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L’écotourismeOu
Comment concilier ressources naturelles et humaines pour un développement durable
Introduction
• Prise de conscience de la nécessité de protéger l’environnement de plus en plus forte.
• Aujourd’hui, 102 000 sites terrestres et marins couvrent 4 % de la surface du globe.
• Mais la durabilité de ces sites est menacée : - protection efficace très coûteuse. - souvent en conflit avec les communautés locales
• De plus en plus de gestionnaires font appel à des activités écotouristiques.
Comment assurer la pérennité de ces aires protégées ?
Écotourisme est-il une solution viable pour concilier protection environnementale et développement socio-économique ?
Sommaire
Le concept écotourisme
La planification de l’écotourisme
Exemple d’écotourisme à Madagascar
1. Le concept d’« écotourisme »
1.1. Qu’est-ce que l’écotourisme?
Qu’est-ce que l’écotourisme ?• Écotourisme = notion récente, souvent
utilisée abusivement
• Tourisme = « activités de personnes voyageant vers des endroits à l'extérieur de leur milieu habituel et séjournant dans ces endroits pendant moins d'une année consécutivement à des fins de loisir, d'affaires ou à d'autres fins » (source OMT).
Nécessité d’une définition claire et précise
Qu’est-ce que l’écotourisme ?
• Deux formes principales de tourisme : tourisme classique et tourisme alternatif
• Tourisme alternatif = nouvelle forme de tourisme, en opposition à la forme classique. Différentes dénominations : le tourisme vert, le tourisme responsable, le tourisme social et le tourisme équitable
Qu’est-ce que l’écotourisme ?
• Écotourisme = combinaison nouvelle de différentes formes de tourisme alternatif
• Première définition (1990) : « il s’agit d’un voyage responsable dans les aires naturelles qui préserve l’environnement et augmente le bien-être des populations locales »
Source : Société Internationale d’Écotourisme
Quelle est la place de l’écotourisme ?
Qu’est-ce que l’écotourisme ? • Définition actuelle (1999) : « Cette modalité
touristique responsable face à l’environnement et qui consiste à voyager dans des aires naturelles dans le but d’apprécier et de profiter de la nature, […] tout en promouvant la préservation, en ayant un impact de visite minimal et en privilégiant une intégration active qui apporte des bénéfices socio-économiques aux populations locales. »
Source : Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN)
Qu’est-ce que l’écotourisme ?
• Six critères principaux : (The Nature Conservancy)
- Avoir un faible impact sur les ressources de l’aire naturelle protégée.
- Intégrer les différents acteurs (les particuliers, les communautés, les opérateurs touristiques et les institutions gouvernementales) lors des phases de planification, développement, mise en œuvre et suivi.
Qu’est-ce que l’écotourisme ?
- Respecter les cultures et les traditions locales. - Générer des revenus durables et équitables pour
les communautés locales et pour le plus d’acteurs impliqués possibles, y compris les opérateurs touristiques privés.
- Produire des revenus qui seront destinés à la préservation des aires protégées.
- Éduquer tous les acteurs engagés quant à leur rôle dans la préservation.
1.2. Naissance et développement de l’écotourisme
Naissance et développement de l’écotourisme
• Tourisme = une des 1ère industries mondiales - les recettes du tourisme international ont atteint 733
milliards $ en 2006, soit 2 milliards $ par jour. - le tourisme représente 35 % des exportations mondiales
de services et plus de 70 % de celles des Pays les Moins Avancés (PMA).
- 1,6 milliard d’arrivées de touristes internationaux prévues pour le monde entier en 2020. (croissance moyenne de 6,5% par an depuis 1950)
Répartition mondiale du tourisme (Source OMT, 2004)
Naissance et développement de l’écotourisme
• Mais plusieurs problèmes : - à l’origine, tourisme de masse dans les PMA - recherche de rentabilité à court terme - génère peu de revenus aux populations locales
Tourisme engendre surtout une dégradation des sites naturels et des conditions de vie des communautés locales
Naissance et développement de l’écotourisme
• Début des années 80 : prise de conscience environnementale qui se répercute sur le tourisme
• Depuis, augmentation de la demande en tourisme dit « responsable », reconnaissance mondiale du concept « écotourisme » (2002 : Année Internationale de l’Écotourisme, sommet annuel de l’écotourisme)
Apparition du tourisme « alternatif », et finalement de l’écotourisme en 1990
Naissance et développement de l’écotourisme
• Aujourd’hui : écotourisme = croissance la plus forte, tout type de tourisme confondu (entre 10 et 15% par an, source : Conseil mondial du voyage et du tourisme)
• Développement principal dans les PMA (surtout Amérique centrale, Afrique tropicale et Asie du Sud-est)
Certifications et labels• Beaucoup d’opérateurs touristiques privés profitent du succès du
concept pour en abuser.
• Système de management environnementaux (ISO 14001, EMAS)
• Création d’un label et de certificats « écotourisme » pour garantir le professionnalisme de l’activité (Certification for Sustainable Tourisme, Nature and Ecotourisme Accreditation Programme, …)
Comment garantir le respect des critères environnementaux économiques et sociaux ?
Intérêt supplémentaire : engagements volontaires souvent en amont des cadres légaux
1.3. Les acteurs de l’écotourisme
Les acteurs de l’écotourisme• Large gamme d’acteurs présentant des intérêts et
des objectifs divergents impliqués dans l’écotourisme.
• Clé du succès = formation de partenariats solides, nécessaires pour atteindre les objectifs multiples de préservation et de développement équitable.
Il est indispensable de planifier à l’avance la mise en place de l’écotourisme pour s’assurer que chaque acteur joue son rôle et en bénéficie.
Les acteurs de l’écotourisme• Ils peuvent être classés suivant les
catégories suivantes : - personnels des aires protégées - particuliers et organisations de la communauté - membres du secteur privé de l’industrie et du tourisme - fonctionnaires issus d’organisations gouvernementales ou non gouvernementales - intervenants secondaires
Les gestionnaires des aires protégées
• En général, ce sont des biologistes, des botanistes ou des spécialistes animaliers
• Ils doivent guider les intérêts de tous les intervenants de l’écotourisme de manière à les accorder au bénéfice des aires protégées et de leurs objectifs de préservation.
Rôle fondamental dans l’écotourismeApport essentiel pour créer des programmes d’éducation sur l’environnement et du suivi des impacts
Les communautés locales= gens vivants sur les aires protégées ou aux alentours.
• Acteurs particuliers pour plusieurs raisons : - pour tous les autres acteurs, écotourisme a un sens
essentiellement économique, mais ici il représente un bouleversement de la vie quotidienne.
- entrée dans le tourisme souvent involontaire souvent mal perçue.
- groupe souvent hétérogène, nombreux points de vue différents pas facile d’arriver à un consensus.
Les communautés locales• Rôles dans l’écotourisme : - leur territoire et leur lieu de vie attirent les touristes.
- acteurs clés pour la préservation des ressources naturelles - connaissances locales et traditionnelles = composante clé
de l’éducation des touristes.
Doivent participer activement à la prise de décision concernant la planification et la gestion.
Les industriels du tourisme
• Tourisme = industrie de masse, employant une multitude de personnes dans des métiers très différents (opérateurs, transporteurs, restaurateurs, artisans, guides …).
Secteur complexe avec lequel les personnels des aires protégées et les communautés doivent se familiariser pour former des partenariats.
Dénominateur commun : réaliser des bénéfices économiques
Les industriels du tourisme
Ils sont nécessaires au développement de l’écotourisme pour deux raisons : - ce sont les plus aptes à évaluer les tendances et
les modes du tourisme actuel. - ils interviennent en amont : ils sont en mesure
d’influencer les voyageurs en faisant la promotion de l’écotourisme.
Les fonctionnaires gouvernementaux
• Principalement des fonctionnaires de haut niveau, travaillant dans divers services (tourisme, ressources naturelles, éducation, finances, transport, etc…).
• De nombreux rôles : - directeur : coordonnent les objectifs du pays concernant
l’écotourisme.
- responsables de toutes les infrastructures (tourisme, transport, santé,…)
- sont en mesures de promouvoir l’écotourisme (campagne nationale, sites spécifiques)
Peuvent proposer un plan national (ex: Australie), ou des plans spécifiques sur les aires protégées (tarifs d’admission, répartition des recettes, pratiques du secteur privé).
Les ONG• Diverses sortes : - association touristique à but lucratif (composées
d’opérateurs touristiques, d’hôtelier, autre organisation de voyage).
- groupes privés qui se consacre à la conservation et au développement, ou même dédiés à l’écotourisme.
• Sphère d’action peut être locale, régionale ou internationale.
• Principalement rôle de médiation entre les acteurs, offrant parfois un appui technique et financier, ou chargé directement de la gestion des sites (cas à Madagascar).
• Parfois rôle d’éducation.
Partenariats nécessaires pour un écotourisme réussi
1.4. Avantages et menaces de l’écotourisme
Un instrument efficace de gestion des aires protégées
• Stratégie adaptée pour réduire la pression du tourisme sur la biodiversité.
• Génère des revenus directs pour l’aire protégée (droits d’admissions).
• Améliore les rapports entre les communautés locales et les administrations des aires protégées.
• Peut se révéler une meilleure option que d’autres activités économiques rivales (déforestation, braconnage,…).
Justifie l’existence des aires protégées
Un atout pour les communautés locales
• Instaure un revenu durable : création direct d’emplois dans les aires protégées, développement de l’artisanat local, restauration,…
• Améliore les services : création d’infrastructures (transport, éducation, santé,…)
• Affirmation culturelle des habitants de part l’intérêt et le respect que leur portent les visiteurs.
Menaces potentielles de l’écotourisme
• Dégradation des aires protégées : trop grand afflux de touristes, même « responsables », perturbe les écosystèmes.
• Augmentation des prix : population locale doit payer le même prix que les touristes pour accéder aux services.
• Instabilité démographique, liée à une arrivée massive de populations attirées par la « mane » financière.
Pour éviter ces problèmes, il est nécessaire d’étudier au préalable tous ces impacts et d’élaborer un plan de gestion pour les minimiser.
2. Planification de l’écotourisme :
Planification de l’écotourisme• Phase la plus complexe de la mise en place de
l’écotourisme : énormément de facteurs à prendre en compte (impacts environnementaux, sociaux, économiques)
• Ensemble des acteurs se réunissent en une équipe de planification gérée par le gestionnaire de l’aire, pour élaborer un plan de gestion général, indiquant :
- objectifs de gestions spécifiques (répartition par zones). - stratégies et programmes pour atteindre ces objectifs.
Ligne directrice pour les gestionnaires.
Constituer une équipe de planification
Réunir des informations/diagnostics
Mise en œuvre et évaluation du plan
Trouver des fonds
Fonctionnaires gouvernementaux
Opérateurs privés
Décision de préparer un plan de gestion de l’écotourisme
Gestionnaire des aires protégées
Communautés locales
Analyse des données
Scientifiques
Élaborer le plan
Équipe de planificationPublier et distribuer le plan
ONGPouvoirs locaux
Planification de l’écotourisme
• Plans de gestion spécifiques : complètent le plan général en détaillant la gestion d’un site particulier de l’aire ou d’une activité.
• Élaboré par la même équipe, il fournit la vision des différents acteurs et le schéma de fonctionnement de l’activité permettant d’atteindre les objectifs de conservations et de revenus.
Plan de gestion de l’écotourisme (PGE)
Élaboration du PGE• Étape primordiale, se déroulant en quatre phases : - évaluation préliminaire du site - diagnostic complet du site - analyse des données et préparation du plan - mise en place du plan de gestion
Étape à durée variable selon plusieurs facteurs (fonds, situation touristique, efficacité de l’équipe de planification, volume de détails,…)
Étape très coûteuse : nécessite des fonds externes (aide internationale, état, …)
Mesure du degré de réussite• Après la mise en place du PGE, il est nécessaire de vérifier
régulièrement son bon fonctionnement.
- La pression sur la biodiversité a-t-elle diminuée ? - L’écotourisme génère-t-il des recettes ? Sont-elles utilisées en faveur de la conservation ? - Les communautés locales reçoivent-elles des bénéfices
économiques ?
• Effectuer le suivi des impacts, selon la méthode des Limites de Changement Acceptable (LCA)
PGE doit fournir des indicateurs de viabilité qui évaluent les progrès par rapport aux objectifs fixés.
3. Exemple d’écotourisme à Madagascar
Écotourisme à Madagascar
Raisons de ce choix : - fait partie des PMA les plus pauvres (70 % sous seuil de
pauvreté). - possède une diversité naturelle extraordinaire. - dégradation environnementale très rapide. - tourisme en pleine expansion. - volonté politique forte pour la préservation du patrimone
naturel.
Capital touristique 4ème île du monde (587 000 km2)
régions touristiques divisées en cinq milieux différents :
• les territoires centraux, avec le massif volcanique de l’Andringintra.
• les côtes des îles vierges.
• la côte du Capricorne, avec ces récifs coralliens.
• la côte des Contrastes, savane semi-aride et forêt tropicale.
• la côte du Bois de Rose et du Palissandre, forêt primaire (mangrove).
Capital touristique
• Marché du tourisme dans l’Océan Indien augmente de 9 à 13 % par an, soit presque le double du marché mondial (source : Ministère du tourisme de Madagascar).
• Retard important de Madagascar : seulement 0,01 % du marché mondial.
• Mais contribution du tourisme au PIB très importante : 16 %, contre 7 % pour l’agriculture (source : OCDE).
Depuis 1990, volonté politique de sauvegarder les richesses naturelles tout en développant l’économie, notamment à travers l’écotourisme.
Capital écotouristique• 3 % du territoire couvert par les parcs nationaux (PN), les aires protégées (RS) et les réserves spéciales (RNI).
• Nombreuses réserves privées et sites classés RAMSAR (convention sur la protection des zones humides) réparties sur tout le territoire.
• Patrimoine culturel important grâce à l’artisanat local et aux traditions.
Une demande forte
• Croissance constante des arrivées jusqu’en 2002, avec 172 000 touristes par an, principalement France et Italie (depuis, crise politique a entraîné perte de confiance, mais retour progressif).
• 55 % des touristes pratiquent des activités écotouristiques durant leur séjour.
Une forte volonté gouvernementale
• Dès 1989, mise en place du Plan National d’Action Environnemental, divisé en 3 phases :
- de 91 à 96 : intégration de toutes les activités prioritaires ayant trait à l’environnement dans un seul programme.
- de 97 à 2002 : approche décentralisée = transfert de la gestion de l’environnement et des ressources aux collectivités locales.
- depuis 2002 : collaboration étroite entre tout les acteurs pour le développement de l’écotourisme.
• Parallèlement, création de nombreuses infrastructures touristiques.
Résultats • Développement rapide de l’écotourisme (16 % du tourisme
malgache), notamment grâce à l’ANGAP et de quelques ONG.
• Développement économique des régions pauvres (apports financiers, création d’emploi, d’infrastructures).
• Sensibilisation à l’environnement importante auprès des communautés locales.
Mais de nombreuses limites :
- infrastructures toujours insuffisantes pour atteindre l’objectif de développement.
- retombées financières aux collectivités locales insuffisantes pour empêcher l’exploitation des ressources naturelles (déforestation, pêche).
- manque de formation et de qualification limitent la création d’emplois (seul 50 % des salariés sont issus de la population locale).
- effet positif sur l’environnement très controversé en l’absence d’une véritable étude scientifique.
Conclusion• Écotourisme = solution intéressante pour la gestion des zones protégées car il
permet de concilier les objectifs de préservations avec un développement économique et social.
Mais il existe de nombreuses limites : • Pas applicable à toutes les aires protégées• Complexe : nécessite une réflexion longue avant la mise en place et un suivi
permanent pour être efficace.• Nombreux abus du concept.
Cependant c’est un concept très jeune, en développement, donc peu de données pour dresser un bilan objectif de l’écotourisme.
S’inscrit parfaitement dans la thématique du développement durable.
Des questions ?