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Récit d’un voyage au pays du soleil levant par François Tack

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Récit d’un voyage au pays du soleil levant

par François Tack

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Période : 01/05/2009 au 17/05/2009

Tableau des jours et lieux

JOUR LIEU

Vendredi 01/05 Bruxelles / Amsterdam / Tokyo Samedi 02/05 ShizuokaDimanche 03/05 ShizuokaLundi 04/05 Iga / NaraMardi 05/05 Nara / KyotoMercredi 06/05 OsakaJeudi 07/05 Osaka / HimejiVendredi 08/05 Nagoya / NaraSamedi 09/05 FukuokaDimanche 10/05 Naha / Okinawa CityLundi 11/05 OkinawaMardi 12/05 OkinawaMercredi 13/05 OkinawaJeudi 14/05 ShizuokaVendredi 15/05 TokyoSamedi 16/05 Tokyo / YokohamaDimanche 17/05 Tokyo / Amsterdam / Bruxelles

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Me voila parti pour un voyage de découvertes, détente et plaisir. Après m’être levé avec une légère gueule de bois ce matin, un sourire s’est dessiné sur mon visage à l’idée de savoir que je quitte la Belgique pour le pays du soleil levant dont je rêve depuis tant d’années. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre car j’ai confirmé ma présence par-ci par-là mais en même temps, je me dis que ça va aller et qu’il n’y a pas raison de s’inquiéter.

Je sens que j’ai vraiment besoin d’un dépaysement complet, de voir et de sentir une autre culture, à la fois extrêmement moderne mais également protectrice de toutes ses traditions ancestrales. Je pense que le choc culturel viendra au moment où je quitterai l’aéroport, parce que je ne sais pas exactement où je vais en arrivant (j’attends la confirmation).

45 minutes plus tard : Par moment, je me sens dépassé par la technologie, moi qui essaie de suivre le courant, je me suis laisser surprendre par une borne de Telenet à côté de la porte d’embarquement, où moyennant 3 €, on peut accéder à Internet pendant 15 minutes (très cher, mais vachement utile). Juste le temps de faire un check rapide de mes mails et apparemment, mon voyage commence très bien car Tomomichi, la première personne chez qui je devais loger mais qui s’est désisté pour des raisons familiales, m’a proposé de loger chez un ami couchsurfer qui habite à Shizuoka, non loin de Tokyo.

Bref, le plan est que dès mon arrivée à Tokyo, je l’appelle pour fixer un rendez-vous. Il m’a dit qu’il venait me chercher en voiture à la gare donc que demander de plus ? Je vais loger deux nuits chez lui et ensuite on part ensemble vers Kyoto, je suis ravi car je rêve de cette ville mystérieuse et attirante, remplie de traditions et de culture et à la fois moderne. Mon premier couchsurfer s’appelle Keisukei et m’invite à l’accompagner à un évènement là-bas (je n’ai aucune idée de ce que c’est mais on verra bien). C’est assez fantastique de voir à quel point la communication est ultrafacile de nos jours, je lui ai envoyé un mail ce matin à 10h00 (Belgique) et 2h30 plus tard la réponse complète était là, ça me fascine.

Je suis sur le point de décoller à Bruxelles dans un tout petit avion de KLM et j’ai deux Japonais à côté de moi (je suis assis à côté de la fenêtre bien sûr). C’est drôle de les entendre, je comprends quedalle mais je me dis que je vais essayer d’apprendre petit à petit, cette langue m’intrigue et je pense qu’avec l’expérience que je vais vivre, je serais capable de comprendre des petites phrases après deux semaines (je l’espère en tout cas). Ils lisent leur journal et je me demande comment ils font (de haut en bas, de gauche a droite ?), la seule chose que je sais c’est qu’ils commencent par la dernière page (à nos yeux en tout cas).

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Les hôtesses vont bientôt danser la macarena, je vais devoir me retenir pour ne pas rire, même si je suis tout seul, c’est le moment le plus drôle du vol.

Quelques heures plus tard, je survole la Russie et suis assis à côté d’un couple de Japonais très sympa. J’ai lancé la conversation avec eux car je fus surpris d’entendre que le vol ne dure que 10h30 au départ d’Amsterdam, je m’attendais à 12 heures voir plus. Leur curiosité est assez incroyable, on a commencé à discuter de toutes sortes de choses : quels pays avais-je déjà visité ? quels mots je connaissais en Japonais ? quelles villes je comptais visiter au Japon ? etc. Pour la question par rapport à mon vocabulaire en Japonais, on a bien rigolé car je leur ai dit les mots et phrases clé que je connais et ils étaient assez surpris mais ensuite, j’ai précisé que ça va être chaud quand on me répondra car je vais comprendre quedalle donc mieux vaut essayer un petit peu mais dès que je sens que ça ne va plus, je bifurque sur l’anglais.Je leur ai demandé comment ils lisent en Japonais et c’est donc bel et bien en commençant par la dernière page et de haut en bas.

J’ai encore environ 3 heures de vol et je commence à m’ennuyer , l’avion est un moyen de transport formidable mais barbant par moment. Je devrais dormir mais malheureusement, je ne suis pas assez fatigué et je somnole un petit peu par moment sans vraiment pouvoir m’endormir ; tant pis, je dormirais au retour.

02/05 : Mon arrivée fut tourmentée, le contrôle à l’aéroport était sévère à cause de la grippe porcine er on ne laisse rien au hasard à l’aéroport de Tokyo Narita. Chaque passager était questionné par rapport à son état de santé, ensuite on était ammené à attendre gentiment l’un derrière l’autre sans laisser trop d’espace entre nous, le personnel de l’aéroport nous entrainait à être discipliné et à ne pas se mettre n’importe où, ensuite on passe la douane ou on fait une empreinte digitale de votre doigt ainsi qu’une photo, on vous demande combien de jours vous restez, chez qui vous logez, l’adresse ainsi que le numéro de portable de cette personne, bref la totale. Ensuite deuxième contrôle de bagage avec des chiens entraînés à réagir discrètement lorsqu’ils sentent de la drogue. Il faut savoir que le Japon est ultrasévère à ce niveau là et qu’il ne faut pas blaguer avec eux. Pour un joint, on se tappe 60 jours de prison et ensuite on est expulsé du pays à vie. On m’a demandé si j’avais de la drogue ou des armes sur moi. J’ai répondu gentiment non et précisé que j’étais là pour des vacances et on m’a laissé partir. Après avoir changé mes euros en yen et obtenu mon Japan railpass, j’ai pris le Shinkansen (train rapide) pour aller à Shizuoka, une petite ville à 150 km de Tokyo. Au fur et à mesure que je voyagais dans ce train, je me suis retrouvé comme seul étranger entouré de Japonais. Il faut dire que ça donne un sentiment étrange mais qu’en même

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temps, la simple gentilesse est bien présente dans ce pays, dès que quelqu’un apreçoit que vous êtes perdu, ils vont spontanément essayer de vous aider. J’ai vécu l’expérience lorsque je devais changer de train pour passer sur un omnibus et on m’a bien indiqué le chemin à suivre. Après plus de deux heures dans différents transports en commun, j’ai rejoint Keisukei à Shizuoka. Il est très sympa, détendu et curieux et nous avons longuement discuté en anglais de la Belgique et du Japon dans son appartement. Ensuite, on s’est mis en route pour rejoindre un de ses amis, Mochan, que je pourrais décrire comme étant un gars formidable, rêveur et passioné par le monde entier. Il a hébergé plus de 200 personnes venant de différents continents en un an et a carrément lancé un concept d’acceuil et de visite pour ses hôtes. Il acceuille des gens plusieurs fois par mois et les emmène voir des choses exceptionelles, inouïes qu’on ne retrouve pas dans le guide de Lonely Planet. Il s’est acheté un petit bus et son concept s’appelle « Wish Club ». En fait, son désir est de créer une communauté d’amis à travers le monde afin de pouvoir organiser des événements, soirées, rassemblements de différentes cultures à travers le monde qui montre un certain intérêt pour son projet.

Il est minuit passé et on se prépare pour aller dormir. Demain on part près du Mont-Fuji pour une cérémonie de thé traditionelle appellé Sado et ensuite on ira profiter des bains de sources d’eau chaude qu’on appelle Onsen. Je suis impatient de vivre cette journée mais maintenant, il est temps que je me repose, demain est un autre jour et s’annonce en tout cas à merveille.

Je me suis levé tôt ce matin, les Japonais sont très ponctuels et aiment profiter de journées bien remplies. Après un bon petit déjeuner, nous avons rejoint Mochan et les autres pour faire une visite des environs de Shizuoka. Je fus rapidement surpris car ma première impression du Japon était différente. Je voyais des villes et des lieux très concentrés, il faut préciser qu’ils sont très nombreux : 130 millions sur 30% du pays car le reste du pays est inhabitable (collines, montagnes, volcans éteints,...). Cela a pour conséquence que dès que le relief devient plat, ils ne laissent pas un mètre carré inoccupé. Shizuoka à ce niveau là est un peu différent, dès qu’on quitte le centre on aboutit dans une superbe région naturelle, remplies de superbes arbres, collines, rivières, plantations de thé vert, des maisons typiquement japonaises etc. C’est vraiment magnifique. Comme précisé auparavant, nous nous sommes rendus à une cérémonie de thé traditionnel. En tant que Belge, on ne sait pas trop quoi s’imaginer mais je fus agréablement surpris. L’endroit était calme et superbe, entouré de jardins typiquement japonais avec un grand étang rempli de koïs affamés. On a pu assister à la cérémonie dans une partie spéciale de ce lieu, jadis réservé aux samuraïs qui y trouvaient le calme et la sérénité. On entre dans une chambre par une toute petite porte en hauteur. Il y a de la place

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pour 5 personnes et une femme en kimono traditionnel s’occupe de la cérémonie. Elle nous a préparé un thé nommé Maccha, très épais et amer, nous avons donc reçu un morceau de gâteau sucré avant de boire le thé et il faut dire que la combinaison est parfaite. C’était tellement beau de voir la délicatesse et précision des mouvements de la femme lors de la préparation. Après cette agréable expérience, nous nous sommes baignés dans un onsen. C’est un petit centre assez connu dans la région où il y a une grande source rechauffé par un volcan éteint à 1000 km sous le sol. Pour commencer, on se lave assis sur un tout petit tabouret, j’étais le seul gaïjin (étranger) et me sentais un peu observé mais pas visé, je crois que c’est normal quand on est à l’autre bout du monde et qu’on est le seul blanc. Ensuite on peut se baigner dans les grands bains qui sont super chaud. J’y suis resté 5 minutes et ma peau était déjà rouge, il faut le temps de s’habituer à une chaleur naturelle qui devient très agréable par la suite.

Après ce moment de détente, nous sommes rentrés vers Shizuoka et on a aperçu le Mont Fuji au loin mais malheureusement il y avait trop de brouillard pour bien l’admirer. Nous avons mangé et bu tous ensemble chez Mochan en partageant des expériences, histoires, anecdotes et blagues. C’était vraiment une bonne soirée, nous nous sommes couchés tard avant de repartir en pleine forme pour une autre journée avec le groupe d’amis couchsurfers.

Au programme le lendemain, « Ninjaaa ! » comme Mochan le présentait si bien. En fait, il s’agit d’un petit village assez loin de Shizuoka nommé Iga. La population locale a voulu bâtir un centre pour commémorer cette partie de leur histoire. Je ne connaissais pas grand chose à propos des ninjas mais ma curiosité m’a poussé à poser plein de questions. En fait, ninja se traduit par une personne cachée ou un espion-detective. Leur histoire remonte au Xvème siècle, où les empereurs les engagaient pour observer discrètement d’autres personnes ayant beaucoup de pouvoir. A cette époque, on leur donna l’ordre de s’infiltrer la nuit dans leurs résidences pour les tuer discrètement à l’aide d’une sarbacane munie d’une fléchette contenant du poison. Les ninjas étaient des gens très discrets qui ne dévoilaient jamais leur vraie identité aux autres. Ils se déguisaient en paysan, moine ou commerçant pour passer inaperçu et utilisaient leurs outils pour grimper, escalader, marcher dans de la boue etc. Nous avons assisté à un show à l’américaine avec une demonstration des différentes techniques, c’était très impressionant et les acteurs étaient excellents.

Ensuite, nous sommes partis vers Nara, une superbe ville très calme et agréable. On y entre dans la région de Kansai, le coeur traditionnel du Japon. Nous avons vu Todai-ji, la plus grande construction en bois du monde, un temple gigantesque qui habrite le plus grand Bouddha assis. Le temple est entouré d’un grand parc

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rempli de biches, apparemment ces animaux se baladent en totale liberté à travers la ville, sont sacrés et le savent bien. On m’a prévenu qu’il faut faire attention lorsqu’on transporte de la nourriture ca ils n’ont pas peur des humains et viennent chercher ce qu’ils veulent et peuvent mordre lorsqu’on refuse de leur donner quelque chose ou qu’on les perturbe.

Il y a une grande allée qui mène à une énorme porte qu’on appelle Nandai-mon, très impressionant. Ensuite, on voit un superbe temple en bois qui est la plus grande construction en bois du monde, à couper le souffle tellement c’est majestueux et imposant. Ce temple habrite le plus grand Bouddha assis du Japon. Il est impossible de prendre une photo complète tellement il est énorme. C’était vraiment une expérience reposante et intéressante car on est stupéfait par la grandeur et la finesse des détails. Puis on s’est décidé à faire une balade dans le parc avoisinant à la recherche de biches, c’était marrant parce qu’il y en a partout. Nous nous sommes trop marrés quand on a vu un de nos amis s’approcher doucement d’une biche couchée par terre pour la caliner et la caresser gentiment. Il était célibataire depuis peu et blaguait avec nous à propos de son identité sexuelle qui l’avait poussé à aimer les animaux d’avantage.

Nous avons logé tous ensemble dans une guesthouse qui s’appelle ‘Nara tree’, tenue par un couple americain-japonais. Bob, le mari et co-propriétaire me semblait un peu étrange, il vit là depuis un an et s’intègre petit à petit dans cette culture si loin de la nôtre. Il faut préciser que les Japonais ont tendance à accorder de l’importance à des choses qui n’ont aucune importance ici. On n’élève pas la voix et on ne parle pas longtemps car c’est considéré comme impoli. On enlève ses chaussures systématiquement quand on entre dans une maison et on enfile d’autres pantoufles quand on va à la toilette ou sur un balcon. On ne se met pas n’importe où quand on attend sur un quai, il y a deux lignes dessinées sur le sol pour toutes les portes et on fait la file l’un derrière l’autre en laissant d’abord sortir les gens et puis seulement on entre. On ne se touche pas quand on se salue, il n’y a jamais de contact direct entre les personnes sauf pour les jeunes rebelles bien sûr. On ne fume qu’à certains endroits indiqués et on ne jette jamais quoi que ce soit par terre, c’est un pays hyper propre, en tout cas au niveau de la propreté dans les rues. A côté de toutes ces petites règles, il y a des choses fantastiques dans ce pays qui sont dur à trouver chez nous.L’entraide par exemple, le Japonais moyen fera tout pour aider le gaijin et ne trouvera que sa satisfaction s’il obtient le résultat précis escompté. Si on est perdu dans une station de train par exemple, on ne va pas seulement vous dire où se trouve le quai en question, mais on vous accompagne jusque sur le quai en pointant du doigt quel train il faut prendre à quelle heure.

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Nara est une petite ville précieuse où il fait bon vivre à première vue. Après une courte nuit de sommeil (à nouveau), nous avons quitté Nara pour aller à Kyoto. Je pensais que Kyoto serait une petite ville mais je me suis bien trompé, cette ville est énorme, hyper moderne et traditionnelle à la fois. Nous avons d’abord visité un temple rempli de calligraphies anciennes très agréables à admirer. Tout un art et savoir-faire se cache là-dedans mais c’est naturellement difficilement perceptible quand on n’y connait (presque) rien. Il y a quatre formes d’écriture en Japonais et après avoir appris la première écriture qu’on appelle le Kanji et qui à la base fut developpé par les Chinois, on peut passer aux autres. Quand on est sur place, on aimerait pouvoir le lire mais il ne faut pas rêver, des années d’étude et de patience sont nécessaires pour pouvoir déchiffrer ce qui est écrit. Il y avait un endroit remarquable où on a l’impression de voir un grand tapis de petites pierres, on dirait presque des graviers. Lorsqu’on observe de plus près, on peut admirer la délicatesse des formes ondulées dessinées avec une symétrie parfaite. Les Japonais adorent la délicatesse et la précision dans toutes les formes d’art. Après cette visite, nous nous sommes rendus au pavillion d’or bondé de touristes (essentiellement Japonais) mais pour cause : cet endroit est magique, le pavillion est entouré d’un superbe jardin et d’un bel étang qui dégage une sérénité absolue. Pour clôturer cette visite avec malheureusement une légère pluie, nous nous sommes promenés dans le vieux quartier de Gion, réputé pour ses Ryokan (hôtels traditionnels) et ses geishas. Lorsqu’on entre dans un ryokan, la geisha de nos jours est une dame de compagnie qui fera la cérémonie de thé, apportera les plats et boissons et performera des danses traditionnelles accompagné de guitare japonaise. Il faut savoir que beaucoup de choses ont changé à travers les années et que les geishas, à l’origine considérées comme prostituées, sont devenues des artistes traditionnelles reconnues et appreciées par la classe supérieure des Japonais. C’est assez étrange d’entendre ça car on n’a pas vraiment l’impression d’être dans un pays qui pense encore en terme de classes sociales mais c’est bel et bien le cas. On ne devient pas qui on veut comme on veut. Souvent, la plupart des métiers sont transmis de génération en génération et pour l’illustrer : un travailleur ne deviendra jamais employé de bureau, tout comme une geisha restera geisha et ainsi de suite. Je n’ai pas eu l’occasion d’assister à une cérémonie car c’est très difficile de nos jours, les Japonais ne veulent pas en faire un lieu touristique et il est donc exceptionnel de pouvoir y assister en tant que gaijin, à moins d’avoir un gros portefeuille, ce que je n’ai pas.Néanmoins, j’ai eu la chance d’en apercevoir une qui quittait un ryokan et se hâtait à petits pas sous son parapluie de papier. Elle était si timide et discrète, pas un sourire ou la moindre expression sur son visage blanc comme de la neige. Ce quartier était remarquable pour son architecture et ses rues classiques, dommage en revanche pour les geishas.

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Pour terminer la visite à Kyoto, nous nous sommes rendus dans un quartier plutôt branché, rempli de boutiques, magasins, bars et restos en tout genre. Les Japonais sont des fanatiques du shopping et veulent tous se distinguer les uns des autres au niveau de leur apparence. C’est étrange car on voit de tout ici et on a parfois l’impression de voir des types plutôt rebelle genre Hells Angels Japonais, mais même eux sont si calmes, disciplinés et silencieux, c’est très étrange. Parfois j’ai l’impression qu’il y a contradiction, mais c’est perçu comme tout à fait normal, il faut se distinguer de la masse et s’habiller comme bon nous semble. Nous avons ensuite diné à un endroit très sympa où on a pu goûter toutes sortes de plats Japonais différents, un peu comme un bar à tapas façon Japonaise. C’était très bon et très varié de goût. Après ce repas, j’ai malheureusement du quitter les autres à la gare de Kyoto pour continuer mon voyage seul. Nous nous sommes remerciés l’un l’autre pour tous ces agréables moments partagés et ces expériences inoubliables. Emi, une Japonaise vivant à Kobe qui nous avait rejoint, m’a gentiment proposé de m’accompagner jusqu’à Osaka parce qu’elle devait rentrer sur Kobe et qu’elle ne voulait pas que je me perde dans cette cohue massive d’Osaka, la deuxième plus grande ville du Japon. On n’a pas idée de ce que grand veut dire ici. Les jours passent tellement vite qu’on a à peine le temps de se reposer tellement il y a des choses à voir et à découvrir.

Nous sommes montés dans le train vers Osaka pour rejoindre Atsu, un jeune gars de 28 ans, pas comme les autres. On s’est envoyé quelques e-mails avant de se voir et il m’avait l’air très alternatif et aventureux, il a visité 12 pays dans le monde dont 11 en l’espace de 6 mois, ce qui est très exceptionnel dans un pays où une semaine de congé est la norme lorsqu’on quitte l’île. Il m’a même raconté que lorsqu’on demande plus de 8 jours à la fois, on peut oublier une promotion éventuelle chez son employeur car on est très vite perçu comme étant quelqu’un de pas très sérieux et rattaché à son entreprise. Il était parti en stop jusqu’à Fukuoka et il a mis 12h pour rentrer, l’autostop est perçu comme quelque chose de ‘not done’ au Japon donc il a attendu longtemps avant de trouver quelqu’un qui voulait bien le prendre. Il était crevé, moi aussi, mais on a pris la peine de faire connaissance et de discuter. Il me disait dans le métro qu’il avait faim et presque rien mangé de la journée et je l’ai surpris en lui donnant un paquet de chocolat Côté d’Or. Il avait l’air d’un enfant qui reçoit un jouet lors de la Saint-Nicolas et m’a amplement remercié. Les Japonais considèrent qu’il est très important et poli de donner quelque chose comme une spécialité de son pays lorsqu’on est acceuilli chez quelqu’un et malheureusement, il m’a dit que seul 20% des couchsurfers apportent quelque chose. Beaucoup ont tendance à vouloir profiter de la situation et de l’hospitalité de ces

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gens pour loger gratuitement dans un pays où l’hébergement coûte très cher.

Il habite assez loin du centre et il y a tellement de lignes de train et de métro que même lui s’y perd par moment. Comme on était tous les deux crevés et qu’il avait son dernier précieux jour de congé le lendemain, nous avons decidé de ne pas se presser et de se lever quand bon nous semble. Ça fesait tellement du bien de faire la grasse mat’. J’ai perdu mon chargeur à Nara et de toute façon, il ne me servait à rien vu qu’il faut un adaptateur pour pouvoir charger quoi que ce soit ici. Il m’a donc accompagné dans un quartier rempli de magasins en électronique bon marché. Vu que mon appareil qui date de 2005 est consideré comme une antiquité préhistorique ici, il était très difficile de trouver le chargeur adéquat, mais Atsu est un combattant qui ne baisse jamais les bras et qui persiste jusqu’à ce qu’il trouve exactement ce dont il a besoin. On a donc finalement trouvé cet adaptateur grâce à un vendeur exemplaire qui a pris contact avec un autre magasin car comme par hasard, c’était le 4ème

magasin où l’on nous disait qu’il n’y avait plus mon modèle de stock. La commande fut placé au nom de ‘gaijin François’ et effectivement, lorsqu’on est arrivé dans le magasin en question, l’adaptateur m’y attendait. Acheter quelque chose dans un magasin spécialisé en électronique est une expérience assez unique et drôle. Quand on ne voit pas de vendeur, on dit « Sumimasen » et il suffit d’attendre 30 secondes pour qu’un vendeur s’approche. La partie marrante est la façon de marcher. Il ne court pas, mais ne marche pas non plus. Il vise le sol, ses bras pendent et il se précipite vers vous en disant ‘domo’ et puis à chaque fois quelque chose en plus d’incompréhensible. Je n’ai jamais vu des vendeurs aussi polis, serviables et professionels. Ils se préoccupent vraiment de votre souci de consommateur. Lorsqu’on veut acheter quelque chose chez Media Markt en Belgique, 9 fois sur 10 on se sent presque coupable d’oser déranger le vendeur qui raconte des histoires à la con à son collègue qui n’en a rien à foutre mais n’ose pas l’avouer. Ce n’est jamais le cas ici, le client est vraiment roi !Après l’avoir amplement remercié pour son aide et lui avoir dit qu’il était le meilleur, le temps était venu de boire une bonne choppe d’Asahi, cette bière me goûte terriblement, même en étant originaire du pays de la bière. Après cette bière accompagnée de quelques fruits de mer frits, nous nous sommes promenés dans le quartier de Tenno-ji, rempli de petits bars, restos, casinos où l’on joue le pachinko, un jeu dont je ne comprends rien. On reçoit un bac rempli de centaines de billes métalliques et il faut en mettre par dizaines dans une fente, puis tout redescend et il faut essayer de les orienter à l’aide d’ouvertures et tout recommence. Comme les jeux d’argent sont interdits au Japon, le système fonctionne un peu comme nos luna-parks : on y échange ses points pour des horribles cadeaux bidons. Le son des machines est tellement amplifié qu’on

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arrive à peine à se parler. C’est aussi le cas dans tous les magasins de musique et jeux vidéos, à nouveau une contradiction étrange dans un pays où le silence vaut de l’or.

Les grandes villes au Japon font légèrement penser à New York, on espère avoir le temps de tout visiter et en fin de compte on y voit peut-être 1/100ème de la ville. Les quartiers sont énormes, s’étendent sur des kilomètres et sont bondés de gens en permanence. On sent systématiquement l’influence des Etats-Unis car les Japonais les admirent. Le sport national nr°1 est le base-ball, on y trouve des 7/11, Mc Do, KFC, ATM, etc partout et les jeunes aiment bien s’habiller comme dans les clips de MTV. Tout le monde est obsédé par son portable, le dernier Ipod ou la Nintendo DS offrant encore plus de possibilités. Bref, un seul message règne dans ce pays : consommer ! Atsu m’a fait savoir que c’est une des raisons pour laquelle la plupart des Japonais ne quitte jamais leur pays, ils dépensent tellement qu’il n’y a plus d’argent de disponible pour envisager de voyager, surtout que les vols intercontinentaux sont plus chers qu’en Europe. Néanmoins, les Japonais adorent tout ce qui est étranger à leur façon, ils sont très curieux et en tant que gaijin, on vous regarde tout le temps mais on ne vous aborde jamais, trop gênant et vu comme impoli de nouveau. Même les filles et garçons qui se distinguent avec des vêtements extravagants sont hyper timides. Certaines filles portent des jupes tellement courtes qu’elles se feraient harcelées en permanence en Belgique mais c’est tout à fait normal ici et les hommes se comportent d’une façon tout à fait respectueuse par rapport à cela.

Comme Atsu devait travailler le lendemain, je me suis levé en même temps que lui pour aller voir le plus vieux château resté intact depuis quatre siècles, Himeji-jo. C’est pas très loin d’Osaka, surtout quand on a le railpass et qu’on utilise le Skinkansen qui est tellement rapide, comfortable, agréable qu’on ferait tout pour trouver une ligne de ces trains à haute vitesse.

Himeji est une petite ville qui abrite un superbe château sur une colline offrant une vue magnifique sur les parcs et jardins avoisinants. J’ai pris le temps de visiter le château de 5 étages à mon aise en me reposant sur un banc par moment pour écrire. Le Japon a connu une histoire très sanglante et terriblement violente durant des siècles et lorsqu’on se promène à travers le château, on a l’impression de pouvoir ressentir l’histoire. Après cette visite très intéressante, je me suis rendu à Sumiyoshi Taisha, un temple Shinto à Osaka fortement recommandé par Atsu. Les Japonais considèrent qu’il existe plus de 200 dieux et sont donc polythéistes. Atsu me dit que le shintoisme ressemble un petit peu au shamanisme en Amérique Latine ; on y prie pour le dieu du soleil, de l’eau, du vent mais aussi pour la réussite scolaire, la sécurité au

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volant, la réussite amoureuse,... Les gens écrivent leurs souhaites ou désirs sur des petites plaquettes en bois qu’ils accrochent autour du temple sur un arbre ou autre chose prévu à cet effet. On les voit prier, puis ils font sonner le gong. Cet endroit était magnifique, une vraie oase de paix, de tranquillité et de calme, entouré de jardins et de plans d’eau avec le pont le plus raide et courbé que j’ai vu de ma vie, c’était une véritable aventure pour accéder au temple en question. Un côté très agréable à ces endroits est le fait que tout le monde est le bienvenue et que ça permet de se reposer, de se détendre et de mediter longuement différentes préoccupations et questions tout en positivant le tout grâce à l’effet que procure cet endroit magique. Très peu de touristes visitent cet endroit et à vrai dire, j’y étais le seul et j’ai vu peut-être quatre Japonais sur place. C’est tellement agréable de vivre une telle expérience dans un pays où il y a toujours plein de monde partout.

Puis je me suis dit que j’allais chercher un endroit où je peux rencontrer des expats et boire un verre dans un café européen donc je me suis rendu au Murphy’s, un Irish pub dans le centre d’Osaka au sixième étage d’un immeuble (trop bizarre pour un café mais tout est possible dans ce pays). Je pensais y trouver du monde mais j’étais le seul donc je fus gentiment acceuilli par le barman et gérant qui me disait « Oye mate, welcome to Murphy’s ! » avec son accent d’Irlandais bien prononcé. On a pas mal discuté ensemble et il me disait que ça fesait huit ans qu’il vivait là, son frère s’était marié avec une Japonaise et il a repris l’affaire plus tard. C’était sympa d’échapper un moment à la réalité de la ville d’Osaka, les Irish pubs ont tous un côté chaleureux et acceuillant partout dans le monde.Après cette bonne expérience et une bonne pint de Guiness je suis parti de là pour rejoindre Atsu et malheureusement pour moi, je n’avais pas son numéro. Les transports en commun sont difficiles à comprendre ici, il y a des lignes qui vont dans tous les sens et il vaut mieux demander deux ou trois fois son chemin avant de s’aventurer sur une ligne. Comme il faut régulièrement changer de ligne et qu’il est impossible de frauder car à chaque entrée et sortie de station il y a au moins deux responsables de station (ça en crée du boulot !), il arrive souvent qu’on soit un peu perdu mais bon, on fait avec et on se comporte en bon touriste. J’ai vécu un bel exemple dans une station de métro : je devais changer de ligne et la machine de sortie avait déjà avalé mon billet lorsque je me suis rendu compte que je devais prendre une autre ligne en utilisant le même billet (les transports en commun coûtent cher, à chaque voyage et en fonction de la zone à traverser, on paie en conséquence (voyage classique 280¥ = 2,5 €) mais à nouveau, la serviabilité du personnel m’a surpris. J’ai expliqué mon problème aux responsables de sortie de station (quel titre !) et ils m’ont demandé par quelle porte1 j’étais sorti. Je ne pouvais plus leur indiquer exactement celle par laquelle j’étais sorti et ils se sont mis 1 À savoir: il y a en moyenne une vingtaine de portes par sortie

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à chercher dans les tickets avalés machine par machine. Je me sentais trop mal à l’aise parce qu’il s’agissait finalement d’un petit montant et j’avais l’impression de gêner tout le passage en pleine heure de pointe en plus... A deux reprises, je leur ai dit de laisser tomber mais ils ont continué à chercher sans m’écouter et ont finalement trouvé mon billet...incroyable mais vrai ! Dans la même situation en Belgique, on se ferait tout d’abord engueulé, on passerait pour un gros con et on entendrait une excuse du genre : « Ah mais non hein monsieur, c’est trop tard maintenant, il faut acheter un nouveau billet. »

Finalement je suis parvenu à rejoindre Atsu qui s’inquiétait un peu pour moi à l’idée de savoir que je m’étais faufilé tout seul dans cette énorme ville. Son frère Toshi avait préparé un bon repas qui nous a tous rassassié. Quelques bonnes bières japonaises là-dessus et l’affaire était dans le sac pour passer encore une bonne soirée.

Le lendemain, j’ai décidé d’aller à Nagoya pour visiter le musée de robots donc j’ai pu de nouveau profiter du Shinkansen pour m’y rendre en écoutant un peu de musique (tellement agréable). En y arrivant, j’avais l’impression d’être dans une ville américaine avec plein d’énormes buildings, magasins fashion en tout genre partout mais avec des petits parcs urbains très sympas. J’ai eu beaucoup de mal à trouver le musée et pour cause : en faillite l’année dernière par manque de visiteurs. Il m’a fallu une heure pour m’en rendre compte. D’abord j’ai cherché seul sur base d’une petite carte, ensuite j’ai commencé à demander mais on me répondait toujours autre chose, puis je suis tombé sur quelqu’un qui m’a fait un signe en croisant ses mains et en indiquant un carrefour donc je me suis dit, ‘cool, c’est pas très loin’. Une fois arrivé et ne trouvant toujours pas, j’ai eu la chance de tomber sur une jeune femme qui parlait bien l’anglais. Elle m’a dit qu’elle ne connaissait pas cet endroit (comme par hasard...) et un homme âgé curieux (typique dans ce pays, c’est incroyable) lui a fait savoir que le musée a fermé ses portes l’année dernière. J’étais encore plein d’espoir et je continuais à marcher lorsqu’elle m’a rattrapée pour m’en informer. Elle ne savait pas si cet homme avait raison et comme j’avais mis environ 2h30 pour y arriver, je voulais être sur et certain avant de quitter le lieu. J’ai donc continué à chercher et suis tombé par hasard sur un plan de ville en deux langues (c’est assez exceptionnel ici) et que vois-je... : robot museum en face de moi à un bloc. J’y suis allé et je n’ai trouvé que de nouveaux magasins en électronique. J’ai demandé au vendeur qui m’a pris pour un Italien et qui aimait apparemment le fait que je sois là pour sortir du magasin avec moi et pointer vers l’immeuble à côté en disant « terminare » avec un bel accent italien. C’est là que je me suis dit : « Eeeeet merdeeeuuuh ! » Moi qui avait tant espéré voir ce musée me suis rendu compte que la crise a du avoir ses effets ici et que par manque de visiteurs, ils ont malheureusement du fermer leurs

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portes. Je me suis reposé un instant allongé sur un banc car je suis vraiment crevé, je marche des kilomètres tous les jours en dormant que 6-7h par nuit et je n’ai plus l’habitude d’être si actif. J’ai l’impression d’être un petit vieux quand je parle comme ça mais le Japon est un pays fatiguant dans le bon sens du terme, trop de choses à faire et à voir.

Sur cette expérience moins drôle, j’ai décidé de ne pas baisser les bras mais de continuer ma route en retournant à Nara car il y a tellement de choses que je n’ai pas eu l’occasion de voir lorsque j’y étais en début de semaine. Quel plaisir de retourner dans cette petite ville mystérieuse et tellement jolie. J’ai pris un plaisir fou à y flaner dans les petites ruelles tout en me laissant guider par mes sens. Les odeurs de fleurs mélangées à une architecture traditionelle et typique de cet endroit en font un lieu vraiment magnifique où il fait bon-vivre. Les temples et pagodes sont d’une beauté incomparable, on se trouve en plein milieu du coeur culturel du Japon et par moment on peut y trouver une solitude dans les petites ruelles charmantes qui n’a pas de prix quand on voyage seul, histoire de se receuillir pendant un instant en toute tranquillité. La nature y est aussi d’une unique beauté, on peut y admirer de superbes petits jardins mais aussi des grands parcs remplis de biches. Nara valait vraiment le détour. La seule chose qui est dommage mais normale comme partout au Japon, c’est le manque d’espace de zone de transit. On a à peine quitté un endroit culturel qu’on aboutit immédiatement dans des rues remplies de magasins et de bâtiments administratifs. Au niveau de l’ubanisme, ça gâte un peu l’espace qui pour le reste est formidable. J’ai repris le train pour rentrer et comme par hasard, je me suis denouveau trompé de train car je ne comprends pas ce que le chef de gare annonce et je ne sais pas lire le Japonais et quand même la traduction est faite, ce n’est pas clair. J’ai l’impression que la logique d’orientation est différente ici ou bien c’est peut-être moi. Je ne m’inquiète pas trop parce que je dois me rendre à Osaka et que je suis cette fois-ci dans le train lent à destination d’Osaka, on verra bien combien de temps il mettra. Le soleil se couche lentement et la lune commence à apparaitre, c’est dingue comment ces choses peuvent sembler banales mais fascinantes à la fois. Finalement quelqu’un m’a aidé à monter dans le bon train en direction de Kyoto mais il a mis 1h40 pour y arriver en s’arrêtant dans toutes les petites gares sur le trajet. Je fus gêné car nous avions fixé rendez-vous vers 20h00 et Atsu et Toshi voulaient boire un dernier verre avec moi dans un quartier branché au centre d’Osaka. Je pensais pouvoir les rejoindre à temps mais j’étais denouveau en retard de plus d’une heure. Je leur ai presenté mes excuses car je réalise maintenant à quel point les Japonais sont ponctuels et considèrent le retard comme impoli, sauf de la part d’un gaijin en voyage donc ils m’ont rassuré en disant que ce n’était pas grave. Nous avons bu quelques Asahi ensemble et Toshi était bien entamé parce qu’il avait commencé à

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piccoler tôt, très marrant d’entendre un vrai Japonais bourré, le ton de sa voix s’élève mais son comportement reste tout à fait correct et convenable. Nous sommes restés là pendant environ 2 heures avant de prendre un bus pour retourner à l’appart. Toshi était crevé et s’est endormi tout de suite sur le canapé et Atsu et moi avons eu une longue conversation légèrement phylosophique sur ce qu’il aimerait entreprendre plus tard. Il aimerait travailler comme programmeur informaticien mais il est difficile de trouver un job dans ce pays, seuls les meilleurs sont engagés et ceux qui ne se comportent pas comme « la norme » sont marginalisés et doivent faire de lourds sacrifices au niveau professionnel pour pouvoir bénéficier d’occasions de voyage de longue durée ou autre. Nous avons aussi parlé de la situation économique qui évolue et des marches occidentaux établis perturbés par la montée des pays émergents tels la Chine et la Corée du Sud mais nous partagions le même point de vue, c.a.d. nos marchés se différencient au niveau de la qualité et de l’écologie, deux points qui à notre avis joueront un rôle primordial dans les années à venir. On a aussi parlé de nos sentiments professionnels et je lui ai expliqué à quel point je me sentais heureux dans ma nouvelle profession et que je me suis battu pour arriver à ce poste. Il m’a dit que la mentalité asiatique veut qu’il se sente bien quand il opère dans un réseau où il peut aider et contribuer à l’économie de son pays mais que par moment, lui et son frère se sentent perdu dans une énorme communauté où il y a peu de place pour l’individu et où les gens partagent les mêmes opinions et donc s’y retrouvent. C’est assez difficile à comprendre en venant d’un monde où l’individualisme est presque inée et où chaqu’un tient à se distinguer de la masse, c’est comme si on avait le droit de faire la même chose ici mais plutôt au niveau matériel qu’au niveau professionnel. Un bel exemple sont les acquis sociaux : lorsqu’on signe un contrat de travail, les sous-entendus et non-dits sont très différents. Ils me racontaient que le ‘golden week’, qui porte si bien son nom d’ailleurs, signifie que la majorité des Japonais pourra profiter de quelques jours de repos amplement mérités, mais qu’en revanche, le patron décide si la semaine entière est accordée ou non et comme l’inactivité économique durant ces quelques jours est importante, il est normal de travailler le samedi de cette semaine-là moyennant un horaire flexible ceci-dit. Ce qui est primordial, c’est la présence et la disponibilité afin que les entreprises puissent réagir rapidement lors de demandes de services et même si l’activité se réduit considérablement durant cette période, il faut toujours être prêt à réagir. En bref, la conséquence pour eux deux était qu’il n’y avait rien à foutre au boulot et qu’ils ont pu quitter plus tôt que prévu, de là la difficulté à se donner rendez-vous à une heure précise et voilà également la raison pour laquelle ils se sont retrouvés à m’attendre dans un bar plus tôt que prévu avec pour conséquence que l’alcool leur montait à la tête…

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Après une courte nuit de sommeil (j’en ai marre d’écrire cette phrase), je me suis levé pour quitter la province de Kansai, où se situe Osaka, vers Kyushu, où se situe Fukuoka. Demain je quitte la grande île pour Okinawa, qui se situe à 1h30 en avion. J’ai hâte de découvrir cette partie tropicale du Japon que tant de gens m’ont conseillé. Mais avant ça, je profite du Shinkansen pour traverser une grande partie du pays en passant par des villes comme Hiroshima, Okoyama,… Ce pays me fascine et mes sentiments ne cessent d’évoluer. Souvent, on se sent totalement perdu mais on finit toujours par trouver une solution dans le calme et la tranquillité. Les Japonais ont un don pour calmer l’inquiétude des touristes, en contrepartie, c’est au touriste de s’adapter en conséquence aux normes et habitudes du pays pour ne pas les offenser. Parfois, j’ai l’impression qu’on recherche la perfection à l’extrême et on peut le percevoir de deux façons :

1. C’est de la pure folie (un bel exemple était à l’aéroport de Fukuoka à l’embarquement: trois demoiselles de Japan airlines s’occupaient de la porte d’entrée et après que les personnes handicapées, âgées et la business class soient montées, les demoiselles ont montré un tableau sur lequel figurait ‘All passengers’. Deux Américains se sont rendus près de la porte mais la demoiselle leur a demandé de reculer et de se remettre à distance. Ensuite, elle a ouvert la petite porte et les a salués en les invitant à revenir. De telles situations se présentent 100 fois par jour ici et par moment on pourrait s’énerver pour ces stupides futilités mais ce n’est pas toléré. On se calme, on fait 4 pas en arrière, on attend gentiment que la demoiselle ouvre la petite porte et puis on va vers elle pour monter dans l’avion.)

2. C’est une façon de garder de l’ordre partout et tout le temps (par exemple les transports en commun : même en pleine heure de pointe dans les gares bondés de monde, le gens ne se dépassent et ne se bousculent jamais. On attend gentiment aux endroits indiqués par rang de deux en laissant un bon mètre de distance afin que les passagers sortant du métro puissent sortir facilement et une fois sorti, on entre. C’est une discipline à laquelle on s’habitue rapidement et qui serait tellement agréable à voir à Bruxelles où c’est souvent la lutte du plus fort pour entrer ou sortir en heure de pointe. Lorsqu’on aperçoit à la dernière minute qu’on est sensé sortir à une station mais que les gens sont déjà sortis et que les autres entrent, aucune raison de s’inquiéter, les Japonais vont systématiquement vous inviter à sortir et se mettront

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gentiment sur le côté. Essayez de faire ça à Bruxelles en heure de pointe, bonne chance !

J’ai pris la peine de me reposer à Fukuoka car ce voyage est génial mais mes jambes ne suivent plus. J’ai donc décidé de réserver une chambre dans un petit hôtel près de la gare pour me reposer et ça m’a fait tellement du bien de pouvoir enfin faire une bonne sieste pendant deux heures. Ma chambre était minuscule : un lit, une petite commode, une petite table, une télé et une mini salle de bain avec douche et wc. Le tout sur un espace de 8m² pour la somme de 5250¥ = environ 45 €. J’ai regardé la télé mais il y avait uniquement des chaînes nationales donc je suis tombé sur des séries Japonaises auxquelles je comprenais que dalle mais c’était tout de même marrant à suivre et observer leur comportement en tant qu’acteurs. Après je me suis baladé un petit peu à la recherche d’un café internet pour communiquer avec le monde extérieur. C’était agréable de passer 1h30 sur le net. Ensuite un bon petit repas suivi d’un bain Japonais dans l’hôtel avant de me reposer pour le prochain trip que j’attends avec impatience : Okinawa…

Le vol était court et le déplacement vaut la peine, je pensais voir une petite île mais Okinawa est très grand et les déplacements ici sont encore plus difficiles. On se croirait à Hawaï en arrivant, les conducteurs de bus et monorail portent des chemises exotiques, ça ne fait vraiment pas penser au Japon…on se croirait presque dans un autre pays. Moins de stress et une vie plus décontractée à première vue… J’avais rendez-vous avec Midori Hobbs, une américaine très sympa et accueillante qui vit à Okinawa City. Au début, j’étais perdu et n’arrivais pas à la joindre donc j’ai décidé d’essayer de trouver son appartement car c’était la fête des mères et elle passait la journée avec ses parents. Je suis parvenu à trouver son appartement et me suis reposé en l’attendant. Nous avons fait connaissance et le contact est très bien passé, elle a vraiment une bonne mentalité de couchsurfeuse. Je ne parvenais pas à retirer de l’argent et comme il ne me restait plus que 5000¥, je lui ai demandé si elle connaissait un endroit où je pouvais retirer de l’argent. Nos cartes bancaires ne sont pas acceptées partout au Japon donc également galère pour retirer de l’argent à certains endroits. Elle m’a emmené dans une base de l’armée américaine, qui avec environ 125 000 soldats a gardé un sérieux pied-à-terre ici pour avoir un gros potentiel contre de futures attaques éventuelles venant de pays ‘menaçants’ tel que la Corée du Nord. C’est assez étrange et triste à la fois de voir un tel renforcement militaire imposé, c’est comme si ils avaient envahi une partie du territoire et ça gâte l’ambiance. Il y a énormément d’Américains ici et donc comme je suis blanc, je suis Américain bien évidemment… Dès que je leur dit que je suis Belge, ils sont surpris de l’entendre et leur attitude change. Je pensais pouvoir trouver facilement des endroits reculés et paisibles et me suis aventuré sans carte ni plan à travers

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l’île : mauvaise idée. Il y a beaucoup de lignes de bus mais on n’a aucune idée d’où on est, ni où on va donc j’ai essayé de trouver une plage et il m’a fallu beaucoup de temps et de patience pour en trouver une qui était malheureusement horrible ! Ma déception fut énorme et j’ai donc décidé de rentrer car je ne voulais plus continuer de telle sorte, pas évident de voyager seul dans un pays où on ne comprend pas la langue, où on ne sait pas lire et où peu de gens parlent anglais. Je me suis donc dit qu’il valait mieux que je planifie ma visite le lendemain à l’aide des pages d’or d’Okinawa en anglais, que je m’étais procuré dans un restaurant mexicain sur la route.

Le lendemain matin, je me suis levé tôt pour voir Ryukyu Mura, une reconstruction d’un village typique d’Okinawa. C’était merveilleux et j’étais tellement heureux d’y être que j’y suis resté quelques heures à admirer les artistes jouant de la musique sur des instruments traditionnels accompagné de danses typiques. La mise en scène était absolument incroyable, on se croyait presque dans un film. L’endroit est vraiment unique et procure à la fois tranquillité et bonheur spirituel, même si c’est construit comme un parc d’attraction, on a l’impression de replonger dans le passé de l’histoire de cette île. La petite guitare d’Okinawa me fascinait tellement que je suis resté longuement à écouter un artiste qui jouait et chantait en même temps. Il était assis paisiblement habillé d’un kimono traditionnel sur les marches d’une maison typique ouverte. On m’a gentiment offert un bon thé vert que j’ai bu tranquillement en étant assis sur les tatamis. Tout à coup, il a commencé à pleuvoir et j’avais vraiment l’impression d’être dans un décor de film, quel superbe instant. Ensuite, j’ai décidé de me diriger vers la côte et me suis arrêté à Zampa Misaki, un cap très sauvage qui offre une vue imprenable sur la mer, j’ai longé la côte et je me suis arrêté sur une plage un peu touristique mais très agréable à l’abri du soleil car ma peau et le soleil ne font pas bon ménage…quel bonheur de se mettre les pieds dans le sable à l’abri d’un parasol sur une superbe plage.

J’étais très bien logé chez Midori et j’ai décidé de prendre le temps de me reposer pendant une journée après toutes ces expériences mouvementées. Ça m’a fait beaucoup de bien de ne penser à rien et de passer du temps à lire, surfer sur internet, me promener dans le quartier et regarder ‘le fabuleux destin d’Amélie Poulain’ à l’autre bout du monde. Ça faisait longtemps que je n’avais plus vu ce film et j’étais content de le revoir et d’entendre un peu de français.

Après avoir remercié Midori pour son hospitalité et son accueil, j’ai repris l’avion pour rejoindre la ‘grande île’ où je voulais retrouver Mochan à Shizuoka avant de terminer sur Tokyo. La raison pour laquelle je désire m’arrêter chez lui est que le contact est tellement bien passé que je voulais encore passer une soirée chez lui avant de

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rentrer. Je lui ai envoyé un mail et il m’a répondu en disant que j’étais le bienvenu donc me voilà reparti pour Shizuoka. La distance de Fukuoka à Shizuoka est longue mais je pense qu’en 5h de Shinkansen, c’est jouable. Il ne me reste plus que 2 jours sur mon railpass donc autant en profiter encore une dernière fois. Pour aller d’Okinawa City à Shizuoka, j’ai du prendre : le bus pendant une bonne heure, le monorail pendant dix minutes, l’avion pendant une heure et demie, le métro pour deux arrêts, un premier Shinkansen jusqu’à Shin-Osaka (+/- 3 heures) et puis un autre jusqu’à Shizuoka (+/- 3 heures) et finalement un train jusque Shimizu station, mon premier point d’arrivée. Je pensais pouvoir rejoindre Mochan vers 21h mais il était 23h quand je suis arrivé. Je suis parti d’Okinawa City à 10h du matin donc j’étais en route pendant 13 heures. J’avais donné rendez-vous plus tôt et me sentais si mal à l’aise d’être à nouveau en retard, surtout que j’avais envoyé un mail à Mochan et Yuko pour qu’on puisse se voir une dernière fois avant mon départ. J’étais très heureux de les revoir dans une petite ville que j’apprécie particulièrement, c’est ici que tout a commencé et me revoilà à cet endroit chez des amis, le monde est devenu petit… Nous avons longuement discuté et j’ai partagé mes expériences vécues tout au long de ce voyage. Le fait que j’eus tellement de retard n’était pas grave, le plus important pour eux était que je sois là pour qu’on puisse se voir et se parler. Mochan vient en Europe et passe par la Belgique début juin et comme son projet de Wish Club me fascine, je lui ai donné tous mes meilleurs conseils par rapport au rassemblement qu’il souhaite organiser à Bruxelles, les sites à consulter pour des voyages bon marché (belle promo pour Ryanair). Nous espérons tous les trois que son projet de rencontre et de partage prendra forme. Il aimerait pouvoir rencontrer des gens qui aiment voyager et qui affectionnent plus particulièrement un intérêt pour son pays pour développer ses idées à travers le monde. Le sens du partage de valeurs non-matérielles est essentiel pour lui et il aimerait voir que les gens montrent de l’intérêt l’un pour l’autre autour de partages culturels. Le lendemain matin, nous avons acheté du thé vert et nous sommes passés dans le 100¥ shop où on doit se retenir pour ne pas tout acheter tellement il y a de belles choses hyper bon marché. Puis vers 11h, je me suis mis en route vers ma dernière destination et sans doute l’expérience la plus dingue : Tokyo. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre si ce n’est la folie des grandeurs dans une ville qui fait la superficie de la Wallonie et qui compte 12 millions d’habitants. Mon budget est limité donc je vais me concentrer sur quelques activités pour ensuite rencontrer Michael Pope vers 22h, un couchsurfer Australien qui m’hébergera chez lui à Tokyo pour deux nuits.

Il ne me reste plus que deux jours avant de quitter ce pays incroyable, surprenant, fabuleux et magique. Au fur et à mesure que je voyage et que j’observe les Japonais, je me rends compte que

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c’est un pays très contrasté, on ne sait jamais se faire une opinion précise sur eux parce qu’il est difficile de lire ce qu’ils pensent dans leurs regards. Comme dit au préalable, ils sont curieux, vous observent sans dégager d’émotions particulières, sont très généreux, serviable, gentil et poli mais à la fois très timide, renfermé et centré sur eux-mêmes. Comme partout et toujours, la jeunesse essaie de se distinguer de la masse et de toutes ces règles qu’ils doivent respecter, mais ils sont très vite marginalisés et se retrouvent très vite perdu dans cette société qui tire et pousse la population à étudier et travailler dur pour gagner son pain. Lorsqu’on observe l’évolution de la population et leur comportement, il est difficile à imaginer que les choses vont changer. Le fait qu’ils se retrouvent si nombreux sur une île et qu’ils soient si riche en est la cause à mon avis. Les frontières s’ouvrent seulement partiellement à ceux qui peuvent apporter quelque chose de particulier à la société, en d’autres mots les boulots dans lesquels il y a pénurie (meilleur exemple prof de langues). Il faut dire que la situation ici est très intéressante : on ne paie que 20% d’impôts, les salaires sont plus élevés et l’environnement est très agréable car calme, stable et propre. En contrepartie, au niveau des assurances, les congés, les soins de santé : quasi comparable aux Etats-Unis. Très peu de jours de congé et tellement difficile à négocier avec l’employeur, il faut apparemment faire des mains et des pieds pour avoir une semaine et si on ose demander 9 ou 10 jours, on peut oublier sa promotion à l’avenir. Il faut une assurance santé complémentaire et les salaires de remplacement sont difficiles à obtenir.

Après avoir passé une bonne heure dans le Shinkansen en direction de Tokyo, je suis arrivé dans cette ville qui à première vue semble énorme mais également fraiche et belle. On voit des petits parcs et des arbres et comme partout ailleurs au Japon, c’est propre et bien ordonné. Tokyo ne serait pas Tokyo si elle n’avait pas la folie des grandeurs donc on y voit naturellement d’énormes bâtiments, des stations de métro et des gares avec 100 sorties (on a intérêt à savoir où on va), des parcs d’attraction avec montagnes russes en plein centre-ville, etc. Les transports en commun en revanche sont nettement plus accueillants pour les étrangers car tout est en deux langues (Japonais-Anglais) et c’est bien plus facile pour s’y orienter. Comme Michael termine de travailler à 22h, j’ai déposé mon sac à dos dans une armoire histoire de ne pas être surchargé. Après un bon lunch de sushis bien frais, je me suis mis en route vers le Sony Building, où on peut admirer toutes les dernières nouveautés de la technologie électronique. C’est très impressionnant car ils ont une longueur d’avance sur nous au niveau de la technologie. Je fus fasciné par ‘Rolly’, une création qui combine la musique à la danse d’une façon marrante (à checker sur Youtube). Ensuite j’ai filé dans le métro pour voir Shimeji-Jo, un très grand temple Shinto en plein milieu de la ville. Il y avait des cérémonies

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traditionnelles qui s’y tenaient et c’était impressionnant à voir. Puis j’ai voulu visiter un quartier dans la ville où les jeunes aiment se déguiser en leurs héros favoris de manga. Il y a également les descendants de John Travolta dans Saturday night fever avec leurs coiffures énormes et vestes en cuir. Les filles aiment aussi y participer et ça en fait un lieu populaire et assez touristique. Malheureusement pour moi, ils ne s’y manifestent que le weekend donc je n’ai vu personne de particulier. Je me suis donc replongé dans l’atmosphère underground de Tokyo en passant par la station de métro la plus bondée de la ville, c’est de la pure folie !! Je me suis promené dans le quartier avoisinant rempli d’enseignes publicitaires énormes qui s’illuminent dans tous les sens, ça fait très fortement penser à Times Square à New-York. Il y a un monde dingue et c’est impressionnant de voir à quel point personne ne se bouscule, tout est bien ordonné et structuré et les gens s’y tiennent. Après une promenade de deux heures, je suis retourné à la station de métro pour rejoindre Michael qui m’a emmené dans son petit appart non loin de la gare, assez vide mais sympa. On a fait connaissance et on a bien discuté, le contact passait bien. Il m’a fait rire quand il m’a annoncé que beaucoup de profs d’anglais là-bas étaient des ‘social retards’ venant des States essentiellement. Comme il l’expliquait, ces gens étaient renfermés chez eux et n’ont jamais rien vécu avant de venir travailler au Japon et dès qu’ils débarquent, ils deviennent prétentieux et blasé parce que leur vie change et qu’ils deviennent populaire auprès de leurs étudiantes mais ils restent malgré tout des crétins… Le lendemain on a fait la grasse mat bien méritée et on est parti ensemble voir un festival africain à Yokohama. C’était très sympa et on a pu assister à quelques concerts de musique de l’Afrique de l’Ouest. Après, nous sommes partis manger avec une de ses amies dans un bon resto népalais avant d’aller dormir pour quelques heures car mon voyage touche à sa fin. Il avait proposé de sortir mais comme l’entrée moyenne d’une boîte de nuit à Tokyo coûte 4500¥ (+/- 35 €) et qu’il ne me restait plus suffisamment d’argent, on a préféré ne pas claquer tant d’argent à ça et on s’est acheté quelques bières pour terminer la soirée tranquillement chez lui. Je me suis levé à 5h30 pour aller vers l’aéroport qui est à deux heures en train de Mitaka Station (là où j’ai quitté Michael).

Ce voyage m’a apporté beaucoup de bonnes choses et je garde un excellent souvenir de ce séjour très intéressant, intense et varié. Le Japon est vraiment un pays occidental très développé mais qui parvient également à conserver sa tradition ancestrale transmise de génération en génération. Les Japonais sont à la fois des gens très gentils, serviables, généreux et curieux mais aussi très calmes, discret, introvertis et gênés, ce qui donne des sentiments bizarres parfois mais on ne s’y sent jamais mal à l’aise. Dès qu’ils se rendent compte qu’on est perdu, ils viennent systématiquement aider pour vous indiquer le chemin à suivre. D’un autre point de vue, il est

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difficile de vraiment s’intégrer quand on ne sait pas lire ou parler Japonais car tout y est écrit et indiqué dans cette langue. Même si ils étudient plus de six ans d’anglais à l’école, beaucoup éprouvent de grandes difficultés à parler l’anglais. Je ne pense pas pouvoir m’y installer un jour à cause de la grande barrière linguistique et le repliement sur leur culture très pure et tellement différente de la nôtre.

En tout cas, c’est un pays fascinant à visiter au moins une fois dans sa vie car c’est vraiment magnifique !

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