O nouveau souffle

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Violences O n continue d'expul- ser des étrangers en situation irrégulière et des demandeurs d'asile, avec plus ou moins de publicité. Ces opérations ne se font pas sans coups ni blessures - et il y a des accidents mortels. Quelques associa- tions restent mobilisées (parfois autour de slogans irresponsables) mais la gau- che se tait puisqu'elle faisait. en moins efficace, la même politique. D'une manière générale, on sent bien que te coeur n'y est plus. Le ministre de IMn- térieur a les mains libres et cherche à amasser à peu de frais du capital électoral. On aurait tort de laisser Nicolas Sarkozy et ses amis renfor- cer à leur guise le système de contrôle et de répression. Aujourd'hui ce sont des étrangers, des immigrés et de jeunes délinquants qui sont visés. Mais l'appareil policier peut tout aussi durement ré- primer les grèves et les mou- vements sociaux - certains travailleurs licenciés en font actuellement la douloureuse expérience. Brutale dans sa répression de groupes marginaux, la classe dirigeante sera impi- toyable si elle se sent me- nacée dans ses intérêts, pro- fits et privilèges. POLITIQUE ÉTRANGÈRE un nouveau souffle Pays arabes L'avenir des monarchies p. 6-7 Le Monde La NAR est du complot p. 2 DU 17 MARS AU 30 MARS 2003 - 33 e année Numéro 812 • 3.20

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Violences

On c o n t i n u e d'expul-ser des é t r anger se n s i t u a t i o ni r r é g u l i è r e et desd e m a n d e u r s

d'asile, avec p lus ou moinsde publicité.

Ces opérat ions ne se fontpas sans coups ni blessures -et i l y a de s a c c i d e n t smor te l s . Que lques associa-t i o n s r e s t e n t m o b i l i s é e s(par fo i s a u t o u r de slogansirresponsables) mais la gau-che se t a i t puisqu'el le faisai t .en m o i n s e f f i cace , la m ê m epolitique.

D'une manière générale, onsent bien que te cœur n'y estp l u s . Le m i n i s t r e de I M n -té r ieur a les m a i n s libres etcherche à amasser à peu defrais du capi ta l électoral. Onaura i t tort de laisser NicolasSarkozy et ses amis renfor-cer à l eu r guise le système decontrôle et de répression.

A u j o u r d ' h u i ce sont desétrangers, des immigrés et dej e u n e s d é l i n q u a n t s qu i sontvisés. Mais l ' appare i l policierpeut tout aussi durement ré-primer les grèves et les mou-vements sociaux - certainst rava i l l eu r s licenciés en fontactuel lement la douloureuseexpérience.

Bru ta le dans sa répressionde groupes m a r g i n a u x , laclasse d i r i g e a n t e sera impi-toyable si elle se sent me-nacée dans ses intérêts, pro-fits et privilèges.

POLITIQUE ÉTRANGÈRE

unnouveausouffle

Pays arabes

L'avenir desmonarchies

p. 6-7

Le Monde

La NAR estdu complot

p. 2

DU 17 MARS AU 30 MARS 2003 - 33e année • Numéro 812 • 3.20 €

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Révélations

Complot contrela colombanie

Maîtres du Monde, sa-, u t l

Sa lu t à t o i , oColombani, girondinëmërite. capitaine des

vents de l ' H i s t o i r e , d i v i nplumi t i f , pure petite âme decolombe salie par la bave duGrand Crapaud :

Sa lu t à t o i . ô M i n e , sur-nommé longues dents, mange-f e u i l î e de c h o u (ouMangechou) , s u l t a n de scopistes, p o m p i e r desphynances , a r r a n g e u r decoups, correspondant de la So-ciété Spinoza de Schtroump-fland ;

Salut à toi, ô Pienel, bey desInvestigateurs, prince des in-quisiteurs moustachus, ayatol-lah des vertus, coryphée dessciences journalistiques.

A tous , s a l u t et confrater-nité ! Voici ma confession, aun o m de mes camaradesroyalistes.

Oui ! nous avons fréquentéPierre Péan et Philippe Cohen.Oui ! nous avons fomentéavec eux un complot satanique- i m m o n d e s u b v e r s i o n duMonde de l'esprit pour fairea d v e n i r un monde sansMonde. Voici les preuves, ac-

royalisteB-MENSUEl ^» BSECTEUB POUTKX* BERrBAN

SOMMAIRE : p. 2 : Complot contre lacolombanie - p. 3 : Mer au fil de l'eau -Femmes - p. 4 : Bové - Le mensonge,l'imposture et le symbole - p.5 : Une nouvellepolitique étrangère - p. 6/7 : Le pouvoir deconcilier - p.8 : Penser avec François Perroux- La guerre, et puis après ? - p.9 : Sciencedu beau temps - p. 10 : Les deux faces d'unemême histoire - p. 11 : Action royaliste -p. 12 : Éditorial : Un nouveau souffle.

RÉDACTION-ADMINISTRATION17, rue des Petits-Champs,

75001 ParisTéléphone: 01 .42.97 .42.57Télécopie: 01, 42.96.05.53

Dir. publication : Yvan AUMONT\Corn. parit. 51700 - ISSN 0151-5772 /

câb lan te s : P i e r r e Péan , legrand Satan, es t venu p lu -sieurs fois dans nos locaux, den u i t , le mercredi soir. I l y adîné de bon appétit. Ph i l ippeCohen a fai t de même, uneseule fois, mais nous avonsfréquenté ce pet i t Satan toutau long de la campagne pourJean-Pierre Chevènement.

Une nui t , les odieux duettis-tes ont invité les dirigeants dela N A R a p a r t i c i p e r aucomplot. Il leur ont exposé lesétapes de la manœuvre infâmeque vous avez expliquée le 6mars à la télévision :

Phase 1 : sortir un gros livretrès méchant pour é l iminer vo-tre éminent trio. Il est vrai queles deux auteurs ont relu lesc o l l e c t i o n s de / 'Actionfrançaise et de Gringpire.Mais vous n'avez pas dit queClaude Durand est le patronde la maison Fayard, qui aédité avant la guerre Je SuisPartout et qui possède LesM i l l e et une n u i t s - nom decode d 'un site de terroristesbordures liés à Ben Laden.

Phase 2 : pousser le Mondeau dépôt de bilan - manœuvreque vous avez dénoncée et quimontre l ' immense pouvoir duduo Péan-Cohen, de la NAR

et des r é s e a u x g a u l l o -mitterrandistes.

Phase 3 : provoquer, par lachute du Monde, l 'effondre-ment de toute la presse l ibre,c'est-à-dire de tous les jour-naux liés à Vos Éminences pardes accords f i n a n c i e r s oucommerciaux.

Phase 4 : anéantir de ce faitla démocratie, et en profi terpour nommer Chevènement etPasqua proconsuls en Corse.

Phase 5 : provoquer l'effon-drement de l 'Occident et pro-clamer Vladimir Pout ine em-pereur de l'Europe russifiée.

Quelques dé ta i l s : C'est leréseau royaliste qui a assuré lavente des 100 000 premierse x e m p l a i r e s du b r û l o t (1) .P i e r r e Péan , a n c i e ncommuniste, anime le réseauJoseph Djougachv i l i , chargédes é l iminat ions p o l i t i q u e s .Phi l ippe Cohen dirige le cen-tre Gotterdammerung, spécia-lisé dans la désinformation :c'est lui qui répand la rumeur,trop brièvement évoquée parvos Éminences, du « complotj u d é o - c o r s é » c o n t r e laFrance. Telle est la nouvel leforme p r i s e par cet te« a l l iance Rouge-Brun » queVos Éminences dénonçaient

naguère. Oui ! Philippe Cohenest antisémite, raciste, et xéno-phobe : t e l l e est l ' é n o r m evérité que nous tenons de labouche du cheval, en l'occur-rence le petit-fils de l'oncle dupère de la gardienne de l 'am-bassade syldave.

Et ma in tenan t le pompon :Bernard-Henri Lévy fait partiedu complot, alors que vous leconsidériez comme ami ! Lapreuve est dans les premièreslignes de son article du Point(1/3/03), censé vous défen-dre : « II y a, dans le livre dePéan et Cohen, un parfum dechasse à l'homme qui n'est passupportable. Il y a cette façon,insupportable aussi, nau-séabonde, de s'en prendre,pour m ieux détru ire u njournal, à la vie privée deshommes qui le dirigent ».

Si BHL écrit cela, c'est pourque les lecteurs du Monde sesouviennent de la « chasse à laf e m m e » q u i v i s a i t E d i t hCresson, de la façon« nauséabonde » dont la vieprivée de Roland Dumas a étéjetée sur la place publ ique , dela campagne de haine menéecontre Régis Debray lors del ' a g r e s s i o n c o n t r e l aYougoslavie. Le procédé deBHL est d'autant plus perversq u e , comme le d i s e n t VosÉminences, vous avez seule-ment cherché à éclairer l 'opi-n ion sur ces trois personnesdans la pure in ten t ion d ' e n r i -chir le débat démocrat ique.C'est pourquoi nous nous ral-lions à vous, ô Céleste Triade.

Paul TRON

ÉQ (1 ) Pierre Péan. Ph i l ippe Co-hen - « La face cachée duMonde » -. M i l l e et une ruits —Nouvel le preuve de notre apparte-nance au complot : les lecteurs deRoyaliste bénéficient d 'un prix defaveur de 22 € franco pour obte-nir ce l ivre. . .

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Royaliste 812

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Bouchon

Mer au fil de l'eau

Aux mollesses consensuelles de Jean-PierreRaffarin, faut-il préférer le dur réalisme de

Francis Mer ? Le choix n'a aucun sens puisquetous deux ont choisi, face à l'aggravation de la

crise, de laisser faire.

Bien entendu, nous n'al-lons pas nous acharners u r J e a n - P i e r r eRaffarin, sympathiquebonhomme effarant de

n u l l i t é dont i l es t i n u t i l e desouhaiter le départ. Privé detous les moyens qui permet-tent au gouvernement de con-duire la politique économiqued e l a n a t i o n ( l a p o l i t i q u emonétaire, la politique budgé-taire active, les entrepr isesnationales...) il en est réduit àoccuper le m i n i s t è r e de laparole. Une parole rassurante,compatissante, qui se perd peuà peu dans le fracas des mau-vaises nouvelles.

C o m m e les synd ica t s def o n c t i o n n a i r e s sont àl 'offensive, comme les licen-ciements dans le privé provo-quent des réactions de plus enplus violentes, il n'est pas inu-ti le de s'intéresser au cas deFrancis Mer qui campe sur lethéâtre des ombres ministériel-les le personnage du dur àcuire. Mais le ministre n'estqu 'un bouchon qui danse augré des vagues.

Début mars, la communica-tion, gouvernementale consis-tait à rassurer, en annonçantque les baisses d'impôts pro-mises auraient lieu. Puis on aentendu Francis Mer déclarerq u ' i l n'y aurait pas d'augmen-tation d'impôts. Ce qui signi-fie qu'il n'y aura pas de baisseet q u ' o n s'est m o q u é deFélectorat. Mais ces astucessont tombées dans l ' i n d i f -férence générale. On ne croitpas plus à ces tours de passe-

passe f iscaux q u ' a u x prév i -s i o n s de c r o i s s a n c e deFINSEE.

Même incrédul i té quant auxdéclara t ions sur la r i gueu r ,qu 'on appel le « d i sc ip l ine »un jour pour nier le lendemaintout rigorisme avant de confir-mer le gel de c r é d i t sbudgétaires. Ce gel est décidépour respecter le Pacte destabilité, mais on annonce quece pacte ne sera pas respectéen 2003. Ce qui n'empêcherapas d 'appeler le peuple auxsacrifices, si le déficit devientindécent aux yeux des garantsde l'orthodoxie.

Face à la m a u v a i s econjoncture, Francis Mer nepeut r i en . Il se contente defaire f o n c t i o n n e r une caissee n r e g i s t r e u s e : m o i n s dec ro i s sance , c 'est m o i n sd'impôts qui rentrent, donc onfera moins de dépenses d ' i n -vestissements - alors qu'ellespermettraient de souteni r lacroissance — et on ne rempla-cera pas les fonctionnaires quipartent à la retraite alors queles traitements et salaires de lafonction pub l iques assurent lesoutien de la demande globale.Et quand le ministre des Fi-nances a mesuré le trou dansles caisses, il n'a plus q u ' àouvr i r son journa l pour ap-prendre comment, va le coursdu monde.

Par exemple, Francis Mer aappris comme nous, le 6 mars,que la Banque centrale euro-péenne avait baissé son tauxd'intérêt directeur d'un quart

de point. Théoriquement, cettemesure relance l ' ac t iv i té carles i n d u s t r i e l s t r o u v e n t ducrédi t à moindre coût.Pratiquement, les effets sontinsignifiants. Au lendemain dela décision tant attendue, LesÉchos rappelaient que le prési-dent de la BCE avait déclarévoici un mois qu 'une baissedes t aux représentera i t unegoutte d 'eau dans une merd'incerti tudes. On ne sauraitmieux dire ! Ainsi , la goutted'eau est i n u t i l e , le pacte destabilité est stupide, le déficitbudgétaire est in te rd i t maisinéluctable. M. Mer peut con-t i n u e r à l i r e son j o u r n a l ets'interroger sur la hausse deFeuro. .

Cette hausse était officiel le-ment souhaitée. E l l e a l i e u .Maintenant, elle inquiète lesmil ieux industriels qui ont dumal à exporter. Que faire ?Rien . Comme c'est la baissed u d o l l a r q u i fa i t m o n t e rFeuro, M. Mer n'y peut rien.Sans doute est-il embarrassé.Mais il n'y a rien à faire sinonceci : l a i s s e r fa i re lesindus t r i e l s , donc les laisserlicencier. Nous allons souffrir.Mais la vie n'est-elle pas unevallée de larmes, n'est-il pasvrai n'est-il pas ?

De même, notre ministre desFinances est sans aucun douteagacé par le comportementdes patrons qui l iquident froi-dement usines et personnelspour s ' instal ler à l'étranger.Francis Mer déplore, maiscomprend. N'a-t-il pas été unpatron lui-même, attentifs àses stock-options ? FrancisMer, l 'homme de la gouver-nance compréhensive, regardel'économie sombrer.

Annette DELRANCK

/

Egalité

Femmes

Dour la journée internatio-n a l e des femmes , le 8mars, le gouvernement afa i t des e f f o r t sr e m a r q u é s . A c c u e i l àM a t i g n o n d u c o l l e c t i f

« Ni p u t e s , ni s o u m i s e s »,déjeuner chez Nicolas Sarkozyde femmes fonctionnaires, vi-site de la déléguée à l 'égal i téprofessionnelle aux infirmièresde Bichat.

Communication impeccable,donc, avec, en prime, des pro-positions ciblées de FUMP surla vie famil iale, les violencesconjugales, la précarité. Mes-sage s u b l i m i n a l : la droite faitaussi b i e n que la gauche ets'occupe drôlement bien desfemmes « d'en bas ».

Aussi bien dans la culture desbons sentiments, en effet. D'oùle rappel qu ' i l faut adresser auxcœurs saisis de sol l ici tude. Lecode du Travail (article L140-2, loi n° 83-635 du 13 j u i l l e t1983) s t ipu le que « Tout em-ployeur est tenu d'assurer, pourun même travail ou pour untravail de valeur égale, l'éga-lité de rémunération entre leshommes et les femmes ».

Pourtant, dans le secteur privéet s e m i - p u b l i c , le sa la i re netmoyen des femmes travaillant àtemps complet reste en gros in-fé r i eur de 20 % à c e l u i deshommes. Qu'on respecte la loivotée il y a vingt ans, au l i eude bavarder. Et qu'on appliquele principe d'égalité à F ensem-ble des condit ions de t ravai l(nature des emplois et hiérar-chie professionnelle).

Bien entendu, on ne le ferapas et on continuera de com-muniquer sur « Les Femmes ».Sans voir que, sur un écran detélévision, le visage en larmesd'une ouvrière licenciée détruiten quelques secondes le sym-pathique message des hautesclasses de droite et de gauche.

Jacques BLANGY

Royaliste 812

Page 4: O nouveau souffle

Pénal

Bové

•w- e d i r igeant de la Con-f é d é r a t i o n paysanne aété condamné en févrierà purger une pe ine dedix mois de prison pourla destruction de p lan ts

transgéniques.

Nous demandons la grâce deJosé Bové. Nous la deman-dons d 'autant plus spontané-men t que nous n ' a v o n s pasparticipé à ses actions contreMe D o n a l d ' s e t c o n t r e l e sOGM.

Nous ne contestons pas ladécision des juges, dans leura p p l i c a t i o n r igoureuse desi o i s . Mai s n o u s e s t i m o n s ,comme tant d'autres, que l'ap-p l i c a t i o n de cet te s a n c t i o nconstituerait une injustice. De-puis dix ans, à l'appel d'orga-nisations syndicales prochesde la droite en général et deJacques Chirac en part iculier ,des agriculteurs m i l i t a n t s ontfrappé et blessé des policiers,incendié des camions et brûlédes marchandises, saccagé deslocaux, d é t r u i t du matérielferroviaire...

La liste des délits commis estimpressionnante. Le coût pourla collectivité est considérable.Ces actions violentes ont étémenées devant les caméras etles photographes, les manifes-t an t s agissant à v isagedécouvert. Ils n 'on t pas étésanctionnés alors que leurs ac-tes étaient beaucoup plus gra-ves que ceux commis par JoséBové et ses camarades. Dehautes considérations poli t i -ques e x p l i q u e n t sans doutecette mansuétude immédiate.José Bové, lu i , a affronté sesjuges et a c o n n u la p r i son .Nous demandons au présidentde la R é p u b l i q u e q u ' i l soitgracié.

Yvan AUMONT

,S,F,

Le mensonge, l'impostureet le symbole

Une chose est d'être libéral, une autre del'assumer. La réforme, en catimini, de l'Impôt de

Solidarité sur la Fortune (ISF), contributionqualifiée de « vexatoire et spoliatrice », en apporte

une preuve tangible.

250 000 foyers français,nombre en hausse cons-t a n t e d e p u i s 1 0 ans .donc , son t s o u m i s àPISF, pour un rapport,e n b a i s s e d e p u i s p l u -

sieurs années de 2,46 mi l l i a rdsd'euros, soit un peu plus d'unpour mi l l e du budget du pays.11 en coûte aux personnes im-posées jusqu'à 1,8 % de leurfortune, soit pour un avoir de15 m i l l i o n s d'euros une con-t r ibut ion de 270 000 € par an.En outre, il faut préciser qu 'ungrand nombre de biens en sontexonérés , t e l l e s l es œuvresd 'ar t et m a i n t e n a n t cer ta inséléments de l ' o u t i l de t ravai lou font l 'objet d 'une décote,comme le domic i l e pr inc ipa l .Notons enfin q u ' i l touche plus« hardiment » l'argent qui dortque ce lu i qui c i rcu le . SachaG u i t r y disai t drôlement ques ' i l f a l l a i t p u n i r l e s chèquessans provisions, il était néces-saire de pun i r p lus durementencore « les provisions sanschèques ». et c'est en par t iepour cela que fut créée cettecontribution.

Pas de quoi crier au scandaleet pour tan t nombreuses sontles voix qui s 'élèvent pour ledénoncer. Le plus grave, sansdoute, est qu'au sein même dup a r l e m e n t , des g roupes depression, animés par des dépu-tés et des sénateurs très pro-ches des m i l i e u x d 'affaires,m è n e n t la lu t t e . Legouvernement, animé par uncourage d i g n e d ' é loges , ala i ssé les dépu tés U M P secharger par v o i ed ' a m e n d e m e n t s , accep tésd ' a v a n c e , de f a i r e le saleboulot . La loi Dut re i l a servi

de réceptacle, permettant d'es-camoter le débat . Les argu-ments donnés en f a v e u r decette opéra t ion ont de quo isurprendre, mais leur analysen'est pas dénuée d ' intérêt .

Argument numéro 1 : L ' I S Fpénaliserait les créateurs d'ac-t i v i t é e t pa r t an t l ' e m p l o i . 11convient de s'arrêter sur cetteaffirmation. Comme nous l 'a-vons spécifié, l'argent qui cir-c u l e e s t m o i n s imposé quel 'a rgent qui dort. Ce fait estavancé par des économistesqui notent que les investisse-ments b ien gérés permet tentdes rendements subs tan t ie l s ,a l l é g e a n t de ce seul fa i t lacontr ibution. L'impôt avait étécréé pour lut ter contre la con-c e n t r a t i o n d e r i c h e s s e s« stériles » aux mains de per-sonnes se révélant fort incapa-bles de le faire fructifier. L'ar-gument ne vaut donc rien.

Argument numéro 2 : L ' ISFsera i t d e v e n u « ('Impôt deSortie de France ». Voilà lecoupable , si de « pauvres »riches français se dir igent enmasse vers les frontières, c'estparce qu 'on les menace despol ia t ion pure et s imp le , etbien évidemment ce sont lesplus productifs en terme d'em-plois qui s'en vont. II y a deuxsiècles de cela, les émigrésprenaient la fuite de crainte,fondée, de perdre l eu r tête,nos m o d e r n e s f u i r a i e n t depeur de perdre un ongle. Lestenants de cette exp l i ca t i onsont d 'a i l leurs bien en peinede f o u r n i r que lques donnéesque ce soit à l 'appui de leurthèse, et pour cause ! Les ex-p a t r i é s é t a i e n t en 1999 aunombre effarant de.. . 29 000.

pas pour cette seule année,préc i sons - le , ma i s au total .Pour la p l u p a r t d ' en t re eux.I M S F n ' en t re même pas d a n >les raisons de l eurs cho ix , etceux que Ton pourrait trouverf u y a n t l ' i m p ô t , ne sont enécrasan te m a j o r i t é q u e d e sgens p l u t ô t âgés e t g u è r ee n t r e p r e n a n t s . A l o r s f a b l e .comme la pré tendue non at-t rac t iv i té de notre pays alorsq u ' i l con fo r t e son rang dec i n q u i è m e place d ' i nves t i s se -ment dans le monde.

Et pourtant, l ' a l légement del ' impô t a eu lieu, scandaleuxpour trois raisons ;

- la s i t u a t i o n des financesp u b l i q u e s ne j u s t i f i e en r i e nque l'on se prive de ressourcesa l o r s q u e l e s d é f i c i t s secreusent . Baisser les impôtssans au t re forme de procèsr e l è v e d ' u n e p o l i t i q u eimbécile. C'est un peu commes i l ' o n v o u s p r o p o s a i t d eréduire de 20 % votre salaireen remplaçant le manque parun emprunt à votre charge ;

- le refus de cet impôt, sym-bolique sous tous ses aspects.montre la progression du refusde certains de cont r ibuer auxcharges de la Nat ion et sou-vent ceux-là mêmes qui profi-t e n t sans v e r g o g n e de l amanne f i n a n c i è r e de l 'État .C'est là l'aspect idéologiquemajeur. Les ultra-libéraux sou-tenant en effet que ne seraientlégitimes que les contributionsindirectes, assises sur l 'act ivi tééconomique, système favori-sant l 'amassement de riches-ses pour partie stériles ;

- enfin, alors que le chômagereprend sa course folle, accou-cher d'un plan social pour ri-ches démontre le m é p r i s etl 'abandon des plus fragiles auprofit d 'une caste qui n'a r ienà craindre du lendemain.

Pitoyable pol i t ique. . .

Pascal BEAUCHER

Royaliste 812

Page 5: O nouveau souffle

Tournant

Une nouvelle politiqueétrangère

A partir de la résistance à l'entrée en guerrecontre l'Iraq, mais au-delà de celle-ci, on voit semettre en place les éléments de ce qui pourrait

constituer une nouvelle politique étrangère pourla France.

action diplomat ique apris ces dernières se-m a i n e s u n c o u r snouveau. On sent quele mouvement dépassela s i m p l e c r i s e

iraqienne, q u ' i l va p l u s lo in ,q u ' i l remet à p la t tou te unesérie de présupposés entretenusd e p u i s la fin de la SecondeGuerre mondiale. La chute ducommunisme a mis un terme aumonde des blocs. On se conten-tait de défaire. Maintenant, ils'agit de reprendre le grandmouvemen t de 1945, de laconstruction d'un monde.Comme en Allemagne en 1848,d e r r i è r e l e s m o u v e m e n t spopulaires, veille un Bismarck,un d i p l o m a t e de t a l en t quiconstruit. On voudrait croireque se forme ainsi dans le se-cret des cabinets une pensée depolitique étrangère qui va révo-lu t ionner le monde organisé.Cette pensée n'est pas, commeon l ' a r e p r o c h é au« védrinisme », une posture cri-tique extérieure, même habilléede solidarité. Elle ne peut s'af-firmer comme une pensée alter-native que si elle est positive.Elle construit de nouvelles soli-darités qui vont périmer les an-ciennes et les remplacer. I l nes 'agi t pas de c o a l i t i o n s àopposer , ma i s d ' u n nouveausouffle.Si la rhé to r ique para î t t rop« villepinienne », décryptons-laautrement. Les premiers pas dela nouvelle diplomatie se por-taient tous azimuts. Les événe-ments se sont chargés d'ordon-ner des priorités. Ils ont presquedécidé pour nous : le retourne-ment a l lemand, puis p lu s ré-cemment le revirement russe.

Alors que Ton nous démontraittoutes les raisons d 'une conver-gence russo-américaine, Pou-t i n e a f a i t u n d e m i - t o u rcomplet , au grand dam de laconseil lère du président Bush,Condoleezza Rice, spécialistedu monde soviétique. Isolée laFrance ? E l l e n ' a j a m a i s euautant d ' a l l i és . A l l i é s de cir-constance unis sur un s implerefus ? Voire. Les revirementsne s ' exp l iquen t , au contraire,q u e p a r u n e r é f l e x i o napprofondie, longuement mûrie.C'était le rapprochement Bush-P o u t i n e q u i ava i t t ous l e sca rac t è r e s de la r e n c o n t r eo c c a s i o n n e l l e . P o u t i n e ,Schrôder et Chirac ne sont pasparticulièrement chaleureux lesuns avec les autres. Il s'agitbien de raisons d'État, les plussolides.

La France n'a pas cho i s i des'aligner ni sur le « pacifisme »a l l e m a n d n i s u r le« revanchisme » russe." Berlin etMoscou se sont joints à Parissur une vision, celle d 'une Eu-rope unie « de l 'A t lan t ique àl'Oural », mais aussi celle d'unmonde où chacun soit reconnu.Les discours du président Chi-rac sur la « d i v e r s i t é c u l t u -relle », sur le « développementdurable », et plus récemmentsur le droit pénal international,ne sont pas des a r t i f ices destyle. On devrait le comprendrelors de la r é u n i o n du G 8prévue à Evian début juin. L'i-dée avait déjà été lancée en1989 d 'un de ces sommets despays les plus industrialisés cou-plé à la promotion des grandspays du reste du monde. L'idéea été affinée à la faveur dessommets séparés de la mondia-

lisation et de Panti-mondialisa-t ïon : Évian doit montrer quel'on peut transcender à la foisDavos et Por to A leg re . LaFrance ne se sat isfai t pas decet te n o u v e l l e c o u p u r e d umonde qu'elle ne saurait accep-ter p lus que l 'autre. Commentaccepterait-elle la marginalisa-tion de l 'Afrique, comme celledu monde arabo-musuiman ?La volonté affichée de l 'Améri-que est, certes, de faire ré in-tégrer la mondialisation à cesensembles. Mais l 'hégémoniea m é r i c a i n e , même b é n i g n e ,n'est pas ce qui c o n v i e n t auMoyen-Orient ni à l 'Afrique.

Le mouvement est devenu tropimportant pour ne pas survivreà une simple « crise », a fortioria une guerre. L'ordre interna-tional dans son ensemble est encause. Le président Bush et lesnéo-conservateurs ont raisond'avouer que leur objectif est leremodelage du Moyen-orient,jomme ils voulaient aussi re-modeler la carte de l 'Afrique.En termes de v is ion , ils sontcependant dépassés. La nou-velle politique étrangère qui secréée en dehors d'eux vise, elle,le remodelage des relations in-t e r n a t i o n a l e s d a n s l e u rensemble. Le reste en découle :le sommet France-Afrique, lavisite d'État en Algérie n'au-ront jamais été aussi réussis queparce qu'i ls s'insèrent dans unevision globale et ne se limitentpas à des alliances éphémères etdes c o m b i n a i s o n s d ' i n t é r ê t sconjoncturels. Il y a de forteschances pour qu'en définitive,les États-Unis soient contraintsde s'aligner.

Yves LA MARCK

NB : On consultera avec profit ladernière l i v r a i s o n de la revue« Politique étrangère » h ive r2002-2003, « Quelle po l i t iqueétrangère pour la France ? »,ÏFRI.

BREVES$ M A R O C - S ' e x p r i m a n t aBruxelles, au Parlement européendans le cadre de la Conférence inter-nationale sur le renforcement du rôlede la femme, la princesse Lalla Mc-ryem a déclaré que « Le roi Moham-med VI place la promotion desdroits de la femme au Maroc aucœur de son projet démocratiquemoderniste ». Elle a également sou-ligné tout ce qui avait déjà été ac-compli en ce domaine : « la repré-sentation féminine au sein de lachambre des représentants ». « tagénéralisation de renseignementpour les filles ( . . . ) pour leur permet-tre d'accéder à des postes deresponsabilité, en parfaite égalitéavec l'homme », « l'élaborationd'une stratégie nationale de luttecontre la violence à l'égard desfemmes ». Elle a conclu en affirmant« qu 'il ne peut y avoir de progrès etde démocratie sans la reconnais-sance du droit des femmes à l'éga-lité et à leur participation, à partentière, aux processus qui condui-sent à la prise de décisions ». Cetteénergique prise de position venantde la part de la sœur du roi, n'estpas passée inaperçue au Maroc où leprojet de réforme du Code'de Statutpersonnel (Code la famille) est enchantier et se heurte à l 'hostil i té dela partie la p lus conservatrice de lapopulation marocaine.

4 CAMBODGE - S'estimant in-justement accusé de sor t i r de sonrôle c o n s t i t u t i o n n e l et de v o u l o i rdiriger le pays, le roi Norodom Siha-n o u k a déclaré «je suis prêt àabdiquer sans délai, dès que j'au-rais l'autorisation d'une majoritédes membres de l'Assemblée natio-nale ». Cette décision survient alorsque le pays, à la veille d'électionsgénérales en ju i l le t prochain, est laproie de tensions suscitées notam-m e n t p a r l e s é m e u t e s a n t i -thaïlandaises de janvier dernier etpar le meurtre d 'un important res-ponsable politique royaliste.

+ SUÈDE - La princesse héritièreVictoria, fille aînée du roi Cari XVÏGustav et de la reine Silvia, âgée devingt-cinq ans, vient de commencerun stage dans l'armée pour s ' ini t ierau maniement des armes et auxsoins médicaux d'urgence. A l ' issuede ce stage elle recevra un certificatd'aptitude pour servir dans les for-ces suédoises à l'étranger. En aoûtdernier la princesse Victoria avai trendu visite, au Kosovo, aux troupessuédoises engagées dans la forcemultinationale.

4 IRAQ - La réunion de l'opposi-t i o n i r a q i e n n e qui a eu l i eu àSalaheddine, dans la région kurde aunord de l ' Iraq, s'est tenue sans lesreprésentants du Mouvement pour lamonarchie constitutionnelle (MMC)qui ont refusé cTy prendre part, esti-mant que les projets américains pourl 'avenir du pays étaient inaccepta-bles et que leur participation revien-drait à les cautionner.

il Royaliste 812

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e nationalismearabe avait créé unvaste cimetière demonarchies et lesrois du Maroc et deJordanie étaient

présentés comme des survivants ensursis. Pourtant ils ont créé desinstitutions solides et ce type derégime suscite à nouveau l'intérêtdans le monde arabe. Pourquoi ceregain ? Dans quelle mesure lamonarchie peut-elle maintenirTunité de pays en proie à deviolentes tensions ? Professeur àPlnstitut d'Études politiques deParis, spécialiste du monde arabe,Rémy Leveau a dirigé uneimportante recherche sur lesmonarchies arabes. Nous sommesheureux de l'accueillir ici.

• Roya l i s t e : Nous avonsl o n g t e m p s cru que le« m o d è l e » m o n a r c h i q u eeuropéen é ta i t s p é c i f i q u e .Aussi avons-nous pendantlongtemps laissé en dehorsdu champ de notre réflexiontoutes les autres monarchies.notamment les monarchiesarabes - à l ' e x c e p t i o n debrefs coup d'œil sur le Marocdepuis Pavènement de Moha-med VI. Vous nous incitez àréviser notre- po in t de vue !

Rémy Leveau : Les monar-chies arabes ne sont pas vrai-ment d i f fé ren tes des autresmonarchies. Dans la plupartdes cas, les monarchies arabesont été c o n s t r u i t e s par lescolonisateurs. Lyautey fut unmonarque, auquel le Marocd o i t sa t r a n s f o r m a t i o n . AuMoyen-Orient, ce sont les An-glais qui ont créé les monar-chies après la des t ruc t ion del'empire ottoman - ce qui leurpermettait de gouverner sanst r o p s 'engager . Au mêmemoment, les Français trans-féraient en Syrie et au Libanla C o n s t i t u t i o n de la I I I e

République...Ces monarchies, adaptées à

l'histoire et à la c u l t u r elocales, sont des régimes mo-dernes qui ont eu à affronterles problèmes que nous avonsc o n n u en E u r o p e au X I X e

s ièc le : passage du r u r a l àl'urbain, éducation de masse,rivalités entre les États natio-naux qui , au Moyen Orient,s'est traduite par la polarisa-t ion sur l 'É ta t d ' I s r aë l . Cec o n f l i t , v o u s le savez, aentraîné la chute de nombreu-

ses m o n a r c h i e s : c e l l ed'Egypte en 1952, d 'Iraq en1958, de Libye en 1969. Lesnationalistes arabes accusaientces monarch ies d'être tropproches des pays occidentauxet de s'engager de manière in-suf f i sante dans le camp dese n n e m i s d ' I s r a ë l . Et lesAmérica ins , dans les annéescinquante, jugent que les mo-narchies arabes sont condam-nées et que l'avenir appartientaux d ic ta tures na t iona l i s tesmilitaires.

• Royal i s te : Pourquo i lamonarchie marocaine ne suc-combe-t-clle pas ?

Rémy Leveau : Parce qu'ellea résisté au Protectorat. Mo-h a m m e d V, qui ava i t é téc h o i s i p o u r s a d o c i l i t ésupposée, s'est affirmé peu àpeu comme un m o n a r q u enationaliste, composant dansun premier temps avec le Ré-sident général Noguès, puissoutenant l'effort de guerredes F r a n ç a i s . Après laLibération, il a demandé !e re-tour aux principes du protecto-rat t e l s q u ' i l s ava ien t étéarrêtés en 1912 et qui affir-maient la nécessité d'associerles Marocains à l'exercice dupouvoir - comme le souhaitaitLyautey.

La IV e République n'a pastenu compte de ces demandes.Mohammed V s'est dissociédu protectorat français et ap r i s u n e d i m e n s i o nnationaliste. S'il n'avait pasagi de cette manière, il auraitcertainement connu le destinde la monarchie beylicale qui

a disparu après avoir coexistépendant deux ans avec HabibBourguiba.

• Royaliste : A part i r dequels matériaux avez-voustrava i l l é ?Rémy Leveau : Quand nousavons commencé notre travail,toute la littérature scientifiquesur le monde arabe tenait en-core le na t iona l i sme arabecomme le courant primordial.Le modèle, c'était l'Egypte deNasser, puis de Sadate et deMoubarak ; le nationalisme

avaient des revenus d'une telleampleur qu'elles pouvaient as-surer une redistr ibution de larente qui les dispensait de par-tager le pouvoir. Quant à laJ o r d a n i e , on la p r é sen t a i tcomme un État artificiel des-tiné à disparaître.

Ces analyses ne tenaient pascompte d'un certain nombrede points majeurs. Ainsi, lapremière expérience démocra-tique au Maroc, en 1962-1963.est l 'équivalent de l ' introduc-t ion en France du suffrageuniversel en Î848. Au Maroc,

• Au Maroc, Mohammed V a résisté au Protectorat et estdevenu une figure mythique pour les Marocains.

palestinien représentait la so-lution d'avenir. Toutes les mo-narchies ayant été balayées auMaghreb et au Machrek, lamonarchie marocaine é ta i tconsidérée comme uneanomalie. Quant aux monar-chies de la péninsule arabique,on expliquait leur existencepar la rente pétrolière (« pétro-monarchies ») et par le soutienanglo-saxon. Ces monarchies

le vote paysan est favorable àla monarchie contre la classem o y e n n e u r b a i n e , qu i e s tnationaliste. Le roi Hassan 11obtient en effet 80 % de suf-frages positifs (sans traficota-ges !) lors du référendum surla nouvel le const i tu t ion dupays. Aux élections d 'avr i l1963, le roi refusa l'organisa-tion d'un parti monarchis te(tout comme l'armée, qui vou-

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l a i t b i e n s o u t e n i r l amonarchie, mais pas le partiqui la soutiendrait) et le pa r t ifavorable au roi n'a obtenuqu'une faible majorité. Par lasuite, il fallut donc « adapter »les élections pour que se cons-titue une large majorité.

Q u a n t a u x m o n a r c h i e spétrolières, elles étaient quasi-m e n t admin i s t r ées par lesAnglais. Notez q u ' i l s n 'ontpas été chassés. C'est une dé-c i s i o n du g o u v e r n e m e n tbritannique, en 1970, d'effacertoute présence de souverainetébri tannique à Test de Suez.D'où un sentiment d'abandondans les pays du Gol fe .Cependant , les Ang la i s ontlaissé des gens sur place, ar-rangé à leur manière les suc-cessions dynastiques af in defavoriser l 'avènement dé j eu -nes rois modernes - comme lesultan d'Oman qui sortait deSandhurst. En fait, au coursdes années soixante-dix, il y aeu dans le Golfe un glissementprogressif d'influence au pro-fit des Américains, sans queceux-ci soient demandeurs carils s'intéressaient beaucoupplus à la péninsule arabique enra ison de ses ressourcespétrolières.

• Royaliste : Et la Jordanie ?Rémy Levcau : L'avenir decette monarchie paraissait ef-fectivement compromis. Le roiAbdallah est assassiné, son pe-tit-fils Hussein est visé parplusieurs complots mili taires,et manque à plusieurs reprisesd'être lui aussi assassiné - sadernière grande épreuve étantl'affrontement avec les Pales-

t i n i e n s i n s t a l l é s dans l eroyaume au cours du fameuxSeptembre noir. Le roi l'a em-porté grâce à la f idél i té desunités de Bédouins mais aussigrâce à un certain nombre dePalestiniens qui pensaient quela solution monarchique avaitplus de sens qu 'un pouvoir na-tionaliste installé à Amman.

• Royaliste : Comment ana-lysez-vous l'évolution de lasituation au Maroc ?Rémy Leveau : M o h a m -med V fut un roi t rèstemporisateur, face au Protec-torat et aux nationalistes, et Taeffectivement emporté. Has-s a n I I , q u i l u i succède e n1961, a construit son pouvoirsur le suffrage universel dansun premier temps, puis sur lar i v a l i t é de type nat ional is teentre le Maroc et l'Algérie. Lamonarchie s'appuie sur le cou-rant nat ional is te tout en af-frontant le groupe des officiersqui complote à la manière desEgyptiens, des Syriens et desIraqiens mais qui ne parvientpas à renverser le roi. La mo-narchie survit et se transformeen régime autoritaire - mais ladictature militaire est évitée aupays. L'armée garde quant àelle son influence et son pres-tige p u i s q u ' e l l e garde lesfrontières face au Polisario.

• Royaliste : On peut direque les rois de Jordanie et duMaroc ont eu beaucoup dechance,..

Rémy Leveau : C'est vrai,mais dans les deux cas nousobservons un savoir-faire mo-narchique qui s'appuie sur une

capacité à faire des arbitragesexternes et internes entre lesdifférentes forces politiques etsociales. Il ne faut pas oublierque ces pays connaissent detrès profondes transformationssociales. Ainsi, le Maroc estpassé de 10 mil l ions d'habi-tants à la fin du Protectorat à30 mi l l ions aujourd 'hui et lapopulation urbaine, qui repré-sentait 20 % du total à la findes années soixante, dépassea u j o u r d ' h u i les 50 %. Demême, 70 % des Jordaniensvivent désormais en v i l l e .Dans ces deux pays, il y aé d u c a t i o n de la c lassem o y e n n e , l e s u n i v e r s i t é scréent beaucoup de diplômésqui ne trouvent pas nécessaire-ment des emplois - loin s'enfaut.

• Royaliste : Les monarchiesjordanienne et m a r o c a i n eont-elles affronté de la mêmemanière l'islamisme radical ?

Rémy Leveau : Dans les deuxpays, l'islamisme radical estbeaucoup moins virulent quelà où il succède au nationa-lisme - en Egypte et dans unecertaine mesure en Syrie. Lesmonarchies conservent leurpouvoir symbolique, dans le-quel entre une bonne part dereligieux, ce qui leur a permisde contrôler et d'adapter lesmouvements religieux en lesfaisant rentrer dans le système.

A par t i r du moment où descourants islamistes s 'affir-maient dans îa société (aufond comme une n o u v e l l eforme de nationalisme arabe),les monarchies de Jordanie etdu Maroc ont coopté les isla-mis t e s qu i accep ta i en t lesrègles du jeu afin d 'él iminerles radicaux p lus ou moinsviolemment.

En revanche, les monarchiespétrolières ont été beaucoupp lus gênées par le déf iislamiste. Les attentats du 11sep tembre en d o n n e n t l apreuve : sur 19 terroristeskamikazes , on compte 14Saoudiens.

• Royal is te : Comment ex-pliquez-vous ce fait?

Rémy Leveau : En ArabieSaoudi te , i l y ava i t l ' i d é eq u ' o n pouvait l ég i t imer lepouvoir politique par une as-sociation avec l'islamisme ra-dical au prix d'un discours depolitique extérieure hostile àIsraël et, parfois, hostile auxÉtats-Unis. En fait, le pouvoirpolitique s'efforçait d'exporter

vers l 'extérieur tout le poten-tiel violent de ces groupesradicaux. Tant qu ' i l y avait laguerre d'Afghanistan, dé jeu-nes p r i nce s et des f i l s debonne famille pouvaient y êtreenvoyés - l 'exemple de BenLaden est tout à fait significa-tif à cet égard. En A f g h a -nistan, mais aussi en Bosnie eten Tchétchénie, les grandesfamilles saoudiennes ont enfait créé et financé des ONGislamistes. I l n'est donc pasétonnant que Ben Laden soitencore populaire dans lesÉtats du Golfe.

Cela dit , les attentats du 1 1septembre marquent un tour-nant car on s'est aperçu quel ' islamisme radical s'attaquaitau deuxième soutien, après lepétrole, de ces monarchies - àsavoir les États-Unis qui assu-rent leur protection mi l i ta i re .D 'où l ' énorme malaise qu irègne actuellement en ArabieSaoudite et dans les États duGolfe puisqu 'on s'est aperçuque ces pays avaient soutenules t a l iban et largement fi-nancé le terrorisme.

En réaction, certains Améri-cains disent qu'après avoir éli-miné Saddam Hussein il fau-dra démocratiser la région :d'abord l'Arabie Saoudite puisles aut res États du Gol fe .Comme les règles de succes-sion ne sont pas c la i rementfixées, ce qui entraîne des ri-valités entre les princes, lesAméricains pourraient assezfacilement devenir les maîtresdu jeu. Mais il est encore pos-sible que les pactes famil iauxf o n c t i o n n e n t dans cesmonarchies, ce qui l imiterai tles capacités de manœuvre despuissances étrangères. Nousen sommes là... Mais l ' i d éeque la monarchie peut être unlieu de conciliation d'intérêtsd ive r s - t e r r i t o r i a u x ,politiques, idéologiques, sansoublier les courants moderni-sateurs - fait actuellement sonchemin.

Propos recueillis aux.Mercredis de la NAR

^° Nota : le texte de cet entretienn'a pu être relu par l'auteur.

Monarchiesarabes

Transitions et dérivesdynastiques

sous la direction de RémyLeveau et Abdellah Hammoudi

Prix franco 19 €

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Dossier

Penser avecFrançois Perroux

Certains grands auteurs, par exempleMontesquieu, sont plus souvent cités que lus.

Pour François Perroux, c'est le contraire : il estrare qu'on le cite, mais cet économiste français -

le plus grand du XXe siècle - continue d'êtreétudié avec une attention extrême.

On ignore ce t ravai l ?C'est que nous vivonsdans ce domaine scien-t i f ique une époque deglaciation idéologique

si rigoureuse que toutes lespensées économiques chemi-nent dans le souterrain. Aussibien la pensée classiquementl i bé ra l e (car icaturée par les c h é m a de 1" u l t r a -concurrence), que le keynésia-nisme et le marxisme.

François Perroux connaît lemême sort : l 'édi t ion de sesœuvres complètes ne rencon-t r e a u c u n écho d a n s S e smédias et ceux qui v e u l e n tprolonger les p e r s p e c t i v e sq u ' i l a tracées se retrouventdans de discrets centres et ate-liers de recherches. L'excep-tion qui justifie la règle mérited'être rappelée. Lors du krachboursier de 1998, un quotidienaméricain t i t ra en premièrepage qu ' i l s'agissait de « larevanche de Keynes et de Per-roux ». Cela ne suffit pas àauthentifier une pensée. Maiscet hommage posthume inciteà découvrir l 'homme qui l'amérité et la pensée qui étaithonorée à l 'égal de ce l l e deKeynes.

L'homme était un savant, ausens s t r i c t du t e rme : unhomme de savoir, assez pru-dent pour dire et répéter qu ' i ltravaillait dans une « intentionscientifique » - la science éco-nomique n'étant pas encoreconstituée. Ce savant était unprofesseur qui représentait, enéconomie, ce que Raymond

Aron était pour la sociologie.François Perroux enseignait àP a r i s ma i s p a r c o u r a i t t emonde avec une belle énergie,m u l t i p l i a n t les observationsconcrètes et s ' a t t a chan t denombreux disciples qui lui de-meurent aujourd'hui fidèles.

Mais l 'orientation de sa re-cherche ? La critique de l'éco-nomie classique (libérale), laconfrontation avec Marx, lagénéralisation de la théorie deKeynes . B i e n e n t e n d u cerésumé, par trop réducteur, neser t q u ' à i n c i t e r à unep r e m i è r e a p p r o c h e d ' u n eœuvre qui n'est pas réservéeaux seuls économistes.

Le dossier que la revue Cité(1) consacre à François Per-roux le fait effectivementapparaître comme l'interlocu-teur de Marx, de Keynes, deS c h u m p e t e r , m a i s aussi(surtout ?) comme philosophedu développement, maître degéopolitique (prophétique ence domaine), penseur du pou-\o i r - révolutionnaire enfindans sa volonté d'orienter l 'é-conomie par rapport aux hom-mes qu'il faut impérativementnourrir, soigner et libérer lors-q u ' u n système les t ient enesclavage.

B. L. R.(1) Revue Cité, N° 40, 1er trimes-tre 2003 : Doss ie r F r anço i sPe r roux , sous la d i r ec t ion deFrançois Denoël. pr ix franco :7 €. Con t r i bu t i ons de W i l f r i dAzan. Jean-Claude Delaunay,G é r a r d D o n n a d i e u , T h i e r r yPouch, Bertrand Renouvin.

Yougoslavie

La guerre, etpuis après ?

Maintenant que les intellocrates français sedésintéressent des Balkans, prétexte pour eux àchamailleries en toute méconnaissance de cause,il est possible d'esquisser un jugement nuancégrâce aux travaux d'authentiques historiens.

Présenté aux opinions pu-bliques de l'ouest euro-péen comme un combatmanichéen, ou déplorécomme un re tour à la

barbarie, le conflit yougoslavese déroule de manière com-plexe et abouti à des résultatsparadoxaux.

Cette complexité est due àdes dialectiques politiques quis'enchevêtrent sous l'effet devolontés opposées - et nond'une fatalité qui aurait poussédes « tribus », des « ethnies »,des peup les en p r o i e à des« haines ancestrales » les unscontre les autres. Nulle fatalitéau conflit, ni dans le déroule-ment des hostilités, mais uneraison à l'oeuvre, diaboliqueau sens premier du terme :volonté de séparer, de diviser,d'exclure afin que le chef éta-blisse son pouvoir sur une so-ciété recomposée pour les be-soins de sa propre cause.

Dans un ouvrage savant (I),qui fait déjà référence, DianeMasson retrace et éclaire cescheminements compliqués enfaisant l'histoire de la guerreentre Serbes et Croates, ouplus exactement de l'affronte-ment entre S. Milosevic et F.Tudjman. Pour l 'un commepour l'autre, la guerre n'estpas le but, elle paraît être lemoyen décisif de régler lesquestions de territoire et depouvoir, une manière primi-tive d 'accumuler du capitalsymbolique - de se fabriquerde la souveraineté et de la lé-gitimité dans une Yougoslavie

privée'des repères pol i t iqueset fédérateurs qui avaient étéd o n n é s par l a m o n a r c h i eroyale pu i s par l ' au toc ra t i etitiste. Le nationalisme autori-ta i re de S. M i l o s e v i c etF. Tudjman, par delà les di f -férences des régimes serbe etcroate, vient combler ce vided'une manière qui n'est passpécifiquement balkanique :les nations de l'ouest ne sontpas prémunies contre ce typede fondation violente.

On réfléchira aussi à l'échecdes deux alliés-rivaux. Ni l 'unni l 'autre n 'at teignent leursobjectifs territoriaux, les so-ciétés q u ' i l s p r é t e n d a i e n trégénérer sont meurtries, terri-blement appauvries et aban-donnée à un double paradoxe :la Croatie est un État ethni-quement purif ié (à 2 % près)après expulsion massive desSerbes ; la petite Républ iqueyougoslave demeure un Étatp lu r i e thn ique où cohabitentnotamment des Serbes, les400 000 Musulmans du Sand-jak et la population hungaro-phone de Voïvodine. Faire del'histoire, avant de juger et decondamner.

Yves LANDEVENNEC

£01 (1) D i a n e Masson .« L'utilisation de la guerre dansla construction des systèmes poli-tiques en Serbie et en Croatie,1989-1995 » . L ' H a r m a t t a n« Logiques po l i t iques », 2002.pr ix franco : 29 €.- L'auteur estsecrétaire de rédaction de la revueBalkanologie.

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Idées

Science dubeau temps

Tout en diffusant les mi l l e et une images du désastregénéral engendré par ( 'ultra-concurrence, l ' idéologiemédia t ique cont inue de proclamer une bonne nou-velle présentée comme fatalité : l 'économie modernen'est r i en d 'aut re que le marché m o n d i a l p l u s lesÉtats-Unis. /< Mondia l i sa t ion heureuse », comme dit

Alain Mine, sous État-Providence planétaire.

Au « l ibéralisme réel », qui évoque dans ses assertions ledéfunt « socialisme réel », nous opposons une vérité révolu-tionnaire qui eut été dénoncée comme lapalissade voici unetrentaine d'années : il y a une économie polit ique, ensemblecontradictoire de théories d ' intent ion scientif ique, dont s'ins-pirent des pol i t iques économiques. Cela s igni f ie que l'éco-nomie doit être conçue pour les hommes, par les États, envue du bien commun. Cela impl ique le devoir de penser etrepenser sans cesse cette science en voie de constitution.

Telle est la tâche que s'est assignée, avec d'autres scientifi-ques qu ' i l faut soigneusement distinguer des «experts», ununiversitaire trop discret. Pour Michel 1lenochsbcrg. « leszélateurs de l'unique modèle de toute société économique nepensent plus : ils se contentent de reproduire et de commen-ter une suprématie-». Mais p u i s q u ' i l faut bien parler, etécrire pour se faire apprécier, ces zélateurs produisent desmodèles abscons b izarrement assortis à des expériencesproliférantes et obscures. De la langue de bois pour seguider dans le maquis global ! Pas étonnant que beaucoupde citoyens n'y voient goutte, et s'en remettent aux gourousdes salles de marchés. Qu'ils sachent q u ' i l n 'y a rien àcomprendre dans ce fatras, sinon les stratégies personnelleset les conflits de classe qui y sont cachés.

Faut-il pour autant désespérer de l 'économie p o l i t i q u e ?Pas le m o i n s du monde . Mais , comme dans une v i l l esoumise à de fréquentes secousses sismiques, il importe devérifier jour après jour la solidité des fondations - autrementdit des concepts qui assurent les constructions théoriques encours. Or Michel Henochsberg démontre que l 'ultra-libéra-lisme est un édifice aussi fragile et i l l u s o i r e que le châteaude Blanche-Neige dans un parc de Disney : de l'hyper-réalité dans laquelle il n'est pas possible d'habiter mais qui,tout de même, fait a l lusion à quelque chose de réel.

Tel est le piège que recouvre le discours sur « le marché ».Nous avons tous fait notre marché, et c'est à partir de cetteexpérience concrète qu 'on fabr ique le modèle du Marchémondialisé, comme description fidèle et indépassable de laréalité.

C'est cette assertion que Michel Henochsberg conteste demanière radicale en s ' interrogeant , par un jeu de motssignificatif, sur la place du marché (2). Pour lu i , le Marchées t une n o t i o n « t o t a l e m e n t c r e u s e » , une r é a l i t é« insaisissable » qui se perd dans une mult i tude de lieux etde relations : marchés financiers, marché monétaire, marchéde la place du v i l l a g e , de la banane , de l ' o p i u m , desesclaves...

C o m m e n t s 'y retrouver ? En opérant une d i s t i n c t i o npremière entre le Marché et l'activité commerciale qui atoujours été placée sous l 'égide du pouvoir po l i t ique . Ladémonstration historique de Michel Henochsberg est remar-quable et constitue une belle et bonne leçon pour tous les

« pragmatiques » qui prétendent raisonner et agir hors del'histoire.

Le commerce, ce sont des routes terrestres et mar i t imes ,des ports et des caravansérails, des hommes, des bêtes, deschariots et des bateaux en déplacement - tout ce mouvementétant organisé, protégé, contrôlé, policé. Quant aux marchés,on les trouve dans des v i l l es déjà construites, non par lesmarchands, mais à l ' in i t ia t ive du Prince. Miche l Henochs-berg a bien lu François Perroux, et le di t . Le marché n'estpas un espace de rencontre entre une offre et une demande.il est voulu comme tel, p o l i t i q u e m e n t i n s t i t u é : « ...lemarché, machine sociale au service d'une stratégie, ma-chine sociale imposée par le pouvoir, est avant tout unetopographie, une composition de l'espace, une politique ».Aussi apparaît-il comme reflet, non comme cause. 11 n'estpas l ' économie , il est au c o n t r a i r e « d é b o r d é » parl'économie, c'est-à-dire par la c i r cu la t ion incessante desbiens, par des services de toutes sortes qui s 'échangent endehors des heures légales d 'ouver ture des marchés. Dumoins jusqu'à ce que la bout ique établisse un « marchépermanent et diffus » mais point conforme au modèle actuelpuisque le marchand ins ta l le son magasin avec un projet devendre qui v ient avant la demande - ce qui é t a b l i t unedissymétrie fondamentale entre son offre et la demande duc l i e n t .

11 ne s'agit pas de nier l 'existence de marchés et de libreséchanges commerciaux pour faire pièce à l 'ul tra-l ibéral ismemais de montrer que l'idéologie dominante donne du marchéune image fal lacieuse et établi t une opposition fictive entrele marché et l'État.

Le marché n'est jamais cette belle spontanéité réglée par lafameuse « main invisible ». Il n'y a pas d'activité sur tel outel marché sans le rôle moteur d'un tiers, intermédiaire ouplutôt média teur , bien vis ible : État, syndicat d' intérêts,organisation mafieuse... Sans ces agents extérieurs, point dedynamique ! De même que l'économie est « la science dubeau temps » qui dit que ça va bien quand ça va bien maisqui disjoncte quand les choses tournent mal, le marché estnormatif, immobi le , réactif: c'est « l'instance amplificatricedu prévu et du consensus », le bureau d'enregistrement desmariages annoncés.

Pas é tonnant , dès lors, que le conformisme nous étouffe.Les ultra-l ibéraux vantent la profusion des biens mais Mi-chel Henochsberg montre qu'elle tourne actuellement à unegigantesque confusion qui anéantit la liberté : « la pléthorefait disparaître le pluriel », ce qui se vérifie dans l 'édi t ion,à la télévision, sur les rayons des grandes surfaces commesur le « marché politique » : les oligarques de droite et degauche disent la même chose et sont habi l lés pareil. Piègedu marché, autoréférentiel comme l'a montré André Orléan.mimétique, autistique, tautologique...

Mais la concurrence ? N'est-elle pas dynamique, créatrice,toujours st imulante et spontanément justicière dans son triincessant des compétences et sa logique de baisse des prix ?Erreur, d'un point de vue libéral : la concurrence naît d 'undéséquilibre, elle s'annulerait s ' i l y avait retour à cet Équi l i -bre requis par la théorie. Et surtout faute de logique : onconfond les pratiques concurrentielles, bien connues, et uncadre concurrentiel qui relève de la fiction.

C'est dire que le marché mondial est un songe qui tourneau cauchemar : cela s'appelle la crise, que Michel Henochs-berg nous aide à mieux comprendre avant de tracer lespremières pistes qui nous permettront de re-composer l 'Étatet le marché. Pensons à nouveau l 'économie en termespolitiques.. .

B. LA RICHARDAIS

£Q (1) Michel Henochsbere. « La place du marché ». Dcnoël.2001. prix franco : 24 €,

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Page 10: O nouveau souffle

. - Dialogue

Les deux faces d'unemême histoire

Royaliste avait salué comme il convenait le premier livre de souvenirsd'Hélie de Saint Marc (1). Aujourd'hui, de son dialogue poignant avec un

officier allemand surgissent des images fortes et des interrogations...

«l n pays sans his-toire ne seraitpas un pays sansmalheur mais unpays sans va-

leur ». Ce pourrait être un su-jet de d i sser ta t ion mais , enprononçant une te l le phrase,Hélie de Saint Marc, presti-gieux officier français, résumeau m i e u x l e long d ia logueq u ' i l v i en t d ' achever avecAugust von Kageneck ancienofficier de la Wermacht (2).L'un et l'autre qui ont souffertau-delà du possible, ont écritpour leur pays respectif uneparcelle de cette histoire terr i -ble qui va de la prise du pou-v o i r par H i t l e r , à la guerrepuis à la défaite pour l ' u n etu n e a m è r e v i c t o i r e pou rl 'autre.

Cet échange improbable, ausoir de l e u r v ie , entre deuxhommes, h ie r ennemis parceq u e l e u r s pays é t a i e n tennemis, témoigne de ce quefurent leurs illusions et surtoutleurs désillusions et peut-être

Le n° 40 est paru :

DossierFrançoisPerroux

Prix franco : 7 €

l eur espérance? I l ne s'agitpas de propos de circonstanceou d ' u n déba l lage de bonssentiments faits par deux an-ciens combattants évoquant« le bon v i e u x temps ». Lapersonnalité attachante des in-te r locu teurs et la hau teur devue de leurs réflexions nées deleur expérience et d 'une pro-fonde méditation sur ce qu ' i lsont vécu donnent une excep-t i o n n e l l e densité h u m a i n e àl e u r s échanges . L u u n epremière fois avec une pro-fonde admira t ion demeura i tcependant une certaine gène.R e l u avec a t t e n t i o n surg i talors une interrogation.

Hélie et August sont nés en1922, de familles catholiques,i l s f u r e n t é d u q u é s p a r l e sjésuites. Même monde, mêmemoule ? Des s imi l i tudes sansdoute mais en réalité peu dechoses en commun. Les Kage-neck appartiennent à la grandearistocratie allemande ouvertesur l 'Europe. 'Chez eux on ne-compte plus les diplomates,les p o l i t i q u e s , les hommesd ' a f f a i r e s et s u r t o u t !esm i l i t a i r e s . O n e s t , p a rtradition, par conviction, fon-damentalement monarchiste.Chez les Sa in t Marc, dontl'horizon était borné au seulPér igord , a u c u n e t r a d i t i o nm i l i t a i r e , H é l i e seral'exception. Petits hobereauxde robe « On était royaliste denaissance... si je devais trou-ver qu 'un seul moi pour ca-ractériser les Saint Marc, jechoisirais la fidélité. »

Comment ces deux famil lesréagirent-elles face à la mon-tée du nazisme et à l ' ins t i tu-tionnalisation de l ' an t i sémi-tisme ? Chez les Kageneck« Hitler fut d'abord tenu àdistance avec mépris, il pas-sait pour un plébéien inculteet démagogue », « l'aristocra-tie allemande ne supportaitpas sa vulgarité de caporal ».Hitler n'était pas rejeté pource qu' i l disait ou ce qu ' i l fai-sait mais pour la façon dont ildisait ou faisait les choses ; enquelque sorte seule la manièrelui manquait. Pourtant chez lesKageneck qui comptait vonPapen parmi ses membres, ondevait bien savoir à quoi s'entenir. De plus ces catholiquesn'avaient-ils donc jamais en-tendu parler des sermons cou-rageux de Mgr von Gallen,évêque de Munster fustigeantnommément la Gestapo et sesagissements du h a u t de lac h a i r e de sa ca thédra le ?Quan t à l ' a n t i s é m i t i s m e« Nous n'avons rien dit...nous n 'avons rien su » ; surles J u i f s « J'avais quelquesdoutes sur le sort qui leurétait réservé ». Voilà donc latenace légende resservie, his-toriquement intenable : nousne savions pas.

Chez les Saint Marc c'estb e a u c o u p p lus s i m p l e . Lepère, ancien de Verdun, neconnaît pas les Al lemands ;au-delà du Rhin existe un payspeuplé de « boches » vaincusd 'où émerge un h o m m e ,Hitler. Chez ce catholique « le

paganisme nazi était rejetéavec horreur » ; de plus, lec-teur de Y Action française, bra-vant fort heureusement la con-damnation du quotidien par leVatican, il profitait des l umi -neuses leçons dé B a i n v i l l e etsava i t à q u o i s ' en t e n i r .Révulsé par les d isposi t ionsantisémites, on vit , durant laguerre, maître de Saint Marc,avocat-conseil de la vi l le deBordeaux, lever son chapeauet saluer les malheureux q u ' i lcroisait dans les rues, porteursde l'ignoble étoile jaune.

La gué; 2 arrive, pour Kage-neck se sera le front de l 'Estet la grave b l e s s u r e , p o u rHélie ue Saii Marc, la résis-tance puis la déportation à Bu-chenwald dont, par miracle, ilsortira vivant. l i s seront unetrentaine sur les mi l le déportésde son bloc. La paix enfin enEurope , l e j e u n e dépor té ,remis, intègre Sa ïn t -Cyr , cesera l 'aventure indochinoise.Pour l 'Al lemand c'est le jour-n a l i s m e et une progressiveprise de conscience de ce quefut Thorreur nazie ; deux li-vres en sortiront. Quelle réac-t i o n ? Son propre frère lu it o u r n e le dos, ses a m i ss'éloignent, la cr i t ique de sonpays « l'éreinte ». Ainsi doncde 35 à 39 les Allemands nesavaient rien, ne voyaient rien,maintenant qu'ils savent ils neveulent encore rien voir ni en-tendre ; ne pas « assumer ». Etc'est ainsi que, de nos jours,dans l ' a c t u e l l e armée a l l e -mande « on assiste, chez lesjeunes officiers, à un retour 'très net du nationalisme, del'exaltation de la grandeurmilitaire du pays » et encore,et là c'est Kageneck qui parle,on voit « émerger en Allema-gne des groupes néo-nazis trèsviolents, revendiquantl'hitlérisme. » R é s u l t a tédifiant.

Les uns et les autres pourquelle nouvelle aventure ?

Michel FONTAURELLEÊD (1) Voir dans Royaliste n°668la crit ique de l iv re « Les champsde braises», Perrin. 1995. pr ixfranco : 19 €.

£Û (2) Hé l i e de Saint Marc etAugust von Kageneck - « Notreh i s t o i r e 1 9 2 2 - 1 9 4 5 » . LesArènes, prix franco : 23 €.

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Page 11: O nouveau souffle

Souscription

Gueux commedes rats.

Oui ! « Gueux comme des rats » voilà ce quicaractérise bien la situation financière de la NARet si, chaque année, notre souscription ne venaitpas combler le déficit, nous n'aurions plus qu'à

mettre la clé sous la porte.

Aussi, comme tous lesans à pareille époque,je viens demander à

nos arnis de cracher à l'es-quipot afin de nous permettrede poursuivre notre aventure.Car la s i tua t ion f inancièren'est guère brillante.

En dépit de notre gestionrigoureuse, de la chasse àtoutes les dépenses inut i les ,des sacrifices consentis parchacun ( l 'équipe de Roya-liste ne comporte que des

bénévoles...), le trou est là etbien là ! Il a même été aggravécette année à la fois pa r - l efameux « passage à l 'euro »qui s'est traduit par des haus-ses substantielles chez de nom-breux fournisseurs, et aussi parune augmentation brutale de15 % des frais de fabricationde Royaliste.

Le prix de l 'abonnement àRoyaliste, comme vous lesavez, est fixé en dessous deson p r ix de revient véritable

car nous voulons qu ' i l resteabordable et ne soit pas unfrein à l'expansion de notrejournal.

Cette distorsion croissanteentre nos recettes et nos dé-penses m 'amène cetteannée, tous calculs faits, àfixer la somme de 14 000 €comme objectif à ce t t esouscript ion. Je sais quecette somme est nettementplus importante que l ' a npassé, et que cet objectif.absolument nécessaire, nesera pas facilement at teint .Mais je connais aussi lestrésors de générosité de nosamis , votre a t tachement ànotre journal et c'est doncavec confiance que je vousremercie à l'avance de votreparticipation.

Y van AUMONTc*" Libellez vos choques à l'or-dre de « Royaliste » en préci-sant « pour la souscription ».I n d i q u e z - n o u s également sivous ne voulez pas que votrenom soit pub l i c dans la liste dessouscripteurs que nous publ ionsdans le journal .

MERCREDIS DE LA NAR

^ A Paris , c h a q u e m e r c r e d i ,nous accuei l lons nos sympathi -sants dans nos locaux (17, rue desPetits-Champs, Paris 1er, 4e étage)p o u r u n d é b a t a v e c u nconférencier , personnalité polit i-que ou écrivain.4 La conférence commence à 20heures très précises ( a c c u e i l àpartir de 19 h 45 - Entrée libre,une part ic ipat ion aux frais de1 , 5 0 € e s t d e m a n d é e ) , e l l es ' a c h è v e à 22 h. l 'ne c a r t eô*"abonné des mercredis" an-n u e l l e (8 €) permet d'assistergratui tement à toutes les con-férences et de recevo ir chaquemois le programme à domicile.

4 Après la c o n f é r e n c e , à 22heures, un repas amical est servipour ceux qui désirent poursui-vre les discussions (participationaux frais du dîner 5 €).

• M e r c r e d i 19 mar s : On necesse de parler de l'Iraq, mais quesavons-nous de ce pays présentéde telle manière qu'on l 'identifie àS a d d a m H u s s e i n ? C o m m esouvent, l 'accumulation des ima-ges télévisées, l ' inf la t ion des com-m e n t a i r e s et les d é c h a î n e m e n t spo lémiques déforment ou occul-tent ies réalités complexes du paysplacé « sous les p r o t e c t e u r s ».Pour comprendre « La ques t ioni r a q i e n n e », i l f au t c o n n a î t r el'histoire, la sociologie, la situa-t i o n géopol i t ique du pays (l 'Iran,la Syrie...} et tenter de discerner lana tu r e du r é g i m e en p l a c e àBagdad - sans perdre de vue lesre la t ions , naguère très amicales,e n t r e l ' I r a q e t les Éta ts-Unis .Chercheur au CNRS (Groupe desociologie des r e l i g i o n s et de la

laïcité), spécialiste des pays arabesdu Moyen-Or ien t , P i e r r e - J e a nL U I Z Â R D a une connaissancedirecte et approfondie de l ' I raq etdes I raqiens . Il a accepté de nousen faire profiter.• Mercredi 26 mars : Chacunse s o u v i e n t de la d é f e n s e de« l 'exception c u l t u r e l l e » qui avaitm o b i l i s é en 1994 les a u t o r i t é sfrançaises. On croit que la ques-tion est réglée. Bien à tort ! Unenouvel le négociation va commen-cer dans le cadre de l'Organisa-t ion M o n d i a l e du Commerce. Se-lon la logique de l'Accord généralsur le Commerce et les Services(AGCS) signé à Marrakech, i ls 'agirait d'ouvrir à la concurrencel'ensemble du secteur des services: non seulement l 'audiovisuel.mais aussi la santé et l 'éducation.

avec un risque d'extension à tousles services pub l i cs . Économiste.s y n d i c a l i s t e , f a m i l i e r d e n o sréun ions , P h i l i p p e AROISDELnous expliquera pourquoi les Etatsseraient privés de toute poss ib i l i t éde régula t ion dans l ' immense do-maine concerné par l'AGCS et enquoi les salariés seraient une nou-ve l le fois sacrif iés à l ' u t t r a -libéralîsme. D'où la nécessité des'engager dans « la ba t a i l l e desservices ». Cette conférence n'estpas un exposé technique ; e l l em a r q u e l e d é b u t d ' u n emobil isat ion.• M e r c r e d i 2 avr i l : R e t o u r àl ' A n c i e n r ég ime ! Ce n'est pasl ' e s p r i t réactionnaire qu i nousanime, mais le souci de t o u j o u r smieux comprendre l ' h i s t o i r e de laFrance dans les deux siècles quiprécédent la R é v o l u t i o n . Or l 'ap-profondissement des connaissan-ces ne fait que révéler la com-plexité des questions. Ainsi cellesqui touchent à la d é f i n i t i o n del'Etat monarchique avant 1789. ànouveau é t u d i é par deux histo-r i e n s : F a n n y C O S A N D E Y ,maître de conférences à l ' un iver -sité de Nantes qui nous avait déjàprésenté un ouvrage m a j e u r su rles r e ines de France, et Rober tDESCIMON, directeur d'études àl 'École des Hautes Études. Dansun livre récent, nos invités s'inter-rogent sur un concept communé-ment accepté : « L'absolutisme a-t - i l e x i s t é ? » Trop s o u v e n tconfondue avec le despotisme etavec le totalitarisme, la « monar-chie absolue » serai t -el le un my-the raconté par certains historiens,qui masquerait la nature de l 'an-c i enne royauté et les p rob lèmesauxquels elle fut confrontée ? Lesréponses apportées bousculent lespréjugés de toutes sortes et relan-cent un débat qui n'est pas inac-tuel pu i sque l 'Ancien Régime estaussi cette société qui porte unerévolution.

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11Royaliste 812

Page 12: O nouveau souffle

Un nouveausoufflePartisans déclarés de la résis-

tance à l 'hégémonie amé-ricaine, nous approuvons la lignediplomatique décidée par le pré-sident de la République et par leministre des Affaires étrangères.Et nous nous réjouissons de l'ac-t ion menée en a l l i ance avecl'Allemagne, la Belgique, laRussie et la Chine contre lesintentions belliqueuses du prési-dent des États-Unis.

Quant aux effets désastreux dela vo lon té de p u i s s a n c eaméricaine, les démonstrationssont superflues. Avant même laguerre contre l 'Iraq, la pulsionhégémonique poussée àl'extrême provoquait une im-mense réaction mondiale, decolère ou de haine. Ce n'estqu'un début...

Voilà qui nous place, dira-t-on,dans un vaste consensus. Encorefaudrait-il qu ' i l ait quelqueconsistance. Tel n'est pas le cas.Une fois de plus, la télévisionfabrique, à partir de l 'habituelmélange de moralisme et de pro-pagande commerciale, l'imaged'une « société c iv i le mon-diale » démocratique et pacifiste.C'est masquer le caractère inévi-tablement hétéroclite de ce mou-vement « anti-guerre » qui ras-semble sous des drapeaux dif-férents (rarement tricolores) lagauche humaniste, les nostalgi-ques des guerres civilesrévolutionnaires, des nationalis-tes de gauche fascinés par Sad-dam Hussein et le parti Baas,des anti-sionistes qui souhaitentmille morts à Ariel Sharon aurythme des chants de guerre duFatah, des anarchistes quimènent des opérations de policeà l'intérieur des manifestations,des « souverainistes » qui fulmi-nent d ' o r d i n a i r e contrel'Allemagne, notre alliée, des

partisans de l'indépendantismetchétchène qui vouent VladimirP o u t i n e , autre a l l i é , auxgémonies.

Cela n'empêchera pas la Nou-velle Action royaliste de partici-per à toutes les manifestationscon t r e l ' ag ress ion m i l i t a i r eaméricaine mais notre mouve-ment ne participera pas au col-lectif parisien qui les organise, àmoins de clarifications.

Il ne s'agit pas pour nous derégler des comptes ou de pren-

dre des poses mais d'appliquerdans l'action la ligne politiqueque nous nous sommes fixée.

Cette ligne est gaullienne, enapplication concrète de notreprojet royaliste. Elle nous aconduit, avec l'approbation dudéfunt comte de Paris, à soutenirFrançois Mitterrand — y comprisquand notre pays participa, aprèsvote du Parlement, à la guerredu Golfe. Elle nous porte à sou-tenir Jacques Chirac et Domini-que de Villepin — sans que celaimplique la moindre complai-sance à l'égard de Jean-PierreRaffarin. De manière inattendue,l'actuel chef de l'État permet àla France de se retrouver elle-même et de prendre, selon l'es-prit gaullien, un nouveau souf-fle (1), Nous nous en félicitons.

Contre ceux qui affirmaientque les États nationaux ne peu-vent rien contre les marchés, quela France doit se bâtir une nichedans rempire américain et s'enremettre à un pouvoir fédéraleuropéen, nous avons montré, àl'ONU, que l'exercice mesuré denotre puissance souveraine étaitpossible et positif.

Ceci posé, la France peut re-prendre le cours de sa politiqueétrangère et contribuer à la re-fonda t i on de la p o l i t i q u einternationale. Cela signifie quenous pouvons enfin dépasser lesdualismes fabriqués par les idéo-logues de la « deuxième gau-che » (CFDT, roca rd iens ,jospinistes, Verts) et en f iniravec les postures moralisantesqui assurent les bonnes réputa-tions médiatiques.

Dépasser l'antinomie mondia-lisme-antimondialisme par l'or-ganisation de l'internationale desnations. Contre l'apologie niaisede la « société civile mondiale »en lutte contre le capitalisme,instituer le dialogue des États envue du développement.

Récuser l'opposition absurdeentre la « realpol i t ik» et cet« humanitaire » qu'on utilise de-puis trop longtemps pour toutessortes de trafics - y compris lesarmes. La solidarité internatio-nale ne peut dépendre d 'uneémot ion exploi tée par descyniques. Elle requiert une poli-tique de coopération.

Échapper au mi l i t an t i smerépu l s i f , q u ' i l soit an t i -américain, anti-russe, anti-turcpour envisager en termes politi-ques l'équilibre européen et lesrelations entre les continents.

Cette refondation de la politi-que internationale implique unerévolution économique qui doitviser en premier lieu les organi-sat ions commerc ia les etfinancières internationales. Telleest la manière, positive, de pen-ser le nouveau cours du monde.

Bertrand RENOUVIN(1) cf. l 'article d'Yves La Marck, enpage 5 de ce numéro.