Photo AFP · Bruxelles. La composition du nouveau gouvernement se fera à la lumière de cette...

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> A la Une >>> INFORMATIONS OUVRIÈRES N 0 317 SEMAINE DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2014 2 Un gouvernement de combat, Yan Legoff Lundi 25 août : une seule ligne, le pacte de responsabilité D ans une atmo- sphère de crise de régime, l’Elysée annonce la dé- mission du gou- vernement. Le PS est déchiré entre « frondeurs » et loyalistes. Ecartant toute candidature à l’alternance politique, l’UMP annonce qu’elle n’est pas en mesure de gouver- ner (lire notre précédent numéro) . Le patronat apporte son soutien à Valls. Ce dernier est chargé de composer un nouveau gouvernement. Contactés par le journal Le Monde, les services de la présidence répondent : « La ligne de l’exécutif est connue. C’est la même depuis les vœux du 31 dé- cembre 2013 (…). C’est le pacte de responsabilité. Cette ligne a fait l’objet de plusieurs votes, notamment sur les textes budgétaires. C’est la ligne que nous défendons à Bruxelles. La composition du nouveau gouvernement se fera à la lumière de cette ligne économique. » C’est clair : le gouvernement Valls II, plus encore que son prédécesseur, doit être le gouvernement qui devra appli- quer le pacte, malgré l’opposition des syndicats (CGT, FO, FSU et Solidaires) qui, en fin de compte, avait conduit à la désintégration du précédent gouverne- ment. Un à un, les ministres sortants sont convoqués à Matignon pour faire acte d’allégeance au pacte, et au plan d’aus- térité de 50 milliards d’euros qui l’ac- compagne. Mardi 26 août : un banquier d’affaires devient ministre de l’Economie A ux yeux de tous les commenta- teurs, un homme symbolise le nouveau gouvernement : Emmanuel Macron, nouveau ministre de l’Economie, remplaçant d’Ar- naud Montebourg. Il a, comme on dit, « la gueule de l’emploi » : conseiller de Hol- lande puis secrétaire général adjoint de l’Elysée jusqu’en juin 2014, Macron est considéré comme l’un des principaux arti- sans du pacte de responsabilité et du cré- dit d’impôt compétitivité emploi (CICE) (en tout : plus de 40 milliards d’exonéra- tions sociales et fiscales au bénéfice du patronat d’ici à 2017), en raison de ses liens étroits avec le patronat. L’homme fut en effet, avant de rejoindre l’Elysée, gérant à la banque d’affaires Rothschild où il devint millionnaire. Il avait commencé sa carrière comme haut fonctionnaire, ce qui lui valut, sous Sarkozy, d’être rapporteur de la commission Attali « pour la libéralisa- tion de la croissance » (2007-2008), laquelle préconisa, entre autres mesures, la sup- pression des départements et la diminu- tion des cotisations patronales de Sécurité sociale... Sarkozy n’y était pas parvenu. Les gouvernements Ayrault, puis Valls I l’ont remis à l’ordre du jour, avant de chuter à leur tour pour les raisons évoquées plus haut. Hollande, avec Macron, voudrait aujourd’hui le réaliser coûte que coûte. Mercredi 27 août (matin) : le gouvernement Valls II adopte un “agenda social”… L e tout premier Conseil des ministres du nouveau gouverne- ment adopte « l’agenda social » du nouveau gouvernement (lire page 4). Il est centré sur l’application du pacte de responsabilité et sur la « réforme » du statut de la fonction publique rendue nécessaire par la suppression des départe- ments, l’instauration de super-régions pré- vues par la « réforme territoriale » en cours de discussion au Parlement, et par la dimi- nution prévue de 11 milliards d’euros des dotations d’Etat aux collectivités locales et de 18 autres milliards dans les dépenses de l’Etat... Le texte s’intitule : « Les négociations sociales du second semestre. » Bien que non explicité, l’objectif est limpide : il s’agirait de faire accepter aux syndicats durant le second semestre ce qu’ils avaient refusé au premier ! Mercredi 27 août : Valls ovationné l’après-midi à l’université d’été du Medef M anuel Valls est l’invité vedette de l’université d’été du Medef. « Oui, j’aime l’entreprise, j’aime l’entreprise ! », lance-t-il sous des ton- nerres d’applaudissements des patrons. « Cessons d’opposer systématiquement ! D’opposer Etat et entreprises ! D’opposer chefs d’entreprise et salariés ; organisations patronales et syndicats ! Cherchons plutôt à coopérer, à trouver des chemins qui servent l’intérêt général », déclare Valls. Il promet d’ « accélérer le rythme des réformes », et, en premier lieu, d’accorder aux patrons « plus de 40 milliards d’euros de baisse en 4 ans sur les prélèvements touchant les entre- prises ». C’est le pacte de responsabilité. Il ajoute encore : « Mais, il n’y a pas que les impôts et les cotisations sociales qui pèsent sur notre économie. Certaines formalités excessives sont aussi coûteuses et pénali- santes (…). Cela inclut le Code du travail. » Et d’annoncer : « Nous allons accroître la concurrence, alléger certaines règles, je pense à celles relatives au travail du dimanche. » Sur ce programme ouvertement patronal, il veut appliquer « une méthode sur la- quelle je serai extrêmement vigilant : >>> “On a très peu de temps. On ne sait pas combien va durer ce gouver- nement, il faut aller très vite sur tout” Un patron, à l’université d’été du Medef Photo AFP Pierre Gattaz, le président du Medef, a accueilli le Premier ministre à bras ouverts lors de la conférence que tenait son organisation, le 27 août, à Jouy-en-Josas. “Dialogue social” : avec qui ?, s’inquiète le patronat Cela devient une habitude : une nouvelle fois, le journal patronal Les Echos (2 septembre) affiche un soutien déclaré à Manuel Valls et son nouveau gouvernement. « Clarifier la ligne, l’assumer et accélérer les réformes. Le triple mot d’ordre que s’est donné Manuel Valls ne peut qu’être approuvé », lit-on dans l’éditorial. A la clé : 41 milliards d’euros d’exonérations fiscales et sociales au bénéfice du patronat dans le cadre du pacte de responsabilité, des coupes de 50 milliards dans les budgets, de nouvelles attaques contre le Code du travail et le statut de la fonction publique. « Reste un détail tout bête : réformer, mais avec qui ? » Et de faire les comptes. La majorité parlementaire ? Elle est « fragile ». C’est le moins que l’on puisse dire ! « Le gouvernement a du coup encore davantage besoin d’une majorité sociale, du côté du patronat et des syndicats », écrit l’éditorialiste. Voilà bien la grande inquiétude des patrons, et qui explique l’acharnement de Hollande et de tous ses ministres à forger un « dialogue social », c’est-à-dire à associer les orga- nisations syndicales à leurs contre- réformes. « Les espoirs de l’exécutif reposent une nouvelle fois sur la CFDT », ajoute le journal, qui pense que cela ne suffira pas et presse le gouvernement de dire « comment il agira en cas d’échec »Face à toutes ces manœuvres d’un régime aux abois qui veut dépouiller les travailleurs de toutes leurs conquêtes, l’exigence d’abrogation du pacte de responsabilité n’ouvre-t-elle pas, à l’inverse, un cadre de résistance ? Y. L.

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Un gouvernement de combat, Yan Legoff

Lundi 25 août : une seule ligne, le pacte de responsabilité

Dans une atmo-sphère de crise derégime, l’Elyséeannonce la dé-mission du gou-vernement. Le PSest déchiré entre« frondeurs » et

loyalistes. Ecartant toute candidature àl’alternance politique, l’UMP annoncequ’elle n’est pas en mesure de gouver-ner (lire notre précédent numéro). Lepatronat apporte son soutien à Valls. Ce dernier est chargé de composer unnouveau gouvernement. Contactés par le journal Le Monde, lesservices de la présidence répondent :« La ligne de l’exécutif est connue. C’estla même depuis les vœux du 31 dé-cembre 2013 (…). C’est le pacte de responsabilité. Cetteligne a fait l’objet de plusieurs votes,notamment sur les textes budgétaires.C’est la ligne que nous défendons àBruxelles. La composition du nouveaugouvernement se fera à la lumière decette ligne économique. » C’est clair : le gouvernement Valls II,plus encore que son prédécesseur, doitêtre le gouvernement qui devra appli-quer le pacte, malgré l’opposition dessyndicats (CGT, FO, FSU et Solidaires)qui, en fin de compte, avait conduit à ladésintégration du précédent gouverne-ment.Un à un, les ministres sortants sontconvoqués à Matignon pour faire acted’allégeance au pacte, et au plan d’aus-térité de 50 milliards d’euros qui l’ac-compagne.

Mardi 26 août : un banquier d’affaires devientministre de l’Economie

A ux yeux de tous les commenta-teurs, un homme symbolise lenouveau gouvernement :Emmanuel Macron, nouveau

ministre de l’Economie, remplaçant d’Ar-naud Montebourg. Il a, comme on dit, « la gueule de l’emploi » : conseiller de Hol-lande puis secrétaire général adjoint del’Elysée jusqu’en juin 2014, Macron estconsidéré comme l’un des principaux arti-sans du pacte de responsabilité et du cré-dit d’impôt compétitivité emploi (CICE)(en tout : plus de 40 milliards d’exonéra-tions sociales et fiscales au bénéfice dupatronat d’ici à 2017), en raison de sesliens étroits avec le patronat. L’homme futen effet, avant de rejoindre l’Elysée, gérantà la banque d’affaires Rothschild où ildevint millionnaire. Il avait commencé sacarrière comme haut fonctionnaire, ce quilui valut, sous Sarkozy, d’être rapporteur dela commission Attali « pour la libéralisa-tion de la croissance » (2007-2008), laquellepréconisa, entre autres mesures, la sup-pression des départements et la diminu-tion des cotisations patronales de Sécuritésociale... Sarkozy n’y était pas parvenu. Lesgouvernements Ayrault, puis Valls I l’ontremis à l’ordre du jour, avant de chuter àleur tour pour les raisons évoquées plushaut. Hollande, avec Macron, voudraitaujourd’hui le réaliser coûte que coûte.

Mercredi 27 août (matin) :le gouvernement Valls II adopte un “agenda social”…

L e tout premier Conseil desministres du nouveau gouverne-ment adopte « l’agenda social »du nouveau gouvernement (lire

page 4). Il est centré sur l’application dupacte de responsabilité et sur la « réforme »

du statut de la fonction publique renduenécessaire par la suppression des départe-ments, l’instauration de super-régions pré-vues par la « réforme territoriale » en coursde discussion au Parlement, et par la dimi-nution prévue de 11 milliards d’euros desdotations d’Etat aux collectivités locales etde 18 autres milliards dans les dépenses del’Etat... Le texte s’intitule : « Les négociationssociales du second semestre. » Bien que nonexplicité, l’objectif est limpide : il s’agirait defaire accepter aux syndicats durant lesecond semestre ce qu’ils avaient refusé aupremier !

Mercredi 27 août : Valls ovationné l’après-midià l’université d’été du Medef

M anuel Valls est l’invitévedette de l’universitéd’été du Medef. « Oui, j’aime l’entreprise, j’aime

l’entreprise ! », lance-t-il sous des ton-nerres d’applaudissements des patrons.« Cessons d’opposer systématiquement !D’opposer Etat et entreprises ! D’opposerchefs d’entreprise et salariés ; organisationspatronales et syndicats ! Cherchons plutôtà coopérer, à trouver des chemins qui servent l’intérêt général », déclare Valls. Ilpromet d’« accélérer le rythme des réformes »,et, en premier lieu, d’accorder aux patrons« plus de 40 milliards d’euros de baisse en4 ans sur les prélèvements touchant les entre-prises ». C’est le pacte de responsabilité. Ilajoute encore : « Mais, il n’y a pas que lesimpôts et les cotisations sociales qui pèsentsur notre économie. Certaines formalitésexcessives sont aussi coûteuses et pénali-santes (…). Cela inclut le Code du travail. »Et d’annoncer : « Nous allons accroître laconcurrence, alléger certaines règles, je penseà celles relatives au travail du dimanche. »Sur ce programme ouvertement patronal,il veut appliquer « une méthode sur la-quelle je serai extrêmement vigilant : >>>

“On a très peu de temps.On ne saitpas combienva durer ce gouver-nement, il faut allertrès vite sur tout”

Un patron, à l’universitéd’été du Medef

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Pierre Gattaz, le président du Medef, a accueilli le Premier ministre

à bras ouverts lors de la conférence que tenait

son organisation, le 27 août,à Jouy-en-Josas.

“Dialogue social” : avec qui ?, s’inquiète le patronat

Cela devient une habitude : une nouvelle fois, le journal patronal Les Echos (2 septembre) affiche un soutien déclaré à Manuel Valls et son nouveau gouvernement. « Clarifier la ligne, l’assumer et accélérerles réformes. Le triple mot d’ordre que s’est donné Manuel Valls ne peut qu’être approuvé », lit-on dans l’éditorial. A la clé : 41 milliards d’euros d’exonérations fiscales et sociales au bénéfice du patronat dans le cadre du pacte de responsabilité, des coupesde 50 milliards dans les budgets, de nouvelles attaques contre le Code du travail et le statut de la fonction publique.« Reste un détail tout bête : réformer, mais avec qui ? »Et de faire les comptes. La majorité parlementaire ? Elle est « fragile ». C’est le moins que l’on puisse dire ! « Le gouvernement a du coup encoredavantage besoin d’une majorité sociale,du côté du patronat et des syndicats »,écrit l’éditorialiste.Voilà bien la grande inquiétudedes patrons, et qui explique l’acharnement de Hollande et de tousses ministres à forger un « dialoguesocial », c’est-à-dire à associer les orga-nisations syndicales à leurs contre-réformes. « Les espoirs de l’exécutifreposent une nouvelle fois sur la CFDT », ajoute le journal, qui pense que cela ne suffira pas et presse le gouvernement de dire « comment il agira en cas d’échec »…Face à toutes ces manœuvres d’un régime aux aboisqui veut dépouiller les travailleurs de toutes leurs conquêtes, l’exigence d’abrogation du pacte de responsabilité n’ouvre-t-elle pas, à l’inverse, un cadre de résistance ?

Y. L.

Page 2: Photo AFP · Bruxelles. La composition du nouveau gouvernement se fera à la lumière de cette ligne économique. » C’est clair : le gouvernement Valls II, plus encore que son

éValls ovationné par des mil-

liers de patrons debout àl’assemblée du Medef, puishué par les militants socia-listes rassemblés quatre

jours plus tard dans l’université d’été duPS : le choc des images vaut plus que delongs discours. Il indique la profondeurde la crise, du Parti socialiste bien sûr,mais plus généralement du régime poli-tique et de ses institutions.

« Tiendra-t-on jusqu’en 2017 ? » : telleest, selon la presse, l’interrogation formu-lée à voix haute par plusieurs ministres. Etpourtant, comme si de rien n’était…« Réformes : Valls passe la vitesse supé-rieure », titrent Les Echos, tandis que LeJournal du dimanche annonce un « big-bang social ». Code du travail, Sécuritésociale, réforme territoriale, privatisations,travail du dimanche, remise en cause desprérogatives des syndicats : Hollande etValls accélèrent la mise en œuvre de leurprogramme de guerre contre la classeouvrière et la démocratie baptisé « pactede responsabilité ».

Ils peuvent le faire, malgré le rejet deleur politique par l’immense majorité,parce que les institutions de la Ve Répu-blique leur donnent tous les moyens — ycompris le recours aux ordonnances —pour imposer de manière autoritaire lesplans dictés par l’Union européenne et laclasse capitaliste.

Rarement la nature antidémocratiquedes institutions de la Ve République et del’Union européenne était apparue aussiclairement. Rarement la nécessité de leurdémantèlement avait été mise en évidenceavec autant de force.

Mais comment avancer dans cettedirection? Lors de l’université d’été du Particommuniste français, Pierre Laurent adéfini en ces termes l’objectif de son parti :« Rendre à nouveau crédible une alterna-tive de gauche et de progrès. » L’Humanitéouvre ses colonnes à des contributions surcette question.

N’y a-t-il pas comme un décalage avecla situation concrète que vivent les tra-vailleurs, les jeunes, les retraités… ?

Pour tous, l’urgence c’est que soit blo-quée la politique du gouvernement Valls II.Et cela, maintenant, tout de suite. Les plansannoncés, s’ajoutant aux contre-réformesdéjà imposées et aux mesures de des-truction qui ne cessent de s’accumuler,frappent le peuple et la jeunesse d’unemanière effroyable : n’est-ce pas mainte-nant qu’il faut les arrêter ?

Le mouvement pratique de la lutte declasse unie de millions et de millions detravailleurs avec leurs organisations a lacapacité de contraindre le gouvernementà retirer le pacte de responsabilité et toutesses contre-réformes. N’est-ce pas là la voiede la rupture nécessaire qu’appelle toutela situation ?

Nul ne peut prétendre détenir toutesles réponses à ces questions. Mais ce débat-là, lui, est urgent, qui contribuera à la mobi-lisation pour en finir avec la politique deréaction noire du gouvernement Hollande-Valls.

C’est le sens de l’invitation lancée parl’adresse adoptée par le bureau nationaldu Parti ouvrier indépendant (lire page 8) :« Rien ne doit s’opposer à ce que tous lesmilitants, les organisations, les courantspolitiques qui aspirent sincèrement à porter un coup d’arrêt à la politique du gou-vernement Hollande-Valls, tous ceux quiaspirent sincèrement, politiquement, à ouvrirla voie au retrait du pacte de responsabi-lité, premier pas sur la voie de la ruptureavec l’Union européenne, rassemblent leursforces. »

ÉDITORIAL

INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 317 SEMAINE DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 20143

Reportage

Choses vues et entendues à l’université d’été du PS

Où est l’urgence ?

Daniel GlucksteinSecrétaire national du POI

De nos correspondants à La Rochelle, Gérard Morin et Bernard Ruhaud

Drôle de temps pour l’université d’été du PScette année. L’Espace Encan, où elle s’est dérou-lée, ressemblait à un camp retranché. Les forcesde police ont quadrillé le secteur, refoulant aularge les diverses manifestations qui ne devaientpas être visibles par les ministres. Avec les res-ponsables du PS, ils ont dû déployer beaucoupd’efforts, avec beaucoup d’hypocrisies et ausside cynisme pour défendre la politique du gou-vernement.

C’est par exemple un David Assou-line qui, sous les huées, a osédéclarer, concernant les « résul-tats » de la politique du gouverne-ment : « Les Français peuvent

attendre plus longtemps. Il faut leur parler. Lesocialisme s’est construit à partir de l’entre-prise. Et nous n’aimerions pas l’entreprise ?Oui, on aime l’entreprise. »La presse a abondamment parlé du discoursde Manuel Valls qui s’est fait tour à tour hueret applaudir. Il a rappelé que toute la poli-tique du gouvernement, avec, comme socle,le pacte de responsabilité, sera appliquée.« Tout sera tenu ! », a-t-il affirmé : « Nous tien-drons notre objectif de 50 milliards d’écono-mies dans les dépenses publiques. C’est lesérieux budgétaire. » Il a insisté : « La nation adonc consenti un effort sans précédent. Ceteffort était nécessaire. Il va se mettre progressi-vement en œuvre. J’assume que la gauche fassece qui est nécessaire pour renforcer l’économieet donc les entreprises qui créent de la richesseet de l’emploi. Et nous le faisons dans le dia-logue, en associant les syndicats aux réformesconduites. Et nous sommes vigilants, exigeants

sur les engagements qui ont été pris. » Il a doncfait mine d’avoir obtenu le consensus qu’il n’apas eu. Et à la fin de son discours, il a martelé :« Mais rien ne se fera sans le rassemblement leplus large. Le rassemblement de toutes lesforces vives de ce pays, le rassemblement detous les Français. » C’est l’appel à l’unionnationale, avec toujours le même objectif : larecherche de ce consensus avec les organisa-tions syndicales.

Une question surgit de la salle

Lors d’une commission sur le « mouvementsocial », une question surgit de la salle : « Je suissyndicaliste et responsable de ma section PS. Jetravaille dans une grosse entreprise qui a licen-cié 857 salariés. Et elle a empoché 115 millions

d’euros du crédit d’impôt compétitivité emploi(CICE) et distribué trois fois plus de dividendes.Et on dit que les socialistes doivent aimer l’en-treprise ? Je préfère être battu en 2007 et ne pasavoir été entendu sur mes revendications plu-tôt qu’être battu en 2017 parce que je n’ai pas étéentendu par celui pour qui j’ai appelé à voter ! »Tonnerre d’applaudissements. Bruno Le Roux(responsable du groupe PS à l’Assemblée natio-nale) tente de ramener le calme : « Nous allonsrevoir les discussions avec le Medef sur le CICE. »Un responsable syndical prend la parole : « Unedélégation de mon syndicat a rencontré offi-ciellement le nouveau ministre de l’Economie etcelui-ci nous a dit qu’il ne toucherait pas auCICE. » Bruno Le Roux garde le silence…(Lire également en page 14, le reportage dans lacommission sur la réforme territoriale.) �

un gouvernement de criselement, sans discussion possible du texte) l’extension du travail dudimanche dans le commerce, vieillerevendication patronale ! « En procé-dant ainsi, commente le journal LeMonde (31 août-1er septembre ) , l egouvernement s’épargne de longsdébats au Parlement sur l’ensemble desdispositions législatives, avec le risqued’être confronté à une majorité de plusen plus ébranlée. »

Dimanche 31 août : le Premier ministre hué à l’université d’été du PS

D urant trois jours, l’universitéd’été du PS, à La Rochelle, aétalé les fractures au sein duparti présidentiel. « Nous

sommes dans une conjoncture dedécomposition politique », avait avertison premier secrétaire, Jean-ChristopheCambadélis. Et d’en appeler à faire frontpour soutenir le gouvernement : « Quipeut, socialiste, arriver à souhaiter que legouvernement tombe ? Les conséquencesseraient incalculables. » Il fait signer par200 députés PS un appel : « Le cap de lapolitique économique a été fixé, et nousl’assumons ». Tous derrière le pacte deresponsabilité.

“LE PS RISQUE D’ÉCLATER”Mais pour Henri Emmanuelli, un de sesanciens premiers secrétaires, « le PS risqued’éclater ».Le Figaro dresse le bilan du week-end :« Cette édition de 2014 de La Rochelle res-tera celle où un Premier ministre socia-liste s’est fait siffler par des militants et desélus de son propre parti. »Dans son éditorial, le journal de droiteappuie sans réserve Manuel Valls : « Il fautdonc rendre hommage au Premier ministred’avoir, non sans bravoure, affronté sapropre famille politique (…). Il ne faut

malheureusement pas exclure que dansles prochains mois Manuel Valls se trouveminoritaire dans son propre parti. »C’est aussi ce que dit, dans Le Journal dudimanche, le politologue Pascal Perri-neau : « Les choses peuvent dégénérer »,avertit-il. Car la crise du parti au pouvoir se doublede la crise de la droite, aujourd’hui dansl’opposition. « Si ce gouvernement ne réus-sissait pas, on en viendrait à une situationde crise car on n’imagine pas un gouver-nement Valls III. Mais dans ces conditions,la droite ne gagnerait que parce qu’ellen’est pas la gauche (…). Cette victoire serait embarrassante. Déjà,qui mènerait campagne ? Et pour quel pro-jet ? Ils ont intérêt à attendre et à se remettreen ordre de bataille. Cela va prendre plu-sieurs mois. »

MARINE LE PEN AU SECOURS DES INSTITUTIONSC’est leur calcul à tous : faire tenir tantbien que mal ce gouvernement, lui per-mettre de mettre en œuvre le pacte deresponsabilité, et sauvegarder les insti-tutions, le régime, aujourd’hui au bordde l’abîme. A signaler les offres de services de MarineLe Pen, qui se présente comme le dernierrempart institutionnel et se déclare prêteà cohabiter avec François Hollande encas de chute du gouvernement et d’élec-tions législatives anticipées. « Comment(la droite) peut-elle refuser une cohabita-tion, s’offusque la dirigeante d’extrêmedroite dans Le Figaro. C’est le jeu des ins-titutions (…). Nous, si nous obtenons unemajorité, nous assumerons les responsa-bilités que nous auront confiées les Fran-çais. » �

>>> la négociation et la recherche d’unaccord ». Encore et toujours, la recherched’un consensus, d’une sorte d’union natio-nale au moment même où le parti prési-dentiel se déchire… Même ClaudeBartolone, président PS de l’Assembléenationale, qui n’a jamais fait partie des« frondeurs », déclarera : « Compte tenu dela situation, je n’aurais pas été au Medef etj’aurais réservé mon premier discours à l’uni-versité d’été du PS. »

“ATTENTION À NE PAS ALLER TROP LOIN”Le patronat est parfaitement conscientdu caractère explosif de toute la situation.Un patron, cité par Les Echos (29-30 août),déclare : « On a très peu de temps. On nesait pas combien va durer ce gouverne-ment, il faut aller très vite sur tout. »Mais sur le site Internet de ce même jour-nal patronal, un chroniqueur écrit, dans,dans son billet de 18 heures : « Jamais leMedef, qui accueillait aujourd’hui le Pre-mier ministre à son université d’été de Jouy-en-Josas, n’avait réservé un tel triompheà un dirigeant de gauche (…). L’hommagesurjoué de Manuel Valls aux patrons esten soi une prise de risque politiquemajeure. L’incroyable mutation que le duoexécutif est en train d’infliger à la frangela plus radicale du Parti socialiste prenden effet et de plus en plus l’allure d’uneprovocation. Attention à ne pas aller troploin, au risque de perdre les acquis d’unesalutaire modernisation. »

Vendredi 29 août : travail du dimanche par ordonnance

L es services du Premier mi-nistre confirment une infor-mation parue dans la presse :le gouvernement s’apprête à

faire passer par ordonnance (c’est-à-dire par simple habilitation du Par-

“Les chosespeuventdégénérer. Si ce gouver-nement neréussissaitpas, on enviendrait àune situationde crise caron n’imaginepas ungouver-nement Valls III”

Pascal Perrineau,politologue, au Journal du dimanche

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Au cours de l’université d’été, Manuel Valls s’est fait interpeller par des élus locaux en butte à la réforme territoriale et aux rythmes scolaires.

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En bref…Qui est Emmanuel Macron,le nouveau ministre de l’Economie ?Emmanuel Macron est né en 1977 à Amiens.Il y a fait ses études au grand lycée catholiqueLa Providence, fondé par les jésuites. Il inté-grera ensuite, après avoir échoué une pre-mière fois, l’ENA en 2002. Il intègre le corpsde l’inspection des finances en 2004. C’est àcette époque qu’il entrera au Parti socialiste.Lors de l’élection présidentielle de 2007, il faitpartie du groupe Les Gracques, composé d’an-ciens patrons et de hauts fonctionnaires de“gauche”, qui appelle à une alliance entre Ségo-lène Royal et François Bayrou. Il tente de seprésenter aux législatives en Picardie, mais lesmilitants PS de la Somme ne retiennent passa candidature. Il entre alors, en 2008, à labanque Rothschild, en indiquant que son échecde militant local l’a poussé vers ce choix. En2010, il est promu associé au sein de la banque.Début 2012, il est le « gérant » de l’une desplus grandes négociations de l’année, le rachatde Nestlé. Cette transaction, qu’il va diriger lui-même, lui permet de devenir millionnaire. En2011, il dirige un groupe d’experts et d’éco-nomistes conseillant François Hollande. Il estmembre d’un cercle de dirigeants économiqueset politiques, Le Siècle, dont le président étaitl’ancien vice-président du Medef, Denis Kess-ler, celui qui avait déclaré qu’il fallait en finiravec 1945, auquel a succédé Nicole Notat,l’ancienne secrétaire de la CFDT ! EmmanuelMacron devient secrétaire général adjoint del’Elysée et, le 26 août 2014, il est nomméministre de l’Economie.En octobre 2013, dans une interview à Media-part, il déclarait : « On ne peut plus présenterla gauche comme l’extension infinie des droits(…), l’idéologie de gauche classique ne per-met pas de penser le réel tel qu’il est. (…) Cesocialisme de l’offre suppose donc de réviserun des réflexes de la gauche selon lequel l’en-treprise est le lieu de la lutte des classes (…).La gauche moderne est celle qui donne auxindividus la possibilité de faire face. Elle nepeut plus raisonner en termes de statut. Lasociété statutaire où tout sera prévu va inexo-rablement disparaître. » Il fait partie du groupedes quatre conseillers de Hollande qui a pré-paré le pacte de responsabilité.Dans une interview au Point à la veille de sanomination comme ministre de l’Economie,il précise : « Nous pourrions autoriser lesentreprises et les branches, dans le cadred’accords majoritaires, à déroger aux règlesde temps de travail et de rémunération. C’estdéjà possible pour les entreprises en diffi-culté. Pourquoi ne pas étendre à toutes lesentreprises, à condition qu’il y ait un accordmajoritaire avec les salariés ? »Emmanuel Macron, partisan de la finance etdes patrons, partisan du corporatisme, nou-veau ministre de « gauche ».

Le chômage, c’est la fautedes chômeurs, selon le ministreRebsamenLe ministre du Travail, François Rebsamen,vient de demander à Pôle emploi « de renforcer les contrôles pour vérifierque les chômeurs cherchent bien un emploi. Il faut qu’il y ait, à un moment,une sanction. » Cette mission, selon le ministre, nécessite « un état d’esprit différent, des convocations et des vérifica-tions, sinon on est radié ». Ainsi, au moment où le gouvernement dans lequel siège M. Rebsamen accom-pagne tous les plans de restructuration exigés par les patrons, jetant à la rue des dizaines de milliers de travailleurs, et accorde des dizaines de milliards d’euros d’exonérations aux patrons, M. Rebsamen met en cause les chômeurs !

“Renforcerla qualité du dialoguesocial, pour en faireun outilencore plus efficaceau servicede lacompéti-tivité desentreprises”

(“Négociationssociales du secondsemestre”Conseil des ministres,27 août)

du Travail réunira l’ensemble de leurs repré-sentants le 10 septembre prochain pourdonner une nouvelle impulsion aux négo-ciations dans les branches.Parallèlement, un travail de rationalisa-tion du nombre de branches sera mené àpartir de la rentrée (...).La négociation sur l’avenir de la fonctionpublique doit faire franchir une nouvelleétape au statut de la fonction publique, avecune profonde rénovation des parcours pro-fessionnels, des carrières et des rémunéra-tions dans les trois fonctions publiques etune réforme de la gestion des ressourceshumaines. Elle se déroulera jusqu’au moisde mars 2015 et abordera les questions sui-vantes :

LA SIMPLIFICATION DE LA GESTION DES RESSOURCES HUMAINES DE L’ÉTAT :� en favorisant les mobilités et une gestiondéconcentrée des agents, en réduisant lenombre de corps et en harmonisant desrègles de gestion ;� en redonnant de l’espace au dialoguesocial et à l’initiative des chefs de servicegrâce à une réduction du poids de la ges-tion strictement statutaire au bénéfice du“droit souple” et de la négociation collec-tive.

LE DÉVELOPPEMENT DE LA MOBILITÉENTRE FONCTIONS PUBLIQUES POUR RENDRE L’ACTION PUBLIQUEPLUS EFFICACE :� en tirant les conséquences de la décen-tralisation et de la prochaine réforme del’organisation territoriale. L’objectif est dedonner un même cadre aux métiers com-muns entre l’Etat et les collectivités terri-toriales (filière administrative, filièretechnique, filière culturelle…), de créer desparcours alternés et fluides et de mutuali-ser les formations ;� en révisant les dispositifs d’incitation pourpouvoir affecter les agents en fonction desbesoins du service (...).

LE RENFORCEMENT DE L’ATTRACTIVITÉDE LA FONCTION PUBLIQUE :� en restaurant une véritable échelle derémunération et en intégrant une partie desprimes dans la rémunération indiciaire ;� en revoyant les mécanismes d’avance-ment à l’ancienneté pour mieux recon-naître les mérites des agents ;� en fluidifiant les déroulements de carrièrepour favoriser la promotion sociale et recon-naître l’expérience professionnelle (nombrede catégories statutaires, niveau de diplômeexigé…).Cette modernisation de la gestion de la fonc-tion publique est aussi nécessaire pour maî-triser les évolutions de la masse salariale,grâce à un allongement modéré des car-rières, à une meilleure répartition des com-pétences et à l’allégement des charges degestion.La négociation sur la qualité de vie au tra-vail, qui se déroulera jusqu’en novembreprochain, constitue une autre étape impor-tante de l’agenda social (...).Outre ces deux négociations, s’ouvrira éga-lement dans les prochaines semaines unchantier d’accompagnement des réorga-nisations territoriales permettant de leverdes obstacles juridiques ou financiers auxredéploiements et à la mobilité,mais ausside mettre en place des dispositifs d’ac-compagnement personnalisés des agentssubissant l’impact des réformes tant au seinde l’Etat que dans la fonction publique ter-ritoriale. Ces travaux seront examinés parl’instance spécifique de dialogue social quisera créée auprès du Conseil commun dela fonction publique, conformément auxconclusions de la grande conférence socialede juillet dernier (…). » �

(1) Il s’agit « d’assouplir » l’obligation des patronsd’organiser l’élection de délégués du personnel, decomités d’hygiène et de sécurité, du comité d’entre-prise lorsque les effectifs de leur entreprises passentcertains seuils (NDLR).

“Le ministre du Travail, de l’em-ploi, de la formation profes-sionnelle et du dialogue social

a adressé à la fin du mois de juillet aux huitorganisations syndicales et patronalesreprésentatives un document d’orienta-tion les invitant à ouvrir une négociationnationale et interprofessionnelle sur laqualité et l’efficacité du dialogue socialdans les entreprises (1).Cette négociation (…) a ainsi pour but derenforcer la qualité du dialogue social, pouren faire un outil encore plus efficace auservice de la compétitivité des entrepriseset de la sécurisation des salariés.La négociation doit s’ouvrir à la rentrée2014 et s’achever avant la fin de l’année,pour permettre l’élaboration d’un projetde loi qui transposera les avancées quidécouleront d’un accord ou qui s’impose-ront en son absence (…). Cela marqueraitun progrès majeur pour la démocratiesociale et constituerait une contributionà la simplification d’un droit du travailrendu plus efficace et moins formel.Parallèlement, trois thèmes feront l’objetde négociations et-ou de concertationsquadripartites dès le mois de septembre :l’apprentissage, en vue de la réunion demobilisation que le président de la Répu-blique présidera le 19 septembre prochain ;le retour à l’emploi des chômeurs de longuedurée ; l’insertion dans l’emploi des jeunes.Des discussions devront également avoirlieu sur le renouvellement du contrat desécurisation professionnelle, qui assure unaccompagnement individualisé des sala-riés licenciés économiques. Une délibéra-tion des partenaires sociaux pourra parailleurs poser les grands principes d’uneréforme de l’épargne salariale (...).Le gouvernement est également attentifaux négociations initiées ou à venir dansles branches, notamment dans le cadre dupacte de responsabilité et de solidarité.Un suivi renforcé des 50 plus grandesbranches a été mis en place et le ministre

Le programme des “négociationssociales” du gouvernement Valls IISelon l’entourage du nouveau et très emblématiqueministre de l’Economie,« Emmanuel Macron veut faire du dialogue et de la concertation sa marque de fabrique ».Application du pacte de responsabilité,« simplification du droit du travail », « réduction du poids de la gestionstrictement statutaire »dans la fonction publique…« Vers un big bang social ? »,s’interroge Le Journal du dimanche (31 août). A peine formé, le gouvernement Valls II a adopté, lors du Conseildes ministres du mercredi27 août, un programme de « négociations sociales du second semestre ».Extraits.

Document

FO et la CGT, ainsi que SUD et la FSU avaient refusé de participer à la conférence sociale organisée en juillet dernier, laissant le gouvernement seul avec le Medef et la CFDT.

Photo AFP

Page 4: Photo AFP · Bruxelles. La composition du nouveau gouvernement se fera à la lumière de cette ligne économique. » C’est clair : le gouvernement Valls II, plus encore que son

INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 317 SEMAINE DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 20145

En bref…AIR FRANCELe patron d’Air Francejustifie la remise en cause du statutFace à la menace d’une grève de plusieurs syndicats de pilotes de ligne, Frédéric Gagey, le P-DG d’Air France, justifie son projet de remise en cause du statut. Sous couvert de concur-rencer le low cost, la compagnieaérienne a mis en place une filialeappelée Transavia, dans laquelle les pilotes ne bénéficient plus du statut qu’ils avaient à Air France.Les conditions de travail et de rému-nération à Transavia sont à l’imagedu low cost. Le P-DG cherche à pousser les pilotes à s’engager à Transavia, ou bien à quitter l’entreprise, pour embaucherd’autres pilotes sous d’autres statuts. Ainsi, il précise : « A l’heureactuelle, 36 pilotes d’Air France sont en mobilité chez Transavia en conservant leur contrat chez Air France mais en étant rému-nérés et en travaillant aux condi-tions de Transavia. » Il ajoute :« Nous poursuivons un plan de départ volontaire ouvert aux pilotes, cela ouvre de nouvellesévolutions de carrière pour les plusjeunes », c’est-à-dire sans statut Air France mais aux conditions de Transavia.

TOTALAlerte du syndicat CGTLa raffinerie Total de la Mède, près de Mar-tigues, dans les Bouches-du-Rhône, va fer-mer trois mois pour travaux, selon ladirection. Le syndicat CGT craint une fer-meture définitive de la raffinerie. Rappe-lons en effet que, sur les douze raffineriesTotal qui existaient en France, quatre ontété fermées en quatre ans. Et le P-DG oseparler de surproduction en France, alorsque, sur les 80 millions de tonnes de car-burant consommées chaque année parles automobilistes français, 36 millionsseulement sont produits en France, lereste étant importé de pays où les raffi-neries Total emploient des travailleursdans des conditions de travail et de rému-nération qui n’ont rien à voir avec cellesqui existent en France.

LOGEMENTLe lendemain de l’effondrement de l’immeuble qui a causé huit mortsà Rosny-sous-Bois, en régionparisienne, une maison s’effondre à Lille, faisant deux morts. Dans les deux cas, ce sont les normeset règles de sécurité qui sont en cause.Dans le premier cas, il s’agirait de l’explosion d’une conduite de gaz,dans le deuxième cas, de la vétusté du bâtiment. Dans tous les cas, fauted’application de la réglementation,dix personnes sont mortes.

A l’appui de son soutien au gou-vernement, le secrétaire général dela CFDT, dans une interview aujournal Les Echos (2 septembre),prétend : « Le dialogue social pro-duit des résultats, il faut continuerà s’appuyer dessus. Regardez lanégociation des plans sociaux dansles entreprises instaurée grâce à l’ac-cord sur la sécurisation de l’emploi :elle est saluée sur le terrain et pro-duit déjà des résultats. »

Quelle est la réalité de cetteaffirmation sur l’ANI,accord que la CGT et FO

avaient refusé de signer ?Laissons parler les faits. « Seuls cinq accords de maintien del’emploi signés en un an ! »C’est ainsique commence un article du jour-nal Le Monde (5 août) consacré à cequ’il appelle « l’échec des accords demaintien de l’emploi ».Parmi les cinq seuls accords signés,l’article cite : « Chez Walor, l’accord

signé par la CFDT, seul syndicat pré-sent, prévoyait le gel des salaires etun week-end travaillé sur quatre.Dix-sept salariés sur 102 ont rejetéces dispositions. » Et l’article de citerles réactions de l’ancienne déléguéesyndicale CFDT, qui a, depuis, quittél’entreprise… et la CFDT : « Quandj’ai réalisé qu’autant de salariés vou-laient partir, j’ai demandé à la direc-tion de revenir en arrière, mais ellen’a pas voulu. Parce que le grandmanitou de la CFDT a signé unaccord politique, l’ANI, on demandeà des petits syndicalistes comme nousde négocier sur le terrain un accorddont les enjeux nous dépassent.J’avais vraiment cru que signer allaitéviter un plan de sauvegarde de l’em-ploi. Ça n’a rien sauvé du tout, c’estun plan social déguisé, j’ai l’impres-sion d’avoir été manipulée. »Et l’article cite un deuxième de cescinq accords : celui signé chez MahleBehr prévoyant une baisse dessalaires et cinq jours de RTT en

moins. Cet accord a été refusé par160 salariés sur 1 200. Là, c’est le délé-gué syndical CFTC de l’entreprise quiparle : « Il y a 182 intérimaires et beau-coup d’heures supplémentaires. Lessalariés, qui ont fait des sacrifices, ontle sentiment de s’être fait avoir. » Ledélégué syndical de l’UNSA de lamême entreprise ajoute : « D’autantque l’on devait récupérer de nouveauxprojets, qui ne sont pas venus. Enparallèle, le groupe investit dans lesex-pays de l’Est. A la fin de l’applica-tion de l’accord, que va-t-on nousdemander encore pour être plus com-pétitifs ? »Ces témoignages sont accablantssur la réalité de l’ANI revendiqué parLaurent Berger. Et c’est ce qu’ilappelle un « dialogue social » qui« produit des résultats ». Disons plu-tôt que c’est la réalité de ce qu’estpurement et simplement le « dia-logue social » commun à la CFDT,au Medef et au gouvernement.

D. S. �

Les mensonges de Laurent Berger sur l’ANI

Où en sont les négociations de branche sur le pacte de responsabilité ?

Un seul accord signé à ce jour, dans la chimie, et quel accord !« Le ministre du Travail, François Rebsamen, a convié à une réunion, le 10 septembre, les dirigeantsnationaux des organisations patronales et syndicales et les représentants des 50 principalesbranches professionnelles, pour un bilan des négociations sur le pacte » (AFP).A ce jour, un seul accord a été signé, dans la chimie, en juillet.Dimanche 31 août, sur BFM-TV, Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, a denouveau, comme le gouvernement avant lui, mis en avant cet unique accord signé dans la chimiecomme l’exemple à suivre. Laissons parler les fédérations FO et CGT de la chimie, qui ont refusé de le signer.

« Pacte de responsabilité, Forceouvrière claque la porte ! En introduction à cette troisièmeréunion concernant “l’emploi”,l’Union des industries chimiques(UIC) a souhaité rappeler que cettenégociation déclinait du pacte deresponsabilité (…).

La Fédéchimie Force ouvrière adonc fait la déclaration suivante :

Réaffirmant sa déclaration du 26 juin2014, la Fédéchimie Force ouvrièrerappelle son opposition au pactede responsabilité issu de l’ANI du11 janvier 2013, dicté par les plansd’austérité de l’Union européenne,orchestrés par le gouvernement etappliqués avec zèle par le patro-nat.Ce 26 juin 2014, dans notre décla-ration, nous exprimions que “sansengagements réels, quantifiableset vérifiables concernant l’emploi,nous nous réserverions le droit depoursuivre ou non ce simulacre denégociation”. A ce jour, à la lecturedes deux projets d’accord fournispar la chambre patronale, aucunengagement réel, quantifiable etvérifiable n’apparaît ! Dans le bilan social que vous nousprésentez annuellement, nous

constatons de façon récurrenteune baisse d’environ 2 % des effec-tifs dans la branche. Nous vousrappelons que Force ouvrièrerevendique, en préalable à toutenégociation, l’engagement d’uneembauche pour un départ. Sur ce sujet précis, vous ne répon-dez absolument pas.

Depuis ce 26 juin 2014, bien del’eau a coulé sous les ponts dumonde du travail. Alors que les exo-nérations successives ne cessentde s’enchaîner, aucune garantiede contrepartie de création d’em-ploi comme stipulé dans le pactede responsabilité ne nous a étédonnée. Pire, nous assistons à unesurenchère de revendicationspatronales et de remises en caused’acquis de la classe ouvrière.A l’instar de notre confédération,“faire du social une variable d’ajus-tement, parce que la politique éco-nomique est rigide, n’est pas unsigne de progrès social”.C’est pourquoi, la FédéchimieForce ouvrière, en total accordavec notre confédération, décidede quitter la négociation propo-sée par la chambre patronale abu-sivement appelée “emploi”. »

Document 1Déclaration de la fédération Force ouvrière le 9 juillet,avant la conclusion de l’accord

« Le président de la République,François Hollande, a cru bon devanter un “accord dans la branchechimie qui permettrait la créationde 47 000 emplois grâce au pactede responsabilité” (…).Avec le nombre de “départs” detoutes natures (près de 9 000 pourla seule année 2013), auxquelss’ajoutent les départs en retraite(plus de 28 000 salariés ont plusde 55 ans),mais aussi les restruc-turations, les “recrutements” nesuffisent pas à maintenir lesemplois dans la branche, et celadepuis des années (…).Quelques éléments sur 2013, quisont la norme chaque année(chiffres UIC) : 8 755 recrutementsen CDI et 6 934 recrutements enCDD, soit 15 689 recrutements paran.Sur trois années, la projection seraitde 47 067 “recrutements”, mettanten évidence que les 47 000 inscritsdans le pacte de “responsabilité”ne sont qu’une illusion de créationd’emplois.Une supercherie puisque, commele démontrent les chiffres de l’UIC,ce ne seront pas 47 067 emploissupplémentaires, car ces recrute-ments ne compensent pas lesemplois dans la branche chimie

qui, au mieux, stagnent, et le plussouvent régressent.La réponse à la FNIC CGT deman-dant un engagement clair à créer47 000 emplois supplémentaires,refusé par l’UIC, montre bien quecet accord n’est que “de la poudreaux yeux” visant à plébisciter unepolitique d’austérité pour les unset des cadeaux pour les autres.L’engagement de l’UIC dans cepacte de responsabilité est de nerien changer dans les entreprises.L’engagement de l’UIC est égal àzéro emploi pour 2015-2017.Plus de 300 millions d’euros,chaque année, ce sera le seul chan-gement dans les caisses des entre-prises, des économies à payer parla collectivité et les salariés.L’UIC, syndicat patronal de la chi-mie, vient de gagner des centainesde millions d’euros grâce à la com-plicité de l’Etat, du gouvernement,et de la CFDT qui connaît lesficelles et ne peut s’affranchir d’unequelconque responsabilité (…).Un accord honteux qui relève dela supercherie de la part de sessignataires.Les fonds publics payés par lesimpôts des salariés-citoyens sontdilapidés de manière tout aussiéhontée. » �

Document 2Déclaration de la fédération CGT de la chimie, le 16 juillet

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Page 5: Photo AFP · Bruxelles. La composition du nouveau gouvernement se fera à la lumière de cette ligne économique. » C’est clair : le gouvernement Valls II, plus encore que son

Le ministère de l’Educa-tion nationale a rendupublic un dossier depresse établissant lesaxes de la feuille de

route de la nouvelle ministre. « Le socle commun est la référencecentrale de l’école. Les programmesscolaires de l’école et du collège vontdonc être redéfinis. » Il s’agit de« transformer les pratiques pédago-giques (…). Le socle commun et lesprogrammes scolaires, conçus parcycle, s’inscriront dans une cohérencenouvelle, favorisant le décloisonne-ment des disciplines et l’articulationentre l’école et le collège. »Le « socle commun de connais-sances, de compétences et de cul-ture », issu des directives euro-péennes et déjà inscrit dans la loiFillon de 2005, devient, avec la loiPeillon de refondation de l’école, labase de l’organisation de l’ensei-gnement. Il se substitue aux pro-grammes nationaux d’enseignementpar niveau de classe et contredit lapréparation scolaire de diplômesnationaux reconnus sur le marchédu travail. Il va de pair avec le livretpersonnel de compétences, où nefigure aucune note, aucune mesurede l’acquisition ou non des pro-grammes disciplinaires. Ce socle,couvrant toute la période de lamaternelle à l’université, vise à sup-primer toute distinction entre le pri-maire et le secondaire, et toutespécificité statutaire, de missions etde formation entre les professeursdes écoles, les professeurs du seconddegré et les professeurs des lycéesprofessionnels.

“Rapprocher les établissementsd’enseignement scolaire et supérieur”

Dans la continuité de ses prédéces-seurs Vincent Peillon et BenoîtHamon, la nouvelle ministre veutavancer dans la mise en place du« continuum bac - 3/bac + 3 », envertu duquel le premier cycle uni-versitaire devrait poursuivre l’en-seignement pluridisciplinaire dulycée. Le choix de l’étude d’une dis-

cipline serait reporté à la fin de lalicence et la maîtrise d’une disci-pline au master. Il s’agit d’unemenace directe à l’encontre du bac-calauréat, comme diplôme nationalet premier grade universitaire, et dela licence.

Rapprocher l’école de l’entreprise

Najat-Vallaud-Belkacem a égalementdéclaré, ce 2 septembre lors de saconférence de rentrée, qu’elle veut« assurer les conditions d’une ouver-ture de l’école sur le monde profes-sionnel, démultiplier les relations entreacteurs de l’entreprise et de l’économieet l’école, assurer plus de correspon-dances entre les diplômes profession-nels et les besoins des entreprises »,augmenter l’apprentissage, en por-tant le nombre « d’apprentis de l’Edu-cation nationale de 40 000 aujour-d’hui à 60 000 en 2017 ». Là encore, elle reprend, à soncompte, comme Benoît Hamon, la« délibération des partenaires so-ciaux » du 28 mai 2014 instaurantun « socle commun de connaissanceset de compétences professionnelles »,qui menace toute la formation pro-fessionnelle initiale, mais aussi lesdiplômes reconnus par les conven-tions collectives qui restent encoreà la base des grilles de qualification,donc de salaires. L. F. �

D ans les Côtes-d’Armor,plus de 70 % des com-munes du département ont

choisi un rythme irrégulier, avecalternance de journées « longues »et de journées « courtes ».Dans certaines écoles, les parentspeuvent être amenés à déposer deuxenfants à l’école élémentaire à13 h 40, puis un enfant à l’écolematernelle à 14 h 00, et à récupérerun enfant à l’école élémentaire à14 h 40, puis deux enfants, à lamaternelle et l’élémentaire, à16 heures, sachant que ce ne sontpas toujours les mêmes enfants quisortent à 14 h 40 et à 16 heures selonle jour de la semaine...La pause du midi s’étend jusqu’àtrois heures et demie dans une com-mune deux jours par semaine. Pourles activités périscolaires, la ville deSaint-Brieuc a décidé de faire payerles familles dont les enfants ne sontpas inscrits à la cantine.Dans le Rhône, 131 organisationsde la semaine différentes en fonc-tion des communes, avec des pauses

méridiennes allant jusqu’à troisheures et demie !

… et de premièresmobilisations dès la rentrée

Dans le Val-de-Marne, dans la conti-nuité de la déclaration adoptée parles 1 000 personnels et parents ras-semblés devant la préfecture de Cré-teil le 19 juin et signée par lessyndicats SNUipp-FSU, SNUDI-FO,SUD Education, CGT Educ’action,CNT, CGT Territoriaux, FO Territo-riaux, ainsi que par la FCPE et laPEEP, pour que le ministre, le préfet,l’inspectrice d’académie décident« à titre conservatoire de suspendrela mise en place des rythmes scolairesà la rentrée prochaine dans l’ensembledes écoles du Val-de-Marne », leSNUDI-FO appelle à la tenue d’as-semblées dans les écoles et les com-munes.A Mayotte, à l’initiative des syndi-cats SNUDI-FO, SNUipp-FSU et CGT,la grève et les occupations d’écoless’étendent depuis la rentrée, qui a

eu lieu le 25 août, pour défendre leursconditions de travail et pour deman-der l’abandon des décrets Peillon-Hamon.A Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis),avant même la rentrée, les parentsd’élèves de l’école maternelle desNoyers, où une fermeture de classeentraîne plus de trente élèves parclasse, ont manifesté avec leursenfants pour exiger la réouverture dela classe. Ils ont décidé d’occuper leurécole dès le jour de la rentrée, deman-dant à être reçus d’urgence par l’ins-pecteur de l’Education nationale etpar le directeur académique. Conjoin-tement, les enseignants ont décidé lagrève le 5 septembre, jour du comitétechnique départemental.Dernière minute : à la suite de l’oc-cupation de l’école par les parents,l’inspection annule la fermeture declasse.A Gennevilliers (Hauts-de-Seine),les enseignants de l’école élémen-taire Caillebotte, syndiqués SNUDI-FO, SUD et non syndiqués, sont engrève pour l’ouverture d’une classe.

A la veille de la rentrée, un poste étaitnon pourvu ; un autre quart de posteétait non pourvu ; un congé dematernité prolongé n’était pas rem-placé. De plus, il n’y a plus de méde-cin scolaire, plusieurs classes sont àplus de 25 élèves (24,26 de moyenneen réseau d’éducation prioritaire) etl’école compte 35 élèves supplé-mentaires. Leurs collègues de l’école Grésillons,syndiqués CGT et SNUipp-FSU, sontégalement en grève contre la sup-pression d’un poste.Dans le secondaire, les professeursdu collège Jean-Jaurès, à Montreuil(Seine-Saint-Denis), avec leurs sec-tions syndicales FO et SNES, se sontadressés au directeur académiquepour lui demander d’abonder la dota-tion horaire globale de 25,25 heuresafin de leur permettre de maintenirles dispositifs de soutien et de dédou-blements. Ils indiquent qu’en l’ab-sence de réponse de sa part, ilsrefuseront « d’assurer le début des coursle mercredi 3 septembre et seront doncen grève ». �

> L’ actualité politique et sociale >>>INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 317 SEMAINE DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 20146

Rentrée scolaire

La feuille de route de la nouvelle ministre

Défendre l’école de la République :une question aucœur de l’actualitéLaurence Fayard

Un désastre, une désorgani-sation totale des écoles et une remise en cause du droit à l’instruction : telle est la carac-téristique de cette rentrée.Une semaine après le départ de Benoît Hamon en pleine crisede régime, la nouvelle ministrede l’Education nationale, NajatVallaud-Belkacem, était inter-viewée par le journal Le Monde(1er septembre). Elle a d’emblée indiqué, après la publication par BenoîtHamon, le 20 août au Journalofficiel, de trois décrets s’atta-quant aux statuts des ensei-gnants (1) que « changement de ministre ne veut pas dire rupture, la refondation de l’écolecontinue (…). Je veillerai à ce qu’elle s’applique dans toutes ses dimensions. »Le premier acte de la loi de « refondation de l’école » a été le décret Peillon du 24 janvier 2013 mettant en place la réforme des rythmesscolaires massivement rejetée. Il a été suivi du décret Hamon du 8 mai 2014, qui, censé« assouplir » la réforme, renforce encore, dans le cadre du projet éducatif territorial, la possibilité de déroger à toutela réglementation nationale. La rentrée 2014 est celle de la généralisation des nou-veaux rythmes scolaires entrésen application dans seulement19 % des communes en 2013.Cette réforme continue de dresser contre elle, dès cette rentrée, dans de nombreux départements et communes, les enseignants et les personnelsterritoriaux, unis avec leurs organisations, avec les parents d’élèves et des élus pour en exiger le retrait. Najat Vallaud-Belkacem a beaumenacer : « Je serai donc fermesur les principes : si des maires ne font pas respecter la loi, les préfets le feront à leur place »,elle ne fera pas disparaître le rejet et la mobilisation pourfaire aboutir les revendications. Plus que jamais, la défense de l’école de la République, gratuite et laïque, la défense de l’égalité du droit à l’instruc-tion exigent que les décretsPeillon et Hamon soient abrogéset que le cadre national de l’écolepublique, avec ses programmesnationaux d’enseignement, soit rétabli.

(1) Deux des décrets s’attaquent au statut des enseignants des lycées et des collèges en abrogeant les décrets de 1950 (lire notrenuméro 316, page 6), un troisième annualise le temps de service des enseignants rempla-çants dans le primaire, cheval de Troie de la remise en cause des garanties statutaires de tous les professeurs des écoles.

Le désastre des nouveaux rythmes scolaires…

ILS ONT DIT...� « Quelle sera la feuille de route » de la nouvelle ministre de l’Education nationale ?, s’interrogeFrédérique Rolet, cosecrétaire générale du SNES, lors de la conférence de presse du syndicat, le 28 août.« Quelles seront ses marges de manœuvre » pour poursuivre « les discussions sur les métiers », sedemande le syndicat qui souhaite une « continuité dans les chantiers » engagés et sur la revalorisationde la profession. Pour le syndicat, l’effet des créations de postes est « assez nul », notamment en lycéeoù les classes sont surchargées.« C’est une rentrée sociale sous tension », estime Frédérique Rolet, avec un gouvernement composé « deministres qui sont tous sur l’objectif de réduction budgétaire ».

� Hubert Raguin, secrétaire général de la FNEC FP-FO, indique, à l’occasion d’une conférence de presse le28 août, que son organisation syndicale a déposé un préavis de grève pour couvrir « les situations mul-tiples où il y aura des problèmes liés aux effectifs et à la question des rythmes scolaires ». La FNEC FP-FO dénonce aussi « les conséquences à tous les niveaux » des projets de loi de décentrali-sation. « La question du statut des personnels est en première ligne », ajoute l’organisation, qui fait part de son opposition au socle commun et aux mesures prises à l’issue de la conférence sociale, qui« menacent les lycées professionnels ». Hubert Raguin pointe « un enfumage » sur les 54 000 créationsde postes qui « ne seront pas devant les classes » et juge que le gouvernement « accélère la mise enœuvre d’une politique d’austérité aggravée ».

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Najat Vallaud-Belkacem.

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Communiqué de la fédération FO des cheminots“Les récentes déclarations de M. Cuvillierdoivent conduire l’actuel gouvernementà suspendre immédiatement la loi deréforme du système ferroviaire”« Irresponsable !Ce matin, l’ancien secrétaire d’Etat auxTransports, déclarait sur l’antenne de SUDRadio que le manque d’investissementsdans les infrastructures rendait la situa-tion dangereuse et économiquementinstable, insistant sur l’absence de bud-get permettant le renouvellement, maisaussi l’entretien. Des raisons qui l’au-raient conduit à abandonner son minis-tère.La fédération FO des cheminots ne peutque se féliciter de cette prise deconscience, bien qu’elle soit tardive. Nousnotons tout de même que la loi portantréforme du système ferroviaire imposée

par M. Cuvillier a gravé dans le marbre l’absence d’investissements en ne se plaçantque sur les aspects de compétitivité et en refusant de traiter la question de la dette. Deça, il en porte l’entière responsabilité.En outre, le ministère que dirigeait à l’époque M. Cuvillier a fait réaliser, dans le cou-rant de l’année 2014, un audit sur la sécurité. La fédération FO des cheminots a réponduà celui-ci. A ce jour, les résultats sont encore tenus secrets. Y a-t-il un lien entre les résul-tats des différents audits et les enquêtes et les déclarations de M. Cuvillier ?Depuis des années, la fédération FO des cheminots dénonce les réorganisations, lessuppressions, le manque d’investissements organisés par la SNCF sous couvert de latutelle, toutes dictées par des contingences économiques bien éloignées du servicepublic et de la sécurité. Conséquence directe et dramatique de la soumission au res-pect des critères budgétaires européens et du dogme de l’ouverture à la concurrence.Les récentes déclarations de M. Cuvillier doivent conduire l’actuel gouvernement à sus-pendre immédiatement la loi de réforme du système ferroviaire et à engager un véri-table débat public sur le sujet. »

Votée fin mars 2014, après huit moisde débat, la loi pour l’accès aulogement et un urbanisme rénové

(ALUR) de l’ex-ministre Duflot « ne serapas remise en cause », affirmait le 11 juin2014 le ministre Stéphane Le Foll, tandisque Sylvia Pinel, ministre du Logement,avait confirmé, le 23 mai 2014, la publica-tion « avant l’été » de cinquante mesuresde simplification pour réduire les coûts deconstruction.Elle assurait, concernant l’encadrementdes loyers, que cette mesure entrerait envigueur « dès cet été, pour les ménages quidéménagent dans des zones tendues », lagarantie universelle des loyers (GUL) débu-terait « prochainement ». Depuis, aucunde ces décrets n’a été publié !

LA CONSTRUCTION EN PANNE Les 150 000 logements « sociaux » promisne seront pas au rendez-vous, la vente deslogements neufs a reculé de 15 % audeuxième trimestre (sur la même périodede 2013), les permis de construire ontchuté de 20,2 % et les mises en chantierde 13 % sur un an, les effectifs des entre-prises du BTP de 12,5 %.

LIMITATION DE L’ENCADREMENT DES LOYERS À PARIS, SIMPLIFICATIONDES NORMES ANTISISMIQUES, ETC.Ovationné par le Medef, Valls II, aux ordres,obéit aux propositions de François Payelle,

président de la Fédération des promo-teurs immobiliers (FPI), qui propose desnormes encore moins lourdes que cellesde la loi Duflot et des mesures fiscales plusintéressantes. Et Valls s’exécute en jetantau panier certaines dispositions de la loiALUR pourtant déjà très favorables auxpromoteurs !Il décide de limiter l’encadrement desloyers à Paris de façon expérimentale, derecentrer la GUL vers les jeunes salariéset en situation précaire. Mais surtout, ilsimplifie les normes antisismiques, élar-git les normes de dérogations aux docu-ments d’urbanisme, modifie le dispositif

Duflot (déjà jugé aussi favorable aux pro-moteurs que le dispositif Scellier, avec destaux de réduction d’impôt de 18 %, au lieude 13 % dans le dispositif Scellier), il libèrele foncier par des mesures fiscales : abat-tement exceptionnel de 30 % sur les plus-values réalisées lors d’une cession d’unterrain à bâtir.

MAIS RIEN POUR LE LOGEMENT“SOCIAL”…Si Manuel Valls déclare (29 août 2014) que« le logement social demeure égalementune priorité pour les Français », aucunedes mesures annoncées ne renversera latendance actuelle caractérisée par unepénurie historique ! Il faudrait construireplus d’un million de logements « sociaux »,mais l’Etat, qui, depuis des années, s’estdésengagé, détourne, par exemple, lesfonds d’action logement (ex 1 %) pourfinancer le pacte de responsabilité, a dimi-nué l’aide à la pierre de 97,6 %, met enplace des dispositifs favorisant la construc-tion dans le privé et gave les promoteursimmobiliers de cadeaux fiscaux !A l’opposé, pour les locataires de loge-ments « sociaux » la galère continue : sur-loyers, augmentation des charges et desloyers, destruction des logements HLMdans le cadre du plan de rénovationurbaine, remise en cause du maintien dansles lieux…

Renée LAURENT �

SNCF

Préavis de grève des syndicats de la région Paris-Nordpour le 8 septembre sur la ligne Paris-BeauvaisDepuis deux mois, les cheminots de la ligne Paris-Beauvais exercent chaque jour leurdroit de retrait contre la mise en place de l’accompagnement non systématique (ANS).

LOGEMENT

La loi ALUR-Duflot : une déréglementation pas assez juteuse pour les patrons de l’immobilier !

Cette nouvelle organisation faitsuite à une convention signée àl’automne 2013 entre le conseil

régional de Picardie et la SNCF qui pré-voit, selon Le Parisien (1er septembre)une expérimentation de dix-huit moissans contrôleurs à bord. Consé -quences : les conducteurs sont égale-ment chargés de surveiller le train. Pour supprimer du personnel et faireretomber la surveillance du train sur lesconducteurs, la SNCF a mis en place unsystème appelé « équipement agentseul » (EAS) par lequel les nouvellesrames disposent de caméras et d’un nou-veau système de fermeture des portes. En région Paca, du côté d’Avignon, maisaussi en Côte-d’Or près de Dijon, ouencore en Auvergne, des grèves des che-minots avec leurs syndicats ont déjà eulieu à l’appel contre ce nouveau système.« Les missions d’un contrôleur ne se limitentpas à vérifier les billets. Il a aussi des fonc-tions de sécurité ferroviaire, d’informa-tion et d’assistance aux voyageurs »,dénonce Kevin Quehen, secrétaire géné-ral CGT du secteur Paris-Nord, cité parLe Parisien.Depuis le début de l’été, de nombreuxconducteurs font donc valoir leur droitde retrait. Trois syndicats de Paris-Norddénoncent « la volonté clairement affi-chée de la direction de faire des écono-mies sur le dos du personnel ». Lesorganisations FO, CGT, SUD, UNSA,CFDT de la région Paris-Nord ont déposéun préavis de grève pour le 8 septembre,concernant les cheminots de Paris-Nordet de Picardie, et appellent à un ras-semblement devant le conseil régionalde Picardie, à Amiens, le jour-même.

L. F. �

TRAVAIL DU DIMANCHE

Berger réclame “une discussion avec les syndicats sur le contour” du texteLe secrétaire général de laCFDT, Laurent Berger, aréclamé sur Radio Classiquequ’il y ait une concertationavec les organisations syndi-cales sur le travail dominical :« Avant d’élaborer le texte,notamment sur le travail dudimanche, il faut une concer-tation », a-t-il dit.

I l a souligné que cetteconcertation avait déjàdémarré, puisque, pour

l’écriture du rapport Bailly surle sujet, « toutes les organisa-tions syndicales, patronales ontété écoutées ».Ce rapport, destiné à préparerun texte de loi visant à l’exten-sion du travail dominical etremettant en cause certaines dis-positions du Code du travail,avait été commandé par le gou-vernement Hollande-Ayrault en2013, pour « clarifier le cadre juri-dique » du travail le dimancheet « examiner les faiblesses dudispositif actuel, éclairer lesenjeux de l’ouverture de certainscommerces le dimanche et faire

des propositions au gouverne-ment ». Emmanuel Macron, nouveauministre de l’Economie, aconfirmé, le 29 août, que le rap-port Bailly de fin 2013 consti-tuerait le canevas de la réforme,avec des assouplissements etune refonte des zones autori-sées à ouvrir.Berger y est favorable puisqu’ilindique que la CFDT souhaitedes « contreparties pour lessalariés », et couvre au passagele recours éventuel du gouver-nement aux ordonnances pourl’adoption de ce texte : « Avantl’écriture de ce texte de loi,même qu’il passe par ordon-nance ou pas, il faut une dis-cussion avec les organisationssyndicales sur le contour. »Le Premier ministre, ManuelValls, a en effet indiqué le 29 aoûtque le projet de loi sur la crois-sance, qui sera présenté débutoctobre en Conseil des ministres,comportera en partie « des habi-litations à agir par ordonnance,par exemple sur le repos domi-nical ». L. F. �

PSA-Sochaux va supprimer 300 postes d’intérimairesL’usine PSA, à Sochaux (Doubs), va se séparer, à partir de début novembre, de 300 intérimaires, dont les contrats ne seront pas renouvelés à leur échéance, ont dénoncé les syndicats FO et CFDT à l’issue d’un comité d’établissement extraordinaire tenule 1er septembre. « Ce sont 300 emplois intérimairesdirects non renouvelés et beaucoup plus chez les sous-traitants. La pénurie d’emplois dans la région va encore s’aggraver », a réagi un syndicaliste du site.L’usine de Sochaux emploie actuellement 1 100 intérimaires pour un effectif permanent de 10 400 salariés.

Nouveau record de 3,424 millions de chômeursLe chômage a fortement augmenté en juillet et atteintun nouveau record de 3,424 millions de demandeursd’emploi sans activité en métropole, après neuf mois d’af-filée de hausse (AFP, 28 août), + 0,8 % en catégorie A(sans aucune activité).

En intégrant les chômeurs ayant exercé une petite acti-vité, le nombre de chômeurs atteint aussi des recordshistoriques : 5,084 millions en métropole (+ 40 600,+ 0,8 %).

Le chômage enregistre sa plus forte hausse depuis lemois de février, où il avait augmenté de 31 500 deman-deurs d’emploi sans activité en métropole.

Depuis l’élection de François Hollande en mai 2012, plusde 500 000 chômeurs supplémentaires ont poussé laporte de Pôle emploi. Le chômage des jeunes est aussien hausse de 0,7 %.

En bref…

Photo DR

7INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 317 SEMAINE DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2014

Page 7: Photo AFP · Bruxelles. La composition du nouveau gouvernement se fera à la lumière de cette ligne économique. » C’est clair : le gouvernement Valls II, plus encore que son

Chronique

> L’actualité internationale >>>INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 317 SEMAINE DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 201410

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Brésil

La CUT exige la fin des bombardements et du blocus de Gaza

Dès le 19 juillet dernier, à São Paulo(Brésil), quatre manifestations ontrassemblé des milliers de tra-vailleurs et de jeunes pour la défense

du peuple palestinien, pour la fin des attaquesde l’armée israélienne et la levée du blocus deGaza.Devant le consulat de l’Etat d’Israël, l’actuel pré-sident de la Confédération syndicale interna-tionale (CSI), Joao Felice, s’est adressé auxmanifestants pour dire : « La presse brésiliennedoit arrêter de mentir, parce que ce qui se passeaujourd’hui en Palestine n’est pas une guerremais un massacre, l’assassinat d’un peuple de lapart du gouvernement israélien. »Pour sa part, Julio Turra membre de l’exécutifde la Centrale unique des travailleurs (CUT), adéclaré : « Nous sommes ici pour exiger la fin desbombardements et le retrait immédiat des troupesd’occupation de Gaza. Nous sommes ici en soli-

darité avec le peuple palestinien qui, depuis 1948,lutte pour sa survie et pour un Etat national. Undroit qui lui est nié par l’impérialisme qui pro-tège le sionisme assassin. » Selon Julio Turra,l’agression actuelle n’est pas un fait isolé, « maisun chapitre du nettoyage ethnique commencé ily a soixante-six ans, lorsqu’a été créé l’Etat d’Is-raël sur les terres palestiniennes ».Le 29 juillet, un meeting de solidarité avec lepeuple palestinien, qui s’est tenu durant l’as-semblée plénière de la CUT, a adopté une réso-lution exigeant la levée du blocus de Gaza parl’Etat d’Israël.De son côté, le 31 juillet, la CSI a lancé un appelà l’action pour la défense de Gaza, en déclarantque « les travailleurs et leurs familles s’associentaux voix qui s’élèvent dans le monde pour deman-der la négociation d’un cessez-le-feu immédiatet la fin du blocus qui emprisonne 1,9 millionde personnes ». �

Les organisations soussignées de Guadeloupe :— Expriment leurs sentiments de dégoût, d’in-dignation et de révolte face à la barbarie opé-rée par l’Etat d’Israël qui extermine le peuplepalestinien avec la caution des puissances occi-dentales.— Dénoncent avec la plus grande fermeté laposition du gouvernement français, qui s’estabstenu, le mercredi 23 juillet 2014, lors du votedu Conseil des droits de l’homme de l’ONUdemandant une commission d’enquête inter-nationale indépendante sur la violation du droitinternational humanitaire dans la bande deGaza, ainsi que le placement des Palestinienssous protection internationale immédiate.— Dénoncent aussi l’attitude du gouvernementHollande-Valls qui interdit des manifestationsde soutien au peuple palestinien pour satisfairele lobby juif.— Exigent que l’ONU et les autorités de la Francecondamnent sans ambiguïté le terrorisme d’Etatd’Israël qui massacre la population palestinienne.— Appellent tous ceux qui partagent les idéauxde paix et de justice à manifester leur solidaritéagissante au peuple martyr de Palestine pourobtenir :� l’arrêt immédiat des bombardements de lapopulation palestinienne à Gaza et le retraitimmédiat des troupes d’occupation d’Israël enPalestine ;� la levée immédiate du blocus israélien en Cis-jordanie et à Gaza ;� l’arrêt de la colonisation et la restitution auxPalestiniens de leurs terres ;� le droit à l’existence du peuple palestinien surson territoire : la Palestine.Nous, organisations et Fanm é Nonm Gwadioup,frappés et déchirés par le génocide de nos aïeuxamérindiens, violés et humiliés par la terreuresclavagiste et la répression militaire française,exprimons notre total soutien au peuple pales-tinien dans sa lutte pour la liberté et son droità un Etat souverain sur son territoire.ADIM - Agir en citoyens - Al KiïAB - ANKA - CFTC- CGTG - CIPN - CIPPA - Combat ouvrier - COPA-GUA - CSRDA – FAEN-SNCL - FKNG ! - FO - FSU- LKP - MAS KA KLÉ - Mouvman NONM - PCG -Solidaires Guadeloupe - SOS Basse-Terre Envi-ronnement - SPEG - SUD PTT GWA - Travayè éPéyizan - UGTG - UNSA - Union des femmes gua-deloupéennes - UPLG.

Lapwent, 26 juillet 2014 �

Etats-Unis

Une nouvelle situation s’ouvre dans le mouvement ouvrier américain

Une nouvelle situation se développedans le mouvement ouvrier améri-cain après les bombardements surGaza. Prenant la parole lors d’une

manifestation qui a rassemblé 50 000 per-sonnes à Washington le 2 août dernier, CarolGay, présidente du conseil des syndicatsindustriels de l’Etat du New Jersey et membredu comité de direction de Labor FightbackNetwork (un réseau de résistance ouvrière) adéclaré : « Comme travailleurs, nous sommessolidaires de tous les Palestiniens, à Gaza, enCisjordanie et ceux des camps de réfugiés (…).Cette attaque indiscriminée n’est pas seulementune punition collective mais fait partie d’unplan de nettoyage ethnique. » Pour sa part, US Labor Against the War (USLAW,« Le mouvement ouvrier contre la guerre »), unecoalition de syndicats et de militants ouvriers, acaractérisé le siège de Gaza comme « une puni-tion collective du peuple de Gaza qui est illégale ».USLAW a appelé à l’arrêt des bombardementset a mis en cause le gouvernement américaindans les massacres de Gaza : « Les Etats-Unisversent à Israël 3,1 milliards de dollars, qui vontessentiellement à l’achat de bombes, de missiles

et d’armes employés contre Gaza. » Cet appel dela direction de USLAW est sans précédent dansl’histoire du mouvement ouvrier américain dufait du soutien de la direction de la centrale syn-dicale AFL-CIO à l’Etat d’Israël. Peu de temps après que l’appel de USLAW a étérendu public, un certain nombre de syndicats etde conseils locaux ont appelé à l’arrêt des bom-bardements et à la levée du blocus de Gaza. Leconseil ouvrier central de l’AFL-CIO d’Oaklanda été le premier à adopter une déclaration, quidit notamment : « Viser les populations civiles,les hôpitaux, les écoles et les infrastructures éner-gétiques constitue des crimes de guerre selon laloi internationale (…). Le génocide souffert parle peuple juif n’autorise pas Israël à une violationdes droits humains. » Le 25 août, l’assemblée des délégués du conseildu travail de San Francisco de l’AFL-CIO a déclaré« sa forte opposition aux bombardements contreGaza » et « approuvé l’effort de la fédération natio-nale des transports pour livrer du matériel médi-cal et autres aides humanitaires à Gaza ».

Extrait d’un article d’Alan Benjamin, responsable de Socialist Organizer �

Guadeloupe

Motion de soutienau peuplepalestinien

INTERNATIONALE

Levée du blocusde Gaza !

Lucien Gauthier

Au lendemain de l’arrêt des bombardements sur Gaza, il y a eu, dans les territoires palestiniens, des manifestationsde Palestiniens se félicitant de ce qui leur apparaissait comme un recul des dirigeants de l’Etat d’Israël (notre photo). Un long reportage dans le journal Libération citait un habitant de Gaza : « Ma maison est détruite, mais je ne partirai pas ! »Ce reportage montrait, une nou-velle fois, ce que nous avons déjàécrit dans ce journal, à savoir la détermination des Palestiniensà résister et à vouloir rester chez eux. En revanche, le journal Le Monde, dans un article, titre sur l’« amertume » dans l’Etatd’Israël. En effet, au sein même du gouvernement israélien, des voix discordantes se sont fait entendre sur cet accord, qu’elles considèrent comme un recul. Plusieurs ministres ont déclaré qu’il s’agissait d’un coup de force de Netanyahou,qui ne leur avait pas demandé leur avis. De fait, les institutions de l’Etat d’Israël se retrouvent profondément ébranlées par la décision prise par les diri-geants de l’Etat d’Israël, sous la pression du gouvernementaméricain. Celui-ci, également, se retrouve ébranlé par la crise qui se développe dans l’Etat d’Israël, au moment même où les développements en Irak et en Syrie avivent la crise de domination de l’impérialisme américain.Bien évidemment, le fait que les pêcheurs palestiniens peuvent aller pêcher plus loinqu’ils ne le pouvaient avant, bien qu’extrêmement partielle-ment et qu’il y ait une réouverturedes points de passage, apparaîtaux yeux des Palestiniens commeun recul des dirigeants de l’Etat d’Israël, ce qui est vrai.Mais cela ne règle pas le problèmefondamental du blocus de Gaza.D’ailleurs, le gouvernement israé-lien vient de procéder à une expro-priation de 400 hectares de terre en Cisjordanie, bloquant ainsi l’accès à Jérusalem-Est.On le voit, les dirigeants de l’Etat d’Israël n’entendent pasrenoncer à leur objectif d’enferme-ment et d’écrasement du peuplepalestinien. Les informations que nous publions dans cette page,concernant les Etats-Unis, la Guadeloupe et le Brésil, illustrent qu’au sein du mouve-ment ouvrier grandit l’exigence de la levée immédiate et totale du blocus de Gaza.

Le peuple palestinien “fête” le cessez-le-feu intervenu le 26 août qui met ainsi un terme aux cinquante jours de bombardements sur Gaza.

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INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 317 SEMAINE DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 201411

Espagne

Un 11 septembre qui peut être décisif

Le peuple catalan veut voter, il veut pouvoir décider

Jean-Pierre Raffi

L e sommet extraordinaire del’Union européenne, réuni àBruxelles les 30 et 31 août

dernier, s’est terminé sans mêmeparvenir à approuver la totalité descandidatures aux postes de membredu Conseil de l’Union européenne.Et alors qu’en plus du programmeinitial devait être examinée la ques-tion ukrainienne, les débats sur cepoint n’ont fait que mettre encoreplus en évidence une situation quele journal Le Figaro (1er septembre)résume en un titre cinglant :« Ukraine : l’UE, sonnée et impuis-sante », autrement dit, complète-ment alignée, sur ce plan commesur tous les autres, sur les exigencesdu gouvernement américain.« Le sommet de l’Otan au Pays deGalles, qui permettra à Barack Obamade retrouver jeudi 4 septembre la quasi-totalité des mêmes dirigeants euro-péens, devrait ponctuer cette séquence,croit pouvoir annoncer Le Figaro. L’Al-liance atlantique prévoit elle-même dedécider un renforcement de sa présenceà l’Est de l’Europe, avec le préposition-nement de matériels, l’installation debases et de QG, la multiplication desexercices non loin de la Russie et l’en-voi de troupes quasi permanentes. »Parler de crise politique au sommetdans ces circonstances est d’une affli-geante banalité, alors qu’une journéeentière de tractations, précédées desemaines et semaines de marchan-dages et de bruits de couloir, n’a per-mis d’approuver aucun des vingt-huitreprésentants des Etats membres auConseil de l’Europe.Et c’est cette « Europe »-là qui prétenddicter la mise en œuvre accélérée desmesures les plus brutales, dont laGrèce, l’Espagne, le Portugal, pour neparler que de ces pays, ont montré lesconséquences tragiques qu’ellesentraînaient pour les travailleurs etles peuples.« Nous avons soutenu la propositiondu président du Conseil italien, Mat-

teo Renzi, de réunir un sommet del’Union européenne en Italie le 6 octobresur la question de la croissance et avecla volonté de mettre l’emploi au cœurdes choix européens », a déclaré Fran-çois Hollande à l’issue d’une réuniondes dirigeants sociaux-démocrateseuropéens, avant le Conseil de l’Unioneuropéenne à Bruxelles. Ce sommeten Italie « sera suivi, j’en ai fait moi-même la proposition, par un sommetde la zone euro si nos partenaires l’ac-ceptent », a-t-il ajouté.Un agenda que le ministre allemandde l’Economie, Wolfgang Shäuble, asoigneusement éludé lors de sa ren-contre à Paris avec son homologuefrançais, Michel Sapin. Tout en appor-tant un soutien appuyé au pacte deresponsabilité, il s’est empressé derappeler que pour le capital, dontl’Union européenne est l’instrument,« la voie des réformes rigoureuses estla seule possible », ajoutant un rienperfide : « Nous avons besoin deréformes ambitieuses qui ne soient passeulement annoncées mais aussi misesen œuvre. »Quant à « desserrer les contraintesbudgétaires », il a purement et sim-plement renvoyé le gouvernementfrançais dans ses cordes : « Les débatssur un assouplissement du pacte (deMaastricht, Amsterdam et Lisbonne)ne nous font pas avancer. Nous devonsappliquer les règles de stabilisationavec détermination. »Dans la nuit du 30 au 31 août, lesVingt-huit se sont entendu sur deuxnoms seulement. Federica Mogherini,ministre italienne des Affaires étran-gères, sera la chef-diplomate del’Union européenne. Le Premierministre polonais, Donald Tusk, repré-sentant de la « Nouvelle Europe »opposée, par les autorités américaines,à la « Vieille Europe » bardée de droitssociaux, de Codes du travail et d’uneculture du service public, sera le pro-chain président du Conseil européen.Mieux qu’un programme.

Union européenne

Sommet de crise à Bruxelles

Lettre hebdomadaire du POSI (1er septembre 2014)

En exprimant une volontécontraire à la démocratie,voici des semaines, qu’à par-

tir de divers milieux, se développeune campagne pour que le Tribunalconstitutionnel refuse la décision duParlement catalan d’appeler à unvote. Tout cela au nom de la légalitéconstitutionnelle monarchique, sisouvent invoquée pour ouvrir lavoie aux décisions qu’imposent latroïka (Commission européenne-FMI-Banque centrale européenne —NDLR) et le gouvernement Rajoy. Cequi a récemment permis que le Tribu-nal constitutionnel entérine desaspects extrêmement importants de laréforme du Code du travail. Réformequi, comme l’ont dénoncée en sontemps les exécutifs confédéraux desCommissions ouvrières (CCOO) et del’Union générale des travailleurs(UGT), nous renvoie à l’époque fran-quiste (…).Qui peut donner une légitimité à cetribunal ?Les dirigeants du PSOE s’entêtent àdonner une couverture au Parti popu-laire (droite — NDLR) et au gouver-nement Rajoy, et ils se réfugientderrière la prévisible décision du Tri-bunal constitutionnel de refuser ledroit au peuple catalan de voter. (…)Le peuple catalan veut pouvoir déciderde son destin, c’est-à-dire acquérir lasouveraineté pour pouvoir mieux sedéfendre face à la politique d’ajuste-ment, aux coupes sociales et salarialesque les gouvernements appliquent aucompte du capital financier et de ses

institutions : l’Union européenne etle FMI. On ne peut prétendre défendre la sou-veraineté de la Catalogne, ni d’aucunpeuple, et appliquer les coupes bud-gétaires qu’impose la troïka.

C’est pourquoi l’appel que lancentpour le 11 septembre les CCOO etl’UGT de Catalogne est important.Parce qu’il n’y a pas de droits natio-naux sans droits sociaux, et parce ques’opposer aux coupes et à toutes lesmesures d’ajustement est la seulemanière de défendre les aspirationsdu peuple catalan, de tous les peuples,à la souveraineté.Ceux qui promettent un avenir de sou-veraineté pour la Catalogne dans le cadrede l’Union européenne proposent enfait une issue aussi fausse que cellede la réforme du régime monarchiquecomme formule pour garantir le droitdes Catalans à décider. La seule issuesensée est celle d’en finir avec les ins-titutions antidémocratiques qui atta-

quent les droits et conquêtes. Et celaincombe à toute la classe ouvrière, àtous les peuples de l’Etat espagnol.Organiser l’unité de tous pour en finiravec le régime de 1978 (la Constitu-tion qui, à la chute de Franco, a per-mis d’assurer la continuité desinstitutions monarchistes — NDT) etouvrir une issue démocratique etrépublicaine, une période constituanteoù les droits sociaux et nationauxseront garantis. C’est ce que proposele Comité pour l’alliance des tra-vailleurs et des peuples, qui a orga-nisé des réunions sur cette questiondans plusieurs villes de tout l’Etat. En des moments si importants, où peutse dessiner l’avenir du peuple de Cata-logne et de tous les peuples de l’Etatespagnol, le Parti ouvrier socialiste inter-nationaliste (POSI), qui a combattu,depuis sa constitution, pour la Répu-blique, pour la République catalane,basque, pour l’union des républiqueslibres, estime que toutes les organisa-tions qui se réclament des travailleurset de la démocratie doivent unir leursforces pour atteindre ce but (…). Laquestion d’organiser la force nécessairepour empêcher que ni ce Tribunalconstitutionnel ni aucune institutionne puisse se placer au-dessus de lavolonté populaire.Pour l’alliance des travailleurs et despeuples, dressons la plus large unitépour la défense des droits sociaux etnationaux !Pour la rupture avec le régime monar-chique et ses institutions, qui sont unobstacle à la fraternité entre lespeuples et à la préservation desconquêtes sociales !

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“Si la légalitéconstitutionnelle empêche la démocratie, ce qu’il faut mettre en question, c’est la continuité du régime monarchique”

A nouveau, des centaines de milliers de citoyens vont manifester le 11 septembreprochain pour démontrer à ceux qui nient le droit des peuples à décider deleur destin qu’ils ne sont pas prêts à le permettre. Indépendamment de lavolonté de ceux qui y appellent, cette manifestation est un appel à tous lespeuples de l’Etat espagnol à combattre ensemble pour la souveraineté, pourle droit à décider.

Les manifestants brandissent des drapeauxrépublicains et catalans lors de manifestations à Barcelone au lendemain de l’abdication du roi en juin dernier.

Pour une union libre des peuples et des nations libres de toute l’Europe :rompre avec l’Union européenne !

« A l’Union européenne fondée sur des traités qu’on veut imposer auxnations et aux peuples contre leur volonté, nous opposons l’unionlibre des peuples et des nations libres de toute l’Europe.Libres, c’est-à-dire débarrassés des institutions réactionnaires et anti-démocratiques de l’Union européenne, ce qui est la condition pourl’établissement de relations sur un pied d’égalité entre toutes les nationset les peuples du Vieux Continent » (manifeste du POI).

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Extraits d’un document de discussiondu Réseau d’unité de la gauche noireintitulé : « La rébellion de Ferguson :Pourquoi reconstruire le Mouvementde libération noire ? »

Le financement de la Sécuritéintérieure a accordé aux ser-vices de police plus de 75 mil-

liards de dollars d’équipementmilitaire ! Le Pentagone offre actuel-lement des surplus militaires d’unevaleur de plus d’une centaine de mil-lions de dollars d’armement mili-taires à la police du comté deSaint-Louis.Cette militarisation de la police amé-ricaine fait partie de la stratégie d’en-semble de l’empire américain menéepar le Pentagone et qui représente leplus gros niveau de commande dupotentiel militaro-industriel des Etats-Unis. Sur plusieurs décennies, l’aide

militaire annuelle de 3 milliards de dol-lars accordée par le gouvernementaméricain à l’Etat d’Israël permet desouligner la connexion entre l’impé-rialisme américain et l’Etat sioniste etcolonialiste d’Israël et pourquoi l’Etatmilitaire israélien a entraîné plus de9 000 policiers américains au niveaufédéral, des Etats et des municipalités.La police militarisée est aujourd’huidéployée dans d’autres villes à traversles Etats-Unis où se déroulent desmanifestations de solidarité avec Fer-guson. Les organisateurs de ces mani-festations considèrent ce soutiencomme une expression de la résistancenationale qui se développe et qui n’apas encore formé un Front nationalunique organisé noir (…), un frontpopulaire et un programme d’actionpour unir et présenter une orientationpolitique nationale reliant les diffé-rents mouvements locaux de solida-

rité et les luttes locales contre les assas-sinats perpétrés par la police. L’Etatcomprend le potentiel de cette résis-tance nationale.Sans la pression de la résistance natio-nale de masse et le soutien actif, au plan international, des revendica-tions qui répondent à la fois au meurtrepar la police de Brown, et d’autres vic-times noires qui se sont produits, etqui poussent les mouvements inter-nationaux sociaux et politiques àcondamner ces crimes comme descrimes contre l’humanité, la promessed’enquêtes par le procureur généraldes Etats-Unis et des agences gouver-nementales va de nouveau considérerles assassinats commis par la policecomme des affaires locales, faisant dudéroulement de la justice la chasse gar-dée des tribunaux américains, dont lerôle est de protéger l’image et les orga-nisations de l’Etat. �

Alan Benjamin

Dans plus de cinquantevilles à travers les Etats-Unis, la jeunesse noires’est soulevée pourprotester contre l’as-

sassinat, le 9 août, par un agent depolice blanc, d’un jeune de 18 ans,Michael Brown, à Ferguson, dans leMissouri.Ferguson n’est pas si différente desvilles à majorité noire à travers lesEtats-Unis, dans lesquelles un jeuneNoir est assassiné toutes les vingt-huitheures par des agents de policeblancs, des agents de sécurité ou desvigiles (1) autoproclamés (commeGeorge Zimmerman, l’homme qui aassassiné le jeune Noir Trayvon Mar-tin à Sanford, en Floride, et qui a étéensuite relâché).L’organisation de base Malcolm Xévoque une campagne de nettoyageethnique de la jeunesse noire auxEtats-Unis, orchestrée par la classedirigeante, avec un nombre croissantd’exécutions de jeunes Noirs désar-més perpétrées par la police, et dontles auteurs restent impunis, et desmillions de jeunes Noirs emprison-nés. C’est dans ce contexte qu’undocument de discussion du Réseaude l’unité de la gauche noire dénoncela militarisation croissante de la policeaux Etats-Unis et pose la question :« La révolte de Ferguson : pourquoireconstruire le Mouvement de libéra-tion noire ? »« Le cri lancé par les masses noires pourla justice, qui s’est exprimé et qui s’estpopularisé à Ferguson, Missouri, etdans tous les Etats-Unis, est un cri quiappelle le changement et le pouvoird’opérer un changement radical. Cen’est pas un cri à propos d’une démo-cratie manquée, même sous laconduite d’un président noir qui, defaçon éhontée, a tenté d’utiliser sa posi-tion de président des Etats-Unis pourconvaincre les Noirs que le systèmed’oppression nationale était révolu etque désormais nous vivons dans unesociété démocratique “post-raciale”dans laquelle les problèmes des Noirs

étaient la faute de l’individu, et nonle produit du système d’oppressionnationale inhérent au système capi-taliste. »

“Pour un parti politique noir relié à la lutte pour un Labor Party”

Pour les auteurs de ce document :« L’heure est désormais à la recons-truction des organisations ouvrièresnoires (…), pour contribuer à mode-ler la conscience noire et la conscienceouvrière en général, et mobiliser leurpuissance contre le système d’oppres-sion nationale noire et le système capi-taliste américain en général. » Le Réseau d’unité de la gauche noireappelle sur cette base à « la tenued’une assemblée nationale pour la libé-ration noire, et à une discussion et àla rédaction d’un projet de manifestepour développer un programme natio-

nal qui devrait être ratifié à l’assem-blée nationale ».Dans cette optique, Socialist Or-ganizer a réaffirmé, lors de sa XIIIe Convention nationale, sa posi-tion sur la question noire : « Il y a, aux Etats-Unis, une dimensiontrès spécifique de la lutte des classesqui implique la question de l’oppres-sion nationale… Les Noirs ont été unecomposante de la constitution de lanation américaine, mais en mêmetemps, ils ont été exclus en permanencede cette même nation par la classedominante (…).Pour avancer dans leur lutte de libé-ration en rompant avec le Parti démo-crate, et pour permettre de forger uneunité à égalité avec l’ensemble des tra-vailleurs, nous soutenons la constitu-tion d’un parti noir indépendant, que,pour notre part, nous considérons reliéà la lutte pour un Labor Party fondésur les syndicats. »

Extraits d’un article du journal ouvrier américain

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(1) Vigiles : milices privées autorisées à pro-céder à des interrogatoires.

> L’actualité internationale >>>INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 317 SEMAINE DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 201412

Les faits : du mois de mai aumois d’août 2006, lesagents du CHU sont mo-

bilisés massivement et sont engrève contre ce que leur syndicat(UTS-UGTG) qualifie de « pra-tique et d’errements » du direc-teur général du CHU de l’é-poque, aujourd’hui expatrié àl’AP-HP de Paris. Les personnels et leur syndicatsont confrontés à la directrice desressources humaines de l’époque,que le syndicat qualifie de « prin-cipal caporal » du directeur. Aprèsplusieurs provocations à l’endroitdes grévistes et du personnelmême de la DRH, le 16 juin 2006,la directrice des ressourceshumaines simule une agression etse fait prescrire trente jours d’in-capacité temporaire de travail.Dans la foulée, elle porte plaintecontre trois militants de l’UTS-UGTG, Ginette Lerus, Jules Cal-vaire et Alexis Lunion. Sa plainte est soutenue par le juged’instruction, avec le témoignage,comme cela est parfois le cas, detrois salariés non grévistes de laDRH.Après un premier procès en jan-vier 2014, c’est le 11 septembreque ces trois militants syndica-listes se retrouvent devant le tri-bunal de Pointe-à-Pitre. Ce procès s’inscrit dans uncontexte où l’Etat et la directionactuelle du CHU prétendentimposer leur plan de « retour àl’équilibre » qui prévoit 400 sup-pressions de postes et remet encause des accords concernant les35 heures, la révision des carrièresdes ouvriers et des administratifs,la titularisation des contractuels,etc.Situation dénoncée régulière-ment par l’UTS-UGTG, qui relèvede façon détaillée les consé-quences dramatiques pour lespersonnels et la population,confrontée notamment à une crise sanitaire majeure, l’épidé-mie du virus chikungunya. Huit ans après la grève du CHU,ce procès contre les trois syndica-listes doit être apprécié pour cequ’il est.

Depuis la grande grève généralede 2009, plus de cent syndica-listes, essentiellement membreset dirigeants de l’Union généraledes travailleurs de Guadeloupe(UGTG), sont passés en procès.On assiste, face à la résistance destravailleurs, de la population deGuadeloupe, et de leurs organisa-tions, au premier rang desquellesl’UGTG, à une tentative systéma-tique de criminaliser l’action syn-dicale. Les lecteurs d’Informationsouvrières connaissent en particu-lier l’utilisation scandaleuse destests génétiques.Toutes les provocations sont per-mises dans ces prétendus DOM-TOM qui ne sont en réalité quedes colonies mal déguisées. Campagne de presse calomniantles syndicalistes, le LKP, provoca-tions policières multiples, at-teintes au droit du travail et auxprérogatives des organisationssyndicales, et, bien sûr, les procèsà répétition dont l’objectif est demuseler, de mettre à genoux, deterrifier les organisations ou-vrières et leurs militants. A plusieurs reprises, cette répres-sion antisyndicale a été mise enéchec, grâce, d’abord et avanttout, à la mobilisation dans l’unitédu mouvement ouvrier en Gua-deloupe.La solidarité internationale a jouéun rôle non négligeable. Solidaritéà laquelle le Comité internationalcontre la répression (Cicr) a prisune part importante, aux côtés denombreux syndicalistes, en Francenotamment. Un nouveau défi est lancé aux tra-vailleurs et à leurs organisationsavec ce procès des trois syndica-listes de l’UGTG, procès qui, nousy reviendrons, annonce égale-ment celui de Charly Lendo,ancien secrétaire général del’UGTG, qui aura lieu en janvierprochain.Ces procès sont un défi au mou-vement ouvrier et démocratique,non seulement en Guadeloupe,mais à l’échelle internationale. Il nous faut y faire face.

G. B. �

Etats-Unis

Soulèvement de la jeunesse noireau lendemain du meurtrecommis par la police à Ferguson

Retour sur l’assassinat du jeune Noir américain, Michael Brown, par un policier blanc à Ferguson (Missouri)

La militarisation des services de policeà travers les Etats-Unis

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Ferguson, le 30 août : le père de Michael Brown en tête de la manifestation pour demander que justice soit rendue pour l’assassinat de son fils :“Arrêtez Darren Wilson pour meurtre !”, demandent les pancartes désignant le policier qui a abattu le jeune Noir.

GuadeloupeRépression antisyndicale11 septembre 2014, trois militants de l’UGTGpassent en procès

Affiche du LKPéditée en 2011contre les poursuitesjudiciairesengagées à l’encontre de syndicalistesguadeloupéens.

Page 10: Photo AFP · Bruxelles. La composition du nouveau gouvernement se fera à la lumière de cette ligne économique. » C’est clair : le gouvernement Valls II, plus encore que son

INSTITUTIONS INTERNATIONALES

Trois ans après l’affaire DSK, le FMI de nouveau dans la tourmente Le Fonds monétaire international (FMI) se retrouve à nouveau dansla tourmente avec la mise en examen de sa directrice générale,Christine Lagarde. Les faits de « négligence » reprochés à ChristineLagarde en tant qu’ancienne ministre de l’Economie française, ra-vivent de douloureux souvenirs au sein de l’institution, trois ansaprès la démission de Dominique Strauss-Kahn, accusé d’agres-sion sexuelle contre une femme de chambre de l’hôtel Sofitel, àNew York, en mai 2011.Mais cette affaire, liée à un arbitrage dont a bénéficié l’homme d’af-faires français Bernard Tapie en 2008, porte une ombre nouvellesur une institution dont la fonction première a été, depuis desannées, d’infliger aux peuples l’amère potion des plans de restruc-turation, les privatisations et les cures d’austérité imposées dansle monde entier et maintenant en Europe.Depuis le début de l’enquête sur cet arbitrage lié à la vente del’équipementier sportif Adidas, le conseil d’administration du FMI,qui représente ses 188 Etats membres, a fait bloc derrière sa direc-trice générale, lui apportant à plusieurs reprises sa « confiance ».Mais Christine Lagarde n’était jusque-là que « témoin assisté », unstatut intermédiaire moins significatif que celui de « mise en examen »qui lui a été signifié par la Cour de justice de la République, à l’is-sue d’une quatrième audition le 26 août dernier à Paris. Le délitde négligence est passible d’un an de prison et de 15 000 eurosd’amende.« Des événements comme celui-là ne sont pas positifs, mais Mme Lagarde a été plutôt efficace dans sa conduite du FMI », assureDesmond Lachman, un ancien membre du FMI.

CHINE

Le travail des enfants, une bonne affaire pour SamsungUn rapport de l’association China Labor Watch (CLW),établit que l’entreprise HEG Technology, l’un des fournisseurs chinois de Samsung, emploie des enfants dans son usine de Huizhou en Chine.L’entreprise, qui produit également pour le fabricantchinois d’ordinateurs Lenovo, numéro un mondial des PC,a par ailleurs employé cent dix-sept étudiants, astreints à travailler jusqu’à 12,5 heures par jour en moyenne.ARGENTINE

La capitale paralysée par une deuxième grève générale en six mois Pas de trains ni de vols domestiques : le 28 août dernier, l’Argen-tine a vécu sa deuxième grève générale en six mois, appelée parles syndicats pour réclamer de meilleurs salaires. Le pays a étédéclaré en défaut de paiement partiel par les agences de notation,après le blocage à New York d’une échéance de sa dette, à la suitede l’agression spéculative menée par plusieurs « fonds vautours »américains.

Dès l’aube, des piquets de grèveavaient été installés sur les prin-cipaux accès à Buenos Aires, lacapitale, pour empêcher le pas-sage de certains transportspublics, comme les taxis et lesautobus, qui n’ont pas voulu sejoindre au mouvement.Dans l’agglomération de 13 mil-lions d’habitants, seules troislignes de métro sur six fonc-tionnaient, tandis que ni lestrains, ni les avions des lignesintérieures, ni les banques nefonctionnaient.De nombreux hôpitaux publicsétaient aussi à l’arrêt. Massive-

ment, les cheminots, les chauffeurs de camions et les travailleursdu secteur portuaire étaient eux aussi en grève.Parmi les revendications, la baisse de la taxation sur les salaires,l’interdiction des licenciements pendant un an et la hausse desaides familiales. « Ce sont les mêmes revendications que celles quenous avions lors de la grève du 10 avril, mais maintenant, la situa-tion s’est aggravée, avec des licenciements et le chômage tech-nique. Quatre mois plus tard, le pouvoir d’achat a chuté de manièresignificative », a indiqué Pablo Micheli, de la Centrale des travailleursd’Argentine (CTA).L’Argentine compte 11 millions de salariés enregistrés, dont 40 %sont syndiqués, et le nombre de travailleurs « au noir » est estiméà 4 millions, pour un taux de chômage officiel de 7,5 %.

E n serrant sa petite sœur de quatremois dans ses bras, Amir Hamad, 11 ans, n’oubliera « jamais », dit-il,

la journée de ramadan du 9 juillet. « Mesparents prenaient le café après la rupturedu jeûne quand une bombe est tombée surnotre maison. Je les ai vus à terre et j’ai com-pris qu’ils étaient morts », se souvient-il. Comme des centaines d’enfants, la guerrede Gaza a fait d’Amir et de ses quatre frèreset sœurs des orphelins.« Je vais m’occuper de mes frères et sœurs »,promet-il, avant de lâcher : « Mais j’ai peur,maintenant que mes parents ne sont plus àmes côtés. »Le raid de l’aviation israélienne, qui a détruitsa maison dans le nord de la bande de Gaza,a également emporté quatre autresmembres de la famille Hamad.Depuis la mort de leurs parents, la fratrievit chez la grand-mère maternelle, Afaf, 60 ans, elle-même déplacée depuis que laguerre a aussi touché sa maison. « Je n’aban-donnerai jamais mes petits-enfants, je les

élèverai comme j’ai élevé ma fille », dit-elle.Mais, avec son mari de 70 ans, elle ne voitpas comment elle pourra subvenir à leursbesoins : « Comment faire pour payer leuréducation ? », lâche-t-elle, en larmes. Plus de 2 000 Palestiniens, dont une majo-rité de civils, ont été tués dans la bande deGaza en cinquante jours d’une guerre d’ex-termination menée par l’Etat d’Israël contrele peuple palestinien à Gaza.Bissane Daher, elle, a perdu ses deux parentset ses frères dans un raid. « Nous étions tousà la maison. Aucun de nous n’avait de bombeou de choses comme ça, mais ils ont bom-bardé notre maison alors qu’on y était », dit-elle, le front bandé, stigmate de ce mêmeraid sur la maison familiale dans le nord dela ville de Gaza.« Je me suis réveillée les yeux pleins de sable(...). J’aimerai tellement revoir papa etmaman », ajoute la fillette de huit ans, res-tée six heures sous les décombres avantd’être découverte par les secouristes pales-tiniens.

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CORÉE DU SUD

Nouveaux débrayagesdans les usines Hyundai Kia Des milliers d’employés du groupeautomobile sud-coréen Hyundai Kia,mécontents de négociations salarialesen cours, ont cessé le travail le 28 aoûtdernier. Plus de 20 000 ouvriers desusines de Hyundai Motor à Ulsan,Jeonju et Asan ont quitté leur poste detravail.Ce nouveau débrayage survient aprèsun premier arrêt de travail une semaineauparavant sur les sites de Hyundai etde sa filiale Kia.Les syndicats ont par ailleurs appelé àun rassemblement devant le siège deHyundai, à Séoul.Les négociations sur les salaires entrereprésentants de la direction et des sala-riés sont jusqu’à présent resté infruc-tueuses, après dix-sept tours de tableau cours des deux derniers mois.Les syndicats exigent que les primesrécurrentes soient intégrées dans lessalaires, car les heures supplémentaires,les vacances et les retraites sont calcu-lées sur la base des rémunérations fixes.La direction refuse, au motif que lesprimes sont versées en fonction de cri-tères de productivité.

CHIFFRE

65 C’est, en milliards de dollars,

le montant des profitsréalisés par les grandesbanques américaines

l’an dernier.Les patrons de la Bank of America, qui vient de

se voir infliger une amende de 9,65 milliards de dollars,

ont tenu à rassurer leurs actionnaires :

cette “amende” ne mettrapas la finance américaine

en danger.

ÉTATS-UNIS

D’anciens “mercenaires” de Blackwater reconnus coupables de l’assassinat de civils irakiens D’anciens « mercenaires » de la sociétéprivée américaine Blackwater sont cou-pables d’avoir fait feu sur d’« innocents »civils irakiens « non armés » qui ten-taient simplement d’échapper au bainde sang en 2007 à Bagdad, a estimé, le27 août dernier, un procureur fédéralaméricain, Anthony Asuncion.Le procureur a demandé pourquoi cesanciens « mercenaires », accusés du mas-sacre de quatorze Irakiens le 16 sep-tembre 2007 sur la place Nisour, à Bag-dad, avaient tiré « sur des innocents » :« Pourquoi tirer sur toutes ces personnesqui s’enfuient, qui tentent de s’éloignerd’eux, pourquoi tirer sur ces femmes etces enfants non armés ? »Il a cité un témoignage selon lequel l’und’eux avait déclaré à l’époque : « Lesvies de ces gens ne valent rien, ce ne sontmême pas des humains, ce sont des ani-maux. »En 2009, un juge américain avait pro-noncé un non-lieu. Le jugement estcette fois mis en délibéré.

INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 317 SEMAINE DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 201413

U N E S E M A I N E D A N S L E M O N D E

Les bombardements de l’armée israélienne sur Gaza ont fait des centaines d’orphelins

Geyser de débris et de fumée lors d’un bombardementC’est sa grande sœur, une jeune femme mariée de 28 ans, qui a recueilli Bissane. La fillette « est encore hantée par ces moments », raconte-t-elle. La nuit, « elle n’arrive pas à s’endormir : elle pleure et elle appelle notre père et notre mère ». Selon l’ONU, au moins 373 000 enfants ont un besoin urgent de soins psychologiques lourds après cette guerre, la troisième en six ans, à Gaza. Avec le conflit, l’orphelinat al-Amal, le seul de la bande de Gaza, a déjà enregistré « plus de 250 à 300 nouveaux orphelins »,affirme son directeur, Ayad al-Masri. Avant la guerre, il hébergeait cent vingt enfants. Avec le début des bombardements, certains ont temporairement rejoint leur famille élargie. L’un d’eux, rapporte M. Masri, a été emporté dans un bombardement : Ali, 10 ans, a été tué par un raid sur une école de l’ONU qui accueillait des réfugiés.Pour le moment, l’orphelinat ne compte que trente et une chambres, mais, promet M. Masri, « nous allons construire un bâtiment supplémentaire pour accueillir les nouveaux orphelins ». Une promesse qu’il ne pourra tenir qu’avec la levée totale et complète du blocus israélien qui asphyxie, depuis 2006, 1,8 million de Palestiniens de Gaza.

Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 27 août :deux enfants en pleurs assistent aux funérailles de leurs parentset de leurs frères assassinés par les bombardements israéliens.

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