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Évoquez-moi le silence Lauriane Fatton

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Évoquez-moi le silenceLauriane Fatton

4.38

----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Poche (110x180)] NB Pages : 34 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 4.38 ----------------------------------------------------------------------------

Évoquez-moi le silence

Lauriane Fatton

644453

Poésie

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L’éveil coloré d’un paysage figé par la nuit

Ses petits pieds froids me frôlent le dos de temps en temps, ce qui me fait oublier le lit moelleux sur lequel mon esprit vagabonde. Mon corps lui, est délaissé comme cadavre, entièrement bercé par l’inertie. Mes grands yeux noirs, dilatés par l’obscurité sont comme figés, inexpressifs. Mon esprit rôdeur m’empêche de m’affairer. Sans relâche, je fixe la fenêtre donnant sur une multitude de bâtisses toutes plus grandes les unes que les autres. Je ne peux distinguer leur indubitable beauté, car leurs formes,

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leurs ossatures sont égrugées par la pénombre.

Importuné par la médiocrité du paysage rebutant, mon esprit inventif prend alors les rênes pour m’emmener dans un monde archétype. Des couleurs apparaissent, des formes se dessinent et je sens déjà un doux rayon de soleil me caresser le museau. Je me sens apaisé. Je peux enfin apprécier les couleurs de la vie.

La luminosité du jour me permet d’avoir une meilleure évaluation des reliefs et des distances, ce qui captive mon attention. Mon petit corps s’actionne telle une machine. Mes yeux bien dirigés sur l’avant, me permettent d’avoir une vision des plus impressionnantes. Mon système autofocus de l’œil se met alors en mouvement ce qui me permet d’avoir une mise au point rapide sur mon

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prochain repas, un bel oiseau panaché. Mon estomac criant famine me supplie de bondir de sang froid sur ma proie. Mes muscles se contractent alors instantanément permettant à mes griffes d’être à l’affût, prêtes à s’activer. D’un saut, je me précipite sur mon menu à plumes. Le trou noir. Que se passe-t-il? Où est donc mon casse-croûte ? Ai-je mangé ? Mon ventre gargouille, j’ai donc au moins une réponse à mes interrogations. Je réalise alors que mes yeux sont fermés. Mais, oui ! Je rêvais, tout simplement. Je n’ai pas bougé d’un poil du lit. Mon esprit parti jouer les aventuriers me prit tout entier, moi et mes songes. J’ai si faim. Je ne pouvais donc m’imaginer ne pas manger. Je m’ennuie affreusement. Je ne pouvais donc m’imaginer rester inerte. Ma vision est si affaiblie par la nuit. Je ne pouvais donc m’imaginer ne pas voir. J’ai rêvé de

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ce dont je désirais et désire le plus en ce moment même.

La lumière du petit jour se faufile peu à peu à travers la chambre à coucher. Mes oreilles se redressent alors et mes moustaches frétillent à la pensée de nouvelles aventures. J’aperçois par la fenêtre les premiers lève-tôt, quelques voitures et une vieille dame donnant du pain aux oiseaux. Je commence à m’impatienter à l’idée de débuter cette journée. Je fais un tour sur moi-même, puis un deuxième et finalement un troisième. Ce dernier me fait perdre l’équilibre et me renverse les quatre pattes en l’air tel un sinoque. Je me dis alors qu’en tant que chat je ne vaux pas un clou. Le réflexe de redressement inné ? Moi, je ne le connais pas. Je suis certainement en train d’épuiser ma neuvième vie de chat. C’est pourquoi chaque journée est pour moi un cadeau.