BILLIE HOLIDAY, PASSIONNÉMENT

Lundi 08 juillet • 20h00 Champagne Charles de Cazanove - Cuverie

Paul Lay, pianoOlivier Garouste, vidéo

Festival 19 JUIN > 11 JUILLET Concert pique-nique SAMEDI 20 JUILLET

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Billie Holiday est l’une des plus grandes chanteuses de jazz du siècle dernier et une référence incontournable dans ce domaine. Elle est l’une des plus grandes parce que sa voix, son chant, sa musique se sont faits le reflet de ses expériences et de ses sentiments. Plus qu’une voix, en écoutant Billie Holiday, vous écoutez une âme, vous entendez un cœur, vous percevez un cri, surgi d’une enfance tourmentée et de sa lutte acharnée contre le racisme. Billie Holiday est un mythe et un mythe est difficile à raconter… C’est pourtant ce que le pianiste Paul Lay et le vidéaste Olivier Garouste vous proposent pour rendre hommage à cette figure de légende.

Durée : 1h10

Interview de Paul Lay

Comment est né ce projet de concert vidéo-musical autour de Billie Holiday ?Paul Lay : Ce projet, impulsé par René Martin, a été créé à la Folle Journée de Nantes en 2015 pour célébrer le centenaire de la naissance de Billie Holiday, chanteuse qui me bouleverse depuis mon adolescence. J’avais déjà travaillé avec Olivier Garouste autour de Frank Zappa et l’idée de proposer un format interactif mêlant vidéo et musique pour évoquer le mythe de Lady Day s’est vite imposée. L’univers visuel d’Olivier, qui a réuni de multiples ressources vidéo avec des extraits de concert, interviews et témoignages rares, donne les clés de la vie de Billie Holiday tandis que je joue au piano ses grands standards mais aussi les morceaux de ses amis très proches comme Lester Young et Jimmy Rowles. A partir de cette trame, le concert évolue à chaque fois avec beaucoup d’improvisations. C’est un spectacle toujours en mouvement et le public le ressent.

Quelles sont vos sources d’inspiration pour cette part d’improvisation et de création ?P. L. : Au cours de cette plongée dans l’œuvre et la vie de Billie Holiday, j’ai beaucoup écouté les grands qui l’ont côtoyée. Les influences de compositeurs satellites comme Count Basie se mêlent à d’autres inspirations dans un spectre musical très large, avec des bifurcations vers des sonorités impressionnistes

Pianiste incontournable de la nouvelle génération du jazz, Paul Lay a reçu, en 2016, le Prix Django Reinhardt de l’Académie du Jazz qui distingue le meilleur artiste de jazz français de l’année et a été élu Révélation française par Jazz Magazine. Avec la complicité du vidéaste Olivier Garouste, il rend ici hommage à Billie Holiday, dans un fascinant dialogue musical et visuel qui fait revivre le mythe de l’inoubliable Lady Day.

et des impulsions contemporaines. Je me sens très proche aussi des formes primitives du jazz, du blues, du gospel, de toutes les musiques traditionnelles du globe qui se sont cristallisées au Etats-Unis au fil des migrations et qui m’inspirent beaucoup.

De formation classique, pourquoi vous êtes-vous orienté vers le jazz ?P.L. : Très tôt, quand j’ai commencé le piano, je ne pouvais m’empêcher de changer des notes, d’ajouter une touche personnelle aux morceaux que je jouais pour échapper au carcan strict de la partition. J’ai toujours eu le goût de l’imprévu, de la matière en mouvement et j’ai trouvé dans le jazz un terrain de jeu idéal, même si cela demande aussi beaucoup de travail et de rigueur.

Dans l’univers classique, quels sont vos compositeurs de prédilection ?P. L. : Ravel est l’un des compositeurs qui me touche le plus mais aussi Bach, Beethoven dont l’œuvre possède une puissance hallucinante, Ligeti... la liste est longue !

Quelles étaient les idoles de votre jeunesse ?P. L. : J’écoutais beaucoup de pop, notamment Elton John qui m’a donné envie de faire du piano mais aussi Eric Clapton, Joe Cocker, Supertramp dont je reproduisais ensuite les morceaux, à l’oreille, au clavier. Un peu plus tard,

Interview (suite)

plusieurs projets consacrés aux grandes légendes du jazz mais j’ai fait aussi d’autres disques autour de compositions originales aux accents très contemporains. La scène est un des rares espaces qui permet une totale liberté d’expression et j’aime naviguer dans différents univers. J’ai eu besoin de me plonger dans les racines du jazz et de travailler l’héritage de cette musique que j’adore. Me nourrir du passé m’aide à construire ma musique du futur.

Quels sont vos grands projets à venir?P. L. : René Martin m’a confié un nouveau grand projet pour la Folle Journée autour de Beethoven. Avec Olivier Garouste, nous allons composer une histoire de la période révolutionnaire, avec des résonances actuelles. J’ai envie de m’amuser à partir des thèmes des Variations, des Bagatelles et des extraits des Sonates en réinvestissant certaines mélodies pour créer un canevas entre la musique de Beethoven et une matière plus contemporaine. C’est un pari audacieux mais j’adore les défis !

Avec quel artiste rêveriez-vous de travailler ?P. L. : Le peintre Pierre Soulages. Il a déjà travaillé avec Archie Shepp et j’adorerais monter un projet en lien avec son œuvre. Je suis toujours curieux de nouvelles collaborations et tenté par des formes pluridisciplinaires, même si mon activité reste avant tout centrée sur les concerts.

Propos recueillis par Anne de La Giraudière

j’ai découvert Django Reinhardt, Wes Montgomery, Miles Davis et tous les grands pianistes de jazz, Bill Evans, Oscar Peterson, Keith Jarrett... J’adorais aussi les musiciens liés à l’essence même du jazz, comme Cecil Taylor et Louis Armstrong.

Votre dernier album « Thanks a million » est d’ailleurs consacré à Louis Armstrong...P. L. : Oui, avec le trompettiste Eric Le Lann, nous avons eu envie de revisiter en duo les titres d’Armstrong qui ont marqué les années 30. Une aventure qui a donné lieu à une belle activité de concerts. J’aime particulièrement les petits formats sur scène. L’espace qu’on trouve dans un duo offre un spectre sonore allégé où on est responsable de chaque note, avec une qualité de dialogue, de silence et de respiration incomparable.

Avez-vous un nouveau projet de disque ?P. L. : Je viens d’enregistrer « Deep Rivers » avec mon trio, un album dédié aux chansons populaires américaines, de la fin de la Guerre de Sécession jusqu’aux années 1920, avec, en miroir, des incontournables de Nina Simone. Ce disque, conçu pour célébrer le centenaire de l’arrivée du jazz en Europe, contient des chansons folk et gospels magnifiques qui évoquent les combats pour la liberté, l’émancipation, la lutte contre la ségrégation. Un message fort qu’il me paraît toujours important de transmettre aujourd’hui...

Billie Holiday, Louis Armstrong, Nina Simone... Vous cultivez un côté un peu rétro ? P. L. : C’est vrai que j’ai enchaîné

Responsable de publication Joëlle Damery, Déléguée Générale des Flâneries Musicales de Reims. Tirage 100 exemplaires.

Biographie

Paul Lay, pianoEn 2016, Paul Lay reçoit le prix « Django Reinhardt » décerné par l’Académie du jazz qui distingue le meilleur artiste de jazz français de l’année. Toujours en 2016, Paul est également élu Révélation française par Jazz Magazine. Il a reçu le Grand prix du disque de jazz de l’Académie Charles Cros 2014, avec son album « Mikado ».Après des études au conservatoire de Toulouse, puis au CNSM de Paris (département Jazz et Musiques Improvisées), Paul Lay se perfectionne auprès de Riccardo Del Fra. Prix de soliste au Concours National de Jazz de la Défense, il est lauréat des plus prestigieux concours internationaux (Concours International Piano-Jazz de Moscou, Martial Solal, Concours International de piano jazz de Montreux), ainsi que de la Fondation Meyer, Mécénat Musical Société Générale.En récital solo et avec ses différentes formations, The Party et Alcazar Memories, il est invité dans les festivals les plus prestigieux : Jazz à la Villette, Piano aux Jacobins, La Roque d’Anthéron, North Sea Jazz Festival à Rotterdam,Folle journée de Nantes, Festival Radio France Montpellier, entre autres.A l’occasion de la première journée internationale du Jazz à l’UNESCO, il accompagne Barbara Hendricks pour un medley de spirituals et gospels.Régulièrement invité à l’étranger, Paul Lay a effectué une grande tournée en Chine en 2018.

www.paul-lay.com

Olivier Garouste, vidéoManipulateur d’images, Olivier Garouste est né dans la télévision pirate parisienne, O.S.F. en 1998 et avec le collectif Ya-K. Il s’amuse avec les nombreuses techniques audiovisuelles, de l’animation aux mix d’images, du Super 8mm au numérique, pour le théâtre, le cinéma ou les concerts. Il crée des visuels pour la scène (théâtre, musique, danse, performance...), en improvisation jazz rock et musique électronique, pour le théâtre et des festivals.