par Lulu et Chichili Chichili - Cloud Object Storage ... · du maestro Valeri Guergiev en personne:...

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Mercredi 17 février 2016 | 24 heures Contrôle qualité VC3 24 heures | Mercredi 17 février 2016 Contrôle qualité VC3 clown tente d’expliquer quelque chose ou de réaliser un numéro que l’auguste, avec son fameux nez rouge, son costume et ses pieds démesurés, vient perturber. Ce dernier, maladroit, naïf, parfois impertinent, tirerait son nom du patois berlinois, où «auguste» veut dire bêta. Lulu et Chichili revisitent les relations entre le clown et l’auguste, gommant la relation de supériorité du premier envers le second. L’époque d’un Footit bottant l’arrière-train du noir Chocolat devant un parterre de spectateurs blancs hilares est bien révolue. U Décodage Lulu et Chichili s’inscri- vent dans la droite ligne du duo traditionnel formé par le clown et l’auguste. Parmi les créateurs du genre, on trouve Footit et Chocolat, à l’affiche sur grand écran dans Chocolat, ou encore Antonet et Béby. Le clown, souvent appelé clown blanc, arbore maquillage, gants et collants blancs ainsi qu’un costume à paillettes. Le dessin des sourcils est propre à chaque artiste. Une vague et une pointe pour Lulu: «Ça correspond bien à mon caractère.» Le comique naît souvent du fait que le Trois objets hérités par Lulu et Chichili Scène Lulu et Chichili perpétuent la tradition En auguste et clown blanc, le duo de Corseaux fait vivre un vrai héritage à travers numéros, costumes et objets Caroline Rieder A u tournant du XXe siècle, Footit et Chocolat popu- larisaient ce qui allait de- venir le traditionnel duo de clowns. Chocolat en auguste, malmené par le clown blanc Footit. A l’heure de la redé- couverte de la destinée du premier auguste noir, porté par Omar Sy sur grand écran, deux artistes de Corseaux témoignent de la persistance du genre. Même s’il est en voie de disparition, comme s’en inquiétait en 2011 Pierre Etaix, qui s’est produit en duo avec sa femme, Annie Fratellini. Faire les pitres, c’est vraiment le truc de Lulu et Chichili – Carole Fouvy et Jean- Luc Stegmüller. Couple à la ville, ils se muent en clowns sur scène. Lui arbore le nez rouge et les chaussures démesurées de l’auguste. Après s’être formé chez An- nie Fratellini, il s’est longtemps produit en duo avec Tremolo. En 2018, il aura quarante ans de métier. Elle, musicienne, a d’abord rejoint son conjoint pour for- mer le duo comique Lucile et Léon, avant de camper, depuis six ans, le clown blanc Lulu. Une association d’autant plus rare que la paire comporte une femme. Le binôme se plaît à perpétuer les codes, comme le dessin des sourcils, pro- pre à chaque clown blanc. Lulu et Chi- chili aiment aussi reprendre certains tours. «Cette tradition, c’est notre pas- sion, mais elle est aussi très souple, on la renouvelle sans cesse», raconte Carole. «On fait encore certains numéros qu’exé- cutaient Footit et Chocolat, comme Guillaume Tell, mais avec des adapta- tions. Il est inconcevable par exemple que l’auguste crache sur le clown.» Les distributions de baffes et autres entartages, ce n’est pas non plus leur truc. «On ne se tape jamais, et les autres clowns le font de plus en plus rarement.» Poésie, musique et un peu de magie rem- placent les grosses ficelles: «On exécute un morceau de concertina dans lequel on joue dans les bras l’un de l’autre.» Pour faire vivre leur univers scénique, rien de tel que sonnettes, tubes, klaxons accor- dés, scie musicale, pianica, accordéon minuscule ou encore bouteilles musica- les. Mais où trouver tout cela? Les chaus- sures géantes qui peuplent le domicile des artistes, à Corseaux, se dénichent assez facilement aujourd’hui. Rien de tel par contre pour ces instruments incon- grus qui n’existent que dans l’univers des clowns et ont peu à peu disparu. «Un garagiste élabore des pièces pour nous, raconte le couple. Nous avons aussi ar- penté de nombreux magasins, diapason à la main, pour trouver des casseroles avec la tonalité souhaitée.» Un héritage inestimable Carole Fouvy et Jean-Luc Stegmüller ont eu la chance de recevoir de la part du duo français Les Chicos, à la fin 2014, quel- ques-uns de ces outils de scène qui se cèdent d’un clown à l’autre, comme les tours chez les magiciens. «Lorsqu’ils ont arrêté, Franceska Chicos et son père ont cherché à transmettre leur matériel plu- tôt qu’à le léguer à un musée (ndlr: une partie se retrouve néanmoins au MuCEM à Marseille). Un ami clown nous a mis en contact et nous sommes allés les voir plusieurs fois dans le sud de la France.» Le courant passe. «Ce qu’ils ont reçu, ils nous l’ont donné à leur tour. Le reste, on le leur a acheté.» Carole Fouvy a ainsi la chance d’en- trer parfaitement dans l’un des costumes Vicaire – la griffe haute couture des habits pour clowns – de Franceska Chicos. «Un seul m’allait, explique Carole Fouvy. Les autres étaient malheureusement trop pe- tits. Ce costume est magnifique sous un éclairage de théâtre. Ses paillettes accro- chent la lumière, sa coupe et son main- tien sont exceptionnels.» La famille Chi- cos a légué aux Suisses divers instru- ments, dont des klaxons accordés et une grelottière, ou encore des dispositifs pour une «entrée» (un numéro de clown à part entière au cirque, à l’opposé des reprises, réinterprétation burlesque du numéro précédent). «Nous avons été très touchés. C’était important pour les Chicos que leur maté- riel continue à vivre, mais ils nous ont transmis bien plus que des objets. Ils nous ont confortés dans l’idée qu’on doit persévérer dans cette voie. Un duo comme le nôtre est de plus en plus rare. A force, on en devient original.» Quant au passage de témoin, leur fille Lucille, 8 ans, monte parfois sur scène avec ses parents, au début en clown, et mainte- nant en auguste. Unis Carole Fouvy et Jean-Luc Stegmüller forment un couple à la ville. Sur scène, ils se servent de leur complicité pour réinventer les liens traditionnels entre le clown et l’auguste. DR L’auguste et la clownesse Classique Des musiciens d’Europe, d’Amérique et du Japon offrent dimanche un concert anniversaire à Jacques Hostettler et Nicolas Suter A chaque rencontre du Tchiki Duo, on tombe à la renverse devant leurs projets, leurs envies, leur succès. Ce printemps, Jacques Hostettler et Nicolas Suter, les deux marimbistes lausannois, s’apprê- tent à retourner pour la deuxième fois au Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg, où ils joueront cette fois sous la conduite du maestro Valeri Guergiev en personne: «Nous préparons là-bas un opéra pour orchestre de marimbas dont la création est prévue en 2019.» Dans l’intervalle, ils comptent bien réunir en 2017 huitante marimbistes du monde entier dans la cathédrale de Lau- sanne, à l’occasion de l’Académie inter- nationale de marimba, qu’ils organisent tous les deux ans. Dans l’immédiat, ils concoctent pour dimanche à la salle Pa- derewski de Lausanne un concert à l’oc- casion des 10 ans de leur tandem. L’un des invités sera David Friedman, vibraphoniste et marimbiste de jazz à la carrière légendaire. Il sait pourquoi il vient à Lausanne: «Le Tchiki Duo crée sans cesse de nouvelles pièces et joue des morceaux historiques de manière inédite et originale. Je ne connais guère de ma- rimbistes d’un tel niveau musical et artis- tique. Le fait qu’ils jouent presque tou- jours par cœur leur permet de se concen- trer sur l’essence même de la musique.» Depuis 2006 et leur premier specta- cle, Dualités, présenté à Assens, le Tchiki Duo n’a cessé de surprendre, d’inventer et d’émouvoir un public pas forcément amateur de percussions. Poly-percussio- nistes épris de silences et de nuances, En dix ans, le Tchiki Duo a dompté la planète marimba Jacques Hostettler et Nicolas Suter se sont fait connaître en inventant un instrument presque dérisoire, le tchiki, que nous dé- crivions ainsi dans le premier article paru sur eux en 2006: «Un maracas miniature, espèce de salière cylindrique obturée gar- nie de petites pâtes alimentaires rondes, et produisant un bruit infime, net et franc: tchik-tchik.» Mais c’est le marimba qui leur donne matière à grandir et à se faire entendre. Très vite, ils séduisent les plus grands virtuoses de l’instrument, avec pour par- rain et marraine le Serbe Nebojsa Zivko- vic et la Japonaise Keiko Abe. Qui les poussent d’ailleurs à sortir du cercle des percussionnistes. En dix ans d’activisme en faveur d’un instrument qu’on avait vite catalogué comme un gros xylophone, le Tchiki Duo a réussi à faire bouger les fronts. «Zivkovic nous disait qu’un ma- rimbiste seul n’arrive pas à tenir en ha- leine un public plus d’une heure, raconte Nicolas Suter. Mais à deux, le public nous rappelle encore après une heure qua- rante!» Ce qui a véritablement changé? «On n’est plus des extraterrestres!» rigolent ensemble les deux grands gaillards. Si pour eux le Tchiki Duo reste un ovni parmi les duos de marimbas, leur appro- che tournée vers la qualité du son et la musicalité a permis d’obtenir la recon- naissance du monde musical au sens large. «Nous avons fait du duo de marim- bas un instrument à part entière.» A voix haute, ils rêvent encore de réformer l’en- seignement de la percussion, de faire pro- gresser leur instrument – et, plus prosaï- quement, de trouver un nouveau local de répétition… Matthieu Chenal Lausanne, salle Paderewski Di 21 février (17 h) Rens.: 078 892 61 25 tchikiduo.com Le Tchiki Duo (Jacques Hostettler et Nicolas Suter) en répétition dans leur studio de Sévelin. PATRICK MARTIN Télévision Le premier épisode de la série dédiée au rock’n’roll a tenu toutes ses promesses Le cinéaste Martin Scorsese l’avait promis: sa série Vinyl est une his- toire «de gangsters, de stars de l’époque, de drogue, de rock et de gros sous». Promesse tenue. Le premier épisode de 1 h 50, diffusé lundi soir sur RTS1 – en version originale sous-titrée s’il vous plaît – offrait une plongée en état se- cond dans le New York de 1973. Trash et déluré, Vinyl emmène le téléspectateur dans une industrie du disque sans pitié. (Anti-)héros de la série, Richie Finestra (Bobby Cannavale, dont le regard de chien battu trahit les remords du personnage) tente de vendre sa société en pleine déconfiture avant qu’il ne soit trop tard. Autour de lui gravitent acolytes douteux ou incapables, agents cu- pides et artistes cocufiés par les précédents. La source est de pre- mière bourre: Mick Jagger himself, puisant dans les notes qu’il aurait prises à l’époque. Le scénariste Terence Winter lui est reconnais- sant: «La vraie histoire du rock’n’roll est plus folle que tout ce que j’aurais pu imaginer.» Comme on pouvait s’y atten- dre, les personnages, plus ou moins défoncés, évoluent dans un nuage de fumée permanent peu politiquement correct, l’ignoble boss des radios vit au milieu d’une partouze géante et la corruption règne. Ce qui explique la diffusion tardive de la chose. Si fuck – et ses variantes – est le vocable favori des dialoguistes, Vinyl possède à la fois réalisme et énergie rock. Martin Scorsese disait vrai: son «Vinyl» est trash Critique Pour sa première sortie publique, le Fonds des arts plastiques tend un miroir à une Lausanne très urbaine. L’idée est bonne, sa concrétisation minimaliste Huit œuvres, c’est un peu court pour un discours, et surtout pour un aperçu du Fonds des arts plas- tiques de la Ville de Lausanne (FAP) qui, depuis sa création en 1932, en recense plus de 1700, cer- tes visibles en ligne! Qu’à cela ne tienne, pour sa première exposi- tion entre les murs de son pro- priétaire, le FAP sort l’artillerie dialectique pour fédérer derrière «Intra-muros» un propos sur «l’es- pace urbain en devenir, ses trans- formations, ses attentes, élargis- sant le spectre du connu du spec- tateur en donnant à voir une cer- taine intimité de la ville». Les œuvres accrochées y répon- dent bien sûr et le tirage XXL Dou- ble vue de Denis Corminbœuf en premier. Le photographe y feuille- tonne les temporalités et les urbani- tés vierges de toute présence hu- maine pour les fusionner en une seule grande fresque. Face à lui, l’écriture liée à l’abstraction géomé- trique de Jean-Luc Manz trace un idéogramme de briques laissant l’imaginaire construire entre ses pleins et ses vides. Il y a encore un regard – le seul – dans ce puzzle de «Intra-muros», l’exposition qui fait ses heures de bureau La réalisation de cet épisode pilote est signée de Mr. Scorsese en personne, à la différence des suivants. Décors, bande-son, re- constitution du New York des se- venties, déco et costumes sont à la hauteur des espérances. Après les jeunes Robert Plant, New York Dolls ou encore Bo Diddley, les amoureux du rock peuvent s’at- tendre à croiser Bruce Spring- steen, John Lennon, David Bowie ou Bob Marley dans les prochains épisodes. Comme s’ils y étaient. Car Scorsese, lui, y était bel et bien. Gilles Simond RTS1 Lundi vers 22 h 25, ou en replay sur rts.ch pendant 7 jours après la diffusion. «Lausanne-gare, 18 avril 2006», une photographie de Léonore Baud. DR Repéré pour vous De l’art humanitaire à acheter La crise des migrants frappe les esprits et, sur l’îlot suisse, certains ne se résignent pas à l’im- puissance. C’est le cas de nombreux artistes, qui mettent leur créativité en jeu et aux enchères, aujourd’hui à la Galerie C de Neuchâtel – proposant actuelle- ment l’expo «Papier, bitte!» – pour réunir des fonds qui iront à l’Asso- ciation Recif, en faveur de l’inté- gration des femmes, ou à un pro- jet de Solidar, actif dans les camps de réfugiés au Liban. Des photographes et des plasti- ciens (Matthieu Gafsou, Christian Lutz, Anne Peverelli, Augustin Rebetez…) met- tent en vente leurs œuvres à des prix de dé- part sympathiques (entre 200 et 300 fr.). Ils sont rejoints par des musi- ciens et des écrivains qui, de leur côté, proposent des concerts privés et des lectures à domicile (Elina Duni, Colin Val- lon, Nancy Huston, Jérôme Mei- zoz, Olivia Pedroli…). Boris Senff Neuchâtel, Galerie C Me 17 février (expo dès 14 h; vente à 20 h 30) www.galeriec.ch La meilleure de 2015 Photo de presse Le Zurichois Pascal Mora a remporté le Swiss Press Photo 2016, catégorie actualité, avec cette image d’un homme tenant un drap blanc devant un hôtel de Zurich. Mandaté par le New York Times, il a réalisé ce cliché qui montre – ou plutôt ne montre pas, c’est tout le paradoxe – l’arrestation des pontes de la FIFA, le 27 mai 2015 à l’aube. G.SD www.swisspressaward.ch minéralités citadines: les impres- sions anonymes saisies par Elise Ga- gnebin-de-Bons, un regard jouant de toutes les dualités, l’ombre et la lumière, l’espoir et la désillusion, la menace et la bienveillance. Il y a aussi l’œuvre brodée de Sandrine Pelletier, île flottante flirtant avec un bloc de cristaux autant qu’avec un skyline, et le récit poétique de Léonore Baud en immersion dans les tranchées du chantier du métro lausannois. Mais que ce soit encore les géo- métries empruntées au bitume par Muma ou les danses humaines et géographiques captées par Mars- ching et Schewadron, ces huit voix qui ont chacune leur singularité s’étouffent dans l’exiguïté du site. «On peut voir le verre à moitié plein ou à moitié vide: c’est une étape dans la recherche de différents lieux au sein de l’administration, plaide Fabien Ruf, chef du Service de la culture. En attendant la publi- cation d’un catalogue en 2017, le but était d’associer la mise en va- leur du patrimoine architectural et contemporain.» Reste que dans cet espace des Pas perdus, c’est sur- tout l’envie qui s’est perdue entre les quatre murs d’un hall d’entrée régenté par des heures de bureau… Florence Millioud Henriques Lausanne, Hôtel de Ville Jusqu’au ve 3 juin, lu-ve (8 h 30-12 h, 13 h 30-17 h) www.lausanne.ch Les narines poudrées, Richie Finestra s’éclate. HBO/LDD En diagonale Culture&Société Culture Société Gastro Ciné Conso Sortir Les gens La grelottière L’objet ne se fabrique plus. Celui-ci a été créé par les Cipolo, spécialistes de l’instrument dans les années 50, et a appartenu au duo Charlie et Pippo, avant Les Chicos. A chaque ligne de grelots correspond une note de la gamme. Les tubes musicaux Les Chicos ont légué à Lulu et Chichili ce jeu de tubes fabriqués exprès pour eux, et réalisés sans aucune soudure. Le Vicaire Le costume pour clown a sa maison de haute couture: celle de Gérard Vicaire. Les plus grands ont porté ses créations. Il en existe 200 pièces dans le monde. Ce manteau a été réalisé en 1986 pour Franceska Chicos. Neuf, il vaut environ 10 000 francs. Les broderies sont en argent et l’habit pèse entre 5 et 6 kilos. L’enseigne réalisait aussi les tenues des danseuses des Folies Bergère. «Un duo comme le nôtre, c’est de plus en plus rare. A force, on en devient original» Jean-Luc Stegmüller et Carole Fouvy Clowns SWISS PRESS PHOTO/PASCAL MORA

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Mercredi 17 février 2016 | 24 heures

Contrôle qualitéVC3

24 heures | Mercredi 17 février 2016

Contrôle qualitéVC3

clown tente d’expliquer quelque chose ou de réaliser un numéro que l’auguste, avec son fameux nez rouge, son costumeet ses pieds démesurés, vient perturber.

Ce dernier, maladroit, naïf, parfois impertinent, tirerait son nom du patois berlinois, où «auguste» veut dire bêta. Lulu et Chichili revisitent les relations entre le clown et l’auguste, gommant la relation de supériorité du premier envers le second. L’époque d’un Footit bottant l’arrière-train du noir Chocolat devant un parterre de spectateurs blancs hilares est bien révolue.

U Décodage Lulu et Chichili s’inscri-vent dans la droite ligne du duo traditionnel formé par le clown et l’auguste. Parmi les créateurs du genre, on trouve Footit et Chocolat, à l’affiche sur grand écran dans Chocolat, ou encore Antonet et Béby. Le clown, souvent appelé clown blanc, arbore maquillage, gants et collants blancs ainsi qu’un costume à paillettes. Le dessin des sourcils est propre à chaque artiste. Une vague et une pointe pour Lulu: «Ça correspond bien à mon caractère.» Le comique naît souvent du fait que le

Trois objets hérités par Lulu et Chichili

Scène

Lulu et

Chichiliperpétuentla traditionEn auguste et clown blanc, le duo de Corseaux fait vivre un vrai héritage à travers numéros, costumes et objetsCaroline Rieder

Au tournant du XXe siècle,Footit et Chocolat popu-larisaient ce qui allait de-venir le traditionnel duode clowns. Chocolat enauguste, malmené par le

clown blanc Footit. A l’heure de la redé-couverte de la destinée du premierauguste noir, porté par Omar Sy surgrand écran, deux artistes de Corseauxtémoignent de la persistance du genre.Même s’il est en voie de disparition,comme s’en inquiétait en 2011 PierreEtaix, qui s’est produit en duo avec safemme, Annie Fratellini.

Faire les pitres, c’est vraiment le trucde Lulu et Chichili – Carole Fouvy et Jean-Luc Stegmüller. Couple à la ville, ils semuent en clowns sur scène. Lui arbore lenez rouge et les chaussures démesuréesde l’auguste. Après s’être formé chez An-nie Fratellini, il s’est longtemps produiten duo avec Tremolo. En 2018, il auraquarante ans de métier. Elle, musicienne,a d’abord rejoint son conjoint pour for-mer le duo comique Lucile et Léon, avantde camper, depuis six ans, le clown blancLulu. Une association d’autant plus rareque la paire comporte une femme.

Le binôme se plaît à perpétuer lescodes, comme le dessin des sourcils, pro-pre à chaque clown blanc. Lulu et Chi-chili aiment aussi reprendre certainstours. «Cette tradition, c’est notre pas-sion, mais elle est aussi très souple, on larenouvelle sans cesse», raconte Carole.

«On fait encore certains numéros qu’exé-cutaient Footit et Chocolat, commeGuillaume Tell, mais avec des adapta-tions. Il est inconcevable par exempleque l’auguste crache sur le clown.»

Les distributions de baffes et autresentartages, ce n’est pas non plus leurtruc. «On ne se tape jamais, et les autresclowns le font de plus en plus rarement.»Poésie, musique et un peu de magie rem-placent les grosses ficelles: «On exécuteun morceau de concertina dans lequel onjoue dans les bras l’un de l’autre.» Pourfaire vivre leur univers scénique, rien detel que sonnettes, tubes, klaxons accor-dés, scie musicale, pianica, accordéonminuscule ou encore bouteilles musica-les. Mais où trouver tout cela? Les chaus-sures géantes qui peuplent le domicile

des artistes, à Corseaux, se dénichentassez facilement aujourd’hui. Rien de telpar contre pour ces instruments incon-grus qui n’existent que dans l’univers desclowns et ont peu à peu disparu. «Ungaragiste élabore des pièces pour nous,raconte le couple. Nous avons aussi ar-penté de nombreux magasins, diapasonà la main, pour trouver des casserolesavec la tonalité souhaitée.»

Un héritage inestimableCarole Fouvy et Jean-Luc Stegmüller onteu la chance de recevoir de la part du duofrançais Les Chicos, à la fin 2014, quel-ques-uns de ces outils de scène qui secèdent d’un clown à l’autre, comme lestours chez les magiciens. «Lorsqu’ils ontarrêté, Franceska Chicos et son père ont

cherché à transmettre leur matériel plu-tôt qu’à le léguer à un musée (ndlr: unepartie se retrouve néanmoins au MuCEM àMarseille). Un ami clown nous a mis encontact et nous sommes allés les voirplusieurs fois dans le sud de la France.»Le courant passe. «Ce qu’ils ont reçu, ilsnous l’ont donné à leur tour. Le reste, onle leur a acheté.»

Carole Fouvy a ainsi la chance d’en-trer parfaitement dans l’un des costumesVicaire – la griffe haute couture des habitspour clowns – de Franceska Chicos. «Unseul m’allait, explique Carole Fouvy. Lesautres étaient malheureusement trop pe-tits. Ce costume est magnifique sous unéclairage de théâtre. Ses paillettes accro-chent la lumière, sa coupe et son main-tien sont exceptionnels.» La famille Chi-

cos a légué aux Suisses divers instru-ments, dont des klaxons accordés et unegrelottière, ou encore des dispositifspour une «entrée» (un numéro de clownà part entière au cirque, à l’opposé desreprises, réinterprétation burlesque dunuméro précédent).

«Nous avons été très touchés. C’étaitimportant pour les Chicos que leur maté-riel continue à vivre, mais ils nous onttransmis bien plus que des objets. Ilsnous ont confortés dans l’idée qu’on doitpersévérer dans cette voie. Un duocomme le nôtre est de plus en plus rare.A force, on en devient original.» Quant aupassage de témoin, leur fille Lucille,8 ans, monte parfois sur scène avec sesparents, au début en clown, et mainte-nant en auguste.

UnisCarole Fouvy et Jean-Luc

Stegmüller forment un couple à la ville. Sur scène,

ils se servent de leur complicité pour réinventer

les liens traditionnels entre le clown et l’auguste.

DR

L’auguste et la clownesse

ClassiqueDes musiciens d’Europe, d’Amérique et du Japon offrent dimanche un concert anniversaire à Jacques Hostettler et Nicolas Suter

A chaque rencontre du Tchiki Duo, ontombe à la renverse devant leurs projets,leurs envies, leur succès. Ce printemps,Jacques Hostettler et Nicolas Suter, lesdeux marimbistes lausannois, s’apprê-tent à retourner pour la deuxième fois auThéâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg,où ils joueront cette fois sous la conduitedu maestro Valeri Guergiev en personne:«Nous préparons là-bas un opéra pourorchestre de marimbas dont la créationest prévue en 2019.»

Dans l’intervalle, ils comptent bienréunir en 2017 huitante marimbistes dumonde entier dans la cathédrale de Lau-sanne, à l’occasion de l’Académie inter-nationale de marimba, qu’ils organisenttous les deux ans. Dans l’immédiat, ilsconcoctent pour dimanche à la salle Pa-derewski de Lausanne un concert à l’oc-casion des 10 ans de leur tandem.

L’un des invités sera David Friedman,vibraphoniste et marimbiste de jazz à lacarrière légendaire. Il sait pourquoi il vient à Lausanne: «Le Tchiki Duo créesans cesse de nouvelles pièces et joue desmorceaux historiques de manière inéditeet originale. Je ne connais guère de ma-rimbistes d’un tel niveau musical et artis-tique. Le fait qu’ils jouent presque tou-jours par cœur leur permet de se concen-trer sur l’essence même de la musique.»

Depuis 2006 et leur premier specta-cle, Dualités, présenté à Assens, le TchikiDuo n’a cessé de surprendre, d’inventeret d’émouvoir un public pas forcémentamateur de percussions. Poly-percussio-nistes épris de silences et de nuances,

En dix ans, le Tchiki Duo a dompté la planète marimba

Jacques Hostettler et Nicolas Suter se sontfait connaître en inventant un instrumentpresque dérisoire, le tchiki, que nous dé-crivions ainsi dans le premier article parusur eux en 2006: «Un maracas miniature,espèce de salière cylindrique obturée gar-nie de petites pâtes alimentaires rondes,et produisant un bruit infime, net etfranc: tchik-tchik.»

Mais c’est le marimba qui leur donnematière à grandir et à se faire entendre.Très vite, ils séduisent les plus grandsvirtuoses de l’instrument, avec pour par-rain et marraine le Serbe Nebojsa Zivko-vic et la Japonaise Keiko Abe. Qui les poussent d’ailleurs à sortir du cercle despercussionnistes. En dix ans d’activismeen faveur d’un instrument qu’on avaitvite catalogué comme un gros xylophone,le Tchiki Duo a réussi à faire bouger lesfronts. «Zivkovic nous disait qu’un ma-rimbiste seul n’arrive pas à tenir en ha-leine un public plus d’une heure, raconteNicolas Suter. Mais à deux, le public nousrappelle encore après une heure qua-rante!»

Ce qui a véritablement changé? «Onn’est plus des extraterrestres!» rigolentensemble les deux grands gaillards. Sipour eux le Tchiki Duo reste un ovniparmi les duos de marimbas, leur appro-che tournée vers la qualité du son et lamusicalité a permis d’obtenir la recon-naissance du monde musical au senslarge. «Nous avons fait du duo de marim-bas un instrument à part entière.» A voixhaute, ils rêvent encore de réformer l’en-seignement de la percussion, de faire pro-gresser leur instrument – et, plus prosaï-quement, de trouver un nouveau local derépétition… Matthieu Chenal

Lausanne, salle PaderewskiDi 21 février (17 h)Rens.: 078 892 61 25tchikiduo.com

Le Tchiki Duo (Jacques Hostettler et Nicolas Suter) en répétition dans leur studio de Sévelin. PATRICK MARTIN

TélévisionLe premier épisode de la série dédiée au rock’n’roll a tenu toutes ses promesses

Le cinéaste Martin Scorsese l’avaitpromis: sa série Vinyl est une his-toire «de gangsters, de stars del’époque, de drogue, de rock et degros sous». Promesse tenue. Lepremier épisode de 1 h 50, diffusélundi soir sur RTS1 – en versionoriginale sous-titrée s’il vous plaît– offrait une plongée en état se-cond dans le New York de 1973.Trash et déluré, Vinyl emmène letéléspectateur dans une industriedu disque sans pitié. (Anti-)hérosde la série, Richie Finestra (Bobby

Cannavale, dont le regard dechien battu trahit les remords dupersonnage) tente de vendre sasociété en pleine déconfiture avant qu’il ne soit trop tard.Autour de lui gravitent acolytesdouteux ou incapables, agents cu-pides et artistes cocufiés par les

précédents. La source est de pre-mière bourre: Mick Jagger himself,puisant dans les notes qu’il auraitprises à l’époque. Le scénaristeTerence Winter lui est reconnais-sant: «La vraie histoire du rock’n’roll est plus folle que toutce que j’aurais pu imaginer.»

Comme on pouvait s’y atten-dre, les personnages, plus oumoins défoncés, évoluent dans unnuage de fumée permanent peupolitiquement correct, l’ignobleboss des radios vit au milieu d’unepartouze géante et la corruptionrègne. Ce qui explique la diffusiontardive de la chose. Si fuck – et sesvariantes – est le vocable favorides dialoguistes, Vinyl possède àla fois réalisme et énergie rock.

Martin Scorsese disait vrai: son «Vinyl» est trashCritiquePour sa première sortie publique, le Fonds des arts plastiques tend un miroir à une Lausanne très urbaine. L’idée est bonne, sa concrétisation minimaliste

Huit œuvres, c’est un peu courtpour un discours, et surtout pourun aperçu du Fonds des arts plas-tiques de la Ville de Lausanne(FAP) qui, depuis sa création en1932, en recense plus de 1700, cer-tes visibles en ligne! Qu’à cela netienne, pour sa première exposi-tion entre les murs de son pro-priétaire, le FAP sort l’artilleriedialectique pour fédérer derrière

«Intra-muros» un propos sur «l’es-pace urbain en devenir, ses trans-formations, ses attentes, élargis-sant le spectre du connu du spec-tateur en donnant à voir une cer-taine intimité de la ville».

Les œuvres accrochées y répon-dent bien sûr et le tirage XXL Dou-ble vue de Denis Corminbœuf en premier. Le photographe y feuille-tonne les temporalités et les urbani-tés vierges de toute présence hu-maine pour les fusionner en une seule grande fresque. Face à lui, l’écriture liée à l’abstraction géomé-trique de Jean-Luc Manz trace un idéogramme de briques laissant l’imaginaire construire entre ses pleins et ses vides. Il y a encore un regard – le seul – dans ce puzzle de

«Intra-muros», l’exposition qui fait ses heures de bureauLa réalisation de cet épisode

pilote est signée de Mr. Scorseseen personne, à la différence dessuivants. Décors, bande-son, re-constitution du New York des se-venties, déco et costumes sont à lahauteur des espérances. Après lesjeunes Robert Plant, New YorkDolls ou encore Bo Diddley, lesamoureux du rock peuvent s’at-tendre à croiser Bruce Spring-steen, John Lennon, David Bowieou Bob Marley dans les prochainsépisodes. Comme s’ils y étaient.Car Scorsese, lui, y était bel etbien. Gilles Simond

RTS1 Lundi vers 22 h 25, ou en replay sur rts.ch pendant 7 jours après la diffusion.

«Lausanne-gare, 18 avril 2006», une photographie de Léonore Baud. DR

Repéré pour vous

De l’art humanitaire à acheterLa crise des migrantsfrappe les esprits et, surl’îlot suisse, certains nese résignent pas à l’im-puissance. C’est le cas denombreux artistes, quimettent leur créativitéen jeu et aux enchères,aujourd’hui à la Galerie Cde Neuchâtel – proposant actuelle-ment l’expo «Papier, bitte!» – pourréunir des fonds qui iront à l’Asso-ciation Recif, en faveur de l’inté-gration des femmes, ou à un pro-jet de Solidar, actif dans les campsde réfugiés au Liban.

Des photographes et des plasti-ciens (Matthieu Gafsou, Christian

Lutz, Anne Peverelli,Augustin Rebetez…) met-tent en vente leursœuvres à des prix de dé-part sympathiques (entre200 et 300 fr.). Ils sontrejoints par des musi-ciens et des écrivains qui,de leur côté, proposent

des concerts privés et des lecturesà domicile (Elina Duni, Colin Val-lon, Nancy Huston, Jérôme Mei-zoz, Olivia Pedroli…). Boris Senff

Neuchâtel, Galerie CMe 17 février (expo dès 14 h; vente à 20 h 30)www.galeriec.ch

La meilleure de 2015Photo de presse Le Zurichois Pascal Mora a remporté le Swiss Press Photo 2016, catégorie actualité, avec cette image d’un homme tenant un drap blanc devant un hôtel de Zurich. Mandaté par le New York Times, il a réalisé ce cliché qui montre – ou plutôt ne montre pas, c’est tout le paradoxe – l’arrestation des pontes de la FIFA, le 27 mai 2015 à l’aube. G.SD

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minéralités citadines: les impres-sions anonymes saisies par Elise Ga-gnebin-de-Bons, un regard jouant de toutes les dualités, l’ombre et lalumière, l’espoir et la désillusion, lamenace et la bienveillance. Il y a aussi l’œuvre brodée de Sandrine Pelletier, île flottante flirtant avec un bloc de cristaux autant qu’avec un skyline, et le récit poétique de Léonore Baud en immersion dans les tranchées du chantier du métrolausannois.

Mais que ce soit encore les géo-métries empruntées au bitume parMuma ou les danses humaines et géographiques captées par Mars-ching et Schewadron, ces huit voixqui ont chacune leur singularités’étouffent dans l’exiguïté du site.

«On peut voir le verre à moitié pleinou à moitié vide: c’est une étape dans la recherche de différents lieux au sein de l’administration, plaide Fabien Ruf, chef du Service de la culture. En attendant la publi-cation d’un catalogue en 2017, le but était d’associer la mise en va-leur du patrimoine architectural etcontemporain.» Reste que dans cetespace des Pas perdus, c’est sur-tout l’envie qui s’est perdue entre les quatre murs d’un hall d’entrée régenté par des heures de bureau…Florence Millioud Henriques

Lausanne, Hôtel de VilleJusqu’au ve 3 juin,lu-ve (8 h 30-12 h, 13 h 30-17 h)www.lausanne.ch

Les narines poudrées, Richie Finestra s’éclate. HBO/LDD

En diagonale

Culture&Société Culture SociétéGastro Ciné Conso

Sortir Les gens

La grelottièreL’objet ne se fabrique plus. Celui-ci a été créé par les Cipolo, spécialistes de l’instrument dans les années 50, et a appartenu au duo Charlie et Pippo, avant Les Chicos. A chaque ligne de grelots correspond une note de la gamme.

Les tubes musicaux

Les Chicos ont légué à Lulu et Chichili ce jeu de tubes fabriqués exprès pour eux, et réalisés sans aucune soudure.

Le VicaireLe costume pour clown a sa maison de haute couture: celle de Gérard Vicaire. Les plus grands ont porté ses créations. Il en existe 200 pièces dans le monde. Ce manteau a été réalisé en 1986 pour Franceska Chicos. Neuf, il vaut environ 10 000 francs. Les broderies sont en argent et l’habit pèse entre 5 et 6 kilos. L’enseigne réalisait aussi les tenues des danseuses des Folies Bergère.

«Un duo comme le nôtre, c’est de plus en plus rare. A force, on en devient original»Jean-Luc Stegmüller et Carole Fouvy Clowns

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