ou Ça sent la chair fraîche ! - Didier Jeunesse · 2013-09-10 · norvégien, à la redoutable...

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Édito Figure emblématique des contes s’il en est une, l’ogre cache pourtant bien son jeu… C’est le dévoreur d’enfants, l’empêcheur de grandir tranquille, l’adulte écrasant et pourtant renversable. Car le héros va prouver qu’il est petit mais malin… et le lecteur, qu’il est plus fort que ses peurs et ses propres pulsions. Nous avons donné la parole à Jean-Pierre Kerloc’h, adaptateur du Petit Poucet, et à Céline Murcier, directrice de la collection de contes « À petits petons », qui les ont côtoyés de près… Ils en dressent un portrait vivant et à multiples facettes. Les ogres n’ont pas fini de faire parler d’eux ! n°2 1 février 2002 Pour faire connaître La Lettre de Didier Jeunesse, merci de renvoyer ce coupon à Didier Jeunesse, « La Lettre de Didier Jeunesse », 4, rue de la Sorbonne, 75005 Paris. Établissement............................................................................................................. Nom prénom............................................................................................ Adresse..................................................................................... Code postal ......................................................... Ville........................................................ Profession ......................... ............................ La prochaine Lettre (fin avril) aura pour thème : « Plaisir des mots, apprentissage du langage ». Les Éditions Didier - 13, rue de l’Odéon - 75006 Paris - tél : 01 53 73 70 53 D ’un bout à l’autre du monde, chaque culture a ses mangeurs et ses mangeuses d’enfants. Gare au Troll norvégien, à la redoutable Yamamba japonaise, à la Tseriel berbère, la Baba-Yaga russe, l’Ogresse aux longues oreilles (dont l’une sert de matelas et l’autre de couverture) de Sibérie ! Rien qu’ en France, il existe de nombreuses variantes régionales de l’ogrerie,tel le Sarrazin breton ou le Tartaro basque. La plupart des ogres (et ogresses) sont effrayants par leur taille gigantesque, leur force herculéenne et leur apparence repoussante, mais surtout parce qu’ils se nourrissent de chair humaine. Les ogres ressemblent aux humains qui les ont imaginés, mais ils appartiennent à « l’autre monde ». Ce sont des créatures surnaturelles qui incarnent le mal et jouent, dans les contes, le rôle de l’antagoniste méchant, terriblement méchant. Les pouvoirs magiques des ogres, leur capacité à se métamorphoser en tout objet ou être animé de leur choix, les rendent d’autant plus dangereux. Ils vivent le plus souvent à l’écart des hommes, au cœur de la forêt – lieu symbolique où tout est possible –, dans la montagne ou d’autres lieux reculés… Ces êtres sauvages ont parfois plusieurs têtes, hirsutes et couvertes de poux. Leur bouche, large comme un gouffre, est pleine de dents tranchantes comme des couteaux. Leur vue, en revanche, est le plus souvent faible au point de ne pas pouvoir distinguer un doigt d’enfant d’une queue de rat ! Ce handicap est compensé par un odorat surdéveloppé : les ogres reniflent la « chair fraîche » de très loin et il est difficile de leur donner le change sur ce point. Il n’y a que leur propre odeur qu’ils semblent ne pas remarquer… Si nombre d’ogres et d’ogresses vivent en solitaire, certains mènent une vie de famille, tel l’Ogre du Petit Poucet ou la Baba-Yaga des contes russes. Hélas – ou heureusement ? – la bestialité des ogres, leur empressement à manger ce qu’ils ont à portée de crocs sont tels qu’ils vont parfois jusqu’à dévorer leur propre progéniture, s’apercevant trop tard de la terrible méprise. Mais comment résister à ses pulsions voraces quand on n’a pas appris à se dominer, que la vie en société ne vous a pas inculqué le tabou de l’anthropophagie et qu’on a de surcroît un Q.I. rikiki ? C’est que l’ogre n’est guère malin – à la différence de l’ogresse, en général plus intelligente et plus fourbe. Tous ces monstres dévorants sont dotés d’une remarquable longévité, mais ils sont mortels, comme les humains. Les héros des contes ont fort à faire pour en venir à bout, mais les petit(e)s rusé(e)s trouvent toujours la bonne idée pour pousser ces brutes à la faute et les anéantir. En attendant, que de frayeurs et de terribles péripéties il aura fallu expérimenter ! Certains héros ont toutefois la chance de tomber sur des ogres au tempérament protecteur dont ils parviennent à se faire des alliés précieux, voire à s’en faire adopter comme s’ils étaient leurs propres enfants. Les ogres et ogresses, on le voit, sont des êtres ambigus qui réservent parfois bien des surprises… On remarquera que la plupart des histoires pour petits tournent autour du thème de la nourriture, de la gourmandise et de la dévoration. S’il est vital de manger, il est tout aussi vital de ne pas se faire manger ! Les histoires d’ogres (Qu’importe le dévoreur – ogre, loup, sorcière, ours ou crocodile… – pourvu qu’on ait la frayeur !) permettent aux enfants de mettre un « visage » sur ce qui leur fait peur et, en s’identifiant au héros débrouillard, de prendre des distances, de jouer avec cette terreur ancestrale, archaïque, d’être mangés. Ça fait du bien d’avoir peur quand on sait qu’on ne risque rien ! Céline Murcier Céline Murcier est documentaliste et bibliothécaire jeunesse. Chez Didier jeunesse, elle dirige la collection « À petits petons ». En 1996, elle est à l’initiative de La feuille de chou, un calendrier de tous les spectacles de contes en Ile-de-France. Depuis cinq ans, elle assure la programmation régulière de conteurs dans un café littéraire. Petite bibli og r aphie… Virginie Amilien, Le Troll et autres créatures surnaturelles dans les contes populaires norvégiens, Berg International, 1996 (Faits et représentations) Najima Thay Thay Rhozali, L’Ogre entre le réel et l’imaginaire dans le conte populaire du Maroc, L’Harmattan, 2000 (Critiques littéraires) Geneviève Calame-Griaule, « Une affaire de famille », in Des cauris au marché : Essais sur des contes africains, Mémoires de la Société des africanistes, 1987, pp. 85-119 Jean-Loïc Le Quellec, « Juste un mot : ogre », in La Mandragore, n° 2, 1998, pp. 151-156 Pierre Péju, « Saveurs du merveilleux (ogre français, ogresse germanique) », in Dire, n° 19, juin-juillet-août 1993, pp. 11-18 Muriel Bloch, « Autour du conte comme nourriture », in Nourritures d’enfance souvenirs aigres-doux, Autrement, Série Mutations, n° 129, avril 1992, pp. 122-136 L e s o g r e s ou Ça sent la chair fraîche !

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Édito

Figure emblématiquedes contes s’il en est une,l’ogre cache pourtant bienson jeu… C’est le dévoreurd’enfants, l’empêcheur de grandirtranquille, l’adulte écrasant et pourtantrenversable. Car le héros va prouver qu’il estpetit mais malin… et le lecteur, qu’il est plus fort que ses peurs et ses propres pulsions.

Nous avons donné la parole à Jean-PierreKerloc’h, adaptateur du Petit Poucet, et àCéline Murcier, directrice de la collectionde contes « À petits petons », qui lesont côtoyés de près… Ils en dressent un portrait vivantet à multiples facettes.

Les ogres n’ont pas finide faire parler d’eux !

n°2

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Les Éditions Didier - 13, rue de l’Odéon - 75006 Paris - tél : 01 53 73 70 53

D’un bout à l’autre du monde, chaque culture a ses mangeurs et ses mangeuses d’enfants. Gare au Trollnorvégien, à la redoutable Yamamba japonaise, à la Tseriel berbère, la Baba-Yaga russe, l’Ogresse aux

longues oreilles (dont l’une sert de matelas et l’autre de couverture) de Sibérie ! Rien qu’ en France, il existe denombreuses variantes régionales de l’ogrerie, tel le Sarrazin breton ou le Tartaro basque.

La plupart des ogres (et ogresses) sont effrayants par leur taille gigantesque, leur force herculéenne et leurapparence repoussante, mais surtout parce qu’ils se nourrissent de chair humaine.Les ogres ressemblent aux humains qui les ont imaginés, mais ils appartiennent à « l’autre monde ». Ce sontdes créatures surnaturelles qui incarnent le mal et jouent, dans les contes, le rôle de l’antagoniste méchant,terriblement méchant. Les pouvoirs magiques des ogres, leur capacité à se métamorphoser en tout objet ouêtre animé de leur choix, les rendent d’autant plus dangereux.Ils vivent le plus souvent à l’écart des hommes, au cœur de la forêt – lieu symbolique où tout est possible –,dans la montagne ou d’autres lieux reculés… Ces êtres sauvages ont parfois plusieurs têtes, hirsutes et couvertes de poux. Leur bouche, large comme ungouffre, est pleine de dents tranchantes comme des couteaux. Leur vue, en revanche, est le plus souvent faibleau point de ne pas pouvoir distinguer un doigt d’enfant d’une queue de rat ! Ce handicap est compensé parun odorat surdéveloppé : les ogres reniflent la « chair fraîche » de très loin et il est difficile de leur donner le change sur ce point. Il n’y a que leur propre odeur qu’ils semblent ne pas remarquer… Si nombre d’ogres et d’ogresses vivent en solitaire, certains mènent une vie de famille, tel l’Ogre du PetitPoucet ou la Baba-Yaga des contes russes. Hélas – ou heureusement ? – la bestialité des ogres, leurempressement à manger ce qu’ils ont à portée de crocs sont tels qu’ils vont parfois jusqu’à dévorer leur propreprogéniture, s’apercevant trop tard de la terrible méprise.Mais comment résister à ses pulsions voraces quand on n’a pas appris à se dominer, que la vie en société ne vous a pas inculqué le tabou de l’anthropophagie et qu’on a de surcroît un Q.I. rikiki ? C’est que l’ogre n’estguère malin – à la différence de l’ogresse, en général plus intelligente et plus fourbe.Tous ces monstres dévorants sont dotés d’une remarquable longévité, mais ils sont mortels, comme les humains. Les héros des contes ont fort à faire pour en venir à bout, mais les petit(e)s rusé(e)s trouventtoujours la bonne idée pour pousser ces brutes à la faute et les anéantir. En attendant, que de frayeurs et deterribles péripéties il aura fallu expérimenter ! Certains héros ont toutefois la chance de tomber sur des ogres au tempérament protecteur dont ils parviennent à se faire des alliés précieux, voire à s’en faire adopter comme s’ils étaient leurs propres enfants.Les ogres et ogresses, on le voit, sont des êtres ambigus qui réservent parfois bien des surprises…On remarquera que la plupart des histoires pour petits tournent autour du thème de la nourriture, de lagourmandise et de la dévoration. S’il est vital de manger, il est tout aussi vital de ne pas se faire manger ! Leshistoires d’ogres (Qu’importe le dévoreur – ogre, loup, sorcière, ours ou crocodile… – pourvu qu’on ait lafrayeur !) permettent aux enfants de mettre un « visage » sur ce qui leur fait peur et, en s’identifiant au hérosdébrouillard, de prendre des distances, de jouer avec cette terreur ancestrale, archaïque, d’être mangés.

Ça fait du bien d’avoir peur quand on sait qu’on ne risque rien !Céline Murcier

Céline Murcier est documentaliste et bibliothécaire jeunesse. Chez Didier jeunesse, elle dirige la collection « À petits petons ».En 1996, elle est à l’initiative de La feuille de chou, un calendrier de tous les spectacles de contes en Ile-de-France.

Depuis cinq ans, elle assure la programmation régulière de conteurs dans un café littéraire.

Petite bibliographie…

• Virginie Amilien, Le Troll et autres créatures surnaturelles dans les contes populaires norvégiens, Berg International, 1996 (Faits et représentations)

• Najima Thay Thay Rhozali, L’Ogre entre le réel et l’imaginaire dans le conte populaire du Maroc, L’Harmattan, 2000 (Critiques littéraires)

• Geneviève Calame-Griaule, « Une affaire de famille », in Des cauris au marché : Essais sur des contes africains, Mémoires de la Société des africanistes, 1987, pp. 85-119

• Jean-Loïc Le Quellec, « Juste un mot : ogre », in La Mandragore, n° 2, 1998, pp. 151-156

• Pierre Péju, « Saveurs du merveilleux (ogre français, ogresse germanique) », in Dire, n° 19, juin-juillet-août 1993, pp. 11-18

• Muriel Bloch, « Autour du conte comme nourriture », in Nourritures d’enfance souvenirs aigres-doux, Autrement, Série Mutations, n° 129, avril 1992, pp. 122-136

Lesogres

ou Ça sent la chair fraîche !

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Ce texte a été concocté par Praline Gay-Para à partir de deuxversions libanaises ; le motif des gâteaux au miel, lui, est

emprunté à une version tunisienne.

D’ordinaire surféminisée, avec ses gros seins qu’elle rejette surses épaules (et que le héros de nombreux contes doit s’empresserde téter avant qu’elle n’ait le temps de réagir, pour s’attirer sesbonnes grâces), la ghoule, ogresse d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, est ici dotée d’une queue. Cet attribut animal inhabituel la rapproche des antagonistes des différentes versions de ce contesi prisé des petits, où le monstre est tantôt une hyène, tantôt unlion, un chacal, un ours, un loup…

C. M.

L’ogresse et les sept chevreaux,

texte de Praline Gay-Para, illustrations de Martine Bourre

Ce conte, voisin de celui du Petit Chaperon rouge, inconnu enFrance, se rencontre essentiellement en Italie. La plupart des

versions recensées mettent en scène des protagonistes féminins,une fillette et une ogresse.Notre Pietrino, lui, est un petit garçon malicieux et gourmand quien fait voir de toutes les couleurs à cet horrible Babborco (babbo =papa, orco = ogre). Certes, le petit passe un mauvais quart d’heurequand l’ogre, furieux d’avoir été dupé, fait intrusion dans la sécuritédu foyer familial et le terrorise en annonçant de sa grosse voixson approche pas après pas. Certes, Babborco (qui n’avait rienmangé de la journée) avale le garçon. Mais il a, et c’est heureux,négligé un détail de taille : la mère de Pietrino…

C. M.

L’ogre Babborco,

texte de Muriel Bloch, illustrations d’Andrée Prigent

L ’ O g r e B a b b o r c o L ’ O g r e s s e

e t l e s s e p t c h e v r e a u x

1

Comment j’ai croqué l’Ogre et le Petit Poucet

Pas si facile de reprendre

le chemin suivi par un

grand écrivain classique !

Même s’il est semé de petits

cailloux blancs…

Respectant la trameoriginelle du conte deCharles Perrault, j’ai choiside traiter l’histoire et lespersonnages à la manièred’un caricaturiste.

Pour moi, le Petit Poucet,c’est le vilain petit canard,le petit dernier de la familleet de la classe. Aujourd’hui,on l’enverrait dans unestructure médico-pédagogique spécialisée.Rendez-vous compte, il a un retard de croissance etun blocage verbal ! Il est

peut-être autiste, Madame !Mais n’ayez pas peur, ilprendra bientôt sa revanche.

Quant à l’Ogre, j’ai souhaitéadoucir son côté sanglant,serial killer d’enfants,égorgeur de ses propres filles.

Mon ogre à moi s’appelleGargouillagoulot.Tout unprogramme ! Gros bouffeur,grand buveur, à la manièrede Gargantua. De ses cinqsens, il n’a gardé quel’odorat et le goût, un goûtpas très raffiné d’ailleurs.Il ne connaît que l’odeur dela chair fraîche ; et sonénorme bouche, lorsqu’ellen’est pas gavée, réclame enson langage ogresquemangeailles, boustifailles,

charcutailles et autresripailles. Je l’ai voulu plusbête que méchant… Il finiravégétarien.

Son épouse, dévouée etsoumise (mais elle aussi aurasa revanche), s’ingénie à inventer des raffinementsgastronomiques, dignesd’un Gault et Millau pourgoinfres de barbarie, afin decombler l’appétit glouton etla ventrouille de son mari :citrouilles garnies denouilles et d’andouilles etautres foies d’oies à la nagedans un potage aufromage…

Est-il nécessaire d’ajouterque je me suis régalé enmitonnant cette histoire, en

jouant avec les mots, les clinsd’œil et les énormités ?

J’aimerais que les lecteursprennent autant de plaisir à le lire que j’en ai pris à l’écrire. La meilleuremanière de la dégusterétant, à mon avis, de lapartager entre petits etgrands par une joyeuse etgaillarde lecture à haute voix.

Jean-Pierre Kerloc’h

Jean-Pierre Kerloc’h est agrégé deLettres. Chez Didier jeunesse, il aréécrit Peau d’âne (illustré par ÉricBattut) et Le Petit Poucet (illustrépar Isabelle Chatellard).

Les Norvégiens grandissent avec les histoires de trolls (lesenfants turbulents se font même traiter de « vilains trolls »

par leurs parents) et tous connaissent le conte des trois boucs.

Les trolls, équivalents scandinaves des ogres, symbolisent la puissance du mal. Ces géants d’allure bestiale sont doués d’uneforce prodigieuse. Ils hantent les forêts, les montagnes et viventsous les ponts, « et ceux qui passent au-dessus, ils les mangenttous crus ! »

Méchants, hideux, ils sont dotés de une à douze têtes (parfoisencore bien plus), ce qui fait autant de bouches voraces !

Mais les trolls ont aussi un gros défaut, c’est d’être naïfs etcrédules, au point de se laisser abuser par de simples boucsdéterminés et gourmands. Et ça, c’est une bonne nouvelle !

C. M.

Les trois boucs,

texte de Jean-Louis Le Craver,

illustrations de Rémi Saillard

Terriblement effrayant, mais terriblement bête,

c’est la bonne nouvelle de ce conte…

Un conte qui illustre les rapports complexes

qui existent entre dévorants et dévorés. Bestiale ou maternelle, dévoreuse ou

protectrice… Les deux figures féminines

s’affrontent en un combat sans merci.

« Meuf alabouf aboule ragougnasse et vinasse fissa fissa »

L e s t r o i s b o u c s

L’ogresse à la queue lisse, deux essais à la gouache de Martine Bourre pour L’ogresse et les sept chevreaux.C’est l’ogresse à la queue d’animal qui l’a emporté.

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Aussi velu que les trois boucs, la bouche pleine de dents acérées, le trollde Rémi Saillard emprunte ses traits autant à l’homme qu’à l’animal.