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Préface Un destin français Avant-propos Introduction Budô et Aïkibudô Les bases Kata Shisei Le mouvement Mémoires La voie Vagabondage poétique Entretien avec S. Mairet Lexique

Sommaire

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PRÉFACE

L’auteur, Alain Floquet, a débuté l’enseignement de l’Aïkidô-Yôseikan au club Parmentier, en qua-lité d’assistant moniteur, sous l’égide du profes-seur Jim Alcheik, dès 1959.

Outre l’Aïkibudô, il est également 8e dan de l’école d’armes Katori Shintô-ryû du Sugino Hombu Dojo, France Shibucho de feu le Soke Takeda Tokimuné pour le Daïtô-ryû, Yudansha de ken-do, de karaté et de judo.

Professeur diplômé d’État, il est l’un des rares non-Japonais à avoir recueilli un tel héritage culturel et historique du patrimoine martial japo-nais, culture qui est à n’en pas douter l’une des sources de son inspiration.

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Maître Alain Floquet, entouré de ses élèves, a créé en 1974 le CERA (Cercle d’Étude et de Recherche de l’Aïkibudô), afin de préserver l’originalité de ses sources et la pérennité de cet Art.

Les contacts constants qu’Alain Floquet a entre-tenus avec feu Maître Mochizuki Minoru pour l’Aïkidô-Jûjutsu et le Katori Shintô-ryû du Yôsei-kan, avec feu Maître Sugino Yoshio pour le Ka-tori Shintô-ryû traditionnel et feu le Soke Maître Takeda Tokimune pour le Daïtô-ryû Aïki-Jûjutsu originel, lui ont permis de concilier la tradition et l’évolution de son art, l’Aïkibudô.

Disciple depuis 30 ans d’Alain Floquet, je suis l’un des témoins de la grandeur d’âme et de la puis-sance évocatrice de celui-ci, qui a su nous ensei-gner la voie du juste milieu entre la « violence » qui est inefficace et la « pratique éthérée » qui l’est tout autant.

PENSÉES en MOUVEMENT sera pour le lecteur un véritable plaisir, une promenade, une liberté de la pensée dans laquelle l’auteur nous guide et nous permet de toucher du doigt son œuvre, l’Aïkibudô, d’approfondir les fondamen-taux de son Art et de comprendre que « l’Aïkibu-dô est un dessin dans l’espace et le temps. » Tant les écrits que les gravures et photos poussent à la

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réflexion du lecteur sur la puissance des arts mar-tiaux japonais et particulièrement l’Aïkibudô.Je remercie très chaleureusement mon ami Alain Floquet de m’avoir permis de poser ces quelques mots en guise d’introduction à ce bel ouvrage.

Marc Bensimhon, Président du CERA,

janvier 2006.

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UN DESTIN FRANÇAIS

Il restera dans l’Histoire du Budô japonais, à l’ins-tar de ses illustres maîtres, pour avoir créé un art qui concilie tradition et évolution. Avec l’Aïkibu-dô, Maître Alain Floquet a montré que le Budô était entré dans une nouvelle phase où les grands maîtres n’étaient pas nécessairement nés au Ja-pon…

Quel accomplissement pour cet homme, en plus d’un demi-siècle de pratique incessante et quelle récompense pour ses maîtres. Pensez : l’élève de Sugino Yoshio, Mochizuki Minoru et Takeda Tokimune, figures centrales dans l’histoire du Budô du XXe siècle, se projetant dans un art, l’Aï-kibudô, qui prolonge leur recherche en la renou-velant !

La fondation d’une discipline aussi profonde et sophistiquée que l’Aïkibudô est un fait particu-lièrement rare dans les annales des arts martiaux en France. Alain Floquet a eu accès aux sources

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les plus pures de la tradition du Budô. Avec les grands maîtres Mochizuki Minoru et Sugino Yoshio, proches de Kano Jigoro et envoyés par lui étudier l’Aïki-Jûjutsu de l’école Daïto auprès du futur fondateur de l’Aïkidô, Ueshiba Morihei Sensei, il a reçu un trésor technique accompagné de l’affection que des maîtres de cette dimension peuvent porter à un disciple authentique. Avec Takeda Tokimune, Alain Floquet a pu approfon-dir l’histoire, l’esprit et l’organisation technique de l’Aïki-Jûjutsu de l’école Daïto.

On ne saurait cependant limiter l’Aïkibudô à une synthèse, même réussie, de ces disciplines. La fondation de l’Aïkibudô avère son génie des arts martiaux : un art global, conjuguant les katas de la fameuse école Katori Shintô-ryû avec les tech-niques de l’Aïki codifiées par Alain Floquet dans une perspective méthodologique évolutive s’ap-puyant sur la philosophie, l’histoire et l’éthique du Budô. Chez Alain Floquet comme chez ses glorieux aînés, le kokoro est une qualité qui trans-cende toutes les autres : « Si le cœur est bon », écrit-il, « le Budô sera bon ». « Si le cœur est mauvais, le Budô sera mauvais ». L’histoire du XXe siècle nous enseigne qu’il ne s’était pas trompé…

Une note plus personnelle à présent : Alain Flo-quet est une figure tutélaire c’est-à-dire un être

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en mesure d’extérioriser la dimension de l’Aïki, qui signifie unité et amour. Il l’a témoigné à ses élèves et à moi-même à plusieurs reprises. C’est également une des raisons de la joie simple et na-turelle qui règne toujours en sa présence. Maître Alain Floquet n’a jamais hésité à s’engager person-nellement pour défendre ces valeurs d’amour et de justice, piliers de la tradition véridique des arts martiaux. Est-ce un hasard, dans ces conditions, qu’il soit parvenu à initier une science nouvelle en matière de criminalistique ?

Ses élèves me font un cadeau magnifique en me demandant de lui rédiger cette préface. Aussi m’en voudrais-je de conclure sans mentionner le soutien sans faille de son épouse au cours de ces longues années de genèse de l’Aïkibudô. Il me semble qu’Alain Floquet sera heureux que je l’évoque… Alors, puisque le poète a toujours raison, laissons à Louis Aragon le dernier mot : « Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre ! »

Serge Mairet, Professeur d’arts internes chinois,

Écrivain et poète.

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Les yeux sont les fenêtres du cœur Dojo du Daïtô-ryû Aïki-Jûjutsu d’Aïzu Bange – 1982

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André-Patrick Cannas Aïkibudô Montréal,

23 novembre 1999

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Les bases« Il y a le Dojo, il y a le Maître, il y a l’Homme.C’est l’Homme qui fait le Maître et c’est le Maître qui fait le Dojo »

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LES BASES

l n’y a pas de réussite sans maîtrise parfaite des bases. En n’ayant appris que « les bases » de l’Aï-kibudô, on serait capable de reproduire correcte-ment n’importe quelle technique, mais connaître un grand nombre de techniques sans maîtriser les bases reviendrait à construire sur du sable.

L’étude des principes permet de relier les tech-niques entre elles, mais la réciproque est loin d’être évidente.

Surmonter l’habitude d’employer la force (chikara) contre la force est l’une des choses les plus dif-ficiles, notamment dans l’apprentissage des dé-fenses contre saisies fermes en situation statique, (distance chikama). On ne peut espérer progresser sans y parvenir, c’est cette aptitude qu’enseigne l’art du te-hodoki.

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De l’apprentissage du te-hodoki découle l’art de la canalisation de la force adverse, la non-force contre la force. Cette expérience ouvre la porte au mouvement.

En Aïkibudô, le taï-sabaki n’est pas une simple esquive, mais un déplacement du corps (voire simplement de la main « te-sabaki » ou du bassin « koshi sabaki ») canalisant et contrôlant la ciné-tique du mouvement de l’attaque adverse ; d’où la notion « d’esquive canalisation ». En effet, lors d’un coup porté, la frappe naît, se développe et se finalise. Pour réussir à détourner cette frappe, il faut impérativement remonter à sa source pour la cueillir au cours de son expansion, là où elle n’aura pas la possibilité de changer sa trajectoire, ni de se rétracter.

Les chutes d’Aïkibudô ne sanctionnent pas une défaite, elles sont un moyen de se dégager des contraintes techniques. On chute volontairement pour éviter d’être blessé ou plaqué au sol. Il s’agit le plus souvent de roulades avec ou sans brise chute.

De l’extrême violence (faussement efficace) à la pratique éthérée (totalement inefficace), il y a la voie du juste milieu, chemin sur lequel j’ai engagé l’Aïkibudô, dont la pérennité repose sur la com-

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préhension de sa double nature, « tradition et évolution », ainsi que sur l’authenticité, la simpli-cité et le courage.

En Aïkibudô, c’est la patience, l’assiduité et l’im-plication qui sont les seuls moteurs de la décou-verte que chacun fait de lui, en lui-même.

De par la richesse et la diversité de son contenu, l’Aïkibudô est devenu une véritable Université au service de l’individu et de son évolution.

La transmission idéale d’un art martial tel que l’Aïkibudô est l’enseignement direct de maître à élève. C’est « la leçon » où par l’expérimentation, le maître transmet directement au corps de l’élève la connaissance. Cet enseignement est dit « I Shin Den Shin » (littéralement « de cœur à cœur »).

Parmi les secrets de l’Aïkibudô, il y a celui du geste juste. Le geste juste est celui qui a été répé-té des milliers de fois. Sa maîtrise et sa perfection naissent d’une pratique assidue et précise de tous les mouvements qui vont le construire.

Quelle que soit la situation qui la provoque, votre action doit toujours être engagée pleinement et exécutée intégralement. Pendant ce temps, toutes vos facultés mentales, techniques et physiques

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doivent être unifiées. C’est l’état d’Aïki qui s’ex-prime par le Shiseï.

Le zanshin est l’attention, la vigilance, associée à une posture physique qui assurera la sécurité du corps tout en laissant l’ouverture nécessaire à l’en-gagement de l’action adverse, indispensable à la réalisation de la technique Aïkibudô.

L’Aïkibudô est un art de défense et non un sport de combat ; cependant, on y étudie et pratique l’art de l’attaque, car celle-ci est nécessaire à son ac-complissement.En Aïkibudô, j’ai écarté l’idée de compétition afin d’éviter, sur le plan technique, le risque d’une limi-tation de sa pratique aux seules techniques spor-tives, ludiques et non dépourvues de risques pour l’intégrité physique des pratiquants, et sur le plan éthique, éviter l’opposition des êtres en contradic-tion avec les principes fondamentaux de complé-mentarité, d’échange, d’égalité et d’harmonie.

L’apprentissage du sutemi se situe tout naturelle-ment et logiquement, du point de vue pédagogique, après l’apprentissage des bases de l’Aïkibudô. La pratique prématurée du sutemi qui se résume souvent à des combinaisons complexes et lu-diques, conduirait infailliblement à une altération du style, de la forme et de l’esprit de l’Aïkibudô.

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Le sutemi n’intervient pas dans l’apprentissage de l’Aïkibudô. Il n’est enseigné et pratiqué qu’après l’acquisition confirmée des principes fondamen-taux, du style, de la forme et de l’esprit qui pro-cèdent de l’édification de l’Aïkibudôka.

L’évolution technique doit s’accompagner d’une fidélité sans faille aux principes fondamentaux, ancrage de sa genèse.

Te-hodoki, Passy-Buzenval - 1969

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