Octavio Alberola

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Le mouvement ouvrier et la révolution antiautoritaire L'anarchisme en Espagne (Recherche bibliographique) Octavio Alberola

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Le mouvement ouvrier et la révolution antiautoritaire. L'anarchisme en Espagne. (Recherche bibliographique)

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Le mouvement ouvrier et  

la révolution antiautoritaire 

L'anarchisme  en Espagne (Recherche bibliographique) 

 

                   Octavio Alberola  

 

 

 

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Le mouvement ouvrier et  

la révolution antiautoritaire 

L'anarchisme en Espagne (Recherche bibliographique) 

Octavio Alberola  Octavio Alberola est anarchiste. Il est né en Espagne, à Alaior, Îles Baléares, en  1928.  Aujourd'hui,  il  vit  à  Perpignan,  France.  En  1939,  il  s’exile  au Mexique avec leurs parents. Dès ce moment, il commencé son militantisme anarchiste dans les Jeunesses Libertaires et à la CNT espagnole au Mexique. En  1962,  il  s’incorpore  à  l'organisation  clandestine  "Défense  Intérieure" constitué par le Mouvement libertaire espagnol après le congrès de la CNT de 1961. Actuellement, il est un des animateurs du "Groupe pour la révision du  procès  Granado­Delgado",  qui  depuis  1998  exige  l'annulation  des sentences  franquistes,  et  du  "Groupe  de  soutien  aux  libertaires  et syndicalistes  indépendants  à  Cuba"  (GALSIC).  Infatigable,  il  collabore également à d'autres initiatives libertaires en Europe. Il est un homme plein d'histoires écrites à travers d’une vie libertaire agitée et intense. 

Extraído de: 

Matériaux pour l'histoire de notre temps,  n° 3‐4, 1985.  http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/issue/mat_0769­3206_1985_num_3_1 

 

« Le mouvement ouvrier et la révolution anti­autoritaire :  l'anarchisme en Espagne » http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mat_0769­3206_1985_num_3_1_403908     

 

http://starm1919.blogspot.com.es/ http://elsetaproducciones.blogspot.com.es/ 

 

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Le mouvement ouvrier et la révolution antiautoritaire  

L'anarchisme en Espagne  

Ce  texte  parut  en  1985  dans  le  numéro  3‐4  de  la  revue Matériaux  pour  l'histoire  de  notre  temps,  éditée  par  la Bibliothèque  de Documentation  Internationale  Contemporaine (BDIC) et dédié à “L'Espagne de 1900­1985”. 

 Consacrer  un  numéro  de  Matériaux  pour  l'histoire  de  notre  temps  aux recherches historiques et aux sources documentaires relatives à  l'Espagne du XXe siècle me paraît être une initiative excellente et très opportune. Non seulement parce que  la parution de  ce numéro coïncide avec  le deuxième anniversaire de la mort de Franco et le soixante quinzième anniversaire de la fondation de la « Confédération Nationale du Travail » (CNT) d'Espagne, mais  aussi  parce  que  nous  allons  célébrer  l'année  prochaine  le cinquantième  anniversaire  de  la  « guerre  civile »  ou  « révolution espagnole ».   Il me semble donc  tout à  fait  justifié d'inclure une contribution consacrée exclusivement  à  l'anarchisme  en  Espagne;  car  je  crois  qu'il  n'est  pas possible de comprendre l'histoire de cette Espagne du XXe siècle, ni celle de cette  révolution  sans  s'attarder  ‐  si  peu  que  ce  soit  ‐  à  l'étude  du  rôle historique joué par les idées et les organisations ouvrières anarchistes dans les  luttes politiques et  sociales menées par  le prolétariat espagnol  tout au long  de  ce  siècle.  Or,  non  seulement  l'historiographie  officielle  (de  l'État franquiste ou monarchique et des partis) a jusqu'à aujourd'hui minimisé et dénaturé  l'action  et  les  réalisations  des  anarchistes  au  cours  de  ce  siècle, mais sur tout très peu d'études rigoureuses et objectives ont été faites pour mesurer  le  poids  réel  de  la  présence  et  de  la  praxis  de  l'anarchisme  en Espagne. Et cela bien que nous sachions tous que ces études permettraient  sûrement  de  mieux  saisir  les  mécanismes  et  les  événements  qui  ont contribué à l'évolution de l'Espagne de 1936 vers la société « consensuelle et démocratique » de nos jours.  Longue et paradoxale évolution d'une société en proie aux contradictions et aux antagonismes internes, les plus flagrants et les plus radicaux, au cours d'un siècle qui a été témoin non seulement de luttes sociales très violentes, mais aussi d'une des tentatives révolutionnaires les plus avancées de notre temps.  Tentative  révolutionnaire  animée,  précisément  et  essentiellement, par les anarchistes.      

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Or,  si  ‐  comme  l'on  dit  couramment  ‐  la  fonction  de  l'historien  dans  la société  « est  de  conserver  les  faits  et  de  les  rendre  intelligibles »,  il  me semble que, dans le cas de l'anarchisme, les historiens manqueraient à leur devoir déontologique et à leur fonction scientifique s'ils ne lui rendaient pas sa place et son rôle dans cette Espagne du XXe siècle. Et cela  tant du point de vue des « faits » que de la possibilité de les rendre intelligibles à partir, précisément, du rôle décisif que dans la plupart des « faits majeurs » de ce siècle ont joué les anarchistes espagnols.  Donc, non seulement par conscience professionnelle mais aussi par l'intérêt que nous avons tous de préserver l'indépendance et le crédit scientifique du « métier »  d'historien  face  aux  pressions  de  tous  les  pouvoirs  et  des tentatives manipulatrices partisanes,  il me semble nécessaire de dénoncer et  de  déplorer  une  fois  de  plus  le  manque  d'objectivité  et  d'honnêteté intellectuelle  des  historiens  qui,  pour  des  raisons  idéologiques  ou obligations  partisanes,  ont  tronqué,  interpolé  ou  se  sont  laissé  aller  aux trous  de  mémoire,  quand  ils  ont  écrit  sur  les  faits  dans  lesquels  les anarchistes espagnols ont été les principaux protagonistes.  Bien  sûr,  la  pression  de  l'histoire  en  train  de  se  faire  et  les  nouvelles possibilités  actuelles  pour  les  chercheurs  indépendants  de  disposer  de sources  documentaires,  jusqu'alors  restés  dans  l'oubli,  n'ont  pas manqué ces  dernières  années  d'ébranler  les  certitudes  de  la  vision  historique officielle sur  l'anarchisme. Dès  lors,  rien de plus normal que quelques‐uns des historiens qui, hier, troquaient, interpolaient ou se sont  laissé aller aux trous de mémoire, quand il s'agissait d'écrire ou de parler des anarchistes, reconnaissent aujourd'hui leurs manipulations et leurs aveuglements.   Mais,  à  dire  vrai,  et  même  si  certaines  institutions  ont  renoncé,  plus  ou moins sincèrement, à contrôler le passé pour essayer d'imposer leurs visées au présent, nous sommes encore dans une situation où  l'histoire générale de  l'Espagne  du  XXe  siècle  reste  marquée  profondément  par  toutes  les tergiversations,  falsifications ou  travestissements que ces  institutions    (ou les historiens qui se sont laissé influencer par elles) ont diffusé à propos de l'anarchisme.  Sans  oublier  que  maintenant  nous  avons  à  faire  face  à  de nouvelles  contrefaçons  de  l'histoire  à  travers  les  improvisations  et simplifications  (pas  toujours  involontaires) diffusées massivement au sein de la société par les tout puissants mass‐médias actuels.   De fait, nous savons tous que l'histoire continue à être un enjeu dans toutes les sociétés, et par là que le contrôle sur la production historique l'est aussi. Dans  ces  conditions,  comment  s'étonner  que  la  « vérité  historique » devienne  suspecte ?  Surtout  quand  elle  sert  de  prétexte  pour  légitimer l'exercice du pouvoir !  

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C'est pour cela que, dressant la liste des concessions exigées par tous ceux qui  croient  avoir  des  droits  sur  l'histoire,  Marc  Ferro  dénonce  l'histoire sous surveillance et se fait le défenseur  ‐ critique ‐ dans un livre récent1, à la  fois opportun et pertinent, d'une histoire en  train de devenir enfin une science grâce aux procédures scientifiques  défendues et appliquées dans la recherche historique par les fondateurs et  les continuateurs de l'École des Annales.  C'est‐à‐dire :  une  histoire  autonome  et  expérimentale,  qui,  pour chercher  les  lois  et  les  principes du développement des  sociétés,  requiert des historiens le devoir « d'étayer leurs analyses   sur des fondements ou des démonstrations  irréfutables »2,  et  non pas  sur une philosophie quelconque de  l'histoire.  Une  histoire  capable  d'englober  et  de  rattacher  l'histoire générale (« avec ses variations et ses variantes, avec ses faits, ses dates et ses événements »)3,  les  micro  évènements  locaux,  la  vie  quotidienne,  les  faits divers et les certitudes particulières dues à l'expérimentation systématique dans l'étude des phénomènes de longue durée.  Il  est  peut‐être  temps,  donc,  d'aborder  ‐  encore  plus  systématiquement  ‐ l'histoire de  l'Espagne du XXe  siècle  (et  aussi  l'antérieure) d'après  l'étude de  toutes  les  données  quantitatives  et  anthropologiques  qui  permettront d'échafauder  des  systèmes  de  corrélations  inédits  et  de  la  confronter impartialement à  toutes  les  visions partisanes de  cette histoire dont nous disposons  aujourd’hui.  Premièrement,  parce  que  très  probablement  les « événements géants » de cette histoire se situent au croisement  de toutes ces  corrélations,  et,  deuxièmement,  parce  que  ces  visions  sont  aussi histoire,    à  condition de  les présenter  comme  telles  « et de considérer que l'inventaire des croyances et des mythes, ces vérités multiples, participe à  la constitution de  l'identité d'un groupe, d'une  famille  spirituelle, d'une région, d'une nation »4. Il  est  urgent  surtout  de  faire  une  critique  sérieuse  de  l'histoire,  de  cette histoire  qu'ont  imposées  les  avant‐gardes  scientifiques  et  les  experts parachutés par les partis aux postes clefs des institutions où est produit le savoir historique officiel. Particulièrement en ce qui concerne les thèses, les légendes  et  les  images  stéréotypées  avec  lesquelles  ce  savoir  a  construit l'histoire de l'anarchisme en Espagne.  

                                                        1 L'Histoire sous surveillance, Calmann‐Lévy, Paris, 1985. 

2 L'Histoire sous surveillance, p. 113 

3 Ibid, p.166 4 Ibid, p.166 

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De  plus,  dans  un  monde  où,  malgré  la  faillite  des  idéologies,  les  beaux discours  continuent  et  où  l'oppression  et  l'avilissement  sont  encore  des valeurs  dominantes,  il  est  nécessaire  ‐  et  de  notre  intérêt  ‐  de  faire  une claire distinction entre  les discours et  les  faits, et aussi un véritable effort d'honnêteté  intellectuelle  pour  appliquer  nos  définitions  aux  uns  et  aux autres:  selon  ce  qu'ils  disent  ou  disaient  vouloir  faire.  En  ce  sens, différencier  discours  et  faits,  et  reconnaître  dans  les  mots  leur  charge éthique et leur sens ontologique ne signifie pas faire de notre démarche une idéologisation camouflée mais, au contraire, nous placer dans un contexte de cohérence sémantique et de conséquence scientifique dans la recherche  de la « vérité » historique et de l'intelligibilité du passé des sociétés ou des mouvements spécifiques des hommes.   Alors,  il  nous  faut  bien  débusquer,  derrière  les  contenus  manifestes  ou latents d'une certaine conscience historique,  ce qui pourrait bien être  son « impensé  radical »  ‐  sans  lequel  l'histoire,  privée  de  tout  projet  global, perdrait  une  partie  de  sa  raison  d'être  ‐  et  opérer  certaines  révisions sémantiques déchirantes. Et cela même au prix de susciter quelques haut‐le‐cœur et des vertiges dialectiques à tous ceux qui, au nom du socialisme scientifique, on refait l'histoire ‐ y compris la leur ‐ pour l'accommoder soit au  parti,  soit  à  la  théorie  ou  au  dogme ;  car  ils  ne  peuvent  plus  produire aujourd'hui de l'histoire scientifique ayant, toujours, refusé à l'histoire son autonomie  et  n'ayant  plus  de  crédit  après  tant  de  reniements  et remaniements  faits  pour  payer  leur  tribut  à  l'illusionnisme  de  la propagande.   Certes, nous savons bien que toute analyse historique ne peut être (et n'est) ni  neutre ni  indifférente,  et  que même du  côté de  tous  ceux qui  ont  écrit, avec  sympathie  ou  impartialité,  sur  l'histoire  de  l'anarchisme  espagnol, beaucoup  ont  péché  par  subjectivité  sinon  par  un  certain  moralisme triomphaliste  pas  toujours  justifié.  Soit  en  valorisant,  au‐delà  de  toute mesure,  le  rôle  joué par  les anarchistes dans certains événements,  soit en dénaturant le rôle des autres forces politiques et sociales ‐ en particulier les communistes.  Au reste, ne sui‐je pas tombé dans semblable piège avec l'ouvrage que nous avons, Ariane Gransac et moi, consacré à  l'anarchisme espagnol et  l'action révolutionnaire :  1962‐19755.  Et  cela,  même  s'il  se  voulait  un  simple témoignage d'une période difficile de la lutte antifranquiste des libertaires espagnols, et même si nous avions commencé à faire ‐ tout en continuant à 

                                                        5  Edité  en  1974  en  espagnol  par  Ruedo  Ibérico  (El  Anarquismo  español  y  la  acción revolucionaria, 1961­1974) et en français par Christian Bourgois Éditeur (L'Anarchisme espagnol et l'action révolutionnaire Internationale 1961­1975).  

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militer dans la mouvance anarchiste et de la CNT ‐ la critique d'une certaine dégénérescence  idéologique  et  révolutionnaire  des  milieux  anarcho‐syndicalistes espagnols ! Critique  que j'ai continué à développer plus tard à travers mes travaux de recherche et d'analyse en vue d'obtenir  le diplôme de l'EHESS6.   Ainsi,  loin  des  versions  réductrices  ou  mensongères  des  uns,  mais également loin des versions moralistes ou triomphalistes de tous ceux qui, refusant la duperie de l'histoire officielle, ont produit une contre histoire de l'anarchisme  ‐  également  idéologique  et  ascientifique  ‐  nous  devons contribuer à cette remise en cause  ‐ nécessaire et urgente ‐ de l'anarchisme espagnol.  Non  seulement  par  des  raisons  d'honnêteté  intellectuelle  et scientifique, mais aussi parce qu'elle sera hautement profitable pour écrire, enfin,  une  histoire  générale  de  l'Espagne  du  XXe  siècle.  Une  histoire  qui, tout en essayant de faire le diagnostic de la société espagnole de ce siècle, se garde de  toute prétention  thérapeutique  sur  elle. Même s'il  y  en a  encore qui continuent à faire « de leur profession une chaire où ils expriment leur foi, identifiant  en  toute  simplicité  leurs  convictions  à  la  vérité  scientifique, confondant ainsi conscience de l'histoire et histoire »7.      De  fait,  si  « la  recherche  des  structures,  le  privilège  accordée  à  la  longue durée, à l'étude des mentalités, à l'analyse des événements observés non plus comme  des  faits  mais  comme  des  'symptômes'  excluaient,  en  effet,  tout préalable  théorique,  tel  le  déterminisme »8,  cela  ne  voudrait  pas  dire  que nous ne pourrions pas continuer à chercher  la matrice de  l'histoire et que nous devrions nous enfermer dans un éclectisme idéologique ‐ de surcroît apparent  ‐,  nous  refusant  « de  repérer  quelques  uns  des  traits  de  l'ordre historique, de sa fonction et de son fonctionnement »9.  Ceci dit, et sans prétendre apporter  ici des éléments nouveaux  en matière de sources documentaires, je me permets d'ajouter quelques remarques au sujet de certains ouvrages que composent  les  fonds bibliographiques dont nous  disposons  aujourd'hui  pour  puiser  une  partie  importante  des informations  (documents,  témoignages  et  versions  personnelles) nécessaires  à  consulter  pour  faire  des  recherches  historiques  rigoureuses sur  l'anarchisme  espagnol.  Car,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  pour contradictoires  que  soient  ces  informations,  ces  témoignages  et  ces versions, il est essentiel de les confronter  impartialement et de les intégrer                                                         6 Le Déclin idéologique et révolutionnaire de l'anarcho­syndicalisme espagnol, 1981. 

7 Marc Ferro, L'Histoire sous surveillance, p. 153. 

8 Ibid, p. 143. 

9 Ibid, p. 149. 

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à  la  production  historique  nouvelle;  puisqu'ils  sont  (d'une  certaine manière) histoire. Et, surtout, parce que c'est à partir de cette confrontation  que  les  chercheurs pourront mieux  s'orienter    pour démêler    les diverses contrefaçons  historiques  que  tant  les  détracteurs  que  les  apologistes  de l'anarchisme espagnol ont produit jusqu'aujourd'hui.      Ainsi,  quel  que  soit  le  jugement de  valeur que nous portons  sur  les  fonds bibliographiques  dont  nous  disposons  à  présent  dans  les  bibliothèques  publiques  et  les  centres  de  documentation  privés,  tant  en  Espagne  qu'à l'étranger, nous ne pouvons que nous réjouir du fait que, depuis les années soixante‐dix,  la  bibliographie  sur  l'anarchisme  et  l'anarcho‐syndicalisme s'est notablement enrichie. En effet, à partir de 1970, un nombre important d'ouvrages parus en cette période ont été publiés en Espagne même, ainsi que les traductions et les rééditions d'autres antérieurs. En  Espagne,  les  études  sur  l'anarchisme  et  l'anarcho‐syndicalisme  étaient jusqu'alors  très  rares.  Non  seulement  il  n'existait  qu'un  nombre  infime d'ouvrages  sur  ces  thèmes,  mais  la  plupart  avaient  été  publiés  hors  des frontières  de  l'État  espagnol,  et,  s'ils  arrivaient  à  passer,  ils  circulaient clandestinement  aussi.  De  telle  sorte  que,  les  archives  des  organisations ouvrières  et des partis politiques de gauche ayant été ‐ en plus ‐ détruites, confisquées  ou  mises  en  lieu  sûr  à  l'étranger,  les  sources  documentaires étaient rares et  très peu de chercheurs espagnols en avaient connaissance  et pouvaient y avoir accès. De même que très peu s'aventuraient à consulter les archives confisquées après avoir obtenu les autorisations nécessaires de la part des autorités ou à consulter les archives sauvées par les exilés.   Les premières œuvres édités en l'Espagne franquiste  En réalité, rien n'a été écrit en Espagne de valeur scientifique sur l'histoire de  l'anarchisme et de  l'anarcho‐syndicalisme  jusqu'à  la moitie  des  années cinquante. Car non seulement l'accès aux archives publiques était suspect et dangereux, quand il s'agissait  de consulter des documents en rapport avec les  organisations  anarchistes,  mais  le  simple  fait  d'avoir  chez  soi  des documents ou livres de ce genre pouvait créer de sérieuses difficultés. Il ne faut  donc  pas  s'étonner  qu'aucun  étude  de  valeur  n'ait  été  publié  à  cette époque en dehors des ouvrages de Máximo García Venero  (Historia de  las internacionales  en España,  3  vol., Madrid,  1956‐57)10  et  d'Eduardo  Comín Colomer (Historia del anarquismo español, 1836­1946. Madrid, 1956). Bien 

                                                        10  Cet  ouvrage  fut  complété,  en  1961,  par  la  parution de  : Historia de  los movimientos sindicalistas españoles, 1840­1933. 

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que, de ces deux ouvrages, il faille dire que seul le livre de García Venero a un  certain  intérêt  de  caractère  historique,  l'autre  tombant  franchement dans  le  simplisme  et  la  caricature.  De  là  que,  étant  donné  leur  prise  de position partisane et réactionnaire, ils soient très peu consultes maintenant.  Ce  n'est  donc  qu'à  partir  de  la  fin  des  années  cinquante  que  commence enfin et avec beaucoup d'efforts  la  récupération historique du  passé de  la lutte ouvrière en Espagne même. Les œuvres de Casimir Martí (Orígenes del anarquismo  en  Barcelona,  Barcelone,  1964),  d'Oriol  Vergés  (La  Primera Internacional en las Cortes de 1871, Barcelone, 1964) et d'Albert Balcells (El sindicalismo en Barcelona: 1916­1923, Barcelone, 1965) sont, à mon avis, les plus remarquables dans cette tâche de récupération historique faite par des chercheurs non militants. Bien qu'avec un moindre  intérêt, celle de Rafael Corona  (La Revolución  internacionalista alcoyana de 1873,  Alicante,  1959) mérite aussi d'être consultée pour tout ce qui concerne le mouvement de la Première Internationale en Espagne. Á la même époque, l'on réédita également deux études classiques : celle de F. Engels sur le bakouninisme en Espagne (inclus dans le livre Revolución en España de Karl Marx‐Fredrich Engels, Barcelone, 1960) et celle de Juan Diaz del Moral (Historia de las agitaciones campesinas andaluzas, Madrid, 1967), ainsi  qu'une  partie  de  l'importante  étude  de Max Nettlau  sur  la  Première Internationale  en  Espagne  (Impresiones  sobre  el  socialismo  en  España, Revista  de  Trabajo  n°  23,  Madrid,  1968)11,  qui  avait  été  publiée  par  La Revista Blanca12. Dans la même perspective sur les internationalistes, Carlos Seco  Serrano  commence,  en  1969,  la  publication  de  documents  de  la Fédération  Régionale  Espagnole  (AIT),  (Actas  de  los  Consejos  y  Comisión Federal  de  la  Región  Española,  1870­1874,  Barcelone,  1969),  qui  se poursuivra les années suivantes. Finalement, pour compléter cette histoire bibliographique  des  ouvrages  parus  en  Espagne  dans  cette  période  si difficile  et  si  périlleuse  pour  les  chercheurs  qui  s'intéressaient  avec honnêteté  intellectuelle  à  l'histoire  de  l'anarchisme  et  du  mouvement ouvrier espagnols, nous devons mentionner l'appendice que Casimir Marti ajouta  à  la  traduction  catalane  du  livre  d'Henri  Arvon  (L'Anarquisme, Barcelone,  1964)  et  qu'il  a  titré  L'Anarquisme  en  el  moviment  obrer  à Catalunya, et aussi le petit livre d'Enric Jardí sur le terrorisme à Barcelone à la fin du XIXe siècle (El terrorisme anarquista à Barcelona, Barcelone, 1964).                                                          11 Cette revue fin connaître des études très documentées, sur l'anarchisme et sur le mouvement ouvrier espagnol en général, les années suivantes. 

12 Dans cette revue, parue avant la guerre civile, furent publiés des textes d'une grande valeur sur l'anarchisme et l'anarcho‐syndicalisme espagnols. 

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Il  est  nécessaire  et  important  de  signaler  également  qu'en  cette  même période  l'Éditorial  ZYX13  publia  le  premier  volume  de  l'œuvre de  Diego Abad  de  Sabtillán  (Historia  del  movimiento  obrero  español.  Desde  sus orígenes  hasta  la  restauración  Borbónica,  Madrid,  1967),  qu'il  avait  fait paraître  cinq  années  auparavant  au  Mexique,  et  la  première  histoire  de l'anarcho‐syndicalisme espagnol    ‐ de  la  fondation de  la CNT jusqu'à  la  fin de la guerre civile ‐ due à un militant de la CNT, Juan Gómez Casas  (Historia del  anarcosindicalismo  español,  Madrid,  1968),  qui  venait  de  passer  de longues  années  dans  les  prisons  franquistes.  Presque  en même  temps  fut réédité  le  témoignage  d'Angel  Pestaña  sur  les  visées  et  agissements politiques des réformistes de la CNT, dits « trentistas », dans les années qui précédent  le  commencement  de  la  guerre  civile  (Por  qué  se  constituyó  el partido sindicalista, Madrid, 1969).   Remarquons  que  la  parution  de  ces  trois  ouvrages  fut  favorisée  par  une certaine  expectative  due  au  contexte  de  crise  interne  du  « syndicalisme vertical »14 à la fin de la décennie des années soixante. Nonobstant,  la liste réduite d'ouvrages consultés et signalés par Gómez Casas rend compte des difficultés  de  cette  période  pour  consulter  archives  et  études  sur  le mouvement anarchiste.   La période 1970 – 1975  En  effet,  si  beaucoup  d'autres  ouvrages  étaient  déjà  disponibles  hors  de l'Espagne des années 45‐4715, ce n'est qu'à partit du début de  la décennie des  années  soixante‐dix  que  l'on  peut  dater  vraiment  le  regain  d'intérêt pour la publication d'œuvres dédiées à l'anarchisme et à l'assouplissement de  la  censure  pour  ce  qui  est  des  conditions  de  la  recherche  ‐  même universitaire ‐ et de l'écriture historique. Mais, il faut bien tenir en compte que ce ne sera qu'après  la mort de Franco que certaines études ne seront plus  interdits  d'édition  en  Espagne,  et  que  les  historiens  pourront  écrire sans aucune crainte, officielle pour le moins.                                                            13 Cette maison d'édition publia, en ces années difficiles, un grand nombre d'ouvrages de divulgation  du  syndicalisme  réformiste  et  révolutionnaire.  Elle  était  animée  par  des militants proches des milieux chrétiens de gauche. 14 La CNS avait commencée des négociations avec un certain nombre de vieux militants de la CNT, résidant en Espagne, en vue de palier le discrédit croisant du « syndicalisme vertical ». 15 Particulièrement en France, où, dès la Libération,  les anarchistes avaient reconstitué leurs  organisations  et  leurs  fonds  bibliographiques,  à  Toulouse  et  à  Paris,  et  où beaucoup de chercheurs venaient consulter les documents et puiser des informations.  

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Ceci dit, et sans prétendre faire une biographie exhaustive de cette période, qui  va  du  début  des  années  soixante‐dix  jusqu'à  la  disparition  du « Caudillo », nous devons  souligner  ‐  tant pour  leur  intérêt historique que par  le  fait  qu'elles  étaient  l'œuvre de  jeunes  et  sérieux  chercheurs  ‐  les études  suivantes :  de  Josep Termes  (Anarquismo y  sindicalismo en España. La  Primera  Internacional:  1864­1881,  Barcelone,  1972),  de  Nazario González (El anarquismo en la historia contemporánea de España, Barcelone 1972), de Clara E. Lida (La Mano Negra, Madrid, 1973), d'Antonio M. Calero (Historia  del  movimiento  obrero  en  Granada:  1909­1923,  Madrid,  1973), d'Albert Balcells (El anarquismo en Cataluña, Barcelone, 1973), de Constantí Llombart (Crónica de la revolució cantonal, Valencia, 1973), de Juan Maestre Alfonso  (Hechos  y  documentos  del  anarcosindicalismo  español,  Madrid, 1973),  de  Joaquín  Romero  Maura  (La  Rosa  de  Fuego.  El  obrerismo barcelonés:  1889­1909,  Barcelone  1974),  de  B.  Diaz  Nosty  (La  Comuna asturiana,  Madrid,  1974),  de  Manuel  Cruells  (Salvador  Seguí,  el  Noi  del Sucre,  Barcelone,  1974),  de  Manuel  Lladonosa  (El  Congrès  de  Sants, Barcelone,  1975),  de  Marie  Nash  (Mujeres  Libres.  España  1936­39, Barcelone  1975),  de  Xavier  Cuadrat  (Notas  sobre  el  movimiento  obrero catalán,  los  socialistas y Solidaridad Obrera: 1907­1909, Revista de Trabajo n° 46 et 47, 1974) et (De  la Confederación regional Solidaridad Obrera a  la CNT, Revista de Trabajo n° 48, 1974), etc. En  ces  années  cruciales  où  la  vie  culturelle  commença  à  se  manifester timidement,  mais  publiquement,  la  demande  d'œuvres  historiques  en rapport à l'anarchisme se fit sentir et, en plus des œuvres déjà cités, furent publiés  des  rééditions  de  textes  anciens  et  des  traductions  des  ouvrages d'auteurs  étrangers :  l'oeuvre  fondamentale  d'Anselmo  Lorenzo  (El Proletariado  Militante,  Madrid,  1974),  préparée  para  Álvarez  Junco,  une anthologie de documents  (brochures, articles, lettres, etc.) d'Ángel Pestaña  (Trayectoria  sindicalista, Madrid, 1974),   préfacée par A. Elorza, une  riche sélection  d'articles  de  presse  de  Joan  Peiró  (Joan Peiró,  écrits: 1917­1939, Barcelone, 1975), préparée et préfacée par Pere Gabriel, une compilation de quelques écrits de Salvador Seguí (Salvador Seguí, écrits, Barcelone, 1974), faite par Isidre Molas, des anthologies de textes anarchistes préparées par Clara E. Lida (Antecedente y desarrollo del movimiento obrero español: 1835­1888, Madrid, 1973) et par Vladimiro Muñoz (Anthologia ácrata española. A. Lorenzo y R. Mella, Barcelone, 1974), une série de biographies de dirigeants ouvriers  réalisée  par  Juan  José  Morato  (Líderes  del  movimiento  obrero español: 1868­1821, Madrid,  19772),  sélectionnées  et  annotées  par  Victor Manuel  Arbeloa  et  l'œuvre consacré  par Burnett  Bollotent  à  la  révolution espagnole  (El  Gran  engaño,  Barcelone,  1975),  publiée  simultanément  en Grande‐Bretagne et aux Etats‐Unis en 1961.    

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Il faut dire aussi qu'un intérêt (pas toujours historique), pour les thèmes en rapport avec le mouvement ouvrier, ayant touché un certain type de revues et  d'hebdomadaires  paraissant  légalement,  beaucoup  d'articles  furent publiés  au cours de ces années. Néanmoins, les plus intéressants, du point de  vue  historique,  parurent  dans  des  publications  plus  ou  moins spécialisées  dans  le  domaine  de  l'histoire :  Revista  de Trabajo, Recerques, Perspectiva  Social,  Saitabi  et  Arguments.  Ne  pouvant  les  signaler  tous,  je crois  qu'il  faut  ‐  au  moins  ‐  citer  ceux  d'Alfonso  Colodron  ("La  Huelga general  de  Barcelona,  1902",  Revista  de  Trabajo  n°  33,  Madrid,  1971), d'Alfons  Cuco  ("L'Anarcosindicalisme  i  l'Estatu  d'Autonomia  del  Pais Valencia,  1936­1939",  Recerques  n°  2,  Barcelone,  1972),  d'Annalisa  Corti ("La Revista Blanca  i  el problema  catalá", Recerques  n°  2,  1972),  de  Josep Termes  ("El  federalisme  catalá  en  el  période  revolucionari  de  1868­1873", Recerques  n° 2, Barcelone,  1972),    d'Albert Balcells  ("El moviment obrer a Sabadell  i  la  crisis de  l'anarcosindicfalisme  entre 1930  i 1936", Perspectiva Social n° 1, Barcelone, 1973) et de Xavier Paniagua ("La ideología económica de los anarquistas  en Cataluña y el País Valenciano", Sarabi, Valencia, 1974) et  ("Introduccio  a  l'obra  d'Higinio  Noja  Ruih",  Arguments  n°1,  Valencia, 1974).  Franco mort, le processus de libération s'accentua très rapidement. Ainsi, à partir de 1976 et parallèlement à la reconstitution comme à la réapparition publique  et  légale  des  organisations  politiques  et  ouvrières  clandestines, tous  les  ouvrages  historiques  qui  jusqu'alors  n'avaient  pu  paraître  en Espagne commencèrent a être édités.  La période 1976 – 1980  De 1976 à 1980 il y a eut un vrai engouement pour ce genre de lectures et l'édition  s'ensuivit  en  conséquence ;  mais,  il  faut  bien  se  rappeler  que  la plus grande partie des œuvres majeures  sur  l'anarchisme espagnol et des témoignages des militants de la CNT (morts ou vivants) parut, jusqu'à 1976, à l'étranger.    Ainsi,  les  premières  œuvres  d'intérêt  historique  dues  à  des  militants anarchistes parurent  logiquement, après  la  fin de  la guerre civile, dans  les milieux  exilés  de  la  CNT  en  Amérique  Latine  et  en  France.  Dès  1943,  fut réédité à Mexico El Proletariado militante d'Anselmo Lorenzo, et, dès 1945, sont  éditées  à  Toulouse  les  brochures  Problemas  del  sindicalismo  y  del anarquismo, de  Joan Peiró,  et Precursores de  la  libertad: Fermín Salvochea, de Rudolf Rocker.  

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Peu à peu, ce petit fonds éditorial s'agrandit avec la publication, en 1946, à Rennes, du livre inédit de Joan Peiró Problemas y cintarazos et à Toulouse, en 1947, de celui d'Issac Puente EL comunismo libertario, ainsi qu'une autre réédition de El proletariado militante d'Anselmo Lorenzo. Les  vingt  années  suivantes  virent  grossir  de manière  importante  ce  fond bibliographique avec de nombreuses œuvres remarquables : de José Peirats (La CNT en la revolución española, Toulouse, 1959‐43), de Gastón Leval (Ne Franco ne  Stalin. La  collectitivita anarchiche nelle  lotta  contra Franco  e  la reazione  staliniana,  Milan,  1952),  de  Pere  Foix  (Apostols  i  mercaders. Quarante anys de  lluita social a Catalunya, México, 1957), de Pedro Vallina (Crónica  de  un  revolucionario.  Con  trazos  de  la  vida  de  Fermín  Salvochea, Paris, 1958), de José Viadiu (Salvador Seguí. Su vida y su obra, Paris, 1960), de Diego Abad de Santillán (Contribución a la historia del movimiento obrero español,  Mexico,  1962),  de  Manuel  Vilar  (España  en  ruta  de  la  libertad, Buenos  Aires,  1962),  de  Carlos  M.  Rama  (La  crisis  española  del  siglo  XX, Mexico,  1960)  et  (Ideología,  regiones  y  clases  sociales  en  la  España contemporánea, Montevideo, 1963), de Manuel Buena Casa (El Movimiento obrero español: 1886­1926) et (Figuras ejemplares que conocí, Paris 1966), de Ricardo Sanz  (El  sindicalismo y  la política,  Toulouse,  1966)  et  (Los que fuímos a Madrid, Toulouse, 1969), d'Abel Paz (Paradigma de una revolución, Paris,  1967),  de  Rudolf  Rocker  (Revolución  y  regresión,  Puebla,  1967),  de José Barruezo  (Contribución a  la historia de  la CNT de España en el exilio, Mexico, 1967), de José Peirats (Examen crítico constructivo del Movimiento Libertario Español, Mexico,  1967)  et  de Renée  Lamberet  une  réédition  de l'œuvre de Max Nettalu (La Première Internationale en Espagne: 1868­1881, Dordrecht, 1969).  Remarquons  également  que,  du  début  des  années  soixante‐dix  jusqu'à  la mort  de  Franco,  la  contribution  bibliographique  des  milieux  anarchistes exiles  est  énorme:  tant  dans  l'édition  d'ouvrages  inédits  comme  dans  la réédition d'œuvres "classiques".  Ainsi  parurent,  entre  autres  livres  intéressants,  les  suivants:  de VernonTichards  (Enseñanzas  de  la  revolución  española,  Paris,  1971), d'Antonio Téllez (La guerrilla urbana en España: Sabaté, Paris, 1972) et (La guerrilla urbana en España: Facerías, Paris, 1974), de César M. Lorenzo (Los anarquistas  y  el  poder,  Paris,  1972),  de  Ramón  Álvarez  (Eleuterio Quintanilla.  Vida  y  obra  del  maestro,  Mexico,  1973),  d'Anselmo  Lorenzo (Ascendencia  y  transcendencia  del  sindicalismo,  Choisy‐le‐Roi,  1973),  de Gaston  Leval  (Colectividades  libertarias  en  España,  2  vols.,  Buenos  Aires, 1974), de Lola  Iturbe (La mujer en  la guerra civil española, México, 1974), de Frank Mintz (La autogestión en la España revolucionaria, Paris, 1974), de Federica Montseny (Anselmo Lorenzo: el hombre y la obra, Toulouse, 1975), 

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de Ricardo Mella (Idearic, Toulouse, 1975), ainsi qu'un ouvrage collectif (El Movimiento  libertario  español,  Paris,  1974)  publié  par  l'Éditorial  Ruedo Ibérico.  Il  faut  signaler  également  que  cette  maison  d'édition  publie  ces années  là  les  traductions en espagnol   de  la majorité des œuvres majeures des  historiens  étrangers  consacrées  à  l'Espagne  du  XXe  siècle  et,  en particulier,  à  l'étude  de  la  guerre  civile  :  La Guerra  civil  española  d'Hugh Thomas,  El  Laberinto  español  de  Gerald  Brenan,  Diario  de  la  guerra  de España  de  Mijail  Koltsov,  El  Reñidero  español  de  Franz  Borkenau,  La Historia de la España franquista de Max Gallo, etc. Cet  important  effort  d'édition des milieux  exilés  périclita  très  rapidement après la mort de Franco, et ‐ comme nous l'avons déjà dit ‐ c'est en Espagne qu'à  partir  de  1976  la  presque  totalité  d'œuvres,  nouvelles  ou  anciennes, consacrées à la guerre civile est éditée. Comprises ‐ bien sûr ‐ celles écrites en  langue  anglaise  ou  en  français  par  des  rigoureux  observateurs  des dramatiques  événements  de  1936  :  de  Georges  Orwell  (Homage  to Catalonia,  Londres,  1933),  de  John  Brademas  (Revolution  and  social Revolution. Contribution  to the history of the anarcosyndicalist movement in Spain:  1930­1937,  Oxford,  1953),  de  Burnett  Bolloten  (The  Camouflage, Londres,  1961),  de Pierre Broué  et E. Temime  (La Révolution et  la guerre d'Espagne, Paris, 1961), de Georges Woodcock (Anarchism, Londres, 1963), de  James  Joll  (The  Anarchists,  Londres,  1964),  de  Daniel  Guérin (L'anarchisme, Paris, 1965), de E. J. Hobsbawn (Bandits, Londres, 1969), de John Connely Ullman (The Tragic Week. A study of anticlericalism  in Spain: 1875­1912, Harward, 1968), etc.  Ainsi donc, à partir de 1976, non seulement est rééditée la presque totalité  d'ouvrages  déjà  publiés  jusqu'alors  sur  l'anarchisme  espagnol,  mais  la grande  majorité  des  nouvelles  parutions  sur  ce  sujet  correspond  à  des études faites en Espagne même. De cette période, qui va jusqu'à nos jours, je retiens ‐ malgré leur valeur inégale et pour certains controversée ‐ les livres suivants:  de  José  Álvarez  Junco  (La  ideología  política  del  anarquismo español:  1868­1910,  Madrid,  1976),  d'Adolfo  Bueso  (Recuerdos  de  un cenetista,  Barcelone,  1976),  de  J.  E.  Molina  (El movimiento  clandestino  en España:  1939­1949,  Mexico,  1976),  de  Joan  Llarch  (Cipriano  Mera:  un anarquista  en  la  guerra  de  España,  Madrid,  1976),  de  Cipriano  Mera (Guerra, exilio y  cárcel de un anarcosindicalista en acción,  Paris,  1976),  de Felipe Alaiz  (Testimonios de un  libertario, Madrid, 1976), de Hans Magnus Enzensberger  (El  corto  verano  de  la  anarquía.  Vida  y muerte  de  Durruti, Madrid, 1976), de José Peirats (Los Anarquistas en  la guerra civil española, Madrid, 1976), de G. Brey et  J. Maurice (Historia y  leyenda de Casas Viejas, Madrid, 1976), de Juan Gómez Casas (Autogestión en España, Madrid, 1976), d'Antonio Padilla (El Movimiento anarquista español, Madrid, 1976), de J. A. 

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Durán  (Entre  el anarquismo agrario  y  el  librepensamiento,  2  vols., Madrid 1977), de T. Kaplan (Orígenes sociales del anarquismo en Andalucía, Madrid, 1977),  de  M.  Casal  Gómez  (La  Banda  Negra.  Origen  y  actuación  de  los pistoleros  en  Barcelona:  de  1918­1921,  Barcelone,  1977),  de  J.  Termes (Federalismo,  anarcosindicalismo  y  catalanismo,  Barcelone,  1977,  de  Juan Gómez  Casas  (Historia  de  la  FAI,  Madrid,  1977),  d'Angel  Pestaña  (El terrorismo  en  Cataluña,  Barcelone,  1977),  de  Cipriano  Damiano  (La resistencia libertaria, Barcelone, 1977), de H. E. Kaminski (Los de Barcelona, Barcelone,  1977),  d'Eduardo  Pons  Prades  (Los  derrotados  y  el  exilio, Barcelone, 1977) et  (Los guerrilleros españoles: 1936­1960, Madrid, 1977), de Josep Termes (La CNT y la Generalitat, Barcelone, 1977), de Ricardo Sanz (El sindicalismo español antes de la guerra civil, Barcelone, 1977), de Camilo Berneri (Guerra de clases en España, Barcelone, 1977), de Manuel Chapuso (Los  anarquistas  y  la  guerra  en  Euzkadi,  Bilbao,  1977),  d'Eduardo  de Guzmán  (La Segunda  república  fue así: 1931­1939, Madrid,  1977),  de  José Luis  Gutièrrez  (Colectividades  libertarias  en  Castilla,  Madrid,  1977),  de Terence  Smith  (La  CNT  a  Pais  Valencia:  1936­1937,  Valencia,  1977),  de Frank Mintz (La autogestión en la España revolucionaria, Madrid, 1977), de Félix  García  (Colectivizaciones  campesinas  y  obreras  en  la  revolución española, Madrid, 1977), de Diego Abad de Santillán  (Documentos  inéditos sobre los trágicos sucesos de mayo de 1937, Madrid 1977), d'Agustín Souchy (Entre los campesinos de Aragón) et avec Folgare (Colectivizaciones. La obra constructiva de  la revolución española, Madrid, 1977), de Telesforo Tajuela (MIL,  GARI  y  Puig  Antich,  Paris,  1977),  de  Pere  Foix  (Los  archivos  del terrorismo blanco / El fichero Lazarte: 1910­1930, Madrid, 1978), d'Abel Paz (Durruti, el proletariado en armas, Barcelone, 1978), de  Juan García Oliver (El eco de  los pasos,  Paris,  1978), de Carlos Semprún Maura  (Revolución y contrarrevolución en Cataluña: 1936­1937, Barcelone, 1978), de José Peirats (Figuras del movimiento libertario español, Barcelone, 1978), de Juan Zafón Bayo (El Consejo Revolucionario de Aragón, Madrid, 1978), de Luis Garrido (Colectividades  agrarias  en  Andalucía,  Madrid  1979),  de  Carlos  M.  Rama (Franquismo y anarquismo en  la España contemporánea, Barcelone, 1979), de José Peirats (Mecanismo orgánico de la CNT en España, Barcelone, 1979), d'Aurora Bosch Sánchez (Ugetistas y libertarios. Guerra civil y revolución en el  País  Valenciano:  1936­1939,  Valencia,  1983),  de  Félix  García  (Del socialismo utópico al anarquismo, Madrid, 1983), de Carlos Diaz (La última filosofía española:   una crisis críticamente expuesta, Madrid, 1983), de Juan Gómez Casas16 (Los cruces de caminos) et (Relanzamiento de  la CNT: 1975­

                                                        16 Actuellement secrétaire général de la CNT‐AIT (orthodoxe), après l’avoir été déjà en 1976, quand la CNT fut reconstituée. 

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1979,  Paris,  1984),  du  Comité  confédéral  de  la  CNT  rénovée17  (CNT: congreso  extraordinario  de  reunificación,  Madrid,  1984),  de  Juan  García Durán (Fuentes de la guerra civil española, Barcelone, 1985), etc.  Enfin,  encore  deux  remarques  pour  conclure  ce  survol  rapide  du  vaste, complexe et  contradictoire bibliographie dont nous disposons aujourd'hui sur l'histoire de l'anarchisme espagnol.  La  première,  pour  rappeler  que  l'extraordinaire  richesse  d'expressions sociales et culturelles, ainsi que de nuances idéologiques, de ce mouvement de masse que fut l'anarchisme en Espagne, nous interdit de le définir (soit pour  le  valoriser,  soit  pour  le  critiquer)  comme  un  ensemble,  comme  un tout homogène, cohérent et conséquent, tant du point de vue des idées que de la praxis. La seconde, pour insister sur la nécessité  de redoubler notre sens critique afin  d'échapper  aux  falsifications,  occultations  et  interprétations  historiques  faites  par  beaucoup  de  ceux  qui  ont  écrit  pour  ou  contre l'anarchisme  en  Espagne.  Et  ceci,  sans  minimiser  l'importance  d'aucun document,  témoignage  ou  version.  Au  contraire,  en  recommandant  ‐  si possible  ‐  la  confrontation  de  toutes  les  sources18.  Surtout  quand  il  s'agit d'aborder les périodes les plus décisives ou dramatiques de son histoire, les crises internes,  la guerre civile,  les affrontements avec les communistes,  la clandestinité et l'exil, etc.   

Octavio Alberola  Historien 

        

                                                        17 Les « rénovés » se séparèrent des « orthodoxes » à la suite du Ve Congrès qui eut lieu à Madrid en décembre 1979. 

18 Et même en ce qui concerne les Actes des Congrès reproduites très souvent avec des lacunes conscientes. C'est pour cette raison que j'ai omis de citer ici se type d'ouvrages. 

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