Ostéomyélite chronique des os longs : efficacité de l’agressivité dans l’exérèse suivie...

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SÉLECTION DES ANALYSES DU CENTRE DE DOCUMENTATION DE LA SOFCOT 793 Ostéomyélite chronique des os longs : efficacité de l’agressivité dans l’exérèse suivie d’irrigation L’équipe de Sheffield rapporte son expérience de traitement de l’ostéomyélite chronique des os longs par le procédé de Lauten- bach. C’est une série prospective et consécutive de 17 patients (18 segments), âgés en moyenne de 37 ans (17 à 53). L’origine est dans tous les cas post-traumatique et les lésions infectieuses évoluaient en moyenne depuis 12,5 ans (1 à 31). Neuf cas étaient en pseudarthrose et parmi les fractures consoli- dées, 2 nécessitaient des corrections d’axes. Les observations sont rapportées sur le tableau II et la bactériologie sur le tableau III. La technique est décrite avec force détails. Elle associe un débri- dement complet avec exérèse de tous les tissus infectés ou morti- fiés, un alésage intramédullaire très poussé suivi d’un grand lavage au sérum sous pression et de la mise en place de deux drains à double courant placés l’un par l’extrémité supérieure et descendant jusqu’à l’extrémité inférieure de la diaphyse, l’autre par voie inférieure et remontant jusqu’à l’extrémité supérieure de la diaphyse (fig. 2). Ces drains permettent à la fois l’adminis- tration locale d’antibiotiques et le contrôle de la cavité en volume et en bactériologie. Les cultures sont réalisées 2 fois par semaine. Les drains sont retirés quand les produits d’irrigation sont stériles à 3 cultures consécutives, associées aux contrôles sanguins (VS, C–protéine R) et à l’oblitération de la cavité par du tissu vascularisé. Des antibiotiques I-V sont administrés seu- lement pendant 48 heures. La durée moyenne du traitement a été de 27 jours (14 à 48). Un patient a nécessité un deuxième traitement et un autre un deuxième débridement pour récidive de l’infection. 2 patients ont eu un Papineau en raison de défects corticaux. Mais au final, tous les patients ont guéri de leur infection. Le recul est de 75 mois. Après la guérison de l’infection, 3 patients ont bénéficié d’un clou centromédullaire et 4 d’un fixateur externe pour le traite- ment de la pseudarthrose, dont 3 avec allongement réussi. Un patient a été traité par prothèse de hanche. Malgré la guérison de l’infection, deux patients ont du être amputés pour d’autres raisons. L’avantage de cette technique est de permettre un contrôle précis et répété de la situation infectieuse jusqu’à son éradication et l’oblitération complète de la cavité. Dans la discussion, les auteurs font une revue détaillée de la litté- rature sur les différentes méthodes proposées et sur leurs résul- tats dans le traitement de ces infections ostéo-articulaires chroniques. Forts de leurs 95 % de succès, les auteurs recom- mandent donc cette méthode dans tous les cas complexes et d’évolution prolongée ayant résisté aux techniques plus classi- ques associant simple débridement et antibiothérapie. Commentaire : excellent article. Si le nombre de cas est relative- ment restreint, la série est prospective et consécutive, la descrip- tion de la technique est particulièrement détaillée et les résultats bien analysés et reportés sur des tableaux faciles à lire. Cinquante-trois références. The management of chronic osteomyelitis using the Lautenbach method M.A. HASHMI, P. NORMAN, M. SALEH J Bone Joint Surg (Br), 2004, 86, 269-273. Embolie gazeuse dramatique après injection d’eau oxygénée dans l’orifice d’une fiche de fixateur Les deux cas présentés concernent une femme de 48 ans et un homme de 54 ans chez qui, lors de l’ablation des fiches d’un fixa- teur externe, une injection d’eau oxygénée (peroxyde d’hydro- gène (H2 O2) a été faite à la seringue et au cathéter dans un but de désinfection locale. L’injection s’est accompagnée d’un état de choc massif avec arrêt respiratoire et cardiaque. Dans le premier cas, la réanimation a permis la survie, mais au prix de lésions cérébrales irréversibles par encéphalopathie ischémique. Dans le deuxième cas, le diagnostic d’infarctus du myocarde a été associé à celui d’embolie gazeuse avec oblitéra- tion presque complète de l’artère coronaire antérieure gauche qui fut traitée par angioplastie. L’encéphalopathie hypoxémique a presque entièrement récupéré. Etant donnée la fréquence des injections d’eau oxygénée en orthopédie, il faut être prévenu de la possibilité de cette compli- cation, peut être favorisée par l’utilisation concomitante de pro- toxyde d’azote. Le risque est plus important lors de l’injection dans une cavité close, bien qu’une telle complication ait été signalée après ins- tillation dans des plaies ouvertes. Il faut savoir que 10 ml de solution d’eau oxygénée à 6 % de peroxyde d’hydrogène peut produire 200 ml de gaz. Air embolism associated with irrigation of external fixator pin sites with hydrogen peroxide N. HENLEY, D.W.A. CARLSON, D.M. KAEHR, B. CLEMENTS J Bone Joint Surg (Am), 2004, 86, 821-822. MEMBRE SUPÉRIEUR L’interposition tendineuse n’améliore pas les résultats fonctionnels de la trapézectomie La trapézectomie associée à la reconstruction du ligament pal- maire oblique est un traitement de choix de l’arthrose trapézo- métacarpienne, mais faut-il conserver l’écart entre le scaphoïde et le premier métacarpien en réalisant une interposition tendineuse ? Les auteurs viennois ont fait une étude comparative des deux techniques : sans interposition et avec interposition avec un recul moyen de 4 ans. Sur 43 candidats à cette étude randomisée, entre 1995 et 1998, finalement 31 ont accepté de participer et ont été revus au bout de 48 mois en moyenne. Le groupe 1 comprenait 15 patients opérés par trapézectomie et ligamentoplastie à l’aide du flexor carpi radialis. Le groupe 2 comprenait 16 patients opérés par trapézectomie et ligamento- plastie à l’aide du flexor carpi radialis avec interposition tendi- neuse dans la loge du trapèze. Les groupes étaient comparables. La répartition a été faite de manière aléatoire par logiciel infor- matique. La technique opératoire, classique est décrite. L’immobilisation postopératoire est de 3 semaines en orthèse résine et de 3 semaines en attelle. Il n’a pas été de broche. Les résultats ont été évalués sur le plan fonctionnel par deux questionnaires indépendants, de manière objective et du point de vue radiologique. Les résultats fonctionnels et objectifs pour la mobilité sont significativement meilleurs pour le groupe 1 (sans comblement de la loge). Les résultats sont comparables pour la force, la fatigue, l’habileté et la satisfaction. L’aspect radiologique est comparable dans les deux groupes au repos, mais lors des efforts de serrage, l’écart entre le scaphoïde et le premier métacarpien est mieux conservé dans le groupe 2 (avec comblement). Malheureusement, cette meilleure conserva- tion de hauteur n’a pas donné une meilleure force à la prise pouce index que pour le groupe 1.

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Ostéomyélite chronique des os longs : efficacité de l’agressivitédans l’exérèse suivie d’irrigationL’équipe de Sheffield rapporte son expérience de traitement del’ostéomyélite chronique des os longs par le procédé de Lauten-bach. C’est une série prospective et consécutive de 17 patients(18 segments), âgés en moyenne de 37 ans (17 à 53). L’origineest dans tous les cas post-traumatique et les lésions infectieusesévoluaient en moyenne depuis 12,5 ans (1 à 31).Neuf cas étaient en pseudarthrose et parmi les fractures consoli-dées, 2 nécessitaient des corrections d’axes. Les observations sontrapportées sur le tableau II et la bactériologie sur le tableau III.La technique est décrite avec force détails. Elle associe un débri-dement complet avec exérèse de tous les tissus infectés ou morti-fiés, un alésage intramédullaire très poussé suivi d’un grandlavage au sérum sous pression et de la mise en place de deuxdrains à double courant placés l’un par l’extrémité supérieure etdescendant jusqu’à l’extrémité inférieure de la diaphyse, l’autrepar voie inférieure et remontant jusqu’à l’extrémité supérieurede la diaphyse (fig. 2). Ces drains permettent à la fois l’adminis-tration locale d’antibiotiques et le contrôle de la cavité envolume et en bactériologie. Les cultures sont réalisées 2 fois parsemaine. Les drains sont retirés quand les produits d’irrigationsont stériles à 3 cultures consécutives, associées aux contrôlessanguins (VS, C–protéine R) et à l’oblitération de la cavité pardu tissu vascularisé. Des antibiotiques I-V sont administrés seu-lement pendant 48 heures.La durée moyenne du traitement a été de 27 jours (14 à 48). Unpatient a nécessité un deuxième traitement et un autre undeuxième débridement pour récidive de l’infection. 2 patients onteu un Papineau en raison de défects corticaux. Mais au final, tousles patients ont guéri de leur infection. Le recul est de 75 mois.Après la guérison de l’infection, 3 patients ont bénéficié d’unclou centromédullaire et 4 d’un fixateur externe pour le traite-ment de la pseudarthrose, dont 3 avec allongement réussi. Unpatient a été traité par prothèse de hanche.Malgré la guérison de l’infection, deux patients ont du êtreamputés pour d’autres raisons.L’avantage de cette technique est de permettre un contrôle préciset répété de la situation infectieuse jusqu’à son éradication etl’oblitération complète de la cavité.Dans la discussion, les auteurs font une revue détaillée de la litté-rature sur les différentes méthodes proposées et sur leurs résul-tats dans le traitement de ces infections ostéo-articulaireschroniques. Forts de leurs 95 % de succès, les auteurs recom-mandent donc cette méthode dans tous les cas complexes etd’évolution prolongée ayant résisté aux techniques plus classi-ques associant simple débridement et antibiothérapie.Commentaire : excellent article. Si le nombre de cas est relative-ment restreint, la série est prospective et consécutive, la descrip-tion de la technique est particulièrement détaillée et les résultatsbien analysés et reportés sur des tableaux faciles à lire.Cinquante-trois références.The management of chronic osteomyelitis using the LautenbachmethodM.A. HASHMI, P. NORMAN, M. SALEH

J Bone Joint Surg (Br), 2004, 86, 269-273.

Embolie gazeuse dramatique après injection d’eau oxygénéedans l’orifice d’une fiche de fixateurLes deux cas présentés concernent une femme de 48 ans et unhomme de 54 ans chez qui, lors de l’ablation des fiches d’un fixa-

teur externe, une injection d’eau oxygénée (peroxyde d’hydro-gène (H2 O2) a été faite à la seringue et au cathéter dans un butde désinfection locale. L’injection s’est accompagnée d’un étatde choc massif avec arrêt respiratoire et cardiaque.Dans le premier cas, la réanimation a permis la survie, mais auprix de lésions cérébrales irréversibles par encéphalopathieischémique. Dans le deuxième cas, le diagnostic d’infarctus dumyocarde a été associé à celui d’embolie gazeuse avec oblitéra-tion presque complète de l’artère coronaire antérieure gauche quifut traitée par angioplastie. L’encéphalopathie hypoxémique apresque entièrement récupéré.Etant donnée la fréquence des injections d’eau oxygénée enorthopédie, il faut être prévenu de la possibilité de cette compli-cation, peut être favorisée par l’utilisation concomitante de pro-toxyde d’azote. Le risque est plus important lors de l’injection dans une cavitéclose, bien qu’une telle complication ait été signalée après ins-tillation dans des plaies ouvertes. Il faut savoir que 10 ml desolution d’eau oxygénée à 6 % de peroxyde d’hydrogène peutproduire 200 ml de gaz.Air embolism associated with irrigation of external fixator pinsites with hydrogen peroxideN. HENLEY, D.W.A. CARLSON, D.M. KAEHR, B. CLEMENTS

J Bone Joint Surg (Am), 2004, 86, 821-822.

MEMBRE SUPÉRIEUR

L’interposition tendineuse n’améliore pas les résultatsfonctionnels de la trapézectomieLa trapézectomie associée à la reconstruction du ligament pal-maire oblique est un traitement de choix de l’arthrose trapézo-métacarpienne, mais faut-il conserver l’écart entre le scaphoïdeet le premier métacarpien en réalisant une interpositiontendineuse ?Les auteurs viennois ont fait une étude comparative des deuxtechniques : sans interposition et avec interposition avec un reculmoyen de 4 ans.Sur 43 candidats à cette étude randomisée, entre 1995 et 1998,finalement 31 ont accepté de participer et ont été revus au boutde 48 mois en moyenne.Le groupe 1 comprenait 15 patients opérés par trapézectomie etligamentoplastie à l’aide du flexor carpi radialis. Le groupe2 comprenait 16 patients opérés par trapézectomie et ligamento-plastie à l’aide du flexor carpi radialis avec interposition tendi-neuse dans la loge du trapèze. Les groupes étaient comparables.La répartition a été faite de manière aléatoire par logiciel infor-matique.La technique opératoire, classique est décrite. L’immobilisationpostopératoire est de 3 semaines en orthèse résine et de3 semaines en attelle. Il n’a pas été de broche.Les résultats ont été évalués sur le plan fonctionnel par deuxquestionnaires indépendants, de manière objective et du point devue radiologique. Les résultats fonctionnels et objectifs pour lamobilité sont significativement meilleurs pour le groupe 1 (sanscomblement de la loge). Les résultats sont comparables pour laforce, la fatigue, l’habileté et la satisfaction.L’aspect radiologique est comparable dans les deux groupes aurepos, mais lors des efforts de serrage, l’écart entre le scaphoïdeet le premier métacarpien est mieux conservé dans le groupe 2(avec comblement). Malheureusement, cette meilleure conserva-tion de hauteur n’a pas donné une meilleure force à la prisepouce index que pour le groupe 1.