PESADILLA -...

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©Viola Berlanda PESADILLA Un spectacle de Piergiorgio Milano Danse Acrobatique Somnambule DOSSIER DE PRESSE

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©Viola Berlanda

PESADILLA Un spectacle de Piergiorgio Milano

Danse Acrobatique Somnambule

DOSSIER DE PRESSE

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Le Soir Lundi 24 juillet 2017

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CULTUREHubert Reeves s’attaqueaussi à la BD. Il signe au Lombardune série d’albums pédagogiques.Premier volume : la biodiversité,le 13 octobre. © ASTRID DI CROLLALANZA.

I l est bien sûr impossible – etprobablement pas souhai-

table – de voir les 1.450 spec-tacles à l’affiche du Off. Venuesprincipalement de France(1.347 spectacles), les compa-gnies viennent aussi de Belgique(32), de Suisse (29), des Etats-Unis (6), de Chine (14), d’Iran (2)ou du Burkina Faso (2). Voicidonc une sélection très partielled’œuvres qui passeront àBruxelles à coup sûr.

1 Histoire intime d’ElephantMan. Ovni fascinant, le seul

en scène de Fantazio plonge auplus profond de l’inconscientsous la forme d’une conférenceconfession qui détaille les obses-sions et les failles les plus intimesd’une existence. Le texte lui-même n’est qu’une suite de rup-tures chez cet homme qui traqueles brisures tout en aspirant àplus de rondeur dans notre

monde. Nourri par ElephantMan, le film de David Lynch,l’auteur chanteur explore la dif-formité de l’esprit en une plongéevertigineusement poétique. Du16 au 19 janvier 2018 au Théâtre140, Bruxelles.

2 Sandre. Autre seul en scèneet autre confession, Sandre

plonge plutôt dans la fiction, latragédie même, avec l’extraordi-naire Erwan Daouphars. Assissur un fauteuil, presque sansbouger, le comédien hypnotisel’assemblée dans le rôle d’unefemme que la déroute conjugaleet les petits sacrifices du quoti-dien vont mener au drame. Avecune scénographie crépusculaire,qui recèle de surprenants res-sorts, le texte nous emmène pardegrés dans la psychologie de cetêtre torturé. Noire de noire, lapuissance de cette œuvre puise àla fois dans le fait divers contem-

porain et le mythe éternel. Jus-qu’au 26 juillet à la Manufactureà Avignon. En 2018-19 auThéâtre 140, Bruxelles.

3 Ada / Ava. Venu de Chicago,le Manual Cinema fabrique

un théâtre d’ombres très hitchco-ckien avec quelques rétroprojec-teurs, des marionnettes de plas-tique semi-transparent, des co-médiens et des musiciens. Pourfaire galoper cette histoire dedeuil, les Américains convoquentà la fois une atmosphère à la TimBurton, une technique cinémato-graphique (cadrages, fondus,contrastes) hallucinante et desdessins cousus main. Encensépar le New York Time ou le Guar-dian, le spectacle fait le tour dumonde et devrait passer parBruxelles en 2018-19. Jusqu’au30 juillet au Théâtre du Chênenoir à Avignon. ■

C. Ma.

Off Intime, hypnotisant, hitchcockienScènes bestialeschez Emma DanteHabituée du Festival deLiège, la Sicilienne EmmaDante repassera sans doutepar la cité ardente avecBestie di scena, à l’affichecette semaine du In à Avi-gnon. Elle risque pourtant desurprendre ses aficionados,tant sa nouvelle créations’écarte de son théâtre habi-tuel. Ni texte, ni décor, nicostume, à peine quelqueslumières : Emma Danteabandonne tout ce qui faitthéâtre pour plonger ses14 comédiens dans un es-pace vierge, comme au com-mencement du monde, maisaprès la Chute. Conscientsd’être nus, tels des Adam etEve effrayés par la puissancede leur Créateur (la met-teuse en scène elle-même),les quatorze hommes et

femmes sont tour à tourmarionnettes, duellistes,danseurs grotesques oubêtes de zoo. Voir des ac-teurs nus manger des caca-huètes suffit visiblement àcombler le public du In, qui aapplaudi à tout rompre, maisl’ensemble nous a paru facile

et potache. Voilà bien long-temps qu’on a compris que,sous le vernis de civilisation,se tapit l’homme nu, mu parses instincts primaires.

C.MA.

Jusqu’au 25 juillet au Gymnase du Lycée Aubanel, Avignon.

CRITIQUE

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AVIGNONDE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE

L e cirque se mérite en Avi-gnon. Pour trouver l’es-planade où se déploient

les chapiteaux de « L’Occitaniefait son cirque en Avignon », ilfaut quitter les ruelles proprettesde la ville, pour s’aventurer del’autre côté du Rhône et longerles péniches accostées sur l’îlePiot. On se croirait revenus auxtemps où les saltimbanques,n’ayant pas droit de cité, étaientrelégués sur les terrains vaguesdes banlieues.

Frontières poreusesL’effort en vaut en tout cas la

chandelle quand, parmi les pro-positions de vélo acrobatique,magie, équilibre, on découvre ladanse onirique et sportive de Pe-sadilla. Cauchemar éveillé portépar Piergiorgio Milano, le spec-tacle s’enfonce peu à peu dans lesommeil agité d’un homme enchemise cravate. Comme les dé-dales imprévisibles du rêve, Pesa-dilla slalome entre forêt artifi-cielle, panda géant, requin vo-lant, chien sadomaso sur talonsaiguilles et autres délires à la Ter-ry Gilliam. Au fil de ces contor-sions burlesques ou cauchemar-desques, la pièce déploie un ima-ginaire noir, voire angoissant,loin du cirque traditionnel.

C’est ce spectacle désarçon-nant que le Théâtre des Doms achoisi pour représenter la Bel-

gique sur la vitrine circassiennede l’île Piot. Mais le cirquetrouve-t-il facilement sa placedans un festival aussi associé authéâtre ? « Une partie du publicveut clairement voir autre chose,affirme Piergiorgio Milano. J’aientre autres des étrangers quiviennent me voir et ne parlentpas français, par exemple des Ja-ponais, des Américains, des Taï-wanais, qui sont contents de voirquelque chose de visuel. »

Conscient que sa pièce surprendpar son étrangeté, PiergiorgioMilano rencontre cinq ou sixprogrammateurs par jour, dontla moitié semble intéressée. Sicertains regrettent que le cirques’éloigne de ses racines, c’est sansdoute le domaine où les fron-tières entre disciplines semblentles plus poreuses, d’où la pré-sence décomplexée des circas-siens à Avignon. « Avant, lecirque partait de la technique

pour développer un spectacle.Maintenant, la création, le récit,l’image, sont au centre du proces-sus, ce qui nous rapproche duthéâtre. »

S’ouvrir à l’internationalAlors que Pesadilla expéri-

mente le festival avec certainsprivilèges grâce aux Doms (sou-tien logistique, aide financière,accès à un lieu de représenta-tion), d’autres compagnies belges

de cirque tentent l’aventure dansdes conditions plus acrobatiqueset dans les théâtres intra-muros.C’est le cas notamment de Chali-waté avec Josephina, de Duo Ga-ma avec Déconcerto et de DobleMandoble avec Full HD. Leurobjectif : ouvrir leur tournée à laFrance et à l’étranger.

« En Belgique, les vitrinesbrassent moins de professionnels,surtout à l’international, ex-plique Sicaire Durieux, de Chali-

waté. Et quand on a fait une qua-rantaine de dates, juste quand lespectacle commence à être rodé,on a déjà fait le tour des villesbelges. » Rester en Belgique, c’estdonc avorter prématurément unspectacle qui pourrait toucher unlarge public. « C’est comme ou-vrir un restaurant sans faire depublicité, alors personne nevient, analysent les jumeaux deDoble Mandoble. Nous, notre in-vestissement, c’est faire Avi-gnon. »

Endettés pour venir à AvignonQuasiment tous se sont endet-

tés pour venir jouer trois se-maines au Théâtre des Lucioles.Economies personnelles ou de lacompagnie, crédits à la banqueou à un secrétariat social, les sa-crifices sont parfois importants.« On connaît même des artistesqui ont hypothéqué leur maisonpour venir à Avignon », confie lachargée de diffusion Anna Giolo.Pour tous, l’idéal serait d’engran-ger, après Avignon, au moins unetrentaine de dates pour rem-bourser leurs frais : environ40.000 euros au total pour payerla location de la salle, les salaires,le logement, la communication,etc. « Il vaut mieux payer pluscher une salle reconnue pour saqualité que de payer moins chermais sans être repéré », conseilleChaliwaté.

Outre la réputation du lieu, ladistribution de tracts reste pri-mordiale dans le succès du spec-tacle sur Avignon : « Il faut trou-ver le bon pitch et surtout lesmots-clés. Par exemple, dire qu’onest une compagnie belge attireclairement le public. » L’imagedu plat pays profite donc à tout lemonde, et certains se prennentdéjà à rêver de faire le Festivald’Edimbourg, riche de proposi-tions visuelles, et donc plus adap-té encore au cirque. « Hélas, c’estdeux fois plus cher d’aller àEdimbourg et il faut un parte-naire producteur ou un agentspécialisé sur place pour avoirun réseau. On commence parAvignon et on verra. » ■

CATHERINE MAKEREEL

Le cirque belge s’aventuredans la jungle du OffSCÈNES Acrobatie, magie, vélo, clown : les circassiens misent aussi sur Avignon

Pour beaucoup,Avignon est synonymede théâtre.

Pourtant, de plus en plus de compagniesde cirque y tentent aussi leur chance.

Parfois au prixde sacrifices énormes.

Derniers regardset conseils pour abordercette ultime semainedu In et du Off.

Piergiorgio Milano dans « Pesadilla » et les dédales imprévisibles du rêve. © MANUELA GIUSTO.

Hors Pistes 2017 : Pesadilla, Intrigant rêve éveillé. Des Halles au Festival d'Avignon (Les Doms) ***

"Pesadilla' de Piergiorgio Milano. - © Manuela Giusto Article de Christian Jade (RTBF.be, site de la Radio Télévision Belge Francophone) Publié le mardi 21 mars 2017 à 18h46

Critique :***

Un homme, (Piergiorgio Milano). se paie un vol plané monumental puis s’agrippe à une chaise dans des positions invraisemblables. Comme si ce corps dépassait les réalités de la pesanteur. Acrobatique ? C’est un des aspects plaisants de cette performance : l’admiration primaire pour la souplesse d’un " Valentin le désossé ". Ce " premier degré " du cirque, l’agilité hors normes est bien là mais, mis au service d’une histoire qui se dramatise. Apparaît une petite plante, poussée par un balai. Petit à petit les plantes s’accumulent comme si la nature envahissait le plateau. Beauté ou menace ? Arrive alors un employé à corps de panda, l’animal le plus mignon du monde, non ? Ami ou ennemi ? Dans ce rêve éveillé ou ce cauchemar organisé (par qui, le rêveur ou le panda ?) le corps dans ses torsions s’adapte aux situations, agit ou réagit. Des armes surgissent, des stress le paralysent, des agressions se fomentent, des danses de séduction s’ébauchent. Drôle d’affaire, sans cesse relancée avec des changements de rythme savamment calculés. L’ambigüité étend ses réseaux, et le rire alterne avec les peurs, comme dans tout bon conte pour enfants. Entre le rêveur et le panda on peut même douter...jusqu’à la conclusion. Qui est le héros, qui la victime ? A moins que l’un ne soit le double de l’autre ? Comme dans toute bonne histoire jouant sur le sentiment " freudien " d’inquiétante étrangeté ?

En tout cas Piergiorgio Milano n’a pas pour rien participé à la tournée mondiale de " Tabac rouge " de James Thierrée. Cet acrobate a enrichi son bagage d’une solide réflexion dramaturgique sur le mélange des genres, le cirque épousant la danse et le théâtre pour construire un produit à la fois séduisant, drôle et touchant. Construire un monde, c’est bien, parvenir à le communiquer encore mieux. Toute l’équipe est à congratuler ; lumière, musique, dramaturgie et d’abord le panda-complice Nicola Cisternino. On sort de là ragaillardi, réveillé, dispos : le comble après un cauchemar !

‘Pesadilla’ (Piergiorgio Milano).

-ce 21 mars aux Halles de Schaerbeek

-en juillet au festival d’Avignon (Théâtre des Doms).

Christian Jade (RTBF.be)

!

PESADILLA Piergiorgio Milano C'était à Rome , ce samedi soir ...dans un festival de Nouvelle Danse… Pesadilla… Un corps est balancé sur la scène – de côté – ou plutôt comme s'il avait été lancé...éjecté sur scène...sur scène où il y a une chaise...et l'homme va tenter de rejoindre sa chaise puis va la quitter puis va à nouveau avec une allure de reptile va rejoindre sa chaise pour dégouliner à nouveau...c'est l'homme ligoté à sa chaise...c'est l'homme au bureau ...c'est l'assis de Rimbaud...le burn-out n'est pas loin...et de fil en aiguille le décor va envahir notre homme et il va être envahi par une plante par un Panda ...l'homme-chaise-ordinateur , l'homme-écran va être traversé de mauvais rêve...UN grand Panda le berce l'emmène...C'est une pièce burlesque à laquelle on assiste , c'est le corps empêché ,contraint dérangé attaqué… C'est extravagant - c'est de l'extravadanse , il y a comme du Keaton là-dedans, notre homme subit tout ce qui lui arrive...jusqu'à entrer dans un cartoon surréaliste inquiétant jusqu'à devenir chien devenir travesti jusqu'à entrer dans sa niche jusqu'à perdre la tête à moins que ce ne soit le panda omniprésent qui ne perde la sienne...sur la fin on se tue , puis on se relève ,puis je ne sais plus on est entré dans le cauchemar... dans lequel La nuit remue comme l'écrit Henri Michaux. C'est la vie de Bureau, le corps est aux prises avec l'hystérie du travail, il est ligoté , noué à sa chaise dès qu'il s'en éloigne il y revient il est scotché addicte puis il est traversé par un monde par un panda (son double?) par un mégaphone inquiétant...Il y a notre enfance là-dedans – comme quand on voudrait quitter notre corps et voler pour de vrai ! Piero et son compère le Panda bougent d'une façon fluide inventive déconcertante. A la folie du monde , au chaos le burlesque oppose la folie du corps remuant, la folie de ses obsesssions,de ses névroses comme le miroir grossissant dans lequel il ne se reconnaît pas... J'en parle comme d'une pièce:un théâtre d'aujourd'hui où le corps a toute sa place. C'est la poésie de la surprise. La lumière s'allume , on cligne des yeux ,on retraverse le dédale...et on retrouve le monde stable et ordinaire avec le charme de nos garçons de café italiens… Jeudi 18 février 2016.�*LOOHV�'HIDFTXH��'LUHFWHXU��DXWHXU�HW�PHWWHXU�HQ�VFqQH�GX�WKqDWUH�OH�3UDWR /LOOH�

15-­‐06-­‐2015    Corriere  Spettacolo  www.corrierespettacolo.it/pesadilla-­‐lincubo-­‐di-­‐piergiorgio-­‐milano/    

«  Pesadilla  »  le  cauchemar  de  Piergiorgio  Milano    L'ironie  achève  en  beauté  la  vitrine  internationale  des  jeunes  chorégraphes  à  Fabbrica  Europa.      Ainsi  se  termine  la  série  de  spectacles  que  Fabbrica  Europa  consacre  aux  artistes  émergents  et  à  la  danse  contemporaine.  Le  10  Juin,  soirée  de  clôture  de  la  vitrine  internationale  des  jeunes  chorégraphes,  Le  Murate  s’animent  avec  «  Pesadilla  »  de  Piergiorgio  Milano.  Vivacité,  vitalité,  énergie,  rire.  La  performance  de  Piergiorgio  Milano  est  vraiment  incroyable,  une  danse  aux  multiples  facettes  qui  offre  au  public  des  états  d’âme  contrastés.  «  Pesadilla  signifie  cauchemar,  »  le  cauchemar  de  celui  qui  ne  peut  pas  dormir,  de  celui  qui  passe  des  nuits  tourmentées,  qui  est  somnambule.  Il  ressemble  à  un  homme  d'un  autre  temps,  le  danseur,  avec  un  pantalon  et  une  chemise  ample,  un  zombie  qui  s’est  maintenant  égaré  dans  la  dimension  du  rêve.  Il  effectue  la  plupart  des  chorégraphies  avec  les  yeux  fermés,  bien  conscient  de  l'espace  autour  de  lui.    Les  compétences  techniques  sont  évidentes  chez  Piergiorgio  Milano,  qui  se  révèle  avoir  une  flexibilité  incroyable,  avec  ses  pas  acrobatiques,  en  équilibre  entre  danse  et  arts  du  cirque.    Il  nous  fait  sourire,  «  Pesadilla  »,  c’est  un  rire  avec  un  arrière-­‐goût  amer,  c’est  une  ironie  sur  les  faiblesses  humaines  qui  de  jour  sont  souvent  cachées,  et  qui  se  manifestent  inévitablement  dans  l'univers  nocturne  et  onirique.  C’est  un  humour  similaire  à  celui  des  films  comiques  du  cinéma  muet,  des  dessins  animés  ou  des  clowns  du  cirque:  C’est  sûr,  il  nous  fait  sourire,  mais  il  faudrait  mieux  dire  qu’il  se  moque  des  personnages  maladroits,  malheureux,  névrosés.      Entre  le  plaisir  et  la  tristesse,  “Pesadilla  nous  offre  une  émotion  à  la  portée  de  tous  sans  messages  obscurs,  complexes  et  incompréhensibles,  mais  parfaitement  en  phase  avec  la  contemporanéité.      Florence  –  LE  MURATE  -­‐  PROJETS  ART  CONTEMPORAIN  10  Juin  2015.    Benedetta  Colasanti      

18-­‐10-­‐2016  Altre  velocità  redazione  intermittente  sulle  arti  sceniche  contemporanee  Interviews,  commentaires,  discussions,  interventions  de  l'atelier  de  journalisme  «  Pour  un  spectateur  critique  »,  en  direct  des  rues  de  Modène  et  Bologne  du  13  à  23  Octobre  2016.      

Vivre  avec  les  yeux  fermés:    Pesadilla  Piergiorgio  Milano      Pesadilla  a  deux  significations:  cauchemar  et  angoisse.  Il  est  non  seulement  un  supplice  nocturne,  celui  qui  traverse  le  spectacle  Piergiorgio  Milano,  une  succession  frénétique  de  sommeil  et  l'éveil,  l'insomnie  et  la  narcolepsie.  La  frontière  entre  le  rêve  et  la  réalité  s'estompe,  nous  privant  de  toute  certitude  afin  de  nous  suggérer  un  doute  troublant  :  dans  notre  vie,  nous  dormons  avec  les  yeux  ouverts  ou  vivons  avec  vos  yeux  fermés?  Le  mouvement  amplifié,  compulsif,  répété  est  au  centre  de  la  représentation.  On  pourrait  l’identifier  comme  le  vrai  protagoniste  du  spectacle,  une  matière  première  qui  en  se  dilatant  et    en  accélérant  remplit  la  scène.  Les  jambes,  mains,  bras,  cou,  tête  du  danseur  sont  autonomes  les  unes  par  rapport  aux  autres  et  entrent  en  collision  de  façon  continue,  se  disputant  le  contrôle  du  corps,  tandis  qu'une  grande  marionnette    en  forme  de    panda  imite  les  gestes  de  l'artiste,  en  se  posant  presque  comme  son  alter  ego.  Le  point  culminant  de  cette  confrontation  paradoxale  est  atteinte  lorsque  la  main  pointe  une  arme  sur  son  pied  pour  le  forcer  à  s’arrêter.  La  virtuosité  du  danseur  à  travers  les  langages  du  cirque  et  du  mime,  laissant    même  entrevoir  une  référence  au  cinéma:  la  séquence  décrivant  le  travail  de  bureau  peut  faire  penser,  au  moins  thématiquement,  aux  Temps  Modernes  de  Chaplin,  de  même  il  est  difficile  de  ne  pas  voir  d’hommage  au  Typewriter  de  Jerry  Lewis,  dont  le  danseur  semble  reproduire  les  gestes.  Bips  électroniques,  tic-­‐tac,  sonneries  de  téléphones,    bruits  de  fax  et  d’imprimantes  s’accumulent  dans  un  bruit  de  fond  de  plus  en  plus  insupportable.  C'est  là  la  seule  voix  d'un  corps  pour  le  reste  muet,  seulement  capable  d'émettre  des  vers  qui  ne  se  traduisent  pas  en  mots.  Si  la  nuit  tourmentée  par  les  cauchemars  conduit  le  corps  à  se  traîner,  à  plier  sur  lui-­‐même,  se  tordant  et  se  retournant  sans  cesse,  la  journée  n'est  pas  plus  clémente.  La  veille  coïncide  avec  le  temps  de  travail  dans  lequel  l'homme  devient  automate.  Le  corps  est  parcouru  par  le  contrecoup  de  chaque  touche  pressée,    e-­‐mail  envoyé,  appel  reçu  dans  un  paroxysme  progressif  de  bruit  et  de  mouvement,  jusqu'à  une  véritable  métamorphose  où  l'homme  prend  l'identité  de  la  machine.  Au  début,  le  danseur  est  vêtu  de  l'uniforme  de  l'homme  commun;  chemise,  cravate  et  pantalon  en  font  l'archétype  du  travailleur  d'aujourd'hui,  qui  dort  aussi  la  nuit  avec  les  vêtements  du  jour,  qui  ne  distingue  pas  le  mouvement  du  travail  de  celui  du  repos.  Puis,  dans  la  seconde  partie  du  spectacle,  le  corps  devient  hybride  onirique  se  mélangeant  a  des  formes  du  monde  animal  et  de  l'univers  féminin:  un  homme  à  tête  de  chien,  talons  et  jupe  sont  le  résultat  final  de  cette  transformation.  Le  corps  hyperactif  est  lancé  dans  l'espace  d'une  scène  qui  se  construit  progressivement,  par  l'ajout  d'objets  apportés  par  le  panda;  vers  la  fin,  la  scène  -­‐  qui  était  initialement  vide  -­‐  est  couverte  de  fausses  plantes  pour  suggérer  une  jungle  artificielle  stylisée.  La  grande  marionnette  en  forme  de  panda  -­‐  dont  l'apparence  rappelle  l'hallucination  et  le  cauchemar  –  revient  plusieurs  fois  pour  harceler  et  menacer  le  protagoniste.  Elle  fait  irruption,  serrant  armes  et  objets  dangereux,  tous  destinés  à  frapper  ou  à  intimider  le  danseur.  Ce  personnage  bizarre  pourrait  être  interprété  comme  l'incarnation  de  la  peur  envers  un  danger  indistinct  toujours  tapi,  et  qui  poussé  à  l’extrême  est  de  fait  la  mort.  Les  meurtres  et  les  blessures  infligées  par  le  panda,  cependant,  sont  fictifs  –  c’est  pour  cela  que  le  personnage  représente  plus  une  peur  qu'un  danger  réel  -­‐  et  cela  permet  une  répétition  continue  du  geste  de  meurtre,  surtout  vers  la  fin.  Pesadilla  est  un  voyage  dans  les  profondeurs  les  plus  sombres  de  notre  esprit,  vers  des  peur  et  des  ombres  que  nous  tentons  généralement  d'ignorer.  Pendant  une  heure,  nous  glissons  dans  le  cauchemar  d'être  des  marionnettes  à  la  merci  de  forces  incontrôlables,  ballottés  dans  l'obscurité  par  quelque  chose  qui  est  plus  fort  que  nous.    Natalia  Guerrieri