NOUVEAU THÉÂTRE D’ANGERSsecond pour avoir mis sa fine culture concrète du théâtre et de la...
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NOUVEAU THÉÂTRE D’ANGERSCentre Dramatique National Pays de la Loire
direction Claude Yersin
20 ans pour le théâtre
À cet endroit, en ce moment,l’humanité c’est nous,
que ça nous plaise ou non.Samuel Beckett
En attendant Godot
Claude Yersin - Préambule................................................................... 8
Robert Abirached - Un serviteur du théâtre ............................ 16
Jean-Pierre Léonardini - Un ennemi du tapage.................... 18
Patrice Barret - Une formule inédite ........................................... 22
Daniel Besnehard - Écrivain de théâtre...................................... 24
Yves Prunier - L’acteur combattant .............................................. 26
LES CRÉATIONS DU NOUVEAU THÉÂTRE D’ANGERS .... 30
Arromanches de Daniel Besnehard ...................................................... 32
Les voix intérieures de Eduardo De Filippo ...................................... 36
Giglo 1er de Jacques Templeraud ............................................................. 38
Jours de vogue d’après Eugène Durif et Marieluise Fleisser ........... 40
Père de August Strindberg ........................................................................ 42
Credo de Enzo Cormann ........................................................................... 44
Les eaux et forêts de Marguerite Duras ............................................ 46
René Char, Changer sa règle d'existence de Jacques Zabor ..... 48
Mala Strana de Daniel Besnehard ......................................................... 50
En attendant Godot de Samuel Beckett ........................................... 52
Le philosophe amoureux d’après Diderot ...................................... 54
Léon la France de Christian Schiaretti et Philippe Mercier ................ 56
La noce chez les petits bourgeois de Bertolt Brecht ................. 58
Minna von Barnhelm de Gotthold Ephraïm Lessing........................ 60
L'ourse blanche de Daniel Besnehard ................................................. 62
Homme et galant homme de Eduardo De Filippo ........................ 64
Les p'tits loups de Ellar Wise ............................................................... 66
Molly Bloom d’après James Joyce ....................................................... 68
Le pain dur de Paul Claudel ................................................................... 72
Le mandat de Nikolaï Erdman ................................................................ 74
Harriet de Jean-Pierre Sarrazac ................................................................ 76
L'intervention de Victor Hugo ............................................................... 78
Le mariage de Nikolaï Gogol .................................................................. 80
L'enfant d'Obock de Daniel Besnehard ...............................................82
La vie est un compte de faits - montage de textes ...................... 84
Les bonnes ménagères de Carlo Goldoni ....................................... 86
Medea de Jean Vauthier d’après Sénèque .............................................. 88
Teltow Kanal de Ivane Daoudi ............................................................. 90
Comment devenir un homme d’après Octave Mirbeau ............. 92
Mariage à Sarajevo de Ludwig Fels ................................................... 94
Félix de Robert Walser .............................................................................. 96
Apprendre à rire sans pleurer d’après Kurt Tucholsky ........................ 98
Oncle Vania de Anton Tchekhov ........................................................... 100
27 remorques pleines de coton de Tennessee Williams ........... 102
Mesure pour mesure de William Shakespeare .............................. 104
La Moscheta de Ruzante ...................................................................... 106
Hudson River, un désir d’exil de Daniel Besnehard ................... 108
L'été de Romain Weingarten .................................................................... 110
Voix secrètes de Joe Penhall ............................................................... 112
Souvenirs d'un garçon d’après Guy de Maupassant .................... 114
Le courage de ma mère de George Tabori .................................... 116
La Cocadrille de John Berger .............................................................. 120
Paroles à boire, textes réunis par Monique Hervouët ...................... 122
Les noces du pape d’Edward Bond .................................................. 124
Solness le constructeur de Henrik Ibsen ...................................... 126
Le rire des asticots, textes et chansons de Pierre Cami ................ 128
Electre-Oreste de Sophocle et d’après Eschyle ................................. 130
Max et Lola de Daniel Girard ............................................................... 132
Casimir et Caroline de Ödön von Horváth ....................................... 134
Portrait d'une femme de Michel Vinaver ........................................ 136
À vif de Daniel Besnehard ....................................................................... 138
George Dandin de Molière .................................................................. 140
Bamako, mélodrame subsaharien de Eric Durnez ................... 142
Oui dit le très jeune homme de Gertrude Stein ........................ 144
Gust de Herbert Achternbusch ................................................................ 146
Comte Öderland de Max Frisch ......................................................... 148
Méhari et Adrien de Hervé Blutsch ................................................... 150
L’objecteur de Michel Vinaver .................................................................152
LES SAISONS DU NOUVEAU THÉÂTRE D’ANGERS ....... 154
Les accueils du NTA .......................................................................... 156
Danse et théâtre : une longue histoire ................................... 172
20 ans de jazz au NTA........................................................................ 178
Les expositions .................................................................................... 186
Les ateliers de formation et de recherche ............................. 188
Les lectures et conférences ........................................................... 194
Au fil de l’eau, 20 ans de Théâtre-Éducation ....................... 196
Une pépinière d’auteurs à Bamako .......................................... 202
Les archives ............................................................................................ 206
Les collaborateurs............................................................................... 208
Les lieux ................................................................................................... 212
Sommaire
Avec Michel Dubois, qui m'avaitinvité à le rejoindre en 1972 pouranimer un “nouveau” CentreDramatique National à Caen, succé-dant à celui fondé solidement par JoTréhard, nous avions gardé les enga-gements de nos aînés, mais nousétions décidés à porter une plusgrande attention à la forme, au “fini”de nos productions, et aux auteurscontemporains. Sans jamais perdre de vue que notre seul objec-tif, c'était le public. Le public partout où il pouvait se rencontrer.Le public à accueillir et à traiter comme un partenaire. Car unthéâtre public sans public perdait toute raison d'être !
Appelé par Robert Abirached et Jack Lang àla direction d'un CDN à créer à Angers, à lademande de la Ville, c'est ce même projet,accepté par toutes les tutelles, que j'enten-dais poursuivre et amplifier, accompagné parun jeune auteur-secrétaire général, DanielBesnehard, que j'avais convaincu de s'arra-cher à la Comédie de Caen, la couveuse nor-mande où il avait éclos récemment…
Sur les circonstances de la naissance du Nouveau Théâtred'Angers, Robert Abirached et Patrice Barret témoignent dans lespages qui suivent.Je ne serai jamais assez reconnaissant à ces deux hommes, le pre-mier pour avoir osé inventer ce NTA bicéphale, d'avoir choisi sesdeux têtes avec une sûre intuition de leur capacité à s'entendre,et de lui avoir apporté le soutien de l'État, relayé par l'indéfectibleBernard Richard, conseiller théâtre à la DRAC de Nantes ; lesecond pour avoir mis sa fine culture concrète du théâtre et de ladanse, ses talents d'organisateur, sa science des relationshumaines, sa solidité et sa rigueur sans faille au service de ceprojet atypique, en toute humilité, et sans complaisance.Quant à Daniel Besnehard, il sait ce que je lui dois, et d'abord
une profonde amitié ; sans ce vif-argent, à la fois fourmillantd'idées et réaliste impitoyable, aussi curieux de toutes formes despectacle et de littérature que vigilant économe de ressourcesdomestiques, artiste singulier en plein développement, hommede confiance, irremplaçable “go-between”, confident et censeurjaloux de sa liberté de parole, sans Daniel, le petit “miracle alchi-mique” dont il a été un des principaux catalyseurs n'aurait pas eulieu, soudant en une équipe aussi motivée qu'efficace les indivi-dus aux origines et aux parcours si différents réunis presque parhasard au 12 place Imbach en ce printemps 1986.Soutenus par les présidents successifs de l'Association Maison dela Culture d'Angers, Lionel Descamps, puis Jean Goblet, quej'avais convaincus du bien-fondé de ma stratégie, laquelle était demiser sur la durée, sur un travail de fond opiniâtre et tenace àl'aide d'un abonnement, plutôt que sur les “coups” brillants maisfugaces ; je comptais laisser parler les auteurs et les spectaclespour nouer une relation de confiance avec un public patiemmentrassemblé plutôt que multiplier les déclarations d'intention, lesrodomontades et les promesses impossibles à tenir.Dans un climat d'attentisme un peu sceptique, conséquence descrises récentes qui avaient secoué le paysage culturel angevin, la
Au terme de cette première existence du Nouveau Théâtred’Angers (car elle aura des suites, nous avons tout fait pour cela),nous avons voulu rassembler dans ce livre un faisceau de tracesde notre histoire collective : geste dérisoire, bien sûr, pour conju-rer l’éphémère de notre art… Généré par des paroles imprimées,animant les voix et les corps des comédiens dans la lumière doréedu théâtre, notre travail ne fera mémoire que dans le souvenirfragile de nos spectateurs-partenaires, et ne perdurera vraimentque dans le silence et l’obscurité de ces pages imprimées ; mais lelivre refermé pourra longtemps encore être rouvert…
C’est aux acteurs de cette histoire que nous avons demandé untémoignage de son origine et de ses péripéties, nous leur avonsproposé de jouer au jeu de “je me souviens”, de donner unedimension sensible à ce qui ne saurait rester un simple cataloguede faits et gestes ; mais nous avons voulu faire aussi la somme denos travaux et de nos jours, car si “au théâtre on joue”, si notreambition fervente est le plaisr de nos publics, nous n'avons jamaisoublié qu'un Centre Dramatique National est également uneentreprise de production, soutenue par l'argent de la collectivité,et pour laquelle la quantité ne fait pas tout à fait “rien à l'affaire”.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, il m'importe d'exprimer icima profonde reconnaissance à tous ceux qui généreusement ontcontribué à l'existence de ce livre, ainsi qu'à tous les collabora-teurs du Nouveau Théâtre d'Angers, de sa fondation le 1er janvier1986 à la fin de mon mandat le 31 décembre 2006 ; sans ceshommes, ces femmes, et parfois ces enfants (si pénétrés dusérieux de nos jeux), rien de ce qui a pu être fait n'aurait existé.
Le parcours retracé ici s'ouvre par la création d'Arromanches deDaniel Besnehard et celle des Voix intérieures de Eduardo DeFilippo, et se clôt sur celles de Méhari et Adrien de Hervé Blutschet de L'objecteur de Michel Vinaver. Ces bornes sont embléma-tiques de la nature du projet artistique développé pendant cesvingt ans : celui d'un théâtre public tourné vers la création d'œu-vres contemporaines adressées à tous les spectateurs possibles.
Formé auprès de Jean Dasté à laComédie de Saint-Étienne, maisaussi au contact de Pierre Valde, deJacques Lecoq, d'Armand Gatti,d’Edmond Tamiz, d'André Steigeret d'Antoine Vitez, j'appartiens àune troisième génération de la“décentralisation dramatique” ;héritière des pères fondateurs et deJean Vilar, mais ayant traversé (lasubissant ou la nourrissant) la rup-ture de 1968 et la contestation desfondements du “théâtre populaire”,
des “illusions humanistes” ou de la “rencontre mystique”annoncée par André Malraux entre le peuple et les chefs-d'œuvre, cette génération n'avait certes pas perdu la foi, maiselle savait désormais que la tâche serait rude et longue, quel'action pour une démocratisation de la culture était un com-bat qui dépassait les forces des seuls acteurs culturels, etdépendait de réformes, voire de révolutions de l'économie etde l'éducation qui excédaient leur pouvoir… même s'ilincombait aux artistes engagés au service du théâtre public dechercher inlassablement le chemin, et de porter haut leflambeau de l'utopie.D'autre part, et fort naturellement, nous avions besoin de“tuer les pères” ; sinon quant au fond de leur démarche, aumoins sur la forme à lui donner. Brecht, le Théâtre desNations, puis le Festival de Nancy et les horizons esthé-tiques multiples ouverts par la découverte de Bob Wilson,de Tadeusz Kantor, de Pina Bausch, puis celle des “nou-veaux réalistes” allemands, des spectacles de Peter Stein etde la Schaubühne de Berlin et, plus près de nous, par lestravaux de Roger Planchon, du jeune Patrice Chéreau, duTNS de Jean-Pierre Vincent et André Engel, d’AntoineVitez, de Claude Régy, de Jacques Lassalle, cette explosionde formes et de langages reléguait inéluctablement pournous un certain “style décentralo” au magasin des vieille-ries…
Préambule
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une équipe dont la réputation de compétence professionnelle,de cohérence et de motivation commune au service de la qualités’est établie, à l'honneur du NTA.C'est là une de mes satisfactionsprofondes que cet “esprit-mai-son” qui s'est créé, que notrejoie à travailler ensemble, que lesens des responsabilités de cha-cun, l'humour un peu vachardqui permettait de passer lesmoments difficiles ou de tempé-rer l'auto-satisfaction ; quel'amour de la vie et la confianceen l'avenir… Et, bêtement, jeme sens heureux de tous cesenfants qui sont nés et ontgrandi peu ou prou sous l'aileprotectrice du Nouveau Théâtred'Angers…
Une seule enseigne, une programmation commune, une com-munication ne faisant pas de différence entre les deux entités, auservice d'un abonnement unique. Des collaborateurs à la dispo-sition des deux structures, indifféremment, selon les tâches àaccomplir ; constituée en unité économique et sociale, afin desupprimer les différences de traitement, c'est une machine effi-cace qui s'est mise en place, tournant à plein régime.Avec le temps, et le souhait d'une gestion plus simple et plusrigoureuse, la nécessité de cet attelage bicéphale a paru moinsindipensable : le bon sens a fini par prévaloir, l'AssociationMaison de la Culture a pris la décision courageuse et raisonnablede se dissoudre, et ses missions, avec les moyens afférents, ont étéattribuées au Centre Dramatique National par le biais d'uneDélégation de Service Public de la Ville d'Angers pour la diffu-sion pluridisciplinaire.Pour la première création du tout Nouveau Théâtre d'Angers, lachance nous a servis : Arromanches de Daniel Besnehard a ren-contré d'emblée une forte adhésion du public et de la presse, tant
à Angers qu'à Paris et en tournée. Cette entrée en matière réus-sie nous a puissamment aidés à éveiller la curiosité, la sympathieet enfin la confiance des Angevins, et à réaliser progressivement
une réelle implantation dansl'agglomération.
Les Ateliers de Formation et deRecherche (un héritage de laComédie de Caen, où les avaitmis au point Jean-PierreSarrazac), ouverts à la demandede Robert Abirached dans plu-sieurs CDN, dont le nôtre, dansle but de renforcer dans lesrégions les possibilités de forma-tion permanente offertes auxcomédiens professionnels dissé-minés sur le territoire hors deParis, ont permis une rencontre
simple, sur le plan du “métier” proprement dit, avec le milieu desartistes et des compagnies actifs dans les Pays de la Loire ; nousavons ainsi pu nouer des relations sans agressivité et sans com-plaisance.D'autres types de formations sont bientôt venus renforcer notreouverture en direction du milieu professionnel : les Studios, for-mations “appliquées” à l'occasion d'un processus de créationaboutissant à une série de représentations publiques ; les stagesL'art et la manière d'intervenir en milieu scolaire ; et enfin lesThéâtre/Pratiques, destinés à un public différent de jeunescomédiens en formation, d'amateurs et d'enseignants impliquésdans des processus de théâtre-éducation ; la formule, imitée des“stages de réalisation” de la Jeunesse et Sports d'antan, a généréune richesse relationnelle et des motivations militantes excep-tionnelles, elle est à l'origine de solides réseaux régionaux. Mais,faute de moyens, elle s'est interrompue au bout de la quatrièmemouture…
chaleureuse confiance de l'adjoint à la Culture Gérard Pilet, àpeu près seul contre tous à croire en notre avenir, nous a puis-samment aidés à partir à la conquête d'un public encore peuhabitué au répertoire que nous voulions défendre ; et malgré unefréquentation devenue très importante, l'étiquette “élitiste” nousest encore collée parfois aux basques…En ce qui concerne les relations publiques, nous nous trouvionsdans une situation tout à fait différente de celle de nos prédéces-seurs dans les années 50 et le début des années 60 :- les réseaux associatifs militants d'éducation populaire sur les-quels ils s'appuyaient s'étaient progressivement amenuisés, dis-sous dans la contestation de 1968, paradoxalement démobiliséspar l'arrivée de la gauche au pouvoir, ou privés de leurs raisonsd'être par la multiplication des établissements culturels gérés pardes professionnels, et l'institutionnalisation croissante de ceséquipements.- la concurrence devenait de plus en plus pressante, et les “terresvierges” se faisaient rares. L'offre culturelle de toute nature, etplus particulièrement théâtrale, devenait prolifique.Il convenait de concevoir et de mettre en œuvre de nouvellesstratégies de relations avec le public, ou d'adapter celles que nousavions pratiquées à cette situation nouvelle.Dès mon arrivée à la Comédie de Saint-Étienne, j'avais été requispour participer à des rencontres ou des “débats” avec des ensei-gnants et leurs élèves, hors de tout dispositif constitué ; tout aulong de mes années passées ensuite à Reims, Besançon ou Caen,le monde de l'éducation avait été un partenaire important dansles CDN où je travaillais. Aussi n'ai-je pas été surpris qu'à Angers,des enseignants soient parmi les premiers à vouloir me rencon-trer, avant même que la maison ne soit vraiment en “ordre demarche”. Mais ma surprise a été de découvrir des pratiques queje n'avais connues nulle part ailleurs. Regroupés en associationsdépartementales mêlant enseignants et artistes de la scène, ilsavaient été initiés par des pionniers du théâtre-éducation (jepense en particulier à Miguel Demuynck et Michel Zanotti), ilscontinuaient à se former, réfléchissant à leurs pratiques, et orga-nisant à intervalles réguliers des “temps forts” rassemblant élèves,enseignants et comédiens (Printemps du théâtre).
À Angers, Jean Bauné et quelquesautres venaient de constituer l'associa-tion En Jeu, et manifestaient une forteattente de collaboration avec le CDN àpeine né. Tout était à construire, et,ravi de l'aubaine, j'ai répondu immé-diatement à cette demande, et fondéune grande part de nos relationspubliques sur l'éducation artistique-théâtre. C'est ainsi, dans une relationégoïste-altruiste où chacun se trouvait
gagnant, que nous avons ensemble donné réalité à l'idée fonda-trice du partenariat culture-éducation. Mais je laisse à JeanBauné le soin de raconter cette histoire.En l'absence de troupe véritable (dont je n'avais ni les moyens,ni, oserai-je l'avouer, la véritable envie), le compagnonnageartistique avec un ou deux comédiens permanents, avec unauteur “à demeure”, avec une équipe technique progressivementrompue à l'invention et aux bricolages requis par la créationthéâtrale, avec des comédiens, scénographes, costumières,maquilleuses “récurrents”, avec un directeur administratif toutacquis aux exigences de la fabrique théâtrale, j'ai pu remplirconvenablement, je crois, les missions et objectifs (librementconsentis) fixés au directeur-metteur en scène par le Contrat deDécentralisation Dramatique conclu avec le ministre de laCulture. Yves Prunier apporte à ce propos son témoignage “del'intérieur”.
L'équipe laissée place Imbach par la crise récente de la Maisonde la Culture d'Angers a vite retrouvé la confiance et progressi-vement changé de “culture d'entreprise”, se mettant avec cœuret savoir-faire au service d'une maison de théâtre tout entièretournée vers la production et le service du public, sans pourautant négliger la qualité d'accueil des spectacles de danse, demusique et de théâtre qui venaient entourer dans l'abonnementles créations du Centre Dramatique National. Le succès venant,les effectifs se sont bientôt étoffés par des apports nouveaux,presque exclusivement angevins, jeunes, et vite intégrés dans
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mais bientôt accompagnés par des cohortes de plus en plus ser-rées de spectateurs jeunes et vieux, majoritairement féminins etvenant d'Angers, mais aussi de l'agglomération et des communesproches et lointaines du Maine-et-Loire, et pour un petit pour-centage d'entre eux, d'au-delà du département ! Comment nepas être poussés à nous dépasser pour cette fidélité, pour ce désirde théâtre, pour l'effort consenti d'un déplacement, qu'il venteou qu'il pleuve, de souvent plus de deux heures aller-retour ?Comment ne pas se souvenir avec émotion et fierté de nos pré-sentations de saison drainant en quatre séances sur deux joursentre 2000 et 2500 personnes ; de tout le personnel du NTA,artistes, techniciens et administratifs mêlés, mobilisé pour aiguil-ler, informer, abreuver et nourrir des foules chaleureuses, et sou-vent, ayant envahi le plateau, pour se risquer à un mini spectaclebon enfant ? Aux heures difficiles, dans les moments de doute oude découragement, c'est ce public, de plus en plus connaisseur etamateur (au sens fort), parfois sans indulgence, mais toujoursouvert et attentif, qui nous donnait l'élan pour passer les obsta-cles, et qui conférait un sens à nos fatigues.Cette qualité d'écoute, ce talent de joueur-partenaire ont étémaintes fois relevés par les troupes faisant escale à Angers aucours de nos saisons.Car Angers cultive le sens de l'accueil (la fameuse douceur ?) etaussi celui de la solidarité. Depuis plus de trente ans, la ville estjumelée avec Bamako, capitale du Mali, et consacre chaque annéeà sa jumelle un pourcentage de son budget d'investissement ; ainsiont vu le jour de nombreuses réalisations concrètes dans lesdomaines de la santé, de l'éducation, de l'hygiène et de l'aména-gement urbain. Mais je trouvais que les initiatives et les échangesdans les domaines de l'art et de la création étaient trop rares, et jecherchais une inscription pour notre théâtre dans ce mouvement,quand Monique Blin, fondatrice (et alors présidente) de l'associa-tion Écritures vagabondes, m'a proposé un partenariat au servicedes auteurs et de l'écriture théâtrale : ainsi sont nés les Ruches etles Chantiers Sony Labou Tansi, hébergés à la Maison duPartenariat Angers-Bamako, au bord du Niger. On lira plus loinle bilan de ces échanges, mais je voudrais témoigner du choc fer-tile qu'a constitué cette rencontre avec les gens de théâtre africains
francophones (auteurs, comédiens, techniciens, étudiants). Tousceux qui ont participé aux Ruches et aux Chantiers, ou aux créa-tions du NTA nées de ces rapprochements (Electre-Oreste etBamako) en ont été durablement marqués et n'oublieront pas lavraie chaleur (météorologique et humaine !) du Mali, l'amitiégénéreuse des Maliens, notre envie de faire des choses ensemble,ni les couleurs, les saveurs, les odeurs, les musiques et les souriresde Bamako… ni la violence des inégalités Nord-Sud.
Instruit des expériences souvent difficiles vécues dans “mes” CDN
précédents dans le rapport avec les compagnies “indépendantes”(condescendance ou paternalisme, souvent inconscients, et per-çus comme une forme d'arrogance du CDN à l'égard des “sansgrade” ; inégalité de moyens génératrice de frustration ou dejalousie des “pauvres” à l'égard des “nantis”), j'ai essayé dès ledébut, de pratiquer “l'attention particulière” demandée à l'égarddes compagnies travaillant dans la Région par le Contrat deDécentralisation Dramatique. Nous avons assuré régulièrement,pour celles des compagnies régionales dont nous considérionsqu'elles le méritaient, des accueils aux mêmes conditions que tousles autres que nous programmions, mais également de ménager desespaces particuliers pour les jeunes artistes “émergents” en Pays dela Loire : les Repérages, destinés à des compagnies jamais encorevues à Angers, puis des Voisinages, consacrés à ceux que nousavions “repérés”. À partir de 2005, le Conseil Régional a décidéde s'engager dans une politique volontariste d'aide à la diffusionvenant à point soutenir et relayer cette action que nous menionsseuls depuis 1987 en l'étendant, à l'aide de moyens significatifs,aux diffuseurs des trois villes principales de la Région.Toutes ces initiatives ont contribué à une bonne inscription duNTA dans le tissu régional, de même que la volonté du CDN depratiquer, en plus d'une présence forte dans la ville-siège, detournées nationales et d'apparitions régulières à Paris, unedécentralisation de proximité dans les quartiers et communesde l'agglomération angevine, et dans les bourgades rurales quivoulaient de nous. Nous avons régulièrement produit des petitesformes, à géométrie variable, jouées en appartement ou dans despetits théâtres équipés, en passant par des salles des fêtes et desmaisons de quartier, des amicales laïques, ou des cercles confes-sionnels – laboratoire passionnant de débrouille artisanale et de
formes au plus près de l'essence du théâtre. Là comme presquepartout ailleurs, le manque de moyens ne nous a pas permis d'al-ler au bout d'un geste pourtant juste, et bien accueilli…
Les théâtres nationaux d'abord, mais aussi le réseau des CDN,demeurent des lieux, rares en France, où se conservent et se trans-mettent les métiers traditionnels, et où s'éprouvent les techniquesnouvelles des “faiseurs de théâtre”, dans un contexte où le profes-sionnalisme a tendance à se dissoudre, à s'émietter, à force de“flexibilité” et d'intermittence ; la pression de la recherche maxi-male d'économies imposée par la rareté budgétaire se fait souventau prix d'une perte de compétence artisanale. C'est pourquoi leNTA s'est toujours ouvert autant que faire se pouvait à des sta-giaires de toute nature, de jeunes collégiens à la découverte del'entreprise aux contrats de qualification professionnelle dans lesdomaines technique et administratif, en passant par des stagesd'observation demandés par des étrangers, ou des stages longsd'étudiants préparant une maîtrise.J'ai tenu de même à accueillir de jeunes metteurs en scène peu aufait de l'institution, de ses beautés et de son confort comme deses contraintes et de ses exigences, afin qu'ils se familiarisent avecl'outil CDN, qu'ils seraient peut-être, un jour, appelés à diriger.Jeunes femmes ou jeunes hommes, originaires de la Région oud'ailleurs, ils sont largement plus d'une vingtaine à avoir confortéleur jeune talent avec le soutien des équipes artistiques, tech-niques et administratives du NTA. Riches et stimulants compa-gnonnages, dont nous avons, les uns et les autres, je crois, tirégrand profit mutuel.C'est ainsi, dans la tension entre notre exigence d'artistes et lanécessité de ne jamais perdre le contact avec le public que nousavons progressé sur un chemin étroit, dans un équilibre fragile,
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chanson française, musiques du monde, arts de la piste et de larue, multimédias. C'est ainsi que le projet, finalement baptiséThéâtre du Quai, évolua vers un équipement de grande enver-gure, précédé d'un imposant “forum”, plus proche d'une grosseMaison de la Culture que d'un théâtre de comédie.En juin 2004, une grande fête rassemblant quelque 800 per-sonnes, marqua l'adieu du NTA et de son public à son inconfor-table, mal équipée et trop exiguë, mais néanmoins très chère ànos cœurs, Salle Beaurepaire. Tard dans la nuit, un feu d'artificefinal réveilla le quartier paisible et embrasa (symboliquement !)notre vieux théâtre ; et dès le lendemain, les bulldozers du chan-tier du Quai entraient en action.Il a fallu trois saisons “nomades”, déficitaires en jauge offerte,écartelées entre les lieux de repli où nous avons heureusement puêtre accueillis (merci au Carré des Arts de Pellouailles-les-Vigneset au Théâtre de l'Hôtel de Ville de Saint-Barthélemy d'Anjou)pour que surgisse le nouveau bâtiment, tambour battant.À partir du printemps 2007, le Nouveau Théâtre d'Angers dis-posera au Quai d'un outil moderne et performant, offrant deriches potentialités pour le croisement des arts, malgré la com-plexité de sa gestion.
Il incombera à ceux qui viendront après nous de continuerl'aventure dans ce contexte différent ; il leur faudra de l'inventi-vité et de la tolérance, mais aussi de la conviction et de la fermeté,afin que soit maintenu le cap d'un théâtre populaire exigeant ; ilsseront en charge de donner vie au verbedes poètes, d'ourdir des rêves de sons etde lumières, de ressusciter les mortsparmi les éclats de rires ou les gorges ser-rées, et, inlassablement, de continuer àinterroger la cité : “Est-ce ainsi que leshommes vivent ?”
Claude Yersinnovembre 2006
On dit qu'il faut 15 ans au moins pour construire un théâtre ;c'est à peu près le temps qu'il aura fallu pour, en réponse à lacroissance continue du public du NTA, passer de la salleBeaurepaire, “notre” salle depuis 1986, au Théâtre du Quai.Après deux faux départs en 1993 et 1997, la volonté politiquedécisive s'est manifestée à partir de 2000, qui a engagé le proces-sus d'étude, auquel nous avons été associés, et, à partir de 2004,le chantier de construction. Nous avions demandé un “centre
dramatique national”, un lieu où seraient rassemblés sous lemême toit tous les services du NTA, depuis l'origine dispersés :salle de spectacles, lieux de répétition et de fabrique, espaces deformation, accueil du public et siège administratif ; le CentreNational de Danse Contemporaine faisait la même demande ; ondécida donc de faire un seul bâtiment pour deux, et d'en profiterpour élargir à de nouvelles disciplines, jusqu'alors peu représen-tées, l'offre publique artistique et culturelle faite aux Angevins :
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Au moment où Claude Yersin va s'éloigner des institutions natio-nales et passer le relais au successeur qui poursuivra son œuvre,je voudrais reprendre les quelques mots que j'ai prononcés enjuin 2005, en lui remettant au nom du ministre de la Culture lesinsignes de commandeur des Arts et Lettres. Je faisais mine alors,alors que je n'avais aucun titre pour le faire, de donner son qui-
tus à un serviteur duthéâtre au moment où ilrendait pour la dernièrefois ses comptes. EtClaude a d'abord été ceserviteur passionné etscrupuleux, qui méritequ'on dresse le bilan deson action.Je distingue chez Claude
Yersin une première particularité, assez rare au théâtre et plusencore chez les metteurs en scène, qui ont souvent lutté pourimposer leur valeur et qui ont à composer avec un ego de plus enplus encombrant à mesure qu'ils avancent dans leur carrière.Claude, lui, est venu tout naturellement à l'art, comme cesenfants dont on dit qu'ils sont nés une cuiller d'or dans labouche : frère d'un cinéaste reconnu, fils d'un graphiste qui futl'un des graveurs de taille-douce les plus importants d'Europe ausiècle dernier, il a su très jeune où était sa vocation. Formé chezPierre Valde et Jacques Lecoq, il est engagé à vingt-deux ans parJean Dasté à la Comédie de Saint-Etienne, comme assistant-met-teur en scène et comédien permanent. Il y apprend d'entrée dejeu les vertus de la simplicité scénique, les rudesses de l'itiné-rance, le respect des publics populaires.La deuxième particularité de Claude Yersin est d'être suisse etmême suississime : si la France est son autre patrie, il prend sesracines dans les profondeurs du Pays de Vaud, discret, taiseux,sachant gouverner ses émotions, respectueux des engagementspris. Il a été l'un des seuls directeurs de CDN à ne jamais être endéficit, tout en prenant au pied de la lettre la mission de servicepublic qui lui a été confiée par l'État. Découvreur de talents, pas-seur de formes, d'idées et d'émotions, il a toujours considéré que
le texte était l'élément majeur du théâtre et la clé de voûte de lareprésentation.Sa carrière ? Elle a été toute simple. Elle l'a d'abord mené deSaint-Étienne à Caen, où il a rejoint son compatriote et notreami Michel Dubois, appelé lui-même à succéder à Jo Tréhard.Dans ce centre dramatique ouvert sur le monde contemporain,où l'on cultivait un goût exigeant de la découverte et une vivecuriosité pour les formes nouvelles, Claude Yersin conjugua sesefforts avec ceux de Michel Dubois pour accueillir de nombreuxjeunes auteurs, la plupart du temps britanniques ou allemands :après Horváth, il monte Franz Xaver Kroetz, HerbertAchternbusch, Olwen Wymark, contribuant ainsi à accréditerdans la décentralisation ce qui fut l'un des derniers mouvementsdramatiques importants du XXe siècle, actif à travers toutel'Europe : placés sous la bannière d'un réalisme pointilleux, atta-chés à l'expression du quotidien le plus humble, ces écrivainsexploraient le monde des petits et des sans-grade dans un langageaccessible à tous ; Jean-Paul Wenzel, Daniel Lemahieu etquelques autres, pour la France, furent joués à Caen.En même temps, Claude Yersin renouait avec une tradition qu'il aillustrée avec constance : l'accompagnement par un metteur enscène d'un écrivain contemporain tout au long de son œuvre, deses premiers pas jusqu'à sa reconnaissance par le public et par laprofession. Comme Louis Jouvet l'a fait avec Giraudoux, Dullinavec Salacrou et, de nos jours, Chéreau avec Koltès, Yersin a suiviDaniel Besnehard depuis ses débuts en 1978, d'abord à laComédie de Caen, puis à Angers où l'écrivain a fait partie del'équipe dirigeante du CDN, avant d'anticiper de quelques saisonsle départ de son directeur en rejoignant le TNP de Villeurbanne.J'ajouterai, pour clore le chapitre capital (et plutôt négligé, en cesannées-là) des auteurs dramatiques, que Claude Yersin n'a jamaishésité à ouvrir le répertoire qu'il construisait de spectacle en spec-tacle en vue d'assurer à son public l'accès à un éventail variéd'œuvres dramatiques : il a ainsi monté Dario Fo et Eduardo DeFilippo, Beckett et Vinaver, O'Neill, Strindberg et Claudel, avecle constant souci d'accompagner les créations de son théâtre dedocuments, d'analyses et de commentaires pour faciliter leurappropriation par les spectateurs. Il laisse une vraie petite biblio-
thèque à Angers, qui sera longtemps consultée.Angers, c'est à la fois la seconde étape et le terme du voyage deClaude Yersin : il y est arrivé le 1er janvier 1986, dans des circons-tances qui méritent d'être rappelées. J'étais à l'époque en chargedu théâtre et des spectacles au ministère de la Culture, qui étaitsollicité avec une vivacité et une insistance croissantes par la Villed'Angers pour faire de sa maison de la Culture, exclusivementsubventionnée par elle, un établissement de plein exercice, à côtéd'un CDN plutôt bringuebalant et qui avait vraiment besoind'être renforcé. Or nous étions entrés depuis un bon momentdans une période d'austérité budgétaire, pour ne pas dire de gla-ciation, dont on peut se faire difficilement une idée aujourd'hui.Au bout de longs et passionnants échanges avec Jean Monnier, cemaire d'une puissante personnalité qui a laissé sa marque dansl'histoire de sa ville, et avec son subtil adjoint à la Culture,Gérard Pilet, nous décidâmes de sortir de l'impasse “par le haut”,en innovant radicalement pour mettre un peu d'ordre dans unehistoire devenue chaotique. Nous constituâmes une double mai-son, qui serait à la fois CDN et établissement culturel, en la dotantd'un tronc unique pour tout ce qui relevait de l'administration,de la gestion et de la communication : des moyens importantspourraient ainsi être dégagés au service de la création théâtrale etde l'animation culturelle. Il a fallu une certaine audace pourmonter et faire accepter cette formule inédite, qui ne pouvaitréussir que par la vertu et le talent des personnalités appelées àdiriger le double établissement : ici la bureaucratie ne servirait àrien, la parole était vraiment à l'intelligence, à l'imagination et audoigté dans les rapports à tous les échelons de la maison. PatriceBarret, qui dirigeait la Maison de la Culture, accepta de relever ledéfi. Je proposai à Claude Yersin de se lancer dans l'aventure, etles deux hommes écrivirent ensemble, pendant un bon moment,l'histoire du théâtre et de la culture à Angers. Qu'ils en soientremerciés.Je rappellerai rapidement les belles et riches heures de cette his-toire, en citant par exemple le travail pionnier qui a été accompliici avec le monde scolaire et étudiant (jusqu’à deux mille abon-nés étudiants, le cas est rare), grâce à une collaboration continueavec des enseignants qui ont joué un rôle de premier ordre dans
la question primordiale d'un enseignement artistique fondé surun partenariat entre professeurs et artistes : salut à Jean Bauné età ses camarades, grâce à qui les premières classes A3 ont vu lejour, et qui ont tant aidé à la circulation des petites formes décen-tralisées à travers la région. Je citerai aussi le jumelage avecBamako, placé sous le signe du théâtre, et la collaboration géné-reuse avec les Écritures Vagabondes, animées par Monique Blin.Il va de soi que ce rayonnement régional, national et internatio-nal n'a cessé d'être nourri par une politique artistique “interne”,pour la ville et pour la région, tournée vers un théâtre accessibleà tous, en même temps que vers la recherche de formes neuves etvers l'inscription de la scène dans les problématiques du tempsprésent.
Mon cher Claude, tu vas prendre un peu de distance par rapportà un travail qui a toujours été lourd, mais tu ne quitteras pas lethéâtre – on ne quitte pas le théâtre quand on l'a aimé et prati-qué comme tu l'as fait. Tu laisses derrière toi un certain nombrede leçons qui ne seront pas oubliées : que la décentralisation estune affaire d'hommes plus que de règlements et de gros sous ;qu'elle repose sur des contrats qu'il faut discuter, puis appliquerselon la lettre parfois et selon l'esprit toujours ; qu'elle ne réussitjamais si bien que lorsqu'elle rencontre des édiles attentifs etfavorables, à qui les artistes sachent porter la même considéra-tion ; que son mérite le plus haut et sa simple justificationcivique, c'est d'être au service d'un public qu'il faut intéresser,retenir, étendre en élargissant avec lui le partage de la beauté, duplaisir et de l'intelligence ; qu'elle est enfin – oui, toujours, ladécentralisation – le résultat d'un travail d'équipe ouvert sur l'ex-térieur et capable d'essaimer dans la société pour y imposer lethéâtre comme une activité vitale nécessaire à la respiration detous.Bon vent, Claude Yersin.
Robert Abirachedjuillet 2006
Claude Yersin : un serviteur du théâtre
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(mère, sœur et nièce), le nœud de vipères familial enserrer à NewYork un cadre supérieur français en rupture de ban qui a pouramant un musicien de jazz noir. Leur voisine n'est autre que lafille américaine cachée de Maïakovski. Ce fait réel insolite s'allieà une forte connotation autobiographique. L'intrigue est d'au-tant plus surprenante que la sphère intime provinciale se met àcroiser, par hasard, un fragment enfoui de l'histoire politique deslettres. C'est traité avec infiniment de tact, qualité première deClaude Yersin, amateur de nuances, apte à peindre toutes pas-sions à partir d'une palette au camaïeu subtil. Ayant écrit cela, jem'en veux illico. N'est-ce pas le réduire que de le présenter toutuniment en peseur juré des affects, en virtuose de la demi-teinte ?N'a-t-il pas depuis beau temps prouvé – ce, dès les années
soixante-dix, avec Kroetz et Achternbusch en effet – qu'il saitaussi manier l'excès et s'avancer sur le terrain de la folie ? Le faitqu'il soit sujet franco-helvète, ancré dans la douceur angevine,n'en fait pas pour autant un adepte des coteaux modérés. J'enveux pour autre preuve Comte Öderland (1950) de l'auteur suissealémanique Max Frisch, qu'il crée au printemps 2005 dans sapropre traduction ; passeur qu'il est volontiers, depuis l'allemandet l'anglais, de maintes partitions.C'est une fable mastoc, qui résiste à la raison. L'auteur affirme
qu'elle lui fut dictée comme un mauvais rêve collant à l'esprit,dont l'origine se résume à une comptine d'invention sur cecomte Öderland, qui s'avancerait la hache à la main, frappantsans pitié ceux qu'il trouve sur son chemin. Cela s'ouvre, de nuit,dans le bureau du procureur chargé d'instruire le procès d'unhomme banal devenu meurtrier sans savoir pourquoi. Le magis-trat ne peut mener à bien l'accusation, dans la mesure où le fas-cine le geste du prévenu, qu'il perçoit comme un acte de révolteabsolu. Soudain, sa secrétaire devient à ses yeux une fée. Elle faitun feu de joie du dossier de l'affaire et entonne la fameuse comp-tine. Les voici elle et lui sur les routes. À coups de hache, devenuen somme le comte Öderland, il occit deux gendarmes. Dansl'espoir d'une révolution, paysans et prolétaires lui emboîtent lepas. Les corps constitués le traquent. Parvenu dans l'antichambredu pouvoir, qu'on lui offre sur un plateau, il ne sait qu'en fairedès qu'il ouvre enfin les yeux… Claude Yersin orchestre avec unimpressionnant savoir-faire cette sauvage méditation en actesd'un écrivain ivre de liberté, insurgé contre l'ordre pour saisir, infine, que son renversement suppose une prise de pouvoir, soit unordre autre, mais l'ordre quand même, sans le soutien du peuple,lequel s'avance sous les dehors d'une fanfare révolutionnaire quisemble sortie d'une pièce didactique de Brecht. On dirait par làque Max Frisch dialogue avec Brecht, qu'il révère mais ne peutsuivre jusqu'au terme de sa logique politique. Dans ce travaild'équipe où se déploient toutes les ressources de l'atelier théâtraltournant à plein régime – fine architecture mobile de la scéno-graphie due à Chantal Gaiddon ; costumes de la même, commecoupés dans l'étoffe des années cinquante, pourtant intemporels;musique suggestive de François Chevallier ; distributioncopieuse, ils sont douze, toutes et tous, chacun à son poste,jouant le jeu de la vérité dans l'illusion théâtrale – Claude Yersin,la main sûre et le cœur ferme, donne à cette œuvre opaque, héris-sée de contradictions, son poids exact d'incarnation judicieuse.
Une autre page s'est imprimée dans le livre de ma mémoire, avecson titre en forme de clin d'œil à Brecht, justement, Le couragede ma mère (Mutters Courage), qui renvoie à un épisode du romanfamilial de son auteur, George Tabori. La pièce était créée en
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La discrétion n'est pas une vertu à la mode. L'a-t-elle jamais été ?Comme la modestie et la probité, ses cousines germaines, ellesemble tirée du répertoire d'une éthique désuète. C'est pourtantce qui vient à l'esprit dès que l'on envisage la figure et le parcoursde Claude Yersin, qui a grosso modo l'âge de la décentralisationthéâtrale dans notre pays. Une idée de droiture aussi, d'inquièteconstance devant la tâche de tous les jours, où se mêlent les règlesde l'art et l'exigence civique. Né à Lausanne, ville en pente extrê-mement civilisée, après de solides humanités c'est en France qu'ilchoisit de vivre dès 1960 – alors il a vingt ans tout juste – dansle but, purement et simplement, d'entrer en théâtre comme ondit en religion. Il suit d'abord les cours de Pierre Valde, à tortaujourd'hui oublié, qui fut condisciple de Vilar chez Dullin(n'enseigna-t-il pas aussi les rudiments du jeu à Gérard Desarthe,entre autres ?) puis ceux de Jacques Lecoq, propices à la mise enœuvre du corps tout entier, mais c'est auprès de Jean Dasté, à laComédie de Saint-Étienne des années héroïques, dans un climatchaud de générosité sans calcul et d'absolu respect de l'autre (legrand Autre étant le public populaire à gagner à sa cause) qu'ilfait ses classes sur le tas, à fois comme comédien permanent etassistant metteur en scène. Années fastes, de formation, d'obser-vation, de constitution de soi, d'idéalisme et de rigueur. Ce n'estpas rien d'avoir été choisi par Dasté, homme de bonté et de par-tage, le cœur sur la main tendue à tous, qui avait quelque chosed'un franciscain bonhomme imprégné des leçons de Copeau,strict fondateur d'un ordre plus sévère. De 1962 à 1967, c'estdonc à Saint-Étienne que Claude Yersin s'aguerrit en qualité decomédien permanent et d'assistant metteur en scène. On le voitensuite à Reims, puis à Caen, au sein de compagnies décentralisées,à la fois interprète, animateur et metteur en scène itinérant, puisil regagne Saint-Étienne avant d'œuvrer à Besançon, en 1970, aucôté d'André Mairal, pour la fondation du Centre Théâtral deFranche-Comté ayant statut de Centre Dramatique National. Ily signe notamment les réalisations de La foi, l'espérance et la cha-rité, d'Ödön von Horváth et du Brave soldat Schveik, de MilanKepel, d'après Hasek. À la Comédie de Caen, il seconde MichelDubois, lui aussi ancien de chez Dasté, pour un mémorable TitusAndronicus de Shakespeare et la création de Martin Luther et
Thomas Münzer ou les débuts de la comptabilité, de Dieter Forte,avant de voler de son propre zèle en tant que metteur en scène.Il montre d'emblée une prédilection pour les textes d'auteursvivants : Franz Xaver Kroetz (Haute-Autriche, Concert à la carte) ;Herbert Achternbusch (Ella, Gust) ; Daniel Lemahieu (Usinage)et, en 1975, c'est La demande d'emploi, de Michel Vinaver. En1985, Jack Lang, ministre de la Culture, lui confie la missiond'implanter un Centre dramatique national à Angers. Missionaccomplie. Haut la main.
Je n'envisagerai pas les étapes et péripéties administratives del'installation du Nouveau Théâtre d'Angers, d'autres possèdentmieux le dossier, pas plus que je n'énumérerai à la queue leu leutous les spectacles qu'y a créés Claude Yersin. J'entends m'entenir à la levée d'images que suscite en moi le souvenir de certainsd'entre eux. Aussitôt me reviennent en tête Andrée Tainsy etFrançoise Bette dans Arromanches, de Daniel Besnehard, écrivainà demeure de longues années, commensal attitré avec qui romprele pain des mots. Je revois ce blanc décor de chambre d'hôpitaloù la mère rude, taillée dans un bois de campagne, s'éteintdevant sa fille qui a fait des études. Cela serre d'autant plus lecœur que ne sont plus de ce monde ces comédiennes émérites,
expertes en l'art de suggérerdes secrets les plus impercep-tibles. C'est à pleurer de serappeler leur duo feutréorchestré par Claude Yersinavec une sorte de cruauté ten-dre. De Daniel Besnehardencore (de lui, Claude Yersin,sur un quart de siècle de com-pagnonnage assidu, a montépas moins de sept pièces) jerevois, dans un autre registre,Hudson River, un désir d'exil,parfaite comédie de mœursactuelles, où l'on voit, sousl'espèce de trois femmes
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Un ennemi du tapage
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compris) ? Et si elle n'était personne, ou presque. Michel Vinaverse livre là, de nouveau, à une réflexion active sur la contingence,à une investigation sur le caractère improbable du réel, catégoriedont on nous rebat les oreilles à des fins idéologiques. Son por-trait d'une femme, peint à la manière d'un vigoureux éloge de lamise en doute, est servi – sous la férule amicale d'un ClaudeYersin qui redoute comme la peste la vulgarité du pathétique àgros traits – par un solide équipage de comédiens, changeant par-fois de rôle en un clin d'œil, qui trouvent tous la note juste àbon escient.
S'il ne néglige pas d'explorer la sphère classique au sens large (del'Antigone de Sophocle au Pain dur de Claudel, de Minna vonBarnhelm de Lessing aux Bonnes ménagères de Goldoni via Enattendant Godot de Beckett ou Oncle Vania de Tchekhov, etc.),Claude Yersin laisse à d'autres, nombreux, le soin de monterMolière, Racine ou Corneille. Il préfère révéler des auteurs neufsou rendre visite à des textes peu connus de fortes personnalitéspas assez honorées, comme Eugene O'Neill (De l'huile etL'endroit marqué d'une croix) ou Eduardo De Filippo (Les voixintérieures). S'il monte Père en 1983, furieux procès intenté à lafemme par un Strindberg qui fait profession de foi de sa miso-gynie, dix ans plus tard il s'attache à Harriet, pièce de Jean-PierreSarrazac, laquelle constitue un pari audacieux, dans la mesure oùelle s'attaque à Strindberg en personne, qui exposa génialementlui-même sa peau, ses nerfs, ses os, ses hantises à l'éventaire de lascène. En 1995, c'est à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon,avant Angers, que Claude Yersin crée Teltow Kanal, d'IvaneDaoudi, qui s'est éteinte à l'automne précédent. Il fait ainsiœuvre pie au nom de l'amitié. La mise en scène de la pièce, quise situe dans le champ du politique immédiat, a quelque chosede médiumnique, dans la mesure où une conjuration affectueuseentoure sa réalisation. Wilma (Catherine Gandois) et Erich(Didier Sauvegrain), mari et femme, elle fleuriste et lui coiffeur,petits-bourgeois de Berlin-Ouest, s'embarquent sur “LePrésident”, navire de l'Est qui longe l'ancienne frontière entreBerlin et l'ex-RDA. A bord, ils rencontrent Udo (Thierry Belnet),sympathique jeune prolétaire de l'Est, passablement éméché (il
fête avec ses copains la fin d'un chantier). De fil en aiguille, lecouple décide de l'adopter. Ils n'ont ni enfant ni chien. Servantau mieux cette écriture intuitive, vibratile, Claude Yersin tablesur la simplicité d'expression ; quelques planches peintes enblanc font un pont de bateau (scénographie de Charles Marty),des silhouettes de mouettes matérialisent une allusion poétique.
Chemin faisant, au fil de ce texte, les souvenirs (que reste-t-il duthéâtre, sinon eux ?),dûment vivifiés par écrit,se sont mis à reprendrecorps. Je m'aperçoisqu'une foule d'autres sepressent, mais je n'ai pasle droit de m'étendre, deme répandre outremesure. En un motcomme en cent, je doisconclure qu'entre le beaugarçon rêveur, en salo-pette – dont nous possé-dons une photographie –qui jouait un ouvriersoviétique dans Les Bains,de Maïakovski, mis en scène en 1967 par Antoine Vitez, etl'homme mûr d'aujourd'hui, qui cache sa pudeur sous une barbede philosophe présocratique, Claude Yersin demeure du pareil aumême dans le sens de l'approfondissement de soi : un artisan,soit l'artiste au sens où l'entendait Vilar. On ne sonne pas laretraite pour des gens de cette trempe. On a trop besoin d'eux.
Jean-Pierre Léonardinijuillet 2006
1979 à Munich par Hanna Schygulla. Si le père de Tabori partiten fumée à Auschwitz, sa mère échappa comme par miracle à ladéportation. Le récit scénique met en jeu face à face, au présentde l'indicatif, le fils racontant l'histoire (Alain Libolt) et la mèrela (re)vivant (Nathalie Bécue). On ne sait trop à la fin ce quirelève de l'affabulation et ce qui est du domaine de la stricte réa-lité car, par moments, la mère reprend le fils narrateur sur unpoint de détail. Tout est censé se redonner devant nous, sur undispositif irriguant le public à l'aide d'un podium, lequel autorisela vision sur trois fronts. Partie pour jouer au rami avec sa sœur,la mère à l'étoile jaune sur son manteau du dimanche est arrêtéepar deux vieux flics hongrois (Dominique Massa, Yves Prunier)qui n'ont pas de voiture et doivent donc, avec leur prisonnière,prendre le tramway. Comme il est bondé, la mère seule, protégéepar la receveuse, peut y accéder. Affligée de légalisme ingénu, elleattend au terminus les sicaires qui lui passent les menottes. Eninstance de départ pour les camps, de rocambolesques péripéties(notamment sa rencontre avec un officier allemand végétarienqui l'incite à s'enfuir) font que le pire lui sera épargné… C'est leton qui compte, tout d'humour – jusqu'au sein de l'effroi le plus
noir – dont use Tabori. Il parvient, au cœur même de l'improba-ble, fuyant tout pathos obligé par la situation, à donner à sourireet à émouvoir en sourdine, en même temps qu'il ne recule devantaucune vérité criante, jusqu'à cette scène où, dans le wagonbondé de déportés, un homme dont elle ne verra pas le visagefera, debout, l'amour à la mère, parce que “c'est la dernière fois”.Avec Le courage de ma mère Claude Yersin signe encore, dans laplus stricte économie de moyens, une réussite d'ordre sensibledigne d'éloges.
Il ne boucle pas par hasard sa grande boucle au CentreDramatique National d'Angers, en mars 2006, avec L'objecteur,pièce que Michel Vinaver a tirée d'un sien roman écrit il y aquelque cinquante ans. Depuis trente années il est entre eux uneconnivence d'ennemis du tapage, d'authentiques subversifscirconspects, des affinités d'intelligence pince-sans-rire, avecaussi une façon d'envisager le monde de biais, suivant les loisd'une logique mine de rien imparable. On le vérifie à l'envi avecPortrait d'une femme, réalisation qui date d'avril 2003. Inspiréedu procès de Pauline Dubuisson en 1953 (elle avait révolvériséson amant) tel qu'il fut rapporté dans le Monde, l'œuvre a pourcadre la cour d'assises, avec ses juges, ses avocats, ses témoins, sifamilière aux téléspectateurs. Connaissant Michel Vinaver, sonhumour d'essence britannique, même si calibré à l'aune d'unefrancité dûment repérable, on n'est pas surpris que le rituel judi-ciaire soit par lui finement raillé, par le biais d'effets de manchesrhétoriques, d'amphigouris de prétoire. Ce Portrait d'une femmevaut d'emblée par la mise en actes de la vision sous plusieursangles (soit, littéralement, l'ambiguïté) des touches qui le com-posent. L'accusée, ici baptisée Sophie Auzanneau, interprétée parElsa Lepoivre, apparaît entièrement livrée à la motricité ducaprice, ce qui rend le personnage à la fois irritant, insaisissableet désirable. Dans un mélange des temps extrêmement raffiné,elle est simultanément vécue et définie par les autres; père etmère, logeuse, amie, condisciples, amants, tandis qu'elle-mêmepeine à se doter d'une existence réelle. Est-elle la criminelleimpardonnable qu'invente l'appareil de justice, ou la proie suc-cessive de ceux dont elle a traversé la vie (occupants allemands y
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Descamps, joua également un rôle important dans cette décris-pation, en ne revendiquant jamais une position prépondérantede l'association, eu égard à son identité sur la ville. Il fut égale-ment celui qui, fort de son expérience de spectateur attentif etcurieux et de ses compétences de juriste, accompagna nos travauxet valida au fur et à mesure les différentes étapes d'invention decet “attelage” qui allait s'appeler Nouveau Théâtre d'Angers. Ilapporta d'ailleurs l'idée de création “d'une unité économique etsociale”, qui garantissait aux salariés de chacune des deux entre-prises, qui allaient mettre en œuvre ce projet commun, la garan-tie d'une politique sociale et salariale également commune.Le dispositif retenu rendait les deux structures “conjointes et soli-
daires” : l'association devenait actionnaire minoritaire de lasociété support du CDN, et le directeur du CDN (gérant de sasociété) devenait membre de droit du conseil d'administration del'association. Elles co-géraient ainsi les locaux qui leur étaientconfiés et partageaient réciproquement les masses salariales deleur ordre de marche respectif. L'utilisation des subventions étaittransparente : à l'association le financement de la programma-tion des spectacles invités et la gestion des services généraux et derelations publiques ; au CDN le financement des productions, deleur exploitation et de toutes les activités complémentaires de
sensibilisation. Directeur de l'association, responsable devant son conseil d'ad-ministration des missions qui lui étaient confiées, je fus surtoutle directeur administratif de l'ensemble et tout particulièrementdes productions du CDN, comme Claude Yersin et DanielBesnehard furent les garants de l'identité artistique de ce projetconcerté.
À l'occasion de ce retour en arrière, je me souviens aujourd'huide la qualité des échanges de nos réunions de travail, où chacundes acteurs cités a joué son rôle, en privilégiant la recherche de lasolution la plus dynamique et la mieux adaptée à ce projet, sansoublier que les membres de l'équipe permanente de l'associationde cette époque, se sont tout de suite impliqués sans réticencedans l'invention au quotidien de cette “unité économique etsociale”… et bientôt artistique.Le souvenir de cette expérience toute particulière, la pérennité etla réussite du projet qui s'en suivit, me rappellent souvent l'im-portance qu'il faut accorder à la cohérence, et à la pertinence duchoix des structures qui portent les missions qui nous sontconfiées. Mais la réussite de tels projets tient avant tout à la qua-lité de la rencontre au moment opportun des personnes concer-nées et à l'efficacité de leurs efforts conjugués ; et c'est aussi deces instants décisifs que je veux me souvenir.
Patrice Barret28 février 2006
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Devant ma réticence à rédiger une ode élégiaque sur mes plusbelles années à Angers, Daniel Besnehard a exercé une amicalepression pour me convaincre d'apporter ma contribution à cestémoignages et m'a incité à lire le texte confié par RobertAbirached, dont il était certain que l'exemple ne pourrait quedéclencher mon inspiration.
Cette lecture produisit l'effet escompté.
Lorsque Robert Abirached me gratifie du titre de directeur de laMaison de la Culture lors du rappel des circonstances qui déci-dèrent de la re-création de ce centre dramatique national, je medois de compléter son aimable rappel de mon implication dansla création de cette “formule inédite” en racontant l'histoire deson invention.
Robert Abirached joua à cette occasion un rôle beaucoup plusimportant que celui qu'il laisse paraître dans son récit. Je nedevins le directeur de cette Maison de la Culture que pour garan-tir au Centre Dramatique naissant le partenariat loyal de cetteassociation déjà implantée de longue date sur la ville. En effet lemaire, Jean Monnier, comme son adjoint chargé de la culture,Gérard Pilet, n'imaginaient pas voir disparaître cette structureassociative d'initiative et d'animation culturelles, que la Villed'Angers avait créée, défendue et portée à bout de bras depuishuit ans, sans jamais recevoir de la part du ministère de laCulture aucune reconnaissance significative. Même si les deuxannées précédentes avaient vu son audience en partie diminuer,le dynamisme de sa petite équipe avait su mobiliser un publicsouvent nombreux autour de propositions multiples, principale-ment chorégraphiques et musicales, ces dernières débouchantmême sur la création d'un festival de jazz reconnu nationalementà cette époque. Ce passé récent justifiait aux yeux du maire que l'associationMaison de la Culture soit le premier partenaire du CentreDramatique dans son travail de conquête du public, tout en assu-rant sur la ville, à ses côtés, une programmation pluridisciplinairecomplémentaire à ses propositions de créations dramatiques.
De son côté, Claude Yersin, qui se souvenait de l'éviction de JeanDasté de Grenoble, de celle de Jo Tréhard de Caen et des mises àl'écart dans les années 70 des artistes, principalement de théâtre,des directions des Maisons de la Culture par leurs organes de ges-tion associatifs, refusait d'être emberlificoté dans les maillesd'une association loi 1901 et réclamait l'indépendance des disposi-tions prévues par le Contrat “intuitu personae” de DécentralisationDramatique, signé entre le directeur et le ministre.
Durant de nombreuses semaines ces positions antagonistes cher-chèrent – au travers de réunions de travail menées autour despropositions du rapport établi à la demande du ministère parPhilippe Coutant (à cette époque administrateur du Théâtre desAmandiers de Nanterre, dirigé par Patrice Chéreau et CatherineTasca) – la solution d'un montage juridique qui réponde à cettesituation particulière. L'absorption par le CDN, des missions plu-ridisciplinaires confiées par la Ville à l'association, était hors dequestion ; et la direction des deux entités (association et CDN)par Claude Yersin, qui refusait de se laisser placer sous une tutelleassociative, tout aussi inenvisageable.La situation était à ce point de blocage, lorsque fut organiséeune réunion de synthèse dans le bureau du maire. Le rappel desréunions de travail précédentes ne laissait pas envisager desynthèse évidente. C'est dans cette ambiance tendue que nousvîmes Robert Abirached, s'appuyant sur l'expérience de terrainde l'adjoint chargé de la culture, Gérard Pilet, et du conseillerthéâtre auprès du Directeur Régional des Affaires Culturelles,Bernard Richard – qui avaient tous deux suivi au plus près cestravaux de recherche d'une structure conciliant les enjeux municipauxet les missions de décentralisation dramatique – rassurer pro-gressivement le maire, Jean Monnier, en lui montrant que laVille pouvait tout à la fois conserver son pouvoir de contrôle desmoyens qu'elle confiait à “son” association et au CDN et permet-tre aux deux structures de s'associer dans la gestion d'un projetcommun concerté dans le respect de leurs missions particulières.Cette évolution du doute à la confiance permit ensuite d'élabo-rer très concrètement les conditions de cette association.Je dois ajouter que le président de l'association, Lionel
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d'allègement qu'il me demandait sur le texte, paradoxalement legrandissait. Avec lui, j'ai appris les vertus d'une écriture mince.Trop écrire, trop dire, c'est souvent réduire la capacité poétique.Un dialogue épuré favorise le travail de l'acteur, il permet d'en-trer dans le vif d'une action. Écrire du théâtre pour moi, c'estmoins écrire des belles phrases bien usinées que trouver l'équili-bre périlleux entre les mots, la situation, le poids du silence.
Notre rapport de travail n'était ni simple ni courtisan, parfois onfaisait penser à ces vieux couples de Karl Valentin, on se dispu-tait sur des scènes – par exemple dans Arromanches, la scèneconcernant la chatte Miquette,Claude la trouvait gnangnan.Parfois, c'était plus difficile. SurL'enfant d'Obock, notre relationétait explosive. Le sujet, la LégionÉtrangère, rebutait Claude ; il mefascinait excessivement. Les acteursétaient perturbés par nos désac-cords. Au final, ce fut sans doutenotre spectacle le plus créatif.L'écriture scénique était incisive,une écriture où la parole émergeaitdans une tension maximale.
Dans la majorité des cas, l'intensitésans complaisance de notre relationde travail se transmettait dans lesspectacles, c'est ce qui en faisait “unthéâtre minimaliste incandescent”selon la formule de Jean-ClaudeLallias.
Travailler avec Claude, pour unauteur de théâtre, c'est se confron-ter à la rigueur. Il est très exigeantet précis. Très honnête, il ne se metpas en avant, les textes sont montés
avec respect, avec probité, sans decorum, la mise en scène n'af-fiche pas un savoir-faire de surface, elle laisse entendre la parolede l'auteur, la révèle discrètement.
Depuis mon départ d'Angers, je n'ai rien publié pour le théâtre.J'ai le sentiment d'avoir été trop gâté au NTA, les conditions de pro-duction de mes pièces étaient excellentes, presque uniques endécentralisation : des distributions de qualité, des répétitions adap-tées, des décors construits. J'ai parfois le sentiment d'avoir écrit,entre 1978 et 2003, l'essentiel de ce que j'avais à exprimer surun plateau de théâtre. J'ai peur des “redites”, des réalisations
précaires et incertaines qui naissentd'aventures financièrement malassurées.
Mon statut exceptionnel au sein desCDN, ce partenariat créatif entre unmetteur en scène directeur et unauteur secrétaire général m'a com-blé. Au NTA la mise à l'épreuve demes pièces devant un large public,régulièrement retrouvé, était unrisque et un enjeu essentiel de montravail dramaturgique. Il me fallaitécrire pour un grand nombre despectateurs sans jamais céder surmon désir. Pratiquer le grand écart,produire un théâtre sensible qu'unprofesseur d'université ou unemodeste employée de commercepuissent partager. Le volume desubventions publiques qui permet-tait la réalisation de mes écrituressubjectives, incitait à la responsabi-lité, il ne freina en rien ma liberté decréation.
Daniel Besnehard23 mai 2006
Claude Yersin, entre 1978 et 1999, a créé sur des scènespubliques sept de mes pièces. Les mères grises à Théâtre Ouvert enAvignon (1978), L'étang gris (1982) et Neige et sables (1986) à laComédie de Caen.
Au Nouveau Théâtre d'Angers, en 1986, Arromanches a été lapremière création du nouveau centre dramatique national ; ellefut très bien accueillie, et Arromanches reçut en 1987 le Prix de lameilleure création française, décerné par le Syndicat de laCritique. Ce partenariat privilégié entre un auteur et un metteuren scène s'est conforté à Angers avec la création de Mala Stranaen 1988, L'ourse blanche en 1990, L'enfant d'Obock en 1994, etHudson River en 1999. Claude Yersin a favorisé la production auNTA de deux autres pièces par deux jeunes metteurs en scène,Charlotte F. mise en scène par Hélène Gay, et À vif, parChristophe Lemaître.
Mêlant les pays, Prague, New York, Djibouti, la Normandie, etles époques, 1913, 1940, 1968, les années 90, chaque pièce futl'occasion de déclinaisons singulières sur les thèmes du quotidienet de l'exil, du rapport du réalisme et de l'intimité au théâtre.Ces sept pièces ont été le lieu d'un compagnonnage auteur/met-teur en scène qui a induit bien des voyages. Elles parcourent unlabyrinthe qui suit volontiers le cours de fleuves et d'océans…Des grèves des plages normandes à la Vltava de Prague, jusqu'àce lointain Obock, garnison de la Légion Étrangère sous le soleild'Afrique, des méandres de l'Hudson River, enjambée par leGeorge Washington Bridge aux docks de Hambourg.
À côté des voyages imaginaires ou réels qui nourrissent mon écri-ture, au fil de la vingtaine de mes pièces, je crois aussi commeTchekhov que “créer, c'est se souvenir”. Le travail de l'écrivain estsouvent un trajet vers un passé enfoui ou recouvert.Le théâtre, le mien en tout cas, trouve racine dans des chocs privés,des blessures enfouies. Encore faut-il les recomposer, les parer, lestravestir dans une pièce. La fiction théâtrale, même de factureréaliste, a besoin d'opérer une distance avec les émotions origi-nelles. J'aime tresser l'intime et l'époque, le privé et l'histoire. En
néo-naturaliste, je donne souvent à mes personnages, un nom,un état-civil, un cheminement socio-historique…
Notre compagnonnage artistique, sur plus de vingt ans, reste uneexpérience trop rare dans le paysage institutionnel français. Ilrepose sur la fidélité, le respect mutuel et notre indépendanceréciproque. Au NTA, Claude Yersin a monté beaucoup d'autresauteurs contemporains (Vinaver, Daoudi, Sarrazac, Durnez…),j'ai été joué et créé dans d'autres théâtres publics (TEP, TNS,Comédie-Francaise, Théâtre de l'Athénée…). Avec Claude, noussommes liés artistiquement mais aussi très autonomes, nos per-sonnalités diffèrent beaucoup. Il y avait un vrai besoin de s'éloi-gner pour se retrouver, il nous fallait trois ans environ entrechaque création pour susciter l'envie d'une nouvelle collabora-tion, le plaisir de partager une nouvelle aventure.
À l'exception d'un seul, nos spectacles ne sont jamais nés decommandes thématiques de sa part. C'est moi qui apportais lessujets; à la croisée du réel et de mon désir, j'écrivais sur ce quim'importait, en toute liberté. Nous avions un vrai consensus surl'essentiel, mais nous avions eu aussi de constantes luttes sur desenjeux, des détails. Avant d'entrer en répétition, Claude me sug-gérait souvent un retravail. J'y consentais car le travail d'érosion,
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Écrivain de théâtre, libre et responsable
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J.P.P retiendrait bientôt les portes automatiques pour que le véloet son maître puissent s'élancer par la porte étroite, dans le dosdes spectateurs (j'arrivais comme une bombe à gauche des gra-dins), je m'étais souvent déplacé, Evian, Grenoble, Lyon, Paris…En Avignon, 1986, je rencontre Hélène Vincent ; DanielBesnehard qui passe par là, Missi Dominici d'un NTA qui se consti-tue, lui suggère de reprendre La vierge et le cheval, un monologuemis en scène par Agnès Laurent à Strasbourg à partir d'une nouvellede Marieluise Fleisser. Hélène propose d'associer à La vierge…, Lepetit bois, un texte d'Eugène Durif dont j'ai fait des lectures à FranceCulture et Avignon. L'accord se fait, deux monologues tentent unpas de duo. La brune Agnès Laurent, la blonde Hélène et moi (che-veux en brosse pour l'occasion) baptisons le navire Jour de vogue,hommage à Tati et aux fêtes foraines lyonnaises.Jean-Pierre Prud’homme a appelé l'ascenseur, je n'ai plus trèslongtemps pour raconter la suite, il n'a qu'un étage à descendrepour arriver jusqu'aux loges.Le mot “ vogue ”, d'après le dictionnaire étymologique, renvoiedans deux directions :“ Voguer ” qui vient de Wagon : se balan-cer. Et “ Vogue ” qui, de l'Italien “ voga ”, donne “ réputation ”. J'entre en scène en vélo, elle est cachée derrière un fragment demur blanc et rouge qui fait le tour du monde, je vis avec mamère, un cheval qu'elle aimait l'a quittée. Je m'invente une “ réputation ” de voyageur, balançant entre lesocial et le personnel. Je désire un théâtre “ socio-personnel ”,comme le marcheur désire le chemin déjà tracé, qu'il“ emprunte ”. J'ai 37 ans, 18 en 68, l'expérience de la sociologie,où les enquêtes nourrissent des décisions déjà prises, m'indiqueque le théâtre, permet un espace où “ tout reste à jouer ” à côtéd'une parole des bureaux où “ tout semble déjà joué ”. Je m'efforced'arrimer au sol cette victoire imaginaire, comme un drapeau dansla tempête. Faire partie d'une équipe m'est indispensable, seulegarantie d'un élan et d'une éthique. Apprendre à jouer est unenécessité vitale, seule façon d'éviter l'enfermement rhétorique.À l'étage, l'ascenseur a poussé son soupir d'arrivée, la portemétallique à double épaisseur béguaie, hésite à s'ouvrir, mais nesaurait tarder. Ma première réplique : “ Je suis parti tôt, le matin,seul sur mon vélo. ”
Mon plaisir du théâtre ressemble au plaisir de découvrir les cartes,au tarot, lorsqu'on vient de redistribuer. L'espoir et l'inquiétudesont relancés en même temps que la combativité ou le décourage-ment, moment malicieux, un peu inquiétant, simultanémentprivé et public ; espace “ institué ” au départ d'une action.Chaque spectacle propose ce genre de gourmandise et de vertige.Un point de départ est redonné, un point d'arrivée est signalé, quiressemble à la mort, mais signale d'autres départs possibles.Chaque fois l'espace d'une vie doit être garanti à chacun, doit êtregaranti au public. Nous devons mériter cette possibilité.L'ascenseur vient de se poser à côté de la loge, ouverture labo-rieuse de sa grosse porte, l'ami régisseur se racle la gorge pour atté-nuer l'annonce qui suit, de peu, les trois coups au-dessus del'étiquette. “ Faut y aller ! ” J'ouvre. “ On y va ”. Le régisseur etl'acteur dans l'ascenseur, éternité confinée, on plaisante, avec desgrimaces ou des mots, je ne me souviens plus. L'étage, ouverture,Jean-Pierre vérifie qu'il ne reste pas quelques spectateurs attardésdans le hall d'entrée, il me passe le vélo, je le positionne dans l'axede la porte ouverte de la petite salle. Un lecteur de cassette est fixéau guidon, j'appuie sur “Play”, la symphonie Titan de Malher gré-sille dans la boîte. Je grimpe en selle, légère poussée de JP et j'es-saie de prendre de la vitesse dans l'espace étroit, une fois passée laporte, entre le mur à gauche et la paroi des gradins, à droite.J'arrive, presque en danseuse, sur la gauche du public. L'espacescénique est divisé en deux par un fragment incurvé de mur rougeet blanc, comme au cirque. Je passe à Jardin du mur, je fonce versle lointain, je freine, un tête à queue, je suis face au public.Silence. Je le regarde. Je descends de vélo, je pose l'engin sur sabéquille, j'arrête la radio. “Je suis parti tôt le matin sur mon vélo”.Première entrée dans un Centre Dramatique National. Dansquinze jours, retour à Paris pour chercher du travail.Quatre ans plus tard, en septembre 1990, après plusieurs collabora-tions, en tant qu'intermittent, (formation, mise en scène de La nocechez les petits bourgeois, assistant de Claude pour plusieurs spectacles),Claude Yersin me propose de rejoindre l'équipe du NTA. Je devienscomédien permanent (travail polyvalent centré sur l'artistique, un“temps fort” par an) J'attaque avec un spectacle formidable LesP'tits loups. Un monologue certes, mais quel travail collectif !
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Je transporte avec moi la richesse des expériences faites à Angers.La proposition de Claude Yersin de rejoindre, en septembre1990, l'équipe du Centre Dramatique a été le début d'une étapeessentielle de mon existence. Je ne pourrai ici résumer la variétéet la qualité des situations de travail et de rencontre que j'aivécues. C'est dans l'élan de cette période que je continue à recon-naître dans l'aventure théâtrale une aventure vivante. En travail-lant aux côtés de Claude Yersin, de Daniel Besnehard et de toutel'équipe du CDN, j'ai rejoint une aventure artistique et sociale enmouvement. J'ai puisé dans le rêve de la décentralisation théâ-trale une soif de rencontres et de surprises : avec des auteurs, descomédiens, des techniciens, des publics. Treize années inatten-dues, riches d'ouvertures et de regrets bien sûr. Je suis originaired'une région de montagne, tremplins et ornières font partie dumême sol. Lors de compétitions de ski auxquelles j'ai participé,adolescent, j'avais été impressionné par un grand gaillard, paysandevenu moniteur de ski, qui, avant chaque départ, grinçait entreses dents “Si j'tombe pas, j'arrive en bas ! ” Tel était mon but etsi je continue à me présenter sur la ligne de départ, si j'ai encorede l'élan, c'est beaucoup grâce à ces années detravail au NTA et à la relation de confiance etd'amitié que nous avons essayé de construire.Des P'tits loups à La Cocadrille, les rencontresavec Claude Yersin sur le plateau furent nom-breuses et nettement insuffisantes. L'hommageque je voudrais lui rendre aujourd'hui part delà : je regrette d'avoir si peu travaillé avec lui !La collaboration avec Daniel Besnehard, autrepôle de l'équipe artistique, a marqué aussi montravail et la fabrication de chaque Cahier futpassionnante : Artisanat d'Art ! À l'auteur jedois l'expérience forte de L'enfant d'Obock etl'exemple d'une pensée active sur sa pratiqued'écrivain. L'amitié, elle, continue.Que tous mes collègues du NTA soient remer-ciés et que ceux des Relations Publiques, de la Communication etde l'Administration ne m'en veuillent pas si je privilégie ici lessouvenirs de théâtre. J'étais venu pour ça ! Mon attente, (sou-
vent printanière, les décisions se prenaient en mai), fut surtout desavoir ce que j'allais pouvoir jouer. Mais je leur sais gré de l'ami-tié et du soutien qu'ils ont pu me fournir. Nous avons beaucoupvoyagé ensemble sur les grands routes des quartiers, des villages,des Cahiers, du quotidien rétif… À tous ceux du plateau, quifaisaient troupe autour de Claude Yersin, je voudrais dire que jesuis homme de théâtre grâce à eux : Jean-Pierre qui va bientôtentrer en scène comme un personnage important de ma propreentrée, Benoit qui, à travers plusieurs spectacles que j'ai mis enscène ou joués, m'a accompagné, soutenu, conseillé, éclairé biensûr. Philippe, Bab, qui ont soutenu mes derniers travaux, Lucie labien nommée, l'autre Claude, Gilles, Hervé, Jocelyn, Vincent,Joël, Jean-Christophe, Olivier, Dominique (fée du matin), je vousrencontrais là où j'avais surtout envie d'être, dans le temps protégéet productif de la fiction. Nous avons eu du plaisir à faire celaensemble, c'est inestimable à mes yeux et cela tient beaucoup àl'exigence et à la générosité que vous apportiez dans le travail.Merci du fond du cœur.
Une entréeJe suis arrivé à Angers, le 20 octobre 1987,12 place Louis Imbach, en vélo, par l'ascen-seur. Je peux le prouver, j'ai des témoins.Avant cela j'attends au sous-sol, dans uneloge, sans trop savoir si et comment cettepoussée vers l'Ouest va changer ma vie.Jean-Pierre Prud’homme frappera deuxcoups à la porte creuse, au-dessus del'étiquette YVES PRUNIER, il faudra y aller,Hélène Vincent a déjà quitté la loge voisinepour s'installer avant l'entrée du public.Déjà en scène, Hélène, tutu et lunettesnoires, cirque et cinéma. En scène depuisplus longtemps que moi, dans cet espacedécentralisé et institutionnel du jeu
théâtral que je m'efforce de rejoindre. De ma Haute-Savoie natale, bord de lac, des platanes, la Suisseen face, des vents dans tous les sens, jusqu'à cet ascenseur dont
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J'ai quitté l'équipe en juillet 2003, treize ans plus tard. Trop dechoses se sont passées pour que je m'engage dans un inventaire ;comme dirait La Cocadrille de John Berger, “Il me faudrait treizeans !” Au filtre d'aujourd'hui et dans l'espace limité de ces pages,quelques repères s'imposent.Les répétitions des P'tits loups restent pour moi un souvenirexceptionnel. Tout était à inventer, même ce qui l'avait déjà étécent fois, point de mise en scène de référence, point d'hommageà rendre au passé glorieux de l'œuvre, la singularité de notre spec-tacle venait vers nous chaque jour. La peur était mobilisatrice, laruse était possible, l'avancée quotidienne ou presque. Nous par-lions de ce qui touche chacun d'entre nous : l'espoir et le désirau-delà du handicap. Je courais de mon “ Mac Plus ” (ordinateuraujourd'hui plus vieux qu'Eschyle et bien plus oublié) à la sallede répétition, les “ versions ” du texte se succédaient. Sur la pro-position de Claude, nous avions renversé la logique de la nou-velle pour inventer à notre narrateur une nécessité : “ Il a décidéde s'enfuir mais la peur le prend et, avant de partir, il parle deceux qu'il laisse. Il repousse le départ en parlant. ” Nous avonsconjugué différemment quelques passages, coupé, réorganisé lerécit, essayé. Chaque jour l'Albatros protestant suisse etl'Albatros protestant savoyard accouchaient, très empiriquement,de ce jeune homme épique, sans bras ni jambes, et qui avaitdécidé de partir à la découverte du vaste monde. Comme pourLa Cocadrille, comme peut-être pour tout monologue théâtral,les questions de la liberté et de l'espoir furent au centre du jeuproposé aux spectateurs, associées à celles de l'enfermement et dela disparition. Nous avons beaucoup échangé avec Jack Percherscénographe de l'aventure, l'équipe technique a participé de prèsà la mise en place et au réglage du jeu dans le décor. La peurd'être “mauvais” était là, presque chaque jour, terrassée, presquechaque jour, par la possibilité d'essayer à nouveau, par l'attentionet la confiance des autres, les métamorphoses du texte lui-même.Ellar Wise, l'auteur, exprima des réserves à quelques jours de lapremière lorsqu'il lut la version scénique. Il fut convaincu par lareprésentation. La rencontre du conte et du théâtre était justifiée.Je me souviens, Claude, de notre soulagement ! Que l'auteur soitcontent simplifie la vie.
Ensuite j'ai joué Les P'tits loups, devant des publics divers, plus decent fois. Inquiet et fier, personnellement responsable du récitd'un autre, libre et prenant goût à cette liberté. Me nourrissantpour le prochain rôle. À dix ans d'intervalle, la création de La Cocadrille a permis une aventurecomparable. Cette fois les contraintes de diffusion nous obligèrent àfaire confiance au théâtre plus que jamais. Là aussi : apparition etdisparition, désir de vivre et mort du héros (héroïne en l'occurrence). J'ai retrouvé cette énergie créative dans deux autres spectaclesdont le souvenir reste aussi fort et étrange que celui des rêves,L'enfant d'Obock et Le courage de ma mère, moments enthousias-mants d'avancée quotidienne où le contenu, le texte, s'éclaire,s'enrichit de nos inventions formelles (simples), de l'expérimen-tation plurielle. Et toujours, dans ces cas-là, la ténacité et l'écoutedu metteur en scène, l'existence d'une équipe technique attentiveet inventive permettent que le miracle ait lieu, qu'un spectacles'élabore, que le rendez-vous avec le public soit beau et sensé.L'enfant d'Obock, m'a permis d'admirer, au quotidien, le travail deFrançoise Bette, comédienne atomique et sensible, donnant àchaque mot son poids immédiat de concret, la grâce de GauthierBaillot, joueur fin et généreux. Je me souviens de la capacitéd'adaptation et d'invention “ en vol ” de Claude Yersin, capitained'un navire tumultueux, vibrant des visites passionnées de l'auteur,de la présence stimulante de la chorégraphe. La défection de lascénographe, à peine le décor livré, permit à l'équipe technique etaux acteurs de participer pleinement à l'élaboration du dispositifscénique et de son fonctionnement. À l'arrivée, les témoignagesémus de nombreux spectateurs, militaires ou antimilitaristes (unefemme de Colonel confiant à Françoise qu'à sa place “elle luiaurait envoyé le fer à repasser à la figure”, à ce mari-là).Le courage de ma mère, la même année que la création de LaCocadrille ! L'imagination, excitée par le premier spectacle s'élan-çait, gourmande, à l'assaut du second. Découverte d'un auteurdrôle et bouleversant, équipe formidable, spectacle inventif etprofond, choix si juste de Claude d'une actrice jeune pour lamère, Nathalie Bécue, actrice si talentueuse. Souvenirs d'unegrande amitié dans l'équipe, acteurs, techniciens, de changementsde costumes épiques où je retrouvais mes complices techniciens,
Lucie Guilpin, Jean-Pierre Prud’homme. Souvenir d'un officierallemand humaniste et végétarien, homme perdu, droit dans sesbottes, souvenir de la difficulté de manger des prunes tout en par-lant à quelques centimètres du visage de Nathalie Bécue. Desvalises, des voix distordues, du brouillard, du silence à la fin…Apprendre à rire sans pleurer avec Monique Hervouët, travail àrebondissement, une version de salle, une de campagne, toutesdeux aussi justes. Plaisir physique de brandir des tables, deschaises, de siffler un air de Chaplin, de retrouver, pour jouer, descomédiens amis que j'avais dirigés peu de temps auparavant et…l'humour désespéré de Tucholsky ! Monique comme StéphanieChévara, plus tard, pour L'été de Weingarten et Moitié Cerise,mon moi chat. Rencontre avec des femmes volontaires et culti-vées, sacrées combattantes dans une corporation si “ masculine ”.Souvenirs de Molly Bloom, bien sûr, un projet difficile, mis enplace grâce à Claude. Travail passionnant, souvent hallucinant.Plongée au sein du couple. Lecteur enquêteur, au cours de plu-sieurs lectures d'Ulysse, je piste Léopold dans Dublin, quittantMolly puis la retrouvant. Je m'y perds, le retrouve, rends compterégulièrement de mes recherches à Jean-Michel Dupuis etHélène Vincent qui ont “décollé” et m'écoutent si je suis bref.Hervé Jabveneau, constructeur, zen, artiste, construit la pisted'envol et d'atterrissage, le fauteuil de Molly... Voyage sur placeà Dublin avant d'autres… Électre-Oreste, épopée gréco-malienneencore si proche dans ces italiques censées arrêter le temps. Je nepeux parler ici que du passionnant travail de préparation, de lec-ture et d'écriture avec Claude, de répétition à Bamako puis àAngers avec ces comédiens que j'ai rencontrés et que j'aimeraisretrouver. Je n'arrive pas vraiment à réaliser que le spectacle quenous avons fait alors est arrivé à son terme, étrange deuil impar-fait. Je me souviens de mon trac à jouer La Cocadrille pour eux(durant trois mois je l'avais ramenée en tant qu'assistant, sou-dain, il s'agissait de faire moi-même du théâtre). Que le hasard etses vertus me permettent de retrouver un jour mes collèguesmaliens.La troupe, à Angers, est restée unitaire, je l'ai regretté : un met-teur en scène, un écrivain, un comédien. Pourtant, elle ne futjamais anorexique. Le petit CDN, marié à une Maison de la
Culture qui grossissait et dont nous acclamions la courbe depoids en réunion, n'a pas développé sa troupe et a combattu poursa survie, pourtant l'effervescence accompagnait (dans mon sou-venir) la préparation de chaque création, de chaque Cahier, dechaque affirmation sur le terrain de notre mission principale. Etla transmission, la continuité du travail théâtral et des rencontresentre artistes furent garantiesL'équipe technique dès l'origine et de plus en plus, fut le mem-bre collectif actif de l'équipe artistique. Dans l'alternance descréations, et des Ateliers de Formation, les régisseurs circulaient,techniciens en action mais aussi anges gardiens, regards exté-rieurs amicaux, animés d'un même désir d'être là où on fabri-quait du théâtre. Constituant une mémoire, acceptant lesconfrontations. Cette implication de “ ceux de la technique ”dans l'aventure artistique a été une orientation délibérée etconstante de Claude Yersin et a permis à l'espace “ centre drama-tique ” d'exister pleinement dans la durée. La “troupe ” fut sou-vent Claude Yersin et l'équipe technique. Stimulante pour moi(et je l'espère pour d'autres), la question : Que fera Prunier cetteannée ? a obligé à inventer. À l'initiative de Claude et de Daniel,nous avons tenté de ressusciter Goldoni, Tchekhov, Jason etMédée, dans des spectacles de proximité. J'ai eu ainsi le plaisir detravailler avec Hugues Vaulerin, Claudine Lacroutz, YannickRenaud, Hélène Gay. Nous nous sommes battus au bon endroitet je continue, en partie grâce à cet élan. La Cocadrille de JohnBerger a pris la route et continue de m'accompagner. L'heure dela bonne, magnifiquement interprêtée par Atsama Lafosse, “ enplein dans la cible ” a dit un ami, fut l'occasion de creuser encorel'alliance entre l'étrangeté et la simplicité dans le récit théâtral.Nous avons rencontré de nombreux spectateurs “ non clients ”,pris le temps de les revoir, l'année suivante, avec une autre his-toire, sans bénéfices assurés en terme d'abonnements, sans garan-ties de “ retours ”. Il faut combattre ainsi, indéfiniment, et nousavons eu raison de le faire, j'espère qu'ici ou ailleurs, le florissantAbonnement n'oubliera pas les drôles d'oiseaux qui construisentleur nid dans ses branches. Ami Claude Merci.
Yves Prunier Talcy, janvier 2006
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Arromanches de Daniel Besnehard ...................................................... 32
Les voix intérieures de Eduardo De Filippo ...................................... 36
Giglo 1er de Jacques Templeraud ............................................................. 38
Jours de vogue d’après Eugène Durif et Marieluise Fleisser ........... 40
Père de August Strindberg ........................................................................ 42
Credo de Enzo Cormann ........................................................................... 44
Les eaux et forêts de Marguerite Duras ............................................ 46
René Char, Changer sa règle d'existence de Jacques Zabor ..... 48
Mala Strana de Daniel Besnehard ......................................................... 50
En attendant Godot de Samuel Beckett ........................................... 52
Le philosophe amoureux d’après Denis Diderot ........................... 54
Léon la France de Christian Schiaretti et Philippe Mercier ................ 56
La noce chez les petits bourgeois de Bertolt Brecht ................. 58
Minna von Barnhelm de Gotthold Ephraïm Lessing ........................ 60
L'ourse blanche de Daniel Besnehard ................................................. 62
Homme et galant homme de Eduardo De Filippo ........................ 64
Les p'tits loups de Ellar Wise ............................................................... 66
Molly Bloom d’après James Joyce ....................................................... 68
Le pain dur de Paul Claudel ................................................................... 72
Le mandat de Nikolaï Erdman ................................................................ 74
Harriet de Jean-Pierre Sarrazac ................................................................ 76
L'intervention de Victor Hugo ............................................................... 78
Le mariage de Nikolaï Gogol .................................................................. 80
L'enfant d'Obock de Daniel Besnehard ...............................................82
La vie est un compte de faits - montage de textes ..................... 84
Les bonnes ménagères de Carlo Goldoni ....................................... 86
Medea de Jean Vauthier d’après Sénèque .............................................. 88
Teltow Kanal de Ivane Daoudi ............................................................. 90
Comment devenir un homme d’après Octave Mirbeau ............. 92
Mariage à Sarajevo de Ludwig Fels ................................................... 94
Félix de Robert Walser .............................................................................. 96
Apprendre à rire sans pleurer d’après Kurt Tucholsky ........................ 98
Oncle Vania de Anton Tchekhov ........................................................... 100
27 remorques pleines de coton de Tennessee Williams ........... 102
Mesure pour mesure de William Shakespeare .............................. 104
La Moscheta de Ruzante ...................................................................... 106
Hudson River, un désir d’exil de Daniel Besnehard ................... 108
L'été de Romain Weingarten .................................................................... 110
Voix secrètes de Joe Penhall ............................................................... 112
Souvenirs d'un garçon d’après Guy de Maupassant .................... 114
Le courage de ma mère de George Tabori .................................... 116
La Cocadrille de John Berger .............................................................. 120
Paroles à boire, textes réunis par Monique Hervouët ...................... 122
Les noces du pape d’Edward Bond .................................................. 124
Solness le constructeur de Henrik Ibsen ...................................... 126
Le rire des asticots, textes et chansons de Pierre Cami ................ 128
Electre-Oreste de Sophocle et d’après Eschyle ................................. 130
Max et Lola de Daniel Girard ............................................................... 132
Casimir et Caroline de Ödön von Horváth ....................................... 134
Portrait d'une femme de Michel Vinaver ........................................ 136
À vif de Daniel Besnehard ....................................................................... 138
George Dandin de Molière .................................................................. 140
Bamako, mélodrame subsaharien de Eric Durnez ................... 142
Oui dit le très jeune homme de Gertrude Stein ........................ 144
Gust de Herbert Achternbusch ................................................................ 146
Comte Öderland de Max Frisch ......................................................... 148
Méhari et Adrien de Hervé Blutsch ................................................... 150
L’objecteur de Michel Vinaver .................................................................152
Les créationsdu Nouveau Théâtre d’Angers
Centre Dramatique National Pays de la Loire
Les noms des comédiens figurant sur les photographies sont suivis d’un astérisque au générique
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Je me souviens…Les murs de la chambre d'hôpital étaientcrême, le costume de Marie, la fille, un tail-leur vert amande, Louise, la mère, jouait enrobe de nuit de coton blanc. Je me souviensde détails matériels : l'orange qu'on épluchepar dépit, la valise avec les écussons, un petitsac de cuir noir pressé contre une poitrine,un bouquet de pâquerettes comme un
paquet de remords. J'ai vu le spectacle desdizaines de fois. C'est, de tous ceux que j'aiécrits, celui que j'ai le plus regardé, mon pré-féré, celui qui m'a offert larmes de joie etlarmes de tristesse. Souvent, je me suis ditqu'après Arromanches, j'aurais dû arrêterle théâtre. Le dernier tableau de la pièceétait un dialogue d'outre-tombe, un paradisblanc. Françoise Bette et Andrée Tainsy ont
accompli mon rêve d'auteur. Ce sont mesmuses. Vingt ans après, j'entends leur voix, jedevine leurs yeux, je ressens leurs ondes. Elles sont parties toutes les deux. Je les aime forever.
Daniel Besnehard
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avec Françoise Bette*
Andrée Tainsy*
décor Nicolas Sirecostumes Françoise Luro
lumière Joël Hourbeigtmusique Louis Sclavis
sons Jacques Ballayrégisseur général Thomas Pitre
directeur technique Claude Noëlrégisseurs lumière
Benoit Collet, Gilles Lépicierrégisseur sons Jacques Braultrégie Jean-Pierre Prud’homme
réalisation du décorPaul Livenais, Robert Boucre
Jacques DuperrrayFrançois Cotillard
co-réalisationNouveau Théâtre d’Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire - Théâtre Ouvert
création à Angersle 2 juin 1986
Angers et agglomération18 représentations 1986
reprisesThéâtre Ouvert - Paris
28 représentations 1987Angers et agglomération
6 représentations 1987tournée - France
60 représentations 1987/88Angers agglomération
10 représentations 1987
Le film Arromanches, une mortsimple a été tourné du 2 au 17juillet 1987 dans une réalisationde Pierre Petitjean (PPV produc-
tion) et Claude Yersin
Arromanchesde Daniel Besnehardmise en scène Claude Yersin
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Dans la clôture d'une chambre d'hôpital,dans l'été brûlant, une jeune femme refait leparcours de sa vie, en ligne brisée. La pièce seconstruit un peu comme un théâtre de chambre.C'est (pour reprendre un beau titre de IngmarBergman) une manière de sonate d'automne.Un échange essaie d'être renoué entre deuxêtres. Sentiment de culpabilité et désir d'apaise-ment après les années d'affrontement. Tragédiedomestique car aucune explication ou bonnerésolution ne solde les conflits du passé.D'un côté, il y a la mère, alitée, forte paysanneau verbe haut, attachée à sa terre et à ses certi-tudes toutes brutes. De l'autre, il y a sa fille,enfant grandie à la campagne et devenue à laville professeur de français, revenue la voir aprèsdouze années de silence et de brouille.
L'histoire d'Arromanches est simple, universelle,celle des derniers instants – ici mal partagés –d'une mère et de sa fille. La pièce s'attache auxtensions et aux tendresses furtives, aux petitsdrames ordinaires de l'existence quotidienne.Elle s'inscrit dans le moment tragique d'uneséparation : le plus anodin côtoie la détresseintime. Sans distance mais avec retenue, c'est unpeu la règle. Le théâtre que j'aime le plus estcelui qui suscite l'émotion dans la plus grandeéconomie de moyens.
Daniel Besnehard
La presseClaude Yersin fait sourdre les accords d'une ten-dre et poignante musique. Celles des retrouvaillesamorcées, espérées, et qui dérapent sur la banalitédes mots et du quotidien. Qui se perdent dansles silences et les regards qui se figent dans lemouvement d'une mise en scène en intimeharmonie.Par petites touches, par petits détails aussi justesque précis, par tout un réseau de fils ténus portéspar le texte, il met en exergue, avec des faux airsde constat, la douleur de l'impossibilité d'être,de se dire, d'exorciser le passé par-delà la vie,jusqu'après la mort, dans le dénuement extrêmede deux comédiennes perdues de solitude etd'amour sans but : Andrée Tainsy, formidablevieille femme de la terre à la puissance fragile etFrançoise Bette, petite fille orpheline, pathétique,qui ne sera jamais prodigue…
Didier Méreuze. Témoignage Chrétien
Arromanches a obtenu le Prix de la Meilleure création fran-çaise 1987 décerné par le Syndicat professionnel de la critiquedramatique et musicale.
Andrée Tainsy est une comédienne formidable, peu connuepeut-être, malgré son passage à la Comédie-Française.Cette manière de serrer son sac à main jalousement gardé à sonchevet, d'ouvrir sa valise, où elle a amassé ses souvenirs les pluschers, d'être un peu enfant, de sentir à l'intuition ce que Marieveut lui taire, chacun de ses gestes est découpé net, et touche qui-conque a rendu visite un jour à une vieille dame sur un lit d'hô-pital. C'est vrai, émouvant, jusqu'à permettre d'en rire.
Odile Quirot. Le Monde
Arromanches, c'est formidable, c'est une pièce qui bouleverse,touche à l'endroit exact de votre cœur et vous restitue un peu dece que vous avez, nécessairement, perdu en vivant et en vieillis-sant… Il se dit là des choses essentielles, dans une mise en scènetrès “cardiaque” de Claude Yersin. Dans le rôle de la mère,Andrée Tainsy est une comédienne âgée et vif-argent à laquelleon ne résiste pas. La fille, Françoise Bette, fait face à coup d'opi-
niâtreté sous la douceur, de douleur sous la pudeur. Simple etmagnifique.
Gilles Costaz. Le Matin de ParisLa pièce de Daniel Besnehard est dure, terrible. Très bien écrite :précise, fine. Chacune a sa langue qui en dit plus long que touteanalyse. Chacune a ses échecs grandioses et ses rêves. Écritureéconomique et aiguë que la mise en scène de Claude Yersin sou-ligne sans jamais l'exagérer.Daniel Besnehard est parvenu à donner à une pièce courte etblanche, la densité romanesque qui nourrit les personnages, lesrend attachants et émouvants. De la belle ouvrage.
Armelle Héliot. Le Quotidien de Paris
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Arromanches, une mort simplevidéo B.V.U - durée 73'
réalisation Claude Yersin et Pierre Petitjeancoproduction Arcanal, Nouveau Théâtre d'Angers et Pierre Petitjean Vidéo Productions
avec la participation de l'Association Régionale pour la Promotion de la Création Audiovisuelle
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Je me souviens…Je me souviens d'un moment de rencontreétonnant entre un mouvement de décor et lepublic du Nouveau Théâtre d'Angers.Lors de la création des Voix intérieuresd'Eduardo De Filippo, mise en scène parClaude Yersin, la pièce exigeait un change-
ment de lieu rapide entre l'espace de la cui-sine et celui d'un lieu beaucoup plus vastefigurant le bric-à-brac de l'oncle. La cuisinemontée sur rail reculait entièrement vers lefond de scène, tandis que le cadre de scènes'ouvrait comme un diaphragme photogra-phique, découvrant un décor totalement
inattendu. Le public du NTA accueillit cette métamor-phose avec une joie enfantine et applaudit àtout rompre à ce changement de décor –moment extrêmement rare dans la carrièred'un scénographe et souvenir très émouvant.
Gérard Didier
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avec Jacques AmiryanDominique Arden
Thierry Bosc*Huguette Cléry
Jean-Claude Frissung*Agnès Galan
Claire Gernigon*Hugues Kastner*
François Lalande*Philippe Licois
Yves Nadot*Miléna Vukotic*Jacques Zabor
et figurants
collaboration artistique Daniel Besnehard
décor Gérard Didiercostumes Françoise Lurolumières Joël Hourbeigt
sons Jacques Ballaymaquillage Kuno Schlegelmilch
régie générale Didier Blanc
co-réalisationNouveau Théâtre d’Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire - ThéâtreNational de l'Est Parisien
création française à Angersle 5 décembre 1986
Angers et agglomération8 représentations 1986
Théâtre de l'Est Parisien Paris36 représentations 1987
Deux frères “ennemis”, Alberto et CarloSaporito, brocanteurs et loueurs de chaisesde leur métier, provoquent un conflit avecleurs voisins de palier, les Cimmaruta. “Maisqui a tué Aniello Amitrano ?” pourrait être lesous-titre de la pièce de De Filippo. En effet,Alberto accuse ses voisins d'avoir assassinéAniello. Stupeur chez les Cimmaruta.Comment cette honnête famille se lavera-t-ellede cette accusation ? Tous vont s'épier les uns lesautres : le père malade et amer, la mère, carto-mancienne aguicheuse, la tante passionnée parla fabrication des savons et des bougies qu'elleconserve dans une pièce toujours fermée, labonne ensommeillée qui ne s'éveille que pourraconter ses cauchemars, la fille sage et le filsbon à rien. Comment accusés et accusateursvont-ils s'affronter ?
La découverte du coupable n'est pas ce quipréoccupe Eduardo De Filippo. La pièce recèleune satire virulente de la société contempo-raine, et le tableau de l'écroulement des valeursqu'elle propose, indique que pour son auteurtoute morale est problématique. Les voix inté-rieures sont celles de la conscience, mais aussicelles de l'inconscient, du “ça”, celles des désirsrefoulés qui s'expriment à travers les rêves despersonnages.
Huguette Hatem
La presseCette œuvre aux rebondissements cocasses est lefruit de la pensée d'un désespéré qui tempère, àforce d'humanité, sa vision lugubre. Molière nefit pas autre chose. Bien sûr, tout rentre dansl'ordre, mais au prix de quel désenchantement ?On peut le mesurer dans le personnage, formi-dable, du vieillard qui crache sur les visiteurs, necommuniquant plus avec son neveu que par uneespèce de langage morse à partir de pétards defête foraine. Quelle belle invention de poètemisanthrope.Claude Yersin, sans singer l'italianité, signe unemise en scène convaincante. Il témoigne à chaquepersonnage une affection minutieuse, une vigilancede tous les instants. Chacun est dessiné avec fermeté.Le décor de Gérard Didier participe du mêmescrupule. François Lalande (le rêveur) et Jean-Claude Frissung, son frère, forment un coupleépoustouflant de vieux garçons, donnant à leurpersonnage cette épaisseur de secret indispensableà chaque réplique, à chaque geste. MilenaVukotic est également remarquable, la démons-tration même du jeu en finesse.Ce spectacle suscite un rire sans bassesse, à hauteteneur morale en somme (sans négliger, au passage,la réalité socio-historique, car le cauchemar dubon voisin se passe au sortir du fascisme…) et,en cela, justement fidèle à Eduardo le grand.
Jean-Pierre Léonardini. L'Humanité
Les voix intérieuresde Eduardo De Filippotexte français Huguette Hatemmise en scène Claude Yersin
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Je me souviens…Vingt ans ont passé depuis la création desVoix intérieures. J'en ai le souvenir commesi c'était hier. Le spectacle finissait avec l'an-née 86 à Angers et débutait le 7 janvier1987 au TEP. L'accueil avait été très favora-ble à Angers, mais quelle serait la réceptionà Paris ? En effet Giorgio Strehler présentaiten même temps que nous au théâtre del'Europe La grande magie égalementd'Eduardo De Filippo, interprétée par lePiccolo Teatro di Milano. La comparaisonavec cette célèbre compagnie qui venait jouer
en langue originale n'allait-elle pas nous êtredéfavorable ? Neige et verglas, grève des transports, atten-tat récent à la bombe. À Paris, les salles despectacle étaient désertées en cette premièrequinzaine de janvier. Cependant d'émi-nents critiques italiens étaient venus voir lespièces à l'Odéon et au TEP. Quelques joursaprès, nous recevions L'Unità. Toute la pre-mière page était consacrée aux deux specta-cles présentés à Paris. En particulierAgostino Lombardo (traducteur italien deShakespeare) appréciait le jeu, la mise en
scène, le décor des Voix intérieures. Gérard Didier avait conçu une scénographiesi belle que tous les soirs, j'allais me cacherau fond du théâtre pour voir le changementde décor entre le premier et le deuxièmeacte : la cuisine se changeait lentement enun entrepôt de brocante, tout cela dans lapénombre et avec un éclairage irréel. Les élé-ments semblaient se fluidifier comme dansles rêves ce qui était particulièrement signi-fiant pour cette pièce dont l'histoire s'appuiesur les songes...
Huguette Hatem-Cléry
Je me souviens…Giglo 1er … Dans une galaxie quis'éloigne chaque jour un peu plus,presque vingt ans déjà, le souvenir del'un des tout premiers spectacles vusau Nouveau Théâtre d'Angers…Giglo 1er . Une histoire d'espace, jeme souviens. Comme WilliamBlake voyait le monde dans ungrain de sable, cet extra-terrestre deJacques Templeraud arrivait àcompacter et réinventer le BigBang tout entier dans ce petit théâ-tre de la place Imbach où se sontproduits tant de miracles(Arromanches, Petit Albert,Credo…).Un spectacle marabout d’ficelle…Un moment de grâce, d'humour etde poésie aussi…
Françoise Deroubaix
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avec Jacques Templeraud*
manipulationet régie de plateau
René Sauloupson Gilles Trinque
lumières Pat Bellandaccessoires L’envers du décor
régie Emmanuel Cognéecollaborations artistiques
mise en scène et décorCatherine Poher
travail corporel et vocalChristiane Tourlet
conseilsMagdeleine Senn
Raphaël Lopezconception graphique
Françoise Mercier, Yves Orillon
coproductionNouveau Théâtre d’Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire -
Théâtre Manarf
création à Angersle 31 mars 1987
Angers et agglomération11 représentations 1987tournée - France - Italie
11 représentations 1987/88
Au-delà de son bric-à-brac insensé, sesLilliputiens de chiffons, sa maison de poupéeminiature et son micro-matériel de fortune,Jacques Templeraud, l'acteur-illusionniste duThéâtre Manarf s'intéresse à l'infinimentgrand. C'est après avoir englouti des bouquinstraitant de l'espace, des mystères de la gravita-tion et des phénomènes étranges comme lestrous noirs, que naît dans la troupe l'idée d'un“spectacle interplanétaire”.
Loin d'avoir des prétentions de Guerre des étoiles,Giglo Ier est l'histoire d'un homme qui veut quit-ter sa planète pour aller ailleurs, non sans mal…Une fiction qui veut déclencher l'imaginationdu spectateur. Plus proche de Lewis Carroll quede Sciences et Vie. Avec son regard illuminé, Jacques Templeraudrecherche une fois de plus la part de rêve et demerveilleux dans un sujet assez couru. Son Petitchaperon rouge de Intimes intimes nous donnaitdéjà, l'année dernière, une vision décapée, ahu-rissante et drôle de ce conte archi-connu. S'ildonne toujours l'impression de bricoler avec desbouts de chandelles, Templeraud règle ses spec-tacles comme des mécanismes d'horlogerie.Tout est fin, précis et rigoureux.Dans ce jeu de l'imaginaire où le spectateurretrouve, ébloui, son âme d'enfant, on com-prend que toute parole soit inutile. Le mot seraitincongru, déplacé, dans ce diadème d'excentri-cités purement visuelles et sonores.
Olivier Bellamy
La presseRappelez-vous, La vie est un songe. Avec JacquesTempleraud, elle est même un cauchemar. Maisdrolatique. Absurde. Surréaliste. Grandiose.C'est de la veine de Cyrano (le poète, le vrai) oudes aventures du baron de Münchhausen, aliasde Crac. Avec par-dessus ou par-dessous, cetteinquiétude tendre, ce fétichisme dérisoire, cetétonnement devant les choses de la vie, qui despectacle en spectacle renouvellent la poésie deManarf.Cette fois, il a fait fort le Templeraud ! Tout enronchonnant, il joue des magies artificielles duson et de la lumière, des objets hostiles qui tom-bent du ciel, des poupées (il adore), de sonallure dégingandée, et tient le suspense allègre-ment soixante-quinze minutes.D'où sort-il, Giglo 1er ? Quel tuyau le vomitainsi sur le plateau, univers clos, schizophréniqueoù tout peut arriver, à cause des choses bizarresqui traînent là, assorti tout de même d'une fenêtresur le ciel d'où viennent la lumière… et descailloux ! C'est une invitation au délire. Maisc'est réglé comme un ballet contemporain. Lesourire en plus.
Joseph Fumet. Le Courrier de l'Ouest
Giglo 1er
Ecriture et mise en scène Jacques Templeraud
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Je me souviens…Jours de vogue à Angers en 87. C'est à tra-vers des retrouvailles – Hélène Vincent etMarieluise Fleisser – une succession de ren-contres heureuses : celle de deux écrivains –de langues et d'époques différentes mais quidisent le son secret de ceux qui ne parlent pas– Marieluise Fleisser et Eugène Durif. Celled'un jeune théâtre et de son équipe qui
m'ont accueillie avec une grande confianceet une attentive amitié (Claude, Patrice,Daniel, Yves, Claude, Emmanuel, Léa,Pascale, Colette...). Celle d'Yves Prunier,l'interprète équilibriste du Petit bois. Cellerenouvelée d'Hélène Vincent dans cette autreversion de L'heure de la bonne dont elleexplora si subtilement la singulière écriture.Celle de Françoise Luro qui commencera
une longue collaboration. Celle de GérardBonnaud vers la lumière. Celle des jeunesartistes du groupe ZUR... De cette lointaine– mais proche dans la mémoire – aventuresont nées ou confirmées quelques indispensa-bles amitiés si nécessaires n'est-ce pas à l'exis-tence même du théâtre ?
Agnès Laurent
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avec Yves Prunier*
et Hélène Vincent*
scénographie Agnès Laurentcostumes Françoise Luro
lumières Gérard Bonnaudrégie générale François Pierron
directeur technique Claude Noëlrégisseur Emmanuel Cognée
réalisation techniquePaul Livenais, Robert Boucre,
François CotillardJoël Charruau
Production Nouveau Théâtred’Angers - Centre Dramatique
National Pays de la Loire
création à Angersle 20 octobre 1987
Angers et agglomération14 représentations 1987
tournée - France2 représentations 1987
Il serait bien prétentieux de vouloir préciserce qui de notre histoire interfère dans la fic-tion. Quel rapport ces petits bouts de souvenirsentretiennent-ils avec l'écriture d'un textecomme Le petit bois ? Ce récit écrit pour le théâtreme semble pourtant s'être développé autour detels détails biographiques, en apparence intimes,mais qui reviennent, ne cessent de revenir pourmoi de façon un peu obsessionnelle.
Eugène Durif
Quand Marieluise Fleisser écrit des nouvelles, etqu'elle les titre “Marieluise Fleisser d'Ingolstadt”,il peut certes s'agir de coquetterie, mais trèsexperte, et qui connaît ses moyens.Ses Pionniers à Ingolstadt ont montré avec quelbonheur elle a su, en s'inspirant du parler popu-laire, qui justement n'est pas naturaliste du tout,créer la langue non littéraire, mais en aucun casnaturaliste, que des gens comme Brecht cher-chent aujourd'hui. Son nouveau livre fait un pasde plus en direction de cette langue. Elle ne laparle plus en auteur dramatique, par le truche-ment de ses personnages, elle l'inclut dans lalangue de sa poésie épique, se solidarise avec elle.
Walter Benjamintraduction Claude Yersin
La presseAgnès Laurent, qui signe la mise en scène et scé-nographie de Jours de vogue, se garde bien des'arrêter à une trop facile parenté thématique.Elle donne à entendre, en écho, ces deux écrituresoù le désir se cogne à la pesanteur d'uneprovince étroite, où l'on entend battre les cœursplus fort, plus vite, comme au cirque. Un barétroit fend l'espace en longueur. De part et d'autre,un homme, une femme. Dégaine à la Tati,désinvolte et gaie. Yves Prunier pousse son vélodans Le petit bois. Il crâne, en fait. Petite ama-zone meurtrie, avec son front bombé de petitefille, perchée sur ses hauts talons, vêtue d'unecourte robe de tulle, Hélène Vincent a une grâcetotale. Elle laisse galoper La vierge et le chevalcomme on dit un poème aux étoiles.Une paire de gants bleus arrachés, une valseamoureuse au son des flonflons, un regard d'unbout du bar à l'autre : ces quelques signes légerssuffisent à tisser des fils, d'un texte à l'autre, sansjamais forcer l'autonomie de chacun. Le spectacle,il est vrai, est plus riche, plus fort, dans laseconde partie. Parce que Marieluise Fleisser, cen'est pas rien. Parce qu'Hélène Vincent porteson texte à fleur de peau avec un charisme extra-ordinaire.
Odile Quirot. Le Monde
Jours de vogued'après Le petit bois de Eugène Durif(adaptation théâtrale Agnès Laurent, Yves Prunier, Hélène Vincent)et La vierge et le cheval de Marieluise Fleisser (texte français Sylvie Müller)mise en scène Agnès Laurent
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avec Jean-Pol Dubois*
Anne LeblancLionel PrévelYves Prunier
Louis-Basile SamierAndrée Tainsy
Hugues VaulerinHélène Vincent*
assistant à la mise en scèneYves Prunier
dramaturgie Daniel Besneharddécor Gérard Didier
costumes Françoise Lurolumière Joël Hourbeigt
sons Jacques Braultrégie générale Thomas Pitre
directeur technique Claude Noëlrégisseurs lumière
Benoit ColletGilles Lépicier
régie Jean-Pierre Prud’hommestagiaire Jocelyn Davière
réalisation décorPaul Livenais, Robert Boucre
François CotillardJoël Charruau, Alain Menuau
réalisation costumes Annika Nilsson
Véronique Dubouilhgraphisme
Yves Orillon, Pierre Deletang
co-réalisation Nouveau Théâtred’Angers - Centre Dramatique
National Pays de la Loire - TEP (Théâtre National de l’Est
Parisien)
première représentation à Angersle 25 février 1988
Angers et agglomération11 représentations 1988
TEP - Paris 32 représentations 1988
tournée - France4 représentations 1988
Pèrede August Strindbergtexte français Arthur Adamovmise en scène Claude Yersin
Je me souviens…Un regard et une écoute attentives d'unerigueur constante...J'aime bien la Suède. À 20 ans, au volantd'une vieille coccinelle sans tache, je sillon-nais son littoral écorché jusqu'à Stockholm.La langue d'Ingmar coule agréable à monoreille, mais déverse chaotique de monlarynx. Or, qui dit pièce suédoise dit forcé-ment mots suédois à prononcer, de préférence
à la suédoise. Pendant les répétitions, fort desa connaissance de la langue germanique(voisine de l'idiome scandinave), Clauderéajusta mon accent. Pendant les représenta-tions, dès que j'égratignais la V.O., j'enten-dais frapper à la porte de ma loge. Une têtealtière, collier de barbe finement taillé etdessiné, franchissait le seuil. Et une voix mesoufflait “impeccablement” le mot cavaleur.Je répétais après elle. Bien. Mais irrémédia-
blement, un soir ou l'autre, une syllabes'émancipait. Ces “raccords” ricocherontjusqu'à la dernière. Claude ne m'en tiendra pas rigueur. Il mere-proposera un rôle. Suède toujours hono-rée. August S. et Harriet B. ressuscités pourun nouveau duel à la scène. Et encore cesmots “sauvages” à proférer.
Lionel Prével
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Dans les années 1880, en Suède. C'est l'hiver.Dans une petite ville isolée de garnison, leCapitaine et sa femme Laura ont des opi-nions différentes au sujet de l'éducation deleur fille Bertha. Qui aura le dernier mot, lepouvoir, au sein du couple ?À partir de ces prémisses s'enclenche, en unespirale de soupçons et d'accusations, un “duelconjugal” où tous les coups sont permis entremari et femme : doute jeté sur la véritable pater-nité, accusations de folie, violences physiques.Autour des deux gladiateurs, un pasteur, frère deLaura, le médecin de famille et la vieille nourricecomptent les points ; Bertha subit. L'issue seraterrible.C'est au mois de février 1887 que Strindberg,alors âgé de 38 ans, acheva le manuscrit de Père.L'œuvre est un magnifique match théâtral entrel'Homme et la Femme, cruel, démesuré, insolite.“Ni avec toi, ni sans toi”, impossible union,impossible désunion, le couple du Capitaine et deLaura n'est que passion et destruction. Mais ici lascène de ménage se fait envoûtante et grandiose.
Daniel Besnehard
La presseJean-Pol Dubois dans le rôle du Capitaine mala-droit et coléreux, incapable de se dominer, vieilenfant en qui on sent la faille, l'extrême vulné-rabilité et que hante l'idée que jamais l'hommene saura s'il est le père de son enfant. Le comé-dien au cœur de cette précarité, aux frontièresde la démence, rend bien compte, surtout audernier acte, de cette congénitale faiblesse.Hélène Vincent, elle, est la force même. D'uneimplacable douceur, à la fois maternelle etcastratrice, presque tendre dans sa férocité,
diplomate et inflexible, impitoyable et pourtantémue, poussée par je ne sais quelle intime tenta-tion d'effacer, de ramener à son néant cethomme qu'elle juge, méprise et sans doute nehait pas. Tout cela est remarquablement montréet dit.Claude Yersin, qui est un metteur en scène quia le sens de la réalité des êtres, un goût très justedu trait indispensable, une absence totale decomplaisance, a monté Père avec un sérieux, uneperspicacité, qui haussent la pièce au-dessus dudrame bourgeois. Aragon disait que “la femmeétait l'avenir de l'homme”, Strindberg à safaçon, et même si c'est pour le déplorer, ne ditpas autre chose.Éclairé par cette lumière objective, quasi cli-nique mais sans sombrer dans le freudisme, letexte relève plus d'une lutte biologique, presquecosmique, entre deux principes antagonistes, leyin et le yang des Chinois, dont l'un serait detoute éternité appelé à ruiner l'autre. Bref regardd'un entomologiste apeuré sur un monde où lesinsectes femelles domineraient de tout leurpoids génétique les insectes mâles. Bizarrerie deStrindberg !Dans un beau décor de Gérard Didier, AndréeTainsy est comme à son habitude, merveille desimplicité et de justesse. Louis-Basile Samier, lepasteur, Lionel Prével, le docteur, complètentune distribution bien équilibrée.
Pierre Marcabru. Le Figaro
Je me souviens…Je voudrais dire quelques mots sur ce mois d'août87 où Claude Yersin m'avait laissé les clés du théâtred'Angers pour répéter Credo, la pièce d'EnzoCormann, avec la magnifique comédienneFrançoise Bette récemment disparue.
Mais d'abord je voudrais faire le détour par Caenoù Claude Yersin et Michel Dubois, nous ont faitdécouvrir en France des auteurs majeurs commeFranz Xaver Kroetz et Herbert Achternbusch parexemple, et je me souviens de Jean-ClaudeFrissung, inoubliable dans Ella et Jean-PierreBagot pareillement inoubliable dans Gust, deuxpièces d'Achternbusch qui ont laissé de grands sou-venirs en particulier chez nous, aux Rencontresd'Hérisson pour Ella, et aux Fédérés à Montluçonpour Gust.
Et puis comment ne pas souligner une fois encore àquel point La Comédie de Caen en la personne deMichel Dubois et Claude Yersin, a accueilli dansles années 70 des spectacles où l'on montrait un peudifféremment des gens du peuple sur les plateaux dethéâtre, je pense au spectacle d'Olivier PerrierHistoire d'un bounhoume et aussi à Loind'Hagondange, ma première pièce, produite etprogrammée par La Comédie de Caen avant mêmele succès d'Avignon, à l'invitation de ThéâtreOuvert. Pour moi, les premières années d'Hérissonet des Fédérés restent liées à la complicité, l'amitié,les points de vue partagés, et peut-être aussi unesemblable éthique du théâtre entre Michel etClaude et Olivier et moi, mais aussi entre noséquipes techniques…
Plus tard, à Angers, lorsque Claude m'invita àvenir monter Credo, j'ai retrouvé bien sûr lamême éthique, la même exigence artistique, lemême engagement sans faille d'une équipe autourde son directeur.
Je me souviens de cette création comme d'un tête-à-tête fiévreux avec Françoise Bette, en plein moisd'août, dans cette ville écrasée de chaleur… Lafraîcheur de la scène du Nouveau Théâtre d'Angersétait alors un refuge et c'est là que jour après jour,s'est construit entre Françoise et moi mais aussiavec les quelques personnes de mon équipe et del'équipe du théâtre présentes, un échange humainque je qualifierai de rare et précieux.
Merci Claude. Jean-Paul Wenzel
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avec Françoise Bette*
scénographieJean-Vincent Lombard
lumière et régieMichael Serejnikoff
costumes Françoise Lurodirecteur technique Claude Noël
régisseursBenoit Collet
Emmanuel Cognéeréalisation du décor
Pierre Mathiaut
productionNouveau Théâtre d’Angers
Centre Dramatique National
première représentation à Spa(Belgique) le 8 août 1987
Angers et agglomération16 représentations 1988
Théâtre National de Belgique(Bruxelles/Spa)
33 représentations 1987/88 tournée - France
8 représentations 1988
On pourrait dire de Credo que c'est untexte qui parle de la douleur, de la solituded'une femme ou plutôt de la douleur de sasolitude.On pourrait aussi dire que c'est une femmequi marche en parlant, en chuchotant plein demots, des mots qui lui arrachent la gorge ou leventre et d'autres mots qui la caressent émo-tionnellement. Encore des paroles qui lapénètrent, lui fouillent le corps, la tête, en lalaissant crispée ou détendue. Mais disons quece sont les mots qui travaillent, qui créenttotalement l'illusion, la magie théâtrale.Derrière eux la femme est là, simplement là,étonnée d'entendre autant de mots danser sursa langue.Le premier Credo que j'ai fait s'est bâti sur lahaine et la frustration, le deuxième sur l'amouret le plaisir. Dans le premier Credo, la femmedisparaissait comme une excuse d'être. Dans lesecond, elle provoque ou plus exactement elleaffirme sa manière d'être. Autant dire qu'ilsn'ont rien à voir l'un avec l'autre. Le texte nerésonne pas pareil dans les deux versions. Je nepeux pas dire quelle version est la meilleure. Iln'y a pas de question puisqu'il est impossiblede répondre. J'ai violemment ressenti les deuxversions. C'est pourquoi j'ai parlé à propos dece texte de viol d'actrice. Il s'enfonce, vouspénètre et vous divise en deux.Le premier Credo était un cri, et dans lesecond, le cri est toujours là mais rentré, mis decôté pour faire place à un jeu. Il est endormi,étouffé par tant de mots. Tous ces mots sontcomme une forteresse, qui semble vouloirenfouir le secret de Credo. Personne ne sait riendu secret de cette femme. Elle cause, donc ellevit et c'est l'important. Le reste on s'en “tape”.
Ce qui est sûr, c'est qu'elle vient régler soncompte à la douleur. Cette femme a trouvé unfil et tant qu'elle le dévide elle ne tombera pas.
Françoise Bette
La presseTout en coupant, salant, taillant l'échalote etponctuant de thym et de romarin (recetteconfirmée), Françoise Bette décline très natu-rellement toutes les propositions d'un texteproliférant dont la seule et unique raison d'êtreest de vous jeter à la figure la solitude d'unefemme. Les pieds plantés dans la terre brune,elle écluse sa bouteille, mange sa caille et videson sac.Chuchotante, vaticinante, rêveuse, en bordurede mots ou à plein corps dedans, FrançoiseBette traverse ce misérable miracle fémininimaginé par un garçon de 25 ans, souvent pluspertinent que bien des proses féminines breve-tées narcissiques. Rien ne la marque et tout, àce qu'il semble, pourtant la rend folle. Le frèrePierrot, la sœur Luce, les parents, les garçonscandidement violeurs, puis Mme Songe, la voi-sine, ou tante Chut, sorte de sainte qui peut-être, elle, a bien assassiné son mari : plus elleles convoque, plus son rêve l'emprisonne. Etque sa victime soit imaginaire, finalement,importe peu.Françoise Bette avait monté une première foisce texte en 1983 à l'Athénée. La mise en scènede Wenzel, dans le décor de Jean-VincentLombard et les lumières de M. Serejnikoff,laissent intacte, en l'étayant, la superbe perfor-mance de l'actrice.
Chantal Noetzel-Aubry. La Croix
Credode Enzo Cormannmise en scène Jean-Paul Wenzel
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Je me souviens de la joie que j'ai éprouvéelorsque Claude Yersin me proposa de retra-vailler avec lui pour Les eaux et forêts deMarguerite Duras. Le trac, l'appréhensiondevant cet auteur mythique… Mais Claudea libéré nos énergies, a excité nos imagina-
tions en nous décrivant de façon concrète,sans discours abscons, les personnages ! “C'estune petite bonne femme qui ne se sépare pasde son paquet de gâteaux et qui se jette des-sus quand la crise éclate”. La clef du person-nage était dans les chouquettes !
Légèreté, précision des indications, je retrou-vais le bonheur d'un travail exigeant, unerigueur qui n'étouffait jamais l'imagination.
Dominique Arden
Je me souviens... Lorsque nous avons joué Les eaux et forêts,Marguerite Duras était très malade ; ellen'a donc pas pu voir le spectacle que nousavons créé à Angers puis à Sceaux. Chaquesoir, avant d'entrer en scène, je lui dédiaismentalement la représentation en souhai-tant qu'elle revienne à la vie et à l'écriture.Nous étions constamment en scène ainsi queZigou, le chien, vaillamment interprété parun animal en peluche qui, tiré par un fil etinstallé sur un rail, devait traverser tout seulle plateau au grand amusement des specta-
teurs redevenus pour quelques secondes desenfants. Une ou deux fois il rata son par-cours et les soirs suivants nous étions inquietspour son jeu de scène comme s'il s'agissaitd'un vrai partenaire. Jacques Amiryan,transfuge du TNP de Jean Vilar, avait besoind'un long temps de calme et de silence avantd'entrer en scène. Sur le plateau, il étaitinattendu, toujours inventif et c'était unplaisir de le voir jouer. Un soir, il nousregarda d'un air si furieux qu'après le spec-tacle, je lui demandai si nous l'avions blessé.Tout à fait souriant il répondit “pas du tout,
seulement je ne supporte pas qu'un metteuren scène me fasse une remarque avant lespectacle, cela m'a mis en colère”. En effetClaude Yersin lui avait donné une indica-tion. Dorénavant, les remarques éventuelleslui furent prodiguées après le spectacle.Jacques a disparu, mais ceux qui ont eu lachance de jouer avec lui ne peuvent oubliersa fantaisie et son extraordinaire présence.
Huguette Hatem-Cléry
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avec Dominique Arden*
Huguette Cléry*Jacques Amiryan*
collaborations artistiques Daniel Besnehard
Yves Prunierdécor Charles Marty
costumes Françoise Lurolumières Gilles Lépicier
bande son Jacques Braultmaquillage Cécile Kretschmar
direction technique Claude Noëlrégie généale Jack Guilpin
régie son-lumièreEmmanuel Cognée
réalisation des décorsJean-Pierre Prud’homme
Alain Menuau, Paul LivenaisRobert Boucre, Joël Charruau
François Cotillardles Ateliers municipaux de la
Ville d’Angers
coproductionNouveau Théâtre d'Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire - Office
Municipal de la Culture deSaint-Barthélemy-d'Anjou
première représentation à Saint-Barthélemy d'Anjou
le 3 mai 1988
Angers et agglomération13 représentations 1988tournée France - Suisse4 représentations 1988
repriseAngers et agglomération
8 représentations 1989Les Gémeaux-Sceaux
12 représentations 1989tournée France
11 représentations 1989
Les eaux et forêts ont été publiées dans lerecueil du Théâtre I, en même temps que Lesquare et La musica.C'est une pièce qui est moins connue et qui estsurprenante dans le théâtre de Duras, parce quecomique : l'humour des situations s'allie à celuides personnages, qui échangent des proposabsurdes et basculent dans le ridicule.L'histoire est quotidienne : le chien deMarguerite-Victoire Sénéchal a mordu un pas-sant sur un passage clouté en présence d'untémoin, une autre femme, Jeanne-MarieDuvivier. Les deux femmes veulent entraîner lepassant et le chien à l'Institut Pasteur, mais lepassant résiste car il trouve la démarche indignede lui. C'est là tout le sujet. Mais sous les dehorscomiques, nous devinons la solitude des person-nages. Avec eux, nous découvrons l'homme dela rue, les inconnus qu'on croise, à qui l'on faitses confidences parce qu'on croit qu'on ne lesreverra jamais. Et l'événement du jour – mêmes'il est un peu programmé – la morsure du mon-sieur par Zigou, le chien, rompt la monotoniedu dimanche.
Daniel Besnehard
La presseEnfermés par le décorateur Charles Marty dansune boîte pseudo-réaliste, trois comédiensjouent avec brio cette partition où les notes son-nent faux, où la mélodie est juste. HuguetteCléry, la Sénéchal, sur ses talons plats, a je nesais quoi d'insolite, de disponible, qui se nicheau bord d'un corsage, dans l'ampleur d'unejupe. Dominique Arden, la Duvivier, est per-chée sur ses hauts talons, serrée dans un petittailleur trop impeccable, comme sa vie.L'Homme, Jacques Amiryan, est le maestro dunon-dit, du mensonge. On le croit ici, il est ail-leurs, parfait, altier, on ne l'a pas vu bouger. Il setient sur les planches du théâtre comme un dan-seur de tango sur une piste de danse, ou unmarin sur le pont d'un cargo. Formé à l'école deTania Balachova, il a joué avec Grenier-Hussenot, Vilar, Vitaly. Puis il est parti… Vingtans de retraite dans une communauté religieuse,ça creuse le mystère, forcément… La mise enscène de Claude Yersin serre au plus près desspectateurs, ce trio pétillant de faux-semblants,de parades anti-solitude.
Odile Quirot. Le Monde
Les eaux et forêtsde Marguerite Durasmise en scène Claude Yersin
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Je me souviens…Rares sont les directeurs de Centres drama-tiques qui ouvrent leur programmation offi-cielle à la Poésie. Claude Yersin est deceux-là. En me donnant les moyens de réali-ser en toute liberté René Char - Changer sarègle d'existence, il m'a permis, sous unangle très personnel, d'aborder, théâtralement,l'œuvre d'un des poètes phares du siècle dernier.
Qu'il en soit ici vivement remercié. Cetravail scénique présenté à Angers, Sceaux,L'Isle-sur-Sorgues, puis au Festivald'Avignon, demeure en moi, pour qui laPoésie est un art majeur trop négligé par lesinstitutions, un acte essentiel et utile dansmon parcours d'acteur. Car, si “la poésie estinutile comme la pluie”, comme le ditjoliment le poète René Guy Cadou, c'est
donc – surtout en ces temps de sécheresseclimatique et humaine – qu'elle est vitale.Peut-être conviendrait-il de revenir à cessources-là. À un Retour Amont (commeChar titre l'un de ses poèmes), le contraired'un retour en arrière. Un retour à la vita-lité.
Jacques Zabor
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avecJacques Zabor*
collaboration artistiqueLucette-Marie Sagnières
lumièresClaude Noël
Emmanuel Cognéesons Jacques Brault
régie Emmanuel Cognée(à la reprise
Christophe Béraud,Benoit Collet)
graphisme des projectionsYves Orillon
Pierre Deletang
productionNouveau Théâtre d’Angers
Centre Dramatique National
création à Angersle 19 avril 1988
Angers et agglomération10 représentations 1988
repriseL’Isle-sur--la Sorgue
6 représentations 1990Festival d’Avignon
8 représentations 1990Angers et agglomération
11 représentations 1991Les Gémeaux-Sceaux
2 représentations 1991
Dans l'athanor“ Il n'y a pas de progrès, il y a des naissancessuccessives, l'aura nouvelle, l'ardeur du désir,le couteau esquivé de la doctrine, le consen-tement des mots et des formes à faire échangede leur passé avec notre présent commençant,une chance cruelle.”René Char, fervent de la Rose et de la Roue,chercheur de la Beauté hauturière, nous conviesur la voie qui ouvre à la caverne où mûrit l'orpoétique, dans le sillon de Rimbaud, ce gisantmis en lumière.Archipel d'éclats, d'incessants déplacements,l'œuvre de Char, en cette fin de siècle, m'appa-raît comme inévitable.Poésie asymétrique de la Présence – les dieuxsont en nous ! – où la conscience authentique secondamne à sans cesse mourir pour sans cesserevivre partout, dans l'acte sans le mot, dans lesmots eux-mêmes actes, poésie qui nous dispensesans ménagements ses pouvoirs de “recharge”.Sur l'enclume du temps, le marteau frappe lapierre des mots pour dégager toute l'énergie bra-sillante, constellation d'étincelles qu'aucunMaître n'est en mesure de récupérer. Ne pas s'arrêter à “l'ornière des résultats” ; Charassume la transmission, seule lui importe lafugacité du “bond” et la fréquence du renouvel-lement des recommencements.
Jacques Zabor
La presseSemblable à la Sorgue, sa rivière (et avant lui,celle de Pétrarque ), qui au gré des saisons, sefait ru ou torrent, la poésie de Char coulebouillonnante d'écume ou sereine et limpide,dans la bouche de Jacques Zabor.Pour la plupart des spectateurs qui osentl'avouer, il s'agit d'une découverte : passant pourhermétique et ésotérique, l'œuvre de René Charintimide le lecteur… Aussi ne sera-t-on jamaisassez reconnaissants à Jacques Zabor de nousavoir pris par la main dans ce labyrinthe dont ila la clé pour nous prouver l'inanité de ces pré-jugés : non, Char n'est pas un poète pour initiésou intellos, mais un homme, proche de tous leshommes, et qui plonge ses racines très loin dansle temps. (…) Comme à des blocs de granitsculptés au burin, on voudrait s'accrocher àchaque aphorisme, oscillant sans cesse entrel'humour, la dérision et la souffrance dans unrythme beethovenien. Sans jamais tomber dans“le joli”, le néo-romantique ou le désincarné,Jacques Zabor parvient à nous faire oublier qu'ils'agit là d'un récital de poésie, genre périlleuxentre tous ! Il en fait un dialogue avec uneœuvre, bouleversant de simplicité : subtils jeuxde lumière, cadres vides sur un mur, reflet dansun miroir, moment d'abandon dans un fauteuilde toile, rien de trop appuyé ou de superflu ;une présence scénique indiscutable et une voixqu'on écouterait pendant des heures. S'effaçant derrière le poète, Jacques Zabors'éclipse, laissant pour seuls témoins quelqueslivres épars, jalons de notre itinéraire dans cechamp de météores, et une dernière image, celled'un livre qui s'ouvre : y a-t-il plus belle invita-tion au voyage ?
Hélène Claire. Ouest-France
René Char - Changer sa règle d'existence
choix de 33 morceaux dans l'œuvre de René Charconception et réalisation Jacques Zabor
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Je me souviens...Je me souviens de ce quartier de Prague où jene suis pourtant jamais allé… d'y avoirvécu : dans un petit appartement à l'époquede la fin du communisme, d'y avoir subsistéde petits boulots, d'y avoir organisé des évé-nements culturels, puisque le pouvoir nousinterdisait l'accès aux lieux officiels, etcontraignait les acteurs de la contre-culture àse réfugier dans des lieux privés.Je me souviens que pendant de longues après-midis, lorsque ma mère – Marie Mergey –me rendait visite, je débattais avec elle demon impossibilité d'envisager un avenir dans
ce monde obstrué. Je me souviens d'avoircroisé dans les ruelles de la vieille ville, lasilhouette du jeune auteur français DanielBesnehard, venu rôder autour de la sortie desartistes d'un Palais de la Culture délabré…Je me souviens que c'était à Angers, petitbout de Prague transporté au cœur de laDoutre. Je me souviens que Claude Y., alors au faîtede sa période ultra-réaliste, s'était débrouillépour que le spectateur soit en immersiontotale sans avoir jamais la sensation d'êtredans un théâtre. Avec la complicité de GillesLépicier à l'éclairage, toutes les sources lumi-
neuses avaient été dissimulées, on était vrai-ment dans un appartement avec eau cou-rante ! Le public n'y avait accès qu'après unparcours initiatique en bus, qui finissait parlâcher les spectateurs inquiets au coin d'uneruelle sombre. Merci Claude, de m'avoir faitvoir du pays…Prague ? Angers ? Je l'ai vécu… ou… je l'aijoué ?… C'était il y a assez longtemps… jem'souviens plus très bien…
Didier Sauvegrain
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avecMarie Mergey*
Didier Sauvegrain*
scénographie Charles Martycostumes Françoise Lurorégie Emmanuel Cognée
lumières Gilles Lépicierbande son Jacques Brault
direction technique Claude Noëlconstruction
Jean-Pierre Prud’hommeAlain Menuau
réalisation des costumesLucie Guilpin
productionNouveau Théâtre d’Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire
création à Angersle 29 novembre 1988
Angers et agglomération21 représentations 1988
Mala Strana, un quartier de Prague, le plussomptueux, le plus baroque. C'est là que vitMirek. Il est journaliste. Dans les hivers de lanormalisation qui ont suivi l'entrée des charsrusses dans la ville, il va, comme beaucoup d'au-tres intellectuels, perdre son travail. Mais MalaStrana n'est pas une pièce documentaire. Elle sejoue plutôt aux confluences déchirantes del'Histoire et de l'Intime.Mirek se résout moins peut-être à quitter sonpays qu'à s'éloigner d'Olga, sa mère trop enva-hissante. Au moment du départ, ressurgit lepassé, le passif de la mémoire, toute une vie.Alternant récits et dialogues concis, Mala Stranaest une histoire d'amour sur fond d'exil.Mala Strana n'est pas une pièce sur les rapportsEst / Ouest. Il ne s'agit pas d'y opposer les avan-tages d'un système ou de l'autre. À Prague, lepersonnage de Mirek n'a rien d'un dissidentcélèbre. Son comportement ne participe d'au-cune exemplarité. À l'Ouest, on ne l'accueillepas à bras ouverts. Il se retrouve sans travail. Laréalité est complexe. “Pas si simple”, ce pourraitêtre la formule qui oriente le travail d'approchehistorique de cette pièce.
Daniel Besnehard
La presseDans un hangar à bateaux, un homme écrit à samère. Il date sa lettre : “Arromanches, 1970”.Cette scène brève ouvre Mala Strana. Elle per-met de mettre en regard les histoires croisées quise jouent entre Mala Strana et la pièce précé-dente, Arromanches (prix de la critique en1987), où une fille tentait de renouer, après unelongue brouille, avec sa mère.Dans Mala Strana, le mouvement est inverse.Mirek, journaliste et dramaturge, s'éloigne de sa
mère, envahissante. Et nous sommes à Prague,en 1969. La petite histoire se conjugue avec lagrande. Par des chemins différents, ces deuxspectacles, mis en scène par Claude Yersin, tou-chent un même point de notre sensibilité ettravaillent à la lisière d'un réalisme légèrementdécalé.Dans ce théâtre-là, les acteurs doivent se déplacerà pas de souris, ne pas en faire trop, comme aucinéma, puisque nous sommes en gros plan per-manent sur eux. Ce pas de deux haine/amour deMirek et de sa mère a tout pour sembler éloigné,trop chargé de malheurs ; pourtant il sonne vrai.Mirek perd son travail. Ses fines manièresd'intellectuel font place à une rudesse d'alcoolique.Sa mère lui rend des visites régulières, elle lecouve. Il reste son seul bien. Elle se raccrocheaux petits signes du bonheur : un gâteau d'anni-versaire, une écharpe en pure laine. On apprendque le père, un médecin, un “bourgeois”, s'estsuicidé. La mère a apporté son journal. Peu àpeu, Mirek livre la clé de son adolescence : il esthomosexuel.Ordinaires, quotidiens même, Marie Mergey etDidier Sauvegrain nouent leur drame à mots età pas feutrés. L'écriture de Daniel Besnehard estténue, discrète, mais persistante, comme la pluienormande. Ce spectacle rare, à l'écart desmodes, se joue hors les murs, dans une maisond'Angers. Le bruit des voitures de la rue se mêleà celui de la bande-son.
Odile Quirot. Le Monde
Mala Stranade Daniel Besnehardmise en scène Claude Yersin
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Je me souviens…Je me souviens, au cours d'une répétition deGodot, d'un petit moineau surgi d'on nesait où dans le théâtre, qui s'était perchédans le décor sur la branche décharnée denotre arbre, laissant metteur en scène etcomédiens stupéfaits et ravis. Je me souviensaussi de la tête du technicien croisé inopiné-
ment sur le plateau quand nous lui avonsdemandé son pantalon, le sien seul ayant le“tombé” et la patine que nous recherchionsdepuis des semaines.Et puis je me souviens surtout du bonheurd'être ensemble. L'impression étrange dejouer un chef-d'œuvre absolu et qui nousdépasse, mais avec des mots simples, ordi-
naires, dans une langue presque triviale.Ce spectacle enfin, c'est l'histoire d'une ami-tié, d'une relation privilégiée entre un met-teur en scène et des comédiens complices.
Jean-Claude Frissung
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avec Jean-Pierre Bagot*
Thierry Bosc*Jacques Brylant*
Jean-Claude Frissung*et les enfants :Nicolas Bobet
David BouillonTristan Colin
Sébastien NoëlChristophe Pecqueur
David Peressetchensky
décor Gérard Didiercostumes Françoise Lurolumières Joël Hourbeigtcollaboration artistique
Daniel BesnehardYves Prunier
régie générale Pernette Famelart
régie lumière Gilles LépicierJocelyn Davière
régie plateauJean-Pierre Prud’homme
Alain Menuaudirection technique Claude Noël
réalisation du décorAtelier de la Comédie
de Caen - CDNavec la participation
des Ateliers municipaux de la Ville d’Angers
réalisation des costumesLucie Guilpin
productionNouveau Théâtre d’Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire
première représentation à Angersle 7 mars 1989
Angers et agglomération16 représentations 1989
Théâtre 71 - Malakoff23 représentations 1989
tournée - France11 représentations 1989
La prose de En attendant Godot est une desplus pures et dures qui soit, “au grain serrécomme du cœur de chêne”. La composition dela pièce d'ailleurs est proprement musicale,toute en échos, variations et fugues, en rythmeset assonnances. Comme un quatuor, elle neraconte rien, à proprement parler, que l'attenteet la lutte contre le temps ; pour reprendre uneexpression de Peter Handke, c'est un “drame desmots” et du langage qui exige des interprètesune grande rigueur de jeu et une parfaite maî-trise de la diction. (…)Lorsqu'on a le redoutable et rare plaisir de mon-ter En attendant Godot, on est tenté, comme cefut notre cas, de l'aborder comme n'importequelle autre pièce dite “classique” : c'est-à-direen se demandant comment faire “autrement”.C'est là qu'est l'attente, c'est là qu'on investitson ambition artistique. Ici, cette attente risqued'être déçue : expérience faite, nous noussommes assez rapidement rendu compte qu'ilfaut dépasser les tentations du ravalement for-mel, du “toilettage-mode” ou de la déportationdans le temps et l'espace. Si l'on part du pointde vue (c'était le nôtre) que l'on veut jouer lapièce de Beckett, et non pas la mettre en pièces,il faut accepter comme seule opératoire uneposition de discrétion de la mise en scène ; ilfaut se plier aux lois, à la physique particulièresque Beckett a établies pour son “univers à part”,ou bien ça ne fonctionne pas.
Claude Yersin
La presseUn classique de l'absurde, de l'attente inutile, del'absence, du rien ; de l'espérance morte aussi,mais de la vie quand même, qui se survit à elle-même sans cesse… On savait tout cela, bien sûr, avant d'aller voir lebeau spectacle de Claude Yersin ; on avait mêmevu la pièce bien des fois ; et on redoutait unefois de plus sa désespérance noire… Et vint alorsle petit miracle de cette représentation-là.Quatre acteurs magnifiques qui donnent auxmots toute leur musique, en font un oratorio.Un humour terrible, presque farcesque, quicourt tout au long des répliques, et qu'on redé-couvre, comme devant une comédie de Laurel etHardy. Une étrange présence mystique enfin,tout au long de ces scènes apparemment siabsentes : Lucky y apparaît comme un Christdésossé, et Pozzo et Vladimir semblent tout àcoup les deux larrons qui l'entouraient sur lacroix. C'est bouleversant.
Fabienne Pascaud. Télérama
En attendant Godotde Samuel Beckettmise en scène Claude Yersin
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Je me souviens…Le philosophe amoureux ? Quel titre idiot,non ? Le critique du journal bien-pensantn’aimait pas, son article nous plaisait. LeThéâtre a payé le déjeuner, une bouteille deSavennières, nous avons échangé de Spinozaet de Léon Bloy. Il s’est radouci. Et puis unquotidien du soir de Paris que je ne lis plusa pondu un article élogieux, une fois, félici-tant le NTA d’avoir pris le risque. C’étaitcoproduit avec Saint-Barthélemy, l’adjointeà la Culture, une personne charmante, avait
vécu chez Sophie Volland que nous avionstenté d’animer. Le maire est venu pour lagénérale au moment où “Sophie apprenait àchanter dans les ténèbres”. On n’y voyait pasgrand-chose. Le soir de la première, il abrandi l’article, prendre des risques, nous ? Ila fermé la salle et renvoyé le directeur. Ceuxqu’on entend des philosophes, c’est de la téra-tologie, comme disait Deleuze. Et les théâ-treux, comment ils finissent ? Pinter utilisele Nobel pour un discours contre les mons-tres ; Walser, à l’asile, dans le silence. “Le fil
de la vérité sort des ténèbres et aboutit à desténèbres, sur sa longueur il y a un point, leplus lumineux de tous…” L’autre jour j’aivu un film sur Christine Brisset, qui a euquarante-huit procès parce qu’elle logeait lesgens à Angers et j’aimerais bien, avec lesépaves que je ramasse depuis quinze ans àOuessant, mettre en scène ZingmundBauman, en voilà un qui me parle, surquelle scène je ne sais.
Georges Peltier
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avec Charles Nelson*
Anne Sée*
dramaturgie Georges Peltiercostumes Agnès Laurentlumières Joël Hourbeigt
scénographieChristine et Agnès Laurent
Jean-Claude FonkenelJoël Hourbeigtrégie générale
Jean-Claude Fonkenelrégie lumière Benoit Collet
Jocelyn Davièrerégie plateau
Jean-Pierre Prud’hommeAlain Menuau
habilleuse Lucie Guilpindirection technique Claude Noël
réalisation des costumesles Ateliers du costume, CTS,
Carlo Pompéi, Wig Studiopeinture verre Brigitte Paris
réalisation des décors Françoise Darne
Paul Livenais, Christine LaurentRichard Casadei, Daniel Beighau
Robert Boucre, Joël CharruauFrançois Cotillard
avec la participation desAteliers municipaux de la Ville
d’Angers
coproductionNouveau Théâtre d'Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire -
Andromède Centre de CréationDramatique et Lyrique -
Association du Théâtre del'Hôtel de Ville de Saint-
Barthélemy d'Anjou
création à Saint-Barthélemy-d'Anjou
le 11 avril 1989
Angers et agglomération24 représentations 1989
L'art d'écrire n'est que l'art d'allonger lesbras. Diderot rencontre Sophie et naît cetteextraordinaire longévité de courrier. Elle s'ap-pelait Louise-Henriette, il la baptise Sophie, etconstruit ce pont de lettres pour la rejoindre.Elle règne sur toutes les œuvres à peu près iné-dites de son vivant et qui nous débarrassent del'idée bruyante du personnage, dans lesquellesnous avons grappillé, orpaillé, environ cent cin-quante citations.De Sophie, il ne nous restait rien, qu'une lignede testament, mais si bourrée d'images qu'elleeût suffi aussi à nous donner l'envie de monterce spectacle : Je donne et lègue à MonsieurDiderot sept volumes des Essais de Montaignereliés en maroquin rouge, puis une bague quej'appelle ma Pauline.Le philosophe amoureux est donc né d'uneabsence et de fragments d'une œuvre perpétuel-lement inachevée. Mais sur le plancher de lascène, le lieu de l'action, le temps ne changentplus, du moins en apparence. Les mots du théâtrereprésentent autant des idées que des momentsphysiques ; il suffit d'un rien pour les entendreailleurs, les charger d'un autre facteur, d'uneautre puissance. On n'a plus rien de sûr pour seraccrocher qu'un fil ténu, fragile, presquedouloureux, qui est la durée même du spectacle,et l'émotion pourrait naître de cette peur deperdre pied qui ne se réalise pas :Le bronze dépérit, le marbre se brise ; mais notreligne reste à jamais…
Georges Peltier
La presseSpéculation intellectuelle et sensation font bonménage chez Diderot. Penser, c'est d'abord sen-tir vrai, et il n'est point de sujet dans l'homme,la société ou la nature, dont l'écrivain philo-sophe n'ait fait son miel. (…)C'est cette pensée ruisselante et lumineuse,fraîche jusque dans la vieillesse des os, charnellejusque dans les moindres replis de sa logique,que Georges Peltier (s'appuyant notamment surles lettres à Sophie Volland, mais pas exclusive-ment), la mise en scène d'Agnès Laurent et lasensible discrétion des deux comédiens (AnneSée et Charles Nelson) effeuillent avec un artaccompli.La correspondance n'a pas accouché, par faci-lité, d'un faux dialogue, mais l'éloignement réeldes deux amis, des deux amants ne se solde pasnon plus par deux isolements. Il y a là uneproximité effleurée, souple et savante. Un orageou la formation d'un œuf, l'éternité de la viemoléculaire ou la volupté du manger et duboire, la nature entière qui souffre et jouit toutcomme l'être humain… La promenade est à lafois feutrée et solidement incrustée dans la chairdes mots.Dans de superbes clartés sombres inventées parJoël Hourbeigt, le plancher profond, zone parzone, reçoit le passage des jours et des nuits, desombres et des curiosités. Une femme habillée ensafran et un homme en robe de chambre pourprey dansent sans fioritures l'amour des mots et deleur au-delà, car “deux personnages qui gardentle silence ont tout à fait l'air de s'entendre, n'est-ce pas ?”
Emmanuelle Klausner. Politis
Le philosophe amoureuxtexte dramatique de Georges Peltierd’après les lettres à Sophie Volland,la correspondance et les œuvres de Denis Diderotmise en scène Agnès Laurent
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Je me souviens…Kanem, le 10 février 2006
Cher Claude Yersin,Cédant aux injonctions de mon petit-fils, jeme permets de vous adresser cette missive lejour même de mon anniversaire. Mais il n'y alà qu'un coup du hasard.Du reste, il y avait grand temps que je souhai-tais, moi-même, vous rendre hommage, ainsiqu'à l'ensemble de votre factory d'Angers.Dissocier le responsable de sa troupe me sembleimpossible en l'occurrence, d'autant qu'à voustous, vous représentez l'excellence et l'exceptiondans ce théâtre d'opérations culturelles, menéesle plus souvent par tant de “bras cassés” commele dit mon petit-fils les soirs d'absinthe devantle net.Je sais qu'après des mois d'errance, fin 89, vousavez accepté d'accueillir au bivouac de laMaine, le sergent Schiaretti et son comiquetroupier Mercier et mis à leur disposition votremaison-de-théâtre qui – pour plein d'autresraisons et productions – restera exemplairedans son ouverture, ses compétences et son éthique
artistique. (Depuis, j'ai conservé quelquescontacts avec Robert Abirached à qui j'adresserégulièrement des radis transgéniques, et avecClaire David qui m'adresse ses bulletins Acte-Sud-Papiers-Recyclés).Faute d'avoir conservé la souplesse qui fut lamienne – souvenez-vous cher Claude, placeImbach quand mon spectacle avait la chanced'exister tout entier, mon public, mes boys,mon lac, mes pieds dans l'eau et mes cartou-chières, dans les voiles mêmes de la tente fami-liale – il m'a fallu mettre fin au derniercommerce rentable (mis à part celui del'opium) que j'entretenais avec le ministère dela Culture. Il faut dire aussi que j'ai eu de gravesdémêlés de ratafia avec les gars du Paris-Dakaret leurs 4x4.Cher Claude Yersin, de ce que m'en a dit monpetit-fils, il y avait – si je puis me permettre –pas mal de vous en moi, et de moi en vous.C'est-à-dire, le sens, à la fois de l'audace et dela rigueur. Celui des pionniers, des mission-naires et des jardiniers. Celui où, sans êtreautre qu'un homme, on devient le leader-res-
ponsable de femmes et d'hommes qui, euxaussi, sont devenus responsables du leader.C'est le sens même de la devise qui accompa-gnait le cadeau que mon cousin de Bamako,Modibo, m'a adressé il y a quelques mois. Ettandis que devant ma case en dur (à 133 anscela devient indispensable !) ruminent dans lelagon les hippopotames avec la délicatesse d'unpavillon de banlieue au milieu des inondations(pour nous, bien sûr, un vrai mirage !) jecontemple avec quelle finesse ce splendide cou-teau suisse pèle mon crayon d'écriture.Comment Modibo s'est-il procuré un tel outil ?À croire que vous auriez pu le rencontrer ?(Afin de ne pas couper notre amitié, je lui airetourné illico 127.000 francs CFA, en petitemonnaie.)Sur la lame était inscrit : “tant que le lac s'éva-pore, les lèvres bougent encore.”Ce que je vous souhaite pour longtemps.Merci, cher Claude Yersin, encore.
Léon la France pp/Philippe Mercier
PS Achternbusch de passage, vous embrasse.
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avec Léandre Alain Baker*
Ferdinand Bantsimba Bath*Philippe Mercier*Basile M'Bemba*
(à la repriseMarius Yelolo)
scénographie Cyrille Paincostumes Agostino Cavalca
lumières Gilles Lépiciersons Jacques Brault
régie générale Christophe Béraud
assistant à la mise en scèneThomas Cousseau
assistante aux costumesPatricia Darvenne
habilleuse Lucie Guilpinréalisation du décor
François CotillardRobert Boucre, Paul LivenaisJoël Charruau, Alain Menuau
avec la participationdes Ateliers municipaux de la
Ville d’Angers
coproduction Nouveau Théâtred'Angers Centre Dramatique
National Pays de la Loire-Théâtre du Pont-Neuf
création à Angersle 14 novembre 1989
Angers et agglomération24 représentations 1989
L'Atalante - Paris41 représentations 1990
repriseAngers et agglomération
10 représentations 1990tournée France
44 représentations 1990/91reprise
Angers et agglomération10 représentations 1991
Sedan 3 représentations
Sarrebrück (Allemagne)1 représentation
Région des Pays de la Loire29 représentations
Léon, Mercier de son nom de famille, naît àSedan le 10 février 1873 et meurt dans son lità Paris le 14 décembre 1944 avec le grade decapitaine. Entre-temps, il s'est engagé volontaireen 1891 au Tonkin sous les ordres de Lyautey etGalliéni. De 1901 à 1903, il a conquis le Tchad,il a fait la campagne de l'Afrique OccidentaleFrançaise, Haut Dahomey et Zinder-Tchad. Ils'est marié, il a eu deux enfants. Sous-lieutenantde réserve, il a servi en 1914 dans le 137e régi-ment d'infanterie où il s'est distingué dans laTranchée des baïonnettes. Bilan d'une vie patrio-tiquement remplie : trente campagnes, une bles-sure, quatre citations et moult décorations,médailles coloniales du Tchad, du Tonkin, duCongo, Étoile noire du Bénin, médaille deVerdun, Chevalier de la Légion d'Honneur…Quelques décennies après sa mort, PhilippeMercier, son petit-fils, retrouve des lettres queLéon a couvertes d'une écriture méticuleuse àl'encre violette. Entre 1891 et 1919, le petit sol-dat a écrit trois lettres par semaine, en moyenne,relatant dans le détail, une certaine histoire de lacolonisation française. Correspondance passion-nante où se relate le vécu quotidien de ce petitmercenaire à la baraka flamboyante, à l'humourravageur et l'héroïsme dérisoirement inutile. Un personnage populaire qui aimait le Pernodet la chair d'antilope…
Daniel Besnehard
La pressePortrait d'un soldat, d'un colonial dans lesannées 1911. Le dessin en est presque naïf, à lamanière du Douanier Rousseau. Un sergent, quirêve d'être adjudant, du Congo rejoint le Tchad,au milieu des nègres et des lions, intrépide etsolitaire. La candeur même. Avec des balles quisifflent autour, et la longue marche dans la forêtjusqu'au désert, où les Touaregs l'attendent…À l'origine, paraît-il, les lettres d'un certainMercier, soldat de fortune, à ses amis. Au boutdu compte, un texte cocasse, amusé, comme desversets blagueurs, à l'ingénuité feinte, mettant lebonhomme en situation entre trois Noirs rigo-lards, et qui l'observent d'un œil malin. Le toutest signé Christian Schiaretti et PhilippeMercier.Le premier a aussi mis en scène, et le secondjoué, mi-figue, mi-raisin, attendri, ironique,juste caricatural, ce personnage d'Épinal, héroïqueet vantard, qui s'en va, fier comme Artaban,cueillir sa médaille militaire dans les sables.Ferdinand Bantsimba Bath, Basile M'Bemba,Léandre Alain Baker, à distance, commentent,étonnés, faisant écho, la marche zigzagante de cereprésentant, un brin hagard, un peu perdu,toujours debout, de la civilisation conquérante.C'est drôle, parfois sensible, toujours gogue-nard, donnant à voir, mine de rien, et sans enfaire un plat ni un sermon, une époque, unclimat, un état d'esprit, le revers d'une épopéeréduite à un seul homme, attachant et vrai, bluf-feur et désarmant, non sans humour parfois, etqui porte en lui tous les préjugés, les audaces, lesillusions, la ténacité, la belle humeur, l'aveugle-ment d'une France à jamais disparue. Enmineur, une incontestable réussite.
Pierre Marcabru. Le Figaro
Léon la FranceHardi voyage vers l'ouest africainde Christian Schiaretti et Philippe Mercierd’après la correspondance (1901-1902-1903) de Léon Merciermise en scène Christian Schiaretti
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Je me souviens…Aujourd'hui, vendredi 13 janvier 2006, jeme souviens qu'en 1990, le 13 janvier tom-bait un samedi,Je me rappelle que, ce jour-là, pour la cin-quième fois, dans la salle Beaurepaire, lemobilier de La noce chez les petits bour-geois tombait en désuétude,Il me revient en mémoire que nous n'imagi-nions pas du tout à l'époque que cette salle
allait tomber définitivement 15 années plustard, pour la bonne raison que les travaux deréhabilitation n'avaient pas encore commencé,Je me remémore que chaque soir les acteurs enta-maient la pièce en chantant et faisaient ainsitomber la nuit (“Belle nuit, ô douce nuit”),Je m'évoque de temps à autre que pour jouerle rôle du Père de la Mariée les moustachesm'avaient poussé, que c'étaient les mienneset qu'elles ne tombaient donc pas,
Je n'omets pas qu'après quelques petits diffé-rends avec Yves Prunier, la troupe était tom-bée d'accord,Et je n'oublie pas non plus que, peu de tempsaprès, Philippe Licois, qui jouait le rôle demon gendre, tombait sur la tête dans un acci-dent de moto et qu'il a toujours un peu mal.
Henri Uzureau
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avec Marie de Bailliencourt*
Eric Bergeonneau*Jörn Cambreleng*
Anne Dupuis*Patrick Fontana*
Flore Lefèbvre des Noëttes*Philippe Licois*Marion Maret*
Henri Uzureau*
conception des costumes etmaquillages Hélène Vincent
réalisation des costumesLucie Guilpin
assistante Isabelle Durandconception et réalisation du
mobilier Alain Menuaurégie générale
Jean-Pierre Prud’hommerégie lumière
Benoit Collet, Jocelyn Davièrerégie son Jacques Brault
constructionAteliers municipauxde la Ville d’Angers
productionAteliers de Formation du
Nouveau Théâtre d'AngersSTUDIO I
première représentation à Angersle 9 janvier 1990
Angers et agglomération12 représentations 1990
Il était une fois… Un repas de noce entre1925 et 1930 dans une grande villed'Allemagne, chez les jeunes époux.Une mariée en blanc, son père veuf, sa jeunesœur, une dame amie et son mari. Un marié en costume, sa mère veuve, un ami dumarié, célibataire.Le fils de la concierge, invité supplémentaire.C'est le soir, un printemps, peut-être les débutsd'une nouvelle cellule familiale, peut-être unmoment solennel.L'entrée a été consommée, le plat principal pré-paré par la maman du marié arrive sur la table.Comme le dira la jeune sœur, “après tout on aça qu'une fois dans la vie… après c'est l'exis-tence qui commence”.Entre 1925 et 1930 en Allemagne…J'aimerais sous-titrer La noce chez les petits-bour-geois “pièce historique en un acte”, pour que lesspectateurs sachent bien que c'est de l'histoireancienne. Mais si je me trompais, il y aurait unsous-titre en trop et je tiens à rester prudent…
Yves Prunier
La presseNeuf convives sont attablés au repas de nocesdans une ville quelque part en Allemagne. Lesplaisanteries sont grasses (on est chez les petits-bourgeois), la nourriture aussi, brisant avecl'harmonie de la Barcarolle des Contesd'Hoffmann ou la pureté des lignes du mobilierd'époque en placage de marqueterie très design.Mais justement, ce mobilier réalisé de ses pro-pres mains par le nouvel époux et qui sentencore la colle, sera le déclencheur d'une série decatastrophes en cascade qui ficheront la belleordonnance des noces par terre. Bière ou vin
aidant, tout ce petit monde – les mariés, le père,la mère, la sœur, l'ami du marié, un coupled'amis, le fils du concierge déguisé en scout – vafaire découvrir sa vérité, se mettre à nu, déposersa coquille d'hypocrisie, ses apparences de conve-nances pour étaler une vulgarité incongrue, uncomportement cruel (ça pleure et ça rit nerveu-sement sur scène, on s'esclaffe dans la salle).D'une chanson obscène à des danses provocantes,les gestes deviennent plus violents, on ne respecteplus le mobilier… qui craque et s'effondrechacun à son tour. Quelle mascarade ! Chaquepersonnage est exactement typé : la mariée(Anne Dupuis) enceinte, gouailleuse, délurée ;le marié (Philippe Licois), dépassé par les événe-ments, qui rit jaune et se fâche ; le père (HenriUzureau), emm… public avec ses histoiresvaseuses que personne n'écoute ; l'ami (EricBergeonneau) envahissant, infect, scandaleux ;le couple d'amis (Patrick Fontana, FloreLefèbvre des Noëttes) sorti d'un dessin deDubout ; la sœur (Marion Maret), gamineinsupportable de mèche avec le fils du concierge(Jörn Cambreleng), imprévisible, à cheval entrele militaro-fasciste et le poète inspiré. Enfin, lamère (Marie de Bailliencourt), totalement effa-cée, qui cherche quelle contenance garder.Tout le monde en prend plein les gencives, çagrince horriblement mais avec quel brio ! Destonnerres d'applaudissements ont salué la per-formance.
Daniel Tirot. Ouest-France
La noce chez les petis bourgeoisde Bertolt Brechtmise en scène Yves Prunier et Hélène Vincent
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avec Géraldine Bourgue*
Jörn CambrelengIsabelle Candelier*Michel Chaigneau
Huguette CléryPatrick Connard
Philippe DeplancheDidier KerkaertAlain Lenglet*
Stéphane MonneretGeorges Ser
assistant à la mise en scèneYves Prunier
collaborations artistiquesHuguette Hatem
Daniel Besnehardscénographie Charles Marty
costumes Françoise Lurolumières Joël Hourbeigt
son, régie son Jacques Braultmaquillage Cécile Kretschmar
perruques Daniel Blancrégie générale
Christophe Béraudrégie lumières Gilles Lépicier
Jocelyn Davièrerégie plateau
Jean-Pierre Prud’hommemaquilleuse coiffeuse
Sylvie Vanhellehabilleuse Lucie Guilpinconstructeur machiniste
Alain Menuauréalisation du décor
Proscenium Rennes, Ateliersmunicipaux d’Angers,
réalisation des costumesAteliers du costume SFP
Christiane Lescanff, Marie Bransen, Lucie Guilpin
coproduction Nouveau Théâtred'Angers Centre Dramatique
National Pays de la Loire -Conseil Général des Hauts-de-
Seine - C.A.C. Les GémeauxSceaux avec le soutien duConseil Régional d'Ile-de-
France, de l'ONDA et l’ADAMI
première représentation à Angersle 27 février 1990
Angers et agglomération12 représentations 1990
Orangerie du Château de Sceaux22 représentations 1990
Minna von Barnhelm est une comédie claire etsimple agrémentée de multiples péripéties. Lesujet : le commandant prussien Tellheim, pen-dant la guerre de sept ans, s'est montré généreuxavec la population de Saxe que la Prusse avaitoccupée. Tellheim a ému le cœur de Minna, uneriche héritière saxonne qui en est tombée amou-reuse. La guerre terminée, Tellheim se retrouvesans argent et en disgrâce dans son propre camp.Comment pourrait-il être digne de l'amour quelui porte la jeune femme ? Enfermé dans uncode de l'honneur rigide et dépassé, il la fuit.Minna doit user de toute sa tendresse et de touteson intelligence pour le ramener à elle.Rencontres, ruptures, retrouvailles, tout le cycleamoureux se déploie ici avec vigueur et humour.Minna von Barnhelm, c'est un peu les jeux del'amour et de l'honneur. Mais sous des allureslégères, Lessing fait déjà l'éloge de l'humanismedes Lumières, comme plus tard dans Nathan leSage (1779). L'amour qui finit par réunir lePrussien Tellheim et la Saxonne Minna est àl'image de la réconciliation nationale. Lessing,grand dramaturge réaliste, écrit des dialoguescocasses et précis. Parallèlement aux épisodes che-valeresques et sentimentaux de ses héros, ilconstruit de belles situations pour des personnagessecondaires savoureux (adjudant au grand cœur,hôtelier cupide, servante rusée, nobliau pique-assiette…).La création de Minna von Barnhelm, le30 septembre 1767 à Hambourg, marque la nais-sance d'un théâtre national en Allemagne. Comédie émouvante, “tragédie” comique, baséesur les conflits entre l'amour et l'honneur, dramedu passage historique d'un vieux monde moribondà un autre qui naît, Minna von Barnhelm reste uneœuvre vivante et attachante.
Claude Yersin
La presseLe major fuit Minna (il ne s’estime plus digned’elle) qui le poursuit. Leurs joutes oratoiressont des bijoux de dialectique. On y parle depitié, d’honneur et d’amour. Le dénouement –heureux, bien sûr – est souligné avec malice etlégèreté par Claude Yersin : des pétales de rosetombent des cintres sur la tête des deux épouxréunis. Son spectacle est magnifique, le temps ypasse avec légèreté. Tout marche à l’unisson de la belle traductionde François Rey. Le décor de Charles Marty : dehauts murs solennels, lisses, très prussiens, vireselon les lumières du vert-de-gris au vertamande. La musique enjouée revient comme unleitmotiv.Les personnages sont tous justes. Le pari –réussi – de Claude Yersin est d’avoir confié lesrôles principaux, écrasants, à de jeunes comé-diens. Celui du major, très difficile, va à AlainLenglet, qui ne joue ni la raideur du soldat ni lafadeur d’un amant meurtri, mais la fatigue,l’usure d’un homme. Géraldine Bourgue(Minna) et Isabelle Candelier (Franzika) appor-tent avec elles une fraîcheur formidable et unebelle intelligence du texte : elles sont vives,enjouées, tout en se posant gravement toutes lesquestions du monde.
Odile Quirot. Le Monde
Minna von Barnhelmou la fortune du soldatde Gotthold Ephraïm Lessingtexte français François Reymise en scène Claude Yersin
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Je me souviens...C'était l'automne et j'étais malheureux ;mon cher ami, mon frère Jean-Pierre Kleinvenait d'exploser en plein vol avec 169autres personnes à bord du DC 10 d'UTA,piégé par un état assassin. Ils s'étaient épar-pillés au-dessus du Niger, les images desdébris de l'avion comme posés sur le sable dudésert m'obsédaient. J'avais rendez-vousavec Claude Yersin : “Vous connaissezLessing ?” “Heu, des bouts…” “Je vais mon-ter Minna von Barnhelm et je pense à vouspour le rôle de l'adjudant, ami du Major ;vous lisez et on se revoit.” La pièce, brillante,m'emporte ; l'éventualité de travailler avecClaude me réjouit. Eclaircie dans ce mois deseptembre (décidément).
“J'ai un autre projet pour vous, me dit-il lorsdu deuxième rendez-vous, je vous propose unautre rôle : le Major Tellheim.” La pièce estsous-titrée “la fortune du soldat”, c'est untrès beau personnage. “Voulez-vous venir àAngers, travailler avec nous ?” Je n'enreviens pas ; je suis flatté et très touché par laconfiance que Claude m'accorde à cemoment-là et qu'il m'a toujours gardée aucours du travail. Je me souviens... de l'incroyable, passion-nant et précieux dossier dramaturgique. Jeme souviens... des premiers mots de Claudeaprès la première lecture hésitante, avectoute l'équipe : “Bon... au boulot.” Je mesouviens... des longs cheveux de GéraldineBourgue, de l'infinie patience du metteur en
scène devant mon irrépressible envie de rirecausée par un geste malicieux d'IsabelleCandelier lors d'une scène que nous ne pou-vions jamais terminer. Je me souviens… desdessins de Martin. Je me souviens... de larivière qui menaçait de déborder. Je me sou-viens... de l'Orangerie dans le parc deSceaux au début du printemps. Je me sou-viens… de mon bonheur d'acteur, qui res-tera un moment capital dans une vieartistique.Je me souviens que pendant les représenta-tions à Angers, Nelson Mandela fut libéré deprison ; là-aussi j'ai pleuré.
Alain Lenglet
Je me souviens…Je me souviens que pour pouvoir jouer L'ourseblanche, j'ai dû quitter le spectacle de RobertCantarella, Le voyage d'Henri Bernstein, etla compagnie de Robert s'appelait alors laCompagnie des Ours.
Florence Giorgetti
Je me souviens que c'était une pièce qui ras-semblait ma passion pour Strindberg, monamour de New York, ma fascination pour lesexilés, tous ceux qui quittent leurs terres,
leurs familles avec à la bouche le goût dubonheur. Cela se passait sur un paquebot,sur la mer, entre Hambourg et Ellis Islanddans une cabine luxueuse de première classeet une très sombre de troisième classe. Je mesouviens de disputes avec Claude à propos dela scénographie, il voulait une transposition,j'ai trépigné et fini par imposer le vérismecinématographique, ce fut une erreur. Àcause de lourds changements de décor, lapièce patinait un peu. À son habitude,Claude avait dirigé les comédiens avec sûreté
et délicatesse. Ce n'était pas évident, il y eutparfois des résistances en répétition…Florence jouait avec charisme et mordant.Fabienne, qui sortait de l'École de Saint-Étienne, était touchante. Laurent était racédans le rôle de Lech. Masculin avec du fémi-nin en lui. Au cinéma, comme les acteursd'Elia Kazan, il aurait crevé l'écran. Onjoua à Paris, pendant la Guerre du Golfe, lasalle était souvent bien dégarnie.
Daniel Besnehard
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avec Florence Giorgetti*
Laurent Grevill*Fabienne Monteiro-Braz
scénographie Gérard Didiercostumes Françoise Lurolumières Gérard Karlikow
régie générale Christophe Béraud
régie lumières Gilles LépicierJocelyn Davière
régie plateau Alain Menuau
Jean-Pierre Prud’hommerégie son Jacques Brault
coiffures Daniel Blancdirection technique Claude Noël
constructionAteliers Proscenium Rennes
réalisation des costumesChantal Rader, Isabelle Affolter
Marie Vernoux, Ets Mazarin
coproductionNouveau Théâtre d'Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire -
Théâtre Paris-Villette
création à Angersle 4 décembre 1990
Angers et agglomération18 représentations 1990
Théâtre Paris-Villette32 représentations 1991
Quelques années avant la Première guerremondiale, un navire d'émigrants surl'Atlantique. Destination New York,l'Amérique, la fortune peut-être ! Mais aupa-ravant, pour les passagers de troisième classe, ilfaudra transiter par Ellis Island, “île des larmes”pour ceux qui n'obtiendront pas le visa d'entrée.À bord du bateau, il y a Olga Hanska, la com-tesse, riche, maladroitement protectrice avec sonjeune amant Lech Milosz, l'intendant de sondomaine en Pologne. Lech a l'indépendancefarouche. Tous deux quittent l'Europe et sesinterdits, dans l'espoir de vivre leur passion ail-leurs, en lumière. Comment résister aux épreuves du temps, au dan-ger que fait naître la jeune Elena Maykowska ?Elle a fui Prague, enceinte d'un enfant dont lepère est mort. Elle est belle et entreprenante. Larencontre de Lech et Elena est comme une pro-messe d'avenir. Mais le passé, lourd d'angoisse,les guette.L'ourse blanche est une pièce où les cheminsamoureux empruntent des détours cruels et iro-niques. C'est un voyage dans la grande utopiede l'émigration, dans ce temps perdu oùl'Amérique était une terre de grande promesse.
Daniel Besnehard
La presseDe toute évidence, Daniel Besnehard, en écri-vant cette pièce, a songé à Mademoiselle Julie, deStrindberg. Même si la situation n'est pas exac-tement la même puisque, ici, la comtesse estnettement plus mûre que son amant et que cettedifférence d'âge s'ajoute à l'inégalité de leursconditions pour empoisonner leur relation. Etlui, Lech, l'aime-t-il ? Sans doute. Mais il sait
que jamais la comtesse ne pourra lui donnerd'enfants et cela l'obsède. Et aussi, qu'il sera for-cément soupçonné de l'avoir épousée par inté-rêt. La fin de l'histoire est terrifiante. Lech et lacomtesse se sont enchaînés sans joie l'un à l'au-tre. On sent que leur couple s'achemine vers unenfer domestique à la Barry Lyndon. Mais il y aautre chose encore derrière cette histoire, c'est lerêve américain. L'espoir insensé de ces trois émi-grants d'aborder la terre promise, l'Eldorado. Et,pour Elena, la peur d'être refoulée à la frontière,sur cette petite île surnommée par tous ceux quise sont vu refuser leur visa, “l'île des larmes”,Ellis Island.D'année en année et de pièce en pièce, DanielBesnehard ne cesse de progresser. Il maîtriseadmirablement aujourd'hui cette pudeur d'ex-pression, cette émotion contenue qui est enquelque sorte sa spécialité et qu'il nomme lui-même “le laconisme écrit”. Il est ici servi partrois interprètes d'une grande sensibilité :Florence Giorgetti, la comtesse, passant sansproblème de la fragilité de l'amoureuse à ladureté de la grande propriétaire terrienne ;Fabienne Monteiro-Braz, Elena très ambiguë ;enfin Laurent Grevill, l'intendant, rendu trèsséduisant par sa douceur et sa virilité.
Jacques Nerson. Le Figaro Magazine
L’ourse blanchede Daniel Besnehardmise en scène Claude Yersin
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avec Pierre BanderetNathalie Becue
Elisabeth Catroux*Jérôme Chappatte
Huguette CléryFranck Colini
Caroline Cons*Frédéric Constant
Bruno Fleury*Geneviève Perret
Hervé Pierre*Yves Prunier
Alain RimouxChristine Vouilloz
assistant à la mise en scèneLaurent Serrano
scénographie Charles Martycostumes Maritza Gligolumières Gilles Lépicier
Jocelyn Davièresons Jacques Brault
maquillages, coiffuresCécile Kretschmar
régie générale Christophe Béraud
assistante aux costumesNathalie Matricianiconstruction décor
Christian Frapreau, Jean-PierrePrud’homme, Alain Menuau
Ateliers municipaux d’Angersréalisation peinture
Isabelle Bourguet, SylvieRenault, Marie-Noëlle Imbert
Helmert Woudenbergassistant son Olivier Lofficial
réglage danse Béatrice Cosmehabilleuse Lucie Guilpin
coproductionNouveau Théâtre d'Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire-
Comédie de Genèveavec la participation du Jeune
Théâtre National
création française à Angersle 21 mars 1991
Angers et agglomération17 représentations 1991
Comédie de Genève (Suisse)15 représentations 1991
Kassel (Allemagne)1 représentation 1991
Une troupe de jeunes comédiens affamés jouedans une villégiature provinciale au bord de lamer. C'est une troupe misérable, mais le chef estpourtant un fanatique du théâtre, un acteuracharné, un comique anarchiste et en mêmetemps un esclave du public. Ses comédiens et luine font pas du “bon théâtre”. Ils sont le théâtremême : la volonté du jeu, l'arbitraire de la fiction,l'imagination créée par le manque de moyens,ainsi que l'opportunisme bouffon et le désordreproverbial. Cette troupe répète, dans le hall d'unpetit hôtel, un mélodrame (en cuisinant en mêmetemps dans les chambres !) et ensuite elle s'empêtredans la réalité d'une farce bourgeoise.Dans le mélodrame on tue, dans la farce on s'en-fuit dans une folie feinte, qui se répand partout etmélange tout : le pauvre bouffon, le bourgeois etl'ordre public, représenté par un commissaire depolice – homme et galant homme, le théâtre et lavie – all the world is a stage…L'œuvre de De Filippo est sous-estimée et parfoison la considère gentiment comme une jolie petitetrouvaille napolitaine. Pourtant il est de la race deMolière. Il a créé une œuvre moderne en liaisondirecte avec des traditions très anciennes. Il est lethéâtre en personne, solide et merveilleux, pleinde miracles !Je ne connais aucun auteur contemporain qui soitaussi populaire et profond, aussi drôle et amer.
Felix Prader
La presseHomme et galant homme, jouée ces jours à laComédie de Genève après sa création à Angers ily a un mois, ne relève pas de la simple pantalon-nade. Oh que non ! Bien que le fabuleux EduardoDe Filippo – l'auteur et acteur italien le pluspopulaire de ce siècle – pousse la subtilité jusqu'àmaintenir l'illusion durant tout le premier acte,
en offrant à un public ravi une succession de scènescomiques et farfelues, légères à souhait… Et puispeu à peu, on quitte l'univers de Feydeau pourrejoindre les zones obscures de la folie, d'aborddans la bonne humeur, puis avec un léger malaiseau ventre, qui, à la fin de la pièce, vire franche-ment à l'oppression kafkaïenne. L'auteur napoli-tain recourt à des procédés fort classiques – lethéâtre dans le théâtre, la folie et sa simulation, leburlesque – pour aborder des sujets obsessionnelstels que la difficulté d'exister et de s'insérer dansune société archi-structurée.Alors, pour échapper à leur médiocrité, les acteursse prennent au jeu du théâtre, ne trouvant uneidentité digne de ce nom que lorsqu'ils répètent lapièce dans la pièce. La vie rêvée, à défaut d'êtrevécue… Et à la suite du bel amant, tous les pro-tagonistes de Homme et galant homme se voientcontraints de simuler la folie (la scène est agréa-blement surréaliste) pour survivre. Et la véritédans ce jeu de miroirs ? C'est celle de l'oiseau quimeurt écrasé dans le double fond de la cage, alorsque le magicien fait croire que cette disparitionn'est qu'une délicieuse illusion…Dans son excellente mise en scène, le ZurichoisFelix Prader tire magnifiquement parti du talentdes comédiens (les vrais !) qui jouent à la façon depiètres cabotins au quotidien ces mêmes piètrescabotins répétant une piètre pièce ! Un des grandsmoments : la répétition, rythmée par les remarquespersonnelles du “metteur en scène” (Hervé Pierre,parfait !), les interventions déplacées du souffleur(Bruno Fleury, très bon), les toussotements surcommande de la vieille (bravo Elizabeth Catroux)et l'hystérie de Viola.
Le Matin - Le Quotidien Romand
Homme et galant hommede Eduardo De Filippotexte français Huguette Hatemmise en scène Felix Prader
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Je me souviens…Je me souviens d'Angers ville cossue rassem-blée autour de son château,- de ce vieil endroit où l'on faisait du théâtre,- du bonheur d'être encore au service du
théâtre décentralisé,- du chef de troupe Claude Yersin, sérieux
derrière sa grosse barbe,
- du bain de pieds d'Hervé Pierre, un autrechef de troupe,
- de Félix Prader se remettant d'une mise enscène à la Comédie-Française,
- de l'absinthe du grand-père de PierreBanderet,
- de Eduardo De Filippo, chef de troupe dis-tribuant l'argent à la fin de la représentation
avec un commentaire pour chaque acteurcomme Jean-Luc Godard signant un chèqueà son décorateur "quoi, tu ne le mérites pas !"
Je ne me souviens plus du tout d'une répliquede la pièce mais je me souviens du plaisir dejouer…
Alain Rimoux
Je me souviens…Les P'tits loups… ou comment l'homme décons-truit ses membres…Je me souviens de Yves enfilant sa chaussette, fortgrande d'ailleurs…Je me souviens… le voyage à Laval… Aller chez unorthopédiste pour un costume !Les grosses rayures bleues…Je me souviens des visites de Claude au premierétage ! Il y avait du plastique bleu, de la mousseblanche, un pantalon de boulanger et les grossesrayures bleues…Tout de noir vêtu, il aurait du s'effacer, mais lesyeux de Jean-Pierre étaient bleus… c'est ainsiqu'un régisseur fut affublé d'une paire de lunettesanti-yeux bleus !Je me souviens du plaisir de voir les images naître,de l'échange, du partage…Je me souviens… Toujours, si, une vis, une pointe, vous trouvez, Sur la table du metteur en scène, la laisser.De ces petits bouts de métal, il en raffole,Ne pas en voir posés, le désole.
Jack Percher
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avec Yves Prunier*
décors et costumes Jack Percher
lumières Jocelyn Davière, Gilles Lépicier
sons Jacques Braultrégie Jean-Pierre Prud’homme,
Christian Frapreauréalisation des costumes
Lucie Guilpin
productionNouveau Théâtre d’Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire
création à Angersle 3 juin 1991
Angers et agglomération18 représentations 1991
repriseAngers et agglomération
10 représentations 1991reprise
Angers et agglomération9 représentations 1992
tournée régionale18 représentations 1992
1955. Pyrénées OrientalesLes p'tits loups sont des handicapés et leur uni-vers est un champ clos, le Château. La vie n'y est pas désagréable sous la direction bien-veillante de M'sieur Louis.Nounours, le héros principal, n'a ni bras nijambe, mais rêve de partir, de passer ces hautsmurs qui entourent le parc.Le soir de son départ, en attendant que tous s'en-dorment, Nounours parle de ce que fut sa vie auChâteau. Il décrit avec humour, tendresse et iro-nie, les personnages qui vivent à ses côtés, ceuxqu'il déteste, la sexualité nécessaire, leur joyeusecruauté. Il raconte enfin comment fut conçue etpréparée “l'évasion”.Les p'tits loups, c'est d'abord l'a priori du mono-logue. En effet, face à la pitié lénifiante quiembarrasse le discours qui traite du handicap,donner la parole à Nounours non pour se justifiermais pour raconter, c'est ouvrir sur un universsubtil, composé, réel. Le handicapé est constam-ment soumis au prisme réducteur du regard. Lemonologue permet ici au narrateur de s'exprimersans honte, sans frein dans un système qui lui estpropre, sans souci de véracité mais avec sincérité.Alors s'aperçoit-on que le handicap n'est qu'anec-dotique et que les préoccupations de Nounourssont simplement celles d'un garçon de son âge.
Ellar Wise
La presseLes P'tits loups vivent au château, à l'écart dumonde. Handicapés ou mutilés, ils ont une expé-rience unique de la communauté, vécue commeun seul corps formé par l'ensemble de ses mem-bres. Un corps-puzzle en quelque sorte : “faut direqu'on n'est pas aidés : à nous tous j'ai compté, ona vingt-cinq mains mais pas toutes en paires cor-respondantes.” C'est Nounours qui parle : lui n'a
plus de jambes ni de bras mais on lui a installé descrochets au bout des moignons et, depuis, sa vies'est transformée. Il y a aussi Marcel et Roger, uncostaud lobotomisé et un bonhomme minusculequi, réunis, deviennent très efficaces ; la Loupiotequi a de gros chagrins la nuit et José qu'on atransformé en eunuque parce qu'il avait violé unenonne. Toute une brochette de mutilés du corpset du cœur que l'auteur a voulu mettre en scènedans une forme utopique et finalement assezcruelle : c'est qu'ils partagent tout, sexe compris.C'est vrai que c'est tout ce qu'il leur reste, le sexe,alors il ferait beau voir de se limiter sur ce chapi-tre-là. Tout ça finira mal mais durant le longmonologue qui structure le spectacle, on auradécouvert un monde généralement voilé par lacompassion, la piété ou l'ignorance. Et pourtant,l'auteur a seulement fait preuve d'imagination.Il s'appelle Ellar Wise et s'il vit aujourd'hui auxÉtats-Unis, il a passé une partie de son enfance àAngers. Écrivain ou conteur quand il n'est pascharpentier, cuisinier ou bûcheron, il signe là sapremière pièce de théâtre.La mise en scène de Claude Yersin et le jeu d'YvesPrunier servent intelligemment ce texte dont ladimension poétique, plus proche du conte qued'un texte de théâtre, n'aurait supporté ni traite-ment réaliste ni une quelconque transpositionsymbolique. Le décor est constitué d'une enfiladede cadres qui s'ouvrent au fur et à mesure quel'acteur revêt les accessoires volontairement gros-sis qui gênent ses mouvements et le privent del'usage normal de ses bras et jambes. Une belletrouvaille qui répond au personnage en allianthumour et sensibilité.
Fabienne Arvers. La Croix
Les p’tits loupsde Ellar Wiseversion scénique et réalisation Claude Yersin, Jack Percher, Yves Prunier
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avec Hélène Vincent*
dramaturgie Yves Prunierlumières Gaëlle de Malglaive
costumes Monique Perrotrégie générale
Christophe Béraudrégie lumière Hervé Fruaut
régie plateau et constructionHervé Jabveneau
productionNouveau Théâtre d’Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire
première représentation à Angersle 8 octobre 1991
Angers et agglomération18 représentations 1991
repriseAngers et agglomération
11 représentations 1992tournée France
16 représentations 1992Nanterre-Amandiers
24 représentations 1992
Ulysse raconte en près de sept cents pages lajournée de Leopold Bloom (le mari de Molly)à Dublin le 16 juin 1904. Le monologue deMolly Bloom en est le dernier épisode.Une femme seule, une nuit dans sa chambre…En rentrant, son mari l'a réveillée, et elle laissealler sa pensée.Molly Bloom pense comme elle respire, sansinterruption, à travers d'incessantes variations :à sa journée et à la visite de son amant, à sonmari et à son passé conjugal, à sa fille partie, àson corps qui vieillit déjà mais lui plaît encore,aux corps des autres femmes, aux sexes des hommes,à sa jeunesse, aux concerts à venir (elle chante),aux courses du lendemain, aux bruits de lanuit…Dans son demi-sommeil, l'imaginaire de Mollyéchappe à la censure. Des idées très diverses sesuivent et se font écho, l'une poussant l'autre ets'en imprégnant, chacune naissant et mourantau gré des associations de mots, de sensations.Toute la vie de Molly est au rendez-vous de cettesomnolence. Molly devient elle-même cemélange de raisonnements, de pulsions, de sen-timents, mélange de sang, de terre et d'eau derose.Une femme immobile voyage entre quotidien etimaginaire. Le monologue de Molly Bloom estsans doute l'une des plus étonnantes tentativesd'un homme pour imaginer une pensée defemme.
Nadine Eghels
La presseDans la peau d'Hélène Vincent, admirablementdirigée par Jean-Michel Dupuis, le personnagede Joyce adopte une personnalité frémissante,toute de gouaille insolente, de sensualité jubi-lante. Avec quelques gestes imperceptibles,apparemment anodins – étirements de doigts depied, battements de paupières, pressions demains et démultiplication de sourires –, l'actricenous laisse explorer ses paysages les plus intimes,deviner ses pulsions les plus troublantes.Molly Bloom semble ne rien nous cacher de sesdésirs, de ses besoins, de ses coups de tête.Pourtant, à travers le flot de paroles, de confi-dences érotiques et drôles, que d'étrangeté ! Plusla compagne de Leopold Bloom nous raconted'anecdotes triviales, plus l'écriture de Joycefouille avec une précision maniaque le moindreincident, et plus soudain, le monologue devientmystérieux. Et cette femme qu'on aurait crue sisimple, insaisissable…Grâce à sa générosité débridée, Hélène Vincentdonne corps à toutes les intuitions fulgurantesdu romancier irlandais. Et la créature se met àdépasser le créateur : plus ambiguë, plus riche,plus dévastatrice. Sur son fauteuil, elle n'estpourtant éclairée que de géométriques halos delumière. Ses mots sont pauvrement concrets, sesgestes aussi… Mais le petit miracle de cettereprésentation, et sans doute du théâtre, c'estque l'indicible justement naît du prosaïque : desseuls mouvements de son corps, la grandeHélène Vincent parvient à suggérer les laby-rinthes d'une pensée toujours en éveil, toujoursrecommencée. Elle impose sur scène une frin-gale de vie brutale, jamais apaisée. Elle estmagnifique.
Fabienne Pascaud. Télérama
Molly Bloomd’après James Joycetexte français James Joyce et Valéry Larbaudmise en scène Jean-Michel Dupuis
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Je me souviens…“Alors vous en êtes où avec Molly Bloom ?”Deux ans plus tôt, Yves Prunier n'avait pas réussià convaincre Claude Yersin de la pertinence de ceprojet. Après quelques vaines démarches pourmonter une production viable, Yves avait rangéMolly Bloom dans le tiroir des rêves enfouis.Certaine de ne pas être la comédienne d'une telleaventure, j'avais poussé en secret un ouf de soula-gement et j'étais passée à autre chose. Et voilà quesoudain, pour des raisons mystérieuses, tout deve-nait possible ! Claude proposait des dates, une salle, un budget !Yves releva le défi, reprit sa lecture de l'œuvre deJoyce et adapta le dernier chapitre de l'Ulysse.Jean-Michel Dupuis, à ma demande, signerait lamise en scène, les répétitions démarreraient en sep-tembre, il ne me restait plus qu'à apprendre letexte ! ! ! Pendant deux mois, chaque jour, j'appris ce textecomme on gave une oie, jusqu'à la nausée. C'étaitl'été, en fin de journée, à grandes enjambées, j'ar-pentais les rues d'Angers me récitant à voix hautele texte appris dans la journée. Le parcourss'agrandit au fur et à mesure des pages apprises. Ilm'arriva de piquer des rages folles en pleine rue,sans souci du regard de ceux qui me croisaient,quand ma mémoire me trahissait. Si j'étaiscontente de moi, je m'offrais une glace à la vanilleau salon de thé, face au château du Roi René. Lepremier jour de répétition, je croyais savoir parcœur les quarante-cinq pages de l'adaptation. Lapetite équipe du spectacle s'installa Salle Jean-Vilar, à la périphérie d'Angers. Au bout de troisjours, épuisée nerveusement (et pourtant j'en avais
vu d'autres !) par le train d'enfer que m'imposait Jean-MichelDupuis, et surtout par le caractère tyrannique de sa façon de tra-vailler, je faillis quitter le projet. Après une nuit de réflexion, jedécidai de serrer les dents et de me plier à cette surprenante façon defaire, pariant avec optimisme sur l'avenir. Le lendemain, j'adoptaiune stratégie de docilité et de concentration absolue aux mots d'or-dre du travail dont, pas un jour, je ne me départis. Personnen'avait senti passer l'orage. Dirigée au battement de cil près, à l'in-tonation, contrainte de toute part, je trouvai au bout du parcoursune plénitude d'interprétation rarement atteinte auparavant.
Le public éclate de rire, il est avec moi, il est avec nous ! J'ouvre letiroir secret de l'accoudoir droit du fauteuil, j'en sors le flacon dewhisky en argent, j'ouvre la bouche……… Le trou noir…… Pasun mot ne me vient, je me tourne vers l'accoudoir gauche pour meu-bler le temps, j'essaie de respirer… Le plexus solaire pas plus grosqu'un timbre-poste, j'étouffe. Le temps s'éternise, le silence s'est faitdans la salle, le public perçoit qu'il se passe quelque chose d'im-prévu… Voilà j'y suis, le cauchemar se réalise. Je savais que je n'yarriverais pas. Je n'ai pas fait un filage sans trou de texte. Je vais melever, m'excuser auprès du public, je vais sortir et plus jamais je neremettrai les pieds sur un plateau… Et soudain de la cabine de régieoù il se tient, Jean-Michel hurle une phrase, le maillon qui manque! Ça repart ! Phrase après phrase. Malgré le rire qui se propage denouveau dans le public, la peur ne me quittera plus jusqu'à la finde cette première représentation. Après le “Oui” qui clôt ce texteexceptionnel, le noir se fait progressivement. Les applaudissementsexplosent et les bravos. Je salue dans un état second, je tremble de latête aux pieds… Je me souviens de Claude Yersin me serrant dans ses bras et medisant à l'oreille, “La bête a failli te dévorer”. Cinq représentationsplus tard, prête à délacer mon corset, mes doigts rencontrent levelours incarnat de ma robe de chambre ! Cette fois, aucun salutne me viendra de l'extérieur, Jean-Michel est reparti pour Paris, jesuis seule face au public. Mesdames et Messieurs, je m'aperçois à
l'instant que j'ai sauté six pages de texte, je ne peux pas continuer,il faut que je reparte en arrière, là où je me suis trompée, sinon vousne comprendrez rien à la suite de l'histoire. Un grand frisson par-court le public, conscient de vivre un moment de spectacle inédit.Par un sang-froid dont je m'étonne encore aujourd'hui, je repars enarrière, je retombe sur mes pieds, quelques minutes plus tard lorsqueje redis la phrase où je m'étais arrêtée, le public heureux pour moi,complice, éclate de rire ! Moi, je ris jaune !
La réussite du spectacle est telle, qu'il est repris la saison suivante auThéâtre des Amandiers à Nanterre et en tournée. Je ne jouerai pasune seule fois sans la peur au ventre, malgré une italienne entièredu texte, voire deux, avant la représentation. Merci au passage àHervé Fruaut, régisseur du spectacle, qui m'accompagna amicale-ment dans ce travail ingrat et répétitif. Théâtre des Amandiers, à genoux sous les gradins, j'attends le top durégisseur de la salle. Au-dessus de moi, 450 paires de fesses dégagentune sacrée chaleur, qui pour l'heure n'a rien de bienfaisante.J'en appelle à tous les dieux de la création, je pense à Edith Piaf quipriait ainsi, les tripes à la renverse, avant chaque concert. “On y va !” Je m'élance en courant, je tourne à droite, je remontele long de la rangée côté cour, j'accélère sur la pointe des pieds nus,je tourne à droite de nouveau et ça y est, je suis au centre du pla-teau, dans les lumières de Gaëlle de Malglaive. 450 paires d'yeuxsont maintenant braquées sur moi, et c'est reparti pour une heurequarante-cinq minutes de terreur et de jouissance mêlées. La terreur l'emportera, je n'ai pas rejoué au théâtre depuis Molly,il y a treize ans. Pour finir, la bête m'a dévorée, mon cher Claude,mais je n'en ai aucun regret. La cause était juste, l'aventure futl'une des plus belles que j'ai vécues. Merci à toi et à tous ceux grâceà qui cela advint.
Hélène Vincent
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Je me souviens…Pour Claude YersinIl y a la carrure. Il est grand, droit, bienbâti. Un bel homme. Il y a le regard. Desyeux très bleus. Extrêmement bleus. Ilimpressionne.Entre 1993 et 1995, je suis souvent venu àAngers. Toujours très bien accueilli, au seind'un Centre dramatique au travail, dyna-mique, gai, même si l'époque ne l'était pastoujours.Avec Claude, nous avons fait Le pain dur dePaul Claudel et Mariage à Sarajevo deLudwig Fels.Rigueur, humilité, attention, tranquillitéinquiète. C'est ainsi que je me souviens dutravail avec Claude. Il possédait cette grâceassez rare de nous “mener” à la représenta-tion sans avoir l'air de s'en préoccuper,
calmement, avec en même temps une grandedétermination. Il rassurait, quoi. Certes toutn'était pas aisé, les textes proposés ne don-naient pas dans la facilité, loin de là. Maisle spectacle se faisait à son rythme, sansheurts inutiles.Et puis, un soir, il y avait le public, et nousn'en éprouvions nulle inquiétude. Ce qu'il y avait de remarquable aussi, c'estle temps que nous pouvions jouer le spectacle :souvent plus d'un mois à Beaurepaire. Jecrois que c'est une grande réussite d'avoirainsi fidélisé un grand nombre de specta-teurs dans une ville comme Angers, quiaprès tout n'est pas si grande…Mariage à Sarajevo est peut-être un desspectacles dont je suis le plus “fier”…Un texte très ambigu sur un sujet très difficile,(le trafic de cassettes de porno-violence pen-
dant la guerre de l'ex-Yougoslavie), unpublic très décontenancé par ce qui lui étaitproposé, un spectacle sans concessions, provo-quant.Nous nous disions, nous savions qu'il n'y aque dans des Centres dramatiques commecelui d'Angers que de telles aventures peuventvoir le jour, que c'est cela aussi le théâtre dit“public”.Et lorsque nous allions prendre un verreaprès le spectacle, Claude était là, avec nous.Il souriait beaucoup. Il avait toujours ceregard très bleu. Très bleu et très malicieux. Extrêmementmalicieux.
Daniel Briquet
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avec Daniel Briquet
Catherine Gandois*Victor Garrivier*
Yves KerboulPatrice Leroy
Catherine Rétoré
scénographie Charles Martycostumes Françoise Luro
assistant à la mise en scèneYves Prunier
lumières Marie Nicolasmaquillages Catherine Nicolas
bande sonSerge Couturier, Olivier Lofficial
régie générale Christophe Béraud
collaboration artistiqueDaniel Besnehard
direction technique Claude Noëlaccessoires Christian Frapreau
constructeur machinisteHervé Jabveneau
régie lumièreGilles Lépicier, Hervé Fruaut
régie sonJacques Brault, Olivier Lofficial
régie plateauJean-Pierre Prud’homme
constructionAtelier du Petit Chantier
Marseilleperruques
Ateliers Denis Poulainréalisation des costumes
Catherine Apfelbaumhabilleuse Lucie Guilpin
productionNouveau Théâtre d’Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire
première représentation à Angersle 3 mars 1992
Angers et agglomération17 représentations 1992
tournée France18 représentations 1992
Au centre de ce drame, Le pain dur, il y a unetable autour de laquelle sont assis troishommes et deux femmes, moins participantsd'un repas que d'une atroce partie de cartes ;et plutôt que d'une nappe, je la verrais recou-verte d'un tapis vert. Cette table, c'est la Francede Louis-Philippe livrée aux appétits antago-nistes de terribles loups-cerviers. Mais pourquoi ne serait-ce pas aussi cetteEurope Centrale où ma carrière m'avait conduità la veille de la crise suprême ? Une partie s'ypoursuit par le moyen d'atouts aussi violem-ment coloriés que ceux du jeu de tarots : le capi-talisme issu de la Révolution, qui est ToussaintTurelure ; le colonialisme, qui est son fils ; lenationalisme, qui est Lumîr ; le féminisme, quiest Sichel ; le matérialisme économique, qui estAli Habenichts, et enfin l'image d'un Dieu cru-cifié qu'on a descendue du mur pour y mettrel'image d'un souverain temporel. Dans le jeu dewhist il y a un mort. Ici, c'est tout le monde quiest contre le mort.
Paul Claudel. Le Monde, 12 mars 1949
La presseDe toutes les pièces claudéliennes, c'est celle quiest la plus engagée dans le temps, la plus histo-riquement marquée, pièce du constat et de larupture où le surnaturel s'efface, laissantl'homme seul devant l'homme.Claude Yersin, avec juste raison, s'en tient à ceconstat, sans effets romantiques, sans pittoresquecaricatural, tenant d'abord à voir d'une façonpresque réaliste les duels froids et réfléchis quiopposent ces quatre êtres dont les intérêts diver-gent et les passions se contrarient avant de seperdre dans les eaux glacées des calculs égoïstes,comme le dirait Marx.
Turelure, où s'entrecroisent malice, méchanceté,concupiscence et avarice, vieillard acharné àvivre, trouve en Victor Garrivier, le comédiendirect, sans fioritures, paisiblement installé dansson obstination, que l'on attendait, mélange defaiblesse et de force, de ruse et d'impuissance, desournoiserie et d'ingénuité. Cela est bien rendu.Sichel, sa maîtresse juive, et qui épousera Louis,son fils, est incarnée par Catherine Gandois, quia la flamme, l'insolence, la fébrilité de laconquérante qui rompt toutes ses attaches etbrusquement change de paysage et de famille.Là encore l'interprétation est juste, convain-cante, et dans un rôle difficile, l'anti-sémitismeparfois perce, d'une netteté, d'une clarté quisauvent le personnage de toute ambiguïté. (…)Reste la qualité d'une mise en scène précise,rigoureuse, objective, pourrait-on dire, qui,comme le fait Claudel, donne à ces franchescanailles, à ces êtres en pleine tempête, leur rai-son d'être, et comme une intime et presque jus-tifiée conviction. C'est jouer la carte de l'auteurqui dans ses abominables personnages, etnotamment avec ce sanglier de Turelure, met unpeu de lui-même et beaucoup de l'homme telque Dieu l'a fait.
Pierre Marcabru. Le Figaro
Le pain durde Paul Claudelmise en scène Claude Yersin
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Je me souviens…En 1992, juste avant que le monde du théâ-tre se tourne fortement vers les avant-gardessoviétiques du début du XXe siècle, ClaudeYersin avait imaginé une aventure vraimentoriginale : la résurrection d'un texte deNikolaï Erdman sur la scène du NTA.Alors qu'il se situait à l'opposé de la biomé-canique meyerholdienne, il avait gardé unvif souvenir de ces exercices rencontrés lors desa formation, et en reconnaissait d'autantplus, avec sa grande honnêteté intellectuelle,l'importance et la force subversive dans l'his-toire théâtrale.
Ayant remarqué dans un stage où nousétions intervenants cette chorégraphe aty-pique que je suis, associant texte et mouve-ment, il y avait vu comme une versionmoderne des recherches de Meyerhold. Avec confiance, il me donna la grandechance de pouvoir préparer Le mandat parune recherche en profondeur, avec des comé-diens, sur une durée de cinq semaines, puisla charge d'assister Denise Péron dans samise en scène. Il y eut aussi le plaisir de latraduction avec André Markowicz, les ren-contres avec Béatrice Picon-Vallin pour larecherche théorique, autres voies que Claude
avait à cœur de développer.Toujours disponible, très accessible, il a sudonner des moyens à une équipe qu'il avaitconstituée “en son âme et conscience”, pourêtre au plus près de la nécessité théâtrale decette entreprise.Cette collaboration m'a énormément appriset restera pour moi exemplaire.Merci, Claude !
Zaza Disdier
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avec Eric BergeonneauVincent Boussard
Patrice ConnardTiziana Di Monte*
Vania Dombrovszky*Ivan Ducourneau
Anne DupuisHélène Gay
Jacques Granges*Christophe Gravouil*
Dominique JacquotChristophe Micoli
Yves PrunierYannick RenaudMarcel Schwartz
Catherine Van Hecke
scénographie, costumes etlumières Jack Percher
assistant scénographieet plateau Étienne Charasson
sons Olivier Lofficialcréation musicale
Vania Dombrovszkymaquillages Catherine Nicolas
réalisation des costumesLucie Guilpin, Anne Poupelin
régie Hervé Jabveneauréalisation du décor
Ateliers municipaux d’Angers
productionAteliers de formation
du Nouveau Théâtre d'AngersSTUDIO II
création française à Angersle 12 mai 1992
Angers et agglomération11 représentations 1992
À quel genre appartient Le mandat ? Satire ?Vaudeville ? Boulevard ? Ces termes viennentsous la plume des critiques, mais ne cernent pasla spécificité de la pièce. Les personnagesd'Erdman ne sont pas des caricatures schéma-tiques, des masques sociaux. Ce sont tous despetits-bourgeois de la NEP (Nouvelle PolitiqueÉconomique) – épicière, homme d'affaires,militaire – mais ils sont aussi les éléments d'unplasma commun que la langue russe désignesous le terme de mechtchanstvo, et qui indiqueautant qu'une appartenance sociale, un étatd'esprit réduit et réducteur. Présentés comme lesmarginaux d'une histoire grandiose, les person-nages du Mandat, s'ils sont comiques, ne sontpas ridicules, parce qu'actifs et entourés d'unesuite versatile et apeurée qui, par ses volte-face,marque la progression de l'action.Malgré son succès, Le mandat ne sera jamaispublié… Plus la publication était retardée etplus s'amplifiaient les voix qui, à la fin desannées vingt et dans les années trente, organi-saient la disgrâce de la pièce, affirmant que lematériau de la révolution russe était monstrueu-sement reflété dans le psychisme et les parolesdes personnages du Mandat, “calomnie contre laréalité soviétique”.L'édition de la première pièce d'Erdman n'aura lieuqu'en 1987, à la faveur de la perestroïka. Quant auSuicidé, sa seconde pièce, écrite en 1928, elle ne seramontée à Moscou que plus de cinquante ansaprès, en 1981, dans une version expurgée. C'estdire à quelle œuvre brûlante on a affaire ! Une brillante carrière théâtrale commencée dansun rire énorme et unanime s'achèvera dans lapoussière et le silence des archives publiques ouprivées. Arrêté à la fin des années trente, déportépuis assigné à résidence, Erdman n'apparaîtraplus que comme scénariste de films.
d'après Béatrice Picon-Vallin
La presseLe mandat, créé en 1925 par Meyerhold, saisit lasociété russe dans la période transitoire entre lerégime tsariste et communiste. Avec un humour caustique, aux accents gogo-liens, Erdman montre le microcosme de l'appar-tement communautaire où se télescopent deuxintrigues : tribulations d'un mariage raté etconspiration bouffonne contre le régime sovié-tique, dont les protagonistes (…) cherchent dés-espérément des repères dans la confusion généralede pouvoir, d'influence, d'intérêts et d'idéaux. Latraduction d'André Markowicz, très juste, rend lavigueur, la truculence et la concision de la langued'Erdman, des répliques brèves, sèches, pas unmot inutile.Inscrivant cette comédie tragiquement absurdedans un espace demi-cercle avec au fond un murgris, évoquant à la fois l'exiguïté d'un apparte-ment communautaire et le huis clos du régime,Denise Péron exploite dans sa mise en scène àfond, sur le mode de la parodie, les techniquesdu boulevard, du cirque et du vaudeville, etorchestre de main de virtuose, dans un rythmeeffréné, ponctué par des interventions musicales,la succession de malentendus, de quiproquos, desituations, de confusions où le travestissement,les disparitions, l'échange d'identité, se dou-blent de la frénésie verbale et du délire idéolo-gique.La troupe de l'Atelier de formation du NouveauThéâtre d'Angers rend bien le ton extravagant etl'énergie dévastatrice de cette farce noire, comé-die d'erreurs tragiques du pouvoir où le rire a ungoût d'amertume.
Danielle Dumas. L'Avant-Scène Théâtre n°913
Le mandatde Nikolaï Erdmantexte français André Markowiczmise en scène Denise Péron et Elisabeth Disdier
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Je me souviens…Me souvenir de la mise en scène de Harrietpar Claude ?… Je n'ai pas à m'en souvenir.Je n'ai pas à faire l'effort de m'en souvenirpuisque je continue, au fil des jours et desannées, de la voir, déployant le magnifiqueparavent noir imaginé par Claire Chavanne, et, surtout, de l'entendre. Et, ce matin,nouveau jour d'une nouvelle année, c'est parla voix de l'Écrivain – celle de Strindberg enmoi – qu'elle me parle et qu'elle nous dit : “Il faut témoigner Merlin/ Témoigner/ Parce
que je suis le seul témoin de moi-même/Parce que Monsieur Jaspers/ avec sa scienceet son intelligence/ Monsieur Jaspers qui ditque je suis fou/ Monsieur Jaspers l'apprentipsychiatre/ n'est qu'un faux témoin de mavie/ Ah Merlin que sait-il de moi ce Jaspers/Un homme pour qui la pensée rationnelle/ ohtrès élevée très philosophique/ est la plusnoble des activités/ Une digue contre le mal-heur du monde/ Un remède contre la barba-rie/ Mais regarde Merlin/ Considère leurXXe siècle et la suite/ Vois comme ils ont
réussi/ à faire l'économie du malheur/Témoigner Merlin toujours témoigner/Jamais un poème ne justifiera le témoignage/Mais c'est l'acte de témoigner/ qui justifieraet sanctifiera le poème/ Témoigner de cettemaladie d'être un homme…”.
Jean-Pierre Sarrazac
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avec Féodor Atkine*
Catherine Gandois*Hélène Gay
Lionel PrévelYves KerboulAlain Payen*
et alternativementsix petites filles
scénographie Claire Chavannecostumes Françoise Luro
lumières Pascal Mératmusique Nathalie Fortin
maquillage Catherine Nicolascollaboration artistique
Daniel Besnehardrégie générale
Pernette Famelartconstruction Vital Desbrousses
direction technique Claude Noëlrégie lumière
Jocelyn Davière, Gilles Lépicierrégie son
Hervé Fruaut, Vincent Bedouetrégie scène Hervé Jabveneau,
Jean-Pierre Prud’hommerégie plateau
Géraldine Dissé, Patrick Forner,Christian Frapreau, Joël
Brousson, Philippe Bassetpeinture
Bernhard Guyennet,Jean-François Orillonfabrication costumes
Chantal RaderAnne-Lise Valla-Penttilämaquilleuse habilleuse
Catherine Saint-Severperruques Atelier Denis Poulin
chapeaux Maison Gencelresponsable enfants
Danièle Thomas
productionNouveau Théâtre d'Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire en coproduc-
tion avec le Théâtre Paris Villetteet avec le soutien de la
Comédie de Reims - CentreDramatique National
création à Angersle 19 janvier 1993
Angers et agglomération16 représentations 1993
tournée France8 représentations 1993
Théâtre Paris Villette32 représentations 1993
La relation qu'a faite Strindberg du “miracle”de sa rencontre avec Harriet est édifiante.D'abord, côté théâtre, Strindberg monte sur leplateau, durant une répétition du Chemin deDamas, pour donner une indication à HarrietBosse qui interprète la Dame, indication sur lafaçon de donner un baiser : “Comme nousétions là, au milieu du plateau, entourés debeaucoup de gens, et que je parlais sérieusementde l'acte du baiser, le petit visage (de Bosse) setransforma, s'épanouit et s'emplit d'une beautésurnaturelle ; il semblait venir auprès du mien etses yeux m'enveloppèrent de flammes noires.Puis, sans raison, elle partit en courant, et je suisresté interdit, ayant l'impression d'un miracle etd'avoir reçu un baiser qui venait de m'enivrer”.Puis, note toujours Strindberg dans son Journalocculte à la date du 15 novembre 1890, “pen-dant trois jours (B) m'est revenue comme uneapparition et je l'ai sentie dans ma chambre”. Larelation s'achève par la transcription d'un rêveoù Harriet dans le costume de Puck, l'andro-gyne semeur d'amour, rôle qu'elle vient d'inter-préter et dans lequel l'auteur du Chemin deDamas l'a remarquée – Puck aussi gracieux etretors que la Viviane de Merlin –, vient rejoindreStrindberg dans son lit. “Elle n'avait pas deseins, absolument pas !”En mai 1901, August Strindberg épouse HarrietBosse. Suivent quelques semaines de bonheur,laissant aussitôt la place à une longue agonieamoureuse de sept ans, agonie traversée delongues et fulgurantes résurrections, et quiatteint son “climax” en 1907-1908, c'est-à-direà l'époque de la fondation de l'Intima Teatern.Dans sa solitude hallucinée, Strindberg vit avecHarriet une relation amoureuse télépathique –ce même amour à distance qui réunit ses per-
sonnages sur la scène, Blanchecygne et sonPrince, Agnès et l'Officier – et consigne dansson Journal ses étreintes physiques nocturnesavec Harriet ou du moins avec son “corpsastral”, son “double”, son “fantôme”. C'est icique la vie de Strindberg – cette vie onirique quioblitère toute son existence – rencontre, jusqu'àse perdre en lui, le mythe amoureux de Merlin.Dans un cas comme dans l'autre, la volonté deposséder la femme aimée transforme l'hommeaimant en un possédé (doublé peut-être d'unimpuissant).
Jean-Pierre Sarrazac
La presseEn 1900, August Strindberg rencontre l'actriceHarriet Bosse. Il est quinquagénaire, elle a vingtans. Il la fait jouer, puis l'épouse. Leur uniondégénère vite. Ils se séparent, mais restent liéslongtemps. Rupture définitive en 1908. L'annéeprécédente, l'auteur suédois a ouvert son théâtreintime : un enchantement démoniaque qui luipermet d'emprisonner sur scène sa vie, maisaussi celles qui l'ont traversée, avec des œuvresdites “de chambre”. Cette expérience étonnanteforme le terreau de l'étrange pièce de Sarrazac.Feodor Atkine joue parfaitement Strindberg,vieux mage égoïste et halluciné, qui mêle sa vieet sa création pour mieux tenter d'échapper à lamort ; et Catherine Gandois est une superbeHarriet. Forte mise en scène de Claude Yersin :un immense paravent noir de la largeur du pla-teau, mouvant et menaçant, qui digère et rejetteles acteurs comme un serpent.
Philippe Lançon. L'Événement du Jeudi
Harrietde Jean-Pierre Sarrazacmise en scène Claude Yersin
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Je me souviens…Je me souviens de l'enthousiasme communi-catif d'Hélène : en sortant de la première réu-nion, j'étais convaincue que L'interventionétait LA pièce à monter. Je me souviens de mes compagnons de jeu :Yves, Marion, Alain, puis Daniel.Je me souviens des cours de chant avecEmmanuel.
Je me souviens que j'entrais sur scène enchantant : “autrefois j'étais villageoise”, et eneffet autrefois j'étais villageoise.Je me souviens de ma perruque rousse, demon costume somptueux, fait sur mesure dela tête aux pieds.Je me souviens de la tristesse et de la frustra-tion de ce soir-là, où Marion avait eu unmalaise sur scène et où nous avions dû inter-
rompre la représentation.Je me souviens d'avoir lu, pour nourrir letravail, La dame aux camélias.Je me souviens d'une de mes répliques : “Moi, je m'appelle Eurydice”.Enfin je me souviens qu'à la dernière, ensortant de scène, je me suis effondrée enlarmes dans les coulisses…
Anne Dupuis
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avec Anne Dupuis*
Marion Grimault*Yves Prunier
Alain Rimoux*(et à la reprise Daniel Briquet)
scénographie et costumesFrançoise Darne
lumières Gaëlle de Malglaivecollaboration musicale
Emmanuel Nicaisecollaboration chorégraphique
Christine Burgosavec la complicité du CNDC
l’Esquissedirection technique Claude Noël
régie plateau Hervé Fruaut,Jean-Pierre Prud’homme
régie lumièreJocelyn Davière, Gilles Lépicier
régie sonVincent Bedouet, Jacques Brault
réalisation des accessoiresChristian Frapreau
habilleuse Lucie Guilpinréalisation des costumesAtelier du costume, Paris
Maskarade, Nantesréalisation du décor
Ateliers municipaux d’AngersJean-Luc Bernier
Joël Charruau, FrançoisCotillard, Jean-Luc Schwarz
peinture et moulageJean-Luc Schwarz
perruques-postiches Marandinochapeaux Maison Gencel
chaussures Galvin, éventailsMaison Hoguet, gants Lavabre-
Cadet, canne Segas
productionNouveau Théâtre d'Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire
première représentation à Angersle 11 mai 1993
Angers et agglomération26 représentations 1993
Angers et agglomération15 représentations 1993
tournée Région Pays de la Loire16 représentations 1993
tournée - France11 représentations 1993
Ce qui m'amuse dans L'intervention, c'est cequi reste d'une structure qui s'apparente àcelle des pièces de Marivaux : deux couplesd'amants, les riches, les pauvres, avec des rela-tions établies au départ. Pendant la pièce, cesrelations se métamorphosent, les objets d'amourchangent et à la fin de la pièce, tous, commedans une constellation, se sont déplacés, les sen-timents se sont transformés et, comme chezMarivaux, personne n'a été épargné…Bien qu'il y ait, soi-disant, un “happy end”, toutce qui a précédé a été tellement cruel, violent, ils'est dit des choses tellement inoubliables, quemême si tout semble rentrer dans l'ordre, chacunrepart avec du vitriol dans le cerveau et del'arsenic dans le cœur. L'amour a soudain unvilain goût de bouchon.Et malgré tout, faire un spectacle qui soit unmets savoureux, qui se digère légèrement, parceque c'est quand même une comédie !J'aime la comédie musicale et les films en noir etblanc d'avant-guerre, j'aime la lumière, les arcs-en-ciel et les paillettes, les escarpins de satinrouge et les tabliers de cotonnade, j'aime leshommes en pantalons rapiécés, mais je les aimeaussi en smoking, j'aime quand les acteurs sontrois sur le plateau et j'aime par-dessus toutquand le public balance du rire aux larmes.
Hélène Vincent
La presseOn oublie toujours que s'il n'avait été un grandpoète, Victor Hugo aurait pu être un grandpeintre. Sa maison d'exil à Guernesey est toutemplie de ses toiles étranges et magnifiques.C'est là, dans la rumeur de l'océan et le parfumdes mimosas, qu'il a écrit L'intervention. Créée
dans une mise en scène d'Hélène Vincent, cettecomédie atypique et méconnue a la force d'uncroquis, la tendresse d'une esquisse, la férocitéd'une caricature et l'ampleur d'une allégorie.Le pompiérisme hugolien est bien absent deL'intervention : nul romantisme épique etemphatique dans cette courte pièce à quatre per-sonnages, jetée sur le papier en à peine huitjours mais une sorte de désespérance légère etespiègle, de fatalisme frivole qui pare la misèred'éclats de rire en paillettes. Bien sûr, Hugo, quia signé là une de ses productions les plus origi-nales, montre bien de quel côté son cœurbalance : il penche du côté peuple, incarné parun couple d'ouvriers (les comédiens YvesPrunier et Marion Grimault) dont les amoursquasi-bibliques se désagrègent au contact de laprosaïque quotidienneté. Et les nantis (les excel-lents Alain Rimoux et Anne Dupuis) en pren-nent pour leur grade.Mais là encore, l'auteur ne succombe pas aumanichéisme du polémiste. Le baron et sa chan-teuse sont certes des snobs cyniques et impu-dents, mais ils sont humains : la parvenueaguicheuse a un sens profond des réalités et der-rière l'élégance surfaite du dandy, il y a un grandamour de la vie. Crinolines et haillons, quignons de pain etactions boursières, rires et larmes, poésie et tri-vialité, grande cause et légèreté : peintre ducontraste, Hugo a mis tout cela et sans doutebeaucoup de lui-même dans cette fable pétil-lante et cruelle dont l'un des mérites est de nousrenvoyer le miroir de notre propre société.
Marc Dejean. Ouest-France
L’interventionde Victor Hugomise en scène Hélène Vincent et Yves Prunier
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Je me souviens...Nous racontions Le mariage de Gogolcomme un conte de fées russe, comme unebande dessinée absurde. Je vois encore lescomédiens, transformés par ces incroyablescostumes et ces perruques farfelues, s'affalerdans ces coussins exotiques et énormes.C'était Gogol ! Je n'aurais jamais cru que le
NTA allait pouvoir réaliser de tels exploitsdans le domaine du décor et des costumes.Mais Claude Yersin ne faisait jamais unepromesse qu'il ne pouvait tenir par la suite.Son soutien du spectacle était sans faille. Sadiscrétion également. Il fallait donc absolu-ment réussir la mise en scène afin de méritercette hospitalité généreuse. Faire du théâtre à
Angers avec l'équipe du NTA était un grandplaisir pour moi. C'était du travail bienfait, dans une atmosphère de confiance. J'yrepense avec beaucoup de nostalgie. MERCI !
Félix Prader
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avec Patrick Bonnel*
Huguette Cléry*Nathalie Dauchez*
Danièle DevillersPhilippe Girard*Michel Guyard*
Pierre MiserezChristophe Odent
Laurent SandozSophie Nydegger
assistant à la mise en scèneMichel Guyard
scénographie et lumièresGerhard Gollnhofer
costumes Bettina Walterpostiches et maquillages
Claire Kauffman musique Frédéric Baillylumières Gilles Lépicier
régie générale Hervé Jabveneaudirecteur technique Claude Noël
régie lumières Gilles Lépicier régie son Jacques Brault
régie plateauJean-Pierre Prud’homme
électricien Géraldine Dissé machinistes Philippe Basset,
Joël Brousson, Patrick Forner,Christian Frapreau
réalisation du décorAteliers municipaux d’Angers
François Cotillard, Jean-Luc Bernier,Joël Charruau
ennoblisseur textile Atelier Berthier et Atelier Mermoz
assistante costumes Gaëlle Seydouxréalisation des costumes
Francesca Sartori, Rémy Tremblé,Isabelle Lebreton, Annick Désiré,
Françoise Frapsauce, Claude Mabille-Pezet, chapeaux Frédéric Seheux
chaussures Pompéihabilleuses
Lucie Guilpin, Anne Poupelin,Catherine Saint-Sever
coproductionNouveau Théâtre d'Angers
Centre Dramatique NationalComédie de Genève
première représentation à Angersle 4 janvier 1994
Angers et agglomération16 représentations 1994
Besançon - CDN Franche-Comté3 représentations 1994
Comédie de Genève15 représentations 1994
C'est avec un culot dramaturgique inouï,une imprévisible liberté dans le montage desscènes qui n'a d'égal que la pertinenceacerbe de sa critique sociale que NikolaïGogol retrace l'irrésistible descente auxenfers de Podkolessine, conseiller surnumé-raire et célibataire né, poussé au mariage,comme d'autres courent se noyer, en un étrangecocktail d'angoisse existentielle et d'appât dugain. Se marier ou pas ? Là est la question ! Etcette question obsède littéralement, non seule-ment notre héros, mais aussi la nuée de fonc-tionnaires et autres militaires qui tournent enune ronde folle, autour d'Agafia Tikhonovna,fille de marchand qui attise toutes les envies.Dans cette fable au comique douloureux, lademande en mariage apparaît comme uneouverture au monde, une épreuve fatale, uneépée de Damoclès qui hante nuit et jour laconscience déchirée d'hommes sens dessus des-sous. Une épreuve, où se trahit en une conjugai-son maladive la peur de la femme, cette terraincognita, et l'angoisse de la mésalliance, épou-ser une fille de marchand ! Alors, à quoi bon ?Ne vaut-il pas mieux, après une course d'obstacleseffrénée qui vous a néanmoins conduit au but,juste avant de passer sur l'autel, prendre ses jambesà son cou et, quitte à s'en casser une, sauter dansle vide la mort aux trousses.
Philippe Macasdar
La presseCette comédie – sous-titrée Événement tout àfait incroyable en deux actes, et réalisée par FélixPrader avec le texte français de Nathalie Ilic – ades allures de Faust, par le machiavélisme deKotchkariov (Laurent Sandoz), ami dePodkolessine (Christophe Odent), prétendanttimide et timoré.Plus son ami redouble de ruses et de manœuvrespour prendre de vitesse les autres hommes, plusPodkolessine s'affole et s'en remet les yeux fer-més à son plan. Sous les séduisants atours dontil a paré les comédiens, le metteur en scène FélixPrader joue avec l'étrangeté, la singularité dechacun des personnages dont il apparaît qu'ilssont tous “dérangés”, un peu fous.Les superbes costumes de Bettina Walter, ledécor et les lumières de Gerhard Gollnhofer,inspirés des tableaux de Niko Pirosmani, souli-gnent avec force cet univers loufoque où les sen-timents s'enflamment en une seconde, oùl'objet du désir et de la convoitise, Agafia(Nathalie Dauchez), n'a rien d'une romantiquejeune fille.La future épousée inspecte avec attention chacunde ses fiancés. Dans sa belle robe rouge sang parse-mée de grosses fleurs violettes, Agafia évalue froide-ment les partis qui se présentent à elle. Et il est alorsencore plus surprenant de la voir perdre la tête.Le jeu des comédiens, très rythmé, très travaillé,au-delà du parti-pris d'esthétisme de Prader,crée presque par surprise l'émotion et le rire. Ledéfilé des prétendants, tous plus “hénaurmes”les uns que les autres, agit comme une loupegrossissante pointée sur la gent masculine, ridi-culisant avec humour les défauts que leshommes prennent pour des qualités.
Caroline Jurgenson. Le Figaro
Le mariagede Nikolaï Gogoltexte français Nathalie Ilicmise en scène Félix Prader
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Je me souviens…Ça commence par un monsieur d'une cer-taine prestance avec une belle barbe qui vousdit “seriez-vous capable de jouer avec unaccent?”. Et me voilà fraîchement sorti duTNS sur une pièce où on se rase le crâne, et oùon s'entraîne à la lutte, au maniementd'armes et à chanter “Tiens, voilà du bou-din”. Et même qu'on se prend au jeu au pointde se castagner (presque) dans les coulisses-ves-tiaires entre les comédiens-légionnaires.Pendant les deux mois de répète, nous avionsune préparation physique exigeante sousl'œil de Christine Marneffe. On apprenaitentre autres à se marcher dessus en se faisantle plus félin et le plus léger possible.Je me souviens encore des airs des chants“Eugénie les larmes aux yeux” ou “Adieuvieille Europe” que Patrick Moutreuil
passait sur son walkman deux secondesavant d'entrer en scène pour qu'il puisse nouslancer la note juste. Je passais aussi desheures, le walkman sur les oreilles, à écoutertout mon texte préenregistré avec l'accenttchèque. Et même qu'aux Gémeaux, aprèsune représentation, certains du public n'enrevenant pas d'apprendre que je n'avaisaucun accent, venaient discrètementm'écouter parler.Je me rappelle qu'à l'entracte un jour où jecourais dans les couloirs du Théâtre d'Angerspour pouvoir entrer en nage comme l'indiquela didascalie (il entre essoufflé, en sueur),Karim Belkhadra me raconta l'anecdote deLaurence Olivier et Dustin Hoffman surMarathon Man.Je me souviens d'Yves Prunier avec qui onavait une scène de lutte qui me disait
“Mollo, quand même, tu verras quand tuauras mon âge”.Je me souviens que c'était bien d'aborder ununivers éloigné à ce point de son quotidien etde s'investir à fond et d'y croire.Je me souviens de Françoise Bette interpré-tant la femme du capitaine et de nos scènesensemble de rencontre, de tendresse et dedéchirement. Je me souviens de sa générosité,de son exigence et de ses petits conseils qu'ellenous donnait à nous jeunes acteurs.Je me souviens d'avoir été grâce à cette aven-ture un témoin privilégié d'une complicitérare et passionnée entre un metteur en scèneet un auteur, sans savoir que Claude Yersinet Daniel Besnehard allaient compter pourlongtemps dans mon rapport et mes choix auThéâtre.
Gauthier Baillot
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avec Françoise Bette*Gauthier Baillot*
Karim Belkhadra*Gilles Dao*
Jules-Emmanuel Eyoum Deido*Patrick Moutreuil*
Yves Prunier*
scénographie Claire Chavannecostumes Françoise Luro
assistante pour la chorégraphieChristine Marneffe
lumières Pascal Mératmaquillages Cécile Kretschmar
sons Jacques Braultrégie générale Pernette Famelart
conseiller technique de lutte Georges Ballery
conseillère en langue tchèqueHelena Plechackova
direction du chant Emmanuel Nicaise
réalisation décor Vital Desbroussespeinture Henri Mouzet
Ateliers municipaux d’AngersFrançois Cotillard, Jean-Luc Bernier,
Joël Charruau,armes Régie film
directeur technique Claude Noël régie lumière
Gilles Lépicier, Benoit Collet régie son
Jacques Brault, Vincent Bedouetrégie scène Hervé Jabveneau,
Jean-Pierre Prud’hommerégie plateau Géraldine Dissé, Patrick
Forner, Philippe Bassethabilleuse Lucie Guilpin
coproductionNouveau Théâtre d'Angers
Centre Dramatique National -Scène Nationale d'Aubusson.
création à Aubussonle 8 mars 1994
Angers et agglomération19 représentations 1994
tournée - France13 représentations 1994Les Gémeaux - Sceaux5 représentations 1994
Dans L'enfant d'Obock, ce qui m'intéresse,c'est d'approcher sans romantisme ce qu'il ya d'un peu secret dans la “vocation” delégionnaire, ce qui conduit de jeunes hommesissus aujourd'hui de plus de cent deux nationa-lités et qui ne parlent le plus souvent pas lamême langue, à rejoindre ce corps d'arméeunique au monde ; ce qui pousse des chômeurs,marginaux, exclus sociaux, à intégrer (après unesélection stricte : seul un sur dix est admis) cetteunité d'élite où les valeurs militaires de devoir,de dévouement et l'apprentissage du françaiss'acquièrent au prix d'une sévère discipline et denombreux renoncements (interdiction de semarier, d'acheter une voiture, d'avoir un compteen banque durant le premier contrat) ; ce quimotive enfin les plus brillants parmi les officiersà demander leur affectation dans la Légionétrangère.Mais davantage qu'un documentaire sur laLégion étrangère, L'enfant d'Obock est une piècesur les difficultés d'harmoniser vie privée et ser-vitudes militaires, sur le désarroi intime d'uneépouse de capitaine. C'est donc une approche“illégitime” du monde légionnaire.
Daniel Besnehard
La presseObock est une ville de garnison en Républiquede Djibouti. C'est là que Marie aurait vouluadopter un enfant. Son mari, capitaine d'unecompagnie de légionnaires, a refusé. Depuis,d'une ville de garnison à l'autre, elle traîne sadétresse. Les paysages changent, mais qui lesvoit ? Elle, comme le capitaine et ses hommes,sont prisonniers des mêmes bistrots imperson-nels, des mêmes murs blancs qui ne retiennentaucune image – le décor est de ClaireChavanne : quelques panneaux mobiles, lisses,dans lesquels s'ouvrent des fausses fenêtres, destrappes pour laisser passer des lits, une table, desmeubles quelconques.
Écrivant L'enfant d'Obock (paru aux EditionsThéâtrales), Daniel Besnehard a voulu “explorerun territoire humain, celui de la Légion étran-gère”. Un territoire où il a passé des mois àregarder, à écouter, et à retraduire, avec unesorte de compassion détachée. Résultat : unepièce concise, faite de dialogues recomposés, dedétails, de gestes exacts dérythmés. La mise enscène de Claude Yersin joue un cérémonial de labanalité qui rappelle les meilleurs moments du“théâtre du quotidien”. Mais appliqué à cemonde masculin, fermé, qui cultive sa légende,c'est insolite, et étouffant. Les hommes s'entraî-nent à transformer leur “chair en muscles” etleurs “muscles en charogne si une guerre veut denous”. Pendant ces exercices ambigus, pendantque leurs corps presque nus luttent, s'enroulentensemble, ils apprennent à se connaître, à s'ou-blier. Ils apprennent l'anonymat.De temps en temps, ils se souviennent qu'ils ontété ingénieurs, imprimeurs, ici et là. Ils parlentd'un autre monde. Ils vivent entre eux, vont oùon leur dit d'aller, font de l'humanitaire, ou laguerre, c'est selon. Ils obéissent. Loin de la sol-datesque sanguinaire, très loin de Gueuled'amour mais non sans romantisme, la piècedémythifie l'aventure, qu'elle soit héroïque ouamoureuse. (…)Françoise Bette est remarquable de dignité, devitalité dans le rôle ingrat de cette Bovary qui atant à donner et s'est fanée sur pied. Elle a desgestes sans importance, des sentiments simples,sa vérité. Elle fait ressentir à quel point, commetoute société trop homogène, est mutilante cettesociété masculine. Ce corps unique est composéd'individus (Patrick Moutreuil, Eyoum-Deido,Gilles Dao, Karim Belkhadra, Gauthier Baillot)avec à leur tête, Yves Prunier, capitaine ébahiaux allures de comptable, un homme qui ne saitplus qui il est.
Colette Godard. Le Monde
L’enfant d’Obockde Daniel Besnehardmise en scène de Claude Yersin
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Je me souviens…La vie est un compte de faits m'évoque dessouvenirs heureux :tous ces lieux, toujours différents, que nousavons investis, qui ne ressemblaient pas sou-vent à un théâtre et qui, grâce au savoir-faire de Jocelyn, se transformaient en écrinspour nos histoires…
Tous ces publics, jamais les mêmes, et pour-tant… Sans doute étions-nous protégés parnos petites ailes fixées au dos de nos vestes, lamagie opérait chaque fois, rassemblant leshistoires de chacun dans ce compte de la vieque nous proposions… Et à l'issue des représentations, ces petitsmorceaux de leurs vies que des spectateurs
venaient nous confier, depuis les petits riensjusqu'aux grands récits… nous repartions lecœur plein, enveloppés dans l'odeur tenacedes pommes coupées…
Hélène Gay
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avecHélène Gay*
Hélène Raimbault*Philippe Mathé*
productionNouveau Théâtre d'Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire
création à Angersle 9 mai 1994
Angers et Région des Pays de la Loire
35 représentations 1994 repriseAngers
et Région des Pays de la Loire30 représentations 1994/1995
Au travers de textes et de fragments littéraires,La vie est un compte de faits est un voyage quipermet d'entendre comment des écrivainsfrançais d'hier et d'aujourd'hui parlent cha-cun avec leur style des “choses de la vie” : com-ment ils photographient l'époque, les mœurs,pour en restituer avec humour et tendresse leséchos insolites et les situations cocasses : com-ment ils dessinent des portraits de nous-mêmes,des facettes de nos existences dans autant defractions de destins qui nous font supporter lenôtre…En une heure quinze de courts récits, on décou-vre qu'il n'est pas inutile de se laisser raconterdes histoires : les fées de notre enfance quiaccompagnaient nos rêves, prennent dans la réa-lité quotidienne des visages inattendus, mais…en fin de conte, tellement humains.Au générique de La vie est un compte de faits, ontrouve successivement les auteurs suivants :Gisèle Prassinos, Georges Pérec, Jean Cocteau,Georges-L. Godeau, Jules Renard, Jean-NoëlBlanc, Jacques Sternberg, Jean de la Fontaine,Pascal Garnier, Colette, Guy de Maupassant,Georges Perros, Jules Renard, Sacha Guitry,Alphonse Allais, Jean Cagnard, Claude Pujade-Renaud, Pierre Autin-Grenier, Jean-PierreCannet, Christian Bobin.
Edouard Couflet
La presseUne complicité de conciliabule resserre lescomédiens de la Mémoire tout près du public.On joue à bout portant. Il s'agit de petite forme.On oublie même que nous sommes encore, oudéjà, au théâtre, car Philippe Mathé n'a pascassé l'intimité du ton, en passant du mot d'ac-cueil à ses hôtes au premier texte interprété.C'est pourtant bien de spectacle qu'il s'agit, etnon pas de lecture, puisque les acteurs jouent etsont costumés… Près de vingt auteurs sont cités, mis en vis-à-vis,en contrepoint, en incises. Loin des paroxysmeshéroïques, les morceaux choisis par le Théâtrede la Mémoire sont référés au chapelet des petitsriens qui font la chaîne des jours, car la vie n'estpas un permanent état de crise ! C'est un spec-tacle de bonne compagnie, raffiné, intelligent ettrès vivant.
Joseph Fumet. Angers Poche
La vie est un compte de faitsconception, réalisation des comédiens du Théâtre de la Mémoire
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Je me souviens…Je me souviens des voix de tous mes cama-rades et de celle du metteur en scène. Je me souviens d'Aurore Prieto, et deFrançoise Bette manipulant de la toile.Je me souviens de Facundo Bo et de sesmagnifiques dessins. À Paris, nous sommesallés voir son exposition au Village Suisse. Je me souviens de la première scène de l'acteII, que j'avais rédigée en vers, pour le per-sonnage de Grillo. Nous l'avons répétée,
mais Claude Yersin a préféré garder la ver-sion en prose.Je me souviens de la déclivité du plateau.Je me souviens de ma robe coupée dans unvelours d'ameublement. Elle était si lourdeque je parvenais tout juste à la soulever.Je me souviens des séances de coiffure avantles répétitions en grands jupons dix-huitièmesiècle. Je me souviens de la patience de notrecoiffeuse et perruquière.Je me souviens de tensions feutrées entre deux
comédiennes (tensions qui ont fini par s'es-tomper) entraînant celles de leurs partisans. Je me souviens de mon étonnement à cesujet.Je me souviens de chuchotis en coulisse enpassant de cour à jardin sur la grande scènedu Théâtre Municipal. Je me souviens que j'ai aimé jouer Bastiana,la marchande ambulante.
Huguette Cléry
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avec Claudine Baschet*
Françoise Bette*Facundo Bo*
Huguette Cléry*Gérard Darman
Dominique Léandri*Geoffroy Lidvan*
Aurore Prieto*Yves Prunier*
Damien Witecka
scénographie Françoise Darnecostumes Françoise Luro
lumières Pascal Mératmusique Frédéric Bailly
dramaturgie Huguette Hatemmaquillages, perruques
Cécile Kretschmarassistante scénographie Julie Mertzweiller
régie générale Hervé JabveneauAtelier construction décor François DevineauLes Ateliers du costume, Pompéï chaussures
peinture, décoration Jean-Luc Schwarz,Martial Venet, Eric Gazillé, Corinne Martin,
Didier Tardiveldirecteur technique Claude Noël
régie plateau Jean-Pierre Prud’hommerégie lumière Benoit Collet, Gilles Lépicier,
accessoiriste machiniste Philippe Bassetson Vincent Bedouet
coiffure maquillage Catherine Saint-Severhabilleuse Lucie Guilpin
chef machiniste Jean-Luc Giret, machinistesPatrick Ménard, Jacky Paré, André Hamard,
Raymond Potreau, Patrice Prud’homme accessoiriste Thierry Collotte
chef électricien Jean-Luc Debledélectricien Michel Boursier, Jean-Yves Ledu
son Jacky Bedouet
coproductionNouveau Théâtre d'Angers
Centre Dramatique National-Les Gémeaux-Sceaux
Scène Nationaleavec la participation artistique
du Jeune Théâtre National et lesoutien du Conseil Général des
Hauts-de-Seine
création à Angersle 18 octobre 1994
Angers et agglomération13 représentations 1994
tournée France12 représentations 1994
Les Gémeaux-Sceaux19 représentations 1994
Qu'on ne s'y trompe pas. Anzola et Betta,malgré leur intérêt déclaré pour la maison, nesont ni “bonnes” ni “ménagères”. Frustrées,certes, avec des maris absents, trop honnêtes ourésignés, contre lesquels elles tentent de s'affir-mer dans leur maison. Frustrées dans leur désird'enfant, elles ont des idées arrêtées sur leuréducation. Économes par force, elles ont desthéories sur l'économie domestique. Toutesdeux se modèlent sur les convenances de leurmodeste milieu. Anzola est bien une “bour-geoise toute petite, petite”. Ainsi se comporte-t-elle avec Laura, sa vieille servante, et avec lajeune Checca, sa belle-sœur qu'il faut absolu-ment marier, car une “bouche de plus à la mai-son cela coûte cher”. Justement Bastiana,colporteuse et marieuse à ses heures, a dénichéTonino, prêt à épouser la jeune fille. Mais voilà,Tonino est le neveu d'un Levantin, qui importeses habitudes, son drôle d'accent, sa mysoginiedéclarée, mais aussi sa richesse et sa virilité…Mariera, mariera pas ? Les bonnes ménagères setransforment en intrigantes à la petitesemaine…Lorsqu'il écrit cette pièce en 1755, Goldoni estau sommet de son art, il a accompli sa réforme,qui consiste à rendre un contenu psychologiqueet social aux masques traditionnels de la com-media dell'arte. L'auteur est ici attentif aux comportementsd'une petite bourgeoisie menacée par les diffi-cultés économiques et tentée par le repli sur lafamille, la méfiance de l'étranger ; il met enscène toute une humanité saisie sur le vif, avecses travers, ses petits heurs et malheurs, et la faitrevivre pour nous grâce à la verve, au génie del'observation et à la “vis comica” qui font lecharme du grand dramaturge de Venise.
Huguette Hatem
La presseCarlo Goldoni avait libéré la comédie italiennede ses masques. Claude Yersin qui a monté pourle Nouveau Théâtre d'Angers cet inédit du célèbreauteur vénitien, la débarrasse de quelques préjugéspopulistes et la rhabille de soies au charme discret.C'est une dramaturgie intime. (…)On est loin des schémas de la commediadell'arte, même si Gasparo, courtier sans affaireset mari d'Anzola, avec son bonnet et sa chemiseblanche, ressemble encore à Pierrot et que leriche et bruyant Isidoro aux moustaches conqué-rantes prolonge quelque chose des Matamore detréteaux. Un parti-pris de retenue, de tensionsinavouées, d'intimité feutrée fonde le climatambigu, entre le sourire et la cruauté, troublant,du spectacle réglé comme une machinerie d'illu-sionniste avec ses étincelles comiques. Ce pour-rait être une farce tapageuse. C'est une comédietoute de transparences, une rêverie à la fois réa-liste et tendre, soulignée par la musique deFrédéric Bailly et les éclairages de Pascal Mérat. L'interprétation cautionne l'atmosphère. Lesvoix sont mesurées avec de soudaines mais rareséchappées d'humeur. Elles ne sont surtout pasdes mégères. Anzola (l'élégante et autoritaireAurore Prieto) et Betta (la sereine FrançoiseBette). Checca (Dominique Léandri) est d'unejuste simplicité de bon aloi, et la vieille servanteLaura (Christine Baschet) se garde bien de lacaricature. Même la marieuse (Huguette Cléry)garde de la réserve dans la familiarité. YvesPrunier campe le doux Gasparo, et Facundo Bofait rugir Isidoro, manière de Tartarin oriental.Gérard Darman, l'aristocrate, Geoffroy Lidvan,l'amoureux maladroit, et Damien Witecka, lesouffre-douleur de son impérieuse patronne,ferment cette jolie ronde.
Joseph Fumet. Angers Poche
Les bonnes ménagèresde Carlo Goldonitexte français Huguette Hatemmise en scène Claude Yersin
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Je me souviens…Je me souviens de Marat-Sade, première ver-sion (1993) que je mettais en scène dans lesbains-douches de Saint-Nazaire. Tu es sortisouriant et radieux. Tu m'as dit : “c'estquand tu veux à Angers”.Je me souviens, Angers, janvier 1995,Medea, les inondations, la péniche qu'Éve-lyne (Istria) a louée sur la Maine.Je me souviens d'un petit caillou, dans lacour de Beaurepaire, fatal à la chevilled'Évelyne… séances de kiné… pendanttoutes les répétitions… ouf, ça tient !
Je me souviens d'un délicat changementdans la distribution après trois semaines derépétitions. On se voit tard dans la nuit,hôtel d'Anjou. Vas-tu remplacer l'acteur enpartance ? en définitive, non !Je me souviens de toute l'équipe du NTA,beaucoup sont là, encore et toujours.Je me souviens de toi à Caen.Je me souviens de tous tes spectacles de là-bassans les avoir vus : j'étais abonné à la revuedu CDN.Je me souviens t'avoir écrit à ton arrivée àAngers. Je ne t'avais jamais croisé. C'était
pour te souhaiter la bienvenue en Ligérie.Je me souviens de Daniel B., je me souviensde toi, de vous, accompagnateurs attentifs demon travail. Je vous remercie. Je te remercie.Je me souviens d'un portrait de jeunehomme, “trop beau” comme ils disent. Je me souviens d'une barbe blanche, d'unemain sincère, d'une voix forte parfois.Je me souviendrai de toi, Claude, et pour lapremière fois je t'embrasse, cher camarade.
Christophe Rouxel
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Evelyne Istria*Hermine KaragheuzFrançois Le Gallou
Claude LévêqueGuy Parigot*
et les enfants Amaury DelinotAlexandre Delinot, Simon
Foulonneau, Valentin Rive-Cecchini, Adrien Durand
Arthur Plard
scénographie Silvio Crescolicostumes Françoise Luro
lumières Christophe Olivierassistant à la mise en scène Thierry Beucher
collaboration dramaturgique Laurent Maindon, Stéphane Jouan
collaboration artistique François Le Gallouentraînement vocal Martine Viardrégie générale Hervé Jabveneau
réalisation du décor François Cotillard, Jean-Luc Bernier, Joël Charruau, Pierre Leroy,
Mathieu Ranarison des Ateliers municipaux d’Angers
directeur technique Claude Noëlrégie plateau Jean-Pierre Prud’homme
régie lumière Benoit Collet, Gilles Lépicieraccessoiriste machiniste Philippe Basset
son Jacques Braultopérateur son Vincent Bedouet
machinistes-constructeurs Patrick Forner
Joël Broussonhabilleuse Lucie Guilpin
coproductionNouveau Théâtre d'Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire -
Théâtre Icare - Scène Nationalede Saint-Nazaire
première représentation à Angersle 1er mars 1995
Angers et agglomération16 représentations 1995
Saint-Nazaire8 représentations 1995
Une tragédie adaptée par un grand poètecontemporain, un capitaine douloureux etfurieux, un combattant enragé et engagé,prodigieux rêveur, faiseur de massacres, parla seule arme du poète : le verbe.Son verbe engendre les faits, modifie les situa-tions, produit le mouvement.Son langage, seul producteur de la réalité, s'em-pare souverainement de la scène et soumet lespersonnages à son empire.Médée trahit son peuple (La Colchide -Géorgie), son père et tue son frère pour l'amourd'un homme (le Grec Jason). Elle est trahie àson tour par Jason et Créon roi de Corinthe.Médée tue alors ses enfants, les enfants de Jason,et part pour un nouvel exil, impunie.Pour devenir grecque et femelle, elle s'estoubliée et s'est trahie. Par l'infanticide et l'exil,elle redevient cette vérité qui porte son nom :Médée.Est-ce le sens de sa vie qui est en jeu ou la pos-session de Jason ?Médée est-elle celle par qui l'ordre social peuts'effondrer, une collectivité paisible devenir unehorde barbare et inhumaine ?
Christophe Rouxel
La presseL'élément principal du décor, qui étreint le fondde la scène, est un treillis de cuivre, voile dia-phane sur lequel la lumière et la couleur se suc-cèdent et se fondent pour évoquer les rempartsde la ville, la forêt d'automne aux tons cuivrésou l'embrasement dévastateur de la colèreincandescente de l'héroïne. Cet astucieux arti-fice de mise en scène nous plonge dans la desti-née d'une femme amoureuse, totalement vouéeà sa passion pour Jason. (…)
Point n'est besoin de connaître les complexesméandres de la mythologie grecque pour suivrecette pièce de Jean Vauthier, tirée de Sénèque.L'auteur, avec son verbe impétueux et lyrique,au bouillonnement poétique, fouille la douleurd'une femme éprise d'absolu, bafouée, briséepar les faux-fuyants, le mensonge, la duplicité,habituels oripeaux de la raison d'État. EvelyneIstria, dans le rôle-titre, est poignante de véritédans la démesure des sentiments qui la submergent,l'emportent comme un irrésistible mascaret. Etla voix de stentor de François Le Gallou, encoryphée, massif, hiératique, fait résonner uncontrechant tonitruant dont on ne retient dansle torrent des mots que la musique tumultueuseet pathétique. Mais, dans cette descente auxenfers de la vengeance aveugle, on ne sauraitoublier les autres comédiens, de Guy Parigot(Créon) à Claude Lévêque (Jason), en passantpar Hermine Karagheuz (la nourrice) ouThierry Beucher (le messager). Tous participentavec talent à cette somptueuse symphonie tragiquequi nous renvoie aux origines du théâtre pourmieux nous faire toucher du doigt son immor-talité. Christophe Rouxel s'était imposé cetteadaptation difficile comme un défi à lui-même.Il l'a pleinement remporté. Sa Medea est un évé-nement à ne pas manquer.
Pierre Bigot. Ouest France
Medeade Jean Vauthier d’après Sénèquemise en scène Christophe Rouxel
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Je me souviens… Je me souviens d'un serment profond, d'unpari fou, d'un rêve Daoudesque et de cettejoie immense quand tout devint possiblegrâce au capitaine Von Yersin… Main dansla main et jusqu'au bout… Je me souviens :C'est mon anniversaire… Un vœu ! Un sou-hait !… Une croisière sur le Président…Trois heures de Potsdam à BerlinTempelhof… Je me souviens de ce rêve le longdu Teltow Kanal… Euphoriques et fiévreux,main dans les mains, Sauvegrain etBesnehard toujours à crier : liberté !… Lessirènes hurlent, je m'souviens… Course follepour ne pas rater l'embarcation… Rires,
excitation, et rappel à l'ordre dans les hautsparleurs de Surel… Musiques… Vent…Mon foulard rouge danse, prêt à s'envoler.Vite, grimper la passerelle sans trébucheravec mes talons hauts stressés et mes lunettesfumées… Je me souviens de PernetteFamelart la belle fille à fossettes, toujoursconstante, qui larguait les amarres sous l'œilbleu attentif du capitaine. Je me souviens…Un charme… Les mouettes rigolent iro-niques, il y a des fleurs en plastique sur lestables signées Marty mais les lumières du jourqui se reflètent sur l'eau me font penser à untableau de Mérat… Légèreté dans l'air… Jeme souviens du frisson déclenché par le bel et
tendre ivrogne aux muscles bien tendus : cefarceur de Belnet, mon flirt de l'Est qui sen-tait bon la bière et me coursait goguenardpour me faire une coupe “façon Couscous” ;complice de Sauvegrain, qui dans nos déliresimaginaires chantait : “L'essayer c'est l'adop-ter !”… Je me souviens… un ange passe…des restes de murs le long des berges, le souve-nir de ma grand mère couturière…Vestiges ? Vertiges ! Merci capitaine. Ich werde nichts vergessen.Welch schönes Geschenk ! Welche schöneReise ! Ich werde Dich für immer im Herzenbehalten... mein Kapitän von Yersin !
Catherine Gandois
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avec Thierry Belnet*
Catherine Gandois*Didier Sauvegrain*
scénographie Charles Martyrégie générale et costumes
Pernette Famelartlumières Pascal Mérat
sons Isabelle Surelconseiller technique coiffure
Catherine Nicolascollaboration dramaturgique
Daniel Besnehardrégie-construction Didier Gord
coproductionNouveau Théâtre d'Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire -
Festival d'Avignonavec le concoursde Beaumarchais
avec l’aide à la créationdramatique du ministère de la
Culture, direction du Théâtre etdes Spectacles
création à Villeneuve-lez-Avignonle 23 juillet 1995
Festival d'Avignon6 représentations 1995
Angers et agglomération30 représentations 1995
tournée France5 représentations 1995
Genève6 représentations 1995
Pour son anniversaire, Wilma a voulu unecroisière sur le Teltow Kanal avec Erich, sonmari. Nos deux petits-bourgeois de l'Ouests'embarquent sur Le Président, longeant l'an-cienne frontière entre Berlin et l'ex-RDA,départ de Potsdam et arrivée à Tempelhof àBerlin, trois heures après. C'est une compagnie de navigation de l'Est. Il ya des fleurs artificielles sur les tables, des ouvrierssaouls montent à bord. Sur les berges, il y a desrestes de mur. Tout, même la nature, évoque unje ne sais quoi de différent, de socialiste…Wilma serre les dents. Toute cette souffrancetoutes ces années, surveillance, punition…Survient Udo, de l'Est, ivre et qui insulte lesskinheads braillant sur les rives. On fait les pré-sentations. La bière aidant, pourquoi ne pasadopter ce tendre ivrogne, forcément paumé,qui doit manquer de tout ? Et de quoi sera faitle réveil ?Le Teltow Kanal est chargé d'histoire. Il rouleune eau sanglante, de suicidés, de noyés, de flin-gués. Il était impraticable avant la chute du mur.Aujourd'hui, il est symbolique d'une absurditéqui mettra du temps à se dissoudre dans Berlin,la ville utopique.Teltow Kanal fait partie d'un ensemble de troispièces, Les oiseaux de Berlin, qui comprend éga-lement Imbiss à Oranienbaum et Bal àWiepersdorf.
Anne LaurentProgramme festival d'Avignon 1995
La pressePour l'amour d'Ivane… Ivane Daoudi nous aquittés le 11 septembre 1994. Une conjurationd'amis la rend sacrément présente dans ce festi-val. C'est ainsi que Claude Yersin, qui anime leNouveau Théâtre d'Angers, propose, au cloîtredu cimetière de la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon, sa version scénique et sa mise en scènede Teltow Kanal. Wilma et Erich, mari etfemme, elle fleuriste et lui coiffeur (leurs bou-tiques se jouxtent), petits-bourgeois de Berlin-Ouest, s'embarquent sur Le Président. À bord,ils rencontrent Udo, sympathique prolo de l'Est,passablement imbibé. De fil en aiguille, le cou-ple décide de l'adopter ; ils n'ont ni enfant nichien. On retrouve au service de cette belle idéedramaturgique, l'écriture friable d'IvaneDaoudi, ses intuitions, ses bonheurs d'expres-sion parfois contrariés par la rapidité d'évolu-tion des personnages car elle n'installe pas lasituation, brûle trop vite ses cartouches. Et celafait un charme, en même temps, on se ditqu'elle aurait dû exploiter plus avant le gisementde la situation et approfondir ses héros malen-contreux. Yersin a tablé sur la simplicité d'expression ;quelques planches blanches font un pont debateau (scénographie de Charles Marty) tandisque des silhouettes de mouettes signifient l'at-mosphère, avec des sons soignés (Isabelle Surel).Catherine Gandois, Didier Sauvegrain – fer-vents amis d'Ivane et chevilles ouvrières del'hommage à elle rendu – jouent le couple enpanne d'amour. Elle est toute séduction dehors,lui plus distant, tandis que Thierry Belnetdéploie sa jeune force.
Jean-Pierre Léonardini. L'Humanité
Teltow Kanalde Ivane Daoudiversion scénique et mise en scène Claude Yersin
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avec Daniel Briquet*
Patrick Moutreuil*Philippe Polet*
scénographie et costumesTim Northam
lumières et régie généraleBenoit Collet
musique et chantChristine Peyssens
chef de chantChristine Céléa
réalisation des costumesLucie Guilpin
responsable construction dudécor Hervé Jabveneau
réalisation décor François Cotillard, Jean-Luc
Bernier, Joël Charruau, Ateliers municipaux d’Angers
directeur techniqueClaude Noël
régisseur généralDidier Gord
électricienJocelyn Davière
opérateur sonVincent Bedouet
machinistePhilippe Basset
régieJean-Pierre Prud’homme
Gilles Lépicier
productionNouveau Théâtre d'Angers
Centre Dramatique National
création à Angersle 13 novembre 1995
Angers et agglomération29 représentations 1995
“Ce douloureux camarade”, c'est ainsi queMallarmé parle de l'abbé Jules dans un cour-rier à Mirbeau. C'est une impression semblableconcernant Mirbeau qui m'a rapproché de luidurant ces quatre mois de lecture. C'est cetteimpression qui a orienté la construction duspectacle et le choix du titre Comment devenirun homme.Des lectures se dégageaient quelques récurrencesentêtantes : l'homme, l'être masculin singulieret sa difficile et douloureuse maturation allantd'incertitude en insatisfaction et d'insatisfactionen déception, il était le héros martyr de tous lesrécits. La France, et plus particulièrement ce quej'ai vite appelé l'enfrance, paysage typique, pro-vincial, saturé de manques et de souvenirsrageurs où aux désarrois virils s'ajoutent deséducations débilitantes et des morales pingres etcraintives. Chaque roman commençait par des enfancespetites-bourgeoises, très françaises, qui ne pou-vaient manquer, et c'était la progression drama-tique inexorable de chaque roman, de produirede catastrophiques expériences amoureuses et dedouloureuses dépendances politiques et profes-sionnelles. La souffrance et le combat des motspour la nommer au plus près. La rage d'essayerde dire et de ne pas trouver la forme, la traduc-tion convaincante d'une souffrance ancienne ettranshumante. Le récit, pour ménager dans ladescription naturaliste, l'apparition de la mons-truosité, celle que l'homme rencontre sur saroute et dans ses pulsions.J'ai donc cherché à imaginer une forme qui per-mette à des acteurs de raconter ça à travers desfragments que j'ai regroupés selon les âges de lavie.
Yves Prunier
La presseJuchés sur de bizarres tubulures articulées, troischimpanzés aux faces grimaçantes s'humanisentpour évoquer l'univers cauchemardesque deMirbeau : une planète des songes irriguée descories noirâtres, éclairée d'une sombre beauté,semée de traits d'humour ravageur, bruissantede fureurs, de sarcasmes et de folles espérances.On se méfie, à juste titre, des collages littéraires,qui sont souvent une façon habile de masquerl'absence d'inspiration : pour rendre hommage àl'écrivain, il eût été certes plus commode d'ex-purger de sa production une de ses pièces dontil n'était d'ailleurs pas avare. C'était prendre lerisque du raccourci et Prunier a préféré muserdans l'itinéraire bis, échafaudant un spectacle àpart entière à partir de textes choisis que les psysappellent “signifiants”.L'adaptation en ombres chinoises du célèbreJardin des supplices est un beau moment de théâ-tre qui révèle à merveille la dualité du person-nage : épris de beauté radieuse et fasciné par lespulsions morbides, comme un vampire tristeque guettent les cruelles fins de nuit. Jusqu'à laféroce ironie de l'ultime tableau, Prunier etMirbeau, à un siècle de distance, rappellent àl'envi que la comédie est davantage fondée surnos défauts que nos qualités et que, commeSocrate, “l'homme est seul et nu” de la naissanceà la mort.
Marc Déjean. Ouest-France
Comment devenir un hommed’après des textes d’Octave Mirbeauconception et réalisation Yves Prunier
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Je me souviens…Lorsque le souvenir me visite de ce décorexcessivement sinistre que j'avais signé pourMariage à Sarajevo, j'y vois se déplacercomme en rêve, dans un profond silence, unfauteuil roulant ; et cela ne m'apparaît pasplus incongru que le passage d'un fantômedans son château gothique.Je me rappelle ce dernier jour de montage :
Claude Yersin était venu arpenter son nou-vel espace de jeu. Contraste saisissant entrel'image physique et morale de Claude, quej'ai toujours associée à l'air pur et aux sourcesfraîches des montagnes, et ce décor si sombre,enfermant, vicié. Et c'est là, à la lisière dusol de faux béton que le décor tendit sonpiège (trente millimètres de dénivelé) et quele metteur en scène vint s'y tordre la cheville.
Il y eut un cri étonné “Charles !”, puis unsecond cri, plus douloureux. Le fait est queClaude Yersin dut poursuivre courageuse-ment sa mise en scène dans un fauteuilroulant…Ce n'était pas ma première collaboration avecClaude Yersin et ce ne fut pas la dernière.
Charles Marty
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avec Natacha Mircovich*
Andrée Tainsy*Arnaud Apprederis*
François AubineauNicolas Berthoux
Daniel Briquet*Karim Fatihi
Patrick MoutreuilPhilippe Polet*Yves Prunier*
Louis-Basile Samier*Hugues Vaulerin
scénographie Charles Martycostumes Françoise Luro
assistée de Christian Macélumières Pascal Mérat
maquillages Cécile Kretschmarmusique Erik Marchand
chef de chant Christine Céléacollaboration artistique
Daniel Besnehardson Vincent Bedouet
régie générale Hervé Javeneauréalisation du décor
Vital Desbrousses, Proscénium(Rennes), Ateliers de décors
municipaux d’Angers (FrançoisCotillard, Jean-Luc Bernier, Joël
Charruau, Pierre Leroy)
productionNouveau Théâtre d'Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire
création à Angersle 30 janvier 1996
Angers et agglomération17 représentations 1996
tournée France6 représentations 1996
Ce Mariage à Sarajevo peut avoir lieu par-tout où règne la guerre. Les acteurs principauxdu drame : un jeune couple – tous deux étu-diants en art dramatique – qui répète les grandsmots d'amour. Ils aimeraient se marier, se direoui pour la vie, dans la peur constante de perdrel'autre, de mourir trop tôt. Par hasard, la jeunefille tombe sur un trafiquant de marché noir quilui offre d'arranger pour elle et son ami unmariage – même si ce n'est qu'un mariage d'ap-parence, toujours mieux que pas de bonheur dutout. Malgré les scrupules du jeune homme, lajeune fille se laisse entraîner dans un mariageorganisé, qui, contre paiement des frais deréception, doit être filmé par une équipe de télé-vision étrangère.Lorsque “l'organisateur” se fait pressant, et qu'en-tre lui et le jeune homme s'engage, avec pourenjeu la jeune fille, un combat que ce dernierperd, il ordonne à ses amis de violer la jeune fille.Il importe de savoir que cette issue est prévuedès le début, et que l'équipe de télévision a étéinformée au préalable qu'elle doit filmer le violpour réaliser, à partir de ce matériel, et diffuserà l'étranger une vidéo de “porno-violence”…Je sais, Mariage à Sarajevo n'est pas précisémentune pièce commode, et je me dis que ce n'estpas non plus une pièce anti-guerre ou quelquechose de semblable : c'est plutôt la tentative deporter l'étincelle d'une tragédie dans notreconscience détruite par les médias, après que, defaçon métaphorique, les flammes olympiquesdes bonnes mœurs, de la morale et de l'éthiquese soient éteintes, et que toutes retraites auxflambeaux, et autres chaînes de bougies appa-raissent en ce moment comme inutiles.Le motif qui m'a poussé à écrire cette pièce a étéune information de presse : la circulation devidéos pornographiques concernant des violscollectifs dans l'ex-Yougoslavie ; autant sur lethème art et vérité.
Ludwig Felstraduction Claude Yersin
La presseLa mise en scène de Claude Yersin nous faitassister “en direct” à la mise en scène du réeldans l'image médiatique. Le cadre de scène,d'abord comme un écran géant, puis la caméraqui cadre les situations, le cadreur, le reporter, lepreneur de son, les scènes de tournage, s'inter-posent entre nous, les spectateurs, et l'universdéchiqueté, saccagé, ruiné de Sarajevo dont ledécor de Charles Marty rend compte à traversquelques traces et lieux fragmentaires…Un parallèle apparaît avec clarté entre le violmédiatique de la réalité, la mise en scène dudésastre et de la mort, et le viol de la jeunemariée. En contrepoint du jargon du commen-taire médiatique des événements, la parole dou-loureuse, meurtrie des habitants de Sarajevo, quitel un chœur de la tragédie, interviennent entreles tableaux, témoins, victimes et mémoire del'horreur. La parole lyrique du “chœur”contraste avec la violence, la brutalité, la cruautédes rapports entre les personnages, y compris lecouple d'amoureux (Arnaud Apprederis etNatacha Mircovich) bouleversant dans leurinnocence, dans leur urgence de vivre leuramour mutilé par la guerre, frustré et assoiffé detendresse.Le souteneur, organisateur du mariage, Amer(Daniel Briquet), brutal, endurci, laisse cepen-dant lui aussi échapper quelques restes de sensi-bilité. De même le reporter (Yves Prunier).L'art de cette mise en scène, juste en touspoints, c'est de montrer comment la guerretransforme et pervertit l'humain, à la fois ceuxqui la vivent, ceux qui la manipulent et ceux quien sont les spectateurs lointains. Un spectaclenécessaire à voir pour nous remettre en cause.
Irène Sadowska-Guillon. L'Avant-Scène Théâtre
Mariage à Sarajevode Ludwig Felstexte français et mise en scène Claude Yersin
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Je me souviens…Un souvenir de Félix… “Claude Yersin, tuveux bien rejouer la comédie ?”“Avec toi, volontiers !”Il le fit… et fut un ingrat petit garçon de6 ans, bêtassou, encombrant, de ceux qui
sont rejetés de tous les groupes d'enfants. Ilagitait maladroitement un improbablejouet, mi-râteau, mi-roue de bicyclette. Ilétait parfait !“Et ma barbe, qu'est-ce que je fais ?”“Tu gardes”. Il la garda !
Jean-Quentin Chatelain, walserien entre leswalseriens, fut un Félix impeccable.Il faisait chaud, nous étions si joyeux, quelbel été !
Claude Aufaure
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avec Paule Annen*
Claude AufaureJean-Quentin Chatelain*
Nathalie JeannetClaude Yersin
scénographie René Mettlercostumes Brigitte Massey
lumières Philippe Finckbande son Jean-Marie Bourdat
régie générale Hervé Jabveneau
coproductionNouveau Théâtre d'Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire-
Centre Culturel Suisse-Paris
création française à Parisle 2 mai 1996
Centre Culturel Suisse-Paris21 représentations 1996
Angers et agglomération16 représentations 1996
Félix a quatre ans – c'est fou toutes les idéesqui lui viennent alors qu'il est encore si petit !Il est assez impressionné de comprendre tant dechoses déjà ! Ce “garnement de luxe”, commeson père Robert Walser, saura profiter de cetteapparente insouciance de l'enfance. Cette longuematuration, cette attente d'être quelqu'un, saurontle réjouir comme une très longue grasse matinée.Petite sœur, mère, père, tante bourgeoise,pasteur, camarades de jeux, étudiant “hamle-tien” de Bienne, aideront l'être poétique qu'estFélix à réaliser la fusion de deux réalités dulyrisme : la Nature et l'âme, trouvant commeWalser dans le monde extérieur son cheminintérieur.Les scènes de Félix, écrites en écriture microsco-pique (les fameux microgrammes), ces petitesunités narratives mettant en scène l'enfant entant que créature énigmatique, donnent à voir leplus grand par le tout petit, montrant, commedans la fausse perspective du dessin d'enfant,que dans chaque parcelle du monde, il y a lemonde entier.
Claude Aufaure
La presseLe principe walserien de base étant de montrerle grand à travers le petit, le choix, pour le per-sonnage-titre, d'un enfant de quatre ans tombeà pic. Le tour de force consiste à faire tenir parun enfant des propos qu'un enfant proféreraiteffectivement s'il avait déjà conscience de ce quepeut avoir de singulier son état, conscienceréservée aux seuls adultes capables de considérersans nostalgie leurs tendres années. Félix ressembleainsi à un enfant qui, sachant ce qu'il en est dela maturité, se serait, réflexion faite, installé danssa quatrième année.La deuxième difficulté, plus classique, concernel'interprétation. Comment jouer l'enfant (etnon à l'enfant) quand on est adulte ? Jean-Quentin Chatelain relève le défi magistrale-ment. Avec son allure de garnement poussé en
graine, il réussit à faire passer dans sa diction, enla syncopant, en variant débit et rythme, unealtérité telle qu'on la dirait proférée dans unelangue étrangère. Il y parvient notamment enrelevant l'accentuation en fin de mot ou dephrase, en faisant traîner une réponse ou enintroduisant une pause incongrue. Le résultatressemble à un français parlé par un Suissealémanique qui l'aurait appris dans un labora-toire de langues mais ne l'aurait jamais entendudans la bouche d'un autochtone. Avec ça, uneparfaite intelligibilité. Cela dit, qu'est-ce qu'ilraconte, le Félix, dans son impeccable sabir ?Rédigée en mai 1925, la pièce est constituée devingt-quatre saynètes qui, à l'exception des deuxdernières (Félix, c'était fatal, ne finira pas trèsbien), se déroulent donc pendant la primejeunesse du héros. Les épisodes s'appuient toussur une péripétie insignifiante, digne des aven-tures de Bécassine. Félix se dispute avec sa sœur,Félix rend visite à sa tante, Félix est malade,Félix commente Shakespeare avec un étudiantde Berne, etc. Chaque fois, bien que dans desproportions réduites, la séquence donne lieu àdes développements socio-psycho-politico-phi-losophiques frappés au coin d'un bon senstotalement paradoxal. (…)Ce parti pris qui introduit le décalage, la cita-tion et le porte-à-faux comme principaux para-mètres esthétiques, permet de trouver le tonjuste, qui fournit à la mise en scène la légèreté etla finesse sans lesquelles monter Walser tourne-rait à la catastrophe. Il y faut en effet un tact etune qualité d'écoute tout à fait inhabituels etmême anachroniques dans le paysage actuel duthéâtre. Comme le dit Félix avec un jubilantirrespect et une vraie fausse modestie : “Je m'en-chante littéralement. Ce que ça doit être agréa-ble d'être content de moi !” Content de lui, ilfaudrait être particulièrement acariâtre pour nepas l'être !
Hervé Gauville. Libération
Félixde Robert Walsertexte français Gilbert Musymise en scène Claude Aufaure
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Je me souviens…Je me souviens que Claude Yersinétait bien le seul à prononcer correc-tement le nom de l'auteur (le “ch”réclame un mouvement de gorgepropre aux germanophones).“Chaplin a demandé à Hitler de luiconfier sa moustache à titre de prêt.Les négociations se poursuivent.” Jeme souviens que cetteblague de l'auteur nous avait donnéle ton du spectacle : lucide, féroce ettendre.Je me souviens que l'atelier Jean-Dasté accueillait des spectateurspour la première fois. Sur cet espacepage blanche, je me souviens detables en métal, de lustres de fauxcristal. Et des chaises en bois brutqui venaient de Pologne et qu'ontrouve un peu partout, aujour-d'hui, dans les locaux du NTA.
Monique Hervouët
Je me souviens que nous vint le mes-sage du passé et que passa la pré-sence du messager.Je me souviens de notre incoercibleémotion.Je me souviens que nous croyions auprogrès.Je me souviens que nous ignorions lerebours de notre temps. Je me sou-viens que nous pleurons encore sansapprendre à rire.
Claude Chestier
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avec Yannick Renaud*
Philippe Polet*Yves Prunier*
scénographie et costumesClaude Chestier
lumières et régie généraleBenoit Collet
bande son Vincent Bedouetcostumes Lucie Guilpin
assistée de Anne Poupelin etFabien Landais
régie lumière Jocelyn Davière
productionNouveau Théâtre d'Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire avec le soutien
de la Bibliothèque de prêt deMaine-et-Loire
création à Angersle 7 octobre 1996
Angers et agglomération24 représentations 1996
Pays de la Loire3 représentations 1996
repriseAngers et agglomération
12 représentations 1997tournée France
16 représentations 1997
Peut-on rire de tout ? Le talent d'un satiristeest de répondre obstinément par l'affirma-tive. Même dans des périodes aussi tourmentéesque ce Berlin des années 30, où les lacrymalesauraient tendance à rivaliser avec les zygomatiques,l'espièglerie et la bouffonnerie s'affirment enarme majeure de vigilance. Kurt Tucholsky, cet esprit vivace, demeurantune référence en Allemagne, amoureux de laFrance (qu'il visita de nombreuses fois), resteinjustement méconnu dans notre pays. Effacésans doute par l'ombre écrasante de Brecht et deKarl Valentin, auxquels pourtant, par sa plumeet sa clairvoyance, il mériterait d'être associédans nos mémoires.Comme eux, il participa à l'essor d'un genreartistique nouveau et florissant : le cabaret. Ici,pas de réelle incarnation, mais des “figures” quise croisent, des soliloques bavards, des tragédiesétouffées sous l'outrance d'un rire farceur.Ici, pas de réserve : on s'adresse directement auspectateur dans l'urgence et l'appétit de le rete-nir un instant comme pour lui dire : “Voici àmon avis la règle fondamentale de toute exis-tence : la vie n'est pas du tout comme ça, elle estautrement.”
Monique Hervouët
La presseApprendre à rire sans pleurer est le titre d'un livrede Kurt Tucholsky (1890-1935), recueil de textesplutôt courts, contes, anecdotes, aphorismes.Monique Hervouët y a puisé l'essentiel de sonmontage de textes, empruntant aussi à Bonjourrévolution allemande et Chroniques allemandes,tous regrettablement épuisés. Ce journaliste etromancier revient en 1918 du front de l'Est,activiste de la paix, contempteur du confor-misme ambiant et du nationalisme chauvin, enfranc-tireur se créant bien des ennemis par sessemonces, ses pamphlets. Il est le premier à voirses livres jetés au bûcher quand le nazisme s'im-pose et à être déchu de sa nationalité. Il émigreen Suède et, en 1935, se suicide. (…)Le spectacle s'est donné à Angers dans un vastehangar des anciens abattoirs. Les spectateursoccupaient deux rangs de chaises sur les quatrecôtés d'un vaste quadrilatère, aire de jeu.Accessoires : simplement quelques tables carrées,aux pieds lourds, au plateau métallique. Lescomédiens, Yannick Renaud, Philippe Polet,Yves Prunier, les utilisent en divers assemblages.Ils se partagent les textes, se les renvoient dansun jeu rapide. Monique Hervouët, qui les a bienchoisis, donne du rythme à leur enchaînement.On retiendra tout particulièrement une leçon decatéchisme donnée par un nazi à deux enfants :il s'agit de montrer la supériorité de Hitler surGoethe. Et aussi une lettre adressée au “Cherlecteur de 1985” sur le thème “nous ne nouscomprenons pas du tout”, nous n'aurons devous “qu'incompréhension et mépris”. Leshumoristes ne sont pas toujours gais et ne sontjamais optimistes.
Raymonde Temkine. Revue Europe
Apprendre à riresans pleurerd’après des textes de Kurt Tucholskyconception et mise en scène Monique Hervouët
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Je me souviens…Oncle Vania est le premier spectacle quenous avons réalisé ensemble et représente surle plan esthétique, parmi les autres réalisa-tions que nous avons faites, celui avec lequelje suis, dans ma façon d'investir l'espace scé-nique, le plus en accord. Paradoxalement, cetravail fut aussi un des plus éprouvants àvivre que j'aie connus sur le plan personnel.Nous nous connaissions peu et j'avais du
mal à comprendre sa demande. Claude étaità ce moment en quête d'une approche scéno-graphique différente, me semble-t-il, de cequ'il avait pour habitude de concevoir et neparvenait pas à le traduire, ce qui eut poureffet de me plonger dans le doute sur mescapacités à trouver une réponse. De cesmoments difficiles, il reste que jamais il ne sesoit désolidarisé des difficultés que nousconnaissions et progressivement à travers nos
séances régulières de travail un déclic eutlieu. Sa confiance jamais mise en doute dansl'épreuve me permit de reprendre à unmoment le dessus et de saisir finalement cequi devait être à la fois rassemblé : un par-fum d'époque dans un espace épuré.Je garde aussi le souvenir d'une équipe deréalisation (atelier de décor, techniciens,…)entreprenante et très ouverte.
Silvio Crescoli
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avec Marcelle Barreau*
Isabelle BouchemaaIsabelle Mazin*
Catherine OudinPhilippe Bérodot*
Jacques Denis*Louis Mérino
Henri UzureauXavier Vigan
scénographie Silvio Crescolicostumes Françoise Luro
assistée de Carmen Mateoslumières Ghislaine Gonzales
assistée de Gilles Lépicierson Laurent Caillon
assisté de Vincent Bedouetmaquillage Cécile Kretschmar
régie générale Hervé Jabveneaucollaboration artistique
Daniel Besnehardréalisation du décor
Hervé Jabveneau, Ateliers dedécor municipaux d’Angers
(François Cotillard, Jean-LucBernier, Joël Charruau, Pierre
Leroy, Christophe Decuivrie,Didier Moboussin
tapissiers Isabelle Allier, AlainDeniau, Hubert Léger)
réalisation des costumesAteliers du costume Paris
habilleuse Lucie Guilpin
productionNouveau Théâtre d'Angers
Centre Dramatique National
première représentation à Angersle 5 février 1997
Angers et agglomération13 représentations 1997
tournée France 16 représentations 1997
La beauté de Oncle Vania vient de sa simpli-cité ; c'est des grandes pièces de Tchekhovcelle dont l'intrigue est la plus ramassée, laplus tendue. La plus impitoyable, peut-être,dans son constat : voilà comme vous vivez ! Icile temps de la vie et le temps de l'art semblentconfondus.“Ces pièces sans intrigues sont passionnantescomme la vie des autres” dit Elsa Triolet ; on nesaurait réduire Oncle Vania à son synopsis, quele sous-titre de la pièce suffit presque à résumer :Scènes de la vie de campagne en quatre actes…Longtemps intimidé par la complexité de cethéâtre, par la multiplicité de ses interprétationspassées ou récentes, je me décide à l'aborderaussi; s'il est improbable que Tchekhov aitbesoin de moi, je sais que, maintenant, j'aibesoin de lui. Il est parmi les rares (je pense àShakespeare, à Samuel Beckett…) à avoir sucondenser sur une scène l'essentiel de la condi-tion humaine, et il est nécessaire d'y revenir sanscesse, pour notre public, pour nous-mêmes, afinde mieux nous comprendre, de mieux pénétrernotre art.Je ne sais pas encore tout à fait ce que je vais ychercher ; mais je sais que ce théâtre inépuisablenous donnera encore à découvrir… Si noussavions ce que nous voulons faire, le ferions-nous ?
Claude Yersin
La presseCe n'est pas dans la géographie amoureuse quese dessinent les enjeux d'une pièce dont ce quibouge sont d'abord des états d'âme, et dont lesfigures emblématiques sont Vania, jovial et colé-reux, doux et véhément, que Jaques Denispousse dans toutes les subtilités de ses peurs etde ses défaites. Et la fougueuse et ardente Sonia,prête à se brûler les ailes, mais condamnée à res-ter à l'état de chrysalide qu'interprète avec unebelle vérité Isabelle Mazin.Vania qui a “mené une vie de taupe” pour entre-tenir son beau-frère, découvre assez vite que lebrillant professeur n'est qu'un parasite pom-peux, “un hareng académique qui parle de l'artsans y avoir jamais rien compris”. Aussi, lorsqueSerebriakov envisage de vendre la propriété pours'offrir une vie plus agréable en ville, le douxVania, fou de rage et de douleur, sort de sesgonds et tire deux coups de pistolet surSerebriakov qu'il rate. Avec le départ du couple,tout reprend sa place. Tout redevient “paisible etmorne”. L'oncle Vania et Sonia reprennent leurtravail, oubliés du monde et oublieux d'eux-mêmes.Dans les décors de Silvio Crescoli qui suggèrentune atmosphère sans trébucher sur le réalismefolklorique, la mise en scène de Claude Yersinest attentive à rendre sensible la complexité dessentiments qui traversent l'œuvre et les échosqui peuvent nous en parvenir aujourd'hui.Derrière la calme grisaille, chacun est renvoyé àses faillites intimes et plus qu'un vibrant plai-doyer quasi-écologique en faveur de la simplicitédes êtres et des choses, Tchekhov nous dit,comme le poète Constantin Cavafis : “Tu asgâché ta vie ici, de telle manière que tu l'asgâchée sur la terre tout entière”.
Dominique Darzacq. Le Journal du Théâtre
Oncle Vaniade Anton Tchekhovtexte français André Markowicz et Françoise Morvanmise en scène Claude Yersin
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Je me souviens…Je me souviens d'un énorme plaisir d'avoir travaillé dans ce théâtre… Je me souviens, la deuxième version de 27 remorques était infini-ment plus passionnante que la première : dans la deuxième, il y avaittout un fouillis de machines agricoles, de vieux cageots, qui faisaientun jardin déglingué, et un jeu plus âpre des acteurs aussi… MarieMure était parfaite dans ce petit personnage féminin qui se laissecomplètement enlever par le joli cœur italianisant (Thierry Belnet),sous le regard complaisant et calculateur du mari (Lucien Marchal).
Il y avait les poules aussi… Je me souviens de ce personnage qui n'existepas dans la pièce et que j'avais inventé. La pièce parle beaucoup de l'es-clavage et de la négritude, j'ai imaginé un esclave qui s'occupait de lamaison. Il avait des rapports un peu vaudous à la nature, et il fascinaitle personnage féminin. Petit Jo avait fait une superbe cage pour lespoules dans le hall du Beaurepaire, Et puis les musiques du Mississippi, les blues de John Lee Hooker…
Daniel Girard
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avec Thierry Belnet*
Lucien Marchal*Marie Mure*
Jean-Erns Marie-Louise
assistante à la mise en scèneChristine Landrieve
collaboration dramaturgiqueLucien Marchal
costumes Françoise Lurolumières Gilles Lépicier, Benoit
Collet, Jocelyn Davièreson Vincent Bedouet
maquillage Catherine Nicolasrégie générale Hervé Jabveneau
réalisation du décor HervéJabveneau, Ateliers de décors
municipaux d’Angers (FrançoisCotillard, Jean-Luc Bernier, Joël
Charruau, Pierre Leroy)habilleuse Lucie Guilpin
productionNouveau Théâtre d'Angers
Centre Dramatique National
première représentation à Angersle 12 mai 1997
Angers et agglomération22 représentations 1997
repriseAngers et agglomération
14 représentations 1998tournée France
11 représentations 1998
Vingt-sept remorques pleines de coton met enscène un trio. Jake Meighan (60 ans), petit pro-priétaire d'une égreneuse de coton, fait face à laconcurrence sévère de la coopérative des plan-teurs. Il a épousé Flora, une jeune femme “à lapoitrine opulente”. Un soir, il va mettre le feu àl'égreneuse de la coopérative pour récupérer dutravail. Auparavant, il a fait promettre à sa Florade ne jamais avouer à personne qu'il était sorticette soirée-là. Lors d'une visite, Silva Vicarro, lerégisseur de la coopérative, “cuisine” Flora quitrahit malgré elle le secret sur l'incendie.Vicarro, en échange de la non-dénonciation deJake, oblige Flora à céder à ses avances…Il y a donc l'histoire, et puis… Il y a le film deKazan avec ce tramway nommé désir et cet autreavec sa poupée de chair.Il y a ce photogramme où Marlon Brando, torsenu, se tient en bas d'un escalier sous le regard deKim Hunter, quelques marches plus haut, portélongtemps comme une image subliminale.Il y a ce texte lu et relu en cachette avec le troublede l'adolescent qui a le sentiment de faire quelquechose de défendu, propriété condamnée.Il y a cette phrase dernièrement retrouvée : “jesuis incapable d'écrire la moindre histoire si jen'y introduis pas au moins un personnage pourqui j'éprouve un désir physique”.Il y a cette fraternité toujours ressentie face à toutêtre humain qui s'avance à découvert, vulnérable,nu. Et puis encore et toujours l'intérêt que jeporte aux individus assommés, bafoués, excluspar toutes ces sociétés pour qui la différence estun danger. Ici, l'Amérique puritaine avait décidéqu'il existait deux groupes distincts d'êtreshumains – les uns mauvais, malades, dangereux –les autres bons, normaux, convenables.
Daniel Girard
La presseDaniel Girard baigne la véranda des Meighan,où s'organisent les tensions, d'une lumière dewestern qui suggère tout ce qu'il y a d'implaca-ble et d'aride dans un paysage où les corps pois-sent et les nerfs s'aiguisent.La mise en scène discrètement efficace privilégiele hors champ et l'insinuation bien étayée par lejeu des comédiens. Ils nous suggèrent avecfinesse tout ce qu'il y a de vulnérable et d'éperdudans ce trio, plus révoltant que bouleversant. S'yajoute l'intérêt d'une découverte, celle de MarieMure, jeune comédienne fraîchement sortie del'école du Théâtre National de Strasbourg, Floraenfantine, vacillant entre provocation et naïveté,insoumission et effroi, finalement bafouée, bri-sée, prise aux pièges des désirs des hommes etdes siens.
Dominique Darzacq. Le Journal du Théâtre
27 remorques pleines de cotonde Tennessee Williamsdécor et mise en scène Daniel Girard
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Je me souviens…Je me souviens que Claude est le seul metteuren scène à m'avoir enfermé dans une armoire.Le brave Duc que je jouais dans Mesurepour mesure s'en va se déguiser en moinepour pouvoir ainsi visiter son peuple inco-gnito. Je me souviens que je devais surgird'une armoire située au centre du plateau,élégamment habillé en Duc et revêtir peuaprès la robe de moine.
Je me souviens que ladite armoire était audépart en coulisses, côté cour… Je m'y intro-duis – on referme la porte à clef – et en routepour un petit voyage !Ça va Alain ? me demande-t-on ? Alors on yva ! Mon armoire part sur roulettes, brin-guebalante, moi à l'intérieur me tenant auxparois, légèrement voûté pour y faire tenirmon sublime chapeau, le cœur battant,essayant de rester concentré. La clef tourne
dans la serrure. Vincent ouvre grand lesdeux battants. Et j'effectue ma sortie prin-cière… face au public.Cela paraît ressembler à un rêve d'acteur.Je me souviens entre autres, de ce beaumoment magique que tu m'as offert, moncher Claude.
Alain Libolt
avec Silvia Cordonnier
Hélène Gay*Agnès Pontier*Quentin Baillot
Christian CloarecJean-Claude Jay*
Alain Libolt*Nicolas MoreauVincent Schmitt
Pierre TrapetHenri Uzureau
décor et costumesElizabeth Neumüller
lumièresPascal Mérat, Gilles Lépicier
son Vincent Bedouetassistante à la mise en scène
Monique Hervouëtrépétitrice chant Christine Céléa
maquillage et prothèsesCatherine Nicolas
régie générale Hervé Jabveneauréalisation du décor Hervé
Jabveneau, Ateliers de décorsmunicipaux d’Angers (François
Cotillard, Jean-Luc Bernier, JoëlCharruau, Pierre Leroy, Hubert
Rouger)réalisation des postiches
Atelier Denis Poulinréalisation des costumes
Atelier Le Mazarin (CélineMarin, Séverine Thiébault,
Jocelyne Cabon, Lucie Guilpin)
production Nouveau Théâtre d’Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire avec la partici-
pation du Jeune ThéâtreNational
première représentation à Angersle 5 mars 1998
Angers et agglomération15 représentations 1998
tournée France7 représentations 1998
Théâtre de l'Est Parisien7 représentations 1998
Il était une fois une cité aux mœurs corrom-pues, abandonnée à la vérole par le laxismede son duc...Il était une fois un “ministre intègre”, qui se tar-guait d'être sans faiblesse pour les autres commepour lui-même...Il était aussi un jeune homme de bonne famille,condamné à mort pour l'exemple, au nom durétablissement musclé de la “moralité publique”.Il était encore une jeune fille, pure et dure, som-mée comme Antigone de choisir entre le salutde son âme et la vie de son frère…Ainsi va la parabole qu'un Shakespeare préoc-cupé de problèmes éthiques nous propose : unede ses plus intrigantes “pièces problématiques”,commencée comme une tragédie et terminée enhappy end ambigu ; il y mêle convention élisa-béthaine et réalisme psychologique, vers etprose, scènes triviales et débats de haute volée,ombres et lumières, pour mettre en questionsl'administration de la justice et le gouvernementdes États, le puritanisme affiché et les faiblesseshumaines – trop humaines – l'amour, l'instinctsexuel, la peur de la mort…On y voit opposer les férocités réciproques dumartyre par vertu et de la tyrannie intégriste parun poète en pleine maturité et maîtrise de sesmoyens, ayant acquis la lucidité que confèrel'expérience, et qui, la sagesse venant après laplongée violente dans un monde en bouleverse-ment, aspire désormais à l'indulgence et à latolérance... faute de pouvoir (de vouloir ?)répondre aux questions qu'il se (nous) pose.Tous personnages et situations, bien sûr, dont lacoïncidence avec des réalités contemporaines nesaurait être que purement fortuite !
Claude Yersin
La pressePièce insolite dans l'œuvre de l'Elisabéthain,Mesure pour mesure noue et dénoue les ficellesd'une intrigue rocambolesque où s'emmêlent lesdictatures du désir, de la morale et du pouvoir.Comment concilier les lois impérieuses de la pas-sion et celles qui les réprouvent ? Comment résis-ter à leur transgression quand on en est soi-mêmel'instigateur ? Le duc Vincentio, simulant sondépart pour un long voyage, confie le gouverne-ment de ses états au magistrat Angelo. Celui-cis'empresse de condamner à mort un jeunehomme accusé de fornication. Odieux chantage :le garçon se verra gracié à condition que sa propresœur, vierge aux vœux à peine prononcés, offreson corps à la lubricité d'Angelo. Le DucVincentio, espion travesti, parviendra à déjouerles intrigues de son suppléant. Le propre du géniede Shakespeare est de conférer à chacune de sesœuvres une multitude de niveaux de lecture.Metteur en scène et directeur du NouveauThéâtre d'Angers, Claude Yersin néglige sciem-ment la farce moralisatrice, et opte pour unevision politique. Avec une remarquable subtilité, ilparvient à renverser le manichéisme apparentcontre lui-même, sans pour autant astreindre lapièce à une lecture définitive. Angelo s'avèremoins tyrannique que victime de ses propres pas-sions, et le Duc Vincentio semble préférer lesjouissances perverses de la manipulation à l'idéemême de justice. Cette vision de Mesure pourmesure exige des comédiens une interprétation desplus précises, d'autant plus qu'ils évoluent dans lesdécors dépouillés et fort beaux d'ElisabethNeumüller. Aucun recours à l'astuce ou à l'effetspectaculaire. Tout ici se joue et se déjoue, se lie etse délie, avec une rare et précieuse pertinence.
Pierre Notte. La Terrasse
Mesure pour mesurede William Shakespearetexte français Jean-Michel Dépratsmise en scène Claude Yersin
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Je me souviens…La vigne et le théâtre : tout un travail ! C'est un couple de viticulteurs deChaudefonds-sur-Layon, dont nousétions devenus clients. Dans les conver-sations, nous sentions bien que le motthéâtre, employé pour définir notremétier, les faisait (poliment) sourire. Cemot n'évoquait guère pour eux que latroupe amateur qu'ils avaient été voir,famille ou voisinage oblige, un dimancheaprès-midi de l'année d'avant dans lasalle des fêtes du village. Bien sûr, la têtede Jacques Denis, il leur semblait bienl'avoir vue à la télévision, mais dansquoi ? La lucarne familière conférait unpeu plus de sérieux à l'affaire, maisquand même… toujours sceptiques surla réalité de notre activité professionnelle.La tournée de La Moscheta passait parChaudefonds et d'autres communesenvironnantes. Nous leur avons envoyéun carton d'invitation. Un soir de juin,dans la salle du conseil de la mairie deChalonnes-sur-Loire, ils étaient là. Unpeu gênés et émus d'être assis si près desacteurs, presque impliqués eux aussidans l'aire de jeu, entre la baraquerouge et la baraque bleue… À la fin, ilsont attendu Jacques-Ruzante pour luidire : “C'est incroyable ce que vous vousdémenez ! Et puis vous transpirez aussi,c'est un peu comme nous dans la vigne !Un vrai travail !”. Dionysiaque, bien sûr !
Rosine Lefebvre
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avec Anne Dupuis
Karim Belkhadra*Jacques Denis*
Hugues Vaulerin
scénographie et costumesAnita Renaud
musiqueJean-Michel Collet
maquillagesCatherine Nicolas
lumièresJocelyn Davière
accessoiresPhilippe Basset
couturièreAnne Poupelinrégie générale
Hervé Fruautréalisation du décor
Ateliers de décors municipauxd’Angers (François Cotillard,
Pierre Leroy, Jean-Luc Bernier,Joël Charruau)
productionNouveau Théâtre d’Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire
avec la participationdu Jeune Théâtre National
première représentation à Angersle 16 avril 1998
Angers et agglomération22 représentations 1998
tournée Région Pays de la Loire25 représentations 1998
Jusqu'à Brecht, le théâtre dit sérieux ne s'estguère intéressé aux catégories sociales dupaysan et de l'ouvrier. La tragédie les ignore, lacomédie les tolère – à certaines conditions deridicule –, seule la farce leur donne la parole. Cen'est point un hasard si ce mot signifie aussihachis de cuisine.Le personnage populaire n'a d'existence théâ-trale, avant le XXe siècle, que dans la fonction devalet, donc dans un rapport de soumission auxpersonnages nobles ou bourgeois.Sans attribuer à Angelo Beolco des intentionsréformatrices ou révolutionnaires qui seraientanachroniques, tant dans l'histoire du théâtreque dans celle du monde, il est intéressant d'ob-server son œuvre, et en particulier La Moscheta,sous cet angle.Dans cette courte période entre la farce médié-vale et la commedia dell'arte, Beolco crée despersonnages-paysans qui ne sont pas de simplessilhouettes à fonction comique, ni les faire-valoir du protagoniste. Beolco les montre entreeux, dans leurs rivalités amoureuses, leursconflits d'intérêt, avec leurs peurs et leurs joies,dans leur lutte quotidienne pour s'accommoderdu réel, faute de vivre dignement. Il nous montreleur extraordinaire vitalité et leur aptitude à lasurvie grâce aux histoires qu'ils se racontent etqu'ils nous racontent. L'incapacité de Menato àexprimer son amour à Betia est aussi grande queson envie physique, le désir de Ruzante d'êtreun héros est aussi grand que son impuissance àl'être : ces contradictions sont alors source decomique autant que souffrances tragiques.C'est là qu'est la force théâtrale de cette œuvreet ce qui permet de la monter encoreaujourd'hui.
Rosine Lefebvre
La presseUne histoire de pauvre bougres. On les a nippés audécrochez-moi-ça du coin. La cloche sied auxclowns. Nos trois compagnons de hasard et d'infor-tune vont se jouer les pires tours, comme au cirque.L'enjeu de l'affaire, c'est Betia, la femme de ce vau-rien de Ruzante. Menato, le paysan sans terre,réchaufferait volontiers le bon souvenir qu'il a gardéd'une aventure partagée, jadis, avec la belle. Tonin,le brave soldat, lorgne, lui aussi, de ce côté-là.Même si, à Padoue, il n'est qu'un étranger, un ber-gamasque, bon à rouler, bon à rosser. C'est le quart-monde chez l'Arioste et Machiavel, la misère,puisqu'on n'y peut rien changer, jetée en pâture à lafarce. Le titre de la comédie en pose le vrai sujet : lemoscheto, c'est le beau parler, tel que pour se fairevaloir, ce rustre de Ruzante s'y risque un instant.Parce que l'Italie du XVIe siècle était une vraieBabel ! Rosine Lefebvre a mis au point un langagepopuliste atemporel, assez vert, à la gouaillerenouvelée ; on sourit. A l'atelier Jean-Dasté, spec-tateurs et comédiens sont à bout portant. Le longd'une manière de ruelle, aux extrémités bornées pardeux cabanes, les personnages vont et viennent, secherchent, s'esquivent, s'attrapent. La mise en scèneséduit, réglée comme un ballet de marionnettes.Mais ce n'est pas drôle. Les acteurs jouent juste. Ilssont réalistes. Ils s'appliquent, mais sans délire.Jacques Denis, Ruzante le fier-à-bras, HuguesVaulerin, Menato le faux camarade, KarimBelkhadra, l'honnête soldat et Anne Dupuis, lamadrée Betia. Monstrueux, ils seraient burlesques.Vraisemblables, ils sont inquiétants…
Joseph Fumet. Angers Poche
La Moschetade Ruzantetraduction et mise en scène Rosine Lefebvre
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Je me souviens…Quand je suis arrivée à Angers pour répéterHudson River de Daniel Besnehard,Claude Yersin et moi ne nous connaissionspas. Beaucoup d'années de théâtre avecdivers metteurs en scène m'ont rendueméfiante, je dirais même sceptique. J'ai
rapidement jugé que j'étais devantquelqu'un de rare aujourd'hui, unMonsieur, je dirais même un “HonnêteHomme”, comme on l'entendait au XVIIe
siècle ; rigueur et honnêteté sont les qualitésfondamentales de cet homme-là : une vieconsacrée à la culture théâtrale, servant
avant tout le texte, impartial vis-à-vis d'au-trui et aussi, ce qui est plus exceptionnel, delui-même. Mon estime s'est installée aucours des mois de travail et ma considérationrespectueuse lui est acquise.
Hélène Surgère
Je me souviens…Je me souviens d'un décor couleur havane,des meubles cinquante, un canapé de skaïrouge, une table en teck... On aurait dûapercevoir l'Hudson River de la bow-win-dow. Comme tout cela était un ersatz dethéâtre, il fallut se contenter d'un cyclo unpeu triste. Claude Yersin avait soigné son casting :Christian, Marie, Nathalie et Hélène don-
naient le change, jouaient superbement lesliens du sang. Il y avait aussi deux acteursanglais, Sheila et Christopher, ils jouaientdans leur langue des personnages améri-cains. Il y avait Maxou, une chienne boxeradorable qui entrait en scène comme uneprincesse. Et puis hors champ, il y avait lavraie fille américaine de Maïakovski, Pat.C'est elle qui m'avait donné l'envie d'écrirela pièce. Je me souviens de sa joie profonde,
lors de la première au NTA, elle était venuede New York. Elle était fière, émue d'êtredevenue un personnage de fiction… Je mesouviens de l'immense gâteau de nougatine,en forme de pont. Son génial père avait en1926 intitulé un de ses plus fameux poèmes,Brooklyn Bridge.
Daniel Besnehard
avecNathalie Bécue*Sheila Mitchell*
Marie Mure*Hélène Surgère*
Christian Cloarec*Christopher John Hall*
scénographieChantal Gaiddon
costumesFrançoise Luro
lumièresGilles Lépicier
conseiller musicalYves Orillon
régie généraleHervé Jabveneau
maquillageCatherine Nicolas
sonVincent Bedouet
accessoiresPhilippe Basset
assistant sonBenoit Collet
assistant accessoiristeJoël Brousson
réalisation du décor HervéJabveneau, Ateliers de décors
municipaux d’Angers (FrançoisCotillard, Jean-Luc Bernier, Joël
Charruau, Pierre Leroy)
productionNouveau Théâtre d’Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire
avec la participation artistiquedu Jeune Théâtre National
création à Angersle 4 mars 1999
Angers et agglomération21 représentations 1999
tournée France26 représentations 1999
Les pièces de Daniel Besnehard parcourentun labyrinthe qui suit volontiers le cours defleuves et d'océans… Des grèves de laNormandie à la Vltava de Prague, jusqu'à celointain Obock… 1990 marquait la traversée del'Atlantique avec L'ourse blanche : Ellis Islandétait en vue, mais les passagers ne débarquaientpas. Pour la première fois, avec cette nouvellepièce, Daniel Besnehard pose ses rêves et sesvalises à New York. Dans ce nouveau paysageurbain dont la démesure contraste avec l'humi-lité de la province normande, s'inscrit une his-toire familiale aux multiples visages. L'auteur yinterroge le malaise amoureux, la difficultéd'être ensemble, la fragilité des sentimentshumains, l'inéluctabilité du temps qui passe surtrois générations de femmes et un coupled'hommes, aux prises avec leurs désirs et leursdestins entrelacés.La Normandie est là, en filigrane. L'empreintede l'Est est historique et poétique à la fois : lepoète Maïakovski a visité les Etats-Unis en1925 : un bref séjour au cours duquel il conçutune fille, âgée aujourd'hui de 72 ans, dont la viecroise – hasard ou destinée – celle de nospersonnages… Correspondances subtiles, pontssuspendus dans l'espace ou dans le temps…Comme les chansons des Komsomols, aux derniersvers d'un poème de Maïakovski, les dialogues deHudson River de Daniel Besnehard “font coulerl'Hudson vers Moscou”…
Claude Yersin
La presseLa scène est à New York, dans l'appartementque Pierre, cadre sup' parisien en rupture deban, partage au début avec son amant, musiciende jazz noir. Le nœud de vipères initial sereconstitue dès lors qu'arrivent de Normandie lamère, la sœur et la nièce de Pierre, laquelle ne
sait toujours pas qui est son père… Le passé quePierre en sa tentative d'exil avait tenté de fuir lerejoint donc brutalement, ces trois femmesconjuguant les frustrations à l'acrimonie. Unevoisine, Pat, nommément désignée comme lafille cachée de Maïakovski, porteuse d'une his-toire infiniment singulière, vouée au culte deson géniteur, entre et sort à point nommé,témoin distant de malheurs dont elle n'a pas la clé.Ce pourrait être une pièce de boulevard, car celaen possède, au fond, la structure et l'effectifhumain. Mais tout autre chose se passe, de l'ordrede l'aveu et de l'observation de mœurs d'au-jourd'hui, dans la confrontation de rancœursprovinciales crypto-balzaciennes avec les modesde vie de la Grosse Pomme tandis que planel'ombre géante du poète soviétique arpentant lepont de Brooklyn. Besnehard, à l'abri de lamode, laisse libre cours à des élans de cœur et àdes souvenirs d'enfance à peine travestis.Hudson River, un désir d'exil met en jeu unesensibilité à vif et cultive avec finesse, une affec-tion pour les êtres qui n'exclut pas une certainedureté lucide. Yersin a dirigé ses interprètesd'une main souple et ferme. Dans un décor deChantal Gaiddon, ingénieux, propre à passer enun clin d'œil de la poésie au prosaïsme, on seréjouit de retrouver Hélène Surgère en mèreabusive à la voix aiguë. Christian Cloarec dote lerôle de Pierre d'arrière-plans profonds. NathalieBécue est impressionnante dans une partitioningrate de fille mère inconsolable et la jeuneMarie Mure séduit par un sens intelligent dunaturel. L'acteur anglophone Christopher JohnHall est tout aussi épatant. Ce théâtre pour tous,au demeurant savamment pensé et construit,traite de lieux communs avec originalité.
Jean-Pierre Léonardini. L'Humanité
Hudson river,un désir d’exilde Daniel Besnehardmise en scène Claude Yersin
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Je me souviens…Je me souviens de ce joli Été de Weingarten, répétéau printemps dans la salle Jean-Dasté en compa-gnie des compères Henri Uzureau, ChristopheGravouil et Yves Prunier, respectivement les deuxchats et le petit frère de l'histoire, sous la houlettede Stéphanie Chévara. Un univers poétique,ludique, deux enfants, deux chats...Je me souviens de la barge sur les bords de laMaine, où séjournèrent sur diverses créationsquelques comédiens comme moi “importés”. Je me souviens de la grande gentillesse et de l'ac-cueil familial qui nous fut réservé par toutel'équipe du NTA. Je me souviens enfin de son “état-major”, deClaude et Daniel, comme d'un duo charismatique,attachant, romanesque... c'est en tout cas avecbeaucoup de plaisir et d'affection que de cet Été, jeme souviens.
Emmanuelle Bougerol
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avecEmmanuelle Bougerol*
Christophe GravouilYves Prunier
Henri Uzureau*
scénographieNatacha Cyrulnik
costumesSophie Tandel
maquillageCatherine Nicolas
lumièresJocelyn Davière
sonVincent Bedouet
Jean-Christophe Bellierrégie plateau
Jean-Pierre Prud’hommeréalisation du décor
Ateliers de décors municipauxd’Angers (François Cotillard,
Jean-Luc Bernier, JoëlCharruau, Pierre Leroy)
Ateliers Acte II Marseille -Daniel Granger
réalisation des costumesMe & M. Szpirglas
productionNouveau Théâtre d'Angers
Centre Dramatique National
première représentation à Angersle 26 avril 1999
Angers et agglomération31 représentations 1999
Dans un jardin, deux enfants, Lorette etSimon, et deux chats, Moitié Cerise et SaGrandeur d'Ail, batifolent en proie aux émoisde la fin de l'été. Dans la maison vit un coupled'amoureux qu'on ne verra pas et dont on nesaura rien. Ils ont leur propre romance, maisleur passion puis leur séparation obscurcirontpeu à peu, par procuration, le ciel des amoursenfantines.Tandis que les enfants s'amusent à imiter lesgrandes personnes et tentent de comprendre lesmystères qui leur échappent, les chats, bavardscomme des pies, commentent l'air du temps etle comportement des personnages autour des-quels flotte un air léger et plein de tendresse.Leurs discours abracadabrants sont d'unegrande drôlerie. Entre chats et enfants s'établis-sent de secrets rapports, en un langage qui noussemble vraisemblable, à la limite du rêve et de laréalité.En l'espace de six jours et de six nuits, RomainWeingarten entrelace la réalité diurne et celleplus obscure des symboles qui hantent le dor-meur, en un conte poétique et cocasse…
Edouard Couflet
La presseDans L'été, ce qui est caché, sous-entendu, rêvé,a autant d'importance que ce que l'on voit surscène. Qu'y voit-on ? Un jardin hors du temps,baigné d'une lumière solaire (Jocelyn Davière),protégé d'une toile de tente blanche parseméede motifs hélicoïdaux et abrité par un arbre sou-riant (une scénographie inventive de NatachaCyrulnik). Derrière le muret en forme de tobog-gan, une mystérieuse maison dans laquelles'ébat un couple d'amoureux invisibles. Leurhistoire nous est narrée par petites touches, demanière impressionniste et combien vivante parun quatuor composé de deux enfants et de deuxchats. La curiosité, le désir encore pétri d'inno-cence et d'envie, la fantaisie et l'imaginaire deces personnages de conte sont les savoureuxingrédients de ce texte magnifique, subtilementservi par le spectacle proposé par StéphanieChévara. Dans des costumes de coton au par-fum d'enfance (Sophie Tandel), EmmanuelleBougerol est une Lorette à la grâce encore sau-vage, tandis que Christophe Gravouil prête àSimon une maladresse candide et sincère. Côtéchats, Moitié Cerise (Yves Prunier) joue les rou-quins à l'ironie cinglante, face à Sa Grandeurd'Ail (Henri Uzureau), bonhomme et philo-sophe. Entre les jours et les nuits, la parole et lesilence, des pauses musicales, nostalgiques ettendres, démultiplient les charmes et les réfé-rents de ce voyage à l'intérieur de nos songes.
Hélène Kuttner. L'Avant-Scène Théâtre
L’étéde Romain Weingartenmise en scène Stéphanie Chévara
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Je me souviens…Je me souviens de l'arrivée attendue de l'au-teur, Joe Penhall. L'homme jeune et discret(la barrière de la langue peut-être) arboraitune allure contrastant avec le terrible uni-vers que décrivait sa pièce (violence, schizo-phrénie, alcoolisme...).C'est un sentiment étrange de jouer unepièce devant son auteur, de surcroît lorsqu'ildécouvre le travail de mise en scène dans sonétat final. Tout d'abord il n'allait retrouveraucun de ses mots puisque tous traduits del'anglais. Et puis son français très approxi-matif ne lui serait que d'un secours minime. La représentation achevée, nous échangeâmessur les choix d'Hélène et la manière dont lesacteurs s'en étaient emparés. Ce qui nous
avait semblé un travail minutieux de trans-cription de l'extrême violence que vivent lespersonnages (violence mentale mais aussiphysique) lui apparut comme très éloigné deson projet original qu'il qualifiait de comédiebeaucoup plus “légère”. Avec une pointed'ironie je lui glissai qu'après tout, sa piècene faisait que raconter l'histoire d'un schizo-phrène sortant d'hôpital psychiatrique;lequel tombe amoureux d'une paumée vigou-reusement tabassée par son mec imbibé d'al-cool. Rien à voir donc avec une quelconquetragédie... Il faut reconnaître néanmoins quele héros ou plutôt l'antihéros de la pièce saitfaire preuve d'humour dans des situations oùpour beaucoup elle n'est même plus une armeefficace contre la douleur.
L'auteur avoua son étrange sentiment d'êtreému par un spectacle bâti sur un texte qu'ilne reconnaissait pas. Tchekhov disait vouloirécrire des comédies : “C'est Stanislavski quiles a rendues larmoyantes… Je voulaisseulement dire aux gens, honnêtement :Voulez-vous comprendre combien vous vivezmal, combien votre vie est morne !” Peut-être revient-il au metteur en scène de savoirtirer les démons qui se cachent derrière lesmots de l'auteur ?La rencontre d'un auteur avec l'équipe decréation est toujours un événement riche desurprises, souvent belles et émouvantes. AuNTA plus qu'ailleurs, on sut ménager cesmoments enchanteurs.
Georges Richardeau
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avecClaudine Bonhommeau*
Aristide DemonicoGeorges Richardeau
Didier Royant Vincent Winterhalter*
assistant à la mise en scèneDamien Bricotauxdécor et costumes
Tim Northamlumières
Gaëlle de Malglaiveson
Papon Lofficialmusique
Thierry Ménardrégie générale
Vincent Ravanneassistante aux costumes
Cathy le Correréalisation du décor
Ateliers de décors municipauxd’Angers (François Cotillard,Pierre Leroy, Joël Charruau,
Jean-Luc Bernier, Philippe Buron,Jacky Pichonneau, Eric Vié),
Atelier Pinault Frères
productionCRAC Compagnie
coproduction Nouveau Théâtred’Angers Centre Dramatique
National Pays de la Loirele Manège - Scène Nationale -
La Roche-sur-Yonavec le soutien du ministère de
la Culture et de laCommunication DRAC Pays de la
Loire - Conseil Régional desPays de la Loire - Conseil
Général de Loire-Atantique -Ville de Nantes
création française à Angersle 19 octobre 1999
Angers et agglomération11 représentations 1999
tournée France9 représentations 1999
La compagnie a reprisl’exploitation du spectacle pour
d’autres représentations
Comment est-il raisonnable de vivre ?Quand vient la déraison ?Comment ramener l'autre à la raison ?Comment vivre avec les raisons de vivre de l'autre,avec sa déraison ?Faut-il se débarrasser de l'autre ?Joe Penhall questionne en écrivant pour le théâtre.Il trouve dans la structure narrative une libertéqui s'apparente à l'écriture cinématographique,mais le texte essentiellement dialogué est à cepoint la chair même de l'action que la parentéavec le cinéma n'est qu'apparence. Le théâtreseul peut en accueillir la brûlure, parce qu'authéâtre toute question se pose “pour de vrai”,“ici et maintenant”, dans l'imaginaire et leprésent, dans l'illusion du “réel”, avec tous ceuxqui sont là ce soir-là, acteurs et public. Cetteéphémère rencontre, déjà en soi une expériencesensible de l'altérité, offre un espace de résonanceexceptionnel aux questions que se pose et nouspose Joe Penhall avec cette pièce.
Hélène Vincent
La presseUne vallée de larmes. Un chemin difficile. Telleest la vie selon Joe Penhall, journaliste et écri-vain britannique dont Hélène Vincent met enscène Voix secrètes. Une vallée de larmes, un che-min plein d'embûches, telle est la vie enAngleterre aujourd'hui et c'est cet enchevêtre-ment entre allusions politiques à une société quis'est en partie délitée et universalité d'un rapportau monde douloureux qui fait l'intérêt de lapièce de Joe Penhall.Mais cette scène proprement anglaise, on pourraitla retrouver partout sur la planète aujourd'hui.Et s'il y a une spécificité du propos de l'auteurici, c'est d'abord sur le personnage de Tom(Vincent Winterhalter) qu'elle passe : il sort de
l'asile psychiatrique, il s'est fait un ami à l'hôpitalque l'on retrouvera plus tard (AristideDemonico). Son frère Steve (Didier Royant),brave, travailleur, divorcé, a fait du pauvre res-taurant du père un lieu à la mode. (…) Tom neveut pas admettre qu'il est malade, ne veut pasprendre ses neuroleptiques et retourne l'agressi-vité qu'il réserve d'habitude au personnel médicalcontre son propre frère. Telle est la situation debase. Sur le chemin de Tom passe Laura(Claudine Bonhommeau), maltraitée parl'homme qu'elle aime (Georges Richardeau).Tom et Laura se trouvent dans la tendresse, ladouceur. Mais ils n'échapperont pas au ressenti-ment de Dave, ils n'échapperont pas à la vio-lence ordinaire.Traduite par Dominique Hollier et BlandinePélissier, la langue de Penhall est sèche, souventâpre. Tous ces personnages sont un peu interditsdevant la vie. Ils bricolent. Steve n'est pas unintellectuel. Il veut sauver son frère. Il souffre deses rebuffades. C'est un homme bon, aussiblessé que les autres, mais qui réagit, lui, ens'abrutissant de travail, en tentant de “réussir”.Penhall montre qu'il n'y a pas de solution. Mais,par-delà la violence, par-delà ce qu'il nousraconte de l'impossibilité à comprendre vrai-ment l'autre, il sait ménager des scènes de ten-dresse, d'affection et même d'espoir. Lespectacle doit beaucoup au sens des équilibresd'Hélène Vincent, qui a su s'entourer d'unebelle équipe artistique (décor ingénieux de TimNortham, lumière Gaëlle de Malglaive, sonPapon Lofficial, musique Thierry Ménard) et decomédiens attachants et sensibles, qui, chacun àsa manière, défend de toutes ses fibres sonpersonnage. Un beau travail.
Armelle Héliot. Le Quotidien du Médecin
Voix secrètesde Joe Penhalltexte français Dominique Hollier et Blandine Pélissiermise en scène Hélène Vincent
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Je me souviens…La première fois de ma vie où j'ai joué devant dumonde, au moment d'entrer en scène, un ami estvenu me dire : “On a réussi à traîner ClaudeYersin, il vient voir ton spectacle.” La tête de monami m'indiquait que ce dénommé Claude Yersin,si ça n'était pas le pape lui-même, ça devait être unproche. À l'issue du spectacle, mon ami m'expliquaque Claude Yersin était directeur d'un centre dra-matique national. Effectivement il n'avait pas l'airde rigoler beaucoup ! Il a bu un jus de fruit, nousun muscadet et La casquette du dimanche estentrée au Centre dramatique d'Angers pour troissemaines.Quand j'ai décidé de jouer Maupassant, Claudeencore une fois nous a fait confiance. Le soir de lapremière, après le spectacle, c'est lui qui est venu lepremier dans ma loge, et il m'a embrassé. Mes joues ont gardé la caresse de sa barbe !
Patrick Cosnet
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avecPatrick Cosnet*
lumièresJocelyn Davière
musique originaleJacques Montembault
régie généraleYannick BrousseJocelyn Davière
coproductionNouveau Théâtre d’Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire
Compagnie Patrick CosnetAssociation Fonds de Terroir
création à Angersle 7 décembre 1999
Angers et agglomération44 représentations 1999/2000
tournée France20 représentations 2000
repriseFestival d'Avignon
12 représentations 2000Tournée Région Pays de la Loire
23 représentations 2000Tournée Région Pays de la Loire
20 représentations 2002La compagnie a repris
l’exploitation du spectacle pourd’autres représentations
Claude Aufaure et Patrick Cosnet dans cespectacle s'appuient sur quelques nouvelles :Le vieux, Lettre trouvée sur un noyé, La folle, Laserre et La mère sauvage. Un choix sensible, unchoix pour célébrer dans la juste distance duthéâtre cette langue inimitable, aux mots vio-lents et sensuels, si précis, mais aussi cetteabsence de jugement de Maupassant sur l'êtrehumain. Pour Claude Aufaure, il tient comptede toutes les fissures de l'être, les monstruositéssont portées comme des “emblèmes”, ce sontdes vêtements. La sauvagerie se révèle dans labanalité des jours et des travaux.Une nouvelle de Maupassant, c'est presquecomme une forme brève, un petit drame concis.Elle sous-entend le théâtre, l'appelle par sonhumour et sa poésie.Claude Aufaure et Patrick Cosnet sont deuxartistes qui savent comment on nourrit un poulet,on le tue et on le mange. Ce sont deux hommesréels aussi, qui veulent ici rejoindre la vérité duthéâtre sans user d'oripeaux véristes. Un acteur, un texte, une grande simplicité, pourlaisser venir le mystère, la violence sourde,l'humanité de ces personnages de campagne. Unthéâtre pointilliste qui n'use pas du gros trait.
Edouard Couflet
La presseL'écriture de Maupassant est un pur cristal.Patrick Cosnet s'est abreuvé à cette source claireet sa belle performance dans Souvenirs d'un gar-çon évacue enfin cette étiquette un brin folkloqui collait aux basques du personnage : le garsde Pouancé, l'agriculteur autodidacte de La cas-quette du dimanche a transcendé son statut de“comédien-paysan” pour révéler sa vraie nature :celle d'un comédien à part entière. (…) Sur unplateau nu où surgissent quelques accessoires(un portemanteau, un vieux flingot et uncanapé), c'est tout un univers que parvient à sug-gérer le comédien par le seul jeu des mimiques, desregards, des silences et des attitudes. Sa confron-tation avec un répertoire très “Lagarde etMichard” l'a comme transfiguré. Lui a donnél'essor, telle la chrysalide libérant le papillon, luia octroyé cette densité magique, qui est la marquedu métier. On s'attendait à le voir exceller dansces évocations paysannes qui furent longtempsson fonds de commerce ; son expressivité sedéplie avec ce même mélange de grâce et de gravitélorsqu'il figure un dandy désabusé canotant surla Seine, un hobereau de l'Ouest, une veuve deguerre, un officier prussien à la nuque raide ouun vieux couple.Aiguillonné par la direction de son pygmalionClaude Aufaure, son art inné de l'observationsert à merveille l'un des auteurs les plus observa-teurs de son temps.
Marc Déjean. Ouest-France
Souvenirs d’un garçontextes de Guy de Maupassantconception et réalisation Claude Aufaure et Patrick Cosnet
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Je me souviens Chanson du Courage de ma mèreJe m’ souviens du regard bleu exigeantet bienveillantJe m’ souviens Alain, Dominique, YvesDu labeurRigoladeDu labeurComplicitéDe Claude qui raconte l'histoire
De l'histoire à raconterDe Claude, là, écoute, dit non, dit oui,Du patronD'un spectacle formidablement plein dethéâtreJE ME SOUVIENS QUE JE M’EN SOUVIENDRAI
Je m’ souviens des pauses café-chocolatJe m’ souviens de l'imbroglio des valisesD'un air “La Marmotte”
Je m’ souviens de deux reflets dans la salle,au fondA chaque représentationDe la douleur de la pruneJe m’ souviens d'une formidable fraternitéJE ME SOUVIENS QUE JE M’EN SOUVIENDRAI
Dominique Massa et Nathalie Bécue
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Nathalie Bécue*Alain Libolt*
Dominique MassaYves Prunier
scénographieCharles Marty
costumesChantal Gaiddon
assistée deSéverine Thiébault
lumièresBenoit Collet
sonsDominique Massa
assisté deVincent Bedouet
maquillagesCatherine Nicolas
régie généraleHervé Fruaut
collaboration artistiqueDaniel BesnehardMaurice Taszman
réalisation du décorAteliers de décors municipaux
(François Cotillard, Pierre Leroy,Joël Charruau, Jean-Luc
Bernier), Olivier Blouineau
productionNouveau Théâtre d’Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire
création française à Angersle 7 mars 2000
Angers et agglomération28 représentations 2000
Théâtre de l'Aquarium, Paris32 représentations 2000
Budapest. Un beau matin de l'été 1944,Madame Tabori est arrêtée alors qu'elle serend chez sa sœur pour une partie de rami.Elle est emmenée à la gare où elle se trouve entas-sée dans un convoi avec 4030 compagnons d'in-fortune. Direction : Auschwitz. Pourtant, à lafrontière polonaise, l'officier allemand quirecense les prisonniers fera semblant de croire aupasseport de la Croix Rouge qu'elle prétend avoiroublié, la ramènera chez elle en première classe et,arrivé à destination, lui suggérera de profiter deson absence aux toilettes pour s'enfuir. Seule survivante de ce convoi, Madame Taboriarrivera en retard pour sa partie de rami.C'est une histoire vraie que raconte Tabori danscette œuvre créée en Allemagne par HannaSchygulla : la pièce, originellement nouvelle,puis dramatique pour la radio, nous parle d'unegrande histoire avec un petit “h”, une histoirefaite d'horreurs et de miracles oubliés… George Tabori a perdu à Auschwitz son pèreainsi qu'une grande partie de sa famille ; samère, par un miracle improbable, est revenuedes portes de la mort. Dans Le courage de mamère, il raconte avec elle, pour elle, cette his-toire, il l'aide à la re-mémorer, à l'accoucherpresque, beaucoup plus tard ; il le fait hors detout pathos, avec la distance du temps, et uncertain sourire tendre.Comment survivre sans trahir ? Commentreprésenter l'innommable ? Comment évoquerla shoah ? Et pourtant Tabori ne peut parler quede cela ; il le fait sans haine ni complaisance,souvent avec son humour décapant, comme ici,dans ce récit à la fois pudique et picaresque.Citant l'exception, il nous renvoie à la règle ;son happy end ne dénonce qu'avec plus d'effica-cité les millions “partis en fumée au-dessus de laPologne”.
Claude Yersin
La presseL'auteur s'est éloigné de tout réalisme et a pris leparti d'une distanciation à l'évidence influencéepar Brecht. Un homme raconte l'aventure decette femme et, à intervalles réguliers, desacteurs jouent les scènes annoncées. La femmeest toujours interprétée par la même actrice,tandis que les autres rôles sont joués par desacteurs qui passent d'une tenue à l'autre, parfoisd'un masque à l'autre. De telle sorte que le langagethéâtral vient apporter une sorte de grotesquediscret, affirmant ainsi que la médiocrité semontre sous une panoplie de visages interchan-geables. À travers un récit régulièrement inter-rompu de scènes flashes, Tabori ne trace passeulement un destin unique mais aussi celui desautres déportés, confrontés à la mort et à lamisère sexuelle. C'est une très belle pièce !Claude Yersin a eu la bonne idée de créer, avecCharles Marty, un dispositif inhabituel. Répartisur trois côtés, le public assiste à un spectacle quise déroule un peu sur une arrière scène lointaineet beaucoup sur une longue scène étroite, aveclaquelle le spectateur est dans une relation rap-prochée. Nathalie Bécue joue la mère avec unesensibilité masquée, tendre et énigmatique à lafois. Alain Libolt est l'inconnu qui raconte, avecune belle force de conviction. Yves Prunier etDominique Massa se métamorphosent habile-ment dans les autres rôles. Ce Courage de mamère dont le titre renvoie à Mère courage deBrecht est ainsi créé en France avec une simpli-cité juste, dans une succession de gros plans etde plans éloignés : le spectacle de Claude Yersinnous touche d'autant plus que, l'air de rien, ilbouleverse sur deux tons, l'écoute secrète etl'émotion que procure le jeu ouvertement théâ-tralisé.
Gilles Costaz. Les Echos
Le courage de ma mèrede George Taboritexte français Maurice Taszmanmise en scène Claude Yersin
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Le courage de ma mère a reçu le Prix Georges Lerminier 2000attribué par le Syndicat Professionnel de la CritiqueDramatique et Musicale pour le meilleur spectacle théâtralcréé en province.
Une comédie absurde rend hommage aux gens ordinaires… Lemetteur en scène Claude Yersin, qui vient de créer la pièce auNouveau Théâtre d’Angers, en a bien saisi les différents enjeux.Tous les rôles secondaires sont pris en charge par les deux mêmesacteurs comme dans une comédie de masques, accentuant l’ab-surdité de cette histoire. Madame Tabori est ici finement inter-prétée par une Nathalie Bécue tout en retenue, où perce ladiscrétion de ces humbles qui ne veulent jamais causer de déran-gements, fût-ce en danger de mort. Face à cettte femme ordinairedevenue héroïne à la faveur d’événements qui la dépassent,l’hommage du fils force celui de l’écrivain.
Maïa Bouteillet. Libération
C’est un théâtre sans effets qui se crée à chaque instant, un théâtrequi se fait à vue, avec trois fois rien, des chaises pour simuler letrain, et surtout des ambiances sonores. Des sons produits endirect par les acteurs, de la musique. La simplicité du langagethéâtral, la proximité avec le public, créent une intimité boule-versante. Ajoutez à cela la distance et l’humour acide aussi deTabori, tout est dit de la barbarie nazie : la brutalité des arresta-tions, la promiscuité des corps dans des wagons à bestiaux, lapeur, la terrible peur et même le désir…Ne passez pas à côté de ce beau travail et de cette pièce quicompte sur le sujet parmi les plus réussies.
Vincent Josse. France-Inter
Les miracles sauvent l’humanité, et la pièce de Tabori, organisantsubtilement, et à l’économie, les répliques dialoguées, les ques-tions du fils et les réponses de la mère, tissant merveilleusementun entrelacs de dits et de non-dits, de mystères et d’aveux, d’im-patiences et de révoltes enfantines, tient de cette dialectique enmarche vers le miracle. S’appuyant sur la traduction de MauriceTaszman, la mise en scène de Claude Yersin, par sa simplicité etson humour faussement potache, épouse parfaitement cet entre-deux, cette échappée fragile entre réalité et romanesque, vie etthéâtre, où la lucidité d’un Stefan Zweig rencontre le burlesquede Groucho Marx. Dans un décor de Charles Marty, qui épar-pille malles et vieux vêtements, Nathalie Bécue, la mère, AlainLibolt, le fils, Yves Prunier et le comédien-musicien DominiqueMassa, qui interprètent successivement plusieurs personnages àl’aide de masques de théâtre de foire, sont les protagonistes trèsinspirés de ce spectacle tendre, brûlant et fort, sans être jamaiscomplaisant ni nostalgique.
Hélène Kuttner. L’Avant-Scène Théâtre
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Je me souviens…Place Imbach, quelque chose recommence de l'artisanatpoétique. Dix ans après Les p'tits loups. Rencontre avecun récit, avec l'œuvre d'un auteur, joyeuse expérience desaffinités, chute d'une part de solitude. Salut et hommageà John Berger.Qui raconte ? Où ? Quand ? Comment ? Rajeunissement et vieillissement en direct, être en haut dela montagne, dans la pénombre du chalet, guider le récitsans perdre l'émotion de le redécouvrir. Le difficile che-min vers la simplicité ! Raideurs, mauvais plis, limites !Sincérité, adresse, jamais gagnées. J'enrage d'être moi.Une heure quinze, tout doit tenir dans le break auxcouleurs du NTA, le matériel, la troupe, l'équipe techniqueet relations publiques. Prunier, Rossignol, spectacle dehaute nature !À une semaine de la première, presque deux heures, oncoupe, difficile, tant de choses nous touchent dans cetexte ! On perd “le cœur blanc des framboises”.Jocelyn nous invente une régie camouflée sous une chaisepliante, reliée au portemanteau. Martine Rossignol doitenvoyer les effets “mine de rien” ! Lumière en vrac pour lapremière sortie dans une résidence universitaire, et matête touche le plafond lorsque je monte sur la table. Maisles spectateurs ont tout aimé, le vrac et la tête, LucieCabrol surtout. On boit un verre de jus d'orange et onlève nos biscuits à l'avenir.Maisons de quartiers, villages, géométries très variablesdes salles, “Pause Café” à Verneau, je joue à cinquantecentimètres du premier rang. Bamako, j'entre dans lasalle du Centre Culturel par une porte latérale, je trans-pire à grosses gouttes, à la sortie, Hubert Reeves attend,sourire et félicitations “C'tait bien d'dêbut à la fin”.Émotion, action de grâce aux fées, à la bonne étoile deJohn Berger, à la lumière de Lucie, aux amitiés franco-suisses en terre africaine de deux artisans lémaniques ;mondialisation d'après spectacle ! Regrets de ne pas avoirjoué d'autres fois là-bas, histoire de douanes !L'Auvergne après Loire et Mali, la solidarité d'uneéquipe en tournée. J'ai repris des études et j'écris unepièce sur les trois petits cochons.2006. Redevenu intermittent, je repars avec LucieCabrol, hanté par la peur de la perdre, armé de cet “espoirdu plaisir” dont parle John Berger. Je me souviens “comme si j'y étais” des premières séancesavec Claude.Comme disait mon père “Vive la vie !”
Yves Prunier
avecYves Prunier*
régie lumièreBenoit Collet
costumesLucie Guilpin
accessoiresPhilippe Basset
construction du décorOlivier Blouineau
régie généraleJocelyn Davière
productionNouveau Théâtre d’Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire
création à Angers(première petite forme)
le 15 novembre 1999
Angers 34 représentations 1999/2000
création à Angersle 9 janvier 2001
Angers42 représentations 2000
Tournée Région Pays de la Loire6 représentations 2001
Bamako - Mali1 représentation 2001
tournée régionale 13 représentations 2001-02
reprise42 représentations 2003/2004
Festival de Bussang2 représentations 2003
tournée en France 28 représentations 2003-04
Yves Prunier a reprisl’exploitation du spectacle pour
d’autres représentations
Ils sont du même village de montagne. Jeanet Lucie, qu'on appelle la Cocadrille. Drôlede petite bonne femme ! Et qui sait ce qu'elleveut. À vingt ans, deux nuits d'amour pas-sionné, Jean prend peur et s'enfuit. Quarante-cinq années en Amérique du Sud puis auCanada. En 1967, il revient au pays, vieux,pauvre et seul. Il apprend vite que pour laCocadrille, la situation au village a beaucoupchangé ! Mais quand il la revoit, il doit se rendreà l'évidence, elle veut plus que jamais l'épouser.- Viens me donner ta réponse quand tu voudras,Jean.Avant que je lui donne ma réponse définitive, elleétait morte. C'est le facteur qui découvrit soncorps... On l'avait abattue à coups de hache.Mais l'histoire ne se finit pas là et c'est Jean qui,plus tard, lui proposera de l'épouser.John Berger a regardé de près la vie des paysansde Haute-Savoie, où il vit depuis les annéessoixante-dix… Nul cliché, mais la présence fortede la nature, du quotidien et de l'imaginairepour raconter l'amour inattendu de Jean, pay-san de montagne, pour Lucie, femme rebelle.
Edouard Couflet
La presseLe tandem formé par Claude Yersin et YvesPrunier fonctionne toujours admirablement etexcelle dans ces récréations modestes communé-ment appelées “petites formes”. (…)Pour conduire le public sur les sentiers de cettepassion aussi entêtée qu'étonnante, Yves Prunierest le seul guide. Il tire de son sac à dos quelquesreliques anodines : une lampe-tempête, unebougie, une boîte enrubannée, une petiteVierge, trois fois rien. Et pourtant, dès qu'ilspassent entre ses mains, ces maigres accessoiressuffisent à recréer un paysage, une atmosphère,une émotion. L'acteur donne à voir, à sentir, àentendre, à toucher, à penser. La prouesse n'estpas dans sa capacité à présenter la folle jeunesseet l'âge le plus avancé de son personnage maisbien à camper l'univers tout entier. Un fichu, untablier et la Cocadrille apparaît. Une chemise detrappeur et c'est Jean qui revient. Une intona-tion au détour d'une phrase et voilà qu'ils sontlà, tous les deux. Mieux, quand Yves Pruniernous entraîne chez cette dame de Haute-Savoie,on visualise parfaitement la maison du canton-nier abandonnée à la Cocadrille. On perçoit lamisère de cette femme vieillissante comme onest ébloui par la lumière éclatante du champ demyrtilles dans lequel Jean retrouve la Cocadrilleaprès sa mort.L'ensemble, qui procède par petites touchesimpressionnistes, offre la démonstration que legrand théâtre peut parfois se nourrir de petitsmoyens.
Nicolas Emeriau. Angers Poche
La Cocadrillede John Bergerréalisation de Claude Yersin et Yves Prunier
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Je me souviens…C'était en l'an 2000.Embarquant spectateurs et comédiens pourun voyage gouleyant au gré des territoires etdes siècles, Monique Hervouët, fille devigneron charentais et metteur en scène,propose avec enthousiasme et sans modéra-tion, une célébration théâtrale du vin,.Je me souviens des répétitions durant les-quelles les mots sur le vin sont mâchés, digérés,recrachés, répétés pour obtenir le meilleur dechacun des comédiens. Je me souviens de Bibi travaillant ses
couleurs pour fabriquer son vin de théâtre.Je me souviens de cette robe magnifique,imprimée de grappes de raisin.Je me souviens de ces conversations sur levin, anecdotes, blagues avec mes quatrejoyeux compères comédiens.Je me souviens de ces mêmes acteurs foulantde leurs pieds nus le raisin imaginaire.Je me souviens de tous, apportant grand soinà leur travail pour essayer d'être à la hauteurde ce divin compagnon.Je me souviens du plaisir à dire ces mots racon-tant le vin, de la terre jusque dans le verre.
De ce grand personnage VIN, nous avons ététraversés.Racontant l'humanité, Il traduit pour nousnos passions, bonheurs, malheurs, amours ethaines, espoirs et désespoirs.Enfin, je me souviens de cette fête joyeuse àchacune des représentations qui réunitcomédiens et spectateurs lors de cette mémo-rable dégustation d'un merveilleux vin dechez nous.
Hélène Raimbault
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avecHélène Raimbault*
Christophe Gravouil*Philippe Piau*Didier Royant*
Henri Uzureau*
commentaires œnologiquesJean-Michel Monnier
régie générale et lumièresBenoit Collet
décorClaude Noël
Monique Hervouëtcostumes
Anne Poupelinbande son
Vincent Bedouetaccessoires
Philippe Bassetréalisation du décor
Ateliers de décors municipaux(François Cotillard, Pierre Leroy,
Joël Charruau, Jean-LucBernier)
productionNouveau Théâtre d’Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire
Bureau Interprofessionnel desVins d’Anjou et de Saumur
création à Angersle 26 septembre 2000
Angers 19 représentations 2000
tournée Région Pays de la Loire8 représentations 2000
Si Dyonisos et Bacchus ont marqué de leurprésence la naissance du théâtre, il est diffi-cile de trouver la moindre pièce louant le vin.Paroles à boire est donc la mise en théâtre d'unmontage alternant textes poétiques ou littéraireset textes plus techniques issus d'écrits gastrono-miques anciens et modernes et du vocabulairesavant des œnologues et vignerons.Le choix des textes se cristallise autour duvoyage éphémère du goût, vers ce geste poétiqueet joyeux qui tend à dire l'indicible : le bonheurcoloré des papilles.Le spectacle s'ouvre sur des considérations pré-paratoires à la cérémonie. Le premier critiquefrançais, Grimod de la Reynière (1808), présideà la mise en place de la table, exposant ses exi-gences quant au service du vin. Si le décalagehistorique nous amuse, la mise en garde contrecertains trafics frauduleux reste d'actualité.La table dressée selon les us du XIXe reçoit enfait les verres de deux Japonais pour un religieuxrendez-vous de dégustation de vin français : unedégustation qui va leur réserver des surprises… Entrée fracassante d'un délicieux personnageque l'on retrouvera tout au long du spectacle,Olivier de Serres, fidèle agronome d'Henri IV.Cet homme à qui le vignoble français doit tant,s'adresse à une cour moderne qui ne se prive pasde répliquer, du haut de son savoir contempo-rain : notamment par les propos du sociologueDe Certeau, ceux d'un vigneron imaginé parJean Giono, ou ceux d'un promeneur égaré dansles vignes sous la plume de Joseph Delteil.Vient le temps des vendanges : les fragrancesappellent le souvenir chez une vendangeuse deC.F. Ramuz… Et puis les poètes s'en mêlent :Gaston Couté, Omar Khayam, Jean Cévenol…Puis on apporte les verres…
Monique Hervouët
La presseLe vin, ici, est considéré comme un “person-nage”, un être à part entière dont on vante lesqualités comme on le ferait de tout un chacun.On y parle de son travail, on le regarde vieillir,s'inquiétant, à l'occasion, de ses forces déclinantes,jusqu'à avouer la déception cruelle provoquéepar le contenu d'une bouteille antique siattendue et qui se révèle d'une platitudedésolante, atteint de sénilité avant l'âge pouravoir été trop brutalisé, pour avoir tropvoyagé. On évoque les rêves qu'il entraîne, lesdéceptions qu'il provoque. (…)On en appelle aussi bien à Grimod de laReynière qu'à Olivier de Serres confronté sanssouci du temps et des époques, à Michel deCerteau, Ramuz, Gaston Bonheur… ou Gionochantant sans complexe les mérites d'une sainepiquette de fête à usage local (“Les étrangers quien ont goûté et à qui on en offre répondenttous : Non merci. Et c'est sincère. Nous n'insis-tons pas”).Qu'on ne s'y méprenne pas. Lâchés en libertésur le plateau, les cinq comédiens en chargejoyeuse des textes et des mots ne poussent pas àla consommation. Leur ton est bonhomme etgaillard. Leur propos est épicurien et d’unegénérosité sincère. La preuve ? Après avoir faitun sort – tout de même – aux vins de Touraine,ils se livrent à une leçon de dégustation, offrantà chaque spectateur un doux verre de coteaux dulayon, accompagné de commentaires de l'œno-logue Jean-Michel Monnier. Chacun peut lerefuser. Mais bien peu (y en a-t-il même ?) lefont. Ce serait pire qu'une erreur, une faute. Unmanque de tact et de délicatesse au terme d'unspectacle savant aussi chaleureux que convivial.
Didier Méreuze. La Croix
Paroles à boireconception et mise en scène Monique Hervouët
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avec Eric Amara*
Pierre BaillotGauthier Baillot
Nathalie Besançon*Vincent Berger
Michel Dennielou*Emmanuel Faventines
Lise Payen*Pierre-Henri Puente*
scénographieChristophe Lemaître
Michel Morelcostumes
Christohe LemaîtreStéphane Gaillard
lumières Stéphanie Danielson Arnaud Devillers
assistants Michaël PerrotPhilippe Joubert
coach cricket Krishna Lesteradministration
Sophie Guénebautrégie tournée Eric Guilbaud
construction décorAteliers Michel Morel, Léon Bony
coproductionLa Compagnie des Treize Lunes,
Nouveau Théâtre d’AngersCentre Dramatique National
Pays de la LoireThéâtre Maxime Gorki, Scène
Nationale du Petit QuevillyThéâtre du Muselet, Scène Nationale
de Châlons-en-Champagneavec le soutien de
Théâtre en tournée, Evénementthéâtral de la Région Haute-Normandie, ministère de la
Culture, DRAC Haute-NormandieRégion Haute-Normandie ADAMI
création française à Grand-Quevilly
le 28 novembre 2000Angers
10 représentations 2000Châlons-en-Champagne2 représentations 2000
Grand-Quevilly 3 représentations 2000
Pourquoi ai-je choisi la première pièced'Edward Bond plutôt qu'une pièce plusrécente ? Sans doute parce que je me reconnaisplus dans ses pièces “questions” que dans sespièces “réponses”. Les noces du pape me semblemoins didactique que les pièces plus récentes.C'est l'œuvre d'un jeune auteur plus préoccupéde sa place dans le monde que du mode d'em-ploi de ce même monde.J'ai voulu monter Les noces du pape comme unconte. Un conte moderne et violent, qui mepermette de poser une question centrale :qu'est-ce qu'un homme ? ou comment accroîtreson humanité dans une société inhumaine ?Il est souvent question d'enfermement chezBond ; ses personnages sont livrés sans conces-sion, ils peuvent être contradictoires, incarner laméchanceté, l'impuissance, le désarroi, lalâcheté. Ils n'ont pas la maîtrise de la langue,cette arme théâtrale en moins leur confère uneprofonde humanité qui me trouble et m'effraie.Enfant déjà, j'occupais mes loisirs à disséquertout ce qui me passait sous la main : grenouille,ours en peluche, insectes… Mes parents, devantma passion pour la médecine, ou plutôt sesétranges et fascinants instruments d'investiga-tion, m'ont offert un microscope. Aujourd'hui, j'ai gardé intacte cette passiond'entomologiste, j'ai simplement lâché mes scal-pels pour Les noces du pape d'Edward Bond.
Christophe Lemaître
La presseBond n'a que vingt-huit ans quand il écrit Lesnoces du pape. Si l'on peut déjà repérer certainsdes thèmes que l'écrivain reprendra et dévelop-pera par la suite, il y a dans cette pièce de jeu-nesse une complexité humaine, une finesse et
une profondeur dans la psychologie des person-nages qui surprennent aujourd'hui. Les premièresscènes pourraient faire croire à la chroniqued'une bande de jeunes dans une ville du sud del'Angleterre au début des années soixante pourqui le cocktail “alcool + violence” est la meilleurefaçon de tuer le temps et de tromper l'ennui. Enfait, ce qui intéresse le jeune Bond, c'est larelation singulière qui se noue entre deux hommesque tout oppose a priori. Scopey, un des piliersde la bande, devient le héros du coin en faisantgagner un match de cricket à l'équipe de sonvillage. Il épouse Pat. Son avenir semble tracé.Mais sa rencontre avec Alen, vieil ours solitaireet énigmatique, bouleverse sa vie. Scopey seprend de sympathie pour Alen au sens littéral duterme. Il s'identifie à lui de manière obsession-nelle et au point de se marginaliser, de s'exclureà son tour d'une société où il semblait parfaite-ment intégré.La pièce se déroule pendant un cycle de quatresaisons : le temps de l'initiation, du mûrisse-ment et de la mort. De par sa construction enbrèves séquences, elle s'apparente davantage àun scénario de film. C'est par une multitude depetits détails concrets, réalistes, que Bond nousfait saisir l'ambiguïté et l'évolution des person-nages. La mise en scène sobre, efficace deChristophe Lemaître sert au mieux cet enchaî-nement cut des actions. Il a fait un travail extrê-mement intéressant sur l'espace et le temps. Etsa distribution est pertinente. Ce sont Pierre etGauthier Baillot, le père et le fils, qui jouentScopey et Alen. Dans le rôle de Pat, NathalieBesançon est, elle aussi, formidable. Ce spectaclequi a séduit un large public aurait mérité davan-tage d'intérêt chez les professionnels.
Chantal Boiron. L'Avant-Scène Théâtre
Les noces du paped’Edward Bondtexte français Georges Basmise en scène Christophe Lemaître
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Je me souviens…Un match de cricket sur un plateau dethéâtre ? Mission impossible, a fortiori surun plateau en France… Et pourtantChristophe Lemaître a réalisé là une vraie
première ! Coachés par le président duSaumur cricket club, Krishna Lester, lescomédiens se sont initiés aux runs et overs,à tous les mystères de ce sport typiquementanglo-saxon, et très crédibles dans les tenues
blanches de rigueur, ils ont effectué leurslancers sur le “pitch” du Beaurepaire commed’authentiques cricketers ! Ils étaientmagnifiques…
Françoise Deroubaix
Je me souviens…Entre les CDN d'Angers, de Caen et deBesançon a existé pendant de nombreusesannées une fidélité basée d'abord sur unelongue collaboration entre Claude Yersin,Daniel Besnehard et moi-même, maisaussi et surtout peut-être sur une visiontrès proche de nos projets réciproques dansle cadre de la création et de la décentrali-sation théâtrale. Dès son installation à Angers, Yersin areçu la majeure partie de mes mises enscène ; ces dernières saisons, Solness leconstructeur d'Ibsen, Vêtir ceux quisont nus de Pirandello, Si c'est unhomme d'après le témoignage de PrimoLévi sur la Shoah. Les rencontres avec lepublic angevin ont toujours été d'une rarequalité ; c'est là que le travail rigoureux etobstiné de Yersin et de ses collaborateurs sesignale d'emblée. Un travail exemplaire,essentiel aujourd'hui comme hier. Sera-t-il poursuivi ? Peut-il l'être à ceniveau d'exigence ? Il le faut.
Michel Dubois
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avecDaniel Briquet
José DrevonEtienne Fague
Alain Mergnat*Natacha Mirkovich*
Muriel RacineLouis-Basile Samier
scénographieJean-Pierre Larroche
costumesPascale Bordet
lumièresChristophe Dubois
coproductionNouveau Théâtre d’Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire
Nouveau Théâtre de BesançonCentre Dramatique National
Théâtre conventionné deBourg-en-Bresse
première représentation à Angersle 20 février 2001
Angers10 représentations 2001
Besançon10 représentations 2001
tournée France15 représentations 2001
L'homme âgé qui décrit Solness le construc-teur livre, brusquement et sans pudeur pour-rait-on dire, les questions de sa condition. Lestentations du désir redécouvert, tout d'abord, àtravers une jeune femme ; désir équivoque oùl'évocation d'un trouble enfantin semble lesublimer. Mais ce désir révèle l'impuissance, lapeur. Face à cet amour qui s'offre avec violenceet détermination, Solness ne peut prouver queson courage à affronter sa propre mort. À se ladonner peut-être ? La pièce se termine sur cetteinterrogation. Impuissance encore à transmettresa confiance, son acquis professionnel à unjeune homme envers lequel une dette moraledemeure comme une tache ineffaçable.Impuissance enfin à affronter lâchetés et men-songes face à une épouse repliée, isolée dansl'amertume et les regrets. À cette femmedétruite Solness ne peut offrir, lui l'architecte,que le tombeau de leur échec affectif d'une vieterne et recluse.Que construit Solness ? Des églises puis des châ-teaux, des tours ; des tombeaux en quelquesorte, tous devenus chimères. “Construire desfoyers pour les hommes ? Ça ne vaut rien, pasun clou… Les êtres humains n'ont pas besoin defoyer. Pour être heureux, pas de foyer… Lorsqueje fais le bilan, que je regarde en arrière, je voisque je n'ai rien construit à fond. Rien sacrifiénon plus pour construire quelque chose, rien,rien… Il n'y a rien.”Solness le constructeur est une des plus grandespièces de Henrik Ibsen. Non parce qu'elle estnoire, mais tout au contraire parce qu'elle avivel'orgueil de la lucidité. C'est une pièce brûlante,incandescente. Une pièce de lumière, crue.
Michel Dubois
La presseMichel Dubois a choisi de monter cette œuvrecrépusculaire, où l'auteur de Maison de poupée selivre visiblement beaucoup. Nul besoin d'allerchercher loin pour deviner qui se cache derrièrece personnage du vieil architecte, se sentant unedernière fois pousser des ailes au contact d'uneLolita perturbatrice de sa vie bien rangée… Sombre drame, Solness le constructeur montreraailleurs que dans son fatal dénouement uncaractère foncièrement lyrique. Œuvre à multi-ples facettes, qui tire une part de son charmedans le “non-dit” des personnages (en particulierHilde, mystérieux petit “ange exterminateur”),c'est aussi une subtile variation sur le thème dela rédemption. Solness, en effet, joué par unAlain Mergnat qui saura tirer parti de la réalitéobjective mais aussi des fêlures intimes du per-sonnage, est taraudé par une faute à la fois res-ponsable de son ascension sociale et de sonmalheur. (…) Deux belles figures féminines gra-vitent autour du personnage-pivot : l'épouse deSolness, constamment attentive à l'accomplisse-ment de ses devoirs (José Drevon en fait unetouchante enfant vieillie) ; et Hilde (NatachaMircovich) joue les perturbatrices avec une belleconviction. Les autres personnages sont réduitsau rôle de “déversoirs”, face à un Solness despo-tique. Heureusement, le personnage du docteurfera exception : Daniel Briquet (le “MonsieurMalaussène” de Daniel Pennac) parviendrasobrement à faire ressortir son étrangeté, et soncôté catalyseur de l'action et des tourmentsintimes.
Bertrand Guyomar. Le Courrier de l'Ouest
Solness le constructeurde Henrik Ibsentexte français Terje Sindingmise en scène Michel Dubois
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Je me souviens…Du coup de fil de Claude Yersin m'annon-çant sur un message que nous jouerions deuxmois : j'ai cru qu'il s'était trompé et qu'ilvoulait dire deux semaines.De la première fois où j'ai rencontré Jocelynpour le chargement du décor de la CitéInternationale à Angers. Il était 10 h, c'étaitun samedi, j'étais à la maternité depuis 5 h,juste le temps de charger pour repartir auplus vite en essayant de ne pas rater la nais-sance de ma petite fille : elle est née à 14 h. Du Carrefour en face de la salle Jean-Dasté.
Des fougasses qui se vendent place Imbach.De la qualité du travail dans les répétitionsmême si ce n'était pas tous les jours facile Du plaisir que nous avions à faire cetétrange voyage Camique !Du visage des gens de l'équipe du NTA, deleurs sourires et du plaisir que nous avions àpartager ensemble cette création.De la route pour la présentation de saisond'Angoulême : la radio “fumait” c'était le 11 sep-tembre. Je suis arrivé vers 18 h, j'étais pas bien !De la première du Rire des asticots, du repasplace Imbach et de cette idée qui m'a traversé
l'esprit dans la soirée : et si le spectacle n'avaitpas marché comment le redonner en fin desaison ? Chapeau, je n'avais pas pensé à cetteresponsabilité, merci pour la confiance !De toute la famille de Monsieur Rousseau etde Luna qui dormait dans le creux de sesbelles mains d'ostéopathe bercée par sa voix.De la reprise au mois de mai et des vers dedu Bellay ou Ronsard je ne sais plus !
Christophe Rauck
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avecMarc Barnaud*
Hervé Dartiguelongue*Marion Guerrero*
Juliette Plumecocq-Mech*David Sighicelli
scénographie et costumesChristos Konstantellos
lumièresJean-Michel Bauer
musiques des chansonsDavid Sighicelli
directrice de productionRégine Montoya
régie lumièreBenoit Collet
régie plateau, accessoiresPhilippe Basset
coproduction TerrainVague(Titre-Provisoire)
Nouveau Théâtre d’AngersCentre Dramatique National
Pays de la LoireThéâtre Vidy, Lausanne
avec le soutien del’ADAMI et la SPEDIDAM
création à Angersle 25 septembre 2001
Angers44 représentations 2001/2002
repriseAngers
5 représentations 2002La compagnie a repris
l’exploitation du spectacle pourd’autres représentations
Cami écrivait beaucoup. Des pièces courtes,des romans, des scénarios, des opérettes ou,comme il aimait les appeler, des “romans sonores”.Outre l'œil acéré du poète sur les angoisses et lesfantasmes de ses contemporains, l'univers deCami garde encore aujourd'hui toute sa perti-nence. Son désir de renverser et de bousculerune société encore rivée au XIXe siècle reste tou-jours d'actualité.Sans avoir appartenu à aucun mouvementartistique, il est l'inventeur décontracté d'unburlesque surréalisant dont on trouverait desréminiscences chez Jacques Prévert, Pierre Dac,Eugène Ionesco, les Frères Ennemis, lesBranquignols, Raymond Devos…Les textes courts de Cami sont de véritablespièces, écrites sur un mode très narratif. Noshéros n'hésitent pas à déambuler sur les toits deParis, à s'engager dans une course poursuite enautomobile, ils tombent dans la Seine ou dansles souterrains de la Tour de Nesle, tout cela surun mode naïf et très poétique.
Christophe Rauck
La presseC’est un hymne au rire et à la légèreté, un com-bat contre la somnolence de nos sociétés, unpied de nez aux donneurs de leçons et aux idiotsen tous genres. Sur scène, cinq acteurs, affublésde fausses barbes et de passoires sur la tête, nousembarquent dans l’univers fantasque de PierreCami, auteur de nombreux romans, de piècescourtes, d’opérettes et de scénarios, disparu en1958 dans l’indifférence générale. Le “plusgrand humoriste in the world” pourtant selonCharlie Chaplin, que Cami admirait par-dessustout.Autour d’histoires d’inventeur de poêle à trem-plin pour les crêpes, d’écrivain esquimau, d’eu-nuque de Zanzibar et de petit chaperon vert,Christophe Rauck et sa troupe ressuscitent dansun spectacle au rythme endiablé le mondedéjanté de cet auteur, souvent proche des déliressurréalistes. Toutes les facettes de son œuvre s’y trouventréunies. Son goût de la folie et de l’humour noir,son talent pour les calembours et les jeux demots, son sens critique et poétique aussi. Au furet à mesure de ces fantaisies, le tableau noir secouvre de mots écrits à la craie. Au final, lepublic déchiffre en silence des phrases telles que“l’optimiste est un homme qui s’abrite sous unefourchette le jour où il va pleuvoir des petitspois” ou bien, un peu plus loin, “Une évolution,c’est une révolution que n’en a pas l’R”. Un belhommage à un trublion du rire et de l’esprit.
Marion Vignal. L’Express
Le rire des asticotstextes et chansons de Pierre Camimise en scène Christophe Rauck
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Je me souviens…Un bar place d'Italie, Paris…Je me souviens, des retrouvailles avec TallaMomar N'Diaye, un aéroport, destinationBamako.Je me souviens – Maison du Partenariat –première rencontre avec le reste de l'équipe,comédiens, comédiennes… Première lecture,je ne reconnais pas le texte que je lis, perchéesur ma chaise.Je me souviens, des chats Electre, Oreste. Machambre. L'arrivée de Claire et de Babette,et des thés partagés, petits moments de répit,
petits moments de douceur.Des heures de lecture, texte à apprendre, àcomprendre, à sentir et ressentir – patience etsoutien sans faille, merci Monsieur Prunier.Quelques images défilent floues, des souve-nirs de larmes, de rires, de discussions, decompréhension, d'incompréhension, debonheur et de fatigue.Je me souviens, Angers, toute une équipe, unvéritable accueil. Un décor qui donne corpsà ce qui était imaginé. Le Théâtre.Une histoire qui se concrétise. Sur le plateauon se cherche, se heurte, se trouve, on chante.
Je me souviens avoir douté, beaucoup.Je me souviens avoir été aidée, guidée,accompagnée.Je me souviens de choses que je ne veux paspartager.Je me souviens d'une tonne de bagages, et desau revoir mouillés… Je me souviens d'une rencontre unique,essentielle.Un souvenir doux et serein. Merci MonsieurYersin.
Fatou Ba
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avec Fatou Ba*
Fanta BérétéMaïmouna Hélène Diarra*
Oumou Diawara*Aminata Maïga*Oumou Berthé*
Amadou CisséKani Diallo*
Ambaga GuindoMomar Talla N’Diaye
Kardigué Laïco TraoréMassambou Wele Diallo*
Samba Diabaté*
assistant à la mise en scèneYves Prunier
scénographie Silvio Crescolicostumes Claire Risterucci
assistée deAbdou Ouologuem
création formes animéesMichel Laubu
manipulation Babette Massonrégie générale Jocelyn Davière
son Jean-Christophe Bellierlumière Gilles Lépicier
stagiaire lumière Youssouf Peliaba
accessoires Philippe Bassetconstruction
Ateliers de décors municipauxd’Angers
coproductionNouveau Théâtre d’Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire
Nouveau Théâtre de BesançonCentre Dramatique National
avec la participation de BlonBa
création à Angersle 4 décembre 2001
Angers17 représentations 2001/2002
Besançon8 représentations 2002
La légende des Atrides fait partie du patri-moine sensible de l'humanité. L'histoire ducouple formé par Electre, la jeune femme sanslit, et son frère Oreste, le vengeur matricide, estracontée ici à partir de l'Electre de Sophocle,d'extraits des Euménides d'Eschyle et d'uneparole de griot. Pour ce spectacle, les comédienssont africains, les mots des tragiques grecs seconfrontent aux sons et couleurs du continentnoir.Une justice humaine peut-elle enrayer la fatalitédes malédictions et des oracles et délivrerl'homme du cycle funeste où la vengeance obs-tinément se ressème pour de nouvelles moissonssanglantes ? Comment ne pas perdre la mémoireet gagner l'apaisement, comment sanctionner lecrime sans rallumer la vendetta ? Dernière étape de la terrible aventure desAtrides, le face à face des enfants (Electre et sonfrère Oreste) et de leur mère (Clytemnestre) serésout, une fois encore, par le meurtre. PourSophocle, le récit s'arrête là, abruptement, aban-donnant les jeunes assassins au silence définitifde leur acte. Eschyle, lui, propose un tribunal,institue une justice contradictoire où la parolevient briser le cercle vicieux du crime.Le spectacle se joue dans l'espace d'un frotte-ment entre la tradition orale africaine (griots,récits d'origine…) et ce théâtre tragique grec oùchœurs chantés, récits et scènes dialoguées serépondent dans une musicalité concrète.
Claude Yersin et Yves Prunier
La presseClaude Yersin qui avait déjà mis en scènel'Antigone de Sophocle, revient au berceau de lamythologie. Monter une tragédie grecque avecune distribution exclusivement composéed'acteurs africains est une prise de risque quen'explique pas seulement la longue histoire dejumelage qui lie Angers et Bamako. D'emblée,forcément, le spectateur est surpris. Par cesaccents qui ne nous sont pas familiers, par cesphrases pas toujours compréhensibles. Passél'étonnement, il pénètre alors dans la pièce dontl'intrigue, finalement, se révèle rapidement assezsimple.De la distribution, forte d'une petite douzainede comédiens et de deux musiciens, on retiendraessentiellement la performance de Fatou Ba. Lacomédienne qui éclaire le personnage d'Electreest la plus proche de la vérité psychologique quel'on attend des personnages. Une puissanceémotionnelle émane de cette jeune femme quiporte sur ses épaules le destin des Atrides avecpresque autant de force que celui de la pièce.Dans le chœur, unique comme chez les Grecs, onappréciera le coryphée, Maïmouna HélèneDiarra. Cette mamma qui mène les pleureusespartage la peine d'Electre et appuie le caractèrepathétique de certaines scènes, notamment à traversces chants dans le dialecte local. De la mêmemanière, la musique qui aurait pu être plus présenteencore, participe au déroulement de l'histoire,accompagne l'accomplissement de l'oracle.Particulièrement bien vue et pertinente, aussi,l'intervention du griot. Traditionnellementdépositaire de l'histoire familiale, il tient ici lerôle d'un narrateur omniscient.
Nicolas Emeriau. Angers Poche
Electre-Orestede Sophocle et d’après Eschylemise en scène Claude Yersintexte français et version scénique Claude Yersin et Yves Prunier
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Je me souviens…Max et Lola reste une très belle expériencepour moi, d'une part parce que DanielGirard est une personne pour qui j'ai beau-coup d'affection en tant qu'homme de théâ-tre, mais aussi en tant qu'individu ; d'autre
part parce que j'ai gardé avec mes partenairesde jeu une amitié durable, ce qui n'est fina-lement pas souvent le cas. Nous sommes sou-vent très proches le temps du spectacle et puischacun reprend sa vie ailleurs.Mais l'image première qui me vient quand
je pense à Max et Lola, c'est Jo (Joël) avecson nez de clown qui pousse le chevalde bois, et Nicolas (le régisseur plateau)shootant dans des ballons sur une musiquede Archive…
Fabrice Gaillard
avecLaure Josnin*
Sabine RevilletGauthier Baillot*Fabrice Gaillard*
Gilles Trinquesavec la voix d’Hélène Vincent
scénographieDaniel Girard
costumesSylvie Lombard
sonsJean-Christophe Bellier
lumièresGilles Lépicier
maquillagesCatherine Nicolas
accessoiresPhilippe Basset
plateauJoël Broussonrégie générale
Nicolas Houdebineconstruction
Ateliers de décors municipauxOliver Blouineau, Bab Baillot
productionNouveau Théâtre d’Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire
création à Angersle 4 mars 2002
Angers17 représentations 2002
Nantes4 représentations 2002
L'histoire est celle d'un parcours intime. Maxet Lola ont le visage grave et lumineux de cesjeunes qui caressent des rêves secrets pour pan-ser des blessures enfouies, pour essayer de s'ensortir.Leur quotidien est rude, celui de démunis qui,placés en foyer, basculent dans la petite délin-quance, de ceux qui, sans famille, sont réduits àla solitude et au manque d'affection, et dont lamachine sociale broie les désirs, les conduisant àl'inéluctable. Max et Lola se battent avec les armes des insur-gés : l'indignation, le désir de tout briser, leromantisme naïf du “quitte ou double”, le paride l'amour fou. Max et Lola s'aiment en effetavec ce trouble de la jeunesse, ce sentiment defaire quelque chose d'attirant et de dangereux àla fois. Leur amour est si excessif, si entier qu'ilva les conduire, comme Roméo et Juliette,Bonnie and Clyde, à la mort. L'action de Max etLola se déroule sur quelques mois entre l'au-tomne et l'hiver, dans un paysage dévasté. Surscène, un lieu livré aux intempéries et à l'usuredu temps, un lieu comme un rêve brisé, celui dece foyer qu'on n'a pas eu…
Daniel Besnehard
La presseCette création à part entière, écrite, conçue etmise en scène par Daniel Girard, raconte lacourse de deux jeunes amants, rattrapés par leurdestin. L'auteur de ce “scénario théâtral” adécoupé son récit en onze tableaux : on passeainsi de la séquence “mobylette” à la séquence“brasero”, de la séquence “guet-apens” à laséquence “grenade”… Daniel Girard a destiné son spectacle préféren-tiellement à un public jeune. Le créneau estréputé ingrat, dans la mesure où il expose forcé-ment au syndrome de la “double lecture” si onne veut pas tomber dans le passe-temps inodoreet sans saveur. Les jeunes spectateurs de Max etLola pourront trouver leur compte dans ces dia-logues minimalistes, mais pas innocents : ainsicette citation clin d'œil au tube de Manu Chao :Parfois j'aimerais mourir pour ne plus savoir… »Dans une volonté délibérée de ne pas porter dejugement : on se contentera d'évoquer en fili-grane les raisons du désespoir des personnages,sans jamais donner de solution au malaiseambiant de la jeunesse. (…)La volonté de Daniel Girard de rompre avec lesenchaînements linéaires de la dramaturgie clas-sique renvoie au théâtre d'un Wedekind (onsonge à la tragédie enfantine de L'éveil du prin-temps). La scène tragique de l'assassinat du pèrequi vire à l'ironie fait songer aux “mélos distanciés”d'un Kroetz ou d'un Fassbinder. Daniel Girardparvient d'ailleurs à en désamorcer la froideur etla violence en faisant intervenir des brancardiersau nez rouge pour évacuer la dépouille de lavictime. Quant à l'onirisme du conte, il estentretenu par des accessoires insolites, dont lemoins anachronique n'est pas ce cheval empaillégrandeur nature, servant de support aux rêves deMax et Lola.
Bertrand Guyomar. Le Courrier de l'Ouest
Max et Lolaun spectacle de Daniel Girardtexte et mise en scène Daniel Girard
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Je me souviens…Le Nouveau Théâtre d'Angers et laCompagnie Anonyme ont en commun de sevouloir fragiles, rieurs, complices, navigateursde pleine mer. Dans cette maison de parta-geurs, de porteurs de mémoire, de coureursnocturnes, d'arpenteurs textuels et de chahu-teurs de théâtres, nous nous sommes sentis cheznous. Avec la complicité de toute l'équipe, j'aipu conduire avec sérénité Casimir et Carolined'Ödön von Horváth. Chacun s'est engagé ets'est approprié ce projet.Je me souviens de la parole donnée parClaude Yersin, une parole franche et directe,
une parole qui correspond à des actes.C'était la première fois qu'un CentreDramatique National s'engageait dans uneproduction importante de notre Compagnie :douze comédiens, une scénographe, un éclai-ragiste, un réalisateur sonore, une costumière,deux régisseurs de la Compagnie, une assis-tante, un metteur en scène, un administra-teur et une chargée de production. Au-delàdu travail artistique, pédagogique, éthiqueque le NTA poursuivait à travers Casimir etCaroline à Angers, il créait tout simplementdu travail pour les artistes et techniciens dela Compagnie, c'est-à-dire de l'utilité de soi
à un endroit de dignité, d'authenticité dutravail.Quelques semaines pour s'apprivoi-ser, pour se parler, pour mesurer tout ce quinous rapproche et nous fait vivre, poursavourer les divergences, les affinités et enga-ger un débat actif.C'est l'histoire d'un homme qui sculpte unepièce de bois. Un enfant le regarde. Peu à peu un cheval apparaît. Et l'enfant demande : “comment savais-tuqu'il y avait un cheval, dedans ?” L'homme répond : “je l'ai découvert en lefaisant.”
Richard Brunel
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avec Réjane Bajard*
Isabelle BonnadierLara Bruhl*
Nicolas DucronSerge Dupuy
Stéphanie LhorsetValérie Marinese*Philippe Mercier*
Yves Prunier*Samira Sédira*Nicolas Struve*
Thierry Vennesson
costumesAnne Kahlhoven
dramaturgie et scénographiePaola Licastro
lumières Mathias Rocheson Richard Fontaine
régie générale Manu Rutkarégie plateau Raphaël Odin
directeur production Nicolas Rouxchargée de production
Aline Présumeyconstruction du décor
Ateliers de décors municipaux(Joël Charruau, FabriceBoistault, Pierre Leroy)
Olivier Blouineauserrurerie
Joël BroussonYves Paris
coproductionCompagnie Anonyme
Nouveau Théâtre d’AngersCentre Dramatique National
Pays de la LoireLes Célestins, Théâtre de Lyon
avec le soutiendu Théâtre de la Renaissance -
Oullins, de l’ADAMI et la SPEDIDAM
première représentation à Angersle 5 novembre 2002
Angers16 représentations 2002
tournée France12 représentations 2002
La compagnie a reprisl’exploitation du spectacle pour
d’autres représentations
Entre misère de l'amour et temps de misère :au cœur de ce Volksstück (pièce populaire) setrouvent l'intimité crue, le vacillement, ledérèglement du couple. L'amour chezHorváth n'est pas l'amour fou, romantique, abs-trait, il est modeste, contingent, dépendant de lasituation sociale et économique du couple.Casimir est mis au chômage pour des raisonsqui n'ont rien à voir avec ses qualités. C'est uneconséquence de la crise. La crise a un effetimmédiat dans sa relation amoureuse à sa fian-cée Caroline.À travers une fête foraine, métaphore d'unmonde capitaliste, les couples se font et sedéfont, l'amour s'achète. Au milieu du rêve etde l'aventure, les cartes sont truquées : la hiérar-chie est immuable, les rôles sont distribués,entre ceux qui peuvent payer et ceux qui doiventse vendre.
Les lendemains de fête sont rudes, la fuite dansle rêve et la fête est génératrice de catastrophes.Casimir et Caroline, prolongement contempo-rain de couples au destin tragique, incitentjoyeusement à la lucidité sur notre monde.Horváth ne condamne pas l'Oktoberfest, maisne suggère-t-il pas ironiquement de ne pas fuirsur les ailes des chansons à boire et sur lesmachines à vertige nos responsabilités person-nelles et collectives ?
Richard Brunel
La presseSans être indifférent au long mouvement devalse-hésitation qui entraîne la pièce et à ses san-glots sentimentaux, le metteur en scène RichardBrunel – un jeune artiste qui a déjà fait des chosesplutôt remarquables du côté de Saint-Etienne,Lyon et Oullins, à présent soutenu par le CentreDramatique d'Angers – oriente son dessin versun univers joyeusement cauchemardesque.Puisqu'il y a des monstres dans les baraquesforaines, il rend humains ces phénomènes defoire et moins humains les spectateurs qui vien-nent les voir. Où est la frontière entre le normalet l'anormal, le civilisé et le brut ? dans unespace d'alvéoles, de toboggan et de lointainsarrière-plans, la troupe joue choral et collectif,en pleine union. Comme il y a douze acteurs, onne citera que Nicolas Struve, interprète d'unCasimir fermé comme un coffre à secrets.Valérie Marinese, qui fait une Caroline inat-tendue, plus chic que plébéienne et toujoursséduisante. Philippe Mercier, qui donne uneétonnante épaisseur tragique au rôle du vieuxséducteur, la chanteuse Isabelle Bonnadier, quisait être un faux monstre beau et émouvant,Lara Bruhl et Yves Prunier. Un peu incertaindans ses premières minutes, le spectacle révèlepeu à peu qu'il repose sur cette incertitude, surl'ambiguïté d'un climat de fausse allégresse. Il court rythmiquement dans une nuit miroi-tante où chacun perd plus qu'il ne gagne. Si toutbon théâtre est un théâtre hanté, Richard Brunelest un fantôme de la mise en scène qui ira loin.
Gille Costaz. Politis
Casimir et Carolinede Ödön von Horváthmise en scène Richard Bruneltraduction Henri Christophe
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avecSandrine Attard*
Chantal DeruazFabien Donneau
Elsa Lepoivre*Gauthier Baillot*
François BéchuNicolas Berthoux*
Christophe GravouilGeorges Richardeau
Didier RoyantDidier Sauvegrain
Henri Uzureau
décor et costumesChantal Gaiddon
assistée deSéverine Thiébault
lumièresStéphanie Daniel
maquillagesCécile Kretschmar
habilleuseLucie Guilpin
accessoiresPhilippe Basset régie générale
Jocelyn Davièrerégie lumières
Benoit Colletcréation et régie son
Vincent Bedouetrégie plateau
Olivier BlouineauBab Baillot,
construction du décorAteliers de décors municipaux
productionNouveau Théâtre d’Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire
avec le soutien du Fonds deDéveloppement de la Création
Théâtrale Contemporaine - SACD
création française à Angersle 11 mars 2003
Angers22 représentations 2003
tournée France5 représentations 2003
Mais qui est Sophie Auzanneau ? Sur XavierBergeret, tous les témoignages s'accordent. Onne peut que faire l'éloge de ce garçon : affec-tueux, droit, simple. Il aimait Sophie, elle letrompait, ne l'aimait pas, semble-t-il. A moinsqu'elle se soit mise à l'aimer lorsqu'il a com-mencé à se détacher d'elle ?Fait divers. Une étudiante en médecine assassineson ex-amant et camarade de faculté. L'appareilde justice se met en action. Pourquoi a-t-elle faitça ? Qui est-elle ?Entre l'accusée et la cour d'assises, un jeu ne sejoue pas. La machine théâtrale de la justicepatine. Elle tourne, mais à vide. Tout se passecomme s'il y avait, chez Sophie Auzanneau, unrefus, ou une incapacité, à se couler dans le rôlequ'on lui demande de tenir. Quelque chose deréfractaire au théâtre.
Michel Vinaver
La matière de sa pièce, Michel Vinaver l'a pui-sée dans la relation faite par le journal Le Monded'un procès retentissant jugé en 1953 par laCour d'assises de Paris. Il s'est en particulierservi de toutes les paroles citées dans ses articlespar le chroniqueur judiciaire en charge de l'af-faire. Mais on est loin d'un documentaire, quisuivrait les étapes définies par le code de procé-dure pénale, car l'auteur troue le procès par des“reconstitutions” de fragments de la vie deSophie Auzanneau jusqu'au jour du crime. Cesflashbacks viennent inquiéter le déroulement duprocès, dans le désordre chronologique, commeautant de pièces du puzzle à reconstituer, cha-cun pour son compte, par les magistrats, les avo-cats, les jurés… et les spectateurs. Dans unepolyphonie de paroles dites à des momentsdivers, dans des lieux divers et diverses circons-
tances, par touches successives, par glissementsthématiques et associations d'idées, s'esquisse enspirale ce Portrait d'une femme, dans l'ambiguïtémême du vivant.
Claude Yersin
La presseMichel Vinaver, on le sait, ne prend pas parti. Ilsemble neutre, laisse au spectateur le soin detirer sa vision d’éléments donnés dans un désordresavant. Pour la création de la pièce en français,Claude Yersin a placé les gens de justice en hau-teur, comme dans un ciel, tandis que toutes lesscènes de la vie – amours, relations diverses –ont lieu au cœur du plateau. Il parvient, avec lesacteurs, à donner une belle intensité à chaquemoment, à chacun de ces fragments qui, pour-tant, passent si vite. (…)Le spectacle demeure riche de son trouble, deson énigme multipliée par les diverses versionsde la personnalité de la criminelle. Il doit beau-coup, également, à son interprète principale,Elsa Lepoivre, comédienne capable de rendreperceptibles le mystère d’un être secret et unevive sensibilité à l’intérieur d’une personnalitéforte, d’être à la fois dynamique et songeuse, dejouer en même temps le sentiment et le refus dusentiment. Avec elle Vinaver n’est pas neutre, mais dans lamultiplicité des vérités contradictoires.
Gilles Costaz. Les Échos
Portrait d’une femmede Michel Vinavermise en scène Claude Yersin
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Je me souviens…“C'était l'arbre où je grimpais quand j'étaispetite je restais des heures blottie dans lafourche des trois grandes branches… monnid, là j'étais invisible.”Portrait d'une femme – Sophie Auzanneau
désespérément libre – bâti dans un travailcollectif, orchestré chaleureusement sous leregard confiant de Claude Yersin. Une aven-ture que j'ai été fière de défendre auNouveau Théâtre d'Angers où régnait uneatmosphère détendue et amicale, qui n'a fait
qu'enrichir le travail. Pensées affectueuses àtoute l'équipe du NTA.C'est là aussi que je célébrais mon entrée à laComédie-Française !
Elsa Lepoivre
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Je me souviens…Être metteur en scène, c'est passer par laporte étroite, et les portes des théâtres sem-blent parfois grippées.Claude Yersin est de ceux qui vous ouvrentla porte et vous laissent doucement entrerdans le métier en mettant à la disposition del'artiste les moyens financiers et humains.Fassbinder déclarait que dans son théâtre iln'avait jamais fait que parler de son père desa mère et de lui. C'est peut-être ce qui nousrapproche Daniel Besnehard et moi, outrenos racines normandes, ce besoin de dissé-quer la cellule familiale, d'autopsier l'âme
humaine dans ses recoins les plus intimes.Dans son théâtre la perversité et les fan-tasmes se mêlent au romanesque. C'est pourmoi un théâtre de l'enfance, de l'enfant spec-tateur d'un monde fascinant et effrayant ;l'auteur reste cet enfant qui découvre unmonde d'adultes peuplé de femmes felli-niennes, d'ogres et de chiens (je pense àl'inoubliable interprète canine de À vif ).C'est une matière dangereuse que les textestroués qui laissent passer les fantômes. Lesmonstres prennent vie, les terreurs d'enfantsressurgissent.À vif est une histoire de passage.
Les maisons normandes ont beaucoup deplacards, après la porte étroite on ouvre lestiroirs secrets.La porte s’est fermée et l'enfant transformépoursuivra son chemin et les histoires seraconteront peut-être autrement.Mais le théâtre doit rester l'endroit où sefabriquent les histoires, Notre Histoire.Le spectacle vécut heureux sous le regardbienveillant des critiques et des spectateursde la scène nationale de Châlons-en-Champagne et du théâtre du Rond-Point.
Christophe Lemaître
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avecNathalie Besançon*
Laurent Schilling*Jean-Edouard Bodziak
Adrien Saint-Jore*la chienne Rosalie
lumièresFranck Thévenon
scénographie et costumesStéphane Gaillard
assistant à la mise en scèneStéphane Schoukroun
création sonoreTristan Lofficialrégie générale
Yannick Camartadministrateur
Olivier Lofficial
coproductionThéâtre des Treize Lunes
Scène Nationale de Châlons-en-Champagne-
Nouveau Théâtre d’AngersCentre Dramatique National
Pays de la Loireen coréalisation avec le Théâtre
du Rond-Point (Paris)avec le concours
du Ministère de la Culture et dela Communication-DRAC
Champagne-Ardenne et du Conseil Régional de
Champagne-Ardenne-ORCCA
l’aide à la première repriseaccordée par la DMDTS
création à Châlons-en-Champagnele 4 mars 2003
Châlons en Champagne5 représentations 2003
Angers23 représentations 2003
Paris16 représentations 2003
Les années 70, une station balnéaire deNormandie. Les promoteurs immobiliersbétonnent le bord de mer et les saisons rapportentgros aux petits commerçants.Bernard et Brigitte, la quarantaine installée,tiennent un libre-service qui donne sur la plage.Ils travaillent ensemble, ne se quittent jamais.Leur supérette, c'est tout : leur foyer et leur lieude travail. Un huis clos. Brigitte rêve parfoispour son fils Pierre, envoyé en séjour linguistiqueen Angleterre, d'un autre destin. Bernard, lui,dresse Akim, un chien de défense. Bientôt arrivent deux personnages : Louis, unjeune commis de l'assistance publique et Ivo, unlivreur, émigré tchèque. La pièce devient unezone de conflits intimes. Bernard ne peut maî-triser sa propre violence. Brigitte “perd la tête” etcède à l'inconnu…Neige et sables fut créé à la Comédie de Caen en1986 par Claude Yersin, avec Françoise Bette,Huguette Cléry, Jacques Mathou, Yves Nadot,Louis-Basile Samier. Depuis cette date, la piècepubliée aux Editions Théâtrales n'avait jamaisété reprise. Christophe Lemaître (ancien élèvedu TNS), responsable de la compagnie des TreizeLunes, a souhaité la mettre en scène. J'en étaisravi.Dans Neige et sables, il y avait deux pays (laFrance giscardienne, la Tchécoslovaquie après lePrintemps de Prague), deux couples, deuxclasses sociales : des intellectuels praguois écraséspar le régime totalitaire, des petits commerçantsnormands avides de réussite. Un double par-cours.J'ai choisi de proposer une deuxième version deNeige et sables, intitulée À vif. Cette versionrenonce à la totalité des séquences tchèques. Lapartie normande est le “cœur authentique” de
l'œuvre. Elle est la plus proche de moi, de maréalité autobiographique. À vif est un “remix”comme on dit aujourd'hui.
Daniel Besnehard
La presseDramaturge à l’écriture incisive, DanielBesnehard possède, comme son confrère Tilly –mais sans faire preuve d’autant de hargne assas-sine que l’auteur de Charcuterie fine ou desTrompettes de la mort – l’art de brosser destableaux d’existences dites “ordinaires” toujourscriants de vérité. Les événements se précipitentici dans un décor où se côtoient une cuisine avectable et chaises en Formica et une soupente danslaquelle est installé le commis. ChristopheLemaître, dont c’est une des premières mises enscène, a misé sur le contraste manifeste entre cepiteux environnement et la gigantesque photo-graphie d’un couple de trentenaires aux alluresde dieux de l’olympe hollywoodien qui trône aumilieu du plateau. Image idéale du bonheur dece début des années 60 où se situe la pièce…Dirigés avec finesse, les comédiens donnent àces vies sans issue une densité exceptionnelle.En particulier Nathalie Besançon, magnifiquede féminité rudoyée et Adrien Saint-Jore dontles forfanteries et révoltes d’enfant blessé chavi-rent le cœur.
Joshka Schidlow. Télérama
À vifde Daniel Besnehardmise en scène Christophe Lemaître
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avec Emmanuelle Grangé
Flore Lefebvre des NoëttesAnne Suarez*
Pascal DurozierPhilippe Mercier
Pierre-Stéfan Montagnier*Nils Ohlund*Raphaël Poli*
assistante mise en scèneOdile Cohen
scénographie et costumesChristophe Ouvrard
création lumièresLaurent Schneegans
création musicale et sonoreHervé Rigaud
production déléguéeNadja Leriche coproduction
Des Lumières & des OmbresNouveau Théâtre d’Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire
Le Festin – CDN Montluçon etrégion Auvergne
avec le soutien de la DRAC
Poitou-Charenteset la participation artistiquedu Jeune Théâtre National
première représentation à Angersle 4 novembre 2003
Angers22 représentations 2003
tournée France22 représentations 2003
La compagnie a reprisl’exploitation du spectacle pour
d’autres représentations
C'est dans le bonheur d'une union que toutdébute. Dans la blancheur d'une fin d'après-midi joyeuse, dans le doux claquement au ventdes rideaux, à l'heure de la méridienne. (…)C'est dans la blancheur d'un pré sous la luneque se trame l'épilogue des amours infortunéesd'Angélique et de George.Et vient l'instant où l'on se retrouve, chacund'un côté de la porte. Et toute porte a deuxfaces, l'une devant laquelle on implore le par-don, et l'autre derrière laquelle on dit non, aveu-glé d'une jalousie sans bornes, en cachant deslarmes d'amertume. Plus de surdité à présent,car il faut que la tragédie se déroule en bonordre, jusqu'à la fin inéluctable. Alors, à la lueurd'un bout de chandelle, on échange les rôles, etcelui qui refusait d'ouvrir devient le suppliant,humilié, à genoux, et celle qui pleurait, quimenaçait de se tuer d'un couteau dans le cœur,qui gisait sur le seuil d'une maison dont elle nevoulait pas, celle qui n'avait pas désiré lemariage, celle-là se tient adossée au chambranleet se venge de la douleur d'avant, en refusantd'ôter le verrou.Alors le huis clos dit encore la folie, la désespé-rance, la solitude et la honte. Il dit que le mal-heur n'a ni camp ni couleur et que la souffrancen'appartient pas qu'à celui qui se retire : elle separtage entre ceux qui dormaient sous le mêmetoit, tranchée en deux par ce couperet de fer etde bois, cet accès à la joie et cette issue à lapeine : la porte se referme sur les supplicationsde Dandin et sur son ange furieux.C'est dans les premières lueurs d'une aubeinsouciante, que sombrent les larmes del'homme. Elles se mêlent aux eaux noires despuits sans fonds, descendent dans la terre et seperdent en des rivières glacées.Il n'y a plus de place que pour un dernier regardau monde, à la vie et à l'amour. À ce qu'on aperdu et ce qu'on espérait. À ce qu'on était etauquel on voulait échapper.La nuit est avancée, et j'ai peur qu'il ne soit troptard.
Guy Pierre Couleau
La presseNourri au lait du contemporain, Guy PierreCouleau se tire avec brio de sa premièreconfrontation avec le répertoire classique.Certes, il éclaire la pièce triplement séculaire auxnéons du modernisme, dans un décor minima-liste à l’extrême qu’habillent les échappées musi-cales un rien bruyantes du groupe GarageRigaud. Mais c’est pour mieux magnifier et letexte et cette inusable “vis comica”, qui tourneavec le même entrain en 1618 comme en 2003.Un fond céleste, des trappes qui sont surtout deschausse-trappes et un plateau incliné comme unradeau de la Méduse après le naufrage del’amour, tel est le cadre épuré où évoluent huitcomédiens déchaînés et parfois enchaînés. Parune espèce de machisme récurrent, les comédiesclassiques ont souvent cantonné les dames dansdes rôles de pétasses acidulées et d’ingénuesnunuches. Rien de tel ici avec Anne Suarez,Emmanuelle Grangé et Flore Lefebvre desNoëttes, qui développent un appétit de vivreréjouissant, libérateur et quasi animal.Chez les messieurs, l’excellent Philippe Mercieren Monsieur de Sottenville et Pierre-StefanMontagnier dans le rôle titre déclinent à mer-veille les deux étymologies latines du mot“snob” : le premier est sans oseille (sine obolo),le second sans ancêtres chics (sine nobilitatis).Avec Pascal Durozier en soupirant lubrique etRaphaël Poli en valet gaffeur, tout ce petitmonde se retrouve pour une scène d’anthologie,cette folâtre séquence nocturne qui tient de lapantomime, de la fête galante et de la comme-dia dell’arte. (…)On saura gré à Guy Pierre Couleau d’avoirtranspercé son élégante et sensuelle mise enscène d’éclairs de folie qui ajoutent à la fantaisieoriginelle. Et à son épatante équipe de respecterà la lettre la “règle des règles” du vieux Jean-Baptiste, qui est “de plaire et de faire rire leshonnêtes gens”.
Marc Déjean. Ouest-France
George Dandinde Molièremise en scène Guy Pierre Couleau
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Je me souviens… Je ne sais trop ce qu'il est possible d'appren-dre au théâtre, tant on passe de temps à dés-apprendre de spectacle en spectacle. La vieavance et d'acteur, je suis devenu metteur enscène. J'ai monté quelques pièces et un jourmon téléphone a sonné. Au bout du fil, il yavait Claude Yersin. Nous avons parlé d'unprojet. J'ai raccroché et j'étais heureux. Je mesouviens de ce moment-là.Quelques mois plus tard, à Angers, je répé-tais le dernier acte de George Dandin.Deux jours avant la première, tout était noir
dans ma tête, je ne voyais ni ne savais plusrien de ce qu'il aurait fallu faire avec cettepièce. J'entendais le rire de Claude, quelquessièges derrière moi. La salle s'est rallumée. Ilsouriait. Je me souviens de ce sourire-là etdes mots qu'il m'a dit.A-t-il jamais su qu'à cet instant, ce rire étaitla plus belle de mes victoires, la plus grandede mes récompenses, le plus illustre de mestrophées ? Mais que dire à un metteur enscène qu'on a toujours connu et qu'on ren-contre enfin et qui vous demande de travail-ler chez lui ? Comment le remercier de sa
confiance et de sa générosité ? On dit, sur lemoment, des mots maladroits, on se sentincapable d'ouvrir son cœur, par pudeur,par délicatesse. Puis on écrit un jour quelques lignes quitentent de traduire l'admiration et la grati-tude. Transmettre est sans doute une des plus belleschoses qui existent au théâtre. Avec donner.Je me souviens que je l'ai appris par toi,Claude. Merci.
Guy Pierre Couleau
Je me souviens…En novembre 2001, nous séjournons à Bamakodans le cadre d'une “résidence d'auteurs” co-orga-nisée par Écritures vagabondes et le NouveauThéâtre d'Angers et l’agence malienne BlonBa.J'entends parler de Claude mais il ne vient pas àBamako cette année-là. Je le rencontre pour la pre-mière fois en mai 2002 à Angers, où les auteurs dela résidence se retrouvent pour un “Retour deBamako” comportant des rencontres et la lecturepublique des pièces écrites à la suite du séjourmalien. Claude dirige les mises en voix. De lajovialité, mais pas de temps à perdre. Lecteur pourl'occasion, mais inconnu dans la maison, je meconcentre pour faire bonne impression. Ma pièces'intitule Bamako, titre dont on pourra soulignerle manque d'originalité, certes, mais je n'ai rientrouvé de mieux. Au moment de répéter Bamako,j'apprends que c'est Claude qui lira le rôle de DeWinter, la figure centrale de ce texte. J'ai le senti-ment qu'il aime bien la pièce et cela me procure unplaisir d'enfant. Le soir, nous lisons la pièce dansson intégralité. Après le dernier mot de la dernièrescène et juste avant les applaudissements, il y a cetteseconde de silence que j'aime tant parce qu'elleconcentre les émotions de tous. Dans le genre, il mesemble que la seconde de ce soir est particulière-ment vibrante. Une nuée d'anges passe à toutevitesse. Nous nous regardons entre lecteurs. Nousrefaisons une lecture à Paris. À nouveau, lafameuse seconde frémit plus que d'ordinaire. Deretour chez moi, après deux ou trois semaines d'hé-sitation, je décide d'écrire à Claude. Cela m'arrived'écrire des lettres aux gens, quand je me sens malà l'aise ou perplexe, que je ne sais plus quoi fairepour être joué, que j'ai l'impression que personnene s'intéresse à mon travail… Bref, quand ça ne vapas trop bien. En substance je dis à Claude “si tuas aimé la pièce, pourquoi ne la créerais-tu paschez toi ?” A cette époque, je n'ai jamais été jouédans un “grand théâtre”... Claude ne répond pas mais quelques jours plustard, nous nous croisons en Avignon. C'est lui quiaborde le sujet, franchement, sans permettre à lagêne de s'installer. Il me dit qu'il a reçu ma lettreet qu'il ne sait pas quoi me répondre, parce que lui-même n'est pas sûr à ce moment-là de rester encorelongtemps à la direction du centre dramatique.Après quelques mois, il m'appelle pour me direqu'il restera deux ou trois ans de plus à Angers etqu'il va créer Bamako. Promesse qu'il tient. Il estrare que les choses se passent comme ça.
Eric Durnez
avec Fanta Bérété
Claire Anne MenaucourtRenan Carteaux
Jean de Coninck*Gora Diakhaté
Malik Faraoun*Cléribert 8 Sénat
scénographieSilvio Crescoli
costumesClaire Risterucci
assistée de Lucie Guilpintoile peinte
Bruno Colletpeinture
Myriam Bondumaquillage
Catherine Nicolaslumières
Benoit Colletsons
Vincent Bedouetrégie générale
Jocelyn Davièreaccessoires
Philippe Basset
productionNouveau Théâtre d’Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire
avec la participation artistiquedu Jeune Théâtre National
et le soutien de la SACD
La pièce a reçu le Prix de laDramaturgie francophone
de la Commission théâtre de laSACD
création à Angersle 2 mars 2004
Angers 23 représentations 2004
tournée France6 représentations 2004
Passer un mois dans un pays inconnu, c'est àla fois peu et beaucoup… Auteur, je travaille avec des sensations, des ren-contres, des émotions, des questions… C'est enmarchant seul dans les rues de Bamako, que leprojet de pièce a pris corps. Quelques mois plustard, j'en rédigeais une première version. Surplace, je n'avais écrit que le poème qui ouvre lapièce et les premiers propos désabusés de DeWinter.La pièce se nourrit également, confusément, dedeux autres voyages, l'un au Liban, l'autre auTogo. Je n'ai rien à dire sur l'Afrique, en tout casrien qui n'ait déjà été dit et analysé par des voixbien plus autorisées… Mon regard fasciné etangoissé sur cet incroyable Mali ressemble àcelui du jeune Julien, figure de l'étranger naïf, àla fois curieux et aveugle… Bamako, c'est l'histoire de l'ultime combatmené par un homme malade et fatigué poursauver sa jeune nièce. C'est aussi, mais en fili-grane, l'histoire d'une famille au destin étrange,entre Beyrouth, Anvers et Bamako.Dans l'hôtel décrépit qui est le cadre du drame, serencontrent des êtres pas (ou plus) très reluisantset des jeunes gens qui vont devoir apprendre lalucidité…Le “mélodrame subsaharien” se déroule inexora-blement dans la pesanteur d'une ville qui luttechaque jour contre la misère, la corruption, l'in-salubrité et qui pourtant éclate de couleurs et devitalité.Bamako, c'est enfin l'histoire éternelle des illu-sions perdues, des miroirs aux alouettes, des pré-jugés et des malentendus…
Eric Durnez
La presseL'arrivée sans cesse sublimée de Fanta Bérété estun ravissement et plus encore. Gracieuse, douéed'une belle malignité, l'artiste venue du Mali, etdéjà engagée par le metteur en scène pour jouerdans Électre, ajoute à la crédibilité de l'ensemble.Gora Diakhaté dans le rôle de Moussa et MalikFaraoun dans celui d'Amine, participent à cettecouleur locale justifiée, tandis que l'authentiqueJean de Coninck, Anversois tel qu'on l'imagine,n'hésite pas, placide, à déclarer : “La Belgiqueest moche. Tout le monde le sait. Du gris, desroutes, de la pluie, du gris, des travaux, dubrouillard, de la pluie.”L’écriture cinématographique de Bamakorenvoie aussi à Coup de torchon. Les faits sedéroulent au rythme d'un déhanchement aucœur de décors réalistes aux couleurs africaines.Pales de ventilo de bois et volets ajourés colorentles touches impressionnistes d'un polar quilaisse un beau souvenir.
Laurence Bertels. La Libre Belgique
Bamako,mélodrame subsahariende Eric Durnezmise en scène Claude Yersin
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Gertrude Stein et Alice Toklas avaient passéla guerre 14-18 sur les routes de l'Est de laFrance à bord d'un véhicule Ford sigléCroix-Rouge, à soigner les blessés de l'arméefrançaise. En 1939, les deux femmes s'installentà la campagne dans un village de Savoie et ypassent toute la guerre. A son retour à Paris en1945, Gertrude Stein écrit ce qui sera son avant-dernière pièce de théâtre Oui dit le très jeunehomme.Cette pièce se situe précisément dans un villagede France, à la campagne. Elle commence lejour de l'Armistice de 1940 qui annonce la capi-tulation et le gouvernement de Vichy, et setermine le jour de la Libération en 1944.Dans cette France occupée, d'abord majoritaire-ment pétainiste et de ce fait collaborationniste,émerge petit à petit la possibilité d'un couragené de la honte de la défaite, et de l'humiliationd'avoir perdu sans combattre, de l'engagementde l'Amérique et de la résistance soviétique ; uncourage qui dans les derniers jours de l'occupa-tion a pu donner aux Français l'illusion de s'êtrelibérés eux-mêmes. Cette pièce met en jeu d'unefaçon redoutablement objective l'attitude desFrançais de quelques bords que ce soient durantcette période noire de l'Histoire de France.
Ludovic Lagarde
La presseOlivier Cadiot, qui signe le texte français,Ludovic Lagarde qui met en scène, donnent àOui dit le très jeune homme, qu'ils nous révèlent,une simplicité d'apparence que dément la com-plexité d'une écriture tout en redites, en reprises,et d'une structure dramatique qui, loin de s'entenir au développement de scènes qui se succè-deraient comme en un récit linéaire, est elleaussi légèrement luxée.C'est le mot “cubiste” qui vient à l'esprit parceque, parfois, on a le sentiment de voir lesprotagonistes dessiner, littéralement, par leurspostures, qui, d'un tableau à l'autre, changenttrès légèrement – c'est frappant pour Denise /Camille Panonacle-Debrosse –, les figures d'unevaste composition discordante et très puissante àla fois.Personnages rapidement esquissés, croquis. Ilsuffit d'une moustache pour fixer un caractère !Scènes se succédant rapidement. Pages clas-siques pour la musique. Phrases projetées,recomposées elles aussi.(…)Christèle Tual est une Constance qui porte admi-rablement son prénom. Élégante et déterminée.Camille Panonacle-Debrosse est une Deniseparfaitement dessinée ; Claire Longchamp etSophie Gueydon, fausses jumelles, sont trèsjustes, précises.Les garçons sont également très bons. AntoineHerniotte, belle présence de Ferdinand. PierreBaux, Henri, sourdement véhément, JohnFranck, furtif soldat, et Laurent Poitrenaux, rôlebref et intensité de Georges Poupet.
Armelle Héliot. Le Figaro
Je me souviens…Mon histoire avec le NTA a commencé en1990. Christian Schiaretti venait de m’en-gager comme assistant et je vins donc àAngers pour la première fois assister à lacréation de Léon la France. Schiaretti medit alors toute son admiration pour ClaudeYersin et Daniel Besnehard ainsi que sonattachement à l’équipe du Théâtre. Devenumetteur en scène, j’ai pu à mon tour, années
après années, faire l’expérience de cetteadmiration et de cet attachement. Pièce après pièce, de Brecht à Cadiot puis àStein pour la création de Oui dit le trèsjeune homme, j’ai chaque fois eu, en com-pagnie de mon équipe, le sentiment d’ins-crire mon travail dans un projet artistiquefort, cohérent et généreux envers le public.Dans une société dont on tente de nous fairecroire qu’elle pourrait se satisfaire d’un
Théâtre comme simple objet de divertisse-ment culturel, instantané, et sans mémoire,la fidélité, la constance, l’attention et l’amitiécréent les conditions d’une mémoirepartagée entre les artistes, les équipes et lepublic. Cette mémoire, c’est la trace essen-tielle de notre art éphémère, son “réel”.
Ludovic Lagarde
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avec Sophie Gueydon
Claire LongchampChristèle Tual*
Camille Panonacle-Debrosse*Julia Vidit
Pierre BauxAntoine Herniotte*Laurent Poitrenaux
John Frank (en alternance) Jérôme Veyhl
dramaturgie Pierre Kuentzassistante à la mise en scène
Claire Longchampscénographie
Ludovic Lagardeet Antoine Vasseur
costumesVirginie et Jean-Jacques Weillumières Sébastien Michaud
son David Bichindaritzvidéo Cynthia Vandecandelaère
assistante costumes Fanny Broustemaquilleuse Corinne Blot
direction technique SébastienMichaud et Pierre Martigne
régie plateau Philippe Mouginchargé de production
Jean-Michel Hossenloppdécor construit par les ateliers
du Festival d’Avignon sous ladirection de Philippe Varoutsikos
coproductionNouveau Théâtre d’Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire-
Le Théâtre du Gymnase-Marseille-Festival d’Avignon-
Centre National des Ecritures duSpectacle - La Chartreuse
Villeneuve-lès-Avignon-Compagnie Ludovic Lagardeavec le soutien de l’ADAMI et
avec la participation artistiquedu Jeune Théâtre National
création à Villeneuve-lès-Avignonle 9 juillet 2004
58e Festival d’Avignon
Angers 11 représentations 2004La compagnie a repris
l’exploitation du spectacle pourd’autres représentations
Oui dit le très jeune hommede Gertrude Steinmise en scène Ludovic Lagardetexte français Olivier Cadiot
Dans un vaste rucher, deux personnages : letrès vieux Gust Anzenberger, de Mietraching,un paysan bavarois, un débrouillard, un durà cuire, qui a résisté aux guerres et aux crises,à la peste brune comme au miracle écono-mique. Ancien batteur à façon, il vit sa retraiteauprès de ses abeilles qui lui fournissent à la foishospitalité et revenu : c'est le miel qui paie labière.Il y a là aussi Lies, seconde femme de Gust, quiagonise, tandis qu'il se remémore tout haut unevie de travail et de battage à travers toute lacontrée, des années et des années d'histoires etd'Histoire…Lies meurt, et plus personne n'y peut rien. Quefaire, sinon conjurer par la parole l'attenteangoissante de l'inéluctable ?Gust parle et Lies meurt. Une fois encore, unefemme réduite au mutisme témoigne “encreux”, avec une terrible violence, d'une viepassée à “bosser et à fermer sa gueule”. Herbert Achternbusch a trinqué avec Gust, c'estsûr, il l'a écouté, il a ri de ses malices, de sonhumour, de sa truculence ; il a été indigné par sadureté, par son égoïsme cupide ; il s'est plu, et làil excelle, à recomposer son langage avec toutel'exactitude d'un auditeur expert en langage ettout le raffinement d'un grand écrivain-poète.J’ai traduit et créé en France, à la Comédie deCaen, Gust en 1984, avec Jean-Pierre Bagotdans le rôle titre. Vingt ans plus tard, nous revi-sitons ensemble cette pièce de miel, de mort etde noire vitalité.
Claude Yersin
La presseDans La vie des abeilles, Maurice Maeterlincknote que “l'individu n'est rien… Il n'est qu'unmoment indifférent, un organe ailé de l'espèce”.Abeille ou journalier, tel est le lot d'une vie desacrifice à la collectivité, riche encore de tradi-tions, du respect dû aux autres et à soi. Dans lesvaleurs d'humanité de tout artisan porteur de ladignité d'un savoir. Voilà ce dont peut répondreGust, un homme construit qui obéit dans lesgestes, au rituel et au cérémonial funéraire àremplir quand la mort approche. Avec le verbe,comme sauvegarde et reconnaissance. Et lamémoire du partage, du travail, des fêtes, desfunérailles jusqu'à leur disparition définitive.Jean-Pierre Bagot s'engage sans compter danscette existence de vieux rusé commune à tantd'autres, accompagné de la présence douloureu-sement muette de Mireille Franchino. Un actethéâtral pour un adieu funèbre à un mondeancien désormais révolu.
Véronique Hotte. La Terrasse
Je me souviens…Bien sûr que je me souviens !D’ailleurs, une des premières questions de ClaudeYersin fut : “est-ce que tu as une bonne mémoire ?”Hâtivement j’ai répondu “oui !”. Je ne savais pasencore que les 55 pages écrites par ce buveur debière bavarois – je veux parler d’Achternbusch –allaient devenir un cauchemar, le pire de mon par-cours de comédien. Aucun risque donc quej’oublie ces heures à apprendre un texte si plein desensations, de saveurs campagnardes, de souvenirsd’une vie dense et bien remplie et qui, avec desmots simples, raconte notre Europe du XXe siècle etles terribles conflits qui ébranlèrent les nations.Gust fut ce travail-là : ce parcours qui commencepar une gestation douloureuse et s’achève dans leplaisir et le bonheur !Oui, je crois posséder une bonne mémoire mais j’aioublié les moments de doute, de fatigue, de décou-ragement. Claude Yersin m’a confié ce rôle. Avecson aide précieuse, sa retenue, et sa délicatesse, nousavons réalisé un beau et grand spectacle. Et ça, jen’oublierai pas.Avec amitié
Jean-Pierre Bagot
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avec Jean-Pierre Bagot*Mireille Franchino*
décor et costumes Gérard Didier
couturière et habilleuseLucie Guilpin
lumièresBenoit Collet
sonsJean-Christophe Bellier
accessoiresPhilippe Basset
régie plateauJoël Broussonrégie générale
Jocelyn Davièreconstruction du décor
Ateliers de décor municipauxpeinture
Pierre Leroy, Isabelle Cagnacconstruction bois
Fabrice Boisteault, Joël Charruauserrurerie Philippe Buron
productionNouveau Théâtre d’Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire
L’Arche Éditeur est l’éditeur etl’agent théâtral de Herbert
Achternbusch en France
première représentation à Angersle 22 novembre 2004
Angers27 représentations 2004/05
Gustde Herbert Achternbusch texte français et mise en scène Claude Yersin
Je me souviens…Décembre 2004, répétitions de ComteÖderland. Claude constate que bon nombrede personnages de Max Frisch sont fréquem-ment enveloppés de volutes tabagiques.Mimique mi amusée, mi atterrée : “Eh oui,il va peut-être falloir fumer, chers amis…”Un tour de table s'ensuit alors, véritabletragi-comédie pour les anciens fumeurs (20ans, 3 ans, 6 mois, 15 jours d'abstinence,que sais-je ?) et les non-fumeurs (bravo ?).
La joute est passionnante, tout y passe : lapolitique de santé publique, l'inintérêt desdidascalies “frischiennes”, la sécurité sur leplateau, l'état des costumes, l'haleine fétidedes partenaires fumeurs, le coût du spectacle,l'exemple pour les jeunes, etc. etc. Chacuncampe sur ses positions : refus obstiné et défi-nitif pour certains dans les deux camps,“professionnalisme” très consensuel des autres(fumer sur les fonds publics, n'est-ce pas uneréelle jouissance ?)
Claude tranche et son choix olympien d'an-cien fumeur s'impose : le cigare sera fumé (enabondance) par deux valeureux comédiens etune seule cigarette sera sacrifiée. Tout lemonde respire… Mais soudain, Claude : “etles abonnés ? et le public ? Ah on va en enten-dre des vertes et des pas mûres !”Certains ont toussé, toussoté, renâclé même,mais la caravane tabagique d' Öderland estpassée.
Didier Royant
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avec Emeline Bayart*
Hélène Raimbault*Valérie Souchard
Thierry Belnet*Gérard Bourgarel
Fabien DoneauChristophe Gravouil
Pierre-Stéfan MontagnierDidier Royant*
Didier Sauvegrain*Daniel Tarrare*
Henri Uzureau*
scénographie et costumesChantal Gaiddon
création maquillages et perruquesCécile Kretschmar
réalisation costumes Séverine Roubert Thiebault
couturières Fanny Bernadac,Violaine Ménard, Peggy Sturm,
Priscillia Van Sprengelmusique François Chevallier
assisté de Vincent Bedouet pour le son
maquillage Carole Anquetillumières Gilles Lépicier
assisté de Maud Chevreuxrégie plateau
Jean-Pierre Prud’hommeaccessoires Philippe Basset
machiniste Joël Broussonrégie générale Jocelyn Davière
direction technique Claude Noëlconstruction du décor
Ateliers de décor municipaux : peinture Pierre Leroy
assisté d’Isabelle Cagnacconstruction bois
Fabrice Boisteault, JoëlCharruau
serrurerie Yves Paristapisserie Anne Prugnaud,
Christine Lignel, Isabelle Allierdroits de représentation L’Arche
éditeur
productionNouveau Théâtre d'Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire
première représentation à Angersle 16 mars 2005
Angers15 représentations 2005
“Meurtre par cupidité, meurtre par ven-geance, meurtre par jalousie, meurtre parfolie raciste, tout ça est dans l'ordre. Ça s'ex-plique, ça peut se juger. Mais un meurtre commeça, tout simplement ? C'est comme une fissure dansle mur. On peut tapisser pour ne pas voir la fissure.La fissure reste. On ne se sent plus chez soi entre sesquatre murs… Qui sait ? L'acte que nous quali-fions de crime, en fin de compte, n'est rien d'autrepeut-être qu'une plainte sanglante élevée par la vieelle-même contre l'espoir, oui, contre le succédané,contre l'attente…”Celui qui s'interroge ainsi n'est autre que leProcureur, chargé de soutenir l'accusationcontre ce meurtrier à la hache qui s'avère inca-pable de motiver son acte… Mais peut-il encoreprononcer un réquisitoire, lui qui, mieux quepersonne, comprend ce cri de révolte, lui qui estfasciné par ce geste radical ?Et voilà qu'il surgit en Comte Öderland, lahache à la main, figure de légende, annonciateurdu “Grand Soir”, à qui chacun délègue ses rêvesde liberté et de vie meilleure, et qui se trouve,irrésistiblement, porté vers le pouvoir !Mais celui qui pour être libre renverse le pouvoir,assume-t-il la liberté, ou seulement le pouvoir ?C'est le questionnement de Max Frisch, au tra-vers de cette fable, son “explication avec lasociété”. Car pour lui, “Si la littérature n'existaitpas, le cours du monde ne changerait guère ; maison verrait le monde autrement ; on le verraitcomme les privilégiés d'hier et d'aujourd'huisouhaitent le voir : à l'abri de toute remise enquestion”.L'Histoire, lointaine ou proche, atteste de lapertinence de cette interrogation critique, de ceregard sceptique et lucide que porte Frisch sur lemonde comme il va et l'humanité comme ellevit : qui aime bien châtie bien !
Claude Yersin
La presseL'ellipse est la réponse idoine au foisonnement.Claude Yersin y excelle et a conçu d'astucieuxdécors coulissants, stylisé les situations etsilhouetté les personnages pour condenser endouze tableaux séquences, la volcanique frichedu texte de Max Frisch. Son Comte Öderlandbrasse sans entraves l'épopée, la farce, la fable, lalégende, l'onirisme, l'allégorie lyrique, lamétaphore politico-sociale et une intrigue auxmultiples tiroirs.L'excès, on le sait, n'est vertu qu'au théâtre : auxprises avec cette redoutable partition, Yersinorchestre une mise en scène parfaitement huiléeet laisse la bride sur le cou à douze comédiens,chanteurs, instrumentistes, dont Didier Royantdans le rôle-titre, habité par son double commele Horla de Maupassant. Quelle étincelle brûlele rond-de-cuir modèle pour qu'il se mue enassassin ? Quel feu consume l'austère procureurmétamorphosé en seigneur saigneur légendairequi parcourt le monde sa hache à la main pourdéfendre les opprimés ? Pourquoi les foules éna-mourées lui emboîtent-elles le pas ? Parce quecomme l'expliquait vingt-trois siècles plus tôt lapensée grecque, on ne devient homme qu'en sesurpassant, qu'en mettant sa vie à l'épreuve.Parce que la société ronronne dans sa routine.Parce que la musique enivrante de la liberté estétouffée par l'omnipotent sextet de l'Ordre, laLoi, le Travail, la Morale, la Justice et la Banque.“Les peuples heureux, disait Goethe, n'ont pasbesoin de héros.” Les peuples qui s'ennuientcherchent des démiurges et restent éternelle-ment aveugles aux leçons de l'histoire : s'empa-rer du pouvoir au nom de la liberté, c'est aussila confisquer.
Marc Dejean. Ouest-France
Comte Öderlandde Max Frisch texte français et mise en scène Claude Yersin
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avec Hélène Gay*
Christophe Gravouil*
décorOlivier Blouineau et Joël Brousson
son Jean-Christophe Bellierlumières Benoit Collet
costumes Lucie Guilpin
productionNouveau Théâtre d'Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire
première représentation à Angersle 10 octobre 2005
Angers et agglomération26 représentations 2005
repriseAngers
15 représentations 2006tournée Région Pays de la Loire
6 représentations 2006
Méhari et Adrien est une “ballade pourdeux personnages et un side-car”, un roadtheater. Et ils sont bien deux, sur cette route,escortés par leurs rêves et leurs angoisses degarçon et de fille.Respectueux du genre, Blutsch alterne les scènesde voyage et courses folles, et les scènes d'arrêtsoù il se passe bien des choses : accident, enterre-ment, brouilles et réconciliations, cauchemars...Maniant volontiers les références cinématogra-phiques et mélangeant les univers, tout estpour l'auteur prétexte à jouer, à délirer. Et lecomique peut devenir terrible, ou bien tendre,souvent innocemment cruel comme au cirqueou dans les cartoons de Tex Avery.Méhari et Adrien... Vrais ou faux marginaux?Là n'est probablement pas la question. Mais, àn'en pas douter, ils sont héritiers de cette cul-ture de l'écran. Ils sont doués d'une capacitédésarmante à vivre l'instant, jouer ensemble,s'aimer à travers cette complicité ludique.Et,sous leurs facéties, se dessinent leurs peursd'adultes, les nôtres, quand la perspective de laroute se confond avec la perspective de la vie.Depuis la première rencontre jusqu'au coupleusé, en passant par le mariage, qui n'est pascelui dont on rêvait, les enterrements divers, lamaladie, tout ce qui alourdit la vie...Méhari et Adrien nous a touchés par l'efficacitéterrible et tendre de son écriture, à l'humourfranc et sain qui, devant le tragique, prend leparti d'en rire. Aucune complaisance, aucuneméchanceté dans ce regard lucide posé sur lemonde, mais une véritable quête humaine àtravers de multiples surprises et drôleries.Hervé Blutsch est un auteur qui utilise lesarmes de sa jeunesse pour inviter le public àpartager ses interrogations et ses inquiétudes
sur la vie et son devenir, à travers une écriturerigoureuse usant de l'art du découpage et dumontage. Méhari et Adrien, c'est notre vie même, enaccéléré, avec ces moments graves qui nousrattrapent toujours, malgré notre insouciance.Et c'est le jeu, le vrai jeu qui nous vient denotre enfance, qui a le pouvoir d'alléger cettepesanteur du monde. Car, bien sûr, comme le dit Blutsch, tout celadoit rester “marrant”.
Hélène Gay
La presseEn attendant l'inauguration d'une nouvellesalle en 2007, le Centre dramatique des Paysde Loire s'est installé dans les anciens abattoirsd'Angers. Ce lieu intimiste de deux cents placesconvient à un spectacle comme Méhari etAdrien, pièce d'une heure due à un auteurinconnu de moins de quarante ans, HervéBlutsch. Hélène Gay incarne Méhari etChristophe Gravouil, Adrien. Ils sont à bordd'un side-car, composé d'une moto et d'unCaddie. Dans un dialogue sans queue ni tête,le duo voyage au hasard, assistant aux obsèquesd'un moustique ou rencontrant un petit cha-peron rouge pressé de se marier. L'humour descomédiens fait merveille, dans la mise en scènepleine de trouvailles qu'ils ont imaginée où labande-son joue un grand rôle. Adrien boxeavec son ombre, une forêt surgit par projec-tion, une boule tango habille la scène de sesreflets scintillants…
Bruno Villien. Le Généraliste
Méhari et Adrien de Hervé Blutschmise en scène Hélène Gay et Christophe Gravouil
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Je me souviens… Je me souviens que tout commença par “je vousdonne carte blanche”, dans le bureau deClaude Yersin, suivi de six mois de lecture avecHélène pour trouver un texte “coup de cœur”.Je me souviens d'une moto accidentée quelquepart en Vendée. Après un mariage imprévuavec un vieux Caddie, elle devint side-carpour une seconde vie.Je me souviens de deux casques au bol, de lavidéothèque impressionnante de Manu.Je me souviens d'une rencontre improbableentre l'auteur Hervé Blutsch et ClaudeYersin, à 8 heures du mat, dans un cafébrocante de Genève.Je me souviens des premières répétitions dansune salle en sous-sol, perturbées par le bruitdes travaux, le froid, une inondation…Je me souviens qu'un peu plus tard, on adécouvert une boule à facettes et grâce àl'éclairage de Benoit, on s'est mis à jouer avecles ombres qu'on avait dans le dos.Je me souviens de tous les WC de toutes lessalles dans lesquelles on a joué.Je me souviens aussi de la bande son de Jean-Christophe, où le bruit des mitraillettes côtoiele cri de Tarzan, où un sous-marin croise unetribu d'Indiens en chasse, où les bombesservent de rythmique à la 5e de Beethoven.Impossible d'oublier la représentation du 11juin (parce que c'était mon anniversaire etqu'on n'a pas joué !)Je me souviens d'Olivier à quatre pattes sur le tapisblanc, effaçant les traces de la veille et d'Hélèneaprès les représentations, couverte de bleus maissouriante, un verre de Layon à la main.Je me souviens d'une équipe formidable et demoments rares avec le public en des tempstroublés…
Christophe Gravouil
Je me souviens …Rubik’s cube – Je me souviens d’un étrangeobjet posé sur la table : le texte deL’objecteur photocopié puis relié en bro-chure de travail que nous manipulonsClaude, Hélène et moi-même, espérant pen-dant ces longues séances de travail réussir àen résoudre l’énigmatique construction.
Eau pétillante – Claude arrive, pose sespetites affaires, organisant avec elles unespace à la fois physique et mental : un sasentre la vie de directeur de théâtre et la créa-tion... attrape une bouteille d’eau pétil-lante : la répétition peut commencer.Première visite – La grande carcasse dudécor vide et claire encore à ce moment-là,
trône devant nous dans la lumière crue del’atelier, habitée par le va-et-vient desconstructeurs. C’est toujours un momentjubilatoire et angoissant à la fois de voir sedresser grandeur nature le projet tant de foisimaginé, discuté, retravaillé et de mesurer lechemin qui reste encore à parcourir avant lascène. Costumes – On frappe ; la porte de la loges’entrouvre sur le visage de Claude souriantau plaisir de voir se dessiner le personnagequand jeu et costume se rencontrent.Ruche – Le spectacle a commencé et dans lacoulisse, sur le plateau juste derrière le der-nier plan du décor, commence la ronde deschangements rapides : comédiens, maquil-leuse, habilleuse, techniciens s’assoient, serelèvent, attrapent un objet, en posent unautre, collent une moustache, mettent uneperruque, changent de costume, vont, revien-nent, recommencent le tout dans un calme etun son doux de petits mots échangés, de riresétouffés, fabriquant tous les soirs undeuxième spectacle pour moi inoubliable.
Chantal Gaiddon
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avec Sarajeanne Drillaud*
Hélène RaimbaultAdeline Zarudiansky*
Jean-Toussaint BernardAdrien Cauchetier
Fabien Doneau*Claude Guyonnet*
Nils OhlundDidier Royant*
Didier Sauvegrain*Cédric Zimmerlin*
(à la reprise Pauline Lorillard,Benjamin Monnier)
assistante à la mise en scèneHélène Gay
scénographie et costumesChantal Gaiddon
lumière Gilles Lépicierrégie générale Jocelyn Davière*
régie plateau Jean-Pierrre Prud’homme*
collaboration costumesSéverine Roubert Thiébault
assistée de Fanny Bernadac Peggy Sturmmaquillage Catherine Nicolas
son Vincent Bedouet accessoires Philippe Basset
habilleuse Lucie Guilpinconstruction du décor Bab Baillot,
Joël Brousson, Ateliers de décor de la Villed’Angers (Pierre Leroy, Fabrice Boistault,
Joël Charrueau, Jean-Luc Lefèvre),Ateliers tapisserie de la Ville d’AngersAteliers serrurerie de la Ville d’Angers
productionNouveau Théâtre d'Angers
Centre Dramatique NationalPays de la Loire avec le soutien
artistique du Jeune ThéâtreNational et l’aide à la production
et à la diffusion du Fonds SACD
création à Angersle 9 mars 2006
Angers13 représentations 2006
tournée nationale5 représentations 2006
repriseAngers 1 représentation 2006
Neuchatel (Suisse) 1 représentation 2006
Théâtre de l’Est parisien20 représentations 2006
tournée France7 représentations 2006
Paris, 1950. La guerre froide divise le monde.Julien Bême, un appelé, “objecte” : en pleinexercice, il s'assied à même la cour, pose sonfusil à côté de lui, et refuse de se lever. Coupablede refus d'obéissance, il est mis à la prison de lacaserne en attendant sa comparution devant leConseil de Guerre. Mais, la nuit, les taulards ontl'habitude de faire le mur ; la hiérarchie fermeles yeux. Un matin, on constate que Julien n'estpas rentré dans sa cellule… et la machine sedétraque. Simultanément, l'événement se répercute dansle monde civil : telle une pierre jetée dans l'eau,il provoque des remous dans toutes les direc-tions… En 48 heures, des vies vont se trouverbouleversées, toutes sortes de gens vont se trou-ver entraînés ou se croiser de manière imprévisi-ble : le négociant en vin, l'ouvrier mécanicien,le prof d'histoire, le membre du Comité centraldu PCF, le magnat du textile et de la presse,l'agent de police, le membre du PCF, la jeunevoisine au grand cœur, le petit journaliste quimonte, l'ancien de la Résistance, la libraire, ettant d'autres gens ordinaires du Paris de 1950…Mais un autre temps se plaque à celui-ci, letemps de la préparation du spectacle et de sareprésentation sur le plateau du théâtre, cin-quante ans après ; et voici que défile une autresérie de personnages : auteur, metteur en scène,dramaturge, comédiens, machinistes, adminis-tratrice, croqués avec humour…Après Le courage de ma mère, après Portrait d'unefemme et Comte Öderland, je reste fasciné par cejeu avec les limites du théâtre qui consiste à faireporter plusieurs personnages par le même comé-dien ; le défi est ici poussé à l'extrême, puisqueles 11 interprètes voulus par Vinaver, assument72 rôles, dans un tournoiement qui entraîne le
spectateur à prendre part au jeu, un jeu où sacomplicité amusée est la condition d'un de cesplaisirs rares que seul peut offrir le théâtre.Cette traversée de la société et des mentalitésfrançaises est menée par Vinaver avec une ala-crité de jeune homme, et son ironie aiguë, quin'exclut ni l'émotion sensible ni le rire franc.
Claude YersinLa pressePour son dernier spectacle à la tête du Centredramatique d'Angers, Claude Yersin sert aussibien cette adaptation que d'autres pièces deMichel Vinaver par le passé. Il a respecté la répar-tition prévue dans les didascalies de soixante-douze personnages entre onze acteurs, enmoyenne sept rôles pour chacun. La perfor-mance est favorisée par le texte qui invente desressemblances fortuites, la séparation de deuxsœurs (excellente Sarajeanne Drillaud) ou aucontraire joue avec les impossibles rencontres depersonnages (interprétés par le même DidierSauvegrain), les frustrations de comédiens privésd'émotion par la discontinuité. Elle s'exerce dansdes changements à vue, des passages d'un rôle àl'autre par une simple modification d'accessoires,facilités par une même conception de la scéno-graphie et des costumes (Chantal Gaiddon).(…) Ce spectacle réaffirme avec jubilation la spé-cificité de l'art théâtral, la confiance dans unfonctionnement artisanal et la magie du jeu.
Monique Le Roux. La Quinzaine Littéraire
L’Objecteurde Michel Vinavermise en scène Claude Yersin
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NOUVEAU THÉÂTRE D’ANGERSCentre Dramatique National Pays de la Loire
1986 > 2006
Les saisons
Le respect du publicDe mai 1986 à décembre 2006, le public a été au rendez-vousdu NTA, avec des pointes autour de 8 000 abonnements.Quoi de plus heureux pour une équipe de théâtre que la rencontreentre ses propositions artistiques et leplus grand nombre ? Mais une vraie rela-tion entre une “maison” et son public nesaurait se mesurer qu'en termes quantita-tifs. Il ne s'agit pas uniquement de rem-plir les salles. Il faut entretenir avec lesspectateurs un dialogue régulièrementrevivifié, stimuler leur curiosité, leurdésir.Que la fidélité ne soit pas une habitudemais un choix.Sans céder à la démagogie, on ne dirajamais assez qu'un théâtre n'existe quepour un public, à travers lui. “Théâtre deservice public, théâtre de service aupublic”, pensait Vilar.
Les comédiens des spectacles invités ontcoutume de dire que le public d'Angersest un bon public. Il a la réputation d'être attentif, respectueuxmais aussi exigeant. Au fil des vingt-et-une saisons, il en a vu desspectacles, il en a engrangé des émotions et des expériences. Lespectateur angevin ne s'en laisse pas conter mais lorsqu'il est touché,surpris, heureux, il ne ménage pas ses applaudissements, les plusjeunes n'hésitent pas à se lever pour une standing ovation. Un Centre Dramatique National dépend des collectivités. Il estsubventionné et ne pourrait exister sans la manne publique. Cene sont pas seulement les artistes qui en bénéficient : le public enprofite aussi par la richesse d'une offre impossible sans subven-tion. Les manifestations deviennent accessibles au grand nombreparce que les aides réduisent le prix d'entrée de manière radicale.Le souci de la notoriété des artistes, la plus-value médiatiquen'ont pas guidé les choix : une vedette dans un bon spectacle,pourquoi pas ? Une star dans un mauvais, jamais. Au NTA, il n'y
a pas de spectacle gala et d'autres de catégorie Z. Dans l'abonne-ment, le tarif est égal pour un Marivaux joué par la Comédie-Française et la proposition d'un jeune créateur débutant danslequel on croit.
Un théâtre de créationLe Nouveau Théâtre d'Angers, en tantque Centre Dramatique National, estavant tout un théâtre de création, un atelierd'imaginaire concret qui vise sans cesse àtransformer “la vie matérielle en poème”.Dans l'intimité des salles, des êtres jouentavec les illusions et le temps, cherchent àrecréer des vies, à inventer la réalité,disent leur révolte, leur stupeur d'exister,leurs grandeurs, leurs espoirs, leurs misèresinsupportées, leurs émotions enfouies.Chaque saison, deux à trois productionsnouvelles du NTA sont répétées et jouéespour au moins une vingtaine de fois.À côté de ses créations propres, dans lecadre d'une Délégation de ServicePublic, la municipalité d'Angers avait
confié à Claude Yersin, directeur du NTA, une mission de pro-grammation pluridisciplinaire (théâtre, danse en accord avec leCNDC, jazz), dans sa salle Beaurepaire et, pour quelques dates, auGrand Théâtre. Claude Yersin chargeait son secrétaire général(Daniel Besnehard, de mars 1986 jusqu'en juin 2003, RégineMontoya, de juillet 2003 à décembre 2006) d'instruire la pro-grammation (relevé des projets, ébauche de calendrier, projectionfinancière).Créer au théâtre est un verbe qui se conjugue au pluriel et au pré-sent. Bâtir une saison de théâtre, c'est faire des choix délicats carils signifient l'élimination de trop nombreux projets d'artistesqu'on estime. Les spectacles retenus, qu'on choisit de présenter,de rassembler au fil des mois, finissent par dessiner une certainevision du théâtre. Les absences sont parfois aussi significativesque les présences…
Les saisons du NTADe quelle manière se conçoit le programme ? Il n'existe pas derecette, aucun secret de fabrication. Tout ici est souvent affaire dedécouvertes et de compagnonnages, de fidélités, de coups de foudreet d'intuitions raisonnées, de paris et de désirs, d'accidents aussi :un spectacle annulé qu'il faut remplacer au pied levé.Au NTA, on s'est gardé de ces fracassantes déclarations d'intention,de ces éditoriaux ronflants en tête de brochure d'abonnement…Une liste exhaustive des spectacles théâtraux invités par le NTA
figure dans les pages suivantes.
Exigence et foisonnement Plus de six cents spectacles dont près de quatre cents de théâtretextuel, ont été accueillis sur vingt années. Œuvres classiques etcontemporaines, de Corneille à Duras, de Molière à Dario Fo, deMarivaux à Jon Fosse. Construire une saison, dans une ville demoyenne importance où l'on se trouve doté de conséquentsmoyens municipaux, en quasi-mono-pole pour l'accueil de gros spectacles,impose des règles. Il faut témoignerdes identités créatrices diverses, nepas s'enfermer dans des chapelles.L'éventail des spectacles fut assezlarge. Le public sentait pourtantqu'au NTA, il risquait peu de consom-mer du produit culturel, aguicheur oupopuliste. Les propositions furentnombreuses mais toujours expressiond'un choix.
La nature des spectaclesLes programmations du NTA sont marquées par le brassage desrépertoires (malien, allemand, anglais, italien notamment), desgenres, mais aussi des générations Le public du NTA a eu la chance de rencontrer le travail de grandscréateurs européens, comme Klaus-Michael Grüber, PatriceChéreau, Benno Besson, Jacques Lassalle, de comédiens d'excep-tion, Jeanne Moreau, Suzanne Flon, Maria Casarès, MichelBouquet, Laurent Terzieff…
Au fil des saisons, un équilibre s'établit presque naturellemententre les “fidèles de la maison” et les compagnies de passage, entredes figures reconnues, souvent directeurs d'institutions (AgatheAlexis, Jean-Louis Benoit, Michel Dubois, Didier Bezace, AlainFrançon, Jorge Lavelli, René Loyon, Christian Schiaretti, ClaudeStratz,…) et de jeunes talents émergents (Emballage-Théâtre,Jean-Yves Ruf, Benoît Lambert, Jean-François Sivadier…)La programmation du NTA fut aussi sensible à la richesse du“terreau local”. De nombreuses compagnies de la Région Pays dela Loire ont été invitées à plusieurs reprises : Théâtre de l'Éphé-mère au Mans, Théâtre de l'Échappée de Laval, CRAC
Compagnie de Nantes, Théâtre Icare de Saint-Nazaire…
Une attention pour les écritures contemporainesDe Copi à Jelinek, d'Olivier Cadiot à Philippe Minyana, deValère Novarina à Jean-Yves Picq, priorité était donnée aux
aventures qui laissaient toute leurplace aux paroles nouvelles, auxinterprètes attentifs à la musique dela langue, aux défricheurs quiexplorent des terres méconnues dulangage et de l'espace théâtraux :Joël Pommerat, Ludovic Lagarde,Joël Jouanneau, Olivier Py…
Formes ouvertesSi le théâtre dramatique constitue laquasi-totalité des productions duCentre dramatique, les spectaclesaccueillis témoignent des formes les
plus variées : danse contemporaine dans le cadre des invitationscommunes avec le CNDC (de Philippe Decouflé à Alain Platel),jazz (de Louis Sclavis à David Murray), nouveau cirque (JosefNadj), marionnettes (Philippe Genty, Emilie Valantin), jonglage(Jérôme Thomas), sans parler des propositions d'artistes aty-piques (Ilka Schönbein, le Théâtre du Radeau…).
Daniel Besnehard
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SAISON 1986
Arromanchesde Daniel Besnehardmise en scène Claude Yersincoproduction Nouveau Théâtre d’Angers CentreDramatique National Pays de la Loire - Théâtre Ouvertcréation le 2 juin 1986 Prix de la Meilleure création française 1987 décerné par leSyndicat professionnel de la critique dramatique et musicale
SAISON 1986/87
Les voix intérieuresde Eduardo De Filippotexte français Huguette Hatemmise en scène Claude Yersincréation française le 5 décembre 1986 co-production Nouveau Théâtre d’Angers CentreDramatique National Pays de la Loire - Théâtre National del'Est Parisien
Giglo 1er
écriture, mise en scène et jeu Jacques Templeraudcréation le 31 mars 1987 coproduction Nouveau Théâtre d’Angers CentreDramatique National Pays de la Loire - Théâtre Manarf
Arromanches (reprise)
de Daniel Besnehardmise en scène Claude Yersin
SAISON 1987/88
Credode Enzo Cormannmise en scène Jean-Paul Wenzelpremière représentation le 8 août 1987 production Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire
Pèrede August Strindbergtexte français Arthur Adamovmise en scène Claude Yersinpremière représentation le 25 février 1988 production Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire
Jours de vogued’après Le petit bois de Eugène Durifet La vierge et le cheval de Marieluise Fleissermise en scène et scénographie Agnès Laurentcréation le 20 octobre 1987 production Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire
Les eaux et forêtsde Marguerite Durasmise en scène Claude Yersinpremière représentation le 3 mai 1988 coproduction Nouveau Théâtre d’Angers CentreDramatique National Pays de la Loire - Office Municipal dela Culture de Saint-Barthélemy-d’Anjou
René Char - Changer sa règle d'existencechoix de 33 morceaux dans l'œuvre de René Charconception, réalisation et interprétation Jacques Zaborcréation le 19 avril 1988 production Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire
Arromanches (reprise)
de Daniel Besnehardmise en scène Claude Yersin - 2e tournée nationale
Arromanches, une mort simpleVidéo B.V.U - durée 73’réalisation Claude Yersin et Pierre Petitjeancoproduction Arcanal - Nouveau Théâtre d’Angers CentreDramatique National Pays de la Loire et Pierre PetitjeanVidéo Productionsavec la participation de l’Association Régionale pour laPromotion de la Création Audiovisuelle
SAISON 1988/89
Mala Stranade Daniel Besnehardmise en scène Claude Yersincréation le 29 novembre 1988 production Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire
En attendant Godotde Samuel Beckettmise en scène Claude Yersinpremière représentation le 7 mars 1989 production Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire
Le philosophe amoureuxtexte dramatique Georges Peltierd’après les lettres à Sophie Volland, la correspondance etles œuvres de Denis Diderotmise en scène Agnès Laurentcréation le 11 avril 1989 coproduction Nouveau Théâtre d’Angers CentreDramatique National Pays de la Loire - Andromède Centrede Création Dramatique et Lyrique - Association du Théâtrede l’Hôtel de Ville de Saint-Barthélemy-d’Anjou
les productions du NTA
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SAISON 1989/90
Les eaux et forêts (reprise)
de Marguerite Durasmise en scène Claude Yersin
René Char - Changer sa règle d'existence (reprise)
choix de 33 morceaux dans l'œuvre de René Charconception, réalisation et interprétation Jacques Zabor
Léon la France, Hardi voyage vers l'ouest africain
de Christian Schiaretti et Philippe Mercierd’après la correspondance (1901-1902-1903) de Léon Merciermise en scène Christian Schiaretticréation le 14 novembre 1989 coproduction Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire - Théâtre du Pont-Neuf
La noce chez les petis bourgeoisde Bertolt Brechtmise en scène Yves Prunier et Hélène Vincentpremière représentation le 9 janvier 1990 production des Ateliers de Formation du Nouveau Théâtred’Angers Centre Dramatique National Pays de la Loire -STUDIO I
Minna von Barnhelm ou la fortune du soldatde Gotthold Ephraïm Lessingtexte français François Reymise en scène de Claude Yersinpremière représentation le 27 février 1990 coproduction Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire - Conseil Général des Hauts-de-Seine - C.A.C. Les Gémeaux Sceaux avec le soutien duConseil Régional d’Ile-de-France et de l’ONDA
SAISON 1990/91
L'ourse blanchede Daniel Besnehardmise en scène Claude Yersincréation le 4 décembre 1990 coproduction Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire - Théâtre Paris-Villette
Homme et galant hommede Eduardo De Filippotexte français Huguette Hatemmise en scène Félix Pradercréation française le 21 mars 1991 coproduction Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire - Comédie de Genève avec la par-ticipation du Jeune Théâtre National (France)
Les p'tits loupsde Ellar Wiseversion scénique, conception et réalisation Claude Yersin,Jack Percher, Yves Pruniercréation le 4 décembre 1990 production Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire
René Char - Changer sa règle d'existence (reprise)
choix de 33 morceaux dans l'œuvre de René Charconception, réalisation et interprétation Jacques Zabor
Léon la France, Hardi voyage vers l'ouest africain (reprise)
de Christian Schiaretti et Philippe Mercierd’après la correspondance (1901-1902-1903) de Léon Merciermise en scène Christian Schiaretti
SAISON 1991/92
Molly Bloomd’après James Joycetexte français James Joyce et Valéry Larbaudmise en scène Jean-Michel Dupuiscréation française le 8 octobre 1991 production Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire
Léon la France, Hardi voyage vers l'ouest africain (reprise)
de Christian Schiaretti et Philippe Mercierd’après la correspondance (1901-1902-1903) de Léon Merciermise en scène Christian Schiaretti
Les p'tits loups (reprise)
de Ellar Wiseversion scénique, conception et réalisation Claude Yersin,Jack Percher, Yves Prunier
Le pain durde Paul Claudelmise en scène Claude Yersinpremière représentation le 3 mars 1992 production Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire
Le mandatde Nikolaï Erdmantexte français André Markowiczmise en scène Denise Péron et Elisabeth Disdiercréation le 12 mai 1992 production des Ateliers de formation du Nouveau Théâtred’Angers Centre Dramatique National Pays de la Loire -STUDIO II
productions
158
SAISON 1992/93
Molly Bloom (reprise)
d’après James Joycetexte français James Joyce et Valéry Larbaudmise en scène Jean-Michel Dupuis
Les p'tits loups (reprise)
de Ellar Wiseversion scénique, conception et réalisation Claude Yersin,Jack Percher, Yves Prunier
Harrietde Jean-Pierre Sarrazacmise en scène Claude Yersincréation le 19 janvier 1993 à Angerscoproduction Nouveau Théâtre d’Angers CentreDramatique National Pays de la Loire - Théâtre ParisVillette, avec le soutien de la Comédie de Reims - CentreDramatique National
L'interventionde Victor Hugomise en scène Hélène Vincent et Yves Prunierpremière représentation le 11 mai 1993 à Angersproduction Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire
SAISON 1993/94
L'intervention (reprise)de Victor Hugomise en scène Hélène Vincent et Yves Prunier
Le mariagede Nikolaï Gogoltexte français Nathalie Ilicmise en scène Félix Praderpremière représentation le 4 janvier 1994 coproduction Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire - Comédie de Genève
L'enfant d'Obockde Daniel Besnehardmise en scène Claude Yersincréation le 8 mars 1994 coproduction Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire - Scène Nationale d'Aubusson
La vie est un compte de faitsune réalisation des comédiens du Théâtre de la Mémoireavec Hélène Gay, Hélène Raimbault et Philippe Mathécréation le 9 mai 1994 production Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire
SAISON 1994/95
Les bonnes ménagèresde Carlo Goldonitexte français Huguette Hatemmise en scène Claude Yersincréation française le 18 octobre 1994 à Angerscoproduction Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire - Les Gémeaux-Sceaux - ScèneNationale
Medeade Jean Vauthier d’après Sénèquemise en scène Christophe Rouxelpremière représentation le 1er mars 1995 à Angerscoproduction Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire - Théâtre Icare - Scène Nationalede Saint-Nazaire
La vie est un compte de faits (reprise)une réalisation des comédiens du Théâtre de la Mémoireavec Hélène Gay, Hélène Raimbault et Philippe Mathé
SAISON 1995/96
Teltow Kanalde Ivane Daoudiversion scénique et mise en scène Claude Yersincréation le 23 juillet 1995 à Villeneuve-lez-Avignoncoproduction Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire - Festival d’Avignon
Comment devenir un hommed’après des textes d’Octave Mirbeauconception et réalisation Yves Pruniercréation le 13 novembre 1995 à Angersproduction Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire
Mariage à Sarajevode Ludwig Felstexte français et mise en scène Claude Yersincréation le 30 janvier 1996 à Angersproduction Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire
Félixde Robert Walsermise en scène Claude Aufaurecréation française le 2 mai 1996 à Pariscoproduction Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire - Centre Culturel Suisse-Paris
productions
160
SAISON 1996/97
Apprendre à rire sans pleurerd’après des textes de Kurt Tucholskyconception et mise en scène Monique Hervouëtcréation le 7 octobre 1996 à Angersproduction Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire
Oncle Vaniade Anton Tchekhovtexte français André Markowicz et Françoise Morvanmise en scène Claude Yersinpremière représentation le 5 février 1997production Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire
27 remorques pleines de cotonde Tennessee Williamsmise en scène Daniel Girardpremière représentation le 12 mai 1997production Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire
SAISON 1997/98
Apprendre à rire sans pleurer (reprise)
d’après des textes de Kurt Tucholskyconception et mise en scène Monique Hervouët
Mesure pour mesurede William Shakespearetexte français Jean-Michel Dépratsmise en scène Claude Yersinpremière représentation le 5 mars 1998production Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire
La Moschetade Ruzantetraduction et mise en scène Rosine Lefebvrepremière représentation le 16 avril 1998production Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire avec la participation du JeuneThéâtre National
SAISON 1998/99
27 remorques pleines de coton (reprise)
de Tennessee Williamsmise en scène Daniel Girard
Hudson river, un désir d'exilde Daniel Besnehardmise en scène Claude Yersincréation le 4 mars 1999production Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire
L’étéde Romain Weingartenmise en scène Stéphanie Chévarapremière représentation le 26 avril 1999production Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire
SAISON 1999/2000
Voix secrètesde Joe Penhallmise en scène Hélène Vincentcréation le 19 octobre 1999coproduction Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire - CRAC Compagnie - Le Manège -Scène Nationale - la Roche-sur-Yon
Souvenirs d'un garçontextes de Guy de Maupassantconception et réalisation Claude Aufaure et Patrick Cosnetcréation le 7 décembre 1999coproduction Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire - Compagnie Patrick Cosnet -Association Fonds de Terroir
Le courage de ma mèrede George Taboritexte français Maurice Taszmanmise en scène Claude Yersincréation française le 7 mars 2000production Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire
La Cocadrillede John Bergerréalisation Claude Yersin et Yves Pruniercréation le 15 novembre 1999 à Angersproduction Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire
productions
161
SAISON 2000/01
Paroles à boireconception et mise en scène Monique Hervouëtcréation le 26 septembre 2000production Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire - Bureau Interprofessionnel desVins d’Anjou et de Saumur
Les noces du paped’Edward Bondtexte français Georges Basmise en scène et scénographie Christophe Lemaîtrecréation le 12 décembre 2000coproduction La Compagnie des Treize Lunes - NouveauThéâtre d’Angers Centre Dramatique National Pays de laLoire - Théâtre Maxime Gorki, Scène Nationale du PetitQuevilly - Théâtre du Muselet, Scène Nationale de Châlons-en-Champagne
La Cocadrille (reprise)
de John Bergerréalisation Claude Yersin et Yves Prunier
Solness le constructeurde Henrik Ibsentexte français Terje Sindingmise en scène Michel Duboispremière représentation le 20 février 2001coproduction Nouveau Théâtre d’Angers CentreDramatique National Pays de la Loire - Nouveau Théâtre deBesançon - Centre Dramatique National - Théâtre conven-tionné de Bourg-en-Bresse
Souvenirs d'un garçon (reprise)
textes de Guy de Maupassantconception et réalisation Claude Aufaure et Patrick Cosnet
SAISON 2001/02
Le rire des asticotstextes et chansons de Pierre Camimise en scène Christophe Rauckcréation le 24 septembre 2001coproduction Cie Terrain Vague (Titre Provisoire), NouveauThéâtre d’Angers Centre Dramatique National Pays de laLoire - Théâtre Vidy, Lausanne, avec le soutien de l’ADAMI etde la SPEDIDAM
Electre-Orestede Sophocle et d’après Eschylemise en scène Claude Yersintexte français, version scénique Claude Yersin et Yves Pruniercréation le 4 décembre 2001coproduction Nouveau Théâtre d’Angers CentreDramatique National Pays de la Loire - Nouveau Théâtre deBesançon Centre Dramatique National
Le courage de ma mère (reprise)
de George Taboritexte français Maurice Taszmanmise en scène Claude Yersin
La Cocadrille (reprise)
de John Bergerréalisation Claude Yersin et Yves Prunier
Souvenirs d'un garçon (reprise)
textes de Guy de Maupassantconception et réalisation Claude Aufaure et Patrick Cosnet
Max et Lolaun spectacle de Daniel Girardtexte, mise en scène et scénographie Daniel Girardcréation le 4 mars 2002production Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire
SAISON 2002/03
Le rire des asticots (reprise)
textes et chansons de Pierre Camimise en scène Christophe Rauck
Casimir et Carolinede Ödön von Horváthtraduction Henri Christophemise en scène Richard Brunelpremière représentation le 5 novembre 2002coproduction Compagnie Anonyme - Nouveau Théâtred’Angers Centre Dramatique National Pays de la Loire -Théâtre des Célestins, avec le soutien du Théâtre de laRenaissance - Oullins
Portrait d'une femmede Michel Vinavermise en scène Claude Yersincréation française le 11 mars 2003production Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire
À vifde Daniel Besnehardmise en scène Christophe Lemaîtrecréation le 4 mars 2003coproduction Théâtre des Treize Lunes - Nouveau Théâtred’Angers Centre Dramatique National Pays de la Loire -Scène Nationale de Châlons-en-Champagne en coréalisa-tion avec le Théâtre du Rond-Point (Paris)
productions
SAISON 2003/04
George Dandinde Molièremise en scène Guy Pierre Couleaupremière représentation le 4 novembre 2003coproduction Nouveau Théâtre d'Angers CentreDramatique National Pays de la Loire - Le Festin - CentreDramatique National de Montluçon, Théâtre Firmin Gémier -Antony, avec le soutien de la DRAC Poitou-Charentes, et laparticipation artistique du Jeune Théâtre National
La Cocadrille (reprise)
de John Bergerréalisation Claude Yersin et Yves Prunier
Bamako, mélodrame subsahariende Eric Durnezmise en scène Claude Yersincréation le 2 mars 2004production Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire avec la participation artistique duJeune Théâtre National
SAISON 2004/05
Oui dit le très jeune hommede Gertrude Steintexte français Olivier Cadiotmise en scène Ludovic Lagardecréation française le 9 juillet 2004coproduction Nouveau Théâtre d’Angers CentreDramatique National Pays de la Loire, Le Théâtre duGymnase - Marseille, Festival d’Avignon, Centre Nationaldes Écritures du spectacle - La Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon, Cie Ludovic Lagarde, participation artistiquedu Jeune Théâtre National, soutien de l’ADAMI
Gustde Herbert Achternbusch texte français et mise en scène Claude Yersincréation le 11 décembre 2004production Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire
Comte Öderlandde Max Frisch texte français et mise en scène Claude Yersinpremière représentation le 16 mars 2005production Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire
SAISON 2005/06
Méhari et Adriende Hervé Blutschmise en scène Hélène Gay et Christophe Gravouilpremière représentation le 10 octobre 2005production Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire
L'objecteurde Michel Vinavermise en scène Claude Yersincréation à Angers le 9 mars 2005production Nouveau Théâtre d’Angers Centre DramatiqueNational Pays de la Loire avec le soutien artistique duJeune Théâtre National
SAISON 2006/07
Méhari et Adrien (reprise)
de Hervé Blutschmise en scène Hélène Gay et Christophe Gravouil
L'objecteur(reprise)
de Michel Vinavermise en scène Claude Yersin
productions
163162
SAISON 1986/87Esquisses viennoisesde Peter Altenberg, mise en scène Véra Gregh - l'Autre Théâtre
Dernière lettre d'une mère juive soviétique à son filsd’après Vassili Grossman, adaptation et mise en scèneAndré Cellier - Centre Théâtral du Maine - Le Mans
Les nuits et les momentsde Crébillon fils - Jules Renard, adaptation et mise enscène Charles Tordjman - Théâtre Populaire de Lorraine
Jean-Jacques Rousseautexte établi par Jean Jourdheuil et Bernard Chartreuxmise en scène Jean Jourdheuil - M.C. 93 - Bobigny
C’est dimanchede Jérôme Deschamps - Compagnie Deschamps et Deschamps
Le médecin malgré luide Molière, mise en scène Pierre Ascaride - Théâtre 71 - Malakoff
Hedda Gablerde Henrik Ibsen, adaptation de Michel Vittozmise en scène Alain Françon - Théâtre Eclaté - Annecy
Mystère Bouffeconception et mise en scène François TanguyThéâtre du Radeau - Le Mans
Repérages ITHÉÂTRE
Aglavaine et Selysette de Maurice Maeterlinck - Cie Françoise Merle - NantesUne saison en enfer de Arthur Rimbaud - Bruno Netter - AngersWoyzeck de Georg Büchner - Compagnie Autruche Théâtre - ToursLove de Murray Schisgal - Théâtre du Jusant - Beauvoir-sur-Mer
ARTS PLASTIQUESSofie Debiève, Léa Lord Dubray, Christophe Meloy, Hélène Blais, FrançoiseMercier, Philippe Rouillard
MUSIQUES
Splassh - BrestAwadem Group - RennesBohême de Chic - Le MansBig Band de l’Elastique à musique - Le Mans
LECTURES PUBLIQUES
La poignance de Jean-Claude Mouyon - AngersLa fugue de Delphine Paviot - Bazouges
SAISON 1987/88L’usage de la parole et Elle est làde Nathalie Sarraute, mise en scène Michel DumoulinThéâtre de l'Atelier - Paris
Désir paradede Philippe Genty - Compagnie Philippe Genty
Catherine de Heilbronnde Heinrich von Kleist, mise en scène Pierre Romansavec les élèves de l’Ecole de Comédiens Nanterre/Amandiers
Penthésiléede Heinrich von Kleist, mise en scène Pierre Romansavec les élèves de l’Ecole de Comédiens Nanterre/Amandiers
Platonovde Anton Tchekhov, mise en scène Patrice Chéreauavec les élèves de l’Ecole de Comédiens Nanterre/Amandiers
À travers le miroird’après Lewis Carroll, conception et réalisation Claudine Hunault,Yvon Lapous et Hervé Tougeron - Théâtre de la Chamaille - Nantes
Les mains salesde Jean-Paul Sartre, mise en scène Pierre-Etienne HeymannThéâtre de la Planchette
La savetière prodigieusede Federico Garcia Lorca, mise en scène Jacques Nichet - Théâtre desTreize Vents - Centre Dramatique National Languedoc Roussillon
L’étalon orde Daniel Lemahieu, mise en scène Michel Dubois - Comédie de Caen -Centre Dramatique National de Normandie
SAISON 1988/89
Callastexte établi par Jean-Yves Picq, mise en scène DominiqueLardenois, conçu et joué par Elisabeth Macocco -l'Attroupement II
Le récit de la servante Zerlinede Hermann Broch, mise en scène Klaus Michael Grüberavec Jeanne Moreau
Mise au point virguleexposition-spectacle et livre de Françoise Pillet - Théâtre de la Pomme Verte -Centre Dramatique National pour l'Enfance et la Jeunesse - Sartrouville
Une visite inopportunede Copi, mise en scène Jorge Lavelli - Théâtre National de la Colline
Amphytrionde Molière, mise en scène Jacques Lassalle - Théâtre National de Strasbourg
Tambours dans la nuitde Bertolt Brecht, mise en scène Jean-Paul Wenzel - Les Fédérés - Montluçon
Jeu de Faustmise en scène de François Tanguy - Théâtre du Radeau - Le Mans
Roselde Harald Mueller, mise en scène Christian Schiaretti - Compagnie LesMatinaux - Paris
Ainsi va le mondede William Congreve, mise en scène Michel Dubois - Comédie de Caen -Centre Dramatique National de Normandie
Repérages IITHÉÂTRE
Une trop bruyante solitude d’après Bohumil Hrabal - Théâtre de la Mémoire -Angers (création en co-production avec le Nouveau Théâtre d'Angers)Sarah et le cri de la langouste de John Murrell - Théâtre de l’Echappée - LavalPetite Queneaugonie portative d’après Raymond Queneau - Théâtre duGalion - La Roche/YonLe premier Dieu d’après Emmanuel Carnevali - Théâtre Icare - Saint-Nazaire
LECTURES PUBLIQUES
La visite de Jean-Claude Mouyon - lu par Henri Uzureau - Unité de créationthéâtrale - Angers
FORUM
Situation des compagnies en Région
SAISON 1989/90
Cami - Drames de la vie courantemise en scène Philippe Adrien - Atelier de Recherche et deRéalisation Théâtrale - Vincennes
Une absencede Loleh Bellon, mise en scène Maurice Bénichou - ThéâtreActuel - Paris
Les accueils théâtreKathakali - Le roi Leard’après William Shakespeare par la troupe du Kalamandalam, mise en scèneAnnette Leday et David Mc Ruvie avec des artistes indiens du Kalamandalam - Keli
Sganarelle ou le cocu imaginaire et Le mariage forcéde Molière, conception et mise en scène Françoise Merle - C.A.C. Cergy-Pontoise - Compagnie Françoise Merle
Les rêveursde Dostoïevski, dramaturgie et mise en scène Ludwik Flaszen - Théâtre dela Chamaille - Nantes
Le monde d’Albert Cohend’après les œuvres de Albert Cohen, chef de troupe Jean-Louis HourdinG.R.A.T. - Poitiers
Troilus et Cressidade William Shakespeare, texte français et mise en scène Eric Da Silva -Emballage Théâtre - Paris
La passion du jardinierde Jean-Pierre Sarrazac, mise en scène Pierre-Etienne Heymann - Théâtrede la Planchette
Un goût de pierre dans la bouchede Françoise du Chaxel, mise en scène Laurence Février - CompagnieChimène - Paris
Les frères Zénithmise en scène Macha Makeieff et Jérôme Deschamps - CompagnieDeschamps et Deschamps
Mademoiselle Juliede August Strindberg, mise en scène Matthias Langhoff - Théâtre de Vidy-Lausanne - Compagnie Matthias Langhoff
SAISON 1990/91
Dialogues d’exilésde Bertolt Brecht, mise en scène Michel Dubois,Jean-Yves Lazennec, Jean-Marie Frin - Comédie de Caen -Centre Dramatique National de Normandie
Échappement librede et avec Rufus
Le grand cahierde Agota Kristof, mise en scène Jeanne Champagne - Théâtre de Cherbourg
JojoSpectacle musical Georges Aperghis sur un texte de Philippe MinyanaATEM- Paris-Villette
Deux Labiche dans une armoired’Eugène Labiche, mise en scène Agathe AlexisCompagnie des Matinaux - Paris
La veuvede Pierre Corneille - mise en scène Christian RistStudio Classique - C.R.D.C. de Nantes
La station deboutpar la Compagnie 4 litres 12, mise en scène Philippe Thomine
Bérénicede Jean Racine, mise en scène Jacques LassalleThéâtre National de Strasbourg
Avant la retraitede Thomas Bernhard, mise en scène Claudia StaviskyThéâtre National de la Colline
Partage de midide Paul Claudel, mise en scène Brigitte Jaques - Théâtre de l’Atelier
Vera Cruzde Georges Lavaudant - Théâtre National Populaire
La mèrede Bertolt Brecht, mise en scène Valentin Jeker - Staatstheater de Kassel(Allemagne)
SAISON 1991/92
Mamie Ouate en Papoasiede Joël Jouanneau et Marie-Claire Le Pavec, mise enscène Joël Jouanneau - Heyoka - Théâtre de Sartrouville
Les travaux et les joursde Michel Vinaver, mise en scène Monique Hervouët -Théâtre de l’Ephémère - Centre Dramatique du Maine
Le maître de god’après Yasunari Kawabata, mise en scène Jean-Paul Lucet - Théâtre de l’Atelier
La Locandierade Carlo Goldoni, mise en scène Solange Oswald - Nouveau Théâtre deBourgogne
Leo Katz et ses œuvresde Louis-Charles Sirjacq, mise en scène de l’auteur - CAC Les Gémeaux -Sceaux
Anatoled’Arthur Schnitzler, mise en scène Jean-Yves Lazennec - Comédie de Caen
Sindbad le marind’Antoine Duhamel et Michel Beretti, mise en scène Pierre BarratAtelier du Rhin
Le pièged’Emmanuel Bove, mise en scène Didier Bezace - Théâtre de l’Aquarium
La seconde surprise de l’amourde Marivaux, mise en scène Gilles Bouillon - Centre Dramatique Régionalde Tours
B.M.C.d’Eugène Durif, mise en scène Anne Torrès - T.G.P. Saint-Denis
Vassa Geleznovade Maxime Gorki, mise en scène Anne-Marie Lazarini - Les Athévains
Le laboureur de Bohêmede Johannes von Saaz, mise en scène Christian Schiaretti - Comédie de Reims
Huis closde Jean-Paul Sartre, mise en scène Michel RaskineLa Salamandre - Théâtre National région Nord-Pas de Calais
Repérages III
THÉÂTRE
Entre chien et loup de Christoph Hein - mise en scène de Claudia Stavisky -Théâtre de la Mémoire - Théâtre de l’Echappée - L’Ange rebelleVolubiles - mise en scène de Michel Liard - Cie Michel Liard.Blanche-Neige - mise en scène de Jacques Templeraud - Théâtre Manarf -Théâtre de CuisineCeci n’est pas un rhinocéros d’après Ionesco - mise en scène de DidierFlory - Cie Expression
LECTURES PUBLIQUES
La cabine de Michel Liard - Cie Michel Liard
MUSIQUE
Lo’Jo Triban - Angers
FORUM
Quel répertoire pour les compagnies ?
les accueils théâtre
165164
SAISON 1992/93
Simplement compliquéde Thomas Bernhard, mise en scène Yvon LapousThéâtre La Chamaille - CRDC
Comédies griffuesde Monnier, Darien et Descaves et Grumberg - mise enscène Jean-Claude Penchenat - Théâtre du Campagnol -Centre Dramatique National de Corbeil-Essonnes
La disputede Marivaux, mise en scène Stanislas Nordey - Heyoka - Théâtre deSartrouville
Oh les beaux joursde Samuel Beckett, mise en scène Pierre Chabert - Théâtre de l’Atelier
Jeux de languesde Pierre Ascaride - Théâtre sans domicile - Théâtre 71
Un ciel pâle sur la villede René Fix, mise en scène Michel Dubois et Jean-Yves LazennecComédie de Caen
Quincailleriesde Jacques Gamblin, mise en scène Yves Babin - Estrad’Théâtre
Légèrement sanglantde Jean-Michel Rabeux, mise en scène de l’auteurCompagnie Jean-Michel Rabeux
Méditation I : La gourmandisede Agnès Laurent, Georges Peltier, Francesca Congiu et Xavier Legasa -Andromède
La nuit, la télévision et la Guerre du Golfede Jean-Louis Benoit, mise en scène de l’auteur - Théâtre de l’Aquarium
La casquette du dimanchede Patrick Cosnet, mise en scène Jean-Luc Placé - Association Fonds de Terroir
Terres mortesde Franz Xaver Kroetz, mise en scène Daniel Girard - Théâtre National deStrasbourg
SAISON 1993/94
L’avarede Molière, mise en scène René LoyonCentre Dramatique National de Franche-Comté
Faustde Goethe, mise en scène Dominique PitoisetCompagnie Pitoiset
La plaie et le couteaude Enzo Cormann, mise en scène Hervé Tougeron et Dominique ColladantThéâtre la Chamaille - Nantes
Trois hommes dans un bateaude Jerome K. Jerome, mise en scène Monique HervouëtThéâtre de l’Ephémère - Le Mans
L’école des mères et Les acteurs de bonne foide Marivaux, mise en scène Claude Stratz - Comédie de Genève
Le monde est rondde Gertrude Stein, mise en scène Françoise PilletThéâtre Athénor - Saint Nazaire
L’homme, la bête et la vertude Pirandello, mise en scène Christian SchiarettiComédie de Reims - Centre Dramatique National
La poule d’eaude Witkiewicz, mise en scène Christian SchiarettiComédie de Reims - Centre Dramatique National
Les mystères de l’amourde Roger Vitrac, mise en scène Christian Schiaretti Comédie de Reims - Centre Dramatique National
La leçonde Ionesco, mise en scène Charles Jorris - Théâtre Populaire Romand
Bobymise en scène Jean-Louis Hourdin - GRAT - Compagnie Hourdin
Caressesde Sergi Belbel, mise en scène Michel DuboisComédie de Caen - Centre Dramatique National
C'est magnifiquede Jérôme Deschamps et Macha Makeieff - Cie Deschamps et Deschamps
SAISON 1994/95
Un monde immobilede Moussa Konaté, mise en scène Françoise Thyrion etMichel Valmer - Compagnie Science 89
Combat de nègre et de chiensde Bernard-Marie Koltès, mise en scène Marie-Noël RioAtelier du Rhin - Centre Dramatique Régional
Joiede et par Pol Pelletier, mise en scène Gisèle SallinCompagnie Pol Pelletier / Canada
La ménagerie de verrede Tennessee Williams, mise en scène Elisabeth ChaillouxThéâtre des Quartiers d’Ivry
L’oiseau n’a plus d’aileslettres de Peter Schwiefert, mise en scène François Duval
Le poids du corpsde Alain Pierremont, mise en scène Anne-Marie LazariniLes Gémeaux-Sceaux - Scène Nationale
La pluie d’étéde Marguerite Duras, mise en scène Eric Vigner - Compagnie Suzanne M.
La botte et sa chaussettede Herbert Achternbusch, mise en scène Jean-Yves LazennecComédie de Caen - Centre Dramatique National
Angelo tyran de Padouede Victor Hugo, mise en scène Mathilde HeizmannComédie de Caen - Centre Dramatique National
Choralmise en scène de François Tanguy - Théâtre du Radeau
Mme Kleinde Nicholas Wright, mise en scène Brigitte JaquesThéâtre de la Commune-Aubervilliers
SAISON 1995/96Ma cour d’honneurde et par Philippe Avron
Bérénicede Racine, mise en scène Daniel MesguichLa Métaphore - Théâtre National Lille-Tourcoing
les accueils théâtre
166
Violences à Vichy IIde Bernard Chartreux, mise en scène Jean-Pierre VincentThéâtre Nanterre Amandiers
Voyageur immobilede Philippe Genty, Compagnie Philippe Genty
Le système Ribadierde Georges Feydeau, mise en scène Hélène VincentCRAC Compagnie - Bouguenais
Roses de Picardietexte et mise en scène Jean Bois - Compagnie Jean Bois
L’Ecclésiastelecture musicale de Sami Frey, musique de André Hajdu
Le menteurde Pierre Corneille, mise en scène Jean-Marie VillégierThéâtre National de Belgique
La valse des gounellesde Olivier Perrier - Les Fédérés - Montluçon
Inversion du silence ( Charlotte F.)de Daniel Besnehard et Raymond Roussel, réalisation Hélène Gay etHélène Raimbault - Théâtre du Reflet - Nantes
Hélènede Jean Audureau, mise en scène Jean-Louis ThaminCentre Dramatique National Bordeaux-Aquitaine
Le désir du figuierde Reine Bartève, mise en scène Elisabeth CrussonThéâtre Athénor - Saint-Nazaire
La seconde surprise de l’amourde Marivaux, mise en scène Michel DuboisComédie de Caen - Centre Dramatique National
Les fossilesde Robert Claing, théâtre-concert, mise en scène Dominique LardenoisThéâtre et Faux-Semblants - Feyzin
Le neveu de Rameaude Denis Diderot, mise en scène Martine Paschoud et Jacques DenisNouveau Théâtre de Poche - Genève
SAISON 1996/97
Fin de partiede Samuel Beckett, mise en scène Armand DelcampeThéâtre de l’Atelier - Paris
Castelets d’hiver et Un CidMarionnettes d’Emilie Valantin - Théâtre du Fust
La guitared’après Michel del Castillo, mise en scène Jack PercherThéâtre de l’Ephémère - Le Mans
Peines d’amour perduesde Shakespeare, mise en scène Jean-Claude PenchenatThéâtre du Campagnol - Centre Dramatique National
Quartettde Heiner Müller, mise en scène Marie-Noël RioAtelier du Rhin - Centre Dramatique Régional d’Alsace
L’architecte et la forêtde et mis en scène par Olivier Py - Compagnie l’Inconvénient des Boutures
Miloszmontage et présentation de Laurent Terzieff - Théâtre de l’Atelier - Paris
La station Champbaudetd’Eugène Labiche, mise en scène Anne-Marie Lazarini - Les Athévains - Paris
La Parisienned’Henry Becque, mise en scène Jean-Louis Benoît - Théâtre de l’Atelier - Paris
Moi qui ai servi le roi d’Angleterrede Bohumil Hrabal, mise en scène Michel DuboisComédie de Caen - Centre Dramatique National
Une lune pour les déshéritésd’Eugene O’Neill, mise en scène Christophe RouxelThéâtre Icare - Saint-Nazaire
Le toucher de la hanchede Jacques Gamblin, mise en scène Jean-Michel IsabelDune / Théâtre National de Bretagne-Rennes
Les affaires du Baron Laborded’Hermann Broch, mise en scène Simone AmouyalThéâtre du Gymnase-Marseille
L’école des femmesde Molière, mise en scène Daniel BenoinComédie de Saint-Etienne-Centre Dramatique National
L’enfantd’après Jules Vallès, mise en scène Jeanne ChampagneCompagnie Jeanne Champagne
Les réprouvésd’Enzo Cormann, musique Jean-Marc Padovani - théâtre musicalmise en scène Hervé Tougeron - Skéné production
SAISON 1997/98
Aragon (Le communiste et Le fou) - Philippe CaubèreLa Comédie Nouvelle
Je suis un saumonde et par Philippe Avron
Les trompettes de la mortde Tilly, mise en scène Tilly - Quai n°5
Les jumeaux vénitiensde Goldoni, mise en scène Gildas BourdetThéâtre National de Marseille-La Criée
Liliomde Ferencz Molnar, mise en scène Stéphanie ChevaraCompagnie Mack et les Gars
Les fausses confidencesde Marivaux, mise en scène Jean-Pierre Miquel - La Comédie-Française
Une maison de poupéede Henrik Ibsen, mise en scène Hélène Vincent - Compagnie CRAC
Dédalede Philippe Genty, Compagnie Philippe Genty
Le misanthropede Molière, mise en scène Charles TordjmanThéâtre de la Manufacture - Centre Dramatique National Nancy-Lorraine
Métamorphosesde et par Ilka Schönbein - Theater Meschugge
Le régisseur de la chrétientéde Stephen Barry, mise en scène Stuart SeideCentre Dramatique National du Poitou-Charentes
167
les accueils théâtre
Treize étroites têtesde Joël Pommerat, mise en scène Joël Pommerat - Compagnie LouisBrouillard
Phèdrede Racine, mise en scène Mathilde Heizmann - L’Equipée - Caen
Trilogie Vallès(L’enfant - Le bachelier - L’insurgé) - mise en scène Jeanne ChampagneThéâtre Ecoute
Robinson des villesde Eric de Dadelsen - Théâtre de Vire - Centre Dramatique National JeunePublic de Basse-Normandie
SAISON 1998/99
Pour un oui ou pour un nonde Nathalie Sarraute, mise en scène Simone Benmussa -Atelier Théâtre Actuel
Le colonel des zouavesde Olivier Cadiot, mise en scène Ludovic LagardeCompagnie Ludovic Lagarde
Lettre au directeur du théâtrede Denis Guénoun, mise en scène Hervé Loichemol - Le Nouveau Fusier
Polyeucte martyrde Pierre Corneille, mise en scène Christian SchiarettiComédie de Reims - Centre Dramatique National
Une nuit à l’Elyséede Jean-Louis Benoit, mise en scène Jean-Louis BenoitThéâtre de l’Aquarium
Le marchand de Venisede William Shakespeare, mise en scène Michel DuboisNouveau Théâtre de Besançon - Centre Dramatique National
André le magnifiquede Isabelle Candelier, Loïc Houdré, Patrick Ligardes, Denis Podalydes,Michel Vuillermoz
Dom Juande Molière, mise en scène Jacques Kraemer - Compagnie JacquesKraemer
Au buffet de la gare d’Angoulêmede François Bon, mise en scène Gilles BouillonCentre Dramatique régional de Tours
Les variations Goldbergde George Tabori, mise en scène Daniel BenoinComédie de Saint-Etienne - Centre Dramatique National
L’échangede Paul Claudel, mise en scène Bernard Lévy - Compagnie Lire aux éclats
Vol planéde Vincent Ravalec, mise en scène et chorégraphie Elisabeth DisdierThéâtre contemporain de la danse
Les dingues de Knoxvillede Joël Jouanneau, mise en scène Joël Jouanneau - Théâtre du Gymnase
Chant d’amour pour l’Ulsterde Bill Morrison, mise en scène Christophe Rouxel - Théâtre Icare
"4" Qu’on en finisse une bonne fois pour toutes avecde Jérôme Thomas - Compagnie Jérôme Thomas
SAISON 1999/2000
Minuit chrétientexte et mise en scène TillyLa Coursive - Scène Nationale de la Rochelle
Le Tartuffede Molière, mise en scène Jean-Marie Villégierl’Illustre Théâtre/Cie Jean-Marie Villégier
La jeune fille, le diable et le moulinconte de Grimm, adaptation et mise en scène Olivier PyCentre Dramatique National - Orléans-Loiret-Centre
L’eau de la vieconte de Grimm, adaptation et mise en scène Olivier PyCentre Dramatique National - Orléans-Loiret-Centre
"4" Qu’on en finisse une bonne fois pour toutes avecde Jérôme Thomas - Compagnie Jérôme Thomas
Les yeux rougesconception et mise en scène Dominique FéretNouveau Théâtre de Besançon - Centre Dramatique National
Le voyage à La Hayede Jean-Luc Lagarce, mise en scène François BerreurCie Les Solitaires Intempestifs
Le retour à la case pianoimaginé et interprété par Jean-Paul Farré
Psychéde Molière et Corneille, mise en scène Yan DuffasAthénée Théâtre Louis-Jouvet
Léonce et Lenade Georg Büchner, mise en scène Jacques OsinskiCie La Vitrine - Maison de la Culture d’Amiens
Victor ou les enfants au pouvoirde Roger Vitrac - mise en scène Philippe Adrien - Cie ARRT /Philippe Adrien
Le cercle de craie caucasiende Bertolt Brecht - mise en scène Ludovic Lagarde - Cie Ludovic Lagarde
SAISON 2000/01
Premier amourde Samuel Beckett, mise en scène Jean-Michel MeyerThéâtre Vidy-Lausanne E.T.E.
Mme Kade Noëlle Renaude, mise en scène Florence GiorgettiCompagnie La Roque Alric
Les femmes savantesde Molière, mise en scène René Loyon - Compagnie René Loyon
Curumiconception et mise en scène Christiane VéricelImage Aiguë, Compagnie Christiane Véricel
L’amante anglaisede Marguerite Duras, mise en scène Patrick Kerbrat - Atelier Théâtre Actuel
M. Malaussène au théâtrede Daniel Pennac, mise en scène Hélène Vincent - création dans le cadrede Théâtre en tournée. Evénement théâtral de la Région Haute-Normandie
La nuit des roisde William Shakespeare, mise en scène Nathalie Mauger - Théâtre de laPlace - Centre Dramatique de la Communauté Française de Belgique
168
les accueils théâtre
Le roi grenouilled’après les frères Grimm, mise en scène Ilka Schönbein - Théâtre d’IvryAntoine-Vitez
Britannicusde Jean Racine, mise en scène Alain Bézu - Théâtre de Deux Rives, RouenCentre de Création Dramatique de Haute-Normandie
Du matin à minuitde Georg Kaiser, mise en scène Robert Cantarella - La Compagnie des Ours
Les nègresde Jean Genet, mise en scène Alain Ollivier - Studio-Théâtre de Vitry
Quel monde ! (intime)de Rémi Checchetto, mise en scène Henri UzureauUCT (Unité de Création Théâtrale)
Malcolm Xtexte, interprétation et mise en scène Mohamed RouabhiCompagnie Les Acharnés
Le banquet de la Sainte-Céciletexte, interprétation et mise en scène Jean-Pierre Bodin
SAISON 2001/02
La mastication des mortsde Patrick Kermann, mise en scène Solange Oswald -Groupe Merci
Conversation en Siciled’Elio Vittorini, mise en scène Jean-Louis Benoit - Théâtrede l’Aquarium
L’événementtextes d’Annie Ernaux, mise en scène Jeanne Champagnecompagnie Théatre Ecoute
Tableau d’une exécutionde Howard Barker, mise en scène Hélène Vincent - Théâtre du Gymnase
Le malade imaginairede Molière, mise en scène Philippe Adrien - Compagnie du 3ème Œil
Animaux et autres animauxde Alain Enjary, mise en scène Arlette Bonnard - Compagnie Ambre
Mes débuts à la téléde Christophe Donner, mise en scène Stéphanie ChévaraCompagnie Mack et les gars
Campagne dégagéed’après Woyzeck de Büchner, mise en scène Cécile Cholet et Antoine CaubetCompagnie Théâtrale Cazaril
Les fausses confidencesde Marivaux, mise en scène Alain Milianti - Le Volcan
Pelleas y Melisandapoème de Pablo Neruda, mise en scène Michel Rostain, musique deVincente Pradal - Théâtre de Cornouaille, Scène Nationale de Quimper
Les mains salesde Jean-Paul Sartre, mise en scène Yvon Lapous - Théâtre du Loup
Rwanda 94mise en scène Jacques Delcuvellerie - Le Groupov - Bruxelles
La vie de Galiléede Bertolt Brecht, mise en scène Jean-François SivadierThéâtre National de Bretagne
Le baladin du monde occidentalde John Millington Synge, mise en scène Guy Pierre CouleauCompagnie des Lumières et des Ombres
Macbeth/matériauxd’après Shakespeare, un spectacle de Christophe Rouxel et Alexis DjakeliThéâtre Icare
Suitede Philippe Minyana, mise en scène Massimo Bellini - Compagnie Urbaine
Le chant des cigognesmise en scène Christine Pouquet - Madani Compagnie
Repérages IVTHÉÂTRE
Ni perdus ni retrouvés - pièces courtes de Daniel Keene - mise en scène HervéGuilloteau - Cie Meta JupeDans la solitude des champs de coton de Bernard-Marie Koltès - mise enscène Patrick Sueur - Cie Théâtre DûLast cow-boys - chorégraphie et mise en scène Nathalie Béasse - Cie NathalieBéasseLe chemin des passes dangereuses de Michel Marc Bouchard - mise enscène François Chevallier - Addition ThéâtreL’inquiétude de Valère Novarina - mise en scène Marie Gaultier et NicolasBerthoux - Cie Métis
LECTURES PUBLIQUES
Basta de Rémi Checchetto par Hélène Gay
FORUM
Débuts, comment ? Les nouvelles compagnies des Pays de la Loire
SAISON 2002/03La donation Schröederconception et mise en scène Jeff Thiébaut - Délices DADA
Le fantôme de Shakespearede et par Philippe Avron - Acte 2
Eva Peronde Copi, mise en scène Marcial Di Fonzo Bo -ThéâtreNational de Bretagne
Le jour où j’ai failli…de Jean-Claude Mouyon, mise en scène Jack PercherUnité de Création Théâtrale
Le poids de la neige et la salamandreconception et mise en scène Michel Laubu - Compagnie Turak
Ah là là quelle histoiretexte et mise en scène Catherine Anne - Théâtre de l’Est Parisien
Le retour de Bougouniéréde Jean-Louis Sagot-Duvauroux, mise en scène Georges BigotBlonBa-Atelier de Bamako
Segou Fassade Jean-Louis Sagot-Duvauroux, mise en scène Georges BigotBlonBa-Atelier de Bamako
Maitre Puntila et son valet Mattide Bertolt Brecht, mise en scène Benoît Lambert - Théâtre de la Tentative
Shaked’après William Shakespeare, mise en scène Dan Jemmett - Théâtre de la Ville
Vêtir ceux qui sont nusde Luigi Pirandello, mise en scène Michel DuboisNouveau Théâtre de Besançon - Centre Dramatique National
Mein Kampf (farce)de George Tabori, mise en scène Agathe AlexisComédie de Béthune-Centre Dramatique National
La double inconstancede Marivaux, mise en scène René Loyon - Compagnie RL
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les accueils théâtre
Littoralde Wajdi Mouawad, mise en scène Guillaume Gatteau - Cie la Fidèle Idée
Sganarelle ou le cocu imaginaire - Le Sicilien ou l’amour peintrede Molière, mise en scène Gilles Bouillon - Centre Dramatique Régionalde Tours
Cirque Lilide et avec Jérôme Thomas - ARMO
Edgard et sa bonne - Le dossier de Rosafold’Eugène Labiche, mise en scène Yves BeaunesneCompagnie de la Chose Incertaine-Yves Beaunesne
Dieu et Madame Lagadecde Paol Keineg, mise en scène Michel Rostaing - Théâtre de Cornouaille
Robinson, voyage au pays de nulle partd’après Daniel Defoe, mise en scène Bérangère JannelleCentre Dramatique National de Montreuil
Si c’est un hommede Primo Levi, mise en scène Michel DuboisNouveau Théâtre de Besançon - Centre Dramatique National
Donc - en quêtede Jean-Yves Picq mise en scène Didier Lastère et Jean-Louis Raynaud -Théâtre de l’Éphémère
Les balancellesde Catherine Zambon, mise en scène Alain GautréLa Filature - Scène Nationale de Mulhouse
Savannah bayde Marguerite Duras, mise en scène Éric Vigner - Comédie-Française
SAISON 2003/04
Gros-calinde Romain Gary, mise en scène Patrice Kerbrat
Ouvrièrede Franck Magloire, mise en scène Catherine GandoisThéâtre du Jeu de Paume Aix-en-Provence
Imonléde Ousmane Aledji, mise en scène Ousmane AledjiCie Agbo N’Koko (Bénin)
Retour définitif et durable de l’être aiméde Olivier Cadiot, mise en scène Ludovic Lagarde - Cie Ludovic Lagarde
Derrière chez moide Daniel Soulier, mise en scène Gérald Chatelain - Cie Soulier-Barnes
Erwan et les oiseauxd’après Tarjei Vesaas, mise en scène Jean-Yves Ruf - Théâtre deSartrouville
Les aventures de Peer Gyntd’après Henrik Ibsen, mise en scène Sylvain Maurice - Cie L’Ultime & Co
Le Home Yidde Jacques Kraemer, mise en scène Jacques Kraemer - Théâtre deChartres
Le voyage d'hiverd’après Schubert, mise en scène Ilka Schönbein - Compagnie IlkaSchönbein
A distancesde Jean-Pierrre Larroche, mise en scène Thierry RoisinLes Ateliers du spectacle & Beaux quartiers
La princesse de Clèvesde Madame de la Fayette, mise en scène de Marcel BozonnetThéâtre des Arts - Cergy-Pontoise
Et puis quand le jour s’est levé, je me suis endormiede Serge Valetti, mise en scène Michel Didym - Théâtre National de la Colline
Le petit (h)arlequinde Didier Galas, mise en scène Laurent Poitrenaux - Ensemble Lidonnes
Voisinages
L’enfant recherché - de Jens Smaerup Sorensen, mise en scène Yvon Lapous -Théâtre du Loup
Montedidio - de Erri De Luca, mise en scène François Béchu - Théâtre del’Echappée
Zapptime ! - de Philippe Ménard - Compagnie Non Nova
La bouche d’ombre - d’après Edith Piaf et Jean Cocteau, mise en scène FlorenceDupeu - Théâtre du Reflet
La légende de Gösta Berling - de Selma Lagerlöf, mise en scène PierreSarzacq - Cie NBA Spectacles
Ce père que j’aimais malgré tout - de Franck Ribault, mise en scène ClaudeAufaure - Le Bazar Mythique
Marat-Sade - de Peter Weiss, mise en scène Christophe Rouxel - Théâtre Icare
SAISON 2004/05
Ubude Alfred Jarry, mise en scène Babette Masson - Nada Théâtre
Les animaux ne savent pas qu'ils vont mourirde Pierre Desproges, mise en scène Michel Didym - Cie Boomerang
Entre courir et voler y'a qu'un pas papade et par Jacques Gamblin, mise en scène Claude Baqué
L’œil du cyclonede Luis Marquès, mise en scène Vagba Obou de Sales - CieYmako Téatri (Côte d’Ivoire)
Crasse-tignassede Heinrich Hoffmann, mise en scène Christian Duchange - Cie l’Artifice
Le dragonde Evguéni Schwartz, mise en scène Christophe Rauck - Théâtre du Peuple Bussang
L’école des femmesde Molière, mise en scène Jacques Lassalle - Théâtre de l’Athénée
Rouler comme un loukoum dans le stucde Odile Darbelley et Michel Jacquelin - Le Grand feuilleton
Les amantesde Elfriede Jelinek, mise en scène Joël Jouanneau - Théâtre Vidy-Lausanne
Miracle à Milande Vittorio de Sica, mise en scène Fabrizio MontecchiTeatro Gioco Vita-Piccolo Teatro di Milano
Le squarede Marguerite Duras, mise en scène Didier BezaceThéâtre de la Commune CDN Aubervilliers
Ma petite jeune fillede Rémi De Vos, mise en scène Hervé Guilloteau - Cie Meta Jupe
La nuit des temps...de Valérie Deronzier, mise en scène Patrick Conan - Cie Garin Trousseboeuf
Le roi des chips au paprikade et par Pascale Platel - Cie Bronks
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les accueils théâtre
La conférence de Cintegabellede Lydie Salvayre, mise en scène Jean-Yves Lazennec - Théâtre Mains d’Œuvres
Ça ira quand mêmed’après Don Duyns, Raoul Vaneigem, Hervé Blutsch, Gilles Deleuze,mise en scène Benoît Lambert - Compagnie Benoît Lambert
Notre avarede Molière, mise en scène Jean Boillot - La Spirale Cie Jean Boillot
Repérages VTHÉÂTRE
Abel et Bela de Robert Pinget - mise en scène Marie Pierre Hornn - Compagniedu SongePaparazzi de Matéi Visniec - mise en scène François Parmentier- Les AphoristesPar les villages de Peter Handke - mise en scène Guillaume Gatteau -Compagnie la Fidèle IdéeErnestine écrit partout de Ernestine Chasseboeuf - mise en scène MarieGaultier- Compagnie MêtisVitellius de Andras Forgach - mise en scène Laurent Maindon - Théâtre du Rictus
SAISON 2005/06
L'augmentationde Georges Perec, mise en scène Jacques NichetTNT - Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées.
Bougouniéré invite à dînerde Jean-Louis Sagot-Duvauroux, mise en scène Patrick LeMauff - BlonBa
Andromaque & Bérénicede Jean Racine, mise en scène Philippe DelaigueComédie de Valence - Centre Dramatique National Drôme Ardèche
La mouetted'Anton Tchekhov, mise en scène Jacques Delcuvellerie - Le Groupov
Le petit chaperon rougede Charles Perrault, texte et mise en scène Joël Pommerat - Cie LouisBrouillard
Le faiseur de théâtrede Thomas Bernhard, mise en scèneYvon Lapous - Théâtre du Loup
La visite de la vieille damede Friedrich Dürrenmatt, mise en scène Omar Porras, Teatro Malandro
La cuisine d'Elvisde Lee Hall, mise en scène Marilyn Leray et Marc Tsypkine - Cie Dull Ciné
Lettres d'amour de 0 à 10de Susie Morgenstern, mise en scène Christian Duchange - Cie L’Artifice
Le dernier chameaude Fellag - MC93 Bobigny
Tartuffede Molière, mise en scène René Loyon - Compagnie RL
Dommage qu'elle soit une putainde John Ford, mise en scèneYves Beaunesne - Cie La Chose incertaine
I’m sorry…#3de et mise en scène Alexis Armengol - Théâtre à Cru
Zigmund Folliesde Philippe Genty - Cie Philippe Genty
Les Présidentesde Werner Schwab, mise en scène Solange Oswald - Groupe Merci
Léonce et Lénade Georg Büchner, mise en scène Gilles Bouillon - Centre DramatiqueRégional de Tours
À ma personnagitéd'après les Écrits bruts, mise en scène Geneviève Pasquier - Cie Pasquier-Rossier (Lausanne)
Macbethde Shakespeare, mise en scène Matthew JocelynAtelier du Rhin, Centre Dramatique Régional d’Alsace
Inutile de tuer son père, le monde s'en chargede Pierre Ascaride, mise en scène Ariane AscarideThéâtre 71 - Scène nationale de Malakoff
Ernestine écrit partoutde Ernestine Chasseboeuf, mise en scène Marie Gaultier - Cie Mêtis
SAISON 2006/07
L’histoire de Roger - Le théâtre de Philippe Avron
La nonne sanglantetexte et mise en scène Thomas Canonne - Théâtre desCerises (Voisinages)
Flexible hop hop !de Emmanuel Darley, mise en scène Patrick Sueur etPaule Groleau - Théâtre Dû (Voisinages)
Le paradoxe de l’Erika (Voisinages)d'après Patrick Viveret, mise en scène Philippe Piau - Cie de la Tribouille
Little boy - la passion (Voisinages)de Jean-Pierre Cannet, mise en scène Christophe Rouxel - Théâtre Icare
L’autre guerre (Voisinages)de Elsa Solal, mise en scène Frédéric de RougemontEn Compagnie des Loups
Occident (Voisinages)de Rémi De Vos - mise en scène Hervé Guilloteau - meta jupe
Fantômas revientde Gabor Rassov, mise en scène Pierre Pradinas - Théâtre de l’UnionCentre Dramatique National du Limousin
Fair Play (Voisinages)montage de textes, mise en scène Philippe Mathé - Bibliothéâtre
Le loup et les sept chevreauxdes frères Grimm, mise en scène Ilka Schönbein
Plat de résistance (Voisinages)de Jean-Yves Picq, mise en scène Didier Lastère et Jean-Louis RaynaudThéâtre de l'Ephémère
Hedda Gablerde Henrik Ibsen - mise en scène Richard Brunel - Cie Anonyme
Le Cidde Corneille, mise en scène Laurent Rogero - Compagnie Anamorphose
La magie des imagesde Alessandro Libertini, mise en scène Alessandro Libertini et Véronique NahCompagnia Piccoli Principi
Fairy queende Olivier Cadiot, mise en scène Ludovic Lagarde - Cie Ludovic Lagarde
Pièce africainetexte et mise en scène Catherine Anne - Théâtre de l'Est Parisien
Une lune pour les déshéritésde Eugene O'Neill, mise en scène Robert Bouvier - Compagnie du Passage
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les accueils théâtre
C’est en 1978 que naît le Centre national de danse contempo-raine d’Angers : une première en France puisque le CNDC estalors la seule institution publique d'enseignement de dansecontemporaine. Sa direction est d’abord confiée au grand choré-graphe américain Alwin Nikolaïs. De 1981 à 1983, lui succèdeune autre artiste originaire d’Outre-Atlantique, Viola Farber.Lorsque Claude Yersin est nommé directeur du CentreDramatique National d’Angers en 1986, c’est Michel Reilhac qui
est aux commandes du CNDC. Sur la toute première affiche de saison du NTA, la danse s’imposeavec des spectacles qui resteront en mémoire : les Dervichestourneurs de Mevlevis, Carolyn Carlson (Still waters) et Jean-Claude Gallotta (Les louves et Pandora). Suivront ensuite JosefNadj, Karole Armitage, Georges Appaix…
L’arrivée de Nadia Croquet à la tête du CNDC en 1988 voit lanaissance d’un partenariat enrichissant et d’une longévité exem-plaire entre les deux structures : main dans main, Centre
Dramatique et Centre Chorégraphique vont, au fil des saisons,inviter des chorégraphes de tous les horizons en inventant denouvelles passerelles entre les deux structures, au gré d’un abon-nement commun ; les abonnés du Nouveau Théâtre d’Angersauront ainsi le privilège de voir sur le plateau du ThéâtreBeaurepaire ou du Grand Théâtre des chorégraphie inoubliablesd’artistes internationaux tels Philippe Decouflé (Technicolor),Dominique Bagouet (Les petite pièces de Berlin), Wim
Vandekeybus (Les porteuses de mauvaises nou-velles), Edouard Lock (Infante), mais aussiTrisha Brown, Mats Ek ou Hervé Robbe…
En 1991, Joëlle Bouvier et Régis Obadiaquittent le Centre chorégraphique Nationaldu Havre pour prendre la direction du CNDC
d’Angers qui devient CNDC-l'Esquisse (dunom de leur compagnie). Place à un duod’artistes talentueux qui va poser sonempreinte sur une programmation dansetoujours riche en événements : Michèle AnneDe Mey (Sinfonia Eroica et Châteaux enEspagne), Catherine Diverrès (Tauride, L’ombredu silence), Sankai Juku (Unetsu, Yuragi,Shijima), Régine Chopinot (Saint Georges),Bernardo Montet (Au crépuscule ni pluie nivent), Maguy Marin (Waterzooi, May B),Lloyd Newson (Bound to please), Alain Platel(Iets op Bach), Daniel Larrieu (On était si tran-
quilles), Abou Lagraa (Nuit blanche, Cutting flat), AngelinPreljocaj (Le sacre du printemps, Helikopter)… Impossible de lesnommer tous, mais on ne saurait oublier de mentionner lesAvant-Premières, ces toujours passionnants spectacles de find’études au cours desquels, chaque année, les étudiants du CNDC
font leurs premiers pas professionnels sous le regard exigeant detrois chorégraphes renommés. Emotion et fragilité, surprise etsourire seront toujours au rendez-vous.Durant treize ans, Joëlle Bouvier et Régis Obadia, en duo ou ensolo, offrent en primeur au public d’Angers les plus belles
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Danse et théâtre : toute une histoire
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chorégraphies de leur compagnie, notammentWelcome to paradise, L’effraction du silence, Les chiens,Indaten, Fureurs/Passion, Bouvier Obadia 20 ans !
Depuis février 2004, Emmanuelle Huynh estdirectrice artistique du CNDC à Angers. Après yavoir présenté le magnifique travail de sa compa-gnie (Múa, A vida enorme), elle crée Heroes, en mai2005. Et l’histoire se poursuit, entre le CentreChorégraphique et le Centre Dramatique, quireconduisent leur collaboration et proposentensemble une saison danse – une affiche commune,un abonnement commun – où figurent notam-ment Mathilde Monnier (Publique), DanielLarrieu (N’oublie pas ce que tu devines, Waterproof ),Rachid Ouramdane (La mort et le jeune homme),Trisha Brown (Astral convertible…), Maguy Marin(Umwelt)…
Les histoires d’amour finissent mal en général – sil’on en croit la chanson… et c’est sur le mot FIN
qu’aurait pu s’achever ce parcours. Mais cette his-toire exemplaire qui réunit deux structures depuis20 ans se finit bien… car elle ne finit pas : c’estensemble et sous le même toit du Théâtre Le Quaique Centre Dramatique National et CentreChorégraphique National vont désormais poursuivreleur travail de création et de formation à Angers.
A suivre… sera donc le mot de la fin !
Françoise Deroubaix
SAISON 1986/87
Les Derviches tourneurs de Mevlevis
Still Waterschorégraphie de Carolyn Carlson
Les Louves et Pandorachorégraphies de Jean-Claude Gallotta - Groupe Emile Dubois
SAISON 1987/88
Paul Taylor dance companychorégraphies de Paul Taylor - New York
Canard pékinoischorégraphie de Josef Nadj
Docteur Labuschorégraphie de Jean-Claude Gallotta - Groupe Emile Dubois
Antiquitéchorégraphie de Georges Appaix - Compagnie La Liseuse
Ballet Karole Armitagechorégraphies de Karole Armitage - New York
SAISON 1988/89
Technicolorchorégraphie de Philippe Découflé
Les petites pièces de Berlinchorégraphie de Dominique Bagouet
Les porteuses de mauvaises nouvelleschorégraphie de Wim Vandekeybus - Compagnie Ultima Vez
Compagnie A.L.I.SDominique Soria et Pierre Fourny
Insurrectionchorégraphie de Odile Duboc - Compagnie Contre-jour
Capricechorégraphies de Francine Lancelot, François Raffinot et AndréaFrancalanci - Compagnie Ris et Danceries
Nikolais dance theatrechorégraphies de Alwin Nikolais - New York
SAISON 1989/90
Les marchands / les bâtisseurschorégraphies de Daniel Larrieu - Compagnie Astrakan
La fille mal gardéechorégraphie de Ivo Cramer - d’après la partition orginale de Dauberval -Ballet de l’Opéra de Nantes
Trisha Brownchorégraphies de Trisha Brown
Ah les beaux jourschorégraphie de Sam Leborgne
Gisellechorégraphie de Mats Ek - Ballet Cullberg - Stockholm
SAISON 1990/91
Les mystères de Subalchorégraphie de Jean-Claude Gallotta - Groupe Emile Dubois - CentreChorégraphique National de Grenoble
Tritonchorégraphie de Philippe Découflé - Compagnie D.C.A.
Appassionatachorégraphie de Hervé Robbe - Compagnie Marietta Secret
Le ballet du Fargistanchorégraphie de Brigitte Farges - Compagnie Entrepositaire en Transit
Infantechorégraphie de Edouard Lock - Compagnie La La La Human Steps
Meublé sommairementchorégraphie de Dominique Bagouet - Compagnie Dominique Bagouet -Centre Chorégraphique National de Montpellier-Languedoc-Roussillon
SAISON 1991/92
Sinfonia Eroicachorégraphie de Michèle Anne De Mey - Compagnie Michèle Anne de Mey
Châteaux en Espagnechorégraphie de Michèle Anne de Mey - Compagnie Michèle Anne de Mey
Le palais des ventschorégraphie de Claude Brumachon - Compagnie Claude Brumachon
Foliechorégraphie de Claude Brumachon - Compagnie Claude Brumachon
Tauridechorégraphie de Catherine Diverrès - Studio DM
Danses de Bali
Paul les oiseauxchorégraphie de Valérie Rivière et Olivier Clementz - Cie Paul les Oiseaux
SAISON 1992/93
Une femme chaque nuit voyage en grand secretchorégraphie de Joëlle Bouvier et Régis Obadia - CNDC l’Esquisse
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Les accueils danse
La sensitive et Prahalada Charithamchorégraphies de Annette Leday - Compagnie Keli
Welcome to paradisechorégraphie de Joëlle Bouvier et Régis Obadia - CNDC l’Esquisse
Fin d’étudeschorégraphies de Roxane Huilmand et Raffaella Giordano - étudiants duCNDC l’Esquisse
So schnell et One story as in fallingchorégraphies de Dominique Bagouet et Trisha Brown - Cie BagouetCentre Chorégraphique National de Montpellier - Languedoc-Roussillon
UnetsuSankai Juku
SAISON 1993/94
Comedia tempiochorégraphie de Josef Nadj - Théâtre Jel
Removals4 chorégraphes, 4 villes - Veerle Bakelants - Urs Dietrich - Claire Russ -Christine Marneffe
Miroirs aux alouetteschorégraphie de Héla Fattoumi et Eric Lamoureux - Compagnie FattoumiLamoureux
Avant-premièreschorégraphies de Blok & Steel, Bernardo Montet et Dominique Bagouet
Saint Georgeschorégraphie de Régine Chopinot - Cie Ballet Atlantique - Régine Chopinot
SAISON 1994/95
L’effraction du silencechorégraphie de Joëlle Bouvier et Régis Obadia - CNDC l’Esquisse
Yuragichorégraphie de Ushio Amagatsu - Sankai Juku
Trouble and desirechorégraphie de Nadine Ganase
Idchorégraphie de Hervé Robbe
Au crépuscule ni pluie ni ventchorégraphie de Bernardo Montet
L’ombre du silencechorégraphie de Catherine Diverrès
Running lights / Incandescenceschorégraphie de Annette Leday - Compagnie Keli
SAISON 1995/96
Welcome to paradisechorégraphie de Joëlle Bouvier et Régis Obadia - CNDC l’Esquisse
Les blocs logiqueschorégraphie de Christine Marneffe - Compagnie les Cols roulés
Vu d’ici, the viewchorégraphie de Carolyn Carlson - Atelier de Paris-Carolyn Carlson
Et anima meachorégraphie de Raffaella Giordano
Avant-premièreschorégraphies de Alvaro Restrepo, José Limon, Joëlle Bouvier-RégisObadia/CNDC l’Esquisse
Créationchorégraphie de Elisabeth Petit
SAISON 1996/97
Les chienschorégraphie de Joëlle Bouvier et Régis Obadia - CNDC l’Esquisse
Da war plötzlich… Herzkammernchorégraphie de Susanne Linke et Urs Dietrich
Waterzooichorégraphie de Maguy Marin - Compagnie Maguy Marin
May Bchorégraphie de Maguy Marin - Compagnie Maguy Marin
Le cri du caméléonchorégraphie de Josef Nadj - Centre Chorégraphique National d’Orléans
Avant-premièreschorégraphies de Carolyn Carlson, Antonio Carallo, Héla Fattoumi et EricLamoureux - CNDC l’Esquisse
Issê Timossechorégraphie de Bernardo Montet - CNDC l’Esquisse
Bound to pleasechorégraphie de Llyod Newson - DV8 Physical Theatre - CNDC l’Esquisse
SAISON 1997/98
Indatenchorégraphie de Joëlle Bouvier et Régis Obadia - CNDC l’Esquisse
Furiosochorégraphie de Meryl Tankard - Meryl Tankard Australian Dance Theatre
Réveilchorégraphie de Elsa Wolliaston - One Step Cie Elsa Wolliaston - CNDC l’Esquisse
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danse
Avant-premièreschorégraphies de Dominique Dupuy, Angels Margarit, Carlotta IkedaCNDC l’Esquisse
Annonciation, Le spectre de la rose, Noceschorégraphies de Angelin Preljocaj - Ballet Angelin PreljocajCentre Chorégraphique National de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur
Liat Dror et Nir Ben GalLiat Dror et Nir Ben Gal Company - CNDC l’Esquisse
SAISON 1998/99
Iets op Bachchorégraphie de Alain Platel - Ballets C. de la B.
Madhavi Mugdalrécital de danse odissi
CréationBarak Marshall- Inbal Pinto
A fuego lentochorégraphie de Catherine Berbessou - Cie Quat’zarts
La nuit transfiguréechorégraphie de Raffaella Giordano
Murray Louis and Nikolais Dance Companyhommage à Alwin Nikolais
Avant-premièreschorégraphies de Patrick Le Doaré, Joëlle Bouvier, Carmen Werner - CNDCl’Esquisse
SAISON 1999/2000
Fureurschorégraphie de Joëlle BouvierPassionchorégraphie de Régis Obadia - CNDC l’Esquisse
J’ai plus l’tempschorégraphie de Régis Obadia - CNDC l’Esquisse / Récital - Cie Käfig -Mourad Merzouki
On était si tranquilleschorégraphie de Daniel Larrieu - Centre Chorégraphique National de Tours
Le temps du replichorégraphie de Josef Nadj - Centre Chorégraphique National d’Orléans
Shijimachorégraphie de Ushio Amagatsu - Sankai Juku, Tokyo
Avant-premières 2000chorégraphies de François Raffinot et Carlos Cueva - CNDC l’Esquisse
Noche FlamencaEva la Yerbabuena et Carmen Linares
SAISON 2000/01
Alarmel Vallidanse bhârata-natyam
Le vif du sujetchorégraphies de Régis Obadia / Michèle Anne De Mey
Valserchorégraphie de Catherine Berbessou
Bouvier/Obadia 20 ans !chorégraphie de Joëlle Bouvier/Régis Obadia - CNDC l’Esquisse
Francs-tireurschorégraphie de Jean-Claude Pambè Wayack - Pambè Dance Company
Inasmuch as life is borrowedchorégraphie et mise en scène de Wim Vandekeybus - Ultima Vez
M encore ?chorégraphie de Georges Appaix - Compagnie La Liseuse
Avant-premières 2001chorégraphies de Paul-André Fortier, Tommi Kitti, Ronit Ziv - CNDCl’Esquisse
L’oiseau loupchorégraphie de Joëlle Bouvier - CNDC l’Esquisse
SAISON 2001/02
Jacobchorégraphie de Régis Obadia - CNDC l’Esquisse
Joaquin Griloflamenco - Compagnie Joaquin Grilo
Nuit blanchechorégraphie et mise en scène de Abou Lagraa - Compagnie Baraka
Epsilon & Solo for twochorégraphie de Stéphanie Nataf, José Bertogal et chorégraphie de Niels“Storm” Robitzky - compagnie Choream et The Storm and Jazzy Project
À deuxJoëlle Bouvier, Dépêche-toi - Carolyn Carlson, Spiritual Warriors - CNDCl’Esquisse
Avant-premières 2002chorégraphie de Dominique Dupuy, Angelin Preljocaj, Alvaro Restrepo -CNDC l’Esquisse
Le sacre du printemps/Helikopterchorégraphies de Angelin Preljocaj - Compagnie Angelin Preljocaj
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danse
SAISON 2002/03
De l’amourchorégraphie de Joëlle Bouvier - CNDC l’Esquisse
Lac des singeschorégraphie de Hans van den Broek - Ballets C. de la B.
99 Duoschorégraphies de Jean-Claude Gallotta - Groupe Emile Dubois
Les moines danseurs du TibetMonastère de Shechen - présentation Matthieu Ricard
Avant-premières 2003chorégraphies de Claude Brumachon, Cyrill Davy, Abou Lagraa - CNDCl’Esquisse
Chienne de vie / L’antre de la foliechorégraphies hip-hop de Vagabond Crew et Nubian Soul Cie
SAISON 2003/04
À la recherche de Mister K.chorégraphie de Maryse Delente - Compagnie Maryse Delente
Boxeurs et vagabondeschorégraphie de Claude Brumachon - Centre Chorégraphie National deNantes
Black blanc beurSoirée hip-hop
El alma de las cosasEl Colegio del Cuerpo - chorégraphie Alvaro Restrepo et Marie-FranceDelieuvin
Tumbuka Dance CompanyZimbabwe
Avant-premières 2004chorégraphies de Serge Ricci, Isira Makuloluwe, Lluis Ayet et Rita Quaglia CNDC l’Esquisse
Cutting flatchorégraphie de Abou Lagraa- Compagnie la Baraka
SAISON 2004/05
Mùachorégraphie de Emmanuelle Huynh - Compagnie Mùa
A vida enorme / épisode 1chorégraphie de Emmanuelle Huynh - Compagnie Mùa
Hommage à Françoise AdretCentre national de danse contemporaine d’Angers
Publiquechorégraphie de Mathilde Monnier - Festival Montpellier danse
La mort et le jeune hommechorégraphie de Rachid Ouramdane - association Fin novembre
W.M.D.programme consacré à Françoise et Dominique Dupuy - chorégraphies deJean Weidt, Deryk Mendel, Dominique Dupuy
Avant-premières 2005chorégraphies de Gianni Joseph, Christine Bastin, Carlos Cueva - CNDCd’Angers
Heroeschorégraphie de Emmanuelle Huynh - Compagnie Mùa
N’oublie pas ce que tu devineschorégraphie de Daniel Larrieu - Astrakan
SAISON 2005/06
D'après J.-C.chorégraphie Herman Diéphuis - Centre chorégraphique national deMontpellier
NuméroEmmanuelle Huynh / Compagnie Mùa / CNDC
Trisha Brown Dance Company - New YorkAstral convertible - How long does the subject linger on the edge of thevolume, Set and reset
Drop itchorégraphie de Frank II Louise - Parc de la Villette
Music my countrychorégraphie de Deborah Hay, étudiants de la formation Essais de l'écoledu CNDC
Waterproofchorégraphie de Daniel Larrieu - Compagnie Astrakan
SAISON 2006/07
Douar (hip-hop)chorégraphie Kader Attou - Compagnie Accrorap
Umweltchorégraphie de Maguy Marin - Compagnie Maguy Marin
177
danse
C’est tout naturellement que, à son arrivée à la direction duNouveau Théâtre d’Angers en 1986, Claude Yersin décide depoursuivre la programmation de jazz dont j’avais alors la chargeet de m’en confier la responsabilité. Cette programmation faisait suite à une activité dans ce domainetrès diversifiée, initiée en 1978 à la Maison de la Cultured’Angers sous la direction de Roger Landy. Outre une program-mation régulière d’un ou deux concerts par mois, j’avais en effetpu mettre en place un festival de jazz, “Les rencontres de jazzd’Angers” (un type de mani-festation alors fort peurépandu en France), en colla-boration avec Alain Guerrini,directeur du CIM (l’École deJazz de Paris). Mais aussi desateliers de jazz hebdoma-daires, en retenant après leurpassage en concert des musi-ciens de haut niveau, françaiset étrangers : Henri Texier, leWorkshop de Lyon, Jane IraBloom, Thalib Kiboué etFrançois Cotinaud de l’IACP,fondé par Alan Silva.Cette programmation se vou-lait résolument française eteuropéenne. Bien que, àl’époque, le modèle en jazz fûtexclusivement noir américain,la grande révolution musicaledu Free Jazz permettait auxmusiciens des autres conti-nents, épris de liberté improvisatrice, de se révéler. Et c’est àpartir de cet idiome que j’ai mis en place la programmation jazzdu Nouveau Théâtre d’Angers. Il me faut remercier ici Claude Yersin d’avoir accepté de poursuivrecette aventure : ils sont peu nombreux les Centres dramatiquesen France à avoir osé le faire. C’est avec cette confiance et en
toute liberté que j’ai, saison après saison, programmé des grandesformations peu connues, comme le Vienna Art Orchestra ou leWillem Breuker Kollektief...Mais aussi des artistes de la nouvelle scène américaine : HappyApple, Ursus Minor.La jeune génération des musiciens français : Monniot Mania sextet,Matthieu Donarier, Sébastien Boisseau…De grands musiciens de la scène internationale : Jan Garbarek etle Hilliard ensemble (à la cathédrale d’Angers), Steve Coleman
Métrics, Hermeto Pascoal,avec qui je me suis lié d’amitiéaprès lui avoir organisé, dutemps des Rencontres de Jazzd’Angers, sa première tournéeen France.Et puis des concerts excep-tionnels, comme celui de JoeManeri trio, pourtant très dif-ficile d’approche, tout en jubi-lation dans la micro tonalité.Il en embrassa même le publicdans le hall à la fin duconcert !Je remercie également lepublic angevin, pour sa fidé-lité et sa qualité d’écoute tou-jours soulignée par lesmusiciens, mais aussi le per-sonnel du NTA pour son sou-tien très professionnel.Et bien sûr les musiciensinvités, je pense notamment à
Louis Sclavis et à Antonio Placer (sans oublier leurs agents :Marion Piras, Anna Colombo, Martine Palmé) pour leursqualités humaine et musicale.Cela restera pour moi une très belle aventure !
Yves Orillon
20 ans de jazz au NTA
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SAISON 1986/87
4 + 8 - Louis Sclavis QuartetProduction du Nouveau Théâtre d’Angers, avec huit musiciens régionaux
Paolo Conte
Dizzy Gillespie
Transatlantik QuartetHenri Texier, Steve Swallow, Joe Lovano, Aldo Romano
Great FriendsSonny Fortune, Stanley Cowell, Reggie Workman, Billy Hart et Billy Harper
Tito Puente
SAISON 1987/88
La note bleue - Barney Wilen Quintet
Manu Dibango
Sapho
Spirit LevelTim Richards, Paul Dunnall, Paul Anstey et Tony Orrell
Les Musiciens du Nil
Dee Dee Bridgewater
SAISON 1988/89
Gémeaux croisées Pauline Julien, Anne Sylvestremise en scène de Viviane Théophilidès
Trevor Watts Moire Music
Tres Horas de SolJean-Marc Padovani, Louis Sclavis, Claude Barthélemy...
Trio DépartHarry Sokal, Henri Kaenzig et Jojo Mayer
Trio Anthony Braxton avec Dave Holland et Tony Oxley
Bernardo Sandoval Quartet Pascal Rollando, Antonio Ruiz, Akim Bournane
La RépublicaineHélène Delavault, mise en scène Jean-Michel Rabeux
SAISON 1989/90
Orchestre National de Jazz Claude Barthélemyen collaboration avec le Festival Angers Musiques du XXe siècle
Angélique Ionatos Archipel
Helen Merrill
Itchy FingersMike Mower, John Graham, Peter Long et Howard Turner
General GramofonDaunik Lazro, Michel Doneda, Hugh Burns, Laurence Cottle et Stuart Elliot
SAISON 1990/91
Doudou N’Diaye Rose et les Rosettes
Ivo Papasov et son orchestre de noces bulgares
Sylvain Kassap Quartet Jacques Veille, Yves Rousseau, Pablo Cueco,Jacques Mahieux
Ellington on the airLouis Sclavis sextet avec Bruno Chevillon, François Raulin, DominiquePifarely, Yves Robert, Francis Lassus
Najma Akhtar
Jackie Mc Lean Quartet Hotep Galeta, Carl Allen, Nat Reeves
SAISON 1991/92
Bill FrisellKermit Driscoll - Joe Baron
Mamonov et AlexeiPiotr Mamonov et Alexei Bortnichouk
Vienna Art Orchestra Fe & Males - direction Mathias Rüegg
Les Musiciens du Louvredirection Marc Minkovski , coproduction avec Société des ConcertsPopulaires
Esther Lamandier
Trio ArcadoMark Dresser, Mark Feldman, Hank Roberts
Musiciens de Permet musiques d’Albanie
Laurent de WildeEddie Henderson, Hein Van de Geyn, André Ceccarelli
SAISON 1992/93
West Indies Jazz Banddirection Luther François
Rubalcaba Cuban QuartetGonzalo Rubalcaba, Reynaldo Melian, Felipe Cabrera, Julio Barreto
King’s Consort /James Bowmandirection Robert King, coproduction avec la Société des Concerts Populaires
Les concerts accueillis
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Placer y Lloret QuintetAntonio Placer, Pascal Lloret, Fernando Suarez Paz, Toninho Ferraguti,Rodolfo Stroeter, production Divina Comedia - Nouveau Théâtre d’Angers
Trio Ahmad Jamal Ahmad Jamal, James Cammack, David Bowler
Sabri Brothers musiques soufies
Sclavis - Arcado Double Trio Louis Sclavis, Jacques Di Donato, ArmandAngster, Mark Dresser, Mark Feldman, Ernst Reijseger
Tifock Groupe de Malaya réunionnais
SAISON 1993/94
Duo Paul Bley - Gary Peacock
Placer y Lloret Quintet (reprise)
Gérard Badini Super Swing Machine
Gérard Marais SextetPhil Abram, Jean-François Canape, Michel Marre, Jacques Mahieux,Gérard Marais, Henri Texier
Quatuor Talichcoproduction avec la Société des Concerts Populaires
PassagioJean-Paul Céléa, François Couturier, Françoise Kubler, Armand Angster,Wolfgang Reisinger
Trio Hermeto Pascoal - Richard Galliano - Néné
Cesaria Evora
Triban de Lo’Jo
SAISON 1994/95
Quatuor vocal Giovanna MariniPatrizia Bovi, Francesca Breschi, Giovanna Marini, Patrizia Nasini -Production Théâtre Gérard Philipe
Michel Hermon chante Piafavec Gérard Barreaux - Production Théâtre Vidy - Lausanne
Henri Texier - Azur QuartetGlenn Ferris, Tony Rabeson, Henri Texier, Bojan Zulfikarpasic
Thierry Robin - GitansThierry Robin, Abdelkarim Sami, Francis Varis, Paco El Lobo, Amar BrunoSaadna, Joseph Mambo Saadna
SAISON 1995/96
Jan Garbarek et le Hilliard Ensemble Officium
Steve Coleman Metrics
Louis Sclavis Sextet Les violences de Rameau
L’Ecclésiastemusique de André Hadju - direction Sonia Wieder-Atherton
Joshua Redman Quartet
SAISON 1996/97
Trio Sclavis - Texier - RomanoLouis Sclavis, Henri Texier, Aldo Romano
Aldo Romano Prosodie QuintetAldo Romano, Stefano Di Batista, Michel Benita, Paolo Fresu, Jean-Michel Pilc
Duke Ellington Orchestradirection Barrie Lee Hall Jr
Vicente Amigo TrioVicente Amigo, José-Manuel Hierro, Patricio Camara
Joey Baron trioJoey Baron, Ellery Eskelin, Joshua Roseman
Viellistic Orchestradirection Pascal Lefeuvre
John Zorn MasadaJohn Zorn, Dave Douglas, Greg Cohen, Joey Baron
Système Frichedirection Jacques Di Donato et Xavier Charles
SAISON 1997/98
Orchestre National de Jazz direction Didier Levallet
Souingue !mise en scène de Laurent Pelly avec Fabienne Guyon, Florence Pelly,Gilles Vajou, Jacques Verzier
Trio Céléa - Liebman - ReisingerJean-Paul Celea, Dave Liebman et Wolfgang Reisinger
Philippe Deschepper Septet Chien méchantPhilippe Deschepper, Fabrice Charles, Claude Tchamitchian, ChristineWodraska, Jacques di Donato, Alfred Spirli, Jean-Marie Maddedu
Jamaaladeen Tacuma Gemini-GeminiJamalaadeen Tacuma, Wolfgang Puschnig, Adam Guth
Trio Humair - Chevillon - DucretDaniel Humair, Bruno Chevillon, Marc Ducret
Caratini Jazz Ensembledirection Patrice Caratini avec Dominique Pifarély
concerts
182
SAISON 1998/99
Duo Pifarély - CouturierDominique Pifarély, François Couturier
Le grand Lousadzakdirection Claude Tchamitchian
Joe Maneri TrioJoe Maneri, Mat Maneri, Randy Peterson
Thank you Satanrécital Léo Ferré par Michel Hermon
La Fenicedirection Jean Tubéry - en collaboration avec Anacréon
David S.Ware Quartet - MUKTADavid S. Ware, Matthew Shipp, William Parker, Susie Ibarra / - directionSimon Mary
Kenny Garrett Quartet - Jacky Terrasson trio Kenny Garrett, Nat Reeves, Sherick Mitchell, Chris Dave - Jacky Terrasson,Ugonna Okegwo
Marc Ducret TrioMarc Ducret, Bruno Chevillon, Eric Echampard
Tapestrydirection Keith Tippett
SAISON 1999/2000
Angélique Ionatos Chansons nomadesAngélique Ionatos, Henri Agnel
Olu DaraOlu Dara, Kwatei Jones-Quartey, Caster Massamba, Alonzo Gardner, Larry Johnson
Llanto por Ignacio Sanchez MejíasVicente Pradal, Michel Rostain
Trio Sharrock/Puschnig /GodardLinda Sharrock, Michel Godard, Wolfgang Puschnig
En attendant l’an 2000 - Cinq de cœurPascale Costes, Anne Staminesco, Sandrine Montcoudiol, Nicolas Kern,Rigoberto Marin-Polop
Musique ObliqueElisabeth Glab, Aki Sauliere, Silvia Simionescu, Diana Ligeti, NathalieJuchors, Rémi Lerner
John Surman QuartetJohn Surman, John Taylor, Chris Laurence, John Marshall
François Corneloup TrioFrançois Corneloup, Claude Tchamitchian, Eric Echampard
Oriental BassRenaud Garcia-Fons, Rabah Khalfa, Negrito Trasante, Jean-Louis Matinier,Chris Hayward, Bruno Sansalone, Yves Favre
SAISON 2000/01
Orchestre National de Jazzdirection Paolo Damiani
La Grande Illusion Arfi
Four WallsLuc Ex, Phil Minton, Michael Vatcher, Veryan Weston
Tomasz Stanko QuartetTomasz Stanko, Bobo Stenson, Anders Jormin, Michal Miskiewicz
The Music of Paul MotianStephan Oliva, Bruno Chevillon, Paul Motian
Louis Sclavis QuintetBruno Chevillon, François Merville, Vincent Courtois, Jean-Luc Cappozzo,Louis Sclavis
Gérard Marais invite Steve SwallowVincent Courtois, Renaud Garcia-Fons, Jacques Mahieux, Gérard Marais,Steve Swallow
SAISON 2001/02
Michel Portal QuintetMichel Portal, Bojan Zulfikarpasic, Flavio Boltro, François Moutin, LaurentRobin
Carlos Maza septetCarlos Maza, Ricardo Izquierdo Reyes, Aramis Castellanos Acosta, NelsonPalacio Rodriguez, Lino Lores Garcia, Yexsy Marcelo Lamas, Jorge CastilloHernandez
Ixi lineal et François RaulinRégis Huby, François Michaud, Guillaume Roy, Alain Grange, FrançoisRaulin
Sophia Domancich QuintetSophia Domancich, Jean-Luc Cappozzo, Michel Marre, ClaudeTchamitchian, Simon Goubert
Pelleas y MelisandaVincente Pradal, Bïa, Serge Guirao, Luis Rigou, Franck Monbaylet, DavidBraccini, Antoine di Pietro, Emmanuel Joussemet, Eric Hervé, Arnaud Pairier
Stefano Di Battista quartetStefano Di Battista, Eric Legnini, Rosario Bonaccorso, André Ceccarelli
Monniot Mania sextetChristophe Monniot, Denis Charolles, Gueorgui Kornazov, Manu Codjia,Atsushi Sakai, Emil Spayi
Remparts d’argilefilm de Jean-Louis Bertuccelli, musique Henri Texier, Sébastien Texier, Tony Rabeson
concerts
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SAISON 2002/03
Belmondo Quintet et boisLionel Belmondo, Stéphane Belmondo, Laurent Fickelson, Clovis Nicolas,Philippe Soirat, Jérôme Voisin, Philippe Gauthier, Laurent Decker, FrançoisChristin, Julien Hardy, Bastien Stil de l’Orchestre National de France
Tom Harrell QuintetTom Harrell, Jimmy Green, Xavier Davis, Ugonna Okegwo, Quincy Davis
Yves Robert Quintet ÉtéYves Robert, Laurent Dehors, David Chevalier, Hélène Labarrière, FranckVaillant
Aldo Romano Quintet Because of BechetAldo Romano, Emmanuel Bex, Emanuele Cisi, Francesco Bearzatti, RémiVignolo
Michel Edelin Quintet Et la Tosca passa…Michel Edelin, Jacques Di Donato, François Mechali, François Couturier,Daniel Humair
Moutin réunion QuartetFrançois Moutin, Louis Moutin, Baptiste Trotignon, Rick Margitza
Willem Breuker KollektiefHenk de Jonge, Bernard Hunnekink, Rob Verdurmen, Andy Altenfelder,Boy Raaymakers, Andy Bruce, Willem Breuker, Arjen Gorter, HermineDeurloo, Maarten van Norden
SAISON 2003/04
Caratini jazz ensemble Anything goesLes chansons de Cole Porter, direction Patrice Caratini, André Villéger,Matthieu Donarier, Rémi Sciuto, Claude Egea, Pierre Devret,DenisLeloup, François Bonhomme, François Thuillier, David Chevallier, AlainJean-Marie, Thomas Grimmonprez, Sara Lazarus - lumière VincentMonnier
David Murray & les gwo-ka masters David Murray, Jaribu Shahid, Hamid Drake, Rasul Siddik, Klod Kiavue,Philippe Makaia, Hervé Samb
Gábor Gádo Quartet Gábor Gadó, Matthieu Donarier, Sébastien Boisseau, Joe Quitzke
Denis Colin NonetRégis Huby, Guillaume Roy, Didier Petit,Camel Zekri, Hélène Labarrière,Pablo Cueco, Antoine Lazennec, Mark Bassey, Denis Colin - dans le cadrede la résidence jazz de Denis Colin en Pays de la Loire, organisée par leCRDJ (Collectif Régional de Diffusion du Jazz), avec le soutien de la DRACet du Conseil Régional.
Nguyen Lê Celebrating Jimi HendrixNguyên Lê, Karim Ziad, Cathy Renoir, Michel Alibo
SAISON 2004/05
Mopti Sextet Don Cherry’s GiftPierrick Menuau, François Ripoche, Christophe Lavergne, Nicolas Gallard,Olivier Carole, Guillaume Hazebrouk et Gangbé Brass Band
Happy AppleErik Fratzke, Dave King, Michael Lewis
Dondestan The Wyatt Project John Greaves, Sylvain Kassap, Hélène Labarrière, Jacques Mahieux,Karen Mantler, Dominique Pifarély
Fire and forgetJulien Lourau, Eric Löhrer, Bojan Z, Vincent Artaud, Daniel Garcia Bruno
Trio BizartFrancesco Bearzatti, Emmanuel Bex, Aldo Romano
Napoli’s wallsLouis Sclavis, Vincent Courtois, Médéric Colignon, Hasse Poulsen
SAISON 2005/06
Franck Tortiller Nonet Close to heaven - Tribute to Led ZeppelinXavier Garcia, Franck Tortiller, Patrice Héral, Vincent Limouzin, MichelMarre, Nicolas Genest, Jean-Louis Pommier, Eric Séva, Yves Torchinsky,David Pouradier Duteil
UnitMatthieu Donarier, Laurent Blondiau, Gábor Gadó, Sébastien Boisseau,Stefan Pasborg (Résidence Jazz Tempo)
Trio Résistances Global SongsLionel Martin, Benoît Keller, Bruno Tocanne
Jean-Marie Machado sextet AndalouciaJean-Marie Machado, Bart de Nolf, Jacques Mahieux, Andy Sheppard,Claus Stötter, Gueorgui Kornazov
Youn Sun Nah 5 So I amYoun Sun Nah, Benjamin Moussay, David Neerman, Yoni Zelnik, DavidGeorgelet
Ursus MinorTony Hymas, Jef Lee Johnson, François Corneloup, Stokley Williams
SAISON 2006/07
Toumani Diabaté’s Symmetric Orchestra (accueilli avec Le Chabada)
Cordoba RéunionMinino Garay, Javier Girotto, Carlos "Tero“ Buschini, Gerardo di Giusto
concerts
Le compagnonnage de l'Artothèque et du NTA aura duré plus dedix-sept ans ! Contre nature a priori, l'union s'est révélée fructueuse puisqu'ellea permis à l'Artothèque de vivre et de développer des proposi-tions dans la logique de sa vocation de diffusion et de sensibili-sation à la création actuelle. À l'origine de cet aiguillageinattendu, il faut saluer l'action de Gérard Pilet, élu en charge dela culture à l'époque. Arts visuels et spectacle vivant se sont côtoyés et conjugués avecl'aide efficace de toute l'équipe du Centre Dramatique. Et nousavons pu offrir aux différents publics des rencontres au-delà despremières intentions et stimuler des décloisonnements qui sontdevenus un des paradigmes de la création d'aujourd'hui.Dans la salle d'exposition de la place Imbach, l'Artothèque aainsi publié l'enrichissement de ses collections d'œuvres surpapier avec, pendant dix ans, le soutien précieux de la Caisse desDépôts et Consignations. Elle a pu présenter l'actualité de prèsd'une centaine d'artistes, seuls ou en confrontation.
A l'heure des sépara-tions et en attendantune nouvelle implan-tation qui permettrade réunir les quelqueneuf cent quinzeœuvres de la collectionet toutes les activitésautour de celle-cicomme au-delà, dessouvenirs se réveillent,liés aux artistes et auxrencontres que nousavons partagées avec lepublic.
Parmi les artistes très nombreux, certains laissent une marqueparticulière qui conjugue l'autorité de leur travail et des talentsde vie et d'intensité au-dessus du commun. C'est le cas deRoman Cieslewicz qui éclaire encore non seulement la culturegraphique en Europe mais la vie de ceux qui l'ont approché. Il y a encore, pour un projet qui n'a pas abouti (cela arrive !), lesouvenir d'Andy Goldsworthy courant s'allonger sur les trottoirs
d'Angers aux premières gouttes de pluie pour ensuite y photogra-phier son empreinte. Celui de JH Engström, composant très viteun seul mur de la salle avec toutes ses images aboutées ou haran-guant tard dans la nuit des auditeurs admiratifs…
Ces rencontres et les flux de vie et d'expérimentation qu'ellesreprésentent pour nous et pour le public n'auraient pu avoir lieu
sans la confiance de Claude Yersin et des administrateurs quil'ont accompagné, notamment. Merci à tous et que l'aventure continue !
Joëlle Lebaillydirectrice de l’Artothèque d’Angers
Les expositions,de Chillid(A) à Muño(Z)
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© Edward Baran © J.-H. Engström © Frédéric Bouffandeau
SAISON 1985/86
Roger Blin - dessinsproduction Association pour la promotion de l’œuvre graphique de Roger Blin
Figurations Contemporainessélection d’œuvres du Fonds Régional d’Art Contemporain des Pays de la Loireen collaboration avec le Musée des Beaux-Arts et la Galerie de Prêt d’Angers
SAISON 1986/87
Gérard Schneiderproduction Association Présence de l’Art Contemporain en Anjou
Peter Klasenproduction Association Présence de l’Art Contemporain en Anjou
Roman Cieslewicz - collages / photomontagescollaboration Nouveau Théâtre d’Angers / Galerie de Prêt d’Angers
De Libération à Vu 1981 / 1986 - photographiescoproduction Agence de photographes VU / Musée de l’Elysée à Lausanne
SAISON 1987/88
Vieira Da Silva / Arpad Szenesproduction Association Présence de l’Art Contemporain en Anjou
Cas de figure - Peintures, dessins, photographiesproductions Centre d’Arts Plastiques / Centre d’Action Culturellesd’Angoulême
Albin Brunovsky et son École - Graveurs Slovaquesproduction Maison de la Culture de Bourges
Peter Klasen - Le Mur de Berlinproduction Association Présence de l’Art Contemporain en Anjou
Trois générations de graveurs et d’éditeurs à l’Atelier Lacourière-Frélautproduction Le Grand Huit - Rennes
SAISON 1988/89
Abstractions Lyriques - Paris 1945 / 1955production Association Présence de l’Art Contemporain en Anjou
Corinne Nicolle - 49 portraits - photographiesproduction Nouveau Théâtre d’Angers
Images dessinées, images photographiéesacquisitions 1988 de la Galerie de Prêt d’Angers
François Truffaut à travers l’afficheproduction Festival 1ers Plans
Jan Saudek - photographiescollection privée de Pierre Bohran
Bram Van Velde - Lithographiesproduction Centre d’Action Culturelle de Compiègne
Images Internationales pour les Droits de l’Homme et du Citoyen1789 / 1989production Artis 89 - réalisation Grapus
Pierre de Fenoyl - photographiesproduction Musée de l’Elysée de Lausanne
SAISON 1989/90
Robert Malaval - Paillettes et pastels 1973 -1980production Association Présence de l’Art Contemporain en Anjou
Sylvie et Joël Jupin - graphismeproduction P.A.R.C. de Nantes
Ce qu’ils voient, ce qu’ils rêventproduction Nouveau Théâtre d’Angers
Les années de silenceproduction Association Présence de l’Art Contemporain en Anjou
Tàpiès - estampesproduction Nouveau Théâtre d’Angers avec l'aide de la Galerie Lelong
Philippe Favier - œuvre gravéeproduction Musée du dessin et de l'estampe de Gravelines
SAISON 1990/91
Artothèque 1990 - acquisitions de la Galerie de Prêt d’Angers
Martin Lersch - À propos de Minna - dessinsproduction du Nouveau Théâtre d'Angers
Clichés - Le choix des sens - photographiesproduction Centre Culturel le Botanique-Bruxelles et la revue Clichés
Nils-Udo - œuvres de 1972 à 1990coproduction Nouveau Théâtre d'Angers / Galerie du Théâtre de l'Agora d'Evry
Anne Delfieu - Martine Mouginproduction Association Présence de l'Art Contemporain en Anjou
Angers - Moscou, Leningrad, TbilissiVoyage à l’intérieur d’une collection particulièreproduction Nouveau Théâtre d'Angers
SAISON 1991/92
Sur Nature I - acquisitions 1991 de la Galerie de Prêt d’Angers
Olivier Debré - Rétrospective - peintureproduction de l'Association Présence de l’Art Contemporain en Anjou
Françoise Huguier - Sur les traces de l’Afrique fantôme - photographiesproduction Musée de L'Elysée de Lausanne
SAISON 1992/93
Sur Nature II - acquisitions 1992 de la Galerie de Prêt d’Angers
Jean Arp - sculptures, reliefs et papiers de 1913 à 1966production Association Présence de l’Art Contemporain en Anjou
Isabelle Muñoz - Tango - photographiesproduction de l’Agence Vu
Denis Dailleux - Portrait botanique - photographiesproduction Nouveau Théâtre d'Angers
SAISON 93/94
Sans domicile fixecollections photographiques des Artothèques d’Angers, Nantes et Evry
Bertrand Dorny exposition PACA - Présence de l’Art Contemporain, Angers
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Les expositions
Images pour la lutte contre le SIDA - affiches
Lennard Nilsson - Borders of science - A child is born - photographiesCentre Culturel Scientifique et Technique d’Angers
Aspects du dessin au travail - Ecole des Beaux Arts d’Angers
La bibliothèque de Sarajevo en flammes - photographies
SAISON 1994/95
Bracaval - peintures, dessins, gravures, livres d’artistesBibliothèque municipale d’Angers
Maquettes en scène - exposition du scénographe Alain Roy
SAISON 1995/96
Sur Nature III - acquisitions 1995 de la Galerie de Prêt d’Angers
Lucie Lom - L’Europe des Affiches - Bibliothèque municipale d’Angers
Octave Mirbeau - Société des amis d’Octave Mirbeau
Gérard Rondeau - Le silence et rien alentourCroatie, Bosnie-Herzegovine, 1993-94 - photographies
Europe rurale 1994 - Regards hors des villesMinistère de l’Agriculture / FNAC
SAISON 1996/97
Sur nature IV - acquisitions 1996 de la Galerie de Prêt d’Angers
Joe Downingexposition PACA - Présence de l’Art Contemporain en Anjou
Tristan Valès - Dix ans de créations théâtrales au NTA - photographies
Daniel Boudinet - photographies
SAISON 1997/98
Artothèque 1997 - acquisitions de la Galerie de Prêt d’AngersHeureux le visionnaire - estampes Ministère de la Culture
Michèle Laurent - Premiers jeux, Premiers regards à l’école duThéâtre - photographies
Eduardo Chillida - gravures
Isabelle Waternaux - Ligne d’avant - photographiesVille de Brive la Gaillarde
L’art de vie - solidarité avec le peuple algérien - AIDA Anjou
SAISON 1998/99
Artothèque 1998 - acquisitions de la Galerie de Prêt d’Angers
Denis Dailleux - Habibi Cairo, Le Caire mon amour - photographiesAgence Vu
Edward Baran : La traversée des apparences - estampes
William Klein - photographies
SAISON 1999/2000
Artothèque 1999 - acquisitions de la Galerie de Prêt d’Angers
Gérard Collin-Thiébaut - gravures
Nick Waplington - photographies
Frédérique Lucien - dessins
L’art de vie - solidarité avec le peuple algérien - AIDA Anjou
SAISON 2000/01
Artothèque 2000 - acquisitions de la Galerie de Prêt d’Angers
Arnulf Rainer - Antonio Saura
Bogdan Konopka - Reconnaissances - photographies
Marc Babarit - Gilles Bruni - photographies
Verneau - 100 vues et légendes de la cité - photographiesproduction Nouveau Théâtre d’Angers
SAISON 2001/02
Artothèque 2001 - acquisitions de la Galerie de Prêt d’Angers
Jean-Christophe Ballot - Le paysage des crues dans les bassesvallées angevines et dans la vallée de la Loire - photographies
Lars Tunbjörk - photographies
Frédéric Bouffandeau - dessins
Images de Créations du NTA - photographies et installation
SAISON 2002/03
Artothèque 2002 - acquisitions de la Galerie de Prêt d’Angers
J.-H. Engstrom - Trying to dance - photographies
Jacques Robert - photographies
Sarah Holt - Des nuits de lune et d’étoiles - photographies
SAISON 03/04
Artothèque 2003 - acquisitions de la Galerie de Prêt d’Angers
Jean-Louis Garnell - photographies
Corinne Mercadier - photographies
Peter Briggs
SAISON 2004/05
Artothèque 2004 - acquisitions de la Galerie de Prêt d’Angers
Le dessin dans les collections de l’artothèque - dessins
Brigitte Bauer - photographies
Catherine Harang, Sabine Delcour - photographies
Ernest Pignon Ernest - Napoli’s walls
SAISON 2005/06
Artothèque 2005 - acquisitions de la Galerie de Prêt d’Angers
Olivier Péridy - La vie de famille - photographies
Nicolas Fedorenko
Anne-Marie Filaire - photographies
NTA, 20 ans pour le théâtre - scénographie Salle Chemellier
SAISON 2006/07
Artothèque 2006 - acquisitions de la Galerie de Prêt d’Angers
187
expositions
Et puis l'étonnante pré-sentation itinérante etludique de l'atelier deRichard Brunel et sesAuteurs élisabéthains :Out of joint ? Et lefabuleux monde enminiature créé par lesstagiaires de BabetteMasson lors de l'AtelierManipulation et détour-nement d'objets et dematières. Quant à ChantalRichard, qui a réalisérécemment le très beaufilm Lili et le baobab,elle a animé un stagecomédien et caméra quia ouvert des perspectivesenrichissantes sur ledialogue entre les comédiens et les réalisateurs.Plusieurs metteurs en scène sont devenus des fidèles de la placeImbach : c'est ainsi notamment que Christian Rist a proposédeux Approches du théâtre de Racine, Hélène Vincent – notreinoubliable Molly Bloom – a abordé Les cahiers de doléances duTiers-Etat, Brecht et les autres, Approche des nouvelles dramaturgiesanglaises ; et Daniel Girard qui a proposé trois ateliers remportel’oscar du plus joli titre avec son Théâtre/Pratiques III sur lethème « Ne jamais se contenter de peu (ou de ce qui marche) ! » Le NTA a eu le bonheur d'accueillir à plusieurs reprises SolangeOswald avec son écoute si intuitive, son travail au plus proche del'autre, du jeu de l'acteur, des rapports intimes du corps au texte,avec Le ressassement comme performance d'acteur autour des textesde Patrick Kermann, Un jeu d'acteur qui soit un instrument denavigation entre aujourd'hui et l'an 2000, le Chantier théâtral :Autour des dramaturgies anglaises contemporaines et La transgres-sion dans le théâtre des auteurs vivants anglais.
Et bien sûr, comment nepas évoquer les six Ateliersde Françoise Bette etnotamment l'Atelier 55,avec ce titre qui lui res-semblait tant : Approchede la tragédie grecque : cui-sine, femme, résistance, jar-dins et géants…? qu'elleprésentait ainsi :“Figuresde résistance au pouvoirdes hommes, ceshéroïnes disent souvent“non”. Porteuses de valeursparfois contradictoires,elles affirment leur refus,le proclament. Rebelles àl'ordre, elles périssentsouvent. Mais libres dansleur refus et insoumises.”
Libre et insoumise Françoise. Je me souviens de sa présence.Toujours belle et vraie. Intense. De son rayonnement, du bon-heur qu'elle avait de partager avec nous ce moment de travail dethéâtre, cette fin d'atelier encore plus belle qu'une représenta-tion. Et des larmes sur son visage tant l'émotion était grande.
Françoise Deroubaix
Je me souviensEt voilà les comédiens, et voilà la musique, et voilà la parole, et voilàOlivier, et voilà les costumes, et voilà la tentative, et voilà Vélazquez,et voilà le bar, et voilà la reine, les tueurs, la putain, le révolution-naire, et voilà Régine, et voilà Laurence, et voilà le poème, et voilàle manifeste, et voilà le cinéma, et voilà Ninetto, et voilà l'Atelier 65,et voilà Claude, et voilà Angers, et voilà l'Apocalypse, et voilà la fête,et voilà la bronchite, et voilà le dernier jour, et voilà les au revoirs…ET VOILÀ LE TRAVAIL !
Laurent FréchuretEn conclusion de l'Atelier 65 sur Pier Paolo Pasolini
De 1987 à 2006, le Nouveau Théâtre d'Angers a inclus dansson projet artistique une activité de formation théâtraledans les Pays de la Loire : une mission assortie d'un finan-cement du Ministère de la Culture. Ces Ateliers répon-daient à la nécessité d'une formation permanente sans pourautant se substituer aux écoles nationales de comédiens oude techniciens.
ObjectifsLes Ateliers s'assignaient une triple fonction de formation, derecherche et d'information, en s'appuyant sur des résidencesd'artistes d'expérience.Formation : dispenser un savoir-faire à des gens de théâtre, leurouvrir des approches et des perspectives nouvelles…Recherche : dans une conduite non magistrale des Ateliers, lesformateurs œuvraient sur les enjeux fondamentaux de laréflexion ou de la production théâtrale d'aujourd'hui, souvent enrelation avec les créations du Centre Dramatique National.Information : la mise en présencede stagiaires venus d'horizons et depratiques très différents, l'échangeentre professionnels expérimentéset débutants, permettaient à chacunde mieux se situer dans le théâtre entrain de se faire, d’appréhender lesévolutions des “métiers” et de l'en-vironnement des arts de la scène.
Soixante et onze AteliersMis en place au cours de la saison1987/1988, les AFR – comme on lesa vite dénommés place Imbach –étaient destinés plus particulière-ment aux comédiens professionnelsou néo-professionnels résidant dansles Pays de la Loire, mais ils étaientaussi ouverts aux comédiens venusd’ailleurs.
De novembre 1987 à juin 2006, soixante et onze Ateliers se sontsuccédés, auxquels ont pris part près de mille stagiaires comé-diens (et quelques régisseurs), dirigés par des metteurs en scènede notoriété, comme Hélène Vincent, Agathe Alexis, ChristianRist, Anne-Marie Lazarini, Daniel Girard, Félix Prader, RosineLefebvre, Françoise Bette, Solange Oswald, Yannick Renaud,Françoise Lebrun, Lucien Marchal, Claude Aufaure, OlivierWerner, Christophe Rauck, Jean Boillot, Guy Pierre Couleau,Richard Brunel, Benoît Lambert, Laurent Fréchuret, LaurentRogero, Marc Paquien, Laurent Poitrenaux, Babette Masson,Bernard Grosjean et Jean Bauné, Nathalie Mauger, PaulDesveaux…
Mémoires d'AteliersLes Ateliers de Recherche et de Formation nous ont permis dedécouvrir le travail de nombreux metteurs en scène : il faudraitles citer tous, du premier (Hélène Vincent et La construction dupersonnage) au dernier (Paul Desveaux et Le récit au théâtre ou
l'acteur nu), tous passionnants debout en bout, pour les stagiairescomme pour les témoins (le person-nel du NTA faisait souvent des appa-ritions, en catimini, dans la “salledu bas”, où se déroulaient la plupartdes AFR…).On se rappelle l'atelier animé parClaude Yersin et Maurice Taszman,autour de la vaste galaxie du Par-dessus bord de Michel Vinaver, etcette présentation de fin d'ateliermémorable à l'Atelier Jean Dasté,en présence de l'auteur, l'attentionmême. Ou celui de LaurentPoitrenaux, un de nos comédiensfavoris, que l'on découvrait excel-lent directeur d'acteurs dansNathalie Sarraute ou comment ren-trer dans la peau du personnage.
Les ateliersde formation et de recherche
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SAISON 1987/88
1 La construction du personnageHélène Vincent2 au 15 novembre 1987
2 Approche du théâtre de RacineChristian Rist8 au 21 février 1988
3 Réévaluation de la méthode StanislavskiJean-Pierre Ryngaert5 au 17 avril 1988
4 Le personnage imaginaireFrançoise Merle 27 juin au 9 juillet 1988
SAISON 1988/89
5 Théâtre - récit I - textes non théâtraux de Samuel BeckettYves Prunier24 octobre au 6 novembre 1988
6 Approche du théâtre de Racine IIChristian Rist7 au 25 novembre 1988
7 Théâtre - récit II - la prise de parole :les cahiers de doléances du Tiers ÉtatHélène Vincent5 au 21 décembre 1988
8 Aborder ShakespeareChattie Salaman 27 mars au 15 avril 1989
9 Réévaluation de la méthode Stanislavski IIJean-Pierre Ryngaert27 mars au 1er avril 1989 - 2 au 13 mai 1989
10 L'acteur et le rôleFrançoise Merle26 juin au 13 juillet 1989
SAISON 1989/90
11 Brecht et les autresHélène Vincent25 octobre au 11 novembre 1989
12 Dramaturgie de La noce chez les petits bourgeoisYves Prunier25/26 novembre - 2/3 décembre - 9/10 décembre 1989
13 Approche du sentiment amoureux dans le théâtre de Pierre CorneilleDenise Bonal14 février au 4 mars 1990
14 Approche du théâtre d'Alexandre OstrovskiAgathe Alexis9 au 21 avril 1990
STUDIO I - La noce chez les petits bourgeoisde Bertolt Brechtmise en scène de Hélène Vincent / Yves Prunieravec les participants des Ateliers n° 11 et 12. douze représentations à Angers du 9 au 21 janvier 1990
15 Théâtre et réel : adaptation et mise en scèneDominique Feret 25 juin au 13 juillet 1990
SAISON 1990/91
16 Approche de Karel Capek Yves Prunier29 octobre au 10 novembre 1990
17 Texte et mouvement : une confrontation dynamique Elisabeth Disdier 11 février au 1er mars 1991
18 Grand peur et misère du troisième Reich de Bertolt Brechtregard sur un théâtre civique Denise Péron20 avril au 7 mai 1991
19 Le banquet des poètes - poésie et théâtreJacques Zabor24 juin au 13 juillet 1991
SAISON 1991/92
20 Alexandre Ostrovski : comédies et personnages Etienne Pommeret 26 octobre au 12 novembre1991
21 Parole et mouvement ou le double discours : rencontre avecla biomécanique de Vsevolod Meyerhold en 1991 Elisabeth Disdier16 décembre 1991 au 11 janvier 1992
22 Stanislavski et le répertoire russe de la fin du XIXe
Dominique Boissel10 au 29 février 1992
STUDIO II - Le mandat de Nicolaï Erdmantexte français de André Markowiczmise en scène de Denise Péronassistée de Elisabeth Disdieravec les participants des Ateliers de la saisononze représentations à Angers du 12 au 23 mai 1992
Les Ateliers de formation et de recherche
191
SAISON 1992/93
23 Récit et humour tchèqueIvo Krobot et Michal Laznovsky26 octobre au 13 novembre 1992
24 De la violence des passionsAnne-Marie Lazarini1er au 19 mars 1993
25 L'aventure du théâtre artistique de Moscou,créateur de Tchekhov et GorkiClaude Yersin 26 avril au 14 mai 1993
SAISONS 1993/94 - 1994/95
26 Théâtre/pratiques I - L’Atelier volantchantier de réalisation d'un spectacle avec des amateurs Bernard Grosjean assisté de Catherine MalardPhase I - Atelier 26 - Prise de contact 24 au 30 octobre 1993Phase II - Approches de dramaturgie et de jeu 26-27 février / 23-24avril / 22-23 mai 1994Phase III - Réalisation 1er août au 30 août 1994Phase IV - Représentations 31 août, 1er, 2 et 3 septembre 1994Phase V - Bilan 15 et 16 octobre 1994
27 L'éveil du printemps ou ressentir pour comprendreDaniel Girard 28 février au 19 mars 1994
28 L'artisanat et l'âme du comique Félix Prader 25 avril au 13 mai 1994
28 Initiation à la méthode dojo Pol Pelletier, entraînement pour artistes de la scène27 février au 18 mars 1995
30 La comédie des comédiensRosine Lefebvre10 au 29 avril 1995
31 Le jeu de l'enfant dans le grand lit du théâtreFrançoise Bette 22 mai au 10 juin 1995
SAISON 1995/96
Stage de formationL'art et la manière d'intervenir en milieu scolaire IBernard Grosjean/Jean Bauné17 au 20 octobre 1995
32 Atelier d'entrainement pour élèves-acteursYannick Renaud et Claude Yersinmi-novembre 95 à fin mars 1996
33 Tennessee Williams : dramaturge du désirDaniel Girard30 octobre au 18 novembre1995
34 Heiner Müller : pièce(s) de cœursMaurice Taszman26 février au 16 mars 1996
35 La transgression dans le théâtre des auteurs vivants anglaisSolange Oswald 20 mai au 8 juin 1996
SAISON 1996/97
36 Tchekhov, Ibsen : le jeu comme contrebande de secrets IFrançoise Bette4 au 14 septembre 1996 à Nantes
37 Tchekhov, Ibsen : le jeu comme contrebande de secrets IIFrançoise Bette21 octobre au 8 novembre 1996
Stage de formationL'art et la manière d'intervenir en milieu scolaire IIBernard Grosjean/Jean Bauné19 au 22 novembre 1996
38 Brecht : de la table au plateau Ludovic Lagarde17 février au 8 mars 1997
39 A la rencontre du théâtre de Marieluise FleisserFrançois Rey11 au 30 avril 1997
40 Chantier théâtral : autour des dramaturgies anglaisescontemporainesSolange Oswald26 mai au 20 juin 1997
SAISON 1997/98
41 Stage de formationL'art et la manière d'intervenir en milieu scolaire IIIBernard Grosjean/Jean Bauné4 au 7 novembre 1997
42 Théâtre/Pratiques II :chantier de réalisation de petites formes théâtralesBernard Grosjean et Jean Bauné25 novembre au 30 août / 27 au 31 octobre 1997
43 Théâtre forum : un certain art de l'improvisationBernard Grosjean (reporté à l'automne 1998)
44 Le secret du personnageFrançoise Bette9 au 27 février 1998
ateliers
192
45 Ecouter, parler, chanter :atelier d'expression théâtrale et musicaleAgnès Laurent30 mars au 17 avril 1998
Stage de formationL'art et la manière d'intervenir en milieu scolaire IVBernard Grosjean/Jean Bauné21 au 24 avril 1998
46 Un jeu d'acteur qui soit un instrument de navigationentre aujourd'hui et l'an 2000Solange Oswald11 mai au 5 juin 1998
SAISON 1998/99
47 Théâtre forum : un certain art de l'improvisationBernard Grosjean25 au 27 septembre / 23 au 25 octobre / 27 au 29 novembre 1998
Stage de formationL'art et la manière d'intervenir en milieu scolaire VBernard Grosjean/Jean Bauné24 au 27 novembre 1998
48 Autour de Peer Gynt :l'œuvre d'Ibsen comme champ d'expérimentationAntoine Caubet8 au 26 février 1999
49 Pratique de l'alexandrinFrançoise Lebrun12 au 30 avril 1999
50 Un théâtre de la colère théâtrale et musicaleLucien Marchal10 au 28 mai 1999
Stage de formationL'art et la manière d'intervenir en milieu scolaire VIBernard Grosjean/Jean Bauné6 au 9 avril 1999
Stage comédien et caméraChantal Richard21 juin au 9 juillet 1999
SAISON 1999/2000
Stage de formationL'art et la manière d’intervenir en milieu scolaire VIIBernard Grosjean/Jean Bauné9 au 13 novembre 1999
51 L'acteur ou l'intime étranger, textes de Le Clézio, Duras etJon Fosse Jean-Yves Lazennec14 février au 3 mars 2000
52 Lothar Trolle : une écriture qui piège le théâtreMaurice Taszman17 avril au 5 mai 2000
53 L'eau et le rêve de l'eau : autour de textes de Ibsen, VirginiaWoolf, Iris Murdoch…Claude Aufaure22 mai au 9 juin 2000
Stage de formationL'art et la manière d'intervenir en milieu scolaire VIIIBernard Grosjean/Jean Bauné28 mars au 1er avril 2000
SAISON 2000/01
54 Approche des nouvelles dramaturgies anglaisesHélène Vincent27 novembre au 15 décembre 2000
Théâtre/ Pratiques IIINe jamais se contenter de peu (ou de ce qui marche) !Daniel Girardsix week-ends de novembre 2000 à avril 2001
Stage de formation L'art et la manière d'intervenir en milieu scolaire IXBernard Grosjean/Jean Bauné28 novembre au 2 décembre 2000
55 Approche de la tragédie grecqueFrançoise Bette5 au 23 février 2001
56 Autour du théâtre de Michel VinaverMaurice Taszman/Claude Yersin12 au 30 mars 2001
Stage de formationL'art et la manière d'intervenir en milieu scolaire XBernard Grosjean/Jean Bauné27 au 31 mars 2001
SAISON 2001/02
57 Le ressassement comme performance d'acteur : autour des textes de Patrick KermannSolange Oswald 20 août au 1er septembre 2001
Stage de formationL'art et la manière d'intervenir en milieu scolaire XIBernard Grosjean/Jean Bauné27 novembre au 1er décembre 2001
58 Autour de Platonov de TchekhovFrançoise Bette4 au 22 mars 2002
ateliers
Stage de formationL'art et la manière d'intervenir en milieu scolaire XIIBernard Grosjean/Jean Bauné26 au 30 mars 2002
59 Approche de Par les villages de Peter HandkeOlivier Werner8 au 26 avril 2002
60 Brecht et Horváth : un théâtre qui prend positionChristophe Rauck21 mai au 8 juin 2002
SAISON 2002/03
Stage de formationL'art et la manière d'intervenir en milieu scolaire XIIIBernard Grosjean/Didier Lastère26 au 30 novembre 2002
61 Auteurs élisabéthains : Out of joint Richard Brunel3 au 21 février 2003
62 Trois interprétations d'Antoine et Cléopâtre(Plutarque, Garnier, Shakespeare)Jean Boillot 10 au 28 mars 2003
Stage de formationL'art et la manière d'intervenir en milieu scolaire XIVBernard Grosjean/Didier Lastère25 au 29 mars 2003
63 D'une tempête à la tempête (Travail croisé sur les œuvresd'Aimé Césaire et de Shakespeare)Guy Pierre Couleau12 au 30 mai 2003
SAISON 2003/04
Théâtre/Pratiques IVChantier de réalisation destiné aux comédiens amateursBernard Grosjean / Jean Baunéoctobre 2002 à octobre 2003
64 Enfants du siècle : Alfred de Musset et Hervé Blutsch Benoît Lambert17 novembre au 5 décembre 2003
65 Pier Paolo Pasolini : L'espace théâtral est dans nos têtesLaurent Fréchuret 9 au 27 février 2004
66 L'acteur au présent Laurent Rogero10 au 28 mai 2004
SAISON 2003/04
Théâtre/Pratiques IV (suite) - PinocchioChantier de réalisation destiné aux comédiens amateursBernard Grosjean/ Jean Baunéoctobre 2003 à octobre 2004
Stage de formationL'art et la manière d'intervenir en milieu scolaire XV et XVIBernard Grosjean/Didier Lastère23 au 27 mars 2004
SAISON 2004/05
67 Martin Crimp, l'élaboration d’une fiction Marc Paquien23 novembre au 10 décembre 2004
68 Nathalie Sarraute ou comment rentrer dans la peau du person-nage
Laurent Poitrenaux14 février au 4 mars 2005
69 Manipulation et détournement d’objets et de matièresBabette Masson9 au 27 mai 2005
Stage de formationL'art et la manière d'intervenir en milieu scolaire XVIIBernard Grosjean8 au 12 mars 2005
SAISON 2005/06
Stage danse-théâtreEt vice-versaBrigitte Seth et Roser Monttlo-Guberna10 et 11 décembre 2005
70 L'écriture comme arme pour s'arracher à la fascination duréel (Franz Xaver Kroetz)Nathalie Mauger13 février au 3 mars 2006
71 Le récit au théâtre ou l’acteur nuPaul Desveaux2 au 20 mai 2006
Stage de formationL'art et la manière d'intervenir en milieu scolaire XVIIIBernard Grosjean, Jean Bauné, Sylvie Fontaine21 au 25 mars 2006
ateliers
193
SAISON 1988/89
RENCONTRE-DÉBATLe théâtre public : état des lieux par Robert Abirachedavec Jean-Pierre Thibaudat
SAISON 1990/91
LECTURESLe vieil hiver de et par Roger Planchon - TNP Villeurbanne
L'aberration des étoiles fixesde Manlio Santanelli par Huguette Hatem et Claude Yersin
Filage de et par Florence Giorgetti
Advienne que pourra de Yves Kernick par Hélène Vincent, NathalieBécue, Hervé Pierre, Yves Prunier
Lecture de scénarios par Hélène Vincent - Festival Premiers Plans
RENCONTRESMises en scène contemporaines depuis Antonin Artaudpar Daniel Mesguich
SAISON 1991/92
LECTURESUne goutte... deux gouttes de pluie de Lionel Prével par YannickRenaud, Anne Dupuis, Yves Prunier et Claude Yersin
La seconde chute ou Godot acte III de Sylviane Dupuis par YvesPrunier, Claude Yersin, Yannick Renaud
L'Otage de Paul Claudel par Hélène Gay, Philippe Mathé, YvesPrunier et Claude Yersin
CONFÉRENCESituation du théâtre contemporain par Jean-Pierre Sarrazac
LECTURES-MUSIQUESL'inondation de Evgéni Zamiatine par Yves Prunier et quatre musi-ciens : Yves Orillon, Gilles Delebarre, Alain Grimaud et ClovisGuillerme Camargo
Moi Christophe Colomb de Evelyne Pieiller par Yves Prunier etquatre musiciens : Yves Orillon, Gilles Delebarre, Alain Grimaud etClovis Guillerme Camargo
SAISON 1992/93
LECTURES-MUSIQUESMoi Christophe Colomb de Evelyne Pieiller par Yves Prunier etquatre musiciens : Yves Orillon, Gilles Delebarre, Alain Grimaud etClovis Guillerme Camargo (Reprise) - mise en espace Claude Yersin
LECTURESLe mensonge de Michal Laznovsky par Yves Prunier et Yannick Renaud
Cabinet de lecture Strindberg dirigé par Yves Prunier (Mariés -Les rôles d'Harriet : Pâques, La mariée couronnée, Crime et crime, Lesonge, Christine)
CONFÉRENCESL'exhibition des mots, une idée politique du théâtrepar Denis Guénoun
August Strindberg par Jean-Pierre Sarrazac
À propos de Terres mortes de Franz Xaver Kroetzpar Daniel Girard et Claude Yersin
Victor Hugo par Anne Ubersfeld
SAISON 1993/94
CONFÉRENCESSans domicile fixe - Regard sur la photographie contemporainepar Christian Gattinoni
Le mariage dans L’œuvre de Gogol par Elisabeth Gardaz
La légion étrangère et ses images par Marc Dejean, DanielBesnehard, Claude Yersin
Jacques Copeau, ou le mythe du Vieux Colombierpar Paul-Louis Mignon
LECTURESLe petit Maroc de Daniel Besnehard par Françoise Bette
Pour la Bosnie Herzégovine rencontre avec Velibor Colic et lec-tures de textes d'écrivains bosniaques, en collaboration avec laBibliothèque municipale d'Angers
SAISON 1994/95
ANIMATION-SPECTACLEConversation avec Monsieur Goldoni récemment disparumise en scène et texte de Yves Prunier d’après les mémoires deGoldoni, avec Hugues Vaulerin et Claudine LacroutzAngers et Pays de la Loire 40 représentations 1994
Jason, Médée : conférence conjugale texte de Yves Prunier etmise en scène de Claude Yersin, avec Yves Prunier et Yannick RenaudAngers et Pays de la Loire 1995
CONFÉRENCESJean Vauthier, auteur de Medea par Robert Abirached (annuléepour intempéries)
Figure de Médée dans le monde antiquepar Jacques Lacarrière
LECTURESMais… pièce de Rémi Checchetto par Yannick Renaud, HélèneVincent, Yves Prunier et Claude Yersin
SAISON 1995/96
CONFÉRENCES
Octave Mirbeau, de la dualité à l’ambiguïté par Pierre Michel
La situation en ex-Yougoslavie : le théâtre peut-il en rendrecompte ? débat avec Claude Yersin, Philippe Leduc et Rémi Checchetto
194
Les lectures et conférences
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La naissance de la politique culturelle au moment du Frontpopulaire par Pascal Ory
Les projets culturels de la résistancepar Jean-François Murraciole
La création en 1959 du ministère des affaires culturellesd’André Malraux par Philippe Urfalino
LECTURESTextes inédits d’Ivane Daoudi par Catherine Gandois, ClaudeYersin, Didier Sauvegrain, Thierry Belnet
SAISON 1996/97
CONFÉRENCESFaut-il refonder la politique culturelle en France ?par Jacques Rigaud
Le théâtre en France en 1968, histoire d’une crisepar Marie-Ange Rauch-Lepage
Les enjeux des politiques culturelles des villes par Guy Saez
Le théâtre public saisi par le libéralismepar Pierre-Etienne Heymann
Traduire les auteurs russes par André Markowicz
ANIMATION-SPECTACLEOlga et Marie écrit et réalisé par Yves Prunier, avec Hélène Gay etYannick Renaud - Angers 5 représentations 1997
SAISON 1997/98
SOIRÉEVeillée d’art AIDATable ronde sur la situation en Algérie (peintures,musiques, lectures)
CONFÉRENCESTraduire Shakespeare pour le théâtre par Jean-Michel Déprats
SAISON 1999/2000
CONFÉRENCESLe nouveau théâtre anglais par Mike Sadler
Le théâtre naturaliste français : un théâtre de romanciers ?par Jean-Pierre Sarrazac
À la rencontre de George Tabori Claude Yersin, Maurice Taszmanet l’équipe de création - Théâtrales/Paris
SAISON 2000/01
CONFÉRENCESJean-Louis Barrault, un théâtre total par Paul-Louis Mignon
Tragédie et philosophie par Joseph Danan en collaboration avecla Société Angevine de Philosophie
SAISON 2001/02
CONFÉRENCESRencontre avec Annie Ernaux autour de L’événement
L’insignifiance tragique par Florence Dupont
L’histoire est-elle nécessairement violente ? par ChristianBodin en collaboration avec la Société Angevine de Philosophie
SAISON 2002/03
CONFÉRENCESHorváth, un témoin capital du 20e siècle et un rénovateur duthéâtre populaire par Jean-Claude François
Se transformer soi-même pour transformer le monde par Matthieu Ricard
Autour de Portrait d’une femme de Michel Vinaverpar David Bradby
LECTURES, RENCONTRESSemaine Vinaver série de lectures de plusieurs textes
SAISON 2003/04
CONFÉRENCESL’AGCS qu’est-ce que c’est ? Quel rapport avec la culture ?par Susan George (co-organisée avec ATTAC)
Reconsidérer la richessepar Patrick Viveret (co-organisée avec ATTAC)
SAISON 2004/05
LECTURES, RENCONTRESDe Godot à Zucco par Michel Azama
CONFÉRENCESL’Histoire du théâtre : 25 siècles en 4 épisodespar Monique Hervouët
SAISON 2005/06
FESTIVALFestival Scènes grand écran Les résonances théâtreDog days de Ulrich Seidl, rencontre avec Solange Oswald
DÉBAT & PROJECTIONLes échanges culturels “France - Afrique” au théâtre et aucinéma
Electre-Oreste film de Jac Chambrier
lectures et conférences
de nombreux militants bénévoles. Dans les soutes, aux manettes,aux écluses, ceux qui veulent faciliter la navigation ne comptentni leur temps ni leur énergie pour faire vivre leurs idées. Ils sesentent engagés pour promouvoir la culture et le théâtre enten-dus non pas comme un frisson d’écume sur une vague, maiscomme la vague même, partie intégrante de l’individu qui seconstruit. Les arts développent la sensibilité, canalisent ou transcendent laviolence, placent l’un en relation avec l’autre en respect mutuel,en écoute attentive dans l’espace théâtral.Pour cette démarche éducative singulière, la collaboration desartistes et des enseignants donne à chacune des parties engagéesl’occasion de faire évoluer ses pratiques. Quant à l’élève, l’expé-rience théâtrale le structure, le jeu le rend acteur de sa propreexpérience, l’interroge sur les rapports de la personne et dupersonnage, sur son rôle et sa fonction dans un groupe.Dans cette évolution, les regards croisés de la culture et de l’édu-
cation trouvent le cap dans la négociation des choix.Sur le pontDepuis vingt ans, pas question de naviguer à vue. Noussavons que les compétences se partagent, s’enrichissent, sedynamisent à partir de situations de formation assises sur troisprincipes de base :
- Vivre le théâtre par une pratique artistique sans compétition nijugement de valeur.
- Fréquenter le répertoire d’œuvres contemporaines et classiques.- Développer les échanges et les rencontres avec les profession-
nels du théâtre.Ces principes, synergiques et complémentaires, ont permis demettre au point en partenariat des parcours de formation.Il m’arrive parfois de me retourner pour observer la cohérence dela flottille avant de faire le point. Je vois des chalands de fort ton-nage, des barques où l’on rame encore, et aussi ces embarcationsligériennes que sont la toue cabanée ou la gabare. À chacun sonsigne de reconnaissance, sa singularité.
Théâtre/PratiquesPour des amateurs : un stage de réalisation de spectacle de troisou sept semaines, en plusieurs étapes autour de textes d’auteurscontemporains. “Terre à découvrir” : une production théâtrale etla diversité des métiers du théâtre, dans la grande tradition desstages de réalisation de l’éducation populaire...
L'art et la manière d'intervenir en milieu scolaire Pour des comédiens : stage d’une semaine avec des études de cas,un travail sur le répertoire, des interventions en collège . “Terre àdécouvrir” : la relation éducative par la pratique et la réflexioncollectives.
Les ateliers du regardPour des enseignants et desélèves. “Terre à découvrir” :les œuvres, les partis prisd’interprétation et de miseen scène grâce à la rencontreavec les créateurs.
Des conventions de jumelagePour les établissements scolaires et universitaires. “Terre à décou-vrir” : la fréquentation des œuvres et des théâtres, l’ouvertureaux publics culturellement défavorisés, l’établissement de coopé-
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Embarquement 1986, douceur angevine, petite brise d’été, je longe les tours deschiste du château, franchis la Maine sur le pont de la BasseChaîne, passe sur le quai de la Savatte où sont amarrées quelquespéniches, et me dirige vers l’ancien cinéma Beaurepaire devenu lascène du Nouveau Théâtre d’Angers. J’ai rendez-vous avecClaude Yersin et Daniel Besnehard qui ont déjà pris place à labarre du CDN. Notre dialogue ressemble au passage d’une écluse :derrière et devant nous, l’histoire et le voyage, le parcours, le che-min. Une longue rivière pas toujours tranquille que celle de lapromotion du spectacle vivant. L’éveil culturel passe par l’éduca-tion des jeunes, la pratique du jeu, la fréquentation des théâtres.Pour l’instant, nous faisons connaissance sans savoir que notrecollaboration va durer vingt ans. Lorsque nous sortons du sas,nous sommes sur la même barque d’une large diffusion culturelleavec une ouverture vers les publics scolaires.Je leur ai raconté le théâtre en Anjou depuis l’élan donné parMalraux, la préfiguration d’une maison de la culture et lesprojets de construction abandonnés dans les années 70, l’AMCA*et le travail dynamique des commissions dans le cadre d’unfonctionnement de type participatif, l’Antenne Théâtre que j’aicréée en 1982 avec le soutien de Monique Ramognino alorsdirectrice du CDDP* d’Angers.Quand je suis sorti de cette première rencontre, ça tanguait unpeu dans ma tête. Le courant me suis-je dit, le courant mais ouibien sûr, je l’ai senti passer.
20 ans après2006, 13 octobre, dans les locaux du NTA,à Angers, on coupe les amarres du premierproduit pédagogique multimédia conçupour une diffusion nationale : le DVD “Dujeu au théâtre”. Il est destiné aux ensei-gnants pratiquant l’activité dramatiqueavec des élèves, il sera utile aussi aux comé-diens intervenant dans les classes et auxanimateurs du théâtre amateur.Le DVD fait la parade dans sa jaquette noire
et rouge. Devant les directeurs du CRDP* de Nantes, de l’Institutde formation des maîtres (IUFM), du Nouveau Théâtre d’Angers,Jean-Claude Lallias, directeur de la nouvelle collection : “Entreren théâtre”, rappelle les missions des “Pôles Nationaux deRessources” : former les cadres, animer les ressources documen-taires, éditer des outils pédagogiques.Actuellement, il n’y a que trois Pôles Nationaux dans le domainedu théâtre, et ce n’est pas le hasard si le premier a été implanté en2002 dans les Pays de la Loire. Même avec modestie, on peut direque le tandem culture/éducation angevin fait aujourd’hui réfé-rence dans l’hexagone.Certes, entre l’idée et sa réalisation, le fil de l’eau a vu passerquelques saisons. Mais l’équipage fut solide, Dany Porché, BernardGrosjean et moi avons tenu la barre, et notre DVD “Du jeu au théâ-tre” est arrivé enfin à bon port. Il donne un coup de projecteur surla diversité des parcours et l’énergie des réseaux où se côtoient,jouent et échangent, des artistes et des enseignants pour donner auxélèves l’occasion d’explorations créatrices et formatrices.
L'équipagePeut-on construire, maintenir des chantiers régionaux et natio-naux sans moyens ? L’Éducation Nationale a accepté depuis1992 de détacher un enseignant à mi-temps auprès du NTA. Lemontage administratif de l’opération ne fut pas toujours simple,mais le Centre Dramatique National a besoin d’un collaborateurqui connaisse bien les milieux éducatifs et leurs modes de fonc-tionnement. Il est non seulement le médiateur, “le passeur” derelais, l’écoute radio des réseaux, mais il est aussi le garant descontenus pédagogiques des formations et des produits. La montée en puissance de la flotte, les nécessités logistiques etfinancières, les attentes en matière de communication ontconduit le CDN à renforcer l’équipe. En sus du Chargé de mis-sion détaché de l’Education Nationale, le travail quotidien mobi-lise trois personnes (Anne Doteau, responsable administrativedes formations, Jean Bauné, conseiller théâtre-éducation, etCéline Baron, assistante). Cet équipage n’a pas besoin dejumelles à fort grossissement pour sentir la présence complé-mentaire du travail des professionnels de la maison, soutenu par
Au fil de l’eau… 20 ans de
Théâtre-Éducation
196*AMCA : voir à ce sujet le hors série 86 de la revue publiée en juin 2005 par l'association303 (www.revue303.com).CDDP : centre régional de documentation pédagogiqueCRDP : centre régional de documentation pédagogique
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rations nouvelles entre le monde scolaire et le monde culturel...Des universités d'étéEn partenariat avec l’ANRAT. Formation promue au BulletinOfficiel de l’Education Nationale. Ouverte à l’ensemble desrégions françaises, pour des professionnels de la culture, de l’édu-cation, de la jeunesse et de l’éducation populaire, mais aussi descadres et des élus des collectivités territoriales. “Terre à décou-vrir” : l’analyse des pratiques et des enjeux de l’éducation artis-
tique autour du spectacle vivant et du théâtre en particulier.Les séminaires et les stagesOrganisés en liaison avec les ministères de l’Education Nationale,de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, ils sont des lieux deréflexion, d’expérimentation, de pratiques.
Les journées “Plateau-château”Pour les élèves de tous les niveaux mais aussi des animateurs.“Terre à découvrir” : l’espace théâtral abordé par le jeu sur lascène du Beaurepaire et sur le site du château d’Angers.
Le partenariat fructueux avec l'association “En Jeu”Née en décembre 1986 dans les locaux du NTA, 12 Place Louis
Imbach, cette association organise des rencontres de théâtre,propose des stages de formation, des sorties culturelles… Dansles années 80, à l'Abbaye de Fontevraud, eurent lieu les premièresrencontres de théâtre lycéen. Elles furent relayées par lePrintemps théâtral de Noirmoutier, créé sous l'impulsion deMichel Zanotti, alors inspecteur de l'Éducation Nationale.Noirmoutier devenu trop étroit, on décentralisa en mettant surpied une association dans chaque département.Pour le Maine-et-Loire, ce fut “En Jeu”.
Au cours de toutes ces années, les collaborations furent riches etnombreuses :l'IUFM (Institut de formation des maîtres), la Jeunesse et lesSports, l'ENACT (École Nationale des Agents et CadresTerritoriaux), les deux universités d'Angers, l'École des arts etmétiers, l'École nationale d'horticulture, l'ISPEC (Institut supé-rieur de promotion de l'enseignement catholique), l'associationdes enseignants sans frontières, l'École nationale supérieured'architecture de Nantes, l'Observatoire des politiques culturellesde Grenoble, l’ANRAT, le CNT (Centre National du Théâtre), lacompagnie Entrées de jeu de Paris, le théâtre de l'Éphémère duMans, le théâtre Athénor de Saint-Nazaire…
L'escaleCe train de bateaux en marche, voici que j'entends vraiment unsignal. C'est une corne de brume qui salue l'accostage. Onapproche du Quai.C'est que le Nouveau Théâtre d'Angers et avec lui le secteurThéâtre-Éducation déménagent. Un espace est déjà prévu pourlui. Sylvie Fontaine a remplacé Dany Porché sur la passerelle.Nous étions dans le même bateau, mais un passage de relaiss'impose.Pour l'anniversaire, pour ses vingt ans, le CDN se voit offrir unnouveau départ dans un grand paquebot de la culture. Une autrenavigation commence, déjà riche des tentatives passées.Comme les anciens, je pense à mon enfance, à tous ceux, trèsnombreux, qui ont accompagné mon rêve de théâtre, à tous ceuxqui ont forgé le théâtre-éducation.
Parmi ceux-là, vingt ans obligent, j'en ai retenu 20, vingt fanauxle long des anses, devant des plateaux, des tréteaux, pour éclairerles rideaux rouges des théâtres où, depuis vingt ans, des milliersd'élèves et de formateurs ont pris part à l'action et au jeu. Dansl'espace, tracé au sol avec les moyens du bord, ils ont connu larencontre sensible, touché du corps, du souffle, du cœur, lapoésie et l'émotion dont ils resteront nourris pour toujours.
Philippe Avron, comédien, le passeur d'humanité, un être rare,mon maître depuis 1970,
Patrice Barret, administrateur, la rigueur et un certain humour àl'anglaise,
Daniel Besnehard, secrétaire général, le mentor, un critiqueexigeant, la mémoire éveillée du théâtre,
Louis Breton, proviseur vie scolaire au rectorat, une connivencepartagée,
Jean-Gabriel Carasso, comédien, directeur de l'ANRAT*, “l'oizeaurare”, Jean sans peur, bouillonnant d'idées,
Jean Chamaillé, administrateur, vif-argent efficace,
Elysabeth Cormier, conseillère théâtre à la DRAC, complice éclairée,
Miguel Demuynck, comédien formateur aux CEMEA*, mon pèrespirituel depuis 1962,
François Dugoujon, administrateur, l'humour et le charme,
Sylvie Fontaine, responsable pédagogique du secteur Théâtre-Édu-cation, la boussole en poche, l'œil à l'horizon,
Bernard Grosjean, comédien metteur en scène, fidèle partenaireartistique, dynamique et généreux, le mât du bateau,
Jean-Claude Lallias, chargé du théâtre au ministère de l'ÉducationNationale, le camarade et le guide,
Hélène Mathieu, Inspectrice générale de l'Éducation Nationale,l'amie stimulante, perspicace et directe,
Jean-Paul Pacaud, directeur, action culturelle du rectorat, un
médiateur mesuré et à la voix posée,
Dany Porché, responsable pédagogique du secteur Théâtre-Éduca-tion, ma sœur jumelle en pédagogie, un vrai duo sur la passerelle,
Bernard Richard, conseiller théâtre à la DRAC, le facilitateur deprojets du côté de la culture,
Michèle Roca, principale du collège Molière de Beaufort-en-Vallée,celle qui a su démêler les écheveaux administratifs,
Jean-Pierre Ryngaert professeur Paris III, l'incontournable réfé-rence universitaire,
Claude Yersin, directeur du CDN, celui qui m'a fait entièrementconfiance, un régisseur attentif,
Michel Zanotti, inspecteur général de l'Éducation Nationale, lefacilitateur de projets du côté de l'institution,
et tous les amis d'En Jeu, fidèles compagnons bénévoles,militants convaincus du Théâtre-Éducation,
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CEMEA : centre d'entraînement aux méthodes d'éducation active théâtrale
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Formation! Théâtre et cinéma (2007)
! L’action culturelle et l’éducation artistique au cœur duprojet d’établissement (2006) - Partenaires : Inspection générale de l’Éduca-tion nationale, École supérieure de l’Éducation nationale (ESEN), École nationale d’appli-cation des cadres territoriaux (ENACT)
! Lectures de la nouvelle scénographie (2006) - Partenaire : Écoled’architecture de Nantes
! Penser un projet partenarial Théâtre Éducation : l’évalua-tion institutionnelle, éducative et artistique (2005) - Partenaire :CEREQ (Centre d’études et de recherche sur les enseignements et les qualifications)
! Les fondamentaux du théâtre : le jeu comme passageobligé ! (2005) - Partenaires : Théâtre de l’Ephémère (Le Mans), Athénor (St-Nazaire)
! Éducation artistique et collectivités territoriales : quelsobjectifs, quelles complémentarités, quels effets ? (2004) -Partenaire : Centre National de la Fonction Publique Territoriale (CNFPT), Ecole Nationaled’Application des Cadres Territoriaux d’Angers
! Le répertoire contemporain à l’école (2004) - Partenaires : Théâtre de
l’Éphémère (Le Mans), Théâtre Athénor (St-Nazaire)
! La mémoire du spectacle vivant : des enjeux de docu-mentation et d’archives (2004) - Partenaires : Centre National du Théâtre,Archives de Maine-et-Loire, Bibliothèque d’Angers
! Les arts dans l’éducation : décentralisation et collectivitésterritoriales ? (2003) - Partenaires : Centre National de la Fonction PubliqueTerritoriale (CNFPT), Observatoire des Politiques Culturelles de Grenoble
! Université d’été : Éducation artistique et missions de ser-vice public des institutions du spectacle vivant (2003) -Partenaires : Ministères de la Culture et de la Communication (DDAT et DMDTS), de l’Édu-cation nationale et de la Recherche (DESCO) ; Université d’Angers
! Le texte de théâtre et sa représentation. Autour de l’œuvrede Michel Vinaver (2003) - Partenaire : Ministère de l’Éducation nationale(Inspection générale de Lettres)
! La mutualisation des ressources documentaires Théâtreen Pays de la Loire (2003) - Partenaires : Centre National du Théâtre, Théâtrede l’Ephémère (Le Mans), Athénor (Saint-Nazaire)
! L’éducation artistique : un nouvel enjeu pour les collecti-vités territoriales (2002) - Partenaires : Centre National de la Fonction PubliqueTerritoriale (CNFPT), Observatoire des Politiques Culturelles de Grenoble
! Formation des 1000 - Classes à projet artistique et culturelThéâtre (2001)
Édition, animation et documentation Édition
! Lecture de la nouvelle scénographie [Actes de séminaire] (2006)
! Du jeu au théâtre [DVD-vidéo], Jean Bauné et Dany Porché, collection nationalede formation du Scéren Entrer en théâtre (2006)
! Je monte un projet théâtre ! Enjeux, actions et ressources[Guide pratique] Réalisé en partenariat avec la DAAC de l’Académie de Nantes
! L’éducation artistique : un nouvel enjeu pour les collecti-vités territoriales - autour du spectacle vivant et du théâ-tre en particulier [Actes de séminaire] - CRDP des Pays de la Loire, collectionnationale du Scérén Documents, actes et rapports pour l’Éducation (2003)
Animation et documentation
! Rencontres régionales autour des éditions du Scéren
- Du jeu au théâtre de Jean Bauné et Dany Porché (collection Entrer enthéâtre ; CRDP des Pays de la Loire) (2006) - Partenaires : Théâtre del’Ephémère (Le Mans), Lycée Douanier-Rousseau (Laval) et Manège-Scène nationale (La Roche-sur-Yon)
- L’Ère de la mise en scène de Jean-Claude Lallias (collection Théâtreaujourd’hui ; CNDP) (2005) - Partenaire : Maison de la Culture deLoire-Atlantique (Nantes)
- De Godot à Zucco : Anthologie des auteurs dramatiques de langue fran-çaise 1950-2000 de Michel Azama (CNDP ; Éditions Théâtrales)(2004) - Partenaires : Le Carré-Scène nationale (Château-Gontier),Théâtre de l’Ephémère (Le Mans) et Studio Théâtre - CNR (Nantes)
- Tambours sur la Digue d’Ariane Mnouchkine (collection ThéâtreAuourd’hui vidéo, CNDP) Avant-première dans le cadre du FestivalPremiers Plans 2003 (2003)
! Animations des ressources Théâtre
- Découvrir et construire des pistes de travail à partir des ressourcesthéâtre mises en place dans les CDDP de Maine-et-Loire et de laMayenne (2004 et 2005)
- Ouverture d’un espace web consacré au pôle sur le site Internet du CRDP
des Pays de la Loire (www.crdp-nantes.fr/artsculture/theatre) (2004)
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Pôle National de Ressources Théâtre d’AngersDe la formation à l’édition
Une expérience rareTous les théoriciens du jeu l’ont souligné : pour se développer, lejeu a besoin d’un espace protégé, d’une atmosphère conviviale,d’un regard bienveillant et d’une atmosphère de liberté.On ne saurait mieux décrire ce qu’a représenté pendant vingt ansle Nouveau Théâtre d’Angers, pour les centaines de stagiaires quiy sont passés, qu’ils soient enseignants, comédiens-intervenantsou animateurs : une miraculeuse aire transitionnelle d’expériencepour reprendre les termes de Winnicott.Un espace protégé ? On se souviendra de la merveil-leuse salle de répétition de la place Imbach, lieu idéalde formation, d’échange et d’expérimentation.Une atmosphère conviviale ? Les stages et les journéescommençaient généralement autour du bar, où nousattendaient toujours un café et quelques gâteaux. Lesens de l’accueil légendaire de Jean Bauné fut systéma-tiquement souligné et remercié dans les évaluations desstagiaires. Cette atmosphère chaleureuse détendaitimmédiatement tout le monde.Un regard bienveillant ? C’est celui que posa toujoursClaude Yersin sur ce travail. Nous aimions lorsque,entre deux répétitions ou deux réunions de travail, il poussait laporte de la salle de répétition pour venir nous saluer et nous assu-rer de son intérêt pour le travail qui s’y faisait. Ce regard étaitnotre permission pour transmettre, progresser et innover.Une atmosphère de liberté ? Jamais nous ne nous sommes sen-tis enfermés dans un quelconque carcan. A partir du moment oùla confiance nous avait été accordée, nous pouvions voguer enpleine autonomie. Mais Claude Yersin ne se contentait pas denous laisser les clés : il cherchait et nous donnait les moyensfinanciers et matériels de notre liberté.Le Nouveau Théâtre d’Angers ? Une expérience rare et doncexceptionnelle !!!Merci à toute l’équipe, merci à toi Jean, et merci à toi Claude !
Bernard Grosjean
Le point d’ancrageOui, dit le très jeune homme, nous avons un Credo :d’Arromanches à l’Hudson river, nous aurons vu Molly Bloom, lebeau Portrait d’une femme, et au milieu des Eaux et forêt entenduL’intervention d’Electre… Car Changer sa règle d’existence supposede demeurer À vif pour Apprendre à rire sans pleurer et reconnaî-tre en soi L’objecteur.Je pourrais ainsi continuer à égrener quelques heures marquantes
des créations duNouveau Théâtred’Angers qui éveillè-rent nos vies et quede jolis cahiers multi-colores prolongèrentpar la lecture et laréflexion, comme depetits trésors accu-mulés.Mais il y eut toujoursplus que ces paysagesd’un théâtre de créa-
tion, exigeant et découvreur : autour de Claude Yersin, avec JeanBauné et En-Jeu, se mit en place pas à pas un foyer vivant detransmission et de réflexion autour de deux mots“Théâtre / Éducation” qui formèrent couple – avec ses rêves etses vicissitudes – pour inventer des modes d’action qui construi-sent le futur.Et quand fut venu le temps d’un élan pour l’Éducation artistiquedes jeunes, Angers apparut comme le point d’ancrage évidentd’un Pôle Théâtre pour l’avenir, une sorte de havre où les tempêtessuccessives viennent depuis se briser sur l’indéracinable désir depoursuivre le beau chemin du partenariat, avec la seule certitudede René Char en poche : “le poème est toujours marié àquelqu’un”.
Jean-Claude Lallias
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Retour de BamakoQuelques mois après la Ruche, une opération Retour de Bamakotémoignait de la richesse de cette expérience : lectures publiques,rencontres, débats autour de la création en Afrique se succédaientdurant une semaine. Des extraits des œuvres écrites par lesauteurs suite à chacune des Ruches étaient lus par la plupart desauteurs et des comédiens sous la direction de Claude Yersin.Ces Retours de Bamako ont été programmés en 2002, 2003 et2004 au Nouveau Théâtre d'Angers et au Centre Wallonie-Bruxelles à Paris (ainsi qu'au Théâtre de la Bellonne, Bruxelles,au Théâtre Ephémère, Le Mans, et à la Comédie de Genève pourla troisième édition).
Le Chantier Sony Labou Tansi Le bilan des trois premières Ruches a permis de faire un constat :les nouveaux auteurs d'Afrique de l'Ouest souhaitaient aussimettre à profit ces rencontres pour se perfectionner, éprouver
leur approche de l'écriture théâtrale, par le biais d'ateliers pra-tiques et d'un travail d'accompagnement de leurs travaux avecdes auteurs plus expérimentés. Un constat qui a ouvert la voie auprojet d'un Chantier.Son originalité : offrir un atelier d'écriture en prise directe avec letravail de plateau. Etaient en effet confrontés en permanencedurant seize jours des auteurs dramatiques débutants, un groupede comédiens maliens en fin de formation initiale ou en forma-tion permanente, issus de l'INA et du Groupe Dramatique duThéâtre National, des étudiants en théâtrologie ou mise en scènede la Faculté des Lettres, des Arts et des Sciences Humaines(FLASH). En amont du Chantier, chacun des quatre auteursmaliens produisait une “petite forme” théâtrale. Ces textesétaient ensuite éprouvés au fil des semaines par un metteur enscène (Claude Yersin), deux auteurs expérimentés, (Eric Durnez,Maxime N’Debeka et Koulsy Lamko), qui jouaient le rôle de“tuteurs” ou de “conseillers techniques” et, côté plateau, par lesstagiaires – étudiants comédiens et metteurs en scène de Bamako.
Une pépinière d'auteurs à Bamakoen hommage à Sony Labou TansiLes villes d'Angers et de Bamako sont jumelées depuis 30 ans, maisc'est en novembre 2001 qu'a eu lieu à Bamako le premier atelierdestiné aux auteurs francophones, la Ruche Sony Labou Tansi. Ainsibaptisée en hommage au grand dramaturge du Congo Brazzaville,cette “Ruche” a vu le jour grâce à l'initiative de l'association Écrituresvagabondes et de sa présidente Monique Blin, et du NouveauThéâtre d'Angers. De 2001 à 2003, des auteurs francophones venusde tous les horizons se sont rencontrés à trois reprises au cours d'unerésidence d'un mois à la maison du partenariat de Bamako.À cette Ruche ont succédé, en janvier 2004 et 2005, deux éditionsdu Chantier Sony Labou Tansi : tout à la fois chantier d'écriture,chantier de dramaturgie et chantier de jeu. Cette expérience intellectuelle et existentielle a été marquée, annéeaprès année, par la riche confrontation des valeurs et des interroga-tions du Sud et du Nord… Une immersion en profondeur dans laréalité de l'autre.
La Ruche Sony Labou TansiCes trois éditions de la Ruche Sony Labou Tansi à Bamako n’au-raient pu avoir lieu sans la mise à disposition par la Ville d’Angersdes locaux de la Maison du Partenariat Angers-Bamako et sans l'appuides associations maliennes BlonBa (en 2001) et SEBEN (en 2002 et2003). Que soient ici remerciés André Van Hoerebecke, directeur dela Maison du Partenariat, ainsi que Seydou Coulibaly, Awa l’inten-dant et Ousmane le cuisinier. Principe de ces rencontres : regrouper pendant un mois des auteursdramatiques francophones d'Afrique subsaharienne, du Maghreb oud'Europe, avec pour objet l'échange entre auteurs d'horizons etd'expériences diverses et la découverte de la réalité culturelle, socialeet politique du Mali. Outre les auteurs, le groupe de résidentsincluait un metteur en scène, Monique Hervouët (2001-2002) etClaude Yersin (2002-2003), ainsi qu'une coordinatrice (MoniqueBlin). De très nombreuses rencontres avec des acteurs, auteurs, artistes,enseignants, étudiants émaillaient chaque séjour, à l'issue duquelchaque auteur s'engageait à écrire une pièce dans les six mois. Plusieurs manuscrits issus du creuset de la Ruche ont été publiés,notamment chez Lansman dans la collection Écritures vagabondes,d'autres ont été créés, et tous ont été lus en public, au cours d'uneinvitation nommée Retour de Bamako.
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Les participants
Ruche Sony Labou Tansi Idu 19 novembre au 14 décembre 2001auteurs : Daniel Besnehard (France), Boubacar Belco Diallo(Mali), Alfred Dogbé (Niger), Eric Durnez (Belgique), AhmedGhazali (Maroc/Canada), Avêmian Hermas Gbaguidi (Bénin),Idi Nouhou (Niger), Tiécoro Sangaré (Mali), Léonard Yakanou(Togo) ; initiatrice et coordinatrice du projet Monique Blin (pré-sidente d'Ecritures Vagabondes), metteur en scène et responsablede formation Monique Hervouët (directrice de la compagnieBanquet d'Avril, France).
Ruche Sony Labou Tansi IIdu 25 novembre au 18 décembre 2002auteurs : Aïda Mady Diallo(Mali), Hawa Diallo (Mali), DavidJaomanoro (Madagascar), Koffi Kwahulé (Côte d'Ivoire), EudesLabrusse (France), Arezki Mellal (Algérie), Rodrigue Norman(Togo), Marcel Bio Orou-Fico (Bénin), Anita Van Belle(Belgique) ; coordinatrice Monique Blin, metteur en scène et res-ponsable de formation Claude Yersin (directeur du NouveauThéâtre d'Angers, France).
Ruche Sony Labou Tansi IIIdu 25 novembre au 20 décembre 2003auteurs : Djalila Hajar Bali (Algérie), Valérie Deronzier (France),Véronika Mabardi (Belgique), Coulibali M'Bamakan Soucko(Mali), Ibrahima Aya (Mali), Brahim El Hanai (Maroc), Jean-Yves Picq (France), Robert Silivi (Togo); coordinatrice MoniqueBlin, metteurs en scène Monique Hervouët, Claude Yersin.
Chantier Sony Labou Tansi Idu 27 décembre 2004 au 13 janvier 2005Hawa Diallo (Mali), Aïda Madi Diallo (Mali), Ibrahima Aya(Mali), Kokouvi Dzifa Galley (Togo); intervenants MoniqueBlin, Claude Yersin, metteur en scène, et deux auteurs, EricDurnez (Belgique), Maxime N'Debeka (Congo Brazzaville).
Chantier Sony Labou Tansi IIdu 3 au 20 janvier 2006Angeline Solange Bonono (Cameroun), Marie-ChristineKoundja (Tchad), Mahamane El Hadji Touré (Mali), IsidoreSossa Dokpa (Bénin) ; intervenants Claude Yersin, et deuxauteurs Koulsy Lamko (Tchad), Eric Durnez (Belgique).
Je me souviens…Le choix des “abeilles” de 2003 a été très enrichissant : les deuxMaliens et Robert (Togo) expliquant et interrogeant l'Afrique, lesFrançais et Véronika (Belgique) nous livrant leurs inquiétudes etleurs expériences d'un monde “éclaté”, les deux Maghrébins tirailléset toujours eu quête d'une langue propre. Pour toutes ces raisons etpour beaucoup d'autres, qu'il serait impossible de résumer ici, larencontre est plus que précieuse : elle est, je l'espère, la confirmationpour chacun d'entre nous que le monde est tout simplement beau.A ce titre, les soirées “lecture et débat” étaient passionnantes. Cetteexpérience restera, à mes yeux, l'une des plus belles et des plusenrichissantes de ma vie.
Hajar Bali
Les Chantiers SLT II ont apporté aux participants des outils detravail pérennes, enrichi les univers des uns et des autres, confortéchacun de nous dans sa profession. Quatre textes sont sur l'établi, enchantier… mille textes de la vie depuis s'écrivent à l'encre de nos rêves,nos cauchemars, nos envies de changer le monde… et oui changer lemonde et qu'il fasse envie d'y vivre ! C'est peut-être l'utopie qui faitque le théâtre, cet art damné des chouettes et autres nyctalopes,demeure l'espace de la résistance, de la liberté et de l'espérance têtue.
Koulsy Lamko
PublicationsDes textes de la Ruche ont été publiés par les éditions Lansman :Bogolan's blues de Daniel Besnehard, Bafon de Léonard Yakanou,Bamako de Éric Durnez, Le secret de la dune de Boubacar BelcoDiallo, Une odeur du passé de Hermas Gbaguidi, La vallée del’ignorance de Avêmian Hermas Gbaguidi ; les éditions ActesSud : La délégation officielle, suivi de Sisao, de Arezki Mellal,Trans’ahéliennes de Rodrigue Norman ; les éditions NDZE Le sou-pir des falaises de Tiécoro Sangaré.
ThéâtreLes œuvres créées : Trans’ahéliennes de Rodrigue Norman, mise enscène de l’auteur, Bamako de Éric Durnez, mise en scène de ClaudeYersin, Nouveau Théâtre d’Angers Centre Dramatique NationalPays de la Loire, Nalia, la nuit de Eudes Labrusse, mise en scèneJérôme Imard et Eudes Labrusse, avec le Théâtre du Mantois, La
brasserie de KoffiKwahulé, mise envoix Claude Yersin,Les mardis midisdes textes libres -Théâtre du Rond-Point.
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ports de communication, documents de régie technique ysont présents. Tous apportent un éclairage singulier sur lefonctionnement administratif du CDN et fournissent unmenu détaillé du projet artistique mené depuis vingt années.
Un gisement à explorer et à exploiterOn peut mettre en avant quatre types de sources particulière-ment remarquables.Tout d'abord, Claude Yersin a accepté de confier aux Archivesdépartementales une partie de ses archives personnelles, depuisses missions de collaborateur artistique à la Comédie de Caenjusqu’à ses responsabilités à la tête du NTA. Parmi celles-ci figu-rent les brochures de mise en scène des spectacles qu'il a montés,ses recherches de dramatur-gie, et les traces de ses activi-tés d'homme de théâtretenant de la décentralisationdramatique et de l'éducationartistique. Ces documentsd’archives de 1973 à 2006,font l’objet d’un contrat dedépôt avec les Archives dépar-tementales. Le fonds est éga-lement riche de tous lesdocuments permettant d'ap-préhender l'ensemble de lachaîne de création et de diffu-sion artistiques : constructionde décors, régie technique,campagnes de communica-tion, actions auprès des publics. Les collections de bordereaux derecettes, de contrats, de dossiers pédagogiques, de revues depresse sont à cet égard particulièrement éloquentes. Dans un autre registre, les dossiers manifestant les relations entrele NTA, ses tutelles politiques et ses partenaires culturels permet-tent de retracer le lien tissé pendant vingt ans entre un projetartistique et un territoire. C'est tout le paysage culturel local quel'on peut ainsi étudier.
Enfin, puisque le passage au Quai est déjà une réalité, on peuttrouver dans le fonds les archives relatives à la genèse d'un nou-vel équipement culturel d'envergure pour le CDN, projet initiépar le NTA dès 1992.Ce premier aperçu est loin d'être exhaustif. Les trésors d'archivesdu NTA sont propres à satisfaire de nombreuses recherches etcuriosités dans des domaines variés. Classé, inventorié, condi-tionné, le fonds entrera aux Archives départementales à la fin del'automne. Le transfert prendra la forme d’un dépôt et d’unversement distincts au plan juridique mais en intime corrélationau plan historique et documentaire. Ils y seront consultables partous : amateurs éclairés de théâtre, formateurs, historienschevronnés ou simples curieux.
La MCA aussiParmi les archives du NTA, desdocuments propres à l'associa-tion Maison de la Culture ontété identifiés. En préfigurationdès 1977, cette associationsoutenue par la municipalité aformé une unité économiqueet sociale avec le CDN, sous labannière NTA, de 1986 à 1999avant d'être dissoute.Partiellement reconstitué pourles années 1977-1986, le fondsreprésente un éclairage intéres-sant sur la vie culturelle àAngers et l'impact artistique
de cette association dirigée à l'époque par Roger Landy. Celle-cia notamment été à l'origine du conte musical en lumière noire Levent tourbillon (une innovation au plan technique) et de diversfestivals de musique, dont Les rencontres de jazz d'Angers.
Samuel Bochearchiviste
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Écrire l'histoire du NTA :le point de vue de l'archivisteLe “poids du passé”. Cette expressionn'est pas que métaphorique ! Touteactivité, fût-elle la promotion d'évé-nements de spectacle vivant, parnature éphémères, a une matérialitébien réelle et palpable : celle des tom-bereaux d'archives entreposés dans lessous-sols, greniers et armoires… LeNTA ne fait pas exception à la règle :du haut de ses vingt ans, il a décidé deprendre les devants de cette situationen faisant appel à un archiviste. Lefonds d'archives ainsi exhumé et iden-tifié est d'une richesse exceptionnelle.
Sous les planches ?… … les archives !C'est à l'initiative conjointe de ladirection du théâtre et d'ÉlisabethVerry, directrice des Archives départe-mentales, qu'un professionnel desarchives a été engagé en novembre 2005. Ses missions : assurer lasauvegarde des documents d'archives du NTA et préparer leurentrée dans les collections des Archives départementales. Avec laperspective de l'installation dans lesnouveaux locaux du Quai et la célé-bration des vingt ans du NTA, la ques-tion des archives s'était en effet poséeavec acuité : la bonne conservationmatérielle des documents et la miseen valeur du patrimoine écrit du théâ-tre étaient en jeu.Peu de CDN se sont lancés dans despartenariats si étroits avec un serviced'archives. Le Théâtre National deBretagne, le Théâtre de la Communeen sont de rares exemples. De fait,
dans la constitution de sources patri-moniales sur l'histoire du théâtrepublic et de la décentralisation cultu-relle en général, du paysage culturelangevin et du répertoire dramatiquecontemporain en particulier, l'am-pleur et la richesse du fonds d'ar-chives du NTA sont tout à faitremarquables.
Un fonds d'archives dense et variéFace cachée de vingt saisons d'acti-vités du NTA, de la pré-saison 1986ayant vu les premières représenta-tions d'Arromanches à la dernièresaison de Claude Yersin mettant enscène L'objecteur, on est face à unfonds protéiforme : plusieursdizaines de mètres linéaires dedocuments écrits, une collectioncomplète d'affiches, un fondsunique de photographies, quelques
enregistrements audio et vidéo de spectacles. C'est donc bienla diversité, dans les formes et supports, qui apparaît commela caractéristique première des archives du NTA.
La richesse en termes de contenusinformatifs est le corollaire évidentde cette variété. En effet, toutes lesactivités du NTA trouvent leurreflet dans cette production docu-mentaire : créations, spectacles dethéâtre, de danse et de musiquesimprovisées accueillis, expositionsorganisées par l'Artothèque, ate-liers de formation, actions de sen-sibilisation envers les publics.Archives artistiques, dossiersfinanciers et administratifs, sup-
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Personnel et collaborateurs du NTA 1986 > 2006
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ArtistesAbouda DjouraAcetylene MartineActis Dato CarloAdu KofiAlain Marie-ClaireAldegou JeanAlexis AgatheAlvin CesariusAly Said MohamedAmyrian JacquesAngster ArmandAnnen PauleAnstey PaulAprederis ArnaudArden DominiqueArosteguy AnnieAtkine FeodorAtlas CorinneAttard SandrineAubineau FrançoisAufaure ClaudeAziz Moustafa AbdelBa FatouBabu HélèneBachelot AnitaBachlin EstherBacker LéandreBagot Jean-PierreBaillard EmelineBaillot GauthierBaillot QuentinBailly FrédéricBajard RéjaneBantsimba Bath FerdinandBarnaud MarcBarreau MarcelleBarrenechea AndresBarrenechea JuanBaschet ClaudineBasile PascalBattus PascalBeaucamps PierreBéchu FrancoisBécue NathalieBelkhadra KarimBellini MassimoBelnet ThierryBenat AchiaryBendahan SimonBenejam FrançoiseBenhamou CatherineBenzano EinavBérété FantaBergeonneau EricBernard Jean-ToussaintBerodot PhilippeBerthé OumouBerthier Jean PierreBerthoux NicolasBesançon NathalieBette FrançoiseBeucher ThierryBinder FrançoiseBlois RodolpheBo FacundoBobet NicolasBodet GuyBodin DominiqueBodziak Jean Edouard
Bœuf CatherineBoillot JeanBoissel DominiqueBolling ClaudeBonal DeniseBonnadier IsabelleBonnefoux DominiqueBonnel PatrickBosc ThierryBouachrine MaevaBouakkaz OuardiaBouchemaa IsabelleBougerol EmmanuelleBouillon DavidBoulonneau SimonBoumard PierreBourgarel GérardBourgue GéraldineBourlois PhilippeBourmane AkimBourotte MaximBoussard VincentBouvier BaptisteBoyer BenoîtBrault MoniqueBréchet MichelBrémond AnnickBriand Jean-LucBriand PierreBriard LoïcBridgewater Dee DeeBriquet DanielBrossmann PhilippeBruhl LaraBrunel RichardBrylant JacquesBrzezanski PhilippeBucaille IsabelleBuchvald ClaudeBuisson DidierBumi FianBurgazzi FrédéricBurgos ChristineCaillon LaurentCamargo ClovisCambreleng JornCamgros FrancisCamicas MichelCandelier IsabelleCaper WolfgangCaretti SophieCarey GeoffreyCarroll Liane RobertaCarteaux RenanCatroux ElisabethCaubet AntoineCauchetier AdrienCecarelli AndréCéléa ChristineCéléa Jean-PaulChabrun RosineChaigneau MichelChalard Jean-LouisChampagne JeanneChapelet AnneCharlap Jean-PaulCharolles DenisCharruyer FrançoisChataigner LaureChatelain Jean-Quentin
Chauvet ChristopheChauvet OlivierChauvet RégineChauvet-Pellex ThierryChavanne ClaireChenuet GérardChenus SylvieChevalier FrançoisChévara StéphanieChevillon BrunoCisse AmadouClémenceau SylvieCléry HuguetteClin SassCloarec ChristianClopet SylvieCodjia EmmanuelColin ChristianColin TristanCollet Jean-MichelCollin-Paris CécileConnard PatriceConstant FrédéricConstant GillesCorcuff PhilippeCordelette VincentCordonnier SilviaCosme BéatriceCouleau Guy PierreCousseau ThomasCouturier FrançoisCrescoli SilvioCueco PabloCuenca SylviaCyrulnik NatachaDalaine RaphaelDao GillesDarman GérardDartiguelongue HervéDaubigney JocelynDauchez NathalieDavid AliceDe Bailliencourt MarieDe Coninck JeanDe Gaulle PatrickDe Wilde LaurentDegarne GeraldDel Fra RicardoDelane GenevièveDelassus GuylennDelebarre GillesDelhomme ThierryDelinot AlexandreDelinot AmauryDenis JacquesDeplanche PhilippeDerouet EricDerouet NicolasDeruaz ChantalDesveaux PaulDi Monte TizianaDiabate SambaDiabira LucDiakhaté GoraDiallo KaniDiallo Massambou WéléDiarra Maimouna HélèneDiawara OumouDibango EmmanuelDibango N'dedy
Dickbauer KlausDidier GérardDiet NatachaDisdier ElisabethDolivet JacquesDolivet NicoleDombrovszky VaniaDoneau FabienDouhy MyriamDrelon ThomasDresser MarkDrillaud SarajeanneDubois Jean-PaulDuchange ChristianDucourneau IvanDucron NicolasDunmall PaulDuong NathalieDupeu FlorenceDupuis AnneDupuis Jean-MichelDupuy SergeDurand AdrienDurand IsabelleDurnez EricDurozier PascalEbeguy Sapho DanielleEstournelle CatherineEteve JeanEuwer CharlesEverett SangomaEyoum Deido Jules EmmanuelFabre Louis-AlexandreFatihi KarimFazio Enrico SalvatorFerbac PatrickFerraguti AntonioFerris GlennFleury BrunoFontana PatrickFortin NathalieFortune VivianeFouchault MagaliFranchino MireilleFrechuret LaurentFriot Marie-SophieFrissung Jean-ClaudeFumet GabrielGaiddon ChantalGaillard FabriceGalard JeanGallan AgnèsGanachaud StéfanyGandois CatherineGarcia SalvadorGarrivier VictorGascon Gisèle-MarieGaultier Marie-PascaleGay HélèneGeneteau Jean-MarieGenockey AnthonyGenty LaurentGeorgesco Alexandre BogdanGérard ChristianGernigon ClaireGervais KevinGigault JulienGimenez FrédéricGiorgetti FlorenceGiquel Pierre
Girard DanielGirard Landriève ChristineGirard PhilippeGladu ColetteGnimagnon FlorenceGonzales CarlosGonzales CéciliaGonzales GabrielaGonzales Jean-MarcGorophal ClaudeGoupil EmilieGraham JohnGrange EmmanuelleGranges JacquesGranjon De Lepiney HervéGranville Smith RichardGrare JoëlGratius IsabelleGratius Jean-YvesGravouil ChristopheGrevill LaurentGrimaud AlainGrimaud FranckGrimault MarionGrimonprez EmmanuelGrosjean BernardGrupallo PatriceGuerrero MarionGueye YoroGuillot StéphaneGuindo AmbagaGuiotteau XavierGuttierez AndréGuyard MichelGuyonnet ClaudeHadi MahamadHalbheer MarcHall Christopher-JohnHamadache KamalHatem HuguetteHeissat WilliamHémon AnnickHenderson EddieHerbert PeterHerbet HuguesHerry Jean-ClaudeHervouët MoniqueHesbury Veryan GéraldHolmes TimothyHuet LaurenceHumair DanielIsoir AndreIstria EvelyneIzacard DominiqueJackuot DominiqueJanvier SéverineJay Jean-ClaudeJean-Marie AlainJeannet NathalieJenny Clarck Jean-FrançoisJensen IngridJoguet JulienJosnin LaureJouanneau JoëlJourdain BertrandJoyet BernardKaenzig HeiriKaragheuz HermineKassap SylvainKastner Hugues
Kenawy BakhitKerboul YvesKerckaert DidierKhalfa RabahKnapp AlainKoenig MartineKrobot IvoKübler FrançoiseKupfer AnnaKühn JoachimLabarrière HélèneLacouture XavierLacroutz ClaudineLafon EmmanuelleLafosse AtsamaLagache MichelineLagarde LudovicLagrenade ChloéLalande FrançoisLamandier EstherLambert AnthonyLambert BenoîtLandelle CélineLassus FrancisLastère DidierLaurent AgnèsLaurent EliseLazar MartinLazarini Anne-MarieLazennec Jean-YvesLaznovsky MichalLe Bas RenaudLe Gallou FrançoisLe Guerret HermineLe Men YvonLéandri DominiqueLebas EvaLeblanc AnneLebrun FrançoiseLefèbvre CyrilLefèbvre des Noëttes FloreLefèbvre PascalLefèbvre RosineLegoff VincentLehec MayaLemahieu DanielLenglet AlainLepaludier FrançoisLepoivre ElsaLeroy PatriceLevenbach WoterLevêque ClaudeLhorset StéphanieLibolt AlainLicois PhilippeLidvan GeoffroyLignon AliceLivenais BrigitteLloret PascalLofficial DominiqueLong PeterLopez SergeLorillard PaulineLoucmidis KatinaLovano JoeyLoviconi JoelLuro FrançoiseMabiala VincentMachart Renaud
Madiot ThierryMahé AlainMahieux JacquesMaïga AminataMainguy BéatriceMaiorino EricMaître EvelyneMalard CatherineMalekani JerryManjarres BrunoMansalier JérômeMarais GérardMarchal LucienMaret MarianneMarie Louise Jean-ErnsMarinese Valérie Marneffe ChristineMarsh TonyMarty CharlesMasmalet DidierMassa DominiqueMasson BernadetteMassoud Mohamed MahmoudMathé PhilippeMayer JojoMazin IsabelleM'bemba BasileM'boup AbdourahmaneMéanard ThierryMégret DominiqueMéjean LoïcMenaucourt Claire-AnneMercier AnnieMercier PhilippeMergey MarieMérino LouisMerle FrançoiseMesguich Daniel Métayer Jean YvesMetgali Mohamed MouradMetkal KenawiMetkal Shamandi TewfikMicenmacher YouvalMicoli ChristopheMircovich NatachaMitchell SheilaMonneret StéphaneMonnier BenjaminMonniot ChristopheMontagnier Pierre StefanMontealegre JosephMonteiro-Braz FabienneMontet BernardoMonville PhilippeMoquet Jean-PierreMorales SebastianMoreau NicolasMorlier JeanMottas DominiqueMoutreuil PatrickMower MikeMure MarieNadot YvesNanninck DominiqueN'diaye Momar TallaNicaise EmmanuelNoël JacquelineNoël SébastienNortham Timothy
Nozati AnnickNunez VioletaOdent ChristopheOhlund NilsOlive IsabelleOrillon DanielleOswald SolangeOuary FlorentOudin CatherinePadovani Jean-MarcPages FrédéricPalanoubat MartinePaquien MarcPaquinet AndreParigot GuyParlwitz RicardoParmentier CyrilParra GabrielPassori DominiquePayen AlainPecqueur ChristophePeltier GeorgesPercher JackPeressetchensky DavidPéron DenisePerrot FredericPerussel JacquesPervenchon AntoinePetit ChristinePetit PhilippePeyssens ChristinePiau PhilippePicco Jean-FrançoisPicq Jean-YvesPickard SimonPierre HervéPifarely DominiquePilar AnthonyPines DanielPinto PierrePlacer AntonioPlard ArthurPlumecocq-Mech JuliettePoitevin BéatricePoitrenaux LaurentPolet PhilippePoli RaphaëlPommeret EtiennePonthieux Jean-LucPontier AgnèsPonty DominiquePonzo Pier RezoPortejoie PhilippePrader FélixPrével LionelPrieto AurorePriollet FrantzProust FrançoisePrunier YvesRabeson TonyRadovan ChristianRaimbault HélèneRannou BlandineRannou FrançoisRannou GuilèneRannou LaurentRannou MaxRannou ThomasRauck Christophe
Raulin FrancoisRey FrancoisReisinger WolfgangRenaud YannickRenault FranckRenucci RobinRétoré CatherineRevillet SabineRevol AïchaRiault SébastienRichard ChantalRichard TimRichardeau GeorgesRiche Anne-LaureRieussec ClaireRigaud HervéRimoux AlainRioufol EmmanuelRist ChristianRisterucci ClaireRive JulietteRive ValentinRivière PrunellaRobert Henry WilliamRobert YvesRodgers PaulRogero LaurentRoignant LoïcRoignant VéroniqueRollando PascalRomano AldoRosenberg GabrielleRousserie NicolasRouxel ChristopheRouxel LambertRoyant DidierRuegg MathiasRyngaert Jean-PierreSabal Lecco ArmandSabal Lecco FélixSagel Paul-AndréSaint-Jore AdrienSaint-Ouen CatherineSakai AtsushiSalaman ChattieSalmon Lionel Salomon RolandSamier Louis-BasileSandoval BernardoSansalone BrunoSarzacq PierreSaulnier MichelSauloup RenéSauvegrain DidierSavourat Anne-LéaScherer UliSchiaretti ChristianSchilling LaurentSchirrer PierreSchletzer CécileSchmitt VincentSchwartz MarcelSclavis LouisSedira SamiraSellin HervéSénat CléribertSer GeorgesSerrano LaurentSighicelli David
Sire NicolasSokal HarrySorba EmmanuelleSordini FlorenzoSorin Pierre-YvesSouchard ValérieSoulier DanielSpanyi EmilStill AlineStrangis BrunoStreiff CoStroeter RodolfoSuarèz AnneSuarèz Paz FernandoSurgère HélèneSwallow SteveTainsy AndréeTaron EricTarrare DanielTaszman MauriceTayon MichèleTchamitchian ClaudeTchounou JustinTempleraud JacquesTexier HenriThèze EricTholo Segona PeterTissendier ClaudeTomé PierreTraoré Kardigué LaicoTrapet PierreTrinques GillesTrogoff PascalTsiboe Nana Kwame EwusTsypkine MarcUzureau HenriVaccaro VincentVallepin PhilippeVan De Geyn HeinVan Sprengel PriscilliaVandevelde BéatriceVasseur BennyVaulerin HuguesVeille JacquesVennesson ThierryVéron IsabelleVerstraete FernandVerstraete Jean-ClaudeViard MartineViau PatriciaViémon MarieVilain EmileVille ChristianVinaver MichelVincent HélèneVoize AlainVukotic MilénaWatts Trevor CharlesWeber AlainWenzel Jean-PaulWerner OlivierWilen BarneyWitecka DamienYelolo MariusZabor JacquesZarudiansky AdelineZimmerlin CédricZulfikarpasic Bojan
TechniqueAbgrall VirginieAffolter IsabelleAmdriamisy LucienAmet MichelleAndrianomenjanary HeryAnquetil CaroleApelbaum CatherineArgoulon FrédéricArmantier MichèleArnal Naya LionelArrouet SéverineAschard Jean-YvesAstier LaurenceAubry SylvieAudier JacquesAudouin AntoineAudouin LaurentAuger LaurentAvril ChristianBaillot IsabelleBallangers Jean-LucBallay JacquesBanchereau PatriceBarrio ArnaudBasset PhilippeBauer BarchaBauer Jean-MichelBedouet ChristopheBedouet VincentBedouet WilfridBehlouli PascalBelhacheni GazoulisBelland PatrickBellier Jean-ChristopheBenammour AhmedBénard NathalieBeneteau FrédérickBéraud ChristopheBeressi SandrineBergeon MichèleBernadac FannyBerthelot GuillaumeBesnier ValérieBienvenu GillesBienvenu Jean-YvesBlaise YvonneBlanc DidierBlond ChristopheBlouineau OlivierBocquel LindaBois EricBois FrédéricBoisseleau MichelBondu MyriamBondu PascaleBonnaud GérardBoscher JoëlBouchardon LaetitiaBouet GabrielBoulesteix NellyBoulou ElisabethBounif Jean-LucBourdat Jean-MarieBourgault YannickBourguet IsabelleBoury FrançoisBouvret MélanieBramsen Marie
Brandner RémiBrault JacquesBrevet BrunoBrisebois JacquelineBrou AlainBrou ChristopheBrousson DominiqueBrousson JoëlBuckman JenniferBusson FlorenceCabon JocelyneCadeau PhilippeCagnac IsabelCamus BrunoCantal Dupart XavierCasamajor SylvetteCavalca AgostinoCerceau PhilippeChalouni PhilippeChapelet ClaudeCharasson EtienneCharoze PhilippeCharreau OlivierCharton GérardChasseguet Marie-JoséChauvière ChristopheCheneau Jean-ChristopheCherouvrier AlainChestier ClaudeChevreux MaudChopin VéroniqueCimier YoannClémot AntoineCognée EmmanuelCogny IsabelleCoheleac'h PierrickCollet BenoitCollotte ThierryCoquereau JackieCordier BrunoCorvé VéroniqueCotineau LucieCouillebault AlainCouillebault ClaudineCoulomb IsabelleCourant AnthonyCourtois VéroniqueCouturier SergeDalier PhilippeDallery RégisDalsuet SophieDaniel StéphanieDarne FrançoiseDarvenne PatriciaDavesne PhilippeDavid JulienDavière JocelynDe Malglaive GaëlleDecloitre RobertDelesalle EmmanuelDeneux JacquesDenime MarylèneDenizet SylvainDesire AnnickDhelin Marie-ThérèseDiakite FatoumataDissé GéraldineDoisneau StéphaneDoloris Eric
Dorfinger ErichDorval Jean-MichelDoucin BernardDressler CatherineDruais Jean-MarcDubert AlbanDubert ChristianDubois- Dauphin PatriceDubois GhislaineDubouilh VéroniqueDucornetz ThierryDumas GuyDupeyroux FabriceDurassier ArmelDutertre MatthieuDutheil PhilippeDuveau Jean-RenéEvrard JeanFabre Marc-MichelFalchier GildasFamelart PernetteFavilla Jean-MichelFévrier GuillaumeFillon FabriceFinck PhilippeFolser ChristianFonkenel Jean-ClaudeForner PatrickFougeras-Lavergnolle NicolasFournez Jean-MichelFrapreau ChristianFrapreau OlivierFrapsauce FrançoiseFresnel MichelFretier SyriacFruaut HervéGabillard FlorianGaley AntoineGallard HenriGallard NicolasGasdon FabriceGautret Pierre-GilGérard DidierGligo MaritzaGollnhofer GerhardGonzales GhislaineGord DidierGorgiard EmmanuelleGouget DominiqueGouget LaurentGouzaire GilbertGrasperge Jean-FrançoisGrasperge SylvieGrille YohannGuilbaud BernardGuillemain OlivierGuillochon CyrilleGuillou YvesGuilpin JackGuilpin LucieGuilpin OlivierGuinais Pierre-YvesGuyennet BernhardGuyon FlorenceHabasque DanielHaidant LionelHamard YvesHamelin YohanHardouin Jérôme
Hervouët IsabelleHervouët PierreHoudebine NicolasHourbeigt JoëlHuchet EricHumbert Marie-NoëlleHumeau EmmanuelHuvelin MathieuJabveneau HervéJantet PhilippeJardine PhilipJaunet ChrystèleJegou SylvieJezequel DominiqueJoris PascalJosse MoniqueJoux DeniseKarlikow GéraldKauffmann ClaireKhedim AhmedKochan SteveKonstantellos ChristosKretschmar CécileKunce FrédéricLacaze DelphineLacroix HervéLaffuma PatriciaLagrenée AnneLandais FabienLe Guellec StevenLe Levreur BrunoLe Maitre BrigitteLe Presse LaurentLebreton IsabelleLecoq ClaudeLecuyer ThierryLedoux ChristianLefèbvre PhilippeLeguy RémiLéon HervéLépicier GillesLeroux LucLescanff ChristianeLevallois AngèleLihoreau JocelyneLivenais GimmyLofficial OlivierLombard Jean-VincentLombart SylvieLoper RaphaëlLord DidierLord Dubray CatherineLoriou BenjaminMacé ChristianMacé OlivierMai AnjaMaillet JavierMalnar Jean-HuguesManceau AlainManneveau OlivierMarais GillesMarcais DenisMarchand CécileMarguerez NicolasMarin CélineMarivain FranckMarquerez NicolasMartin CorinneMartin Frédéric
Martinez MichaëlMassay BrigitteMatalou PascaleMateos CarmenMathiaut PierreMatriciani NathalieMeignen DidierMeih EmmanuelMelchiori FrançoisMénard PatrickMénard ViolaineMenuau AlainMérat PascalMertzweiller JulieMery JuliaMeyer DamienMielczarek Jean-JacquesMiet PierreMiralles CharlesMontal SylvieMoreau GuyMoret GillesMorille ChristopheMouchere Marc-AndréMouyon Jean-ClaudeMouzet HenriMyrtil Jean-ClaudeNeumüller ElisabethNeveu DenisNicolas CatherineNicolas MarieNilsson AnnikaNiquet PascalNoury OlivierOlivier ChristopheOlivier Jean-PierreO'Naghten HedwigeOrillard StéphanieOrillon Jean-FrançoisOrtoli IsabellePaillard StéphanePain CyrillePainchaud AlainPalmé MartinePasquini DominiquePebel ChristophePelloquin RéginePercher AnnePerey YvesPernet Jean-PhilippePetit VincentPeyregne GenevièvePezet Mabelle ClaudePiera SylvainPierron FrançoisPinçon JérômePithon BenoîtPitre ThomasPoher CatherinePonchon DidierPortebois ThibaultPoupelin AnnePoupelin LucPrud'homme AnnyPrud'homme AxelPrud’homme Jean-PierrePrud'homme TwinggyRader ChantalRadon Florian
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personnel et collaborateurs
Raffort JeanRaimbault AlphonseRaimbault EricRambaud SophieRapp GrégoryRavaute VéroniqueRenaud AnitaRenaud PhilippeRenaud StéphanieRenaud SylvieRicaud JeanRives Pierre-EmmanuelRobineau FabienRobinet GéraldRocher CatherineRonget ThierryRoshardt DenisRoubert-Thiébault SéverineRouillière JeanRoux NathalieRouxel BenjaminSaeidi AhmadSaint-Sever CatherineSamson PatriceSanchez GéraldSartori FrancescaSauldubois EmmanuelSchillinger JosephSchneegans LaurentSchneider VirginieSchwarz Jean-LucSerejnikoff MichaelSers IsabelleSeydoux GaëlleSidibe BathienySimon BénédicteSourisseau StéphanieSpagnioli BrunoSturm PeggySurel IsabelleTaillandier BrunoTandel SophieTardivel DidierTate JeremyTempleraud Marie-OdileTerrones Jean-JacquesTesson AnneTexier JosieThiébault SéverineThomas AnthonyThomas FabriceThomas FrancisThuia KatiaTixier GuillaumeToro RolandTouleau BrunoTremble RémyTribalat DenisTrovallet SylvainValla Penttila Anne-LiseVallauri ClaireVan Hack MadeleineVanhelle SylvieVenet MartialVenjean BrunoVerbeke Jean-FrançoisVergnes GillesVernoux MarieVidal Hédy
Vidal MarioVié EricVillain FrançoisViot JoëlVoisin JérômeWalter BettinaWoudenderg HelmertYvard Roger
AdministratifAbaziou SolangeAudiau EliseAuffray CélineBailliard SwannyBajic NadiaBaron CélineBaron SalimaBarret Marie-FranceBarret PatriceBastat CorinneBaumard MélanieBauné JeanBaussier EstelleBazin DanièleBéasse NathalieBeaudouin CécileBeaudouin ClaireBécot CorinneBénard IngridBerger GuyBergerat Marie-EdithBerthelot AnouckBesnehard DanielBiotteau AntoineBlachet PierreBlondel MartineBlouineau LaurentBoche SamuelBocquel VeroniqueBoisson AnneBomin GenevièveBompart FrançoisBonniol Jeanne-PaulineBosseur Jean-YvesBoudeaux BettyBoullard CyrilleBoutet HélèneBoutillier NicolasBréchard GwenaëlleBréheret KarlBrétecher LidwineBretonnier EmmanuelBrière RébeccaBrochard VirginieBrouard LaetitiaBuck PatriciaBulourde GaëtanBureau Marie-ChristineCaillault SébastienCaille LaurenceCailleteau FrançoiseCardin CatherineCasagranda MarieCaumartin VéroniqueCégarra EmilieChabanol AlexisChabot VéroniqueChamaillé JeanChamaillé Thomas
Chateau GladysChauvin AntoineChéreau CédricCherpin EvelyneChevallier AuroreChiaudano ChrystèleCholet ArnaudCocheril SophieCohen MyriamCollin PascalCortes SamuelCourant DavidCourtin FlorentCousin MélanieDalaine AnneDalaine FrançoisDalaine Marie-NoëlleDauptain OlivierDavranche DelphineDeau NicolasDebiève SophieDelaunay FrancoiseDelcroix LaurenceDelétang PierreDelvigne NathalieDeniau IsabelDepret Bixio IsabelleDeroubaix FrancoiseDesaubliaux MartinDesplechin MarieDoteau AnneDubois Boselli Anne-LaureDugoujon FrançoisDugoujon ThomasDupuis FrédéricEnfrun ChloéEscolivet Marie-AlixFanjas PhilippeFauret CarineFederici LauraFerrer ManuelFiore Marie AngeFrat SandrineFricoteaux VéroniqueGaborit FlorianeGaignard NadiaGallard MarielleGallard NathalieGanter NicolasGauchet PauleGaudin CatherineGautier EmmanuelleGautier GuillaumeGenot SophieGloannec DelphineGnimagnon AndréGourmel Jean-BaptisteGragnic PierreGraton Daviaud HélèneGrimault HélèneGuérin IsabelleGuillard BenoîtGuilpin ThierryGuinot ChristianGuinot FrançoisHamelin SéverineHamouni DeborahHéron ChristineHertzberg Pascale
Hocquet Anne-SophieHoussin YannisJanniard IsabelleJatteau Jean-PierreJollivet OlivierJolly A FKerjoant JanaKiritzé-Topor NicolasKogiso DominiqueLaflèche AurélieLambert PatriceLangevin AnneLangevin PhilippeLanglois PhilippeLastère ArnaudLaucoin LaurentLavallée SophieLavergne PeggyLe Bail DominiqueLe Coz ValérieLe Goff LaureLe Vayer RuthLeduc SandrineLeloutre Marie-OdileLemaître CécileLépicier StephanieLeray EdithLeroi StéphanieLeterme FlorenceLetessier NathalieLouessard KarineMagda MartineMagnier BernardMaille AnneMalfatto DominiqueManceau LorraineMandzak IvanMarchand KarineMarguerite MarieMaudet MartineMaximos Marie-FarouzaMerceron HélèneMercier FrançoiseMéric PascaleMeslier ElisabethMeste PhilippeMétay JeannetteMichel PascaleMontoya RégineMoreau EmilieMoreau VincentMorisset HervéMousset CatherineMoua May-YangMuracciole Jean-FrancoisNicolas ColetteNicolas NathalieNoël Claude Noël NathalieNouailletas MickaëlObach LaurentOrillon ElisabethOrillon JulieOrillon YvesPalou MagaliPapineau FabienneParis EvelynePerdreau CarolinePerrin Olivier
Philippo Jean-FrançoisPiaia EmmaPicarda ArmellePicardo AlexandrePicon BéatricePoupelin MariellePrud'hon AudreyRabault Jean-ClaudeRégnier WernerRétali PatrickReto GurvalRichard CléliaRichard SandrineRichez ClaireRissouli EvelyneRobert Anne-VéroniqueRomain MarylineRondouin EmmanuelleRossignol MartineRouillier Jean-PhilippeRoullier NadiaRoullois AudeSabourault ClaireSemiramoth PhilipSeynhaeve Anne PascalSilva VandaSimon AntoineSmettre CatherineSochas StéphanieSocquel VéroniqueTarrieux JocelynTeillet PhilippeTharrault FrédériqueThévenin MaudeThibault GabrielThomas CécileThomas DanielleTiratay SylvielTissot Anne-SophieTouchard SébastienTourlet ChristianeTudoux BenjaminTurpin SabineVasseur Renaud JuanVerger FranckVigan XavierVignais Marie-ChristineVignais SylvieVigneau MireilleVigneron MichelViollin CatherineVirot JohannaWillaime ArnaudWinkler LaurentYersin ClaudeZago LeonieZemiri Romain
en gras, personnel permanent ou collaborateurs récurrents de 1986 à 2006 (avec nos excuses pour les oublis inévitables…)
Le Nouveau Théâtre d’Angers Beaurepaire - 12 Boulevard Gaston Dumesnil
Les lieuxAccueil du Nouveau Théâtre d’Angers - 12 Place Imbach
Atelier Jean-Dasté - 56 Boulevard du Doyenné
212
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213
12 place Louis Imbach - BP 1010349101 ANGERS cedex 02
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Le Nouveau Théâtre d'AngersCentre Dramatique National Pays de la Loire
a été subventionné parle ministère de la Culture,
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la Ville d'Angers,le Département de Maine-et-Loire,
la Région Pays de la Loire
Il a reçu le soutien dela Caisse des Dépôts et Consignations
d'Interloirede Ouest-France
directeur de la publication Claude Yersinresponsable de la rédaction Françoise Deroubaix, Daniel Besnehard
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ISSN : 1241 - 2805Licence d’entrepreneur de spectacle (catégorie 2) 18376