PSYCHODRAMES ET PSYCHODRAMISTES OU ? QUAND ? COMMENT ? POURQUOI?

ISBN 2 - 85892 - 020 - 6

Sous la direction de Maurice-David Matisson (CIRCE) et Philippe Rouyer (CERT)

PSYCHODRAMES ET PSYCHODRAMISTES OU ? QUAND ? POURQUOI ? COMMENT ?

Exposés, commentaires et séminaires tenus lors des premières journées nationales de Bordeaux 1977

Jean-Paul Abribat, Jacques Donnars, Carmen Des Francs, Pierre Bour, Bernard Ferréol, Alain Labopin, Maurice-David Matisson,

Patrick de Neuter, Marie Réveillaud, André Soler.

CAHIERS DU CERT - CIRCE

RÉDACTION

Charles BOUAZIS, Jean BROUSTRA, Bernard FERREOL, Jean GUERRESCHI, Henri LAGRAVE, Maurice D. MATISSON, Jean-Claude REVEILLAUD, Marie REVEILLAUD, Alain RICARD, Nicole ROBINE, Marie-Claire ROUYER, Philippe ROUYER.

SECRÉTARIAT DE RÉDACTION Bruno SIBÉ.

COMPOSITION, MONTAGE, IMPRESSION

Pascal LAGARDE, Jacqueline VIVES, Francis RATHIER.

ADMINISTRATION / DIFFUSION

* CERT : Maison des Sciences de l'Homme d'Aquitaine Esplanade des Antilles Domaine Universitaire 33405 TALENCE CEDEX, France tél : (56) 80. 77. 20. poste 36

* CIRCE : 54, rue Fondaudège 33000 BORDEAUX, France tél : (56) 48.11.70.

© CERT/CIRCE Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays

dépôt légal : 2e trimestre 78 n° 26

INTRODUCTION

Les textes ici rassemblés ( séminaires, exposés, communications ) sont Le reflet fidéle de l' activité qu'ont déployé Les participants aux premières

Journées NationaLes sur le psychodrame qui voulaient in- terroger et ont modestement réussi, nous l'espérons, psychodrames et psychodramistes : où? quand? comment? pourquoi ?, posant Là Les quatre questions fondamentales qui se prolongeront plus tard par d'autres.

IL nous a paru utile de présenter le programme des journées et de donner Les différents textes retenus dans L'ordre ou iLs ont été offerts Les 7 et 8 JuiLLet 1977.

Confronter Les diverses théories et pratiques psychodramatiques présentes : psychodrames plus psycha- nalytiques plus moréniens ou plus somatiques; en parti- culier la confrontation entre psychodramistes psychana- lytiques ; a conduit à davantage de questions que de répon- ses sur la nature psychanalytique du psychodrame (Le fai- re semblant comme équivalent à La régle d'abstinence; situer La gestueLLe comme un Langage corporel). Accent mis sur L'individueL ou Le groupal, le fantasme ou Le transfert. Interrogation enfin sur le processus de for- mation du psychodramiste analyste.

Préciser Les différentes notions que mettent Les praticiens (psychodramatistes ou psychodramalistes) sous Les concepts fondamentaux dans une optique morénien- ne (psycho-drama) remaniée, psychanalytique freudienne ou lacanmenne (psychodream) aura été Le grand mérite de ces journées. Acting out et passage à L'acte modali- tés ou fondement du psychodrame , définissant par-Là même Les Limites et Les chevauchements de L'espace psy-

chodramatique et de L'espace dramatique double articula- tion et la confrontation du dire et de L'agir par rap- port à un texte présent (au théâtre) occulté ou absent (l'inconscient) ; natures et Limites de La catharsis, rôle du corps; forces agissant dans La dynamique psycho- dramatique.

Envisager dans une perspective plus Large Les rapports entre vie sociale, socio-analyse et analyse où La théorie se forgerait au travers des interrogations sur Le Lieu même - séminaire - où eLLe se construit grâce aux composantes sociales, affectives et inteLLec- tueLLes du groupe qui Les élabore.

Voir en quoi le psychodrame sous ses diverses formes et pratiques conduit à L'épanouissement des êtres dans ou au delà de L'espace psychodramatique pour per- mettre à L'homme de se connaitre comme promesse d'être selon des voies diverses et éscarpées.

RéfLéchir sur des considérations plus théori- ques touchant au contrôle ou à la supervision, à la synthèse ou à L'anaLyse inter-reLationeLLe ou inter- transférentiel le, à l'introduction des objets intermé- diaires dans le psychodrame ou au refus de tout objet (faire semblant) ; voir quels rapports entretiennent Les corps au théâtre et dans Le psychodrame comme moyen du dire, de L'agir et du sentir.

Tenter de reconstituer Le théâtre spontané de Moréno devant un auditoire Psy peu enclin à participer sinon dans une certaine forme de passage à L'acte en face de comédiens professionnels rompus aux techniques de L'improvisation permettant de refouler Les tentations sub ou inconscientes.

RévéLer aussi combien il est délicat de jeter des passereLLes entre Le monde symbolique du théâtre et celui du psychodrame

Toutes ces pistes ont été empruntées au cours de ces deux journées où théoriciens et praticiens du théâtre n'ont pas ,sans doute par timidité pris toute

La part que nous Leur aurions souhaité voir assumer. CeLa sera La préoccupation mieux affirmée des Deuxièmes Journées NationaLes de JuiLLet 1978 dans La perspective. conjointe, réaffirmée à chaque numéro de ces cahiers; voir comment théâtre et psychodrame fonctionnent comme métaphore L'un de L'autre et comment Leurs Langages théoriques s'entrecroisent pour serrer au pLus près La réaLité humaine qu'eLLe se donne comme icône ou comme indice sur La voie du symboLique.

Maurice David MATISSON (CIRCE) Phi Lippe ROUYER (CERT )

JOURNEES NATIONALES DE BORDEAUX 1977 PSYCHODRAMES ET PSYCHODRAMISTES

Ou ? Quand ? Comment ? Pourquoi ?

Les journées nationales se sont tenues à La Maison des Sciences de L'Homme d'Aquitaine. Les tra- vaux eurent Lieu sous plusieurs formes : COMMUNICATIONS (interventions suivies de discussions en présence d'un régulateur), EXPOSES, SEMINAIRES (groupe de discussions et d'échanges sur un thème donné et brièvement intro- duit sur Le plan clinique, pratique ou théorique par Les intervenants) et ATELIERS (proposition aux parti- cipants de vivre des situations de psychodrames diver- sifiés : écoles, méthodes, théories différentes), qui Leur permettent de se sensibiliser aux différentes va- riables du travail psychothérapique en groupe. Chaque moniteur dispose de quatre heures dont iL assure - et Lui seul - L'entière responsabilité. Le nombre des par- ticipants est Limité impérativement à vingt personnes par atelier. Le programme est présenté dans son dérou- Lement chronologique. Les textes présentés dans ce cahier sont suivis d'une astérisque (*).

VENDREDI 8 JUILLET, matinée.

Ouverture des travaux par Christian GRUN, vice-président de L'Université de Gascogne, représen- tant le Président de L'Université de Gascogne, Robert ESCARPIT et par Henri LAGRAVE, Directeur du Centre d'Etudes et de Recherches ThéâtraLes.

EXPOSE Carmen des FRANCS (Institut de psychodrame du

Québec (Canada).

"Diversité et spécificité de la pratique psy- chodramatique" (Psychodrme et contexte québécois) (*)

Carmen des FRANCS prend appui sur son expé- rience Longue et diversifiée du psychodrame (enfants en milieu défavorisé ; patients phobiques, psychodra- me axé sur Le masque - formation) pour montrer La spé- cificité du travaiL psychodramatique à travers diverses modifications techniques qu'eLLe a apportées à La mé- thode morénienne.

VENDREDI 8 JUILLET , après-midi (14 heures).

COMMUNICATION Patrick de NEUTER (Louvain, Belgique).

"Acting out, passage à l'acte, symbolisation, et représentation psychodramatique" (*)

L'intervenant est psychanalyste et psychodra- matiste, premier assistant à La faculté de médecine de L'Université de Louvain (Belgique). ResponsabLe d'un programme de recherche concernant le psychodrame et responsable du secteur psychothérapie de groupe, iL nous présente ses vues sur ces problèmes. Avec Marie REVEILLAUD (CIRCE, Bordeaux), régulatrice.

SEMINAIRE Jean-PauL ABRIBAT (Université de Bordeaux II)

"Psychologie sociale et théorie psychanaly- tique " (*)

Jean-PauL ABRIBAT, Maître-Assistant de socio- logie à l'Université de Bordeaux II propose un séminai-

re autour du thème "Psychologie sociale et théorie psy- chanalytique". IL envisage que ce séminaire puisse pren- dre La forme d'un groupe de réflexion (une réflexion en groupe) où chacun apporterait en situation, au pré- sent, et en quelque sorte à chaud, ses interrogations, ses références théoriques et pratiques, ses doutes et même ses ignorances et ses apories. IL s'agirait de scénariser en groupe le mouvement vers une connaissan- ce, La dynamique et la dialectique d'un certain rapport au savoir, en pointiLLé et ouvert, dans la mise en pLa- ce et La figuration obscure de la transversa l ité inter- transférentieLLe du (des) sujet.

En guise de balises, quelques questions : — Le psychodrame socio-analyse et le psycho-

drame approche psychanalytique : situation, sens, "valeur", Limites de cette distinction, différencia- tion, "clivage", ?

— des catégories psycho-sociologiques, Leur niveau opératoire, Leur fonction nourricière de(s) ré- sistance ?

— le Leadership Lieu focal de La résistance. — empathie, télé, transfert. — une fiction opérante : "L'appareiL psychi-

que groupal".

— du corps et la Langue.

Ce questionnement muLtipLe éclaté n'est à pren- dre ni comme exhaustif ni comme parcours obligé.

"La psychologie individueLLe se présente dès le Le début comme étant en même temps, par un certain cô- té, une psychologie sociale, dans le sens élargi, mais pleinement justifié du mot".

PsychoLogie coLLective et analyse du moi - S. FREUD.

Avec Bernard FERREOL (CIRCE, Bordeaux), régulateur.

ATELIER

"Psychodrame relationnel en groupe ouvert", dirigé par Le docteur Pierre BOUR (médecin-chef au centre psychothérapeutique de La Chartreuse (Dijon).

ATELIER

"Psychodrame analytique individuel en groupe", dirigé par HéLéne MASSOL-REINHART et Maurice David MATISSON (CIRCE, Bordeaux).

VENDREDI 8 JUILLET, après-midi (16 heures).

COMMUNICATION André SOLER (SEPT, formateur psychothérapeute

individueL et de groupe (CLermont-Ferrand).

"Un perdu pour un trouvé ou surmonter la cas- tration" (*)

L'auteur veut montrer à La fois comment Le psychodrame peut aider à surmonter La castration en paraLLèLe avec La façon dont L'enfant La surmonte. Son propos sera d'anaLyser une séance de psychodrame sur ce thème. Ainsi, iL montrera ce qu'est Le psychodrame qu'iL pratique à La SEPT. Dans Le souci de référer à La fois à La pratique et à La théorie, La seconde di- mension de son propos sera de montrer comment Le psy- chodrame est une irrempLaçabLe écoLe tant iL donne à vivre une "psychoLogie pratique". Cette psychoLogie n'est autre que ceLLe qui Lui sert de référence : La psychana Lyse. Avec AnneLiese VERITE (CIRCE, Bordeaux), réguLatrice.

SEMINAIRE Carmen des FRANCS (MontréaL)

"Le couple thérapeute, la co-thérapie en psy- chodrame" (*) Avec Catherine JAWORSKI (CIRCE, Bordeaux), régulatrice.

VENDREDI 8 JUILLET, soirée.

THEATRE SPONTANE/JOURNAL VIVANT Stegreiftheater à l'Espace-Théâtre,

Avec Jean DARIE, Marie ROUVRAY (Exagone 95) Yvan BLANLOEIL, Guy LENOIR , GiLbert TIBERGIEN

(Compagnie du jour où L'on joue). Présentation de Maurice David MATISSON (*)

SAMEDI 9 JUILLET, matinée (9 heures).

COMMUNICATION Pierre BOUR (Dijon)

"Les courants pulsionnels au psychodrame" (*)

"Les courants puLsionneLs sont toujours mobi- Lisés dans La thérapeutique cathartique et peuvent être rangés gLobaLement en trois courants principaux :

— L'agressivité inconsciente ou "agressio", qui suppose La régularisation des tensions à L'inté- rieur du groupe.

— "L'ambitio" ou tendance à s'affirmer et à dominer qui fait ressortir certaines personnalités pouvant s 'afficher dans un climat hystérique ou une tendance paranoïaque ; mais, par aiLLeurs, cette puL- sion met en cause La question du Leader dans Le groupe.

— Enfin, "l'attractio" ou affinité particu- Lière entre Les membres du groupe comporte des oscil- Lations entre attirances et confrontations et n'est pas à mettre au compte seulement de L'imprécise Libido, mais soulève la question de L'engagement personnel de L'animateur et des autres membres du groupe ainsi que toute la question du transfert.

A ces trois pulsions, iL convient d'ajouter Les deux fonctions d'assimilation et d'élimination psy- chiques qui viennent concourir au contrôle de chaque individu dans le groupe". Avec Christian COLET (CIRCE, Bordeaux), régulateur.

SEMINAIRE Philippe ROUYER (CERT, Bordeaux)

"Le corps icônes index, symbole" (*)

A partir de la réflexion sémiotique sur le fonctionnement des codes au théâtre (codes iconique, indiciel, symbolique) préparation, place, fonction du corps au théâtre. HomoLogie ou hasard des rapports avec le corps dans le psychodrame. Avec Maurice David MATISSON (CIRCE, Bordeaux), régula- teur.

ATELIER "Psychodrame analytique Freudien et discussion

théorique", dirigé par Anne CAIN (SEPT, psychanalyste de L'écoLe freudienne, Marseille), avec André SOLER (Observateur).

ATELIER "Psychodrame analytique",

dirigé par Bernard FERREOL et Catherine JAWORSKI (CIRCE, Bordeaux).

SAMEDI 9 JUILLET, matinée (11 heures).

COMMUNICATION Docteur Jacques DONNARS (Président de L'asso-

ciation "Le corps à vivre" ; pratique un psychodrame associé à La gestaLt et La bio-énergie, et aux techni- ques de reLaxation dynamique).

"Les Chemins de l'épanouissement" (*)

Le psychodrame met en scène des situations vécues, des situations imaginaires, des rêves. IL a donc par ceLa même mobiLisé Le corps et adjoint à La paroLe des attitudes, des gestes qui ont iLLustré Les confLits. Cependant, Le corps reste ici prisonnier de La fable, iL est à son service, iL peut s'y compLaire, voire s'y perdre, parfois s'y trouver.

Peut-on envisager d'adjoindre à ces techniques des routes qui mettent ce corps davantage en cause et obLigent Le patient à découvrir Les rapports du corps et du sujet ?

Ceci peut-iL être tenté au cours même du psy- chodrame, en se servant de La quaLité de L'émotion dé- cLenchée par La mise en situation pour bascuLer Le rap- port sujet-objet et permettre à L'individu des prises de conscience sur ses propres structures, en interve- nant directement sur son schéma corporeL : techniques respiratoires, pression sur différentes zones porteuses de haut potentieL de tension, etc ... ?

Doit-on au contraire garder au psychodrame sa pureté technique et n'utiLiser Les techniques du corps que dans un second temps ?

Y a-t il des indications pour La première éven- tuaLité, des contre-indications, incidents et accidents possibLes ?

Risque-t-on de voir Les techniques de gelstalt et de bio-énergie évincer progressivement Le psychodra- me à Leur profit ? Avec AnneLiese VERITE (CIRCE, Bordeaux), réguLatrice.

SEMINAIRE Maurice David MATISSON (CIRCE, Bordeaux).

"Psychodrame et supervision(s)" (*)

QueLLes que soient Leur formation d'origine, La Leçon de Leur expérience, La référence théorique, tous Les psychodramistes éprouvent Le besoin (sinon Le désir) d'aLLer parLer, en dehors de L'espace où iL se dérouLe, du psychodrame qu'iLs pratiquent. QueL est Le sens pour Le psychodramiste et pour ceLui qui L'écoute, de ce détour tiers (ou quart) par Le truchement du discours ? Avec Bernard FERREOL (CIRCE, Bordeaux), réguLateur.

SAMEDI 9 JUILLET, après-midi (14 heures).

COMMUNICATION Docteur ALain LABOPIN, Centre Psychothérapique

de La Chartreuse (Dijon).

"Schizophrènes et objets intermédiaires en psychodrame" (*)

Cette communication traite des ressources thérapeutiques apportées par L'introduction d'objets concrets et intermédiaires en psychodrame de schizo- phrènes.

Leur effet thérapeutique Le pLus immédiat et Le pLus primitif est La mobiLisation des puLsions dans un axe dynamique structurant.

Les objets Les plus mobilisants sont Les qua- tre éléments : L'eau, la terre, L'air et Le feu, tels qu'ils sont introduits dans la technique du Docteur Pierre BOUR. Ce domaine d'expressivité est très riche : iL ne pourra être développé et Les propos du Docteur LABOPIN se Limiteront à L'énoncé de quelques générali- tés concernant le vécu du groupe.

ALain LABOPIN s'attardera plus Longuement à décrire des modèles reLationneLs où prend place l'objet concret dans une visée thérapeutique bien définie, tels L'étabLissement de La communication, la régression, L'expression et La satisfaction d'un désir, La concré- tisation d'un fantasme angoissant. Son sujet sera étayé sur des exemples cliniques. Avec Bernard de MAISONNEUVE (CIRCE, Vendée), régulateur.

SEMINAIRE Mireille et Bernard FERREOL (praticiens du psy-

chodrame individuel en milieu hospitalier : pédiatrie et psychiatrie infantile), (CIRCE, Bordeaux).

PauLette et Maurice David MATISSON, psychana- Lystes (CIRCE, Bordeaux).

"Reflexions à partir de deux cas d'enfants asthmatiques en psychodrame individuel" (*)

Pédiatres et a l lergologues admettent l'exis- tence d'une participation psychologique dans La genèse des manifestations asthmatiques. Il reste cependant difficile d'établir un dialogue sur La signification psychologique de celles-ci avec Le patient et son en- tourage : La prise en charge psychothérapique clinique est souvent décevante.

C'est ce constat d'échec qui a conduit PauLette MATISSON, Maurice David MATISSON, Bernard FERREOL et Mireille FERREOL à organiser des psychodrames indivi- duels pour deux enfants asthmatiques : psychodrames qui pour des raisons diverses se font en présence et

avec la participation de La mère de L'enfant. Avec Marie REVEILLAUD (CIRCE, Bordeaux), régulatrice.

ATELIER "Etude de cas par le psychodrame"

dirigé par André SOLER.

SAMEDI 9 JUILLET, après-midi (16 heures).

COMMUNICATION Patrick de NEUTER

"Les entretiens (pré) liminaires : évaluation d'une indication ou élaboration d'une demande ?" (*) Avec Géraud REY LESCURE (CIRCE, Bordeaux), régulateur.

COMMUNICATION Bernard FERREOL (CIRCE, Bordeaux).

"Entre rêve et réalité : le psychodrame" (*)

IL s'agit d'un essai de définition d'un espa- ce psychodramatique entre le Langage et Le corps, L'affect et la représentation, à partir d'une expérien- ce de formateur et de thérapeute individuel et de grou- pe en particulier en psychiatrie infantile. Avec Maurice David MATISSON (CIRCE, Bordeaux), régula- teur.

SEMINAIRE "Institution et psychodrame" (*)

dirigé par MadeLeine DAVIAU, Dominique DU PORTAL (CIRCE, La Rochelle), Christian COLET, Catherine JAWORSKI, Marie REVEILLAUD (CIRCE, Bordeaux).

Comment le psychodrame peut-il prendre corps, dans et malgré le désir des sujets de L'institution ?

Tous sont psychothérapeutes individuels et de groupe et psychodramistes dans le cadre d'institutions diverses : centres hospitaliers spécialisés, centres de réadaptation, de guidance, C.M.P.P., I.M.P., etc...). Avec Héléne MASSOL-REINHART (CIRCE, Bordeaux), régula- trice.

Clôture des travaux par Philippe ROUYER, Directeur du Centre d'Etudes de Recherches Théâtrales.

Carmen DES FRANCS

DIVERSITE ET SPECIFICITE DU PSYCHODRAME

Ce thème suggère d'emblée La définition de systèmes conceptuels, L'énumération de théories inspi- rées, de techniques innovées ou bien reproduites, celles-ci faisant appel, ici, Là ou aiLLeurs, à La spontanéité, L'expression corporeLLe, la catharsis, l'obj et médiateur, L'anaLyse inter-relati onnelle, l' ana- Lyse des mécanismes inconscients, etc... Tant d'autres approches devenues Le propre de tendances nouveLLes qu'il est peu aisé d'en faire La nomenclature, la défi- nition exacte, la comparaison de Leur diversité à L'heure actueLLe sans courir le risque de s'y tromper. L'occasion se présente au cours de ces deux journées, d'y référer, de Les distinguer, de saisir ce que chaque psychodramatiste ici présent y entend, selon que son attitude est strictement pédagogique, psycho-sociolo- gique ou psychanalytique, selon qu'il tente de concilier des tendances diverses.

Démontrer la diversité et la spécificité du psychodrame à partir de ses formes serait maL entendre celui qui préside à son instauration. Le psychodrama- tiste, de par sa diversité, son unicité est Le premier concerné devant L'acte qu'il pose. Acte signalant sa propre entrée et ceLLe du psychodramant aux registres psychodramat iques.

CeLui que L'on nomme, diversement d'un Lieu à L'autre, directeur de scène, animateur, moniteur, psy- chothérapeute, psychanalyste ou de toute autre appeLLa- tion spécifique référant à ce rôle, se campe tout d'abord devant sa propre psyché, devant son propre drame, se campe essentieLLement devant son désir. Qu'iL en fasse une conduite théâtrale, une expérience cathartique, une tentative de ré-apprentissage, une analyse groupale, une psychanalyse possible de L'individu, L'acte qu'il pose est porteur d'un relais de sens. Sens enchaîné aux mythes tout-puissants, sens porteur de L'uLtime désir d'identification à L'autre le héros, sens définissant L'acte créateur. MuLtipLes portées de relais de sens.

Le psychodrame est-il L'oeuvre du désir du psychodramatiste? Où le mène son désir? Est-ce dans La complaisance du miroir? Est-ce dans L'éventaiL diversi- fié de ses techniques? Ou bien est-ce à La saisie même du fantasme afin d'en faire une canalisation symbolique délivrante, à la saisie proprement dit de L'Inconscient?

Toute puissance. Omniscience. Tentation commune à tout psychodramatiste, à tout psychothérapeute, à tout analyste. Tentation proprement dite du psychodramatiste recherchant L'identification à son créateur en re-créant la scène de la vie, de la mort. Jouer Dieu, jouer à Dieu, faire jouer Les dieux. Jouer avec son fantasme, jouer avec Le fantasme de L'autre peut être fascinant. Perpé- tuer L'iLLusion du pouvoir régénérateur par L'entremise des dieux sur scène, sur le Lieu du culte imaginaire suppose un mouvement d'autant plus magique que la magie enferme Le jeu dans la répétition des mots, des gestes, des cris, des Larmes. Répétition de L'énergie pulsion- neLLe pouvant aLLer jusqu'à L'expLosion cathartique.

Le psychodramatiste ne peut oublier qu'il est avant tout un thérapeute à L'écoute de L'Inconscient et non un magicien qui cède à ce premier mouvement, celui-ci L'enfermant et ce qui plus grave encore, avec son psychodramant dans L'Imaginaire. La diversité de L'expression puLsionneLLe ne doit pas L'entraîner jus- qu'au vertige de ses propres pulsions. La diversité de

ses techniques ne peut et ne doit Lui faire oublier sa spécificité de thérapeute au sens intégral. S'iL trouve La voie à L'Imaginaire, iL ne peut se permettre de per- dre de vue la voie suivante par exceLLence du SymboLique. Ce n'est pas le refrain sempiternel des "ainsi font, font Les petites marionnettes " qui Libère son psycho- dramant. C'est à Lui d'entendre le refrain du psychodra- mant, de L'inscrire dans un chant nouveau, dans un chant Libérateur. C'est à Lui d'être à L'écoute de La mélodie, de La dissonance des signifiants, à L'écoute des tons majeurs et mineurs que donne Le psychodramant à ses propres signifiants, que donne le groupe à son discours.

Que demande le psychodramant au psychodrama- tiste? De Le délivrer? De L'égaLer? De se mettre à L'écoLe de la vie? EcoLe de psychodrame, école de La vie. EcoLe de L'enfance reprise cette fois-ci par le choix du psychodramant et non plus de ses parents. Cette ren- trée de classes à L'écoLe du psychodrame est-eLLe fonc- tion de sa demande? de son désir? Autrement dit que vient chercher Le psychodramant? Les éléments de connais- sance du "b a ba" de son désir? Le prix de distinction le gratifiant de psychodramatiste? Reprenons L'écoLe. Que suppose-t-eLLe en semaine? De la récitation sous forme de mémoire fleuve, de la récréation, de L'assimi- Lation des connaissances? Que suppose L'écoLe de psycho- drame tout au Long des sessions? Serait-ce de La revi- viscence sans cesse d'affect "in situ" sans souci d'une saisie représentative du jeu, de La parole? Ou bien des thèmes énoncés, la cohérence, l'incohérence de Leur énonciation? De L'auto-anaLyse individueLLe? De L'ana- Lyse du discours groupal? A L'écoLe de L'enfance, des examens. A L'écoLe de psychodrame, de L'angoisse. Angois- ses diverses, peut-être morcelante, persécutive, dépres- sive, de castration. Le psychodramant à L'écoLe de L'aduLte reprend son enfance au psychodrame, par le psy- chodrame. Et tandis que L'écoLier propulse ses identi- fications face à son maître, ses camarades, Le psycho- dramant reprend son cycle d'identification fusionnelle, par similitude, par ressemblance afin de parvenir à ce qui doit Le caractériser fondamentalement, sa différence de L'autre. Identifications partieLLes surgissant dans l' énoncé et énonciation de thèmes au jeu. Identifications

rivées à la forclusion ou bien saisies à fins de réamé- nagement. Le psychodrame frappe par la diversité des composantes identificatoires qu'iLLustre plus particu- Lièrement le jeu du corps, ses mimiques, sa pause, son éclat du moment, sa fixité. Ce corps venant se signifier "hic et nunc" dans un même mouvement harmonieux, sinon dans un mouvement partiel ou inversé du Langage signifié des identifications, du Langage du désir.

Registre sémiotique, présent par exemple dans ce qui du Langage n'est pas verbal. Registre LibidinaL, registre de Thanatos, le psychodrame est source en chaque psychodramant d'une synthèse possible en ce qui en Lui relève de ces registres. Cohérence du Verbe. Cohérence de L'Acte.

Ce fut, iL y a trois décades et plus, le signal de cette synthèse à ne plus entendre comme un déroule- ment de voix, de corps mais à re-entendre et à reprendre dans la cohérence de ce déroulement, c'est-à-dire comme un discours de L'Inconscient.

PSYCHODRAME ET CONTEXTE QUEBECOIS

Après cette introduction du thème, voici à présent ce que furent mes premiers essais de mise en application du psychodrame à Montréal. EssentieLLement, de groupes de psychodrame et peu de psychodrame indi- viduel.

L'ensembLe de ces activités psychodramatiques est relaté dans cet exposé d'une façon panoramique. Je ne puis entrer dans Le détail en ce délai accordé. IL m'est venu à la pensée d'en parler en faisant simulta- nément part du cadre dans LequeL ces activités ont évo- Lué. Je réfère au milieu socio-cuLtureL du Québec plus particulièrement au début de L'exposé, en fonction du milieu défavorisé de Montréal et vers La fin de L'ex- posé, je réfère à la classe moyenne et professionneLLe.

Comme vous le constaterez, Le Québec a vécu en un temps très court, une extraordinaire transforma- tion. IL y eut, ce qu'on a appelé en ce temps "La gran- de noirceur", caractérisée par un régime autocratique de trente ans ayant pris fin à La mort de Duplessis en 1959. Il y eut ce qu'on a appelé "La révolution tran- quille". Il y a présentement ce qu'on appeLLe "L'idéo- Logie du changement..

C'est donc de 1964 à 1977 que j'ai évolué avec mes groupes de psychodrame, si on peut dire, non pas en forêt vierge mais plutôt en pays de neige où le psychodrame en 1964 était, à ma connaissance, pratiqué par un seul psychodramatiste au Québec(1). Celui-ci, psychanalyste exerçait Le psychodrame psychanalytique individuel pour enfants.

Tout d'abord, je mentionne en passant, avoir suivi en premier temps des sessions de psychodrame en

1963-64 à Paris, menées par Le groupe de La C.E.F.F.R. A.P. (groupe dirigé par D. Anzieu). Sessions hebdoma- daires que j'aurais vouLu proLonger n'eût été L'obLi- gation de retourner à MontréaL dès 1964.

Dès mon retour, exerçant L'empLoi de psychoLo- gue clinicienne à L'HôpitaL Notre-Dame, je profitai de La soupLesse de La Direction afin de faire des sta- ges réguLiers à Beacon, avec Moreno et Zerka sa femme. Donc, d'une part, L'approche anaLytique reçue comme première initiation, d'autre part, des réaLités sur pLace qui me firent opter pour La démarche morenienne, je L'expLique pLus Loin. Ceci dura jusqu'en 1970-72 où un tournant se fit. Je Laissai L'approche morenienne et revint définitivement à L'approche anaLytique.

Le groupe des enfants que je vais décrire ap- partient au secteur de L'HôpitaL Notre-Dame, secteur pour ainsi dire Le pLus défavorisé de La viLLe de Mont réaL. Secteur qualifié de "zone grise", où des famiLLes nombreuses vivent en Logement exigu. Familles ayant Le pLus souvent un père absent dans Les deux sens du terme; présentant habitueLLement une personnaLité passive, de l'alcoolisme invétéré, une attitude pour ainsi dire d'irresponsabilité généralisée. La mère se caractéri- sant davantage par le prise des principaLes responsa- biLités. L'administration du budget Lui revient. Budget Le pLus souvent renfLoué par Le Bien-Etre SociaL (Sé- curité SociaLe) ou toute autre aLLocation d'assistan- ce à ce milieu. Condition économique qui, seLon L'é- cheLLe de classifi cation de Hollingwood et RedLich, reLève de La cLasse 5 c'est-à-dire "au seuiL de La pauvreté".

Cependant, Logement où La T.V. et Le téLéphone sont promus rois, biaisant totaLement Le système de va- Leurs dans La reLation d'objet entre parents et enfants mais en fait, n'étaient que Le proLongement du mythe de L'Amérique du Nord : L'argent. Angoisse de L'argent, priorité de L'argent. VaLeur fonctionneLLe

avancée, L'enfant reçoit Le message d'amour via La prodigalité de nourriture, de vêtement. "IL a tout ce qu'il Lui faut, il ne manque de rien" répètent ces mères vers ces années 1964-68. Mères qui ne savent regarder L'enfant, ignorent Le geste tendre, affectueux qui réchauffe La relation d'objet. Mères elles-mêmes démunies, reproduisant en décalque ce "peu" reçu de Leur propre mère. En définitive, une pauvreté qui, loin d'être assumée, comme je L'ai constaté moi-même dans des régions défavorisées de la Méditerranée, de L'Eu- rope, est une pauvreté qui sent l'amer, L'amertume, L'échec, compte tenu de la référence symbolique sans cesse comparative à l'argent : en plus - en moins - comme L'autre - moins que L'autre - plus que L'autre... Compte tenu de L'accent mis sur le verbe AVOIR.

Je passe rapidement au groupe d'enfants de La pédo-psychiatrie où a Lieu Le psychodrame à L'HôpitaL Notre-Dame. Le pédo-psychiatre en chef me propose la formule de groupe, La formule individueLLe Lui paraît peu "rentable," la Liste d'attente est Longue, Les enfants peu articulés en thérapie individueLLe.

La première étape s'exprime en termes de stu- péfaction. Des enfants stupéfaits de s'entendre dire, de raconter des histoires. Moi-même stupéfaite de voir L'expression de ces enfants difficilement quaLifiabLe. Un mélange de terreur, méfiance, crainte se Lit sur Leurs visages, des réactions figées, des réponses don- nées de L'ordre du "j'sais pas, pas capable." Croyant à des blocages névrotiques, je m'interroge en termes de transfert, étant étrangère, parlant sur un mode un peu différent. Je m'aperçus par La suite que si je Les épouvantais par ma présence, iLs sont tout d'abord épouvantés de La demande en soi, épouvantés sembLe-t-iL qu 'un geste gratuit, sans référence à des attentes de nature fonctionnelle, Leur soit proposé.

Il m'a faLLu du temps avant de m'apercevoir qu 'i l s'agissait, non pas tant d'une carence socio-éco- nomique à la base comme on le disait avec insistance, mais bien pLutôt d'une carence en termes d'imagerie

Publiés avec le concours de l'ILTAM, les cahiers du CERT - CIRCE ont un objectif pluridisciplinaire : deux numéros seront publiés chaque année :

En juin : un numéro dont la responsabilité sera assumée conjointement par le CIRCE et le CERT ; chacun de ces cahiers constitue un ensemble consacré à l'explo- ration autour d'un thème central, de concepts, de théories et de disciplines aussi différents que psychodrame, psycha- nalyse, sémiotique, information et communication, insti- tution, linguistique, expression...

Chaque cahier de juin sera l'expression du travail accompli sur les lieux de confrontation interdisciplinaire. Il s'agit moins de créer des discours théoriques neufs que d'offrir sur des élaborations singulières des sentes transverses, plurielles, parallèles et contradictoires ; notre ambition est que le lecteur se donne une vision d'en- semble de toutes les extensions possibles du lieu de confrontation retenu.

En décembre : un numéro consacré plus spécifique- ment aux questions que soulève le théâtre, genre littéraire, mode de communication interpersonnelle et groupale, laboratoire socio-esthétique des pratiques individuelles (création) et collective (public) ; le théâtre, métier d'acteurs et de techniciens (plasticiens, scénographes, acousticiens, éclairagistes...). Il sera le fruit de séminaires ouverts aux chercheurs (étudiants de 3 cycle et de doctorat d'Etat) et à tous ceux qui, professionnels, enseignants, public, souhaitent trouver par-delà la représentation théâtrale ou les textes dramatiques, un lieu de confronta- tion ouvert et permanent.

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