RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ ...
Transcript of RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ ...
UNIVERSITE FELIX HOUPHOUET BOIGNY
ANNEE ACADEMIQUE : 2012 -2013
UFR: INFORMATION COMMUN]CATION ET ARTS
DEPARTEMENT DE COMMUNICATION
PROJET DE RECHERCHE DE THESE
RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO
ENTIŒ LES"POPULATIONS DU NORD ET LES POPULATIONS DU
SUD DE LA CÔTE D'IVOIRE PAR LA METHODE DES ~
"' ' REPRESENTATIONS SOCIALES
OPTION: COMMUNICATION POLI1'IQUE ET DES ORGANISATIONS
1.
, _.,___, -- ~ --- ... --------·-······ .. --~,
PRESENTE PAR
N'GUESSAN Dcdou Gruzshca Ferrand
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1 Maître de Conférences à l'Université 1
\ Félix Houphouët Boigny ) ~ /
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DIRlGEPAR
Prof ZINSOU EDME MICHEL l' ,1 ,: l! 1
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SOMMAIRE
Dédicace I
Remerciements 11
Liste des tableaux III
Liste des annexes IV
INTRODUCTION 1
CHAPITRE LIMINAIRE : PROBLEMATIQUE 5
JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET 5
IDENTIFICATION ET FORMULATION DU PROBLEME 7
BUT DE L'ETUDE 16
QUESTIONS DE RECHERCHE 16
OBJECTIFS DE RECHERCHE 16
HYPOTHESES DE RECHERCHE 17
PREMIERE PARTIE: CADRAGES THEORIQUE ET METHOLOGIQUE 19
CHAPITRE I : CADRAGE THEORIQUE 20
1-1-DEFINITION DES CONCEPTS 20
1-2-CADRE DE REFERENCE THEORIQUE 25
1-3 REVUE DE LITTERATURE 35
CHAPITRE II : CADRAGE METHODOLOGIQUE 60
2-1 ·TYPE DE L'ETUDE 60
2-2 MILIEU D'ETUDE 60
2-3 POPULATION D'ETUDE 60
2-4 L'ECHANTILLONNAGE 61
2-5 TECHNIQUES DE RECUEIL DES DONNEES 62
2-6 METHODES D'ANALYSE 66
2-7 METHODES D'INVESTIGATION 66
DEUXIEME PARTIE: PERSPECTIVE DE LA THESE 68
CHAPITRE III: PRESENTATION DES PREMIERS RESULTATS DE LA
RECHERCHE 69
3-1 PRESENTATION DE L'ETUDE 69
3-2 PRESENTATION DES RESULTATS DE LA PRE-ENQUETE 71
CHAPITRE IV : PERSPECTIVES DE LA RECHERCHE 73
4-1 TABLEAU RÉCAPITULATIF DU CHRONOGRAMME DE RECHERCHE 73
4 -2 BUDGET PRÉVISIONNEL 74
4 -3 PLAN INDICATIF DE LA THÈSE 75
CONCLUSION 77
BIBLIOGRAPHIE 78
ANNEXES 84
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Remerciements
Je remercie d'abord les membres de mon jury qui ont accepté de me lire et d'apporter
un regard critique sur mon projet de thèse.
Je remercie particulièrement mon Directeur, Prof. ZINSOU Edmé Michel, pour sa
confiance et son aide tout au long de ce travail. Malgré ses nombreuses occupations
académiques, il n'a ménagé aucun effort pour nous aider à réaliser ce travail, et, au délà toute
la rigueur appliquée à un travail de recherche en science de l'information et de la
communication ; et, qui nous l'espérons sera apprécié par ceux qui connaissent la valeur
d'un travail bien mené.
Mes remerciements vont ensuite au Prof. BLE Raoul Germain, qui a été mon Directeur
de Maîtrise et grâce à qui j'ai pris goût à la recherche expérimentale. Je le remercie pour sa
rigueur, sa sympathie et ses nombreux et précieux conseils.
Je remercie Dr. ATCHOUA Julien pour toutes nos discussions passionnantes et ses
points de vue enrichissants sur la communication politique pendant nos cours.
Merci au personnel enseignant et administratif du département de communication de
l'UFRICA.
Je suis redevable à monsieur et madame KOMENAN (Dr. KOMENAN Narcisse et son
épouse, ma voisine, ma grand-sœur et amie KOFFI A. Rachel) pour leurs nombreux soutiens.
Je suis aussi reconnaissant envers tous les amis et condisciples de la toute première
promotion master II communication de l'UFRICA en particulier à AHIZI Anado Jean-Michel,
YAO Brou Fulbert et le communicologue-receveur des impôts, GUY-MONSTO Joseph. J'ai
beaucoup apprécié travailler dans cet environnement. Merci à tous, pour le soutien pendant
mes moments de galère.
Mes remerciements fraternels à Monsieur Y API (maître es Lettres) enseignant pour les
corrections de ce projet qui la question de l'unité nationale passionne tant.
Je suis extrêmement reconnaissant envers ma famille (et infiniment envers ma mère) ma
sœur et mes frères, de m'avoir toujours accompagné dans les bons et les moins bons moments
de ce projet, et cela même à distance. Et, je dois à mon père les encouragements et la
motivation d'entreprendre des études doctorales. Je pense à toi tout particulièrement.
Liste des tableaux
Tableau n° I : tableau <l'enchantions de la pré-enquête 67 p
Tableau n° II : tableau récapitulatif des mots évoqués 69 p
Tableau n° III : tableau récapitulatif du chrono gramme de la recherche 70 p
Tableau n° IV: tableau récapitulatif du budget de la thèse 71 p
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Liste des annexes
1- Questionnaire d'évocation
2- Les différents mots cités par les pré-enquêtés
INTRODUCTION
La communication a toujours été pensée comme un moyen de transmission de
) 'information 1• Elle était celle de l'argumentation, de la rhétorique ; une communication
interpersonnelle. Aujourd'hui, en plus d'être appréhendée sous cet angle, elle est une
science recouvrant de nombreux domaines de recherches avec une particularité, celle de se
nourrir, en effet, des connaissances élaborées par les autres disciplines des sciences
sociales (histoire, sociologie, anthropologie, psychologie ... ). De plus n'est-ce pas là son
objet d'étude, faisant d'elle une science interdisciplinaire? La communication, quelque
soit le type, est au cœur de l'expérience humaine. Elle constitue l'une des caractéristiques
essentielles des représentations sociales à savoir des modes de pensées qui nous lient aux
autres, aux objets.
En effet, les représentations sociales ont pour origine la communication (le discours)
sur l'objet matériel ou immatériel et la pratique sociale. Selon l'orientation du discours sur
l'objet, découle la direction des représentations sociales. Si le discours est positif, il va sans
dire que la direction ou l'orientation des représentations sociales sera positive. Les
représentations sociales sont en majeure partie conditionnées par la communication sur
l'objet à se représenter. C'est-à-dire, tout objet de représentation sociale est lié ou rattaché
à la communication qu'on en fait sur son contenu. Cela justifie bien évidemment son
influence dans la société et demeure le fondement de la pensée sociale donc des
représentations sociales.
Terme relevant de la psychologie sociale, les représentations sociales sont définies
« A la fois comme le produit et le processus d'une activité mentale par laquelle un groupe
ou un individu reconstitue le réel auquel il est confronté et lui attribue une signification
spécifique» 2. ''Notion carrefour", les représentations sociales ont fait l'objet de plusieurs
productions, ce qui ne fait qu'augmenter les sens donnés à la notion et les angles
d'approches. Ainsi, comme pour Willem DOISE, la pluralité d'approche de la notion et la
pluralité de significations qu'elle véhicule en fait un instrument de travail complexe. Les
nombreuses productions sur les représentations sociales ont permis, d'une part, de mettre
1 SHANNON, C., WEAVER, N., A perspective of social Lexington, Lexington book, 1986. 2 ABRIC, J .C., Pratiques sociales et représentations, Paris, PUF, 1994, 192p.
1 ,>.
en évidence l'incidence des représentations sociales sur l'individu ou le groupe dans la
saisie de son environnement. D'autre paii, elles montrent que les représentations sociales
sont élaborées dans les rapports sociaux, les croyances, les idéologies, et les discours.
Parler des rapports sociaux, de collectivité ne reviendrait-il pas à parler d'interaction
entre les individus ou les groupes? En d'autres termes, c'est parler d'organisation donc de
communication. La communication et l'organisation sont deux termes certes différents
mais indissociables. Comme l'affirme Lucien SFEZ « L'étymologie nous rappelle que la
racine de communiquer est "commun, "mettre en relation" ou "mettre en commun" d'où
vient également communauté. Communiquer ne signifie -t-il pas aussi échanger dans une
communauté de sens ?» 3 . Les échanges et les implications mettent du coup des individus
en relation, ce qui crée nécessairement un besoin d'organisation. Il en résulte que
l'organisation est simplement la valeur informationnelle d'un ensemble de contraintes et de
corrélations. C'est un système d'interactions sociales. En effet, selon une approche
sociologique, l'organisation est une entité sociale, un objectif d'étude en soi. De même au
niveau social, « La communication correspond à un ensemble de processus par lesquelles
s'effectuent les échanges d'informations entre les personnes dans une situation donnée.
Elle serait donc un processus social permanent intégrant de multiples modes de
comportements» 4. L'on remarque dès lors que la communication sert de moteur aux
interactions et aux rapports sociaux car, "on ne peut pas ne pas communiquer".
Etudier les représentations sociales en sciences de l'information et de la
communication, c'est faire ressortir, voire saisir l'identité, la culture, l'idéologie, les
attitudes et les opinions à travers la communication. Mais au-delà de l'idée susmentionnée,
les représentations sociales doivent être appréhendées comme une méthode d'analyse, de
description puis de compréhension des phénomènes sociaux qui nous environnent. Tel va
être aujourd'hui l'utilité des représentations sociales.
C'est sous cet angle que nous voulons placer cette étude : .la radioscopie de la
dynamique intercommunautaire entre les populations du Nord et les populations du Sud de
la Côte d'Ivoire par la méthode des représentations sociales.
3 SFEZ, L., Dictionnaire critique de la communication, Paris, PUF, 1994.
4 BAGGIO, S., Psychologie sociale: Préparer l'examen LMD, Paris, Editions de Boeck, 2006, p. 73.
2
Après la balkanisation du continent africain suivie de la période répressive de la
colonisation, des pays africains, à l'instar de la Côte d'Ivoire, en 1960, accédèrent à la
souveraineté nationale. Cette période marqua Je début d'une relative stabilité avec la
culture de la paix considérée comme un culte pour une économie et un climat social
durable dont le maître 'dœuvre 'était Félix Houphouët-Boigny et, citée· comme modèle
partout dans le monde ou du moins dans la sous région Ouest Africaine.
Cependant, l'on assiste, en effet, depuis l'avènement du multipartisme en 1990 avec
son corollaire la libéralisation de la presse à un "leadership médiocre" des politiques en
Côte d'Ivoire. Ce leadership-là a entraîné de graves conséquences que sont la décadence de
l'Etat et la paupérisation grandissante renforcée par des leaders politiques générant la
suspicion, la peur, le sentiment d'exclusion, de ségrégation au sein de la population,
amplifiée par une fragilisation du tissu social où l 'ethnicité et la religion sont devenues des
armes aux mains de certains hommes politiques en quête d'électorat pour la conquête du
pouvoir.
Cette situation mêle une image négative souvent positive de certaines populations à
l'égard d'autres populations eu égard aux agissements, attitudes et comportements de ces
différentes communautés, si bien qu'elle s'est matérialisée, dès septembre 2002 par la
partition du pays en deux territoires : le Sud et le Nord.
En outre, après plusieurs tentatives infructueuses de résolution du conflit, les
principaux protagonistes sont parvenus à l'accord dit de Ouagadougou qui prévoyait une
élection présidentielle transparente et ouverte à tous. Cette élection censée favoriser la
réconciliation «l'a au contraire plongé dans un déchaînement de violences sans précédent
( .. .) bilan : 3000 morts, des centaines de milliers de déplacés » 5, sans oublier les
innombrables mutilés.
aujourd'hui, comment d'abord, panser les meurtrissures, pour ensuite, penser la
réconciliation nationale sur fond de frustrations, d'affrontements entre communautés
ethniques, de tension et de haine qui ont été les ferments des précédents conflits qui ont
tant fait de victimes ? Dès lors, comment les populations sont-elles parvenues à se détester
au point de rechercher la région d'origine, le parti politique des unes et des autres avant de
poursuivre une communication? Pourquoi ce qui devrait les unir (l'ivoirité) a été le
5 HOFNUNG, T., La crise ivoirienne : De Félix Houphouët-Boigny à la chute de Laurent Gbagbo, Abidjan,
éditions Fraternité Matin, 2012, p. 7.
3
catalyseur de leur haine? De façon sous-jacente à ces interrogations, se profilent celles de
savoir si la guerre était le moyen le plus convenable pour amener les changements
profonds revendiqués ? Comment les agissements politiques ( égoïsme politique, impérities
et cupidité) discours médiatiques ont favorisé les représentations sociales des populations
Ivoiriennes? A cet égard, il conviendra d'interroger l'histoire sociopolitique de la Côte
d'Ivoire pour tenter une compréhension plus profonde du conflit.
C'est ce questionnement qui fonde notre réflexion sur un tel sujet. Il s'agira de
prime abord pour nous, d'appréhender l'univers social dans lequel évoluent les populations
du Nord et les populations du Sud ensuite, leurs rapports. Enfin, saisir également la
dynamique des relations entre ces différentes communautés qui nous ont conduis à un
conflit militaro-politique puis aux violences postélectorales de 2010 et 2011.
Ce travail s'articulera autour de deux grandes parties subdivisées en deux chapitres
chacune. La première partie traitera des cadrages théorique et méthodologique. D'abord, le
chapitre premier de cette partie s'articulera autour de la définition des concepts, du cadre
de référence théorique et de la revue de littérature. Ensuite, le second chapitre sera
consacré à la méthodologie de la recherche. C'est-à-dire de la présentation de
l'environnement des populations d'enquêtes, la technique d'échantillonnage et les outils
méthodologiques. La seconde partie concernera la perspective de la thèse. La présentation
des données de la pré-enquête sera question dans son chapitre premier, puis, le plan
indicatif et l'estimation de la thèse dans le dernier chapitre. Par ailleurs, un chapitre
liminaire sera dédié à la problématique.
4
CHAPITRE LIMINAIRE : PROBLEMATIQUE
Ce chapitre intitulé chapitre liminaire n'est autre que la justification du choix du
sujet, l'identification et la formulation du problème qui prend en compte les questions de
recherche, les objectifs et les hypothèses de l'étude.
JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET
L'idée de réaliser le présent travail de recherche tire son origine de la situation
sociopolitique que vit la Côte d'Ivoire depuis deux décennies.
Notre intérêt, pour cette étude va au-delà d'une simple motivation personnelle. Il est
collectif, partagé par bon nombre d'ivoiriens et d'ivoiriennes. Il est de notre intérêt à tous
quelque soit les différences et les divergences de rechercher ce que nous avons de meilleur,
la paix comme héritage commun. Ce sentiment de bonheur, cette joie, d'être Ivoirien et
d'avoir l'IVOIRITE tant dévoyé par les politiques comme patrimoine commun qui nous
motive. Ainsi, comme le stipule A. KOUROUMA, « n nous appartient, nous les intellectuels, nous les enfants de tous ces pays, de relever le défi, de mettre fin à la
souffrance de nos parents ... Ce doit être notre destinée. Apparemment « on » s'attarde sur
des questions futiles qui n'en valent pas la peine. (. .. ) La Côte d'Ivoire ne doit pas rater
cette transition sinon les conséquences pourraient en être désastreuses » 6
Par ailleurs, notre motivation est, d'une part, de mieux comprendre à travers les
actions des populations, des politiques et des médias les rapports (processus) de
communication observés en Côte d'Ivoire qui ont conduit à la crise. C'est-à-dire faire
ressortir l'aspect communicationnel de la dynamique des relations inter-ivoiriennes qui
semblent être à l'origine des différentes représentations sociales. Et d'autre par, nous
sommes motivés par le morcellement inconscient qui est opéré dans la mémoire collective
des Ivoiriens. Nous sommes également hérités par cette catégorisation des Ivoiriens entre
Ivoiriens du Nord et Ivoiriens du Sud, entre Ivoiriens de seconde zone et Ivoiriens de
première zone, entre Ivoiriens de souche pure et entre Ivoiriens de souche hybride, les vrais
Ivoiriens et ceux de nationalité douteuse.
6 AJGNDES, F., DEMBELE, O., et DIABATE, 1., Les intellectuels Ivoiriens face à la crise, Paris,
KARTHALA, 2005, p.32.
5
territoire occupé de part et d'autre par les forces belligérantes. Il s'agit de proposer des
stratégies capables de permettre de mener des actions efficaces pour le fondement et le
devenir d'une nation. Il s'agit, entre autres, de mettre l'accent sur la dynamique des
relations entre les Ivoiriens, les hommes politiques et les médias sur la cohésion sociale, le
changement de comportement, la 'prévention ·enfin, la socialisation à travers des actions
d'information, d'éducation et de communication.
Ce travail se veut une contribution modeste à la compréhension et à l'explication de
la réalité et des enjeux de la crise Ivoirienne sur les populations du Nord et celles du Sud.
De nombreuses productions ont traité de la crise Ivoirienne sous des angles divers. Mais
aucune de ces recherches à riotre connaissance, ce jour, n'a fait une étude approfondie
analysant le thème de la crise entre les différentes communautés elles-mêmes. C'est-à-dire,
la signification des populations du Nord par les populations du Sud et vice-versa, des
communautés qui constituent des acteurs d'un même espace géographique. L'appréciation
des Ivoiriens par les Ivoiriens revêt d'un intérêt très capital pour notre travail.
Notre étude se situe à cheval sur l'histoire, les sciences politiques, la sociologie, la
psychologie sociale et l'anthropologie et la communication.
En outre, une sous-commission scientifique dirigée par SERY Bally a été crée au
sein de la CDVR8 pour une réflexion scientifique sur les causes qui ont engendré une
fracture entre les populations Ivoiriennes, proposer des solutions et aboutir à une
réconciliation et une paix durable. Dès lors, notre travail a une justification scientifique.
Dans le champ des sciences de l'information et de la communication, ce travail qui
s'inscrit dans le cadre de la communication des mutations politiques (communication des
conflits) va permettre d'avoir une grande lisibilité des effets des agissements des
différentes communautés, des activités des politiques et des medias. En définitive, cette
réflexion en communication politique n'a aucune visée politique.
7 Les recherches sur les représentations sociales, aussi la dynamique de leurs relations après les violents affront·ements survenus dans le pays. 8 CDVR: Commission Dialogue Vérité et Réconciliation
6
IDENTIFICATION ET FORMULATION DU PROBLEME
L'histoire de la dynamique humaine montre que les hommes dans la quête d'un
mieux être pour l'accomplissement de leurs besoins, entrent en conflit les uns contre les
autres. Le conflit, selon Ségui DEGNI est, « toute contestation ou opposition d'intérêt ou
de droit entre protagonistes ... » 9. Les conflits, quelque soit le type ont existé partout dans
le monde ; en Amérique, en Asie en passant par le vieux continent (l'Europe) et l'Afrique.
Nombre de ceux-ci ont marqué la mémoire collective et l'histoire de par leur nombre élevé
de victimes et de conséquences. Il s'agit en l'occurrence des deux guerres mondiales et des
crises à répétition en Afrique depuis la seconde moitié du XXème siècle à nos jours.
Cependant, outre les crises ou conflits qu'a connu le continent africain après les années
d'indépendance (1958-1963), des conflits (crises ou guerres) n'ont-ils pas émaillés le
monde?
Le début du 20e siècle s'ouvrit avec un conflit idéologique entre Etats puis se mua
en une guerre mondiale de 1914 à 1918. Elle est le point de départ d'une série
d'événements qui menaceront l'existence de nombreux états 1°.
L'Afrique est le continent où les conséquences qui résultent de ces conflits
mondiaux se font ressentir durablement. Les conflits inter-états (Tunisie-Lybie, Guinée
Bissau-Sénégal, Burkina Faso-Mali, Cameroun-Nigéria, Tchad-Lybie ... ) auxquels
l'Afrique avait habitué le reste du monde ont laissé la place à d'autres conflits internes
9DEGNI S, Identification des conflits : le cas du RWANDA, in conflits actuels et culture de la paix, actes du
colloque d'Abidjan, Commission Nationale Ivoirienne de l'UNESCO en collaboration avec le BREDA
(DAKAR), Abidjan, PUCI, 1997, p. 40.
10 A cette guerre viendra s'ajouter un second conflit mondial qui occasionnera la division du monde en deux
blocs (soviétique et occidental) viendra sceller l'existence de bien de pays africains et occidentaux. Ainsi,
depuis 194 7, il y a une guerre civile en Birmanie entre communistes bouddhistes et séparatistes musulmans.
1960, c'est au tour de la Papouasie occidentale (la Nouvelle Guinée). En 1964, un conflit armé éclate en
Colombie. Une insurrection islamique menaça les philippines en 1969. Le conflit entre le PKK et la Turquie
depuis 1978. En 1996, la guerre du crabe accentue les tensions entre les deux la Coré. 2001, il y a guerre en
Afghanistan. Depuis 2011, la guerre en Syrie occupe une place de choix dans les couvertures médiatiques.
7 ,,· ,'
aussi appelés guerres civiles. « ... L'ensemble des conflits en Afrique sont des guerres
civiles. C'est-à-dire des conflits internes. Ces conflits qui prolifèrent, concernent toutes
les régions de l'Afrique. Ce que l'on peut observer, c'est que la guerre a changé de nature
et même d'éthique. En effet, la grande majorité des conflits aujourd'hui sont domestiques.
Ils opposent soit des soldats aux civils, soit des ci vils entre eux ... » 11. « ... Ce sont des
conflits armés qui occupent le devant de l'actualité. Si l'Afrique n'est pas le seul continent
en proie à ce type de conflit, elles 'offre le plus aux déchirements internes. Il semble avoir
une tendance généralisée au recours à la force dans l'ordre interne des Etats Africains
pour résoudre les différends. Et le conflit armé qui est, il faut le préciser, un mode de
règlement des oppositions d'intérêts gagne en amplitude ... » 12 Il y a eu la guerre civile en
Angola, au Rwanda (entre Hutu et Tutsi). Les deux Congo n'ont pas été épargnés. Le
Tchad a été en guerre; l'opposition entre les Sudistes (notamment les Sora sous le règne de
Tombalbaye) et le Nord (les Gorane avec Hisane Habré). Au Soudan, le Nord développé
est différent du Sud laissé à l'abandon et où le niveau et le taux de scolarisation sont
faibles. Le conflit inter-soudanais au Darfour. Aujourd'hui, c'est autour de la Centrafrique.
La région occidentale de l'Afrique avec des pays « De tradition politique ancienne avec les royaumes et empires précoloniaux Mossi, Songhaii, Bogon, Ashanti, Yoruba ... n 'a
pu être exempté de conflits armés ou guerres civiles.» 13• En effet, « ... depuis, les
indépendances la sous région ouest Africaine a été le champ de plusieurs conflits armés
dont cinq guerres civiles, trente huit coups d'Etat militaires réussis ( .. .)'4, ainsi que trois t 'b lli ' . 15 cas < e re e ion en mouvements séparatistes» .
Cependant le conflit qui a suscité des interrogations et l'émoi est le conflit Ivoirien
parce que, ce pays est considéré un modèle de paix, d'unité et d'intégration.
Une mosaïque ethnique (une soixantaine d'ethnies), la Côte d'ivoire a connu le
multipartisme dès 1990 comme l'ensemble des pays d'Afrique francophone après le
11 Kll)RE Pierre (à l'époque Ministre de l'éducation nationale et de la formation de base) allocution
prononcée à la journée d'ouverture du colloque d'Abidjan sur: conflits actuels et culture de la paix,
Commission Nationale lvoirierme de l'UNESCO en collaboration avec le BREDA (DAKAR), 1997, p25
12 DEGNl, S. Identification des conflits: le cas du RWANDA, in conflits actuels et culture de la paix, op cit,
p. 40. 13 SQUARE, I., guerres civiles et coups d'Etats en Afrique de l'ouest, Paris, l'Harmattan, 2007, 292p 14 Quarante, les récents coups d'Etat au Mali et en Guinée Bissau en 2012 15 SQUARE, I., guerres civiles et coups d'Etats en Afrique de l'ouest, Op cit, p.12.
8 J
,il
discours de la Baule. Cet avènement du pluralisme politique coïncida avec la récession
économique dû à un endettement massif pour la réalisation de gigantesques projets de
développement socio-économiques, sur fond de tensions et de revendications sociales.
Pour stopper cette hémorragie économique et donner un nouvel élan à la construction d'un
Etat moderne et modèle comme ceux de l'Occident, le père de la nation, Félix Houphouët
Boigny nomma Alassane Ouattara. Ce choix du "Vieux" n'a pas été du goût de certains
Ivoiriens du fait de ses origines Nordistes.
C'est le 10 mars 1893, que le colonisateur délimita les frontières d'un territoire,
aujourd'hui Côte d'Ivoire. Elle était jusqu'à cette date rattachée à la guinée Française, à
l'intérieur de laquelle devrait se développer un sentiment d'appartenance à un groupe
homogène.
Installé sur la côtière où il commerçait, le colonisateur n'aura d'yeux que pour la
zone Sud qui était pour lui comme un eldorado parce qu'il regorgeait de ressources
nombreuses : Ivoire, caoutchouc, palmier à huile avec un sous sol généreux. En d'autres
termes, une sorte de terre promise qu'il fallait exploiter, qui par contre souffrait d'un
handicap. Sa population qualifiée de « archaïque», «dépassée» et «arriérée». « C'est
pourquoi, après avoir « pacifié » le pays, le colonisateur va importer en masse dans le Sud les Dioula et les Sénoufo venus du Nord, considérés plus aptes à l'œuvre de
l'exploitation »16 parce qu'habitant une région de savane pauvre et peu propice à une
exploitation rapide. Aussi, fera t-il appel aux Voltaïques (actuellement Burkina Faso), aux
Soudanais (actuellement Mali) et aux populations de ses autres colonies, Sénégal, Bénin,
Togo en les contraignant au travail forcé qui occasionnera par la suite un déferlement
d'émigrés du Nord de la Côte d'Ivoire et d'immigrés entre 1913 et 1947. Une immigration
choisie ou forcée qui va déteindre les relations entre colon, autochtones des communautés
dites du Sud, les émigrés du Nord et les immigrés. Cette situation s'est traduite par la
valorisation des populations du Sud puis favoriser la création en 1929 de l'Union
Fraternelle des Originaires de Côte d'Ivoire (UFOCI) dissoute un an plus tard. TI eut
également la création de l'Association de Défense des Intérêts des Autochtones de Côte
d'Ivoire (ADIACI). « Les chefs de file de ces deux associations, comme de la plupart de
celles qui voient le jour à l'époque, s 'identifient à des régions de la basse Côte. Ils
deviendront des modèles et des guides pour les originaires des autres régions qui,
EKANZA S. P, Côte d'Ivoire de l'ethnie à la nation, une histoire à construire, Abidjan, éditions CERAP, 2007,p.28
9 , ,,
spontanément regroupés autour d'eux, vont générer les premières manifestations d'une
conscience ivoirienne à une période où Les privilèges des Sénégalais et des Dahoméens
étaient mal ressentis» 17. « Elle proteste aussi contre les Diou/a quis 'appropriaient, selon
elle, les terres des allochtones. Face à tous ces remous, l'administration coloniale est
conduite à proposer une première politique ''D 'ivoirisation des cadres ''. Ce fut le
moment clé où la société Ivoirienne prend conscience d'elle-même, de son identité qui est
revendiquée comme Leur « propriété » d'abord et avant tout par les populations du Sud (. . .). Les gens du Sud se présentent . comme le fer de lance de la revendication
« identitaire ». à ce tournant où la Côte d'Ivoire se transforme sous l'égide de l'économie de plantation ... » 18
. C'est dans cette mouvance qu'en juillet 1944, naquit le Syndicat
Agricole Africain après l'échec du Syndicat Agricole de Côte d'Ivoire. Un an plus tard,
c'est sous la bannière de ce syndicat de planteurs que, Félix HOUPHOUET-BOIGNY
remportera, au second tour, le siège de la représentation indigène à l'assemblée
constituante Française avec l'indéfectible soutien du Patriarche COULIBAL Y Gon et de
ses sujets. De son retour de la France, où il obtint l'abolition de l'indigénat et son corollaire
le travail forcé, il crée avec ses planteurs-syndiqués, en 1946, le Parti Démocratique de
Côte d'Ivoire (PDCI) qui partagera avec le parti progressiste (de Kakou Aoulou et de
Kouamé Benzème), le Bloc Eburnéen (d'Etienne Djaument) et le parti des Indépendants
(de .Sekou Sanogo) la scène politique Ivoirienne pendant la colonisation. Mais ces partis
qui ont pour finalité l'indépendance du pays vont convenir de tous conjuguer leurs efforts
au sein du PDCI sous la férule d' HOUPHOUET-BOIGNY qui, le 07 Août 1960 proclama
l'indépendance de la Côte d'Ivoire. Ainsi s'ouvre à partir de cette même année les
premiers épisodes économique, politique et social du nouvel Etat Indépendant.
Les premiers épisodes politiques de la Côte d'Ivoire postcoloniale s'ouvrirent avec
les complots de 1963 et 1964 que certaines publications qualifient de complots ourdis
contre le peuple du Nord par Félix Houphouet Boigny constitué en victime et bourreau. En
effet, à en croire ces publications, bien avant ) 'indépendance, le président n'accordait pas
la même attention à toutes les régions du pays. Il avait « La hantise du Nord. » 19 « Le nord
pour Houphouet-Boigny, ce n'était pas seulement que le Nord de la Côte d'Ivoire, c'était
aussi le Mali, le Burkina Faso, la Guinée et même Le Sénégal» 20. Les préjugés et les
17 EKANZA S. P., Côte d'Ivoire de l'ethnie à la nation, une histoire à construire, op cit, p. 30. 18 Idem 19 KONE A., Houphouët Boigny et la crise Ivoirienne, Op cit, p.136. 2° KONE A., Houphouët Boigny et la crise Ivoirienne, Op cit, p. 145.
10 ,.~.,..· ,'
allusions du président sur le Nord en référence à la Côte d'Ivoire coloniale voire
précoloniale. Ces "préjugés" sur le Nord étaient partagés explicitement par les cadres du
PDCI avant même l'indépendance.(< Ouezzin Coulibaly, le lion du RDA, militant intrépide
du PDCL fut remercié de façon particulièrement répugnante: en 1956 (. . .), certains
cadres de la direction du PDCI lui rappelèrent qu'il n'était plus Ivoirien que son pays
avait été séparé de la Côte d'ivoire en 1947 » 21. Pour terminer le premier épisode politique
de la Côte d'Ivoire postcoloniale, « HOUPHOUET-BOIGNY voulait éviter que ne se
dégage de cette région une forte personnalité, un meneur cl 'hommes, un leader
charismatique susceptible de séduire toute la Côte d'Ivoire» 22. Cet épisode politique
contrasté se confond avec l'épisode économique très reluisant des deux premières
décennies de cette époque postcoloniale.
A l'accession du pays à la souveraineté nationale et internationale, son
développement économique était l'objectif premier du président de la République et, il s'y
engagea résolument. «L'afflux de capitaux lié aux avantages des investissements et
l'accroissement de la production agricole permirent aux pouvoirs publics de créer près de
250 sociétés d'Etat (Sode) ... la SODESUCRE, la SODERIZ, la SODEHEVEA, la
S0DEPALA1, la SODECl, l'EECI»23.
Cependant, la gestion « néoparentale » de cette économie par le président et les
siens24 ne parvint plus à étouffer toute forme de contestation sociale car, « Le marasme
économique quis 'ensuivit aboutit à une crise sociale grave en janvier et février 1990 » 25.
En d'autres termes, la fin du miracle économique donne le coup d'envoi des crises
sociopolitiques confondu avec la Côte d'Ivoire du pluralisme politique.
En 1989, Dr. Alassane Dramane Ouattara fut appelé au chevet de la Côte d'Ivoire
malade du « Développement du sous-développement »26. Les prescriptions faites par le
"médecin-banquier" de l'Afrique de l'Ouest débarqué à Abidjan n'arrive pas à contenir
les maux dont souffre la patiente ivoirienne. Au contraire, ils s'amplifièrent davantage et
relayés par une presse d'opinion. Mais, le 07 décembre 1993, la mort du "Vieux" vint
21 KONE A., Houphouët-Boigny et la crise Ivoirienne,Op cit, p. 139. 22 KONE A., Houphouët-Boigny et la crise Ivoirienne,Op cit, p .. 146. 23 KONE A., Houphouët-Boigny et la crise lvoirienne,Op cit, p.155. 24 Ceux avac qui, il avait en charge la gestion du pouvoir 25 KONE A., Houphouët-Boigny et la crise Ivoirienne,Op cit, p. 163. 26 A. Franck, in capitalisme et sous-développement en Amérique Latine, cité par KONE A, p.163.
11
ébranler la malade qui agonise. La guerre larvée entre le dauphin constitutionnel, Henri
Konan Bédié27 et AD028 qui assura l'intérim du président. Le premier l'emporta sur le
second qui le congédia aussitôt. L'accession de HKB à la magistrature suprême a ouvert un
nouvel épisode sur la vie économique de la Côte d'Ivoire par la dévaluation du Franc CF A.
Au niveau politique, un nouveau code électoral est adopté. Dans la foulée, face aux
grognes sociales et aux effets de la dévaluation, un nouveau contrat social baptisé sous le
vocable de l'Ivoirité accompagné de la boutade' 'consommons ivoirien" va être proposé au
peuple ivoirien en guise de remède par le président candidat. Ce concept fédérateur
reconnu par les Ivoiriens à ses débuts, finira à la suite de son aventure politique à être le
levier de la division sociopolitique en Côte d'Ivoire. Cette Ivoirité, très tôt conceptualisée
sera combattue par le RDR29 et quelques partis d'opposition relayé par une presse
d'opinion qui en a fait son choux gras.
En Côte d'Ivoire, le média d'opinion a connu un musellement après
l'indépendance. La liberté d'expression est longtemps restée contenue. En effet, la
première presse d'opinion fit son apparition en 1945 en Côte d'Ivoire. Au premier abord,
c'est le kpatchibô30 de Kouame Benzeme qui parut à Treichville. Ensuite le plus célèbre à
l'époque fut incontestablement Le Démocrate, presse du PDCI sous la direction d'Ouezzin
COULIBAL Y. Enfin, la dernière née de la presse d'opinion fut attoumgblan'' de Go Boni
parue en 1956. Après l'indépendance sous le parti unique, seul le parti-Etat disposait de
moyens de diffusion de masse : La radiodiffusion et la télévision en 1963 et Fraternité
Matin en 1964. Le parti disposait de Fraternité Hebdo pour sa propagande. A la suite de
ces médias d'Etat et du parti vinrent Ivoire Dimanche et !voir Soir en 1987. La presse
d'opinion moderne, nouvelle formule est l'une des conséquences de cette Côte d'Ivoire
plurielle depuis le 30 avril 1990. Cette presse d'opinion est actrice majeure dans le nouvel
épisode sociopolitique de la Côte d'Ivoire. Elle sert de relais aux politiques, de courroie de
transmission et, c'est à elle que l'on a recouru quelques mois après la nomination de ADO,
27 Henri Konan Bédié (HKB) 28 Alassane Dramane Ouattara (ADO) 29 Rassemblement Des Républicains (RDR) 30 Qui signifie littéralement "fendre la forêt", donc faire de la lumière 31 Qui signifie Tam-tam parleur chez les Baoulés
12 pcr
comme prémier ministre pour prétendre qu'il est étranger, fils d'immigré Burkinabé. C'est
encore elle qui disait: << Au revoir, Alassane. Entre nous Ivoirien, maintenant(. . .)» 32
En outre, en 1994, un nouveau code électoral est adopté en décembre. Ce nouveau
code, en effet, supprime le droit de vote aux non ivoiriens. Par ailleurs, l'une de ses lois
relative à la candidature à l'élection présidentielle stipulait qu'il faut« être né de père et de
mère ivoiriens de naissance, n'ayant jamais renoncé à la nationalité Ivoirienne et résider de
façon continue en Côte d'Ivoire pendant les cinq années précédent la date des élections».
Aussitôt, ADO, depuis Washington contre-attaque sur RFI : « Je condamne une loi
électorale qui met l'accent sur l'identité des parents (. . .), ils ne veulent pas que je sois
candidat car, je suis du Nord et musulman ... » 33. C'est l'idéologie de la victimisation aux
fins de la manipulation des siens. Cette sortie de ADO n'aurait eu d'effet s'ils n'avaient
pas eu les exactions à répétition à l'endroit des populations du Nord du pays dont les
patronymes sont confondus de droit avec ceux des communautés des pays qui nous font
limites au Nord.
En 1995, le candidat président HKB est élu. Une élection qui fera le lit de
l'exacerbation des clivages politique, sociale et religieuse soutenue par une gestion
économique ''néopatrimoniale'' comme celle du Vieux précipitera sa chute en décembre
1999. Ce coup d'Etat, sans effusion de sang fut salué par l'ensemble du corps social même
par les partis politiques. Il occasionnera la libération des cadres du RDR emprisonnés.
Venu balayer la maison Ivoire et prôner la tolérance et la réconciliation, le Général
GUEI, seulement quelques mois après sa prise de pouvoir déclara que "l'Ivoirité était une
bonne chose". Il soumet à référendum la nouvelle constitution que tous les partis
politiques appellent à voter. Le "OUI" l'emporte avec en toile de fond la question des
conjonctions de coordination "ET" et "OU". C'est dans cette période de psychose que se
tint, le 22 octobre 2000, l'élection présidentielle que n'ont pu prendre part HKB et ADO.
Dans la soirée du 26 octobre, le nouveau locataire de la présidence prête serment à
l'issue de cette élection qu'il qualifie lui-même de "calamiteuse". Le président,
nouvellement élu doit faire face quelques jours après sa prise de fonction à un charnier qui
entachera son mandat du fait de son mutisme sur les responsables de cette atrocité.
32 CŒUR Gilles, « Laurent Gbagbo un socialiste au visage ethnique », in Alternatives Internationales, n°7
mars-avril 2003 33HOFNUNG, T., la crise ivoirienne: de Félix Houphouët Boigny à la chute Laurent Gbagbo, op cit, p. 41.
13 _f/
Par ailleurs, un fait marquant viendra déchaîner les passions et matérialiser la
fracture entre le Nord et le Sud. Il s'agit du rejet de la candidature de ADO pour les
législatives de décembre 2000. Résultat : affrontements urbains entre partisans du RDR et
Forces de I'Ordre soutenues par les sympathisants du Front Populaire Ivoirien (FPI),
« Exaspérés les partisans d 'ADO hissent le drapeau Burkinabé dans son fief de Kong ( .. .)
tandis que le journal pro-RDR, Le Patriote publie à sa "Une" une carte de la Côte
d'Ivoire amputée de sa moitié Nord. Le pays semble au bord de la partition. » 34
Cette période marquera visiblement de début de la légitimation de la violence entre
communautés religieuses et ethniques dans le règlement des différends politiques. Le
divorce du Nord d'avec le Sud sera consommé lorsque le prédirent, LG, dira au Forum
pour la réconciliation nationale : « la nouvelle constitution Ivoirienne a été votée pour trois
personnes. D'abord mettre fin à la façon dont HOUPHOUET-BOIGNY est mort au
pouvoir. Ensuite, la manière dont HKB est parvenu au pouvoir. En.fin, le cas ADO qui a
une nationalité douteuse.»35 Par cette déclaration du président LG, Ouattara, tous les
Ouattara de même que tous les Nordistes sont de nationalité douteuse. C'est-à-dire, des
usurpateurs, des étrangers (manœuvres d~ nos ascendant qui se sont enrichis grâce aux
terres du Sud). «L'opinion Ivoirienne, dans sa grande majorité retient ( .. .) une idée
dominante de la nation, celle de la représentation collective et solidaire, qu ;elle identifie à
tort ( .. .) à une seule frange de la population, en l'occurrence les habitants de la basse
Côte. »36
C'est dans ce contexte qu'intervint le coup d'état manqué du 19 septembre 2002
qui, entraînera plus tard la partition du pays en deux comme l'avait illustré Le Patriote. Les
raisons justificatives de cette partition du pays qui se déduisent des revendications des
Forces Nouvelles (l'organisation d'élection sans exclusion, la réconciliation de la Côte
d'Ivoire avec elle-même et le départ du chef de l'Etat) traduisaient le malaise social de ce
pays depuis son "flirte" avec le multipartisme. Un malaise social sur fond de coloration
ethnique, religieuse, régionale et politique orchestré, d'une part, par ''un supposé
complexe de supériorité" qui caractérise le Sudiste et, d'autre part, par la manipulation
idéologique et ethno-religieuse du Nord par les discours et les tracts ( charte du nord).
34 HOFNUNG, T., la crise ivoirienne: de Félix Houphouët Boigny à la chute Laurent Gbagbo, Op cit, p.57. 35 Fraternité Matin du n°1 l l l l, du 17 au 18 2001 36 EKANZA S. P., Côte d'Ivoire de l'ethnie à la nation, une histoire à construire, op cit, p.33.
Cependant, après les violents affrontements et les accords infructueux de résolution
du conflit entre les parties belligérantes, un accord politique fut signé en mars 2007 dont le
principal point a été l'organisation de l'élection présidentielle sans exclusion de 201 O.
D'ailleurs, « Cette élection présidentielle considérée comme la clé de voute de la sortie de
crise s'est transformée en une élection présidentielle de radicalisation des antagonismes
politiques, de cristallisation des haines qui conduiront le pays immanquablement vers une
autre crise plus grave : une seconde guerre civile. ( ... ) Une crise postélectorale qui a fait
officiellement-3000 morts» 37.
Aussi, suite aux dérives et exactions des différentes parties soldées par ce nombre
impressionnant de victimes, la reconstruction et la réconciliation nationale deviennent les
ultimes recours à la paix, lorsque le chef de l'Etat, ADO affirme depuis la France à propos
des nominations des cadres du Nord dans l'administration, « Il s'agit d'un simple
rattrapage. Sous Gbagbo, les communautés du Nord, soit 40% de la population étaient
exclus des postes de responsabilités(. . .).»38. Ainsi, dans ce contexte, comment
parviendrons-nous au vivre ensemble si les basses sont déjà fausses? la CDVR pourra+
elle parvenir au bout de sa mission? Ces propos du président ADO à l'instar des
affirmations du président LG au Forum pour la réconciliation nous rendent perplexe et
cristallisent davantage les haines, créent les préjugés, les stéréotypes qui favorisent les
représentations.
Dès lors, nous nous demandons comment ces discours, ce genre de propos
favorisent-ils (modifient-ils) les représentations? En d'autres termes, comment les
discours médiatiques et les paroles politiques parviennent à créer et à modifier les
représentations des différentes communautés d'ivoiriens? Quelle est la fonction de la
politique et du politique dans nos sociétés dites modernes profondément enracinées dans la
tradition? Quelle doit être la contribution du média à l'éveil des consciences pour la
construction de l'unité nationale?
37 ZIO Moussa, Les médias et la crise politique en Côte d'Ivoire, Accra, Fondation pour les médias en
Afrique de l'ouest, 2012 38DAGARET A., le Nouveau Réveil, n°3003, du 31 janvier 2012, p.4-5. « Il est inconcevable et inacceptable
que cela vienne de vous. Car ces propos ne sont pas favorables à votre slogan de campagne '' VIVRE EN
ENSEMBLE''»
15 , .. ., ,,
BUT DE L'ETUDE
Le but de cette étude est de montrer à travers des coupes de graphes et des cartes
associatives par l'analyse, l'évolution des interactions, des relations que les populations du
Nord et les populations du Sud entretiennent entre elles, afin de dégager les modes de
pensée qui les lient.
QUESTIONS DE RECHERCHE
Question générale
Quel est le mode de pensée qui lie les populations du Sud et du Nord de la Côte
d'Ivoire les unes à l'égard des autres?
Questions spécifiques
1) Quels sont les invariants structuraux des représentations sociales d'une
population à l'égard d'une autre?
2) Quels sont les différents constituants cognitifs des différentes populations ?
3) Le sexe, le culte, le niveau d'étude, l'âge et la formation politique
influencent-ils les représentations sociales des populations?
OBJECTIFS DE RECHERCHE
Objectif général
Dégager le noyau central des représentations sociales que les populations du Sud de
la Côte d'Ivoire et les populations du Nord de la Côte d'Ivoire ont les unes des autres. En
d'autres termes, il s'agit de la forme de connaissance socialement élaborée sur les
populations du Nord et du Sud de la Côte d'Ivoire et partagées par elles-mêmes afin de
proposer, des solutions visant à améliorer leurs rapports de communication, les relations
entre tous les Ivoiriens pour une véritable cohésion nationale et une paix durable et la
construction de l'ETAT NATION.
Objectifs spécifiques
1) Faire ressortir les invariants structuraux (noyau central et éléments périphériques)
des représentations sociales d'une population à l'égard d'une autre,
2) Mettre en exergue les constituants cognitifs d'une population à l'égard d'une
autre population,
3) Montrer l'importance du sexe, du culte, du niveau d'instruction, de la formation
politique et de l'âge dans les représentations sociales d'une population à l'égard d'unes
autre.
HYPOTHESES DE RECHERCHE
Hypothèse générale
Comme réponse provisoire à l'ensemble des questions énumérées un peu plus haut
nous disons que, l'avènement du multipartisme suivie de la libéralisation de la presse (Les
discours politiques, attitudes des hommes politiques et leaders d'opinions, les
discriminations ethniques et religieuses, les frustrations suites aux violences) ont engendré
un changement dans la vision, la perception et dans les actions des populations entre elles.
Ces agissements ont distillé dans la mémoire collective d'une population des images
défavorables à l'égard d'une autre.
Cette situation ayant engendré un enchevêtrement de crises depuis 1990, dont celle de
2010 à 2011 constitue le point culminant, mérite d'être analysée pour essayer
d'appréhender jusqu'à quel point la fracture sociale entre populations du Nord et les
populations du Sud est profonde. C'est ainsi que, nous ferons usage de la théorie du noyau
central pour appréhender les représentations sociales des différentes populations.
Hypothèses de travail
1) L'environnement crée par les acteurs politiques et leaders d'opinions en
Côte d'Ivoire ont permis de créer des représentations négatives d'une population à l'égard
d'une autre.
17 .,· I'
2) Les discours et les informations politiques distillées dans/par les medias ont
influencé négativement les représentations sociales des populations du Nord et celles des
populations du Sud.
3) La formation politique et le culte ont une influence sur les représentations sociales
des populations du Sud à l'égard des populations du Nord.
4) Le niveau d'instruction, le sexe et l'âge influencent les représentations sociales des
populations du Sud à l'égard des populations du Nord.
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PREMIERE PARTIE : CADRAGES
THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
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CHAPITRE I : CADRAGE THEORIQUE
Dans ce chapitre, il sera question du volet théorique de notre étude qui débutera avec
la définition des notions et concepts de référence, ensuite, le cadre de référence théorique
enfin, la revue de littérature.
1-1-DEFINITION DES CONCEPTS
Pour permette une meilleure compréhension de notre sujet, il nous est apparu utile
de clarifier les concepts et les notions de référence qui le recouvre. Car, la richesse des
explications dépend, en effet, de la précision avec laquelle l'on définira les concepts
utilisés dans 1' étude.
Le concept est selon, Roger MUCCHIELLI « 1. Une idée générale symbolisée par
un mot ; 2. un résumé du savoir à un moment donné des connaissances concernant une
réalité. C'est aussi la manière dont on conçoit quelque chose, au sens de l'idée que l'on
s'en fait personnellement, cette pseudo idée se trouvant chargée de valeurs affectives et
d'expériences subjectives» 39. De façon générale selon lui, «Au sens], le concept est le
résultat d'un jugement ; au sens 2, il est le résumé d'un savoir; au sens 3, c'est en fait · / ' · l, \ 40 une zmage I une representatzon menta e1 »
Les mots et concepts mis en évidence dans notre étude sont radioscopie, dynamique
intercommunautaire, médias, représentations sociales et identité nationale.
Radioscopie : selon le dictionnaire Hachette41 de la langue française, elle est une
observation de l'image que forme sur un écran fluorescent un corps traversé par les rayons
X. Un autre dictionnaire nous donne la même définition. L'observation de l'image d'un
corps traversé par les rayons X. par ailleurs quelle définition donne Edmé. M. ZINS0U42
de la radioscopie? Pour lui, la radioscopie c'est l'examen des images. Dans le cadre de
notre réflexion, la radioscopie est prise dans le même sens. L'examen des images. En
39.MUCCHUELLI, R., L'analyse de contenu des documents et des communications, Paris, libraires
techniques, 1988, p. 124. 40 Idem 41 AMIEL, Ph. et al, Dictionnaire de la langue française, Paris, 2° édition, Hachette, p.919. 42 ZINSOU E. M., L'université de Côte d'Ivoire et la société, Paris, l'Hannattan, 2009, p.25.
20 /7'
d'autres termes, le diagnostic des modes de pensée des populations Ivoiriennes eu égard à
leur dynamique intercommunautaire.
Dynamique intercommunautaire : ce mot est une association de deux termes qui
seront définis séparément. La dynamique est sens large « Ce qui implique un mouvement,
une transformation et s'oppose à la statique »43. La dynamique renvoie aux
transformations, aux progrès, aux changements des sociétés. C'est l'idée d'évolution. Au
plan social, elle fait place à celle de « changement et l'on étudie les effets des interactions
entre les divers éléments d'une communauté »44. Nous privilégierons la dynamique sociale
qui cadre bien avec l'objet de notre étude. Ainsi, la dynamique sera l'évolution, le
changement des interactions entre les divers éléments d'une collectivité, d'une
organisation ou d'un système social. Dans Intercommunautaire, il y a inter et
communautaire. "Inter" est un terme qui renvoie à l'espacement, à l'éloignement, une
séparation, et une réciprocité. Le ''communautaire'' est relatif à communauté. Une
communauté peut être un groupe social dont les membres ont des intérêts communs et
forment une unité. Le terme intercommunautaire renvoie à un éloignement, à une
séparation entre communautés distinctes mais, (re)liées par quelque chose. Une dynamique
intercommunautaire est l'évolution, le changement, la modification des interactions entre
communautés distinctes auparavant liées.
Média : c'est un moyen de transmission de l'information auprès d'un large public.
Selon Mc Luhan, « Autrefois, le média était un instrument, un objet utilitaire le
prolongement de nos sens.» 45 Pour nous, le média est perçu dans le même sens que Raoul
G., BLE, lorsqu'il avance: « De nos jours, nous devons entendre par ce terme, toute les
techniques de diffusion plus large d'information par la presse, la radio, la télévision, le
cinéma et l'affichage. M Bedouet et F. Cuisiniez (199 5 : 119) ajoutent que : cette
réduction "du terme'' met en avant la position importante qu'occupent ces médias dans
notre société. Les facilités de reproduction donnent au message, en l'amplifiant une
résonnance sociale. »
Identité nationale: l'identité est ce qui nous caractérise. C'est le caractère
fondamental de quelqu'un ou de quelque chose. Le terme nationale est tiré de nation et
43GRA. WITZ, M., Lexique des sciences sociales, Paris, Dalloz, 8° édition, 2004, p.135. 44 GRA WITZ, M., Lexique des sciences sociales, op cit, p.135. 45 BLE, R. G., "La guerre dans les médias, les médias dans la guerre", in Afrique développement,
CODESRIA, vol XXXN, N°2, (pl87) pl 17-201
21 ,,-r f'
« vient du verbe latin "nasci" (naître) » 46 qui désigne étymologiquement l'endroit où l'on
est né. La nation, c'est une communauté définie comme entité politique, réunie sur un
territoire organisé institutionnellement. Elle est également une communauté humaine
caractérisée par son identité historique, culturelle, l'unité de la langue et de la religion.
Partant de ces énumérations, l'identité nationale est l'ensemble des caractères
fondamentaux (culturel, linguistique, religieux et historique) d'une communauté humaine
qui est née, réunie et organisée sur un territoire et qui partagent les mêmes institutions.
Les représentations sociales : les représentations sociales sont des phénomènes
complexes, toujours activés et agissant dans la vie sociale. Elles sont composées
d'éléments divers qui ont longtemps été étudiés de façon isolée: attitudes, opinions,
croyance, perceptions, valeurs, idéologies etc.... la représentation est le fait de rendre
sensible (un objet ou un concept) au moyen d'images, d'un signe, etc .... c'est une
reconstruction du réel par des signes, des symboles et des faits. D'une manière, elle est
l'action de mettre sous les yeux.
La représentation est tout d'abord, un acte par lequel l'esprit se rend présent
quelque chose, fait ou résultat de cet acte. Ensuite, cette autre assertion politique dit que la
représentation « C'est le fait de représenter (de tenir la place) d'une nation ou d'un peuple
dans l'exercice du pouvoir. Ensemble des pouvoirs ou des corps qui en représentent
d'autre (la représentation parlementaire).» 41 Cette définition met en exergue deux des
formes que peut recouvrir le terme. De même, ces deux formes de la représentation
peuvent être observées dans la définition du philosophe Jean LADRIRE « Le concept de
représentation, tel qu'il est utilisé dans la théorie de la connaissance, repose sur une
double métaphore, celle de la représentation théâtrale et celle de la représentation
diplomatique. »48 . La première suggère l'idée de mise en présence. La représentation
devant le spectateur, sous une forme concentrée, une situation signifiante, ''la
représentation spectaculaire''. La seconde métaphore suggère l'idée de «vicariance ». La
représentation est cette forme de transfert d'attribution, "la représentation politique".
Nous retenons donc les idées suivantes : d'abord, la représentation est une mise en scène,
une mise en avant, comme un écran qui est à la fois la surface sur laquelle on projette la
46 EKANZA S. P. Côte d'Ivoire: De l'ethnie à la nation, une histoire à bâtir, Abidjan, les Editions CERAP,
2007,p07 47 RUSS, J., BADAL-LEGUIL, C., Dictionnaire de philosophie, Paris, Bordas, nouvelle édition, 2004, p.364. 48 LADRIERE J. : Encyclopédie Universalise, représentation, p.904.
22
réalité et une barrière entre la réalité et notre perception. Ensuite, la représentation est une
substitution de quelqu'un par un autre qui le représente. La représentation est une image
mentale, une représentation del 'objet dans le cerveau. Soit qu'elle est liée dans un premier
temps aux formes physiques de l'objet matériel avec analogie de forme, soit qu'elle est un
point de vue propre, une impression et, qu'elle vient d'une convention de langage.
Selon René KAES49, la représentation apparaît non plus comme la production d'un
état mental ou d'un étal social dont il serait le reflet, mais comme un processus
d'organisation des rapports psychosociaux. La principale discipline utilisant ce concept est
la psychologie sociale qui s'intéresse aux processus mentaux par lesquels les
connaissances sont acquises, organisées et utilisées. Elle dénombre deux autres formes de
représentations en plus de celles sus-mentionnées. Ces formes ou "logiques" de la
représentation sont au nombre de quatre « instances différentes de la médiation dans l'espace social, qui organisent quatre formes de communication ... » 50. Nous avons les
logiques spectaculaire, politique ou institutionnelle, formelle ou esthétique et la logique
sémiotique de la représentation. En effet, de prime abord, la logique spectaculaire fait
référence à la représentation théâtrale qui, sert de modèle aux autres types de
représentations d'ailleurs énoncées par les philosophes. Ensuite, vient la logique politique
de la représentation, celle qui a été au fondement de la démocratie. Il s'agit là de la
représentation institutionnelle. Ce type de représentation donne lieu à trois formes de
communication politique : la démocratie élective, la représentation nobiliaire et la
représentation consulaire. Outre ces deux (02) formes de représentations, l'on a la
représentation esthétique qui est la création d'images, de discours ou de paroles renvoyant
le symbolique à l'invention de formes nouvelles (arts plastiques, graphisme, publicité ... ).
Enfin, la logique sémiotique de la représentation qui fonde le symbolique dans sa
dimension autonome par rapport au réel (représentation des divinités par des symboles ... ).
De ce qui précède, nous pouvons avancer que la représentation renvoie, d'une part, à
la communication entre l'objet à représenter et, le réel et d'autre part, à la communication
entre mandant et mandaté ou le porte-parole, le représentant. La représentation est un
échange avec le monde extérieur (avec le monde occulte, l'irréel, le divin). Elle est une
interaction, une communication à travers/par des signes symboles, le beau. De ce fait,
49 KAES René: Psychologie sociale à tendance psychanalytique, 1976, p. 32. 50 LAMIZET, B., SILEM, A., dictionnaire encyclopédique des sciences de l'information et de la
communication, Paris, Editions Marketing, 1997, p. 475.
23
conune l'affirment LAMIZET et SILEM « Communication et représentation sont
indissolublement liées l'une à l'autre. Toute situation d'échange symbolique est une forme
de dialectique entre communication et représentation. » 51• La communication et la
représentation se fondent ensemble, car c'est la représentation qui instaure l'espace social
au sein duquel se déroule la communication. Et pour finir, il ne saurait y avoir
communication qu'à partir du moment où les relations entre les signes et les formes de la
communication et la réalité dont elles se soutiennent sont fixés par des lois qui sont celles
de la représentation. Eu égard à ce qui précède, que dirions-nous des représentations
sociales?
Les représentations sociales tirent leur origine des représentations collectives
qu'utilisa Emile DURKHEIM. Le premier terme fut les « représentations pour les
groupes » en les qualifiant de collectives. Elles désignent le contenu de la conscience
collective, l'ensemble des images, des symboles, des modèles et des idées véhiculées.
Délaissée suite à la disparition de son précurseur, la notion entrera en état de dormance.
L'on doit sa réapparition et son passage aux représentations sociales en 1961 à Serge
MOSCOVICI. Le but de ce dernier était d'étudier la transformation d'une théorie savante
en sens commun. Selon lui, « La représentation sociale est un corpus organisé de
connaissances et une activité psychique grâce auxquelles les hommes rendent la réalité
physique et sociale intelligible, s'insèrent dans un groupe ou un rapport quotidien
d'échanges, libèrent les pouvoirs de leur imagination.» 52 Et Denise JODELET53
de
renchérir pour dire que les représentations sociales sont des systèmes d'interprétation
régissant notre relation au monde et aux autres qui, orientent et organisent les conduites et
les communications sociales. Les représentations sont des phénomènes cognitifs engageant
l'appartenance sociale des individus par l'intériorisation de pratiques et d'expériences, de
modèles, de conduites et de pensées. Elle propose dès 1993 une seconde définition
explicite des représentations sociales. « La représentation sociale est une forme de
connaissance socialement élaborée et partagée, ayant une visée pratique et concourant à
la construction d'une réalité comme un ensemble social ». Cette forme de connaissance
parce qu'elle se distingue de la connaissance scientifique, est parfois appelé « Savoir de
51 LM1IZET, B., SILEM, A., Dictionnaire encyclopédique des sciences de l'information et de la
communication, Op cit, p. 476. 52 MOSCOVICI, S., La psychanalyse, son image et son public, paris, PUF, 1961, p.27-28 53 JODELET D., Les représentations sociales, un domaine en expansion in les représentations sociales, Paris,
PUF, 1989, p.40
24 -:
sens commun ou savoir naïf» 54. La représentation sociale est un acte de pensée par lequel
un sujet se rapporte à un objet qui peut être une personne, un événement matériel, une idée.
De ce qui précède quelle définition pourrait prendre les représentations sociales dans le
champ des sciences del 'information et de la communication?
Les représentations sociales sont des théories du sens commun, créées par les
communications interpersonnelles significatives, qui se sont développées dans le domaine
de pratiques socioculturelles cultivées par tel groupe ou telle population.
1-2-CADRE DE REFERENCE THEORIQUE
Cette partie de notre étude fait référence aux différentes théories convoquées pour
justifier nos affirmations provisoires. Elles permettent également d'inscrire l'étude dans le
champ des sciences de l'information et de la communication. Ainsi, nous évoquerons
d'abord la théorie de la communication (théorie de la communication à deux étages) qui
cadre avec notre étude et nous terminerons avec la théorie du noyau central.
};:> Théorie de la communication
· De nombreuses publications ont traité de la crise ivoirienne avec des énumérations
théoriques aussi variées pour l'expliciter et l'inscrire dans un champ d'étude. Ainsi, des
théories ont été mobilisées dans le champ des sciences sociales singulièrement en science
del 'information et de la communication pour justifier les affirmations provisoires émises.
Dans la crise ivoirienne, l'importante implication du politique et des médias s'est
avérée. Cette implication renvoie au lien de ces derniers avec la société. Elle conduit
indubitablement à la question de la fonction du média eu égard à sa mission d'information,
d'éducation et de divertissement.
Les théories fonctionnalistes de la communication sont celles qui ont été le plus
convoquées dans les réflexions sur les médias en particulier. En effet, elles remontent en
1930, pendant la Seconde Guerre mondiale et, sont les conséquences des moyens de
54JODELET D., Les représentations sociales, un domaine en expansion in les représentations sociales Op-cit
1994. p. 33.
diffusion comme instruments de propagande vis-à-vis de son peuple que de l'ennemi.
C'est le modèle de « La seringue hypodermique» qui ouvrit le bal. Le média entraîne un
impact direct et indifférencié sur des individus amorphes et atomisés. Il s'agit de la toute
puissance des médias, un courant de pensée défendu par Harold LASSWELL à travers son
schéma linéaire "Qui?", "Dit quoi?", "Par quel moyen?", "A qui?", "Avec quel
effet ? ''. Ce paradigme donne le primat au message et prend son origine à partir des
émissions radiodiffusées de propagande hitlériennes.
Une autre théorie, plus critique que la première mais qui la renforce cependant,
pense le média comme un moyen de domination idéologique. Pour ses précurseurs comme
T. ADORNO, le média est un agent de contrôle social qui contribue à acculturer les masses
en homogénéisant les comportements. De part cette théorie, «L'effet des médias sur leur
audience est prescriptif, massif et immédiat.» 55. Après la seconde guerre mondiale, en 1948, d'autres recherches effectuées par des
sociologues Nord-Américains (Lazarsfeld, Berelson, Klapper. .. ) parleront d'effets limités
des médias. De leurs travaux sortiront les paradigmes de la sélectivité et de l'intennédiaire.
En effet, selon la théorie de la sélectivité, la masse n'est pas un public passif,
amorphe. Des êtres rationnels qui cherchent dans les médias des informations qui
renforcent leurs opinions en se soustrayant à celles qui viennent les mettre en question. Le
public choisit d'être exposé au média en sélectionnant les informations diffusées à travers
lui. C'est une exposition sélective qui vient conforter les idéologies. La sélectivité des
consonunateurs est déterminée par le groupe d'appartenance qui peut être la famille, des
amis, le quartier, la religion... c'est à cette théorie que vient se greffer celle de
l'intermédiaire ou la théorie de la communication à deux niveaux (two step flow of
communication). Ici, l'influence du média se détermine par le réseau de relations
interpersonnelles.
Le média, en effet, agit indirectement sur la masse. Il y a une sorte de relais entre
émetteur et récepteur. Dans cette théorie, le média qui est un canal de transmission du
message, utilise un autre canal qui est l'homme. Cet ''homme-canal'' de par son réseau de
relation, de par ses contacts, son degré d'exposition aux médias influence à son tour le
public. Dans ces conditions l'influence du média n'est pas immédiate, elle est médiate.
55 LOHISSE, J., La communication: de la transmission à la relation, Bruxelles, de Boeck, 2009, p46 26 !
Par ailleurs, le paradigme des effets à court terme des médias a crée une impasse
qui contribuera à l'émergence de deux orientations majeures : les effets à long terme relatif
aux nouvelles technologies de l'information et la communication et de la théorie des
usages et des gratifications.
Nous avons passé en revue ces théories pour dire que ces manifestations
idéologiques des médias occidentaux ont été observées en Côte d'Ivoire.
De prime abord, la Côte d'Ivoire s'est dotée de moyens de communication de
masse tels la radio et la télévision le 07 août 1963, l'idée maîtresse était "la construction
du pays'' sous la gouverne du parti unique. « Les anciens colonisés, fraîchement
affranchis, durent tout de suite livrer un nouveau combat : celui du développement
national et de l'unité, elle aussi nationale. Le parti unique fut imposé comme l'instrument
idéa / par eux qui se proclamèrent '' pères fondateurs '', '' pères des indépendances '' ou
autres "timoniers " et "guides éclairés " (. .. ). Parti unique et pensée unique,
autoritarisme ( .. .) et répression de toute liberté d'expression .... » 56 Toutes les décisions
étaient prises "d'en haut" au sein du grand conseil politique du parti unique. Les
informations relayées par les médias étaient de faire de ce pays un modèle un Afrique. A
cette époque seuls les idéaux du parti-Etat étaient véhiculés. Et Yahaya DIABY d'avancer
« Le système du parti unique en Afrique subsaharienne était d'avantage caractérisé par
une radiodiffusion et une télévision nationales écho du parti au pouvoir qui se confondait
de droit ( .... ) » 57
Le média avait pour mission d'informer, d'éduquer et de divertir mais en faisant la
propagande du parti-unique. De cet état de fait, les effets de la seringue hypodermique
seront ressentis après les complots de 1963 et 1964. L'idéologie de la pensée unique venait
ainsi d'être inoculée au peuple. C'est le conditionnement de la masse, de la propagande
vis-à-vis du peuple ivoirien el des supposés ennemis. Le peuple était dans un état de
sujétion. Dans ce contexte, le schéma de LASSWELL est certes linéaire, d'une part, et
d'autre part, qui, par contre illustre bien cette forme d'une communication descendante.
56 ZTO M., les médias et la crise politique en Côte d'Ivoire, Accra, Fondation pour les médias en Afrique de
l'ouest, 2012, p5 57 DIABY Y, « Médias et culture de paix : le nouveau paysage de l'audiovisuel Africain» (introduction
générale), in conflits actuels et culture de la paix, actes du colloque d'Abidjan, Commission Nationale
Ivoirienne de l'UNESCO en collaboration avec le BREDA (DAKAR), Abidjan, PUCI, 1997, p.408.
27 •"7' ,..,,
Emetteur (Président de la république, 1 Qui ?
Président du parti-Etat)
Unité nationale, Développement national Dit Quoi'?
Télévision, radiodiffusion et Fraternité I Par Quel moyen ?
Matin, Fraternité Hebdo
Le peuple (la masse), les sujets A Qui?
Uniformiser les pensées, changement de I Avec Quel effet ?
comportement (uniformité dans la mentalité) • Figure n° 1 : Illustration du schéma de LASSWELL
Au regard du schéma, il n'y aura de feed-back qu'à partir des attitudes et
comportements uniformes et uniformisés de la pensée unique. Le peuple est dans une
posture de simple exécutant. Un peuple amorphe, atomisé, apeuré qui craind les
représailles de sa désobéissance au grand chef. Le média apparaît comme un moyen de
domination idéologique. Un agent de contrôle 'social. Ainsi donc, l'effet du média est
immédiat. Aussi, y avait-il à cette époque une chaîne de télévision et de radio nationale
complétée par une presse ( Fraternité Matin, Fraternité hebdo, Ivoire soir, ... ) dont disposait
le parti unique (parti-Etat) pour asseoir sa domination.
Le journaliste était fonctionnaire et militant du parti dont il ne diffusait que les
idéaux. Les responsables du média étaient des délégués politiques58. Les manifestations
populaires étaient soit étouffées "dans l'œuf' soit matées pour servir de leçon et formater
les esprits. En définitive, la peur, les craintes que procuraient le parti-Etat à travers ses
représentants conditionnaient la toute puissance du média. « Mais en décembre 1991, la
Côte d'Ivoire sortait à peine de son engourdissement de trois décennies de parti unique et
de formatage unicitaire et uniformisant de la pensée - Fraternité Matin portait à sa Une
chaque jour, comme une épitaphe sur la tombe de la liberté d'expression et d'opinion, « la
58 Mamadou Coulibaly, directeur de Fraternité Matin jusqu'en 1975 et délégué politique du parti. Laurent
Dona Fologo, rédacteur en chef, a occupé divers portefeuilles ministériel et dernier secrétaire général du
président Félix Houphouët Boigny
28 ~·- .,. , '
pensée du jour », celle du premier président de la république de Côte d'Ivoire » 59
également aux journaux télévisés et radiodiffusés. « En Côte d'Ivoire, 27 ans après
l'indépendance, il y avait seulement quatre journaux : Fraternité Matin (. . .) Fraternité
Hebdo (journal officiel du PDCI-RDA) et Ivoire Dimanche. !voir Soir fut crée dans la
seconde moitié des années 80, plus précisément en 1987. » 6° Cette situation de fait était
observable dans les pays africains monopartis. Cependant, la fin du miracle économique
ivoirien vint remettre en doute la toute puissance des dirigeants politiques et par ricochet
l'effet puissant des médias.
Cette époque, en effet, marquée par l'institution de la démocratie verra naître en
Côte d'Ivoire une forme de média: le média d'opinion, porte voix des chapelles politiques.
A titre d'exemple, "Fraternité Hebdo" presse du PDCI, "Le Nouvel Horizon" avec le
FPI. Puis, vint quelques années plus tard ''Le patriote'' proche du RDR. Cette presse
d'opinion sert d'interface entre le politique et son public ou les militants. Ici, le lecteur
n'est pas un citoyen amorphe, passif. Il sélectionne les informations en fonction de son
bord politique et n'adopte que l'opinion du parti politique, la ligne éditoriale du journal. Il
s'agit là d'un traitement partisan de l'information motivé de fait par les militants-lecteurs
consommateurs sélectifs. «L'engagement militant des journalistes et leur zèle sont l'un
des soutiens les plus sûrs aux hommes politiques, de leurs partis et de leurs militants» 61.
Dans ces conditions, l 'information est de toute évidence un construit aux fins de la
manipulation du lecteur, de son conditionnement et d'un renflouement des caisses du parti.
Les messages ou les informations distillées par la presse d'opinion ne sont que les
injonctions des responsables politiques aux militants-journalistes qui à leur tour s'assurent
de sa bonne réception auprès des lecteurs dans leur sélection de l'information. « Pour
marquer cette proximité-sujétion des journaux ivoiriens avec et par les partis et les
hommes politiques, les ivoiriens les regroupe par couleur : proches du Front Populaire
ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo, ils sont bleus,· il est dit du Parti Démocratique de Côte
d'Ivoire (PDCI-RDA) d'Henri Konan Bédié, verts ... ( .. .). Les consommateurs
59 ZIO M., les médias et la crise politique en Côte d'Ivoire, op cit, p. 7. 60zro M., les médias et la crise politique en Côte d'Ivoire, op cit, p. 9. 61 Idem
29 ,· {/
d'informations ivoiriens que nous qualifions d' « étranges usagers » ne sont pas dupes des
liens de dépendance entre médias et pouvoir» 62
De ce point de vue, l'on peut affirmer que le consommateur militant devient de
facto complice du journaliste d'opinion. Ce stade de notre réflexion trouve justification
auprès de Moussa Alfred DAN lorsqu'il dit « Les difficultés de la presse se traduisent
(. . .), par la complicité entre lecteurs et mauvais journalistes. Les premiers encourageant,
par leur avidité à les lire, les seconds dans le mauvais traitement de l'information, (. . .).
Certaines rédactions ne vérifient pas toujours l'information avant de la publier, induisent
ainsi le public en erreur et lui causant de graves préjudices. ( ... ). C'est ce genre de
journaux que vous consommateurs de l'information, c'est ce genre de journaux que vous
aimez acheter, puisque ces journaux se vendent bien, très bien (. . .) si vous n'êtes pas des
coauteurs, vous vous constituez ainsi en complices avérés de la médiocrité de la presse
Ivoirienne. » 63. Par ces propos, il fait mention de l'effet limité du média mais par contre il
met en évidence le pouvoir du politique. Son emprise sur la société, une responsabilité
qu'il refuse d'assumer par pure hypocrisie comme nous le rappelle DAN « .. .faisant preuve
d'hypocrisie, ceux-ci tout en soutenant en public la liberté de la presse et le respect de la
déontologie, retournent leur veste dans les salons privés en finançant les journaux décriés
en public et en recevant à déjeuner et à dîner les patrons et leurs journalistes. (. . .). Les
hommes politiques refusent d'assumer la responsabilité de propos graves venant d'eux,
pour rejeter la faute sur le journaliste. ». Ces affirmations rendent compte de l'attitude
sélective du lecteur et de ! 'instrumentalisation du média.
Ainsi, comme le révèle Ball y FERRO BJ « Bien qu'en 1990, la presse Ivoirienne
ait connu son printemps, la situation ne s'est guerre améliorée pour les journalistes. (. . .),
ils ont laissé à se faire manipuler par les hommes politiques. Ainsi est née la presse de
propagande ou militante qui a flirté et qui continue de flirter avec le journalisme poubelle.
Les journalistes sont d'abord avant tout des militants dont la mission est d'abattre
l'adversaire politique ... » 64. C'est de ces amalgames politiques, Pinstrumentalisation du
62 ZIO M., les médias et la crise politique en Côte d'Ivoire, op cit, p. 11. 63 DAN M. A., (ancien président l'observation de la liberté de la presse de l'éthique et de la déontologie)
intervention lors du forum pour la réconciliation nationale, Fraternité Matin, n°11087, du jeudi 18 novembre
2001, p.9. 64 FERRO B. B., Vice président de l'UNJCI au Forum pour la réconciliation nation, Fraternité Matin,
n°l 1086, mercredi 17 novembre 2001, p.8.
30 ..,.
média et des masses aux fins électoralistes que, naquirent les conflits sociopolitiques dont
ont été victimes les Ivoiriens depuis 1990. De ce qui précède, nous faisons le constat selon
lequel de par cette théorie, le média est quasiment en retrait. Il joue un simple rôle de
relayeur de l 'information. Ici est mis en évidence que l'homme politique et les sujets
(lecteurs sélectifs et médias
Le journalisme d'opinion s'illustre de fort belle manière en Côte d'Ivoire. souvent
qualifié de coauteur dans l'exacerbation des clivages entre les Ivoiriens, il a fait apparaître
des héros et des méchants, d'autres acteurs importants appelés leaders d'opinion. « Les
médias sont de grands fabricants de héros et de méchants. Ceci ne manque pas d'avoir une
influence sur les acteurs qui croient que leurs excès les feront entrer dans la conscience de
leurs concitoyens et de leurs adversaires» 65 Un leader d'opinion est toute personne ayant
une influence sur un individu ou un groupe d'individus. Il peut être un homme politique,
un leader religieux, un leader syndical, un cadre d'une région. Il a pris de l'ampleur avec le
phénomène titrologue. Il s'agit, en effet, de la théorie de l'intermédiaire ou du two step
flow of communication ( communication à deux niveaux) qui cadre avec notre étude.
Dans le contexte ivoirien les leaders ont été les relais des opinions distillées par les
médias au public ou au peuple. Ils ont servi d'interface entre le média d'opinion et la
masse. Ces leaders d'opinion, plus exposés aux médias se trouvèrent dans les "grins",
parlements et agoras.
Les agoras et parlements étaient les lieux choisis par les leaders de la '' galaxie
patriotique'' pour informer, galvaniser et conditionner les masses venues en ces endroits
pour les écouter. Ces instants étaient des moments privilégiés pour mobiliser, appâter et
véhiculer des idées en vue de modifier leurs attitudes, leurs habitudes politiques, leurs
comportements vis-à-vis de l'adversaire politique. C'est en ces lieux que naissent les
stéréotypes, les clichés, les attitudes et comportements qui sont les manifestations de nos
représentations. Les leaders d'opinion exposés à l'information viennent la "déchiffrer",
l'analyser, l'interpréter devant un auditoire déjà acquis à leur cause et à la cause de la ligne
éditoriale du média, mot d'ordre du parti. L'auditoire constitué d'individus iront à leur tour informer, transmettre le message afin de créer un autre espace d'échange pour partager la
même vision, la même idéologie, en un mot créer l'espace et l'instant des représentations.
65 ZIO M., les médias et la crise politique en Côte d'Ivoire, op cit, p. 31.
31
Les grins étaient à leur début des espaces de libre échange religieux (musulman)
où, l'on s'y retrouvait pour invoquer "ALLAH" et lire le CORAN en prenant le thé.
Aujourd'hui, il est le lieu de transmission des consignes politiques. C'est aussi, le lieu
d'incubation de stéréotypes et d'images d'une certaine "idéologie de la victimisation". A
ces leaders des espaces sus-cités nous pouvons adjoindre les cadres de nos régions
respectives qui désinforment le peuple, leurs parents du village en leur assénant souvent
des mensonges. "Ouvriers" de la manipulation, ils sont des propagateurs des idéologies
fausses et des représentations négatives des uns à l'égard des autres. Les messages
prophétiques des leaders religieux chrétiens à l'endroit du candidat Laurent Gbagbo ont
fini par convaincre les siens (militants et sympathisants) de sa victoire, ce qui a crée un
certain complexe de supériorité et une représentation défavorable à l'endroit des autres.
Des leaders religieux ont conditionné leurs fidèles par la manipulation idéologique.
Aussi, faut-il ajouter, les leaders religieux devenus des auxiliaires politiques qui,
par leurs sermons ou parti pris vis-à-vis d'une organisation politique, ont contribué à
l'enlisement de la situation ivoirienne.
Enfin, n'a-t-on pas entendu ou vu des leaders syndicaux appeler leurs syndiqués à
voter pour tel ou tel candidat ?
Au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle d'octobre 2000, les rues
d'Abidjan et de l'intérieur du pays ont été inondées de monde à l'appel du candidat
victorieux à ses militants et sympathisants ·pour envahir les rues et faire obstacle à
l'imposture et l'usurpation du pouvoir par le Général GUEI. Cette même stratégie a été
usitée par Alassane Ouattara pour demander la reprise de l'élection. Les appels aux
rassemblements ou les mots d'ordre à occuper les rues lancés par les leaders de jeunesses
(Alliance des jeunes patriotes) et par les partis politiques sont immédiatement suivis
d'effets par la population.
Les événements des 04, 05 et 06 novembre 2004 relatif à la reconquête de la zone Centre
Nord Ouest par les FANCI66 ont permis de voir le pouvoir des leaders d'opinion et des
médias de masse.
En définitive, cette théorie du two step flow of communication (théorie de la
communication à deux niveaux) accorde le primat au leader d'opinion. Ici, le média crée
l'espace de la représentation. Mais cette représentation est conditionnée par des leaders
d'opinion de par leurs analyses dans leurs espaces respectifs qui sont les laboratoires
66 Force Armée Nationale de Côte d'Ivoire devenu Force Républicaine Côte d'Ivoire depuis Avril 2011.
d'incubation des stéréotypes, des opinions, des attitudes et comportements indispensables
dans la formation des représentations qui ont favorisé les haines. Cette théorie peut être
schématisée de la manière suivante
Leaders
MEDIA
Leaders d'opinion (responsables syndicaux)
Leaders d'opinion (cadres de région, chef de famille)
Leaders d'opinion (hommes politiques, responsables de la galaxie patriotique)
Û Individu en relation avec le leader
Figure n°2 : Schéma illustratif de la théorie du two step flow of communication
La théorie de la toute puissance des média avec l'uniformisation des mentalités,
la sélectivité passive des Ivoiriens et les effets immédiats des leaders d'opinion sur leur
auditoire vont légitimer les espaces de manipulation et de formatage de la pensée, des
habitudes et comportements qui ont conduit à la construction des représentations
favorables comme défavorables des uns à l'égard des autres. La théorie du noyau central
est la seconde théorie convoquée dans le cadre de cette étude.
>- La théorie des représentations sociales
La théorie des représentations sociales s'articule autour d'une hypothèse: toute
représentation est organisée autour du noyau central. Ce noyau est constitué d'éléments
objectivés, agencés en un schéma simplifié de l'objet. Selon Moscovici, le noyau figuratif
constitue une base stable autour de laquelle pourrait se construire la représentation. L'idée
fondamentale de la théorie du noyau est que dans l'ensemble des cognitions se rapportant à
33 p,J
un objet de représentation, certains éléments jouent un rôle différent des autres, ces
éléments appelés éléments centraux se regroupent en une structure qu' ABRIC67 nomme
« noyau central » ou « noyau structurant ». Le noyau central ou structurant d'une
représentation sociale assure deux fonctions essentielles :
1) Unefonction génératrice de sens: il est l'élément par lequel se crée ou se
transforme, la signification des autres éléments constitutifs de la représentation. Il est ce
par quoi les éléments prennent un sens, une valence,
2) Une fonction organisatrice: c'est autour du noyau central que s'agencent
les autres cognitions de la représentation. C'est le noyau central qui détermine la nature des
liens qui unissent entre eux les éléments de la représentation. Il est en ce sens l'élément
unificateur et stabilisateur de la représentation. Le noyau structure à son tour les cognitions
se rapportant à l'objet de la représentation. Ces cognitions placées sous la dépendance du
noyau sont appelées les éléments périphériques. Si le noyau structurant peut se comprendre
comme la partie abstraite de la représentation, le système périphérique doit être entendu
comme la partie concrète et opérationnelle,
Le noyau central et les éléments périphériques fonctionnent bien comme une entité
où chaque partie a un rôle spécifique mais complémentaire de l'autre. Leur organisation,
comme leur fonctionnement est régie par un double système :
Le système central structurant les cognitions relatives à l'objet, fruit des
déterminismes historiques et sociaux auxquels est soumis le groupe social. Le système
central, constitué par le noyau central de la représentation est directement lié et déterminé
par les conditions historiques, sociologiques et idéologiques. Il est marqué par la mémoire
collective du groupe et aussi par le système de normes auquel il se réfère. Le système
central constitue la base commune collectivement partagée des représentations sociales. Sa
fonction est consensuelle, c'est par lui que se réalise et se définit l'homogénéité d'un
groupe social. Le système central est stable, cohérent, il résiste au changement assurant
ainsi une deuxième fonction celle de la continuité et de la permanence de la représentation.
Ce système est relativement indépendant du contexte social et matériel dans lequel la
représentation est mise en évidence.
Le système périphérique en prise avec les contingences quotidiennes permet dans
une certaine mesure l'adaptation de la représentation à des contextes sociaux variés. Ce
67 ABRIC, J.C., Pratiques sociales et représentations, Paris, PUF, 1994, p.34.
34 r ',
système est fonctionnel, c'est grâce à lui que la représentation peut s'inscrire dans la réalité
du moment. Contrairement au système central, il est plus sensible et déterminé par les
caractéristiques du contexte immédiat. JI constitue l'interface entre la réalité concrète et le
système central, régulation et d'adaptation du système central aux contraintes et aux
caractéristiques de la situation concrète à laquelle le groupe est confronté, qui permet une
certaine modulation individuelle de la représentation. C'est parce qu'elle est constituée de
ce double système, un système stable, un système flexible, que la représentation peut
répondre à l'une de ces fonctions essentielles: l'adaptation sociocognitive. A partir du
facteur « pratique social », trois types de transformations peuvent avoir lieu :
1) Une transformation brutale: on peut observer ce type de transformation,
lorsque les nouvelles pratiques mettent en cause directement la signification centrale de la
représentation, sans recours possible aux mécanismes défensifs mis en œuvre dans le
système périphérique. Le changement est alors massif et immédiat.
2) La transformation résistante : qui peut se produire quand les pratiques sont
en contradiction avec la représentation, mais ici cette contradiction peut être géré dans la
périphérie. Lors de la transformation résistante la représentation est caractérisée dans le
système périphérique par l'apparition de « schémas étranges» découverts et définis par
Claude FLAMENT
3) Une transformation progressive : lorsqu'il existe des pratiques anciennes
mais rares qui ne se sont jamais trouvées en contradiction avec la représentation, la
transformation va s'effectuer sans rupture, c'est-à-dire sans éclatement du noyau central.
Les schémas activés par les pratiques nouvelles vont progressivement s'intégrer à ceux du
noyau central, et fusionner pour constituer, un nouveau noyau et donc une nouvelle
représentation.
1-3 REVUE DE LITTERATURE
Notre revue de littérature fait l'état des réflexions en lien avec notre objet d'étude.
Elle comprend donc, de prime abord, l'état de la question sur le conflit ivoirien et les
conflits ou crises politiques en Afrique, ensuite, une revue sur les médias et les discours
politiques, puis enfin, une revue des réflexions sur les représentations sociales.
C'est par une approche systémique et qualitative que, A. J KHAUDJIS montre que
« la crise ivoirienne résulte d'un dysfonctionnement profond de ses sous-systèmes
35
économique, social, politique et ... culturel qui sont de manière générale en interaction
dynamique. Ces sous-systèmes interagissent entre eux pour finalité le développement du . . 68 territoire.»
En effet, la perturbation du sous-système économique auquel sont liés les autres
sous-systèmes, qui a succédé au. miracle économique ivoirien, tire ses origines des . . \
difficultés rencontrées dans le domaine agricole notamment les principaux produits
d'exportation : le binôme café/cacao. A cette conjoncture, faut-il associer le poids de la
dette et la mauvaise gouvernance. De ce contexte résulte le « Rétrécissement du marché
urbain, la dégradation des conditions de vie des populations, la fin de ! 'Etat providence et
de la montée des revendications sociales. »69 support de la contestation politique.
D'une crise socio-économique, l'on en est arrivé à une crise politique où les
antagonismes politiques sur les questions de l'immigration et de l 'Ivoirité, la course
effrénée pour le pouvoir après le coup d'Etat de 1999 constituent les causes principales; de
même que celles du conflit militaro-politique de septembre 2002. En d'autres termes, et
selon KHAUDJIS, la crise ivoirienne, qui est un ensemble de dérèglements, de
déséquilibres intervenus dans son système général est de la responsabilité de la toute
puissance des politiques Ivoiriens auxquels il faut adjoindre leurs affidés (médias,
syndicats, ... ). Nous énumérons, la signature d'un accord (accord politique de
Ouagadougou) de paix en mars 2007 avec à la clé une élection libre et transparente.
Cependant, il émet des réserves quant à cette élection de sortir de crise à travers un
questionnement qui a trouvé réponses avec le temps. Cette réflexion d'une autre approche
aborde certains aspects qui viennent renforcer nos propos sur le rôle du politique dans ce
conflit et de sa trop grande implication dans tous les compartiments de la société
Ivoirienne.
« A quoi sert-il de rechercher la démocratie si, au lieu d'apporter la paix et la
consolider, au contraire, elle engendre la violence, voire la guerre ? »1° C'est en substance
68 K.HAUDJIS, A. J., "Approche étiologique de la crise Ivoirienne", in Penser la crise Ivoirienne, Repère
«International», revue scientifique de l'université de Bouaké, 0°1, p. 37. 69 K.HAUDJIS, A. J., "Approche étiologique de la crise Ivoirienne", in Penser la crise Ivoirienne, Repère
« International », op cit, p.41. 70 BAMBA L. M., " démocratie multipartite et paix en Côte d'Ivoire", in Penser la crise Ivoirienne,
Repère « International », Revue scientifique de ! 'université de Bouaké, n° 1, p. 63.
36 ..,,. ,,
à cette interrogation que tente de répondre Mathieu Lou BAMBA dans son article
'' démocratie multipartite et paix en Côte d'Ivoire''
Mathieu Lou BAMBA fustige le rôle des partis politiques dans le processus de
démocratisation amorcé par bien de pays africains à l'instar de la Côte d'Ivoire après les
années indépendances. En effet, il fait le rapprochement entre la démocratie et la liberté qui
est l'essence de l'homme. L'homme en tant qu'être social opposé à la liberté servile,
réductible dans la Grèce antique. Il y a donc, à la base de la démocratie la conception de
l'homme comme liberté, non pas comme simple absence de contrainte, mais surtout
comme capacité à s'autodéterminer. La démocratie, c'est encore l'expression des libertés
individuelles à travers les groupes d'opinions que sont les partis politiques avec pour
objectif premier la conquête et l'exercice du pouvoir d'Etat qui, prend souvent en Afrique
des allures de guerres. C'est dans cette perspective qu'il désigne « les partis politiques
comme étant les seuls ou les principaux responsables de cette crise » et « la compétition,
expression plurielle de la libertés 'est transformé en rivalité meurtrière.n''
Bien d'événements ont concouru au maintien d'un Etat de guerre et à la perversité
du jeu politique. Ce sont entres autres « la vocation dévoyée du politique, la croyance que
les partis politiques sont les seuls voies pour exprimer la volonté du peuple, la mauvaise
compréhension de la lutte politique par les partis ... le culte du leader et l'absence d'une
véritable formation politique. »72. Pour lui, l'échec des partis politiques témoigne de deux
choses: « le régime de partis n'est pas la démocratie, il n'est qu'un élément d'une part et,
d'autre part, la démocratie revendique sa réalisation par la participation pleine et entière
des citoyens.» Aussi, rajoute-t-il que la crise ivoirienne n'est en quelque sorte l'échec de la
démocratisation car « une bonne et véritable démocratisation peut conduire à la paix » 73.
71 BAMBA L. M., " démocratie multipartite et paix en Côte d'Ivoire", in Penser la crise Ivoirienne,
Repère« International», op cit, p.67. 72 BAMBA L. M., "démocratie multipartite et paix en Côte d'Ivoire", in Penser la crise Ivoirienne,
Repère« International», op cit, p.68.
73 BAMBA L. M., "démocratie multipartite et paix en Côte d'Ivoire ", in Penser la crise Ivoirienne,
Repère« International», op cit, p.72.
37
Pour ce faire, deux conditions sont à observer: « Développer la culture de la paix
et l'éducation à la citoyenneté et s'imposer le devoir de la paix comme exigence 'th" 74 e zque » .
Au regard de ce qui précède, la démocratisation n'est pas l'apanage du
peuple. Tout se fait au détriment du peuple comme s'il n'existait pas. C'est dans ce sens
qu'abonde Christophe Y AHOT. Il dit, « En Côte d'Ivoire, il existe deux sociétés. La
société des électeurs (le peuple) et la société des élus (les dirigeants). Ce peuple, à vrai
dire, n'existe même pas, sauf à titre de concept opératoire pour les besoins des
dirigeants. »75 Tout en poursuivant son propos, il fait remarquer que le contexte
sociopolitique a beaucoup changé, notamment depuis l'avènement du multipartisme, la
disparition de Félix Houphouet-boigny, le conflit qui a suivi pour sa succession, le clivage
de plus en plus prononcé entre les communautés ethniques, voire religieuses et, surtout le
premier coup d'Etat auquel il faut ajouter la crise postélectorale de décembre 2010. Selon
Christophe Y AHOT, « C'est la Côte d'Ivoire elle-même qui semble pris en otage par une
génération de politiciens sans scrupule »76. Et, pour soutenir son argumentaire il convoque
la théorie de l'unité de la nation dont Sieyès en est le précurseur à laquelle il oppose à la
théorie de la souveraineté et de la représentation de Thomas HOBBES. Même après les
indépendances, les pays africains, à l'instar de la Côte d'Ivoire sont encore à l'ère de
"L'Etat-Ethnie où la région et l'ethnie prime sur une nation"
Ainsi, pour parvenir à l'unité nationale, Christophe Y AHOT, recommande
l'approche subjective d'Ernest RENAN, caractérisée essentiellement par « La volonté de vivre ensemble dans l'évolution vers la constitution de véritables nations dans les pays
africains »77 plutôt que l'approche objective défendue par Johann Gottlieb Fichte qui,
74 BA.MBA L. M., '' démocratie multipartite et paix en Côte d'Ivoire '', in Penser la crise Ivoirienne, Repère« International», op cit, p.73.
75 Y AHOT, C., "La problématique du passage de l'ethnie à la nation dans les nouveaux Etats Indépendant:
quelle réalité en Côte d'Ivoire? ", in Penser la crise Ivoirienne, REPERE« international», Revue
scientifique de l'université de Bouaké, novembre 2007, p. 76.
76 YAHOT, C., "La problématique du passage de l'ethnie à la nation dans les nouveaux Etats Indépendant:
quelle réalité en Côte d'Ivoire? ", in Penser la crise Ivoirienne, REPERE« international», Revue
scientifique de l'université de Bouaké, op cit, p.77. 77 YAHOT, C., "La problématique du passage de l'ethnie à la nation dans les nouveaux Etats Indépendant:
quelle réalité en Côte d'Ivoire? ", in Penser la crise Ivoirienne, REPERE« international», Revue
scientifique de l'université de Bouaké, op cit, p.79.
38
stipule que ''la nation prenne ses racines dans les langues, la religion, la culture,
l'histoire". En d'autres termes, la nation est le résultat d'un acte subjectif
d'autodétermination. En Côte d'Ivoire, la notion de nation est ici absente. Sans nation, il
n'y a évidemment aucune prospectives le pays navigue à vue. Et pour ce faire, Christophe
Y AHOT préconise de« rechercher le SIEYES ivoirien, c'est-à-dire qui opérera le passage
des identités ethniques à l'identité nationale. » 78
C'est dans "Raison et Raisonnements dans la crise lvoirienne79 "de T. Ramsès
BOA, qu'une invite à une prise de conscience nous est adressée. Car, la raison ne guide
pas nos choix. La passion et les sentiments religieux interviennent plus que la raison. La
crise est la résultante des travers ivoiriens. L'on a été guidé par les "rumeurs", "les bruits
de couloirs pour culpabiliser l'autre. Nos réflexions et analyses n'ont été d'aucune
objectivité. Un raisonnement avec la raison est liberté de soi, c'est gagner autrement son
autonomie.
Selon lui, l'on aboutirait à la réconciliation par le dépassement de s01, par une
introspection. C'est à juste titre qu'il avance sans ambages: « Nous nous approcherions de
la réconciliation nationale si chaque homme politique, chaque religieux, si chaque homme
de presse, en somme si chaque Ivoirien impliqué dans la décomposition nationale était
capable de se poser la question fondamentale, véritable préalable : qu'ai-je fait de mal à
mon frère, à mon pays pour que nous en soyons là? »80. A en croire T. Ramsès BOA, la
responsabilité de cette crise n'impute pas à un seul individu ou à un groupe. Elle est
collective.
Cependant, l'on est contraint de vivre ensemble. "L'art de vivre se fonde sur l'art
de savoir penser'' car, le savoir est la connaissance. La connaissance peut nous aider à
nous réconcilier et L'ignorance divise.
Aussi, faut-il pour parvenir à la réconciliation se repentir de ses fautes pour espérer
l'absolution. C'est également, faire un examen de conscience
78 Y ABOT, C., " La problématique du passage de l'ethnie à la nation dans les nouveaux Etats Indépendant: quelle réalité en Côte d'Ivoire? ", in Penser la crise Ivoirienne, REPERE« international», Revue
scientifique de l'université de Bouaké, op cit, p.80. 79 BOA, T. R., « Raison et Raisonnements dans la crise Ivoirienne», in Penser la crise Ivoirienne,
REPERE« international», Revue scientifique de l'université de Bouaké, novembre 2007, p. 107-112. 80 BOA, T. R., « Raison et Raisonnements dans la crise Ivoirienne», in Penser la crise Ivoirienne, REPERE« international», Revue scientifique de l'université de Bouaké, op cit, p.11 O.
39 , .. , .,,
Pour finir son réquisitoire sur le "déraisonnement" des Ivoiriens dans la crise, il
recommande de "se parler, discuter, extérioriser la raison, la faire émerger par la
dialectique'' gage d'une cohésion sociale et d'une réelle réconciliation.
Dans une interview à lui accordée par Fraternité Matin, l 'Imam Sékou SYLLA
(Trésorier du Conseil National Islamique) fait un bilan à mi-parcours du jeûne musulman
un an après les attaques de septembre 2002. Ainsi, par cette lucarne, il donne le point de
vue des leaders religieux musulmans sur la crise ivoirienne. Pour lui, comme pour bien
d'autres personnes « La crise que nous vivons aujourd'hui n'est que l'aboutissement de
plusieurs problèmes survenus après le décès du Président HOUPHOUET-BOIGNY et,
dans les lois fabriquées par les politiques. » 81 .
Encore une fois, le politique est indexé comme le principal responsable par "ses
agissements" par "sa toute puissance". Parce qu'en Côte d' Ivoire, rien n'échappe aux
organisations politiques. Il va même plus loin en reconnaissant cette responsabilité
collective, partagée entre « hommes politiques, leaders d'opinions et la presse». Ces
propos sont, parmi tant d'autres, des éléments qui caractérisent la sagesse et l'humilité de
certains hommes de Dieu, d'autres par contre, depuis la crise sont "des substituts" des
politiques ivoiriens. Des "analystes" partisans que l'on retrouve de part et d'autre dans
nos communautés religieuses.
Des hommes de Dieu adeptes de "l'idéologie de la victimisation religieuse". Notre
analyse, à ce propos peut être corroborée à juste titre d'une part, par la conférence de
Koné Houztaz82 (responsable religieux à Dabou) « Il y a des similitudes entre le conflit
ivoirien qui est à l'avantage de la communauté musulmane et la crise de 570 qui,
occasionna l'exil du prophète Mohamed de Arafat à Médine »83. Il poursuit son analyse en
ces termes « Pour les musulmans de Côte d'Ivoire, l'histoire de Mohamed est pour eux une
révélation (. . .). C'est notre temps (. . .), nous sommes dans nos droits »84. Et d'autre part,
par les paroles prophétiques des gardiens de temples (églises), les pasteurs et les prophètes.
En effet, les paroles prophétiques d'Elie KONE85 et de Malachie KONE 1 et 2 sur la crise
ivoirienne et cette sortie du pasteur Moise KORE en 2002 : « Ce qui se passe trouve sa
81 Fraternité Matin, N° 11699, du novembre 2003, p. 12. 82 KONE Houztaz, (instituteur à la retraite), conférence diffusée sur RTil au cours de l'émission ALLAH
AKBAR, le jeudi 09 mai 2013 et rediffusée le vendredi 10 mai. 83 Idem 84 Idem 85 KONE Elie, www.lefaso.net/spip.php?article 38983, le 16/08/2013
40 P"'
justification dans le fait que l'église ne joue pas son rôle. L'église se bat dans les querelles
inutiles, des querelles qui n'ont aucun sens. Si vous remarquez bien, l'endroit qui a été
utilisé par les rebelles pour rentrer dans le pays est le moins christianisé. C'est parce que
l'église n '.Y est pas présente. La puissance de Dieu n'étant pas présente en ses lieux, ils y ont eu accès avec leurs "gris gris" et leurs amulettes. » 86 C'est un argument que nous
réfutons, Mais, nous évoque ; par ailleurs trois idées essentielles.
La première est celle d'une conquête chrétienne en vue d'une pacification
religieuse du Nord. Selon lui, le Nord Ivoirien serait envouté (un peuple) sous l'emprise
des "gris gris". La seconde idée est celle du complexe de supériorité d'un peuple sur un
autre. Un peuple qu'il faudra sortir des ténèbres, de l'obscurantisme. Enfin, l'idée d'avoir
délaissé le Nord (au plan du développement) au profit de certains "manipulateurs". Il
s'agit du manque d'infrastructures de développement de base : routes, centres de santé,
écoles, eau potable que n'a véritablement pu bénéficier le peuple du Nord après les
indépendances
Fort heureusement, au regard de ces illustrations idéologico-religieuses et sectaires,
il existe encore des guides religieux, des hommes de culte pour ramener à la raison et à la
maison le peuple égaré par sa confiance en certains hommes politiques et religieux au
cours de son long périple, sur le chemin de sa terre promise "l'Etat-Nation Ivoirien".
Ainsi, lors de son intervention au forum national pour la réconciliation nationale pour le
compte du clergé Ivoirien, l'évêque de Yopougon, Msg Laurent MANDJO indexe
ouvertement les hommes politiques « Qui par leurs mensonges et la manipulation des
consciences à laquelle ils s'adonnent infantilisent et avilissent le corps social qu'ils ont la
charge de conduire. » 81. Les politiciens, au détriment de l'intérêt supérieur de la nation ont
personnalisé le pouvoir se sont substitués aux institutions et aux lois de la république. Et, il
le dit en ces termes : « Le politique faire croire à la primauté de quelques personnes sur
les institutions et les lois auxquelles tout citoyen est censé se soumettre, car, nul n'est au
dessus de la nation »88. Enfin, comme dans une homélie, l'homme de Dieu ne pu terminer
son intervention sans ces conseils : « Le pardon est certes difficile mais pas impossible »89.
86 KORE Moise, in la voie chrétienne, 2002, 2002, p. 8., cité par BOAT. R., p. 108. 87 Fraternité Matin, N°1 l087,jeudi 18 octobre 2001, p.12. 88 Idem 89 Ibid.
41 J:>y
Aussi, fait-il une invite à la presse« Qui a joué un rôle négatif dans le débat national de se
ressaisir et d 'œuvrer désormais dans le sens de l'apaisement. »90
Evoquée à tort ou à raison comme l'une des sources au conflit Ivoirien,
l 'IVOIRITE est un concept qui fait et qui continue de faire l'objet de publications.
Dans ses parutions du 11 et 12 novembre 2003, le quotidien gouvernemental,
Fraternité Matin a offert un espace à. T. Ramsès BOA pour se prononcer sur le concept. De
prime abord, il retrace l'origine du concept puis apprécie son aventure. L'origine du
concept est attribué à Pierre NIA V A et Niangoran PORQUET : « le mot Ivoirité est né en
1974 (. . .) sous la plume de Pierre Niava dans la bouche d'un jeune intellectuel, Niangoran
Parquet» 91 parlant de l'œuvre et du projet culturel appelé la "griotique". Cette lvoirité
originelle venait à point nommé, « cette nouvelle doctrine culturelle était la part des
Ivoiriens à la construction culturelle de l'identité africaine »92. Une doctrine culturelle qui fut pensée comme le fondement de notre identité culturelle que les Ivoiriens proposaient à
l'Afrique.
En effet, à cette époque du miracle économique Ivoirien et de l'effervescence
culturelle mondiale ("black is beautiful" aux Etats-Unis. Le mouvement "hippy" en
Europe. "La philosophie de l'authenticité" avec MOBUTU. SENGHOR avec sa
''négritude''. ''La culture révolutionnaire'' de Sékou Touré en Guinée, Fêla Anipolakuti
du Nigéria avec "l'Afro beat") la Côte d'Ivoire, friande de la mode et des artistes qui
venus de l'extérieur (makossa, zouk, salsa, disco, tchatchatcha) était devenue leur plaque
tournante. Il était donc impérieux d'inventer, de proposer un projet culturel fédérateur.
Ainsi, "la griotique" devenait un référent culturel ivoirien. Le résultat d'un
brassage culturel entre le Nord et le Sud que la Côte d'Ivoire offrait à l'affirmation de
l'unité culturelle africaine. Parce que : « Pour lui qui est un mélange, en quelque sorte la
synthèse entre le Nord et le Sud, de la tradition et de la modernité. Il n '.Y a aucune contradiction entre le nationalisme et l'unité Africaine ; il n '.Y a aucune opposition entre
l'affirmation de son identité et la reconnaissance d'autres appartenances culturelles .»93.
90 Ibidem 91 NIA V A P., (" De la griotique à l'lvoirité", Fraternité Matin du 21 novembre 1974, p. 14), cité par BOAT.
R., (l'lvoirité entre culture et politique, Paris, l'Harmattan, 2003, pl5), Fraternité Matin N°11586, du 11
novembre 2003 92BOA T. R., L'Ivoirité entre culture et politique, Fraternité Matin N°11586, du 11 novembre 2003, 93 BOAT. R., l'Ivoirité entre culture et politique, Fraternité Matin, p.14
42 ,_.,.,.. ',
L'Ivoirité originelle et culturelle ne pose pas de problème aujourd'hui. Par ailleurs, il y a
une autre Ivoirité. Un concept politisé, plus problématique qui sera "à l'origine
d'interminables palabres" et qui fera l'objet d'attaques et de réflexions par un groupe
d'intellectuels au sein de la CURDIPHE94. « Elle va être attaquée souvent avec des à
priori. C'est elle qui est proposée le plus souvent par des intellectuels faisant office
d'hommes politiques ou par des hommes politiques se prenant pour des intellectuels. »95.
Cette Ivoirité politisée survint en 1995, en pleine récession économique. Une
période de paupérisation grandissante puis de revendications sociales avec la dévaluation
du franc CFA. Les programmes d'ajustement structurel qui n'ont eu d'effets escomptés
dans un contexte électoral où la mondialisation et la fédération de tout le corps social
autour de projets de société étaient devenues un impératif sous la pression des institutions
financières internationales. Et T. Ramsès BOA de dire « Cette Ivoirité intervient comme un
liant social et politique». Ainsi naquit l'expression "consommons Ivoirien". L'ivoirité
sous cette acception vient à point nommé pour un renouveau Ivoirien, un sursaut national,
"le progrès pour tous, le bonheur pour chacun96". C'est-à-dire une Ivoirité comme l'a
défini Gnaoré GOUDA « Ne pouvant plus être synonyme ni de xénophobie, ni de
renonciation à l'intégration africaine, le concept d 'Ivoirité renvoie plus sérieusement à la
personnalité économique, sociale et culturelle de la Côte d'Ivoire telle qu'elle s'ouvrira
toujours plus sur l'extérieur sans s'y fondre. 97.» Cette définition laisse transparaître l'idée
originelle de l'Ivoirité. Une idée à laquelle on y ajoute l'économie et le social qui font la
particularité, le charme et la spécificité de la terre d'espérance, du pays de l'hospitalité.
Mais cette Ivoirité qui promouvait notre identité nationale a été galvaudée par les
politiciens et leurs affidés d'intellectuels si bien que, « l 'Ivoirité est accusée de toute part,
vidée de sa substance synthétique, dont le président Bédié en porte étendard faisait l'éloge
de l 'Akanité comme système monarchique complet et achevé. » 98 Ce qui provoqua l'émoi
de nombre d'Ivoiriens. Certains pour des visées électoralistes d'autres par contre, c'était
94 Cellule Universitaire de Réflexion pour la Diffusion des Idées du Président Henri Konan Bédié, 95 BOAT. R., Fraternité Matin, op cit, p.14 96 Slogan de campagne du candidat Henri Konan Bédié à la présidentielle de 1995 97 GOUDA Gnaoré Victoore, Recherche de l'identification du concept d'Ivoirité, in l'Ivoirité ou l'esprit du
nouveau contrat social du président Henri Konan Bédié, actes du forum CURDIPHE du 20 au 23 mars 1996,
p. 36. Cité par BOAT 98 BEDIE Konan Henri, Les chemins de ma vie, paris, Pion, 1999, p. 44. Cité par BOAT., Fraternité Matin,
op cit, p.13
43 //
une question de patriotisme comme de Jean-Marie ADIAFFI: « Le fondateur de Rome
n'était que jumeau. Les fondateurs mythiques, les ancêtres mythiques et mystiques de la
Côte d'Ivoire sont de quadruplés. Ce sont les frères Krou, Senoufo, Akan et la sœur
Mandé ... »99.
Ce qui est mis en avant chez ADIAFFI, c'est le caractère unificateur de l'Ivoirité
dévoyée par le politique et qui a été l'une des raisons justificatives de la prise des armes
comme le souligne SORO Guillaume. Selon lui, « Les raisons profondes de l'actuelle crise
résident dans la politique sectaire de l 'Ivoirité, qui aurait d'ailleurs inspiré la constitution
de la deuxième république ... »100• A la suite de cette assertion, nous nous interrogeons de
savoir si l'Ivoirité dans sa conception politique était-elle une raison suffisamment profonde
pour prendre les armes et attaquer la mère Nourricière? N'y avait-il pas d'autres
alternatives? Ou encore, y avait-il d'autres raisons inavouées? Les exemples tunisien et
égyptien peuvent être considérés comme début de réponses à ces interrogations même si
les contextes diffèrent.
Combattre ou défendre l 'Ivoirité, un concept fascinant qui appelle à la mesure, au
discernement dans une dynamique de mondialisation à laquelle aucun peuple ne pourrait se
soustraire. L'édification d'une nation en Afrique doit prendre en compte l'intégration des
autres. Leur assimilation pour en faire des Etats-Nations qui, ne reposeraient plus sur
l'ethnie, la région, la religion. Mais, ne serait-ce l'occasion, après tant d'années de
"violences inutiles" qui nous ont ramenées un demi siècle en arrière sur le chemin du
développement de réfléchir à nouveau sur ce concept, le désosser de ses relents politiques ?
Une ivoirité fédératrice, unificatrice qui sera, d'une part l'identité ivoirienne, et d'autre
part, facteur d'intégration et d'ouverture sur l'extérieur.
Partout en Afrique, les conflits politiques ont été de tous temps liés aux questions
agraire, ethnique et religieuse sur fond de revendications économiques. C'est dans cet
ordre d'idée qu'abonde Jean-François BAYARD dans son article: "Kenya: un conflit
ethnique ? ". Il fait écho des événements postélectoraux de 2007, entre le président sortant
Mwai Kibaki et Raila Oginga Odinga. A la question de savoir si cette crise relevait d'un
conflit ethnique, il répond sans ambages : « bon sang, bien sûr ! La conscience ethnique
99BOA T. R., l'lvoirité entre culture et politique, Fraternité Matin, N°1157 du 12 novembre 2003, p.14
'00BOA T. R., l'Ivoirité entre culture et politique, Fraternité Matin, op cit, p.14
44 ,.,, r"
iffi 'l' d l , /', V 101 p , t est, en e et, un e ement e a conscience po itique au r.enya. » . ms, avance ce
argument pour justifier son hypothèse «privilégier la lecture tribale du conflit, c'est
s'interdire de comprendre sa dimension politique par exemple / 'instrumentalisation des
passions identitaires à des fins de restauration autoritaire (. . .) ou le rôle des milices
religieuses dans le contrôle de l'espace urbain. C'est aussi laisser dans l'ombre la
question agraire (. . .) la captation du foncier ... » 102. De par cette assertion, il est évident
que, les facteurs ethno-religieux interviennent dans les choix politiques. Cette crise, dont
les causes profondes s'enracinent dans l'histoire coloniale et post indépendante du Kenya
présente bien des similitudes avec les conflits rwandais et ivoirien en particulier. Un conflit
au regard duquel son expérience a été sollicitée par l'Union Africaine pour sa médiation en
Côte d'Ivoire.
C'est par une approche de type qualitative que, M. ELIAS et D. HELBIG montrent
que les stéréotypes constitués autour des termes "Tutsi" et "Hutu" qui deviennent des
vecteurs d'événements (guerres civiles, conflits politiques) sont fonction de la
hiérarchisation de ces peuples par les acteurs-auteurs (colons); également, les clichés que
ces différents peuples ont d'eux-mêmes. Pour vérifier cette hypothèse, ils travaillent sur un
corpus, « des ouvrages de vulgarisation ou les livres écrits par des acteurs de la scène
politique coloniale et postcoloniale et délibérément délaisser des auteurs dits scientifiques
(. . .) et constitués essentiellement d'une documentation sur le Rwanda qui semble avoir
servi de référence au discours colonial. » 103 De leur analyse, il ressort que deux
générations d'acteurs-auteurs sont à l'origine de ces stéréotypes. Ainsi disent-ils, « Dès
l'arrivée des explorateurs se constitue une première génération de stéréotypes, qui nourrit
toute la période coloniale. Une deuxième génération s'articule en préparation à la
révolution Rwandaise et s'étend jusqu'à nos jours. » '04
Dans la première génération (1900-1955), on constate une idéologie hiérarchisée
des races par les colons Allemands puis Belges. Au sommet de la pyramide, les Tutsi,
porteurs d'une civilisation, descendants des Hamites, parfois assimilés aux blancs (le
Mututsi est un Européen sous la peau noire). Ensuite, viennent les Hutu ou Bahutu (race
101 BA YARD, J. F., '' Kenya : un conflit ethnique '', in sociétés politiques comparées, Revue Européenne
d'analyse des sociétés politiques, n°2, février 2008, p.22. 102 BA YARD, J. F., "Kenya: un conflit ethnique", in sociétés politiques comparées, Revue Européenne
d'analyse des sociétés politiques, op cit, p.23. 103
104
45
des nègres, des Bantou). Enfin, une sorte de sous-humanité composée de négrilles ou
pigmés, les Twa.
En effet, à cette époque du Rwanda-Burundi, les Tutsi régnaient en maître absolus,
détenteurs de tous les prestiges et pouvoirs (politique, judiciaire et économique). Les
Bahutu (une classe de cultivateurs) forment le gros du peuple. La plèbe proprement dite.
Les Batwa, une classe tenue pour vile et basse. Ces stéréotypes sont les éléments
constitutifs des représentations des colons à l'égard des races (ethnies) qui peuplent le
Rwanda. Par ailleurs, ces clichés valorisant pour certains et dévalorisant pour d'autres ne
sont des images fichées qui, vont évoluer dans le temps et faire place à de nouveaux
stéréotypes à l'avantage des Hutu « avec ! 'arrivée d'une nouvelle génération d'acteurs
(missionnaires .. .) » 105 sensibles aux nombreuses inégalités sociales dont sont victimes les
Hutu et les Twa.
Cette période marquée par des représentations défavorables à l'égard des Tutsi
verra la valorisation des Hutu et Twa, éprouvés, maintenus en « état de sujétion » par une
administration Tutsi dont l'ethnie était la condition de gestion du pouvoir. Une période
révolue des« seigneurs( ... ) les maîtres de tous et de tout.» une "race" que e colonisateur
qualifie« d'envahisseur hamites », « colonisateurs de Hutu». Rien d'étonnant dès lors
«Qu'il ne tarie pas d'éloges sur le gouvernement Hutu du nouveau Rwanda indépendant:
l'attitude Rwandaise "droite", "calme" attirent un sentiment général d'estime. »106. La
race Hutu parvenue au pouvoir après l'indépendance du Rwanda légitime cette
représentation positive du colon à son égard également, présente un cliché qui est à son
avantage, autrement apprécié des Tutsi« anti catholiques ... anti Belge ... et qui sont décidés
à rester les maîtres »107• A ce schéma racial, les Belges vont imprimer un schéma social,
avec d'un coté une élite paresseuse et oppressante (Tutsi) et de l'autre des masses
exploitées (Hutu).
A ce stade notre propos, quel est le constat ? Les auteurs/acteurs vont valoriser
l'une des races en dévalorisant l'autre, puis l'autre en dévalorisant la première. Chacune
des trois communautés ethniques sera censée voir les deux autres selon la même grille de
lecture raciale et hiérarchisée qui est celle du colonisateur. Une remarque corroborée par
105 BA YARD, J. F., " Kenya: un conflit ethnique ", in sociétés politiques comparées, Revue Européenne d'analyse des sociétés politiques, op cit, p.27. 106 BA YARD, J. F., "Kenya: un conflit ethnique ", in sociétés politiques comparées, Revue Européenne d'analyse des sociétés politiques, op cit, p.29. 107 BAYARD, J.F.," Kenya: un conflit ethnique", in sociétés politiques comparées, Revue Européenne d'analyse des sociétés politiques, op cit, p.29.
46 1 ·--7' ;,
les auteurs « Nous devons bien constater que chaque fois que le mot Tutsi est prononcé
lors de la première époque, il est synonyme de "seigneurs prestigieux", Dans la seconde
période, à ce mot ne sont opposés que des qualificatifs négatifs. Inversement, les Hutu sont
au début ''des nègres'' puis ''des braves " et ''des victimes" qui sont restés au Burundi, et
qui sont devenus d'honnêtes gestionnaires au Rwanda. En un mot, les Tutsi sont les
méchants, les Hutu sont des gentils ... »108. Pour les uns comme pour les autres, c'est
probablement un profond malaise qui résulte de cette obligation lancinante : se positionner
constamment vis-à-vis de reflets extérieurs. Les raisons justificatives du conflit Rwandais
qui tirent leur origine de la colonisation. C'est à juste titre selon ELIAS et HELBIG « Le
racisme est le fruit colonial »109• C'est aussi, la promotion de l'ethnicisme comme moyen
de gestion des nations africaines. Le recours aux divisions ethniques, religieuses pour
renforcer et légitimer son pouvoir, de même quel 'impunité.
En outre, au terme de leur réflexion, ils ne s'empêchent de faire des prescriptions
sous forme d'une hypothèse. Des paroles à méditer pour atteindre l'objectif de la
construction de nos identités nationales : « Il faut faire l'hypothèse que le dépassement des
conflits ethniques hérités des stéréotypes de la colonisation ne se fera ni par plus de
répressions, ni par le renforcement du racisme, mais au contraire par une plus grande
liberté, par plus de démocratie dans les Etats de droits, et par le droit reconnu d'exister à
l diffé 110 toutes es z erences » .
Au regard de cette analyse qui s'inscrit dans les représentations sociales et qui
aborde certains aspects de notre étude qui se déroule en Afrique de l'ouest avec ses propres
réalités. Notre étude de type exploratoire, descriptive et analytique privilégie une double
approche (qualitative et quantitative) fondée sur les théories de la communication à deux
niveaux et du noyau central. Ces observations relèvent les limites de leur réflexion sur le
Rwanda dont le choix du corpus ne repose sur aucune base scientifique.
108 BA YARD, J. F., "Kenya: un conflit ethnique ", in sociétés politiques comparées, Revue Européenne
d'analyse des sociétés politiques, op cit, p.32. 109 ELIAS, M., HELBIG, D., "Deux mille collines pour les petits et les grands : radioscopie des stéréotypes
hutu et tutsi au Rwanda et Burundi", www.politiq-afrique.com/numéros/pdf/055 l l l.pdf, p.48. (Consulté le
14 mars 2013,lOh 05 mn)
110 ELIAS, M., HELBIG, D., ''Deux mille collines pour les petits et les grands : radioscopie des stéréotypes
hutu et tutsi au Rwanda et Burundi'', op cit, p.49.
47
Les stéréotypes hérités de la colonisation sont c01m11e le levain aux discriminations
raciales qui ont favorisé la montée des violences à l'origine de "l'idéologie de la
victimisation". Les Etats Africains à l'instar de la Côte d'Ivoire sont le regroupement des
monarchies ethniques, des restes d'empires, des morceaux de royaumes, des cantons qui
possédaient leur propre système de gestion politique, économique, social et culturel. .. dont
la prise en compte dans le tracé des frontières a échappé aux colons. Les stéréotypes, les
clichés sont des éléments d'argumentation utilisés par le colon pour asseoir sa domination,
installer sa politique ainsi, pour mieux exploiter les territoires. Ils furent un instrument
subtile de domination et d'asservissement. En d'autres termes, ils sont l'instrument de
hiérarchisation des uns et des autres.
En Côte d'Ivoire, ce phénomène fit son apparition au même moment que le
colonisateur français dans ses ambitions hégémoniques. Ainsi, Simon P. EKANZA, révèle
« Mais très vite, le colonisateurs 'aperçoit qu'il ne pouvait compter sur les populations du
Sud pour exploiter au maximum les richesses naturelles qui faisait de ce pays un
"eldorado" : elles étaient jugées primitives surtout celles de l'ouest, considérées comme
"anthropophage", "fétichistes" et particulièrement paresseuses. Cette appréciation était
d'autant plus sévère et non justifiée que la plupart des populations du Sud vont opposer de
vives résistances à la pénétration du conquérant français. Il fallait donc résoudre le hiatus
entre une région. potentiellement riche et des habitants réputés "primitifs '', de surcroît
hostiles à la "mission civilisatrice". Le colonisateur le résolut en faisant appel "aux gens
du Nord", habitant une région de savane, pauvre et peu propice à une exploitation rapide,
mais plus policés et avisés, possédant de fortes traditions commerciales comme les ''D. l " d d " ·11 h ' " l s ' ,I",
111 iou a , ou encore es atouts e travai eurs ac arnes comme es enoujo. » .
Cette idée sera renforcée quelques années plus tard par Jean Delafosse comme le relevait
Maurice Bandarna : « Pour les écrivains (. . .), les différentes tensions que traversent nos pays ne sont que le couronnement de la hiérarchisation faite de nos peuples par le pouvoir
colonial ..... une nomenclature de la gestion du pouvoir avait été conçue ainsi, certains
Français dont Jean Delafosse avait classé les ivoiriens en ethnies gentilles, courageuses,
pacifiques, paresseuses, bagarreuses, etc .... c'est le cas selon lui des Abbey qualifiés de
''barbares'', les peuples du centre, en particulier les Baoulé pris pour un peuple
"pacifique", ''accueillant'', "sans histoire", Quant aux populations de l'ouest, elles sont
111 EKANZA S. P., Côte d'Ivoire: De l'ethnie à la nation, une histoire à bâtir, Abidjan, les Editions CERAP,
2007, op cit, p. 25.
48 P'
vues comme des "guerriers", des "sanguinaires", "cannibales" ... » 112. Ces habitudes de
hiérarchisation des peuples en Côte d'Ivoire ont permis de développer certains complexes
au niveau des peuples. A titre illustratif, il est dit du peuple du Nord, "Kanga" 113 par des
populations du Sud et, celles du Sud traitées de "Bôyôrôdjan114", selon certaines ethnies
du Nord ou souvent ces dernières disent "en bêh kéle115".
Dans les conflits et crises qui sévissent de façon pernicieuse en Afrique et dans le
reste du monde, le média devient une arme incontournable voire stratégique qui n'échappe
à aucune des parties. Ainsi, "quelle est la place pour les médias en temps de guerre?" est
le titre de la réflexion de Armand MERCIER. De par la théorie constructiviste de type
qualitative et démonstrative, il affirme : « le média est devenu un fait de guerre » 116. Il est,
d'une part, pris pour cible et, d'autre part, pris pour auxiliaire de guerre. En effet, depuis
l'apparition du journalisme indépendant dès le milieu du 19e siècle, le contrôle des
journalistes et des informations diffusées est comme un impératif pour les Etats
occidentaux en particulier de s'assurer le succès sur le théâtre d'actions ou pour préserver
le moral des troupes sur le front ou des civils en arrière. Le contrôle des médias ou la
guerre aux médias est d'une évidence pour les Etats. Dès lors, il apparaît impérieux de
s'en servir à toutes les phases du conflit: « avant, ils servent à convaincre et à mobiliser;
pendant, ils aident à cacher, intoxiquer et galvaniser ; après, ils contribuent à justifier la
guerre, à façonner les perceptions de la victoire et à interdire les éventuelles
critiques » 117. L'exemple le plus patent en Afrique fut radio-télévision libre des Mille
collines dans la mobilisation des Hutus.
L'avènement des technologies de la communication salutaire pour les journalistes
parce qu'elles leur permettent de vivre l'instant plus intensément en offrant une vision
globale de la guerre n'est pas à l'avantage des militaires qui trouveront un dispositif
ingénieux et avantageux pour les deux parties. C'est-à-dire, le média comme un auxiliaire
112 BANDAMA M. (président de l'association des écrivains de Côte d'Ivoire) au Forum pour la
réconciliation nationale, Fraternité Matin, N°11085, mardi 16 octobre 2001, p.18. 113 Kanga : esclave 114 Sans origine, il vient de nul part 115 C'est nous là (nous les mêmes là) 116 MERCIER, A., "Quelle est la place pour les médias en temps de guerre?", in Revue internationale de la
croix rouge, volume 87, 2005, p.82 117 MERCIER, A., "Quelle est la place pour les médias en temps de guerre?", in Revue internationale de la
croix rouge, op cit, p.82.
49
de guerre. Ce dispositif offrait au peuple Américain "des images spectaculaires,
sensationnelles", du direct sans aucune manipulation. Outre cet aspect, "cette stratégie
brillante" créée une empathie entre les journalistes et l'armée. A partager les mêmes
points de vue que leurs hôtes (militaires), la fascination pour l'hôte va développer « le
syndrome de Stockholm », également une autocensure, un acte patriotique. Car, « Plus la
relation que nous avons avec un journaliste est bonne, plus notre chance qu'il retienne et
diffuse nos messages est grande »118
Il faut le reconnaître, le média a une fonction sociale, capitale en tant de conflit.
Quant bien même il manipule l'opinion, il est contrôlé à son tour pour des raisons d'Etat.
Cette réflexion appelle à la conscience professionnelle du journaliste sur les enjeux de la
communication. Cette communication sur la place des médias en temps de guerre par
(théorie constructiviste) est important parce qu'elle vient conforter notre hypothèse sur la
responsabilité des médias et du politique dans le conflit ivoirien.
De ce qui précède, quel regard peut-on porter sur les médias ivoiriens en période
de crise depuis 2002, en particulier sur la presse à savoir les trois journaux d'opinions
(Notre Voie, le Patriote et le Nouveau réveil)? C'est à ces questions que répond la
réflexion de Raoul G BLE .. , "la guerre dans les médias, les médias dans la guerre". Pour
le communicologue, « Les médias Ivoiriens ont contribué à un haut niveau de
responsabilité, à la dégradation du tissu social» 119.
Cette étude de type qualitatif qui s'inscrit dans la théorie constructiviste, a été pour
Raoul G BLE., une occasion de rappeler, outre la théorie sus-citée qu'elle cadrait avec
certaines théories fonctionnalistes de la communication. C'est-à-dire les théories de la
toute-puissance des médias avec le chef de fil Harold Lasswell. Aussi, faut-il mentionner
les théories des effets limités. Selon BLE, le contexte sociopolitique ivoirien à contribuer à
l'apparition de deux types de journalistes. Ainsi, il y a le journalisme d'opinion affidé des
partis politiques et leaders d'opinion, et d'autre part, un journalisme d'information orienté
en quelque sorte sur le mercantilisme, le libéralisme. C'est sur le premier type de
journalisme qu'a porté cette réflexion dont le corpus a été constitué essentiellement de
118 MERCIER, A., "Quelle est la place pour les médias en temps de guerre?", in Revue internationale de la
croix rouge, op cit, p.88 119 BLE R. G .. , "La guerre dans les médias, les médias dans la guerre", in Afrique et Développement,
CODESRIA, vol XXXNN°2, 2009, (p. 177-201) p.178.
50 .. ,.,, ,,
journaux les plus représentatifs des trois grands partis politiques ivoiriens à savoir Notre
Voie (proche du FPI), Le Nouveau Réveil (pour le PDCI) et Le patriote (proche du RDR).
La guerre dans les médias a été le premier aspect abordé dans son analyse. En effet,
dans ce sens, le média est entrevu comme un espace de combat, un théâtre Des opérations à
la différence que la plume du journaliste occupe la place de l'arme avec pour avantage,
l'économie des vies humaines. Egalement l'outrance des discours au savant mélange de
l'image participe du brutalisme linguistique et du brutalisme iconique. Dans le même sens,
Raoul. G BLE affirme: « La guerre dans la presse est fréquemment mise en scène par les
journalistes à travers le choix des mots, des images, des couleurs et leur emplacement, en
termes d'occupation de l'espace mais également par les dirigeants politiques aux
déclarations "musclées " pour attirer l'opinion public vers eux. La classe politique
Ivoirienne est typique de cette forme médiatique depuis 2002 »120• Ainsi, pour justifier son
propos il avance cet exemple : « le numéro N° 1788 du 15 septembre du quotidien le
patriote donne un aperçu de ce que nous avançons, car il y est écrit à la une "Gbagbo
veut brûler la Côte d'Ivoire". Il s'agit d'un brutalisme linguistique, (. . .). Ce verbe
"brûler" traduit bien l'état de guerre dans le pays. » 121. Le média devient le
prolongement du champ de bataille. Au plan du « brutalisme iconique, on voit, à la page
deux, une photo de Laurent Gbagbo dans laquelle il a le visage froncé, la bouche
largement ouverte ... »122• Cette première acception des médias en temps de guerre rejoint
celle de MERCIER lorsqu'il affirme que les médias sont des auxiliaires de guerre.
Cependant, à chaque médaille son revers, le média, partie prenante au conflit sera
en retour pris pour cible d'où le média dans la guerre, le second aspect de la réflexion.
En effet, comme partout ailleurs, dans les pays en guerre, les médias sont les cibles
de belligérance. C'est-à-dire, le média au sens de journaliste et de maison de presse.
Singulièrement en Côte d'Ivoire, l'accès à la zone des Forces Nouvelles était interdit aux
journalistes Ivoiriens. Par contre, seuls les médias étrangers et de leur bord pouvaient s'y
aventurer. Les exemples sont légions en zone gouvernementale où, des journalistes et des
120 BLE R. G .. , " La guerre dans les médias, les médias dans la guerre ", in Afrique et Développement,
CODESRIA, op cit, p.182. 121 BLE R. G .. , " La guerre dans les médias, les médias dans la guerre", in Afrique et Développement,
CODESRIA, op cit, p.187. 122 BLE R. G .. , " La guerre dans les médias, les médias dans la guerre ", in Afrique et Développement,
CODESRIA, op cit, p.189.
51 7' ;'
maisons de presse subissaient régulièrement le courroux des "jeunes patriotes" et des
éléments des forces de 1 'ordre si bien que ces exactions commises ont maintes fois fait
l'objet d'interpellation de la part des organes d'autorégulation du secteur de la presse en
Côte d'Ivoire (OLPED), des associations de défense des droits de l'homme, et même de
Reporter Sans Frontière. A titre illustratif, dans la crise qui a secoué la Côte d'Ivoire
comme le stipule Raoul G. BLE,« Depuis septembre 2002, Alfred Dan Moussa, président
(d'alors) de l'observatoire de la liberté, de la presse, de l'éthique et de la déontologie
(OLPED) note qu'aucun organe de presse n'est en sécurité dans ce pays »123, et les
exemples de ces exactions dans son analyse en témoignent du risque encouru par les
hommes de presse. Ainsi, il avance : « entre le 20 septembre et le 9 octobre 2002, le
quotidien Le patriote (proche du RDR) n'a pu être présent dans les kiosques ( .. .), le 14
octobre 2002, César Etau, rédacteur en chef du quotient Notre Voie (proche du FPI) est
victime d'une agression physique ( .. .), le même jour, le quotidien le Nouveau Réveil
(proche du PDCI) publie, sur une page entière un appel à communauté international ...
annonçant l'enlèvement programmé de Dénis Kah Zion, son directeur de publication ( .. .).
Le 17 octobre 2002, Gael Mocoer, journaliste "Free-lance.", de nationalité française, est
interpellé par la Direction de Surveillance du Territoire (DST) puis, libéré le 23 octobre
2002 ... » 124.
De ce qui précède, comme note Raoul G. BLE, le militantisme politique du
journaliste d'opinion est un fait avéré. Il sert de médiane entre le politique et le public ou
le militant. Il joue en quelque sorte le rôle de commercial pour sa maison de presse, mais
également pour le parti politique dont il défend les idéaux à travers sa ligne éditoriale. Un
journaliste partisan, militant aux fins de la manipulation des masses. En outre, empruntons
cette idée de Raoul G. BLE pour nous convaincre« Pourtant, si au début des années 1990,
des journalistes ont contribué à la naissance du multipartisme et de la pluralité d'opinions,
on note aujourd'hui de manière nette, qu'ils ne brillent plus particulièrement par leur sens
critique, ni par obligation déontologique, ni éthique, mais plutôt par leur degré de
123 BLE R. G .. , "La guerre dans les médias, les médias dans la guerre", in Afrique et Développement,
CODESRIA, op cit, p.192. 124 BLE R. G .. , " La guerre dans les médias, les médias dans la guerre", in Afrique et Développement,
CODESRIA, op cit, p.199.
52 1
//
militance idéologique. Les rédactions ont à leur tête des hommes et des femmes dont
l'expression est celle d'autres hommes (hiérarchie politique) ... » 125.
Au stade de cette analyse, quelques observations semblent importantes. En effet,
bien vrai que les informations d'opinion sont des construits. Elles résultent, souvent de
l'imaginaire des journalistes et des hommes politiques. Ces informations ont pour visée
d'appâter le plus de militants et, de servir de mots d'ordre. De ce fait, n'est-il pas judicieux
de convoquer la théorie des effets limités de la communication pour la vérification de son
hypothèse quand bien même qu'il l'ait passé en revue? C'est elle qui a été par contre
mobilisée dans notre étude en plus de la théorie du noyau central pour les représentations
sociales puis, une combinaison des approches qualitative et quantitative.
Cette étude du BLE fait resurgir la question du pouvoir et des enjeux des médias
dans le contexte sociopolitique. Aussi, évoque-t-il la récurrente question de la démocratie
et de la liberté d'expression et d'opinion et de son appréhension par les Africains
singulièrement les Ivoiriens. Enfin, le taux élevé d'analphabétisme en Côte d'Ivoire,
facteur non négligeable à la manipulation et au conditionnement des masses.
Par ailleurs, il faut permettre une éducation à la démocratie et œuvrer pour une
presse engagée aux fins du développement de la Côte d'Ivoire sont des actions pour y
remédier.
Un conflit qui résulte d'un amalgame politique avec 3000 morts et de nombreux
blessés, laisse sûrement dans les mémoires des stigmates qui viennent renforcer ou altérer
les clichés ou stéréotypes que nous avons les uns des autres. Ces stéréotypes ou clichés
constituent des éléments des représentations sociales.
Dans son article intitulé "Les représentations sociales sur l'argent, la banque et
l'épargne" Jale MINIBAS-POUSSARD126 part de l'hypothèse selon laquelle l'individu
perçoit le terrain économique sous l'influence de la structure socio-économique du pays
ainsi que des facteurs sociodémographiques. Avec la méthode structurale, les données ont
été recueillies au moyen de l'association libre et évaluées par la méthode de Pierre
125 BLE R. G .. , " La guerre dans les médias, les médias dans la guerre", in Afrique et Développement,
CODESRIA, op cit, p.200.
126MINIBAS-POUSSARD, J., "les représentations sociales sur l'argent",
www.gregoriae.com/dmdocuments/2003-0 l .pdf, consulté le 12/09/2012
53
VERGES 127 . Les résultats obtenus montrent que les représentations sur l'argent sont plus
souvent associées aux idées de pouvoirs et d'objectifs à atteindre. Les idées d'être heureux,
de se sentir en sécurité, de vivre comme on le souhaite et d'acheter comme on veut
prennent la suite dans l'ordre d'importance.
Les représentations sur l'épargne ont mis en évidence un conflit, la nécessité
d'épargner pour l'avenir et la difficulté d'épargner dans les conditions économiques
actuelles. L'évocation en Turquie de «service/fiabilité» dans les éléments centraux des
représentations sur la banque prouve la perception de cet effort par les consommateurs. La
représentation «usurier/corruption» montre une certaine corruption de quelques banques
privées. De plus, les résultats attestent que la banque, de façon générale, est associée à
] 'image de « queue/stress/grogne » pour certaines personnes. Les différences de
représentation selon l'âge, le sexe, le niveau d'étude et la profession se trouvent dans les
représentations périphériques qui ont tendance à changer.
Cette étude, menée au niveau de la classe moyenne parce que la plus touchée par la
paupérisation en Turquie est une incitation à l'épargne, à la prévision doublée d'une
responsabilisation des banques vis-à-vis de leur clientèle au faible revenu ; afin de
favoriser un développement qui repose sur une économie forte. Cette étude peut être
considérée comme le reflet de la situation socioéconomique de la Turquie.
Comparativement à notre étude, la sienne se déroule dans un contexte économique donc,
dans un cadre différent.
En mai 1996, dans son mémoire sur '' La représentation sociale du téléphone par
les Ouagalais " présenté à l'université de cocody, Kisito BAD0128 affirme de prime abord
que le poids de la culture au niveau de la communication "face à face" ou de "visu" est
la cause du désintérêt de la population à l'endroit du téléphone. Encore selon lui, Je
téléphone est perçu par les Ouagalais comme un objet de luxe et le désintérêt de ceux-ci
peut être attribué à un problème de communication. L'étude sur les représentations réclame
donc une méthode qui fera émerger deux parties : le noyau central et les éléments
périphériques. L'approche pluri méthodologique a été celle privilégiée par BADO. Cette
127 VERGES P., Approche du noyau central : propriétés quantitatives et structurales, structures et
transformations des représentations sociales, C GUIMELLI (éd), Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, 1994, p.
233-254. 128 BADO Kisito, La représentation du téléphone par les Ouagalais, Mémoire de maîtrise de communication,
université de cocody, Abidjan, CERCOM, 1996.
54
méthode consiste à faire usage de plusieurs techniques aussi bien interrogatives comme
associatives. Le téléphone portable est perçu comme un luxe à utiliser en cas d'urgence. La
majorité de la population ignore le prix de la communication locale et ne connait pas le
coût de 1 'abonnement résidentiel d'où, la non utilisation du téléphone est attribuée à un
manque d'informations. Il ressort que les populations préfèrent le déplacement au
téléphone parce qu'elles ont un moyen de déplacement. L'autonomie en matière de
déplacement amoindrit le besoin de téléphone. Cependant, l'importance du contact corps à
corps dans la culture Ouagalaise fait percevoir le téléphone comme quelque chose qui vient
dénaturer la communication et déshumaniser les relations n'est pas vérifié.
C'est également, quelques années avant dans la même université que KONE née
Sorho129 dans son mémoire de maîtrise de communication, étudie "la perception et
l'utilisation du téléphone en Côte d'Ivoire ", Ce travail qui est proche de celui de BADO
Kisito, diffère cependant aux niveaux socioculturel, économique et de la population. Pour
son étude, elle utilise la méthode par constellation des attributs et le questionnaire qui lui
ont permis d'affirmer: « Le téléphone est perçu en Côte d'Ivoire comme un outil de travail
indispensable à la vie moderne qui limite les déplacements » 130. Si nous nous en tenons à
ses propres dires « Ces résultats doivent être nuancés parce que plusieurs couches sociales
n'ont pas été pris en compte »131. Le travail de KONE différent du notre par le thème, la
théorie et la méthodologie utilisée. La notion de représentation sociale est plus large et plus
complexe que celle de la perception car, cette dernière n'est qu'une partie de la
représentation. La représentation sociale est un processus de restructuration et de
réorganisation qui engage une action de reconstruction individuelle par un groupe ou un
individu. L'étude des représentations sociales nécessite une méthode qui fait apparaitre la
hiérarchisation des éléments qui les construisent ; une raison pour laquelle nous choisirons
une méthodologie qui engage plusieurs techniques de recherche. La perception est un
processus mental et la représentation sociale est non seulement un processus mental mais
aussi social. La perception est donc superficielle et ne peut donc servir de base pour faire
des propositions de changement ou restructuration, alors qu'une étude de représentation
sociale peut aboutir à des recommandations.
129 KONE née Sorho, "La perception et l'utilisation du téléphone en Côte d'Ivoire", mémoire de maîtrise de
conununication, Abidjan, CERCOM, 1992. 13° KONE née Sorho, "La perception et l'utilisation du téléphone en Côte d'Ivoire", op cit, p.92. 131 KONE née Sorho, "La perception et l'utilisation du téléphone en Côte d'Ivoire", p.106.
55
Dans sa thèse de doctorat unique, Edmé Michel ZINSOU soutient «L'université
conçue originellement pour la formation des élites du pays a crée des représentations
sociales en accord avec la vision des responsables des pays en développement.
L'avènement du multipartisme avec son corollaire la démocratisation de toutes les
structures et activités de l'université en Côte d'Ivoire a engendré un changement dans la
vision, la pratique et le déroulement des études» 132. Pour justifier son propos, il fait usage
d'une approche pluri-méthodologique. D'abord, avec des instruments de recueil des
données permettant de repérer le noyau central ( constitution de couple de mots,
comparaison pairées, questionnaire par caractérisation). Ensuite, des méthodes de contrôle
de la centralité (technique de mise en cause du noyau central, la méthode d'induction par
Scénario Ambigu "ISA" et la Méthode des Schémas Cognitifs de Base "SCB"). Enfin, il
adjoint un outil complémentaire. C'est-à-dire, une approche combinée de plusieurs
méthodes énumérées en quatre étapes. Les résultats obtenus montrent que deux
représentations positives et négatives concourent à cerner l'université. Ce qui sou tend son
propos quand il indique que « Dans l'ensemble, il n'est pas osé d'affirmer que la société a
davantage de représentations favorables à / 'égard de "/ 'alma mater" que des
représentations négatives et que l'université malgré tout, jouit encore de son prestige
dl t 133 an an» .
Mais cette étude comme l'atteste son auteur présente certaines limites. Au niveau
externe, l'étude n'a pas été réalisée sur toute l'étendue du territoire national, ce qui aurait
permis une généralisation des résultats, d'une part. Et d'autre part, au niveau interne
l'usage de plusieurs instruments d'enquête et la variation des populations interrogées
même si elles présentent les mêmes caractéristiques.
Cette réflexion qui fait la radioscopie de l'université de Côte d'Ivoire par la
méthode des représentations sociales vient à point nommée, parce que faisant le diagnostic
assez clair des maux qui minent la dynamique de l'université ivoirienne ainsi que, la
perception de ses acteurs internes et externes. L'université est considérée comme le miroir
de la société et cette thèse démontre fort bien qu'à travers l'université, c'est la société voire
toute la nation ivoirienne qui est en souffrance. Cette thèse est une synthèse des réflexions
132 ZINSOU Edme Michel, "Radioscopie des interactions de l'université de Côte d'Ivoire avec son
environnement par la méthode des représentations sociales", présenté le 1 ljuin 2004 à l'université de CAEN,
p.20. 133 ZINSOU Edme Michel, "Radioscopie des interactions de l'université de Côte d'Ivoire avec son environnement par la méthode des représentations sociales", op cit, p.25.
56 (,"
sur les représentations sociales. Elle est une revue de la conceptualisation du sujet depuis
MOSCOVICI à sa théorisation (théorie du noyau central et méthodologie afférente).
C'est eu égard à ce qui précède que nous inscrivons notre étude dans le même
registre. Faire un diagnostic de la dynamique intercommunautaire entre les populations du
Nord et celles du Sud de la Côte d'Ivoire. Ainsi, nous mobilisons la théorie des
représentations sociales à laquelle nous adjoindrons celles des sciences de l'information et
de la communication car, c'est dans ce champ que s'inscrit notre étude. Aussi, allons-nous
privilégier les instruments de collecte de données des représentations sociales qui, sont une
combinaison des instruments classiques de collecte de données et des instruments de la
psychologie sociale du fait de l'interdisciplinarité de notre science dans le but de mieux
saisir notre objet d'étude. Dans le cadre des sciences de l'information et de la
communication, cette réflexion de Michel E. ZINSOU pourrait s'inscrir dans la théorie
systémique car comme il avance "l'université est une micro société ... ". Elle est un sous
système interagissant avec d'autres systèmes tous victimes du contexte sociopolitique.
L'étude des représentations sociales s'est considérablement développée depuis une
dizaine d'années, mais elle remonte à MOSCOVICI134 en 1961. Il reprend le "concept
oublié" de représentation collective, qualifiée préférentiellement de sociale pour rendre
compte du fonctionnement du sens commun dans les sociétés contemporaines qui se
distinguent des sociétés traditionnelles par le pluralisme des idées, le changement, la
mobilité sociale, la pénétration de la science dans le quotidien et l'importance des
communications.
MOSCOVICI dans son ouvrage "La psychanalyse, son image et son Public",
analyse la façon dont un discours dit «Savant» se transforme en discours de « sens
commun». C'est-à-dire, la façon dont on passe d'un système de concept théorique à un
système de représentation. Pour ce faire, l'auteur analyse divers documents (documents
produits par la presse liée au PC, ceux produits par la presse liés à l'église, et ceux produits
par des journaux à grande diffusion qui ne sont liés ni aux PC, ni à l'église) de manière à
étudier la représentation sociale de la psychanalyse ( elle est choisie car c'est un objet peu
courant c'est-à-dire émergeant et très abstrait). L'auteur mettra en évidence la façon dont
ces médias représentent ces informations et construisent des représentations particulières
de la psychanalyse chez leurs lecteurs. On cherche ici à définir quelle image est véhiculée.
134 MOSCOVICI S., La psychanalyse son image et son public, Paris, PUF, 1961 et 1976, p.78.
57 ,..,. ,,
MOSCOVICI, dans un premier temps, analyse des extraits (240 supports sur 3ans avec son
équipe) puis dans un second temps, il enquête auprès d'individus lecteurs afin de connaître
l'image qu'ils ont de la psychanalyse, et ce au moyen d'entretiens.
D'autres recherches, comme celles de MARKOV A et WILKIE 135 ont permis
d'analyser les représentations du SIDA véhiculées à travers la presse.
Pour qu'il y ait représentation sociale et qu'elle soit fonctionnelle, deux
mécanismes doivent se mettre en place :
- l'objectivation consiste à réduire, transformer ce qui est abstrait en
concret, et à lui assigner une fonction (par exemple considérer la psychanalyse comme un
objet).
- la phase d'encrage de la représentation sociale consiste à relier cet objet
aux autres représentations. L'exemple du SIDA en est révélateur: au début, il s'agissait
d'une maladie très abstraite (peu d'informations et dans tous les sens). Les gens ont
commencé par faire des liens entre le SIDA et les autres maladies, comme les cancers, ils
ont comparé en quoi cette maladie se différentie, et ressemble à d'autres maladies (lien par
contraste ou assimilation). Par exemple, le SIDA a très longtemps été lié au cancer. Les
cancers se sont vus assignés des caractères négatifs.
Une autre recherche, elle réalisée en milieu rural par Denise JODELET136 à travers
une observation participante et une enquête par entretiens montre que les représentations
(les discours des individus à propos de ces représentations) sont des formes d'expressions
culturelles. En effet, les représentations mentales s'articulent à travers des indicateurs
langagiers ; des expressions qui traduisent un rapport de l'individu à la réalité. Elle a pu
montrer que la représentation de la maladie mentale s'actualisait à travers des expressions
particulières.
D'autres recherches cette fois dites expérimentales ont également étés réalisées.
Elles portent notamment sur la structure des représentations et sur les conditions de
transformation d'une représentation. Elles reposent sur la théorie du noyau central entamée
par Claude FLAMENT, puis développé plus tard par J-C ABRIC137 où il tente de mettre en
135 MARKOV A et WILKIE, Représentations sociales du SIDA, 1987 136 JODELET D., Représentation sociale de la maladie mentale, Paris, 1985 137 ABRIC J-C., noyau central de la représentation social, paris, Editions ères, 1989, 196p
58
évidence le noyau central et son caractère stable et organisateur : le noyau central a une
fonction organisatrice : si on ne donne pas aux sujets des informations portant sur le
système du noyau central, ils retiennent moins de choses. ABRIC réalise son
expérimentation en deux phases, il commence par trouver les éléments centraux de la
représentation de l'artisan puis donne une tâche de restitution mémorielle d'une liste de
mot. Cette expérimentation montre que les éléments centraux sont mieux restitués que les
éléments périphériques. Sa théorie s'organise autour de deux postulats : le noyau central et
les éléments périphériques.
Somme toute, après l'énumération des fondamentaux théoriques (définition des
concepts et notions, cadre de référence théorique et la revue de littérature) qui justifie de la
scientificité de notre étude et de son inscription dans un champ disciplinaire (SIC), il nous
apparaît impérieux d'aborder la question de méthodologie qui nous servira, soit à la
confirmation soit à l'infirmation de nos hypothèses. Ce volet constitue la substance du
second chapitre de cette première partie.
59
CHAPITRE II : CADRAGE METHODOLOGIQUE
Ce chapitre est le cadre de la spécification de la méthode de notre réflexion. Il prend en
compte outre les techniques et les instruments de collecte de données, le milieu d'étude, la
technique d'échantillonnage et les méthodes d'analyse et d'investigation dédiés à l'étude.
2-1 TYPE DE L'ETUDE
Cette étude porte sur la radioscopie de la dynamique intercommunautaire entre les
populations du Nord et les populations du Sud de la Côte d'Ivoire par la méthode des
représentations sociales. Elle se propose de rechercher la perception ou les images que ces
populations ont les unes des autres. Il s'agit d'une étude exploratoire, descriptive et
analytique fondée sur deux analyses : qualitative et quantitative
2-2 MILIEU D'ETUDE
Notre étude porte sur les populations Nord et celles du Sud. Ces deux catégories de
populations vivent sur un même espace géographique : la Côte d'Ivoire.
Pour des raisons financières, nous avons délibérément choisi le district d'Abidjan
comme milieu d'étude. Abidjan est la plus importante ville du pays par sa superficie et par
sa population. C'est une ville cosmopolite avec treize communes (Anyama, Abobo,
Adjamé, Yopougon, Plateau, Cocody, Bingerville, Treichville, Port-bouet, Songon,
Markory et Koumassi) dans laquelle nous retrouvons les populations qui présentent toutes
les caractéristiques pour mener tous types d'études. Les populations du Nord et celles du
Sud se retrouvent dans toutes ces communes d'Abidjan.
2-3 POPULATION D'ETUDE
Définir la population, selon Alain BLANCHET et Anne GOTMAN: « c'est
sélectionner les catégories de personnes que l'on veut interroger et par la même occasion
déterminer les acteurs dont on estime qu'ils sont en position de produire des réponses aux
t. l' 138 ques ions que on se pose » .
138 BLANCHET, Alain, GOTMAN, Anne, L'enquête et ses méthodes: l'entretien, Paris, Editions
NATHAN, 1992, p. 50.
60 1 •f
i'
C'est dans cet esprit que Paul N'DA affirme que déterminer la population consiste
à collecter des individus (humain ou non) partageant des caractéristiques communes
précises par un ensemble de critères.Comme énuméré plus haut, nous avons notre milieu
d'étude, le district d'Abidjan.
Par ailleurs, qu'appelons-nous populations du Nord et populations du Sud?
Le Nord, selon Bailly SERY, c'est une affaire de parallèles « Ceux-ci découpent les
pays de manière horizontale et trace une ligne, le Efme parallèle, à partir de laquelle, on se
trouve au Sud ou au Nord» 139. Une vaste étendue territoriale qui s'étant de manière
longitudinale d'Odienné à Bouna. Elle prend en compte une partie des régions de Touba,
de Séguéla, de Bouaké et de Bondoukou passant par Korhogo. D'où, les populations du
Nord sont l'ensemble des communautés ethniques, religieuses, culturelles et linguistiques
qui partagent cette région ou qui y sont originaires. Ce même peuple du Nord se retrouve
sur toute l'étendue du territoire nationale et au Sud en particulier. Nous sommes d'avis
avec Bailly SERY lorsqu'il dit: « Le Nord n'est plus le Nord. La majorité de ceux qui en
sont originaires vivent ailleurs dans des zones dont ils se réclament. Le Nord c'est partout
l ' ' ., ' 'd. l b , , 140 a ou l y a un wu a ougou ... » .
Le Sud, c'est la zone en dessous du ge parallèle. Elle commence du ge parallèle à la
côtière. De plus, les populations du Sud sont l'ensemble des communautés ethniques,
religieuses, culturelles et linguistiques qui partagent cette région ou qui y sont originaires.
En définitive, notre population d'étude est l'ensemble des communautés originaires
du Nord et celles du Sud de la Côte d'Ivoire qui résident dans les différentes communes du
district d'Abidjan.
2-4 L'ECHANTILLONNAGE
L'échantillonnage choisi dans le cadre de notre étude est de type non probabiliste,
fondé sur l'échantillon par quotas. Nous l'avons choisi par convenance. C'est-à-dire
choisir les individus à interroger qui correspondent aux caractéristiques (sexe, niveau
d'instruction, l'âge et les obédiences religieuse et politique) recherchées. Ces personnes
sont des personnes ressources détenant les informations clés, nous permettant d'évoluer
dans 1 'élaboration et l'organisation de notre travail. Par ailleurs, vu que nous abordons un
139 SERY B., ne pas perdre le Nord, Abidjan, EDUCI, 2005, p25 140 SERY B., ne pas perdre le Nord, Op cit, p27
61
sujet que les pré-enquêtés trouvent sensible voire délicat pour des raisons, sommes toutes
justifiées du fait des crises en Côte d'Ivoire, nous allons allier les échantillonnages par
réseau et volontaire. Comme le dit Paul N'DA « parfois, il est difficile d'interroger des
individus sur certains thèmes, qui paraissent délicats (. . .). La technique consiste à faire
appel à des volontaires pour constituer ton échantillon (. . .) ... l'échantillon en boule de
neige ou par réseau consiste à choisir un noyau d'individu (. . .) auquel on ajoute tout ceux . t l . 141 qui son en re ation avec eux ... »
2-5 TECHNIQUES DE RECUEIL DES DONNEES
2-5-1 Techniques de recherche
2-5-1-1 Techniques de collectes
2-5-1-1-1 L'observation sur le terrain
Cette technique est indiquée pour recueillir des informations à partir de situations, de
comportements ou événements. Quand on jette un regard critique sur l'environnement
sociopolitique Ivoirien, il y a lieu de souligner que la fracture entre les communautés est
importante: l'Unité Nationale s'étiole de jour en jour. C'est dans cet esprit que Paul
N'DA 142 avance que cette méthode permet de recueillir les informations que peuvent nous
fournir les enquêtes par questionnaire. Cette technique permet d'être témoins et spectateur
de ce qui se passe réellement sur le terrain.
2-5-1-1-2 Etudes documentaires
La recherche documentaire permet d'apprécier l'évolution d'une situation tout en
nous permettant de circonscrire notre thème de recherche. C'est pourquoi Madeleine
GRAWITZ 143 montre l'importance d'étudier des documents. Pour elle, les documents
émanent des sources multiples et peuvent apporter des informations complémentaires et
141 N'DA, P., Méthodologie de la recherche, de la problématique à la discussion des résultats, Abidjan, EDUCI, 2006, p. 105.
142 N'DA, P., Méthodologie de la recherche, de la problématique à la discussion des résultats, Op cit, p. 77.
143 GRA WITZ M, Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 1996, 10° Edition, 1984, p. 568.
62 ,.,,, ,,
objectives et permettre une traçabilité claire de l'évolution d'une étude. C'est pourquoi,
nous aurons donc recours à trois types de documents.
• Les documents théoriques et d'ordre méthodologique: les ouvrages et manuels de base
sur les questions de méthodologie de la recherche, les techniques de collecte de
données et d'analyses des résultats.
• Les documents de spécialité, des articles et publications ayant des liens connexes avec
notre recherche. Il s'agit des ouvrages, des essais, des études, des revues,
• Les documents sonores (musiques, émissions radio) et vidéos (films)
L'étude de documents est utile car elle permet au chercheur de repérer les traces des
informations qu'il cherche dans les écrits, des relevés statistiques, des archives, des œuvres
littéraires et artistiques.
2-5-1-1-3 L'entretien
L'entretien étant l'outil de la prédilection de la phase exploratoire d'une enquête, il
est par la même occasion le début du processus de vérification continue et de reformulation
des hypothèses. En plus, c'est aussi une étape décisive de la recherche. C'est pourquoi
Madeleine GRA WITZ affirme à cet effet qu' « il s'agit d'une forme de communication
établie entre deux personnes ayant pour but de recueillir certaines informations
b · , · 144 concernant un o ijet precis » .
En ce qui concerne ce travail, nous optons pour l'entretien semi directif qui nous
permettra de recentrer l'entretien sur les objectifs de notre travail.
2-5-2 Instruments de recueil de données
2-5-2-1 Le questionnaire
Le choix de l'instrument de recueil des données est déterminé d'une part, par les
considérations empiriques telles que la nature de l'objet d'étude, le type de population, des
contraintes de la situation, d'autre part, par le triptyque fiabilité, fidélité et validité. Aussi,
le choix des outils doit-il être dicté par les théories auxquelles se réfère le chercheur.
Pendant longtemps les représentations sociales ont été appréhendées par les instruments
classiques tels que les questionnaires généraux, les entretiens individuels, les analyses de
144 GRA WITZ M, Méthodes des sciences sociales, op cit, p. 570
63 ,, ,,
contenu des articles de journaux ou d'entretiens. Ces pratiques sont encore de mise de nos
jours mais à des degrés moindres. Aujourd'hui, la tendance se tourne vers les instruments
permettant de saisir les items du noyau central et les éléments périphériques.
Dans la présentation de la théorie, il ressort que les représentations sociales se
définissent par deux composantes : le contenu et l'organisation du contenu. Pour le recueil,
il ne faut pas se limiter au contenu seulement mais plutôt à l'organisation de ce contenu et
cette organisation repose sur la théorie du noyau central comme nous l'avons
précédemment montré. Le recueil des données est complexe car il n'existait que des
instruments qui n'exploiteraient que le contenu seulement d'une représentation, alors
qu'une représentation sociale selon MOSCOVICI est dans l'ensemble constituée de son
contenu d'informations, d'attitudes et de son organisation qui est une structure interne ou
champ de la représentation. Ces instruments qui se sont inspirés de ceux existant déjà, sont
d'après ABRIC, regroupés en cinq grands types de méthodes qu'on utilise largement tant
en, psychanalyse, psychologie, sociologie que dans les autres sciences sociales. Aussi,
n'allons-nous pas les expliciter tous mais, nous mettrons particulièrement l'accent sur celui
qui peut circonscrire notre problématique.
2-5-2-1-1 Le questionnaire d'évocation
Il est inspiré des travaux de pierre VERGES « Qui proposait d'utiliser la méthode
des associations libres puis de considérer deux indicateurs de hiérarchie, la fréquence
d'un item et son rang d'apparition ... » 145. Il y a deux phases qui motivent l'utilisation de
cet instrument.
Une première phase d'association libre qui consiste a demandé à I'enquêté, à partir
d'un mot/phrase d'indicateur, de produire tous les mots ou expressions qui lui viennent à
l'esprit. Le caractère spontané donc moins contrôlé permet d'accéder, beaucoup plus
facilement et rapidement que dans un entretien, aux éléments qui constituent l'univers
sémantique du terme ou de l'objet étudié.
L'association libre permet l'actualisation d'éléments implicites ou latents qui
seraient noyés ou masqués dans les productions discursives.
145 VERGES P.,« L'analyse de représentation sociale par questionnaire», in revue française de sociologie,
op cit, p.243.
Outre le fait qu'elles font apparaître les dimensions latentes qui structurent
1 'univers sémantique, spécifique des représentations étudiées ; les associations libres
permettent d'accéder au noyau central de la représentation. Elle est plus apte à sonder le
noyau structurel latent des représentations sociales, tandis que des techniques plus
structurées comme le questionnaire, permettraient de relever des dimensions périphériques
des représentations sociales.
Dans la seconde phase, !'enquêté classe des mots produits en fonction de
l'importance qu'il accorde à chaque thème pour définir l'objet en question.
2-5-2-2-2 Les méthodes de contrôle de la centralité.
Ce sont des méthodes de contrôle avec leurs instruments qui permettent de
confirmer l'hypothèse de la centralité,
2-5-2-2-2-1 Les techniques de mise en cause du noyau central
Ici, il est question de vérifier la centralité trouvée de l'objet de représentation.
D'abord nous faisons une liste des éléments sur lesquels on fait l'hypothèse qu'ils peuvent
constituer le noyau central de la représentation,
- puis le chercheur conçoit un texte inducteur correspondant bien à la
représentation du sujet de l'objet et de ce texte on présente au sujet;
- ensuite, on passe à la phase de contrôle de la centralité en fournissant au sujet une
information mettant en cause l'élément étudié et on demande au sujet s'il maintient
toujours sa grille de lecture.
En mettant successivement en cause les différents éléments étudiés, on peut voir
les éléments dont la mise en cause entraîne un changement de représentation, ce sont les
éléments du noyau central, et ceux dont la remise en cause n'entraîne pas de changement,
ce sont les éléments périphériques.
2-5-2-2-2-2 La méthode d'Induction par Scénario Ambigu (ISA)
C'est la technique qui permet de déceler et de contrôler à la fois les éléments
centraux d'une représentation. Elle consiste à proposer au sujet une description ambiguë
(se référant ou non à l'objet) de représentation étudiée et de donner lien à deux types de
65 ,..,,,, l;;I
descriptions différentes. C'est l'analyse et la comparaison de ces descriptions qui
permettront d'identifier les éléments centraux.
2-5-2-2-2-3 La Méthode des Schèmes Cognitifs de base (SCB)
Cette technique est un outil de repérage de la structure d'une représentation et elle
offre l'avantage de permettre assez facilement une comparaison entre deux représentations
selon les types de relation et les schèmes qu'elles mobilisent. En effet, elle part d'un
ensemble de couple d'items issus d'une association libre dans lequel on étudie les types de
relations que ces mots entretiennent entre eux (la similitude). En utilisant une liste
d'opération définies et formalisables qui sont organisées en schèmes cognitifs de base. On
peut aussi cerner le type de relation qu'un item entretient avec les autres éléments de la
représentation. Il faut étudier le nombre plus ou moins grand de relations qui les unissent à
d'autres items (valence).
2-6 METHODES D'ANALYSE
2-6-1 Méthode fonctionnaliste
Le fonctionnalisme est une démarche qui consiste à saisir une réalité par rapport à la
fonction qu'elle a dans la société ou par rapport à son utilité. Ce qui implique que tout fait
social est rapporté au système social tout entier. On cherche donc à travers des méthodes à
expliquer les phénomènes sociaux par les fonctions que remplissent les institutions
sociales, les organisations et les comportements individuels et collectifs.
Le fonctionnalisme, méthode s'appuyant sur les fonctions d'un objet dans un
ensemble, nous permettra dans ce travail de déterminer la fonction des médias, des
politiques et l'apport des différentes communautés Ivoiriennes dans la construction de
l'unité nationale.
2-7 METHODES D'INVESTIGATION
Les informations recueillies, il faut les organiser, les traiter et les analyser. Ce qui
demande de la rigueur et beaucoup d'attention dans l'optique de produire une
interprétation valide. Nos méthodes d'analyse seront fonction de notre instrument de
recueil des données et de notre technique d'enquête. Deux modes d'investigation ou approches
66 I' j' ,,
nous guideront tout le long de notre étude: à savoir l'approche quantitative et l'approche
qualitative.
2- 7-1 Méthode quantitative
Cette méthode sera mise en exergue par la présence de notre instrument de recueil
des données qui est le questionnaire d'évocation. C'est cette approche qui va nous
permettre d'aborder l'analyse des différents tableaux. Les relations entre les identifiants, et
les croisements entre eux vont nous permettre de confronter les hypothèses formulées avec
les faits, et de résoudre le problème formulé au départ.
2- 7-1 Méthode qualitative
Selon Paul N'DA «ils 'agit d'une méthode d'analyse quis 'appuie sur un modèle
d'exploration du langage ; le modèle ne considère que les données recueillies à partir
d'entretiens, d'observations ou d'autres types de collectes (dessins, documents)» 146. Dans
notre étude, l'analyse qualitative est le fait de l'identification des différents entretiens, des
observations, des références à d'autres écrits et des thèmes pertinents qui permettront de
mieux connaître notre milieu d'étude, et de donner le sens construit des différentes
populations du Sud et du Nord. Aussi, cette approche est-elle évidente par les relations
existantes entre le sujet et l'objet.
146 N'DA, P., Méthodologie de la recherche, de la problématique à la discussion des résultats: comment un
mémoire une thèse d'un bout à l'autre, op cit, p. 108.
67 j7'
DEUXIEME PARTIE :
PERSPECTIVE DE LA THESE
68
CHAPITRE III: PRESENTATION DES PREMIERS RESULTATS DE LA
RECHERCHE
Ce chapitre, nous permettra de présenter les premiers résultats provisoires obtenus à
l'issus d'une pré-enquête sur un "sous-échantillon" de notre échantillon final (populations
du Nord et populations du Sud). Il s'agira pour nous, de faire une présentation de cette
étude.
3-1 PRESENTATION DE L'ETUDE
3-1-1 Milieu d'étude
Notre milieu d'étude pour cette pré-enquête a été de façon délibérée une commune
d'Abidjan (Abobo, précisément le quartier Habitat. C'est ce quartier qui accueille les deux
résidences universitaire de la commune) et le quartier commerce de la ville de Dabou. Elle
est une ville située à 40km d'Abidjan.
3-1-2 Population d'étude
La population d'étude de cette pré-enquête est composée des populations du Sud.
C'est une population de 50 personnes.
3-1-3 Echantillonnage
Nous avons opté pour l'échantillonnage par quotas, et volontaire. Certains pré
enquêtés trouvent sensible la question sur la signification des populations du Nord. Ils
justifient leurs propos par rapport à la situation sociopolitique délétère qui prévaut. Pour
finir, notre échantillon est composé de 43 individus. Cet échantillonnage est résumé dans le
tableau en dessous.
69 l r,
Sexe Religion Age
M F total Chr Ani Mus Au Total 18-35 36- 50+ total
49
Valeu 26 17 43 22 10 2 9 43 18 11 14 43
r
absol
ue
Valeu 60 40 100 51% 23% 5% 21% 100% 42% 25% 33% 100%
r % % %
relati
ve
Parti politique Niveau d'instruction
FPI RDR PDCI Autre Total Prim Sec Sup Au Total
Valeur 14 3 9 19 43 9 7 18 9 43
numérique
Valeur 28% 7% 21% 44% 100% 21% 16% 42% 21% 100%
relative
Tableau n°1: Tableau d'échantillonnage de la pré-enquête
Nous avons interrogé au total 43 personnes dont 26 hommes et 17 femmes. 51 % des
pré-enquêtés sont des chrétiens, 23% animistes, 5% musulmans et 21 % de ceux-ci ne sont
d'aucune confession religieuse. Ces fréquences en valeur absolue donne respectivement
22, 10, 2 et 9.
Le parti politique des populations du Sud donne en fonction des strates les reparties
suivantes: 33% des pré-enquêtés du Sud sont du FPI, 3 personnes avec un pourcentage de
7 sont des militants ou sympathisants du parti au pouvoir. 21 % soit 9 pré-enquêtés sur les
70 I'" ... ,
43 militent au PDCI. Les 44% restant c'est-à-dire, les 19 enquêtés ne sont ni militants ni
sympathisants d'un quelconque parti politique.
Le niveau d'instruction a été pris en compte dans cette pré-enquête. Sur les 43
enquêtés, 9 n'ont pu franchir le secondaire et 9 autres n'ont aucun niveau d'instruction. Par
ailleurs, 18 personnes ont côtoyé le supérieur soit 42% des pré-enquêtés. Par contre 7
personnes n'ont franchi le supérieur. C'est la sous-strate du niveau secondaire.
La demi ère caractéristique, l'âge est subdivisée en 3 sous-strates comprenant
respectivement 18 personnes soit 42% des enquêtés ont un âge qui oscille entre 18ans et 35
ans. Ceux dont l'âge est compris entre 36 et 49 ans sont au nombre de 11 soit 25%. Les
plus âgés, les enquêtés qui ont 50 ans révolu sont au nombre de 14 soit 32%
3-1-4 Instrument de collecte des données
L'instrument que nous avons privilégié est le questionnaire d'évocation constitué de
deux parties. La première est relative aux mots qui vous viennent à l'esprit quand vous
entendez population Nord ? Inscrivez vos réponses dans le cadre ci-dessous et veuillez en
donner au moins six. Veuillez souligner les quatre réponses qui vous paraissent les plus
importants. Quand à la seconde partie elle sert à identifier le pré-enquêté.
3-2 PRESENT A TION DES RESULTATS DE LA PRE-ENQUETE
Les résultats sont consécutifs au questionnaire d'évocation et présentent les mots
indiqués dans le tableau ci-dessous. Ce sont les mots cités au moins cinq fois.
Mots Fréquence Nombre de fois
clté > 5
Analphabète 23, 17% 19
Rebelle 21, 95 % 18
Dioula 18,29 % 15
Etranger 14,63 % 12
Travailleur 12,19 % 10
Envahisseur 10,58 % 9
Musulman 10,58 % 9
Marabout 09,75 % 8
Esclave 08,53 % 7
Assaillant 08,53 % 7
Frustré 8% 7
Manœuvre 7,31 % 6
FRCI 7,31 % 6
Ignorant 7,31 % 6
Usurpateur 6, 09% 5
Commerçant 6, 09% 5
Tableau n°11 : Tableau récapitulatif des mots évoqués
CHAPITRE IV : PERSPECTIVES DE LA RECHERCHE
Ce chapitre rend compte de l'estimation financière, du plan indicatif de la thèse et de son
chronogramme.
4-1 TABLEAU RÉCAPITULATIF DU CHRONOGRAMME DE RECHERCHE
No Périodes Activités (tâches prévues) 1 Janvier 2014 Soutenance du projet de thèse
2 Janvier 2014 Elaboration et plan de travail de la thèse après discussion et accord du directeur sur l'orientation générale
3 Du I" février au 31 mai Travail de recherches documentaires complémentaires 2014
4 du I" juin au 31 juin Travail de recherche sur le terrain administration du 2014 questionnaire au Sud
5 Du i" juillet au 15 aout Traitement des données recueillies sur le Sud ( dépouillement et 2014 analyse)
6 Du 1 cr septembre au 31 Travail de recherche sur le terrain administration du septembre 2014 questionnaire au Nord
7 Du 10 octobre au 20 Traitement des données recueillies sur le Nord (dépouillement et novembre 2014 analyse)
8 Du 1 cr décembre 2014 au Rédaction de la première partie de la thèse 31 janvier 2015
9 Du 05 février au 20 mars Lecture et appréciation du directeur de thèse 2015
10 Mars 2015 Correction et lecture des travaux
11 Du l " avril au 31 mai Rédaction de la deuxième partie 2015
12 Du 1 cr juin au 10 juillet Lecture et appréciation du directeur de thèse 2015
13 Du 15 juillet au 15 août Correction et lecture des travaux 2015
14 Du l er septembre au 31 Rédaction de la troisième partie octobre 2015
15 Du I cr novembre 2015 au Lecture et appréciation du directeur de thèse 15 décembre 2015
16 Du 05 janvier au 15 Correction et lecture des travaux février 2016
17 De mars à Avril 2016 Instruction de la thèse
18 Mai 2016 Correction éventuelle et Accord du directeur de thèse et production finale de la thèse pour la soutenance
19 Juin 2016 Soutenance de la thèse
Tableau n°I1I : Tableau récapitulatif du chrono gramme de la recherche
73 .,,,. ,,,
4 -2 BUDGET PRÉVISIONNEL
Le travail de recherche que nous entendons réaliser nécessite en plus des efforts
intellectuels, des moyens financiers. C'est pourquoi la réalisation de cette recherche
mobilisera de manière estimative la somme de deux millions neuf cents trente cinq milles.
Ce budget pourrait éventuellement connaitre des modifications dans la réalisation
des différentes tâches
Rubriques Couts en FCF A
Documentation 500.000 FCFA
Matériels d'enquête, dictaphones, cassettes, 300.000 FCF A piles, blocs notes, stylos
Déplacements pour les enquêtes 600.000 FCFA
Matériels et fournitures de bureau : - Ordinateur portable 300.000 FCFA - Imprimante 85.000 FCFA - Encre pour imprimante 100.000 FCFA - Rames de papier 50.000 FCFA
Frais de correspondance 250.000 FCFA
Confection du document 350.000 FCFA
Cocktail de soutenance 200.000 FCFA
Divers et imprévus 200.000 FCFA
Total 2.935.000 FCF A
Tableau n° IV : Tableau récapitulatif du budget de la thèse
74 1·r ,,
4-3 PLAN INDICATIF DE LA THÈSE
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Justification du choix du sujet
Identification et formulation du problème
Questions de recherche
Enoncé des objectifs de recherche
PRÉMIÈRE PARTIE : CONNAISSANCE DU PROBLEME ET FONDEMENTS
THÉORIQUES
CHAPITRE I: REVUE DE LA LITTERATURE, CADRE DE REFERENCES
THEORIQUES ET HYPOTHESES DE RECHERCHE
CHAPITRE II : DYNAMIQUE DE LA POLITIQUE EN CÔTE D'IVOIRE
CHAPITRE III : DU PEUPLEMENT A LA COLONIE, DE LA COLONIE A
L'INDEPENDANCE ET LA POLITIQUE DANS LES RELATIONS
INTERCOMMUNAUTAIRES
CHAPITRE IV : LA QUESTION DE LA COMMUNICATION ET DES
REPRESENTA TI ONS SOCIALES
DEUXIEME PARTIE: CONSIDÉRATIONS MÉTHODOLOGIQUES
CHAPITRE V: DEFINITION DES VARIABLES DE LA RECHERCHE
CHAPITRE VI: L'ENVIRONNEMENT DE LA POPULATION D'ENQUÊTE ET LES
TECHNIQUES D'ECHANTILLONNAGE
CHAPITRE VII: INSTRUMENTS D'ENQUÊTE
TROISIÈME PARTIE: PRÉSENTATION ET DISCUSSION DES RÉSULTATS
CHAPITRE VIII : PRÉSENT A TION ET ANALYSE DES RÉSULTATS DES
POPULATIONS DU NORD
75 ,. .. ,, ,,
CHAPITRE IX: PRÉSENT A TION ET ANALYSE DES RÉSULTATS DES
PO PULA TI ONS DU SUD
CHAPITRE X: VALEURS ET GENERALITE ET EPISTEMOLOGIE DE L'ETUDE
CHAPITRE X : RECOMMANDATIONS
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
TABLE DES MATIÈRES
CONCLUSION
La communication est en amont et en aval de toute action ou relation sociale. La
communication sert de moteur aux représentations sociales. Les représentations sociales
sont certes, une notion empruntée à la psychologie sociale, mais est usitée par/dans les
autres sciences sociales. C'est également elle, qui instaure 1' espace et la situation de
représentation sociale. Les représentations sociales sont orientées par la communication ou
le discours sur l'objet. Donc il ne peut y avoir de représentations sociales sans
communication.
La Côte d'Ivoire vit, depuis plus de deux décennies, un enchevêtrement de crises
qui ont modifié la perception et la vision de certains Ivoiriens à l'égard d'autres Ivoiriens,
souvent des communautés entre elles.
Dans le cadre de cette étude, les représentations sociales nous servirons, à faire le
diagnostic de la dynamique intercommunautaire entre les populations du Nord et celles du
Sud de la Côte d'Ivoire.
C'est pourquoi, il a été important de faire une pré-enquête dont les résultats (bruts
sans analyse) constituent assez d'éléments motivateurs pour poursuivre et achever cette
étude.
77 f/"
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Annexes
pQUESTIONNAIRE SUR LA RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE INTERCOMMUNAUTAIRE ENTRE LES POPULATIONS DU NORD ET LES POPULATIONS DU SUD DE LA CÔTE D'IVOIRE PAR LA METHODE DES REPRESENTATIONS SOCIALES.
N° du questionnaire .
Ce questionnaire est anonyme, il vise à connaître le mode de pensée qui lie les populations du Sud de la Côte d'Ivoire aux populations du Nord de la côte d'Ivoire. Pour ce faire nous vous demandons de répondre avec la plus grande franchise à ce questionnaire.
I- quels sont les mots qui vous viennent à l'esprit quand vous entendez population du Nord? Inscrivez vos réponses dans le cadre ci-dessous et veuillez en donner au moins six (06). Veuillez souligner les quatre (04) réponses qui vous paraissent les plus importants.
1 .
2 .
3 .
4 .
5 ····· .
6 .
7 .
8 .
U- Identification ou caractéristiques sociales des enquêtés.
Sexe: M [:=J F D religion (culte): chrétien [:=J animiste [:=J musulman [:=J
Obédience politique: Fpi [:=J Rdr [:=J Pdci
Niveau d'étude: primaire [:=:)secondaire
Age: 18à35 D 36 à49
CJ universitaire D soà+
autre (précisez) .
CJ autre (précisez) .
CJ aucun D
D
rebelles*, assaillants, assassins*, violants*, violeurs dioula*, malinké, musulman*, analphabète*, marginalisé compatriote, frere*, analphabète*, influencable, ignorant, sanguinaire* etranger, dioula, envahisseur*, sanguinaire* ,imoral, usurpateur*, brutal desordre, insalubirté*, analphabète*, irrationel, violent*, barbare, extrémiste inculte, analphabète*, imature, traditionnel, violant, violeur, rebelle,dozo* endogame,naiveté*, travailleur,égoiste, mélancolique*, peu fraternel, effronté,analphabète* musulman*, illétré* ,marabout, éleveur, islamique, étranger* polygame, solidaire*, frusté*, dechet humain*, insalubre,irrationnel * anaphabète*, manipulé*, violeur, voleur, braqueur* ,fétichiste,marabout frere*, rebelle*, incrédule, collaborateur, voision, analphabète* ivoirien*, analphabète* ,mauvais*, ignorant, obéissant, respectueux semblable, commerçant*, travailleur*, gentil*, intelligent envahisseur, indésirable*, oublié*, pollueur*, irréfléchi dioula*, marginalisé*, rebelle*, aigri, frustré, commerçant travailleur*, manœuvre, esclave*, irréffléchi, palabreux*, méchant, inconscient musulman*, illétré* ,marabout, éleveur, islamique, étranger* dioula,rebelle*, travailleur,égoiste, mélancolique*, frustré, effronté,analphabète* anaphabète*, esclave*, rebelle*, voleur, assassin,ignorant,marabout borné, dioula *, frusté*, rebelle*, insalubre,etranger*, musulman rebelles*, manoeuvre*, esclave, analphabète*, ignorant, manipulé musulman* ,rebelle*, éleveur, exision, étranger*, voisin rebelle*, analphabète*, mauvais, commerçant, frustré*, dioula marginalisé", braqueur, violeur, assaillant*, musulman*, assassin malhonnète*, travailleur, debrouillard, assaillant*, usurpateur*, dioula rebelle*, analphabète*, desordre, commerçant, insalubre*, dioula ivoirien*, analphabète* ,mauvais*, ignorant, obéissant, respectueux frere*, rebelle*, incrédule, collaborateur, voision, analphabète* musulman*, dioula*,marabout, FRCI, desordre, étranger* manœuvre*, esclave*, etranger* ,solidaire, travailleur, fétiche envahisseur, indésirable*, oublié*, pollueur*, irréfléchi, analphabète travailleur*, manœuvre, esclave*, irréffléchi, palabreux*, méchant, inconscient gentil, travailleur*, manœuvre*, analphabète, assaillant, rebelle* frustré, invivable, assaillant*, envahisseur*, rebelle*, FRCI, invivable, assaillant*, envahisseur*, rebelle*, debrouillard*, travailleur, envahisseur, esclave*, polygame*, desordre, dioula rebelle*, tueur, étranger*, voleur*, FRCI, analphabète, frustré assassin*, assaillant*, rebelle*, étranger, pollueur, envahisseur étranger, dioula, envahisseur*, sanguinaire* ,imoral, usurpateur*, brutal usurpateur*, dioula, étranger*, rebelle*, fetiche, marabout, commerçant di oui a*, gentil, travailleur*, polygame*, assaillant, FRCI dioula*, senoufo*, malinké, assaillant*, étranger, debrouillard etranger, dioula, envahisseur*, sanguinaire*, FRCI, usurpateur*, brutal