NATIONS MÉCANISME UNIES DE SÉCURITÉ CLIMATIQUE2 Mécanisme de sécurité climatique, New ork,...

NATIONS UNIES

MÉCANISME DE SÉCURITÉ CLIMATIQUE

NOTE D’INFORMATION

BOÎTE À OUTILS

table des matières

INTRODUCTION 1

I. APERÇU DES CONNAISSANCES ACTUELLES EN MATIÈRE DE CHANGEMENT CLIMATIQUE 2

Quel est le rôle de l’activité humaine dans le changement climatique ? 2

Comment les impacts du changement climatique se manifestent-ils ? 3

Quelles sont les projections en matière de changement climatique ? 4

II. LIENS ENTRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE, LA PAIX ET LA SÉCURITÉ 5

Existe-t-il des exemples qui illustrent ces liens ? 6

III. L’IMPORTANCE DE PRENDRE EN COMPTE LES RISQUES DE SÉCURITÉ LIÉS AU CLIMAT 9

Quels sont les domaines d’action du système des Nations Unies ? 10

Où puis-je obtenir plus d’informations ? 12

ANNEXE 1 : EXEMPLES D’ÉTUDES DE CAS 13

Afghanistan 13

Région des îles du Pacifique 14

Lac Tchad 16

Kordofan du Nord, Soudan 17

1 Mécanisme de sécurité climatique, New York, 2020

Le changement climatique représente une priorité croissante pour les États et les communautés du monde entier, et le secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies l’a décrit comme la question déterminante de notre époque. Les émissions de gaz à effet de serre ont déjà augmenté les températures et font fondre les glaciers, augmentent le niveau de l’eau et menacent des vies et des moyens de subsistance dans toutes les régions du monde. Les événements météorologiques extrêmes (des pluies intenses, des tempêtes, des sécheresses prolongées, des vagues de chaleur et des incendies) deviennent plus fréquents et plus graves. Ces évolutions ont des impacts qui dépassent le cadre environnemental et ont une incidence profonde sur les systèmes humains. Tandis que le changement climatique converge avec d’autres pressions mondiales, notamment la croissance démographique, l’urbanisation non contrôlée, la demande renforcée en ressources, la dégradation environnementale, le développement économique inégalitaire et les inégalités, les communautés sont plus pauvres et moins résilientes.

Le changement climatique entraîne des risques particuliers pour des contextes fragiles, où les capacités à y faire face sont généralement limitées. Les impacts climatiques peuvent aggraver les vulnérabilités structurelles, comme les griefs politiques, les inégalités, la marginalisation axée sur le genre, l’insécurité alimentaire, la faiblesse économique et le déplacement des personnes à grande échelle. Dans des contextes déjà fragiles, ces interactions peuvent intensifier les défis liés à la sécurité et exacerber l’instabilité. Dans le pire des cas, le changement climatique peut bouleverser les États et les sociétés, augmentant les risques de violence, d’instabilité et de conflit.

Ne pas comprendre et traiter ces risques conjoints entraîne un coût élevé. Les efforts pour promouvoir le développement durable et la paix ne seront pas pérennes s’ils ne prennent pas en compte l’interaction du changement climatique avec des facteurs socio-économiques, politiques et démographiques. Si les risques liés au changement climatique ne sont pas systématiquement intégrés, les efforts de développement, humanitaires ou de maintien de la paix peuvent, de façon involontaire, renforcer les vulnérabilités existantes et empirer les dynamiques. L’omission de l’impact futur du changement climatique dans les négociations de paix, par exemple lors de l’attribution de ressources naturelles sensibles au climat, telles que l’eau et les terres entre des parties en conflit, peut mettre en péril les accords de rétablissement de la paix et politiques lorsque les conditions environnementales évoluent.Pour les décideurs et les acteurs opérationnels, il ne faut pas se demander si, mais plutôt en quoi le changement climatique interagit avec des dynamiques conflictuelles potentielles et comment traiter les risques émergents. Il existe donc un besoin double de mieux comprendre comment ces risques se concrétisent dans divers contextes géographiques et ce que des acteurs comme les Nations Unies peuvent faire pour y répondre.

Cette note d’information et la boîte à outils qui l’accompagne ont été élaborées par le Mécanisme de sécurité climatique (Climate Security Mechanism, CSM) avec le soutien de partenaires du système des Nations Unies et externes, afin de trouver une approche commune à ces défis et façonner des réponses adéquates et en temps opportun.1

introduction

1. Le Mécanisme de sécurité climatique (Climate Security Mechanism, CSM) des Nations unies a été établi en octobre 2018, c’est une initiative conjointe du DPPA, du PNUD et du PNUE. Le CSM fournit aux Nations Unies une capacité limitée, mais dédiée, pour faire le lien entre et tirer parti des ressources et de l’expertise dans le système, tentant ainsi de traiter les risques de sécurité liés au climat de façon plus systématique. La présente note d’information a été élaborée par le CSM en coopération avec Adelphi et SIPRI.


De l’augmentation des températures à l’évolution des schémas météorologiques, les impacts du changement climatique ont une portée mondiale, à une échelle inédite.2

• Les émissions anthropiques de gaz à effet de serre ont déjà augmenté la température moyenne mondiale d’environ 1 °C depuis l’époque préindustrielle. Le niveau moyen des océans a augmenté de plus de 0,19 m depuis le tournant du XXe siècle. La dernière décennie a été la plus chaude jamais enregistrée, et plus d’un million d’espèces sont actuellement menacées d’extinction.

• L’accord de Paris vise à maintenir l’augmentation des températures moyennes mondiales bien en dessous de 2 °C au-dessus de l’époque préindustrielle, et le plus près possible de 1,5 °C. Les signataires de l’accord doivent présenter des contributions déterminées au niveau national (CDN), attestant de leurs actions.

• D’après les CDN actuelles, le monde se dirige vers une augmentation des températures mondiales moyennes de 2,9 °C à 3,4 °C d’ici à 2100.3

• Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a averti que dépasser un réchauffement de 1,5 °C nous plongera dans « un monde très incertain ».

• Pour maintenir le réchauffement sous la barre de 1,5 °C, les émissions de gaz à effet de serre devraient être réduites de 45 % d’ici à 2030, et atteindre zéro émission nette d’ici à 2050.

• Environ 68 % des événements météorologiques extrêmes sont causés par le changement climatique.4

• D’après le Forum économique mondial, les cinq risques les plus probables auquel le monde fera face dans les 10 prochaines années sont en lien avec le changement climatique et l’environnement.5

Quel est le rôle de l’activité humaine dans le changement climatique ?

Les activités humaines ont entraîné des niveaux sans précédent d’émissions de gaz à effet de serre au cours des dernières décennies, elles ont presque doublé entre 1970 et 2010.

D’après le GIEC, « il est extrêmement probable que plus de la moitié de l’augmentation observée de la température de surface moyenne mondiale entre 1951 et 2010 ait été causée par l’augmentation anthropique des concentrations de gaz à effet de serre et d’autres forçages anthropiques. »

aperçu des connaissances actuelles en matière de changement climatique

2. Sauf mention contraire, les informations proviennent du GIEC 2018 : Global Warming of 1.5°C et du GIEC 2014 : Climate Change 2014: Synthesis Report.3. https://www.unenvironment.org/resources/emissions-gap-report-2019 4. D’après une analyse de Carbon Brief, 68 % de tous les événements météorologiques extrêmes étudiés à ce jour ont été rendus plus probables ou plus graves par le changement climatique dû à l’homme. Voir : https://www.carbonbrief.org/mapped-how-climate-change-affects-extreme-weather-around-the-world5. http://www3.weforum.org/docs/WEF_Global_Risk_Report_2020.pdf.


Figure 1 : Niveaux mondiaux moyens de dioxyde de carbone dans l’atmosphère au cours des 800 000 dernières années, indiquant une augmentation importante des émissions entre 1950 et 2013.6

Comment les impacts du changement climatique se manifestent-ils ?

Les impacts du changement climatique sur les peuples et la planète varient selon les régions. Par exemple, il est prévu que des régions des Tropiques connaissent la plus forte augmentation du nombre de jours de chaleur. Le Sahel est menacé par des augmentations de température 1,5 fois supérieures à la moyenne mondiale, ainsi que des schémas de précipitation de plus en plus erratique et des tempêtes plus fréquentes. En Asie du Sud-Est, les typhons et les inondations deviennent plus intenses et fréquents, tandis que le sud de l’Asie connaîtra des températures plus élevées et des risques d’inondation renforcés du fait de la fonte des glaciers. L’Amérique du Nord devrait connaître de fortes chaleurs, des pluies fournies et un déclin du manteau neigeux, tandis que l’Europe est soumise à des risques plus élevés de sécheresse et de feu de forêt.

Si les impacts du changement climatique sont ressentis dans le monde entier, les habitants des pays à revenu faible et moyen sont souvent les plus touchés. Cela est partiellement dû à leur dépendance souvent élevée à des économies agraires sensibles au climat, mais également à des lacunes de gouvernance et un manque d’institutions disposant de moyens pour faire face aux impacts complexes du changement climatique.7

Figure 2 : Augmentation des températures mondiales annuelles depuis 1850.8

6. https://climate.nasa.gov/climate_resources/24/graphic-the-relentless-rise-of-carbon-dioxide/7. UNFCC, Physical and socio-economic trends in climate-related risks and extreme events, and their implications for sustainable development, https://unfccc.int/resource/docs/2008/tp/03.pdf 8. Températures mondiales annuelles entre 1850 et 2017. Le dégradé de couleurs représente l’évolution des températures mondiales couvrant 1,35°C. https://www.climate-lab-book.ac.uk/2018/warming-stripes/


9. Bouwer, Laurens M. 2019 : Observed and Projected Impacts from Extreme Weather Events: Implications for Loss and Damage. In: Mechler, Reinhard; Laurens M. Bouwer, Thomas Schinko, Swenja Surminski and JoAnne Linnerooth-Bayer (eds.). Loss and Damage from Climate Change: Concepts, Methods and Policy Options. Cham, Suisse : Springer Nature.

Quelles sont les projections en matière de changement climatique ?

D’après les projections du GIEC, la terre devrait se réchauffer de 1,5 °C entre 2030 et 2052, si le réchauffement se poursuit au rythme actuel. Les risques liés au climat portant sur les moyens de subsistance, la sécurité humaine et la croissance économique augmenteront avec ce niveau de réchauffement et pourraient être catastrophiques avec une augmentation de 2 °C.

La poursuite de l’augmentation des émissions entraînera des événements météorologiques extrêmes plus fréquents et intenses, comme des vagues de chaleur, des précipitations importantes et des inondations.9 L’interaction des impacts climatiques avec d’autres pressions, y compris les inégalités, la croissance démographique ou l’urbanisation exacerberont encore les risques liés au climat. Par exemple, la baisse des précipitations et l’augmentation des températures réduiront les réserves en eau dans de nombreuses régions arides, tandis qu’une croissance démographique rapide augmentera la demande en eau.

Une femme tire de l’eau d’un puits dans la région de Shagra, à Wadi El Ku, au Soudan. La concurrence autour des ressources naturelles a considérablement contribué au conflit dans la région du Darfour au Soudan, détériorant l’environnement naturel dont beaucoup dépendent et créant un cadre qui n’est ni durable ni propice à la reprise économique et à la paix. 2014 © Alberto González Farran


Le lien entre le changement climatique et la sécurité est indirect, non linéaire et pluridimensionnel. Si aucun conflit ne repose sur une seule cause et que le changement climatique ne cause pas de conflit violent de lui-même, des preuves du monde entier10 montrent que le changement climatique peut multiplier les risques connus et contribuer à l’insécurité, surcharger les capacités publiques et rendre des communautés encore plus vulnérables. Les voies de concrétisation de ces risques dépendent fortement du contexte et sont déterminées par les liens locaux entre les pressions climatique et les paramètres d’exposition, ainsi que la vulnérabilité et la capacité à faire face des sociétés.

Certains impacts du changement climatique sur la sécurité sont particulièrement visibles et plus immédiats. Par exemple, de nombreuses petites îles et des zones côtières à très faible altitude sont fortement exposées aux risques liés à l’augmentation du niveau de la mer, y compris l’intrusion d’eau salée, les inondations et les dommages aux infrastructures, qui peuvent détruire les moyens de subsistance et entraîner un déplacement forcé des communautés. D’autres impacts sont plus compliqués et sont perçus par exemple à travers l’insécurité alimentaire, la pauvreté et l’augmentation des inégalités. Toutefois, d’autres impacts peuvent avoir lieu au niveau de systèmes humains complexes, où les effets ricochets du changement climatique peuvent avoir une incidence sur le marché du travail, les prix alimentaires mondiaux et la stabilité géopolitique.

De nombreux facteurs contextuels, y compris la dépendance du capital naturel, un historique de conflit et la qualité de la gouvernance sont décisifs pour façonner les conséquences des liens entre changement climatique et sécurité. Lorsque des seuils critiques sont dépassés et que la capacité à faire face est compromise, ces liens entre le changement climatique et d’autres facteurs peuvent avoir une incidence sur la sécurité des personnes, des communautés, de l’État et internationale. Dans les zones fragiles ou en proie à des conflits, les risques de sécurité liés au climat peuvent créer des boucles de rétroaction négatives et déclencher une spirale néfaste de catastrophes climatiques et de conflit. Toutefois, les conséquences liées à la sécurité de ces liens ne sont pas limitées aux conflits violents : elles peuvent également prendre la forme d’autres types d’insécurités, y compris la criminalité organisée, l’activité des groupes armés, ainsi que la violence sexuelle et basée sur le genre. Une analyse minutieuse des risques permet d’identifier si une situation donnée présente ou non les conditions dans lesquelles les impacts du changement climatique peuvent renforcer les risques d’insécurité.

Des preuves récentes confirment la confluence des risques liés au climat et aux conflits, indiquant qu’une large portion de la population et/ou de grandes régions d’États fragiles font face à des risques climatiques importants. En effet, 70 % du quartile inférieur des pays les plus vulnérables au changement climatique fait également partie du quartile inférieur des pays les plus fragiles au monde11. Cela souligne le besoin croissant de traiter le changement climatique, la fragilité et les risques de conflits de façon conjointe. Dans le

10. Pour obtenir des exemples régionaux, consultez par exemple https://climate-security-expert-network.org/risk-assessments-research-papers https://www.sipri.org/research/peace-and-development/climate-change-and-risk/expert-working-group-climate-related-security-risks or https://igarape.org.br/en/climate-and-security/. 11. USAID (2018) : « Lessons Learned from Peace III: A Mid-Cycle Portfolio Review », USAID: Washington, D.C.

liens entre le changement climatique, la paix et la sécurité


même temps, la planification et la mise en œuvre de la programmation pour l’adaptation au changement climatique prennent du retard dans les États fragiles et touchés par des conflits, et de nouveaux modes de prestation sont nécessaires d’urgence. Étant donné que le changement climatique, les catastrophes et les conflits sont liés, nos réponses doivent refléter la pluridimensionalité et la nature connectée des risques.

Existe-t-il des exemples qui illustrent ces liens ?

L’impact du changement climatique sur la sécurité dépend fortement du contexte et est déterminé par les liens locaux entre plusieurs facteurs. Les éléments ci-dessous présentent des exemples de manifestations concrètes de ces liens (des études de cas plus détaillés sont disponibles en annexe) :

• Des pénuries d’eau causées par des sécheresses ou une fluctuation des précipitations peuvent exposer les femmes et les enfants (qui sont chargés de la collecte de l’eau dans 80 % des foyers) à des risques accrus de violence sexuelle et basée sur le genre, étant donné qu’ils doivent marcher plus loin pour obtenir de l’eau.

• La détérioration des moyens de subsistance basés sur des ressources naturelles dans les contextes touchés par le changement climatique peut pousser les jeunes hommes et femmes cherchant à survenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles, à rejoindre des groupes armés. La croissance des groupes armés exacerbe à son tour l’insécurité, limite la mobilité et rend encore plus difficile l’adaptation à l’évolution du climat.

• Les modifications de la disponibilité ou de la qualité des ressources naturelles peuvent avoir une influence sur le risque de violence domestique et basée sur le genre lorsque les femmes ne peuvent pas remplir les rôles prescrits par la société, comme fournir de l’énergie pour le foyer.

• Les impacts du changement climatique, comme l’augmentation des températures, les sécheresses et la montée du niveau des eaux renforcent la volatilité des prix alimentaires, la concurrence pour les ressources naturelles et réduisent la sécurité des moyens de subsistance. Cela peut alors contribuer à l’instabilité et à la fragilité, en particulier lors de l’interaction avec d’autres facteurs de conflits potentiels, comme les inégalités et la marginalisation.

• Le changement climatique renforce la sollicitation des services publics, comme les secours en cas de catastrophe après des tempêtes, l’aide alimentaire et la gestion sécurisée des déplacements. S’ils ne sont pas traités, ces besoins peuvent aggraver les griefs préexistants concernant les inégalités, la marginalisation politique et l’absence de réponse par les pouvoirs publics.

• L’augmentation des événements météorologiques extrêmes liés au changement climatique crée déjà de nouvelles demandes pour les militaires, en tant qu’équipes de secours. En outre, ils ont des impacts coûteux sur les installations et les capacités militaires, en particulier les bases navales.


12.https://climate-security-expert-network.org/sites/climate-security-expert-network.com/files/documents/csen_research_paper_-_linking_adaptation_and_peacebuilding_lessons_learned_and_the_way_forward_v2.pdf

L’impact de ces interactions varie selon les États et les communautés, mais également en leur sein. Tout le monde n’est pas touché de la même façon, selon les ressources disponibles et la capacité à s’adapter ou à faire face à l’évolution de l’environnement. Par exemple, les inégalités liées au genre sont souvent aggravées dans les situations d’insécurité et ont une incidence négative sur la capacité des femmes et des foyers à faire face aux risques climatiques. Dans d’autres cas, l’évolution des normes sociales peut créer de nouvelles opportunités d’inclusion des femmes dans le processus décisionnel et les organes de gouvernance, en particulier dans les contextes où les femmes adoptent de nouveaux rôles économiques. C’est notamment le cas dans de nombreuses communautés qui connaissent une émigration importante des hommes en quête d’autres moyens de subsistance. Pour tenir compte de ces variations contextuelles, l’analyse doit être informée par les communautés locales dans le contexte local, et complétée par des informations à jour sur le climat.

Si le changement climatique peut façonner les dynamiques de conflit, nous devons également tenir compte du fait que toute paix future s’inscrira également dans un contexte de changement climatique. Pour que les plans et stratégies de rétablissement, de maintien ou de consolidation de la paix soient véritablement durables, ils doivent inclure les impacts liés au changement climatique à tous les niveaux des politiques : alerte précoce, évaluation, planification, financement, mise en œuvre et suivi.

Les approches intégrées fournissent des opportunités de taille. Dans les situations de conflit ou fragiles, les efforts d’adaptation et d’atténuation du changement climatique peuvent également fournir des points de départ pour la consolidation de la paix, et inversement. Les activités de consolidation de la paix peuvent contribuer à établir une relation de confiance, renforcer la cohésion sociale et améliorer la gouvernance. Tous ces éléments sont nécessaires pour des sociétés paisibles, mais également pour la réussite de l’adaptation au changement climatique. Des bénéfices partagés et des synergies sont réalisés, par exemple, lorsque des communautés touchées par les mêmes risques climatiques interagissent et collaborent. Cela peut également contribuer à atténuer des tensions potentielles entre les communautés. Les enseignements tirés sur le terrain montrent que les avantages des activités d’adaptation au changement climatique pour les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire peuvent renforcer les relations entre les personnes et l’État, et peuvent être réalisés relativement rapidement.12


Photo 2: La déforestation des flancs de montagne dans la région d’Ab Balae Qazan, en Afghanistan, a créé une surface lisse permettant que l’eau se précipite dans la vallée. Avec l’impact du changement climatique, la population afghane est fortement exposée aux sécheresses, aux inondations et à d’autres risques naturels. 2019 © Maxime Paquin


Dans l’ensemble du système des Nations Unies, les liens entre changement climatique, paix et sécurité sont de plus en plus reconnus comme une question prioritaire. Par exemple, l’Assemblée générale a reconnu les potentielles implications pour la sécurité du changement climatique en 2009, dans la résolution 63/281, le Conseil économique et social et la Commission de consolidation de la paix ont organisé des réunions conjointes pour débattre des questions liées au climat et à la sécurité, et le Conseil de sécurité a adopté un énoncé présidentiel thématique en 2011, et plus récemment reconnu les effets négatifs du changement climatique, parmi d’autres facteurs, sur la stabilité dans plusieurs contextes, y compris les situations en Afrique de l’Ouest et au Sahel, en Afrique centrale et dans la corne africaine. En 2008, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a adopté unanimement la résolution 7/23, reconnaissant le changement climatique comme une menace immédiate et à long terme pour les personnes et les communautés du monde entier. De même, le Secrétaire général des Nations Unies a souligné à plusieurs reprises que les efforts pour traiter le changement climatique sont un élément central de son programme de prévention, et a décrit d’urgence climatique comme un danger pour la paix.13 Dans le même temps, le GIEC insiste sur le fait que le changement climatique représente une menace pour la sécurité humaine.14

En outre, on reconnaît de plus en plus que les risques de sécurité liés au climat ont une incidence unique et différente sur les femmes, les hommes, les garçons et les filles. Le changement climatique a été reconnu de façon officielle comme une considération importante programme pour les femmes et la paix et la sécurité pour la première fois dans la résolution du Conseil de sécurité 2242 (2015). En 2018, le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes a adopté la recommandation générale 37 sur les dimensions liées au genre de la réduction des risques de catastrophes dans le contexte du changement climatique. Dans son rapport de 2019 sur les femmes, la paix et la sécurité, le Secrétaire général a déclaré qu’il existait un « besoin urgent » d’une meilleure analyse des liens entre le changement climatique et les conflits d’un point de vue du genre. Ces exemples illustrent la reconnaissance systémique du besoin d’intégrer les considérations liées à la sécurité climatique dans le travail des différents piliers des Nations Unies. De la programmation pour l’adaptation climatique aux politiques de transition énergétique, de la réduction de la pauvreté aux projets de subsistance alternatifs, de la protection des personnes déplacées à la promotion de l’égalité des droits pour les femmes, et de la médiation des conflits pour des ressources naturelles aux activités de consolidation de la paix : les effets ricochets du changement climatique sur la sécurité humaine, nationale et internationale concernent tous les aspects du travail de l’Organisation des Nations Unies. Pour être efficaces, les réponses doivent suivre une approche globale et faire l’objet d’une coordination entre les entités.

l’importance de prendre en compte les risques de sécurité liés au climat

13. https://www.un.org/en/events/peaceday/sgmessage.shtml14. https://www.ipcc.ch/report/ar5/wg2/human-security/


Quels sont les domaines d’action du système des Nations Unies ?

1) ACCENT SUR LA PRÉVENTIONLe programme de développement durable à l’horizon 2030, les accords de Paris, le cadre de Sendai et les résolutions de pérennisation de la paix soulignent tous la nécessité d’actions préventives. Il devient de plus en plus évident qu’une approche globale de la prévention dans l’ensemble du système des Nations Unies nécessite de traiter les risques de sécurité liés au climat le plus tôt possible, et entre plusieurs secteurs techniques. Étant donné que le changement climatique a tendance à aggraver les vulnérabilités existantes et menace de dépasser les capacités à faire face des États et des communautés, les efforts en amont pour le développement durable, l’action climatique et la consolidation de la paix doivent être renseignés par une bonne compréhension des liens entre le changement climatique et la sécurité ; dans le cas contraire, ils risquent de ne pas traiter le réseau complexe de facteurs sous-jacents des conflits et de l’insécurité. Aborder la sécurité des moyens de subsistance ou l’exclusion politique aujourd’hui peut par exemple améliorer la résilience et réduire l’impact de chocs futurs sur les prix alimentaires du fait du changement climatique. De plus, l’intégration d’indicateurs et d’analyses climatiques dans les systèmes d’alerte précoce et les évaluations des risques est primordiale pour assurer une compréhension globale des facteurs de risque et prendre des mesures rapides.

2) ACTIVITÉS POUR LA PAIX ET LA SÉCURITÉ TENANT COMPTE DES QUESTIONS CLIMATIQUES ET DÉVELOPPEMENT TENANT COMPTE DES RISQUES DE CONFLITS Étant donné que le changement climatique interagit avec une vaste gamme de facteurs socio-économiques, liés au genre, politiques et autres, les interventions de consolidation de la paix doivent être conçues en tenant compte de ces liens. Une évaluation minutieuse des impacts actuels et futurs potentiels du changement climatique sur les systèmes humains peut contribuer à garantir que les interventions extérieures restent efficaces au fil du temps et peut également éviter des conséquences imprévues, potentiellement négatives. Dans les négociations pour la paix, lors de l’attribution de ressources naturelles sensibles au climat par exemple, comme l’eau et les terres arables entre des parties en conflit, cela nécessite de prendre en compte les conditions environnementales et les impacts liés au climat potentiels, pour atteindre des accords à long terme et maintenir la paix. En même temps, le programme d’adaptation climatique doit prendre en compte l’impact plus large de l’injection de ressources dans les sociétés, pour éviter de renforcer les griefs et vulnérabilités existants. En tenant compte des impacts spécifiques au genre du changement climatique et de l’insécurité sur les femmes, les hommes, les garçons et les filles, ainsi que de l’importance de la participation totale et égalitaire des femmes dans les processus de consolidation de la paix, il est primordial que les évaluations et interventions en matière de sécurité climatique intègrent les considérations liées au genre dans toutes les phases.

De plus, une approche intégrée des risques liés au climat permet de créer des synergies. Comme indiqué ci-dessus, la consolidation de la paix et l’adaptation climatique devraient être envisagées ensemble, de façon à permettre des approches qui consolident la paix, tout en tenant compte des impacts actuels et futurs du changement climatique, en réduisant la


vulnérabilité des populations et en renforçant leur capacité d’adaptation.

3) COOPÉRATION, PARTENARIAT ET PARTAGE D’INFORMATIONS ENTRE LES SECTEURSLe programme de développement durable à l’horizon 2030 et les résolutions « jumelles » de pérennisation de la paix de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité des Nations Unies soulignent l’importance d’une coopération entre les secteurs. Les risques de sécurité liés au climat comptent parmi les domaines qui sont trop complexes pour être traités par un seul acteur. Les évaluations des risques intégrées nécessitent une coopération au sein de différentes entités des Nations Unies (et d’autres partenaires) et entre elles, ainsi qu’un échange fourni d’informations. Pour concrétiser les analyses, une collaboration entre les domaines politiques traditionnels est nécessaire pour soutenir des stratégies de réponse intégrée. Pour que le système des Nations Unies, les États membres, les organisations régionales et la communauté de recherche internationale traitent avec succès les risques de sécurité liés au climat, des partenariats stratégiques doivent être établis, afin de tirer parti de l’expertise et des capacités. Il est crucial d’établir des mécanismes participatifs pour traiter les besoins et les demandes des communautés touchées.

4) APPROCHES À LONG TERME ET TRANSFRONTALIÈRESLe rythme des manifestations concrètes du changement climatique varie fortement, entre des phénomènes à apparition lente (augmentation du niveau de la mer, désertification, etc.) et rapide (tempêtes, inondations, etc.). Pour saisir les effets cumulés du changement climatique sur la paix et la sécurité, il est souvent nécessaire d’adopter une approche à long terme. En pratique, il peut être difficile d’intégrer cette réflexion à long terme dans les processus d’analyse et de planification à court terme généralement proposé par le système des Nations Unies. Des approches créatives sont nécessaires pour s’assurer qu’une réflexion à long terme peut renseigner le processus décisionnel.

La nature transfrontalière des conséquences des risques de sécurité liés au climat est également problématique pour les opérations des Nations Unies. Si le système des Nations Unies est principalement conçu pour fonctionner au niveau des États-nations, le changement climatique dépasse les frontières et touche des régions entières du monde. Les entités des Nations Unies sont encouragées à renforcer la collaboration transfrontalière et identifier des approches régionales pour les risques de sécurité liés au climat.

Où puis-je obtenir plus d’informations ?

Au sein du système des Nations Unies, plusieurs entités traitent déjà activement les risques de sécurité liés au climat dans le cadre des efforts pour mettre en œuvre leurs mandats respectifs. Les services de gestion des connaissances et/ou politiques peuvent être des points de départ utiles au sein des agences pour poser des questions sur les expériences et les enseignements tirés.


Outre les différents travaux en cours dans diverses entités du système des Nations Unies, le Mécanisme de sécurité climatique a été établi pour tirer parti de l’expertise et renforcer les capacités des Nations Unies, pour fournir une réponse systématique aux risques de sécurité liés au climat. Le Mécanisme de sécurité climatique a élaboré cette note d’information et la boîte à outils associée, en collaboration avec d’autres partenaires, dans le but de fournir des directives initiales dans ce domaine politique émergent.

La boîte à outils est conçue pour aider le système des Nations Unies à créer une langue et une approche communes pour répondre aux défis posés par les risques de sécurité liés au climat. L’élaboration de ces documents est un processus itératif et toute suggestion concernant leur amélioration est la bienvenue.


annexe 1 : exemples d’études de cas

15.https://climate-security-expert-network.org/sites/climate-security-expert-network.com/files/documents/csen_climate_fragility_risk_brief_-_afghanistan_0.pdf

AFGANISTÁN15

De nombreux Afghans sont très vulnérables aux impacts du changement climatique du fait de leur exposition aux sécheresses, inondations et autres catastrophes naturelles, ainsi que leur recours à des moyens de subsistance sensibles au climat, comme l’agriculture non irriguée et le pastoralisme. 40 ans de conflits sont venus renforcer la vulnérabilité de l’Afghanistan au changement climatique, dont les impacts contribuent à créer des conditions entretenant la violence. Actuellement, d’importantes parties du pays sont contestées ou contrôlées par les talibans et d’autres groupes d’opposition. La méfiance, les violences et la division entre les groupes ethniques, ainsi que de profondes séparations entre ruraux et urbains, limitent la gouvernance.

Au vu des nombreux moteurs de conflit déjà présents en Afghanistan, il est primordial de ne pas exagérer un lien de causalité entre le changement climatique et les conflits. Toutefois, il existe une gamme de sources de fragilités potentielles liées au climat dont les décideurs en Afghanistan et la communauté internationale devraient avoir conscience :

• Les chocs climatiques pourraient aggraver la pauvreté, affaiblir la gouvernance et contribuer à l’instabilité.

• Des sécheresses plus fréquentes pourraient renforcer l’économie de la drogue.• La rareté de l’eau et des terres arables pourrait renforcer les conflits communautaires

et interethniques.• Des tensions internationales concernant les ressources aquatiques transfrontalières

pourraient saper les tentatives de stabiliser le pays. • Les riches dépôts de minerais afghans utilisés dans les technologies d’énergies

renouvelables, comme le lithium, pourraient devenir une source de controverse politique.

Ces menaces n’ont rien d’inévitable. Elles peuvent être traitées et évitées, si les mesures et politiques adéquates sont établies. Outre le besoin évident d’améliorer la gestion de l’eau et des terres, ainsi que de renforcer la sécurité alimentaire, plusieurs mesures pourraient contribuer à traiter les risques de sécurité liés au changement climatique :

➡ Améliorer la gestion de l’eau et des terres pour mieux utiliser ces ressources ; ➡ Investir dans de meilleurs systèmes de suivi pour comprendre les impacts complexes du changement climatique et fournir plus de données pouvant renseigner les mesures ;

➡ Collaborer avec les pays voisins sur les défis liés au climat, en particulier concernant l’eau ;

➡ Renseigner les négociations de paix avec une expertise sur les impacts du changement climatique et la gestion des ressources ; et

➡ Tenir compte de la sécurité climatique dans les interventions des Nations Unies en Afghanistan pour traiter la crise de façon plus globale.


RÉGION DES ÎLES DU PACIFIQUE16

Dans la région du Pacifique, le déplacement, la migration forcée et la diminution des ressources alimentaires et aquatiques ont émergé comme des problèmes de sécurité humaine, tandis que la dégradation des ressources océaniques et terrestres sape la croissance économique, la santé, la productivité, les moyens de subsistance et l’emploi, et donc la stabilité nationale et régionale. D’après les prévisions, le changement climatique aura une incidence multiple sur la région, notamment par l’augmentation des températures moyennes, l’intrusion d’eau salée, l’érosion côtière, l’augmentation du niveau de la mer et de l’intensité des événements météorologiques extrêmes, comme des cyclones. Une vaste gamme de risques critiques liés à la fragilité climatique émerge de ces impacts, notamment :

• Une augmentation des déplacements et de la migration forcée du fait de l’augmentation du niveau de la mer, des catastrophes naturelles, de l’évolution des réserves halieutiques et des sécheresses plus fréquentes, qui sapent la sécurité et les moyens de subsistance des personnes. L’augmentation des déplacements et des migrations peut à son tour exacerber des tensions sociales existantes, par exemple concernant les terres.

• Les ressources océaniques menacées, comme les barrières de corail et les réserves halieutiques, aggravent l’insécurité alimentaire et les tensions géopolitiques.

• L’augmentation du niveau de la mer à une incidence sur les frontières des zones maritimes qui sont primordiales pour la sécurité de la gouvernance et l’application de la loi, ainsi que la gestion des ressources naturelles au sein des pays du Pacifique et entre eux.

• Le Pacifique compte parmi les régions les plus exposées du monde aux catastrophes naturelles et les moins assurables. Entre 2016 et 2018, des événements de cyclones tropicaux ont causé des pertes de 30 % du PIB aux îles Fidji et de 64 % du PIB aux îles Vanuatu. La criminalité et la violence connaissent souvent des pics immédiatement après les catastrophes, lorsque les partenaires proches et les forces de sécurité ont des difficultés à réagir adéquatement.

Photo 3: Au Kordofan, au Soudan, les femmes sont les responsables principales d’aller chercher de l’eau. Dans de nombreux cas, l’eau doit être acheminée plus d’un kilomètre jusqu’au village. 2018 © Khalid Bahar

16.https://climate-security-expert-network.org/sites/climate-security-expert-network.com/files/documents/csen_climate_fragility_risk_brief_-_pacific_islands_region_0.pdf


Les dirigeants du Pacifique ont souligné sans relâche que le changement climatique représente le risque le plus important pour les moyens de subsistance, la sécurité et le bien-être des habitants du Pacifique. Le risque augmente à une époque où la région du Pacifique fait déjà face à des dynamiques géopolitiques complexes et des risques de sécurité à plusieurs facettes. Les risques de sécurité liés au climat rencontré par les PEID nécessitent des mesures d’adaptation urgente pour éviter d’atteindre des points de bascule de fragilité irréversible, qui présentent des menaces existentielles pour les peuples du Pacifique et pour l’existence même de nombreuses nations d’atolls de petite taille et à faible altitude. Les points de départ pour traiter ces menaces sont les suivants :

➡ la fourniture de ressources financières par le biais de modalités adaptées à l’objectif ;

➡ l’accélération de la coopération internationale et des programmes de développement efficaces pour gérer les migrations induites par le changement climatique ;

➡ le renforcement de la collecte de données, du suivi et des systèmes d’alerte précoce, ainsi que l’amélioration de la compréhension et des connaissances des impacts et risques localisés ; et

➡ la garantie qu’il existe un système de soutien clair, coordonné et efficace des Nations Unies pour les situations spécifiques aux régions et aux pays.


LAC TCHAD17

Dans la région du lac Tchad, du fait du changement climatique et de la dégradation environnementale, il est plus difficile pour les agriculteurs, les pêcheurs et les gardiens de troupeaux de cette population principalement rurale de subvenir à leurs besoins. L’aggravation de l’insécurité des moyens de subsistance et alimentaire interagit avec des inégalités répandues, des décennies d’exclusion et une marginalisation politique, et contribue aux griefs entre des groupes et des personnes vis-à-vis de l’État, ce qui renforce le risque de violence à tous les niveaux de la société.

Des groupes d’opposition armés comme Boko Haram et la Province d’Afrique de l’Ouest de l’État islamique exacerbent ces tensions. Dans leur lutte pour prendre le contrôle, ces groupes armés et forces de sécurité étatiques détruisent ou saisissent des ressources productives et bloquent l’accès à des ressources essentielles, notamment le lac lui-même. De ce fait, quatre risques de sécurité liés au climat principaux sont apparus :

• Les dynamiques climatiques et liées au conflit sapent les moyens de subsistance du fait des relations entre une variabilité climatique renforcée, le déplacement à grande échelle des personnes, les restrictions de mouvement et l’affaiblissement de la cohésion sociale.

• La compétition pour des ressources naturelles augmente du fait du grand nombre de personnes déplacées, de l’accès restreint aux ressources et de la réduction de la disponibilité des terres.

• Le recrutement dans des groupes d’oppositions armés non étatiques offre des opportunités de subsistance qui semblent plus viables, en particulier parce que le changement climatique sape des économies et moyens de subsistance déjà fragiles.

• Les réponses militaires brutales des gouvernements régionaux à cette crise ont sapé les moyens de subsistance et le potentiel d’adaptation au changement climatique.

Pour que les gens de la région puissent faire face à ces défis liés, les efforts de développement et humanitaires doivent être intégrés, à l’image des problèmes qu’ils tentent de résoudre. Dans le bassin du lac Tchad, les efforts d’adaptation climatique doivent tenir compte des risques de conflits, ce qui pourrait entraîner des choix inattendus. Par exemple, des projets agricoles ont montré que les céréales ou cultures faciles à stocker sont aisément volées par des groupes armés, ils privilégient donc la production de légumes plus périssables. De même, les projets évitent de faire planter des variétés de maïs pouvant croître suffisamment pour fournir une cachette aux insurgés.

17. https://shoring-up-stability.org/


KORDOFAN DU NORD, SOUDAN18

Dans certaines parties de l’état du Kordofan du Nord, la dégradation environnementale liée au climat, l’affaiblissement des mécanismes de gouvernance, l’expansion de l’agriculture mécanisée, ainsi que l’insécurité découlant du conflit prolongé à la frontière avec le Soudan du Sud ont entraîné :

• une concurrence renforcée pour les terres fertiles ;• des conflits entre les groupes d’utilisateurs de ressources ;• un affaiblissement des mécanismes de résolution des conflits et de gouvernances

locaux ;• la modification des schémas migratoires pastoraux ; et• l’émigration d’hommes des communautés agricoles.

À ce jour, le degré selon lequel le changement climatique et l’insécurité contribuent à des modifications sociales importantes, en particulier dans la composition des communautés rurales, reste moins bien documenté. Cela comprend une féminisation marquée de la population résidente de certaines communautés locales se trouvant en première ligne de ces dynamiques.

Tout en renforçant le fardeau économique pesant sur les femmes de tous les groupes sociaux et en les exposant à d’autres risques de violence, ces modifications fournissent également des opportunités de renforcer le leadership des femmes en matière de prévention et de résolution des conflits, ainsi que leur autonomisation pour améliorer la résilience communautaire. Un projet pilote mené par le PNUE, l’ONU Femmes et le PNUD a fourni des informations importantes sur ces dynamiques dans la ville d’Al Rahad.

Le projet comprenait des interventions ciblées pour soutenir les femmes de tous les groupes, afin qu’elles exercent leur pouvoir dans les processus de planification et décisionnels locaux qui régissent l’utilisation des ressources naturelles, ainsi que pour renforcer leur rôle en matière de prévention et résolution des conflits liés aux ressources naturelles. De façon étonnante, il a réussi à améliorer la participation des femmes dans la gouvernance liée aux ressources naturelles, la prévention et la résolution des conflits, mais également à modifier les perceptions relatives au leadership, aux capacités et aux contributions des femmes pour créer une paix durable.

18. UNEP, UNDP, ONU Mujeres, DPPA. 2020. «Gender, Climate and Security: Sustaining inclusive peace on the frontlines of climate change». https://postconflict.unep.ch/publications/Sudan_Gender_NRM2019.pdf

NATIONS MÉCANISME UNIES DE SÉCURITÉ CLIMATIQUE2 Mécanisme de sécurité climatique, New ork,...

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