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Programme CONTRAT CADRE BENEFICIAIRES multiples de la CE

Contrat Cadre Bnficiaires de la CE. Lot N2:Transport & Infrastructure Contrat Spcifique n 2009/202534

Pays Bnficiaire: Cameroun

ETUDE SUR LES MESURES DACCOMPAGNEMENT GENRE DU PROJET DE CONSTRUCTION DE LA ROUTE GAROUA BOULA NGAOUNDERE

RAPPORT FINAL Fvrier 2010

Ce projet est financ par l'Union Europenne

Un projet excut par HYDRATEC consortium

Le contenu de la prsente publication relve de la seule responsabilit du contractant HYDRATEC du Lot 2: Transport & infrastructure. Et ne peut en aucun cas tre considr comme refltant lavis de lUnion Europenne

SOMMAIREI. LISTE DES ACRONYMESII. RESUME EXECUTIF PREMIERE PARTIE III. INTRODUCTION 3.1 Objectif de ltude 3.2 Approche mthodologique 3.2.1 Le recueil des donnes 3.2.1.1 La revue documentaire 3.2.1.2 Le transect 3.2.1.3 Les enqutes de terrain 3.2.2 Traitement et analyse de linformation 3.2.2.1 Mthodologie danalyse 3.2.2.2 Contenu du rapport DEUXIEME PARTIE IV. STRUCTURATION ET ORGANISATION SOCIALES 4.1 les caractristiques dmographiques 4.2 les occupations de lespace 4.3 lorganisation sociale 4.4 les activits 4.4.1 Lagriculture 4.4.2 Llevage 4.4.3 Le commerce TROISIEME PARTIE V. GENRE ET DEVELOPPEMENT LOCAL 5.1 Mthode danalyse 5.2 Rsultats 5.2.1 Synthse des constats 5.2.1.1 Constats dans lexploitation documentaire 5.2.1.2 Constats au cours de ltude 5.2.2 Caractrisation des rles 5.2.2.1 Les rles reproductifs 5.2.2.2 Les rles productifs 5.2.2.3 Les rles communautaires 6 8 8 9 9 10 10 10 11 11 11 11 14 14 15 16 16 18 20 20 21 22 22 22 24 24 24 26 28 28 28 291

5.2.2.3.1 Concernant la production 5.2.2.3.2 Concernant la transformation des produits (exemple du manioc) 5.2.2.3.3 Concernant le commerce 5.2.2.4 Le rle communautaire 5.2.2.5 Le rle politique de la femme 5.2.3 Lanalyse selon lapproche genre des contraintes du milieu 5.2.3.1 Analyse des relations de genre, actuellement dans la zone 5.2.3.2 Division du travail/rles de genre 5.2.3.3 Accs et contrle des ressources 5.2.3.4 Les ressources pour accomplir le rle reproductif 5.2.3.5 Les mesures pour accomplir le rle communautaire 5.2.3.6 Les rles pour accomplir le rle productif 5.2.3.7 Les besoins pratiques en fonction des conditions daccs et de contrle des ressources pour accomplir trois des quatre rles 5.2.3.8 Les ressources pour accomplir le rle politique 5.2.3.9 Le pouvoir comme fonction dterminant de lanalyse des relations de genre 5.2.3.9.1 le pouvoir sur 5.2.3.9.2 le pouvoir de 5.2.3.9.3 le pouvoir avec 5.2.3.9.4 le pouvoir intrieur 5.2.3.10 Contraintes/ Atouts/Propositions 5.2.3.11 Besoins exprims QUATRIEME PARTIE VI. MESURES DACCOMPAGNEMENT 6.1 Au niveau des activits 6.1.1 Agriculture 6.1.2 Elevage 6.1.3 Commerce 6.1.4 Epargne 6.2 Au niveau du projet routier 6.2.1 Etude 6.2.2 Travaux 6.2.3 Entretiens 6.3 Au niveau des infrastructures sociales de base 6.3.1 Education 6.3.2 Sant 6.4 Au niveau organisationnel et institutionnel CINQUIEME PARTIE VII. MECANISME ET MODE OPERATOIRE 7.1 Mcanisme

29 29 30 30 31 31 32 32 32 33 34 34 37 38 39 39 39 40 40 41 41 48 48 48 49 49 50 50 50 50 50 50 51 51 51 51 53 53 532

7.2 Mode Opratoire 7.3 Budget SIXIEME PARTIE VIII. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 8.1 Conclusion 8.2 Recommandations IX. ANNEXES Annexe 1 : Listes des experts Annexe 2 : Bibliographie Annexe 3 : liste des personnes rencontres Annexe 4 : Interprtation photographique Annexe 5 : Termes de Rfrence Annexe6 : Appel propositions

53 58 61 61 61 62

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I. LISTE DES ACRONYMESAO BAD BET CAON CE CEDEF CoPi DAO DCE DSP/PIN FED GIC GTEG HIMO IOV MAG -Route Min Agri Appel dOffre Banque Africaine de Dveloppement Bureau dEtudes Cellule dAppui lOrdonnateur National du FED Commission Europenne Convention sur lElimination de toutes les formes de Discrimination lEgard des Femmes Comit de Pilotage Dossier dAppel dOffre Dlgation de la Commission Europenne Document de Stratgie Pays /Programme Indicatif National Fonds Europen de Dveloppement Groupe dIntrt Communautaire Groupe de Travail sur lEgalit de Genre Haute Intensit de Main duvre Indicateur Objectivement Vrifiable Mesures dAccompagnement Genre de la construction de la route Ministre charg de lAgriculture

MINADERMin TP Min Travail MinPROFF OMD ONG

Ministre de lAgriculture et du Dveloppement RuralMinistre charg des Travaux Publics Ministre du Travail et de la Scurit Sociale Ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille Objectif du Millnaire pour le Dveloppement Organisation Non Gouvernementale

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PADI PANIFD PFG PNUD TP UE UNFPA UNICEF UNIFEM VIH/SIDA

Programme dAppui au Dveloppement Intgr Plan dAction National de lIntgration des Femmes au Dveloppement Point Focal Genre Programme des Nations Unies pour le Dveloppement Travaux Publics Union Europenne Fonds des Nations Unies pour la Population Fonds des Nations unies pour l'Enfance Fonds de Dveloppement des Nations Unies pour la Femme Virus de l'Immunodficience Humaine/ Syndrome d'Immuno Dficience Acquise

CTD MINEE IRAD FEICOM MINTP PME MINPROFF MINTSS MINDUB

Collectivits Territoriales Dcentralises Ministre de lEnergie et de lEau Institut pour la Recherche Agricole et le Dveloppement Fonds dEquipement Intercommunal Ministre des Travaux Publics Petite et Moyenne Entreprise Ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille Ministre du Travail et de la Scurit Sociale Ministre de lEducation de Base

MINPMEESA Ministre des PME, de LEconomie Sociale et Artisanale FED MINEPAT IMF Fonds Europen de Dveloppement Ministre de lEconomie, de la Programmation et de lAmnagement du Territoire Institutions de Micro Finance

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II. RESUME EXECUTIF Dans le cadre du projet de construction de la route Garoua Boula- Ngaoundr, des mesures daccompagnement genre sont envisages par la CE sur le tronon quelle compte financer. Elles devront servir de base pour les deux autres tronons (Nandk-Mbr et MbrNgaoundr) respectivement financs par la BAD et la Banque Mondiale. Plusieurs domaines principaux sont viss par les mesures daccompagnement genre envisages concernant les activits conomiques : les activits gnratrices de revenus partir de la production, la transformation, le conditionnement et la commercialisation de produits agricoles; le transport ; lducation ; la sante ; les infrastructures le micro-crdit ; etc. Ltude sur la dfinition de mesures daccompagnement genre montre la ncessit de mettre en place plusieurs action non pas du fait de la position sociale de la femme mais de la pauprisation constate le long du tronon Garoua Boula-Ngaoundr. Lanalyse base uniquement sur la dmarche genre permet de reprer que les femmes vivant dans la zone du projet exercent 4 rles (reproductif, productif communautaire, et politique) indpendamment des hommes. Elles ont une certaine libert par rapport lutilisation des ressources actuellement disponibles (accs), et elles peuvent dcider de leurs utilisations. Ceci constitue un facteur important dmancipation/panouissement : les femmes ont en gnral accs et contrle des ressources qui leur sont ncessaires pour accomplir leurs rles reproductif et communautaire ; elles ont accs mais ne contrle pas les ressources lies la sant et lducation ; elles ont accs linformation sur le sida ; elles ont accs aux ressources disponibles actuellement pour la production au champ, et elles en ont le contrle, mais le produit obtenu est insuffisant ; elles nont pas accs et nont pas le contrle des ressources ncessaires pour la transformation des produits ce qui limite la productivit et la valeur ajout ; elles nont pas accs aux ressources ncessaires et nen ont pas le contrle pour vendre les produits dans de bonnes conditions.

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Les besoins exprims sont des besoins pratiques. Une intervention qui rpond ces besoins ne remettrait pas en cause la division du travail femme/homme mais viserait plutt augmenter laccs aux ressources et aux bnfices. Elle entrainera une amlioration de la productivit et du revenu. Par contre, les recommandations loprationnalit des mesures daccompagnement dfinies montrent la ncessit dune certaine synergie entre Bailleurs-Etat pour la prennisation des activits mener de par un Mmorandum Understanding dans lequel lEtat camerounais se verrait lobligation dapporter sa contribution et de prendre en compte la dimension genre dans les travaux routiers. Par ailleurs, si la route Garoua Boula-Ngaoundr est subdivise en trois lots affects trois diffrents bailleurs de fonds (UE, BAD et BM) il savre ncessaire que les efforts soient runis pour la mise en place des mesures. Ainsi, deux scnarii se dessinent : o Premier scnario : dun commun accord les trois bailleurs mettent en uvre les mesures dfinies partir de ltude commandite par la DCE. Ainsi, chaque bailleurs prendra en charge un certain de mesures daccompagnement appliquer tout au long du tronon ; o Deuxime scnario : en cas de dsaccord, la DCE mettra uniquement en application les mesures dfinies dans sa zone dintervention. Ce deuxime scnario serait prjudiciable plus dun titre car la dmarche du premier permettrait des conomies dchelle chacun des bailleurs mais aussi une application dune dmarche cohrente et un suivi mieux adapt.

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PREMIERE PARTIEIII. INTRODUCTION Les premiers programmes routiers excuts dans le cadre de la coopration Cameroun UE taient neutres par rapport lgalit de genre. Si lon ressortait des rsultats favorables aux femmes dans certains cas, ceux-ci relevaient de laccidentel . Ils ntaient ni prvus ni planifis. Des initiatives dhumaniser les investissements routiers ou en infrastructures ont dj t mises en uvre par les autres bailleurs, dont la Banque Mondiale et la BAD. Bien quinnovantes, ces initiatives qui ont conduit un meilleur accs aux services sociaux de base, ont toutefois laiss les conditions et positions des femmes riveraines relativement inchanges. Soucieux, de ce constat et souhaitant contribuer la ralisation dune plus grande galit hommes-femmes, le Gouvernement du Cameroun par le biais du MinPROFF en collaboration avec plusieurs donateurs, dont lUnion Europenne, a lanc un processus devant aboutir des situations effectives damlioration non seulement des conditions de vie des femmes, mais aussi, un changement visible de leur statut social. Des tapes ont t franchies dans le cadre de ce processus, avec lorganisation en avril 2008, dun sminaire pour identifier et dfinir les actions entreprendre en ce qui concerne lintgration de la dimension genre dans la mise en uvre des travaux routiers du 10me FED. Ce sminaire fut une occasion de partage dexpriences et de concertation entre les acteurs de dveloppement impliqus dans lintgration du genre et dans les travaux routiers diffrents niveaux. Il a permis de prsenter les acquis, les opportunits, les difficults doprationnaliser lapproche genre dans les interventions de dveloppement, et de formuler des recommandations. Ainsi, un plan daction a t bauch lors de ce sminaire en vue de concrtiser lgalit homme-femme diffrentes phases du cycle dun programme routier : avant, pendant et aprs les travaux. Laccent a t mis en particulier sur lamlioration des chances daccs des femmes lemploi ouvert lors de ces trois phases. Une des recommandations de ce sminaire est la ralisation de la prsente tude, dont les Termes de Rfrences ont t dduits en grande partie de ces recommandations et conclusions.

Dclaration de Mr Tzartzas, Chef de section infrastructures la Dlgation de la Commission Europenne au Cameroun lors du sminaire sur lintgration des questions dgalit homme/femme dans le programme routier 10me FED tenu Mont Febe en Avril 20088

Par ailleurs, les expriences en matire dtude dimpacts environnementaux de lamnagement de la Route Garoua Boula-Meiganga-Ngaoundr ont t explicitement cites comme rfrence dans lesprit de faire sortir une proposition chiffre relative aux mesures daccompagnement genre du projet routier. 3.1 Objectif de ltude Lobjectif global est lamlioration de la condition des femmes dans le cadre du projet Garoua Boula Nandk (86 km) financ par le FED et, le cas chant, des tronons Nandk-Mbr (financ par la BAD) et Mbr-Ngaoundr (financ par la Banque Mondiale). Par contre, lobjectif spcifique de la mission est la dfinition dun programme de mesures cibles sur le genre et cohrent avec les mesures mises en uvre par la BAD et la Banque Mondiale sur les tronons Nandk-Mbr et Mbr-Ngaoundr de l'axe Ngaoundr-Garoua Boulai. Les rsultats attendus des travaux des consultants sont lidentification d'un programme chiffr de mesures daccompagnement inspir de la matrice d'actions dfinie dans le rapport des travaux du sminaire d'intgration des questions d'galit homme/Femme dans le Programme Routier dfini sur le 10me FED pour la route Garoua Boula Nandk ; les propositions d'actions pour complter le programme de mesures daccompagnement sur les deux (2) autres tronons de laxe ;

-

3.2 Approche mthodologique Nous tenons prciser que notre tude bien quoriente sur le Genre repose sur une dmarche purement socio-anthropologique sappuyant ainsi sur des mthodes qualitatives et quantitatives de recherche et des enqutes de terrains. Par ailleurs, elle sarticule autour de lapproche par lenchevtrement des logiques sociales (Olivier de Sardan, 2001 :742). Ainsi, hormis lanalyse bibliographique, notre axe mthodologique de recueil de donnes sur le terrain a t bti autour de linteractionnisme (les tudes de cas). En effet, linteraction entre lobservateur et le milieu observ et entre les diffrents lments dun mme milieu, produit des informations, des attitudes et des comportements significatifs. IlAmnagement de la Route Garoua Boula Meiganga Ngaoundr : Etude dimpact sur lenvironnement ; Projet n 2003/00085/MINEPAT/CSM/FED/SCT N) comptable 8 ACP RCE 015 ; Aout 2004 Voir larticle de Olivier de Sardan : les trois approches en anthropologie du dveloppement revue Tiers Monde, t XLII, n 168 octobre-dcembre 2001. Selon Olivier de Sardan : linteraction dans lapproche de lenchevtrement des logiques sociales est trait comme lest classiquement ltude de cas : ce sont des entres fcondes dans la ralit sociales, des moyens de dchiffrer la fois les stratgies des acteurs et les contraintes des contextes, daccder aux pratiques comme reprsentations, de reprer des phnomnes de conjoncture et des phnomnes de structure. les trois approches en anthropologie du dveloppement revue Tiers Monde, t XLII, n 168 octobre-dcembre 2001.9

convient alors dans un premier temps, de procder une revue bibliographique, revisiter les sites et, partir des archives disponibles, de faire un diagnostic tant quantitatif que qualitatif de toutes les activits qui ont t menes dans les tablissements humains localits le long du tronon, analyser toutes les structures dorganisation inities dans la zone du projet. Ensuite, dans un second temps et aprs un reprage des groupes stratgiques, des sries dentretiens et dobservations participatives ont t ralises tant au niveau individuel que collectif. Ainsi, tout le travail effectu a pour base le tronon financ par lUnion Europenne bien quune dmarche simplifie ait t applique aux deux autres tronons pour une meilleure prise en compte du genre. Ceci doit permettre dans la dfinition des scnarii de voir comment la faisabilit des mesures daccompagnement puisse tre tendue sur lensemble du tronon Garoua-Boula-Ngaoundr. 3.3 Le recueil des donnes 3.3.1 La revue documentaire La revue documentaire (recueil des donnes de base) sest appuye sur les recherches et tudes dj ralises dans le cadre du projet au cours de ces dernires annes. Ces recherches ont permis de collecter toutes les donnes lies la dmographie, la production agricole, llevage, aux activits extra-agricoles et aux formes dorganisations et structures existantes. 3.3.2 Le transect Le Transect en tant quoutil dobservation visuelle a entre autres objectifs : de faire la reconnaissance et la visite du tronon ; de situer et cerner les limites du projet ; didentifier les tablissements, les infrastructures, les quipements et les activits des riverains ; de valider ou dinfirmer certaines donnes secondaires collectes lors de la revue documentaire et ;

Ainsi, le tableau ci-dessous permet dobserver que le projet se trouve localiser dans deux rgions que sont : la rgion de lEst compos de six (6) villages caractriss par la prsence dune seule infrastructure sanitaire localise Mindiba et dont plus de 50% des points deau ne sont pas fonctionnels. Le seul march communautaire est aussi situ Mindiba; la rgion de lAdamaoua qui compte la presque totalit des villages (17) est la seule section possder une chefferie de 2me degr en loccurrence Locoti. Tous les autres villages sont dirigs par une chefferie de 3me degr tous Gbaya ce qui explique une certaine antriorit de cette ethnie le long du tronon.

Nanmoins, le Transect a fait observer dune part, lexistence dune certaine organisation base10

sur les Associations et/ou les Groupements dIntrt Communautaire (GIC) autour desquelles se dveloppent toutes les activits de production et de commerce et, dautre part, deux grands ples ethniques dominance Gbaya (Garoua Boula-Meiganga) et Fulb MeigangaNgaoundr).

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Tableau n 1 : Transect du tronon Garoua Boula-Nandk (Lot UE)PK Villages Chefferie Structures Associatives de GIC femmes 2 1 0 3 1 0 1 0 1 2 2 0 0 0 0 10* 0 0 0 2 6 0 3 2 1 0 0 3 0 3 0 1 0 2 0 0 1 0 0 0 2 1 0 0 0 Population % fminit % des filles Infrastructures Sanitaires Scolaire Nombre de puits dont fonctionnel Non fonctionnel 0 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 0 0 1 2 1 1 1 1 1 0 1 1 0 1 1 1 0 0 1 1 0 0 0 0 0 1 0 0 2 1 3 1 2 1 0 1 1 1 1 2 0 1 1 0 1 0 0 0 1 0 0 0 0 6 0 0 Nombre de march

7+200 10+100 18+900 32+300 33+700 37+200 40+700 43+600 47+200 55+100 58+800 63+200 65+300 67+600 69+700 76+200 79+100 83+000 86+600 91+600 92+900 98+300 1001+100

Dabol Illa Mbonga Mindiba Komboul Mboussa Beka Bata Mbal Djouzami Bembarang Gankombol Dirpet Yend Lakapetel Lokoti Dana Bana Dankali Dokolim Medougou Bounou Nandk

3 degr me 3 degr 3me degr me 3 degr me 2 degr me 3 degr 3 degr 3me degr me 3 degr me 3 degr me 3 degr me 3 degr me 3 degr me 3 degr me 3 degr me 2 degr me 3 degr me 3 degr 3me degr me 3 degr me 3 degr me 3 degr me 3 degrme

me

600 450 500 2 000 358 250 3 500 200 500 1 500 650 450 200 350 206 35 000 200 325 877 600 15 000 60 700

Rgion de lEst 70 60 0 40 50 70 40 60 70 30 20 60 30 Rgion de lAdamaoua 60 60 60 50 0 50 40 60 60 60 80 60 50 30 50 60 60 50 50 60 60 70 60 60 70 60 60 60 70 60 70 50 50 60 30

1 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 1 0 0

0 0 0 1 0 0 1 0 0 1 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 1 0 0

3.3.3 Les enqutes de terrain Les enqutes de terrain se sont droules de faon participative suivant deux phases : Une phase exploratoire qui a permis de reprer les dynamiques sociales, les structures/associations, les interlocuteurs potentiels mais surtout de collecter certaines donnes secondaires qui nous ont permis de choisir les strates denqutes. Cette phase a dure une semaine ouvre ; Une phase enqute de terrain qui, durant deux semaines, les experts ont partir dinterviews semi structures, dvelopp toute une batterie de techniques. Cette phase a permis de vrifier certaines informations issues de la recherche documentaire mais surtout de comprendre comment le fait genre est pris en compte au sein de ces dynamiques sociales. 3.3.4 Traitement et analyse de linformation Deux types de traitements ont t utiliss dans cette tude. Il sagit dun traitement informatique partir du logiciel System Program of Social science SPSS qui est trs adapt pour ce genre de travail et un traitement plat du fait des donnes qualitatives issues de la recherche documentaire. 3.3.5 Mthodologie danalyse La mthodologie danalyse des donnes reposait sur une mthode dite de triangulation cause de linter actionnisme de certaines donnes. Elle est la mthode la plus adapte pour lanalyse de donnes issue de lenqute par lenchevtrement des logiques sociales qui rappelons la est la dmarche de collecte utilise dans cette tude. 3.3.5.1 Contenu du rapport Le contenu du rapport est bas sur les Termes de rfrences. Ds lors, dans un souci dexhaustivit, en plus de la prsente introduction qui constitue la premire partie, il sera articul au tour des points suivants : Deuxime Parie : Structures et organisation Troisime Partie : Genre et dveloppement Quatrime Partie : Mesures daccompagnement Cinquime Partie : Mcanismes et Mode opratoire Sixime Partie : Conclusion et recommandations Cette tude a t ralise par une quipe pluridisciplinaire coordonne par Monsieur Mouhamadou Lamine BOCOUM Socio-conomiste/Anthropologue (cf.annexe 1 : Auteurs de ltude).13

DEUXIEME PARTIEIV. STRUCTURATION ET ORGANISATION SOCIALES

Si le sol est en mme temps une ressource naturelle et un des biens essentiels pour lexistence de lindividu, il est lorigine de tout tablissement. Chauveau souligne par ailleurs que, le domaine foncier est rvlateur de dynamiques socio-conomiques, normatives, institutionnelles, originales et de comportements stratgiques complexes de la part des acteurs (Chauveau, 2002) . Cest pourquoi, la prise en compte des interactions savre ncessaire dans tout systme de peuplement. Sans vouloir prtendre une redfinition de la chronologie du systme de peuplement le long du tronon du fait que les mythes et lgendes y tiennent une place assez importante, la triangulation des enqutes participatives rvlent que, parmi les trois grands groupes ethniques actuellement rencontrs, les Gbaya dont le toponyme signifie groupe soud qui ne spare jamais , sont dimmigration beaucoup plus ancienne que la fin du 19me sicle. En effet, dorigine soudanaise et fuyant les gures tribales, les Gbaya ont migr dabord vers le Centre Afrique avant de sinstaller dfinitivement au Cameroun. Ainsi, pour rpondre leurs besoins alimentaires bass uniquement sur la chasse, les Gbaya ont d modifier leur comportement pour sadapts lagriculture de certains produits dont le manioc va constituer lalimentation de base. Les Mboum anciennement installs dans lAdamaoua depuis le XVIme sicle se sont dplacs vers lOuest la recherche de vaines ptures ce qui explique leur minorit dans la zone du projet. Par contre, les Fulbs venus de divers horizons (Mali, Nigria, etc.), ont t attirs par le commerce quils dveloppent travers leurs diffrentes zones de migrations. Ils sont dimmigration plus rcente que les Gbaya et Mboum. Hormis ces trois groupes ethniques, on rencontre dans le tronon de lUnion Europenne, les Mbororo et Mbr anciennement des leveurs nomades, ses sont implants en campement purement clanique autour des tablissements humains tout en restant trs lis aux Fulbs. Cette adoption peut sexpliquer certainement par le partage de la mme religion et llevage. Par contre, partir de Meiganga jusqu Ngaoundr, plusieurs autres sous ethnies se dessinent le long du trac parmi lesquelles on peut citer les Bti, Kaka et Pana qui sont trs minoritaires par rapport aux autres.

Chauveau J-P. Cours magistral sur lanthropologie des dynamiques foncires en Afrique. EHESS du 17 au 20 Dcembre 2002.14

4.1.

les caractristiques dmographiques

Pour une population globale de 399 721 habitants, la zone du projet se subdivise en trois ples dtablissements humains. Hormis, lArrondissement de Garoua Boula (60 074 hbts), la majeure partie de la population se trouve rpartie dans les dpartements de Mbr et Vina. Par contre, dans la zone dinfluence directe du projet on dnombre 64 476 hbts dont 56,52% de femmes. Cette population concentre plus de 41% de jeune (moins de 15 ans) dont 53,91% de filles. Tableau n2 : Situation de la population le long du tronon du Lot 3 (UE)Villages Dabol Illa Mbonga Mindiba Komboul Mboussa Beka Bata Mbal Djouzami Bembarang Gankombol Dirpet Yend Lakapetel Lokoti Dana Bana Dankali Dokolim Medougou Bounou Nandk 0 0 0 2 6 0 3 Structures Associatives de femmes GIC 2 0 1 0 3 1 0 1 0 1 2 2 0 0 0 0 10* 2 1 0 0 3 0 3 1 0 2 0 0 1 0 0 0 2 1 0 0 0 Population 600 450 500 2 000 358 250 3 500 200 500 1 500 650 450 200 350 206 35 000 200 325 877 600 15 000 60 700 % fminit 70 40 70 60 30 60 60 60 50 60 60 60 30 60 50 60 70 60 60 60 60 50 60 % des filles 60 50 40 70 20 30 60 50 40 60 80 50 50 60 50 60 60 70 60 70 70 50 30

Le tableau ci-dessus fait observer que la population fminine est dominante dans tous les villages de mme que celle des filles au niveau de la tranche des enfants. Cette caractrisation15

de la population bien que constituant un potentiel de main duvre pour les activits agricoles, laisse entrevoir une importante demande en infrastructures scolaires. 4.2. les occupations de lespace

Si Claude LEVISTRAUSS souligne que les socits ne sont jamais ce qu'elles paraissent tre, on ne peut distinguer par contre dans la zone du projet que des exploitations agricoles insres dans des socits agraires. Ces socits paysannes de type agraire sont organises au village et aucun groupe social dominant ny opre de prlvement direct ou indirect sur la production agricole des exploitations familiales contrairement aux exploitations agricoles insres dans des socits paysannes. Elles sont gnralement insres dans des espaces politico-conomiques. (Royaumes, Contre, Province, etc.), dans lesquelles elles sont domines et exploites. Dans les zones agro-cologiques ou go-hydrologiques de production au Cameroun, lagriculture se caractrise par la trs large domination du mode familial dorganisation de la production. La faon dont les groupes familiaux sorganisent pour produire et consommer reste pratiquement la mme. Le feu We reprsentant la cuisine Tuagimo et le mnage Tongon-mo en Gbaya, est toujours le groupe familial au sein duquel sorganisent la production agricole, la prparation et la consommation des repas, mme si la nourriture provient de moins en moins de la production ou des revenus tirs de celle-ci. 4.3. lorganisation sociale

Lunit familiale de production et de consommation concide toujours avec lunit de rsidence cause de la nuclarit des mnages. Dans lensemble des ethnies de la zone du projet sauf chez les Gbaya, lhabitat est collectif et il se trouve que chaque famille dispose au sein de la concession dune relative autonomie matrielle. Selon LEVISTRAUSS, la parent constitue en outre, un vaste rseau dinterdpendance et dentraide, en raison de nombreuses obligations quelle cre entre les membres. En cas de besoin, on peut toujours compter sur laide des membres de la parent. Elle est donc un facteur essentiel de diffrenciation sociale, mais aussi, un important facteur dintgration sociale. Au niveau de lorganisation sociale, la famille na ni dbut ni fin, elle est lie plusieurs histoires : celles quelle a vcues et celles quelle garde comme autant que possible. Elle dveloppe partout dans la zone du projet une forme dorganisation base sur le respect de la hirarchie sociale. En effet, la terre est presque religieuse et cest le chef de famille qui est charg de grer le patrimoine foncier, les facteurs de production et dfinit les systmes de production bien que la femme peut en disposer au moment de son mariage. A lintrieur du patrilignage, il se trouve quil existe des relations concurrentielles entre les membres cause dopinons diffrentes quant lhritage biologique des qualits humaines l'intrieur du patrilignage trs dterminant surtout chez les Gbaya.Claude LEVISTRAUSS in sociologie des mutations. Paris, PUF 1983.16

La proprit de la terre est plutt lie un certain nombre de droits : droit de feu appartenant aux hritiers des familles ayant procd la premire mise feu de la fort, droit de hache appartenant aux hritiers des premiers dfricheurs. Les droits taient des droits collectifs appartenant un groupe familial ou un lignage qui apparat en loccurrence comme une sorte de personnalit morale ( ) au-dessus des membres qui le composent. Il possdait collectivement la terre et en assurait la jouissance et la transmission ses membres. Laffectation des terres aux diffrents exploitants, qui en avaient le droit dappartenance, tait fortement dpendante du rang social quils occupaient au sein de la famille. Seuls les chefs dexploitations et les dpendants clibataires prtendant au mariage avaient droit la parcelle individuelle tandis que les femmes gnralement partageaient les mmes parcelles que leur mari. La division sociale actuelle du travail du groupe lignager est tablie trs strictement en fonction de la place que chaque membre y occupe. Cest ainsi que, la production vivrire est faite sous lautorit et la responsabilit quasi-unique du pre de famille et la gestion de vivre laisse la femme. Nanmoins, chaque dpendant homme ou femme, jeune ou adulte, a envers lui une obligation de travail fixe selon la priorit de mise en culture et se dfinit en journes de travail pour les cultures vivrires, qui sont alors une production collective sur les grands champs et dont la production est destine nourrir la famille. Le chef dexploitation bnficie sur toutes les parcelles de culture des prestations de travail obligatoires de la part de tous les dpendants membres de la famille. Ces obligations sont plus ou moins fortes et par ordre dcroissant suivant quon est dpendant masculin jeune fille, femme en grossesse. Celui est libre daffecter les journes de travail qui lui sont dues dautres membres de lexploitation et mme des personnes extrieures au moment de lentraide.

Nanmoins, on ne peut pas parler de dualisme dans la production agricole car par simple systme de redistribution le systme galitaire est sauv surtout chez les Gbaya.

Nanmoins, il faut rappeler que dans lexploitation agricole surtout chez les Gbaya, on note deux formes qui se rsument en : les parcelles de cultures appartiennent au couple et le travail se fait en commun durant tout le cycle de production. Les rcoltes sont gres par la femme bien que le mari peut en disposer pour faire face aux besoins de la famille. Chaque membre du couple exploite sa ou ses propres parcelles et peut disposer de ses propres rcoltes. Ce cas est assez frquent car relevant souvent du fait que le mari utilise les moyens de subsistance dautres fins sans que sa femme nen soit informe. Alors, on observe une dislocation de la cohsion du groupe pour lexploitation des parcelles de cultures au profil de lindividualisme. La femme est alors oblige de participer la gestion de la famille en gardant une partie de ses rcoltes pour lachat de condiment.

( )

Nous empruntons ce terme Mandras .H in Sociologie paysanne , A. Colin, Collection U. 1976, page 3717

Dans les deux cas, il revient lhomme d prendre en charge les besoins de la famille du point de vue, alimentation, habillement aux jours de fte et lachat des mdicaments en cas de maladie de lun ses membre. Par contre au niveau des autres ethnies, la femme gnralement ne participe pas la production agricole du fait de la faible proportion que celle-ci occupe dans le mnage. En effet, les autres ethnies sont plus lies au commerce et llevage qu la production agricole. Ces deux activits leur procurent des revenus que le Gbaya purement agriculteur ne possde pas cest dailleurs ce qui explique selon le Lamido de Locoti que les femmes Gbaya ont plus tendance se marier chez les Fulb que dans leur propre rang social. Ainsi, on observe des ingalits qui ont un caractre social voir mme discriminatoire, comme le souligne le rapport sur le genre , la pauvret touchant plus les actifs du secteur primaire (agriculture) que les autres actifs, plus les femmes que les hommes, plus les enfants que les adultes. 4.4. les activits

Plusieurs tudes montrent au Cameroun que lagriculture est domine par des exploitations de type familial qui constituent la quasi-totalit des activits agricoles villageoises. Elles occupent plus de 90 % de la population active. Cette forme dexploitation, gnralement de taille trs rduite, laisse apparatre un systme de production et de consommation dtermin par sa situation agricole et sa disponibilit en facteurs de production (manque de semence slectionnes et indisponibilit dengrais). Elle concide gnralement avec lunit familiale de production qui est la fois une unit de rsidence, de production et de consommation. Cest ce qui explique dailleurs cette stratgie de survie base sur la mise en culture de surfaces rduites. Alors, lexploitation agricole familiale qui est une unit socio-conomique de base, se caractrise par ses facteurs de production (terre, force de travail, capital y compris le cheptel, consommations intermdiaires). Par contre, ct de cette agriculture familiale, on observe lmergence dun nouveau type de privs pouvant tre qualifi dentrepreneurial. En effet, contrairement au modle familial, lagriculture entrepreneuriale a pour credo linvestissement et la recherche de rentabilit des capitaux mis en uvre. Ces exploitations, autrefois prsentes uniquement dans les zones priurbaines agriculture du dimanche, commencent se dvelopper le long de laxe de la route avec la mise en place de fermes laitire surtout entre Meiganga et Ngaoundr. Malheureusement elles ne reprsentent quune infime partie des terres arables.

Pour plus dinformation se reporter : le profil de la situation de la femme et de lhomme au Cameroun . Novembre 200218

4.4.1. Lagriculture Du point de vue agro-cologique, la zone du projet se trouve concentrer dans la zone dite de savane caractrise par un paysage assez herbac avec quelques grands peuplements darbres. Hormis les plantations de manguiers, lespace est plus occupe par des forts galeries favorisant une cueillette assez abondante. Les activits agricoles se rsument plus en culture sous pluie. Le long du tronon, une observe une certaine diversification des cultures avec, une seule culture de rente (larachide 1,3t/ha) et cralire (le mas 1,9t/ha), et plusieurs de tubercules (manioc 5,4t/ha, macabo 4,5t/ha, patate douce 6,2t/ha, igname 16t/ha). Avec la persvrance des mauvaises rcoltes lie souvent la mauvaise qualit des semences et le manque dintrants, les cultures enregistre des rendements assez faibles. Cette agriculture est domine par des exploitations traditionnelles o elle repose sur des pratiques sur brulis avec du matriel rudimentaire. Par contre on observe le dveloppement timide dexploitations semi moderne avec de la traction animale permettant ainsi laccroissement des superficies cultives. Nanmoins, les productions restent toujours faibles du fait de linexistence de facteurs de production. Ainsi, les activits horticoles commencent connatre un important dveloppement dans les espaces situs le long des dpressions (mares, bas fonds, etc.). Elles occupent une importante frange de la population, surtout fminine, en saison sche et, gnrent une part importante dans lautoconsommation et dans les revenus des mnages. Les contraintes lies lagriculture se rsument en sa pratique extensive, labsence de crdit, labsence de programme et labsence de vritables circuits de commercialisation. 4.4.2. Llevage A cot de lagriculture, llevage constitue une importante source de revenus. En plus de cette fonction gnratrice de revenus, les animaux jouent plusieurs rles en milieu rural. En effet, ils constituent une forme de thsaurisation (pargne sur pieds), interviennent dans la traction, le parcage (restitution organique aux sols de culture) et dans lachat de vivre en priode de soudure. Dans la zone du projet, llevage sarticule autour des bovins, ovins, caprins, porcins et la volaille. Llevage bovin reste sous la pratique des Fulb et Mbororo qui sont agro leveurs par essence. Par contre, les petits ruminants (ovins, caprins) sont gnralement levs par toutes les ethnies et servent la vente en cas de besoin. Quant au porc, son levage reste pour les Gbaya chrtiens. Ici llevage de la volaille qui semblait tre une activit purement de femmes est pratiqu par tous. Dailleurs la plus part des effectifs appartient aux hommes.19

A cette activit, les contraintes sont plus dordre de disponibilit daliment devant permettre au dveloppement de lembouche et de circuits de commercialisation bien organiss. 4.4.3. Le commerce Hormis, les Fulb qui en font une activit principale, le commerce reste une occupation purement fminine. Il occupe une bonne partie des femmes et se rsume en vente de beignets, de lgume, de mas vert et/ou grill et de farine de manioc. Cette activit dsorganise du fait de labsence dinfrastructures, gnre tout de mme des revenus substantiels. Il est dvelopp tout le long du tronon et dans la plupart des cas sur des talages par terre. Les contraintes soulignes par les femmes sarticulent autour de linexistence de circuits de crdit, dinfrastructures adquates (march, magasins de stockage, etc.) mais surtout du manque dorganisation leur niveau.

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TROISIEME PARTIEV. GENRE ET DEVELOPPEMENT LOCAL 5.1. Mthode danalyse

Dans cette partie de ltude, la mthodologique adopte a t dtermine par la spcificit des rsultats attendus de la mission. Elle a t dfinie pour que le programme portant sur les mesures daccompagnement genre des travaux routiers soit conforme aux conditions de viabilit de tout programme de dveloppement. quil doit tre rentable du point de vue conomique ; quil doit veiller la sauvegarde de lenvironnement, et ; quil doit garantir lquit sociale et de genre. Ainsi, lexamen des trois dimensions lies la rentabilit conomique, la sauve garde de lenvironnement et lquit sociale et genre, nous a conduits dune part, effectuer une analyse spcifique de chaque dimension et, dautre part, voir leur synergie et complmentarit pour identifier le programme appropri. Concernant lanalyse spcifique genre, deux aspects ont t considrs : i. du fait de la transversalit de lapproche genre, elle concerne diffrents niveaux ; dans le cas de la prsente tude des mesures daccompagnement quatre niveaux ou sphres interdpendantes et complmentaires ont fait lobjet de diagnostic : o la politique (les lois et rglements sy rapportant) ; o lorganisation et la procdure (les modalits dfinies pour lapplication de la politique) ; o la mise en uvre (les actions menes pour oprationnaliser la politique et le concept), et ; o la citoyennet (les ralits vcues par les citoyens et citoyennes dans leurs quotidiens), compte tenu de la politique, des modalits dapplication de cette politique et de la mise en uvre des actions. Cette considration transversale cherche dfinir les liens, entre autres, entre les dclarations dintention au niveau politique avec les ralits au niveau terrain. Elle permet de dgager les difficults de la mise en uvre et didentifier les mesures correspondantes et leurs significations ii. le mainstreaming du genre qui consiste examiner les points dentre genre chaque phase du cycle dun projet ; dans le cas de la prsente tude relative aux routes, laccent est mis sur les phases avant et pendant les travaux, et dans une moindre mesure au moment de lexploitation.21

Cette considration permet de dfinir des mesures spcifiques une phase dtermine de lavancement du programme routier quel que soit le niveau ou la sphre. A la lumire de ces deux considrations, la dmarche suivie pour lanalyse de genre est la suivante : tude documentaire qui a permis de faire un diagnostic transversal, essentiellement partir de l Evaluation de la mise en uvre du genre au Cameroun , document labor en aout 2007 la demande du Groupe de Travail sur lEgalit de Genre (GTEG), et le rapport du sminaire organis Mont Febe en avril 2008 par la Commission Europenne ; entretiens auprs des parties prenantes sur genre et route au niveau de Yaound pour approfondir les informations recueillies dans les documents, notamment au niveau/sphre de la procdure. Outre lUNIFEM, la DCE et les diffrents responsables au Ministre des Travaux Publics, les points focaux genre de quelques ministres (MinPROFF, MinTP, MinTravail), ont t consults, ainsi que des participants au sminaire du Mont Febe, hommes et femmes ; Interview semi-structures auprs des femmes diplmes en Travaux publics pour une analyse genre au niveau de la mise en uvre dun programme routier, et auprs des Prsidentes dassociations de femmes pour connatre la perception du concept genre par les citoyennes. Ces interview ont permis de recueillir des pistes de mesures prendre (au total 112 femmes et 60 hommes ont t couts) ; Consultations des reprsentants dinstitutions prsentes Garoua Boulai (mdecins, mairies, ONG, etc.) ainsi que des associations de femmes regroupes au sein dun Rseau pour comprendre le niveau de la mise en uvre de lapproche genre, et la perception des intervenants sur les vcues des citoyennes en terme de genre ; Focus group auprs des femmes riveraines de la route Garoua Boula-Nandk, notamment celles groupes en Associations ou en Groupe Intrt Communautaire (GIC), et observations directes pour dgager les relations de genre telles que vcues au niveau terrain, et pour recueillir les besoins par rapport la route. Les participantes ont t celles qui ont pu tre regroupes sur place. Elles sont en majorit membre dune association et/ou GIC, mais selon les cas, certaines ne sont ni affilies ni membre dune association. Au total huit villages ont t concerns par lapplication de cet outil ; 15 associations et/ou GIC et 85 personnes ont t intgres dans ce processus ; Traitement et synthse des informations collectes, recueils de complmentaires, et recadrage avec les donnes sur lanalyse conomique. donnes

Rapport provisoire sur lEvaluation de la mise en uvre du genre au Cameroun, Groupe de Travail sur lEgalit de Genre (GTEG), aout 2007 Rapport du sminaire dintgration des questions dgalit Homme/femme dans le Programme Routier 10me FED, Commission Europenne (CE), et UNIFEM Cf annexe22

Pour les groupes de discussion dirige, les participants ont t pris au hasard. Les critres retenus ont t le statut matrimonial et le niveau dinstruction (alphabtis/analphabte). Ainsi pour les femmes, les femmes chef de mnage et les celles en union ont constitu deux groupes diffrents dans chaque site. Les hommes maris, les jeunes hommes clibataires et jeunes filles clibataires ont t retenus pour les autres groupes. 5.2. Rsultats 5.2.1. Synthses des constats 5.2.1.1. Constats dans lexploitation documentaire

a) Niveau politique / lgislatif Genre o ratification de certains textes et traits sur le plan international (CEDEF, convention de Beijing, OMD-obj n3) ; o politique nationale femmes et dveloppement (PANIFD) labor en 1997, na pas abouti cause de changement la tte du dpartement ministriel ; o concept et approche genre non approprie (projet damendement des lments discriminatoires lgard des femmes dans le code civil , non soumis lAssemble nationale ; discrimina/on de sanc/on dans le code pnal ). Genre et Route financement UE : dclaration de la prise en compte du genre dans les conventions de financement des travaux routiers 10me FED. b) Niveau organisationnel et procdural Genre Ministre de la promotion de la femme et de la famille, charge de la coordination de la mise en uvre du genre ; budget non substantiel ; Des points focaux genre (PFG) installs au niveau de tous les dpartements ministriels ; mais non oprationnels (mission non explicite, pas de budget propre) ; Un groupe de travail pour lgalit de genre (GTEG) actif regroupant les bailleurs de fonds extrieurs.Code de la famille : donne droit lpoux de sopposer lexercice par sa femme dune activit salarie si lintrt de la famille le commande ; les biens de la femme appartiennent , tout comme elle, son poux qui a le droit de les aliner en tant que chef de famille, sans lavis de sa femme Le code pnal ne sanctionne que ladultre de la femme23

Genre et route Financement UE coopration UE avec Ministre des Travaux Publics pour intgrer Genre dans les travaux routiers ; c) Niveau de la mise en uvre Genre Mise en place de Centres de Promotion de la Femme et de la Famille ; projet dducation des filles (UNICEF) ; projet promotion de lgalit et de lquit entre les sexes (UNFPA) ; programme global davancement des femmes et dgalit des sexes (PNUD) ; formations de formateurs genre, sensibilisation, insertion de modules genre dans les filires universitaires, etc. ; Projets spcifiques femmes : financement de projets de femmes ; Des mthodes et outils danalyse et doprationnalisation du genre, disponibles (matriss ? mme comprhensions ?). Genre Route Financement UE application programme routier 9me FED ; mise en place dune mission dassistance technique charge de renforcer les capacits des femmes ingnieurs pour linsertion lemploi dans le domaine des grands travaux dinfrastructure ; capitalisation des acquis et leons apprises 9me FED et changes partages dexpriences avec autres bailleurs de fonds (BAD, UNIFEM) ; processus de rflexions et recherche de propositions de mesures daccompagnement : mettre laccent sur les mesures positives en faveur des femmes. d) Niveau des citoyens Perception du genre crations de plusieurs associations de femmes diffrents niveaux, sans vision sur galit de genre ; tendance exclure les hommes dans la recherche dune galit de genre, et en faire une affaire de femmes ; confusion genre et femme impliquant des messages contradictoires ;

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lapproche genre cre une suspicion auprs de la population, y compris les femmes, de peur quelle ne menace lordre social ; images strotypes des femmes et des hommes, ancres dans le quotidien et dans la culture ; ne remet pas en cause la division sexuelle de travail et la rpartition de pouvoir entre homme et femme ; accent mis sur la satisfaction des besoins pratiques des femmes. Genre Route Financement UE des femmes informes, prtes sengager dans les mtiers longtemps rservs aux hommes dans les travaux dinfrastructure ; des femmes diplmes dans le domaine des TP, qui manquent de confiance en elle pour effectuer leur mtier ; des acteurs informs et sensibiliss avec des attentes/ craintes considrables diffrents niveaux (terrain, rgion, national). 5.2.1.2. Constats au cours de lEtude

a) Niveau politique Dcision ferme dintgration du genre dans le projet de construction de la route, prvue dans le DSP /PIN. b) Niveau organisationnel et procdural un budget de 2 millions deuros rservs la mise en uvre ; approche transversale impliquant plusieurs partenaires (secteur route, secteur promotion de la femme, secteur emploi, etc.), diffrents niveaux (Ministre central, Rgion, Arrondissements, villages) ; application du mainstreaming : recherche de prise en compte du genre tous les phases de la construction de la route et des infrastructures daccompagnement). c) Niveau de la mise en uvre (pm : objet de la prsente tude : dfinition des points dentre genre) d) Niveau des citoyens : les principaux acteurs impliqus dans le projet Genre- Route financement UE femmes ingnieurs : (i) des questionnements sur la traduction oprationnelle de lapproche = faudra t il remplacer les hommes ? Faudra t il travailler dans les mmes25

conditions que les hommes ? est ce quon sera la hauteur ? (ii) des volonts pour relever le dfis et changer le strotype = on veut appliquer ce quon a appris, on accepte les conditions offertes ; hommes ingnieurs : (i) des positions mitiges (femmes : Oui- Si ...) arguant lefficacit et lefficience ; (ii) des ractions plutt ngatives = les femmes ne peuvent pas se dplacer sur chantier ; (iii) des positions fermes = pas de discrimination en faveur des femmes dans le recrutement : galit parfaite devant la loi (mme si le constat est quil y a plus dhommes que de femmes dans les entreprises et dans les postes de prise de dcision) ; membres dassociations de femmes / rseau : (i) constat que les femmes sont dfavorises dans la socit et manifeste la volont de sengager dans le processus pour saisir lopportunit offerte et sen servir en cas de russite pour favoriser le plaidoyer ; (ii) volont dencadrer les femmes pour viter des drives et pour renforcer les capacits organisationnelles des associations de femmes ; (iii) constat que le Cameroun est entre les mains des hommes et que le dveloppement du Pays ncessite un accompagnement des initiatives en faveur des femmes pour parvenir un dveloppement quilibr ; points focaux genre des dpartements ministriels : (i) des questionnements est ce que le genre nest pas un alibi = se conformer aux dclarations internationales ? est ce que le gouvernement est convaincu de la ncessit de lgalit entre les sexes au Cameroun = il ny a pas de moyens affects pour la mise en uvre sans lapport des bailleurs de fonds internationaux ; (ii) des constats : il suffit quune haute personnalit dclare la ncessit de laisser de la place aux femmes dans les postes de dcisions, que rapidement des dcrets arrivent pour la nomination des femmes ; acteurs au niveau rgional/provincial (Garoua Boula) : (i) constat que les postes de responsabilits au niveau des dlgations rgionales, et des dpartements administratifs sont occups en grande majorit par les hommes ; ( ii) constat que les hommes sont la tte de toutes institutions modernes ou traditionnelles, politiques ou religieuses ; acteurs femmes au niveau des villages concerns : (i) constat que les charges de travail sont lourdes pour les femmes ; (ii) constat que les femmes accomplissent tous les rles conomiques et/ ou social plus que les hommes (rle reproductif, rle productif, rle communautaire et rle politique) ; (iii) constat que les femmes ont accs et contrlent les ressources disponibles actuellement et dont elles ont besoin pour accomplir leurs rles sans aucune contrainte ; (iv) constat que les femmes ont la libert daccomplir leurs rles en toute indpendance sans lien de subordination aux hommes (par rapport aux ressources, par rapport au pouvoir) ; (v) constat que le sens du partenariat femme-femme est trs significative au sein des associations , mais que leur niveau dinstruction est faible ; (vi) constat que les hommes sont

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dlaisss dans le processus de dveloppement compte tenu de la culture et du strotype . 5.2.2. Caractrisation des rles 5.2.2.1. Les rles reproductifs

Ce rle regroupe les activits dont dpendent lexistence des gnrations futures et la reproduction sociale. De ces activits dpendent la survie humaine, lentretien et la reproduction de la main duvre. Dans la zone de ltude, les activits reproductives des femmes concernent : lhabitation : nettoyer la maison et son environnement immdiat (balayage et dsherbage, etc.) ; lalimentation : prparer le caf, prparer et cuir le repas de la journe, faire la vaisselle, etc.) ; lapprovisionnement en eau : chercher leau la pompe ou la source ; le ramassage et le transport des bois de chauffe du champ jusquau village ; la sant : emmener les membres de la famille, notamment les enfants (vaccins), au centre de soin, acheter les mdicaments, etc. ; lducation : prparer les dossiers pour linscription des enfants lcole, acheter les fournitures scolaires, etc. ; lhabillement : faire la lessive, acheter les habits, etc. ;

Ces activits sont rserves aux femmes dans la division traditionnelle du travail entre les sexes. Les hommes dans la zone de ltude ne sen occupent pas. Ces activits sont consommatrices de temps et tendent tre invisibles parce quelles ne sont pas rmunres au sens propre du terme. Le rle reproductif consiste aussi en la transmission progressive des valeurs sociales et culturelles dune gnration lautre. Cet aspect du rle reproductif est accompli par les hommes et par les femmes dans la zone de ltude. 5.2.2.2. Les rles communautaires

Le rle productif regroupe les activits pouvant tre source de revenu pour la satisfaction des besoins.

les hommes doivent soccuper des activits plus rmunratrices, or le dveloppement de la zone est base sur la culture vivrire rserve traditionnellement aux femmes ; les hommes sont obligs de faire les mmes activits productrices que les femmes27

Dans les zones entre Garoua Boulai et Nandk, les femmes sont trs entreprenantes. Elles dveloppent plusieurs activits allant de la production agricole au commerce en passant par le transport des rcoltes et leur transformation en produits finis. Ainsi, avec les activits de commerce, elles participent de faon importante la constitution des revenus du mnage. 5.2.2.3. Les rles productifs

Elles sont impliques dans tout le processus poste rcolte allant de la prparation la mise en produits finis. Ainsi, elles assurent : La prparation des sols pour la mise en culture ; La culture du manioc, du mas, de ligname, du macabo, etc.) ; La rcolte ; Le transport des produits de rcolte aux mnages. 5.2.2.3.1. Concernant la production Au regard des systmes de reprsentation actuelle, lon se rappelle que les hommes ne sont les seuls dtenteurs de parcelles. Les femmes, tout en ayant plusieurs activits, sattlent aussi la production agricole. Il est bon de rappeler que dans le systme de production Gbaya o la femme est oblige de produire et ont la latitude dutiliser comme bon leur semble les rcoltes issus de leurs diffrentes parcelles. La frquence du travail au champ est partout la mme pour les deux sexes (en moyenne de 5 jours par semaine durant toute lanne). Chaque sexe peut constituer ou louer la main duvre ncessaire selon ses moyens. Le salaire des hommes comme celui des femmes svalue en fonction des tches entreprendre (surface et volume), il ny a pas de discrimination. 5.2.2.3.2. Concernant la transformation des produits (exemple du manioc) elles pluchent le manioc ; elles trempent dans leau pour 3 jours : elles lavent, cassent / brisent en morceau ; elles transportent pour faire scher sur une roche ou sur les accotement de la route ; elles ramassent et mettent en sac / en corbeille / en cuvette et transportent au village ; elles apportent au moulin, ou elles pilent avec laide dun mortier.

Ces activits propres aux femmes ncessitent beaucoup de temps. Elles se chargent de la transformation de tous les produits destins la consommation.

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5.2.2.3.3. Concernant le commerce elles conservent les produits ; elles assurent le stockage ; elles assurent le transport au march ; elles talent pour exposer la vente ; elles vendent.

Le commerce des produits agricoles surtout vivriers, revient aux femmes. Il est vident que cest labsence de produits de rente dans la zone qui fait que les hommes sont la marge des activits commerciales. Il ressort des enqutes de terrain que sadonner la culture vivrire, essentiellement destine la consommation, ne valoriserait pas un homme . Il est aussi bon de noter que le prix est relativement bas et les quantits disponibles ne donnent pas un revenu substantiel. Toutefois, dans certaines chefferies (Mbindiba et Lokoti), les hommes participent aux activits de commerce et accompagnent les femmes pour rejoindre les plus grands marchs (Meiganga, ou Ngaoundr). Nanmoins, aprs la vent des produits assure par les femmes, elles sont obliges de remettent aux hommes la part qui leur revient de droit. Cest la raison pour laquelle, on dit que cest la femme qui nourrit lhomme dans la zone, ou encore les hommes sont plus pauvres que les femmes car effectivement ce sont les femmes qui assurent plus le rle productif que les hommes.

5.2.2.4.

Le rle communautaire

Le rle communautaire est celui qui regroupe les activits qui visent lamlioration de la vie en socit, exerce avec dautres personnes en dehors de la famille. Dans la zone de ltude la vie associative est trs prsente. Les activits portent sur : lorganisation collective dvnements ou services sociaux (crmonies : noces, deuils, etc.) ; les dynamismes associatifs, comme Monam (rassemblons la famille), Mone Se (le cur qui travaille), Ngaene Meer (la main dure), etc. ; les activits sociales pour des services rciproques (tontine, entraide, soutien mutuel) ; les activits religieuses (groupement des femmes musulmanes, groupement des femmes chrtiennes).

Le rle communautaire a une porte trs significative dans la zone. En fait, la grande majorit des femmes (si non toutes) de tous les villages est affilie une association, formelle ou non formelle. Une femme tisse, au minimum une relation de partenariat dans les activits associatives, notamment pour le plaisir et le devoir de donner et de recevoir des unes et des autres sous forme dentre aide. Le systme consiste souvent en une collecte de fonds dun montant allant de 100F 2 000F par personne par semaine, en loccurrence le dimanche, et en une redistribution des fonds ainsi pargns pour subvenir un besoin de lune des cotisants un moment donn. Cette pratique se dveloppe et tend stendre au-del des activits29

communautaires pour sinstaurer dans le domaine conomique, savoir au sein des GIC , lesquels sont parfois mixtes. Outre ces activits internes aux associations, les femmes clbrent aussi la journe du 8 mars. Dans ce cadre, elles initient des activits quelles mnent en toute libert avec des ressources propres. Sauf dans le cas dassociations affilies au Rseau, cas rare, cette clbration reste interne au niveau du village. 5.2.2.5. Le rle politique des femmes

Le rle politique runit les activits entreprises au niveau communautaire (local) dans le cadre de structures traditionnelles/coutumires. Ce rle consiste en la prise de dcision pour la communaut. Ces activits sont celles des dirigeants dassociations, chef traditionnel, ou notable, etc. Au niveau des villages, les femmes nont pas mentionn dans les rles qui leur sont dvolus des activits ou tches relevant de la politique. Les informations recueillies ont permis de comprendre quau niveau des villages entre Garoua Boulai et Nandk, ce sont les chefs de village, tous hommes, qui sont les interlocuteurs incontournables pour tout ce qui est dcision concernant la communaut villageoise. Les femmes prsidentes de GIC sont cependant consultes pour toutes dcisions qui touchent les activits du GIC. Les runions villageoises voient la prsence de tous, hommes et femmes. Le droit la parole nest pas restrictif, chacun est libre den disposer mme si la dcision revient au chef de village. Et lorsquil est question des associations des femmes, ces dernires ont le pouvoir de dcision sur lorganisation et notamment sur la rpartition des bnfices engendrs par les activits associatives. Par ailleurs, chez les Gbaya, une femme dans un village a une place spcifique : celle dapporter la paix (OKO PIGAMO). Elle est considre comme une prtresse charge de lapaisement social, de la mdiation en cas de divergence ou conflit. Elle est respecte, coute, reconnue par tous. 5.2.3. Lanalyse selon l'approche genre des contraintes du milieu Le genre concerne les relations hommes- femmes qui sont construites par la socit mais non innes. Ces relations sont diffrentes selon les socits, selon les poques. Entre autres, elles peuvent dpendre de la culture, des coutumes, de la technologie, du dveloppement conomique, des modes de production, des activits dominantes, etc. Ainsi, les relations de genre dans la zone Garoua Boula-Nandk sont spcifiques cette zone, notamment au moment de la ralisation de la prsente tude.

Les associations sont but non lucratif ; la raison dtre est dordre social, tandis que les GIC cherchent produire plus et vendre pour obtenir un bnfice30

Les relations de genre changent et peuvent tre dconstruites par la socit elle mme qui les a engendres. Aussi faut-il attirer lattention sur le fait que toute intervention de dveloppement, spcifique genre ou non dans une zone, influe invitablement sur les relations hommes-femmes. Elle peut faire changer en mieux ou en pire ou simplement perptuer la situation observe. Les relations de genre existantes un moment donn peuvent influencer lefficacit de toute intervention. Quelles que soient donc les mesures daccompagnement du projet de construction de la route dans la zone, il importe de prvoir leffet sur les relations de genre, et en quoi les relations de genre peuvent les affecter. 5.2.3.1. Analyse des relations de genre, actuellement dans la zone

Les relations de genre sanalysent travers la division sexuelle du travail et les charges qui en dcoulent. Elles peuvent tre apprcies par la comparaison des chances des hommes et des femmes dans laccs aux ressources et dans le contrle de celles ci. Enfin, les relations de pouvoir ou de subordination de lun par rapport lautre sexe constituent le nud de lanalyse du genre, lobjectif tant une relation de partenariat entre homme et femme, une organisation sociale qui respecte les droits humains et o les citoyens et citoyennes sont considr (e)s sur un mme pied dgalit. 5.2.3.2. Division du travail / rles de genre

Lanalyse de la division du travail qui fait quoi a abouti la dfinition des rles (cf diagnostic des activits). Il convient de rappeler que dans les villages entre Garoua Boula et Nandk, les femmes accomplissent leurs quatre rles en toute indpendance sans se rfrer aux hommes, et ces derniers occupent leur temps sans se soucier de ce que font leurs femmes. Il napparat pas un lien de subordination homme / femme dans la division du travail. La rpartition des rles est tellement ancre dans le quotidien et dans la culture que la population fait avec : les femmes et les hommes semblent agir actuellement sans interaction, au dtriment des hommes du point de vue conomique y compris montaire, et au dtriment des femmes en termes de charges de travail et de pnibilit des tches. 5.2.3.3. Accs et contrle des ressources

La question qui fait quoi est complte avec la question comment/avec quelles ressources pour essayer dexaminer les conditions dans lesquelles les femmes (et les homes) exercent leurs rles. Elle montre les facteurs qui entravent ou favorisent lexercice des rlesZone o la polygamie est une pratique courante : un homme a trois ou quatre femmes Accs : Avoir loccasion de se servir des ressources / bnfices (sans avoir ncessairement le pouvoir de dcider de leur utilisation) ; Contrle des ressources / bnfices : Aptitude dfinir lutilisation des ressources/ bnfices et imposer ce choix aux autres (Avoir la possibilit de dcider de lutilisation).

31

traditionnels, et par la mme occasion, elle aide comprendre les besoins exprims pour envisager des changements positifs dans les conditions de travail des femmes et des hommes. Les ressources ncessaires sont nombreuses pour assumer les diffrents rles. Il sagit entre autres : du temps essentiellement, pour assurer le rle reproductif et le rle communautaire, mais aussi les centres de soin et dducation pour le rle reproductif ; du temps, de la terre (le capital), des matriels de production et de transformation, des matriels de transport, du revenu, pour le rle productif (agriculture et commerce) ; du pouvoir, pour le rle politique ; de linformation et de la formation pour accomplir dans les meilleures conditions tous les rles. De quelles ressources les femmes ont-elles besoin pour assumer leurs rles ? Ont-elles accs ces ressources et ont-elles le pouvoir de dcider de leur utilisation (contrle) ? Que souhaitentelles (besoins pratiques)? 5.2.3.4. Les ressources pour accomplir le rle reproductif

La principale ressource pour effectuer les travaux domestiques est le temps (notamment pour la recherche de leau sil ny a pas un point deau dans le village, et pour la collecte des bois de chauffe) ; ce temps de travail est non rmunr ; Le revenu est une ressource ncessaire pour satisfaire les besoins : les femmes se procurent des petites ustensiles de cuisine ou les produits de premire ncessit (savon, sel, sucre, etc.) par le revenu quelles tirent de la vente des produits agricoles ; les hommes contribuent aussi lachat de ces biens sils trouvent que lapport de la femme est insuffisant ; Ce sont les femmes qui se soucient le plus de lhabillement, notamment celui des enfants ; Les femmes sacquittent des dpenses lies lducation et la sant ; une femme nabandonne jamais ses propres enfants ; les hommes ny contribuent que sils trouvent que lapport des femmes est insuffisant ; Une femme a la libert davoir sa propre maison, elle peut construire selon ses moyens, elle a accs une maison et elle en assure le contrle.

32

Aussi, dans la ralisation de leur rle li aux activits domestiques, les femmes ont accs et ont le contrle des ressources dont elles ont besoin pour le moment. Dans la zone dtude, elles ne sont pas soumises aux hommes et ont la possibilit de dcider de lutilisation du peu de ressources actuellement disponibles Par rapport la sant et lducation, il faut souligner toutefois que ni les femmes ni les hommes nont le contrle des ressources ncessaires pour garantir la sant de la famille ni lducation des enfants. En effet, la population (homme ou femme) peut avoir accs aux soins et /ou lducation si les infrastructures existent et se trouvent dans une localit non loigne du village. Le personnel mdical et les mdicaments ainsi que le personnel enseignant sont autant de ressources pour lesquelles ni les hommes ni les femmes nont le contrle. Par ailleurs, linformation est parmi les prcieuses ressources sur la protection contre le VIH/SIDA ; toutes les femmes rencontres ont eu accs linformation sur ce virus 5.2.3.5. Les ressources pour accomplir le rle communautaire

Le temps est aussi une ressource ncessaire pour accomplir le rle communautaire ; les femmes ont accs cette ressource et rserve volontiers le dimanche pour ce rle ; elles en ont le contrle ; La cotisation qui atteste ladhsion lassociation constitue une ressource ncessaire lexercice de ce rle ; les femmes y ont accs et en ont le contrle car dans la plupart des cas le montant de la cotisation nest pas fix et la contribution dune femme est fonction de son pouvoir dachat ; La redistribution des fonds est dcide par les femmes pour les femmes ; elles ont accs et elles ont le contrle des bnfices rsultant de lexercice de leur rle communautaire. Ainsi, les femmes ont accs aux ressources disponibles pour accomplir leur rle communautaire, elles ont le contrle de ces ressources. Et encore une fois, dans la zone dtude, les femmes agissent en toute indpendance vis--vis des hommes. 5.2.3.6. Les ressources pour accomplir le rle productif

Le rle productif des femmes dans la zone entre Garoua-Boula et Nandk, a trois composantes qui sont des activits dans la filire de la production agricole : la production au champ, la transformation des produits agricoles (manioc, mas, igname essentiellement), et la vente des produits transforms ou des produits bruts33

Pour la production au champ : de quelles ressources ont-elles besoin ? Est- ce quelles ont accs ces ressources et est ce quelles en ont le contrle ? Le temps de dplacement du village aux champs, constitue une ressource non ngligeable pour accomplir ce rle (de 30mn 3h est la dure indique selon la localisation du champ, pour y accder) ; ce temps nest pas rmunr ; la terre est la premire ressource ncessaire pour la production agricole ; chaque femme (comme chaque homme) a sa propre parcelle ; la femme, comme lhomme est la/le propritaire de son champ de culture. La question foncire ne se pose pas : il ny a pas de discrimination ; la superficie est variable dans la zone, elle nest pas dfinie parce quon est homme ou parce quon est femme ; les femmes comme les hommes ont la libert dy pratiquer la culture de son choix et dans la zone, ils et elles produisent les mmes choses; les femmes ont donc accs et elles ont le contrle de la terre et des produits y relatifs ; les outils de production quelles utilisent, quoique rudimentaires, appartiennent aux femmes ; elles peuvent sen servir et dcident de leurs utilisations ; chez les Gbaya, la famille donne une fille qui se marie une contribution pour constituer un fonds de dpart ; une femme arrive ainsi dans sa belle famille conomiquement bien pose et elle peut avoir plus de moyens que lhomme, elle dcide de lutilisation de ce fonds en toute indpendance ; la femme dcide de la priode de rcolte en fonction des besoins de la famille ; la main duvre est assure par lentre aide ou par des salaris qui louent leur force de travail lorsque la superficie du champ est importante ; concernant lentre-aide, les femmes ont accs la main duvre, et la dcision daffectation de ce personnel bien que suivant une rotation convenue reste sous le contrle de lhomme; les hommes comme les femmes peuvent tre salaris, le salaire est le mme et se ngocie en fonction du volume du travail : cest donc la force physique qui dtermine le niveau de salaire ; dans la zone une journe de travail salarie ne dpasse pas 1 500F ; la technologie, la formation, linformation sont autant de ressources ncessaires la production, mais toutes les femmes rencontres affirment ne pas avoir accs (ni contrle) ces ressources. Les femmes ont accs aux ressources disponibles actuellement, et elles en ont aussi le contrle. Cependant ces ressources sont insuffisantes en quantit et en qualit et bloquent lamlioration de la production et de la productivit des femmes ; de mme, les hommes sont conomiquement pauvres et travaillent en dessous de leurs potentialits. Les relations hommes femmes sont gales dans laccs aux ressources lies la production Pour la transformation des produits agricoles manioc, mas, Igname) La transformation se droule en plusieurs tapes (ex pour le manioc : dterrer, tremper, laver, couper, scher, transporter, stocker, moudre et/ou piler) ;34

le temps est ici encore la ressource la plus importante et il est rmunr ; les femmes ont accs et en ont le contrle (elles sont obliges mme si personne ne les y contraignent) ; les techniques de conservations font dfaut, et les matriels de conservation ne sont pas disponibles, les produits pourrissent rapidement ; elles nont pas accs aux espaces /matriels de conservation, elles nen nont pas le contrle si ces biens existent dans certains villages ; laire de schage est situe loin du village sur un rocher, et parfois le long des accotements de la route ; elles ont accs au lieu de schage qui existe, mais elles nen ont pas toujours le contrle ; le transport se fait sur la tte ; elles nont pas accs un matriel de transport intermdiaire et elles nont pas le contrle ; le lieu de stockage individuel est rare, elles peuvent en avoir accs, mais elles nont pas toujours le contrle ; elles pilent les maniocs au mortier ; elles nont pas toujours accs au moulin et elles nen nont pas le contrle. Les ressources ncessaires la transformation du produit, entre la production et la vente, sont difficilement accessibles. Les femmes y ont rarement accs et nen ont pas le contrle. Ce qui rduit fortement la productivit et la valeur ajoute des activits productives des femmes. Les activits de transformation sont rserves aux femmes, les hommes nont pas non plus le contrle des ressources ncessaires. Pour le commerce des produits agricoles (bruts ou transforms) de quelles ressources ont-elles besoin ? Est- ce quelles ont accs ces ressources et est ce quelles en ont le contrle ? le stockage ncessite un hangar que ne disposent pas les femmes ; elles ny ont pas accs ni le contrle ; la conservation ncessite des techniques et matriels dont les femmes ne possdent pas ; elles ny ont pas accs ni le contrle ; un lieu dtalage labri de la pollution est ncessaire pour exposer les produits vendre (elles vendent par terre) ; elles nen ont pas accs ni le contrle ; le revenu est le produit de la vente ; comme ce sont les femmes qui assurent la vente des produits, y compris ceux des hommes ; ce sont elles qui accdent en premire au revenu ; et ce sont elles qui donnent aux hommes leur part du march ; elles ont accs au revenu, et elles ont le contrle de lutilisation du bnfice.

exemple pour le manioc : dterrer, tremper (3jours), laver, couper, scher (2 h de trajet, et 4h pour le schage), transporter (sur la tte), stocker, piler (2 heures pour une cuvette)35

Les femmes nont pas accs aux ressources ncessaires au bon fonctionnement du commerce. Elles nont pas le contrle de ces ressources car la dcision de mise disponibilit leur chappe. Elles ont par contre accs au revenu, et ce sont elles qui en assure le contrle, c'est--dire le partage entre la part du mari et sa part propre 5.2.3.7. Les besoins pratiques dduits en fonction des conditions daccs et de contrle des ressources pour accomplir trois des quatre rles

Cest partir dun tableau rcapitulatif des accs /contrle des ressources pour assurer les diffrents rles que sont classs les besoins exprimsQuelles sont les ressources dans laccomplissement des rles ? A quelles ressources ontelles accs pour effectuer les rles ? Quelles ressources les femmes contrlentelles ? Quels besoins sont exprims par les femmes dans laccomplissement de leur rle ?

Rles genre

Reproductif/ domestiques Se laver Nettoyer balayer Prparer le caf Petit djeuner Chercher leau Chercher du bois

Temps / eau Maison Ustensile Ustensile Temps /eau Temps / transport

X X X x x x

X X X X X X

Eau potable au village Amnager une piste et un matriel roulant pour le transport Dispositif de soins au village: Centre de sant quip, personnel mdical qualifi, quipements sanitaires et mdicaments appropris

Reproductif /sant Soccuper des enfants malades Soccuper des adultes malades Se prvenir des maladies

Temps daccs aux services : Personnel mdical Mdicaments Vaccins Soins Informations sur VIH/SIDA Dispositif de lducation : Ecole quipe Personnel enseign Dossier inscription Temps Cotisation Dcision

X X X X X X x X X X X X X

X X X X

Reproductif/ ducation Envoyer les enfants lcole

Communautaire Runion Cotisation Redistribution

Mettre au village une cole complte : quipements personnel qualifi service dencadrement pour constituer les dossiers Augmenter les fonds de fonctionnement Renforcer la communication

Les besoins pratiques sont ceux dont la satisfaction ne remet pas en cause la division de travail ni les rles36

Clbration journe femme Productif / travail au champ Se dplacer Dfricher Cultiver

Information coordination

-

-

Temps Terre Outils de Product Main duvre Formation Information

X X X X -

X X X X -

Productif / transformation Dterrer, laver, Conserver Scher Transporter Stocker Moudre Productif commerce Stocker Conserver Etaler Vendre Conclusion /

Temps Technique Conservation Matriel roulant Hangar Moulin

X -

X -

Magasin stockage Matriel conservation Lieu de vente Revenu

x

x

avec lextrieur et la coordination Amnagement de piste pour rduire le temps dplacement ; vhicule de transport intermdiaire ; Augmentation ou amnagement de la superficie (tracteur) Intrants (Semence, engrais) Diversification de culture Amliorer les moyens utiliss dans le processus de transformation apprendre les techniques de conservation aire de schage matriel de transport hangar moulin Dispositif pour amliorer le revenu tir de la vente : Hangar Magasin stockage Vitrine dexposition de produits

Les femmes vivant dans la zone entre Garoua Boula et Nandk exercent 4 rles (reproductif, productif communautaire, et politique) indpendamment des hommes. Elles ont une certaine libert par rapport lutilisation des ressources actuellement disponibles (accs), et elles peuvent dcider de leurs utilisations. Ceci constitue un facteur important dmancipation/panouissement : les femmes ont en gnral accs et contrle des ressources qui leur sont ncessaires pour accomplir leurs rles reproductif et communautaire ; elles ont accs mais ne contrle pas les ressources lies la sant et lducation ; elles ont accs linformation sur le sida ; elles ont accs aux ressources disponibles actuellement pour la production au champ, et elles en ont le contrle, mais le produit obtenu est insuffisant ; elles nont pas accs et nont pas le contrle des ressources ncessaires pour la transformation des produits ce qui limite la productivit et la valeur ajout ; elles nont pas accs aux ressources ncessaires et nen ont pas le contrle pour vendre les produits dans de bonnes conditions.

Les besoins exprims sont des besoins pratiques. Une intervention qui rpond ces besoins ne remet pas en cause la division du travail femme/homme et vise surtout augmenter laccs aux ressources et aux bnfices. Elle entrainera une amlioration de la productivit et du revenu

37

5.2.3.8. 5.2.3.9.

Les ressources pour accomplir le rle politique Le Pouvoir comme facteur dterminant dans lanalyse des relations de genre,

La principale ressource ncessaire pour exercer le rle politique est le pouvoir.

En analyse de genre, le concept de pouvoir a fait lobjet de rflexion et de recherche dans le cadre du renforcement du pouvoir des femmes (empowerment). De ce point de vue, on fait la distinction entre quatre types de pouvoir : o le pouvoir sur ; o le pouvoir de ; o le pouvoir avec, et ; o le pouvoir intrieur. 5.2.3.9.1 "le pouvoir sur" La notion suppose que le pouvoir n'existe qu'en quantit limite : plus tu en as, moins j'en ai. Si j'exerce de l'autorit sur toi, te donner davantage du pouvoir signifie que j'en perdrai. Dans la zone dtude, cette forme de pouvoir existe au sein du village ; il est exerc par le chef du village ou la Lamido ; cest toujours un homme. Au sein dune famille Gbaya, elle est moins vidente, car en effet lhomme conomiquement pauvre ne semble pas avoir une autorit effective sur ses femmes. Ces dernires bien quindpendantes conomiquement nexercent pas non plus un pouvoir sur leur mari. Do labsence relative dune forme de domination ou de subordination ; lun ou lune ne guide pas l'autre. 5.2.3.9.2 "le pouvoir de" Cest un pouvoir qui est crateur et qui rend apte accomplir des choses ; cest l'essence mme de l'aspect individuel du pouvoir (empowerment) : il existe lorsqu'on a russi rsoudre un problme, comprendre le fonctionnement d'une chose ou acqurir de nouvelles comptences. Dans les villages, les capacits sont limites et rduisent le pouvoir de qui renvoie aux savoir et savoir-faire. Laccs des hommes et des femmes linformation, la formation et aux nouvelles technologies (aux ressources performantes) constitue un obstacle au dveloppement. Outre quelques prsidentes dassociations, les femmes rencontres ont des difficults sexprimer ; les secrtaires des associations fminines sont des hommes parce que la fonction requiert une base : savoir lire et crire . Les associations disposent de statut et rglement intrieur qui sont des documents rdigs en franais, signs par des membres de bureau qui ne lisent pas le franais. Par ailleurs, les

Lisette CAUBERGS, Genre et empowerment, Novembre 2002 ( www.atol.be]38

animateurs et animatrices dONG qui avaient travaill avec quelques associations de la zone ont fait savoir quil nest pas rare de refaire plusieurs fois une formation (mme dispense en langue locale), car le niveau dinstruction est faible. Les observations directes permettent de noter que le niveau des jeunes (filles et garons) est nettement suprieur par rapport celui des personnes ges . Des interventions en leur faveur ou les intgrant seraient une source defficacit 5.2.3.9.3 "le pouvoir avec" Cest un pouvoir caractre social et politique. Il fait rfrence la solidarit, la capacit de sorganiser pour ngocier, pour dfendre ses droits. Dans la zone, collectivement les femmes sentent qu'elles ont du pouvoir lorsquelles s'organisent et s'unissent dans la poursuite d'un but commun, notamment au sein dune association ou dun GIC. Le pouvoir avec est puissant au niveau des associations fminines : les femmes dcident avec les femmes pour les femmes. Une forme de partenariat solide base sur des rgles de conduites consensuelles rgit les comportements du groupe : participation rgulire aux runions priodiques, paiement de cotisation, redistribution des fonds, programmation dactivits communes, existence de sanction, etc. 5.2.3.9.4 "le pouvoir intrieur" Ce pouvoir se rfre l'image de soi, la confiance en soi, l'estime de soi, l'identit, la conviction (religieuse) et la force psychologique (savoir tre). Dans la zone dtude, les femmes rencontres ont manifest un certain dynamisme et un sens de lentreprenariat. Les femmes nhsitent pas sengager dans les actions conomiques traditionnelles (habituelles) moyennant des moyens de production plus performants, ou des activits gnratrices de revenu nouvelles (mise en place de petits tablissements hteliers et de restauration). Plusieurs parmi elles ont rclam lacquisition de nouvelles connaissances culturales, et ont fait connatre leur disponibilit sengager mme dans les travaux routiers qui sannoncent, si une formation pralable leur sera offerte (maonnerie, par exemple). Le fait de ne plus considrer le pouvoir comme une proprit mais plutt comme une relation a des implications significatives dans lapproche relative aux relations de genre, lobjectif tant dagir collectivement pour remettre en question les causes structurelles des problmes rsoudre collectivement. Aussi, ltude des mesures daccompagnement genre du projet de construction de la route Garoua Boula-Ngaoundr est mene pour amliorer les conditions de vie des femmes pour ainsi rpondre la satisfaction de leurs besoins pratiques. Les mesures peuvent modifier immdiatement les relations hommes femmes dans la zone, mais la question reste de savoir siONG PADI (Programme dappui au dveloppement Intgr) Des jeunes gens et jeunes filles qui sont ou ont t lcole secondaire ont assur la traduction lors des focus group avec les femmes39

elles ne risquent pas de creuser lcart dj existent entre les deux sexes bien quelles puissent constituer des facteurs de changement positif dans leurs relations travers linvestissement en faveur des garons par la mre. Par contre, long terme, des changements plus galitaires peuvent tre attendus dans la mesure o, dans sa gestion du rle reproductif, la femme dcide de lducation de ses enfants, filles et garons surtout au niveau des Gbaya o, culturellement, les femmes investissent pour leurs garons afin que ceux-ci restent dans la proprit familiale. De plus, les femmes investissent dans la construction et nhsiteraient pas laisser les habitations pour ses fils en particulier. Son caractre entreprenant amliorera sa productivit et augmentera sa valeur ajoute moyennant des apports dans la rduction des temps de dplacement et dans les moyens de production. 5.2.3.10. Contraintes/Atouts/PropositionsObjectifs : amliorer les conditions des femmes dans la mise en uvre des mesures daccompagnement identifies dans le processus de construction de la route Garoua Boula-Nandeke.

Rsultats attendus : les conditions de vie des femmes le long du tronon seront amliores ;

les femmes qualifies et la main duvre non qualifie saisiront lopportunit demploi engendr par les diffrents travaux raliser dans le cadre de la construction de la route et des mesures en faveur de la condition de vie de la population. Remarque : les actions raliser en vue de lamlioration de la condition de vie de la population en gnral, et des femmes en particulier portent sur : o la construction dinfrastructures communautaires (cole, marchs, points deau /forage, aires de schages, pistes de dessertes, primtres marachers, etc.) (logique defficacit) ; o la facilitation daccs aux ressources (matriels, quipements) dusage individuel ou collectif : moulin, schoir, matriels de production, de transport intermdiaire, etc. (logique defficacit) ; o laccompagnement des bnficiaires des mesures prises (associations, communaut villageoise, les femmes en particulier) par le renforcement de capacits techniques et organisationnelles (formation, information, sensibilisation, appui conseil) (logique dempowerment) ; les propositions dactivits genre sont celles relatives aux actions daccompagnement raliser.

40

Les contraintes et atouts en termes de genre par rapport aux diffrents types dactions raliser etType daction 1 Construction dinfrastructures (cole, marchs, points deau /forage, aires de schages, pistes de dessertes, primtres marachers, etc.) Contraintes les entreprises de construction ou les bureaux de contrle ne disposent pas de main duvre fminine et sont souvent rticents pour recruter les femmes des femmes diplmes hsitent (manque de pouvoir intrieur) pour accepter certains emplois au niveau terrain, les associations de femmes ont une faible capacit organisationnelle les femmes situes au niveau local/ village ont un faible niveau dinstruction qui constitue un obstacle pour lacquisition de nouvelles connaissances techniques les projets ciblent uniquement les femmes et crent un processus dexclusion des hommes dj en marge conomiquement dans le milieu rural travers par la route Atouts la CE est favorable lappui la mission dassistance technique est sur place pour apporter un appui aux jeunes femmes ingnieurs un plaidoyer commencer au niveau des entreprises et bureaux dtudes des femmes diplmes jeunes sont disposes relever le dfi au niveau des villages (associations et individus) existent des femmes relativement jeunes et des jeunes filles qui ont un niveau dinstruction (au moins ont fini lcole primaire) les femmes au niveau des villages sont trs entreprenantes et ont manifest une volont de participer tous les travaux proposs moyennant formations pralables opportunits de sous-traitance pour des travaux HIMO Propositions

Cf Proposition 1

conflits ventuels lis au souhait de contrler linfrastructure

Proposition 1Objectif Crer des opportunits demploi des femmes qualifies et la main duvre non qualifie Rsultats attendus Les femmes qualifies sont recrutes Niveau politique : Mise en place de Comit de Pilotage : CE/CAON-MinPROFF-MinTPUNIFEM/Reprsentant GTEG Charge de faire un plaidoyer auprs des entreprises avec des mesures incitatives (insrer dans les DAO ou point de bonification dans critres 23 valuation des offres pour entreprise sensible genre ) Propositions Priode Ds approbation Actions et budget des

Iov 1.1 : au moins 10% de femmes impliques dans les tudes techniques, la prparation et le lancement des AO, le contrle des

23

Entreprise dont le pourcentage du personnel fminin est suprieur 30% et dont au moins 30% de cadres femmes ; et / ou entreprise ou BE proposant dans lquipe de mise en uvre au moins 30%de femmes

constructions dinfrastructures (y compris les travaux propres la route)

Niveau organisationnel et procdural : - Elaboration de charte pour dcrire et favoriser les conditions de travail des femmes spcifique au domaine (y compris code de conduite et mesures incitatives) - Elaboration de convention de partenariat entre Mission Assistance Technique et Entreprises ou Bureau dEtudes pour intgrer les jeunes femmes diplmes en stage Niveau de la mise en uvre Prvoir un budget pour subventionner les stages Favoriser les stages avec lappui de la mission dassistance technique Informer les institutions rgionales et les rseaux des femmes pour faire connatre les offres demploi dans la zone / rgion concerne et pour appuyer les candidatures potentielles Niveau des citoyens/ citoyennes mise en place dune association des femmes ingnieurs des TP pour changes dexpriences et renforcement de capacits individuelles (pouvoir intrieur et pouvoir avec) faire une manifestation dintrt et dposer les candidatures auprs des entreprises et/ou de la mission dassistance technique Niveau politique - les chefs de villages et les autorits rgionales / les dlgus rgionaux sont informs et ont valid les conventions proposant le travail des 24 femmes Niveau organisationnel et procdural

Avant le lancement des AO

Au moment du recrutement des BE et entreprises pour es travaux de la route

Ds approbation actions et budget

des

Les femmes non qualifies au niveau villages ont saisi des opportunits demploi ou de renforcement de capacit

Ds approbation actions mener

des

Avant les travaux

Iov 1.2 : - 30% au moins des personnes impliques dans le processus (de

obligation dapproche participative et implication des bnficiaires dinfrastructures, dont les associations de femmes et/ou GIC, dans toutes les tapes relatives la construction : identification, ralisation, suivi

24

Parce que cest une intervention de lextrieur et leur approbation est indispensable

lidentification au suivi) de la construction et exploitation de chaque infrastructure sont des femmes

- laisser la possibilit de sous-traiter une partie des travaux aux entreprises/associations locales performantes Niveau de la mise en uvre runions dinformation diffrents niveaux (rgion, arrondissement, villages) et contacts directs des concerns dans le village sur les actions mener impliquer les bnficiaires, dont les leaders dassociations de femmes, dans lidentification des lieux de construction des infrastructures (autres que la route), dans llaboration des rgles dexploitation des infrastructures, dans la gestion des infrastructures et dans le suivi (fournir les informations pour llaboration dindicateurs) Niveau des citoyens les associations des femmes sont informes et ont dsign leurs reprsentants dans le processus (il est souhaitable que les jeunes filles ayant un certain niveau dinstruction soient impliques) les femmes ont manifest leurs intrts et ont approuv la construction des infrastructures les femmes sont recrutes par les entreprises de constructions (ou sous traitant) pour certaines tches (ex collecte deau) les femmes sont formes pour la ralisation de certaines tches (gestion de stock de matriels de lentreprise, entretien de btiment, cuisine, etc.) - les hommes, autres que le chef du village, sont impliqus dans le processus et collaboreront avec les femmes au cours des diffrentes tapes Pendant le processus de construction des infrastructures

Type daction 2 la facilitation daccs aux res