Paul Gautier. Le typikon du Christ Sauveur Pantocrator. Revue des études byzantines, tome 32, 1974....

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    Paul Gautier

    Le typikon du Christ Sauveur PantocratorIn: Revue des tudes byzantines, tome 32, 1974. pp. 1-145.

    Rsum

    REB 32 1974Francep. 1-145

    P. Gautier, Le typikon du Christ Sauveur Pantocrator. L'empereur Jean Comnne (1118-1143), aid de son pouse Irne de

    Hongrie, fit construire dans la capitale un vaste monastre pouvant abriter 80 moines, et dans son voisinage un ensemble

    hospitalier comprenant un hpital, un hospice et une lproserie. En octobre 1136, il dlivra pour ces fondations pieuses un

    typikon ou rglement, dans lequel sont numres les dispositions concernant d'une part le monastre (liturgie, vie cnobitique,

    rgime alimentaire, mesures disciplinaires et administratives), et d'autre part le complexe hospitalier (nombre de lits prvu pour

    les malades, liste du personnel mdical et administratif, moluments et gratifications de ce personnel, dpenses et proprits).

    Ce document important fut publi pour la premire fois en 1895 par A. Dmitrievskij, mais cette dition qui souffrait, entre autres

    dfauts, d'une prsentation trs dfectueuse, avait besoin d'tre reprise. Le prsent article y pourvoit : le texte grec a t

    collationn sur les deux meilleurs manuscrits conservs (Halki, Ecole thologique 85 et Paris, gr. 389) et sur des fragments de

    l'original, aujourd'hui disparu, copis par S. Lampros ; il est accompagn d'une traduction en franais et abondamment annot.

    L'introduction a t limite l'tude de la tradition manuscrite et l'examen de quelques problmes spcifiques : rmunrations

    du personnel de l'hpital, dpenses du Pantocrator, liste des higoumnes.

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    Gautier Paul. Le typikon du Christ Sauveur Pantocrator. In: Revue des tudes byzantines, tome 32, 1974. pp. 1-145.

    doi : 10.3406/rebyz.1974.1481

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1974_num_32_1_1481

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_rebyz_75http://dx.doi.org/10.3406/rebyz.1974.1481http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1974_num_32_1_1481http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1974_num_32_1_1481http://dx.doi.org/10.3406/rebyz.1974.1481http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_rebyz_75
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    LE TYPIKON DU CHRIST SAUVEUR PANTOCRATOR

    Paul GAUTIER

    Parmi les rares typika proprement byzantins conservs, environ une vingtaine1, c'est ce jour incontestablement celui du monastre constantinopoli-tain du Christ Sauveur Pantocrator, fondation de Vempereur Jean Comnneet de son pouse Irne de Hongrie, qui a le plus retenu attention des savantsde plusieurs disciplines. Ngligeant sa partie liturgique, qui manque effectivement'originalit, ceux-ci se sont intresss soit Varchitecture et la dcorationes trois glises du monastre, dont le gros uvre subsiste encore, soitsurtout Vorganisation de Vensemble hospitalier qui Vavoisinait : hpital,hospice et lproserie spare. Devant l'intrt suscit par ce texte on est bon droit surpris de constater que, depuis presque un sicle qu'il est connu,nul n'en ait entrepris l'dition critique et qu'on se soit satisfait du travailde Dmitrievskij, dont la mdiocrit est pourtant patente : le texte n'esttabli que sur un seul manuscrit, qui n'est pas mauvais, mais qui a tsouvent faussement transcrit ; beaucoup de mots ont t sauts ; enfin, uneponctuation errone, rsultant d'une mauvaise comprhension, et surtout uneprsentation dplorable n'taient pas de nature encourager la lecture de cedocument de grande valeur non seulement au point de vue monastique, mais1. Parmi les listes les plus rcentes de typika byzantins, nous signalons celles deH. Delehaye, Typica, p. 3-8 ; P. De Meester, Les typiques de fondation, Studi bizantinie neoellenici (= Atti del V Congresso internazionale di Studi Bizantini) 6, 1940, p. 496-508 ; R. Janin, Le monachisme byzantin au Moyen Age. Commende et typica (xe-xiv sicle), REB 22, 1964, p. 18-21. Comme il est gnralement malais de dterminer quelle catgorie prcise appartient tel ou tel rglement monastique et qu'on a parfoistrop accus les distinctions, les listes tablies varient considrablement d'un auteur l'autre : la classification ce jour la plus satisfaisante nous a paru tre celle proposepar P. De Meester.

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    2 P. GAUTIERencore au point de vue mdical, social, conomique et montaire. Intressdepuis longtemps par les typika de Vpoque des Comnnes, nous avons, nonsans apprhension, dcid de commencer par Vdition du plus ardu. Le cadred'un article ne permettant pas de faire une tude approfondie des problmesfort varis que ce texte soulve, nous nous sommes content d'offrir auxhistoriens un instrument de travail de consultation aise. L'dition du document,accompagne de sa traduction franaise et de notes explicatives abondantes,sera donc uniquement prcde d'une tude de la tradition manuscrite et d'unexamen sommaire de l'organisation du complexe hospitalier : cet examennous a paru indispensable, car, comme beaucoup d'uvres de ce genre, celle-cine se recommande pas par la clart de l'expos*.

    BIBLIOGRAPHIEJe donne ici la bibliographie sur le sujet, en indiquant les abrviations utilises pourles travaux plus frquemment cits.Actes de Lavra : P. Lemerle, N. Svoronos, A. Guillou et Denise Papachryssanthou,Actes de Lavra. Premire partie : Des origines 1204, Paris 1970.Ahrweiler, Rgion de Smyrne : Hlne Ahrweiler, L'histoire et la gographie de largion de Smyrne entre les deux occupations turques (1081-1317), particulirement au xiiie sicle, TM 1, 1965, p. 1-178.Arranz, Typicon : M. Arranz, Le typicon du monastre de Saint-Sauveur Messine{OCA 185), Rome 1969.Beck, Kirche : H.-G. Beck, Kirche und theologische Literatur im byzantinischen Reich,Munich 1959.BES, Parasmeiseis : . BS, , ' 3, 1909,. 229-239.Chalandon, Jean Comnne : F. Chalandon, Jean II Comnne (1118-1143) et ManuelI Comnne (1143-1180), Paris 1912.Clugnet, Dictionnaire : L. Clugnet, Dictionnaire grec-franais des noms liturgiquesen usage dans l'Eglise grecque, Paris 1895.Codellas P., The Pantocrator, Imperial Byzantine Medical Center of xiith Centuryin Constantinople, Bulletin of the History ofMdecine 12 , 1942, p. 392-410.Delehaye, Typica : H. Delehaye, Deux typica byzantins de l'poque des Palologues,Acadmie royale de Belgique. Bulletin de la Classe des Lettres et desSciences morales et politiques 13 , 1921.De Meester, De monachico statu : P. De Meester, De monachico statu iuxta disciplinambyzantinam, Cit du Vatican 1942.Dmitrievskij, Typika : A. Dmitrievsku, Opisanie liturgiceskich rukopisej, chranjas-tichsja bibliotekach pravoslavnago vostoka. Tom I. Typika. Cast pervaja.Pamjatniki patriarsich ustavov i ktitorskie monastyrskie typikony, Kiev1895.Ducange, Glossarium : C. du Fresne Ducange, Glossarium ad scriptores mediae etinfimae graecitatis, Bratislava 1891.

    * Ce mmoire est tir en brochure spare, avec pagination identique.

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    LE TYPIKON DU CHRIST SAUVEUR PANTOCRATOR 3Ebersolt, Eglises : L. Ebersolt - A. Thiers, Les glises de Constantinople, Paris 1913.EustratiadS, Saint-Mamas : S. Eustratiads, Typikon du monastre constantino-politain du saint mgalomartyr Marnas, 1, 1928, p. 245-314.Frolow, Monnaies : A. Frolow, Les noms de monnaies dans le typikon du Pantocrator,

    Byzantinoslavica 10 , 1949, p. 241-253.Gautier, Obituaire : P. Gautier, L'obituaire du typikon du Pantocrator, REB 27,1969, p. 235-262.Gautier, Synode des Blachernes : P. Gautier, Le synode des Blachernes (fin 1094).Etude prosopographique, REB 29, 1971, p. 213-284.Gautier, Michel Italikos : P. Gautier, Michel Italikos. Lettres et discours, Paris 1972.Halkin, Notices : F. Halkin, Distiques et notices propres au synaxaire de Chifflet, An.Boll. 66 , 1948, p. 5-32.Hendy, Coinage : M. F. Hendy, Coinage and Money in the Byzantine Empire 1081-1261(Dumbarton Oaks Studies 12), 1969.Hergs, Election : A. Herges, Election et dposition des higoumnes au xne sicle, EO3, 1899-1900, p. 40-49.Hergs, Pantocrator : A. Hergs, Le monastre du Pantocrator Constantinople, EO 2,1898, p. 70-88.Janin, Eglises et monastres : R. Janin, La gographie ecclsiastique de l'empire byzantin.I. Le sige de Constantinople et le patriarcat cumnique. III. Les gliseset les monastres2, Paris 1969.Janin, Monachisme byzantin : R. Janin, Le monachisme byzantin au Moyen Age. Com-mende et typica (xe-xrve sicle), REB 22 , 1964, p. 5-44.Jeanselme-conomos : Aliments et recettes culinaires : E. Jeanselme-L. conomos,Aliments et recettes culinaires des Byzantins. Communication faite autroisime congrs de l'Histoire de l'Art de gurir (Londres, 17-22 juillet1922), Anvers 1923, 14 p.Jeanselme-conomos, Ration alimentaire : E. Jeanselme-L. conomos, Calcul de laration alimentaire de Vhpital et de Vasile de vieillards annexs au monastreu Pantocrator Byzance, ibidem, p. 411-420.Jeanselme-conomos, Saint-Nicolas de Casole : E. Jeanselme-L. conomos, Etudesmdico-historiques. La rgle du rfectoire du monastre de Saint-Nicolasde Casole prs d'Otrante (1160). Traduction, Notes et Commentaires,Bulletin de la Socit d'Histoire de la Mdecine 16 , 1922, p. 1-11.Jeanselme-conomos, Hpitaux byzantins : E. Jeanselme-L. conomos, Les uvresd'Assistance et les Hpitaux byzantins au sicle des Comnnes. Communicationaite au premier congrs de l'Histoire de l'Art de gurir (Anvers,7-12 aot 1920), Anvers 1921, 20 p.Jeanselme, Sels mdicamenteux : E. Jeanselme, Etudes mdico-historiques : sels mdicamenteux et aromatiques pris par les Byzantins au cours des repas, Le Mans(sans date), 12 p.Jeanselme, Rgime alimentaire : E. Jeanselme, Le rgime alimentaire des anachorteset des moines byzantins, Comptes rendus du deuxime congrs international 'Histoire de la Mdecine (Paris, juillet 1921), recueillis et publispar Laignel-Lavastine et Fosseyeux, secrtaires gnraux, Evreux1922, p. 106-133.Kalokyrs K. D., ( ), Thessalonique 1970.Kazdan A. P., Skol'ko eli vizantijcy ?, Voprosy istorii 9, 1970, p. 215-218.Kazdan A. P., Vizantijskij monastyr XI-XII w. kak social'naja gruppa, VV 31 , 1971,p. 48-70.Kurtz E., Compte rendu de P. Bzobrazov, Unedierte Klosterregeln (russ.) [ZMNP254, 1887, p. 65-78], BZ 2, 1893, p. 627-631.

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    4 P. GAUTIERLampros, Prototypen : S. Lampros, - , ' 5, 1908, . 392-399.Laurent, Corpus des sceaux : V. Laurent, Le Corpus des sceaux de l'empire byzantin,V, 1.2.3, Paris 1963, 1965, 1972.Laurent, Monnaies tricphales : V. Laurent, Les monnaies tricphales de Jean II Com-nne. Note de numismatique byzantine et d'histoire chypriote, Revuenumismatique 13 , 1951, p. 97-107.Laurent, Trachy : V. Laurent, Le juste poids de l'hyperpyron trachy, Actes ducongrs international de numismatique (Paris 1953), Paris 1957, p. 299-307.Laurent, Syropoulos : V. Laurent, Les Mmoires du Grand Ecclsiarque de l'Eglisede Constantinople Sylvestre Syropoulos sur le concile de Florence (1438-1439), Paris 1971.Mercenier-Paris, Prire : E. Mercenier-F. Paris, La prire des Eglises de rite byzantin,I, Amay-sur-Meuse 1937.Millet, Phiale et simandre : G. Millet, Recherches au Mont-Athos. III. Phiale et si-mandre Lavra, BCH 29 , 1905, p. 105-141.Moravcsik, Die Tochter Ladislaus : J. Moravcsik, Szent Laszlo leanya es a Bizanci

    Pantokrator-Monostor (Die Tochter Ladislaus des heiligen und dasPantokrator-Kloster in Konstantinopel), Mitteilungen des ungarischenwissenschaftlichen Instituts in Konstantinopel 7-8, 1923.Morrisson, Catalogue : Ccile Morrisson, Catalogue des monnaies byzantines de laBibliothque nationale. I : D'Anastase I" Justinien II (491-711) ;II : De Philippicus Alexis III (711-1204), Paris 1970.conomos, Vie religieuse : L. conomos, La vie religieuse dans l'empire byzantin autemps des Comnnes et des Anges, Paris 1918.ORLANDOS ., " , EEBS 16 , 1941, . 198-207.Orlandos, : . Orlandos, , Athnes 1958.Orlandos, Patmos : . Orlandos, L'architecture et les fresques byzantines du monastrede Saint-Jean Patmos (Dissertations de l'Acadmie d'Athnes 28),Athnes 1970.Papadopoulos-Krameus, Noctes : A. Papadopoulos-Krameus, Nodes Petropoli-tanae. Sbornik vizantijskich tekstov XII-XIII vekov, Saint-Ptersbourg1913.Petit, Kosmosteira : L. Petit, Typicon du monastre de la Kosmosoteira prs d'Aenos(1152), IRAIK 13 , 1908, p. 17-77.Petit, Notre-Dame de Piti : L. Petit, Le Monastre de Notre-Dame de Piti en Macdoine, IRAIK 6, 1900, p. 1-153.Philipsborn, Fortschritt : A. Philipsborn, Der Fortschritt in der Entwicklung des byzantinischen Krankenhauswesens, BZ 54 , 1961, p. 338-365.Philipsborn, Hiera nosos : A. Philipsborn, Hiera nosos und die Spezial-Anstalt desPantokrator-Krankenhauses, Byz. 23 , 1963, p. 223-230.Schilbach, BM : E. Schilbach, Byzantinische Metrologie, Munich 1970.Schreiber, Pantocrator : G. Schreiber, Byzantinisches und abendlndisches Hospital.Zur Spitalordnung des Pantocrator und zur byzantinischen Medizin,BZ AI, 1942, p. 116-149.Sudhoff K., Aus de r Geschichte des Krankenhauswesens im frheren Mittelalter inMorgenland und Abendland, Sudhoff' Arch. Gesch. Med. 21 , 1929,p. 164-203.Temkin O., Byzantine Medicine : Tradition and Empiricism, DOP 16 , 1962, p. 95-115.Tzetzes, Epistulae : Ioannes Tzetzes, Epistulae, dition P. Leone, Leipzig 1972.van Millingen, Churches : A. van Millingen, Byzantine Churches in Constantinople,Londres 1912.

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    LE TYPIKON DU CHRIST SAUVEUR PANTOCRATOR

    1. La tradition manuscriteC'est P. Bzobrazov que revient le mrite de la dcouverte du typikondu monastre du Pantocrator. Au cours d'un voyage dans l'empire ottomanil en trouva deux copies manuscrites, l'une dans la bibliothque de l'Ecolethologique de l'le de Halki {codex 85), l'autre dans celle d'un Zanthiote,Stylianos Michalitzs. Malheureusement, au lieu d'en donner la versionintgrale, il se contenta de dcrire le codex 85 de Halki et de donner quelquescourts extraits du typikon2, si bien que sa dcouverte ne connut pas le succsqu'elle mritait, mme aprs le long compte rendu qu'en fit E. Kurtz3. Cefut son compatriote, A. Dmitrievskij, qui dita le texte complet dans lepremier tome de son Corpus des uvres liturgiques4 : il s'tait d'ailleurscontent de copier, assez htivement, en juger par ses erreurs de lecture,le manuscrit de Halki, et l'anne suivante il publia les variantes du Parisinusgraecus 389 qu'il avait dcouvert entre-temps5. L'explorateur infatigablequ'tait S. Lampros fut beaucoup plus heureux : en juin 1902, il eut l'agrablesurprise de dnicher l'original dans la bibliothque du monastre plo-ponnsien de Mga Splaion. Il est regrettable d'une part queN. Bes, quiavait remarqu et signal les faiblesses du travail de Dmitrievskij, ait renonc entreprendre la rdition qu'il avait annonce6, et d'autre part que Lamp

    ros, cet diteur industrieux, se soit de son ct born reproduire de courtsextraits de l'original qu'il avait dcouvert7. On est d'autant plus en situationde le dplorer que ce prcieux document a disparu dans l'incendie qui,le 17 juillet 1934, ravagea la bibliothque de ce monastre et, sur 351 manuscrits, n'pargna que trois vangiles. La perte est irrparable, parce que,contrairement sa mre, Irne Doukaina, qui avait fait reproduire sontypikon de la Thotokos Kcharitmn en cinq exemplaires, trois surparchemin et deux en bombycin, l'empereur Jean Comnne n'a certainementpas pris la prcaution de multiplier le sien.

    2. Rgle de monastre indite (en russe), ZMNP 254, 1887, p. 65-78.3. BZ 2, 1893, p. 627-630 (titre dans la liste bibliographique).4. Typika, p. 656-702.5. Typika (Addenda et corrigenda), Trudy Kievskoj Duchovnoj Akudemii. dcembre1896, p. 527-546.6. Parasmciseis, p. 234.7. Prtotypon, p. 393-399.

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    6 P. GAUTIER1. Le typikon original

    Le manuscrit de Mga Splaion tait un parchemin mesurant 0,25 sur0,19 cm et comptant 88 ou 89 folios8. Il tait crit avec des lettres de grandetaille, analogues probablement celles du typikon de la Thotokos Kcha-ritmn dont le Parisinus graecus 389 est un original. Le prologue taitacphale ; Bes estimait qu'il manquait en tte un ou deux folios, mais lalecture de la partie restante de ce long prologue laisse l'impression d'unelacune de bien moindre envergure. Le document n'tait pas pagin : dansl'dition partielle de Lampros, les indications de folios, que nous avonsreproduites pour que le lecteur puisse se faire une ide de la justificationde ce manuscrit perdu, ne peuvent tre originales, puisque cet diteur faitcommencer le premier folio avec le dbut du texte tronqu actuel. Ni Lampros ni Bes n'ont relev les signatures des cahiers, qui seules auraient permisd'valuer exactement l'tendue de la lacune. Le manuscrit avait appartenuantrieurement Jean Nicolas Mavrocordato, drogman de la Porte, devenuen 1709 hospodar de Moldavie et en 1716 hospodar de Valachie9 ; cebibliophile avait amass dans sa rsidence d'Istanbul une riche collectionde manuscrits et de livres imprims, qu i fu t disperse dans les dcenniesqui suivirent sa mort (17 septembre 1730). Mga Splaion entra en possession u codex par l'intermdiaire de son mtochion constantinopolitainde Blaksera qui acqurait par don ou achat, pour le compte du monastreploponnsien, les livres et manuscrits dont se dfaisaient l'occasion desfamilles phanariotes. L'acquisition ne fut apparemment pas antrieureaux dernires dcennies du xvine sicle, puisque les trois copies que nousallons dcrire maintenant ont toutes t faites mme l'original conservdans la bibliothque du vovode.2. Les trois apographes

    Des trois copies rcentes, qui dpendent toutes du typikon original de1136, la plus ancienne est le Parisinus graecus 389. Ce dernier fut copiavant 1740, puisqu'il est signal dans le tome deuxime (p . 54), paru cettemme anne, du catalogue des manuscrits de la Bibliothque royale deParis, avec la description suivante : Codex chartaceus, Constantinopoli

    8. 88 selon Lampros, Prtotypon, p. 393 ; 39 selon Bes, Parasmeiseis, p. 233.9. Pour sa biographie, consulter la ThEE 8, 1966, col. 856-857 (N. Phoropoulos) ;sur la famille, voir aussi K. Amantos, Alexandre Maurocordato l'exaporite (1641-1709),' 5, 1932, p. 335-350 ; E. Legrand, Gnalogie des Maurocordato de Constantinopledige d'aprs des documents indits, Paris 1900.

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    LE TYPIKON DU CHRIST SAUVEUR PANTOCRATOR 7nuper in bibliothecam regiam Hiatus, quo continetur Joannis Palaeologiimper atoris Constantinopolitani Typicum... Is codex, ex alio exemplari quodin illustrissimi Valachiae principis bibliotheca asservatur, descriptus est.L'auteur du catalogue a t induit en erreur par un feuillet insr entreles folios 1 et 2 et contenant la notice suivante : Codex chart., e codice ser.Moldaviae principis descriptus quo continetur Ioannis Palaeologi imperatoristypicon sive ordo recitandi divini officii per totum annum, desiderantur duoprima folia. Cette indication donnerait d'ailleurs penser que le manuscritfut copi entre 1709 et 1716, quand Jean Nicolas Mavrocordato tait encorehospodar de Moldavie. Cette fausse attribution n'a pas non plus t remarque par H. Omont10. La bvue du descripteur provient tout simplement 'une mauvaise posie intentionnellement laisse par le scribe JeanPalologue au recto et au verso du f. 61, dessein d 'attribuer la paternitdu typikon son prtendu anctre, l'empereur homonyme, et de la soustraire Jean Comnne, dont il avait pris la prcaution d'omettre la signaturequi aurait rvl sa supercherie : ." ,61 ' ' .Cette copie comprend 61 folios, avec trois feuilles blanches au dbutet autant en fin de volume. L'criture est fine et pointue et, comme lescritures des sicles tardifs, peu agrable dchiffrer ; les abrviations sontrares.Le codex 85 (cote rcente 79) de l'Ecole thologique de Halki, actuellementla Bibliothque patriarcale d'Istanbul, est un recueil de textes ecclsiastiques {typika, actes synodaux, profession de foi, testament, hypotypose,etc.), auquel le scribe a donn le titre suivant : . Le texte du typikon de Jean Comnnefigure aux folios 69-122v, entre la diataxis de Michel Attaliate (copi enmars 1761) et Yhypomnna de Manuel Comnne rdig l'occasion dutransfert d'une icne de s. Dmtrios de Thessalonique au monastre duPantocrator. Il a t copi en octobre 1749, comme en fait foi cette noticecrite au folio 122V, trois lignes au-dessous de la signature de l'empereur :

    10. Inventaire sommaire des manuscrits grecs de la Bibliothque nationale, I, Paris1898, p. 40 : 389. Ioannis Palaeologi imperatoris typicum.

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    LE TYPIKON DU CHRIST SAUVEUR PANTOCRATOR 9elle a retenu l'attention des historiens, en particulier de Jeanselme et cono-mos (voir la liste bibliographique). Aucun autre document ne fournit eneffet autant de renseignements sur l'organisation gnrale d'un tablissementospitalier Byzance. Celui du Pantocrator se situe assurment,par ses dimensions et ses ressources, nettement au-dessus d'institutionscontemporaines identiques, par exemple l'hpital du monastre de laThotokos Kosmosteira prs d'Aenos, fond par le sbastocrator IsaacComnne entre 1139 et 1152, mais il n'est pas acquis qu'il marqut unprogrs dans l'organisation hospitalire du monde byzantin ; les mesuresprises par l'empereur pourraient reflter grosso modo ce qui se faisait dansdes tablissements de moindre envergure14.L'hpital du Pantocrator tait prvu pour cinquante malades, hommeset femmes, souffrant des yeux, des entrailles, victimes de blessures, de fractures, ou encore atteints de maladies plus ou moins graves qui ne sont pasprcises. Ces patients taient rpartis en cinq salles (), de dimensionapparemment diffrente, puisqu'elles n'abritaient pas le mme nombrede lits. Celle des blesss comptait dix lits ; celle des malades atteints auxyeux ou aux entrailles, huit ; celle des femmes, douze ; les deux autres,rserves aux patients ordinaires, se partageaient sans doute galit lesvingt lits restants. Chaque salle disposait en outre d'un lit supplmentairepour des cas urgents, soit donc cinquante-cinq lits. A ce chiffre, il fautajouter six lits percs, distribus d'une manire qui n'est pas indique. Soitdonc au total soixante et un lits, mais il est remarquer que les dpenses et gratifications sont toujours calcules sur la base du chiffre de cinquante malades.Le personnel mdical

    Ces cinquante patients taient soigns par un personnel fort nombreux,puisqu'on dnombre presque un mdecin ou un assistant par personne14. Il faut toutefois observer que l'hpital attenant au monastre de la ThotokosKosmosteira tait pauvrement pourvu en personnel : les trente-six malades de cettablissement n'taient servis que par huit serviteurs et n'taient soigns que par ununique mdecin (klasmatikos iatros). Cf. Petit, Kosmosteira, p. 53-54. Les maladeslogeaient apparemment tous dans une seule pice (ibidem, p. 5521), avaient le mme rgimealimentaire que les moines du couvent, recevaient pour leurs menus besoins une provende mensuelle de six tracha (ibidem, p. 547) ; leur literie tait sensiblement identique celle des malades de l'hpital du Pantocrator (ibidem, p. 53). Cette lsinerie du fondateur 'est peut-tre qu'apparente : il est probable que l'tablissement n'tait pas unvritable hpital ou xnon, mais un hospice ou grokomeion c'est d'ailleurs le seulterme employ par le sbastocrator pour le dsigner (ibidem, p. 65 39, 6722) semblable celui du Pantocrator, o le personnel de service n'tait, proportionnellement au nombredes grotants, gure plus nombreux.

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    10 P. GAUTIERalite, ce qui a conduit d'aucuns se demander si, comme en Occident,plusieurs malades ne partageaient pas la mme couche, supposition qui,en l'occurrence, n'a pas le moindre fondement. Le typikon numre deux reprises le personnel qui desservira l'hpital ; on peut le rpartir endeux catgories : personnel mdical, savoir mdecins, assistants et serviteurs, et personnel charg de l'intendance et de l'entretien gnral. Commeles deux listes manquent lgrement de prcision, on doit les confronterpour valuer le nombre complet des agents de l'tablissement.Chaque section des hommes malades comptait deux mdecins, troisassistants titulaires, deux assistants surnumraires et deux serviteurs, soittrente-six personnes au service de trente-huit malades rpartis en quatresalles. A la salle des femmes taient affects deux mdecins, une femmemdecin, quatre assistantes titulaires, deux assistantes surnumraires etdeux (1 . 943) ou trois (1 . 1224) servantes, soit onze ou douze personnespour douze patientes. Comme il y avait, en sus, un chirurgien herniaire la disposition des cinq sections, on aboutit au chiffre de quarante-septou quarante-huit personnes. Au service exclusif du dispensaire, o venaienten consultation les habitants de la capitale, se trouvaient encore deuxmdecins gnralistes, deux chirurgiens, quatre assistants titulaires etquatre assistants surnumraires. Soit donc un total de soixante, ou soixanteet un agents mdicaux. Tel est l'tat du personnel mdical que permet dedresser la premire liste (1 . 938-947). Mais, si l'on se reporte la listedes traitements, o est encore indique la spcialit de chaque agent, onobtient un chiffre lgrement suprieur : soixante-trois personnes. Cedernier a chance d'tre exact, bien que dans un endroit (1 . 1215) Jean Com-nne ait omis de prciser le nombre des assistantes, que nous croyons tredeux, si nous nous rfrons un autre passage (1. 943). D'o provientl'erreur ? Le personnel du dispensaire et de la section des femmes est assezfacile valuer : douze plus onze (ou douze), soit vingt-trois ou vingt-quatrepersonnes, non compris le chirurgien herniaire. Il est plus difficile de dresserl'tat de celui des quatre salles masculines. Il comprend apparemmenttrente-six membres, non compris toujours le chirurgien herniaire, maisfaut-il lui adjoindre les deux mdecins prposs au service de l'infirmeriedu monastre qui margent au budget (1 . 1190) ? On ne sait ; il est ditailleurs (1 . 1067) que ceux-ci sont pris parmi les surnumraires de l'hpital ;or on n'y signale pas de mdecins surnumraires. Quoi qu'il en soit, onn'obtient toujours que le chiffre global de soixante-deux. Il n'en demeurepas moins que soixante-trois agents, ou plus exactement soixante-cinq,car il faut leur adjoindre les deux primiciers ou inspecteurs mdicaux,

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    LE TYPIKON DU CHRIST SAUVEUR PANTOCRATOR 11recevaient des moluments pour s'occuper des malades, et c'est ce derniertat que l'on retiendra.Organisation de Vhpital

    Des indications passablement dsordonnes, parses dans le typkon,il apparat que les soins des malades taient assurs de la manire suivante.Les deux chirurgiens-chefs desservaient la salle des grands blesss ; lesdeux prtomnitai ou mdecins-chefs, celle des malades atteints aux yeuxou aux entrailles ; enfin, les quatre mdecins, les deux salles occupes parles malades dits ordinaires. Au dispensaire taient affects deux gnralistesou mdecins consultants, et deux chirurgiens, qualifis de surnumraires,qui desservaient aussi l'occasion la section des femmes. Celle-ci disposaitde deux mdecins et d'une femme mdecin. Deux mdecins, qualifis ausside surnumraires, veillaient sur les malades de l'infirmerie du monastre.La prsence de deux mdecins la tte de chaque section s'explique parla rgle de l'alternance : l'empereur prescrit en effet que chaque mdecinne pratiquera l'hpital qu'un mois sur deux, mais il omet d'indiquer sicette rgle concernait galement les assistants et l'unique femme mdecin,dont la rmunration tait pourtant de moiti infrieure celle de sesdeux collgues masculins. Ajoutons encore un chirurgien herniaire auservice de l'ensemble de l'hpital. Les cinquante malades taient enfininspects chaque jour par des primiciers, deux en tout, qui se relayaientdans cet emploi un mois sur l'autre.Ces mdecins taient seconds par des assistants et des assistantes, dontle rle, comme l'indique' d'ailleurs le terme hypourgos, tait analogue celui des infirmiers de nos hpitaux. Les uns taient titulaires, les autressurnumraires, mais tous taient, quoique ingalement, rtribus. Chaquesection masculine comptait trois assistants titulaires et deux surnumraires ;la section fminine, quatre assistantes titulaires et deux surnumraires.Au dispensaire se trouvaient quatre assistants titulaires et quatre surnumraires,eux d'entre eux, sans doute un titulaire et un surnumraire, desservant aussi le monastre alternativement chaque mois. Ce nombre plusconsidrable d'assistants que de mdecins doit tenir au fait qu'en plus deleur service de jour rgulier, ces agents subalternes assuraient tour derle une garde de nuit dans leur service respectif. Chaque section masculinedisposait en outre de deux serviteurs, et celle des femmes de deux servantes,chargs de la propret des locaux et de la distribution de la nourritureaux malades ; ils se relayaient, semble-t-il, un jour sur deux.

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    LE TYPIKON DU CHRIST SAUVEUR PANTOCRATOR 131. Personnel de l'hpitalA. Personnel mdicalligne

    11781182118511861188119011921193119812111211121512151222122412241281

    agent nombreprimicierprtomnitschirurgien-chefmdecin (sect, masc.)mdecin (sect, fmin.)mdecin (du monastre)gnraliste (dispensaire)chirurgien surn. (dispens.)femme mdecinassistant titulaireassistante titulaireassistant surnumraireassistante surnumraireassist, surn. (dispens.)serviteurservante15chirurgien herniaire

    total :B. Personnel administratif1195131512001202120512171220

    nosokomosdidascale des mdecins16comptablemeizotrospharmacien-chef17herboriste titulaireherboriste surnumrairetotal :

    22242222116482(7)4831

    65

    112113211

    roga7 1/2 no7 no7 no6 1/2 no6 no4 no4 no4 no3 no2 1/2 nk2 1/2 nk2 nk2 nk2 1/2 nk4 nk4 nk3 1/3 nkh235, 1/3

    8 no8 no3 no4 no3 1/2 1/3 no3 1/3 nk2 1/2 nk43, 1/2 1/3

    prosphagion1/2 no1/2 1/2 1/3 1/3 1/4 no1/41/4 inclus1/61/61/121/121/121/41/41/3

    2/3 no2/3 no1/6 1/3 1/3 no1/6 1/12

    annone (bl)45 ma38 m38 m36 m36 m30 m30 m30 m26 m24 m24 m20 m20 m20 m30 m30 m30 ma1 774 ma= 14 859 kg50 m(a)50 m28 m36 m24 m20 m304 m(a)= 2 669 kg

    15 . Les huit serviteurs et les trois servantes recevaient en outre, comme mensualit,huit tracha chacun par mois.16. Le nosokomos et le didascale des mdecins, qui avaient le mme traitement, recevaient, en plus de la rmunration indique, 60 modioi d'orge et 1 000 bottes de foin(pour leur cheval).17 . L'annone du pharmacien-chef est omise, mais il est spcifi qu'il reoit avecses cinq adjoints 25 nomismata tracha titre de prosphagion, 42 modioi annoniques debl, un thotokion pour les cribles et, au mois de mai, au moment de la cueillette dessimples, une roga de 6 nomismata hyperpres anciens et 9 modioi annoniques de bl.

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    le typikon du christ sauveur pantocrator 153. Personnel de l'hospice

    ligne136813701387

    agentprtrelecteurserviteur25

    nombre116

    total : 8

    roga6nh3nh2nh

    21 nh

    annone (bl)24 mma (bl)+ 18 mma (vin)12 mma (bl)+ 9 mma (vin)20 mma (bl)156 mma (bl)+ 27 mma (vin)= 1 996,800 kg (bl)+ 276,750 l(vin)

    L'examen de ces tableaux permet de faire quelques observations. Onconstate tout d'abord que le personnel mdical fminin (assistantes titulaires et surnumraires) peroit, quivalence d'emploi, exactement lemme traitement que le personnel mdical masculin, exception faite toutefois e la femme mdecin qui, pour une raison qui nous chappe, reoit,en numraire et en nature, moiti moins que ses deux collgues de la sectionfminine. D'autre part, le personnel mdical proprement dit est bien mieuxrtribu que les agents administratifs, si l'on prend en considration queles mdecins ne travaillaient qu'un mois sur deux, mais nous ignorons,il est vrai, si ces derniers avaient l'autorisation de pratiquer en priv durantleurs congs. Le chirurgien herniaire est plutt mal loti : il est pay peineplus que les cuisiniers, et bien moins que les boulangers ; la raison en estsans doute qu'il tait, de par sa spcialit, moins occup que ses collgues.Il y a enfin et surtout dans le premier tableau une diffrence paradoxalede rmunration : les huit serviteurs des quatre salles masculines et lestrois servantes de la section fminine peroivent presque moiti plus queles assistants titulaires ou surnumraires, et ceux-ci sont, d'autre part,moins bien rmunrs qu'un rcureur de chaudrons ou un cuisinier. Ilest possible que cet cart de salaire tienne au fait que le personnel de l'inten-

    22. A chacune des cinq blanchisseuses on distribuait en plus chaque dimanche 12folleis pour acheter du savon, soit par personne et par an 624 (12x52) folleis, et un totalannuel de 3 120 folleis, ce qui fait un peu plus de 10 hyperpres.23. Son salaire tait fonction du nombre de meules, une ou deux : dans le premiercas, son salaire tait rduit de moiti.24. Orphelins et graptai se partagaient, en plus, une gratification hebdomadaire de2 nomismata hyperpres.25. A ces six serviteurs on accordait, en plus, chacun 16 modioi maritimes de vin,2 modioi maritimes de lgumes secs et 50 livres de fromage.

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    16 P. GAUTIERdance travaillait temps plein, tandis que les assistants et assistantes n'exeraient peut-tre qu'un mois sur deux, ce que leur nombre, dfaut d'autreindication, permet de supposer. Mais l'explication est loin d'tre satisfaisante mme considr sous cet aspect, le salaire des assistants travaillant temps plein ne dpasserait pas celui du boulanger ou celui de l'cuyer.On aura d'autre part remarqu que le numraire vers au personnelde l'hpital, titre de roga ou traitement, reoit plusieurs appellations : , , , . Ces monnaies sont-ellesidentiques entre elles ? Il ressort du texte que le nomisma hyperpyron kai-nourgion est identique au nomisma kainourgion protimmnon (comparer1. 1226 et 1230, 1246 et 1250). Mais qu'en est-il des autres ? D'aprs Hen-dy26, le n'est rien d'autre que le nomisma hyperpre, etce spcialiste est aussi d'avis27 que ces dnominations diverses ne cachentaucune varit montaire et qu'elles dsignent toutes le nomisma hyperpre,dont le titre tait compris entre 20 et 21 carats. Autrement dit, tous lesemploys de l'tablissement hospitalier taient pays en pices d'or, ouplus vraisemblablement recevaient en monnaie divisionnaire la sommeindique en monnaie d'or. S'il en va bien ainsi, force est de reconnatreque les disparits salariales, compte tenu des comptences et des responsabilitses personnes, taient considrables. Ainsi la rmunration desprtres de l'hpital et du prtre de l'hospice tait deux fois suprieure celle de la femme mdecin ; les boulangers, l'cuyer, les serviteurs et lesservantes recevaient autant que le meizotros ou intendant gnral, lercureur de chaudrons et l'huissier autant que la femme mdecin, le cuisinieret le dpensier plus que les assistants titulaires ; et l'on pourrait releverd'autres disproportions aussi tranges. Nous ne sommes pas qualifi pourdiscuter de l'identification montaire propose, mais on doit reconnatreque les comparaisons prcdentes, bases sur celle-ci, suscitent la perplexit.Nous constatons d'autre part que les rmunrations en concident (1 . 1178-1210) avec les postes de haute responsabilit, mdicaleou administrative, vingt-quatre personnes au total, et que celles en nomismakainourgion, appel aussi nomisma hyperpyron kainourgion, commencentavec l'numration (1 . 1211) des emplois subalternes. S'il s'agit du mmetype montaire, on ne saisit pas la raison d'une pareille distinction.Si l'on accepte l'hypothse que les salaires sont tous calculs sur la based'une monnaie de mme valeur, l'hyperpre, les quatre tableaux prcdents

    26. Coinage,p.3$.27. Ibidem, p. 34-37.

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    LE TYPIKON DU CHRIST SAUVEUR PANTOCRATOR 17permettent de dresser une chelle des rmunrations l'intrieur d'untablissement spcialis et de constater que l'ventail des rtributions,compte tenu des comptences, n'tait pas ngligeable. Laissons de ctle cas des praticiens dont il faudrait doubler la somme qui leur est alloue,puisque les mdecins, et peut-tre aussi les assistants, n'exeraient l'hpitalqu'un mois sur deux. Les moluments de cette catgorie d'agents ne prsententas de disparit : ils sont apparemment calculs en fonction des comptences, des responsabilits et de l'anciennet ; seule la femme mdecinparat dfavorise. En ce qui concerne les autres employs, le sommetde la hirarchie salariale est occupe par le nosokomos, ou directeur gnralde l'tablissement, et le didascale la base figurent, dans l'ordre, le repasseur,les blanchisseuses et le meunier ; l'cart qui spare ces extrmes est dansle rapport de 8 1 1/2 ou 1 nomisma. Dans les degrs intermdiaires, l'ordredes rmunrations est dconcertant, en ce sens que des emplois qui requirentne bonne qualification professionnelle sont rtribus au mme tauxque des besognes manuelles. On alloue 6 nomismata aux trois prtres deschapelles ; 4 nomismata au meizotros ou intendant gnral, aux onzeserviteurs et servantes, aux boulangers et l'cuyer ; 3 nomismata 1/2 1/3au pharmacien-chef ; 3 nomismata 1/3 aux trois herboristes titulaires ;3 nomismata au prtre charg des funrailles, aux deux comptables, auxdeux lecteurs, l'huissier, au rcureur de chaudrons, aux deux cuisinierset au dpensier ; 2 nomismata 1/2 aux deux herboristes surnumraires ;2 1/3 au portier ; 2 nomismata l'goutier, aux quatre fossoyeurs, au chaudronnier et aux six serviteurs de l'hospice.Grce une indemnit mensuelle de 4 trachea par mois, certains employsmdiocrement rtribus, comme les deux lecteurs de l'hpital, l'huissier,le rcureur de chaudrons, les deux cuisiniers, le dpensier et les cinq blanchisseuses, voyaient leur salaire s'accrotre d'un hyperpre par an et atteindre, l'exclusion de ces dernires, la somme des 4 nomismata annuels.Mais ce supplment ne fait qu'aggraver le dsquilibre salarial constat,car il place des emplois aussi modestes que ceux qu'on vient d'numrersur le mme plan que celui d'un responsable important comme le meizotros.D'autre part, les rmunrations du personnel de l'glise de l'Elousa sont,comparativement, anormalement leves ; elles atteignent pour la rogale double, voire le triple, des autres salaires, et nous ne trouvons pas d'explication satisfaisante pareille diffrence de traitement.Les gratifications

    Quoi qu'il en soit de ces anomalies, il faut encore signaler que les agentsde l'tablissement hospitalier bnficiaient de gratifications qui constituaient

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    18 P. GAUTIERun appoint apprciable en numraire, mais difficile valuer. Tout lepersonnel de l'hpital en faisait l'objet en certaines occasions. Quatrefois l'an, aux commmoraisons d'Alexis Ier Comnne (16 aot), d'Irnede Hongrie (13 aot), de Jean II Comnne (8 avril) et du basileus AlexisComnne (t), on lui distribuait la somme, videmment globale, de 4nomismata hyperpres, soit presque 2 trachea par personne. Trois samedispar an {Apokr, Tyrophagie et Pentecte), il se partageait 250 folleis.Il recevait encore la Transfiguration 50 tracha et 920 ttartra ; lafte des saints Anargyres (1er novembre) 15 tracha ; la Purification309 ttartra ; le jeudi saint 42 tracha, outre 3 nomismata hyperpyra pourl'achat de cierges. Les cinq excubiteurs, ou gardes de nuit, et les cinq serviteurs des sections taient nourris l'hpital durant leur tour de service,soit, semble-t-il, un jour sur trois.

    Le typikon donne trs peu de renseignements sur le cot des denres,qui permettrait d'valuer le pouvoir d'achat de la monnaie distribue.L'achat de savon requis pour le lavage de la lingerie des cinquante maladesrevenait chaque semaine 60 folleis (12 folleis par blanchisseuse), soitpar an 3 120 folleis quivalant un peu plus de 10 hyperpres. Quantaux malades, ils recevaient chacun 3 folleis chaque semaine pour acheterleur savon, soit presque un demi-hyperpre par an. Pour le vin et toute autreconsolation alimentaire non prcise, chaque malade recevait par jourun nomisma trachy, soit approximativement 7 hyperpres 1/2 par an . Cesont l des sommes considrables qu'on se refuse prendre en considrationpour valuer le cot de la vie, car elles obligeraient conclure que lessalaires accords, mme les plus levs, taient des salaires de misre.

    4. Le rgime alimentaireII est impossible de calculer la dpense consentie pour l'entretien et lefonctionnement du complexe hospitalier (hpital, hospice et lproserie),et cela pour plusieurs raisons : une dpense quelconque est indique tantt

    en numraire de plusieurs types, tantt pour les denres comestibles etles mdicaments d'aprs plusieurs espces de modioi, tantt pour unesomme globale, sans indication de la quantit des produits acqurir.Dans ce fourmillement de renseignements en tous genres, on peut toutefoisrelever la ration quotidienne perue en argent et en nourriture par lesmalades de l'hpital et les vieillards de l'hospice. Le rgime alimentairede l'hpital tait strictement vgtarien ; on ne servait jamais ni viandeni poisson, mais uniquement du pain, en grande quantit, et des lgumes.

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    LE TYPIKON DU CHRIST SAUVEUR PANTOCRATOR 19On distribuait quotidiennement chacun des cinquante malades et chacune des onze personnes prposes leur service un pain blanc pesantenviron 850 grammes. Pour l'alimentation du mme nombre de gens,l'empereur prvoit l'allocation journalire d'un modios maritime de fveset d'un boisseau identique d'un autre lgume sec, ce dernier tant souventremplac par le mme poids en lgumes frais, le tout accommod l'huile ;comme un boisseau maritime quivaut 12 800 grammes, cela correspondpar tte 210 grammes de l'une et l'autre denre, quantit ramene 105 grammes quand on servait comme lgume sec des pois. Ce menu s'enrichit encore de presque deux ttes d'oignons par personne. La boissoncourante est le vin, que les Byzantins avaient accoutum de boire coupd'eau ; la quantit distribue chacun n'est pas indique, mais on donnait chacun un nomisma trachy par jour pour le vin et toute autre consolation,une somme considrable o la boisson n'entrait sans doute que pour unefaible part. Il est probable qu'on leur allouait peu prs la mme quantitde vin qu'aux invalides de l'hospice : un demi-litre. D'aprs Jeanselme-conomos28, cette quantit de nourriture dgageait quelque 3 300 caloriespar jour et avoisinait trs sensiblement la ration type.Le rgime alimentaire des impotents, perclus et boiteux, de l'hospicetait plus frugal que celui des malades. A chacun des vingt-quatre pensionnaires 'empereur allouait annuellement : 20 modioi maritimes de pain,18 mesures maritimes de vin, 2 modioi maritimes de lgumes secs, 50 livresde fromage, 1 mesure maritime d'huile, 3 peisai (mesure indtermine)maritimes de bois de chauffage et 2 nomismata hyperpyra pour la rogaet l'habillement. Calcules en mesures mtriques, ces donnes correspondent une ration quotidienne de 715 grammes de pain, d'un demi-litre de vin,de 70 grammes de lgumes secs, de 44 grammes de fromage et de 24 grammesd'huile, soit selon Jeanselme-conomos29 une consommation journalirede 2 500 calories, laquelle tait bien suffisante pour des invalides qui neproduisaient aucun effort.

    5. Les dpenses du PantocratorII est impossible de dresser un tat exact des sommes annuellement dbourses pour l'administration des btiments qui constituaient l'ensembledu Pantocrator : monastre principal et monastres affilis, hpital, glise28. Hpitaux byzantins, p. 13.29. Ibidem, p. 18.

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    22 P. GAUTIERl'lot minuscule de Haghia Glykria, sis au sud du cap Akritas dans legolfe de l'actuel Touzla30. Dans ce monastre ddi la Thotokos Panta-nassa31 fut intern vers 816 l'iconodoule saint Nictas32 ; c'est l aussi queJean Zonaras, exil, se fit moine et crivit ses ouvrages33 ; l'lot est encorementionn dans une novelle de Manuel Comnne date de 115834. Josephest attest comme higoumne du Pantocrator deux reprises, une fois en1149, uniquement avec son prnom, dans un document concernant le transfert 'une icne de s. Dmtrios de Thessalonique au Pantocrator35, uneautre fois, une date indtermine, au dbut du Sinaiticus 339 : ce codexen parchemin fut offert au monastre de la Thotokos Pantanassa de l'lede sainte Glykria par l'higoumne du monastre imprial du Pantocratorle moine Joseph Hagioglykrits36. Il fut un ami et un correspondant deJean Tzetzs37. Le sceau de Joseph a t conserv38. Sa prsence la ttedu Pantocrator pose un problme : Jean Comnne dfendait expressmentqu'un exmonits ft choisi comme higoumne de sa fondation, or Josephl'tait, puisqu'en 1136 la Thotokos Pantanassa ne faisait pas partie desmonastres affilis au Pantocrator. Restent deux explications : ou Josephfut nomm d'autorit par l'empereur lui-mme ds 1136, ou bien ce monastre entra dans le patrimoine du Pantocrator entre 1136 et 1149. Il a dmourir vers 1154-1155. Dans une lettre adresse Georges Kladn, JeanTzetzs fait allusion, dans un style imag, la mort de la vertu des moines et la mutilation ( = dcs) de la langue et de l'il de la sainte grousia39 .Or nous apprenons par le scholiaste40 que la premire image dsigne l 'higoumne u Pantocrator Joseph, et la seconde l'archevque d'Ephse, Jean

    30. Cf. J. Pargoire, Les monastres de saint Ignace et les cinq plus petits lots del'archipel des Princes, IRAIK 7, 1901, p. 62 ; R. Janin, Autour du cap Acritas, EO 26,1927, p. 290-291.31. Cf. Laurent, Corpus des sceaux, V, 2, p. 209-210.32. AASS, Avril, I, p. 264, n 44 ; J. Pargoire, Saints iconophiles, EO 4, 1900-1901,p. 350 et n. 5.33. Annales, ix, 31 : Bonn, II, p. 29721~22 (lot anonyme) ; Th. Bttner-Wobst, BZ 5,1896, p. 61 1 ; Idem, Die Verehrung der heiligen Glykria, BZ 6, 1897, p. 98-99.34. Zachariae a Lingenthal, JGR, III, p. 450 = PG 137, 9364.35. A. Papadopoulos-Krameus, AIS, IV, Saint-Ptersbourg 1897, p. 24027.36. V. Gardthausen, Catalogus codicum graecorum Sinaiticorum, Oxford 1886,p. 72.37. Lettres 51 , 53, 54, 70, 79 : Tzetzs, Epistulae, p. 72-73, 74, 74-75, 99-100, 117-118.38. Laurent, Corpus des sceaux, V, 3, n 1907.39. Tzetzs, Epistulae, p. 1381"2.40. Ibidem,?.!!!.

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    LE TYPIKON DU CHRIST SAUVEUR PANTOCRATOR 23Kolptos. Comme les deux vnements semblent contemporains et qu'Jean Kolptos succda, vers le milieu de 1155, Georges Torniks41, nousen dduisons que Joseph est dcd vers 1154-1155.

    Le second higoumne attest est Thodose de Villehardouin, communmentppel le Prince, parce qu'il tait issu de la famille des Villehardouinimplante en More. Il vivait dans un monastre de la Montagne Noire,quand il fu t appel par Michel VIII Palologue la tte du Pantocrator42,sans doute vers 1261-1262. En fvrier 1265, il fut envoy en ambassadeauprs du khan des Mongols, Hulagu, avec mission de ngocier un mariageentre ce prince et Marie, une fille btarde de l'empereur43. Quelque tempsaprs son retour, il dmissionna et se retira, Constantinople, dans unecellule du monastre des Hodges44. D'aucuns pensrent lui commecandidat au patriarcat de Constantinople dans les premiers mois de 1275,mais ce fut Jean Bekkos qui fu t lu45. On tira plus tard Thodose de sacellule pour le promouvoir au patriarcat d'Antioche au tournant des annes1277-127846.Il faut sauter un sicle et demi pour retrouver un autre higoumne duPantocrator, Macaire Makrs. Macaire, fils de Dmtrios Makrs, naquit Thessalonique dans la dernire dcennie du xive sicle. A l'ge de dix-huitans, aussitt aprs le dcs de sa mre qui s'opposait sa vocation religieuse,il se retira au Mont Athos. C'est au monastre de Vatopdi qu'il reutl'habit religieux, puis le sacerdoce. Comme il n'avait frquent que durantquatre ans l'cole du grammatiste de sa ville natale, il se perfectionna Vatopdi la fois dans les lettres sacres et profanes, sous la direction d'unmoine savant, durant douze ans. A la mort de ce dernier, il se mit l'cole

    41. J . Darrouzs, Georges et Dmtrios Torniks. Lettres et discours, Paris 1970,p. 15-16. Le successeur (anonyme) de Joseph pourrait avoir t envoy en ambassadeen France par Manuel Comnne ; c'est du moins ce qui parat ressortir des Annalesde Saint-Gilles : En 1163, l'abb Bertrand de Saint-Cosmas offrit au ro i (Louis VII ?)pour marque de son amiti des pices du Levant. Voici comment l'abb se les tait procures.Manuel Comnne avait envoy en Occident des ambassadeurs pour lui proposerdiffrents projets assez mystrieux : c'taient l'abb d'Andrinople et le prieur de l'hpitalde Constantinople ; l'un d'eux tomb malade Saint-Gilles, sans avoir pu accomplirsa mission, donna l'abb quelques-uns des riches prsents dont il tait charg. Cf.Abb Nicolas, Nouvelle histoire de Saint-Gilles, Nmes 1912, p. 57.42. Pachymre, De Michaele Palaeologo : Bonn, I, p. 174, 402.43. Ibidem ; Dlger, Regesten, n 1932.44. Pachymre, op . cit. : p. 402.45. Ibidem.46. Ibidem : p. 402, 436-438 ; Laurent, Regestes, n 1438.

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    LE TYPIKON DU CHRIST SAUVEUR PANTOCRATOR 25ngociations avaient d sembler si prometteuses Jean VIII qu'il dcidad'envoyer derechef l'higoumne Macaire Rome peu de temps aprs sonretour57, mais ses espoirs furent trahis : saisi par une fivre violente conscut ive une tumeur ganglionnaire (la peste ?), Macaire s'teignit, sansdoute au Pantocrator, le 7 janvier 1431 58, laissant le souvenir d'une grandevertu il est ft le 8 janvier dans le calendrier orthodoxe et d'un savoirrput. Ce dont tmoignent son disciple Georges Scholarios, le futur patriarche Gennade59, son admirateur et ami Georges Sphrantzs60, le grandecclsiarque Sylvestre Syropoulos61, et ses uvres conserves62.Quelques annes plus tard, le monastre du Pantocrator tait plac sousla houlette de l'higoumne Grontios, qui fut peut-tre le successeur immdiat de Macaire Makrs et peut-tre aussi le dernier suprieur de cettefondation impriale. Il est attest pour la premire fois la fin de 1437 :il figure dans la liste des archontes patriarcaux et des moines dsigns parl'empereur pour assister au prochain concile de l'union des Eglises63.L'anne suivante, on le trouve Ferrare, membre de commissions prconciliaires64. Il signera le dcret d'union Florence en juillet 143965,

    57. A. Papadopoulos-Krameus, art. cit., p. 466.58. Sphrantzs, op. cit. : Bonn, p. 1577 = Grecu, p. 508. Si le hiromoine Macaire,correspondant de Georges Scholarios, est bien Macaire Makrs, il rsulterait de cettelettre (d. -Sidrids-Jugie, uvres compltes de Gennade Scholarios, IV, Paris1935, p. 424-425) que Macaire, malade une poque indtermine, s'tait retir quelquetemps pour se soigner au monastre de la Panagia de l'le de Halki, mais on ne sauraiten dduire qu'il y soit dcd, comme le fait Mgr Athnagoras, 6 , EEBS 5, 1928, . 188.59. Il a laiss une pitaphe l'adresse de son ancien matre : Vers pour la tombe deMacaire, higoumne du monastre du Pantocrator, hiromoine, philosophe et rellementbienheureux (makarios). Cf. Petit-Sidrids-Juoie, op. cit., IV, Paris 1935, p. 379-380.Un correspondant de Scholarios, appel le hiromoine Macaire, est sans doute MacaireMakrs (ibidem, p. 424-425).60. Op. cit. : Bonn, p. 15619, 15710-12 = Grecu, p. 48 a4.61. Laurent, Syropoulos, p. 26624.

    62. Les listes de ses crits, actuellement les mieux jour, sont celles tablies par R.-J.Lnertz, Ecrits de Macaire Makrs et de Manuel Palologue dans les mss. Vat. gr.1107 et Crypten. 161, OCP 15 , 1949, p. 185-191 ; H. Hunger, art. cit., p. 134-135. L'opusculee Macaire Makrs sur les miracles et les translations de sainte Euphmie a t ditpar F. Halkin, Euphmie de Chalcdoine (Subsidia hagiographica 41), Bruxelles 1965,p. 170-183.63. Laurent, Syropoulos, p. 185 n. 13 et 1861.64. Ibidem, p. 26029, 31612.65. Mansi 31 A, 1040e ; I. Gill, Concilium Florentinum. Documenta et scriptores,Pars II, Vol. V, Fasc. II, Rome 1953, p. 467.

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    26 P. GAUTIERmais aprs son retour Constantinople (1440) il se ddira en souscrivantau rapport des antiunionistes, adress Jean VIII Palologue en automne1445, contre le concile de Florence66. Nous ne savons rien de plus au sujetde Grontios, et nous ignorons s'il assista le 12 dcembre 1452 la proclamation solennelle du dcret d'union Sainte-Sophie, comme l'admet le

    66. Petit-Sidrids-Jugie, op. cit., III, Paris 1930, p. 188-193, 195 ; dans le titre, la p. 188, il faut corriger novembre 1452 en automne 1445 ; cf. Laurent, Syropoulos,p. 12-13.

    Typikon du monastre imprialdu Pantocrator... elle1 m'a prserv de toute embche et machination, elle m'a levsans douleur au moment voulu au fate suprme2 du pouvoir ancestraldes Ausones conformment, pourrait-on dire, l'intention et la volontdernires de l'me divine de feu mon pre3. Ensuite aussi, aprs cettelvation extraordinaire, elle a dissip les complots tortueux de mes ennemis isibles et invisibles4 ; elle m'a dlivr de tous les piges et elle a mis

    tous mes ennemis sous mes pieds. Comment pourrais-je numrer lesinterventions admirables de la main de Dieu en ma faveur contre les Perses,les Scythes, les Dalmates, les Daces et les Paeoniens5, les victoires in-1. Le texte est acphale et commence par le mme mot dans les trois apographes,dont nous avons di t ci-dessus qu'ils furent tous copis sur l'original conserv jusqu'en1934 au monastre ploponnsien de Mga Splaion. N. Bes (Parasmeiseis, p. 233),qui a omis de relever les signatures des cahiers, tait d'avis que le typikon tait amputd'un ou deux folios, mais l'impression prvaut d'une lacune de moindre importance.Le sujet des participes fminins de la premire phrase doit tre la ou la de Dieu. Le titre plac en en-tte n'est pas original ; il est de la main du copiste de H.2. Le sens du terme grec n'est pas vident dans le contexte ; on peut carter le senscourant de baudrier, ceinturon, et retenir, semble-t-il, celui de ligne de bordage de navire,frquent chez les auteurs contemporains (Psellos, Chronographie : Renauld, II, p. 1177 ;Anne Comnne, Aexiade, vi, 5, 7 : Leib, II, p. 5318 ; Nictas Choniate : Bonn, p. 993 ;Constantin Manasss : Bonn, v. 4876).3. Il ne fait en effet aucun doute qu'Alexis Comnne voulut expressment que sonfils an, qu'il avait promu basileus vers 1091-1092, ft son successeur. Cf. NictasChoniate : Bonn, p. 8-9.4. Allusion vidente aux intrigues de sa sur Anne Comnne, qui chercha d'abord vincer son frre par la ruse, puis, ayant chou, projeta de le faire assassiner, dessein

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    LE TYPIKON DU CHRIST SAUVEUR PANTOCRATOR 27P. Janin67. Le monastre ne survcut que peu de temps, voire pas du tout68, la conqute turque ; vers la fin du xve sicle ses glises furent transformesen mosques.

    67. ^Eglises et monastres, p. 518.68. La fin de la notice du P. Janin sur l'histoire du Pantocrator (ibidem) laisse croireque ce monastre a fonctionn bien aprs 1453, puisque le patriarche Niphon auraitvcu dans ce couvent avant de s'asseoir sur le trne patriarcal en 1486, mais c'est uneerreur : Niphon ne venait pas du Pantocrator de la capitale, mais de celui de l'Athos.Cf. Sathas, MB, VII, p. 595.

    ... , , , - ' 5

    . f. 1 | ' , - = Paris, gr. 389, f. 1-61. = Halki, Ecole thologique 85 , nunc 79 , f. 69-122v.Lampros = textus a S. Lampros editus in NE 5, 1908, p. 392-399.Titulus : om. Lampros || : supra alia manu H || sub titulo 3 4 ' : ' 9 || : Lampros

    6-7 Ps. 24 , 15 ; 8, 7de placer sur le trne son propre mari, Nicphore Bryennios ; mais l'apathie du csaret l'opposition d'Irne Doukaina firent avorter la conspiration. Voir ce sujet NictasChoniate : Bonn, p. 9-17 ; Chalandon, Jean Comnne, p. 1-8.5. Soit dans l'ordre les Musulmans d'Asie Mineure, les Petchngues, les Serbes, lesHongrois et peut-tre les Bulgares. Sur ces deux derniers termes souvent employs l'poque pour dsigner les Hongrois, consulter G. Moravcsik, Byzantinoturcica, II,Berlin 1958, p. 116 et 243, et, pour le contexte historique, Chalandon, Jean Comnne,p. 35-91.

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    30 P. GAUTIERtous les traitements que requiert leur tat ; d'autres sont soulags de leurssouffrances, reprennent des forces et voient leurs blessures cicatrises ;d'autres sont arrachs l'indigence et trouvent leur consolation dans unenourriture suffisante et des vtements13. Nous te les prsentons comme desambassadeurs pour le pardon de nos manquements ; par leur entremisenous sollicitons ta bienveillance ; par eux nous implorons ta compassion.Comme nous avions cur d'assurer comme il convenait la conservation,la protection et l'administration de ces temples la fois anims et inanims,nous fixons maintenant dans le dtail les dispositions qui les concerneront.I. Typikon liturgique

    Nous voulons donc que l'office des divines hymnesLe crmonial de la synaxe de QQ gaint monastre soit clbr conformment aut des heures canoniales rglement ecclsiastique que nous avons tabli.La synaxe de l'aurore1 commencera les dimanches et aux trs grandes ftes la cinquime heure de la nuit ; tous les autres jours, elle aura lieu selon l'officecanonial, soit plus tt, soit plus tard que (l'office de) minuit. Car l'higoumneveillera ce que les moines affects la liturgie prennent suffisamment de sommeil,pour qu'ils aient la force d'assurer la prire et la psalmodie avec un esprit alerte,car les humeurs paisses produites par les aliments se trouvent dissipes par untemps de sommeil convenable, et dans ces conditions l'esprit excute le chantdes hymnes et les prires de supplication avec vigilance. Quand arrivera l'heurede l'office canonial et de la synaxe, on assurera comme suit chaque jour les crmon i e s de l'glise. L'excitateur2 se rveillera, ira la cellule de l'higoumne et ,aprs avoir fait une mtanie3, criera de l'extrieur : Bnis-moi, prie pour moi,pre. Celui-ci le bnira en s 'exprimant avec les lvres, et l'autre s'en ira et feraaussitt rsonner la simandre du rveil4. Puis, les frres s 'tant rassembls l'glise, il fera rsonner aussi la simandre de la synaxe, celle qu'on appelle aussila grande ; les moines une fois rassembls dans le narthex rciteront l'office de

    13. Jean Comnne vient d'numrer les diffrents tablissements qui constituent lecomplexe immobilier du Pantocrator : un monastre de 80 moines, une glise comptant50 desservants, un hpital de 50 lits, un hospice pour 24 invalides et une lproserie.1. L'orthros correspond aux matines et aux laudes du rite romain ; les jours defte et le dimanche, il est uni aux vpres ou aux grandes complies pour former la vigile.Cf. Mercenier-Paris, Prire, p. 89-142 ; Arranz, Typicon, p. xxxvi-xxxvii, 424.2. Les obligations de l'excitateur se trouvent prcises dans une posie de Thodorede Stoudios. Cf. P. Speck, Theodoros Studites. Jamben auf verschiedene Gegenstnde,Berlin 1968, p. 146-148. Sur le propre rveil de l'excitateur, voir Yhypotypsis du Stoudios :Dmitrievsku, Typika, p. 225.3. La mtanie consiste en une inclination plus ou moins profonde accompagne d'unecourte prire. Cf. Clugnet, Dictionnaire, p. 99 ; Arranz, Typicon, p. 419-420.4. Le terme grec que nous rendons par simandre dsigne une plaque de bois ou de

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    LE TYPIKON DU CHRIST SAUVEUR PANTOCRATOR 31 ' , , * 40 , f. 3 , | . , ' .

    45 ' .

    * * 50 . , 55 . , . ,60 , , * . , , -38 Lampros 39 Lampros 44 post vacat(circa 8 litt.) 45 Lampros 48 Lampros 50 - 59 :

    fer que l'on faisait rsonner avec un maillet ; celle-ci servait au rveil des moines, d'autres d'autres usages (1 62). Cf. Clugnet, Dictionnaire, p. 136-137 ; Arranz, Typicon,p. 412 ; Millet, Phiale et simandre, p. 123-141.

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    34 P. GAUTIERjour de V angoisse, et avec les tropaires et le thotokion susdits ; ils excuterontl'autre trisagion pour notre mmoire, lui ajoutant le psaume 6 qui commenceainsi : Seigneur, ne me reprends pas dans ta colre, et ils chanteront un tropaire,celui-ci : Repose avec les saints, et comme thotokion : Toi qui es un rempart etun port. Aprs quoi, ils rciteront aussi cette prire : Souviens-toi, Seigneur, denos empereurs et fondateurs orthodoxes dfunts. Pardonne-leur tout manquementcommis volontairement ou non en acte, parole et pense. Place-les dans des lieuxlumineux, dans des endroits verdoyants, d'o sont absents douleur, affliction etgmissements, o la visite de ta face rjouit tous tes saints depuis toujours, et accorde-leur ton royaume et la faveur de participer aux biens indicibles et ternels et tonexistence sans fin et bienheureuse. Car tu es la vie et le repos des dfunts. A toila gloire. Le prtre, qui aura achev pendant ce temps d'encenser toute l'glisede la manire susdite, reviendra devant la porte du sanctuaire ; il l'encenseratrois fois en forme de croix, en disant haute voix : Gloire jamais la sainte,consubstantielle et vivifiante Trinit, maintenant, toujours et pour les sicles dessicles. Les moines rpondront Amen et commenceront aussitt Y Hexapsalmos11 ;ils ne le chanteront pas part soi voix forte, mais doucement, et ils veilleront s'accorder avec Fecclsiarque, qui se tiendra au milieu de l'glise et qui articuleraavec nettet pour tre entendu. Une fois achev Y Hexapsalmos, on chanteratantt Dieu Seigneur, je veux dire aux jours solennels et aux ftes, tantt YAllluia,tous les deux sur un mode triomphal et vibrant. , , Les moines respecteront le rang suivant : les prtresrsance r , , ^prendront place avant les diacres, les diacres aprs eux,et tous les autres ainsi de suite, dans l'ordre que Pecclsiarque fixera pour chacunsur indication de l'higoumne. Les diacres ne se tiendront jamais parmi les prtres,mme s'ils occupent quelque charge importante. L'conome se tiendra l'cart etgardera toujours sa propre place, mme s'il n'est pas honor de l'ordre sacerdotal.

    . ,_ . . t. Les moines une fois runis l'glise, personne ne serautres instructions . , , . , , , .autorise a prier devant les grilles du sanctuaire ou dansun autre endroit, mais quand on sera sur le point d'entrer dans l'glise, chacunfera une mtanie devant la porte royale18, puis on entrera pieusement et onoccupera sa place sans faire de mtanie devant les moines. Au dbut de la sticho-logie19 ou d'un autre chant, tous attendront celui qui entonne et , quand celui-ciaura achev le verset du dbut, il se prosternera terre, et tous se prosternerontavec lui la mme allure ; personne ne prendra l'initiative de commencer, sans

    17. L'ensemble des psaumes 3, 37, 62, 87, 102, 142, qui constitue la partie la plussolennelle de la psalmodie de Yorthros. Cf. Clugnet, Dictionnaire, p. 49 ; Arranz,Typicon, p. 397-398.18. La grande porte d'entre qui donne accs au naos.19. Le terme dsigne ici la psalmodie du psautier verset par verset. Cf. Arranz, Typicon,p. 436 ; A.-J. Festugire, Les moines d'Orient, III/2, Paris 1962, p. 29 n. 30.

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    LE TYPIKON DU CHRIST SAUVEUR PANTOCRATOR 35 , , , ,

    95 , , , , . , , '100 , , , 3 , ' 105 , . , . 110 ', ' ' . , , ,115 .

    * , ' , , - . ,120 . , . , ' ,125 ' , , . , , , , -130 , '.

    92 105 + 110 sic (spiritus lenis) semper P

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    LE TYPIKON DU CHRIST SAUVEUR PANTOCRATOR 37 - ,

    135 , ' , . , ' .140 . , , , , , ,145 * , ^ . ' * , f. 9 . | , , -150 , - , . , , v , v , , 155 v . , , , .

    140 142 sic (cum iota) semper PH 147 PH149 sic aliquoties (spiritus lenis) 152 156 25. Le dsigne une petite veilleuse o brle une mche qui trempe dans l'huile.26. Le est la cloison de bois ou de marbre qui dans les glises orthodoxesspare le sanctuaire du naos et qu'on appelle couramment iconostase. Cf. Petit, Notre-

    Dame de Piti, p. 13 3 ; P. Speck, Theodores Studites. Jamben auf verschiedene Gegenstnde, Berlin 1968, p. 193-194. Voir aussi supra, n. 12.27. Le passage est peu clair, et d'autre part le terme nous est inconnu. Commechez les Byzantins le terme dsignait tantt la vote, tantt la coupole, nous supposons ue ces lampes taient suspendues aux quatre grands arcs sur lesquels reposaitla coupole centrale.28. La , appele aussi , est l'image du saint dont on clbrela fte, ou celle du saint patron de l'glise ; on l'appelle ainsi parce qu'elle est proposeen permanence la vnration des fidles. Elle est expose dans le narthex ou l'entredu naos ; on ajoute celle du saint patron, ici le Pantocrator, celle du saint ou des mystres du jour. Cf. Petit, Notre-Dame de Piti, p. 131-132.

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    38 P. GAUTIERLes dimanches, Vorthros et durant la messe, et aussi lors de Yhesprinos dusamedi, on allumera encore sept petits cierges sur l'iconostase du milieu et troispetits cierges devant l'iconostase de droite du petit bma ; on fera aussi la mmechose aux ftes ordinaires.T . . . , Lors des grandes ftes le luminaire de l'glise serae luminaire des . jours solennels le suivant.Lors de la Transfiguration d'abord29, la place desgodets on suspendra des lustres30 et ceux-ci, magnifiquement disposs, brillerontde tous leurs feux ; de petits cierges de six onces seront fixs sur les iconostaseset les icnes proposes la vnration. Sur les candlabres douze branchesplacs devant la sainte icne centrale du Sauveur on mettra des cierges d'unelivre, dans les churs six grands cierges de huit livres, dans le narthex trois etdans l'exnarthex un, sur les bobches31 des lampes trois branches de la conqueet de la coupole des cierges de quatre onces, et pareillement sur toutes les autreslampes trois branches qui comportent des broches32, et dans les diakonika ;de chaque ct du saint autel il y aura deux grands cierges. De l'essence de roseet du bois d'alos seront achets au magasin33, et l'on fera la porte une distribution de vingt-quatre boisseaux34 de pain et de deux nomismata d'or le plusapprci ce jour en noummia ou en ttartra35 ; pour l'approvisionnement dela table on prsentera trois plats 3 6 de poissons frais. La fte de Pques sera clbreen tous points de la mme manire.Pour la Nativit du Christ on allumera galement les lustres ; on mettra despetits cierges de quatre onces sur les iconostases et les icnes proposes la vnration, des petits cierges de huit onces sur les candlabres douze branches,dans les churs six grands cierges de six livres, et dans le narthex deux ; la distribution la porte sera identique, et l'approvisionnement de la table se montera deux plats. On observera la mme chose pour la fte des Lumires37 et cellede l'Exaltation, mais la distribution la porte sera rduite de moiti.Pour la fte de l'Annonciation le luminaire sera de moiti infrieur ; on feraune distribution de huit boisseaux de pain et d'un nomisma d'or en noummia

    29. Le 6 aot ; ce jour-l, la cour se rendait en procession au Pantocrator selon lePseudo-Kodinos, De officiis : Verpeaux, p. 245. On remarquera que le typikon ne faitaucune allusion la fte de la ddicace de l'glise qui se clbrera le 4 aot. Cf. Syn.CP : H. Delehaye, p. 86854.30. Le est un lustre suspendu par des chanes, soit une runion deplusieurs lampes places sur un support unique. Cf. Petit, Notre-Dame de Piti, p. 127-128, 149.31. Le est, au sens propre, un disque de verre ou de mtal avec un rebord,qui est perc au centre et que l'on adapte aux flambeaux pour recevoir les gouttes de cire.Cf. Petit, Notre-Dame de Piti, p. 143-144.32. Le est la mme chose que le : c'est un candlabre brochesou douilles cylindriques sur lesquelles on fixe les cierges. Cf. Petit, Notre-Dame dePiti, p. 144, 149.33. Le tait le magasin o l'on conservait des objets divers et de s produits de

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    LE TYPIKON DU CHRIST SAUVEUR PANTOCRATOR 39 , 160 * . . 165 f. 10 * | , , 170 , * . ' ' -175 . . , -, 180 , , , , . " , .18 5

    16 5 sic (cum iota) semper H 169 consommation courante (huile, cire, fromage, lgumes, toffes, etc.). Cf. Orlandos,MA, p. 72-75 ; Idem, Patmos, p. 324.34. L'auteur a omis d'indiquer ici le type de modios (annonique, maritime ou monastique)dont on se servira ; dans d'autres occasions, la distribution de pain se fait avec desmodioi maritimes (1. 458), quivalant 12,800 kg.35. C'est--dire l'quivalent de deux nomismata or du meilleur aloi en petites picesde billon. Le terme ttartron a servi dsigner au cours des sicles des monnaies dedivers mtaux (or, argent, bronze et mme billon), mais il est vident que, dans le typikon,le ttartron est une monnaie de trs faible valeur, sans doute une petite pice divisionnairede billon ou de bronze. Cf. Frolow, Monnaies, p. 251-252 ; Hendy, Coinage, p. 28-29.36. Terme d'origine latine (bas latin missus, service un repas, plat, mets). Cf. A.-J.Festugire, Observations grammaticales sur le De caeremoniis de Constantin Por-phyrognte, Revue de philologie, de littrature et d'histoire anciennes 45, 1971, p. 253.37. L'Epiphanie.

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    LE TYPIKON DU CHRIST SAUVEUR PANTOCRATOR 41) , , 190 . , , v, - ', ' .195 . . 200 , , , .205 . , , 210 , , . - .f. 12 | , ,Krameus, Noctes, . 46621, 477), mais nous ignorons la capacit de cette mesure.43. Soit dans l'ordre : Alexis Ier Comnne (t 15 aot 1118), Anne Dalassne (t 1er novembre, aprs 1095), Irne Doukaina (19 fvrier, 1133 ?), Irne de Hongrie (f 13 aot1134). Cf. Gautier, Obituaire, p. 244-247.44. / tait un pain lev d'excellente qualit, parce que confectionn l'aidede la fleur de farine de froment ; c'tait le pain des riches et des gourmets. Le mot figurechez Prodrome sous des formes drives : dans la satire contre les higou-mnes du monastre constantinopolitain de Philothou (E. Legrand, Bibliothquegrecque vulgaire, I, Paris 1880, p. 67, v. 415 ; Byz. 1, 1924, p. 334), dans unpome l'empereur (E. Miller, Mlanges de philologie et d'pigraphie, Paris 1876,p. 138, v. 79).1. Le curopalate Jean Comnne (f 12 juillet 1067). Cf. Gautier, Obituaire, p. 248.

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    LE TYPIKON DU CHRIST SAUVEUR PANTOCRATOR 43 , ,220 , ', ', ,225 , , , , ,230 ,f. 13 | , , , , ,235 , , * 1 ', 240 ^^ , . f. 13 ' | .218 Lampros 222 : 225 226 correxi PH Lampros 237 239 om. Lampros 240 Lampros 241 Lampros 242 : 13. Le csar Nicphore Mlissnos, dcd le 17 novembre 1104 (ibidem, p. 253).14. Soit dans l'ordre : Eudocie, pouse de Nicphore Mlissnos ; Marie Comnne,pouse du panhypersbaste Michel Taronite ; Theodora Comnne, pouse de ConstantinDiogne (ibidem, p. 253-254).15. Michel Doukas, mort un 9 janvier avant 1116 (ibidem, p. 254).16. Jean Doukas, devenu le moine Antoine (ibidem, p. 254).17. Epoux d'Anne Doukaina, sur de l'impratrice Irne (ibidem, p. 254).18. Theodora Doukaina, dcde comme moniale sous le nom de Xn avant 1116(ibidem, p. 255).19. Anne Doukaina, dcde aprs 1118 (ibidem, p. 255).20. Ibidem, p. 255. Plusieurs personnages qu'on s'attendrait voir figurer dans cetypikon ont t omis pour des raisons qu'on ne s'explique pas (ibidem, p. 242-243).21. Les kolyba sont des sortes de gteaux confectionns avec des grains de fromentbouillis, mlangs avec de la farine demi roussie au feu, saupoudrs de plusieurs pinces de sucre, de drages, de raisins secs, de ppins de grenades, d'amandes et de noix.Cf. L. Petit, La grande controverse des colybes, EO 2, 1898-1899, p. 321; A. Scor-dino, I coliva nel typicon di Messina, Studi meridionali 3, 1970, p. 271.

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    44 P. GAUTIERLe samedi de YApokr, le samedi de la Tyrophagie22 et le samedi de la Pentecte n commmorera les personnes suivantes :feu l'eunuque Jean le Mystique,l'autre mystique Tzykanistrits,le sbaste ky r Constantin Roger23,le sbaste Eustathe Kamytzs24,Michalitzs Stypeits25,le mdecin Nictas le prte26,Georges Dkanos27et le vestiarite de ma majest Thodore Berhots28.On donnera un pain d'oblation pour chacun d'entre eux.Aprs notre mort on ajoutera les pains d'oblation suivants pour les comm-moraisons quotidiennes, savoir pour la mienne et celles de mes trs chers fils etporphyrogntes :

    le basileus ky r Alexis29,le sbastocrator kyr Andronic30,le sbastocrator kyr Isaac31,le sbastocrator kyr Manuel32,celles de mes trs chres filles : la csarissa kyra Maria, kyra Anna, kyra Theodoraet kyra Eudocie33. Il y aura aussi une fois par semaine une autre petite corbeillede colybes.Les noms de toutes ces personnes seront inscrits dans les diptyques, et ellesseront alors commmores durant la proscomidie34 et les saints mystres, maisds maintenant nos noms seront inscrits dans les diptyques des vivants et ils serontcommmors pareillement durant la proscomidie et les divins mystres.Puisque l'poux d'une nice de ma majest, le pansbaste sbaste kyr JeanArbantnos35, dsireux d'tre enterr dans ce monastre fond par ma majest,lui a accord diffrents biens fonciers, une maison et des proprits produisantde grands revenus, pour que chaque jour en sa mmoire une pannychis36 et untrisagion Vorthros et Yhesprinos soient assurs par quelques moines dumonastre, au moins quatre, sinon plus, et comme il a voulu en outre que, sur22. Respectivement, les huitime et septime dimanches avant Pques.23. Ces dignitaires ne sont pas mentionns autre part. Cf. Gautier, Obituaire, p. 255.24. Officier d'Alexis Ier Comnne {ibidem, p. 256-257).25. Nous croyons avoir affaire, malgr la prsence de l'article devant le prnom, unseul personnage, un officier d'Alexis Comnne {ibidem, p. 257).26. Personnage inconnu par ailleurs {ibidem, p. 255).27. Peut-tre un ancien officier d'Alexis Comnne {ibidem, p. 255-256). Son sceau(protonoblissime) a t rcemment dit par V. Sandrovskaja, Palestinskij Sbornik23, 1971, p. 43.28. Dignitaire inconnu {ibidem, p. 255).29. Il mourra au dbut de l't 1142. Cf. Gautier, Michel Italikos, p. 35-36.30. Il mourra au cours du mme t 1142 {ibidem, p. 35-37).31. Il est mort aprs 1152, une date inconnue (Gautier, Obituaire, p. 258).

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    46 P. GAUTIERles revenus des mmes biens fonciers, on donne au moment de sa commmoraison, titre de distributions pieuses37, le tiers des revenus des biens fonciers qu'il aoctroys, ma majest ordonne ce qui suit : un trisagion sera chant pour luichaque jour par quelques moines ; Yorthros et aprs le lychnikon38 ils chanterontaussi pour lui une pannychis de supplication ; un cierge acmte et une lampegalement acmte brleront continuellement sur sa tombe, et des distributionspieuses seront faites fidlement, avant et aprs sa commmoraison, de telle sorteque le montant des deux distributions corresponde au tiers des revenus de sesbiens fonciers ; ce rglement ne subira jamais aucune modification, parce quec'est dans une telle attente que cet homme a octroy ses biens ce monastrede ma majest.Sur nos tombes, je veux dire celle de ma trs chre pouse et celle de ma majest,au lieu d'un petit cierge acmte on en fera brler deux pour chacun.II. Prescriptions alimentaires

    ,M , , Le moment est venu de traiter aussi de la table com-Le rituel des repas ,,.,,mune des frres. Les moines auront une table communedans le monastre du Sauveur Pantocrator ; ils prendront une nourriture commune;nul ne mangera en cachette, parce que cela est interdit par les divins Pres etcause l'me un tort considrable et un danger redoutable. Le moment du repasne sera pas toujours le mme. En effet, quand on rcitera des psaumes aux Heures,si ce sont des jours de jene, je veux dire avant la fte des saints aptres, tierceet sexte seront rcites avec psaumes selon le rglement de l'glise, et aprs ladivine liturgie on clbrera none sans rcitation de psaumes. Quand l'eulogie1aura t distribue aux moines et que la simandre aura t frappe trois fois, ilss'avanceront vers le rfectoire 2 en chantant avec les lvres le psaume qui commenceainsi : Je t'exalterai, mon Dieu. Quand ce ne sont pas des jours de jene, mais desjours de fte et de solennit, on clbrera les mystres sacrs, et les moines recevrontl'eulogie comme il a t indiqu ; on frappera trois fois la simandre, et ils s'avanceront vers le rfectoire, en ayant la bouche le psaume indiqu. La rpartitiondes moments des repas sera celle-l, sauf au grand carme et celui de saint

    37. Le terme est susceptible de plusieurs significations selon les contextes ;il dsigne ici des distributions faites pour le salut spirituel de l'auteur de cette fondationpieuse.38. Lychnikon est synonyme d'hesprinos (vpres) ; c'est la premire partie de l'officedes vpres qui commence quand les cierges et les lampes ont t allums. Cf. Clugnet,Dictionnaire, p. 93 ; Arranz, Typicon, p. 416.1. L'eulogie, appele aussi (1. 1017), tait une lgre collation, consistanten pain tremp dans de l'huile et en vin, que les moines prenaient aprs l'office dans lenarthex. Cf. diatypsis de s. Athanase de Lavra : Dmitrievskij, Typika, p. 25314 ;typikon de l'Everghtis : ibidem, p. 62423, 62920 ; diataxis d'Attaliate MM, V, p. 31621 ;

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    48 P. GAUTIERPhilippe3. Leur dplacement vers le rfectoire se fera aussi avec discipline : entte s'avancera le prtre qui aura offici, l'higoumne marchera derrire lui, puistous les frres suivront. Quand ils approcheront de la table, le prtre, se tenant enhaut, du ct droit, et tourn vers l'orient, dira seul cette prire : Seigneur monDieu, toi le pain cleste et vivifiant, toi la nourriture vritable du monde entier,toi qui rgis la vie prsente et qui nous as promis de jouir de la vie future, bnisnotre nourriture et notre boisson et permets-nous de les prendre en toute innocence,en glorifiant et remerciant le dispensateur de toutes les largesses. Puis l'higoumneprendra sa place la table qui est en tte ; le prtre fera alors le signe de la croixsur la table et dira aprs la prire susdite : Parce que ton nom trs vnrable etmagnifique est bni et glorifi. Quand les frres auront rpondu Amen, l'higoumnes'assoira, et aprs lui tous les autres, sans bruit ni confusion ; ils se cderontmutuellement leur place, car c'est l un signe d'humilit et de charit4. Quandtous seront assis, celui qui sera charg de la lecture commencera lire ; le prtrequi aura offici, se tenant debout, donnera la bndiction en disant : Bni soitDieu. Quand les frres auront di t Amen, le prpos au rfectoire5 imposera lesilence tous, et ainsi le lecteur commencera la lecture.Le plat ayant t prsent, le prpos au rfectoire dira d'une voix forte :Bnis, seigneur, prie, et le prtre qui aura offici bnira la nourriture servie. Quandl'higoumne aura mis la main au plat, tous les autres aussi se mettront manger ;des frres circuleront ensuite pour distribuer la boisson chaude6, les pintes7 ayantt au pralable disposes devant tous. L'higoumne frappera d'abord le bout dela table avec un petit maillet, trois fois pour chaque mlange ; au premier couptous se mettront debout, en tenant leur pinte en mains, et l'higoumne pareillement quand tous auront ainsi reu une eulogie en commun8, ils se rassoiront

    3. Le grand carme commence un lundi, 48 jours avant le dimanche de Pques, et neprend fin que le samedi saint. Le carme de saint Philippe commence le lendemain de lafte de ce saint (14 novembre) et dure jusqu' la veille de Nol inclusivement, soit 40 jours.Le troisime carme, celui des saints aptres, commence le lendemain de la Toussaintorthodoxe (= huitime dimanche aprs celui de Pques, fte mobile) et se prolongejusqu' la veille inclusivement de la fte des aptres Pierre et Paul (29 juin) ; de ce faitil est plus ou moins long selon que la Pque a lieu plus ou moins tt.4. Le fondateur de l'Everghtis fait ses moines la mme recommandation (Dmi-trievskij, Typika, p. 625).5. Le n'a pas pour fonction de servir table, mais de veiller la disciplinedes moines. Cf. typikon de l'Everghtis : ibidem, p. 624-625.6. Le est de l'eau chaude qu'on mlangeait parfois au vin. Cf. typikon del'Everghtis : ibidem, p. 62727, 62910 ; typikon de la Kcharitmn : PG 127, 1065.Dans sa satire contre les higoumnes le moine Hilarion se dit (. Legrand,Bibliothque grecque vulgaire, I, Paris 1880, p. 54 , v. 61). Voir aussi la Souda (A. Adler,III, p. 180) : , ' .7. Le mot ne doit pas seulement dsigner une mesure de vin, mais aussiun rcipient, un gobelet ; nous l'avons donc traduit par le mot pinte qui a cette doublesignification. Cf. diatypsis de s. Athanase de Lavra : Dmitrievskij, Typika, p. 254131931;typikon de l'Everghtis : ibidem, p. 62710, 628534 ; typikon de la Kcharitmn : PG127, 1065e, 1069e ; typikon de Saint-Mamas : Eustratiads, Saint-Mamas, p. 27416-35,

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    LE TYPIKON DU CHRIST SAUVEUR PANTOCRATOR 49 , , 310 . " - , , , ' , , , , 315 , , . - , 320 . , , * . , -325 * , , , , 6 . , 330 * , , , . , , - . 335 ' * , , , " ,

    31 1 312 om. 316 correxi : 332 - 336 27549-19 ; satire du Ptochoprodrome contre les higoumnes : E. Legrand, op. cit.,p. 56 , v. 125 ; typikon du Prodrome de Monacheion : Papadopoulos-Krameus, Nodes,p. 4628.8. Le terme ne peut signifier ici que la coupe de vin. Nous savons par lePtochoprodrome par exemple que c'est le nom qu'on lui donnait dans les monastres :E. Legrand, op. cit., p. 56 , v. 129 ( , ) ;ailleurs (. 125) il voque sa pinte de vin coupe d'eau ( ... -). Voir aussi la diatypsis de s. Athanase de Lavra : Dmitrievskij, Typika, p.25314 ( , ) ; Yhypotypsisdu Stoudios : ibidem, p. 238.

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    50 P. GAUTIERet chacun bnira alors sa boisson avec le signe de la croix. Nul ne demandera debndiction un autre en prsence de l'higoumne. En son absence, c'est l'conomequi sa place donnera le signal et la bndiction des pintes ; s'il n'est pas prtre,lui-mme donnera le signal, mais il invitera le prtopapas ou le prtre qui a offici faire la bndiction de la boisson. En l'absence de l'conome, le premier desprtres ou le prtre qui a offici fera ce que doit faire l'higoumne. Personne neprendra place sur le sige de l'higoumne. La nourriture ayant t mange et lesilence ayant t impos par le prpos au rfectoire, on amnera le second plat,quel qu'il soit, et le prtre le bnira aussi. On agira ainsi pour chaque mets, mmes'il y a mnagement9 et que les mets sont plus nombreux. Quand il y aura mnagement et davantage de mets servis, les pintes recevront aussi un supplment, ladiscrtion de l'higoumne. Le repas achev et la lecture termine, le rfectorier,sur ordre du suprieur, placera une corbeille qui recevra les cuelles10, et uneautr