Punir, jusqu'où

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Deux fois par mois - 16 mars 2011 - N°6 - 61ème année - 2 € - Dépôt poste à Bxl X leligueur.be citoyenparent.be De 2 ans à 16 ans et plus

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Les "essentiel" du Ligueur : la punition

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Deux fois par mois - 16 mars 2011 - N°6 - 61ème année - 2 € - Dépôt poste à Bxl X

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De 2 ansà 16 anset plus

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ÉditoVous riez, chantez, dansez, vous jouez à cache-cache, vous avez même la larme à l’œil quand vos petits vous font un compliment, quand vos ados vous font une confidence… C’est gai, c’est chaud, c’est la vie d’être parent. Vous aime-riez baigner dans cette ambiance d’amour toujours…Mais la réalité vous rattrape : le pe-tit tape sa cuillère dans la soupe, le plus grand grimpe à califourchon au sommet de la porte (si, si !), l’aînée est enfermée depuis une heure dans la salle de bain…C’est rude d’être parent. Vous devez leur rappeler les règles (et vous les rappelez aussi, histoire de ne pas vous contredire, ça fait mauvais genre quand on est “chef” de tribu), et ce moment-là n’est pas véritablement agréable. Ça demande un effort de les dire et les redire inlassablement : “Ne fait pas ça !”, “Arrête !”, “Je t’ai dit d’arrêter” “Tu m’as entendu, dis !”, “Mais pourquoi tu ne t’arrêtes pas ?”Et ces répétitions commencent à vous faire douter de votre autorité. Vous faites alors votre grosse voix, vos gros yeux… vous fouillez dans votre tête et passez en revue la panoplie des punitions qui peut-être, peut-être lui feront comprendre que…

Éduquer, ce n’est pas aimer

Ce n’est pas tous les jours moelleux, le rôle de parent, parce que, fi-gurez-vous que votre petit (ou petite) aussi mignon (mignonne) qu’il (elle) puisse être ne naît pas civilisé. Et c’est à vous de l’humaniser, de le guider pour que son intellect évidemment, mais aussi son corps, sa sensibilité, ses émotions se règlent… selon les règles de la société, du groupe, de la famille…C’est à vous de faire en sorte que ce petit être ne reste pas soumis qu’à ses pulsions, qu’il n’agisse pas seulement selon son bon vouloir. C’est à vous de l’humaniser et à lui permettre de vivre parmi les autres. Un long travail où les règles ne sont jamais prononcées une fois pour toutes, un long travail où vous devrez, contraint, forcé passer par la punition.On rêverait d’éduquer son enfant sans le punir… Ses larmes nous rap-pellent tellement les nôtres. Et puis, cette culpabilité qui vous envahit, vous ronge, vous fait douter, son agressivité si difficile à endurer. Hélas, être parent, c’est donner à son enfant le butoir dont il a besoin pour ac-

cepter la vie telle qu’elle est. Il vous faudra donc dire non et parfois bran-dir la punition sans tomber dans le tout-répressif : ce type d’éducation contient la violence un temps, mais n’apprend rien à l’enfant.

Pas de mode d’emploi donc, pas de recettes infaillibles pour se faire obéir. Juste la conviction que le “Je veux tout, par n’importe quel moyen et tout de suite” n’est pas le meilleur chemin pour devenir un

adulte heureux. Pour vous encourager dans ce travail de longue haleine, le Ligueur vous propose un journal entièrement consacré à la punition.

Au menu de ce numéro

Un dossier divisé en cinq chapitres : le premier est consacré à la règle, à la pose du “cadre” (pages 3 à 7) ; le deuxième à la punition elle-même, laquelle choisir, quand la donner et trois types de sanctions vues sous la loupe : la fessée, la privation du jeu vidéo et l’interdiction de sortie (pages 8 à 19) ; le troisième chapitre fait la tournée des peurs qui vous habitent au moment de la donner, cette fameuse punition (pages 20-21) ; et pour vous aider à l’éviter avec vos plus grands, le quatrième chapitre vous propose un contrat à passer entre eux et vous… à coller sur le frigo (page 22). Enfin, nous terminons ce dossier par l’interview de Nabil ben Yadir, réalisateur du film Les barons qui nous parle de la transgression… (page 23).Les pages Actu Jeunes ont aussi voulu apporter leur point de vue sur ce sujet controversé en faisant un grand zoom sur la fessée en Europe. Permise ? Interdite ? Où ? Comment ? Une carte vous informe du traite-ment de cette punition dans nos pays voisins. Une actualité qui bouge… puisque le Conseil de l’Europe étudie l’idée d’une recommandation à faire à ses États membres (pages 24-25).

Et pour rester toujours au plus près de vos vies de parents, le Ligueur vous concocte deux autres dossiers sur des sujets qui nous paraissent centraux en matière d’éducation. Le 26 octobre 2011, vingt-cinq pages sur l’im-portance de votre arbre généalogique et les valeurs que vous souhaitez transmettre et début 2012, autant de pages sur la difficile mission d’être adulte… face à ses petits et grands enfants.

n Myriam Katz

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Je le punis : pourquoi...Un enfant ne peut pousser comme une herbe folle. Autrement dit, pour bien grandir, l’enfant a besoin de points de repère. Il doit apprendre ce qui est bien et ce qui est mal, ce qui est per-mis et ce qui est défendu. Il lui faut un cadre et donc d’indispensables limites. Le gamin ou la gamine qui peut tout faire, à qui rien n’est interdit, risque de se croire tout-puissant, plus fort que papa et maman qui cèdent systémati-quement à ses moindres désirs. Rien ne l’arrêtera.Mais être tout-puissant, c’est aussi ne pas être protégé, ce qui, pour un enfant, est extrêmement inquiétant. C’est pourquoi il va exagérer toujours plus jusqu’au moment où son père, sa mère ou tout autre adulte lui impose enfin une limite. Celle qui le rassurera en lui marquant clairement : “Tu es un enfant, je suis l’adulte et je te protège, y compris contre toi-même.”Mais à quoi peut ressembler cette li-mite ? Comment dire stop à un tout-pe-tit, à un bambin de 5 ans, à un ado qui a presque 16 ans ? Passage en revue de quelques règles de base pour exi-ger de l’enfant certaines choses qu’il ne veut pas toujours faire ou pour l’empê-cher… de n’en faire qu’à sa tête.

Bien sûr, avant la naissance de votre fils ou de votre fille, vous ne vous êtes pas réunis au sommet avec votre doux(ce) et tendre pour réfléchir à ce que vous alliez permettre et interdire à l’enfant bientôt là. C’est au fil des jours, des découvertes, des situations vécues avec ce tout-petit qui grandit si vite que vous vous rendez compte qu’il vaut mieux, parfois, prendre le temps de vous interroger sur ce que vous vivez. D’autant plus que ce bam-bin vous prend facilement au dépourvu. Comment réagir face à certains gestes, certains comportements que vous n’aviez nullement anticipés ? Comment lui ensei-gner, par exemple, qu’il est dangereux de se rapprocher d’une table basse où trône un vase avec des fleurs ? Dangereux pour lui et pour le vase.

Interdiction. Avant de pouvoir par-ler, un enfant comprend vite un nombre important de choses concrètes : “Va cher-cher ton doudou” ou “Assieds-toi”, par exemple.Mais, vers 1 ou 2 ans, s’il sait répondre à une interjection, il est certainement trop petit pour saisir le pourquoi d’une interdiction. Pourtant, cela vaut quand même la peine

de commencer à le lui expliquer : “Tu ne peux pas rentrer dans le lave-vaisselle parce que tu pourrais le faire basculer, tu te ferais mal” ou “Tu dois tenir la rampe en descen-dant l’escalier pour ne pas tomber” ; “Tu dois donner la main pour traverser la rue parce que les voitures sont dangereuses”. Atten-tion, expliquer une interdiction n’est pas permettre qu’elle ne soit pas respectée !Ces limites-là sont rationnelles, évidentes lorsqu’elles ont trait à la sécurité physique. Les expliquer est une manière de faire sa-voir à votre enfant que votre décision est réfléchie, raisonnée, que votre but n’est pas de l’ennuyer ni de le frustrer.D’autres limites se réfèrent plutôt à une morale : “Tu ne peux pas frapper parce que tu fais mal à ton frère”… ou sont plus subjectives, plus personnelles, liées à la propre enfance du parent : “J’interdis très fortement de grimper sur les fauteuils. Dans mon histoire, ceux-ci sont liés à mon grand père, l’artisan garnisseur, qui nous a appris à respecter ces meubles qu’il recouvrait de velours ou de satin…”D’une famille à l’autre, les limites diffèrent en fonction de votre histoire d’enfance, du lieu où vous habitez, du nombre d’en-fants et de la place de chacun ou encore de votre niveau de tolérance aux risques.

Faire front. Autre point important lorsqu’il est question de définir des limites : mieux vaut le faire en couple. Si vous riez lorsque papa se fâche quand votre tout-petit, très fier de boire seul son gobelet, le vide volontairement sur la table, celui-ci n’y comprendra rien. Que cela se passe une fois, passe encore, mais il ne faudrait pas que ce genre de réaction incohérente se répète, sinon comment bébé pourrait-il savoir ce qu’on attend de lui ? En fait, les parents ont intérêt à “jouer tandem” pour l’essentiel (mais c’est quoi l’essentiel ? La sécurité du petit ? Les bonnes manières en public ?) et ce, même si leur histoire personnelle, leur tempérament font qu’ils n’accorderont jamais la même importance à tous les interdits ou auront une manière différente de les imposer.En matière d’autorité, le plus important est sans doute de ne pas se contredire l’un l’autre (surtout devant l’enfant), de respecter ce qu’a dit l’autre… après s’être mis d’accord sur ce qu’on veut en commun. Une règle qui, comme toutes les règles, devra évoluer, être adaptée à l’âge des enfants.

L’enfant grandit. Il devient davantage possible de lui expliquer le pourquoi de nos interdictions. Celles-ci vont évoluer

en fonction des compétences acquises, d’une autonomie grandissante. Les limites concernant le territoire, par exemple, vont changer radicalement avec l’entrée à l’école, la rencontre avec le groupe des pairs, les contacts qui se multiplient avec le monde extérieur. Les sujets se suivent et se ressemblent. Il sera toujours question d’alimentation (Doit-il manger de tout ? Terminer son assiette ? A-t-il toujours un dessert ?), autant que d’horaires (“Il est temps de te coucher”, “Éteins la télévision”, “Partage tes jeux avec ton cousin”).

Règle positive. La question de la télé, des ordinateurs, d’autres jeux du genre et de leur bon usage est déjà très présente à cet âge-là. Pour le psychiatre Serge Tisseron, la télé est permise, mais avec une durée limitée, préalablement dé-finie. Par contre, les jeux vidéo ne sont pas à recommander, les jeux manuels étant nettement plus intéressants parce que l’enfant peut créer dans un véritable es-pace et aussi changer de rôle plutôt que de suivre un scénario préexistant.Une bonne règle tiendra compte de l’âge de l’enfant et de ses besoins. Elle sera claire, compréhensible, concrète aussi. Vous di-rez plutôt : “Range tes jouets dans le coffre” que “Ne les laisse pas traîner partout”. Une règle formulée de façon positive donc, dans toute la mesure du possible, qui doit aussi être permanente : si un jour on range et que le lendemain on peut tout laisser traîner, comment exiger ensuite un rangement ? Bien sûr, en fonction des espaces et parfois des personnes, la règle peut changer : à la maison, les livres ne peuvent pas être par terre ; chez Mamy, l’important est de ne pas marcher dessus.

Règles et sanctions. Une règle efficace est, en cas de non-respect, accom-pagnée d’une sanction et il est utile que celle-ci soit prévue, connue des intéres-sés : “Si tu ne termines pas ton assiette, tu n’as pas de dessert” ; “Si tu frappes, tu vas dans ta chambre.”

Injustice. Détail important : à vous pa-rents de respecter également les mêmes règles, sinon vous n’êtes pas crédibles ! À 3, 4 ou 5 ans, on constate vite que maman n’a pas pendu son manteau ou que papa n’a pas mangé de légumes ! “Et pourquoi moi je dois le faire ?” risque de demander l’enfant. Mieux vaut alors accepter la re-marque tout à fait pertinente en souriant et… s’exécuter.Autre réaction à ces âges : la comparaison qui amène les “C’est pas juste” tellement irritants quand on a plusieurs enfants. Pré-cisez, quand c’est le cas, que certaines li-mites tiennent compte des âges : “Quand tu auras 6 ans, tu auras aussi de l’argent de poche, comme ton frère. Lui aussi a attendu d’avoir 6 ans… “. Et si parfois, ce n’est vraiment pas juste, parce que vous avez mal vu, interprété de travers ou mal compris, eh bien, excu-

0-3 ansExpliquez-lui déjà pourquoi vous dites non

3-6 ansDes règles proportion-nées à son âge

Expliquer une interdiction, ce n’est pas permettre qu’elle ne soit pas respectée !

Si on n’est pas convaincu de ce que l’on décide, le petit le sent bien et ne vous suis pas.

Si vous obligez votre petit à manger ses légumes… n’oubliez pas de manger les vôtres.

Les enfants sans limites sont toujours angoissés et pas heureux.

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sez-vous. Tout le monde peut se tromper, même les grandes personnes. Les enfants sont très sensibles à la reconnaissance de l’erreur.Enfin, à cet âge-là aussi, de nombreux en-fants, un jour ou l’autre, réagissent vive-ment quand ils n’obtiennent pas ce qu’ils veulent et s’écrient : “Tu n’es plus ma ma-man !” ou “Je ne t’aime plus !” Une manière de se défouler. Cela ne vous fait pas plaisir, bien sûr, mais ne vous affolez pas. Même si à l’instant où il le dit, l’enfant le pense vraiment très fort, ce n’est pas le cas en permanence. Mais les parents doivent accepter, pour bien aimer, de ne pas être aimés… du moins, de temps en temps”.

À nouveau, les interdits évoluent, s’adap-tent à une autonomie grandissante : plus besoin de donner la main pour traver-ser la route et bientôt le rehausseur va disparaître dans la voiture quand (en-fin !) l’enfant atteindra la taille minimale règlementaire.Il va falloir décider d’autres règles concer-nant l’heure du coucher, les jeux, les écrans, les sorties. Et vous vous poserez à nouveau les mêmes questions jamais évidentes : avons-nous raison de poser cette limite ? Sommes-nous trop sévères ou pas assez ? Suis-je trop peu stricte parce que moi j’ai souffert, enfant, de règles in-discutables que je trouvais injustes ? Ou, à l’inverse, trop stricte parce que j’étais insécurisée, petite fille, de pouvoir tout faire sans limites ?

Indiscutable. À l’âge dit de raison, les enfants peuvent vraiment, intellec-tuellement en tous cas, comprendre le pourquoi de nombreuses règles : “On se couche à cette heure parce qu’on va à l’école demain”. Vous pouvez en parler avec eux mais… pas systématiquement. Certaines limites sont indiscutables, l’heure du cou-cher en période scolaire, par exemple. Toute décision ne doit d’ailleurs pas d’of-fice être justifiée.Il est aussi possible d’élaborer certaines règles avec votre progéniture à propos de la vie dans la maison, du temps des devoirs, des services à la communauté fa-miliale : “On fait les devoirs dès qu’on rentre de l’école” ; “On débarrasse la table, on fait la vaisselle, on sort la poubelle tel jour ou tel jour”… Et si vous leur demandez ce qui se passe si chacun ne fait pas ce qui est prévu, vous serez sans doute étonnés des sanctions qu’ils envisageront. Des propo-sitions à ne pas entériner d’office, leur sé-vérité étant souvent excessive !

Écrans. Avant 12 ans, vous aurez aussi, très probablement à répondre à une de-mande de GSM puisque “toute la classe en a un” vous déclare votre gamin. À 6 ou 8 ans, sans doute votre fiston exagère-t-il. À 11 ans, peut-être dit-il vrai. Alors, inter-rogez-le, interrogez-vous : qu’en fera-t-il ? En a-t-il vraiment besoin (peut-être bien,

s’il voyage seul, s’il passe de chez papa à chez maman…) ? Et sinon, s’il est vraiment une exception, risque-t-il d’être (ou de se sentir) exclu de sa classe ?Autre limite très certainement à fixer : le temps autorisé devant la télévision et les jeux vidéo. Vous aurez sans doute aussi d’insistantes demandes par rapport à In-ternet et Facebook ou d’autres réseaux sociaux.

À cet âge de raison, tout enfant comprend vite que malgré tout, et même si les inter-dits sont communs aux deux parents, cha-cun de ceux-ci risque d’avoir des priorités quelque peu différentes. Ainsi, quand papa est seul le soir, on va chercher un souper chez le traiteur chinois du coin. Avec ma-man, ça ne marche pas, on doit manger sain. Pas de problème si papa et maman sont d’accord : la règle de maman, c’est tous les jours ; Celle de papa, c’est quand il est seul avec les enfants ou quand on décide de faire la fête. Pourvu que chacun respecte ce qu’a dit l’autre !

En pratique

l Calculez globalement le temps d’écran (ordinateur + télé + game-boy et compagnie). Et laissez l’en-fant surfer pour son travail scolaire sur le lion ou le trajet de l’eau mais… en votre présence.

l Facebook, son accès est interdit avant 13 ans et c’est très bien comme ça. Il suffit donc d’appliquer la règle (Lire en page 14).

Pour les parents, voici venir le temps de la… résistance, sur l’essentiel en tous cas. Toutes les règles vont petit à petit être re-mises en cause, qu’elles concernent l’ali-mentation ou l’habillement, les horaires, l’ordre, le recours au GSM et, bien sûr, tout ce qui a trait aux nouvelles technologies.“L’ado teste sans cesse ses parents par des provocations ou par des questions et des comportements qu’il leur adresse souvent violemment, uniquement dans le but d’être rassuré, écrit le psychiatre Marcel Ruffo. […] Or, rien n’est plus rassurant pour un ado que de constater que ses parents ‘survivent’ à ses attaques ; qu’il n’a pas le pouvoir de détruire toute l’organisation et les lois de la maison par ses exigences tyranniques et contradic-toires […]. Les parents doivent donc toujours prendre position, affirmer leurs règles et leurs priorités. Rien n’est pire pour un ado que des parents qui évitent le conflit.”Ce sont sans doute les limites liées à ces satanés écrans qui démontrent le mieux l’évolution des règles entre 12 et 16 ans. D’accord, à 12 ans, pour Internet avec l’or-dinateur dans le living, d’accord pour un temps précis concernant l’ensemble des écrans (à l’enfant de choisir : la télé, les jeux vidéo ou Facebook, mais pas les trois… pour un temps minuté).

Mode. Autre question épineuse, celle qui concerne les vêtements - tops et tongs en classe, chaussures à talons pour les filles, jeans tombants pour les garçons… Ici encore, il faudra trancher comme par exemple : “O.K. pour le nombril à l’air mais pas à l’école.”

Vous pouvez aussi être confronté(e) à la règle… décalée. Comme cette mère qui refuse catégoriquement à sa fille de 13 ans de se maquiller et se retrouve confron-tée aux copines du même âge… toutes maquillées. Eh oui, les petites filles d’au-jourd’hui ne sont plus celles des années 1980 ! La voilà obligée de réviser sa règle : “D’accord, mais de manière discrète et sur ton budget” (peut-être à revoir, dans ces cas-là). Rien n’est simple !D’autres jeunes iront plus loin : quid du crâne rasé ? Du piercing ? Des tatouages ? Un “Non” radical ? Ou un “Oui mais pas n’importe où” ? Un “Non, pas maintenant” ?Un avis de Marcel Ruffo, psychiatre : “La réponse est arithmétique et géographique. Un piercing, ça va. Douze piercings, c’est pa-thologique. Un piercing à la narine, ça va. Sur l’arcade sourcilière ou dans les régions génitales, cela pose un vrai problème. Celui de la mutilation. Si pour se faire beau, on se fait mal, ce n’est pas normal.”

Sorties. Et les sorties qui commen-cent de plus en plus tôt ? Quels horaires faut-il fixer ? Pensez-y déjà au début de l’adolescence : vous devrez maintenir la règle pendant plusieurs années tout en la faisant évoluer, bien sûr, selon l’âge de votre jeune. Si vous accordez le maximum à 15 ans, impossible d’aller raisonnable-ment plus loin plus tard. Que risquent alors d’expérimenter des jeunes qui veu-lent toujours plus ?À ce sujet particulièrement, les limites doi-vent-elles être différentes pour des filles et des garçons ? On a envie de dire non et affirmer qu’une fille égale un garçon. Et pourtant, la plupart d’entre vous êtes plus sévères avec vos adolescentes. Crainte de mauvaises expériences sexuelles, d’une grossesse non désirée, sans doute… Un souvenir peut-être des risques que vous avez pris au même âge.

Mauvaise humeur. Limites et règles doivent évoluer, c’est évident et si vous l’oubliez, pas de problème, vos ados vous le rappelleront.Elles peuvent être en partie négociées : “Tu choisis tes vêtements mais dans le budget décidé” ; “Tu as un paquet d’heures sur le mois, pour tout ce qui tourne autour d’In-ternet, Facebook et compagnie “. Mais il vous faudra aussi tenir bon, affronter la critique, l’opposition, la colère, la mau-vaise humeur…Bien sûr, vous expliquerez que ces limites sont imposées pour telle ou telle raison et non dans le seul but de contredire les intéressés. À ces âges, tout comme au-paravant, les règles non respectées, les limites franchies impliquent des sanctions connues, prévisibles, éventuellement dis-cutées avec le jeune.Le tandem parental est là aussi important pour l’essentiel, même si à cette étape de l’éducation, il s’effrite plus rapidement. Essayez cependant de ne pas trop vous contredire et de rester le plus unis possible.

6-12 ansToute décision ne doit pas être justifiée

12-16 ansTenez-bon !

Il a dit qu’il ne vous aime plus. Rassurez-vous, ce désamour ne dure que quelques minutes…

Il n’y a pas de “bêtise de petit”. Pour vous en convaincre, demandez-vous s’il avait 10 ans de plus et qu’il commettait la même chose, ce que vous feriez…

Elle tire la tête parce que vous refusez qu’elle sorte jusqu’aux petites heures ? Tenez bon, si elle vous entraîne à discuter… vous êtes perdus.

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Études, sorties, copains… Peur de l’alcool, des dro-gues (qui débutent bien avant 16 ans parfois), peur du sida… Chez les grands ados, le franchis-sement des limites peut entraîner de sérieuses conséquences et des comportements dangereux pour leur santé, voire leur vie. Reste que c’est aussi en les transgressant qu’ils vont grandir, devenir adultes (et pour 80 % d’entre eux, l’adolescence se déroulera sans trop d’encombres).

Supporter. À ces âges, vous ne pouvez plus contrôler ce qu’ils font en dehors de chez vous et vous vous devez aussi de respecter leur vie privée qui ne vous regarde pas. Alors, faut-il encore des interdits parentaux ?Interrogé à ce sujet, Marcel Ruffo trace la route : “Les parents doivent devenir les ‘supporters’ de leurs enfants : encourager, soutenir, exactement comme peuvent le faire les fans d’une équipe de foot. Il leur faut changer de statut parental et passer du parent tout-puissant du petit enfant au parent à qui l’adolescent peut s’adresser pour demander de l’aide.”

Radicalité. Cela veut-il dire qu’il ne faut plus mettre de limites ? “Pas du tout ! Au contraire, les adolescents ont absolument besoin de radicalité. Cette radicalité, cette fermeté, ces limites, ils doivent s’y heurter […]. D’une part, les parents doivent in-diquer les limites éducatives : ‘Tu ne vas pas jusque là’; ‘Ça, je te l’interdis’ et être cohérent dans leurs interdits. S’il y a transgression, il y a une réponse, une sanction. Sinon, on met l’adolescent dans une situation paradoxale et anxiogène.Ces limites ne sont pas seulement celles qu’on im-pose à l’adolescent, ce sont aussi les siennes, en tant que parent, qu’individu. Il faut leur dire : ‘Je ne sup-porte plus l’image que tu me donnes de toi (dans un cas d’anorexie, par exemple), je ne l’accepte pas’ ou encore ‘Je ne marche pas’ dans la connivence par rapport au cannabis.”

Le tandem père-mère est toujours aussi important et difficile à tenir parce que nombre de jeunes vont (plus tôt déjà, mais surtout maintenant) tenter de diviser en sentant bien ce que chacun peut ou non supporter, permettre…Bien sûr, en fonction de leurs possibilités, de leurs angoisses aussi, père et mère peuvent octroyer des permissions différentes. Tant mieux pour Zoé si maman est prête à aller la rechercher en pleine nuit tandis que papa s’endort au volant dès mi-nuit… De manière générale, en matière de re-tour de sortie, la règle minimale pourrait être de ne jamais monter dans la voiture de quelqu’un qu’on ne connaît pas ou de quelqu’un qui n’est pas sobre.

Discutez, parlez, échangez, donnez-vous des lieux et des moments communs… Partagez une activité à l’occasion. Et recentrez-vous sur l’es-sentiel : le respect de soi et des autres, le travail scolaire, la socialisation… cela vous donnera bien assez de fil à retordre sans vous occuper de vétilles.

En pratique

l Qui a peur des jeux vidéo, Serge Tisseron, Édi-tions Albin-Michel

l Grandir avec des limites et des re-pères sur www.one.be

l La vie en désordre. Voyage en ado-lescence, Marcel Ruffo, Éditions A. Carrière

l Vous avez une question ? Allez sur www.leligueur.be > Posez vos questions, nos experts répondent.

Et quand on est seul(e) ?

S’il n’y a pas les difficultés à se mettre d’accord avec un mari ou une épouse lorsqu’on vit seul(e) avec ses enfants, il y a bien d’autres moments difficiles à vivre.

Seule (dans la majorité des cas, les familles monoparentales sont fémi-nines), en bonne santé, mais aussi malade, fatiguée, dépassée… il faut faire face, assumer deux rôles puisqu’au jour le jour, le partage est impossible. Et ces mères seules le di-sent fréquemment : ce peut être très compliqué, notamment parce que très souvent “les fils n’en font qu’à leur tête”.Les spécialistes font chorus. Une règle est fondamentale à respecter : il faut se faire épauler. Philippe Beague, auteur de Aimer à en perdre la raison (Couleur Livres) : “Il est important de ne pas rester dans une relation à deux. Une mère doit faire comprendre à son enfant qu’elle n’est pas que sa mère

[…]. Il faut qu’elle ne se replie pas sur elle-même, à la fois en s’appuyant sur d’autres hommes, un père, un ami, un collègue qui osera établir une relation de confiance avec l’enfant et, d’autre part, en laissant une place au père de naissance, car un enfant a toujours eu un père et doit le savoir”. Même si par-fois, ce dernier est totalement absent. Ce qui compte le plus, c’est le fait que la mère accepte vraiment de donner “dans sa tête”, une place à la fonction paternelle, même si elle vit sans mari ni compagnon. Simple à écrire mais compliqué à pratiquer.

n Thérèse Jeunejean

16-18 ansVous êtes son premier supporter

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Ah, l’amour et la sexualité ! Les grandes affaires de nos vies. Tous et toutes, nous avons envie de nous retrouver sous la cha-leur douillette de la couette, de vivre inten-sément le corps à corps, le cœur à cœur, l’intensité d’une intimité. Oui mais, voilà, comment réagir face au désir de notre reje-ton de se glisser dans les draps, avec l’ami(e) du moment, sous… notre toit ? Un sujet difficile à aborder à l’âge de l’adolescence. Suffisamment difficile pour que le Ligueur décide de mettre ce sujet en exergue et rassemble des parents pour les entendre raconter comment ils réagissent face à cette situation. Faut-il y mettre des limites ? Si oui, lesquelles ? Comment les établir ?

D’accord, mais sur le palierVéronique : “Notre aînée n’est jamais venue avec un copain à la maison. Notre seconde fille, Élise, a rencontré le sien via Internet. Il vit en Hollande. Nous ne connaissions de lui que ce qu’elle nous en disait. Un jour, elle nous a annoncé qu’il venait en Belgique et nous a deman-dé s’il pouvait loger chez nous. ‘Dans ta chambre ?’ a dit son père. Pour elle, c’était évident. Elle nous a dit que c’était l’homme de sa vie ! Il faut préciser qu’elle parle beau-coup avec nous et que nous la trouvons fort mûre. Il y a un contrat de confiance entre nous. À l’époque, elle avait 17 ans et nous avions déjà l’impression d’avoir une relation d’égal à égal avec elle.”

Françoise : “Notre fille Carole a aussi connu son premier copain par Internet. Il habite près de la frontière allemande. La première fois qu’il est venu chez nous, c’était pour une fête dans l’école de ma fille et c’est la maman du garçon qui a téléphoné pour demander s’il pouvait loger chez nous. Sur le coup, je me suis dit : ‘Mince, on n’a même plus le choix de décider’. Mon mari est plus libertin, cela ne le dérangeait pas. Moi si. J’ai dit à ma fille : ‘O.K., il peut venir, mais il dort sur le palier.’ Et maintenant, chaque fois qu’il vient, il loge chez nous.”

Denis, son mari, réagit : “Ce que tu ne dis pas, c’est qu’il est vite passé dans la chambre de Carole. J’ai d’ailleurs trouvé qu’il avait vite fait le pas. Quand j’ai vu le matelas vide sur le palier, cela m’a fait un drôle d’effet.”

Françoise : “À mon avis, notre fille était contente que nous mettions des barrières. Je crois que cela l’arrangeait par rapport à

la situation. Sur d’autres sujets, je l’ai déjà entendu dire à son copain que, de toute façon, nous ne serions pas d’accord. Elle nous utilise parfois comme cadre et pour mettre ses propres limites.”

Véronique poursuit : “Nous, nous leur avons permis d’emblée d’occuper la chambre d’Élise, mais nous avons aussi mis des conditions. On a quand même dû avaler la pilule quand on a appris qu’il était beaucoup plus âgé qu’elle, on lui a exprimé nos angoisses et on a demandé qu’ils fassent le test du sida. Je ne sais pas si nous aurions réagi de la même façon avec un voisin ou avec quelqu’un que nous connaissions bien. En fait, tout s’est basé sur le dialogue et le respect mutuel. On ne voulait pas se disputer avec notre fille. Elle nous a convaincus qu’elle savait ce qu’elle faisait. Tout dépend de chaque enfant, de chaque âge, de la situation.”

Plus simple avec un garçonClaude, son mari, embraye : “C’est vrai que j’ai eu peur qu’elle vive une mauvaise ex-périence. Par rapport à un garçon, on a plus tendance à penser qu’il y a moins de risques, même si je sais que c’est idiot de le penser, parce que s’il fait un gosse à une fille, il doit aussi l’assumer. Sinon, à son âge, nous avions aussi envie de vivre notre vie. Au Moyen Âge, on était déjà en couple et hors de la maison à cet âge-là. Nos jeunes restent plus longtemps dépendants de nous. On doit composer. Ma fille a achevé de me convaincre quand elle m’a dit qu’à 40 ans, il y a des gens moins mûrs qu’elle.

Je garderai surtout le souvenir d’avoir pu vraiment échanger avec elle sur sa façon de voir la vie. Moi, avec mes parents, on ne discutait pas de ces choses-là.”

Philippe, séparé, une fille et un garçon, réagit : “Je suis d’accord avec Claude. On a moins d’appréhension par rapport à un garçon. C’est comme ça. Quand mon fils revient avec une fille à la maison, je me pose moins de questions, je me dis que les parents de la fille sont certainement d’accord, sinon, ils ne l’auraient pas lais-sée déloger. Et puis, je me vois mal leur interdire de dormir ensemble chez moi, alors que ma femme le leur permet chez elle et qu’ils y sont plus souvent. En plus, je trouve hypocrite de laisser son enfant partir en vacances avec sa copine et de lui interdire de dormir à la maison. Une fois que j’ai été marié, mes parents m’ont per-mis, du jour au lendemain, de dormir avec ma femme, dans… leur propre lit ! Je n’ai jamais compris le sens de leur décision !“

Anouck, mère de deux filles : “On n’a pas toujours le choix, d’ailleurs. On ne peut pas non plus les enfermer. Chez le copain de ma cadette, il y a trois garçons, leur maman vit seule et elle a aménagé une annexe où vivent ses fils. Chez eux, ma fille fait ce qu’elle veut. Chez nous, on mettait des freins et on passait pour ringard. Même si tu préfères que tes enfants prennent un peu de temps avant d’aller plus loin, tu es souvent dépassé par la situation.”

L’intimité malmenéeFrançoise : “Nous n’avons pas eu le choix non plus avec notre garçon de 17 ans. On avait moins de réticence aussi parce que c’est un garçon, même si ce n’est pas nor-mal. Mais lui a dormi chez sa copine avant de dormir chez nous. L’affaire était faite. On n’a pas eu vraiment notre mot à dire. Par contre, nous avons peut-être eu tort d’accepter qu’ils viennent chez nous une semaine sur deux, comme des enfants de divorcés. Chez les parents de sa copine, tout baigne, d’après eux, tandis que chez nous, il y a des tensions. Ils acceptent dif-ficilement les règles que nous mettons, ce qui m’énerve et mon mari encore plus.

Parfois, on préfèrerait qu’ils aient leur vie à eux. Autant on peut se fâcher sur lui, autant c’est plus délicat avec elle.”

Denis : “Je comprends ça. Après une pre-mière déception, notre fils a commencé à collectionner les conquêtes. Elles défi-lent chez nous. Parfois, cela me met mal à l’aise. Je me sens le spectateur de ses aventures et, mis à part la fierté de voir son petit succès, cela ne me plaît qu’à moitié. Je ne me sens plus vraiment chez moi. J’ai l’impression par moments d’être envahi dans ma propre intimité. La maison n’est pas très grande, on se croise sur le palier. Vous allez rire, mais je laisse moins traîner mes affaires quand il a une copine chez nous. Il va bientôt aller en colocation et je trouve ça mieux.”

Nicolas, mari d’Anouck, intervient en souriant : “Moi, je trouve important que les parents mettent leurs limites pour qu’ils aient le plaisir de les transgresser. Cela donne aussi du piment à la chose. Je crois d’ailleurs qu’ils se mettent aussi des règles entre eux, qu’ils ne se permettent pas tout. Ils essaient de vivre leur vie affec-tive et sexuelle de façon épanouissante, même s’ils connaissent des déconvenues. Mais qui n’en connaît pas ? Cela fait partie de leurs expériences. Ce qui ne veut pas dire que cela ne me touche pas et que je ne me pose pas parfois des questions. Il m’est déjà arrivé de penser que j’aurais dû davantage intervenir, donner mon point de vue.”

Denis : “Il y a aussi la question de l’âge. Sans même parler de maturité person-nelle, pour moi il y a la loi sur la majorité sexuelle. Notre garçon de 19 ans a eu une copine de 15 ans. Je l’ai reconduite moi-même chez ses parents. Ils étaient en va-cances et elle… elle avait raté le dernier train. Comme par hasard. Le lendemain, mon fils m’a fait la tête toute la journée !“

Véronique : “Ce que je trouve compliqué quand on permet à ses enfants d’amener leur copain dans leur chambre, c’est que nous sommes plus proches de leur vie intime. Quand je constate qu’il y a une tension entre eux le matin, je ne sais pas trop comment réagir… J’aurais envie d’en parler à certains moments, mais je me dis que c’est leur truc. À d’autres moments, je préfèrerais être tenue à l’écart de leurs his-toires. Je trouve que ce n’est pas si simple de trouver la bonne distance, pour nous comme pour eux.”

Claude, positif : “Je l’ai trouvée épanouie. Ils se sont organisés. Lui travaille déjà, elle étudie encore. Il la soutient. Je suis fier de voir qu’elle mène les deux de front, études et vie affective. C’était le contrat au départ. ‘O.K., il peut rester chez nous les week-ends, mais pas au détriment de tes études’. On lui a fait confiance et nous n’avons eu qu’à nous en réjouir. Et le cou-rant passe bien avec lui.”

n Propos recueillis par Michel Torrekens

Débat : “Ma fille veut amener son copain dans sa chambre...”

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Quelle est la différence entre sanction et punition ? Les parents peinent à énoncer la juste définition. Par contre, Jean Yves Hayez, pédopsychiatre af-firme : “Je crois en la sanction, pas en la punition.” Nous lui avons demandé de nous expliquer son point de vue où la punition ne serait qu’une sorte de sanction…

Le Ligueur : Quand un enfant désobéit, il faut tout de même réagir ?Jean-Yves Hayez : “Bien sûr, il faut réagir, marquer le coup, dire : ‘Ça ne va pas’.Mais en même temps, il faut s’interroger sur le pourquoi de cette transgression. En effet, si un enfant fait intentionnellement des bêtises, ce n’est pas innocent, il y a une raison. Et donc, il nous faut nous questionner : est-il heureux ? Lui donnons-nous assez d’attention, de temps ? Nos exigences à son égard sont-elles correctes ? En identifiant les causes de cette désobéissance, nous pouvons y remédier et supprimer la ‘raison’ de la bêtise.”

L. L. : Désapprouver et comprendre, cela suffit-il ?J.Y.H. : “Il faut effectivement dire sa désapproba-tion, son désaccord, expliquer, si besoin, pourquoi ‘tu as mal fait’ et simultanément réfléchir au pour-quoi. Ensuite, l’important n’est pas de punir mais de sanctionner et la punition est seulement une forme de sanction.”

L.L. : Que peuvent être ces autres formes de sanctions ?J.Y.H. : “En cas de destruction, une réparation est aussi une sanction. Réparation physique de quelque chose de cassé, réparation morale aussi. L’ado qui rentre à 4 heures du matin au lieu de minuit comme convenu détruit quelque peu la confiance de ses parents. Il pourrait, par un tra-vail de jardinage, de rangement, apporter un peu d’agrément à la vie quotidienne.Dans un troisième temps, il s’agit ‘d’être attentif à sanctionner positivement une éventuelle volonté de rachat’, en quelque sorte de reconnaître que le jeune fait ‘amende honorable’. C’est là une ma-nière de lui dire que l’on sait et que l’on acte qu’il est aussi capable de bien faire.”

L.L. : Et pas de punition ?J.Y.H. : Et enfin, éventuellement une punition. Utile ou inutile, je ne tranche pas la question. Peut-être est-elle utile dans des cas particulièrement graves, quand l’intéressé ne comprendrait pas qu’elle n’intervienne pas et pourrait en déduire que les adultes sont inconstants. Dans nos socié-tés, malheureusement, on met plutôt en évidence les comportements négatifs plutôt qu’en valeur les démarches positives.”

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En pratique

La punition sera éducative si…Les règles posées, l’enfant sait dans quel enclos il peut s’ébattre. Rassu-rant pour lui et pour vous. Formatif aussi car vous lui organisez autant de repères grâce auxquels il construit sa personnalité, son intelligence, sa pensée. Et si le “Non” que vous lui op-posez le fait parfois entrer dans une colère bleue, sachez qu’il en tirera bé-néfice pour l’avenir. Car croire que

tout est permis, c’est aussi l’amener à donner libre cours à ses envies les plus destructrices. Pour vous encou-rager à vous faire obéir, passage en revue des quelques préalables pour que la punition soit… éducative.

l Les règles du jeu sont définies à l’avance au sein du couple parental et certaines - pourquoi pas ? - aussi en famille. Ainsi l’enfant sait exac-tement à quoi il s’expose.

l Les sanctions doivent être propor-tionnées et appropriées et appa-raître à l’enfant plus comme une conséquence de ses actes que comme une véritable punition.

Sanction ou punitionl La sanction doit être réaliste afin

de pouvoir être appliquée et main-tenue un certain temps

l La sanction ne se prend pas sous le coup de la colère. Si vous êtes pris par l’émotion, ce qui est souvent le cas, reconnaissons-le, respirez un bon coup, éloignez-vous pour mieux réfléchir et prendre la déci-sion la plus juste.

l Les punitions corporelles sont à éviter… y compris la fessée qui est une réponse plus émotion-nelle que réfléchie et qui montre que dépassé, vous êtes sorti de vos gonds (lire le débat en page 12).

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Le cadre des règles est posé. Votre enfant connaît les limites à ne pas dépasser, il sait quand vous risquez de lui dire : “1, 2, 3 : stop !” Reste que pour grandir, il va tenter de les fran-chir, ces fameuses “lignes rouges”. D’abord, parce qu’elles bougent avec l’âge, qu’elles évoluent aussi avec l’époque. Et que le seul par-cours pour devenir adulte passe par l’expérience des choses permises, mais aussi par l’expérience des choses interdites. Jusqu’où laisser votre enfant faire ces pas de côté ? Quand et comment le sanctionner quand la règle est bafouée ?

Certaines punitions sont-elles plus pé-dagogiques que d’autres. Petite mise en bouche pour vous, parents qui êtes

Je le punis : comment…aux commandes, que vous le vouliez ou pas, avant d’entrer dans ces pages où la punition est mise sous la loupe.

L’établissement des règles vous a de-mandé un effort, c’est vrai, mais, vous le sentez bien, ce travail est structurant pour l’enfant d’abord, pour vous et tout le petit monde ensuite. Les règles per-mettent à votre entreprise familiale de tourner sans trop d’accrocs.

La punition, oui…Mais ces règles mises n’ont une réelle existence que si elles sont également respectées par vous qui les avez créées, autrement dit, elles n’ont leur raison d’être que si vous sanctionnez celui

ou celle qui les a transgressées. Et c’est là que vous, les parents d’aujourd’hui, vous avez quelques réticences à réagir. Parce que la punition vous embarrasse, que vous ne savez pas la forme qu’elle doit prendre pour être la plus “juste”, qu’il est toujours désagréable de po-ser ce genre d’acte ; pire, que certains d’entre vous se sentent à cet instant-là, bourreau de leur tendre petit ou petite !Si les pages qui suivent vont tenter d’ap-procher les punitions selon l’âge de l’en-fant, en décryptant les plus usitées ou… réputées (en bien ou en mal), nous ne pourrons jamais vous donner des conseils clé sur porte qui pourraient vous donner l’illusion de tenir la solution. Juste des ten-dances donc, des expériences menées par des parents, des points de vue dé-veloppés par des experts…

Sans doute, tout cela vous donnera-t-il des indica-tions, mais c’est vous, et seulement vous, qui êtes véritablement capables d’appliquer la punition la plus adéquate à votre enfant. D’abord, parce que c’est vous qui connaissez le mieux votre rejeton, le contexte dans lequel vous vivez et l’acte à sanction-ner. Ensuite, parce que vous êtes seuls à savoir quel désir vous habite, et à mettre dès lors en accord vos actes et vos paroles. La punition efficace n’est pas une théorie que vous appliquez à l’aveuglette, mais une solution individuelle à laquelle vous croyez.La punition à laquelle vous pensez est donc une création personnelle qui correspond à votre sensi-bilité, à vos propres règles, à une certaine éthique aussi que vous vous faites de l’éducation et de votre responsabilité en tant que parent.

… mais ni violente, ni humilianteClaude Halmos, dans son ouvrage, L’autorité expli-quée aux parents, insiste pour dire qu’il n’y a pas de punitions standards. Par contre, elle avance trois principes généraux à respecter.Le premier principe, c’est reconnaître l’utilité de la punition lorsque l’enfant qui connaît la règle la transgresse de manière répétée. Plus concrè-tement, on punit un enfant qui désobéit pour la dixième, centième fois et on fait juste un rappel à l’ordre pour celui qui est à son coup d’essai.Le deuxième principe est que la punition ne doit jamais être violente. Ni physiquement, ni orale-ment (certaines menaces - comme la mise à la cave, l’assiette à vider envers et contre tout - peu-vent être terrifiantes). Si l’enfant comprend que s’il transgresse la règle, une sanction suivra, ce dispositif suffit à l’aider à grandir et à maîtriser ses pulsions. Pourvu que la punition soit accom-pagnée d’explications.Le troisième et dernier principe est que la manière choisie pour appliquer cette punition ne soit ja-mais humiliante. Plus de bonnets d’âne comme jadis, mais une punition qui ne blesse pas l’image que l’enfant a de lui, qui ne le dévalorise pas… Et pour être sûr de ne pas tomber dans ce piège, expliquez à votre enfant que c’est le fait qu’il a commis qui est mauvais et pas lui.

La punition n’est pas la soumissionSi c’est souvent du bout des lèvres que vous pro-clamez la punition, ce n’est pas un hasard. Bien sûr qu’au moment de punir, vous avez toujours un peu peur d’outrepasser vos droits, de vous laisser emporter par la colère qui vous traverse…Le rapport de force que vous détenez comme pa-rent peut être terrible, à vous de le manier avec sagesse, à ne pas dépasser les bornes. Tout cela fait un peu peur et vous avez droit à l’erreur. D’ailleurs, beaucoup d’entre vous disent que si, avec le pre-mier enfant, vous aviez tendance à faire comme ci, avec le deuxième, vous avez fait comme ça. C’est qu’un enfant n’est pas l’autre, c’est aussi que l’expérience vous a apporté un regard plus juste sur les choses de la vie.La punition est indispensable, mais les parents peu-vent mettre en place des règles, des codes fami-liaux pour tenter d’y faire appel le moins souvent. Et ce, particulièrement à l’âge de l’adolescence où se faire obéir est parfois un sport… extrême. En page 22 de ce journal, nous vous proposons un contrat - ou du moins quelques idées - pour éta-blir un contrat de “bon voisinage”. Car être parent, c’est aussi être inventif.

n M.K.

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“Au lit sans manger et pas d’histoire ce soir…”, “Tu n’es qu’un…”, “Pas de dessert cette se-maine…”, “Gare à toi si tu continues…” Les parents ont souvent l’impression que les punitions qu’ils donnent ne servent à rien, que leur cher petit recommence ses bêtises dès qu’ils ont le dos tourné. “Il ne m’obéit pas, rien ne le touche. Si je le mets dans sa chambre, il n’y reste pas.” Ces punitions ont bien souvent un effet sur l’enfant, mais pas celui espéré. Les punitions qui font mal, qui font peur ou qui humilient ne rassurent pas l’enfant sur l’amour que ses parents lui por-tent. Bien au contraire ! Elles le confortent dans l’idée qu’il n’est peut-être pas un bon enfant ou l’enfant que ses parents auraient voulu avoir : “Vont-ils encore m’aimer ? Et s’ils décidaient de ne pas me garder ?” Il va alors tester la solidité du lien et faire de nouvelles bêtises pour vérifier si cela tient bon, si c’est solide, si ses parents tiennent à lui. Ou alors, face à de telles prises de pouvoir, le petit ne peut que se soumettre ou se révolter.

Protection. Avant 3 ans, l’enfant n’a pas encore un vrai sens moral, c’est-à-dire le sens du respect de l’autre. Ce n’est que petit à petit qu’il va comprendre que l’autre peut ressentir et penser autrement que lui, avoir des envies et des désirs autres que les siens. L’éducation du tout petit en-fant ressemble fort à du conditionnement, mais un conditionnement dont l’objectif est de le protéger. Il va faire confiance à ces adultes qui lui disent “non” pour lui permettre de grandir en toute sécurité : “Non, tu ne peux pas mettre tes doigts dans les prises, grimper sur l’appui de fenêtre au troisième étage, traverser la rue ou partir tout seul chez le boulanger.”

Menaces. Quant aux menaces du genre “Si tu n’es pas sage, saint Nicolas ne passera pas, ou tu n’iras pas en vacances, ou tu seras privé de dessert pendant un mois”, il nous sera impossible de les tenir et elles nous rendent peu crédibles aux yeux de l’enfant. Ou alors, si nous les exécutons, elles feront de nous les gardiens d’un pou-voir dictatorial, bien éloignés des parents aimants et sécurisants que nous avons en-vie d’être.

Réprimandes. Pareil pour les re-marques qui tombent quatre heures plus tard : elles n’ont plus beaucoup de sens pour le jeune enfant, qui est com-plètement dans le moment présent. Ainsi, lorsqu’au retour du papa, la maman lui raconte la dernière bêtise de l’enfant, ce-lui-ci a depuis longtemps rangé l’incident au fond de sa mémoire. Il ne comprend pas pourquoi il se fait à nouveau tirer les oreilles.

En pratiquePour se faire obéir d’un petit enfant, marquez le coup :l mettez l’enfant à distance, le temps

qu’il se calme, en le faisant s’asseoir

sur une “chaise calmante” ou sur son “coussin pour réfléchir” ;

l ne l’obligez pas à rejoindre brutale-ment le coin ;

l laissez-le exprimer son refus - avec sa litanie de “Non, non, non…” -, il se pliera ensuite à votre demande ;

l pour éviter la bêtise, et donc la puni-tion, vous pouvez attirer son atten-tion sur un élément sans danger : l’oi-seau qui passe dans le ciel, la sirène des pompiers dehors, le joli jouet posé juste à côté…

Les observations qui concernent le pe-tit de moins de 3 ans s’appliquent aus-si, bien sûr, à l’enfant âgé de 3 à 6 ans. Avec une réalité supplémentaire : petit à petit, il se rend compte qu’il n’est pas tout seul, qu’il existe comme individu dans un groupe.

Vivre ensemble. L’école mater-nelle est l’époque de l’apprentissage de la socialisation. En prenant conscience que l’autre peut penser autrement que lui, qu’il peut avoir d’autres idées, d’autres envies, l’enfant va devoir apprendre à tenir compte du désir de l’autre, à concilier ses idées avec celles de l’autre. S’il commence à trouver la rosserie qui pique juste, il sait aussi faire des compliments charmants qui font preuve d’une réelle attention à l’autre. C’est le début d’un vrai sens moral. L’en-fant comprend que les règles ne délimi-tent pas seulement un espace de sécurité physique, mais qu’elles assurent aussi un espace de sécurité sociale, un espace où il fait bon vivre ensemble.

Sanction réparatrice. Les pu-nitions vont devoir tenir compte de cette importante évolution. L’enfant qui ne res-pecte pas une règle se met en dehors de l’espace social, il s’exclut du groupe familial ou scolaire. La sanction doit lui permettre de se reconstruire une bonne image de lui et de réintégrer le groupe. En rendant un service, par exemple. Une sanction ne doit jamais être humiliante, ni faire mal, ni faire peur : l’enfant est en pleine construction de lui-même, il a besoin d’être soutenu par les adultes qui l’entourent.Cependant, l’enfant n’est pas souvent psy-chiquement disponible pour faire amende honorable immédiatement. Il lui faut un temps de réflexion pour apaiser l’émotion liée à la colère de l’adulte. Il faut aussi un temps de réflexion à l’adulte pour apaiser sa propre colère.

En pratiquel Envoyez l’enfant dans sa chambre ou

dans le coin “doux” par exemple (un coussin, un tabouret, etc.), avant de décider d’une sanction. Ce laps de temps vous permettra de réfléchir à la sanction que l’enfant mérite.

Arrivés en primaire, nos enfants ont géné-ralement bien compris qu’il y a des limites à ne pas dépasser et des règles à respecter. À la récré ou lorsqu’ils jouent à la maison, ils passent au moins autant de temps à orga-niser leurs jeux qu’à jouer. Ils inventent des règles souvent très compliquées. Les filles construisent des scénarios incroyables, des “On disait que…” ; les garçons aménagent des terrains de foot ou des aires de jeux de billes avec trois fois rien.6-12 ans, c’est l’âge d’or des mouvements de jeunesse. Louveteaux et lutins mar-chent à fond dans tout ce qui organise la vie du groupe : promesse, épreuves pour passer les étoiles… Ils sont fiers de leur uniforme et des signes qui marquent leur inscription dans le groupe.

Image. Mais tout ça ne veut pas dire qu’ils obéissent mieux pour cela.Coup de pied dans le tibia du voisin, échange des noms d’oiseaux, irrespect, mauvaise volonté affichée… Face à cela, les parents s’énervent, punissent devant les copains, les cousins, la fratrie. Nous sa-vons tous à quel point la confiance en soi est fragile : une remarque sur notre tra-vail, sur notre tenue ou sur nos choix peut nous déstabiliser et parfois même nous empêcher de dormir. En pleine construc-tion d’eux-mêmes, les enfants sont encore plus sensibles à des remarques ou puni-tions qu’ils ressentent comme humiliantes parce qu’elles les excluent du sacro-saint groupe.L’idéal serait donc de donner des sanc-tions qui leur permettent de réintégrer ce groupe et de se reconstruire une bonne image de soi, bref que ces sanctions soient valorisantes.

Réflexion. Lorsque l’enfant roule à vélo dans un lieu qui lui a été interdit, s’il touche aux outils ou s’il joue à l’ordinateur sans en avoir eu l’autorisation, il s’agit de donner des sanctions qui l’amènent à réflé-chir au pourquoi de l’interdit mis en place. Dans ce cas, pourquoi pas une sanction pri-vative ? À condition qu’elle soit raisonnable et qu’il soit possible de la faire respecter ! Le priver de sa réunion ou de son week-end louveteau par exemple n’est pas une bonne idée. Il s’est en effet engagé à être régulièrement présent aux réunions et le punir en l’obligeant à ne pas respecter son engagement serait paradoxal.

L’exemple. Les enfants fortement attachés au groupe et à ses règles sont sensibles aux injustices. Celles-ci leur sont particulièrement difficiles à accepter. Tout comme les punitions collectives. Ils savent que le code de la route n’est pas là pour embêter les conducteurs, mais pour or-ganiser la circulation et protéger tout le monde. Ils sont également sensibles au respect des règles collectives en matière d’environnement. Leur sens moral est en pleine construction et ils sont choqués quand les adultes ne respectent pas le code de la route ou les consignes envi-ronnementales, par exemple.

6-12 ansIl connaît les règles, mais…

0-3 ansIl grandit en toute sécurité

3-6 ansIl prête attention à l’autre

“Et je le dirai à papa quand il rentrera…” Très bien, mais le petit enfant aura déjà oublié sa bêtise à cette heure-là… Et les papas en ont marre de jouer les gendarmes.

La punition n’a un sens que si l’enfant connaît la règle et qu’il la transgresse de manière répétitive.

L’obliger à finir son assiette quand il n’a pas faim est violent.

Il ramène une punition de l’école ? Inutile d’en rajouter et de le punir… d’avoir été puni.

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Concours

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Concours

En pratiquel Sanctions qui revalorise l’image de soi : don-

ner un coup de main à un autre enfant pour ranger son cartable, balayer dans la cuisine après le goûter, aider un plus jeune à mettre ses chaussures…

l Sanctions privatives : priver un enfant de télé ou de son jeu préféré pendant un mois est évidemment excessif et aurait pour résultat que l’enfant se révolte ou qu’il se soumette.

l À tout âge, vos enfants, comme vous d’ailleurs, ont besoin d’encouragement et de reconnaissance. Les sanctions positives et valorisantes, les encouragements, les pro-jets en cas de réussite, les petits contrats sont toujours plus efficaces que les sanctions né-gatives et les chantages.

l Les humiliations, menaces et prises de pou-voir n’aident pas les enfants à respecter les règles. Elles risquent de faire d’eux des adultes soumis qui n’ont pas confiance en eux ou des rebelles qui ne supportent au-cun règlement.

Bulletinet punition

Faut-il récompenser l’enfant quand il ramène des bons points et sévir en cas de mauvais ré-sultats ? La question est délicate. S’il s’agit d’un “contrat” négocié entre l’enfant et son parent, pas de souci, mais ce contrat risque vite de de-venir une forme de chantage si une systémati-sation s’installe : “J’ai eu un beau bulletin, tu me donnes des sous” ! Or, l’enfant ne doit pas bien travailler à l’école pour faire plaisir aux parents ou à sa grand-mère ou pour recevoir un cadeau, mais parce qu’il a du plaisir à apprendre. Si ce n’est pas le cas, essayez de comprendre pour-quoi le plaisir n’y est pas. Si l’école est pesante, c’est qu’il y a un problème.

Bornes. Mais comment se faire obéir d’un jeune qui a parfois deux têtes de plus que vous ? Pas sûr que le priver de dessert a encore une quelconque influence sur lui. Bien sûr, il existe des punitions privatives qui peuvent le toucher : lui refuser un concert avec les copains, lui interdire les sorties du vendredi ou du samedi soir, lui confisquer tout ce qui tourne autour de l’écran… Même si la remarque ne porte pas tous ses fruits, lui dire qu’il n’a pas respecté la permission de 2 heures du matin lors de sa dernière sortie est déjà important. L’ado doit pouvoir entendre que vous, parent, vous avez un point de vue et que vous tenez à ce qu’il le respecte. C’est une manière de poser des bornes qui l’aideront à se construire… même s’il ne s’y plie pas dans l’heure qui suit. Votre silence face à ses transgressions pourrait d’ailleurs être mal pris et considéré comme de l’indifférence, ce qui, à cet âge-là, est pire que tout.

Négociation. À l’adolescence, et surtout pour ceux qui ont près de 16 ans et plus, les pa-rents peuvent proposer de négocier la sanction ensemble. Vous serez peut-être étonné de décou-vrir qu’il est plus sévère que vous sur bien des points. Enfin, ne punissez pas sous le coup de la

colère, mais supportez que lui soit de méchante humeur. Les moments où la punition tombe, rappelle la psycholo-gue Isabelle Chavepeyer, peuvent se gérer aussi dans le dialogue et avec une certaine souplesse : “Il est normal que votre ado se mette à râler. Il est important aussi qu’il exprime qu’il n’est pas d’accord avec vous et qu’il puisse se rendre compte que lui et vous avez des points de vue dif-férents. Malgré tout, il faut qu’il sente que même en pleine tempête, l’adulte qu’il a devant lui n’est pas ébranlé. Car si les li-mites bougent sans cesse ou que les sanc-tions sautent sans raison, cela va générer de l’insécurité chez lui.”

16 ans et +. Aussi longtemps que votre jeune est sous votre toit, vous lui imposez vos règles aussi bien pour la vie

à la maison que pour la vie à l’extérieur. À 18 ans, il est majeur donc responsable de ses actes. Cela ne doit pas l’empê-cher, s’il est toujours sous votre toit, de respecter les règles… au même titre que vous respectez les règles lorsque vous êtes en visite chez l’un ou l’autre de vos amis.

En pratiquel Pensez aux punitions “éducatives”

qui leur permettent de réparer leur bêtise. Par exemple : qu’il rem-bourse lui-même une partie de sa note de téléphone exhorbitante.

l Ses résultats scolaires du trimestre sont désastreux ? Inutile de lui in-terdire de sortir avec ses copains

le week-end si ses échecs sont le résultat d’une mauvaise méthode de travail.

l Limiter son accès à Internet après 22 heures, en coupant lâchement (mais en le lui disant !) le wi-fi (tout en s’assurant qu’aucun autre connexion non-sécurisée n’est dis-ponible via les voisins).

l Si la relation est particulièrement compliquée avec votre ado, si le lien est difficile à maintenir (ou ne s’est pas créé), n’hésitez pas à faire appel à un tiers : membre de la famille, ami, voisin… Ou encore à se faire aider (séparément ou en-semble) par un professionnel.

n Mireille Pauluis et Anouck Thibaut

12-18 ansLui dire au moins votre désaccord

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L’action de la Walloniepour la promotion dusolaire thermique

La fessée

L’AVIS DE L’EXPERT

POUR

L’AVIS DE L’EXPERT

CONTRE

Comme mes parents le faisaient avec moi, j’utilise la fessée pour

apprendre à mes enfants ce qui est bien ou mal. Les ‘corrections’, c’est pour corriger les défauts et les erreurs, comme le vol, le mensonge, le mal fait aux autres. J’y re-cours aussi quand mes enfants se mettent en danger, mais pas dans le cas de bêtises d’inattention, lorsque, par exemple, l’un d’eux casse un bol sans le faire exprès. À chaque fois, je préviens mes enfants qu’ils vont recevoir une fessée s’ils ne changent pas de comportement. Je ne tape pas tout de suite, j’essaie de surmonter ma colère et compte jusqu’à trois. Surtout, je frappe

“Pour une bonne éducation, il faut éviter de recourir à la fessée, tout comme il est préférable de ne pas donner de claques. Mais la fessée, à certaines conditions, peut tout de même faire partie des limites po-sées par l’adulte. Tout dépend du contexte dans lequel elle intervient. Elle ne doit, bien sûr, pas être conçue froidement, comme un châtiment destiné à humilier. Mais si elle est une réponse occasionnelle à une attitude provocatrice, la fessée peut contribuer, comme une petite tape sur les mains, à faire retomber la tension et l’excitation. À condition, bien sûr, que le parent sache mesurer sa force… Les pa-roles, elles, ne permettent pas toujours de contenir l’enfant. Elles peuvent parfois être contournées, ridiculisées. Elles peuvent, de surcroît, revêtir un aspect culpabilisant.On ne peut pas toujours se contenter de faire la morale. La parole donne parado-

“Je m’oppose à la fessée parce qu’elle cause beaucoup de mal psychologique et ne constitue pas une façon d’éduquer ni d’exercer de l’autorité. Il est essentiel, en tant que parent, d’entretenir à l’égard de son enfant un rapport de protection.Les parents croient que ce geste les aide à mettre des limites parce que, petits, ils ont eux-mêmes été frappés. Mais quarante ans de pratique en tant que pédiatre m’ont montré que les enfants qui reçoivent des fessées sont plus mal élevés que les autres. Ils mettent en place des mécanismes d’au-toprotection, dissimulent sur le mode du ‘même pas mal’, se replient sur eux-mêmes, deviennent plus durs, en proie à une sorte de rage parfois mêlée de soumission. Ils ont une faible estime de soi. En général, leurs résultats scolaires sont moins bons. Bref, l’enfant devient plus difficile. Ainsi, la fessée vous fait perdre votre autorité. Elle arrête momentanément la crise, mais facilite sa reprise. Les parents qui ont de l’autorité ne frappent pas. Et à ceux qui me disent que les fessées reçues durant leur enfance n’ont pas laissé de séquelles, je réponds qu’ils ont peut-être gardé l’image de soumission qu’ils avaient d’eux tout petits et que pour

Mes parents m’ont, me semble-t-il, donné une bonne éducation, sans

pour autant recourir à la fessée. Ou alors si rarement que je n’en ai gardé aucun souvenir. Aussi, je ne vois pas pourquoi j’utiliserais ce type de punition avec mes propres enfants. Bien sûr, il m’arrive par-fois, lorsque je suis excédé par le com-portement de mon aînée, d’être tenté de lui donner une tape sur les fesses. Mais jusqu’ici, j’ai toujours réussi à me dominer. Je pense d’ailleurs qu’on peut manifester physiquement l’existence de limites à ne pas franchir sans nécessairement frapper. Quand une crise éclate et que ma fille ne parvient plus à maîtriser ses émotions, je lui demande d’aller dans sa chambre se calmer et réfléchir à son comportement. Si

avec la main, jamais avec un objet, pour sentir ma force et ne pas leur faire mal. Je m’assure aussi que mon enfant sait pour-quoi il a reçu une fessée. Car il n’y a rien de pire qu’un parent qui frappe son gamin pour le seul plaisir de passer ses nerfs. La fessée, c’est la punition du dernier recours, quand rien d’autre ne marche. Et dans ce cas, je ne me cache pas au fond de mon appartement pour la donner. Il m’arrive parfois de le faire dans la rue. Quitte à ce que cela suscite des discussions avec les passants. J’estime que cette punition fait partie intégrante de l’éducation.”

xalement à l’adulte le sentiment d’une toute-puissance qui l’éloigne de l’enfant. Or, celui-ci a besoin d’un contact physique, de câlins mais aussi, le cas échéant, d’une petite tape. On a dit stop dix fois, main-tenant c’est la fessée. L’enfant vit cela de manière assez naturelle. Il n’y a pas de quoi en faire un drame, à condition, encore une fois, de veiller à ne pas procéder de ma-nière violente ni humiliante.

Les parents ont souvent du mal à sentir de la légitimité lorsqu’ils posent des limites à leur enfant. Il ne faut pas en rajouter. En interdisant toute réponse sous la forme d’une fessée ou d’une gifle, on finit par pa-ralyser les éducateurs, là où l’on a besoin, aussi, d’une relation spontanée. Il peut être utile, surtout quand l’enfant est jeune, de lui manifester physiquement qu’il y a des choses qu’on ne dit pas, qu’on ne fait pas.”

cela, à tel ou tel moment de leur carrière, ils n’ont pas osé demander de promotion. Souvent, ils me donnent raison.Beaucoup de gens disent ne donner des fes-sées que rarement. Mais le reste du temps, ils menacent : ‘Attention, tu vas t’en prendre une !’ L’enfant vit constamment sous la main levée. Pire : il ne sait pas pourquoi le coup est parti aujourd’hui, et pas hier. En général, ce n’est pas que la bêtise soit plus impor-tante, seulement le fait que le parent est plus énervé. Une absurdité qui atteint des sommets lorsque la mère donne une fes-sée à deux frères pour qu’ils arrêtent de se battre. Il existe une alternative. Je propose quatre principes d’éducation non-violente.Premièrement, on fait diversion, on ne laisse pas son enfant avec la tentation, on lui pro-pose autre chose. Deuxièmement, on s’oc-cupe beaucoup de lui, car l’ennui favorise les bêtises. Troisièmement, on se fait aider, parce qu’il est difficile d’être parent et que l’enfant a une énergie formidable. Enfin, si nécessaire, on l’envoie se calmer dans sa chambre. Tout cela permet d’avoir des enfants plus calmes, plus confiants en eux-mêmes.”

n Propos recueillis par Joanna Peiron

elle refuse, je l’empoigne fermement. Elle a beau se débattre, je l’emmène jusque dans sa chambre. C’est pour moi une fa-çon de lui signifier qu’en tant que parent, je reste maître du jeu, que c’est moi qui fixe les règles… Pour le reste, j’essaie de privilégier la parole, de dire ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas, le cas échéant en expliquant pourquoi. À mes yeux, donner une fessée à l’enfant, c’est lui montrer que la violence est un mode de communication comme un autre. Je ne crois pas que ce soit le meilleur message à lui faire passer. C’est d’ailleurs parce que je ne la frappe pas moi-même que je peux lui expliquer que personne n’a le droit de la frapper et qu’elle doit se défendre si elle reçoit des coups.”

Thérèse, trois enfants de 2, 5 et 6 ans“Pour apprendre à mes enfants ce qui est bien ou mal”

Philippe Jeammet, psychiatre“La fessée est moins culpabilisante que certaines paroles”

Edwige Antier, pédiatre“La fessée vous fait perdre votre autorité parentale”

Pierre, deux enfants de 1 an et 5 ans“J’essaie de privilégier la parole”

Pour en savoir plus sur la fessée chez nos voisins européens, rendez-vous en p.24 et 25 dans l’Actualité expliquée aux jeunes.

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pigeons’‘On n’est pas des

18:30 le nouveau rendez-vouspour ne pas gober n’importe quoi

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Privé de jeux vidéo

L’AVIS DE L’EXPERT

POUR

L’AVIS DE L’EXPERT

CONTRE

Quand leur père est absent, ce qui est souvent le cas pour des raisons

professionnelles, Anaïs et Nicolas devien-nent des monstres. Je n’ai pas l’autorité naturelle de Richard. Moi, je crie, je gesti-cule… dans le vent et, pendant ce temps, les enfants enchaînent les âneries.J’ai d’abord essayé de trouver des puni-tions ‘intelligentes’ pour Anaïs et Nicolas, mais ça s’est avéré être un échec. Ils n’ont pas compris - ou n’ont pas voulu com-prendre - la leçon, alors j’ai dû prendre d’autres dispositions. J’ai essayé plusieurs choses et puis, un jour, je leur ai interdit de jouer aux jeux vidéo pendant tout un week-end. Durant les deux jours, ils ont été parfaits : pas de cris, pas de chamaille-ries, pas de casse. J’ai vu qu’ils avaient la trouille que je fasse durer cette punition.De tout ce que j’avais pu essayer, c’est donc ce que j’ai trouvé de plus efficace. Je m’en

“La confiscation de la console de jeux peut faire partie des punitions, surtout si l’usage qui en est fait apparaît excessif par rapport aux normes, forcément subjectives, qu’on a fixées au sein de notre famille. Dans ce cas, on confisque, puis on repart sur de bonnes bases en établissant avec notre enfant une forme de contrat et des règles de bon usage des jeux vidéo. Mais une telle décision ne doit pas intervenir n’importe quand ni n’importe comment.

“Pour punir efficacement, il faut avant tout connaître ces jeux vidéo et savoir l’usage qui en est fait par notre enfant. Il faut, à mon sens, éviter de confisquer la console de jeux s’il a ce jour-là une compétition en ligne. Car cela nuirait tout simplement à sa socialisation. C’est comme si, en guise de punition, vous interdisiez à votre enfant de sortir mercredi prochain. S’il avait juste l’intention d’aller traîner en ville, pourquoi pas ? Mais si ça le conduit à rater la com-pétition de football la plus importante de l’année, c’est sans doute un peu dommage. Cela s’apparente à une double peine.”

Le constat du LigueurComme Serge Tisseron le souligne, d’autres psychologues interrogés ont sou-ligné l’impossibilité de répondre “pour” ou “contre” à la question de la privation des jeux vidéo ou de la console. Nombre d’entre eux estiment que la punition sys-tématique par la privation entraîne une “mauvaise” frustration, propice à pertur-

Avec quatre garçons à la maison, ce n’est même pas la peine d’envi-

sager de leur supprimer les jeux vidéo : ce serait d’office une mutinerie à bord ! Ils réa-giraient très mal, je pense, parce que, d’une part, c’est un de leurs passe-temps préférés et, d’autre part, ils ont l’habitude de par-tager à quatre ces moments. À la maison, les consoles (ndlr : une Wii et une Playsta-tion) sont dans le salon et c’est devenu un point de ralliement pour tous, moi compris.On a établi tous ensemble une liste de pu-nitions dans laquelle il y a une gradation en fonction de la gravité. Comme ça, chacun sait à quoi il peut s’attendre s’il dépasse les limites. Dans cette liste, il n’y a rien qui concerne les jeux vidéo… Je trouve que c’est un peu ‘bête et méchant’ de suppri-mer quelque chose qui leur apporte du plaisir et qui est fédérateur.Je préfère utiliser positivement les jeux vi-

sers autant à titre de mise en garde que de réelle punition. Peu m’importe que cette punition n’ait pas en soi de valeur éduca-tive. Au moins, j’ai un moyen de me faire obéir et une solution pour obliger mes enfants à reconsidérer leur attitude. J’ai l’impression que ce sont un peu des mots magiques pour eux, ‘jeux vidéo’.Je dois avouer que je m’en sers assez ré-gulièrement, un peu pour tout et pour rien. Quand je rentre du boulot fatiguée, à la première bêtise, je confisque console et jeux. Ça aboutit neuf fois sur dix à des pleurs et à des claquements de porte.Au moins, quand ils sont dans leur chambre, j’ai la paix. Ce n’est peut-être pas glorieux comme attitude, mais ça marche. Je n’en demande pas plus.”

Cela reste envisageable, en fonction de la gravité du comportement ou des faits re-prochés. Mais il faut avoir en tête ce qu’une telle décision représente aux yeux de notre enfant. Mais aucun psy, aucun spécialiste des jeux vidéo ne peut vraiment répondre à cette question. C’est à chaque parent d’interroger son enfant pour comprendre l’usage qu’il fait de la console. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il pourra le punir mais aussi - c’est tout aussi important - le récompenser efficacement.”

ber l’enfant et le faire agir à l’inverse de ce qui est souhaité.Par contre, tous s’accordent à dire qu’une privation quantitative (moins d’heures de jeux dans la semaine ou le week-end) ou qualitative (certains types de jeux trop violents, par exemple) temporaire est à même d’aboutir à une prise de conscience de l’enfant. L’unanimité est de mise éga-lement quand le jeu influence trop néga-tivement et trop longtemps la scolarité : il faut prendre le problème à bras-le-corps et interdire certains comportements. Pour cela, les professionnels conseillent aux parents de se faire aider par un tiers pour éviter de tomber dans la punition systé-matique, donc peu efficace.

n Propos recueillis par Joanna Peiron et Romain Brindeau

Serge Tisseron est notamment co-auteur, avec Bernard Stiegler, de l’ouvrage Faut-il interdire les écrans aux enfants ? paru en 2009 aux éditions Mordicus.

déo, comme vecteur de partage de temps et d’activités, par exemple. Je ne comprends pas qu’on puisse punir pour punir, je trouve qu’il faut avant tout bien penser son ‘arsenal répressif’. Je préfère de loin tout ce qui est travail d’intérêt général, qui a une vraie va-leur éducative à mes yeux ou qui permet de réparer concrètement ce qui a été cassé ou abîmé. Avec ce genre de punitions, on res-ponsabilise ses enfants et on les fait grandir.Si je réfléchis bien à la question, je me rends compte que j’ai des enfants qui ne sont pas scotchés dix heures par jour derrière leur écran. Du coup, les priver de consoles ou de jeux n’aurait pas vraiment d’impact sur eux. S’ils étaient vraiment ac-cros aux jeux, mon approche serait-elle différente ? Je ne pense pas. Je chercherai sans doute une réponse dans le dialogue, pour leur faire comprendre qu’il y a des limites qu’il ne faut pas franchir.”

Sylvie, deux enfants de 10 et 13 ans“Pas glorieux, mais efficace”

Serge Tisseron, psychiatre est pour…“Confisquer la console…

… mais aussi contre !… pas n’importe quand”

Antoine, quatre enfants de 11, 13, 17 et 19 ans“Une punition bête et méchante”

Puisque vous ne lui confisquez pas sa console de jeu... qu’il joue au moins à des jeux vidéo “garan-tichouette” ! Retrouvez notre sélection sur www.leligueur.be > Les choix du ligueur

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Privé de sortie !

L’AVIS DE L’EXPERT

POUR

L’AVIS DE L’EXPERT

CONTRE

Bien sûr que j’interdis à mes filles de sortir quand elles ont fait une

bêtise ! Les priver de sortie, c’est même une des punitions les plus fréquentes. Non pas que ça arrive souvent, mais plutôt que c’est souvent comme ça qu’on les punit. Qu’elles ramènent de trop mauvaises notes de l’école ou qu’elles rentrent après l’heure convenue, quand, son père et moi, on a des raisons d’être vraiment fâchés, la puni-tion, c’est de les garder à la maison. Et ce, peu importe ce qu’elles ont prévu. Alors, au lieu de sortir, d’aller à des soirées ou de voir leurs copines, elles restent à la mai-son. Souvent dans leur chambre à tirer la tête pendant des heures, mais au moins, ça les fait réfléchir. Bien sûr, parfois, elles ont l’impression de rater la soirée de l’an-née, elles disent que ‘toute l’école’ va à telle ou telle fête et qu’elles ne peuvent pas louper ça au risque de passer pour

“C’est davantage une question éducative que psychologique, même s’il y a évidem-ment un lien. En tous cas, je ne pense pas qu’il y ait une théorie psychologique pré-cise sur l’interdiction de sortie. Tout d’abord, pour un parent, l’intérêt d’une sanction est qu’elle ait un impact. Ça portera plus à conséquence, il est as-sez logique de dire que si l’ado s’en fiche, la punition n’a aucune utilité. S’il est plus attaché à sa Playstation ou à son ordina-teur et qu’il préfère rester enfermé dans sa chambre, c’est ça qu’il vaudra mieux lui interdire ; ça ne sert à rien de l’interdire de sortie. C’est donc à juger au cas par cas, en fonction de ce qui tient à cœur à l’ado en question. À un certain moment, il faut pouvoir marquer le coup, et à mon sens, l’interdiction de sortie est une sanc-tion comme une autre, pour peu qu’elle ait du poids.Ce qui peut être plus intéressant, c’est que le temps que durera cette interdic-tion de sortie doit être accompagné de quelque chose de ‘réparateur’. Que la fina-lité de l’interdiction de sortie ne soit pas une punition ‘pour le principe’. D’ailleurs, qu’il s’agisse d’un petit enfant ou d’un ado-lescent, il est important d’avoir un fond

Ndlr : Pas moyen de trouver un expert qui soit contre ce genre de punition. Le Ligueur vous rapporte les propos de Romano Scan-dariato qui explique pourquoi il ne peut pas se positionner… contre !“Il est difficile de tirer des généralités “contre” l’interdiction de sortie. Tout dé-pend beaucoup du contexte, de ce qu’il s’est passé, du type de jeune, de son âge, de la configuration familiale, de la durée, de ce que les parents essayent de faire passer comme message, de ce que le jeune essaye de dire en provoquant les interdits, etc. L’interdiction de sortie peut s’avérer utile et efficace, donc elle peut être indiquée. Ce serait inutile et inefficace s’il s’agissait de quelque chose d’arbitraire, mais quand les parents ont le sentiment que certaines sorties du jeune - qu’il soit adolescent ou même enfant, en cas de sorties dans la rue - le mettent en danger d’une façon ou d’une autre, c’est tout à fait adapté de mettre le holà. On peut donc fonctionner avec d’éventuelles interdictions de sortie.Finalement, la question est celle du rap-port aux interdits. Certains interdits sont structurants. C’est tout à fait normal. Toute la question est de savoir comment

Je ne pense pas qu’interdire de sortir soit vraiment efficace. Chez

nous, on ne l’a jamais fait et je dois dire qu’on s’en félicite. D’accord, mes enfants, même devenus adolescents, sont plutôt sages. Mais j’ai déjà entendu des histoires plutôt corsées d’autres parents qui avaient l’habitude d’interdire, et ça ne fait que me conforter dans mon choix. Certains veulent punir en interdisant de quitter la maison, soit. Si l’ado fait le mur et sort quand même, ils ne sont pas plus avancés. Alors, évidemment, on peut le punir davantage et le garder encore plus longtemps enfermé à la maison. Mais fina-lement, ça rime à quoi ? L’ambiance dans la famille se dégrade et l’ado va faire une fixation sur le fait de pouvoir s’enfuir dès qu’il en a l’occasion. Donner à son enfant l’envie de s’enfuir, c’est ça, le but ? Je préfère une bonne discussion, voire une bonne

des nulles ; elles nous en veulent et tout, mais on a toujours tenu bon. Si on cède là-dessus, il ne nous reste pas grand-chose comme sanction. Interdire de sortie, c’est normal, c’est une des seules choses qu’on peut faire. Elles ont passé l’âge de jouer à la poupée, je ne vais tout de même pas confisquer leurs jouets !”

derrière la sanction. Le principal reste tou-jours l’explication.

Plus personnellement, je pense que cer-taines sanctions, qui touchent à des sorties plus culturelles, éducatives et sportives, ne doivent pas être envisagées. Cela n’a pas beaucoup de sens parce ça prive l’adoles-cent de certaines interactions dont l’intérêt se situe au-delà de la punition.

se construit l’interdit, pour quelles raisons et au bénéfice de qui. Théoriquement, l’in-terdit sert à donner, à l’enfant puis à l’ado, une liberté plus grande dans un contexte protégé et adapté à son âge. Comme l’in-terdiction de cuisiner ou de manipuler des allumettes : on l’interdit, non pas pour évi-ter qu’il apprenne, mais pour le protéger d’un danger. En ce qui concerne le pro-blème des sorties, on peut estimer que cadrer les sorties d’un adolescent est une bonne chose. Parce que l’apprentissage de la liberté comprend aussi des limites au-delà desquelles on se met en danger. Mais à partir du moment où l’on prive un jeune de sortie parce qu’il a des mauvaises notes, la chose devient nettement moins évidente ; on ne voit pas très bien le rap-port entre l’interdiction de sortie et le fait d’avoir mal travaillé à l’école. Par contre, si on interdit de sortie un jeune qui n’a pas respecté un certain nombre de limites, comme rentrer à l’heure ou éviter cer-tains endroits, la sanction peut dès lors être adaptée.”

n Propos recueillis par Mathieu Nguyen

engueulade si nécessaire, à ce genre de punition. Il y a un moment où on arrête de mettre son gosse au coin ou de lui mettre des fessées. Il faut qu’il comprenne pour-quoi on agit, ce qu’il fait de mal et com-ment il peut corriger ce qui ne va pas dans son comportement. S’il est incapable de voir ce qui ne va pas, ce n’est pas en l’en-chaînant à un mur qu’il va comprendre. Autant taper dessus, tant qu’on y est, ça marchera peut-être. Je ne veux surtout pas juger les parents qui pensent diffé-remment, mais en tous cas, moi, j’ai fonc-tionné comme ça. Et comme jusqu’à pré-sent, ça a toujours bien marché, pourquoi faire autrement ?”

Doris, deux enfants de 14 ans et 17 ans

Nicole Santarone, psychologue au CPAS de Charleroi

Romano Scandariato, psychologue au Service de Santé mentale de l’ULB

Claire, deux enfants de 16 ans et 18 ans

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C’est ce qu’on entend aujourd’hui, côté puéricul-trices. Lorsqu’on demande au bambin de 2 ans et demi de ranger ses jouets, il vous envoie un coup de pied sur le tibia. Réplique de l’adulte : “C’est moi le maître ici, et tu me dois le respect.”

Mater. “Les caprices du tout-petit se manifestent par des cris et des pleurs sans motifs” rapportait le docteur Schreber, médecin allemand célèbre du 19e siècle. Il fallait donc mater tôt le bébé tant qu’il était malléable (dès le 5e mois !) pour le libé-rer des “germes du mal”. Après cela, plus de pro-blème, votre enfant serait parfaitement obéissant. Les Allemands n’avaient pas l’apanage de l’édu-cation à la trique. Ces conseils ont débordé les frontières et envahi le continent. Nos parents ne conseillaient-ils pas encore, fin des années 1970, de ne pas prendre à la moindre larme notre nour-risson dans les bras au risque de le gâter ?

Respecter. De l’autre côté de l’Atlantique, le docteur Spock sortit à son tour ce qui devien-drait un best-seller. Sans doute, jeunes parents, vos papys et mamys ont-ils été éduqués grâce aux bons conseils de Spock qui invitait le monde à respecter enfin le bébé : “Quand le bébé pleure entre les repas au lieu de dormir paisiblement, vous le prenez et le promenez un peu et il cesse de pleurer, tout au moins pendant un moment.”

Parler. Françoise Dolto, elle aussi, cherchera à comprendre le bébé, mais aussi à parler au petit parce qu’il est capable de comprendre le message. “Les caprices, ça s’installe parce qu’on les appelle ca-prices. Quand un enfant présente tout à coup une réaction insolite, qui gêne tout le monde, notre tâche, c’est de comprendre ce qui se passe.”Le bébé devient une personne. Ce slogan, devenu un titre d’émission, sera relayé par d’autres mé-dias et petit à petit s’amplifiera, se déformera…

Bébé est devenu une idole. À quand le retour du balancier ? On reparle beaucoup aujourd’hui d’au-torité. C’est bien, pourvu qu’on ne retombe pas dans l’autoritarisme !

n D. D

En pratique

Des punitions qui font leur preuve…Entre le laisser-faire et la gifle ou la fessée, il existe une panoplie de punitions qui ont fait leur preuve. Check-list.

l La réparation : l’enfant aide maman à réparer sa bêtise ou est chargé d’un travail d’intérêt familial comme dresser, la table, nourrir le cobaye (on sait que c’est toujours maman qui y pense !), passer l’as-pirateur sous les lits…

De l’enfant terrorisé à l’enfant-roil La privation : pas de dessert tant

que l’enfant n’aura pas mangé ses légumes… même verts ! Pour les plus grands, pas de sorties tant que le comportement en classe n’est pas meilleur… ou pas d’ar-gent de poche pendant une ou deux semaines. Il est déconseillé par contre de supprimer une acti-vité sportive ou culturelle, utile au développement du jeune.

l Les excuses : orales ou par écrit comme ces gamins de 15 ans qui s’étaient amusés à faire peur à une plus jeune de l’école. La direction de l’établissement les a obligés à écrire une lettre d’excuses à l’élève malmenée et à ses parents. Autre

recours : face à des ados qui ne res-pectent pas les interdits, il est utile parfois pour les parents de faire appel à un tiers : le parrain, l’oncle, la grand-mère…

l Et pour les plus petits : faire les gros yeux, élever la voix, prendre un ton ferme sans hurler peut leur faire comprendre qu’ils sont en train de franchir la limite à ne pas dépasser.

l Mais la règle d’or en éducation reste encore et toujours la confiance que les petits et plus grands accordent à leurs parents.

Dyslexie et calme autorité Le Ligueur et Radio Contact vous don-nent rendez-vous tous les jeudis à 9h30 avec Zoom Parents, une émission qui ré-pond à vos questions et qui vous donne la parole. Le jeudi 16 mars, le thème abordé sera la dyslexie. Le 23 mars, Zoom Parents

s’intéressera à l’autorité par le calme.

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Récit de grand-pèreIls sont aujourd’hui, arrières grands-parents. Nos enfants savent-ils encore comment leurs aïeux vivaient alors ?“Notre maître d’école frappait le bout des doigts avec sa règle. Il fallait lui présenter l’extrémité des bouts des doigts bien serrés. Cette punition faisait tellement mal qu’on avait trouvé le truc d’ouvrir très vite les doigts sans qu’il ne s’en aperçoive. Le coup de la règle sur la paume de la main faisait moins mal.” Georges

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Vous pouvez tout dire à votre enfant, mais gare à l’étranger qui lui fait une remon-trance ou lui jette un regard noir. Même si c’est mérité. Si, si. C’est plus fort que vous. Vous vous sentez blessé en tant que parent, atteint dans votre image. Pourtant, votre petit, votre plus grand passe de longues heures dans d’autres lieux que sous votre toit. Et le premier espace qu’il occupe la ma-jeure partie de la journée, c’est l’école. Il y a aussi d’autres lieux où votre enfant doit accepter d’autres règles que les vôtres, se confronter à d’autres adultes que vous : le club de sport et son entraîneur, le beau-père ou la belle-mère si la famille est re-composée, la société aussi et son arsenal de règles pour permettre à tous de vivre ensemble. Alors, prêt à déléguer un peu de votre autorité ?

Avec Bruno Humbeek, psychopédagogue au CPAS de Péruwelz, nous vous invitons à questionner votre tolérance à ces règles qui ne sont pas celles de la maison. Pre-mière escale : l’école. Comment se vivent ces différences ? Quelle place donner aux profs dans l’éducation de votre rejeton ? (Lire aussi ci-contre, les sanctions prévues en droit scolaire).

Des règles et… des normesBruno Humbeek : “Il faut d’abord bien pré-ciser ce qu’est une règle et ce qu’est une norme. Il y a une confusion énorme entre les deux. Une règle, c’est quelque chose de précis qui vaut juste pour un espace, peut être répété par l’enfant et implique une sanc-tion. Par contre, une norme appartient à un groupe social et est souvent implicite, floue.Dans l’espace scolaire, l’enseignant est maître d’un espace et il a tout intérêt à mettre en place des règles très précises. Par exemple, lever la main pour prendre la parole.Si l’école fixe des normes et non des règles, il y a danger. Un exemple, Brian dit : ‘Si j’aurais su, j’aurais passé par la pharma-cie’. Si l’enseignant réagit en disant : ‘Tu parles comme un charretier’, c’est un peu le papa qu’il traite indirectement… de char-retier. Il présente la langue française de l’école comme le seul français permis, il fait ce qu’on appelle ‘la police des familles’. L’enfant n’aura pas le choix : ou il trahit son papa ou il ne vient plus à l’école. Par contre, si l’enseignant dit : ‘Ici, à l’école, il faut appliquer la langue de l’école’, il n’y a pas de souci. On peut changer de règle en changeant d’espace.”

Le Ligueur : À chacun son espace, en quelque sorte ?B.H. : “L’enseignant a eu longtemps une fonction d’instruction et de socialisation. Il a maintenant, heureusement, une fonc-tion d’éducation et pour y arriver, il doit nécessairement travailler avec les familles. Ensemble, pour une coéducation des en-fants. La famille doit accepter les règles de l’espace scolaire, mais l’école doit, en contrepartie, accepter que les normes familiales s’éloignent peut-être très fort de l’école.Quand un parent remet en question les règles scolaires, il n’est pas dans son rôle de parent. En effet, trois dangers guettent cette coéducation : la cogestion de l’espace scolaire (une tentation de beaucoup d’as-sociations de parents), le co-enseignement (avec le moment particulièrement piégé des devoirs) et la police des familles (moi l’enseignant, j’utilise l’enfant pour qu’il re-porte chez lui les règles de l’école…).”

Vous êtes parent, pas enseignantL. L : Les parents ne devraient donc pas aider à l’heure des devoirs…B. H : “Non ! Chacun doit respecter son rôle. Un devoir, ça sert à entraîner ou vé-

rifier des compétences acquises. Ce n’est pas aux familles à les prendre en charge, elles sont trop sujettes aux émotions et pas compétentes, donc contre-productives. Et l’école ne peut pas envahir la famille comme la famille ne peut envahir l’école.”

L.L. : Et si mon enfant n’a rien compris ?B. H : “Il faut faire en sorte de se situer dans l’espace de coéducation : ‘Tu n’as pas com-pris, tu le dis à Madame’. Et comme parent, il est possible de rencontrer l’enseignant sans le mettre en cause en lui reprochant le trop de devoirs ou pas les bons devoirs, mais en expliquant : ‘Mon fils n’a pas com-pris, il en est malheureux et moi, je ne veux pas expliquer, prendre votre rôle, je ne suis pas enseignant…’ Tout enseignant peut le comprendre. Il s’agit d’agir avec. Et pas contre.”

n T.J.

Autres lieux où vous devez abandon-ner une partie de votre autorité, autres adultes à qui vous devez faire confiance : les beaux-parents, les grands-parents, les entraîneurs, la police, la justice et toute autre institution régulatrice de la société. Et pourquoi pas aussi, les autres parents ? Lire en détail sur www.leligueur.be > En savoir +

Punitions : êtes-vous prêts à déléguer ?

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Un professeur peut-il sanctionner les élèves comme il le veut ?Vos questions de parents nous rappor-tent des sanctions variées : l’imagination des enseignants est parfois remarquable ! Mais que dit le droit scolaire à ce propos ?

Quel que soit le réseau d’enseignement fréquenté, les textes officiels précisent que “toute sanction doit être proportionnée à la gravité des faits et à leurs antécédents éventuels”.Les circulaires de la Communauté française concernant les établissements de son ré-seau, donc organisés par elle, énumèrent très clairement les règles à appliquer. Di-sons déjà que les sanctions disciplinaires ne peuvent être prises en compte dans l’évaluation des compétences et qu’un élève ne peut être sanctionné deux fois pour un même fait.

Du rappel à l’ordre… à l’exclusionCes textes officiels énumèrent les sanc-tions disciplinaires qui peuvent être prises à l’égard des élèves :• rappel à l’ordre par une note au journal de classe à faire signer pour le lendemain par les parents ;• retenue à l’établissement, en dehors de la

journée scolaire, sous la surveillance d’un membre du personnel ;• exclusion temporaire d’un cours ou de tous les cours d’un même enseignant, l’élève restant dans l’établissement sous la surveillance d’un membre du personnel ;• exclusion temporaire de tous les cours ;• exclusion définitive de l’établissement.

Attention : si le rappel à l’ordre peut être prononcé par tout membre du personnel de l’établissement fréquenté (directeur, enseignant ou éducateur), les retenues et exclusions ne peuvent être prises que par le chef d’établissement ou son délégué. Ceux-ci doivent avoir préalablement en-tendu l’élève. Celui-ci et ses parents doi-vent être avertis de la sanction et de son motif par le journal de classe ou un autre moyen jugé plus approprié.

Des élèves responsabilisésCes sanctions - en particulier la retenue à l’école - peuvent être accompagnées de tâches supplémentaires. Si c’est le cas, celles-ci “doivent, chaque fois que possible, consister en la réparation des torts causés à la victime ou en un travail d’intérêt général qui place l’élève dans une situation de responsabilisation par rapport à l’acte, au comportement” à l’origine

de la sanction. Elles peuvent aussi prendre la forme d’un travail pédagogique.Dans ce dernier cas, elles ne peuvent être notées, leur évaluation n’influencera pas les délibérations et, de plus, “elles ne consisteront jamais en tâches répétitives et vides de sens”.En tant que parents, on peut donc légi-timement s’interroger à propos de cer-taines punitions fréquemment données par des enseignants, telles des phrases à recopier…

Applicables à tous les réseauxLes circulaires organisant l’enseignement subsidié par la Communauté française n’énumèrent pas clairement ces règles. Elles y sont cependant applicables “dans le cadre des principes généraux de droit à la dé-fense”. Elles peuvent donc être invoquées.Sauf lorsqu’il s’agit de faits très graves jus-tifiant une exclusion (1), les textes officiels n’édictent pas de règles à propos de la vie quotidienne d’une école.Pour plus de précisions, ils renvoient au Rè-glement d’ordre intérieur (ROI) de l’établis-sement scolaire fréquenté, élaboré par son Pouvoir organisateur. Ce ROI doit obligatoi-rement inclure la liste des faits graves pou-vant justifier une exclusion définitive et la réglementation concernant les absences (2).

Il est distribué à tout élève dès son ins-cription et figure souvent dans le journal de classe.

Tout élève et tout parent d’élève a donc intérêt à en prendre scrupuleusement connaissance dès le début de l’année.

(1) Le Ligueur a traité du premier sujet le 5 janvier dernier.(2) dont Le Ligueur parlera 13 avril 2011.

En savoir +l Références légales :Décret mission, articles 81, 89, 94Décret discrimination positive, articles 20 à 31Circulaires 3306 et 3307 du 20 septembre 2010Arrêté du gouvernement de la C.F. du 18 janvier 2008Arrêté du gouvernement de la C.F. du 12 janvier 1999.

l Droit scolaire et absences : Ligueur n°8 du 13 avril 2011

l Droit des jeunes : www.sdj.be

n Thérèse Jeunejean (en collaboration avec Droits des jeunes)

Droit scolaire : les sanctions à l’école

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Diable, qu’éduquer est compliqué ! Et particulièrement se faire obéir. Même si vous êtes sûr de votre fait, si vous avez les mots pour le dire, la réprimande, le halte-là vous embarrasse. Sacrés chenapans qui vous mettent dans la situation de vous fâcher. Maudits ados qui vous obligent à les contrer. Vous le faites, bien sûr, mais la peur au ventre. Celle d’être tantôt injuste ou trop violent, celle de ne plus être suffisamment aimé, celle en-core d’étouffer la personnalité de l’enfant, celle enfin de la menace du genre “Moi, j’me casse !” La peur aussi que tout cela ne serve à rien…Échos des cuisines et livings.

… de ne plus être aimé…… surtout par mes plus grands. Je l’avoue, mon petit m’est acquis, c’est du moins ce que je ressens tout au fond de moi. Lui interdire une sucette, lui expliquer pourquoi ce refus tout en essuyant ces pleurs et le serrer, le serrer dans mes bras n’est pas une épreuve. Peut-être parce que j’ai l’impression de le sauver de la nocivité du sucre, de “tra-vailler” pour sa santé. En un mot : de le protéger. Avec mes préados, c’est plus difficile. La moindre réprimande, le non fatidique à la demande qu’ils posent me font mal aux tripes. J’ai peur alors que le lien qui me lie à ces enfants qui gran-dissent, donc qui s’éloignent de moi, se

brise comme s’il s’agissait d’un fil ténu… Peur que le dialogue qu’on nous dit si précieux se casse pour toujours. C’est surtout le “toujours” qui est terrible. Pourtant, si je considérais les choses en gardant la tête froide, je ne crain-drais pas ce temps où mes préados me jettent à la figure quelques anathèmes, ravalent ensuite leurs paroles, me tour-nent le dos, juste pour marquer leur désapprobation. Juste réaction, saine réaction. Mais nous, les mères (et cer-tains pères aussi), nous avons tellement été élevées dans l’idée de sauvegarder à tout pris le dialogue, le lien, le contact, que sais-je encore, que nous en faisons trop… parfois jusqu’à oublier que ai-mer, c’est d’abord construire nos en-fants, les préparer à affronter l’avenir,

au risque parfois de casser l’ambiance. La porte de la chambre claque. Ils s’y enferment pour un certain temps. Je rejoins la mienne pour mieux supporter ce subit silence devenu lourd… Mère sentimentale. Je sais que l’amour d’un parent ne peut se réduire à cela.

… d’être injuste…… et je le suis franchement quand je punis les deux frères qui se chamaillent alors que je sais très bien que c’est le plus jeune qui est dans la provoc. Mais voilà, flanquer les deux gamins dans leur chambre est, au moment même, la solution la plus radicale. Ouf ! La paix, enfin. Mais le soula-gement est de courte durée, une pointe de culpa-bilité chatouille ma conscience, j’essaie de m’en débarrasser, mais elle s’accroche, tenace… D’ici quelques minutes, une demi-heure peut-être, je rejoindrai les deux frères, expliquerai que je n’en pouvais plus, que c’est toi, le petit que j’aurais du réprimander et que par facilité, oui, par épuise-ment aussi, je suis tombée à bras raccourcis sur les deux. C’est une erreur, ce n’est pas juste… et je m’en excuse. Me voilà rassérénée. C’est bientôt l’heure du goûter et pour panser les plaies, je sors le pain et le Nutella… Les enfants accourent, ils semblent déjà avoir oublié la mésaventure. Je me console en me disant que l’injustice est partout, même sous ce toit, et que c’est aussi un apprentis-sage pour les mômes que d’y faire face… pourvu qu’elle soit réparée par des mots, des gestes, une reconnaissance de l’abus.Chose qui ne se fait pas toujours ni partout. L’autre jour, mon aîné a rapporté un bulletin ou le prof lui avait retiré 5 points pour son interro de géogra-phie alors qu’il n’avait commis aucune faute. C’est pour ton comportement, a expliqué le prof sans autre précision. Je ne défendrai pas mon fils envers et contre tout : je sais qu’il est tout à fait capable de chahuter, bavarder de manière inopportune. Mais il existe une règle où l’on ne mélange pas les points liés à la matière et les points liés au compor-tement. Je dénonce l’amalgame auprès de mon fils, lui explique que le prof a commis, cette fois-ci, une injustice, même si cela ne diminue en rien sa responsabilité dans le chahut ambiant. Vais-je aller tempêter auprès du professeur ? Non. Je propose à mon fils d’avaler, pour cette fois, la couleuvre… et me promets de réagir si l’injustice se répète, me félicitant secrètement d’avoir décidé une fois pour toutes de ne pas rajouter une punition à la punition distribuée en classe. Là-dessus, je rejoins mon miroir pour un coup de blush.

… de ma propre violence…… et les enfants ont l’art de nous faire sortir de nos gonds. Les parents doivent faire preuve d’une belle maîtrise d’eux-mêmes et au quotidien, pris dans le tourbillon des émotions, ce n’est pas simple. Surtout quand je veux assumer mon rôle de pa-rent-éducateur… en évitant le conflit. C’est alors que la pression monte : chez les gosses qui ont l’impression du sans limite et chez moi, qui sou-dain, n’en peux plus. Éduquer, c’est anticiper, c’est chercher le juste équilibre entre le “trop” et le “trop peu”. Et voilà le “trop” qui déboule. Paf ! La gifle est partie toute seule, a atterri violemment sur la joue du cadet… parce qu’il se trouvait là, à ma portée et que l’aîné, objet de mon courroux, s’était déjà éloigné. Injuste et violent. J’explique, reconnais mon erreur, me sens ridicule, un parent-pantin sans aucune autorité. Ma légitimité de parent en prend un sacré coup dans des situations pareilles. Devais-je négocier plutôt que d’interdire afin de ne pas en arriver là ? Mais, comme l’écrit Claude Halmos qui explique l’autorité aux parents dans un ouvrage édité en poche : “Négocier avec quelqu’un suppose que l’on se situe sur un plan d’égalité avec

J’ai peur…

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lui. […] Or, en matière d’éducation, cette égalité n’existe pas. […] puisque les parents doivent ap-prendre à leurs enfants des règles que ces derniers ne connaissent pas.” Dur mais clair. Encore que la négociation peut s’installer en douceur au fur et à mesure que l’enfant grandit. En commençant par les petits accommodements quotidiens : la-ver ses dents, jouer après les devoirs, manger ses légumes avant son dessert… Et en maintenant fermement les règles fondamentales qui feront de nos enfants des adultes responsables.En attendant, j’enrage contre ma faiblesse, me promet d’affronter le conflit avant que tout ne déborde. Inévitable. C’est le prix à payer pour faire de ses enfants ce qu’on a rêvé pour eux, c’est le prix à payer… pour ne pas se laisser emporter par ses émotions. Décidément, le parent est un funambule. Je retourne dans ma cuisine et noie ma perplexité… dans un grand bol de thé.

… d’étouffer sa personnalité…… et d’après mon fils, je suis en train d’assassiner Mozart. Vraiment ? Je sais qu’il rêve d’être écrivain, qu’il écrit des pages et des pages avec quelques jolies formules, des phrases plutôt bien tournées, mais que ses devoirs et leçons sont laissées là, à vau-l’eau. Très bien, mon fils, la mission de l’écri-vain est noble, mais avant cela, il faut décrocher son diplôme de secondaire et peut-être plus en-suite, une grande école, l’université… Est-ce le poids de la tradition familiale, ou plus simplement ma responsabilité de parent ? J’aurais aimé laisser mon fils jouer de sa plume… mais son destin, je le sais déjà ne sera pas hélas celui d’un rentier. Reste plus qu’à sévir, à lui indiquer la direction qui me semble la bonne à prendre. Étudier, réussir et après, seulement après, il choisira. En attendant, au boulot… désolé, mon gars, mais mon rôle à cette étape-ci de ton histoire, c’est d’orienter ta vie pour que tu décroches un maximum d’outils pour la réussir le mieux possible. Convaincue que c’était la bonne direction à prendre, je me suis battue pour qu’il reprenne le cours… des cours, qu’il se glisse à nouveau dans sa peau d’écolier, qu’il postpose ces engagements d’artiste… Mais des questions n’ont pas arrêté de me tarabuster : est-ce que je ne casse pas quelque chose en lui ? Est-ce que je l’empêche de devenir ce qu’il est ? Est-ce que je ne l’entraîne pas vers une mauvaise direction ? Tout le monde ne s’appelle pas No-thomb et peut vivre de ses livres. Pour oublier ces questions et le vertige qu’elles entraînent, je me calfeutre dans mon salon, le nez dans un roman.

… que tout ça ne serve à rien……que privation, réparation, excuses et autres puni-tions ne tombent dans l’oreille d’un sourd ou d’une sourde. Bien que… la punition confirme l’interdit posé. Mieux ! Elle permet à l’enfant de devenir un petit animal social. Car ce qui s’apprend, s’exerce à la maison, dans l’intimité de la sphère familiale n’est rien d’autre que ce qui se déroule dans l’environne-ment social. Le fonctionnement de l’un s’accorde au fonctionnement de l’autre. Cette cohérence est importante pour l’enfant à tous les âges. C’est ainsi qu’il découvre que personne, même pas les adultes, ne peut échapper à la loi. Peut-être comprend-il seulement alors que ce n’est pas par plaisir que nous, les parents, nous le punissons. Mes doutes commencent à s’estomper. Oui, c’est bien avec les parents d’abord qu’il va apprendre les règles pour vivre avec les autres, les voisins, le reste du monde. J’ai peur que mes avertissements, mes réprimandes, mes mises en garde ne servent à rien et pourtant… l’air de ne pas y toucher, l’enfant entend, intègre,

pourvu que quand je me trompe, je le reconnaisse et le lui dise. Pourvu que je sois convaincue de mes décisions, que je crois en moi et en mes compétences. Et que je crois en lui, aussi. Après ces in-terrogations, petite douche… pour se débarrasser du stress.

En pratiqueDire les choses avec les plus petits, sur-tout quand il s’agit d’émotions comme la colère, la déception, la peur, c’est par-fois difficile et c’est normal que vous ne trouviez pas toujours les mots et le mo-ment où vous pouvez partager ses mots. Le livre de jeunesse permet ce rappro-chement et, à travers les aventures des

héros qui ressemblent étrangement à votre petite, à votre petit, de question-ner des moments de vie tantôt graves, tantôt plus légers. Le Ligueur vous pro-pose une série de titres qui peut vous aider à parler des règles d’obéissance si peu digestes parfois, des punitions aussi. À lire ensemble… les yeux fermés !

0-3 ansl On ne peut pas, Jeanne Ashbé, Pastel,

l’école des loisirs. Dès 1 an.l Grosse colère, Mireille d’Alancée,

l’école des loisirs. Dès 2 ans.

3-6 ansl La colère d’Arthur, Hiawym Oram,

Seuil. Dès 4 ans.l Max et les Maximonstres, Maurice

Sendak, l’école des loisirs. Dès 4 ans.

l Puni-cagibi, Alain Serres et Claude K. Dubois, Pastel, l’école des loisirs. 5 ans.

l Mademoiselle sauve qui peut, Philippe Corentin, l’école des loisirs. Dès 5 ans.

6-12 ansl Mon affreux doudou, Claude Ponti,

l’école des loisirs. Dès 6 ans.l Okilélé, Claude Ponti, l’école des loi-

sirs. Dès 6 ans.l Arrête de faire le singe, Mario Ramos,

Pastel, l’école des loisirs. Dès 7 ans.l Le Petit Nicolas, Sempé, Folio junior,

Gallimard. Dès 8 ans.l Fifi Brindacier, Astrid Lindgren, le Livre

de Poche Jeunesse. Dès 10 ans.l Cascades et gaufres à gogo, Maria Parr,

Éditions Thierry Magnier. Dès 11 ans.n M.K.

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Ça pourrait n’être qu’un clin d’œil, mais c’est un peu plus que ça. Puisque être parent, c’est aussi être créatif, pourquoi ne pas mettre en place quelques règles - oui, oui, il s’agit bien cela ! - qui vous aideraient vous, les parents, à partager au mieux le quotidien avec vos ados de 14 ans et plus. Si la négociation n’est pas un recours pour les plus petits, elle peut commencer à s’engager avec les plus grands… et permettre ainsi d’éloigner la sanction, une épreuve pour tout le monde. Nous vous invi-tons ainsi à établir avec vos jeunes, une sorte de contrat autour du “vivre ensemble”. Chacun s’engagerait à… Voici quelques idées : à vous de les compléter, de les adapter et à réali-ser votre document final à afficher où vous voulez.

Je m’engage :

l à t’écouter 10 minutes tous les soirs avec attention

l à souper en famille sans aborder des sujets qui fâchent

l à t’amener une fois par mois voir tes grands-parents

l à faire ta lessive sans ronchonner

l à te céder le canapé chaque jour afin que tu puisses regarder ton émission à la télé

l à admettre et supporter que tu fumes, hélas...

l à te permettre de sortir une soi-rée par semaine, essentiellement le week-end

l à revoir les horaires de tes sorties et aussi leur nombre sur la semaine dès l’année prochaine

l à recevoir tes amies/amies avec le sourire si tu me les amènes à des heures décentes

l à te donner la liste des plannings familiaux les plus proches de chez nous (tout en étant prêt-e à ré-pondre à tes questions)

l à sauvegarder ton intimité et à ne pas “espionner” ta vie privée sur Facebook

Tu t’engages :

l à me parler ou au moins à être at-tentif (attentive) à ma présence du-rant ces mêmes 10 minutes… avant de t’enfermer dans ta chambre

l à prendre le repas du soir en fa-mille sans tirer la tête

l à prendre un bain avant d’aller rendre visite à papy et mamy

l à vider tes poches avant de mettre tes vêtements au linge sale

l à ne pas monopoliser la zapette, après ton émission

l à fumer à l’extérieur et à vider tes cendriers

l à rentrer de ta soirée à l’heure convenue

l à ne pas me scier les côtes pour me demander de sortir plus et plus tard dès aujourd’hui

l à ne pas débouler à la maison à toutes les heures du jour et de la nuit avec ta bande de copains/copines

l à gérer tes relations amoureuses et à aller au planning familial pour régler la question du contraceptif

l à surfer sur Internet juste pour ton plaisir (le travail scolaire ne rentre pas dans ce décompte) du-rant une durée fixe

Ados : pourquoi pas un contrat…VOUS LUI/ELLE

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Tout le monde connaît Les Barons, l’un des grands succès cinématographiques de l’année dernière. Après ce premier film triomphal, le réalisateur Nabil Ben Yadir, 32 ans, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Il nous revient avec une pièce de théâtre au Koninklijke Vlaamse Schouwburg. À l’occasion de ce dossier sur les interdits et la punition, nous l’avons rencontré, lui qui a placé la transgression au centre de son film.

“Le directeur du KVS avait adoré Les Barons et m’a proposé de travailler ensemble. La pièce s’appelle Guantanamo, c’est l’histoire grinçante d’un mec amoureux de la culture américaine, de Bob l’éponge à Tarantino, qui se retrouve à Guantanamo. Il adore l’Amé-rique, sauf que l’Amérique ne l’aime pas. C’est tout le retour à la réalité d’un gars qui, aux yeux des Américains, n’est qu’un terroriste.”Mourade Zeguendi jouera un des person-nages de la pièce, et ce n’est pas le seul acteur des Barons qui prolonge sa colla-boration avec Nabil Ben Yadir, puisque l’immense Jan Decleir sera le personnage principal de son prochain film.“Tourner avec Jan Decleir, pour moi, c’était de l’ordre de l’inimaginable. C’est le meilleur acteur belge. Déjà à l’école, j’avais pris énor-mément de plaisir à le voir jouer Daens. Sin-cèrement, bien au-delà de la Belgique, au niveau européen, si pas mondial, c’est vrai-ment un tout grand.”

“Faire un film,c’est un plaisir”N’est-on pas écrasé par la pression quand son premier film dépasse les 180 000 entrées rien que chez nous ? Apparemment… non !“Monter une pièce ou faire un film, c’est un plaisir. La pression, c’est d’aller bosser à la chaîne chez Volkswagen. Bien sûr, je n’ai aucune expérience dans le théâtre, mais il est plus compliqué de passer de l’électromécanique au cinéma que du ci-néma au théâtre !”

Un minimum de recul est cependant nécessaire pour gérer cette soudaine réussite.“Au début, c’était très compliqué : les inter-views, l’intérêt pour le film, ensuite pour mon travail et pour mon parcours… Puis

j’ai compris que c’était la règle du jeu. Mais je ne sais pas si on me pose les mêmes questions qu’aux autres réalisateurs belges. Sans doute parce que le film est très personnel, et parce qu’il y avait une sorte de vide en Belgique : c’était la pre-mière fois qu’on parlait de cette commu-nauté avec de l’humour et pas au JT. Les gens se disent : ‘Tiens, il n’y a pas que des émeutes à Molenbeek ?’ Le public nous attendait avec un film ‘à l’ar-rache’, genre ‘recherche du réel’, caméra sur l’épaule et travail avec des gens ‘vrais’. On a été à l’opposé : on a mis des couleurs, on a tourné en scope avec des comédiens. Et au final, ça a peut-être l’air plus vrai parce que c’est raconté par une personne qui l’a vécu. Ce n’est pas une étude sociologique sur Molenbeek. C’est avant tout une histoire.”

Bien qu’il se défende de jouer les porte-drapeaux, Nabil Ben Yadir soulève un certain nombre de questions sociales.“Je n’ai jamais choisi de faire de l’électro-mécanique, j’aimais bien dessiner. Un jour, un conseiller d’orientation m’a dit : ‘Si tu manipules aussi bien ce crayon qu’un tour-nevis, tu feras un excellent mécanicien’. Ce n’est pas une blague. Ça fait rire, mais ce n’est pas drôle. Dire que ce type s’est retrouvé en face de centaines de jeunes…Il faudrait faire une étude sur les jeunes qui glandent, et leur demander : ‘C’est quoi, votre rêve ?’ Ou, pour éviter le côté ‘fan-tasme’ et les réponses ‘Je veux être milliar-daire’, il faudrait demander : ‘Tu te verrais où, dans dix ans ?’ Et là on verra à quel point le flou entoure ces questions. Bien peu répondront du tac au tac. Poser cette question à un jeune et l’entendre répondre qu’il ne sait pas, qu’il ne voit pas, c’est dur. Mais c’est normal, comment peut-on un jour imaginer faire un métier qu’on adore si l’on n’a pas accès aux études qui y mè-nent ? Et là, il n’est plus question de trans-gression familiale, mais de transgression sociale. C’est beaucoup plus compliqué, parce que c’est tout un système.L’important, c’est d’essayer de concrétiser, d’arriver d’un point A à un point B. Pour moi, aller bosser chez Volkswagen, ça n’a jamais été mon point B. Je l’ai fait, et je ne considère pas ça comme une erreur de parcours, parce que ça m’a permis de raconter des histoires, mais ça n’a jamais été mon rêve, ni mon envie.”

La transgression est une des notions essentielles du film. Le personnage prin-

cipal, Hassan, transgresse à la fois les codes de la rue et les valeurs familiales.“Entre Hassan et son père, c’est une histoire de respect. Peut-être trop. Est-ce que le res-pect va t’empêcher d’être sincère, mettre des barrières ? Moi, je dis : oui. Ça ne veut pas dire qu’il faut l’enlever, mais ça crée une distance. Du coup, alors qu’on se voit tous les jours à la maison, on ne communique pas, et il faut un accident pour se parler.L’idée, ce n’est pas la transgression gratuite, c’est de prendre son chemin. Les parents ont besoin d’être rassurés, de savoir que leurs enfants peuvent prendre leur ave-nir en main. La transgression, c’est juste de pouvoir prouver que les gens ont tort. Ça permet de trouver un équilibre. Avec le respect de la famille et tout ça en tête, mais prendre son chemin. Pouvoir dire : ‘Je ne veux pas devenir chauffeur de bus. Et ce n’est pas grave. Je vais essayer de réa-liser mon rêve.’Mon rêve, c’était de faire un film. Alors à un moment, tu te dis : ‘Je vais essayer, et si je me ramasse, tant pis.’ Quand tu bosses à la chaîne la nuit et que c’est pas ce dont tu rêves, à un moment, tu prends des risques parce que t’as rien à perdre. Sinon, tout ça se transforme en frustration qui finira par se ressentir. Et la famille qu’on a créée ou qu’on essaye de construire, elle part sur de mauvaises bases. Quand quelqu’un se lève tous les matins pour faire un boulot qu’il déteste, il ne peut pas être heureux avec ses enfants et leur donner l’espoir d’une vie meilleure.”

Tant qu’on parle des parents, un dernier mot à leur faire passer ?“Écoutez vos enfants. On dit toujours que les enfants doivent écouter leurs parents, c’est vrai, mais les parents doivent écouter aussi. Et puis, évitez la facilité, posez-leur des questions, offrez-leur le panel de voies à suivre et pas juste ‘le mini-foot comme papa’ ou ‘le violon comme maman’. Inci-tez-les à prendre des risques.”

Et au-delà du triomphe en Communauté française, la carrière des Barons est loin d’être finie. Après le roman, le Magritte du Meilleur second rôle pour Jan Decleir et la Quinzaine du cinéma marocain à Strasbourg, le film poursuit son chemin aux quatre coins du monde.“Moi, je ne suis plus le film. Je l’ai fait au début, mais je ne suis pas là où il va, il vit

à sa manière. On nous voyait arriver avec un film sur l’immigration et c’est juste un film de jeunes, un film sur l’amitié. Tout le monde a un rêve, des gens qui ne sont pas des Barons et qui ne viennent pas de Molenbeek peuvent s’identifier. C’est un film très actuel, même s’il y a des ingré-dients perso dedans. C’est grâce à ça que, dans les salles de cinéma, on a pu croiser autant des jeunes que des mères de fa-mille, des Barons et des gens qui avaient des préjugés sur cette communauté. Et tous ces gens totalement différents ont ri au même moment.”

n Propos recueillis parMathieu Nguyen

Nabil Ben Yadir présidera le jury du Festival À films Ouverts, ce dimanche 20 mars à la Maison des Cultures et de la Cohésion sociale de Molenbeek. Toutes les infos sur leligueur. be !

Nabil Ben Yadir revendique sa

touche belge et son identité bruxelloise“Un jour, j’ai entendu un mec qui parlait des Barons. Un fan de foot, style hooli-gan, avec le maillot et le crâne rasé de près. Et son avis sur le film, c’était : ‘Ça, c’est des bons Bruxellois !’ En fait, c’est moi qui l’avais jugé et il m’a fait le plus beau des compliments. Les gens disent que c’est le Bruxelles de demain, je leur réponds : ‘Non, c’est le Bruxelles d’aujourd’hui’. Ce mélange-là, pour moi, c’est ça, la couleur de Bruxelles. On parle toujours du surréa-lisme à la belge, mais quand on introduit le surréalisme à Molenbeek, les gens ont des a priori. Ils pensent que le surréalisme s’ar-rête aux portes des quartiers populaires. Que nous, on a juste droit au réel, au so-cial, au drame.Aujourd’hui, les Bruxellois s’appellent Frank, Victor et Jean-Jacques, mais aussi Hassan, Aziz et Mounir. Et ils ont droit à leur part de surréalisme et d’humour. Tout le monde attendait un La Haine belge et c’est de la joie qui sort. On nous attendait dans le drame social et c’était purement une question de références cinématogra-phiques. Quand tu entends des jeunes d’ici, qui parlent en verlan et disent venir des cités, t’as envie de répondre : ‘Attends, à Molenbeek, y’a pas de cité !’. Ce n’est pas la même réalité que dans La Haine. Mais la BM achetée à huit ou le chasseur de droits, c’est chez nous. Ça, et le fait qu’on ait traité le sujet sans se prendre la tête, ça a sur-pris les Français. Quand Jamel Debbouze vient à Bruxelles et qu’il veut me rencon-trer parce qu’il a adoré, là, c’est vraiment super. D’ailleurs le film a cartonné dans les banlieues françaises. Il a énormément été téléchargé, tant mieux. Quand tu as quatre enfants et que le cinéma te coûte 50 €, tu télécharges, c’est normal.”

n M.N.

Nabil Ben Yadir : “Transgresser, c’est aussi prouver que les autres ont tort”

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Pour coller au thème de ce numéro spécial du Ligueur

sur la punition, l’Actu Jeunes a choisi de s’intéresser à

la fessée à travers la question suivante : quels sont les

pays européens qui ont voté une loi pour l’interdire

à l’école, mais surtout à la maison ?

La fessée en Europe

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Fessée interdite à la maison et à l’école

La “petite main verte” indique les pays où la fessée est interdite, aussi bien à l’école qu’à la maison. En Suède, en Bulgarie ou encore au Portugal, par exemple, les en-fants ont la belle vie pourrait-on penser d’emblée : pas question pour eux de re-cevoir une fessée ou tout autre mauvais traitement lorsqu’ils font des bêtises ! Pour-quoi ce règlement ? Parce que, dans tous ces pays-là, les responsables ont décidé de voter une ou plusieurs lois concernant ce sujet. La loi interdit donc aux parents ou aux instituteurs de frapper leurs enfants ou leurs élèves. S’ils le font, ils risquent d’être jugés et punis par un tribunal.

En observant la carte, on constate que tous les pays du nord de l’Europe ont interdit la fessée. Ce n’est pas par hasard. La Suède fut la première dans le monde à agir ainsi : c’était en 1979, déjà. La Finlande (1983) et la Norvège (1987) ont rapidement suivi cet exemple. Pourquoi les pays nordiques ont-ils été les premiers à agir ainsi ? D’une manière générale, on peut dire que le fait d’avoir très tôt voté ce genre de loi cor-respond bien aux habitudes des habitants du nord de l’Europe, notamment dans la manière d’élever leurs enfants. En effet, dès les années 1950, des parents, des psycho-logues ou d’autres spécialistes ont estimé qu’il était important de ne plus frapper les enfants pour les punir, comme c’était le cas dans le passé (voir page 25). Ces personnes ont donc tout fait pour que les responsables de leur pays votent des lois en ce sens.

Fessée interdite à l’école

La “petite main bleue” indique les pays qui ont voté une loi pour interdire la fessée à l’école. Attention : les pays qui sont rensei-gnés avec une “petite main verte” sont aus-si dans ce cas. Résultat : à deux exceptions près (la France et la République tchèque, voir plus loin fessée interdite nulle part), tous les pays européens interdisent donc la fessée et les mauvais traitements à l’école. La plupart d’entre vous s’étonneront sans doute qu’une telle loi existe à l’école. Et pourtant, la plupart des pays européens ont pris depuis bien longtemps déjà une telle décision. Le premier pays à l’avoir fait est la Pologne : c’était en 1783 déjà. Et la Belgique ? Chez nous, cette loi a été votée en 1900, tout comme en Autriche et en Finlande, soit bien avant la majorité des pays européens.

Fessée interdite nulle part

Étonnant de retrouver la France parmi les deux seuls pays d’Europe où la fessée n’est interdite “nulle part”, en d’autres mots où aucune loi n’interdit ces pratiques ni à la maison, ni à l’école. Pourtant, dès 1887, la fessée et les châtiments corporels furent interdits dans les écoles françaises. Mais deux ans plus tard, un autre règlement autorisa tout de même les instituteurs à punir leurs élèves en les frappant. Et de-puis, aucune loi n’a été prise pour que

cette pratique soit interdite une bonne fois pour toutes. Attention, cependant : en France comme en République tchèque, le fait qu’aucune loi n’existe à propos de la fessée à l’école ou à la maison ne si-gnifie pas pour autant que les parents et les professeurs punissent davantage les enfants en les frappant que leurs voisins européens. L’idée suivante est importante à comprendre : ce n’est pas parce qu’au-cune loi interdit la fessée que les adultes en donnent plus régulièrement aux en-fants qu’ailleurs.

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l Une Europe qui déborde sur l’AsieFaites le compte : sur la carte ci-contre, notre graphiste a situé 47 États, tous représentés à l’aide d’une petite main colorée. Mais à quoi correspondent ces États ? Certainement pas aux membres de l’Union européenne qui, rappelons-le, ne sont que 27. À l’ensemble des pays européens alors, me direz-vous ? Eh bien non, pas tout à fait… La Géorgie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan ou encore Chypre ne sont pas situés sur le continent européen, mais bien en Asie. Vous donnez votre langue au chat ? Ces États sont, en réalité, les 47 membres du Conseil de l’Europe qui, malgré ce que l’on croit parfois, n’a absolument rien à voir avec l’Union européenne.

En deux mots, le but du Conseil de l’Europe est de défendre la démocratie et les droits de l’homme au sein de ses pays membres. Il est donc logique que cette organisation se soit penchée sur la fessée ou plutôt sur ce que l’on nomme aussi, d’une manière plus générale, les châtiments corporels. Ce terme désigne l’ensemble des coups ou des mauvais traitements que les adultes font subir aux enfants pour les punir. Depuis plusieurs années, le Conseil de l’Europe tente de convaincre tous ses membres de l’importance de voter une loi pour interdire les châtiments corporels aussi bien à l’école qu’à la maison.

Encore une précision par rapport à la carte ci-contre. Entre la Lituanie, la Rus-sie et l’Ukraine, vous remarquerez un pays, la Biélorussie, qui n’a pas de “petite main” en guise de symbole. Ce n’est pas un oubli de la part de notre graphiste. En effet, la Biélorussie ne fait pas partie du Conseil de l’Europe. C’est d’ailleurs le seul pays du continent européen qui est dans ce cas.

l Les parents, maîtres chez euxOn pourrait se poser la question suivante à propos de la fessée : pourquoi son interdiction est-elle une histoire très ancienne à l’école alors que tous les pays ne l’interdisent pas encore à la maison ? Simplement parce que l’école est ce que l’on appelle un lieu public. Il est donc important que l’État, en d’autres mots les responsables du pays, prenne des décisions et impose des règles pour organiser la vie en société. Et dans le cas de la fessée et des châtiments corpo-rels, l’État les interdit à l’école pour protéger les enfants et faire en sorte qu’ils grandissent le mieux possible.Par contre, la maison est un espace privé où l’État intervient moins. En effet, il est important que, chez eux, les parents soient libres d’éduquer leur enfant comme ils le souhaitent. C’est pour cette raison que de nombreux pays euro-péens refusent encore et toujours cette idée de faire voter une loi pour inter-dire la fessée à la maison. Attention : cela ne signifie pas pour autant que les parents ont le droit de tout faire dans ce domaine. Dans de nombreux pays (dont la Belgique), des lois existent pour interdire ce que l’on appelle la mal-traitance des enfants. Cela signifie que les adultes qui battent leurs enfants ou encore leur font subir des violences sexuelles sont punis par les juges et peu-vent même être mis en prison.

l L’Europe, en avance sur le reste du mondeQuittons maintenant la carte de l’Europe pour nous intéresser au reste de la planète. Ailleurs dans le monde, quels sont les pays qui ont aussi voté une loi afin d’interdire la fessée à la maison ? En réalité, ils sont très peu nombreux. Il s’agit du Venezuela, du Chili, de l’Uruguay et du Costa Rica, en Amérique du Sud et centrale. D’Israël en Asie et de la Nouvelle-Zélande en Océanie.

Pourquoi une telle différence entre l’Europe et le reste du monde ? Pour répondre à cette question un peu compliquée, il faut faire un bond de plusieurs siècles en arrière. Jadis, en Europe et un peu partout dans le monde, il était habituel que les adultes frappent les enfants lorsqu’ils faisaient des bêtises : on pensait que cela les aidaient à être plus obéissants, donc à grandir correctement. Ils frappaient avec leurs mains, mais aussi parfois avec différents objets comme un fouet, une ceinture… Aujourd’hui, chez nous, la plupart des spécialistes sont d’accord pour dire que les châtiments corporels n’aident pas les enfants à grandir, bien au contraire. Ailleurs dans le monde, cette idée n’a pas encore fait son chemin : dans certains pays et certaines cultures, les châtiments cor-porels sont encore pratiqués à l’école et en famille. Chaque année d’ailleurs, des enfants sont blessés, parfois gravement, après avoir reçu de tels coups.

Autre explication : dans les pays du sud de la planète surtout, où tous les enfants ne mangent pas à leur faim, voter une loi contre la fessée n’est pas nécessaire-ment une priorité. Là-bas, il existe tellement de choses à faire pour améliorer les droits de l’enfant qu’il est bien difficile de savoir par où commencer.

l En savoir +Pour en savoir plus sur le sujet, lisez l’article de la page 12 : Pour ou contre la fessée ? À découvrir aussi, une brochure sur les châtiments corporels, sur le site du Conseil de l’Europe (www.coe.int) : sur la page d’accueil, cliquez sur la rubrique Protéger pas frapper.

Le dessous de la carte

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La fessée et les latitudes

La carte nous montre aussi qu’Andorre et la Géorgie sont plus ou moins situées à la même latitude. Pour comprendre cette notion, il faut rappeler ce que sont les fa-meux méridiens et parallèles : ce sont les traits bleus que notre graphiste a tracés sur la carte. Les méridiens sont les traits verticaux : ils indiquent la longitude. Tandis que les parallèles sont les traits horizon-taux : ils indiquent la latitude. Grâce à ce système, on peut situer avec précisions tous les points du globe.

n Dossier réalisé par Anouck Thibaut

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