Rapport de synthèse NPTCI-2011

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Rapport de synthèse Journée scientifique du NPTCI sur le thème Formation, Emploi et Croissance pour Tous, une approche régionale

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Rapport de

synthèse Journée scientifique du NPTCI sur le

thème Formation, Emploi et Croissance

pour Tous, une approche régionale

Rapport de synthèse sur la Journée scientifique du NPTCI 8 septembre 2011

LISTE DES ABBREVIATIONS

APE : Accords de partenariats économique

BCEAO : Banque central des Etats d’Afrique de l’Ouest

CCCO : Campus Commun des Cours à Options

CEDEAO : Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest

CEMAC : Communauté économique des Etats de l’Afrique Centrale

CIERIA : Conférence des Institutions d’Enseignement et de Recherche Economiques

et de Gestion en Afrique

CIRES : Centre Ivoirien de Recherches et d’Economie Sociale

CRDI : Centre de recherches pour le développement international

DEA : Diplôme d’Etudes Approfondies

ENAREF : Ecole Nationale des Régies financière

EPT : Education pour Tous

FOSPAO : ??

NPTCI : Nouveau Programme de Troisième Cycle Interuniversitaire (NPTCI) en

Economie

ONG : Organisation Non Gouvernementale

OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

OMVS : Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal

OSC : Organisations de la Société Civile

OSREF : Observatoires Nationaux de l’Emploi et de la Formation Professionnelle

PVD : Pays en Voie de Développement

PTCI : Programme de Troisième Cycle Interuniversitaire (NPTCI) en Economie

UA : Union Africaine

UE : Union européenne

UEMOA : Union économique et monétaire Ouest africaine

UFR : Unité de Formation et de Recherche

UPB: Université polytechnique de Bobo Dioulasso

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SADC: Southern Africa Development Community

SIMA: ??

WANEP: West Africa Network for Peace building

Rapport de synthèse sur la Journée scientifique du NPTCI 8 septembre 2011

SOMMAIRE

Introduction

Synthèse des discours de bienvenue

Du Président de l’UPB

Du Directeur du NPTCI

De la Directrice régionale du CRDI

Du Secrétaire général du Gouvernorat de la région des Hauts Bassins

Session théorique

Synthèse des communications et discussions

L’Intégration sous régionale comme vecteur de Croissance pour Tous

La CEDEAO et la coordination des politiques macroéconomiques pour une insertion

des jeunes sur le marché du travail sous régional

Le rôle de la société civile dans les processus d’intégration

L’approche du PTCI en matière de contribution pour le développement social dans

les pays membres

Témoignages

Session pratique

Synthèse des communications

Du PTCI au marché du Travail : parcours, opportunités et défis

La recherche fait-elle une différence ?

Une approche communautaire du marché du travail en Afrique de l’Ouest cas de

l’observatoire sous régional de l’emploi et de la formation professionnelle

Approches communautaires et opportunités pour tous : Mythe ou Réalité ? La vision

des Mass media

Témoignages

Conclusions

Introduction

Rapport de synthèse sur la Journée scientifique du NPTCI 8 septembre 2011

C’est dans la grande salle du Ciné Sanyon, haut-lieu des rendez-vous culturels,

politiques et administratifs de l’ancienne capitale du Faso que s’est tenue la journée

scientifique 2011 du Nouveau Programme de Troisième Cycle Interuniversitaire

(NPTCI) en Economie, qui s’est ouvert cette année sous le thème de la Formation,

l’Emploi et de l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest.

D’une capacité de près de 650 places, le Ciné Sanyon a su accueillir sans mal le 8

septembre dernier des participants et délégations provenant d’aussi loin que le

Canada (à travers la présence du Vice-Président du Centre de recherches pour le

développement international (CRDI) qui a tenu à faire le déplacement) que du

Nigéria (à travers une délégation de la CEDEAO), de Ouagadougou, capitale du

Faso (à travers une délégation de l’UEMOA et de la Conférence des Institutions

d’Enseignement et de Recherche Economiques et de Gestion en Afrique – CIEREA

qui est à l’initiative du PTCI) et de toute la sous-région grâce à la présence des

étudiants du NPTCI venus effectués leurs cours de spécialisation sur le Campus

Commun des Cours à Options (CCCO).

C’est donc en présence de cette belle assemblée que les autorités locales et

représentants des partenaires techniques et financiers du NPTCI ont exprimé, lors de

la séance d’introduction, toutes leurs attentes par rapport à l’organisation de cette

journée qui, selon le Directeur du NPTCI avait pour objectifs de :

« faire comprendre aux étudiants que ce programme peut les conduire sur le

marché du travail mais que cela ne peut se faire sans efforts et que grâce aux

approches d’évaluation de ce marché du travail, exposées à travers des théories et

des modèles, ils percevront mieux à quel point le PTCI est un programme novateur. »

(Extrait de son interview accordé à la presse locale)

Selon l’usage, la cérémonie d’ouverture de cette journée a été entamé par une

série de discours de bienvenue prononcés par :

Le Président de l’Université Polytechnique de Bobo-Dioulasso (UPB) qui, accueillant

chaque cette année les étudiants du CCCO, a tenu à souligner l’importance de la

formation de 3ème cycle qui demeure encore le maillon faible du système

d’enseignement, d’où l’intérêt de saluer le courage des étudiants présents qui ont

choisi de compléter leur cycle universitaire à travers cette initiative de mise en

commun d’étudiants dans « une atmosphère collaborative » favorable aux

« rapprochements de la jeunesse africaine dans une bonne ambiance ». S’excusant

de ne pouvoir offrir à ces jeunes gens plus de confort au sein de l’UPB, le Président a

tenu à souligner que ces conditions d’accueil - pas toujours idéales - tiennent plus au

fait que cette université de 3ème génération se construit d’années en années. Les

autorités de l’UPB veillant aux soins d’apporter des réponses aux dysfonctionnements

rencontrés grâce notamment aux partenaires publics et privés, majoritairement

représentés dans l’assemblée et dont les contributions demeurent essentielles pour

bâtir ces centres de connaissances.

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Au nom des membres du gouvernement, empêchés par les célébrations du 8

septembre (journée de l’alphabétisation), le Président de l’UPB a rappelé que la ville

de Bobo était fière d’accueillir le NPTCI, dont la présence contribue à faire renaître

cette ancienne capitale, une ville à fort potentiel.

L’allocution suivante était celle du Directeur du NPTCI, le Professeur Sawadogo, qui a

choisi lui de rappeler le contexte dans lequel le PTCI a été créé en 1994 par la

Conférence des Institutions d’Enseignement et de Recherche Economiques et de

Gestion en Afrique – CIERIA.

Devenu NPTCI en 2007, ce programme novateur a pour objectif « de remédier à la

faiblesse de la contribution scientifique africaine dans le monde, surtout en

économie ». Ainsi, en cherchant à combler ce déficit, le PTCI cherche à améliorer le

niveau des étudiants de 2ème et 3ème cycle inscrits dans les universités africaines à

travers la mise en œuvre d’une stratégie d’intervention qui s’appuie sur une

coopération interuniversitaire à travers l’UFR et les facultés des universités de

catégories A & B.

Selon des statistiques avancées par le Professeur Sawadogo, entre 1994 et 2006, 18

facultés de 18 pays ont bénéficié de l’accueil du PTCI qui a su former 1300 titulaires

du DEA et plus de 100 doctorants et diplômés aujourd’hui ministres, fonctionnaires

internationaux et professeurs et/ou chercheurs.

Rendant hommage aux pères fondateurs du PTCI ainsi qu’à la communauté

universitaire et aux hautes autorités du Burkina qui ont soutenu la création du CIERIA,

le Directeur du NPTCI a tenu à préciser que malgré les résultats encourageants

qu’obtient ce programme, la demande en économistes est aujourd’hui croissante et

nécessite du programme, afin qu’il demeure compétitif, d’amorcer une nouvelle

phase qui va devoir compter sur davantage de bailleurs et partenaires pour être

pérenne.

Ses remerciements sont ainsi aller à l’intention du CRDI à travers son Vice-Président,

Monsieur Rohinton Medhora, et la Directrice régionale, Madame Kathryn Touré, qui

a été aux côtés du PTCI à ses débuts, rejoint par la suite par d’autres bailleurs (l’Union

européenne, les coopérations allemande, américaine, canadienne, française et

hollandaise) qu’il a tenu à saluer et remercier.

Aujourd’hui, le NPTCI se fixe de nouveaux objectifs, construits au fil des 16 ans

d’existence et d’expériences de ce programme. La nouvelle phase du NPTCI

compte notamment s’axer « sur l’introduction du bilinguisme dans la formation et sur

une bonne dose d’innovation » pour renforcer la réputation d’excellence de ce

programme, mais également dans le but de trouver des stratégies et solutions

concluantes pour une plus grande implication des Etats dans le financement de ce

programme.

La présence de délégations de la CEDEAO et de l’UEOMA demeure ainsi un signal

fort. Ses vives félicitations et encouragements ont enfin été adressés aux étudiants.

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La Directrice régionale du CRDI a, quant à elle, salué l’initiative du CCCO en ce qu’il

« favorise le brassage des idées, une étape cruciale dans leur cursus universitaire ».

En rappelant le mandat du Centre dans le monde et particulièrement pour l’Afrique

« pour le développement d’une recherche utile et de qualité », Madame Touré a

insisté sur le fait qu’en Afrique de l’Ouest et du centre, le CRDI se consacre aux

soutiens de cette recherche à travers près de 24 pays et par l’intermédiaire d’une

centaine de projets. En réaffirmant le fort engagement du CRDI à participer à la

création et au développement d’institutions à même de consolider le

développement d’une approche régionale et intégrée, la Directrice régionale a

salué le choix du thème de cette journée fort à propos et s’est dite « satisfaite de

constater que le financement du NPTCI a permis aujourd’hui à 18 pays africains de

devenir membres de ce programme » et pour l’avenir duquel elle ne doute pas

d’un appui croissant des Etats africains. La Directrice régionale a conclu sur une note

encourageante en souhaitant que le NPTCI parvienne à trouver de nouveaux

mécanismes pour soutenir les futurs développements du programme.

Le Secrétaire général du Gouvernorat de la région des Hauts Bassins s’est dit pour sa

part « fier et honoré que sa région puisse abriter cette activité majeure ». Et, au nom

du gouverneur (empêché), il a tenu à souligner l’attention toute particulière que le

Burkina Faso accorde à ce programme.

Il a tenu à signaler que cette cérémonie revêtait un caractère spécial grâce à la

présence de hautes autorités présentes et des étudiants provenant des différents

campus.

En rappelant l’objectif du PTCI qui vise à « permettre à l’Afrique francophone de

disposer de programmes scientifiques qui répondent aux réalités de la région », le

Secrétaire général a souligné les dysfonctionnements récurrents des facultés et du

besoin de formation en économistes de hauts niveaux et a tenu également à saluer

la CIERIA pour sa réponse adéquate au déficit observé.

« Parce que le PTCI forme des économistes de standards internationaux qui

maitrisent les conditions locales et les réalités du contexte africain, ils sont mieux

indiqués pour trouver des solutions adaptées aux problèmes récurrents de l’Afrique »

a-t-il affirmé.

Par son action, le PTCI contribue en effet selon lui, « à freiner la fuite des cerveaux

puisque cette formation est d’emblée plus accessible aux jeunes africains que celles

offertes à l’étranger ». Il a poursuivi en insistant sur le fait que « les laboratoires et

centres de recherches et d’analyses trouvent au sein du PTCI un vivier important en

termes de ressources humaines ».

La nouvelle phase que s’apprête à entamer le NPTCI doit « absolument soulever la

question de la continuité des soutiens financiers apportés à travers des partenariats

renouvelés ». Rendu possible grâce à l’appui de partenaires financiers tels que le

CRDI qui en a été « le sauveteur par moment », le Secrétaire général a lui aussi

réitéré la nécessité pour les gouvernements de s’approprier cette initiative qu’est le

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PTCI dans l’élaboration de leur budget pour assurer un fonctionnement pérenne à

ce programme.

En lançant un appel solennel aux organisations régionales et communautaires que

sont l’UEMOA et la CEDEAO en vue de participer au financement du NPTCI, le

Secrétaire général a souhaité conclure en rappelant l’urgence de procéder à un

encadrement des étudiants en Ressources humaines et en fourniture de matériels

didactiques qui sont tous deux les clés du succès du PTCI, et auquel « le Burkina se dit

prêt à œuvrer aujourd’hui plus qu’hier ».

Première partie - Session théorique

Modérée par le Professeur Taladidia Thiombiano, Secrétaire exécutif de la CIERIA, la

première session comportait 4 présentations qui ont dû être écourtées pour laisser

plus de place aux discussions.

La présentation du CRDI a été très bien accueillie en cela qu’elle constitue « une

première » puisque les partenaires interviennent très rarement au point de vue des

contributions scientifiques.

Première communication

L’Intégration sous régionale comme vecteur de Croissance pour Tous par le Dr.

Rohinton Medhora, CRDI

En démarrant sa communication en français, pour remercier le président de séance

et témoigner aux collègues et étudiants sa satisfaction de « re-rencontrer ses anciens

collègues et amis et nouveaux collègues et amis », le vice-président du CRDI a tenu

à préciser qu’il a démarré sa carrière, il y a 25 ans, dans cette région où il a des

« amis et collègues » avec lesquels il a essayé de « garder contact ». Il a tenu a

précisé également que c’est toujours un plaisir pour lui de rencontrer de nouvelles

générations d’étudiants qui s’intéressent à un sujet aussi important que celui

d’aujourd’hui et pour lequel les dimensions sont fluctuantes.

Compte tenu de la nouvelle orientation du NPTCI de développer des programmes

bilingues, le Vice-Président du CRDI a indiqué qu’il poursuivrait sa communication en

anglais (en indiquant bien que les réponses et discussions pourraient se faire dans la

langue de leur choix) qu’il présentera en 4 parties :

Les dimensions de cette intégration régionale

La présentation du concept de croissance inclusive

Les caractéristiques des économies et de la science économique dans la

région

Les pistes de réflexion pour un agenda de recherches sur les questions

d’intégration et de croissances pour tous

Il entame sa présentation par deux anecdotes : la première est souvent employée

par une économiste américaine, Nancy Birdsall qui affirme que le PIB total de

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l’Afrique est pratiquement égal à celui d’une ville nord-américaine comme

Chicago. Ce constat ayant été fait il y a une dizaine d’années, la ville de Chicago

n’a pas beaucoup prospéré depuis mais, grâce au boom des ressources naturelles,

l’Afrique, fort heureusement a connu une certaine croissance.

Ce qu’il faut néanmoins retenir c’est qu’un continent de la taille de l’Afrique dispose

d’une économie qui équivaut à celle d’une grande ville nord-américaine.

Maintenant, imaginez une ville comme Chicago avec 52 Ministères des Finance, 40

banques centrales et une pléthore de compagnies aériennes. Un tel modèle

d’intégration régionale, pensé pour l’Afrique, souffre d’un manque d’économies

d’échelle et ce surtout compte tenu de la faible densité démographique et du

partage inéquitable de la richesse.

La deuxième anecdote fait suite à la rencontre des chefs d’Etat européens en

Octobre 2010 pour statuer sur le cas de la Grèce et au cours de laquelle Angela

Merkel, la Chancelière allemande, a pris un ton très sérieux pour condamner le fait

que l’argent du contribuable soit utilisé pour sauver la Grèce. Jean Claude Trichet, le

Gouverneur de la Banque centrale européenne a renchérit en lui précisant qu’elle

faisait là « une erreur » en envoyant aux marchés ce type de signal qui déclencherait

la panique des marchés financiers. Il a été interrompu par Nicolas Sarkozy qui lui a

alors dit, « vous parlez peut-être pour les financiers, mais Mme Merkel et moi-même

sommes là pour le compte des populations d’Europe de l’Ouest ».

Monsieur Medhora estime que cette différence d’appréciation de l’intégration

régionale doit nous pousser à revoir le critère d’efficacité économique qui,

désormais, revêt de nombreuses autres dimensions.

Il affirme en effet que « nous savons désormais que l’intégration régionale peut ne

pas être un concept économique viable s’il n’a pas de profonds ancrages dans la

société et dans le domaine politique. Il ne peut pas y avoir d’intégration

économique régionale sans de véritables et fortes politiques économiques pour les

soutenir. »

Ceci nous amène à son deuxième point d’intervention, à savoir la présentation du

concept de croissance inclusive. Selon lui, nous savons tous, et depuis longtemps,

que le bien-être ne dépend pas uniquement de la croissance. Et nous savons

également que toutes nos fixations et a priori sur la distribution de la richesse et sur

l’emploi sont voués à l’échec si nous ne statuons pas à l’avance sur ce que devrait

être « la croissance ». Et l’émergence récente du concept de « croissance pour

tous » prend alors ici tout son sens.

En son nom personnel, M. Medhora a exhorté les étudiants et chercheurs à réfléchir

aux définitions possibles du concept de croissance mais surtout à celui d’inclusion

qui peut être appréhendé sous l’angle de la distribution, de la quantité d’emplois

créés ou de la typologie (qualité) des emplois créés.

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En rajoutant des dimensions plus sociologiques, on peut parvenir à la définition d’une

croissance durable qui pourrait revêtir une dimension environnementale. Il est donc

important que les décideurs politiques sachent exactement à quel type de

croissance ils aspirent pour la région.

Medhora souhaite ainsi que nous fassions évoluer la définition du bien-être

économique vers celle de la croissance partagée afin de mieux saisir quels en sont

les arbitrages.

L’exemple des croissances asiatiques de la Chine et de l’Inde pourraient aujourd’hui

en inspirer plus d’un, et ce particulièrement au sein des PVD. Les croissances

vertigineuses enregistrées en moins de 3 décennies ne doivent pas faire oublier que

toutes les facettes de cette croissance n’ont pas été analysées.

Medhora propose de s’y intéresser car les nouvelles générations de décideurs seront

de plus en plus confrontés à des économies au sein desquelles les niveaux de

pauvreté sont en effet réduits mais où les riches s’enrichissent encore plus vite que les

pauvres, accentuant ainsi les écarts et inégalités.

En parlant de croissance inclusive et du type de croissance que nous souhaiterions

connaître, nous devons nous poser les bonnes questions : sommes-nous intéressés par

les effets à court terme ou à long terme des politiques que nous mettons en place ?

Ces politiques concernent-elles la distribution, le taux de pauvreté, la qualité des

emplois créés ou les conséquences sur l’environnement ?

« Si une fois tous ces concepts alignés nous pouvions atteindre les objectifs fixés à

travers juste une de ces dimensions, alors nous n’aurons pas besoin d’économistes ».

Cependant, et parce que la réalité est bien plus complexe, il est important que les

jeunes économistes saisissent l’importance de l’analyse des arbitrages qui doivent

être pris en compte.

Quittant les généralisations – bien que persuadé que les personnes présentes dans

l’assistance ont une meilleure compréhension du contexte africain qu’il n’en a -, il

s’est risqué à citer quelques priorités économiques pour la région d’Afrique de

l’ouest :

Le secteur primaire, à travers l’Agriculture, domine la plupart des économies

de la région ;

Le secteur informel, dont la taille en Afrique de l’ouest n’est comparable à

aucune autre région dans le monde ;

Les origines de la croissance sont liées à : le développement des

infrastructures, l’exploitation des ressources naturelles et l’explosion du secteur

des télécoms.

Chacun de ces 3 secteurs, selon lui, a une incidence différente par rapport au

concept de croissance inclusive. En effet, dans certains cas des emplois sont créés

mais ils ne sont pas de qualité. Dans d’autres de bons emplois sont créés mais il n’y a

pas de propagation aux autres secteurs. L’intégration régionale doit donc se faire

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autant d’un point de vue économique que politique pour une réelle harmonisation.

Et enfin, il faut veiller à ce que cette intégration se fasse également au niveau des

populations.

Après 3 décennies de constitution de blocs régionaux, le Vice-président du CRDI

estime qu’il y aurait des leçons à tirer des modèles d’intégration régionale dans le

monde et qu’il sied d’analyser.

Par exemple, les politiques basées sur l’avantage comparatif doivent être révisées

en faveur de l’élaboration de meilleures politiques industrielles pour éviter, entre

autres, que les états les plus faibles ne subissent les contrecoups d’une intégration

régionale qui ne profiterait alors qu’aux plus forts.

L’intervention du Vice-Président du CRDI a été vivement saluée et a généré, en

anglais, quelques questions se rapportant notamment à :

l’analyse des blocages que rencontrent les pays par rapport à une adoption

des principes de l’intégration régionale,

la vision de la formation en général et des approches de formation qu’il

faudrait entrevoir au niveau des systèmes d’enseignement pour contribuer à

la croissance inclusive,

aux moyens qu’offre l’Intégration régionale pour augmenter le taux de

croissance tout en améliorant le bien-être des populations.

Dans ses réponses, le Dr. Medhora a suggéré d’adopter en toute chose une

approche à la fois institutionnelle et politique ; de réfléchir aux objectifs de création

de zones régionales qui changent l’objectif de bien-être et ne contribuent pas

forcément à l’augmentation du bien-être des populations. Quant aux approches de

formation, il est revenu sur le cas concret du PTCI qui, en empêchant la fuite de

cerveaux, contribue déjà à la croissance inclusive.

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Deuxième communication

La CEDEAO et la coordination des politiques macroéconomiques pour une insertion

des jeunes sur le marché du travail sous régional par le Professeur Lambert Bamba,

CEDEAO

Le Professeur Bamba a lui tenu à nous entretenir sur le caractère « difficile et facile »

du sujet qu’il avait à traiter en nous narrant lui aussi une anecdote. En 2005, lorsque

la CEDEAO avait décidé de reporter (pour la seconde fois) le lancement de la

monnaie unique, il avait été organisé au Centre Ivoirien de Recherches et

d’Economie Sociale (CIRES) une conférence à laquelle le Directeur nationale de la

BCEAO avait été convié pour expliquer les raisons de ce report. Et, en tant

qu’universitaire, on l’avait à l’époque choisi pour en être le contradicteur. Sa

démonstration consistait alors à statuer que « même ses petits enfants ne pourraient

pas voir cette monnaie ». Deux ans après, il a été nommé Commissaire à la CEDEAO

dans le rôle de celui à qui on demande de « tout faire pour que cette monnaie

puisse entrer en vigueur avant la fin de son mandat » !

Son rôle au sein de la CEDEAO est d’essayer d’amener les pays membres à

appliquer de bonnes politiques macroéconomiques pour fonder une monnaie

unique et ainsi permettre une croissance solide entre pays de la zone. Mais est-ce

que ces politiques qu’ils recommandent aux Etats d’adopter sont-elles pro emploi ou

plutôt contre-emploi ?

Bamba pense que cette question mérite d’être posée d’autant plus que leur travail

au sein de la CEDEAO consiste à faire appliquer, à faire respecter par l’ensemble

des pays membres ce qu’ils appellent les critères de convergence qui sont

essentiellement des critères budgétaires qui nécessitent une certaine rigueur

budgétaire.

Mais ces rigueurs budgétaires sont-elles compatibles avec une promotion de la

croissance et, par-delà, avec la création d’emploi ?

Autant de questions qui pourraient selon le Professeur Bamba faire l’objet d’une

réflexion par les « thésards » lors de la période de discussions ou carrément faire

l’objet de plusieurs sujets de thèses afin de mieux cerner les enjeux de cette

problématique.

En regardant la situation économique des 15 pays de la CEDEAO, on constate que :

des statistiques datant de 2000 à 2011 – et même les projections de 2012 –

montrent que la région connaît globalement un taux de croissance positif

depuis 10 ans. Ce fait est d’autant plus important que cette région n’avait

jamais connu de croissance régulière sur une période aussi longue. Le seul

pays ayant enregistré un taux de croissance négatif pour cette période est la

RCI pour les circonstances que l’on sait.

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Au niveau international, et après le boom asiatique, la région Afrique de l’Ouest

enregistre en effet le plus fort taux de croissance qui est en moyenne de 5% par an.

Ces résultats importants - même si en deçà du taux de 7% recommandé par les

experts pour réduire la pauvreté assez rapidement – sont encourageants. Et si cette

tendance se poursuit sur une période encore plus longue, nous assisterons à une

nouvelle dynamique dans la sous-région.

En reprenant les mots de son prédécesseur, le Professeur Bamba est lui aussi d’avis

qu’il est important de procéder à l’analyse de cette croissance, pour mieux en

comprendre la structure et les origines. Et ce n’est que comme cela, pense-t-il, que

nous pourrons déterminer si cette croissance est favorable à l’emploi et donc

inclusive ou « redistributive ». Or, on constate que les pays qui ont fait les meilleures

performances (les bons élèves) : le Nigéria (pour son exportation de pétrole) et

d’autres pays exportateurs de matières premières, malgré une croissance positive,

enregistré des taux de pauvreté encore plus importants. Une croissance donc tirée

essentiellement de l’exportation de nos ressources naturelles. « Malgré donc cette

longue période de croissance soutenue, on ne sent pas véritablement d’effets sur les

populations ». Ainsi, il est selon lui clair qu’en termes de redistribution au niveau des

populations, les choses ne seront pas très évidentes puisque les revenus de ce type

de ressources ne sont pas redistribués et on assiste même à une aggravation de la

précarité dans ces pays. « C’est une croissance dont les effets profitent à l’Extérieur ».

C’est pourtant dans un tel contexte qu’ils sont amenés à mettre en place la

coordination des politiques macroéconomiques en demandant aux Etats de

respecter un certain nombre de critères qu’ils ont appelés : critères de convergence.

Ceci soulève selon lui une autre question : pourquoi observer de tels critères pour la

création d’une monnaie unique ?

En énonçant les principes de la théorie monétaire de la zone optimale, il procède au

survol des théories économiques qui pourraient sous-tendre la création d’une zone

monétaire.

Autre avis, le taux d’ouverture et d’interdépendances des économies peuvent

encourager la création d’une monnaie unique.

La coordination des effets macroéconomiques représente un autre choix et c’est

celui qu’a retenu la CEDEAO et ce par la mise en place de critères relativement

contraignants mais qui pourraient aider à supprimer le nombre de ministres des

finances dans nos pays puisque ces critères peuvent déterminer le pourcentage de

recettes que l’on devrait prélever, le montant du budget national à affecter aux

chapitres principaux etc.

Toutes ces conditions étant préalablement établies, si chacun de nos Etats s’y

tenaient, nous pourrions nous passer des Ministres de Finance ce qui reviendrait

implicitement à chercher à créer un fédéralisme fiscal sans passer au fédéralisme

politique.

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Ces critères excluent toutes arriérés ou forme de déficit budgétaire de la part des

Etats. Mais les excédents budgétaires sont-ils courants en Afrique ? Et si oui, dans

quelle proportion et enfin à quoi devraient-ils servir ? Autant de sujets et réflexions

que le Professeur souhaite soumettre aux étudiants et thésards « qui auront plus de

liberté pour s’exprimer librement sur ces sujets » affirme-t-il.

Prenons la question de l’avantage comparatif. Elle implique que les analyses du FMI

et de la Banque mondiale nous imposent des règles qui se révèlent inadéquates lors

de nos analyses. Quelles sont alors leur incidence sur la croissance ?

Parlant de la spécialisation dynamique, Bamba trouve qu’elle doit servir à anticiper

sur le futur pour la recherche pour la création et la rétention de la richesse dans la

région. Parce qu’en effet il est clair que la croissance en Afrique profite plus

largement à la richesse mondiale qu’à celle des populations africaines – il cite

l’exemple du cacao où à peine 20% de richesse finale générée demeure en Afrique.

« Avec de tels schémas, notre développement n’est pas pour demain » clame-t-il.

La problématique de la « création d’emploi » est donc cruciale selon lui mais il faut

développer une stratégie de la « rétention de la richesse » et cela doit devenir une

priorité pour les jeunes chercheurs.

«Quelle stratégie de rétention de la richesse dans nos régions ? Cela doit être une

préoccupation pour nous. Autrement nous contribuons à la création de la richesse

mondiale mais nous assistons les autres lors du banquet, lors du festin ».

En conclusion, le Professeur Bamba a souhaité dresser les perspectives d’un

commerce intra régional viable tel qu’introduit par le Vice-Président du CRDI. Pour

cela, il a souhaité cité une dernière anecdote, celle du Nigeria qui importe –

essentiellement du Brésil – 3 millions de dollars de poulets par jour. Si ce poulet est

acheté autour de 1500 ou 2000 Fcfa, cette dépense nigériane équivaut au PIB (PLB)

du Burkina Faso.

« Imaginez un peu que nous arrivions à faire élever ces poulets dans notre région…

pensez à la quantité de maïs qu’il faudrait produire pour les nourrir : ça fait des

emplois concrets. Pensez au transport, pour les amener jusqu’aux marchés du

Nigéria : ça fait des emplois. Pensez à toute la structure commerciale qui va

accompagner même la production d’engrais pour pouvoir cultiver le maïs, etc. Ce

n’est qu’en développant des chaînes (de valeurs) de cette façon-là que nous

arriverons à créer des emplois mais surtout à retenir la richesse dans notre région » a

–t-il conclu.

Cette communication du Professeur Bamba a été vivement saluée, et nous verrons

dans les impressions reçues, que les exemples concrets qu’il a apporté dans son

intervention ont inspiré plusieurs étudiants dans le choix de leur sujet de thèse. L’une

des questions qui lui a été adressée dans la période de questions concernait

particulièrement l’offre de la CEDEAO en termes de dynamique de valeurs et

partenariat ? La réponse du Professeur consiste à affirmer que « pour une

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coordination des synergies entre décideurs, les théories de la croissance endogène

formalisées démontrent les impacts importants sur la croissance. Le solde budgétaire

excédentaire doit pousser à nous poser des questions (pour la révision des critères de

convergences).

Se permettant de répondre à une question qui ne lui était pas directement posée –

concernant le financement du PTCI -, le Professeur a parlé d’un partenariat à

envisager entre le PTCI et la CEDEAO en confiant qu’il travaillait en effet sur le dossier

car souhaitant, qu’au-delà de sa personne, la CEDEAO soit un partenaire du NPTCI

et que les négociations en cours participaient à cet effort de faire entrer la CEDEAO

dans le conseil d’administration du programme.

Le professeur Bamba a enfin annoncé que des subventions étaient possibles pour

des thésards qui souhaiteraient travailler sur des thèmes qui intéressent la sous-région.

Troisième communication

Le rôle de la société civile dans les processus d’intégration par le Dr. Cléopâtre

Kablan, Université de Cocody

Le Dr. Kablan était la seule sociologue (et femme) de ce panel de la matinée et son

intervention visait à parler de la société civile ouest africaine et les dynamiques

d’intégration sous régionale ainsi que des capacités des OSC à participer à ce

processus d’intégration.

Elle a entamé son propos en énonçant qu’il était de plus en plus fréquent de

chercher à impliquer les populations et cette implication passe par les organisations

qui les représentent, la société civile étant considérée comme plus proche des

populations auxquelles elles se fondent très facilement. Egalement considérées

comme beaucoup plus flexibles que les Etats, les OSC sont jugées, dans leur

fonctionnement, moins coûteuses que les Etats. Ces raisons expliquent le regain

d’intérêt témoigné aux OSC par notamment les organismes internationaux qui se

tournent de plus en plus vers la société civile.

L’intégration sous régionale ayant longtemps été un processus des Etats, force est de

constater aujourd’hui selon elle que malgré les progrès réalisés, « le processus

d’intégration tarde à se faire et demeure peu effectif et il reste confronté à de

nombreux obstacles ». Parmi ces obstacles, elle cite la non application des textes

adoptés par les Etats, le non-respect des différents protocoles, traités et accords qui

sont pourtant « adoptés et signés par eux ». Et de là une question légitime selon

elle de chercher à savoir si, malgré « tous leurs discours, nos états souhaitent

véritablement que ce processus d’intégration régionale se réalise».

Elle cite également « l’inexistence de mécanismes de sanction », « l’absence de

position régionale sur des sujets d’importance » (exemple des APE), le

« chevauchement des objectifs poursuivis par les deux institutions en charge de

cette intégration (UEMOA & CEDEAO) qui dit-elle, entament les mêmes projets et

mènent les mêmes actions sur un même territoire. Le Docteur Kablan dresse le

Rapport de synthèse sur la Journée scientifique du NPTCI 8 septembre 2011

constat d’une inefficacité du processus d’intégration en place qui fait l’objet de

nombreux doublons au niveau des efforts déployés par les instances régionales en

charge de mener ce processus, ce qui contribue notamment à une mésentente et

un désaccord persistants entre pays membres, un état de fait qui contribue par

ailleurs à bloquer toute initiative d’harmonisation des procédures et de mise en

œuvre de politiques favorables aux économies d’échelle.

Autre constat : pendant trop longtemps, les populations de la sous-région - sensées

vivre cette intégration régionale « en se déplaçant, en échangeant des biens et

services » – « n’ont pas eu (notre) mot à dire » déplore-t-elle. Ceci a fait donc penser

qu’à travers une implication des acteurs non étatiques dans ce processus

d’intégration, il pourrait y avoir des avancées notables.

Kablan s’interroge cependant sur la capacité de la société civile d’apporter des

innovations. Citant l’exemple de la RCI, elle affirme en effet qu’une étude à laquelle

elle a participé, démontre « que les ONGS suivent les traces de nos Etats ». En

adoptant un système de gouvernance calqué sur celui des Etats, la présentatrice se

permet de douter de la capacité de ces OSC à se poser en alternative.

Revenant rapidement sur la Société civile et les dynamiques d’intégration, Kablan

énonce que cette crise de l’intégration repose sur le fait selon certains avis qu’il

fallait intégrer les OSC dans le processus de mise en œuvre des politiques. Le mode

de fonctionnement jusqu’ici adopté ne prenant pas en compte le point de vue des

populations (acteurs à la base) « et directement concernés par les actions », ce qui

a conduit à des initiatives visant à mieux intégrer la société civile. Citant des

exemples d’implication des OSC notamment dans le mécanisme du système

d’alertes précoces que la CEDEAO avait mis en place « sans avoir d’avantage

comparatif dans ce domaine », des organisations comme le WANEP et le FOSPAO,

deux organisations de la société civile qui interviennent dans le domaine des conflits

ont aidé à la mise en place des systèmes d’alertes.

Mais, en dehors de ces réseaux et plateformes d’ONG qui travaillent avec la

CEDEAO notamment sur des thématiques régionales, d’autres OSC dans la région

n’entretiennent pas forcément de liens avec les organisations communautaires mais

sont des organisations à vocation d’intégration régionale qui participent activement

à la mise en place de programmes de formation et de gouvernance pour les jeunes.

Néanmoins, ces structures n’apportent pas d’appui pour l’insertion de ces jeunes sur

le marché de l’emploi. Selon elle, « cette insuffisance tient du fait de l’inexistence

d’analyses et de caractérisation du marché travail régional et surtout du constat

(irrésolu) d’une inadéquation patente entre l’offre et la demande. »

Ainsi, pour passer de la CEDEAO des Etats à celle des Peuples, il est légitime de se

poser la question à de savoir si le processus d’intégration peut-il être pensé du bas

vers le haut ? Est-ce que les OSC ont les capacités de faire avancer le processus

d’intégration ?

Rapport de synthèse sur la Journée scientifique du NPTCI 8 septembre 2011

Le Dr. Kablan a choisi d’analyser les capacités des OSC en statuant sur leurs forces et

leurs faiblesses. Elle s’est basée pour cela sur le cas du Bénin où une étude a

révélé pour les forces :

un engagement citoyen dans les champs de développement économique et

social et de la promotion des principes de bonne gouvernance et de la

démocratie ;

une expérience réelle sur les priorités de développement et ont su produire

des résultats qui peuvent servir notre région et font d’elles des acteurs

incontournables ;

une capacité de mobilisation de fonds (pour certains pays se chiffrent en

milliards) qui sont investis dans les domaines de la Santé, de l’Education, de

l’Environnement de la Formation des jeunes – phénomène qui a poussé la

Commission que dirige le professeur Bamba à faire une étude sur les ONGS au

sein de l’espace CEDEAO afin de mieux connaître les caractéristiques de ces

OSC;

une facilité à travailler selon une approche « cluster » (plateforme sous

régionale) qui permet de mieux influencer les décisions sous régionales.

Malgré leurs capacités de mobilisation de fonds et le réseau de plateformes sous

régionales sur lequel elles peuvent compter, les OSC présentent de sérieuses

faiblesses liées notamment :

au manque de stratégies de fonctionnement (vision à long terme) des OSC

qui fonctionnent au gré des partenaires et des bailleurs de fonds et n’ont pas

de vision sur des thématiques communes

au manque de synergies d’action précisant ici que ces organisations vont

trop souvent « en rangs dispersés »

au manque de capacité à bâtir des coalitions pertinentes et efficaces au

niveau de l’arène sous régionale, « elles ne peuvent pas véritablement être

des forces de plaidoyer ou de médiation »

les faibles ressources humaines (généralement non-qualifiées) qui engendrent

une faible capacité d’élaboration de programmes et de plan d’action et

d’analyses de politiques et donc cela limite leur pouvoir d’influence ;

le défaut de communication entre les structures faitières et les réseaux

(organisations de base) et ce qu’elles sont censés représenter ;

une dépendance – trop souvent vérifiée selon elle – vis-à-vis de l’extérieur

puisque, rappelle-t-elle, les fonds mobilisés proviennent de l’étranger. Citant

à nouveau la RCI et le Bénin, le Dr. Kablan affirme que plus de 60% des fonds

mobilisés par les OSC de ces pays proviennent de l’extérieur. Ceci présente le

risque bien entendu de créer une dépendance thématique « les bailleurs de

fonds ayant tendance à diriger les interventions des OSC vers des

problématiques » qui servent leurs intérêts et non ceux de la sous-région.

Selon le Dr Kablan en effet, de nombreuses OSC défendent des positions et font part

de réalités qui ne sont pas celles de nos régions d’où le risque d’aboutir à une

Rapport de synthèse sur la Journée scientifique du NPTCI 8 septembre 2011

situation où les opinions sous régionales ne seront ni celles des Etats, ni celles des

Peuples mais dirigées par l’Extérieur.

Faisant suite aux questions qui lui ont été posées, le Dr Kablan a tenu à préciser que

les OSC ont des forces mais surtout des faiblesses dont le poids demeure

considérable d’où la question selon elle de chercher à déterminer s’il existe vraiment

une société civile africaine ?

Elle affirme, enfin, que la recherche a un rôle à jouer pour aider les OSC de la région

à devenir une force de proposition et moins une force de contestation.

Quatrième communication

L’approche du PTCI en matière de contribution au développement social dans les

pays membres par le Professeur Sawadogo, NPTCI

La présentation du Directeur du PTCI a été la plus longue de la matinée et ce

dépassement du temps alloué tient principalement au fait que le Professeur

Sawadogo a tenu non pas uniquement à faire une contribution aux débats mais

également à établir un bilan des 16 années du PTCI.

Ayant prévu de traiter autant de la nature du PTCI que de l’éducation tertiaire et de

la place du PTCI et contribution de ce modèle à la problématique de l’intégration,

pour conclure sur les perspectives d’avenir, le présentateur n’a pas pu terminer son

exposé (qui a cependant duré 40 minutes au lieu des 15 prévues).

Après avoir rappelé les fondamentaux du PTCI qui – entre autres – a pour mandat de

créer et développer des centres d’excellence pour le troisième cycle et favoriser la

recherche, le Professeur Sawadogo a tenu à rappeler qu’il a été longtemps pensé

que l’éducation primaire avait un taux de rentabilité supérieure à l’enseignement

supérieur. Sachant désormais que ces deux sous-secteurs doivent être

complémentaires et non un substitut l’un pour l’autre, le Directeur du NPTCI insiste sur

le fait que l’idéologie dominante des années 90 en matière d’éducation - qui nous le

rappelons - statuait que l’éducation tertiaire en Afrique était non pertinente « à

cause des taux de rentabilité interne » qui n’ont pas tenu compte des considérations

sociales et caractéristiques privées ajoute Sawadogo. Ceci a naturellement eu pour

conséquences de maintenir l’Afrique dans un sérieux retard et ce à plusieurs niveaux

compte tenu de politiques éducatives non ciblées et faisant le plus de « victimes »

auprès des jeunes de moins de 15 ans.

Le modèle du PTCI du point de vue de l’approche sous régionale, représente un

facteur d’intégration dans la mesure où l’appartenance au PTCI induit « un abandon

de souveraineté nationale puisque « étudiants et professeurs acceptent de quitter

leur pays pour étudier et enseigner dans un autre pays de la zone».

En établissant les contours d’une approche conceptuelle du rôle de l’enseignement

supérieur dans le développement, le professeur Sawadogo émet l’hypothèse selon

Rapport de synthèse sur la Journée scientifique du NPTCI 8 septembre 2011

laquelle la production d’économistes de qualité implique une meilleure conception

et exécution des politiques économiques.

En termes de perspectives, le NPTCI amorce sa phase de maturation au niveau des

programmes qu’ils souhaitent améliorer, au niveau de la gouvernance du

programme et au niveau de la recherche des financements en impliquant

davantage les Etats.

Il est important de noter que l’essentiel des questions et commentaires lui étaient

destinés. Sa présentation ayant permis, selon certains avis, d’avoir une meilleure

perception du rôle et de la place du PTCI dans le développement social de la sous-

région.

En effet, un premier intervenant a tenu à préciser que les acquis du PTCI créent une

évolution dans les campus d’enseignement. Indiquant par ailleurs que les étudiants

veulent avoir les meilleures notes possibles afin de rivaliser d’excellence et cette

émulation positive est un atout du programme.

Il a trouvé également opportun de préciser que des anciens étudiants du PTCI

dispensent aujourd’hui des cours au sein de différents campus, ce qui induit une

sorte « de cycle fermé » précise-t-il, « qui va porter le PTCI vers le haut ».

D’autres intervenants ont tenu en effet à revenir sur les dysfonctionnements du

Programme, et surtout sur le financement. Au Gabon par exemple, cette question

de financement a poussé une intervenante a souhaité qu’une solution rapide soit

trouvé car les étudiants du Campus de Libreville font selon elle face à un manque

de directeur et à une insuffisance de professeurs.

Un autre intervenant a cherché lui à savoir ce qui pourrait contribuer à amener les

Etats à mieux contribuer au financement du PTCI. Et un autre enfin a choisi d’insister

sur le fait que PTCI dans la sous-région CEDEAO devrait chercher à envisager une

intégration de la langue (français, anglais, portugais) et souhaitait ainsi savoir

comment la vision du PTCI le prend en compte.

Le Professeur Sawadogo a précisé qu’une stratégie pour les pays anglophones doit

en effet être envisagée, affirmant que « des négociations sont en cours avec le

Ghana pour faire le CCCO en milieu anglophone ».

Quant à la question sur le Financement, le Directeur du NPTCI a souligné que cela

fait partie de la prochaine phase pour laquelle le PTCI entrevoit des politiques

d’approches des Etats en ajoutant humblement que « s’ils ne financent pas c’est

qu’on ne les a pas vraiment impliqués ».

Témoignages sur le déroulement de la matinée

Nous avons tenu à savoir, de la bouche des étudiants et des participants ce qu’ils

avaient pensé de cette première matinée. Trois étudiants ont été interrogés. Ils ont

trouvé dans l’ensemble que cette matinée avait été riche en interventions. Ce qui

Rapport de synthèse sur la Journée scientifique du NPTCI 8 septembre 2011

leur a permis de retenir leur thème de mémoire (surtout suite à l’anecdote nigériane

du professeur Bamba relative à la spécialisation des pays pour une intégration

réussie). Certains se sont dit « entièrement satisfait et honoré d’avoir participé à cette

première matinée » qui aura contribué à développer leur esprit critique par rapport

aux problématiques macroéconomiques dans un contexte d’intégration.

Les étudiants ont précisé qu’ils apprécieraient d’avoir beaucoup plus de temps pour

poser plus de questions et bénéficier de plus amples exemples et conseils de la part

des intervenants et qu’ils espéraient également que les interventions de l’après-midi

seront beaucoup plus pratiques et caractérisées par des conseils d’orientation pour

les étudiants mais également pour les pays membres.

Deuxième partie - Session pratique

Première intervention

Du PTCI au marché du Travail : parcours, opportunités et défis par Irène Dabou

Traoré

Les interventions de l’après-midi en effet ont démarré par l’exposé d’une ancienne

étudiante du PTCI, Madame Irène Traoré, qui a entretenu l’assistance de son

parcours académique et professionnel. Employée au Secrétariat permanent de lutte

contre le VIH SIDA rattaché à la présidence du Faso, Madame Traoré est

actuellement coordonnatrice de l’unité centrale de planification et suivi-évaluation,

poste qu’elle occupe grâce à la dextérité dont elle a su faire preuve depuis sa sortie

du Programme –elle y a étudié entre 1994 et 1996 – et compte tenu de la pugnacité

dont elle a su faire montre dans les missions qui lui sont confiées. Ayant obtenu un

DEA en Economie agricole à l’issue de sa formation au PTCI, Mme Traoré confie

avoir commencé, un an avant l’obtention de son diplôme, à réfléchir à la question

de l’emploi. Elle a donc pensé à passer un concours auprès de l’Ecole nationale

d’Ingénierie financière et affirme y avoir été admise « sans problèmes ». Ses cours,

elle les a entamés en même temps qu’elle préparait son diplôme de DEA. En Mai

1997, elle obtient son diplôme de l’ENIREF. Elle avoue que des opportunités

professionnelles intéressantes se sont offertes à elle. En ne manquant pas de révéler

les différentes opportunités dont elle a su profiter grâce à son sens du travail bien

fait, Irène Traoré assure avoir trouvé, dès Juillet 97, un poste d’agent de suivi de

projet au sein du Ministère de l’Economie et des Finances de son pays. « Compte

tenu de mes performances, car, selon mon Directeur, je faisais preuve de

disponibilité et d’efficacité pour les tâches confiées », elle a été nommée Chef de

services 5 à 6 mois après son recrutement.

Son appartenance au PTCI a selon elle suscité beaucoup de curiosité à son égard et

faisait souvent l’objet des observations telles que « elle a fait le PTCI », « avec la

formation du PTCI, c’est normal que tu sois compétente, que tu t’en sortes,… »,

d’autres disaient « ah ces gens du PTCI, ils n’ont pas peur du travail ».

Rapport de synthèse sur la Journée scientifique du NPTCI 8 septembre 2011

Elle a conclu son propos en insistant sur le fait que « le PTCI ouvre des portes » et

permet de relever des défis. Le principal étant pour les futurs diplômés de « montrer

que vous aimez votre travail. »

Lors des débats, un intervenant à chercher à savoir ce qui, plus spécifiquement,

faisait la différence entre les facultés classiques et le PTCI , et a insisté sur

l’importance pour les anciens étudiants de prendre conscience qu’aujourd’hui

l’heure n’était plus trop au « Fundraising mais bien au Friend raising ». Il souhaitait

savoir, de l’avis de Mme Traoré, ce que les anciens ont entrepris de faire pour

intégrer les nouvelles cohortes d’étudiants NPTCI sur le marché du travail.

Irène, par rapport à la première question, a indiqué que « le PTCI donnait la

conviction et l’assurance de ses compétences et permettait d’acquérir une culture

du travail ». Le rythme de travail au PTCI n’étant pas le même que dans les facultés,

Mme Traoré estime que ce modèle d’enseignement supérieur « pousse à aimer le

travail » ce qui concoure à faire des diplômés du PTCI des travailleurs plus endurants

(que les autres) et plus ambitieux précise-t-elle également.

Elle a notamment fait part, par rapport à la question du « Friend raising » que le

projet de créer une amicale des anciens avait été évoqué mais toujours pas

matérialisé faute de disponibilités de la part d’anciens largement sollicités par leurs

obligations professionnelles.

Deuxième intervention

La recherche fait-elle une différence ? par Félix Zoué, CEDEAO

Directeur de l’unité d’analyses et des politiques à la CEDEAO, le second intervenant

a démarré son exposé en affirmant que les questions d’emploi demeurent le premier

sujet d’actualité économique. Cette problématique est à ce point sensible qu’en

occident (mais nous l’avons vu également au Maghreb), elle peut faire basculer un

régime. Les politiques sont ainsi très regardantes sur les questions d’emploi.

En Afrique, et même malgré le peu de statistiques disponibles, le sujet fait lui aussi

l’actualité. Les acteurs politiques sont soulèvent souvent des thématiques liées à

l’emploi, à la création d’emploi, à l’occupation professionnelle des jeunes. Lors du

sommet de l’UA à Malabo, cette question de l’emploi a été un point essentiel des

discussions.

Cette question est d’autant plus centrale selon Monsieur Zoué que d’après lui,

derrière tous les slogans de démocratie, se cache la question de l’emploi. Les

questions d’emploi et de chômage alimentent les révoltes et les manifestations et

constituent « une bombe à retardement », les revendications des populations

tournant souvent autour de ces problématiques.

Rapport de synthèse sur la Journée scientifique du NPTCI 8 septembre 2011

Mais alors comment aborder cette question de l’emploi du point de vue de la

recherche ? Il se propose de tenter d’y répondre en faisant une revue des

approches théoriques liées à l’analyse des questions de l’emploi et du travail.

Ainsi, parce que de façon étymologique travail et emploi sont à différencier. Le

travail étant considéré par certains courants théoriques comme une marchandise,

cette définition permet de réfléchir déjà aux politiques pouvant être mises en œuvre.

Au niveau du marché, on parlera de l’homogénéité. On parlera aussi de

transparence et d’absence d’entraves à la mobilité. Donc, dans une situation où

toutes ces conditions sont réunies et où la confrontation de l’offre et la demande de

travail permet de fixer un salaire, les néoclassiques estimeront que le chômage est

volontaire et que c’est le marché qui parviendra à régler tout problème pouvant

survenir : les chômeurs étant sanctionnés par le marché.

Chez les keynésiens, on affirmera le contraire et donc selon ce courant théorique,

l’intervention de l’Etat est souhaitable pour relancer la demande globale et servir de

mécanisme de régulation.

Citant plusieurs courants et approches développées pour expliquer ces situations, le

présentateur affirme toutefois que l’adoption d’une approche pratique plus

pragmatique car tenant compte de l’agenda des décideurs politiques qui

cherchent, à très court terme, à trouver des solutions capables d’éviter l’implosion et

de calmer le mécontentement social est souvent privilégiés.

Cependant, prenant exemple sur les observations faites dans nos différents états sur

ces thématiques, Zoué présente le constat que malgré cette volonté d’être

pragmatique, aucune solution n’a pas pu être trouvée, comme en témoignent les

données statistiques qu’il présente rapidement, ne voulant pas s’éterniser, faute de

temps !

Au niveau régional, Félix introduit le besoin de mener des réflexions prospectives afin

que les décideurs soient en mesure de « visionner cette intégration » et pour mieux se

situer d’ici 15 ans et plus. Affirmant que ces analyses prospectives sont décisives au

niveau de la recherche, Monsieur Zoué pense que ce sujet mériterait d’être

davantage adressé.

Terminant son exposé sur la nécessité de faire de la recherche action (et non plus

seulement de la recherche académique), Félix Zoué a sollicité une large implication

de toutes les compétences disponibles dans le cadre d’un nouveau programme mis

en place au sein de la CEDEAO par son unité d’analyses.

Au cours des discussions, il est revenu sur le fait que les décideurs estimant les

approches théoriques pas assez pertinentes pour les aider à prendre des décisions,

la recherche action doit être envisagée par un maximum de chercheurs pour

remédier à cet état de fait. Elle mériterait donc d’être mieux valorisée et exploitée

par les chercheurs africains. Mais, affirme-t-il, « cela passe d’abord par le

développement de compétences et de compétences adéquates. Nos visions

Rapport de synthèse sur la Journée scientifique du NPTCI 8 septembre 2011

stratégiques sont loin de nos réalités. Comment comprendre qu’un grand pays

producteur de cacao n’ait pas d’universités dédiées à l’agronomie, ou que malgré

le fait que le pétrole commence à être produit dans plusieurs pays, aucune

formation en pétrochimie n’est pour l’instant offerte dans nos pays ».

Ce manque de vision limite selon lui les capacités de nos pays : « il est important que

nous connaissions la vision de nos décideurs pour accompagner nos efforts de

développement » a-t-il enfin conclu.

Troisième intervention

Une approche communautaire du marché du travail en Afrique de l’Ouest -

L’observatoire sous régional de l’emploi et de la formation professionnelle par

Ahmadou Tianbou, UEMOA

Monsieur Tianbou a entamé sa communication en affirmant que depuis le début de

la journée, tous ont mentionné des approches théoriques et des approches

pratiques mais le nœud du problème demeure selon lui la question des données.

« C’est l’information statistique qui permet en réalité la meilleure décision ». A travers

la création d’un observatoire sous régional, la commission de l’UEMOA a cherché à

participer à l’édification d’un système d’information qui apporterait un éclairage sur

ces questions d’emploi. L’OSREF est en effet selon lui une initiative permettant

d’améliorer la visibilité sur le marché du travail dont la mission vise à renforcer le

dispositif de production de données statistiques au niveau des états.

Tianbou se propose de structurer son exposé autour de 3 axes majeurs :

le contexte et le défi que pose la notion d’emploi et de formation dans

l’UEMOA

Quel est l’intérêt de produire des statistiques sur l’emploi et la formation

professionnelle ?

Quel est le dynamisme des structures en charge de la production des

informations statistiques ?

Pour le contexte, insistant lui aussi sur le fait que la croissance actuelle est forte mais

pas créatrice d’emploi, source de revenus substantiels pour les populations, Tianbou

assure que les taux de chômage des jeunes sont de plus en plus en plus alarmants

(2.7 en Afrique du Nord et 2.8 en Afrique subsaharienne). Et cela sans compter sur le

fait que 75% des emplois dénombrés pour l'UEMOA sont des emplois précaires.

Citant le Directeur général de l’OIT qui s’est prononcé sur ces deux questions

majeures (le chômage et les emplois précaires) : « une croissance sans emploi ne

constitue pas seulement une mauvaise politique sociale. C’est aussi une mauvaise

gestion économique qui entraîne la diminution de la demande globale et par

conséquent des investissements ».

Il qualifie de faibles les politiques macroéconomiques et sociales initiées dans la

zone, car dit-il « si l’accroissement de cette richesse constatée ne s’est pas traduite

Rapport de synthèse sur la Journée scientifique du NPTCI 8 septembre 2011

en terme de bien-être des populations c’est qu’elles sont faibles », ce qui a

contribué à remettre à la Une les questions liées au défi économique et sociale d’où

selon lui la nécessité pour les Etats de « créer des emplois suffisants pour combattre le

problème du sous-emploi et des salaires. »

En effet, même si au sommet extraordinaire de chefs d’Etats en 2004, la question de

l’emploi (et celle de la formation professionnelle) est apparue comme une

recommandation forte et que les objectifs de Dakar (EPT) et les OMD ont su placer le

rôle de l’emploi et de la formation professionnelle comme un objectif majeur. Parce

qu’il est démontré qu’il ne peut pas y avoir de croissance si elle n’est pas

accompagnée de création d’emplois. Les politiques sociales et d’emploi ont été

traités à l’écart de ces problèmes macroéconomiques.

Monsieur Tianbou invite à définir les contours d’une nouvelle vision des politiques

macroéconomiques qui nécessite pour les Etats membres d’introduire le problème

du chômage dans l’analyse économique et indique que la Commission UEMOA a

mis en place un fond compétitif pour le financement des travaux de recherche en

groupe ou de manière individuelle sur ce type de questions qui intéressent l’Union.

(Pluie intense a rendu la suite de l’enregistrement inexploitable)

A la question quel traitement spécial pour le secteur informel ? Tentant de cerner le

rôle de l’OSREF dans la fourniture d’une réponse particulière pour le secteur informel

sur lequel il existe extrêmement peu de données, la réponse de Tianbou a été que

Quatrième intervention

Approches communautaires et opportunités pour tous : Mythe ou Réalité ? La vision

des Mass media par Hamadou Tidiane Sy, Ouestaf.com

Monsieur Sy a tenu, d’emblée, à présenter les deux difficultés auxquelles il a dû faire

face pour la production de ce papier :

La première étant qu’il n’est pas économiste

Et la seconde c’est qu’il ne représente pas « les Médias » mais n’est là qu’au

nom de son support, Ouestaf.com

Il se propose de nous dresser une analyse de cette question en deux points, la

première étant intitulée « organisations communautaires, pieuvres ou nébuleuses ?

et la seconde étant de savoir si les Médias sont des parties prenantes ou accessoires

dans le processus d’intégration régionale ?

Bien souvent, on affirme que les médias ont un rôle à jouer mais on leur permet très

peu de le jouer comme ils le devraient.

De son point de vue, l’intégration régionale est une déclinaison de l’idéal

panafricaniste. « Dans beaucoup de nos pays, on rêve de panafricanisme. Suite à

l’effet des Pères fondateurs, et cette intégration régionale, d’un point de vue

économique, est une déclinaison d’un idéal idéolo-politique. » Cependant, d’après

Rapport de synthèse sur la Journée scientifique du NPTCI 8 septembre 2011

lui, dans la vie réelle, il déplore la pléthore d’organisations communautaires comme

la SADC, la CEMAC, l’UEMOA ou d’autres espaces de mutualisation communautaire

tels que l’OMVS, la SIMA, … qui nous plonge dans un système de doublons qui

dessert les efforts d’intégration entrepris.

Le rôle des Medias devant rester celui « d’observateur indépendant » afin qu’ils

puissent véhiculer la bonne information, les organisations communautaires doivent

pouvoir respecter cette déontologie et ne pas chercher à instrumentaliser les

Médias. Sy dénonce alors le dialogue de sourds qui persiste entre organisation sous

régionale et Médias et suggère de penser à la création d’un cadre viable pour

développer l’indépendance et l’esprit critique des Medias.

« Vous ne pouvez plus apporter l’information dont le public a besoin et dont les

décideurs doivent utiliser pour mieux décider. Il faut pouvoir prendre les Médias

comme acteurs pour les aider à devenir puissants et indépendants. Pour sortir des

discours et passer à l’action, la presse doit faire un travail critique d’observateurs et

d’information. »

Nous révélant les résultats d’une enquête faite auprès de ses pairs journalistes et de

quelques bloggers, Tidiane Sy affirme que 17 des 25 répondants accordent une

importance à la problématique de l’intégration régionale mais avouent ne pas

couvrir régulièrement ce type d’actualité.

Le constat d’une faible couverture médiatique est criard, et les raisons invoquées

sont généralement liées au défaut d’accès à une information pertinente et « l’alibi »

du manque d’intérêt des populations. Or, comme le rappelait des intervenants dans

la matinée, pour passer d’une CEDEAO (ou d’une UEMOA) des Etats à celles des

Peuples, il faut trouver le moyen de les impliquer mais avant tout de les intéresser à la

thématique de l’intégration régionale que très peu comprennent.

Comme rien n’est fait dans ce sens, Sy se pose la question de savoir si les politiques

d’intégration régionale sont vraiment bénéfiques à l’Afrique ou si elles ne sont pas

justes importées de l’extérieur.

Tidiane Sy, en conclusion, appelle à plus d’initiatives de la part des organisations

communautaires pour le renforcement du rôle des Médias afin d’en faire des

« acteurs indépendants et puissants ».

Revenant sur la question posée par un des participants sur son rôle à lui dans le

« plaidoyer pour l’intégration régionale », selon l’argument que les médias doivent

chercher à faciliter le processus d’intégration et ne pas attendre que cela viennent

à eux, Hamadou Tidiane Sy a tenu à préciser qu’il avait créé en 2006 le portail

d’information Ouestaf.com qui est une entreprise privée qui œuvre pour l’intégration

sous régionale.

Rapport de synthèse sur la Journée scientifique du NPTCI 8 septembre 2011

Témoignages

Une étudiante du campus de Cocody a trouvé que cette journée a été très, très

instructive et qu’elle en retient beaucoup de choses, notamment quelques idées

concernant son mémoire. Elle confie en effet qu’elle avait quelques difficultés à faire

une problématique mais qu’à l’issue de cette journée, elle a tiré beaucoup

d’enseignements qui vont l’aider pour la rédaction de son mémoire. Ses attentes ne

sont pas complètement satisfaites mais elle affirme repartir avec un potentiel qui lui

servira de retour sur son campus. Elle souhaite partager quelques inquiétudes par

rapport aux problèmes de financement car, dans le cas des étudiants de RCI, ils ont

connu avec la crise une situation de précarité extrême et leurs bourses n’ont à ce

jour toujours pas été versées. Elle a invité la direction du NPTCI à trouver des solutions

à long terme mais également à chercher à impliquer davantage les diplômés qui

ont fini et qui travaillent maintenant.

Un étudiant du campus de Kinshasa a partagé ses très bonnes impressions. Le défi

de développement à selon lui était été posé avec beaucoup d’acuité même s’il

estime être resté un peu sur sa faim car il aurait fallu un peu plus qu’une journée ! Les

interventions des différents intervenants ayant été de haute facture, l’étudiant pense

être « devenu un peu plus intelligent que lorsqu’il est arrivé ».

Il a apprécié par exemple le fait que certaines interventions (ndlr : celle de Rohinton)

est appelée à mieux considérer le secteur informel qui généralement reste

marginalisé malgré le fait que dans cette informalité, il y ait des vies. Selon lui « c’est

le peuple qui vit en zones rurales qui est concerné par cet informel ». Et le fait de

l’ignorer ou de ne pas chercher de solutions, cela accentue le cercle vicieux de la

pauvreté. Cette journée lui a permis de comprendre le rôle du NPTCI et les synergies

possibles pour créer l’élite.

Conclusions

Le programme de ce séminaire scientifique a été fort apprécié car au-delà de

l’engouement suscité auprès des étudiants qui se sont dits « honorés » de pouvoir y

participer et désireux de pouvoir suivre de telles journées dans leur campus d’origine,

les exposés des présentateurs ont été riches en enseignement.

Plusieurs thématiques prioritaires ont ainsi émergé tout au long de leurs interventions

et des discussions qui ont suivies.

Les principales tournent certes principalement autour de la question des

performances économiques qui ne doivent plus être la seule mesure de croissance

pour les pays africains. L’essentiel des exposés ayant démontré en effet que malgré

des taux de croissance soutenue et en nette hausse depuis ces 10 dernières années,

la santé économique des pays de la zone n’est pas partagée.

Le NPTCI a sa partition a joué pour l’atteinte des objectifs de « croissance pour tous »

puisque, à travers le modèle présenté à l’occasion de cette journée, ce programme

Rapport de synthèse sur la Journée scientifique du NPTCI 8 septembre 2011

de l’avis de sa Direction et de ses partenaires, contribue à la formation (et à la

rétention) des futurs décideurs de la région qui participent au développement social

des pays membres.

La question du financement de ce programme a cependant été soulevé et un

appel lancé vers les anciens diplômés afin qu’ils puissent « allier l’acte à la parole » et

donner l’exemple d’un développement endogène réussi par une participation au

financement du Nouveau PTCI.

L’intervention de Madame Traoré, issue de la première promotion du PTCI, pourrait

laisser penser que l’implication des étudiants du « modèle PTCI » dans le financement

de ce programme - qui leur vaut aujourd’hui d’être tenus en estime par leurs pairs et

supérieurs - ne rencontrera que peu de réticence.

Enfin, pour répondre à la problématique du secteur informel, le NPTCI a annoncé

que la prochaine phase du programme intègrerait un module emploi à même de

fournir une réponse à la problématique de la structure de nos économies qui de,

pour l’instant, n’intègre pas assez les exigences spécifiques en terme formation du

secteur informel, qui dans la zone Afrique de l’Ouest, est le principal pourvoyeur

d’emplois.

Parce que la question de la formation et de l’emploi des jeunes demeure une

constante de l’actualité économique dans la zone et bien au-delà, certains avis

estiment nécessaires de travailler dans le sens d’un changement de mentalités chez

les jeunes afin qu’ils intègrent le fait qu’ils ne pourront pas tous occuper des emplois

salariés et qu’ils doivent aspirer à devenir leur propre patron et s’impliquer dans des

secteurs d’activités à fort potentiel qui contribueront à la création d’emplois mais -

surtout - à retenir cette richesse pour un développement inclusif au niveau de nos

pays.