Papier Tigre

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13 - printemps 2009 - gratuit Papier Tigre Le Coq Dossier : les formats sonores Bajka Oldman/ J.Paressant

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nterviews : PAPIER TIGRE, BAJKA, OLDMAN/PARESSANT, LE COQ portrait : Michel Bonhoure associations / structures : L’Autre Radio, Adjololo System, Idem en tournée nouvelles technologies : Deezer dossier : Les formats sonores 24 chroniques de disques, des chroniques de livres, des playlists coup de griffe : Saravah

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Dossier :

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Bajka

Oldman/J.Paressant

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Photo couverture : Papier Tigre (©Ch. Esneault)Directeur de la publication : Vincent PriouRédactrice en chef : Cécile ArnouxOnt participé à ce numéro : Abé, MickaëlAuffray, Benjamin Barouh, Julien Brevet,Emmanuel Bois, Gilles Coucier, Benoît Devillers,Denis Dréan, Jonathan Duclaut, Eric Fagnot,Georges Fischer, Patricia Guyon, Marie Hérault,Cédric Huchet, Pascal Massiot, Julien Nicolas,Raphaèle Pilorge, Pol, Rafff, Benjamin Reverdy,Jérôme [Kalcha] Simmoneau, Alain Thibault, Tod.Graphisme : Christine EsneaultImpression : Imprimerie AllaisTirage : 13 000 exemplaires – papier recycléDépôt légal : en coursSiret : 37992484800011Tohu Bohu est une publication de Trempolino,51 bd de l’Égalité, 44100 Nantes, et du réseauTohu Bohu, réseau info-ressources musiquesactuelles des Pays de la Loire.Prochaine parution : juin 2009Bouclage : 11 mai 2009

10Adjololo System 21

L’Autre Radio3 Michel Bonhoure4 brèves6 Papier Tigre8 Bajka 11 Deezer12 J. Paressant/Oldman14 Les formats sonores20 livres22 Le Coq25 disques32 playlists

Coup de griffe Saravah

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24Tournée Idem

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©Le réseau Tohu BohuADRAMA / CHABADA Jérome [Kalcha] SimonneauChemin Cerclère, Route de Briollay, 49100 AngersT. 02 41 34 93 87 / [email protected] / www.lechabada.com

BEBOP Emmanuel Bois28 avenue Jean Jaurès, 72100 Le Mans T. 02 43 78 92 30 / [email protected] / www.bebop-music.com

FUZZ’YON Benoit Devillers18 rue Sadi Carnot, 85005 La Roche-sur-Yon cedexT. 02 51 06 97 70 / [email protected] / www.fuzzyon.com

LES ONDINES Éric FagnotPlace d’Elva, 53810 ChangéT. 02 43 53 34 42 / [email protected] / www.lesondines.org

TREMPOLINO Lucie Brunet51 bd de l’Egalité, 44100 NantesT. 02 40 46 66 99 / [email protected] / www.trempo.com

VIP Julien NicolasBase sous-marine, bd Légion d’Honneur, 44600 Saint-Nazaire T. 02 40 22 66 89 / [email protected] / www.les-escales.com

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Des études de commerce, une pratique de la guitare en amateur, un intérêt pour la musique, Michel Bonhouredébarque à Nantes, fin des années 70, pour rejoindre des amis musiciens, dont le groupe Tickets. Premiers achatsde matériel, rencontre de son futur associé, et en 1982, création de la structure de location de son Melpomen.Début 90 : virage professionnel, droit devant ! Devant quoi ? L'accompagnement technique et artistique.

Une évolution des pratiques des musiciens ?“Au début, les groupes avaient un espoir de développement réel, des concerts en perspective, ilsvivaient de la musique. De nos jours, l'expérience de scène devient plus rare. Certains aspects nepeuvent être travaillés, car les groupes n'ont pas suffisamment fait de scène et n'y voient rien de problématique. De plus, le travail effectué lors d'une résidence n'est pas mis en oeuvre dans un futurproche. Les groupes jouent plus souvent dans des petites salles ou cafés-concerts où ces probléma-tiques de son ou de technique de scène se posent beaucoup moins. Ajouté à cela le fait que l'accompagnement ou la résidence devient quelque chose de programmé dans la vie d'un groupe parles tourneurs ou managers. Les artistes ont des demandes trop intellectuelles qui nous empêchentde les emmener vers des endroits un peu inattendus ou sur des choses qu'ils n'avaient pas envied'expliciter ou de travailler”. Pour Michel Bonhoure, les niveaux techniques ont certes évolué, maisles musiciens ne savent pas toujours utiliser leur potentiel technique sur scène.

Une objectivité artistique ?Pour Michel, l'objectivité artistique n'existe pas vraiment, mais l'entrée technique est l'entrée la plusobjective qui soit, et c'est un avantage. L' entrée son amène à considérer grandement l'interpréta-tion et la traduction de l'esthétique par rapport au son façade, chaque esthétique ayant des sons différents, des techniques de mix différentes. Son rôle n'est pas d'intervenir sur le choix des musiciens, mais sur la forme que leurs choix vont prendre. Pour aller dans ce sens, Michel s'interditl'écoute de disques des groupes avec lesquels il va travailler. Ces derniers étant souvent obsolètes.L'idée étant de ne pas chercher à restituer sur scène ce qui est fixé sur disque.

L'accompagnement en général ?Pour Michel : “interpréter de la musique sur scène, c'est supposer qu'il y a un public qui paie, qui faitla démarche de venir voir de la musique en live. Je défends le respect du public, et par la même une exigence de qualité de la part du groupe, au delà du genre musical. Pour moi, il est important de sedire, en tant que musicien ou technicien : on a un devoir de résultat et de qualité vis-à-vis du public”.

Posture pédagogique :La patience serait probablement la vertu principale pour ce métier. L'intimité d'un groupe lors d'une résidence, d'un point de vue individuel et d'un point de vue groupe est très vite dévoilée, et le rôledu formateur n'est pas celui de juger mais bien d'aider. Pour entrer en contact avec le groupe, etgagner sa confiance, la méthode “bonhourienne” : trouver un premier problème facile à résoudrepour aller sur d'autres problèmes plus profonds, et aussi laisser le groupe s'installer sur scène, prendre le temps.

Meilleurs souvenirs…Michel Bonhoure a travaillé entre autres avec Jeanne Cherhal, Mansfield Tya., Thérèse, beaucoup de filles en fait. Le travail avec les filles est-il différent ? Il est pour lui sans doute plus facile en tantqu'homme d'avoir des relations de complicité avec des filles. Incontestablement, les relations lesplus poussées qu'on puisse avoir, sont avec des groupes comprenant peu de musiciens, ce qui estle cas des artistes précités. Plus généralement, Michel dit ressentir “une satisfaction à les voir évoluer, à les recroiser, et qu'ils me reparlent de leur travail avec moi. À travers ces dispositifs d’accompagnement (entre autres), la région dispose d’un niveau artistique bien supérieur à d’autresrégions ”.

SERVICE COMPRIS

PAR CÉCILE ARNOUX

MICHELBONHOURE

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Les 7, 15 & 16 mai 2009, ducôté de Coulaines et Roëzé-sur-Sarthe, se tiendra la 6e

édition de la MarmiteFestival. Ce festival de musi-ques actuelles à la campagnedéfend depuis toujours lamixité des sons en un mêmelieu (sous une même toile) ettitille la curiosité des oreillesde tous âges, le tout souschapiteau et en bord deSarthe... Cheveu, SportoKantes, Xavier Plumas,Washington Dead Cats, NaïveNew Beaters... L'affiche estplutôt attrayante... Infos :www.tousceschaps.org

Guerilla Fresca prévoit pourfin mars 2009 la sortie de sonnouvel album, “Ça ira mieuxdemain”, enregistré fin janvierau studio “La Clé desChamps”. En attendant, il estpossible de soutenir legroupe en pré-commandant

l’album. La souscription esttéléchargeable sur leur myspace. Les guérilleros sontà la recherche d’un tourneur,avis aux amateurs ! www.myspace.com/guerillafresca

Pour sa 8e édition, LézardNomade voyage en grandpuisqu’il nous invite sur lespistes de l’Afrique de l’Ouestfrancophone à travers neufpays (avec notamment RokiaTraoré le samedi 4 avril2009), littérature, cinéma,théâtre, expositions, décou-vertes gustatives… seront aurendez-vous pour levermodestement le voile sur ces cultures de l’oralité. Unfestival plus que jamais uneporte ouverte sur le monde…Alors, vous embarquez ?Infos : www.kiosque-mayenne.org

Forum Mars Multimédia, 20 et 21 mars 2009 à laMano, Nantes Nord : deuxjournées de rencontres sur lethème “Transmettre la culture multimédia” organiséesautour d'échanges d'expé-riences et d'analyse des usages, d'ateliers de pratiqueset de diffusions de créations.Forum organisé par lesacteurs des usages non-marchands du multimédia en Pays de la Loire.Infos et inscriptions sur :http://www.marsmultimedia.info

Label créé à Nantes fin 2007,VladProd a pour ambitionl’organisation de concerts, etla réalisation d’enregistre-ments, sur le principe d'uneauto-production de A à Z.Deux groupes figurent aucatalogue : Vladivostok,groupe nantais de discopunket Boris Viande, combo deDJ (musiques de l’Est).VladStudio est aussi un stu-dio d’enregistrement mobileau service des groupes. Infos : www.vladprod.org

Pour souffler sa sixième bougie, le festival Les Foinsd’Hiver déménage surMayenne, à l’occasion d’unenouvelle collaboration entre AuFoin De La Rue et Le Kiosque.Entre musiques du monde etélectro, trois fers de lance(Rageous Gratoons, De Kift etBrain Damage) et trois décou-vertes (Monofocus,Masaladosa et Djemdi) se par-tageront la scène du petit frèrehivernal d'Au Foin De La Rue,les 13 et 14 mars prochains.À noter également, le baptêmedes studios de répétitions àSaint-Denis-de-Gastines : “Le Cube” a ouvert ses portes, avec ses 2 studios de répétition au top en

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acoustique et en matos...Infos et contacts : 02 43 08 84 48, www.aufoindelarue.com

En attendant un premier disque, Orphée tape fort avecce 5 titres, oscillant quelquepart entre EinstürzendeNeubauten, les Young Godset Nine Inch Nails. Vous l'au-rez compris, Orphée a plantésa tente au croisement del'expérimental, de l'indus etdes musiques orientales oumanouches. Prometteur !Infos : www.myspace.com/theorpheebox

Côté festivités en Vendée, 2 rendez-vous avant le bigraout des festivals d’été :Pay’Ta Tong, qui réunira,entre autres, à La Ferrière du10 au 12 avril, Toots & TheMaytals, Lo’Jo, CaravanPalace et Shantel, puis La 7e

Vague à Brétignolles les 22 et23 mai prochains, avec EmirKusturica & The No SmokingOrchestra, Java, Birdy NamNam et Bauchklang. Infos : www.paytatong.comwww.7vague.com

Suite à la nouvelle conventioncollective des entreprises prestataires de l'évènement etdu spectacle, le technicienintermittent doit impérativementtravailler sur un “spectacle

vivant” c’est-à-dire exécuté en direct devant unpublic. Il n'empêche que plusdu tiers de ses heures, ne sontpas qualifiées en spectaclevivant. Pour cela, Abalone,agence intérim basée àNantes, vient d'ouvrir undépartement évènementieldestiné aux techniciens duspectacle. Infos : 02 51 89 69 [email protected]

Une jeune équipe de tournagepart à la recherche du rocknantais. Groupes, associationset structures prennent laparole et ouvrent une nouvelleréflexion dans un documen-taire expérimental... Alors,Nantes est-elle encore rock en2009 ? “Et le Silence estentendu” sortira en avril 2009.Infos : www.myspace.com/rockumentaire par Elsee Prod.

Vers un retour du RockFestival de Fontenay ? L’idéed’organiser un temps fort sur2010 autour des musiquesamplifiées est en tout casdans les cartons de la nouvelle municipalité. Lesanciens sont contactés, lesassos actuelles également,on en reparle prochainement.

Kwal, Xavier Merlet etThérèse sont à l'affiche dufestival du ChainonManquant à Figeac (46) du18 au 22 mars prochain. Enamont, ils sont accompagnéspar la fédération Chainon Paysde la Loire (Région en Scène)et Trempolino dans le cadrede Parcours d’artistes, dispo-sitif qui favorise le développe-ment et la promotion desartistes des Pays de la Loire. Infos : www.fntav.com

Novembre 2008, les Nantaisd'Akalmy (JM, Trez et DJSandro) s'envolent pour LosAngeles afin de collaboreravec une légende du hip-hop,B-Real, le célèbre MC dugroupe Cypress Hill. Résultat :un morceau associant pour la première fois l'artiste améri-cain à un groupe français. Ce morceau figurera sur unecompilation réunissant de jeunes artistes internationaux,et sur le prochain albumd'Akalmy. Infos : http://www.myspace.com/akalmy44

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papier tigre REMUE-MÉNAGE À TROIS

Jusqu’ici vos projets précédents (Room 2004,Argument, Patriotic Sunday…) avaient tou-jours obtenu un certain succès critique, maison est passé au cran au-dessus avec PapierTigre. Les retours de la presse - même géné-raliste - sont excellents. Qu’est-ce qui fait unetelle différence ?Éric : Je pense que déjà on est tout simplementmeilleurs aujourd’hui que par le passé. Et puis il ya beaucoup plus d’investissement personnel et detravail dans Papier Tigre que dans tous les autresprojets qu’on a pu avoir avant. On est toujours surEffervescence, par exemple, mais le label n’estplus non plus ce qu’il était il y a quelques années.Il est beaucoup mieux identifié, mieux distribué, onbénéficie aussi de ça…Pierre-Antoine : On ne fait plus que Papier Tigreaujourd’hui. On a décidé de s’y consacrer entière-ment. Nos autres projets se sont toujours faits enparallèle de nos études, etc. On ne pouvait pas yconsacrer la même énergie et le même temps. Etil ne faut pas oublier qu’on a déjà dû faire environ200 concerts avec Papier Tigre contre une cin-

quantaine avec nos projets précédents, donc il estpeut-être normal qu’on parle davantage de nousaujourd’hui.

Vous avez réussi à beaucoup tourner àl’étranger (USA, Brésil, Chine, Angleterre…), àparticiper à des festivals prestigieux (“AllTomorrow’s Parties” à l’invitation d’ExplosionIn The Sky…), vous êtes encensés par lapresse… De l’extérieur, on pourrait vite nevoir que le côté glamour de la chose. Pournous remettre les pieds sur terre, vous pouvez nous dire combien vous vendez dedisques ?E : On ne vend pas grand chose, c’est sûr. On adû vendre environ 1 500 exemplaires du premieralbum. Le second semble se vendre un peu plusvite, mais en même temps la durée de vie d’un dis-que dans les bacs raccourcit de jour en jour… Enclair, aujourd’hui on doit être à 2 000 exemplairesvendus en tout sur nos deux albums. Ce qui estridicule comparé aux gros noms de la variété fran-çaise, mais pas si mal comparé aux “gros” grou-

Avec des noms pareils, on s’attendrait à ce qu’ils nous jouent une resucée de French Touch pour bobos parisiens. Que nenni. Éric Pasquereau (chant, guitare), Arthur de La Grandière (guitare) etPierre-Antoine Parois (batterie) forment au contraire l’un des groupes de rock les plus excitants deleur génération. Au niveau international, s’entend !!! Rencontre avec le trio nantais.

PAR KALCHA

PHOTO : CH. ESNEAULT

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pes étrangers qu’on adore et qui doivent vendreen France environ 5 000 disques à tout casser. Onsait qu’on n’est pas sur un créneau très vendeuren France, donc ça fait relativiser…

Votre musique est assez déstructurée, pour-tant j’ai l’impression que vous faîtes attentionà ce qu’il y ait toujours un groove, même dys-lexique, pour ne pas perdre les gens. Vous netombez pas dans le piège de l’intellectualisa-tion dans lequel tombent assez souvent lesgroupes de votre famille musicale…Arthur : C’est vrai qu’on n’avait plus envie de fairedes morceaux de 10 ou 15 mn comme on a pu enfaire par le passé. On avait la volonté d’écrire devraies chansons, quelque chose de très énergiqueaussi. P.A.: Et du coup, c’est impossible de garder uneénergie sur dix minutes. Le format chanson s’estdonc un peu imposé de lui-même. E : Mais on ne réfléchit pas non plus au momentde la composition à faire quelque chose de mélo-dique ou de groovy. Ça vient comme cela, à based’improvisation à trois, en répet’. On garde le mor-ceau seulement s’il nous plaît à tous les trois.Aujourd’hui, notre musique est le fruit digéré detout ce qu’on a écouté, de l’époque Weezer auxgroupes de math-rock.

Justement, on imagine bien que vous avez toutela collection des Fugazi, Shellac & co. Mais y a-t-il chez vous, des disques d’artistes que vosfans seraient très surpris de trouver là ?P.A. : Je m’intéresse énormément à l’afrobeat,même si je n’ai pas beaucoup de disques à la mai-son. J’ai vu par exemple Tony Allen, le batteur deFela, deux fois sur scène et je me suis pris deuxgrosses claques. Il a un sens du rythme carrémentmonstrueux. E : Moi, je suis un gros consommateur de musi-ques en tous genres. J’écoute beaucoup de pop60’s comme The Kinks ou The Zombies, beau-coup de folk comme Dylan, Cohen et Drake, beau-coup de post-punk comme les Talking Heads, etc.Je peux écouter de tout, du moment que ça meplaise, et que je trouve ça un brin novateur. Ca vadu hip hop de MF Doom à la pop de Why?, enpassant par Animal Collective, Battles ou BlackStar. A : Alors moi, même si on se fout souvent de magueule à cause de ça, je suis assez fasciné par lesproductions très léchées du hip hop ou du r’n’b.Des trucs super mainstream, comme Timbaland etRihanna. J’hallucine toujours avec quelle aisanceils arrivent à rendre un morceau ultra efficace,

comme ça, en trois minutes. Même si c’est probablement très éphémère, j’avoue que ça mescotche souvent. Il y a une simplicité et une efficacité dans ces morceaux qu’on recherche unpeu aussi dans notre musique.

Un mot sur l’enregistrement au studio BlackBox. C’était pour faire comme vos héros(Shellac, Les Thugs, The Ex…) ?E : Alors ce n’était pas ce qui était prévu au départ.On voulait profiter d’un séjour aux States pourenregistrer avec J. Robbins, le chanteur/guitaristede Jawbox et Channels, qui a un studio près deBaltimore. Finalement, ça n’a pas pu se faire. Ons’est donc dit qu’on avait un super studio tout prèsde chez nous, dans lequel avaient effectivementdéjà été enregistrés certains de nos disques dechevet. Iain Burgess était partant pour le faire, cequi nous a fait très plaisir vu qu’il n’enregistre plusgrand monde aujourd’hui. Bon, il a quand mêmeenregistré les Klaxons récemment… (rires).

Déjà largement repéré à la sortiede leur premier opus paru en 2007,PAPIER TIGRE enfonce désormaisle clou avec un excellent secondalbum enregistré au Studio BlackBox par Iain Burgess (Shellac, TheEx, Sloy…). L’information est detaille tant le son de ce disque vousmet sur le cul dès les premières secondes. Les guitares pugnaces et la batterie tachycardique vousdonnent vite des palpitations. Le trio nantais éviteaussi le piège du tout-cérébral qui plombe trop souvent les autres formations de “rock libre”. Lamusique de Papier Tigre fait bouger les corps et lesesprits dans une même danse folle, au gré de mélo-dies de chant faussement simplistes qui surviventmiraculeusement dans ce maelström rageur. Unesorte de math rock asymétrique, qui parvient malgrétout à tracer une ligne droite entre Fugazi, TalkingHeads et Don Caballero.

Kalcha

Papier Tigre The Beginning And End Of Now Effervescence / Differ Ant 2009

Infoswww.myspace.com/papiertigre

http://collectif-effervescence.blogspot.com

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bajka

Cette année Bajka fête ses dix années d’existence, comment s’est constitué legroupe ?F : Bajka s’est formé un peu par hasard, sesdébuts sont étroitement liés à la compagnie duThéâtre du Tiroir, une troupe lavalloise, qui nousavait proposé d’illustrer une pièce intitulée “Lespinces à linges” basée sur les musiques tradition-nelles d’Europe de l’Est. À l’origine du groupe,nous étions 4 musiciens (saxophone soprano,trompette, tuba et percussion) puis la formationdéfinitive est née avec l’arrivée d’Erwan à l’accor-déon. Depuis Micha a remplacé Vincent à la trom-pette. Nous avons toujours joué dans les festivals,les mariages, les soirées, et surtout dans la rue oùnous nous sommes construits. E : Puis il y a eu aussi des rencontres importantes,je pense notamment à Roberto De Brasov, unaccordéoniste rom d’origine roumaine avec lequelnous avons énormément appris. Il nous a fait

comprendre ce qu’était le style tsigane. Cela a étédéterminant dans le développement de Bajka.D’une manière générale, les rencontres et la routecaractérisent bien l’histoire de Bajka, car elles ontcontribué à façonner notre style et notre façond’être, et ça collait parfaitement à l’esprit et à l’histoire de ces musiques traditionnelles.

Le troisième album découle de la créationd’un nouveau spectacle, qu’est-ce qui amotivé le choix de créer d’abord un spectaclepour ensuite enregistrer un album ?F : Ce choix s’explique par une envie commune derenouveler le répertoire qui datait un peu, et necorrespondait plus à la formation actuelle depuisl’arrivée de Micha à la trompette. Nous avons donceu envie de créer un nouveau spectacle. LeKiosque et le Pays de Haute-Mayenne ont mis ànotre disposition le théâtre durant une semaine,pour travailler la mise en scène avec Sylvie

FRÉNÉSIE BALKANIQUE

Depuis 10 ans, Bajka puise son répertoire dans un univers nourri de l’héritage des peuples d’EuropeCentrale dont il perpétue l’esprit et l’histoire, aussi bien dans la rue que sur scène. A quelques joursde la sortie de leur troisième album, l’occasion était trop belle de revenir, en compagnie de Fabrice etd’Erwan, saxophoniste et accordéoniste du groupe, sur le parcours atypique de cette mini fanfare degrand chemin.

PAR ÉRIC FAGNOT

PHOTO : SYLVAIN TROVALLET

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Mantoan et intégrer les nouveaux morceaux.L’album est la suite logique même s’il ne constituait pas un objectif primordial au départ.

E : Il est vrai qu’en premier lieu, nous n’avons paspensé à la création de l'album, nous étions plutôtconcentrés sur la création du nouveau spectacle.Par rapport à sa réalisation, nous souhaitions tra-vailler en procédant à des prises de son “live” sanspublic dans une salle de spectacle, l’objectif étantde capter une énergie collective que le studio nepermet pas. Nous avons donc enregistré l’été dernier dans la salle du Rex à Château-Gontieravec David Veyser, qui a déjà réalisé nos 2 pre-miers albums avec beaucoup de talent. Le mixs'est fait chez lui, puis nous sommes allés au trèsbon studio de mastering Globe Audio à Bordeaux.Nous sommes, vraiment satisfaits du résultat final.

Ce nouveau répertoire laisse une placeimportante au chant, comment expliquez-vous ce choix artistique vis-à-vis de vos deux albums précédents qui restent très instrumentaux ?F : C'est une idée forte qui nous trottait dans latête depuis longtemps : chanter. Nous écoutonstous des musiques de l'est dans lesquelles lechant occupe une place prépondérante. L’arrivéede Micha nous a permis de franchir le cap, maisencore une fois, le choix de chanter sur cet albums‘est fait naturellement. Il a juste fallu travailler spécifiquement et effectuer un travail approfondisur l’organisation et l’arrangement vocal. Au final,on s’est fait super plaisir dans l’interprétation de 5morceaux, dont 3 traditionnels et 2 compositions,portés à plusieurs voix.

Le fait de travailler avec un tourneuraujourd’hui, ELIPS en l’occurrence, est asseznouveau pour vous, peut-on l’interprétercomme un pallier supplémentaire dans lalogique de développement du groupe ? F : Oui c’est une nouvelle étape dans la mesure oùsans un minimum d’encadrement, il est difficiled’exister sur la scène actuellement. Longtemps,nous avons tourné confortablement par le bouche-à-oreilles. Aujourd'hui, ça ne suffit plus. Nousavons donc fait le choix de travailler avec SamuelPasquier que nous connaissions déjà bien pouravoir partagé différents projets avec lui par lepassé. Mais si aujourd'hui, nous défendons unspectacle de scène, il restera toujours une placepour nous dans la rue. C'est un peu nos racines.

Et les projets à venir…E : Quelques dates commencent à tomber notam-ment des festivals l’été prochain, en ce momentnous préparons le concert de la sortie d’album,programmé à la fin du mois au 6par4. En parallèle,nous continuons à travailler en partenariat avecdes orchestres d’harmonie, ceux de Saint-Nazaireet d' Andouillé avec lesquels nous présenterons,en mars et avril prochains, un projet autour del’échange d’orchestres et du travail de style. F : Nous comptons beaucoup sur la sortie de cenouveau disque et sur ce nouveau spectacle pournous (r)amener sur le devant de la scène, auprèsdu public mais aussi des professionnels. Espéronsqu'ils nous écoutent !

Enregistré dans des conditions live sans public, “Za Vitsa”, le troisième opus de BAJKA, revisiteen 13 titres la musique du réper-toire tsigane et klezmer. Cette minifanfare déjantée maîtrise parfaite-ment bien son répertoire, vousentraînant dans une furieuse frénésie pimentée decuivres et de percussions. On ne s’en lasse pas eton en redemande. Les compositions sont à la hau-teur des reprises dans lesquelles chacun apporteses influences sans jamais chercher à surchargerl’ensemble ou à l’étouffer. C’est la même énergiecollective que l’on retrouve dans les morceauxchantés dont les voix portent un souffle nouveau àun univers musical jusque là, très instrumental.D’une qualité musicale incontestable, ce nouvelalbum de Bajka clame un gargantuesque appétit devivre, propice au débordement, à la transe maisaussi à la mélancolie. Le genre d’album à réconciliertout le monde.

Éric Fagnot

BajkaZa VitsaAP 2009

Infoswww.bajka.fr

www.myspace.com/groupebajkawww.elips.org

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L'asso, forte de ses 150 adhérents, pose des statuts et propose plusieurs axes de développement. Un collectif d'artistes, ou plutôt une coopérative de musiciens est alors montée. Pensée comme un groupement agricole d'exploitation en commun (GAEC) culturel, l'idée est bien de mutualiser des moyensmatériels (instruments, lieux), humains (personnes ressources, savoir-faire artistiques, techniques, administra-tifs qui mènent parfois à du co-management, ou de la co-production) bénéfiques à l'ensemble des groupesdu collectif. Mais, pas question de rester dans un laboratoire fermé. Le lieu est ouvert à d'autres musiciens pourdes résidences, des répétitions, voire de l'enregistrement. Les groupes peuvent même travailler avec leur propre ingénieur du son. Le local peut être loué vide, ou avec différentes prestations supplémentaires nonobligatoires (ingénieur du son, musiciens supplémentaires...). Le studio proposé a ses particularités : matérielplutôt vintage, analogique. Il est configuré de telle sorte qu’il permet les enregistrements live tout en gardant laqualité sur des prises de sons isolées. Plusieurs groupes ont déjà enregistré en 2008 : Térakaft, Akeikoi, LaRuda, Iom et Zenzile. En parallèle, l’association développe un certain nombre d'actions destinées à un publicextérieur. Avec d'autres associations comme le Chabada, Trempolino, des écoles de musique, Adjololo Systempropose des stages de danse et de musique africaines, offre aux élèves d'écoles de musique la possibilité devenir assister à des répétitions, à des adultes de la région de suivre des master-classes, ces projets étant soutenus par le Conseil général et régional. Beau moyen de collaboration avec des institutions qui ont touteleur place dans le projet de l'association fondé sur la collaboration et le partenariat.Englobée dans le projet, une petite salle d'expérimentation artistique de 150 places permet aux musiciens de développer de nouveaux projets, et aux adhérents de venir découvrir gratuitement des spectacles, unepopulation rurale si curieuse. Enfin, Adjololo System entend continuer à développer ses relations à l’échelle internationale, grâce à sonréseau, notamment en Afrique de l’Ouest où des projets de partenariat sont déjà en cours.

Adjololo System : une solution alternative et labelisée ? équitable ?...

Durant les années 88-90, les frères Livenais du groupe Caline Georgette posent leurs bagages audomicile familial pour répéter, enregistrer, travailler. En 2003, naissance du groupe Akeikoi et de l'association Adjololo System, créée pour être partenaire de l'opération “Caravane itinérante”à travers l'Afrique de l'Ouest. À cette période, une jolie opportunité à saisir se présente : un bâtiment

mitoyen du local de répétition des Caline Georgette est à vendre. Belle aubaine ! Le projet d'AdjololoSystem prend dès lors une autre tournure, plus ambitieuse, plus diversifiée. C'est en 2007 que le studio des Fromentinières, à Freigné (49), est inauguré.

Adjololo systemPAR CÉCILE ARNOUX

PHOTO : DR

UN(E) AIR(E) DE FAMILLE

Infos et contactswww.adjololo.com

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La surprise fut de taille quand, Free, associé à un site alors totalement inconnu Deezer, annoncèrentconjointement la naissance d'un nouveau service de musique légale, gratuite et illimitée. De quoi êtreperplexe et méfiant, car nous étions dans une période où l'offensive médiatique du lobby des majors, àl'égard des téléchargements illégaux, battait son plein. Les deux protagonistes unis par un contrat,semble-t-il opportuniste, tirèrent chacun avantage de ce petit arrangement. L'un ajoutait une corde àson arc et contre-attaquait ses concurrents, l'autre profitait de l'aura du premier.

C'est sur les cendres encore chaudes de BlogMusik.net, empêtré dans un procès pour violation des droitsd'auteurs, que fut créé Deezer en avril 2007. À l'origine de la première mouture, Daniel Marhely, rejoint parun deuxième comparse Jonathan Benassaya, décidèrent de rebondir et repartir sur des bases, disons, plusraisonnables. Révisant leur modèle économique et changeant le nom du site (ne cherchez pas la significa-tion de Deezer, il n'y en a pas), ils marquaient alors la rupture et l'ambition du projet.

L'utilisation de Deezer est simple. Iil suffit de rechercher suivant le nom d'un groupe, d'un album ou d'untitre, et si celui-ci est présent dans une base de près de 4 millions de titres (celle-ci est constammentenrichie) vous pourrez l'écouter sans aucun téléchargement préalable, en streaming. Une inscription,toujours gratuite, vous permettra alors de sauvegarder vos playlists et éventuellement les partager avecvotre réseau suivant les principes omniprésents du web 2.0.L'offre provient de deux sources possibles. La première, la plus importante, est celle des majors et labelsindépendants. Des accords existent entre bon nombre d'entre eux et le site, et pas des moindres1. La deuxième, est issue des uploads des utilisateurs. Ceux-ci passent alors au travers d'un filtre audio fingerprint, c'est-à-dire qu'il détecte si le titre soumis par l'internaute appartient au catalogue autorisé deses partenaires. Si c'est le cas, alors il est rendu public, sinon il reste a l'usage exclusif du donateur.

Calqué sur le modèle des webradios, Deezer collecte tout ce qui est écouté et playlisté par les inscritspour être ensuite communiqué à la SACEM, qui facture ainsi son dû. La fréquentation du site attire les annonceurs et procurent alors les uniques revenus. La mécanique est viable, elle a même permisd'éponger les arriérés SACEM de BlogMusik. Mais la popularité du site, toujours en forte croissance,pousse Deezer à accentuer la présence de ces pubs et à envisager prochainement l'inclusion de spotsaudio en cours d'écoute. Cette phase inéluctable pour un site reposant sur ce type d'architecture, esttoujours critique. Car elle offre l'occasion pour les sites concurrents2, et moins évolués à ce jour, decourtiser ceux qui n'accepteront pas cette évolution envahissante.

Deezer est une sorte de radio à la demande, il n'y a pas de téléchargement possible sans redirectionvers un site marchand. Mais il y a une solution complètement légale et confirmée par Catherine Kerr-Vignale, membre du directoire de la SACEM : la loi autorisant l'enregistrement à but privé, car celle-ci est rémunérée par la taxe sur les supports de stockage numérique. Il vous suffira donc d'enregistrer lors de l'écoute, avec un logiciel spécifique3 et de reporter sur votre lecteur MP3, l'enregistrement, d'une qualité forcément moindre qu'un morceau rippé d'un CD.

1 http://www.deezer.com/legal/partners.php2 Ex : Jiwa, Imeem, Last.fm ...3 Ex : Freecorder Toolbar

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deezer DE BONNE AVENTUREPAR DENIS DRÉAN

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oldman /J.Paressant

DEUX TÊTES SOUS LA

MÊME CASQUETTE

Pouvez-vous vous présenter l’un, l’autre ?Charles-Éric : La rencontre s'est faite lors de l'enre-gistrement de Lena & the Floating Roots Orchestra,même si nous avions déjà collaboré. Jérôme a uneouverture musicale importante, c'est un musicien libre.Jérome : Difficile de le définir. Nous avons une culturemusicale assez similaire, et nous arrivons, en traçantnotre propre sillon, à amalgamer des influences trèsdiverses. Malgré beaucoup de non-dit, les choses semettent en place naturellement entre nous.

Vous travaillez donc toujours librement ?CE : La musique improvisée permet de ne pas avoirde définition d'un groupe, et de mettre en avant l'intuition avant la réflexion. Cette méthode me plaîtbeaucoup, j'aime travailler avec des gens commeJérôme qui a confiance en son instinct J : Nous recherchons des complémentarités musi-cales. Pour le disque, Charles m'a envoyé des choses assez abouties que j'ai coupées, auxquellesj'ai rajouté des parties, des machines. Il y a unaspect musique improvisée sur le disque, mais jetrouve qu'il sonne rock au niveau de la production.

CE : Jérôme est musicien/producteur, il est respon-sable du son, des arrangements, des compositionsfinales. Ce disque a une production rock, pop tordue, parce que Jérôme apporte des choses trèsfree, voire jazz, alors que moi je suis resté sur desharmonies pop et sur des intuitions “musiques dumonde”.

De quelle manière arrive-t-on à une telle variétéde styles ?J : Rien n'est calculé. Cela vient de la somme dece que nous avons aimé, assimilé, et d'une certaine maturité. À 20 ans, je jouais du rock ; désormais, je souhaite sortir des choses forma-tées. J'ai une très grande admiration pour TomWaits qui a joué les 15 premières années des choses très classiques, et qui à un moment estparti sur du cabaret, des choses plus bancales.Plus il vieillit, plus il part dans tous les sens.CE : C'est aussi le cas de Talk Talk ou Robert Wyatt.Nous arrivons à cette variété musicale grâce à uneidée de liberté ; nous n'avons pas de limite musicale,et nous avons l'envie.

Charles-Eric Charrier (Oldman) et Jérôme Paressant : des personnalités, des caractères assez diffé-rents, qui ont malgré tout en commun une certaine rigueur, une idée de la musique qui doit être avanttout libre. Une musique qu'ils ont eu envie de créer ensemble à distance, sans pression, et surtout avecdu plaisir. Deux artistes sans doute faits pour se rencontrer...

PAR CÉCILE ARNOUX

PHOTO : CH. ESNEAULT

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Infoswww.myspace.com/oceanikcreations

www.jparessant.comwww.myspace.com/charlesoldman

Quelle est cette envie ?CE : J'ai commencé à faire de la musique parce quej'aimais cela, et parce que ce fut un moyen de mefaire aimer. Mais depuis que j'ai compris certaineschoses, je n'ai plus besoin de me faire aimer. Je n'attends rien, je vais vers la simplicité.J : Je joue beaucoup, toujours en équilibre avecl'électronique, l'acoustique, et Charles me permet decreuser certaines voies.

Quelle place a ce projet parmi tous les autres ?J : Tous mes disques ont la même importance, idempour les projets collaboratifs.CE : Tous les disques sur lesquels je joue sont “mes”disques. Il y a évidemment un respect pour les musi-ciens avec lesquels ou pour lesquels je joue, maiscela fait partie de mon parcours.

Comment avez-vous travaillé pour ce disque ?J : Charles m'a envoyé des choses très finies, despistes superposées sur un sampler. Je trouve maplace, j'écris mon histoire, je place mon instrumentet je réarrange. Nous nous sommes assez vite arrê-tés sur ce que nous voulions. Nous avons mis àpeine deux mois. Pour le prochain disque, laméthode de travail sera bien différente : un batteur etun enregistrement live.CE : L'esprit est un peu punk en fait. J'aime propo-ser aux gens des choses à l'inverse de comment jeles perçois, comme une forme de challenge. Et puis,mon travail s'est concentré sur deux ou trois jours,un peu dans une forme de challenge aussi.

Et la scène ?CE : La scène me déçoit souvent, dans le sens oùun disque doit être suivi de concerts pour le busi-ness. Et puis faire trois concerts dans des conditionstechniques intéressantes et enquiller quinze datesderrière pour courir après le cachet, je n'en ai plusvraiment envie. Pour moi, un disque est aussi vivantqu'un concert. Un disque foudroie le temps et l'espace ; même s'il sort en 1964, tu peux êtreautant touché en 2009. Pour le commerce, on nousfait croire que c'est de la continuité.J : Nous sortons beaucoup de disques, à l'inversedes groupes de rock comme Radiohead qui publientun disque tous les deux ans, disque suivi d'une tour-née. Ce n'est pas parce que nous sortons beaucoupde disques qu'ils sont bons, et ce n'est pas parcequ'un artiste en sort peu qu'il ne sera pas bien. Notreprojet est particulier ; pour une salle jazz, c'est troprock, pour une salle de musiques actuelles, c'esttrop jazz. J'aimerais en faire plus pourtant.

Peux-tu nous parler d'Oceanik Creations, et dela musique sur le web, en général ?J : Je le gère petitement, c'est très artisanal. Je l'aimonté pour sortir mes disques, mais je n'ai pasbeaucoup de temps à consacrer à la promo. “Underthe house” sortira en février en numérique, mais enformat WAV, parce que j'y tiens, et aussi en physique. CE : Le web est intéressant quand tu t'appellesRadiohead. Sans promo, ton disque en numériqueest encore plus noyé dans la masse. J : Pour un indépendant, il faut cibler les plateformesde téléchargement. La plateforme numérique n'estpas la panacée. Les petits labels ne gagnent pasd'argent en vendant sur internet en France.CE : Pour moi, l'intérêt d'une plateforme numériqueserait de proposer en écoute, voire en vente, unmorceau de 30 minutes, une création particulière,disponible temporairement. Ou bien alors une sortede work in progress avec une base musicale complétée tous les jours ou toutes les semaines. J : C'est ce que j'ai tenté de faire avec la sérieClimax, en donnant à des musiciens la possibilité de jouer 15 minutes. Mais ces propositions sontécoutées quand tu es connu, malheureusement.Pour moi, il faut avancer, et ne pas se soumettre auxlois économiques. En tant que label, je m'en rendsvraiment bien compte.

Un peu à la manière du fabuleuxBoxhead Ensemble de Chicago,et notamment son illustration de la BO du film “Dutch Harbor”,JÉRÔME PARESSANT et OLDMANdessinent un espace-temps musi-cal étonnant. Leur univers est sipeu facile à étiqueter, qu'il convientd'évoquer plutôt la densité des slide-guitares, clarinettes, basses, percussions et machines, toutes ces plumes qui écrivent depuis quatre mains,de longues plages méditatives. Ajoutés à cela desbruitages divers, étranges, des sons acoustiques etélectroniques, “Under the house” est bel et bien unecave qui résonne, où les courants d'air réchauffent,où la lumière pénètre malgré tout, où la spiritualitése respire, où les trésors se découvrent, où la magieopère, une heure durant.

Cécile Arnoux

Oldman & Jérome ParessantUnder the HouseOceanik Creations 2009

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PAR PASCAL MASSIOT

ILLUSTRATIONS : BRÜNO

LES FORMATS SONORES : VOUS AVEZ DIT PROGRÈS ?

(1) Gilles Tordjman “Le MP3 mutile le son et l’audition” , Le Monde, 28 août 2008.(2) Les supports actuels les plus répandus sont : le CD (Compact Disc), le DAT (Digital Audio Tape), le minidisc, la cassette compacte digitale

(DCC), le Super Audio CD, le disque numérique polyvalent (DVD), le HD-DVD, le Blu-Ray Disc, la carte Compact Flash, le disque dur. À noter un retour récent (et encore timide) de la K7, celle inventée par Philips en 1961.

Dans un article du quotidien Le Monde restéfameux intitulé “Le MP3 mutile le son et l’audition”(1), Gilles Tordjman s’en prenait vigou-reusement à la star des formats de compressionsonore de ce début de 21e siècle : ineptie pour lemusicien et le mélomane, risque avéré de perteirréversible de l’audition...Face à ce tableau sans concession en forme deréquisitoire dressé par l’ex-journaliste des Inrocks,existe-t-il une autre réalité (une autre vérité ?),tenant compte, notamment, de paramètres tech-niques ou des conditions de diffusion, d’accessi-bilité et des modalités d’écoute ?Et si l’on considère la question des formats sono-res dans son ensemble, le MP3 n’est pas tout,même si sa propagation planétaire via le réseaudes réseaux, en a fait le plus utilisé de tous. Il y aeu un “avant le MP3” et l’avenir du son, pas silointain, pourrait bien se passer de lui.Mais que sont précisément ces formats sonores :MP3, OggVorbis, AAC…? Que signifient cesacronymes et ces termes ? C’est ce que nousverrons après une évocation brève des grandesétapes historiques de la reproduction sonore.Puis, partant à la rencontre de celles et ceux quisont en prise avec la “chose sonore” (musiciens,gens de radio, de studio d’enregistrement, de

label, distributeurs ou encore enseignants), noustenterons de restituer, au travers de cette approche plurielle, quelques fragments d’une problématique complexe et polymorphe, maisrésolument actuelle.

Un peu d’histoire…

Alors de quoi parle-t-on quand on parle de for-mats sonores ? Le format n’est pas le support(2),même si ces deux aspects se sont parfoisconfondus au cours de l’histoire de la reproduc-tion sonore. Ainsi, au début du vingtième siècle, labataille entre les cylindres de Thomas Edisonet les disques d’Émile Berliner (inventeur du gramophone) fut la première guerre des formatset des supports. Et l’on connait la suite : durantplus de trois quarts de siècle, le disque fut LE support pour écouter de la musique. Furentsuccessivement disponibles les galettes en zincrecouvertes de cire, puis en shellac (produit àbase de résine végétale) auquel succédera levinyle, inventé à la fin des années 30. De 78 tours et à partir des années 50 avec l’arrivée du vinyle, les disques vont tourner à 45,33 et même 16 tours par minute. Leur moindrepoids, leur facilité d’utilisation et leur capacité de

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diffusion rapide de tous les nouveaux courantsmusicaux, de toutes les nouvelles tendances,feront du disque vinyle l’instrument d’une véritablerévolution culturelle. 1983 sera l’année qui verra l’apparition duCompact Disc (CD) et de son adoption quasiimmédiate comme standard international, détrô-nant ainsi le vinyle qui restera distribué mais defaçon marginale (même s’il se refait une santédepuis quelques temps).Depuis quelques années, le marché des ventesde CD est en crise. Ce qui ne signifie pas pourautant que l’édition musicale dans son ensemblesoit affectée : “En France, pour l’année 2008, lesventes de musique numérique ont enregistré unecroissance de 49 % en 2008 pour atteindre 76millions d’euros. Une hausse qui ne suffit cependant pas à compenser la chute des ventesde CD (-107 millions d’euros ; -15% en volume)”, précise Émile Lévêque sur le site ZDNet.fr.La montée en puissance de la musique numéri-que et sa diffusion toujours plus large sur la toileest indissociable des formats de compressionsonore grâce auxquels elle est véhiculée.

Sa majesté le MP3

Et quand on pense format sonore, c’est le MP3qui vient immédiatement à l’esprit. Elaboré à partir de 1987, il a été le premier à permettre letransfert de fichiers audio sur internet. MP3 est l'abréviation de MPEG-1/2 Audio Layer3, la spécification sonore du standard MPEG-1,du Moving PictureExperts Group(MPEG). C'est unalgorithme de com-pression audio per-mettant de réduirede façon drastiquela quantité de don-nées nécessaires pour restituer du son. La compression audio en MP3 permet une com-pression variable en fonction du débit linéaire(bitrate en anglais). Plus le taux sera élevé(jusqu’à 320 kbits/s), plus la qualité d'écoute seraproche du format non compressé. Un taux de128 Kbps semble un bon compromis permettantau fichier audio d’occuper 12 fois moins de placesur le disque dur que le fichier original non com-pressé. Stockage et transfert (téléchargement) ensont donc extrêmement facilités, d’où le succèsphénoménal rencontré par le MP3.Mais la médaille a ses revers, et pas des moindres :il s’agit d’un format “lossy”, du verbe anglais

“to lose” (perdre). C’est-à-dire unformat dit “destructif” en cesens que la compressionopérée recalcule le spectredes fréquences etnotamment les fréquences aigües.La compression estdonc une suppressionde ces fréquencesextrêmes, dont le butest un moindre encom-brement de l’espaceinformatique. Cetteperte de qualité seraplus sensible, notam-ment, à l’écoute de la musique classique. Deplus, une fois la compression opérée, il est impos-sible de revenir au format d'origine, sans perte.

L’Empire contre-attaque…

La riposte imaginée en 1999 par le géantMicrosoft pour contrer le MP3 et son succès planétaire est le format (gratuit) WMA (WindowsMedia Audio). Comme son concurrent, c’est unformat “lossy”. Ses concepteurs et promoteursassurent que le WMA est en capacité de restituerla qualité du son de meilleure façon que le MP3pour un débit linéaire équivalent. Selon Microsoft,un morceau compressé et encodé au formatWMA encodé à 192 Kbps ne peut se distinguerd’un format numérisé non compressé comme le

WAV. Le WMA sedécline en 2 versions :Standard et Pro.La version Standardest de loin la plusrépandue et offrel’avantage d’unecompatibilité avec de

nombreux baladeurs numériques, lecteurs(Winamp), platines, etc. Beaucoup plus confiden-tiel de par sa diffusion, le format WMA Pro prétend à une qualité supérieure au standard.

La riposte de la riposte : le MP3 Pro

En réponse au WMA, le MP3 Pro est lancé en 2001.Deux fois moins encombrant que le MP3 (2 minutesde musique compressées en MP3 Pro ne prendrontqu’un méga octet), pouvant être lu par pratiquementtous les lecteurs, son encodage nécessite un codecpayant, ce qui pénalise sa diffusion.Pour sa part, le format AAC (Advanced Audio Coding)

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“La montée en puissance de la musiquenumérique et sa diffusion toujours pluslarge sur la toile est indissociable des formats de compression sonore grâceauxquels elle est véhiculée.”

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offre un bon compromis entre taille et qualité.Outre sa fonction “gapless” permettant de nepas avoir de coupure entre deux morceaux (contrairement au MP3)il est compatible avec de nom-breux lecteurs et baladeursnumériques.Le format Ogg Vorbis est unformat “open-source”. En clair,il dispose de codes sourcesaccessibles à tous, modifiableset utilisables librement. Il s’ins-crit donc dans le cadre dumouvement du logiciel libre.Créé en 2000 par la fondationXiph.org, ses performances sont comparables àcelles du WMA et le dépasse aisément dans letraitement des fréquences aigües. Sa faible compatibilité des débuts tend à s’amé-liorer sensiblement mais la non-prise en chargedu format par lesbaladeurs iPod dechez Apple lecondamnent (pourl’heure) à un dévelop-pement restreint.Basé sur le formatMPEG2, le MPC(MUSEPACK) aussiappelé MP+, offreune excellente qualité audio bien supérieure auMP3 et à l’OGG. Il est gratuit et “gapless” (sanssilence entre les morceaux). Côté désavantage :sa très faible compatibilité avec les appareils hifi etles baladeurs numériques.

Les formats “lossless” : qu’est-ce que c’est ?

N’altérant pas la qualité du son, les formats sansperte dits “lossless” permettent de stocker samusique en la compressant tout en permettant,suite à une décompression, de retrouver le fichieroriginal (ce qui est impossible avec les formatsavec perte). Bien que plus grande qu’avec unecompression “lossy”, la taille du fichier compressépermettra de gagner de l’espace disque, tout enconservant la qualité sonore.À l’instar du Ogg Vorbis, le TTA (True Audio Encoder)est un format “open-source”. Créé en 2000, le TTApermet un gain de place de 25 à 30% du fichier ori-ginal, performance modeste. Les fichiers TTA,moyennant plugins, ne pourront être lus qu'avecWinamp et Foobar 2000 notamment.

Lossy et lossless

Développé à partir de 1998, leWAVPACK (WP) comporteune particularité apparueavec la version 3 : le mode“hybride”, qui se traduit parune compression sans pertequi est combinée avec une

compression destructive(lossy) qui reste optionnelle.

En mode “lossless”, le compromistaille/qualité s’avère performant avec un gain

d’espace pouvant aller jusqu’à 75% ! Lui aussiest “open-source”.Sachant combiner les avantages des formatsdestructifs au niveau de la taille des fichiers etceux de la compression sans perte qui elle, préserve la qualité du son intacte, le format MONKEY'S AUDIO (APE/MAC) est en constante

amélioration depuisson lancement en2000. C’est le meil-leur format tant auniveau du gain d’es-pace que de la rapi-dité d’encodage.I nconvén i en t s :aucun support hifi et

il ne s’agit pas d’un format libre, ce qui ralentit sonexpansion.Bien moins performant que Monkey’s Audio ouWavpack pour ce qui est du gain d’espace disque, le format (libre) FLAC (Free Lossless AudioCodec) compensera ce travers par une bonnecompatibilité hardware et hifi. Son mode dedécompression, par blocs, autorise une fonctionstreaming, ce qui le rend utilisable sur Internet.Format lisible sur Winamp, Media Player ou autreFoobar.Poursuivons ce tour d’horizon en mentionnant leformat LA (Lossless Audio), spécialisé pour lamusique et né en 2002, est celui qui permet d’obtenir le meilleur gain de place pour une qualité sans perte. Un avantage qui entraine uninconvénient : comparée à un autre format “lossless”, une sollicitation 10 fois supérieure descapacités de l’ordinateur ! Gratuit mais n’est pas“open-source”.Parmi les plus anciens, le format OptimFROG(OFR) : première parution en 1996. Le gain d’espace disque avoisine les 50% par rapport aufichier original. Depuis 2003, comme le formatWavPack, il est utilisable en mode hybride. Quantau SHORTEN (SHN), c’est le vétéran des formats

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“N’altérant pas la qualité du son, lesformats sans perte dits “lossless”permettent de stocker sa musique en lacompressant tout en permettant, suite àune décompression, de retrouver lefichier original.”

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“lossless” (1993). C’est un des plus rapides pourl'encodage/décodage, dû à sa faible complexitéde calcul de compression. Mais un gros défaut :la très faible réduction du fichier original. Lui aussipropose un mode avec et un mode sans perte.Il existe d’autres formats de compression sonore“lossless” : BONK,LPAC ou encoreRKAU mais quidemeurent d’unediffusion extrême-ment confidentielle.Aux côtés de cesformats de com-pression sonore, ilexiste des formatsde numérisation duson non comprimés.Citons le format RAW (Real AudioWrapper), le CDA (CompactDisc Audio) développé parMicrosoft, le WAV pourWaveform Audio Vector,l’AIFF (équivalent du Wavdans le monde Macintosh)ou encore le format AU,assez bien répandu grâce àUnix et Linux.Outre cette énumération (nonexaustive) c’est la question desnouveaux modes de consomma-tion (payante ou non) de la musiquequi peut être pointée et de leurs conséquences, sur le plan médical, artistique,technique, voire sociologique.

Casser les oreilles

“Avec le MP3, on peut se promener avec unorchestre à deux centimètres de l’oreille” s’in-quiète Gilles Barbier, inspecteur sanitaire etchargé de prévention pour la Ville du Mans. “Alorsque dans le monde du travail on doit se protégerà partir de 80 décibels (db), les baladeurs ont unetolérance à hauteur de 100 db. Et de très jeunesgens, dès 10 ans, possèdent un baladeur qu’ilspeuvent écouter à longueur de semaine. Lesconséquences sur le plan médical sont désas-treuses !” poursuit-il. Et d’indiquer une étude épi-démiologique de 2005 faisant état de 20% deslycéens ayant perdu 20 db d’audition. “Leursoreilles ont vieilli de 15 ans de façon irréversible,c’est un problème de santé publique !” Pour Bernard Janssen, chirurgien ORL cité dans

l’article de Gilles Tordjman(3), même inquiétude :“Les gens qui écoutent de la musique dans lemétro sont obligés de pousser le volume pourcouvrir le bruit ambiant […] Ils peuvent s’envoyerjusqu’à 140 db dans les oreilles alors que le seuilde douleur se situe à 120”. Et il suffit d’une seule

exposition à ceniveau pour provo-quer un dégât auditifirréversible menant àla surdité.Au-delà du volumesonore excessif,c’est la compressiondynamique, ce lis-sage du relief musicald’un morceau quiaggrave les nuisances.

Le traitement sonore ainsi opéréprovoque une augmentation du

volume moyen. Ainsi traité, le son, d’une puissance uniforme tout au long dumorceau, ne permet pas àl’oreille de se reposer. Uneévolution inquiétante dansle traitement du son où l’onconstate qu’“[un] morceau

de Led Zeppelin des années70 […] n’est que faiblement

compressé en comparaison de‘Quelqu’un m’a dit’, premier tube

de Carla Bruni […] C’est toute la perver-sité des traitements modernes du son”(4).

Et “c’est le couple niveau sonore/temps d’exposi-tion qui est à considérer et qui peut aboutir à untraumatisme irréversible”, insiste Gilles Barbier.

Génération MP3

Une autre question se pose : une génération élevée au MP3 ne risque t-elle pas de s’accom-moder de médiocrité sonore ? Mathieu Saladin(5),chercheur en esthétique et enseignant à laFaculté Libre des Sciences Humaines de Lillenous livre cette anecdote cocasse : “Lors d’exposés, mes élèves (nés entre 1988 et 1992)proposent parfois l’écoute d’extraits musicaux surdes supports type clés USB au format MP3… Le son est vraiment horrible, mais j’ai à chaquefois l’impression que je suis le seul de cet avis !”.Pour autant, l’appréciation du son est-elle unequestion de génération ? Oui, si l’on considèreque chaque époque génère ses outils, ses

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“Avec le MP3, on peut se promener avecun orchestre à deux centimètres del’oreille [...] de très jeunes gens, dès 10ans, possèdent un baladeur qu’ils peu-vent écouter à longueur de semaine. Lesconséquences sur le plan médical sontdésastreux !

3 Ibid.4 Gilles Tordjman, ibid.

5 M.Saladin collabore à la revue Copyright Volume !

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pratiques et l’attachement qu’on y porte. IainBurgess et Peter Deimel ont créé en 1992 le studio d’enregistrement Black Box à Angers.“Iain est totalement allergique au numérique etaux formats qui vontavec. Pour ma part,j’utilise le numériquepour le montage”,indique Peter. “On enregistre enanalogique sur unmagnéto 16 ou 24pistes, c’est pour çaqu’on vient nousvoir, même si le coût d’enregistrement est 2 à 3fois plus cher qu’en numérique !”. Mais alorspourquoi enregistrer avec tout ce soin si à l’autrebout l’écoute se fait sur une chaine de mauvaisequalité ou sur un lecteur numérique ? “Si à lasource le son est mauvais, on aura une restitutionencore plus mauvaise”, ajoute Peter. “Et puis, il ya tout de même des gens qui ont de bonnes chaines !”.Question de génération mais question de stylemusical également. Black Box est spécialisé dansle rock, un style qui s’accommode mal du traitementnumérique. Les choses diffèrent avec l’électro.

Formats sonores et styles musicaux

Debmaster(6) est un beatmaker de 25 ans :“La qualité sonore du MP3 ne medérange pas, elle s’accorde pas si malavec mon style de musique. Et puis, unMP3 bien encodé n’est pas si mauvais !”.Pour lui, le MP3 est même une aubainecar, outre sa quasi gratuité : “ça m’a permis d’avoir accès à plein d’artistesunderground, de me faire une culturemusicale. En tant qu’artiste, la diffusion en MP3 sur le net a permis de me faireconnaitre et de faire des dates”. Le format-roi lié à la toile lui permet également d’éviter la frustration. “Je produis beaucoup, pour les titres dont je saisqu’ils ne sortiront pas sur CD, je lesédite en MP3, comme ça, ils sortent dechez moi. Ils existent”.Formats compressés ne signifieraientdonc pas nécessairement totale régres-sion, au regard notamment des capaci-tés d’accessibilité et de diffusion desœuvres sonores ?

Rakhmaninov versus iPod

C’est assurément l’avis de Philippe Punty, propriétaire de L’Auditorium à Nantes, magasin

spécialisé qui pro-pose des chaines hifitrès haut de gamme,ainsi que des lec-teurs numériques detype iPod. “Bien sûr, on ne vapas écouter un con-cert de Rakhmaninovsur un lecteur MP3,

on perdrait beaucoup, mais c’est un format quipermet au plus grand nombre, car pratique et pascher, d’accéder à la musique”. Et Philippe Puntyde balayer une idée reçue : “les jeunes appré-cient le beau son, on n’a jamais autant vendu deplatines vinyle depuis 2 ans. Les jeunes y viennentà cause du MP3 et de la virtualisation des formatsnumériques, ils cherchent à se raccrocher à quelque chose de matériel, un support tactile,c’est différent d’une démarche utilitaire.”

Conditions d’écoute et quête identitaire

En outre, la question des formats sonoresne peut être dissociée des conditionsactuelles d’écoute et de la construction

identitaire qui en résulte : “On observe enFrance, depuis maintenant plusieurs

années, des mutations des pratiquessonores sur Internet”(7), constateLaurent Gago, docteur en sciences del’information et de la communication.“Une étude du CREDOC datant de2007 a montré que 60% des internautesde la tranche 12-25 ans téléchargentde la musique sur internet […] Deux formes d’écoutes : soit sur un ordinateur

[…] soit à travers des supports numéri-ques…” tels les baladeurs MP3 et autres supportsd’écoute permettant la diffusion via des formats

sonores compressés traumatisants. SelonLaurent Gago, ces nouveaux modesd’écoute, si dangereux soient-ils, n’en consti-tuent pas moins “un marquage identitaire […]la manifestation d’une présence sociale. Ainsi, l'iPod porté en permanence dans larue, le bus ou même en cours [pourra signifier] le rejet du contexte extérieur”.

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6 Debmaster : éléments biographiques et musicaux sur http://alexis.moisdon.free.fr/7 “Les jeunes et les médias” ouvrage collectif dirigé par Laurence Corroy – Ch.4 / les pratiques sonores en lignes :

des dispositifs numériques aux modalités de réception (Laurent Gago). Ed.Vuibert (2008)

“Bien sûr, on ne va pas écouter unconcert de Rakhmaninov sur un lecteurMP3, on perdrait beaucoup, mais c’est unformat qui permet au plus grand nombre,car pratique et pas cher, d’accéder à lamusique”

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Plus largement, peut-on réduire la question desformats numériques (compressés notamment) àune opposition entre anciens et modernes ? PourAnne-Laure Sotin, ingénieure du son de 26 anset salariée de Jet FM(8) : “En radio, l’époque del’analogique est révolue, il reste encore quelquesingénieurs à Radio France pour lesquels il estinconcevable d’allervers le numérique,moi c’est l’analogiquequi me gênerait”. “Deplus, et pour desquestions de place,nous archivons enMP3 mais avec un encodage à 320 Kbps, difficilede faire la différence avec du WAV !”. Un proposque prolonge Henri Landré, programmateurmusical de cette même radio depuis près de 15ans : “Même si je sais qu’un bon encodage permet d’atteindre à peu près la qualité d’un CD,j’ai décidé de ne pas aimer le MP3”. Et c’est sur le plan économique qu’il avance ses arguments : “Je n’arrive pas à le dissocier du sys-tème marchand […] Son utilisation par les maisonsde disques étant pour elles un bon prétexte pourinciter à venir sur leur plateforme de téléchargementpayante au détriment de toute autre approche”.Néanmoins, le programmateur musical de Jet FMreconnait au plus connu des formats numériquesquelques vertus : “Cela permet à des netlabelstels que Autres Directions In Music(9), via ce format, de produire des artistes différemment”.Affirmation corroborée par Stéphane Colle, directeur de ce label. “Le MP3 au début (2003)

était un moyen désargenté de sortir de vrais morceaux, de vrais projets, avec des artistescomme Mélodium(10) notamment”. Les disquessont disponibles gratuitement en téléchargementavec le packaging (jaquette…). Un CD payant del’artiste est par ailleurs proposé. Une formule quirencontre ses limites, la presse se faisant peu ou

très mal l’écho dessorties numériqueset le marché de ventes de CD étantce qu’il est… “On réfléchit à labonne formule pour

exister, peut-être un MP3 payant adossé à un circuit de distribution”, une solution envisagéesans grand enthousiasme.Si la discussion actuelle autour des formats numériques oppose parfois les tenants d’uneesthétique sonore sans concession à ceux quiacceptent un compromis entre qualité, capacité detransfert et encombrement, il y a fort à parier queles progrès techniques incessants enverront àterme ces débats aux oubliettes. En effet, les performances ayant trait au stockage et au transport de l’information progressant à vitesseexponentielle, il ne sera bientôt plus nécessaire decomprimer le son pour le rendre plus accessible.De ce point de vue, l’hégémonique MP3 et lesautres formats dits destructifs, pourraient dans ladécennie qui vient, être rangés au musée et marquer le retour du beau son pour tous. Tendons l’oreille !

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pour aller plus loin...“Du phonographe au MP3. XIXe-XXIe siècle.Une histoire de la musique enregistrée.” deLudovic Tournès, Les Éditions Autrement (2008).(cf chronique p.20)

Blog de Gilles Rettel (conduite de projet internet, formations et éditions musicales). http://blog.formations-musique.com

> Compression informatique ou compressiondynamique ? (janv. 09) > Musique dématérialisée, quelle dématériali-sation ? (nov. 06)

Passage en revue des différents formats “lossy”et “lossless”.www.keopz.com/dossier/les-formats-de-compression

Un wikipédia sur les principaux formats audio :http://fr.wikipedia.org/wiki/Format_audio

Sur le site UFC-Que Choisir :http://www.quechoisir.org Tests comparatifs (accessibles sur abonnement)et article “Baladeurs numériques, baladeurs basiques et baladeurs multimédia, formats vidéo,niveau acoustique, podcast”.

“Du cylindre au MP3 : format du support enregistré, esthétique et réception des œuvres”par Gérome Guibert (docteur en sociologie) sur le site de l’IRMA :http://www.irma.asso.fr/geromeguibert

9 Net label angevin - http://www.autresdirections.net/inmusic/10 Mélodium : http://melodiumbox.free.fr/press

8 Jet fm 91.2 : radio associative de l’agglomération nantaise créée en 1986 (www.jetfm.asso.fr)

“Même si je sais qu’un bon encodagepermet d’atteindre à peu près la qualitéd’un CD, j’ai décidé de ne pas aimer le MP3”

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Dominique A parle de son statut d'auteur : de sa personnalité timide et introvertie quilui vaut sur la cour de récré des “Il fait des poésies”, des tournées et d'endroits précisqui font naître une chanson, des grands chanteurs de ses parents (Ferrat, Ferré, Brel),de la scène qui a son importance mais qui n'est pas une finalité, de sa musique enaccords mineurs, de l'écriture en alexandrin, des textes à prendre comme des rap-ports au souvenir sans nostalgie aucune, du son qu'il aime brut, de l'objet “disque”sicapital etc. Comme dans ses chansons, avec sincérité.Pour Xavier Plumas, le désir de chanter vient de celui de séduire à l'adolescence. Ilrevient sur ses musiciens, la nature environnante, le fantasme et l'angoisse transpirantd'une chanson, la femme souvent présente dans ses textes, la générosité qu'il faut surscène, la difficulté de financer un disque, la non-croyance au pouvoir politique d'unechanson. Pour lui, une chanson réussie évoque la nature avec une intrigue, un drame,une passion. Pour nous, ses confessions sont toujours aussi empruntes d'humilité.

Cécile Arnoux

LA MUSIQUE ASSIÉGÉECharlotte Dudignac / François Mauger, Ed. L’Echappée, 2008.

DU PHONOGRAPHE AU MP3 : une histoire de la musique enregistrée, XIXe-XXIe siècleLudovic Tournès, Ed. Autrement, 2008 (Collection Mémoire/Culture).

UN BON CHANTEUR MORT Dominique A, Ed. La machine à cailloux, 2008.

GILBERT OU LA MUSIQUE Xavier Plumas, Ed. La machine à cailloux, 2008.

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Si l’auteur est historien – auteur d'une excellente histoire du jazz en France (Fayard,1999) – c’est en sociologue qu’il aborde les implications sociales, économiques et culturelles de l’évolution des techniques d’enregistrement du son. Oui, du son, car lespremiers appareils de reproduction étaient destinés à fixer la parole. Le phonographe(1877) ancêtre du dictaphone ? Ce n’est que l’une des choses surprenantes dans leurévidence que l’on apprend dans cet ouvrage. Grâce à la 2e révolution industrielle, cellede l’électricité, du pétrole, la production de masse touche également les biens cultu-rels. Le disque devient un formidable outil de promotion pour les musiciens, puis unobjet culte qui verra l’éclosion de la discophilie et finalement la consommation demasse de la musique . Ce livre est aussi la chronique de la concentration de la production, par le biais des fusions successives des maisons de disques. (R)évolutiondes modes d’écoute (en continu et en tout lieu : hi-fi, autoradio, baladeur, ordinateur),des modes de création et de diffusion (distinctes de celle du concert) et enfin diversi-fication extraordinaire des musiques grâce à cette diffusion dans le monde entier.

Gilles Courcier

Etayé par de nombreux points de vue d’acteurs de terrain, ce livre constitue une analysesingulière de la crise de l’industrie musicale et un acte militant pour la décence enversles artistes. C. Dudignac et F. Mauger explicitent la situation de captivité du secteur parquelques multinationales, ainsi que l’absence de maîtrise par les musiciens eux-mêmesde l’économie dans laquelle ils s’inscrivent. Cette analyse se prolonge par l’éclairage desenjeux de la coopération et de l’éthique par et pour les musiciens en soulignant de façonimplicite la nécessité que les chartes et les déclarations d’intentions se prolongent pardes dispositifs efficients. La crise du disque pourrait alors être une véritable opportunitépour sortir des logiques de “starisation” et de self-made man ? L’idée ici présentéed’une filière économique inspirée des valeurs et des pratiques du commerce équitableest crédible à la condition que le musicien y prenne ses responsabilités.

Pol

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Après avoir mené plusieurs expériences réussies de radios éphémères entre 2005 et 2007 dans le cadredu festival musiques actuelles “Le Foirail” à Château-Gontier, l’association “L’Autre Radio” a réussi sonpari : Celui de créer une radio associative sur le territoire local. Depuis décembre dernier, elle émet surla bande FM (107.9) et couvre une zone allant d’Angers jusqu’à Laval. Visite guidée de cette radio pascomme les autres.

Nichée sur les hauteurs de la ville, l’équipe de L’Autre Radio constituée d’une dizaine de bénévoles etd’un permanent, vous accueille dans un appartement, transformé en studio pour l’occasion. L’arrivée dece nouveau média suscite un vif intérêt sur le territoire car elle laisse place à une parole associativejusqu’alors silencieuse dans le paysage radiophonique local. “L’Autre Radio a pour mission de donner laparole à ceux qui ne l’ont pas, de devenir un espace radiophonique ouvert à tous, afin que chaque auditeur puisse s’y retrouver...”, nous explique Christophe, son président. Centrée sur la proximité et lesinitiatives locales, l’association souhaite s’immiscer dans le tissu local et compte pour cela sur la participation de ses citoyens à investir de leurs compétences et de leurs envies, un champ radiophoni-que jusque-là inexploité. Cette démarche participative se retrouve dans une grille de programmes trèséclectique dans laquelle se côtoient, pêle-mêle des émissions musicales, des émissions thématiques, des décrochages locaux ou des émissions culturelles. La musique occupe bien évidement une placeimportante, “Plus de 70% de nos programmes sont musicaux”, souligne David, responsable de la programmation musicale. L’esprit de (re)découverte ponctue la programmation musicale, à la fois éclectique et exigeante, partagée entre artistes émergents et scène locale. Elle entend promouvoir lesartistes que l’on n’entend pas sur les grandes ondes. Une dizaine d’émissions complète les nombreusesplages musicales avec notamment une attention particulière accordée à la scène locale, puisque deux d’entre elles lui sont entièrement dédiées. De quoi satisfaire l’humeur du mélomane. Eligible au Fond desoutien à l’expression radiophonique (FSER) pour ce qui concerne l’équipement et le fonctionnement,L’Autre Radio compte également sur le soutien des politiques publiques pour lui permettre de se péren-niser. Le reste est financé en grande partie par des prestations que l’association souhaite valoriser enintervenant de manière ponctuelle, sur des actions de sensibilisation en direction de publics ciblés, à l’ins-tar des ateliers d’initiation qui seront mis en place avec un lycée lavallois, dans le cadre de la semaine dela presse. Les premiers retours sont à la hauteur de l’enthousiasme escompté par l’arrivée d’un nouveaumédia. Espérons que les auditeurs soient encore plus nombreux dans les prochains mois.

LE GOÛT DE L’AUTRE

Infos www.lautreradio.fr

PAR ÉRIC FAGNOTPHOTOS :

L’AUTRE RADIO (gauche), ARNAUD TERRIER (droite)

L’autre radio

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le coq

Ce 4e disque est plus quelque chose, moinsquelque chose, un autre tout simplement ?Pour moi, c'est une continuité dans mon parcours.La forme est différente du précédent, pour lequelj'avais travaillé avec Charles-Eric de Oldman. Il avait un côté plus ramassé dans les arrange-ments. Pour celui-ci, j'avais très envie de beaucoup d'arrangements, donner plus de couleur avec des cuivres ou des cordes.

As-tu l'idée de tout chambouler sur un nouveaudisque ou de rester dans une ligne artistique ?Dans la forme, les morceaux sont toujours fabri-qués de la même manière, avec une guitare etma voix. Pour le disque, j'ai choisi plus de diversité dans les arrangements. J'ai eu beaucoup de possibilités avec Erwan qui a signéles arrangements ; il a fait un super travail, j'avaisbesoin de lui car je suis musicien mais je n'écrispas la musique. Je ne peux pas écrire pour descordes, je lui ai dit précisément ce que je voulais,et il a plutôt bien retranscrit mes intentions.

Les arrangements sont essentiels dans unechanson ? Absolument. Pour cet album, j'ai réellementvoulu une couleur “arrangée”. J'aime l'idée deremodeler une chanson que ce soit sur scène ousur disque. Les arrangements sont des interpré-tations de morceaux. Erwan connaissait monunivers, je lui ai transmis la base des morceaux,je lui ai dit ce que j'avais envie d'entendre, il a faitdes essais de son côté, nous avons joué ensem-ble, nous avons discuté. Il a été extrêmementprésent. Nous avons trouvé le bon équilibreentre l'arrangement et le morceau en tant quetel. Pour que cela ne soit pas trop foisonnant.

Comment gères-tu ces différentes “formules”(duo sur scène/orchestrée sur disque) alorsque tu es LE compositeur et l'auteur ? Pour ce qui est de la scène, nous, Benoît et moi,avons beaucoup travaillé les interprétations àdeux par rapport au fait que le disque soit trèsarrangé. Nous avons beaucoup élagué pour faire

PRESQUE EN SECRET

Presque en secret, en tous cas avec beaucoup de discrétion et d'humilité, parce que le caractère deThierry Le Coq est comme ça, une bien belle chanson pop se créée au 5e étage d'un immeuble nantais. Preuve en est avec un somptueux 4e disque de Le Coq, superbe suite de morceaux bluffantspar leur mélodie et leurs arrangements.

PAR CÉCILE ARNOUX

PHOTO : CÉCILE ARNOUX

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en sorte que le morceau se tienne avec très peude choses. Il fait beaucoup de chœurs, joue duglockenspiel, et il a un jeu de batterie très musi-cal. Je pense que via tout cela, nous arrivons à unéquilibre. Pour en revenir à ma posture, je dirige letruc, mais je laisse les gens jouer comme ils lesentent, comme ils jouent habituellement avecleurs particularités. Mais je crois que d'un disqueà l'autre, j'aime l'idée de changer de musiciens oude collaborateurs, même s'il y en a toujours deuxou trois qui sont là depuis le début. Je n'ai pasenvie d'un groupe établi.

À propos de ces musiciens, leurs interpréta-tions ont radicalement changé les composi-tions de départ ?Oui, il y a pas mal de titres qui ont changé,notamment le titre “L'ennui me convient”, qui aété remodelé par Luc Rambo, et la version finaleest largement mieux que l'originale. Sur certainstitres, les saxophones ont ramené une couleurincroyable. J'avais globalement une envie decuivres sur ce disque. J'ai pris le temps et suisparvenu à une cohérence sur le disque qui estfondamentale pour moi.

Es-tu plus à l'aise avec la langue française ?Penses- tu ne pouvoir écrire que sur des gens ?Je crois que j'assume davantage parce que j'aifait des progrès en chant, et que j'ai aussi pro-gressé au niveau de ma voix. Je me sens dégagéde certaines faussetés dans la manière de chan-ter que j'ai essayé de corriger, même s'il y aencore du travail. Quant à ma manière d'écrire,je ne sais pas si j'évolue. Pour moi, l'écritures'apparente à la composition avec la musicalitédes mots, la façon de les chanter. J'aimerais àl'avenir trouver une écriture plus radicale, moins“proprette”. Et je crois que la musique a un rôleà jouer là-dedans car musique et texte sont pourmoi indissociables.

Penses-tu tendre à faire aussi bien que tesmaîtres ou à inventer quelque chose ?Je n'aime pas me donner un objectif musicalultime, et je n'aime pas non plus me compareraux musiciens qui m'ont influencé dans le sensoù je n'ai pas l'idée de mener la même carrière.J'ai envie de faire évoluer ce que je fais en ren-contrant des musiciens différents pour chaquedisque, en construisant mes morceaux demanière différente. Je pense rechercher chezdes gens comme Nick Drake ou Moondog,

le truc qui me donne la vraie manière d'exprimerce que je fais. L'idée n'est pas de faire commeeux, mais de trouver sa voie comme eux l'onttrouvée. J'ai une certaine envie d'évoluer musicalement, et d'aller vers des choses instrumentales.

Que dirais-tu de ton nouveau label ArbouseRecordings ?J'ai vraiment fait beaucoup d'envois de disquespour trouver un label. Cyril de Arbouse m'a trèsvite fait confiance. J'aime bien le personnage, ilfait comme il peut, il prend son temps, il travailleà côté, il est très droit. Arbouse est un petit labelmais il y a vraiment de belles choses sur le catalogue. Il y a un côté plus indé qui me plaîtbien.

Des bons disques dernièrement ?Je n'écoute pas énormément de nouveautés ence moment, j'écoute de la musique contempo-raine comme Arvo Pärt. Cela dit, j'aime beau-coup le dernier album de The Healthy Boy, leprojet Marc Morvan & Ben Jarry qui sortent unalbum bientôt. J'aime bien aussi le dernier dis-que de Robert Wyatt, et celui des Fleet Foxes.

D’Arradon, pays où LE COQ estné. “D’Arradon”, dernier album endate du chanteur vannetais. Entre,trois albums de chansons françai-ses bercées par des mélodies pop.Le songwriter boucle une boucleet regarde dans le rétroviseur. Etsans jamais se regarder le nombril,talon d’Achille d’une nouvelle chanson françaisesouvent trop égoïste. Au contraire, Le Coq partage.Il partage sa douce mélancolie. Ses saynètes joliment imagées et magnifiquement orchestrées.D’Arradon est un disque aérien rythmé par des instants de bravoure (“L’ennui me convient”, “Jesais faire tomber la neige”, “Kink Kong”). D’Arradonest le travail d’un songwriter animé par l’idée qu’ilexisterait une chanson du milieu. De celle qui trans-cende le quotidien.

Abé

Le CoqD’ArradonArbouse Recordings / Anticraft 2009

Infoswww.myspace.com/lecoqmusic

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Juin 2008. 7500 km sur les routes d’Europe de l’Est.Nous ressentons une appréhension naturelle à traverser ces pays à l’histoire si violente et si proche. De lon-gues heures de camion où les décors se métamorphosent. Les immeubles imposants de Zagreb dessinéssous l’aire communiste ; les “vieilles pierres nouvelles” de la très touristique ville de Dubrovnik détruite pen-dant la guerre et entièrement reconstruite ; les plaines vallonnées, arides, au bout desquelles se jettent lesfalaises croates dans une mer Adriatique turquoise ; les paysages féériques de Bosnie bordant la rivièreNeretva ; les églises, les mosquées, atypiques, blanches et dorées ; les usines de Tuzla ; les immeubles deMostar, dont certains, encore minés au nom “du devoir de mémoire”, sont criblés de balles et d’obus, vestiges de la guérilla urbaine.L’angoisse des postes de douane, notre arrêt en bord de route alors que la police bosnienne a découvertune mine, l’impressionnant cimetière de Sarajevo, les incendies, coups de feu et émeutes à Mostar suite aumatch Turquie/Croatie le lendemain de notre concert, ou encore le couvre-feu toujours en vigueur à Tuzla,nous ramènent à une difficile réalité. Nos hôtes peinent à développer leurs actions culturelles, mais ils persistent, batailleurs enragés, précurseurs décidés à faire évoluer les mentalités. Nous jouons dans des lieus très différents. Du club de jazz de Maribor au “Gala Hala”, lieu de référence dela culture alternative de Ljubljana ; des murs déchirés du “Klub Orlando” de Dubrovnik à la scène du“NeoFest” installée dans l’enceinte du château de Banja Luka ; du club/boîte de nuit de Tuzla, à l’anciencinéma de Sarajevo, en passant par le récent “Okc Abrasevic” de Mostar. Les moyens techniques sont souvent pauvres. Des conditions difficiles, pour nous, habitués à l’idée d’un spectacle alliant vidéos, son etlumières. Nous avons beaucoup d’appréhension à présenter notre musique à ce nouveau public, avec pourunique scénographie nos corps, notre gros ballon et nos projections, l’équipe d’IDEM n’étant par ailleurs pasau complet. Systématiquement une même angoisse incisive reviendra au moment de jouer le morceau“E.C.O.W.” (Endless Century Of War – siècle infini de guerre), chaque fois balayée par un public enflammé,qu’il soit nombreux ou intimiste. Il danse, s’exalte, nous accueille plus que chaleureusement, il devient unehistoire. Les retours du public nous vont droit au cœur. Nous sommes très émus par leurs commentaires, etparfois gênés pas leurs remerciements sincères de nous voir chez eux. Nos rencontres successives avecles membres de Vuneny, Sopot, Moveknowledgement, groupes phares des Balkans, sont des momentsd’échanges intenses. Ils écoutent et mixent Zenzile, High Tone, Ez3kiel. Nous, ne connaissons la culturemusicale des Balkans que trop peu. À tort, lorsque l’on écoute cette scène indé bouillonnante.En octobre prochain, nous partirons avec Vuneny pour une nouvelle tournée dans les Balkans ; avec certainement une vision autre que celle de ceux qui découvrent trop de choses à la fois ; mais totalementassurés de revivre cette gigantesque aventure humaine et culturelle.

IDEM et VUNENY en tournée en France de mars à avril 2009.> Le 19 mars 2009 en concert au Live Factory à Nantes.

BEYOND THE BORDERS

Infos welcom pour IDEM - www.idem-kzfp.com - www.myspace.com/idemkzfp

PAR JULIEN BREVET

PHOTOS : VINCENT-BAZILLE

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Jérôme Paressant multiplie les patronymes.Chaque projet dispose d'une telle couleur musicale singulière qu'il convient de lui donner unnom précis. Ne pas tout mélanger, explorer, toujours explorer ! Et ce chef d'orchestre ou commandant de bord d'ABRAXAS PROJECTs'entoure plus bien sur ce “Baraka-Visions”,puisqu'il s'acoquine avec Mathias Delplanque,Oldman, Hopen, Antoine Hefti pour, une heuredurant, nous emporter sur une mer tantôt calme,tantôt agitée. Aux confins du jazz, de l'électro, durock, d'une musique très ambiante, diluée, lanci-nante, la traversée est agréable, surprenante, édifiante par sa complexité et sa recherchesonore. Moults cuivres, moult percussions, des machines, une batterie, une basse, les instru-ments se mettent au diapason pour vivifier lesmélodies, et stimuler nos sens. Un conseil :l'écouter plusieurs fois.Cécile Arnoux

Désormais avec deux têteschercheuses et déterminées,en marge d’un certain réseaude musiques plus reconnues, BOCAGE finit parcréer son label (Sosei Records) qui accueille fière-ment un double CD attendu pour début mars. Ce“coffret d’artisans” passionnés contient “bon che-min”, leur 2nd album et “remixed”, recueil de dérou-tants et captivants regards extérieurs sur leurscompositions. Ainsi, ce sont prêtés au jeu quelsgrands noms d’une scène très indé (comprenez dequalité) : Belone, Berg Sans Nipple, Gong Gong,Margo, Astriid, Resistenz… Quant au nouveaurépertoire, les portes du studio étaient aussi gran-des ouvertes : Milgram, Atone, Mat Piche, Mukta,French Tourist ont prêté quelques mains qui don-nent de forts belles couleurs à ce folk rock tantôtingénu et sussuré, tantôt sombre et affirmé. Maisquelques lointaines inspirations prennent vie dansles teintes groove, soul ou afro qui trahissent destalents qu’on aurait cru cachés…Cédric Huchet

Le nouvel album du duo BELONE QUARTET, intitulé “1802” est aussi gracieux que fiévreux.Nous êtions à peine remis de leur dernier opus,“Les prémices de la béatitude naissent de l’amer-tume” ; les deux compères n’avaient pourtant paschômé, l’un par exemple à la production du der-nier Mansfield Tya., l’autre sur son Healthy Boydans une escapade en solitaire (tout cela réfé-rencé sur le label Kythibong). Enregistré sans filet,voilà que “1802” pourrait paraître brut, spontanéet intransigeant, manifeste d’une électro-cold-pop-wave inclassable. Tandis que les synthés etrythmiques vintage donnent une saveur douceamer, que les guitares et basses vengent deshumeurs passagères, les chants alternés de cesdeux acolytes apaisent avec de sombres ritour-nelles et ballades hypnotiques, où des teinteselectronica et d’étincelantes mélopées sont les

seules percées de lumière…avant le prochain orage.

Cédric Huchet

Toi (oui, toi là), aventurier quitente de survivre dans la jungle urbaine ou rurale ; tu

cherches un peu de bleu entre les panneaux publicitaires, le gros bruit du trafic et les gens grisqui font la tronche, saisis toi de ce nécessaire desurvie ! PHILIPPE CHASSELOUP propose un trèsbel objet, artisanal, ultra-créatif et pas prétentieuxpour un sou. S’y entremêlent des textes piquantset pertinents, de la poésie, des jolis dessins, desdindons, un vrai live et des jeux pour ne pas s’ennuyer les jours de pluie et de soleil aussi. On lesait à force de nous le marteler : les temps sontmoroses et bien contre ça pas besoin d’en fairedes caisses : ce coffret “maison” est efficace, différent, simple et hilarant, ça fait réfléchir aussi.

Marie Hérault

Abraxas Project Baraka-VisionsOceanik Creations 2009

BocageBon chemin & remixed

Sosei Records 2009

ChasseloupLe nécessaire de survie ChasseloupMadame Suzie Productions 2009

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Belone Quartet1802Kythibong / La Baleine 2009

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Si l’on s’accorde sur l’état de crise de la recherche,ce n’est pas le cas pour DEGIHEUGI, savant fou dubeat, du sampling et du triturage sonore… Une formule déjà expérimentée par Wax Tailor ouDoctor Flake, sur lesquels Degiheugi semble s’êtreappuyé pour entamer ses travaux. Et qui vise le prixNobel avec ce nouvel album disponible en téléchargement libre sur son site ! On ressortimpressionné de l’écoute de ce précis d’abstracthip hop/trip hop, élaboré au fin fond d’un labo maison. Une maturité digne des grands noms decette science : le projet Lovage de Dan theAutomator sur les morceaux où intervient la voix deNolwenn (qui évoque la langoureuse JenniferCharles), les prods crossover de Madlib dans“Horror Scratchy Show”, sur lequel un MF Doomne rechignerait pas à poser… Quand ce n’est pasla voix de Buck 65 que l’on attend sur “Dans tousles p’tits bars”. Bref, une thé-rapie lourde à s’administrersans modération.Benoît Devillers

EKCE TERA, ou le rock français dans sa plus pureexpression. Après deuxmaxis remarqués, “Sur le fil”, 1er LP de la forma-tion mancelle, respire la maîtrise et le jeu bienhuilé. L'énergie musicale et textuelle est indénia-ble, situé quelque part entre Luke et Noir Désir, le groupe prend un plaisir évident à jouer. Le disque est sublimé par une post-productionirréprochable soulignant un certain perfection-nisme. Habitué des premières parties de qualité(Merzhin, Les Caméléons, Ministère Magouille...),Ekce Tera sait attiser le feu des consciences pardes textes qui explorent l'esprit, le vôtre, le mien,avec une énergie explosive. C'est avec impa-tience que l'on attend de partager cette rage enlive sur des compos telles que “À l'ouest”,“Morphine”, “Sur le fil”... Un groupe à surveillerde près !Jonathan Duclaut

Pas d’effet de manche dans cet album de chansons très acoustiques ! Le son oscille entrefolk et avant-garde. Drôles de climats où l’austérité croise les expériences vocales deMeredith Monk et le son désuet d’un orphéon.S’ouvrant en cycle de quintes sur l’inexorabletourment de survivre, le disque tourne en ritournelles brèves, vignettes instrumentales etcomplaintes pour trio à cordes avec piano parfoisun peu faux, humain, si humain. Pas un mot plushaut que l’autre dans ce 3e disque où la voix fragile de DELPHINE se refuse à tout effet commepour rester proche. Le propos, intimiste et faussement simple, s’offre avec une légèretéfunambule dans des géométries organiques. Pasde frime ici mais l’état actuel d’une rechercheexpressive en mouvement. À suivre et à méditer.

Georges Fischer

Too fast for love ? À l’instard’un Danko Jones et deplein d’autres, EL ROYCE

tient la tension tout au long de ce premier albumen armant son power rock’n roll de refrains accro-cheurs. “No Cure”, “Raise The Heat”, le disques’emballe au huitième de tour et tous les titressemblent parler de “Blood sweat and tears”, enaccord avec l’énergie déployée par le trio nantais.On arriverait presque à toucher cette sincérité etcette passion qui les guident. En parlant de pas-sion, on sourira et approuvera le titre hommage àla rythmique imparable d’AC/DC, “MalcomYoung”, enchaîné de suite par un “The Best I canDo” au riff guitare d’intro et à la partie batteriedirectement copiés, du mieux qu’on puisse faire,des papys australiens. El Royce lui ne remplirapas les stades, mais sûr qu’il remplira le cœur etles oreilles de ceux pour qui le rock doit êtredirect et accrocheur.

Rafff

DegiheugiThe broken symphony

AP 2009

Delphine CoutantLa maréeLa Cueilleuse 2009

Ekce TeraSur le fil

AP 2009

El RoyceWhat You See is WhatYou Get Novatrax 2008

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Comment dit-on : chanson expérimentale, poésiebruitiste, non-chanson ? L’écoute d’ERWAN COest un plaisir dionysiaque. Ces plages gorgées debruits, au son lourd, tranchant comme un métalmal ébarbé tendent le rapport texte/musique àl’extrême. Terminés les repères simplifiants, il fautaccepter le vertige de ces fragments de sons etde sens. Dans BPM 132, sa frangine Delphine,tend sous l’archet un bourdon pour des arpègesélectro-acoustiques pleins de bruits... et defureur. Pas de décor sonore dans ces bruits depas, de portes, de feux crépitant, mais quelquechose comme “Un drame musical instantané”. Si sur scène Erwan Co fait tourner des boucles,ici ça tourne à l’hypnose monomaniaque. Ce“second couteau” est un vertige poétique post-moderne qui nous entraîne sur des voies arides.Courage !

Georges Fischer

Si, du côté de Chantenay,vous voyez défiler des dino-saures au beau milieu d’uncanyon, sur fond de déserts mexicains, cactus etsaloon fièvreux, vous n’êtes pas loin de SonUnivers. Quel titre d’album aurait-il mieux décritcelui de FRAMIX, auto-proclamé le shérif de cequartier nantais ? De son passé commeKazamix, Framix en retire une spontanéïté et unsacré système D dans l’art d’inventer et d’assem-bler de toute pièce ce paysage farfelu porté auchant et en image. Ce joyeux bazard fleure bonl’électro foutraque et le carton-pâte, le rocksteady et la nappe à carreau, la country-folkrugueuse et les sévices du Colt 45 dans le pianomécanique. Quand bien même les ingéniositésélectro et rythmiques confèrent une racine dub,Son univers est un savant bordel où guitare,basse, batterie et machines sont les armes deses trois compagnons d’arme sur scène… Ça vachauffer au saloon ! Cédric Huchet

Les quatre gentils garçons et la fille deFORDAMAGE ont des frimousses à vous bercerde tendres mélodies. Que neni, au sein deFordamage, les chenapants vocifèrent un rocklacéré sur des rythmiques tranchantes, digne desplus belles armes de l’écurie Dischord. “BelgianTango”, leur deuxième opus méritait les essaistrès spontanés du premier album. L’énergiedécapante prend appui sur des mélodies incisi-ves et terriblement entêtantes. Le son s’estétoffé, les constructions plus complexes se sontmusclées. Thomas Nédélec a affuté un peu laproduction, Colin Mc Lean (The Ex, Dog FacedHermans) a posé des mains de maître au maste-ring. Ce deuxième tir, hébergé par le méritantlabel nantais Kythibong (très à l’honneur sur ce n°de Tohu Bohu, car très vivace en ces temps decrise) sent bon la poudre bien dosée, qu’une étin-

celle suffira à faire détonnersur scène, leur terrain favoride bataille…

Cédric Huchet

L’espace d’une seconde, j’aicru que [guŸôm] avait signésur le label allemand DHR.

Tout est possible avec lui, il a bien réussi il y aquelques années à placer un de ses morceauxsur une compilation du mythique label anglaisSkam (Boards Of Canada…). Et puis en fait non.J’avais confondu le Digital Hardcore Recordingsde Alec Empire avec le netlabel parisien Da HeardIt Records (D!HR). En même temps, à l’écoute decet album, on imaginerait sans mal l’ex-frontmande Atari Teenage Riot en train de s’amuser à fairedes bootlegs de Kraftwerk et des Beastie Boyssur un vieil Amiga. Et j’ai beau chercher, je ne voispas vraiment de manière plus explicite pourdécrire la musique de l’Angevin. Son nouvel opusest un véritable trip halluciné dans une junglesonore, psychédélique et digitale, à la poursuited’un lapin extralucide. Et, non, je n’ai pas pris dedrogue.

Kalcha

Erwan CoSecond couteau

AP 2009

FordamageBelgian TangoKythibong / La Baleine 2009

FramixHappy animals

Frakamix / Anticraft 2009

[guŸôm]The Awareness Of TheRaving RabbitD!HR Records 2009

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Bien souvent, les groupes de punk rock françaisdécident de chanter en anglais pour des raisonsde musicalité. Ou bien pour cacher le fait qu’ilsn’ont pas grand chose à dire. Les Nantais deJUSTIN(E) n’ont pas ce problème-là. À moinsqu’ils n’aient pas eu le choix parce qu’ils étaientdécidément trop nuls en anglais. Quoi qu’il ensoit, les textes du quatuor sont clairement un deleurs points forts. Souvent jaunement drôles etnon dénués d’une certaine poésie populaire, lesquinze morceaux de cet “Accident n°7” propul-sent tout de suite Justin(e) dans le peloton de têtedu punk rock hexagonal. Vous comprendrez parlà que musicalement, ça envoie le bousin sévère,du chant (très musical, bizarre ?) à la batterie àfond de cale, en passant par une basse joyeuseet une guitare qui Ramone(s). Une très bonne surprise !Kalcha

Fondés en 1989 mais réelle-ment actif depuis 1994, lesLITTLE SEARCHERS sont loins d'être de nouveauxarrivants dans le paysage du rock nantaispuisqu'il s'agit de leur quatrième album. Le quatuornous livre ici un disque parfois rageur, souventludique et toujours empli de l'esprit des sixtie's.Bien que chacun des membres aient ses influen-ces propres (The Who, XTC ou The Zombies...),ils savent garder le cap sur une direction com-mune lorsqu'il s'agit de composer. Cela se traduitpar un mélange des genres sur l'album : un débutrock un brin funky, puis un reggae pour arriver àdu punk/garage. Si l'intention de ce disque est defaire lever les séants de leur chaise, on peut direque le pari est réussi. Il n'en reste pas moins quel'album ne surprend pas beaucoup, manque unpeu d'envolées musicales, mais demeure néanmoins un chouette disque de pop sans prétention. Mickaël Auffray

Le KOMANDANT COBRA n’est pas le justicierredoutable, qui combat les Pirates de l’Espacegrâce à un rayon Delta dissimulé dans son bras.Le Komandant Cobra est plus que ça. Il est l’effroyable défenseur d’un (post-)rock intelligentet habile. Il s’agit de huit morceaux aux mélodiesgracieuses et à la maturité certaine. Les deux guitaristes (dont un ex Car Crash) et le batteurmaitrisent leur sujet et nous offrent de très bonsmoments, tantôt noisy, tantôt d’une douceur salvatrice. Les compositions sont entêtantes etles voix, tour à tour, mélancoliques ou plus agressives, restent sur le fil. Majoritairement inter-prétées en anglais, deux chansons font pourtantusage du français ; elles en sont d’autant plusmagnifiées. Nouvelle production des désormaiscélèbres Kithybong “Baboon Qu4tre” est aussiun magnifique objet pressé en édition limitée et

sérigraphiée.Tod

Ouvrez cette boîte à musi-que… Vous y découvrirez

des contrées inconnues, des mélodies qui dansent entre ici et là-bas, des nostalgies et desivresses, des chants d’exil aux accents jazz, despoésies ciselées dans la dentelle ou dans le marbre. C’est du temps qui passe et des notes qui s’égrènent. LO’JO nous offre, avec“Cosmophono” et ses chansons apatrides unbouquet de douze fleurs dans une compositionqui séduit et qui vous détournera de votre chemin… On y trouve des basses profondes quiévoquent les terres du “Pays natal”, puis il y a durock là-dedans, chez ce “Dresseur de hasards”,et la beauté des touches du piano pour faire slamer les mots. Des violons qui s’accordent auxvoix en chœur, on en veut encore, alors onécoute, jusqu’à “La liberté”, “Un éclat de bohème,une fleur restée interdite, (…) la plus belle de larue fanée, la plus indocile…”.

Alain Thibaud

Justin(e)Accident n°7

Crash Disques / PIAS 2009

KomandantCobra Baboon Qu4treKithybong 2009

Little Searchers Hygiène de vie

Insect Eyes Records 2009

Lo’ Jo CosmophonoLo Jo Productions / Wagram 2009

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Qui a dit que le rap français était en panne derevendications ? Personne. Mais force est deconstater que le rap “béton” fédère de moins enmoins. Heureusement, une scène alternative qui ades choses à dire est là pour palier à ce manqued'activisme. MONSIEUR SAÏ, c'est cela : beatsexpérimentaux et lyrics cassants. À mi-cheminentre Rockin'Squat, Soklak ou le Klub des Loosers,le Manceau tranche dans le vif. “Le NouveauPatriote” alterne sans complexe d'une instru élec-trique “Monsieur Dugland” à des prods plus classi-ques “La Peste” ou même broken-beat, façonClouddead “Le nouveau patriote”. La qualité de laproduction laisse imaginer de belles augures enlive, notamment un mariage instruments/machinesqui serait être à la hauteur du poids des mots. Unegalette chaudement recommandée aux amateursde singularité dans le rap.Jonathan Duclaut

Retour dans les bacs deMONSIEUR PYL, avec un 5e

opus réalisé à la maison et joyeusement intitulé“Juste avant le déclin”. Pour ce qui ne connaîtraitpas le personnage, ne vous formalisez pas sur cetitre, pas d’artiste neurasthénique ni de sonoritésminimalistes à faire fuir même le dépressif le pluscarabiné ici, au contraire ! Country, calypso, folkbrinquebalante, voilà l’univers dans lequel sebalade le bonhomme, au rythme trottinant d’uncanasson que l’on baptiserait volontiersRossinante, destrier fragile mais qui tient cepen-dant grave la route. Et puis il y a la voix du sieurPyl : haut-perchée, parfois chevrotante, mais toutle temps amusante et craquante. Désormaisaccompagné de 2 autres musiciens, MonsieurPyl nous propose ici son disque le plus abouti,d’une fraîcheur indispensable en ces temps demorosité sociale.Benoît Devillers

Les deux princesses de MANSFIELD TYA. étaientattendues au tournant avec ce 2e disque. Peut-être,mais elles font partie de ces groupes qui déçoiventpeu avec le temps. À moins d'avoir perdu la naïvetéou la sensibilité musicale, au profit d'une exigenceparfois inopportune. Leurs exigences à elles serésumeraient à faire parler leurs instruments, jouerdu rock, ne pas tricher avec ce qu’on a à dire, quitteà déranger. Moins dépouillé que le premier opus,ce disque est un peu plus lumineux. La gravité,souvent traduite par des termes cliniques, la ten-sion, les questionnements sur la vie, sont pourtanttoujours les maîtres-mots des textes. Au bout de38,49 mn, seule oui, et convaincue : j'aime avoirdes frissons en écoutant un disque, j'aime la fragi-lité dans la musique, le beau ménage à quatre queforment piano, guitare, violon et batterie, j'aime lamusique triste qui ne rend pas triste... Comme celle

de Mansfield Tya.Cécile Arnoux

Décidement, le prolifiqueJérôme Paressant déborde

d’inspiration et d’audace dans ses collabora-tions…Sa permanente recherche musicale le mènenotamment à la création de Abraxas Projeckt, deDoWntaO, ou des échanges avec Lena, Atone, OldMan, Vadim Vernay. Il est associé (pour ne pas direfusionné) dans ce projet OURSWAMP, à ChildGrangier (Hopen), laborantin sonore basé en Suisse,très inspiré des bruits quotidiens et expérimentationsmusicales en tout genre. À quatre mains, (il en fau-drait au moins le double pour délivrer la richesse deleurs compositions), ils expérimentent, décortiquentet assemblent une multitudes de strates électro etpercussions métronomiques, sur lesquelles diva-guent les incantations des clarinettes, harmonica,guitares, samples et voix triturés. Déroutant et capti-vant, le bien-nommé Ghost Recs suspend le tempssur des flâneries improvisées et complaintes sublimi-nales, soufflées par les fantômes de leur imaginaire.

Cédric Huchet

Monsieur SaïLe nouveau patrioteGood Citizen Factory / DJP 2009

Mansfield Tya.Seules au bout de 23secondesVicious Circle / Discograph 2009

Monsieur Pyl Juste avant le déclin

Nouveau né Productions 2009

Ourswamp,Ghost Recs Oceanik Creations 2009

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Empruntant un chemin parallèle à celui de Tue-Loup, sans bitume, sans marquage au sol,XAVIER PLUMAS s'aventure à des aveux, des allégories joliment mis en musique. Trois compè-res viennent poser sur la partition des notes debasse/contrebasse, de claviers, plusieurs instru-ments à vent et à cordes judicieux. La beauté dudisque se résume à cela : des notes de guitareacoustique très appuyées, et ces autres instru-ments aux harmonies si gracieuses qui ouvrentl'univers de Xavier Plumas au jazz, à la pop, aufolk, à la musique contemporaine, grâce à desuperbes arrangements. Des guitares électriquespresque “noise” viennent épisodiquement se frotter à la dominante acoustique. “La Gueule duCougouar” se raconte si sensuellement, et respire la spiritualité, la finesse, l'amour de lachanson. Sans artifice aucun, avec de l'idée. Toutsimplement. Cécile Arnoux

Nous vivons tous dans un sous-marin jaune... Concernant SWEET SIXTEEN c'est une certitude.“Teenage Years” nous emmène dans le mondemerveilleux de la pop électrique anglaise à tra-vers les âges. Exercice réussi avec brio, les 11titres de l'album sont capables de sauver la plusmauvaise des journées. Un seul mot d'ordre :mélodie. À l'instar d'Oasis ou Blur, nos quatreSarthois ont le gène pop et savent l'utiliser. “BadWeather” semble être en provenance directe deManchester, et la bonne vieille brit-pop de “Firstthing I do”, nous rappelle nos plus belles teenageyears. Signé chez “Sens Unique”, l'album estactuellement distribué de façon alternative pourle prix indécent de 2€. Il serait idiot de passer àcôté d'un opus de cette qualité, et précisémentquand l'artiste joue le jeu d'internet !Jonathan Duclaut

SAVEL poursuit pas à pas son travail soigné. Savoix haut perchée, fausset désinvolte, ne sedépare jamais, dans la forme et le fond, d’autodérision : élégante légèreté. Cette fois, le son,entre Isaac Hayes et Easy Listening s’appuie sursa guitare tremolo, l’orgue Hammond de J.P.Cosset et la trompette maligne de J.M. Goupil. Ily a du Mongezi Feza de Rock Bottom dans lefinal de chanson chat et du be-bop dans Eleva.Dans les textes les trouvailles fusent, du sexequasi gainsbourrien à des accents de Barbara.Dans chanson orgasmique culmine, dans lafumée d’une cigarette... Pyramidale, un climat faitd’effets diffus et voluptueux. Enfin, le titre“Terminal” est une innovation de taille : 11’22d’errance existentielle invendable en radio. À signaler : deux savoureuses vidéos bonus.

Georges Fischer

“Anger is a gift”. On savaitque du côté d’Angers traî-

naient des apprentis hip-hopeurs. Mais qui savaitque certains étaient nés pour dépasser les fron-tières du Maine-et-Loire ? WADI est de ceux là.Un flow incessant, percutant, fruit de ses quinzeannées d’activisme, qu’il déverse ici en quinzetirs. À l’écoute de ses paroles, avec son “manie-ment du dico”, osons dire qu’il fait partie desparoliers qui “sont” La Chanson Française. Et ses invités que sont Pepso et LoredanaLanciano, tout autant. Bien épaulé par Kadkrizz,“Né Pour Se Dépasser”, est un disque direct,brut, qui fait mouche, allant jusqu’à laisser decôté les codes verbaux maintes fois utilisés par lehip-hop, le rap et consorts . Et ça, pour qui n’estpas de la famili des “MC”, c’est plutôt agréable.Bref, une réussite !

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Xavier Plumas La Gueule du

CougouarYlabel / PIAS 2009

Savel TerminalAP 2009

Sweet Sixteen Teenage years

Sens unique 2009

WadiNé pour se dépasserFull Moon Recordz 2009

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Coup de griffe !

Infos et contactsIdeal & Musiques 13, rue de l’Église 44290 Guéméné-Penfao

Tél : 02 40 79 37 71 / 06 23 90 55 07 / [email protected]

PAR BENJAMIN BAROUH AKA GRIZWOLF

(DJ, ORGANISATEUR, DISQUAIRE)

PHOTOS (droite) : CHRISTOPHE CHAT-VERRE

J’ai grandi dans l’activité de Saravah, production et édition musicales, en plein boom du support vinyleet de la sono mondiale. En 1970, Pierre Barouh et son équipe produisaient l’album culte de BrigitteFontaine, Areski et l’Art Ensemble of Chicago “Comme à la radio”. Vingt ans plus tard, j’intégrais l’équipedu label parisien, bien décidé à enrichir son catalogue de nouvelles recrues : Fred Poulet, Etienne Brunet,Dragibus ou Mami Chan. Mes premières contributions furent noyées dans la grande distribution et l’avalanche des fabrications discographiques. Nos modestes finances ne permettant pas d’offensive commerciale, j’embarquais mes artistes sur les scènes de France. La timidité des ventes confirma l’abandon de ma collection (laissant derrière elle le disquaire parisien Bimbo Tower, créé et poursuivi par Franq du groupeDragibus), pour concentrer mes efforts sur le catalogue Saravah.Dans nos sociétés libérales, les parts de marché reviennent aux grands groupes, complices des médias.La vente est une science exacte, suivant le modèle de la loi du plus fort et du matraquage promotionnel.Le marché du disque, libre de toute régulation, a explosé au passage du numérique. L’élégant vinyle etla sympathique cassette ont accouché d’un avorton cylindrique, dont le format, partagé avec le disquede données informatiques, fut vite banalisé. Les serveurs ont stocké assez de musiques pour plusieurshumanités.La plupart des marques des années 70 ont été absorbées par les majors, et les labels plus récents s’épuisent ou s’adaptent ; leur santé est vitale pour la qualité du champ artistique. Si le support nouslâche, la musique se propage et nous touche au contact direct du spectacle vivant. Les lieux de diffusion,petits et grands, supportent l’élan des prétendants à la scène, en forte progression. La demande est réelleet les initiatives débordent.Gravée, pressée, comprimée, numérisée, la musique nous revient sous ses traits naturels, grossiers et ori-ginels, au bistrot du coin, sur la place du marché, en costume et en lumières, au gré de nos escapadesurbaines. En milieu rural, le tissu des festivals propose un flux de spectacles permanent, été comme hiver.Mais nous sommes bien en hiver.Fraîchement débouté de ma fonction chez Saravah, j’ai rebondi en aménageant une boutique associative“Ideal et Musiques” (disques vinyls et CDs, neufs et occasions, livres, objets d’art, expo et matériel sono)à Guéméné Penfao, dans la vallée du Don, avec ma compagne Carole aka Bad Ebi1. Mon dernier projet“Anarchist Republic of Bzzz”2 amorcé chez Saravah et finalisé en autoproduction, y est disponible ainsiqu’un large choix de galettes locales, indépendantes (très bientôt)...

1 Bad Ebi & Grizwolf (live electrash-noise et DJ set metal-grindcore-metal) au Barock (11, bd Magenta Rennes), le 21 mars2 Anarchist Republic of Bzzz (Seb El Lezin, Mike Ladd, Sensationnal, Marc Ribot & Arto Lindsay/Bzzz01) en vente également chez Meloman(2, quai de Turenne, Nantes)

ANARCHIST REPUBLIC OF BZZZ !LES TRIBULATIONS D’UN EX PRODUCTEUR DE DISQUES (SARAVAH)

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Michel Bonhoure, technicien du spectacle

Playlists

BASHUNG, Bleu Pétrole, Barclay 2008 (chanson)“Déjà ancien, mais toujours aussi beau. Un modèle de précision dans l’écriture et la réalisation.”

Pierre-Antoine Parois, batteur de PAPIER TIGRE

FRANK ZAPPA, Lather, Rykodisc 1996 (rock)“Frank Zappa attendra 10 ans pour récupérer les droits sur ces enregistrements et nous fait parta-ger 10 ans encore pour que le coffret Lather soit publié conforme aux souhaits initiaux du créateur.Coffret de 4 disques préparé en 77 par Zappa avec des extraits live et des archives studio. Musiquecontemporaine et délires les plus rocks. Puissance Hard Rock alliée à des timbres de Big Band...”

KOKARTET, Démo 6 titres, autoproduit 2008 (jazz)“Quatre musiciens angevins rassemblés autour des compositions de David Carcaud. Une musique résolument électrique, ancrée dans son époque... Nourrie par l'énergie du rock, le jazz et les musiques improvisées...”

SEX MOB, Sexotica, World Music Network 2006 (jazz improvisation)“SEX MOB est le projet-caméléon de Steven Bernstein, l’homme à la célèbre trompette à coulisse.Avec ce “SEXOTICA” (Good and Evil), le combo new-yorkais revisite la musique de Martin Denny(qui inventa en 1957 l’exotica, cocktail épicé de rythmes afro-cubains et de musique hawaïenne) àla manière hystérique d'un orchestre de bal punk. Recyclage de jazz, grunge et funk où l'humourfait office de liant.”

Christophe Feuillet, président de l’Autre Radio

MANSFIELD TYA, Seules au bout de 23 secondes, Vicious Circle 2009 (rock folk) “Un disque que je n’ai pas (encore) écouté… Mais les extraits disponibles donnent envie dedécouvrir le reste. Elles font partie de celles et ceux qui, sur scène comme sur disque, nous

emmènent dans un univers à partager au travers des mélodies et des textes. C’est beau aussi la musique sans les machines !”

ONE DAY AS A LION, S/t, Anti Records 2008 (rock groove)“Ça donne envie de voir ce que ça va donner ce projet, parce que plus j’avance dans ce maxi et plus les morceaux me plaisent...”

MADE IN MEXICO, Guerillaton, Skin Graft Records 2008 (punk salsa)“Des New-Yorkais qui mélangent une sorte de punk no wave avec de la salsa et du reggaeton et c’est vraiment super bien !”

KOMANDANT KOBRA, Baboon Qu4tre, Kythibong 2008 (punk hardcore)“Parce qu’on arrête pas de lire dans leurs chroniques qu’ils sonnent comme Papier Tigre et que ce sont des potes…”

LES COFFRETS NOVA, Wagram 2008 (éclectique)“Parce que c’est un voyage à travers toutes les musiques qui ont baigné ma vie et celles que j’ai

manquées… C’est l’histoire de l’héritage que notre modernité de l’époque transmet à nos enfants.À ruminer sans modération.”