Pierre Baribeau (2012) Philosophie de Saint-Augustin.
-
Upload
eugene-rey -
Category
Documents
-
view
108 -
download
1
Transcript of Pierre Baribeau (2012) Philosophie de Saint-Augustin.
Pierre Baribeau(2012)
Philosophie de Saint-Augustin
"la patience de Dieu invite les méchants au repentir, comme ses
châtiments exercent les bons à la résignation, et que sa miséricorde
protège doucement les bons, comme sa justice frappe durement les
méchants. Il a plu, en effet, à la divine Providence de préparer aux bons,
pour la vie future, des biens dont les méchants ne jouiront pas, et aux
méchants des maux dont les bons n’auront point à souffrir; mais quant
aux biens et aux maux de cette vie, elle a voulu qu’ils fussent communs
aux uns et aux autres, afin qu’on ne désirât point avec trop d’ardeur des
biens dont on entre en partage avec les méchants; et qu’on n’évitât point
comme honteux des maux qui souvent éprouvent les bons."
La Cité de Dieu
"Toutefois il ne faut pas négliger et abandonner la dépouille des morts,
surtout les corps des justes et des fidèles qui ont servi d’instrument et
d’organe au Saint-Esprit pour toutes sortes de bonnes oeuvres. Si la robe
d’un père ou son anneau ou telle autre chose semblable sont d’autant
plus précieux à ses enfants que leur affection est plus grande, à plus forte
raison devons-nous prendre soin du corps de ceux que nous aimons, car
le corps est uni à l’homme d’une façon plus étroite et plus intime
qu’aucun vêtement; ce n’est point un secours ou un ornement étranger,
c’est un élément de notre nature."
La Cité de Dieu
"S’il n’est pas permis, en effet, de tuer un homme, même criminel, de son
autorité privée, parce qu’aucune loi n’y autorise, il s’ensuit que celui qui
se tue est homicide; d’autant plus coupable en cela qu’il est d’ailleurs
plus innocent du motif qui le porte à s’ôter la vie."
La Cité de Dieu
"Si l’impureté reste le fait d’un autre que vous, elle ne vous souillera pas ;
si elle vous souille, c’est qu’elle est aussi votre fait. La pureté est une
vertu de l’âme ; elle a pour compagne la force qui nous rend capables de
supporter les plus grands maux plutôt que de consentir au mal."
La Cité de Dieu
"Dieu lui-même a fait quelques exceptions à la défense de tuer l’homme,
tantôt par un commandement général, tantôt par un ordre temporaire et
personnel. En pareil cas, celui qui tue ne fait que prêter son ministère à
un ordre supérieur ; il est comme un glaive entre les mains de celui qui
frappe, et par conséquent il ne faut pas croire que ceux-là aient violé le
précepte: "Tu ne tueras point", qui ont entrepris des guerres par
l’inspiration de Dieu, ou qui, revêtus du caractère de la puissance
publique et obéissant aux lois de l’Etat, c’est-à-dire à des lois très justes
et très raisonnables, ont puni de mort les malfaiteurs."
La Cité de Dieu
"Il y a plus de force à endurer une vie misérable qu’à la fuir, et les lueurs
douteuses de l’opinion, surtout de l’opinion vulgaire, ne doivent pas
prévaloir sur les pures clartés de la conscience."
La Cité de Dieu
"Notre Dieu est partout présent et tout entier partout; exempt de limites,
il peut être présent en restant invisible et s’absenter sans se mouvoir.
Quand ce Dieu m’afflige, c’est pour éprouver ma vertu ou pour châtier
mes péchés; et en échange de maux temporels, si je les souffre avec
piété, il me réserve une récompense éternelle."
La Cité de Dieu
"Quelques-uns ont avancé qu’il y a de bons et de mauvais dieux : d’autres, qui se sont fait de ces êtres une meilleure idée, les ont placés à un si haut degré d’excellence et d’honneur, qu’ils n’ont pas osé croire à de mauvais dieux. Les premiers donnent aux démons le titre de dieux, et quelquefois, mais plus rarement, ils ont appelé les dieux du nom de démons. Ainsi ils avouent que Jupiter lui-même, dont ils font le roi et le premier de tous les dieux, a été appelé démon par Homère. Quant à ceux qui ne reconnaissent que des dieux bons et qui les regardent comme très supérieurs aux plus vertueux des hommes, ne pouvant nier les actions des démons, ni les regarder avec indifférence, ni les imputer à des dieux bons, ils sont forcés d’admettre une différence entre les démons et les dieux; et lorsqu’ils trouvent la marque des affections déréglées dans les oeuvres où se manifeste la puissance des esprits invisibles , ils les attribuent non pas aux dieux, mais aux démons. D’un autre côté, comme dans leur système aucun dieu n’entre en communication directe avec l’homme, il a fallu faire de ces mêmes démons les médiateurs entre les hommes et les dieux, chargés de porter les voeux et de rapporter les grâces."
La Cité de Dieu
"C’est chose difficile et fort rare, après avoir considéré toutes les
créatures corporelles et incorporelles, et reconnu leur instabilité, de
s’élever au-dessus d’elles pour contempler la substance immuable de
Dieu et apprendre de lui-même que nul autre que lui n’a créé tous les
êtres qui diffèrent de lui. Car pour cela Dieu ne parle pas à l’homme par
le moyen de quelque créature corporelle, comme une voix qui se fait
entendre aux oreilles en frappant l’air interposé entre celui qui parle et
celui qui écoute, ni par quelque image spirituelle, telle que celles qui se
présentent à nous dans nos songes et qui ont beaucoup de
ressemblance avec les corps, mais il parle par la vérité même, dont
l’esprit seul peut entendre ce langage."
La Cité de Dieu
"Dieu, Fils de Dieu, fait homme sans cesser d’être Dieu, a fondé et établi
cette foi qui ouvre à l’homme la voie du Dieu de l’homme par l’homme-
Dieu; car c’est Jésus-Christ homme qui est médiateur entre Dieu et les
hommes, et c’est comme homme qu’il est notre médiateur aussi bien que
notre voie."
La Cité de Dieu
"Ce Dieu, après avoir parlé autant qu’il l’a jugé à propos, d’abord par les
Prophètes, ensuite par lui-même et en dernier lieu par les Apôtres, a
fondé en outre l’Ecriture, dite canonique, laquelle a une autorité si haute
et s’impose à notre foi pour toutes les choses qu’il ne nous est pas bon
d’ignorer et que nous sommes incapables de savoir par nous-mêmes."
La Cité de Dieu
"Quand l’Ecriture dit que Dieu se reposa le septième jour et le sanctifia, il
ne faut pas entendre cela d’une manière puérile, comme si Dieu s’était
lassé à force de travail […] Le repos de Dieu, c’est le repos de ceux qui
se reposent en lui, comme la joie d’une maison, c’est la joie de ceux qui
se réjouissent dans la maison, bien que ce ne soit pas la maison même
qui cause leur joie."
La Cité de Dieu
"Puisque j’ai entrepris d’exposer la naissance de la sainte Cité en
commençant par les saints anges, qui en sont la partie la plus
considérable, élite glorieuse qui n’a jamais connu les épreuves du
pèlerinage d’ici-bas […] Lorsque l’Ecriture parle de la création du monde,
elle n’énonce pas positivement si les anges ont été créés, ni quand ils
l’ont été […] En effet, quand Dieu a dit: Que la lumière soit et la lumière
fut, s’il est raisonnable d’entendre par là la création des anges, ils ont été
certainement créés participants de la lumière éternelle, qui est la sagesse
immuable de Dieu, par qui toutes choses ont été faites, et que nous
appelons son Fils unique; et s’ils ont été éclairés de cette lumière qui les
avait créés"
La Cité de Dieu
"le mal n’est point une substance, mais on a appelé mal la privation du
bien"
La Cité de Dieu
"Il existe un bien, seul simple, seul immuable, qui est Dieu. Par ce bien,
tous les autres biens ont été créés; mais ils ne sont point simples, et
partant ils sont muables. Quand je dis, en effet, qu’ils ont été créés,
j’entends qu’ils ont été faits et non pas engendrés, attendu que ce qui est
engendré du bien simple est simple comme lui, est la même chose que
lui. Tel est le rapport de Dieu le Père avec Dieu le Fils, qui tous deux
ensemble, avec le Saint-Esprit, ne font qu’un seul Dieu; et cet Esprit du
Père et du Fils est appelé le Saint-Esprit dans l’Ecriture, par appropriation
particulière de ce nom. Or, il est autre que le Père et le Fils, parce qu’il
n’est ni le Père ni le Fils; je dis autre, et non autre chose, parce qu’il est,
lui […] aussi, le bien simple, immuable et éternel. Cette Trinité n’est qu’un
seul Dieu […] La nature de la Trinité est donc appelée une nature simple,
par cette raison qu’elle n’a rien qu’elle puisse perdre et qu’elle n’est autre
chose que ce qu’elle a."
La Cité de Dieu
"la malice, qui est un vice, ne peut se rencontrer que dans une nature auparavant non viciée, et tout vice est tellement contre la nature qu’il en est par essence la corruption. Ainsi, s’éloigner de Dieu ne serait pas un vice, s’il n’était naturel d’être avec Dieu. C’est pourquoi la mauvaise volonté même est une grande preuve de la bonté de la nature. Mais comme Dieu est le créateur parfaitement bon des natures, il est le régulateur parfaitement juste des mauvaises volontés, et il se fait bien servir d’elles, quand elles se servent mal de la bonté naturelle de ses dons. C’est ainsi qu’il a voulu que le diable, qui était bon par sa nature et qui est devenu mauvais par sa volonté, servît de jouet à ses anges, ce qui veut dire que les tentations dont le diable se sert pour nuire aux saints tournent à leur profit. En créant Satan, Dieu n’ignorait pas sa malignité future, et comme il savait d’une manière certaine le bien qu’il devait tirer de ce mal, il a dit par l’organe du Psalmiste : "Ce dragon que vous avez formé pour servir de jouet a vos anges" , cela signifie que tout en le créant bon, sa providence disposait déjà les moyens de se servir utilement de lui, quand il serait devenu mauvais."
La Cité de Dieu
"c’est que des esprits persuadés comme nous qu’il n’y a qu’un seul
principe de toutes choses, et que toute nature qui n’est pas Dieu ne peut
avoir d’autre créateur que Dieu, ne veuillent pas admettre d’un coeur
simple et bon cette explication si simple et si bonne de la création, savoir
qu’un Dieu bon a fait de bonnes choses, lesquelles, étant autres que
Dieu, sont inférieures à Dieu, sans pouvoir provenir toutefois d’un autre
principe qu’un Dieu bon. Ils prétendent que les âmes, dont ils ne font pas
à la vérité les parties de Dieu, mais ses créatures, ont péché en
s’éloignant de leur Créateur; qu’elles ont mérité par la suite d’être
enfermées, depuis le ciel jusqu’à la terre, dans divers corps, comme dans
une prison, suivant la diversité de leurs fautes; que c’est là le monde, et
qu’ainsi la cause de sa création n’a pas été de faire de bonnes choses
mais d’en réprimer de mauvaises. Tel est le sentiment d’Origène"
La Cité de Dieu
"Origène devait en outre considérer que si le monde avait été créé afin
que les âmes, en punition de leurs péchés, fussent enfermées dans des
corps comme dans une prison, en sorte que celles qui, sont moins
coupables eussent des corps plus légers, et les autres de plus pesants, il
faudrait que les démons, qui sont les plus perverses de toutes les
créatures, eussent des corps terrestres plutôt que les hommes."
La Cité de Dieu
"L’âme humaine, quoique immortelle, a néanmoins en quelque façon une
mort qui lui est propre. En effet, on ne l’appelle immortelle que parce
qu’elle ne cesse jamais de vivre et de sentir, au lieu que le corps est
mortel, parce qu’il peut être entièrement privé de vie et qu’il ne vit point
par lui-même. La mort de l’âme arrive donc quand Dieu l’abandonne,
comme celle du corps quand l’âme le quitte. Et quand l’âme abandonnée
de Dieu abandonne le corps, c’est alors la mort de l’homme tout entier,
Dieu n’étant plus la vie de l’âme, ni l’âme la vie du corps. Or, cette mort
de l’homme tout entier est suivie d’une autre que la sainte Ecriture
nomme la seconde mort, et c’est celle dont veut parler le Sauveur
lorsqu’il dit : "Craignez celui qui peut faire périr et le corps et l’âme dans
la géhenne de feu".
La Cité de Dieu
"Le premier homme n’est donc pas tombé par l’effet de son crime dans
cet état de faiblesse où naissent les enfants; mais la nature humaine a
été tellement viciée et changée en lui qu’il a senti dans ses membres, la
révolte de la concupiscence, et qu’étant devenu sujet à la mort, il a
engendré des hommes semblables à lui, c’est-à-dire sujets à la mort et
au péché. Quand les enfants sont délivrés de ces liens du péché par la
grâce du Médiateur, ils souffrent seulement cette mort qui sépare l’âme
du corps, et ils sont affranchis de cette seconde mort où l’âme doit
endurer des supplices éternels."
La Cité de Dieu
"La mort n’est donc un bien pour personne, puisque la séparation du
corps et de l’âme est un déchirement violent qui révolte la nature et fait
gémir la sensibilité, jusqu’au moment où, avec le mutuel embrassement
de la chair et de l’âme cesse toute conscience de la douleur. […] Mais
quoi qu’il en soit de cette crise où la sensibilité s’éteint dans une
sensation de douleur, quand on souffre la mort avec la patience d’un vrai
chrétien, tout en restant une peine, elle devient un mérite."
La Cité de Dieu
"nous n'avons pas besoin de connaître par les yeux du corps ce qui se
passe dans l'âme, puisque nous pouvons le voir dans l'âme elle-même"
De la foi aux choses qu’on ne voit pas
"si tu crois à ton ami, bien que tu ne puisses voir son coeur, c'est parce
que tu l'as vu à l'oeuvre dans les épreuves, et que tu as connu son
affection pour toi au milieu des périls, où il t’est resté fidèle."
De la foi aux choses qu’on ne voit pas
"Que cette foi disparaisse de la société humaine, et il n’est personne qui ne voie quelle perturbation, quelle horrible confusion en sera la conséquence. S’il ne faut croire qu’à ce qu’on voit, que deviendra l’affection mutuelle puisque l'amour est invisible ? C'en sera donc fait de l'amitié, laquelle n'est autre chose que l'affection réciproque. […] Or, l'amitié disparaissant, les liens du mariage, de la parenté ou de l'affinité disparaîtront aussi; car ils reposent également sur une affection réciproque. L'époux ne pourra plus aimer son épouse, puisqu'il ne croira pas en être aimé. Vu que l'amour est invisible, ils ne désireront plus ni l'un ni l'autre avoir des enfants, convaincus,d'avance qu'ils n'auraient rien à attendre. Que si des enfants naissent et grandissent, ils aimeront encore bien moins leurs parents : car,ils ne verront pas l’amour caché au fond de leurs coeurs, parce qu'il est invisible, et que c'est, dit-on, non une foi digne d'éloge, mais une témérité blâmable de croire à ce qu'on ne voit pas. […] Or, croire qu'on n'est pas aimé parce qu'on ne voit pas l'amour, ne pas rendre affection pour affection parce qu'on s’en croit dispensé, ce n’est pas là un acte de sagesse, mais une réserve odieuse"
De la foi aux choses qu’on ne voit pas
"L'interprétation de l'Ecriture comprend deux choses : la manière de
découvrir ce que l'on y doit comprendre, et la manière d'exposer ce que
l'on y a compris."
De la doctrine chrétienne
"Tous ceux qui s'appliquent à se former l'idée de Dieu, le conçoivent
comme une nature vivante; mais ceux-là seuls évitent de tomber dans
des pensées absurdes et indignes de la divinité, qui le conçoivent comme
la vie même. Car toutes les formes corporelles qui s'offrent à leurs
regards leur apparaissent vivantes ou inanimées, et ils préfèrent celle qui
possède la vie à celle qui en est privée. Ils comprennent aussi que cette
forme corporelle vivante, quels que soient l'éclat dont elle brille, la
grandeur qui la distingue et la beauté dont elle est ornée, n'est pas la
même chose que la vie qui l'anime, et ils attribuent à cette vie une
excellence incomparable sur la matière à laquelle elle est unie."
De la doctrine chrétienne
"Nous sommes donc destinés à jouir de cette vérité toujours vivante et
immuable, et par laquelle la Trinité sainte, le Dieu souverain de l'univers,
gouverne toutes ses créatures. Or, il faut purifier notre coeur pour le
rendre capable d'apercevoir cette divine lumière et de s'y attacher une
fois qu'il l'aura contemplée. Etablir en nous cette pureté, n'est-ce pas en
quelque sorte marcher et naviguer vers la patrie ? Car Dieu est partout, et
on s'approche de lui, non par les mouvements du corps, mais par la
pureté des désirs et l'innocence des moeurs."
De la doctrine chrétienne
"Mais en Dieu l'usage est bien différent du nôtre. Nous usons des
créatures pour parvenir à la possession de sa bonté infinie, et il use de
nous pour manifester cette bonté. C'est parce qu'il est bon que nous
avons l'existence, et nous ne sommes bons que dans la mesure de notre
être."
De la doctrine chrétienne
"L'interprète qui donne aux divines Ecritures un sens différent de celui de
l'auteur sacré, tombe dans l'erreur, malgré leur infaillible véracité […]
S'il admet que ces passages ne contiennent rien que de vrai et
d'incontestable, l'interprétation qu'il avait émise ne peut qu'être faussé; et
alors, par une conséquence inexplicable, l'attachement à son propre sens
le conduit à condamner plutôt la parole de l'Ecriture que son sentiment
privé; et s'il s'abandonne à ce travers funeste, il y trouvera infailliblement
sa ruine."
De la doctrine chrétienne
"A la foi succèdera la claire vue de l'essence divine, et à l'espérance la
béatitude elle-même à laquelle nous tendons. Mais quand la foi et
l'espérance auront disparu, la charité n'en sera que plus ardente et plus
parfaite. Car si la foi nous fait aimer ce que nous ne voyons pas encore,
que sera-ce quand nous pourrons le contempler? Et si par l'espérance
nous aimons la gloire après laquelle nous soupirons, quel ne sera pas
notre amour quand nous en sera donnée la possession? Voici en effet la
grande différence entre les biens du temps et ceux de l'éternité : on aime
davantage les premiers avant de les posséder, et on les méprise aussitôt
qu'on en jouit : peuvent-ils en effet combler les désirs d'un
cœur qui ne trouve son vrai repos que dans l’éternité? Mais la possession
des biens éternels nous les fait aimer plus vivement que quand nous
étions encore à les espérer."
De la doctrine chrétienne
"Si les philosophes et principalement les platoniciens ont parfois
quelques vérités conformes à nos vérités religieuses , nous ne devons
pas les rejeter, mais les leur ravir comme à d'injustes possesseurs et les
faire passer à notre usage."
De la doctrine chrétienne
"Une des considérations qui contribuent à l'intelligence de l'Ecriture,
c'est donc de savoir qu'il y a des préceptes communs à tous les hommes,
et d'autres qui ne s'adressent qu'aux personnes d'une condition
particulière."
De la doctrine chrétienne
"Un autre danger à éviter, c'est de ne pas regarder, comme pouvant être
autorisés de nos jours, certains usages rapportés dans l'Ecriture,
quoique, même dans le sens naturel, il ne soient ni des désordres ni des
crimes, eu égard aux moeurs de ces temps reculés. Il n'y aurait, pour se
les permettre, qu'une cupidité sans frein, qui chercherait à s'appuyer de
l'autorité de l'Ecriture, laquelle ne tend au contraire qu'à la détruire."
De la doctrine chrétienne
"Mais il est des hommes dont la convoitise effrénée s'abandonne à des
commerces infâmes ; des hommes qui, même avec une seule femme, ne
se contentent pas de franchir les bornes où se renferme le désir de
donner au monde des enfants, mais encore, esclaves avilis d'une
déplorable liberté, ou plutôt d'une licence sans pudeur, se souillent sans
cesse des excès les plus monstrueux. […] Ils pourraient même dire qu'il
ne faut pas louer les justes et les saints, parce que les honneurs et les
louanges les enflent eux-mêmes d'orgueil : coeurs d'autant plus avides
d'une vaine gloire, que la langue des flatteurs les a plus souvent et plus
pompeusement encensés ; esprits légers et inconstants, le moindre
souffle de la renommée qui les loue ou les condamne, suffit pour les jeter
dans le gouffre du, désordre ou les brise contre l'écueil du crime."
De la doctrine chrétienne
"La sagesse de l'homme, c'est la piété. Ce principe est établi dans le livre
de Job, où tu peux lire cet oracle de la sagesse elle-même "La piété, voilà
la sagesse"
Traité de la Foi, de l’Espérance et de la Charité
"L'esprit, une fois pénétré des principes de la foi agissant par l'amour,
s'efforce, par une vie pure, d'arriver à la contemplation où doit se révéler,
aux cœurs saints et parfaits l'ineffable beauté dont la vue compose la
félicité souveraine. Voilà le principe, voilà le terme de la perfection : elle
commence par la foi, elle s'achève par la vue de Dieu."
Traité de la Foi, de l’Espérance et de la Charité
"Il serait bien inutile de chercher à pénétrer les secrets de la nature à
l'exemple des physiciens, pour parler comme les Grecs. Les propriétés et
le nombre des éléments; les mouvements réguliers des corps célestes et
leurs éclipses; la structure de l'univers; les espèces et l'organisation des
animaux; la formation des plantes, des pierres, des sources, des fleuves,
des montagnes; les divisions de l'espace et du temps ; les pronostics de
la température, et mille autres phénomènes dont les savants ont
découvert ou se flattent d'avoir découvert les lois ; autant de questions
que le chrétien doit se résoudre sans peine à ne pas savoir […] Il suffit à
un chrétien de savoir que les choses créées, célestes ou terrestres,
visibles ou invisibles, n'ont qu'une cause, la bonté du Dieu véritable et
unique qui les a tirées du néant ; que tout l'être est en lui ou vient de lui"
Traité de la Foi, de l’Espérance et de la Charité
"Créé par la Trinité, en qui le bien réside dans sa plénitude et son
immuable perfection, le monde ne reproduit point cette bonté souveraine,
indéfectible, immuable ; toutefois chaque chose a le degré du bien qui lui
est propre : tout est bon et de l'accord des parties entre elles naît un
ensemble de merveilleuse beauté. […] Le mal a sa place naturelle et
légitime dans la création […] Et qu'est-ce que le mal, sinon la négation du
bien ? Dans le corps les maladies, les blessures sont un défaut de santé
[…] les blessures, les maladies ne sont pas des substances ; elles ne
sont que des altérations de la chair : or la chair étant une substance, est
par là même un bien; mais c'est un bien que peut modifier la maladie,
c'est-à-dire, le défaut du bien qu'on appelle la santé. Il en est de même
de l'âme quels que soient ses vices, ils ne
sont tous qu'une privation des biens qu'elle tient de sa nature"
Traité de la Foi, de l’Espérance et de la Charité
"il n'y a point de mal sans bien. Le bien, sans aucun mélange de mal, est
le bien absolu : uni au mal, c'est un bien corrompu ou corruptible; mais le
mal ne saurait exister dans l'absence totale du bien."
Traité de la Foi, de l’Espérance et de la Charité
"n'allons pas nous figurer que le moyen d'arriver au bonheur, c'est de
connaître les lois qui président aux magnifiques mouvements des corps
dans l'univers, mystères que la nature recèle dans ses dernières
profondeurs ; de savoir pourquoi la terre tremble, quelle puissance fait
enfler la mer dans ses abîmes et la pousse hors de ses limites pour la
refouler ensuite sur elle-même et autres phénomènes analogues. Nous
devons nous borner à rechercher les causes d'où proviennent les biens
et les maux, et cela, dans les limites qu'impose à l'homme la nécessité
d'échapper aux erreurs et aux misères dont cette vie est la source
féconde. Notre fin, c'est de tendre à cette béatitude qui exclut le désordre
de la souffrance comme les illusions de l'erreur."
Traité de la Foi, de l’Espérance et de la Charité
"je pense que tout mensonge est un péché en soi, mais que la gravité en
est subordonnée à l'intention et à la nature même de la faute."
Traité de la Foi, de l’Espérance et de la Charité
"la bonté de Dieu est le principe de tous les biens qui sont le privilège de
notre nature, tandis que les maux ont pour cause la révolte qui sépare du
bien immuable la volonté des êtres où le bien est sujet au changement,
en d'autres termes, de l'ange et de l'homme."
Traité de la Foi, de l’Espérance et de la Charité
"Voilà donc quel est le mal premier de la créature raisonnable , en
d'autres termes quelle est en elle la première privation du bien. La révolte
de la volonté a eu pour conséquence immédiate et involontaire
l'ignorance du devoir et la concupiscence, et à leur suite, l'erreur et la
douleur, qui en sont les compagnes naturelles."
Traité de la Foi, de l’Espérance et de la Charité
"Chassé de l'Eden après sa faute, il enchaîna à sa condamnation et à sa
peine tous ses descendants, corrompus en lui comme dans leur source;
par conséquent, toute la race qui devait naître de lui et de sa femme,
coupable et condamnée comme lui, et sortir de cette concupiscence
charnelle qui avait été la cause et demeurait le châtiment de leur
désobéissance"
Traité de la Foi, de l’Espérance et de la Charité
"De toutes les aumônes la plus sublime est celle qui consiste à pardonner
sincèrement les offenses."
Traité de la Foi, de l’Espérance et de la Charité
"Il ne faut plus voir un ennemi dans l'homme qui, regrettant sa faute, va
demander pardon à celui qu'il a offensé; on trouve autant de douceur à
l'aimer qu'on y trouvait de répugnance quand son coeur était animé par la
haine."
Traité de la Foi, de l’Espérance et de la Charité
"L'argile dont est formée la chair de l'homme ne s'anéantit jamais devant
Dieu : qu'elle soit réduite en cendre ou en poussière, qu'elle se change
en vapeurs et disparaisse dans les airs, qu'elle serve à former la
substance d'autres corps ou même se décompose en ses éléments
primitifs, enfin que devenue la nourriture des animaux et de l'homme lui-
même, elle s'assimile avec leur chair, peu importe, elle retournera en un
instant à l'âme qui l'avait animée d'abord, et avait présidé à la formation,
à la vie, et au développement d'un être humain."
Traité de la Foi, de l’Espérance et de la Charité
"la matière qui se change en cadavre après le départ de l'âme,
recouvrera les éléments qu'elle avait perdus par dissolution et qui étaient
passés en différents corps sous les formes les plus diverses, sans que
ces éléments reprennent la place qu'ils occupaient dans le corps."
Traité de la Foi, de l’Espérance et de la Charité
"Il ne serait pas moins illogique de prétendre que les hommes n'auront
pas la même taille, parce qu'ils ont ici-bas une taille différente, ou qu'ils
reprendront les uns leur embonpoint, les autres leur maigreur. S'il entre
dans les desseins du Créateur que chaque personne, tout en gardant les
traits originaux de sa figure, ait également part aux dons de la beauté
physique, il saura bien modifier la matière dans chaque individu sans lui
enlever la moindre parcelle, et sans qu'il lui en coûte pour la compléter,
puisqu'il a créé de rien tout ce qu'il lui a plu. Si, au contraire, chaque
corps après la résurrection doit présenter des différentes sans
irrégularité, à peu près comme les nuances de plusieurs voix qui forment
une symphonie, sa substance servira à exprimer les belles formes qui le
rendront digne d'entrer dans le choeur des anges et de leur plaire par un
gracieux ensemble. Toute disproportion sera inconnue dans le ciel : il n'y
aura pas de forme qui ne soit belle, parce que la beauté sera la condition
même de son existence."
Traité de la Foi, de l’Espérance et de la Charité
"On ne saurait douter que Dieu n'agisse bien lors même qu'il laisse le mal
s'accomplir car il ne le permet que dans un juste dessein, et sa bonté est
inséparable de sa justice. Ainsi quoique le mal, en tant que mal, ne
puisse être un bien, toutefois c'est un bien que le mal existe avec le bien."
Traité de la Foi, de l’Espérance et de la Charité
"Quelque puissante que soit la volonté des anges et des hommes, des
bons et des méchants, qu'elle s'accorde ou qu'elle ne s'accorde pas avec
les desseins de Dieu, la volonté du Tout-Puissant est au-dessus de tous
les obstacles; elle n'a jamais le mal pour but : car, en condamnant à
souffrir, elle est juste, et la justice est incompatible avec le mal. Dieu
donc, dans sa puissance absolue, fait miséricorde à qui il veut par un
effet de sa grâce, ou endurcit qui il lui plaît en vertu d'un jugement
équitable jamais il n'agit par injustice"
Traité de la Foi, de l’Espérance et de la Charité
"Dans l'intervalle qui sépare la mort de la résurrection générale, les âmes
résident dans un séjour mystérieux, séjour de repos ou de tourment,
selon le sort qu'elles ont mérité lorsqu'elles étaient enfermées dans les
liens du corps."
Traité de la Foi, de l’Espérance et de la Charité
"Après la Résurrection; quand le jugement de toutes les âmes aura été
clos, seront séparées les deux cités, celle de Jésus-Christ et celle du
démon; l'une sera le séjour des bons, l'autre celui des méchants; toutes
deux auront pour habitants des anges et des hommes. Les bons perdront
toute volonté, les méchants, tout pouvoir de pécher; la mort disparaîtra
mais les uns vivront au sein d'une pure et éternelle félicité, les autres
existeront au sein des tourments et comme dans une mort éternelle sans
pouvoir mourir, car, la durée des peines comme du bonheur n'aura pas
de fin : toutefois il y aura des degrés dans la félicité comme dans les
supplices."
Traité de la Foi, de l’Espérance et de la Charité
"La Vertu et la Sagesse de Dieu, le Verbe par qui tout a été fait, c'est-à-
dire le Fils unique de Dieu, demeure éternellement immuable au-dessus
de toute créature."
Du Combat Chrétien
"nous aurons vaincu ces puissances invisibles, nos ennemies, dès que
nous aurons subjugué les passions qui sont au fond de notre coeur"
Du Combat Chrétien
"Ces esprits viennent-ils à rencontrer des hommes qui leur ressemblent?
ils les entraînent à partager leurs châtiments."
Du Combat Chrétien
"Les Manichéens, dans leur aveuglement, soutiennent qu'avant la
formation du monde il existait une race d'esprits de ténèbres, qui osa se
révolter contre Dieu. Selon l'opinion de ces malheureux, Dieu, dont la
puissance est infinie, n'aurait pu résister à cette attaque qu'en envoyant
contre les rebelles une partie de lui-même. Les chefs de cette légion,
d'après les Manichéens, auraient dévoré cette partie divine, et le monde
aurait été formé de cette assimilation. Pour obtenir la victoire, Dieu donc,
d'après eux, éprouva dans ses membres des pertes, des. tourments, des
misères sans nombre; et ses membres assimilés aux entrailles des
esprits de ténèbres, modifièrent leur caractère, et calmèrent leur fureur.
Cette secte ne voit pas qu'elle pousse le sacrilège jusqu'à croire que ce
n'est point par ses créatures, mais par sa propre personnalité que ce
Dieu tout-puissant est entré en lutte contre les ténèbres. Une pareille
opinion est un crime."
Du Combat Chrétien
"Gardons-nous de ceux que disent que le Père seul existe, qu'il n'a pas
de Fils et que le Saint-Esprit n'est pas avec lui; mais que le Père s'appelle
tantôt le Fils, tantôt le Saint-Esprit. Ils ne connaissent pas le Principe d'où
tout est sorti, l'Image d'après laquelle il forme tout, la Sainteté par laquelle
il ordonne tout."
Du Combat Chrétien
"Gardons-nous aussi de ceux qui s'indignent et s'irritent de ce que nous
ne voulons pas qu'on adore trois dieux. Ils ignorent ce que c'est qu'une
substance unique et immuable; leurs fausses imaginations les abusent.
Parce qu'avec les yeux de la chair ils voient ou trois êtres, ou trois
personnalités quelconques, distinctes et séparées, ils se figurent qu'il
en est ainsi de la substance divine."
Du Combat Chrétien
"Nous n'accepterons pas non plus le langage de ceux qui avancent que
Jésus-Christ ne s'est pas revêtu d'un vrai corps humain, qu'il n'est pas né
de la femme, mais qu'il n'a montré aux regards qu'une fausse chair,
qu'une forme simulée de notre corps. Ces hérétiques ne comprennent
pas comment la substance de Dieu, en gouvernant toute la création, ne
saurait jamais recevoir la moindre souillure"
Du Combat Chrétien
"Telle est la nature des démons, que leur corps aérien jouit d'une
sensibilité bien supérieure à celle des corps terrestres ; et que ce même
corps aérien est doué d'une si grande facilité de mouvement, que sa
rapidité non-seulement surpasse celle des hommes et des animaux
sauvages, mais qu'elle l'emporte incomparablement sur le vol des
oiseaux mêmes. Grâce à ces deux facultés inhérentes à ce corps aérien,
c'est-à-dire, grâce à ces sens plus exquis et à ces mouvements plus
rapides, ils savent avant nous bien des choses qu'ils prédisent ou
révèlent, au grand étonnement des hommes, dont le sens tout terrestre
est bien plus alourdi."
De la Divination des Démons
"La raison sûrement est l'âme ou elle est dans l'âme. Or la raison est
quelque chose de meilleur que notre corps , et notre corps est une
substance, et il est meilleur d'être une substance que de ne rien être. La
raison n'est donc pas rien. De plus, quelle que soit l'harmonie du corps,
elle est nécessairement et inséparablement dans le corps comme dans
son sujet, et l'on ne peut rien admettre dans cette harmonie qui ne soit
aussi nécessairement et aussi inséparablement dans le corps."
De l’immortalité de l’âme
"S'il subsiste dans l'âme quelque chose d'immuable et qui suppose la vie,
c'est aussi une nécessité que l'âme soit immortelle."
De l’immortalité de l’âme
"si l'âme est une substance et si la raison à laquelle elle s'unit est elle-
même une substance , on pourra penser sans absurdité que la raison
subsistant, l'âme cesse d'exister. Mais il est évident que l'âme ne peut
cesser d'exister ni de vivre tant qu'elle ne sera point séparée de la raison,
et qu'elle lui restera unie."
De l’immortalité de l’âme
"Comme l'image de ton corps ne peut valoir autant que le corps lui-
même, ainsi n'est-il pas étonnant que notre âme n'ait point la même
puissance que Celui à l'image de qui elle est faite."
De la Grandeur de l’Âme
"Les âmes ainsi purifiées ne doivent plus craindre le mauvais ange
appelé aussi démon. Car lui-même n'est point mauvais comme ange,
mais comme perverti par sa volonté propre. Il faut reconnaître en effet
que par leur nature les anges peuvent changer, puisque Dieu seul est
immuable; mais par leur volonté, en aimant Dieu plus qu'eux-mêmes, ils
demeurent en lui fermes et inébranlables, et en lui restant délicieusement
et uniquement soumis, ils jouissent de sa majesté. Le mauvais ange au
contraire, en s'aimant plus que Dieu, lui a refusé l'obéissance; il s'est
enflé d'orgueil, s'est éloigné de l'Etre souverain et il est tombé."
De la vraie Religion
"Dieu seul est le bien absolument incorruptible. Tous les autres biens
viennent de lui, mais ils portent en eux un germe de corruption, parce
qu'ils ne sont rien par eux-mêmes."
De la vraie Religion
"puisque le mal de l'âme n'est pas dans sa nature, mais contre sa nature;
puisqu'il n'est autre que le péché et la peine du péché, concluons
qu'aucune nature, ou mieux, que nulle substance, nulle essence, n'est
mauvaise."
De la vraie Religion
"obtenir les notions qui ne se communiquent point à nos sens par image,
mais dont nous percevons en nous la réalité même, par intuition directe,
n’est après tout que rassembler dans l’esprit ce que la mémoire contient
çà et là, en recommandant à la pensée de réunir ces fragments épars et
négligés pour les placer sous la main de l’attention."
Les Confessions
L’auteurPierre Baribeau est né au Québec (Canada) en 1979 au sein d’une
famille aimante et généreuse qui lui a transmise des valeurs
traditionnelles. Très tôt au collège, il décide de s’investir dans une
carrière d’enseignement de la philosophie. Après ses études s’étendant
de 2003 à 2007, il obtient un baccalauréat spécialisé en philosophie de
l’Université du Québec à Montréal. Il se passionne pour la philosophie
ancienne et pour l’histoire des civilisations antique & médiévale. Après
qu’il fut initié à la mythologie gréco-romaine, il décida d’approfondir les
fondements de la théologie. Forgé d’un esprit autodidacte et d’une
curiosité insatiable, il s’intéresse à des domaines variés: philosophie,
occulte, histoire, psychologie, technologie, biologie, anatomie & écologie.
Suite au décès de sa grand-mère, il vit une expérience mystique qui le
mènera vers une foi inébranlable en l’existence d’un être souverain
bienveillant et la certitude d’une vie après la mort.