RAPPORT CLIMAT 2013 - Météo-France · très humides, suivis d’un été plutôt sec. Cumulée...
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RAPPORT CLIMAT
2013
2 // RappoRt Climat 2013
Rapport climat2013
SOMMAIRE
3 // RappoRt Climat 2013
l’étude du climat et de ses évolutions est au cœur des activités
scientifiques de météo-France. l’établissement contribue, entre
autres, à reconstituer le climat passé à travers notamment des
actions de sauvegarde de données anciennes et à caractériser
le climat présent et les événements extrêmes. Ses climatologues
travaillent par ailleurs à préciser l’évolution future du climat et
les impacts associés. météo-France participe au développement
de services climatiques en appui aux politiques d’adaptation au
changement climatique.
Depuis 2012, météo-France publie le Rapport Climat afin de
partager les résultats de ses travaux de recherche avec le plus
grand nombre, du citoyen curieux au professionnel confronté
aux problématiques climatiques. l’étude du climat passé et futur,
le développement de services climatiques se construisent sur le
long terme. ainsi, ce rapport présente l’actualité 2013 de projets
et recherches engagés, pour la plupart, depuis plusieurs années.
Certains se sont achevés en 2013, d’autres se poursuivent sur les
prochaines années.
SOMMAIRE
SommaireRappoRt climat 2013
page 7 // 1.1 Des températures supérieures à la moyenne sur tous les continents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
page 8 // 1.2 En métropole, deux semestres très différents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
page 11 // 1.3 Quelques faits climatiques marquants en métropole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
page 16 // 1.4 En outre-mer, une année proche des normales
page 20 // 2.1 la mémoire du climat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
page 24 // 2.2 Qualifier le climat au quotidien et anticiper le futur proche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
page 28 // 2.3 le changement climatique et l’appui aux politiques d’adaptation
page 32 // 3.1 la contribution de météo-France au premier volet du rapport du GiEC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
page 36 // 3.2 impacts du changement climatique dans les villes
page 40 //
1.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Bilan climatique
de l’année 2013
2.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Les principales contributions de
Météo-France en matière de
servicesclimatiques
3.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Focus sur quelques activités
de recherche sur le climat
4.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Glossaire
SommaiRe inteRactifCliquez Sur le Chapitre de votre Choix
5 // RappoRt Climat 2013
Bilan climatique de l’année 2013
1
SOMMAIRE
6 // RappoRt Climat 2013
À l’échelle planétaire, l’année 2013 occupe le 6e rang
des années les plus chaudes observées depuis 1850,
à égalité avec 2007 (publication omm Wmo-N° 1130).
malgré la variabilité climatique inter-annuelle, la ten-
dance globale au réchauffement de la planète est sans
équivoque. ainsi, 13 des 14 années les plus chaudes
depuis 150 ans se situent au XXie siècle. après les
États-Unis en 2012, c’est l’australie qui a connu cette
année la chaleur la plus extrême tandis que l’inde et les
philippines ont été frappées par des cyclones (Phailin
en inde) ou des typhons (Haiyan aux philippines), les
plus puissants à avoir atteint ces pays et parmi les plus
intenses jamais enregistrés dans ces régions du globe.
À l’échelle de la France métropolitaine, les tempéra-
tures ont été proches des moyennes des trente der-
nières années, et on retiendra plutôt de l’année 2013 la
succession d’événements météorologiques extrêmes
tant en métropole qu’en outre-mer. Un printemps ex-
ceptionnellement froid et pluvieux a touché l’ensemble
du pays, un épisode de fortes pluies a entraîné des
inondations historiques en juin dans le Sud-ouest,
tandis que la période estivale a été marquée par une
vague de chaleur et un ensoleillement record dans
certaines régions. Deux tempêtes hivernales ont par
ailleurs concerné le pays fin octobre et fin décembre.
En outre-mer, l’île de la Réunion a connu une séche-
resse exceptionnelle, alors que la Nouvelle-Calédonie
a enregistré un nouveau record de précipitations en
24 heures, pendant un épisode orageux intense. les
antilles ont connu une année relativement calme, à l’ex-
ception du passage de la tempête tropicale Chantal.
Introduction
SOMMAIRE
7 // RappoRt Climat 2013
1.1 Des teMpéRatuRes
supéRieuRes à La Moyenne sur tous les continents
Contrairement à 2011 et 2012, l’année 2013 s’est dé-
roulée dans une configuration neutre de l’oscillation
ENSo (El Niño Southern Oscillation) sur le pacifique
tout au long de l’année. les températures de cette an-
née, caractérisées par une anomalie globale moyenne
de +0,5 °C (±0,10 °C) par rapport à la référence 1961-
1990 (figure 1), sont supérieures à celles des deux an-
nées précédentes, qui avaient connu un épisode Niña.
la plupart des zones continentales ont connu des
températures supérieures à la moyenne (figure 2), et
en particulier l’australie, le nord-est de l’amérique du
Sud, l’afrique du Nord, une grande partie de l’Eurasie
et l’arctique.
l’analyse des précipitations fait apparaître un bilan
plus contrasté, avec des sécheresses records en
amérique du Sud (nord-est du Brésil notamment), en
afrique australe et en Nouvelle-Zélande tandis que
des précipitations intenses ont provoqué de graves
inondations en Europe centrale au printemps (bassin
du Danube et de l’Elbe) et à la frontière entre la Chine
et la Fédération de Russie pendant l’été.
Figure 1 - Évolution temporelle de l’anomalie de température globale moyenne annuelle depuis 1850(source omm)
SOMMAIRE
8 // RappoRt Climat 2013
1.2 en MétRopoLe, deux semestres très différents
avec un écart de +0,6 °C par rapport à la référence
1961-1990, la température moyenne annuelle en
métropole ne présente aucun caractère exceptionnel
(figure 3). toutefois, son évolution a été très contrastée
au cours de l’année. inférieure à la normale au
cours des 6 premiers mois, la température moyenne
mensuelle a ensuite été systématiquement supérieure,
excepté au mois de novembre (figure 4). on peut aussi
noter que le mois de mai a été particulièrement froid
tandis que les mois de juillet et octobre ont été parmi
les mois plus chauds jamais enregistrés.
En matière de pluviométrie, ce contraste saisonnier
se retrouve également entre un hiver et un printemps
très humides, suivis d’un été plutôt sec. Cumulée
sur l’ensemble de l’année, la quantité d’eau recueillie
est supérieure à la valeur moyenne (référence 1981-
2010) de plus de 12 %. Elle place 2013 au 8e rang
des années les plus humides depuis 1959 (figure 5)
et correspond à la valeur la plus élevée depuis 2000.
au niveau régional, la pluviométrie a été excédentaire
du Sud-ouest au Nord-Est ainsi que sur la Corse et
l’extrême Sud-Est, avec un excédent supérieur à 30 %
dans le sud de la Champagne, sur la Côte d’azur ainsi
que sur les pyrénées centrales (figure 6). l’année a été
particulièrement pluvieuse dans le Sud-ouest, où les
cumuls ont atteint des valeurs record depuis 50 ans.
Cette différence entre les saisons se retrouve sur la
durée d’ensoleillement, avec d’une part des déficits
record d’ensoleillement durant l’hiver et le printemps
sur les régions du Nord-Est et, à l’inverse, un été
exceptionnellement ensoleillé sur l’ouest du pays et le
pourtour méditerranéen.
Figure 2 - Anomalie de température globale en 2013 par rapport à la période de référence 1961-1990(source omm)
SOMMAIRE
9 // RappoRt Climat 2013
Figure 3 - Moyenne annuelle de l’écart à la normale de l’indicateur thermique sur la France de 1900 à 2013 (période de référence 1961-1990, en noir la moyenne décennale glissante)
Figure 4 - Évolution de l’anomalie mensuelle de température moyenne en métropole de janvier à décembre 2013 (période de référence 1981-2010)
SOMMAIRE
10 // RappoRt Climat 2013
Figure 5 - Évolution annuelle de l’anomalie de cumul annuel de précipitations sur la France depuis 1959 (période de référence 1981-2010 : l’année 2013 présente une anomalie supérieure à 12 %)
Figure 6 - Cartographie de l’anomalie du cumul annuel de précipitations en 2013 (période de référence 1981-2010)
SOMMAIRE
11 // RappoRt Climat 2013
1.3 QueLQues Faits cLiMatiQues MaRQuants en MétRopoLe
Tornades dans le Nordle 20 octobre
Orages et chutes de grêle en Auvergne du 5 au 8 août
Pluies, surcotes et inondations en Bretagne les 23 et 24 décembre
Fortes pluies et inondationsdans le Roussillon les 5 et 6 mars
Orages sur les Cévennes et la Drôme les 22 et 23 octobre
Enneigement record depuis 50 ansdans les Pyrénées de février à juin*
Pluies et inondations dans les vallées pyrénéennes les 17 et 18 juin*
Tempête Christian sur le Nord-Ouest les 27 et 28 octobre*
Épisode neigeux remarquable sur la Normandiedu 11 au 14 mars*
Fortes pluies et inondations dans le Sud-Ouest du 10 au 13 février
Pluies et inondations en Corse les 5 et 6 mars
Tornades en Côte-d’Orle 19 juin
Pluies et inondations de la Franche-Comté à l'Alsace les 30 et 31 mai
Pluies et inondations en Bourgogne du 26 au 30 avril
la tempête Dirk du 23 au 25 décembre*Une vague de chaleur du 15 au 27 juillet*Un printemps exceptionnellement frais et pluvieux*
suR l’HeXaGone en 2013
* Voir éléments d’analyse dans la suite du texte
SOMMAIRE
12 // RappoRt Climat 2013
EnnEIgEMEnt AbondAnt sur l’EnsEMblE dEs MAssIFs FrAnçAIs, ExCEptIonnEl sur lEs pyrÉnÉEs
Une succession régulière d’épisodes neigeux durant
l’hiver 2012-2013 a permis à tous les massifs de béné-
ficier d’un bon enneigement. les chutes de neige ont
été exceptionnelles sur le massif pyrénéen à partir de
la mi-janvier. Des cumuls supérieurs à 4 mètres ont été
mesurés sur plusieurs sites, à des altitudes proches de
2 000 m dans les pyrénées centrales, où ces valeurs
n’avaient pas été observées depuis les années 1980.
l’équivalent en eau du manteau neigeux à l’échelle
du massif des pyrénées a atteint des niveaux record,
de février à avril et en juin (figure 7). Dans les alpes
du Nord, l’enneigement au col de porte (1326 m d’al-
titude) a été un des plus importants depuis 25 ans,
notamment pour le nombre de jours avec un enneige-
ment supérieur à 1 mètre (figure 8).
Figure 7 - Évolution de l’équivalent en eau du manteau neigeux (modèle sIM) sur le massif des pyrénées au cours de la saison hivernale 2012-2013 (période de référence 1981-2010 pour la médiane, et 1959-2010 pour les minima et maxima)
Figure 8 - Évolution de l’enneigement au col de porte (Isère) de 1960 à 2013nombre de jours de sol enneigé (en bleu) et d’enneigement supérieur à 1 mètre (en vert)
SOMMAIRE
13 // RappoRt Climat 2013
un prIntEMps pArtICulIèrEMEnt FrAIs Et pluvIEux
le printemps 2013 a été le plus froid depuis 1987, l’un
des moins ensoleillés des 20 dernières années et l’un
des plus pluvieux depuis 1959. il a été marqué par la
persistance d’un temps maussade sur la France, liée à
une combinaison défavorable de différentes circulations
atmosphériques sur l’atlantique nord et l’Europe. ainsi,
au mois de mars, avec un anticyclone des açores
anormalement bas, les perturbations atlantiques se
sont succédé sans discontinuer sur le pays. l’indice
Nao (oscillation nord-atlantique), fortement négatif,
traduit bien cette situation. À l’inverse, au cours du
mois de mai, l’anticyclone s’est renforcé, mais trop
à l’ouest, ce qui a favorisé la persistance d’un flux
perturbé de nord à nord-ouest très frais sur le pays.
la température moyenne du printemps a été inférieure
de 1,3°C à la normale. les cumuls de précipitations ont
été excédentaires de près de 35 % à l’échelle nationale
et jusqu’à plus de 50 % sur le Sud-Est, la Corse, la
Bourgogne, le sud de la Champagne-ardenne et le sud
de l’aquitaine. l’ensoleillement a été déficitaire sur tout
le territoire, de manière très sensible sur un large quart
nord-est où les déficits ont souvent dépassé 30 %,
battant des records de faible ensoleillement des deux
dernières décennies.
un ÉpIsodE nEIgEux tArdIF rEMArquAblE dAns lE nord-ouEst dE lA FrAnCE
Un épisode hivernal tardif est survenu du 11 au
15 mars, qui a concerné la quasi-totalité du pays. lors
de cet épisode, des chutes de neige exceptionnelles
ont touché le nord-ouest de l’Hexagone, des Côtes
d’armor à la Normandie et à l’Île-de-France jusqu’au
Nord-pas-de-Calais. les hauteurs de neige ont été
remarquables, généralement comprises entre 10 et
20 cm. Elles ont même été exceptionnelles en
Basse-Normandie où elles ont régulièrement atteint 20
à 40 cm. Un vent de nord-est soutenu, violent près des
côtes de la manche, a favorisé l’accumulation de la
neige et la formation de congères de plus de 1 mètre
de haut (localement 2 mètres), avec un fort impact sur
la circulation pendant plusieurs jours.
Figure 9 - prInCIpAlEs AnoMAlIEs dE tEMpÉrAturE Et dE prÉCIpItAtIon sur l’EuropE et moyennes mensuelles de pression au niveau de la mer (en hectopascal), en mars et en mai
Forte anomalie froide Forte anomalie humideTrajectoire des perturbations
Anticyclone des Açores plus faible
et plus sud que la normale
Anticyclone des Açores plus puissant
et plus nord que la normale
hPa
979 982 985 988 991 994 997 1000 1003 1006 1009 1012 1015 1018 1021 1024 1027 1030 1033 1036 1039 1042 1045 1048 1051
SOMMAIRE
14 // RappoRt Climat 2013
ÉpIsodE dE FortEs pluIEs Et InondAtIons hIstorIquEs du 17 Au 19 juIn dAns lE sud-ouEst dE lA FrAnCE
les 17 et 18 juin, des pluies orageuses abondantes et
régulières ont touché le relief pyrénéen ainsi que le sud
de l’aquitaine et de midi-pyrénées.
De l’est des pyrénées-atlantiques aux Hautes-
pyrénées et à la Haute-Garonne, les cumuls ont atteint
entre 110 à 180 mm en moins de 48 heures, et jusqu’à
200 mm en altitude. Cet épisode pluvieux a par ailleurs
accéléré la fonte nivale, particulièrement soutenue en
cette saison après plusieurs mois particulièrement plu-
vieux, notamment le mois de mai. les sols, déjà gorgés
d’eau, n’ont pu absorber cet apport d’eau soudain,
ce qui a engendré de fortes crues et des inondations
d’une ampleur et d’une violence exceptionnelles.
vAguE dE ChAlEur sur lA FrAnCE durAnt lA dEuxIèME quInzAInE dE juIllEt
la chaleur s’est installée sur la France à partir du
15 juillet ; un premier pic de chaleur a été enregistré
du 20 au 23 juillet avec des températures souvent su-
périeures à 34 °C du Sud-ouest au Centre, ainsi que
dans l’est de l’Hexagone. Un second pic de chaleur
s’est produit du 25 au 27 juillet, principalement dans
le Sud le 25, puis du Sud-ouest à l’est du pays avec
des maximales entre 34 °C et 36 °C les jours suivants.
Si cet épisode de chaleur a été relativement long, les
températures maximales ont toutefois été loin d’at-
teindre les valeurs de 1983, 2003 ou 2006.
Figure 10 - représentation de la durée et de l’intensité de la vague de chaleur de juillet 2013 en France par rapport aux vagues de chaleur passées depuis 1947
SOMMAIRE
15 // RappoRt Climat 2013
tEMpêtE ChrIstIAn dEs 27 Et 28 oCtobrE
la tempête Christian, qui a pris naissance sur
l’atlantique le dimanche 27 octobre, a balayé l’Europe
de l’ouest, du nord-ouest de la France aux îles Bri-
tanniques, à la Belgique et au Danemark. Cette tem-
pête automnale a atteint la Bretagne le 27, puis s’est
ensuite décalée vers la Normandie pour atteindre le
Nord-pas-de-Calais dans la matinée du 28. le vent a
atteint 130 km/h, des côtes bretonnes aux côtes de
la manche mais a rarement dépassé les 100 km/h à
l’intérieur des terres.
tEMpêtE dIrk du 23 Au 25 dÉCEMbrE
Dans un flux de sud-ouest très rapide s’étendant de la
péninsule ibérique à la Scandinavie, la tempête Dirk a
abordé la Bretagne le 23 décembre, puis s’est étendue
à la quasi-totalité de la France le 24 avant de quitter le
pays par l’est le 25. les régions du nord-ouest de la
France ont été particulièrement touchées par un vent
fort et des précipitations abondantes.
les rafales de vent ont atteint 90 à 120 km/h dans
l’intérieur des terres et jusqu’à 140 km/h sur le litto-
ral nord-ouest ainsi que sur le relief (alpes du Nord et
pyrénées). plus étendue que la tempête Christian, cette
tempête a été toutefois moins violente que la tempête
Joachim du 16 décembre 2011 et ne présente pas de
caractère exceptionnel par rapport à ses homologues
des 30 dernières années (figure 11).
Des pluies abondantes ont en revanche provoqué
de graves inondations en Bretagne et dans le nord
du pays où les cumuls en 24 heures ont atteint 60 à
90 mm, sur des sols déjà saturés. par ailleurs, du
23 au 25 décembre, de fortes précipitations se sont
également abattues du Jura à l’ardèche ainsi que du
sud des alpes à la Côte d’azur, atteignant 60 mm à
plus de 120 mm par endroits.
Figure 11 - Comparaison de l’intensité des tempêtes remarquables ayant touché la métropole depuis 1980 En ordonnée, la portion de territoire balayé par des rafales de vent respectivement supérieures
à 100, 120,140 et 160 km/h
SOMMAIRE
16 // RappoRt Climat 2013
1.4en outRe-MeR, une année pRocHe Des noRMaLes
MARTINIQUE GUADELOUPE GUYANE
RÉUNION NOUVELLE-CALÉDONIE
POLYNÉSIE FRANÇAISE
Tempête tropicale Chantal le 9 juillet*
Fortes pluies et inondations du 17 au 30 avril
Forte houle le 14 janvier
Sècheresse de janvier à mars
Inondation (région côtière) à la mi-mai
Forte houle en janvier et avril
5e année la plus sèche à Rapa (depuis 1951)
3e année la plus chaude aux Marquises
(depuis 1961)
Tempête tropicale Freda le 2 janvier
Violents orages du 1er au 3 juillet*
Sècheresse de mai à septembre*
* Voir éléments d’analyse dans la suite du texte
SOMMAIRE
17 // RappoRt Climat 2013
vIolEnts orAgEs En nouvEllE-CAlÉdonIE En juIllEt
En Nouvelle-Calédonie, les précipitations extrêmes ne
sont pas l’apanage des phénomènes cycloniques. Du
1er au 3 juillet, des pluies exceptionnellement violentes
se sont produites au cœur de l’hiver austral à l’arrière
d’une dépression extratropicale. les cumuls de pluies
journaliers enregistrés ont dépassé 300 mm, voire
600 mm à certains endroits. le 2 juillet, le record plu-
viométrique absolu du réseau de la Nouvelle-Calédonie
a été battu avec 714 mm en 24 heures.
sÉChErEssE hIstorIquE À lA rÉunIon
Une sécheresse remarquable a touché la Réunion de
mai à septembre. Ces cinq premiers mois de la « saison
sèche » ont été les plus secs jamais enregistrés depuis
au moins 50 ans. le déficit pluviométrique moyen sur la
période est de 50 %.
l’arrivée précoce de la saison des pluies a permis aux
mois d’octobre et novembre de bénéficier d’un ar-
rosage très excédentaire (respectivement +80 % et
+70 %) et de mettre fin à la sécheresse des couches
superficielles et aux restrictions d’usages. Néanmoins,
ces excédents n’auront pas permis de combler le déficit
des ressources souterraines.
tempête tropicale Chantal à la Martinique
la tempête tropicale Chantal est passée au sud de la
martinique le 9 juillet et a provoqué des vents forts en
de nombreux secteurs (97 km/h au lamentin, 133 km/h
au Vauclin et 173 km/h à 500 m d’altitude au morne
des Cadets). pour autant, les cumuls de pluies ont été
limités pour un événement de ce type, avec moins de
100 mm en 1 jour.
En 2013, les conditions océaniques tropi-
cales sont restées proches de la neutralité
dans les trois bassins. les précipitations
ont été proches des normales à la Réunion
et en Nouvelle-Calédonie, mais avec des
contrastes saisonniers importants : la sai-
son sèche à la Réunion a ainsi été excep-
tionnelle. aux antilles et en Guyane, la plu-
viométrie a été globalement excédentaire,
avec un nombre particulièrement important
de jours de pluie en martinique. En polyné-
sie, l’année a été déficitaire sur l’ensemble
des archipels, à l’exception des tuamotu
du Nord et du nord-ouest de la Société.
les températures annuelles ont été proches
ou supérieures aux normales : plutôt
chaudes aux antilles, en Guyane et à la Réu-
nion, légèrement fraîches dans les archipels
polynésiens, à l’exception des marquises.
Concernant l’activité cyclonique, les ter-
ritoires ultramarins ont été relativement
épargnés en dehors de quelques tempêtes
tropicales. on note une activité bien plus
faible que la normale sur le bassin atlantique.
SOMMAIRE
18 // RappoRt Climat 2013
les principales contriButions
de météo-France en matière de ServiCeS
ClimatiqueS
2
SOMMAIRE
19 // RappoRt Climat 2013
le terme « services climatiques » désigne l’ensemble
des informations et prestations qui permettent d’éva-
luer et de qualifier le climat passé, présent ou futur,
d’apprécier les impacts des changements clima-
tiques sur l’activité économique, la société et l’en-
vironnement, et de fournir des éléments pour entre-
prendre des mesures d’adaptation et d’atténuation.
C’est avec la conviction que la montée en puis-
sance de ces services doit couvrir tous les aspects
du climat passé, présent et futur que météo-France
a poursuivi en 2013 ses actions : sauvegarde d’ob-
servations anciennes en partenariat avec les ar-
chives Nationales, mise à disposition de projections
climatiques régionalisées sur le portail DRiaS, en
passant par le suivi climatique, qui permet de situer
« le temps qu’il fait » dans une référence climatique,
et la prévision saisonnière, première échéance tem-
porelle de l’adaptation au changement climatique.
En croisant ces connaissances acquises sur le climat
et les besoins de diverses catégories d’utilisateurs, en
les accompagnant au travers de formations et d’études
dédiées, météo-France, opérateur de référence de
la météorologie et du climat, s’attache, chaque jour,
à servir les besoins des acteurs de l’adaptation.
Introduction
SOMMAIRE
20 // RappoRt Climat 2013
2.1lA MÉMoIrEdu ClIMAt
dAtA rEsCuE : lA sAuvEgArdE dEs donnÉEs AnCIEnnEs
météo-France étudie les observations météorologiques
anciennes afin d’améliorer le diagnostic d’évolution du
climat, de mieux comprendre ses variations passées et
les événements extrêmes.
En amont de ce travail d’analyse, il faut procéder à la
recherche et à l’exploration d’archives climatologiques,
les inventorier et évaluer leur valeur scientifique. Des
millions de données sont ainsi récupérées, qui per-
mettent de constituer de nouvelles longues séries in-
téressantes pour l’étude du climat passé.
En 2013, l’établissement a poursuivi le travail de
conservation de la mémoire du climat entrepris et a
fourni des observations météorologiques anciennes
inédites à plusieurs projets, en valorisant les fonds
d’archives du climat de météo-France et des archives
nationales.
trois projets ont largement bénéficié des efforts de
météo-France en matière de Data Rescue :
• le projet d’accès aux archives du climat, mené à Fon-
tainebleau en partenariat avec les archives nationales,
avec le soutien de la fondation BNp paribas ;
• le projet européen ERa-Clim, qui vise notamment à
préparer de nouveaux jeux de données pour une future
réanalyse1 du climat du XXe siècle ;
• le projet CHEDaR (Climate, Health and Environment :
Data Rescue and Modeling), financé par l’agence na-
tionale de la recherche (aNR), qui étudie l’impact sa-
nitaire des cendres volcaniques sur la santé publique
d’un point de vue historique.
Accès aux archives du climat français
le fonds d’archives climatologiques versé par
météo-France aux archives nationales est consi-
dérable et d’une valeur scientifique inestimable :
4 300 cartons de relevés d’observations météorolo-
giques sur la période 1799-1970, contenant des don-
nées dont la grande majorité n’a pas encore été récu-
pérée. En 2013, l’ensemble des cartons d’archives et
leur contenu ont été nettoyés et transférés dans des
nouveaux locaux pour y être analysés. par aileurs, les
premiers outils de recherche ont été développés et
mis en ligne via la salle des inventaires virtuelle des
archives nationales.
Ensemble de cartes météorologiques du nord-ouest de l’Europe par m. Buchan, 1868.
© m
étéo
-Fra
nce/
arc
hive
s na
tiona
les.
1. Réanalyse : lorsque les climatologues souhaitent disposer d’une représentation spatiale et temporelle homogène de l’état de l’atmosphère sur une longue période, ils s’appuient sur des réanalyses de modèles. Celles-ci consistent à reconstruire des champs météorologiques en utilisant un modèle de prévision météorologique en mode ‘analyse’ (d’où le terme réanalyse) auquel on injecte le maximum d’observations disponibles sur la période considérée. Ces reconstructions impliquent de mener des campagnes de collecte d’observations très importantes en amont de l’opération de réanalyse elle-même.
SOMMAIRE
21 // RappoRt Climat 2013
Zones de brouillard Zones sans brouillard
des observations en altitude pour la future réanalyse du xxe siècle
Un des principaux objectifs du projet européen ERa-
Clim était de fournir un nouveau jeu de données à la
future réanalyse globale du XXe siècle produite par le
Centre européen pour les prévisions météorologiques
à moyen terme (CEpmmt). l’effort devait porter sur
les longues séries d’observations en altitude. En 2011,
la base de données climatologiques de météo-France
ne contenait aucune observation en altitude anté-
rieure à 1948 alors que la France a été pionnière dans
la mesure en altitude dès le XiXe siècle. l’établisse-
ment s’est donc engagé dans une vaste opération
de recherche, d’inventaire et de numérisation d’ob-
servations météorologiques en altitude antérieures à
1958, menée sur 30 sites de météo-France, en mé-
tropole et outre-mer. ainsi, des centaines de milliers
de pages de relevés d’altitude ont été numérisés en
2012. En 2013, les efforts ont porté sur la saisie et
l’intégration d’observations de vent en altitude dans la
base de données climatologiques de météo-France.
l’apport de météo-France au projet ERa-Clim a
été déterminant, en particulier pour les territoires
français ultramarins. Grâce au travail de tous les
partenaires, le nombre d’observations météorolo-
giques en altitude, provenant de cerfs-volants et
de radiosondes disponibles pour la future réana-
lyse, a plus que doublé. le travail de récupération
de ces observations en altitude sera poursuivi en
2014 dans le cadre du prochain projet ERa-Clim2.
le brouillard en 1783 sur la france
les phénomènes volcaniques peuvent avoir un impact
sur le climat. le projet CHEDaR vise à reconstituer
les éruptions du laki (islande), dont les dix épisodes
explosifs survenus entre juin 1783 et février 1784 ont
causé des dommages sévères en Europe de l’ouest.
En 2013, l’objectif était de recueillir les données dé-
crivant l’état du ciel (brume, brouillard, couleur du
soleil) et l’odeur de l’air, enregistrées dans 30 villes
réparties sur le territoire français, à partir des ta-
bleaux météorologiques de la Société royale de mé-
decine. la récupération de ces données a permis
de déterminer la chronologie du phénomène, son
étendue et la nature du brouillard. Ces données sur
l’état du ciel ont également été très utiles à la vali-
dation des simulations des panaches de polluants.
période des documents scannés
1900-1960
nombre de données saisies
2,35 millionsd’observations de vent en altitude 1920-1958
nombre d’images
781 269
brouillard sur la France du 28 juin au 3 juillet 1783
SOMMAIRE
22 // RappoRt Climat 2013
hoMogÉnÉIsAtIon dEs longuEs sÉrIEs dE tEMpÉrAturEs
les séries de données brutes observées ne peuvent
pas être directement utilisées pour étudier les évo-
lutions du climat. En effet, les conditions de mesure
varient au cours du temps. les déplacements de sta-
tions, les changements de capteurs ou d’abri, les mo-
difications de l’environnement de la mesure peuvent
provoquer des ruptures d’homogénéité dans les séries
mesurées, qui viennent se superposer au signal clima-
tique. Ces discontinuités peuvent être du même ordre
de grandeur que le signal que l’on cherche à isoler.
l’amplitude d’une rupture dans une série de tempé-
rature peut atteindre 1 °C, ce qui est comparable à
l’augmentation de la température en France au XXe
siècle. l’homogénéisation est un traitement statistique
qui permet de détecter et de corriger les biais présents
dans les séries de données observées, imputables à
ces changements, pour ne conserver que le signal cli-
matique.
En 2013, météo-France a terminé l’homogénéisa-
tion d’un premier jeu complet de séries mensuelles
de températures sur la France métropolitaine, depuis
les années 1950 jusqu’à nos jours. Cette production
systématique permet de consolider le diagnostic des
évolutions climatiques sur tout le territoire français et
répond à une forte attente de la communauté scienti-
fique sur le changement climatique et sur ses impacts.
aujourd’hui, 233 séries de température minimale et
251 séries de température maximale, couvrant l’en-
semble du territoire métropolitain avec une densité
inégalée, sont ainsi disponibles. Des séries homogé-
néisées de température sont également disponibles
pour 3 départements d’outre-mer. Sur l’ensemble des
séries, la tendance moyenne constatée est une aug-
mentation de 0,3 °C par décennie sur la période 1959-
2009, aussi bien pour les températures minimales que
pour les températures maximales.
Ces séries homogénéisées seront régulièrement réac-
tualisées. Un premier jeu de séries homogénéisées de
précipitations sera par ailleurs disponible fin 2014.
tendances linéaires de température sur la période 1959-2009
température minimale
température maximale
SOMMAIRE
23 // RappoRt Climat 2013
rEConstItutIon dEs ÉvÉnEMEnts ExtrêMEs : lE projEt vIMErs
pour étudier les risques de submersion marine, les
chercheurs définissent des valeurs extrêmes, pour les
niveaux marins, d’une part, et les houles, d’autre part.
ils les combinent ensuite pour déterminer les carac-
téristiques d’un évènement de référence touchant le
littoral. Ces phénomènes ont souvent pour origine un
même événement météorologique : les tempêtes.
afin de progresser dans la connaissance et la préven-
tion des risques de submersion marine, météo-France,
le Centre d’études techniques maritimes et fluviales
(CEtmEF) et le Service hydrographique et océanogra-
phique de la marine (SHom) se sont associés dans le
cadre du projet VimERS. l’objectif est d’étudier les
tempêtes menaçant le littoral breton et d’identifier des
événements extrêmes de référence pour en déduire
des paramètres hydrodynamiques concernant les
submersions marines.
les scientifiques associent analyse de données
d’archives et réanalyses numériques (ERa-intérim).
ainsi chaque tempête passée est documentée et une
typologie peut être constituée. le modèle numérique
aRpÈGE permet de reconstituer les tempêtes
historiques les plus représentatives, puis, la prévision
d’ensemble du modèle aRpÈGE (pEaRp) fournit
des tempêtes fictives plausibles. En combinant ces
tempêtes avec des conditions défavorables de marée,
les scientifiques « fabriquent » des événements
extrêmes plausibles qui ne se sont pas encore produits.
Cette méthode innovante apparaît particulièrement
pertinente pour appréhender de futurs événements
extrêmes et envisager les stratégies d’adaptation des
territoires littoraux.
vents observés et reconstitués sur le cas de la tempête d’octobre 1987 (15/10/1987 à minuit)
SOMMAIRE
24 // RappoRt Climat 2013
2.2QuaLiFieR Le cLiMat au QuotiDien
et anticipeR Le FutuR pRocHe
ContrIbutIon Au dIsposItIF CAtAstrophEs nAturEllEs Et AMÉlIorAtIon dE l’EstIMAtIon dEs pluIEs ExtrêMEs
2013 a connu de nombreux épisodes de pluies excep-
tionnelles. lors de ces événements météorologiques,
l’établissement apporte son appui aux préfectures en
produisant notamment des cartes, des bulletins de vi-
gilance et en participant aux cellules de crise. après
l’évènement, météo-France fournit une expertise mé-
téorologique précieuse à la commission interministé-
rielle catastrophes naturelles, en caractérisant et qua-
lifiant ces précipitations pour chaque commune qui
en fait la demande. avec plus de 2 000 demandes en
2013, les centres météorologiques de météo-France
ont été particulièrement sollicités.
afin d’améliorer la caractérisation de ce type d’événe-
ments extrêmes, météo-France a contribué, de 2009
à 2013, au projet EXtRaFlo financé par l’agence na-
tionale pour la recherche. Une comparaison des dif-
férentes méthodes d’estimation statistique des pluies
extrêmes couramment utilisées en France a été réali-
sée, à partir d’un jeu de 1 568 stations pluviométriques
du réseau de météo-France et d’EDF dans la moitié
sud du pays. les principaux résultats ont conduit à une
évolution des productions climatologiques opération-
nelles à météo-France engagée dès 2013. Cette der-
nière sera poursuivie en 2014 et 2015, en coopération
avec le laboratoire HydroSciences montpellier.
SOMMAIRE
25 // RappoRt Climat 2013
qualification de l’enneigement de la saison 2012-2013 dans les Alpes du nord(modèle Crocus, altitude 1 800 m). Cette saison a été la plus régulièrement bien enneigée des 20 dernières années.
nouvEAux IndICAtEurs pour lA quAlIFICAtIon dE l’EnnEIgEMEnt En MontAgnE
la rareté des longues séries climatologiques de hau-
teur de neige en montagne a longtemps freiné le déve-
loppement d’indicateurs climatiques fiables de l’ennei-
gement. les progrès dans la modélisation du manteau
neigeux ont, quant à eux, d’abord visé à satisfaire les
exigences de sécurité pour la prévision des risques
d’avalanche.
En 2012, une action spécifique avait été lancée
conjointement par les services opérationnels et de re-
cherche de météo-France, afin d’identifier les données
et représentations graphiques les plus pertinentes pour
caractériser et qualifier en temps réel l’enneigement
dans les massifs montagneux français. l’approche
développée a privilégié la complémentarité entre les
expertises des nivologues, les observations issues du
réseau nivo-météorologique et les réanalyses climato-
logiques de modélisation du manteau neigeux.
au cours de l’hiver 2012-2013, un premier jeu d’in-
dicateurs originaux a été créé et expérimenté pour le
suivi temporel, la caractérisation mensuelle et la qua-
lification de l’enneigement par rapport aux années
antérieures. Ces indicateurs ont été intégrés aux pu-
blications climatologiques régionales mensuelles de la
région Rhône-alpes. après consolidation des sources
d’information et des modes de représentation, ils au-
ront vocation à constituer les outils de référence pour
le suivi climatique de l’enneigement dans les différents
massifs de haute et moyenne montagne.
SOMMAIRE
26 // RappoRt Climat 2013
Épisode de crues pyrénéennes de juin 2013 (cumul 48 heures de précipitations totales SaFRaN et fonte nivale estimée par iSBa)
EstIMAtIon dE lA FontE nIvAlE À l’AIdE dE lA ChAînE sIM
le système de modélisation SaFRaN-iSBa-moDCoU
(Sim) fournit une estimation de l’état des sols et du
stock de neige sur la France métropolitaine à la résolu-
tion 8 km. il délivre également une analyse des débits
sur l’ensemble du réseau hydrographique. Sim utilise
exclusivement comme données d’entrée des forçages
météorologiques, issus d’observations (précipitations,
température) et d’analyses de modèles (rayonnement,
vent…). Des analyses Sim quotidiennes permettent de
suivre l’évolution du manteau neigeux et d’estimer la
fonte nivale, qui contribue parfois significativement au
débit des cours d’eau lors d’épisodes printaniers de
fonte, comme celui de juin 2013 dans les pyrénées.
Cette chaîne est également utilisée pour réaliser des
prévisions d’ensemble (c’est-à-dire probabilistes) de
différents paramètres, notamment l’évolution des dé-
bits et du stock de neige (apport par les précipitations,
fonte).
Cette chaîne, dont les prévisions de débit sont testées
au Service central d’hydrométéorologie et d’appui à la
prévision des inondations (SCHapi), deviendra opéra-
tionnelle au second semestre 2014.
Col du tourmalet (Hautes-pyrénées), le 5 juin 2013.
Cré
dits
: J
ean-
Séb
astie
n G
ion
SOMMAIRE
27 // RappoRt Climat 2013
synthèse des prévisions dE tEMpÉrAturEs MoyEnnEs pour le trimestre Août-septembre-octobre 2013 par rapport aux normales saisonnières pour la France métropolitaine et le départements et territoires d’outre-mer
prÉvIsIon sAIsonnIèrE opÉrAtIonnEllE
météo-France a développé une chaîne de prévi-
sion saisonnière basée sur un modèle couplé océan/
atmosphère très semblable à celui utilisé pour réaliser
les projections climatiques. au début de chaque mois,
cette chaîne délivre ses prévisions sur plusieurs mois
d’échéance et est un des contributeurs historiques
au système européen de prévision saisonnière multi-
modèles EURo-Sip.
Ces informations sont utilisées notamment dans le
cadre du Centre climatique régional (RCC) de la région
« Europe », mis en place par l’organisation météorolo-
gique mondiale, et dont météo-France anime les acti-
vités consacrées aux prévisions à longues échéances.
Elles permettent d’établir un bulletin climatique, syn-
thétisant l’état du système climatique et les perspec-
tives sur 3 mois à venir. les informations délivrées par
le RCC sont également exploitées dans le cadre des
forums climatiques régionaux (RCoF : Regional Cli-
mate outlook Forum) en afrique, sur le continent indien
ou dans le sud-est de l’Europe. Elles sont également
utilisées par le forum mEDCoF (Mediterranean Climate
Outlook Forum) dédié au bassin méditerranéen.
Compte tenu de la meilleure prévisibilité aux basses la-
titudes, ces prévisions sont actuellement utilisées avec
succès dans les régions tropicales (prévision de dengue
en Nouvelle-Calédonie, gestion du barrage de manan-
tali en afrique de l’ouest, …). Sur le territoire européen,
elles restent beaucoup plus incertaines. Des travaux
de recherche ont néanmoins démontré une prévisibi-
lité saisonnière « intéressante » dans le domaine de la
ressource en eau. météo-France développe donc ac-
tuellement un prototype de service climatique basé sur
ces résultats. Ce développement se fait dans le cadre
du projet européen « EUpoRiaS » avec des utilisateurs
ciblés, les gestionnaires de la ressource en eau des
bassins Seine-Normandie, adour-Garonne ainsi que la
Commission de suivi hydrologique du Conseil national
de l’eau. Certaines informations dérivées pourront éga-
lement servir le domaine de l’énergie.
les résultats sont exprimés
en trois scénarios :
«supérieur à la normale»,
«proche de la normale» et
«inférieur à la normale».
les seuils séparant deux
scénarios adjacents sont
choisis de telle façon que
les trois scénrios aient en
moyenne la même probabi-
lité de réalisation de 33 %.
Si la prévision ne privilégie
aucun scénario, la case
correspondante est grisée.
SOMMAIRE
28 // RappoRt Climat 2013
55 000 visites sur
l’année 2013
(moyenne de 4 579visites par mois)
29 400 visiteurs
différents
qui émanent d’environ 90 pays
2,1 millions de pages vues
l’Espace Découverte étant de loin l’espace le plus
fréquenté du portail
2.3Le cHanGeMent cLiMatiQue et L’appui auX poLitiQues D’aDaptation
lE portAIl drIAs MontE En puIssAnCE
le lancement à l’été 2012 du portail « DRiaS - les
futurs du climat » a constitué une étape majeure dans
la volonté de météo-France de mettre en ligne des
informations climatiques utiles aux acteurs socio-
économiques concernés par l’adaptation. En 2013,
DRiaS a connu des évolutions importantes : mise à
disposition de 11 indices supplémentaires avec notam-
ment des degrés-jour de température et les périodes de
sécheresse, amélioration de l’accompagnement des
utilisateurs avec l’ajout de textes facilitant l’interpréta-
tion des résultats, accessibilité du portail en anglais.
2013 a aussi été marquée par la journée d’information
et d’échanges consacrée aux retours d’utilisateurs, le
15 avril, au siège de météo-France à Saint-mandé. En
complément des retours via la hotline du portail, l’ob-
jectif était de recueillir plus largement les avis des utili-
sateurs et de mieux comprendre les types d’usage des
données, les difficultés rencontrées et les demandes
d’évolution. Une soixantaine de personnes d’horizons
très divers (institutionnels, organismes de recherche,
bureaux d’étude, collectivités territoriales) étaient pré-
sentes. plusieurs demandes d’évolutions ont été ex-
primées : extension à l’outre-mer, intégration des nou-
veaux scénarios RCp régionalisés, renforcement de
l’accompagnement des utilisateurs.
SOMMAIRE
29 // RappoRt Climat 2013
lEs EnsEIgnEMEnts du projEt ExplorE 2070
le projet Explore 2070, qui s’est déroulé de juin 2010
à octobre 2012, a rassemblé une quinzaine d’acteurs
publics et privés (établissements de recherche, bureau
d’études...). Ce projet visait plusieurs objectifs : étu-
dier le changement climatique à l’horizon 2070, faire
progresser les connaissances en matière d’impacts du
changement climatique sur les hydro-systèmes et la
ressource en eau au niveau national et proposer pour
la première fois un outil et une stratégie pour l’adapta-
tion dans le domaine de l’eau.
météo-France a contribué aux travaux sur l’hydrolo-
gie de surface en réalisant une évaluation de l’impact
possible du changement climatique sur les eaux su-
perficielles, principalement en termes de débits des
cours d’eau, mais aussi de température de l’eau. Cette
étude a été menée sur la base du scénario d’évolution
climatique a1B du rapport 2007 du GiEC à l’horizon
2046-2065 en France métropolitaine et 2040-2070 sur
les départements d’outre-mer. par rapport à un état de
référence (1961-1990), cette analyse indique une dimi-
nution significative globale des débits moyens annuels
à l’échelle du territoire, de l’ordre de 10 % à 40 % se-
lon les simulations, une diminution des débits d’étiage
encore plus prononcée que la diminution à l’échelle
annuelle pour une grande majorité des cours d’eau et
des évolutions plus hétérogènes et globalement moins
importantes sur les crues.
l’opCC, un outIl trAnsFrontAlIEr pour l’AdAptAtIon Au ChAngEMEnt ClIMAtIquE
En 2013, météo-France a été très présent aux côtés
des observatoires du changement climatique, avec la
mise en ligne d’un nouvel indicateur de sècheresses
sur le site de l’observatoire national concernant les ef-
fets du réchauffement climatique (oNERC) et des pres-
tations au profit de plusieurs observatoires régionaux.
le projet iNtERREG, lancé en 2012 par la Communau-
té de travail des pyrénées, vise à améliorer la connais-
sance des impacts du changement climatique sur le
massif. Dans le cadre de l’observatoire pyrénéen du
changement climatique (opCC), ce projet intègre une
action sur le climat, menée par l’université de Sara-
gosse et le Service météorologique de Catalogne, en
partenariat avec météo-France. l’objectif est de créer
une base de données climatique transfrontalière à
l’échelle du massif pour l’analyse des tendances et le
suivi de l’évolution climatique.
ainsi, sur les deux versants de la chaîne pyrénéenne,
66 séries mensuelles de températures minimales et
maximales, initiées dans les années 1950, ont été sé-
lectionnées et homogénéisées. Sur la période 1959-
2010, pour laquelle les séries sont suffisamment nom-
breuses pour établir un diagnostic, le réchauffement
à l’échelle du massif atteint +0,2 °C par décennie en
température moyenne, avec une hausse plus forte pour
les températures maximales (notamment l’été) que
pour les températures minimales (notamment l’hiver).
le projet se poursuivra en 2014 avec l’analyse
des tendances pour les précipitations mensuelles
sur 144 séries françaises et espagnoles sur la pé-
riode 1950-2010 et la production d’indicateurs
de changement climatique annuel et saisonnier
pour les températures et précipitations. ils seront
mis à disposition sur le site web de l’observatoire
(http://www.opcc-ctp.org/).
SOMMAIRE
30 // RappoRt Climat 2013
AgEnCE pArIsIEnnE du ClIMAt
Créée en 2011 à l’initiative de la ville de paris, dans
le cadre de son plan climat, l’agence parisienne du
climat (apC) est une association loi 1901, indépen-
dante et multi-partenariale. Elle a pour vocation de
promouvoir la sobriété énergétique, d’accompagner le
changement des comportements, de développer les
énergies renouvelables et de soutenir l’engagement
concret dans la lutte contre le changement climatique
et cela dans tous les secteurs concernés (bâtiments,
transports, consommation...).
météo-France s’est engagé dans cette structure en
tant que membre fondateur. au travers de leur parte-
nariat, météo-France et l’apC ont pour ambition de
construire et diffuser un socle de connaissances sur le
changement climatique à paris, dans le but de déve-
lopper les solutions appropriées pour agir.
il s’agit de favoriser le développement de services cli-
matiques sur un territoire à la fois emblématique et di-
rectement concerné à plus d’un titre. Dans le panel
de services climatiques rendus, figurent : la transmis-
sion d’une connaissance actualisée des informations
relatives au changement climatique au niveau local, le
suivi en temps réel du climat de la capitale et la ré-
alisation d’études spécifiques sur le climat urbain.
Au plus près dEs ACtEurs dE l’AdAptAtIon
le projet ViaDUC (Valoriser DRiaS et innover sur
l’adaptation grâce au design, avec des usagers
concernés par le climat), toujours en cours et soutenu
par le programme GiCC (Gestion et impact du chan-
gement climatique) du mEDDE, a montré la nécessité
de présenter des informations mêlant passé, présent
et futur pour les différentes parties du territoire. ain-
si, pour la ressource en eau, par exemple, rapprocher
les représentations de l’état actuel des sols superfi-
ciels des normales climatiques et des scénarios futurs
contribuerait à rendre plus concrètes, auprès des élus
et des gestionnaires, les perspectives climatiques.
De nombreuses actions de formation ont également
été menées par météo-France : pour l’agence de l’en-
vironnement et de la maîtrise de l’énergie (aDEmE) ou
au profit des agents des Directions départementales
des territoires de la Direction Régionale de l’environ-
nement, de l’aménagement et du logement (DREal)
midi-pyrénées, ou bien encore pour aider les élus à
se positionner quant à l’adoption d’un pCEt (plan
climat-énergie territorial) ou d’un schéma de massif.
Ces actions ont dépassé le cadre national, avec l’or-
ganisation du stage de l’organisation météorologique
mondiale (omm) « Climatology, foundation for Climates
Services », au centre météo-France de toulouse,
auquel des scientifiques de 18 pays ont participé.
IntErnAtIonAl
2013 a vu la mise en place concrète des premiers élé-
ments relatifs au Cadre mondial des services climatiques
(GFCS). météo-France y a participé notamment en repré-
sentant la France à la première réunion du Conseil inter-
gouvernemental des service climatiques, qui s’est tenue
à Genève du 1er au 5 juillet. ont notamment été discutées
des questions relatives à la gouvernance et à l’établis-
sement d’une feuille de route pour la mise en place du
GFCS. Ce dernier vise à amortir l’impact de la variabilité
du climat et du changement climatique grâce à la fourni-
ture de services climatologiques axés sur les besoins des
usagers, en priorité dans les secteurs de l’eau, de la san-
té, de l’agriculture et de la prévention des catastrophes.
Dans la droite ligne et en accompagnement au GFCS,
les climatologues de météo-France ont par ailleurs ani-
mé différents groupes dédiés à la gestion des bases de
données, aux produits et services climatiques ou encore
au Système d’information pour les services climatiques
(CSiS).
SOMMAIRE
31 // RappoRt Climat 2013
Focus Sur quelqueS
aCtivitéS de reCherChe
Sur le Climat
3
SOMMAIRE
32 // RappoRt Climat 2013
3.1 La contRiBution
De Météo-FRance Au premier volet
du rApport du Giec
le Groupe d’experts intergouvernemental sur
l’évolution du climat (GiEC) a pour mission d’évaluer
et synthétiser les différentes études sur le changement
climatique publiées à travers le monde. le premier volet
du 5e rapport du GiEC a été publié le 27 septembre
2013. le second volet sur les impacts, l’adaptation
et la vulnérabilité aux changements climatiques et le
troisième consacré aux politiques d’atténuation du
changement climatique ont quant à eux été rendus
public respectivement les 31 mars et 12 avril 2014.
le premier volet du rapport du GiEC dresse un état
des lieux scientifique sur les éléments physiques du
changement climatique. il a associé 259 auteurs,
600 contributeurs et plus d’un millier de relecteurs.
météo-France conduit des travaux de reconstruction
du climat passé qui ont contribué à alimenter les
séries de données d’observations du climat dont
le rapport synthétise l’analyse. l’interprétation
des changements observés et la construction des
scénarios climatiques futurs requièrent quant à elles
la réalisation de simulations climatiques. le Centre
de recherche de météo-France (CNRm-GamE, unité
mixte de recherche de météo-France et du CNRS), en
association avec le Centre européen de recherche et
de formation avancée en calcul scientifique (CERFaCS)
a ainsi réalisé l’ensemble des simulations du projet
international Cmip5 (phase 5 du Coupled Model
Intercomparison Project) qui a servi de base à ce volet
du rapport.
Enfin, des chercheurs de météo-France ont participé
à la rédaction de deux chapitres et d’annexes du
rapport et à la révision de l’ensemble du texte, et plus
particulièrement de son résumé pour décideurs, jusque
dans la phase finale de son élaboration à Stockholm.
lEs sIMulAtIons ClIMAtIquEs
les simulations réalisées par le CNRm-GamE, en
association avec le CERFaCS, dans le cadre du projet
Cmip5 ont servi à évaluer la capacité des modèles
climatiques à reproduire les climats passés, à réaliser
des projections du climat depuis les prochaines
décennies jusqu’aux prochains siècles, et à analyser
les mécanismes et les incertitudes de ces évolutions
climatiques. En plus de celles requises pour participer
à cet exercice international de simulation du climat,
des simulations optionnelles ont aussi été effectuées.
le CNRm-GamE a notamment réalisé des simulations
prenant en compte différents facteurs d’évolution
climatique (variabilité solaire et volcanisme seuls, gaz
à effet de serre seuls, …) pour évaluer la part des
activités humaines dans les évolutions climatiques
récentes.
les résultats des simulations réalisées par le CNRm-
GamE et le CERFaCS ont été intégrés dans les
commentaires et figures du rapport du GiEC, à l’instar
de la figure 1. Cette dernière montre le réchauffement
global simulé à l’horizon 2100 par un ensemble de
modèles de Cmip5 (parfois plusieurs modèles pour un
même centre mondial).
Elle illustre l’un des résultats majeurs du GiEC :
• il est probable que le réchauffement dépassera 2 °C
par rapport à la période 1850-1900 pour le scénario
RCp8.5 (de l’ordre de 4 °C pour le modèle du CNRm-
CERFaCS),
• il est improbable qu’il dépasse 2 °C pour le scénario
RCp2.6 (moins de 2 °C pour le modèle du CNRm-
CERFaCS).
SOMMAIRE
33 // RappoRt Climat 2013
zooM sur troIs ÉtudEs publIÉEs pAr dEs ChErChEurs du CnrM-gAME (MÉtÉo-FrAnCE Et Cnrs)
Comme les 24 autres centres de recherche mondiaux
à avoir contribué à Cmip5, le CNRm-GamE a partagé
l’ensemble de ses résultats avec la communauté
scientifique internationale. leur mise à disposition
a permis la publication de près de 200 articles
scientifiques parus avant la fin de l’année 2013, dont un
grand nombre a pu être évalué et cité dans le premier
volet du rapport du GiEC. parmi l’ensemble des études
citées, une dizaine d’articles scientifiques ayant un
premier auteur du CNRm-GamE ont été publiés en
2013. trois sont résumées ci-après, illustrant la nature
des travaux réalisés.
évaluation des modèles
• La nouvelle version du modèle CNRM-CM5
l’article de Voldoire et al. (2013) présente la nouvelle
version du modèle climatique CNRm-Cm5, développée
conjointement par le CNRm et le CERFaCS en vue de
la participation à l’exercice Cmip5. ll est l’article de
référence du modèle et est cité dans les chapitres du
rapport du GiEC sur l’évaluation des modèles et les
projections climatiques.
Pour aller plus loin
Cet article décrit les caractéristiques principales de
la nouvelle version du modèle et fournit une première
évaluation de sa climatologie moyenne. Comparé
à la précédente version du modèle climatique utilisé
pour Cmip3 (en 2005), ce modèle comporte des
améliorations : dans le traitement du rayonnement et
des particules en suspension dans l’atmosphère, dans
la représentation de l’hydrologie continentale ou encore
celle des échanges d’eau et d’énergie à la surface de la
mer. la résolution horizontale, en latitude et longitude, a
par ailleurs été accrue tant pour l’atmosphère (passant
Figure 1 - variation de la température mondiale moyenne en surface par rapport à 1986-2005simulée pour le passé (en noir) et le futur (RCp2.6 en bleu, RCp8.5 en rouge) par un ensemble de modèles climatiques
(dont le nombre est indiqué). les moyennes et incertitudes des changements pour la période 2081-2100 sont aussi
représentées à droite de la figure, pour tous les scénarios. (D’après le premier volet du rapport du GiEC)
SOMMAIRE
34 // RappoRt Climat 2013
de 2,8° à 1,4°) que dans l’océan (passant de 2° à 1°).
Ces développements conduisent généralement à une
meilleure représentation de la moyenne du climat
récent et à une réduction des dérives sur la période
préindustrielle. la dynamique de grande échelle est
en général améliorée à la fois dans l’atmosphère et
dans l’océan, et le biais de température de surface
moyenne par rapport aux observations, présent
dans les simulations de Cmip3, est clairement réduit.
Cependant, certaines failles demeurent, comme des
biais significatifs des précipitations et du rayonnement
dans de nombreuses régions, ou une dérive prononcée
de la salinité moyenne de l’océan global.
• Comparaison des simulations de températures
en Europe du climat récent et du climat futur par
33 modèles climatiques de CMIP5
l’article de Cattiaux et al. (2013) s’intéresse aux
températures en Europe du climat récent et du climat
dans le futur suivant le scénario RCp8.5. il synthétise
l’analyse de 33 modèles climatiques de Cmip5, dont
le modèle CNRm-Cm5, en cherchant à interpréter
l’origine des erreurs des modèles par rapport aux
observations et la dispersion des résultats pour le climat
futur. Cet article est cité dans le chapitre du rapport
du GiEC sur l’évaluation des modèles comme une des
rares études qui permettent une évaluation détaillée à
l’échelle régionale des modèles couplés globaux de
Cmip5. il est aussi cité de manière plus complète dans
le chapitre sur les changements climatiques régionaux,
à l’appui de l’analyse des changements de régime de
temps sur l’Europe et de celle des incertitudes des
projections.
Pour aller plus loin
l’article montre qu’en moyenne, les modèles de
Cmip5 ont un biais froid en hiver, particulièrement
sur l’Europe du Nord, mais qu’ils surestiment les
températures estivales sur l’Europe centrale. les
réchauffements projetés sont plus forts en été qu’en
hiver, avec un réchauffement plus important sur les
régions méditerranéennes. Contrairement aux modèles
utilisés pour Cmip3 et le rapport du GiEC de 2007, les
modèles de Cmip5 projettent une augmentation de la
fréquence des phases négatives de l’oscillation Nord-
atlantique. Des liens entre les biais et les changements
de température futurs simulés sont mis en évidence
pour l’hiver, suggérant une possible influence de la
représentation de la couverture de neige. l’analyse de
la dispersion des résultats fait quant à elle la part entre
la représentation de la dynamique atmosphérique et
celle des processus locaux par les modèles. la figure
2 illustre, par exemple, le lien statistique existant
entre l’amplitude du réchauffement simulé en été et la
réduction de la nébulosité à l’échelle locale.
Figure 2 - Moyennes des changements de température estivale en Europe simulés par les modèles de CMIp5(différence entre la moyenne 2070-2099 dans le scénario RCp8.5 et la moyenne 1979-2008) représentés en rapport avec les changements simulés de la fraction nuageuse
les couleurs dans les ronds
associés à chaque modèle
indiquent la corrélation spatiale,
comprise entre –1 et 1, entre les
changements de température
et les changements de fraction
nuageuse selon l’échelle
figurant en bas et à droite : une
corrélation négative associe une
plus forte (plus faible) diminution
de la fraction nuageuse à un plus
fort (plus faible) réchauffement.
(D’après Cattiaux et al., 2013)
SOMMAIRE
35 // RappoRt Climat 2013
détection et attribution du changement climatique
l’article de Douville et al. (2013) est une étude dite
de détection/attribution du changement climatique.
la détection consiste à déterminer si un changement
observé se distingue, au sens statistique du terme, de
la variabilité interne au système climatique. l’étape de
l’attribution consiste, elle, à interpréter un changement
détecté par une combinaison de facteurs d’évolution
du climat externes au système climatique, pouvant
être d’origine naturelle (comme la variabilité solaire et le
volcanisme) ou d’origine humaine (comme les gaz à effet
de serre ou les particules d’aérosols atmosphériques
liés aux activités humaines). Cet article a montré pour
la première fois que les variations de l’évaporation de
l’eau des sols et de la végétation (évapotranspiration)
à l’échelle du globe au cours de la seconde moitié du
XXe siècle sont en partie liées aux émissions humaines
de gaz à effet de serre et d’aérosols.
Ce résultat sur la détection d’un signal anthropique sur
les changements d’évapotranspiration est cité dans le
chapitre du rapport du GiEC traitant de la détection et
de l’attribution.
Pour aller plus loin
avec le réchauffement global, le cycle hydrologique
global devrait s’intensifier, avec à la fois une
augmentation de l’évapotranspiration (EVt) et
des précipitations. mais, jusqu’ici, l’amplitude et
la distribution spatiale de cette réponse moyenne
globale et annuelle est demeurée très incertaine. les
changements d’EVt à l’échelle continentale sont peut-
être déjà en cours, mais ils n’ont jamais été attribués
aux émissions anthropiques de gaz à effet de serre
et de particules d’aérosols sulfatés. Dans cet article,
des estimations globales de l’EVt sont produites sur
une grille spatiale et la démonstration est faite que les
différentiations, en latitude et à l’échelle décennale, des
variations récentes d’EVt ne peuvent être comprises
sans invoquer les facteurs anthropiques. la figure 3
illustre ce résultat dans le cas des régions tropicales,
en représentant à la fois des reconstructions d’EVt à
partir des observations et les résultats de simulations
de CNRm-Cm5 incluant, d’une part, les seuls effets
des facteurs naturels, et d’autre part, l’ensemble des
facteurs naturels et anthropiques.
Figure 3 - Changements d’évapotranspiration moyennés sur les continents des régions tropicales (30° S-30° N), simulées (aplats colorés) et reconstruites (lignes brisées) en moyenne sur des périodes indépendantes de
11 ans couvrant la période 1950-2005.
les anomalies simulées sont
reproduites à partir de deux
ensembles d’une dizaine de
simulations réalisées avec le modèle
CNRm-Cm5, contraint par des
facteurs naturels seulement (en
bleu), et à la fois par des facteurs
naturels et anthropiques (en
jaune). les anomalies reconstruites
correspondent aux résultats
obtenus avec deux modèles de
surface (noir et gris), contraints
par deux climatologies observées
de précipitations (traits continus et
tiretés). (D’après Douville et al., 2013)
SOMMAIRE
36 // RappoRt Climat 2013
références
Cattiaux J., Douville H., et peings Y., 2013 : European
temperatures in Cmip5: origins of present-day biases
and future uncertainties. Climate Dynamics, 41 (11-
12), 2889-2907, Doi: 10.1007/s00382-013-1731-y.
Douville H., Ribes a., Decharme B., alkama R.,
et Scheffield J., 2013 : anthropogenic influence
on multidecadal changes in reconstructed global
evapotranspiration. Nature Climate Change, 3(1), 59-
62, Doi: 10.1038/NClimatE1632.
ipCC, 2013 : Climate Change 2013: The Physical
Science Basis. Contribution of Working Group I to
the Fifth Assessment Report of the Intergovernmental
Panel on Climate Change [Stocker t.F., Qin D., plattner
G.-K.,tignor m., allen S. K., Boschung J., Nauels a.,
Xia Y., Bex V., et miidgley p. m. (eds.)]. Cambridge
University press, Cambridge, United Kingdom and
New York, NY, USa, 1 535 p.
Voldoire a., Sanchez-Gomez E., Salas y mélia D.,
Decharme B., Cassou C., Sénési S., Valcke S., Beau i.,
alias a., Chevallier m., Déqué m., Deshayes J., Douville
H., Fernandez E., madec G., maisonnave E., moine
m.-p., planton S., Saint-martin D., Szopa S., tyteca
S., alkama R., Belamari S., Braun a.,Coquart l., et
Chauvin F., 2013 : the CNRm-Cm5.1 global climate
model : description and basic evaluation. Climate
Dynamics, 40(9-10), 2091-2121, Doi: 10.1007/
s00382-011-1259-y.
3.2 iMpacts Du cHanGeMent cLiMatiQue dAns les villes
les projections climatiques prévoient à la fois
une augmentation de la température en France
métropolitaine, une hausse du niveau de la mer et
une augmentation de la fréquence et de l’intensité
d’événements extrêmes (pluies intenses, vagues
de chaleur…). autant de phénomènes qui pourront
avoir des impacts sur les villes. Dans ce contexte, de
nombreuses questions se posent. Quels seront les
effets locaux, sur une ville particulière, du changement
climatique global ? Quelle sera l’énergie nécessaire
pour assurer le confort thermique des habitants ?
Comment adapter la structure urbaine au changement
climatique ? … Ces problématiques font de la ville un
«laboratoire» en termes d’études sur l’adaptation au
changement climatique.
Dans ce domaine, les recherches conduites par le
CNRm ont visé à progresser dans la modélisation
en améliorant tEB (Town Energy Balance), le modèle
de surface dédié aux villes, et dans la conception de
méthodes pour étudier les impacts et les stratégies
d’adaptation des villes au changement climatique.
plusieurs processus physiques ont été introduits au
modèle tEB. par exemple, une meilleure prise en
compte de la thermique des bâtiments (bilan interne
dans le bâtiment, fenêtres, chauffage, climatisation,
ventilation, volets, etc.) permet maintenant de calculer
les consommations d’énergie dépendantes des variations
météorologiques et climatiques (Bueno et al., 2012).
Des jardins et toits végétalisés (lemonsu et al., 2012 ;
De munck et al., 2013a) ont également été introduits
dans le modèle afin d’étudier la végétalisation comme
outil pour l’adaptation des villes. Ces développements
récents placent tEB au tout premier plan mondial
des modèles urbains pour les études d’impact.
SOMMAIRE
37 // RappoRt Climat 2013
En savoir plus sur le modèle tEb
Ce modèle prend en compte les paramètres de surface ayant une influence significative sur
l’atmosphère. la géométrie urbaine y est simplifiée : le modèle ne vise pas à simuler explicitement
tous les détails d’un bâtiment ou d’une rue donnée, mais plutôt les processus à l’échelle d’un quartier.
pour chaque maille du modèle, la ville est représentée par une rue-type du quartier définie par sa
largeur, la hauteur de ses immeubles, les matériaux utilisés pour le bâti, la couleur et l’isolation des
toits et des façades, la proportion de fenêtres, etc. la résolution du modèle peut atteindre 100 mètres.
dEs projEts IntErdIsCIplInAIrEs pour pEnsEr lA vIllE dE dEMAIn
les études d’adaptation des villes au changement
climatique nécessitent de prendre en compte plusieurs
processus qui ont tous une échelle de temps similaire,
100 ans : le réchauffement climatique, l’expansion
et l’aménagement urbain du fait de « l’inertie » de la
ville (durée de vie du parc de bâtiments), et enfin les
usages des habitants qui se modifient en une ou deux
générations. Contrairement aux autres laboratoires en
météorologie et climat qui considèrent ces aspects
indépendamment, le CNRm a adopté une approche
systémique pour traiter ces couplages de processus
(masson et al., 2014). ainsi les études menées le
sont dans le cadre de projets interdisciplinaires
(aCClimat, mUSCaDE, VURCa, VEGDUD) regroupant
météorologistes, architectes, thermiciens du bâtiment,
géographes, économistes, ainsi que des agences
d’urbanisme, acteurs clef de la planification urbaine.
parmi les résultats mis en évidence, ces études ont
notamment montré que le réchauffement climatique
devrait être plus sensible en zones périurbaines
(lemonsu et al., 2013), ou encore que la végétation
joue le rôle de modérateur thermique en ville mais
nécessite des besoins en eau importants qu’il sera
nécessaire à l’avenir de mieux quantifier et prendre en
compte dans les stratégies d’adaptation.
il ressort aussi que la climatisation peut accentuer
significativement l’îlot de chaleur urbain sur paris
(De munck et al., 2013b). les comportements
des habitants en termes d’usage et d’équipement
énergétiques sont un facteur important à prendre
en compte pour les études liant consommation
énergétique et microclimat urbain. les canicules
seront de plus en plus fortes et fréquentes, et on
ne pourra pas se passer de la climatisation à la fin
du siècle. toutefois, des stratégies d’aménagement
urbain mises en œuvre aujourd’hui permettraient dans
le futur de limiter l’usage de la climatisation, à défaut
de le supprimer complètement.
Figure 4 - Consommation d’énergie (kWh/m²/an) pour paris (projet MusCAdE)
Cette simulation reproduit la consommation du
bâti (résidentiel et tertiaire) sur l’ensemble de
l’agglomération à 5 % près. Elle a été rendue possible
par les améliorations du modèle tEB mais aussi par
la description du bâti grâce à la collaboration avec le
laboratoire d’architecture de toulouse.
SOMMAIRE
38 // RappoRt Climat 2013
référencesBueno B., pigeon G., Norford l. K., Zibouche K., et
marchadier C., 2012 : Development and evaluation of
a building energy model integrated in the tEB scheme.
Geoscientific Model Development, 5, 433-448.
De munck C., lemonsu a., Bouzouidja R., masson
V., et Claverie R., 2013a : the GREENRooF module
(v7.3) for modelling green roof hydrological and
energetic performances within tEB. Geoscientific
Model Development, 6, 1941-1960.
De munck C., pigeon G., masson V., meunier F.,
Bousquet p., tréméac B., merchat m., poeuf p., et
marchadier C., 2013b : How much air conditioning can
increase air temperatures for a city like paris, France ?
International Journal of Climatology, 33, 210–227, Doi:
10.1002/joc.3415.
lemonsu a., masson V., Shashua-Bar l., Erell E., et
pearlmutter D., 2012 : inclusion of vegetation in the
town Energy Balance model for modeling urban green
areas. Geoscientific Model Development, 5, 1377-
1393.
lemonsu a., Kounkou-arnaud R., Desplat J., Salagnac
J.-l., et masson V., 2013 : Evolution of the parisian
urban climate under a global changing climate. Climatic
change, 116, 679–692, Doi: 10.1007/s10584-012-
0521-6.
masson V., marchadier C., adolphe l., aguejdad R.,
avner p., Bonhomme m., Bretagne G., Briottet X., Bueno
B., De munck C., Doukari o., Hallegatte S., Hidalgo J.,
Houet t., le Bras J., lemonsu a., long N., moine m.-
p., morel t., Nolorgues l., pigeon G., Salagnac J.-l., et
Zibouche K., 2014 : adapting cities to climate change :
a systemic modelling approach. Urban Climate, sous
presse, Doi: 10.1016/j.uclim.2014.03.004.
Figure 5 - Impact de la climatisation sur l’îlot de chaleur nocturne parisien
même si l’on climatise moins la nuit, l’impact de la climatisation sur le micro-climat y est plus important, du fait de
la plus faible épaisseur de la couche limite atmosphérique. Cette étude a donné lieu à une conférence de presse à
l’aGU : http://www.youtube.com/watch?v=erKC146vosw.
SOMMAIRE
39 // RappoRt Climat 2013
Glossaire
4
SOMMAIRE
40 // RappoRt Climat 2013
GLossaiRe Des siGLes, Acronymes et AbréviAtions
ACCLIMAT .................................................adaptation au changement climatique de l’agglomération toulousaineADEME ...........................................................agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergieAGU ....................................................................american Geophysical UnionANR ....................................................................agence nationale de la rechercheARPÈGE ........................................................ action de recherche petite échelle grande échelle (modèle de prévision numérique à grande échelle de
météo-France)CEPMMT ......................................................Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen termeCERFACS ....................................................Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifiqueCETMEF ........................................................Centre d’études techniques maritimes et fluvialesCHEDAR .......................................................Climate, Health and Environment : Data Rescue and modellingCMIP .................................................................Coupled model intercomparison projectCNRM ..............................................................Centre national de recherches météorologiquesCNRS ................................................................Centre national de la recherche scientifiqueCSIS ...................................................................Climate Services information SystemDREAL .............................................................Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logementDRIAS .............................................................. Donner accès aux scénarios climatiques régionalisés français pour l’impact et l’adaptation de nos
sociétés et environnementsENSO ................................................................El Niño Southern oscillationERA-CLIM ...................................................European Reanalysis of Global Climate observationsEUPORIAS .................................................European provision of Regional impacts assessments on Seasonal and decadal timescalesEURO-SIP ...................................................European Seasonal to interannual predictionEXTRAFLO .................................................Extreme Rainfall and Flood estimationFP7 ......................................................................Seventh Framework programme (pCRD7 en français)GAME ...............................................................Groupe d’étude de l’atmosphère météorologiqueGFCS ................................................................Global Framework for Climate ServicesGICC ..................................................................Gestion et impacts du changement climatiqueGIEC ..................................................................Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climatINTERREG ..................................................initiative communautaire pour la promotion de la coopération transfrontalière et interrégionaleISBA ...................................................................modèle d’interactions sol-biosphère-atmosphèreMEDCOF ......................................................mediterranean Climate outlook ForumMEDDE ...........................................................ministère de l’Énergie, du Développement durable et de l’ÉcologieMODCOU ....................................................modèle hydrologiqueMUSCADE .................................................. modélisation urbaine et stratégies d’adaptation au changement climatique pour anticiper la demande
et la production énergétiqueNAO ....................................................................North atlantic oscillationOMM .................................................................organisation météorologique mondialeONERC ...........................................................observatoire national des effets du réchauffement climatiqueOPCC ...............................................................observatoire pyrénéen du changement climatiquePCET .................................................................plan climat-énergie territorialPEARP.............................................................prévision d’ensemble du modèle aRpÈGERCOF ................................................................Regional Climate outlook ForumRCP ....................................................................Representative Concentration pathwaysSAFRAN ........................................................Système d’analyse du forçage atmosphériqueSCHAPI ..........................................................Service central d’hydrométéorologie et d’appui à la prévision des inondationsSHOM ..............................................................Service hydrographique et océanographique de la marineSIM ......................................................................SaFRaN-iSBa-moDCoUVEGDUD .......................................................Rôle du végétal dans le développement urbain durableVIADUC ..........................................................Valoriser DRiaS et innover sur l’adaptation grâce au design, avec des usagers concernés par le climatVURCA ............................................................Vulnérabilité urbaine aux épisodes caniculaires et stratégies d’adaptation
SOMMAIRE
41 // RappoRt Climat 2013
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