprono, nella loro
formazione tipica, al massimo il 2 %
della superficie agricola utile (SAU).
Purtroppo anche gli arrenatereti
rimasti sono enormemente impoveriti.
Il numero medio di specie di piante è
diminuito, dal 1950 a oggi, da 38 a 27
(-30 %). Le piante caratteristiche dei
prati di questa associazione hanno
subito un calo ancora più drastico,
scendendo da 25 a 9 (-64 %). Il 71 %
degli arrenatereti rilevati attualmente
non raggiunge il livello QII. Ancora più
marcata è la diminuzione della diver-
sità faunistica, come dimostrato da una
ricerca della letteratura.
In questo ambito sono di grande
importanza una rigorosa conserva-
zione e un’efficiente promozione degli
arrenatereti.
28 Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 28–35, 2015
Les races laitières et à viande avec lesquelles les éleveurs suisses effectuent des croisements.Photos: Holstein Friesian: G. Soldi, Holstein Switzerland; Brune: Braunvieh Schweiz; Fleckvieh: C. Burri, Swissherdbook; Simmental: R. AlderMontbéliarde: M. Killewald, Swissherdbook; Charolaise, Angus, Piémontaise, Blonde d’Aquitaine et Limousine: Mutterkuh Schweiz; Hérens: Eva Moors; Blanc-Bleu Belge: Sambraus 2011
I n t r o d u c t i o n
Selon diverses études, des croisements appropriés entre
race à viande et race laitière peuvent améliorer la per-
formance bouchère des animaux F1 (Damon et al. 1960;
Aass et Vangen 1998; Huuskonen et al. 2013).
A l’heure actuelle, il n’existe pas, en Suisse, de recom-
mandations pour l’accouplement entre race laitière et
race à viande. Dans le cadre d’un travail de semestre réa-
lisé à la HAFL, nous avons donc étudié pour quatre races
laitières – Brune (BR), Fleckvieh (FL), Holstein Friesian
(HO) et Simmental (SI) – quels croisements donnent les
meilleurs résultats pour la catégorie, le poids mort, la
charnure et la couverture graisseuse. Nous avons consi-
déré pour ce faire des croisements entre les races lai-
tières susmentionnées, ainsi que des croisements avec
les races Angus (AN), Charolaise (CH), Limousine (LI),
Blonde d’Aquitaine (BA), Blanc-Bleu Belge (BB), Piémon-
taise (PI), Hérens (HR) et Montbéliarde (MO).
En fonction de l’âge et du sexe, les animaux de bou-
cherie sont classés dans les catégories suivantes: veaux
(KV), jeune bétail (JB), taureaux sans dents de remplace-
ment (MT), taureaux plus âgés (MA), bœufs jusqu’à
4 pelles (OB), génisses jusqu’à 4 pelles (RG), génisses dès
5 pelles/jeunes vaches jusqu’à 4 pelles (RV) et vaches
(VK) (Harder 2000).
Dans chaque catégorie, les carcasses sont réparties
dans les classes de charnure C (très bien en viande), H
(bien en viande), T (charnure moyenne), A (charnure
faible) et X (très décharné) (Christen, s.d.). La classe de
charnure est fixée en fonction du développement mus-
culaire par rapport à la carcasse entière; elle est détermi-
Arlène Müller, Alexander Burren et Hannes Jörg
Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, 3052 Zollikofen, Suisse
Renseignements: Alexander Burren, e-mail: [email protected]
Croisements entre races laitières et à viande pour optimiser la performance bouchère
P r o d u c t i o n a n i m a l e
Holstein Friesian
Montbéliarde
Piémontaise
Brune
Charolaise
Blonde d'Aquitaine
Fleckvieh
Angus
Blanc-bleue Belge
Simmental
Hérens
Limousine
Croisements entre races laitières et à viande pour optimiser la performance bouchère | Production animale
29
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 28–35, 2015
Le croisement entre une vache laitière et un
taureau de race à viande ne garantit pas
forcément une bonne performance bou-
chère. Un travail de semestre réalisé à la
Haute école des sciences agronomiques,
forestières et alimentaires (HAFL) montre
quels croisements donnent les meilleurs
résultats pour le poids mort, la charnure et
la couverture graisseuse.
L’analyse porte sur les données de
601 669 animaux nés entre 2000 et 2012 et
issus d’un croisement (race laitière × race à
viande ou race laitière 1 × race laitière 2),
mises à disposition par la Banque de données
sur le trafic des animaux (BDTA).
Les croisements entre la Brune et la Blonde
d’Aquitaine ou la Charolaise permettent
d’obtenir un poids mort élevé, une bonne
charnure et une bonne couverture graisseuse.
Le croisement entre la Brune et la Blanc-Bleu
Belge donne des poids morts élevés et une
excellente charnure pour les veaux et les
taureaux à l’engrais. Dans toutes les catégo-
ries, la Blonde d’Aquitaine et la Charolaise
donnent aussi de bons résultats avec la
Fleckvieh et la Holstein Friesian. Les croise-
ments entre la Fleckvieh et la Montbéliarde
conviennent plutôt pour les veaux et les
taureaux à l’engrais. Enfin, les croisements
entre la Simmental et les races laitières Brune,
Fleckvieh et Holstein Friesian se prêtent bien
à l’engraissement des veaux, tandis que pour
l’engraissement des bœufs, des génisses et
des taureaux, un croisement entre Simmental
et Charolaise est recommandé.
née par une estimation visuelle sur l’animal vivant ou
mort (Harder 2000). L’animal est alors attribué à l’une
des classes de charnure du système CH-TAX. Les classes T
et X sont encore divisées en sous-classes: la classe T+ se
situe entre T et H (satisfait partiellement aux exigences
prévues pour H), tandis que la classe T- se situe entre A et
T. La classe de charnure X est subdivisée en sous-
classes 1X, 2X et 3X, 3X correspondant à la charnure la
plus faible (Christen, s.d.).Le persillage de la viande (filaments graisseux) déter-
mine sa jutosité et sa saveur. Il est directement lié à la
présence d’indésirables dépôts de graisse sous-cutanés.
Un bon persillage implique en effet une grande quantité
de graisse sous-cutanée. On cherche aujourd’hui à obte-
nir une répartition régulière de la couverture de graisse
à la surface des muscles. La couverture de graisse déter-
mine la classe de tissu gras: 1 (absence de couverture),
2 (couverture partielle), 3 (couverture régulière), 4 (forte
couverture), 5 (exagérément gras) (Harder 2000).
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
La Banque de données sur le trafic des animaux (BDTA) a
mis à notre disposition les données de 601 669 animaux
de croisement nés entre 2000 et 2012 et issus d’un croise-
ment (race laitière x race à viande ou race laitière 1 x race
laitière 2).
Pour l’analyse, nous nous sommes seulement intéres-
sés aux races utilisées pour le croisement, sans nous pré-
occuper de laquelle était la mère et laquelle le père.
La population étudiée de race FT est très hétérogène.
Comme la série de données inclut très peu d’animaux
Red Holstein, nous supposons que certains sujets ont été
saisis par erreur comme de race Fleckvieh. Jusqu’en 2014,
la Fleckvieh était en outre définie par de nombreux
pourcentages de sang différents (Meier 2013); il en
résulte une race hétérogène, difficile à synthétiser. Les
données de la BDTA ne font par ailleurs pas de diffé-
rence, pour la Simmental, entre les sujets à dominante
laitière et ceux à dominante bouchère; seule la race est
consignée dans la BDTA, pas le type de production.
La charnure, la couverture graisseuse et le poids
mort étaient au cœur de notre analyse. Pour les deux
premiers critères, nous avons comparé les distributions
de fréquences des différents animaux de croisement. À
des fins de comparaison, les poids morts ont été corrigés
selon des modèles linéaires mixtes, à l’aide du logiciel R
et des paquets nlme (Pinheiro et al. 2013), lmmfit (Maj
2013) et car (Fox et Weisberg 2011). Les données ont été
analysées séparément pour chaque catégorie (MT, OB,
RG, RV et KV). Nous n’avons pas tenu compte des caté-
gories MA et VK, car les gains journaliers des sujets âgés
n’évoluent pas linéairement (Künzi et Stranzinger 1993),
et nous avons également mis de côté la catégorie JB, car
elle n’inclut que peu de sujets croisés.
Composition du modèle :
Poids mort = moyenne + exploitation + sexe1 + mois de
naissance + taille de la portée + année d’abattage + race
+ zone + âge à l’abattage + couverture graisseuse +
charnure + reste
1La covariable «sexe» n’est pas présente dans les catégories MT, OB, RG et RV, car celles-ci comprennent uniquement des mâles, des femelles ou des sujets castrés.
Production animale | Croisements entre races laitières et à viande pour optimiser la performance bouchère
30
Le degré de précision varie entre 48 et 75 % selon la
catégorie.
Le poids à la naissance étant inconnu pour de très nom-
breux animaux et le poids vif à l’abattage n’étant pas
enregistré, nous avons remplacé le gain journalier par
un gain à l’abattage calculé selon la formule suivante:
Il résulte de cette formule une faible surestimation du
gain à l’abattage, car il n’est pas possible de soustraire le
poids à la naissance du poids mort. Cette erreur étant
commise pour toutes les races, elle ne pose pas de pro-
blème lors de la comparaison.
Pour le calcul du poids mort standardisé, nous avons
utilisé les effets des modèles linéaires et avons appliqué
la formule suivante:
Le but ultime étant d’étudier les différences condition-
nées par la race, nous avons corrigé le poids mort selon
le mois de naissance, l’année d’abattage, le sexe, la
taille de la portée, la zone, la couverture graisseuse et la
charnure, mais pas selon la race. Le degré de précision
des modèles indique qu’il existe encore d’autres fac-
teurs influant sur le poids mort qui n’ont pas pu leur
être intégrés.
Pour la comparaison des animaux de croisement,
nous avons utilisé le poids mort moyen standardisé,
intervalle de confiance à 95 % inclus. Selon les races croi-
sées et la catégorie, ces deux paramètres se fondent sur
un nombre de sujets se situant entre 11 et 90 675, d’où
un grand ou un petit intervalle de confiance. Lorsque le
nombre était inférieur à 10, nous n’avons pas présenté
les résultats.
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Croisements avec la race Brune
Croisées avec la Brune, trois races sont particulièrement
intéressantes pour un poids mort élevé, une bonne char-
nure et une couverture graisseuse régulière. La Blanc-
Bleu Belge, connue pour son effet culard (Herdbook
Blanc-Bleu Belge, s.d.), présente de très bons poids morts
dans les catégories KV et MT lorsqu’elle est croisée avec
la Brune (tabl. 1). Dans les catégories OB, RG et RV, dont
l’élevage est généralement extensif (MLR, s.d.), ce croise-
ment ne produit que des résultats médiocres. Même si
l’on observe une tendance à une couverture partielle des
carcasses, c’est avec la Blanc-Bleu Belge que l’on obtient,
de loin, la meilleure charnure (fig. 1 et fig. 2).
La Blonde d’Aquitaine et la Charolaise sont égale-
ment bien adaptées au croisement avec la Brune.
Contrairement à la Blanc-Bleu Belge, leur utilisation est
plus vaste, car elles offrent de très bons poids morts
dans toutes les catégories. La charnure est bonne dans
l’ensemble, bien que ces races ne puissent rivaliser avec
la Blanc-Bleu Belge. Concernant la couverture de graisse,
la Blonde d’Aquitaine convainc plus que les deux autres
races. Petrič et al. (2010) ont obtenu des résultats sem-
blables lors d’une analyse comparative portant sur des
croisements entre la Brune slovène et la Blanc-Bleu
Belge, la Charolaise et la Limousine. Les poids morts les
plus élevés ont été observés, dans la catégorie des veaux,
pour le croisement avec la Blanc-Bleu Belge et, dans la
catégorie des taureaux, pour le croisement avec la Cha-
Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 28–35, 2015
0
10
20
30
40
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C H T+ T T- A X classe de charnure
BR x AN BR x BA BR x BB BR x CH BR x FT BR x HF BR x HR BR x LI BR x PI BR x SI
fréqu
ence
[%]
Figure 1 | Distribution de fréquences des classes de charnure, toutes catégories confondues, pour les croisements avec la Brune.
Poids à l'abattage standartisé
Croisements entre races laitières et à viande pour optimiser la performance bouchère | Production animale
31
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race
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tal
71,6
4d ± 3
,30
81,1
7e ± 4
,56
76,4
0e ± 0
,86
––
–86
,57b ±
0,6
689
,49c ±
0,7
1–
87,9
3a ± 0
,34
––
MT
Brun
e19
4,69
e ± 1
,43
198,
68d ±
1,3
318
9,50
b ± 0
,33
206,
97c ±
1,2
420
4,72
c ± 1
,96
194,
22ef
± 2
,64
195,
15e ±
1,2
319
7,68
de ±
2,0
519
7,64
df ±
0,7
8–
168,
23a ±
4,3
2–
Flec
kvie
h18
4,83
a ± 1
,27
198,
38gh
± 1
,56
187,
07d ±
0,3
020
4,20
b ± 1
,43
197,
82fg
± 2
,12
198,
01gh
± 1
,63
–19
0,68
e ± 1
,84
195,
90fg
± 1
,26
195,
15f ±
1,2
316
8,79
c ± 2
,67
194,
74ef
h ± 3
,41
Hol
stei
n Fr
iesi
an18
9,41
g ± 1
,92
201,
69bc
± 1
,73
189,
39g ±
0,5
220
8,83
a ± 2
,04
194,
12ef
± 2
,66
199,
29cd
± 2
,37
190,
68fg
± 1
,84
–20
4,14
b ± 1
,59
197,
68de
± 2
,05
––
Sim
men
tal
197,
71cd
± 4
,86
225,
09a ±
6,8
020
7,67
b ± 1
,76
––
–19
5,90
d ± 1
,26
204,
14c ±
1,5
9–
197,
64d ±
0,7
8–
–
OB
Brun
e17
1,56
g ± 2
,67
187,
89a ±
2,3
917
5,47
f ± 0
,79
175,
79bf
g ± 4
,17
167,
60eg
± 6
,21
184,
92ab
± 7
,20
155,
68cd
± 5
,39
144,
66c ±
9,5
515
9,60
de ±
3,9
7–
164,
28ce
fg ±
11,
73–
Flec
kvie
h17
0,05
d ± 3
,12
193,
60a ±
3,0
317
4,82
b ± 0
,95
182,
45c ±
4,8
014
3,17
fg ±
9,0
315
7,57
f ± 6
,83
–13
5,87
g ± 7
,72
177,
12bc
d ± 5
,11
155,
68f ±
5,3
913
2,05
eg ±
9,9
610
9,51
e ± 1
3,15
Hol
stei
n Fr
iesi
an16
1,83
abe ±
8,4
517
0,84
a ± 5
,89
160,
01b ±
2,3
615
2,83
bd ±
9,1
313
8,70
cd ±
10,
2013
9,54
cd ±
10,
7513
5,87
c ± 7
,72
–14
8,83
bc ±
9,6
314
4,66
cde ±
9,5
5–
–
Sim
men
tal
179,
47d ±
4,1
821
0,31
a ± 3
,42
201,
35b ±
1,0
3–
––
177,
12d ±
5,1
114
8,83
c ± 9
,63
–15
9,60
c ± 3
,97
––
RG
Brun
e16
0,34
e ± 2
,79
172,
54a ±
2,4
415
8,84
e ± 0
,74
158,
47e ±
3,1
214
1,32
c ± 4
,15
152,
64e ±
6,8
813
5,36
cd ±
3,4
212
5,43
b ± 5
,26
133,
50d ±
2,1
6–
131,
68bc
d ± 1
2,58
–
Flec
kvie
h14
1,91
h ± 2
,51
168,
44a ±
2,7
514
2,53
h ± 0
,69
154,
12b ±
3,3
612
3,01
de ±
4,1
812
8,33
ef ±
3,7
2–
118,
50d ±
3,9
013
8,18
gh ±
3,6
913
5,36
fg ±
3,4
297
,91c ±
4,9
792
,70c ±
8,3
9
Hol
stei
n Fr
iesi
an12
6,92
cfg ±
4,8
614
5,47
a ± 3
,43
132,
48bc
± 1
,35
138,
05ab
± 4
,72
124,
99de
g ± 5
,69
114,
97d ±
4,8
011
8,50
df ±
3,9
0–
128,
56ce
± 4
,32
125,
43ef
± 5
,26
––
Sim
men
tal
174,
61a ±
4,7
721
4,73
b ± 3
,86
200,
70c ±
1,2
8 –
––
138,
18e ±
3,6
912
8,56
d ± 4
,32
–13
3,50
de ±
2,1
6–
–
RV
Brun
e17
5,89
ab ±
21,
6719
1,10
ab ±
33,
8416
0,59
b ± 6
,05
179,
93ab
± 3
4,14
––
186,
30a ±
8,9
219
0,21
a ± 1
4,66
181,
19a ±
13,
96–
––
Flec
kvie
h17
0,05
ab ±
17,
1616
9,32
ab ±
19,
2217
2,61
b ± 5
,84
181,
65ab
± 1
7,93
–17
8,04
ab ±
27,
55–
189,
65a ±
6,1
917
7,26
ab ±
8,7
018
6,30
ab ±
8,9
217
0,97
ab ±
34,
4217
8,45
ab ±
16,
55
Hol
stei
n Fr
iesi
an15
9,92
a ± 3
3,37
–17
7,07
a ± 1
1,38
––
184,
30a ±
29,
7618
9,65
a ± 6
,19
–17
9,39
a ± 1
5,61
190,
21a ±
14,
66–
–
Sim
men
tal
––
176,
32a ±
24,
65–
––
177,
26a ±
8,7
017
9,39
a ± 1
5,61
–18
1,19
a ± 1
3,96
––
Tabl
eau
1 |
Poi
ds m
orts
moy
ens
stan
dard
isés
, par
cro
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ent
[kg]
Les
lett
res
ind
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ent
des
dif
fére
nce
s si
gn
ific
ativ
es (
p<
0,0
5).
Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 28–35, 2015
Production animale | Croisements entre races laitières et à viande pour optimiser la performance bouchère
32
rolaise. Chez les veaux comme chez les taureaux, le croi-
sement avec la Blanc-Bleu Belge produit des sujets
mieux en viande, mais avec une plus faible couverture
graisseuse.
Le croisement entre la Brune et les races Hérens ou
Angus ne permet pas d’obtenir des poids morts élevés ni
des animaux bien en viande. Dans toutes les catégories,
on observe des poids moyens à l’abattage faibles à
moyens. La charnure de ces animaux est par ailleurs
médiocre. Le croisement avec les races à dominante lai-
tière Fleckvieh et Holstein Friesian donne toutefois une
encore plus mauvaise charnure. Concernant le poids
mort, ces sujets peuvent tout au plus rivaliser avec les
races à viande dans la catégorie KV. À noter que pour le
croisement avec la Holstein Friesian, le poids mort est un
peu plus élevé, mais la charnure nettement moindre.
Croisements avec la race Fleckvieh
Pour la Fleckvieh, deux croisements présentent dans
toutes les catégories des poids morts standardisés élevés,
de très bonnes charnures et une bonne couverture grais-
seuse (tabl. 1, fig. 3 et fig. 4). La Charolaise et la Blonde
d’Aquitaine convainquent en effet pour les trois para-
mètres de la performance bouchère. La Blonde d’Aqui-
taine permet surtout d’obtenir des poids morts élevés
dans les catégories KV et MT, tandis que la Charolaise s’en
sort mieux dans les catégories OB et RG. Or, dans ces caté-
gories, l’alimentation est généralement plus extensive
que dans les catégories KV et MT (MLR, s.d.). Une analyse
complémentaire de l’aptitude à l’engraissement de ces
deux croisements dans des conditions extensives d’une
part et intensives d’autre part apporterait ici plus de
clarté, car la Blonde d’Aquitaine et la Charolaise sont
considérées comme des races adaptées à l’élevage exten-
sif (CONVIS s.c., s.d.; Bundesverband Blonde d’Aquitaine,
s.d.). Abstraction faite du mode de détention et de la
catégorie, ces deux races offrent de très bonnes charnures
et une bonne couverture graisseuse en croisement avec la
Fleckvieh. Le croisement avec la Blanc-Bleu Belge promet
certes des charnures record, mais il ne convainc pas en
matière de poids à l’abattage et de couverture graisseuse.
De même, les croisements avec les races Hérens et Angus
sont peu concluants: le poids mort est faible, les char-
nures sont médiocres et, pour l’Angus, la couverture de
graisse est tendanciellement trop marquée.
En croisement avec la Fleckvieh, les races à finalité
moins bouchère (Brune, Holstein Friesian, Montbéliarde
et Simmental) ne peuvent pas rivaliser avec les races à
viande. Ces croisements produisent les meilleurs poids
morts dans la catégorie KV. La Brune donne aussi de
bons résultats dans la catégorie RG. Croisée avec la
Fleckvieh, la Simmental (une race à deux fins typique)
présente des poids morts tendanciellement plus élevés.
Kögel et al. (2000 a, b et 2001 a, b), cités par Fürst-Waltl
(2005), ont fait une analyse comparative de croisements
entre la Fleckvieh allemande et les races Angus alle-
mande, Blanc-Bleu Belge, Blonde d’Aquitaine, Charo-
laise, Limousine et Piémontaise. Ils ont eux aussi observé
Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 28–35, 2015
0
10
20
30
40
50
60
70
C H T+ T T- A X
fréqu
ence
[%]
classe de charnure
Fleischigkeit der Kreuzungen mit Fleckvieh
BR x FT FT x AN FT x BA FT x BB FT x CH FT x HF
FT x HR FT x LI FT x MO FT x PI FT x SI
Figure 3 | Distribution de fréquences des classes de charnure, toutes catégories confondues, pour les croisements avec la Fleckvieh.
0 1020 30 4050 60 7080 90
1 2 3 4 5
Fettgewebe der Kreuzungen mit Braunvieh
classe de tissu gras
fréqu
ence
[%]
BR x AN BR x BA BR x BB BR x CH BR x FT BR x HF BR x HR BR x LI BR x PI BR x SI
Figure 2 | Distribution de fréquences de la couverture graisseuse, toutes catégories confondues, pour les croisements avec la Brune.
Croisements entre races laitières et à viande pour optimiser la performance bouchère | Production animale
33
que les animaux les mieux en viande sont issus du croise-
ment entre la Fleckvieh et la Blanc-Bleu Belge; viennent
ensuite les croisements avec la Charolaise, la Blonde
d’Aquitaine et la Limousine. Ce classement correspond à
celui de la présente analyse. Nous n’avons pas étudié les
poids morts et la couverture de graisse, mais les gains
journaliers révèlent la supériorité des croisements entre
la Fleckvieh et la Charolaise ou la Blonde d’Aquitaine.
Croisements avec la race Holstein Friesian
De tous les croisements étudiés pour la Holstein Friesian,
deux sont particulièrement adaptés à la production de
carcasses lourdes et charnues, présentant une couver-
ture graisseuse régulière (tabl. 1, fig. 5 et fig. 6). Dans les
catégories KV, MT, OB et RG, les croisements entre la
Holstein Friesian et la Blonde d’Aquitaine ou la Charo-
laise se démarquent par des poids morts standardisés
élevés. Ils donnent aussi de bonnes charnures, même si la
Blanc-Bleu Belge fait encore mieux pour ce critère. Par
rapport à la Blonde d’Aquitaine, le croisement avec la
Charolaise donne une charnure tendanciellement plus
élevée. La couverture graisseuse des carcasses est plutôt
faible, mais un peu plus régulière avec la Charolaise. Le
croisement entre Holstein Friesian et Simmental est
concluant pour la couverture graisseuse et, dans les caté-
gories KV et MT, le poids mort peut rivaliser avec la Cha-
rolaise. Toutefois, la Simmental étant une race à deux
fins, les sujets sont moins charnus.
Huuskonen et al. (2013) parviennent à des résultats
comparables. Chez les bovins finlandais, le croisement
avec la Charolaise a produit les poids morts les plus éle-
vés, suivi du croisement avec la Blonde d’Aquitaine, qui
donne la meilleure charnure, mais la plus faible couver-
ture de graisse. On constate encore d’autres recoupe-
ments pour le croisement avec l’Angus. Huuskonen et al.
(2013) ont montré que celui-ci produit de faibles poids
morts et une forte couverture des carcasses. C’est ce que
confirment les résultats: dans les catégories KV et MT, le
croisement avec l’Angus produit les poids morts stan-
dardisés les plus faibles et, toutes catégories confon-
dues, 1 sujet sur 5 est fortement couvert.
Croisements avec la race Simmental
Pour le croisement avec la Simmental, on constate que
les races à dominante laitière Brune, Fleckvieh et Hols-
tein Friesian se prêtent bien à la production de veaux
d’étal (tabl. 1, fig. 7 et fig. 8). Dans la catégorie KV, ils
donnent en effet des résultats significativement meil-
leurs que les croisements avec des races à viande et pré-
sentent dans l’ensemble la couverture graisseuse la plus
adaptée. Dans les autres catégories, les croisements (suc-
cessifs) avec des races d’engraissement l’emportent. Il
semble donc avantageux d’utiliser les sujets issus d’un
croisement entre la Simmental et la Brune, la Fleckvieh
ou la Holstein Friesian pour la production de veaux
d’étal, tandis que les croisements avec des races à viande
conviennent plutôt à la production de bétail d’étal.
Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 28–35, 2015
0
10
20
30
40
50
60
C H T+ T T- A X
fréqu
ence
[%]
classe de charnure
Fleischigkeit der Kreuzungen mit Holstein Friesian
BR x HF FT x HF HF x AN HF x BA HF x BB HF x CH HF x LI HF x PI HF x SI
Figure 5 | Distribution de fréquences des classes de charnure, toutes catégories confondues, pour les croisements avec la Holstein Friesian.
0 10 20 30 40 50 60 70 80
1 2 3 4 5
fréqu
ence
[%]
classe de tissu gras
Fettgewebe der Kreuzungen mit Fleckvieh
BR x FT FT x AN FT x BA FT x BB FT x CH FT x HF
FT x HR FT x LI FT x MO FT x PI FT x SI
Figure 4 | Distribution de fréquences de la couverture graisseuse, toutes catégories confondues, pour les croisements avec la Fleckvieh.
34
Production animale | Croisements entre races laitières et à viande pour optimiser la performance bouchère
La comparaison entre les races à viande Angus, Charo-
laise et Limousine montre que croisée avec la Simmental,
la Charolaise est la plus adéquate pour améliorer le
poids mort et les caractéristiques bouchères. Ce croise-
ment produit les poids morts les plus élevés dans les
catégories d’étal MT, OB et RG, et la meilleure charnure
toutes catégories confondues. Les sujets de race pure
Charolaise sont tendanciellement peu charnus (CONVIS
s.c, s.d.), ce que l’on remarque aussi en croisement avec
la Simmental. Les carcasses sont moins bien couvertes
qu’avec les races laitières étudiées ainsi qu’avec la Limou-
sine; la classe de couverture graisseuse 2 y est en outre
légèrement mieux représentée. Après la Charolaise,
c’est la Limousine qui donne les poids morts standardi-
sés les plus élevés dans les catégories MT, OB et RG; elle
produit en outre globalement une très bonne charnure.
Concernant la couverture graisseuse des carcasses, le
croisement avec la Limousine donne tendanciellement
les meilleurs résultats. Enfin, le croisement entre la Sim-
mental et l’Angus ne donne pas d’excellents résultats en
matière de poids mort standardisé, de charnure et de
couverture graisseuse.
C o n c l u s i o n s
Pour les races Brune, Fleckvieh, Holstein Friesian et Sim-
mental, la présente analyse a permis d’identifier des par-
tenaires d’accouplement adéquats, qui permettent d’ob-
tenir des poids morts élevés, une bonne charnure et une
couverture graisseuse régulière des carcasses. La Blonde
d’Aquitaine et la Charolaise sont de bons partenaires
pour la Brune, cela dans toutes les catégories. Par ail-
leurs, le croisement entre la Brune et la Blanc-Bleu Belge
donne des poids morts élevés et une excellente charnure
pour les veaux et les taureaux à l’engrais. Croisées avec
la Fleckvieh et la Holstein Friesian, la Blonde d’Aquitaine
et la Charolaise donnent de bons résultats pour toutes
les catégories. S’agissant de l’engraissement de veaux et
de taureaux, les croisements entre la Fleckvieh et la
Montbéliarde sont particulièrement adaptés. Ceux entre
la Simmental et les races à dominante laitière Brune,
Fleckvieh et Holstein Friesian se prêtent bien à l’engrais-
sement des veaux. Enfin, pour les taureaux, les bœufs et
les génisses à l’engrais, un croisement entre la Simmen-
tal et la Charolaise est indiqué.
Les recommandations pour les croisements entre
races se fondent uniquement sur leur aptitude à fournir
des poids morts élevés, une bonne charnure et une cou-
verture régulière des carcasses. D’autres facteurs impor-
tants, par exemple le déroulement du vêlage, la rusticité
et l’aptitude à l’engraissement extensif, n’ont pas pu
être considérés dans la présente étude. Enfin, nous
n’avons pas non plus tenu compte de l’hétérogénéité
des populations Fleckvieh et Simmental. n
Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 28–35, 2015
0 5
10 15 20 25 30 35 40 45
C H T+ T T- A X
fréqu
ence
[%]
classe de charnure
Fleischigkeit der Kreuzungen mit Simmental
BR x SI FT x SI HF x SI SI x AN SI x CH SI x LI
Figure 7 | Distribution de fréquences des classes de charnure, toutes catégories confondues, pour les croisements avec la Simmental.
Figure 8 | Distribution de fréquences de la couverture graisseuse, toutes catégories confondues, pour les croisements avec la Simmental.
0 102030 40 50 60 70 80 90
1 2 3 4 5
fréqu
ence
[%]
classe de tissu gras
Fettgewebe der Kreuzungen mit Simmental
BR x SI FT x SI HF x SI SI x AN SI x CH SI x LI
0 102030 40 50 60 70 80 90
1 2 3 4 5
fréqu
ence
[%]
classe de tissu gras
Fettgewebe der Kreuzungen mit Simmental
BR x SI FT x SI HF x SI SI x AN SI x CH SI x LI
Figure 6 | Distribution de fréquences de la couverture graisseuse, toutes catégories confondues, pour les croisements avec la Holstein Friesian.
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
1 2 3 4 5
fréqu
ence
[%]
classe de tissu gras
Fettgewebe der Kreuzungen mit Holstein Friesian
BR x HF FT x HF HF x AN HF x BA HF x BB
HF x CH HF x LI HF x PI HF x SI
35
Croisements entre races laitières et à viande pour optimiser la performance bouchère | Production animale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 28–35, 2015
Identifying ideal beef and dairy
crossbreeds to optimise slaughter
yields
Not every beef and dairy breed cross
results in equally high slaughter yields.
In Switzerland, however, no recom-
mendations on the ideal pairings of
beef and dairy breeds are available.
This study aims to demonstrate which
crossbreeds produce the best returns in
terms of carcass weight, conformation
and fat cover.
The data set consisted of 601 669 cross-
breeds drawn from the Swiss TVD AG
Database on Animal Movements, with
the individuals in question being born
between 2000 and 2012 and resulting
from a cross (dairy breed x beef breed
or dairy breed 1 x dairy breed 2).
Results showed that Blonde
d'Aquitaine and Charolais are suitable
breeding partners for Braunvieh in all
slaughter categories, while Belgian
Blue crosses with Braunvieh are
characterised by high carcass weights
and excellent conformation in the
fattening calf and bull slaughter
categories. Fleckvieh and Holstein
Friesian crosses with Blonde
d'Aquitaine and Charolais individuals
produce good results across all
slaughter categories. Fleckvieh crosses
with Montbéliarde are particularly well
suited for producing fattening calves
and bulls. Simmental crosses with
Braunvieh, Fleckvieh and Holstein
Friesian dairy breeds show good
potential for producing fattening
calves. For bull, oxen and cattle
fattening, it is recommended to cross
Simmental with Charolais.
Key words: crossbreeding, carcass
traits, beef bulls, dairy x beef.
Resa alla macellazione ottimale grazie
all'accoppiamento mirato di razze
bovine da carne e da latte
Dall'incrocio tra una vacca da latte e un
toro di una razza da carne non sempre
si ottengono capi con una buona resa
alla macellazione. In una tesina
semestrale realizzata dalla Scuola
universitaria di scienze agronomiche,
forestali e alimentari si è pertanto
studiato quali incroci presentano le
migliori rese relativamente a peso
morto, muscolatura e copertura di
grasso. Le analisi si fondano sui dati, messi a
disposizione dalla Banca dati sul
traffico di animali (BDTA), riguardanti
601 669 capi nati tra il 2000 e il 2012 da
un incrocio (razza da latte x razza da
carne o razza da latte 1 x razza da
latte 2).
Per la razza Bruna, gli incroci con la
Blonde d'Aquitaine e la Charolaise si
dimostrano molto adatti in tutte le
categorie di animali da macello per
raggiungere valori elevati in quanto a
peso morto, muscolatura e copertura
di grasso. Per la produzione di vitelli e
tori da ingrasso, anche la razza Blu
Belga si distingue per l'elevato peso
morto e l'eccezionale muscolatura. Per
gli incroci con la Fleckvieh e la Holstein
Friesian, a mostrare buoni risultati in
tutte le categorie di animali da macello
sono anche le razze Blonde d'Aquitaine
e la Charolaise. Gli incroci della
Fleckvieh con la Montbéliarde sono più
adatti per vitelli e tori da ingrasso.
Negli incroci con la Simmental, le razze
lattifere Bruna, Fleckvieh e Holstein
Friesian si rivelano particolarmente
adatte per produrre vitelli da ingrasso,
mentre per la produzione di buoi,
manzi e tori da ingrasso si raccomanda
un incrocio con la Chaloraise.
BibliographieLes références bibliographiques sont disponibles au-près de l'auteur.
36 Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 36–38, 2015
agricoles de Mont Calme (Lausanne) ont commencé à
collecter des variétés locales de blé et d’orge. Aujourd’hui,
plus de10 000 échantillons sont conservés par Agroscope
sur le site de Changins. Depuis 1999, le Plan d’action
national pour la conservation et l’utilisation durable des
ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agri-
culture (PAN2) permet conjointement d’assurer la conser-
vation et d’assurer une caractérisation et une évaluation
agronomique des variétés conservées. Les données col-
lectées sont mises à disposition du public par une base
de données (www.bdn.ch).
Les monographies sur l’épeautre, le blé, l’orge, la
pomme de terre et le maïs, brièvement présentées ci-
après, ont été publiées entre novembre 2013 et juillet
L’épeautre, le blé, l’orge, la pomme de terre et le maïs-
sont au cœur d’une série de cinq monographies, «Plantes
cultivées en Suisse». Publiée en 2013 et 2014, cette série
décrit les ressources génétiques conservées dans leur
contexte historique. Elle détaille la morphologie de la
plante, explique comment la diversité est apparue et
thématise le pourquoi et le comment de la collecte
d’une espèce. Elle rappelle qu’une variété locale est un
instantané dans l’existence d’une plante cultivée.
Les plantes cultivées font partie du patrimoine culturel
suisse. Les activités de conservation des variétés
anciennes et locales ont commencé vers 1900 en Suisse,
lorsque les chercheurs de la Station fédérale d’essais
Plantes cultivées en Suisse – cinq monographies1
Peer Schilperoord
Biologiste, Voia Gonda 1, 7492 Alvaneu Dorf, Suisse
Renseignements: Peer Schilperoord, e-mail: [email protected], www.berggetreide.ch
E c l a i r a g e
Figure 1 | De gauche à droite: deux grains de blé compact (Triticum aestivum subsp. aestivum), d'épeautre (T. aestivum subsp. spelta) et d'amidonnier (T. turgidum subsp. dicoccum). (Photo: Peer Schilperoord)
1La série de cahiers put être réalisée grâce au soutien financier de, entre autres: la Loterie du canton de Zurich, la Loterie Romande, l’Office de l’agriculture et géoin-formation (ALG) des Grisons. 2http://www.blw.admin.ch/themen/01623/01627/01694/index.html?lang=fr
37Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 36–38, 2015
Plantes cultivées en Suisse – cinq monographies | Eclairage
2014. Elles montrent ce qui a été collecté et de quelle
manière ainsi que ce qui a été perdu. Elles renseignent
sur la première apparition de la plante en Suisse et sur
l’évolution de sa diversité. La description morphologique
fixe un cadre que complètent les découvertes archéolo-
giques. Chaque variété de plante cultivée a sa propre his-
toire, sa propre biographie. Cette série de publications
est issue d’une initiative de l’Association pour la culture
de céréales de montagne (Verein für alpine Kulturp-
flanzen). De nombreuses personnes en lien étroit avec les
plantes cultivées, chercheurs, praticiens, mainteneurs ou
commerçants ont soutenu ce travail pour son contenu et
par la mise à disposition d’illustrations.
La série est parue en allemand et a été également
publiée en français.
Extraits de l’avant-propos, monographie sur l’épeautre
Arnold Schori, chef du département de recherche en
amélioration des plantes et ressources génétiques à
Agroscope Changins, a rédigé l’avant-propos de la pre-
mière monographie (épeautre). Il écrit: «La valeur cultu-
relle des plantes, et parmi elles, celle de l’épeautre, res-
sort ici magnifiquement, tout autant que sa valeur
génétique. La lecture de la plante que nous propose Peer
Schilperoord est aussi intéressée que celle du sélection-
neur souhaitant améliorer l’espèce et l’adapter aux
besoins du moment.» Et encore: «Cette monographie est
un solide plaidoyer pour la préservation de notre diver-
sité agricole et contribue à nous faire comprendre et
aimer une autre espèce agricole […]».
Histoire des plantes cultivées
L’histoire des plantes cultivées témoigne d’une dyna-
mique dans le spectre des variétés existantes. Hormis
dans les zones marginales d’une espèce cultivée, où la
sélection naturelle est si rude que seules quelques varié-
tés peuvent être cultivées, les plantes cultivées ont fait
l’objet d’essais et d’expérimentations incessants au cours
des 500 dernières années afin d’en repérer les meilleures,
mieux adaptées aux conditions climatiques. Evidemment,
les parcelles produisant la meilleure semence étaient
connues et leur semence principalement diffusée locale-
ment, dans la partie de vallée concernée.
Un exemple qui illustre cette dynamique de renou-
vellement variétal est la substitution, au cours de la pre-
mière moitié du 19e siècle, des variétés de pommes de
terre originaires du Pérou par des provenances issues de
l’archipel de Chiloé, situé au sud du Chilipar, à environ
42° de latitude. Autre exemple: sans exception, les varié-
tés d’orges nues et vêtues étaient à l’origine toutes à
6 rangs. Or les variétés à 6 rangs sont à peine représen-
tées dans la collection de la banque de gènes.
Bref survol des cinq monographies
Épeautre
L’épeautre cultivé en Europe occupe une place unique
parmi les céréales. C’est la seule céréale née en Europe
occidentale. L’épeautre et le blé tendre appartiennent à
la même espèce. Bien que l’épeautre paraisse plus primi-
tif que le blé, il est apparu plus tard.
L’épeautre apparaît de manière assez soudaine en
Suisse à partir de 2300 ans avant J.-C. Il est issu de croise-
ments entre le blé tendre et l’amidonnier (fig. s1).
L’épeautre est un blé présentant des caractères de l’ami-
donnier. Dans de nombreuses régions, il était encore au
19e siècle la principale céréale. La collection primaire
d’épeautre en Suisse est d’importance mondiale.
Blé
Les variétés locales originelles et les variétés locales
améliorées n’ont pas suivi l’évolution de l’agriculture des
100 dernières années. La fertilité du sol s’est accrue et la
technique de récolte a radicalement évolué. La plupart
de ces variétés locales versent trop facilement et ne
peuvent dès lors plus être cultivées dans la pratique.
Figure 2 | Couverture de la monographie «Plantes cultivées en Suisse – L'orge».
38
Eclairage | Plantes cultivées en Suisse – cinq monographies
Orge
L’orge a été cultivée en Suisse de façon ininterrompue
durant 7000 ans (fig. 2). Les semences se sont transmises
d’une génération à l’autre. Grâce à sa précocité et sa
capacité d’adaptation, elle a pu être cultivée aux atti-
tudes les plus basses comme aux altitudes élevées des
vallées alpines reculées. Mais une rupture avec cette tra-
dition est survenue il y a 50 ans. La culture a été aban-
donnée dans les régions périphériques et, dans les zones
propices, les variétés suisses ont été remplacées par des
variétés étrangères.
Les variétés locales suisses ne jouent aucun rôle dans
la sélection de l’orge en Europe. En revanche, elles ont
été très importantes dans la sélection de l’orge aux
Etats-Unis. Une variété locale issue de la région du lac de
Sempach a même sauvé la culture des orges brassicoles
du Midwest américain.
Pomme de terre
Peu de variétés locales de pommes de terre ont été
conservées. Les viroses réduisant les rendements, les
anciennes variétés ont eu de la peine à se maintenir
durablement. Les nouveaux plants assainis de pomme de
terre, exempts de virus, sont plus productifs que des
anciennes variétés affectées. Dans certaines régions,au
20e siècle, les exploitations de plaine s’approvisionnaient
toujours en plants de pomme de terre auprès de mayens
cultivant des pommes de terre.
Maïs
L’histoire de l’origine du maïs est extraordinaire. Elle
illustre de façon exemplaire la capacité de métamor-
phose des plantes. Les petits fruits (caryopses) d’environ
6 mm du téosinte ressemblent à des petites noix, l’épi-
carpe est dur comme pierre et sillonné de silice (fig. 3).
En revanche, les grains du maïs ne sont pas vêtus. À l’ori-
gine, le téosinte était utilisé comme légume, pour sa
moelle douce et ses jeunes épis femelles sucrés. n
Bibliographie ▪ Schilperoord P., 2013. Plantes cultivées en Suisse – L'épeautre. Editeur Verein für alpine Kulturpflanzen, Alvaneu. 36 p.
▪ Schilperoord P., 2013. Plantes cultivées en Suisse – Le blé. Editeur Verein für alpine Kulturpflanzen, Alvaneu. 40 p.
▪ Schilperoord P., 2013. Plantes cultivées en Suisse – L'orge. Editeur Verein für alpine Kulturpflanzen, Alvaneu. 39 p.
▪ Schilperoord P., 2014. Plantes cultivées en Suisse – Pomme de terre. Edi-teur Verein für alpine Kulturpflanzen, Alvaneu. 41 p.
▪ Schilperoord P., 2013. Plantes cultivées en Suisse – Le Maïs. Editeur Ver-ein für alpine Kulturpflanzen, Alvaneu. 40 p.
Figure 3 | Grains de maïs, respectivement fruits et grains du maïs sauvage (téosinte). De bas en haut: Zea mays subsp. mexicana (téosinte); Zea mays subsp. parviglumis (téosinte); Zea mays subsp. mays (maïs culti-vé). Le maïs cultivé dérive de la sous-espèce parviglumis aux fruits plus petits. Les fruits du téosinte sont comme des petits cailloux, le péricarpe est extrêmement dur. Sur le bord droit de la photo, des «grains» décortiqués sont visibles, après extirpation des fruits.
Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 36–38, 2015
39
A c t u a l i t é s
Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 39, 2015
Actualités
Recherche Agronomique Suisse arrive sur vos tablettes
Recherche Agronomique Suisse est désormais accessible
par tablette et smartphone, grâce à la nouvelle App
«Publications Agroscope». Cette App offre non seule-
ment la version électronique des articles, mais aussi des
informations complémentaires sur des thèmes sélection-
nés. Elle permet également de consulter toutes les
archives de la revue. L’abonnement à ce nouveau service
est attractif: l’accès à la version tablette revient à
CHF 61.–, soit autant que l’édition imprimée. Si vous sou-
haitez lire la revue aussi bien sur la tablette que sous
forme papier, il ne vous en coûtera pas beaucoup plus
(CHF 71.–). La nouvelle App permet également de
s’abonner à la revue Schweizer Zeitschrift für Obst- und
Weinbau ainsi qu’à la Revue suisse de Viticulture, Arbo-
riculture, Horticulture à des conditions avantageuses.
Vous trouverez plus de détails sur le prix des abonne-
ments sur les sites Web des différents magazines:
•• www.rechercheagronomiquesuisse.ch
•• www.obstundweinbau.ch
•• www.revuevitiarbohorti.ch
L’application permet en outre de télécharger gratuite-
ment les autres publications Agroscope: les Agroscope
Transfer et les fiches techniques Agroscope, qui
s’adressent tous deux à la pratique, Agroscope Science,
qui contient des résultats pour la science et différentes
autres publications spécialisées. Pour que les lecteurs et
les lectrices puissent s’y retrouver plus facilement, les
publications sont classées en sept rubriques thématiques:
plantes, animaux, denrées alimentaires, environnement,
économie, technique et aspects sociaux.
Les liens pour télécharger l’App (iOs et Android) sont disponibles sur:
www.agroscope.ch > Publications > Apps.
40
Susanne Ulbrich, professeure de physiologie animale à l’ETH Zurich
bovins qui seront mis à disposition de l’ETH Zurich dès
2017 dans le cadre du vaste projet Agrovet-Strickhof.
Madame Ulbrich représente les intérêts des étudiants et
des chercheurs de l’ETH dans la planification et la mise
sur pied de la ferme expérimentale Agrovet-Strickhof.
Madame Ulbrich, vous avez été nommée professeur de
physiologie animale. Quel est l’objet de vos recherches?
Qu’est-ce qui vous fascine dans ces recherches?
La physiologie est l’enseignement du fonctionnement
naturel du corps. En font partie les cellules individuelles,
mais aussi l’organisme tout entier qui peut atteindre un
poids de plusieurs tonnes. Les différents organes rem-
plissent des tâches différentes très spécialisées. La phy-
siologie décrit ces tâches et explique leurs interactions –
ce qui sert de base pour comprendre à quelles exigences
les animaux peuvent être soumis, quelles sont les exi-
gences des animaux par rapport à leur environnement
et quelles sont les approches possibles pour éviter les
maladies.
Vous menez des recherches sur les rapports entre les
processus du métabolisme et de la reproduction chez les
animaux de rente. Sur quoi vos recherches sont-elles
axées exactement?
Ce qui me fascine, c’est de voir comment la vie apparaît.
Comment, à partir de quelques cellules identiques, un
être vivant se développe avec une multitude de cellules,
tissus et organes différents ayant chacun des tâches très
différentes, et comment ces tâches interagissent avec
l’environnement. J’essaie de découvrir pourquoi une
nouvelle vie réussit si souvent et si bien à se former dans
le corps de nos animaux de rente, bovins ou porcs. Au
cours de l'évolution, il s'est révélé avantageux pour le
fœtus d’être protégé dans l’utérus contre l’environne-
ment. Pour la vache ou la truie, cela signifie répartir les
ressources alimentaires entre la mère et le fœtus et se
préparer à la lactation. C’est une simple tâche régulatrice.
A votre avis, quels sont les plus grands défis dans ce
domaine de recherche dans le monde entier et quelles
sont les possibilités pour les relever?
En agronomie, le plus grand défi global est d’assurer à
une population mondiale croissante l’accès à des den-
rées alimentaires en suffisance. Une augmentation
durable de la productivité de denrées alimentaires de
I n t e r v i e w
En septembre 2013, Madame Susanne Ulbrich a été nom-
mée professeure de physiologie animale à l’ETH Zurich.
Auparavant, elle menait des recherches et enseignait à
l’Université technique de Munich en Allemagne. Ses
recherches, qui portent en priorité sur la physiologie de
la reproduction et l’influence du métabolisme sur celle-
ci, se trouvent au carrefour entre l’agronomie, la biolo-
gie et la médecine vétérinaire. Madame Ulbrich utilise
des techniques de biologie moléculaire et des méthodes
biomédicales ultramodernes pour ses recherches sur les
animaux de rente. Elle travaille essentiellement avec des
Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 40–41, 2015
41
Susanne Ulbrich, professeure de physiologie animale à l’ETH Zurich | Interview
qualité doit se faire tout en minimisant l’utilisation des
ressources. Les produits animaux constituent pour
l’homme une source appropriée de protéines alimen-
taires de grande qualité, et en raison de leur valeur bio-
logique élevée, leur potentiel est incontesté. Les perfor-
mances animales peuvent certes être augmentées, mais
elles montrent toujours des limites. Des problèmes de
fécondité sont souvent le premier signe indiquant que
les limites de performances ont été atteintes. Un défi
particulièrement important est de comprendre les para-
mètres d’un métabolisme efficient qui transforme en
protéines animales les fourrages végétaux que l’homme
ne peut pas utiliser lui-même pour se nourrir. Chez l’ani-
mal en bonne santé règne un équilibre physiologique
qu’il s’agit d’utiliser de manière habile pour produire des
denrées alimentaires d’origine animale.
Dans les recherches que vous menez, quels sont les
thèmes particulièrement importants pour l’agriculture
suisse?
Le lait est un des principaux produits agricoles de la
Suisse qui, depuis des siècles, est traditionnellement
transformé en fromage. Cette transformation du lait
permet d’obtenir une importante valeur ajoutée. La
reproduction constitue une condition indispensable
pour qu’il y ait une lactation; elle constitue un grand
défi pour la vache laitière et il faut en comprendre les
bases pour pouvoir répondre de manière adéquate aux
besoins des animaux et produire à long terme des den-
rées alimentaires saines.
Quel impact votre recherche aura-t-elle sur l’agriculture
suisse?
Les nombreux sites d’enseignement et de recherche dans
le domaine des animaux de rente en Suisse se com-
plètent très bien au niveau technique de par leurs diffé-
rentes manières de procéder. Cela convient bien à la
branche interdisciplinaire qu’est l’agronomie. Je consi-
dère que pour la physiologie animale à l’ETH Zurich, ce
dialogue étroit est une grande chance d’aborder des
problématiques importantes en pratique et de les traiter
en recourant aux sciences fondamentales. J’aimerais
ainsi contribuer à ouvrir des voies entièrement nouvelles
pour résoudre les problèmes rencontrés.
Votre déménagement en Suisse et à l’ETH Zurich aura-t-
il un impact sur votre recherche et sur l’enseignement?
A l’ETH Zurich, je trouve un positionnement clair en
matière de recherche et d’enseignement des fonde-
ments de l’agronomie. Dans les sciences animales, cela se
voit par exemple dans la réalisation de la nouvelle ferme
expérimentale Agrovet-Strickhof. Les recherches sur les
grands animaux sont certes très fastidieuses et coûteuses,
mais elles tiennent compte de la complexité de l’animal
tout entier. Des mécanismes de régulation redondants
(qui se renforcent mutuellement) ou compensatoires
(contraires) se produisent et peuvent avoir des effets ou
empêcher certains effets. Ces effets ne peuvent être pré-
dits dans des expériences simplifiées sur des cultures de
cellules. C’est la raison pour laquelle on ne peut, ni ne
devrait, renoncer aux connaissances que l’on peut acqué-
rir directement au travers de nos animaux de rente.
Qu’apprendront exactement les étudiants dans vos
cours?
J’aimerais susciter chez les étudiants de l’enthousiasme
pour la physiologie et leur démontrer l’ancrage de cette
branche dans les sciences agronomiques et environne-
mentales. Les connaissances du mode de fonctionne-
ment du corps permettent de répondre à des questions
actuelles et futures auxquelles les diplômés sont confron-
tés. Ces questions concernent par exemple la qualité, les
performances et les limites des performances de la
chaîne de valeur animale. Pour pouvoir relever les cri-
tères appropriés, il faut comprendre ce qui se passe dans
un corps en bonne santé.
Madame Ulbrich, vous coordonnez à l’ETH Zurich les
intérêts des étudiants et des chercheurs dans le projet
Agrovet-Strickhof. En quoi ce projet consiste-t-il exacte-
ment? Quels en sont les participants? Quelles seront les
recherches menées au futur centre Agrovet-Strickhof et
qu’y enseignera-t-on?
Le Centre de formation et de recherche Agrovet-Stric-
khof permettra une étroite collaboration entre les trois
institutions que sont le Centre de compétences agricoles
et agroalimentaires de Strickhof, l’Université de Zurich
et l’ETH Zurich. Un centre pour animaux de rente sera
construit, avec des étables pour du bétail laitier et l’en-
graissement de bovins ainsi qu’une étable pour animaux
de rente pour la formation des étudiants. Un centre
métabolique avec des chambres de respiration constitue
le point fort de nos recherches sur une détention d’ani-
maux de rente efficiente et pauvre en émissions. Le pro-
jet constitue un grand défi au niveau de la coordination
des intérêts. La culture de dialogue ouvert des partici-
pants montre leur volonté et leur capacité à aborder
ensemble les différentes approches de manière profi-
table. L’avantage est sans aucun doute l’établissement
durable des recherches menées sur les animaux de rente
en mettant en commun de manière exemplaire les com-
pétences et les ressources. n
Brigitte Dorn, ETH Zurich
Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 40–41, 2015
42
www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen
Actualités
C o m m u n n i q u é s d e p r e s s e
www.agroscope.admin.ch/communiques
11.12.2014 Des chercheurs du monde entier unis dans la lutte contre les bactéries pathogènes de la pomme de terre Agroscope et la Haute école des sciences agronomiques,
forestières et alimentaires HAFL ont organisé la seconde
conférence internationale du projet Euphresco II Dic-
keya & Pectobacterium qui s’est tenue à Berne du 23 au
25 novembre. Les chercheurs présents ont pu constater
la complémentarité de leurs travaux et partager leurs
résultats concernant l’épidémiologie du pathogène et
les moyens de le contrôler.
08.12.2014 Bilan de la drosophile du cerisier dans les vignes A la fin de l’été, la drosophile du cerisier a suscité une
grande inquiétude parmi les viticulteurs et viticultrices
suisses. L’insecte était plus présent que jamais et la pour-
riture acide gagnait du terrain dans les vignes. Les
experts d’Agroscope estiment que la maladie a détruit
jusqu’à 10 % de la récolte suisse et entraîné des charges
supplémentaires considérables lors des vendanges. La
drosophile du cerisier n’est cependant pas la seule à
avoir contribué à la propagation de la pourriture acide.
Un été pluvieux et plusieurs chutes de grêle y sont égale-
ment pour beaucoup. La mouche a donc été parfois ren-
due responsable des dommages à tort.
28.11.2014 Le Chasselas, champion de la diversité génétique En raison de son importance économique et historique,
la biodiversité du Chasselas est sous la loupe d’Agroscope
depuis 1923. Les travaux conduits jusqu’en 2013 ont per-
mis d’identifier et de sauvegarder 283 biotypes aux
caractéristiques spécifiques. Ce patrimoine permettra
de maintenir une diversification des clones proposés,
favorisant le potentiel qualitatif des vins produits.
24.11.2014 Nouvelles variétés de luzerne toujours plus per-formantes La luzerne est une légumineuse très appréciée pour les
prairies temporaires, dans les régions chaudes et plutôt
sèches. Entre 2011 et 2013, Agroscope a évalué les apti-
tudes agronomiques de 36 nouvelles variétés. Quatre
cultivars ont été ajoutés à la liste des variétés recomman-
dées et la variété Vanda, inscrite depuis 2001, en a été
retirée.
21.11.2014 AgriMontana: mesures de préservation et d’en-tretien du paysage rural en région de montagne Quelles sont les perspectives de l’agriculture en région
de montagne et quelles stratégies, les exploitations de
montagne doivent-elles suivre à l’avenir? Dans le cadre
du programme de recherche AgriMontana, Agroscope a
notamment évalué différents procédés d’exploitation
minimale comme le mulchage, qui exige un travail peu
intensif ou le pâturage avec des races robustes dans le
but de préserver l’ouverture du paysage cultural. Le
débat qui porte sur les perspectives de l’agriculture de
montagne et l’exploitation des surfaces est axé essen-
tiellement sur le contexte régional et sur le développe-
ment de stratégies d’exploitation globales.
Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 42–43, 2015
43
Informationen: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen
Actualités
M a n i f e s t a t i o n s
Informations: www.agroscope.admin.ch/manifestations
L i e n s I n t e r n e t
Janvier 2014
22.1.20142. Agroscope-Nachhaltigkeitstagung 2015 «Funktionelle Biodiversität in der Landwirtschaft»Agroscope INH8046 Zurich
Février 2015
02. – 03.02.20152èmes Journées Nationales Grandes culturesAgroscope (Institut des sciences en production végé-tale), AGRIDEA, Forum Ackerbau et Swiss granum Centre Loewenberg, 3280 Morat
20.02.2015Schweizer Obstkulturtag 2015Agroscope, Agridea, NWW, Obstverbände SG und TG, SKOF, SOV, SwisscofelSt. Gallenim Rahmen der Messe Tier & Technik
Mars 2015
14. 3.2015Journée d’information HAFLHaute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFLZollikofenInformations: www.hafl.bfh.ch
18. – 19.3.20155. Tänikoner MelktechniktagungTänikon, 8356 Ettenhausen
V o r s c h a u
Février 2015 / Numéro 2
Les produits phytosanitaires per-mettent de garantir le rendement et la qualité de la production végétale. Toutefois ils entraînent aussi des effets indésirables sur l’environnement. Dans le cadre du monitoring agroenvironne-mental suisse, différents indi-cateurs agro-environnementaux sont relevés chaque année depuis 2009. Agroscope présente des résultats relatifs à l’utilisation des produits phytosanitaires en Suisse entre 2009 et 2012.
D a n s l e p r o c h a i n n u m é r o
Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 42–43, 2015
2015: Année internationale des sols
www.fao.org/soils-2015
L’année 2015 a été déclarée Année internationale des
sols par l’Organisation des Nations unies pour l’alimenta-
tion et l’agriculture (FAO). Cette action s’inscrit dans le
cadre de la décennie des Nations unies pour la lutte
contre la désertification. Avec l’année internationale des
sols, la FAO entend sensibiliser la société à l’importance
des sols pour l’écosystème naturel et l’agriculture. Il
s’agit également d’attirer l’attention sur les dangers liés
à l’imperméabilisation des sols, à la désertification et à la
salinisation et d’aborder les problèmes concomitants et
leurs solutions.
•• Utilisation des produits phytosanitaires en Suisse de
2009 à 2012, Laura de Baan et al., Agroscope et
Ö+L GmbH, Oberwil-Lieli
•• L’arboriculture face à la sécheresse − Enquête auprès
des agriculteurs dans le nord-est et le nord-ouest de
la Suisse, Sylvia Kruse et Irmi Seidl, WSL
•• Production de foin et de haylage de deux mélanges
avec graminées, Ueli Wyss et al., Agroscope
•• Bases génétiques de l’absence de cornes chez les
bovins, Alexander Burren et al., HAFL et Université
de Berne
•• Listes recommandées des variétés de soja et maïs
pour la récolte 2015
Agroscope et bien plus encoreRetrouvez le contenu de la revue Recherche Agronomique Suisse sur iPad,iPhone et Android.
Régulièrement mis à jour, des articles, des images et des vidéos viennent compléter et soutenir les publications d’Agroscope dans leur mission d’information.
viennent compléter et soutenir les publications
Agroscope dans leur mission
information.
ForumAckerbau
2èmes Journées Nationales Grandes culturesOrganisées par Agroscope (Institut des sciences en production végé-tale), le Forum Ackerbau, swiss granum, AGRIDEA et la PAG-CH
Objectif des journéesOffrir une plateforme d’échanges ainsi que des informations de première main à tous les acteurs des fi lières de production dans les grandes culturesProgramme et inscription (jusqu’au 19 janvier 2015) www.agridea.ch/fr/cours/cours_par_date
Programme2 février 2015 : diverses manifestations en parallèle sur invitation, suivies de l’assemblée générale de la PAG-CH et d’une conférence ouverte à tous «Food trends» – Perception «qualité» des consommateurs pour les productions agricoles.3 février 2015 : journée plénière consacrée à la qualité en grandes cultures. Ouverte à toutes les personnes intéressées : conseiller(ère)s et enseignant(e)s du domaine des grandes cultures, chercheur(euse)s,membres de la PAG-CH, représentant(e)s du commerce agricole, agriculteur(trice)s, membres d’organisations agricoles et services cantonaux, entrepreneur(euse)s agricoles et autres personnes intéressées.
La qualité en grandes cultures, une nécessité à tous les échelons ?
Lundi 2 et mardi 3 février 2015 | Centre Löwenberg, 3280 Morat