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LE MAGAZINE SUISSE DES JEUNES PARENTS MAI/JUIN 2010 - FR. 6.– n °9 grossesse témoignage oups, j’ai accouché à la maison psycho mon nouveau corps, cet étranger surboum les babyshowers débarquent CONCOURS UN SéJOUR DANS UN SPA DE RÊVE À GAGNER Marcel Rufo s’adresse aux pères interview Mode sweet mode tendances conseils pour gérer les crises 7 éducation

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Le magazine suisse des jeunes parents

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LE MAGAZINE SUISSE DES JEUNES PARENTS

MAI/JUIN 2010 - FR. 6.–

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LE MAGAZINE SUISSE DES JEUNES PARENTS

grossessetémoignageoups, j’ai accouché à la maison

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CONCOURS

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UN SPA

DE RÊVEÀ gAgNER

Marcel Rufo s’adresseaux pères

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Mode sweet mode

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éducation

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arolina et Luca se sont rencontrés en 2002. Elle est Zurichoise d’origine, mais Vaudoise de cœur et vit à côté de Lau-

sanne, lui est Tessinois. Ils ont vécu une relation à distance pendant trois ans avant de décider de s’installer ensemble sur les bords du Léman car l’envie d’enfant se faisait sentir. Et ils n’ont pas perdu leur temps, quelques mois après, Ca-rolina était enceinte.

L’imaginaire de la grossesseCarolina travaille à la Fondation Claude Ver-dan, Musée de la main, et à l’époque de sa grossesse, ironie du sort, elle préparait une ex-position sur la conception et la naissance. Au-tant dire qu’elle était plongée dans le sujet. «J’ai

recueilli beaucoup de récits, de ma mère d’une part, et des témoignages pour mon exposition d’autre part. Avant même d’être enceinte j’an-goissais déjà à l’idée d’accoucher! Je suis d’une nature inquiète et en préparant cet accrochage je voyais tout ce qui pouvait être difficile, j’en savais beaucoup et en même temps je ne savais pas tout. Ce n’était pas vraiment l’idée de la douleur qui me faisait peur, mais plutôt qu’il y ait un problème, qu’il arrive quelque chose à l’enfant au moment de l’accouchement.»

Baigné dans une masse d’informations médicales, le couple s’est posé beaucoup de questions. «Nous avons eu de longues discus-sions autour des résultats et des statistiques, des tests que l’on fait pendant la grossesse, se

J’aiaccouché à lamaison…

Maison de naissance, accouchement dans l’eau, avec ou sans péridurale, nous tentons tous d’influencer le scénario de ce grand jour, si attendu, si craint. Caro-lina avait opté pour l’hôpital, un cadre sûr, médicalisé. Mais le destin en a décidé autrement et a offert à son compagnon un premier regard qu’il n’oubliera jamais…

Texte: Caroline Fernandez - Illustrations: Veronica Dall’Antonia

C

(mais ce n’était pas prévu!)

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témoignage

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Profession?Mompreneur!

Elles n’ont pas forcément envie de crever le plafond de verre, mais leur maternité les dote soudain d’une énergie débordante. Non contentes d’accoucher de leur premier enfant, elles doublent la mise en créant leur propre entreprise. Elles, ce sont des mompre-neurs, à la fois maman et entrepreneur. Rencontres.

Texte: Maxime PégatoquetPhotos: Nicolas Righetti/Rezo

et Dominic Buettner/Pixsil

mportée des Etats-Unis et du Canada anglophone, pas-sée par la France, la vague

des mompreneurs est en train de conquérir la Suisse. Phénomène en pleine expansion. L’idée première, évidemment, est de pouvoir concilier retour à la vie active et présence im-portante auprès de son nouveau-né, tout en évitant les foudres d’un entou-rage plus ou moins proche. Car, entre les difficultés liées à trouver le bon système de garde ou la rigidité de cer-tains horaires de travail, le retour de couches est parfois sévère. La période peut se révéler néanmoins salvatrice et permettre un recul bienvenu quant à ses objectifs personnels. Si certaines femmes tombent alors dans le baby

blues, d’autres seraient portées vers une nouvelle forme de baby-boom entrepreneurial.

Selon le site des Quotidiennes, on compterait déjà pas loin de 7 mil-lions de ces mamans entrepreneuses aux Etats-Unis. Et le mouvement s’impose en Europe. En France, il existe désormais un réseau dont l’ob-jectif est de favoriser l’entrepreneu-riat au féminin et la solidarité semble (pour l’instant) marcher à plein et chacune est prête à faire part de ses conseils et expériences à d’autres mères dans la même situation. Pour mémoire, c’est ainsi que s’est construite la success story de Robeez, la marque de chaussons rigolos que tous les jeunes parents s’arrachent.

Et bonne nouvelle, mesdames et mes-demoiselles! Si l’on peut observer de plus en plus de néo-papas qui parta-gent allègrement et équitablement les tâches du couple, ils sont également de plus en plus à se lancer dans cette aventure économico-parentale. Mais pour inaugurer cette rubrique, par-tons à la découverte de trois femmes qui ont décidé de prendre leur destin en main.

Plus d’infos:www.mompreneursonline.comwww.gogomamago.comhttp://mompreneurs.over-blog.comwww.mompreneurs.frhttp://mamanetentrepreneuse.typepad.fr

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mompreneur

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Elle s’appelle Barbara, vient de passer la trentaine et reconnaît que l’idée de créer leur petite entreprise les titillait depuis quelque temps avec son mari. «Avec l’arrivée d’Arthur, cela s’est imposé» ajoute-t-elle, attablée dans un café à deux pas d’un chez elle qui lui tient lieu également d’atelier. Elle apparaît tranquille, pas spécia-lement stressée, même si une petite montagne de commandes vient de lui tomber dessus suite à un article dans la presse vaudoise. Le petit est à la crèche trois jours par semaine, un laps de temps suffi sant pour lui laisser un peu d’espace, car, reconnaît-elle, elle se voyait «diffi cilement travailler à 100%».

PoukiPoutchi propose des bo-dys, bonnets et pulls personnalisés par une touche de broderie et une

Barbara et la machine à broderAvec PoukiPoutchi, Barbara Hemming de Preux imagine de drôles de jeux de mots avant de les broder sur les futurs bodys de vos enfants. Une entreprise 100% fait maison, dont son garçon Arthur a été le premier modèle.

bonne dose d’humour. Dans le genre, c’est le style de cadeau de naissance idéal. Car si l’entreprise fait dans le responsable en travaillant avec la marque American Apparel, le point fort réside dans l’approche proposée par le couple instigateur. Lui, direc-teur artistique dans une agence de communication, crée les personnages, elle, ancienne étudiante en photogra-phie de l’Ecole Cantonale des Beaux-

Arts de Lausanne, excelle dans les jeux de mots qui en font la force. Ainsi, quel que soit le prénom que vous don-nerez à votre enfant, soyez sûr qu’ils lui dégotteront un univers à la limite du personnage pour jeu de rôle: ainsi de Ryan Sarbacane, Macaro Niels (on adore), Marlon Badminton, Barbara Cuda ou Achille Reptile, parmi les quelques 250 déjà répertoriés.

Et 1, et 2, et 3.. essaisEvidemment, tout n’est pas venu du premier coup: «Au début, j’ai essayé de faire des doudous, se rappelle Barbara. Mais, j’en ai fait 1 et demi! Ensuite, j’ai essayé les sorties de bain, mais ce n’était pas assez rentable. La broderie, fi nalement, c’est ce qui me convenait le mieux.» Alors, le couple est allé acheter une machine à broder. 4000 fr. d’un coup, plus à peu près la même somme pour les 500 premières pièces de leur stock. Depuis, elle brode, comme d’autres pompaient. «Le premier mois, je bossais de 9 heures jusqu’à 2 heures du matin. Il y a eu pas mal de ratés!» Mais, au fait, pourquoi ce nom? «Cela remonte à un voyage en Grèce, au début de notre rencontre avec mon mari. Il y avait beaucoup de chats que je surnommais «Pouki, Pouki!» et lui de la taquiner en faisant «Poutchi».

une année de gestation«La clef de notre (petit) succès, c’est d’y être allé tranquillement, de ne pas nous éparpiller dès le départ». Leur projet a mûri pendant plus d’un an et chaque décision a été soupesée à deux, maintenant à trois. Pour se faire connaître, ils ont fait «avec les moyens du bord. D’abord un mail vers les copains, ensuite un profi l Facebook. Les fl yers viennent juste d’être terminés...» Et puis, ce n’est pas parce qu’ils sont ric-rac qu’ils ne pensent pas aux autres. Ainsi de l’opération «Pooki & Haïti» lancée pour apporter leur contribution suite au séisme qui a dévasté l’île et dont les bénéfi ces sont pour partie reversés à l’association genevoise Enfants du Monde (détails sur sur le site).

Aujourd’hui, Barbara avoue «adorer vivre comme ça». Elle arrive à sortir un petit salaire et se verrait même bien partir pour une expé-rience à l’étranger. Mais... avec sa machine à broder!

Fiche techniquesoCIété: POUKIPOUTCHI

LIEu: GENÈVE

PRoDuIts: BONNETS DÈS 35 FR.,BODYS DÈS 49 FR.

DAtE DE NAIssANCE: NOVEMBRE 2009

tEMPs DE gEstAtIoN: 1 AN

sItE wEb: WWW.POUKIPOUTCHI.COM

1 ENfANt: ARTHUR

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Craquantes, les framboisesMaïaRobe à volants, dès 105 fr., Catimini.

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fashion

Fou, le sabléLouRobe, 65 fr., Cyrillus.Foulard, 10 fr. 90, Manor.

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lors qu’ils ont le même âge, les bébés ne sont pas égaux. Il y a les petits pré-coces qui marchent avant dix mois et

récoltent sourires et bravos parentaux. Et puis, il y a les autres qui préfèrent avancer assis, une jambe repliée sous leur corps et tractés par l’autre jambe ou foncer à quatre pattes, modes de déplacement qui leur permettent d’être autonomes au sol et de multiplier les explora-

Un pasen avant

Chacun finit par marcher, pourtant il y a 1001 ma-nières d’y parvenir. A pied nu ou bien chaussé, avec ou sans youpala, dans ou hors du parc. Deux médecins nous livrent leurs conseils pour partir du bon pied.

Propos recueillis par Josianne Rigoli - Illustrations: www.minevander.com

A

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tions en toute liberté. Prétendre que ces bébés ont du «retard» serait commettre une erreur. Parce que chaque enfant possède son propre rythme de développement. Si certains ne ma-nifestent guère l’envie de marcher, cela signi-fie tout simplement qu’ils n’y sont pas prêts ou qu’ils développent d’autres acquisitions, notamment la parole ou la motricité fine – la capacité de saisir entre leurs doigts de petits objets. Reste que ce décalage dans l’apprentis-sage de la marche semble gêner certains pa-rents. Aussi, nombreuses sont les mamans qui se demandent pour quelles raisons leur petit de 7 mois ne marche pas encore et comment l’y inciter… Pour les rassurer mais aussi pour réviser les points essentiels de cet exploit que représentent les premiers pas d’un enfant,

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6-12 mois

babymag.ch a récolté les avis émi-nents de la Dr Nadia Bruschweiler Stern, pédiatre, pédopsychiatre et directrice du Centre Brazelton* à Genève et de Véronique Duvoisin, physiothérapeute pour nourrissons, enfants et ados, qui exerce à Belmont-sur-Lausanne.

bAbyMAg.Ch: A partir de quel âge doit-on s’inquiéter si un enfant ne marche pas?DR. N. bRusChwEILER stERN: On dit que 98% des bébés marchent à 18 mois. Parmi les 2% restants, ils sont nom-breux à être très vifs dans d’autres acquisitions. Des enfants qui ne mar-chent pas, ça n’existe pas, à moins qu’ils n’aient un problème neurolo-gique, ce qui est très rare. Il faut que les parents se rassurent en sachant que c’est inscrit dans le développement biologique de leur enfant et qu’il va marcher. Alors, 3 semaines avant ou après, cela n’a aucune importance. Ça ne dit rien par rapport à leur QI!véRoNIquE DuvoIsIN: Selon mon expé-rience, je serais plus large en fixant la limite à 24 mois. Jusqu’à cet âge-là, les parents n’ont pas à se faire de soucis.

Est-il vrai que la corpulence du bébé joue un rôle dans cet apprentissage?DR. b. s.: Effectivement, un poids élevé est plus difficile à gérer car il inter-vient dans le transfert du centre de gravité. Ainsi, les bébés potelés se révèlent un peu moins mobiles que les autres.v. D.: Oui, l’apprentissage de la marche est plus compliqué pour les petits qui ont des problèmes de poids. Mais ils sont souvent plus minutieux et ont un sens de l’observation plus développé.

Le tempérament sert-il de moteur dans cette acquisition?DR. b. s.: Certes mais il y a aussi d’autres facteurs qui entrent en jeu, notamment l’aspect génétique, dans certaines familles, on marche très tôt, dans d’autres, très tard. De même que les interactions: un enfant dont les parents lui laissent faire ses expériences, le stimulent à en entre-prendre et l’applaudissent quand il en fait, marchera probablement plus vite qu’un petit surprotégé par ses pa-rents qui le retiennent et l’empêchent d’explorer son environnement.

Juste ou faux de mettre un enfant debout alors qu’il est assis?DR. b. s.: Les enfants le demandent très clairement. Mais l’envie de la marche vient par l’interaction, non par l’imposition. Marcher n’est pas un exercice, c’est un plaisir, un pro-grès. D’ailleurs, la préparation à la marche se passe aussi volontiers la nuit. C’est un des fameux points forts de Brazelton. Lorsque le moteur de la marche se met en route, l’enfant qui, jusqu’alors dormait bien, se réveille entre deux phases de sommeil et, à peine réveillé, il est debout dans son lit! Là, c’est un signe que l’enfant se prépare à la marche. Surpris de se re-trouver debout, le petit pleure, les pa-rents accourent, le consolent, tentent de le rendormir… Ces épisodes ayant tendance à se répéter, les parents fi-nissent par décompenser de fatigue et d’angoisse s’ils en ignorent la cause.

A votre avis, le youpala ou le trotteur sont-ils utiles?DR. b. s.: L’un comme l’autre ne sont pas des outils utiles pour le déve-loppement. Placé dans un trotteur (déambulateur muni d’un siège stable et d’un pare-chocs), un enfant se retrouve en position verticale et n’apprend pas à tomber. Et ça, c’est dangereux. Ensuite, l’enfant peut se déplacer à toute vitesse dans l’espace, attraper des choses situées en hauteur alors qu’il n’a pas appris à se tenir en équilibre, ni à se hisser pour y par-venir. Avec le trotteur, on saute une étape essentielle qui consiste à acqué-rir les gestes de base de construction de la marche. C’est tout un chemin qui se fait par étapes et, si on en fait l’impasse, on a perdu quelque chose. Les enfants habitués à ces engins tombent moins bien et sont moins à l’aise avec le sol et c’est dommage.v. D.: Installé dans l’un de ces engins, l’enfant va d’abord reculer. Une fois qu’il aura plus de forces dans les jambes, il avancera en se penchant en avant comme s’il nageait. Alors, le youpala (déambulateur muni d’un tissu avec deux trous pour les jambes), pour un enfant qui marche déjà, pourquoi pas des petits mo-ments. Mais pour un enfant qui ne sait pas marcher, il est à déconseiller. Je pense que, pour les parents, le youpala leur simplifie la vie dans un

premier temps et la leur complique par la suite. Car l’enfant, habitué au trotteur, n’acquiert pas les gestes ba-siques et n’apprend pas à marcher la-téralement, donc à transférer le poids de la gauche à la droite dans un seul axe. Résultat: outre ce que mentionne N. Bruschweiler Stern, ces enfants sont incapables de redescendre vers le sol et veulent tout le temps être tenus par les mains. En lieu et place du trotteur, je préconise le chariot de marche que l’enfant doit pousser tout en marchant latéralement.

Donc, rien ne vaut le sol pour apprivoiser les rudiments de la marche?DR. b. s.: Effectivement, l’enfant doit d’abord trouver son appui à quatre pattes, apprendre à se balancer pour libérer un bras qui lui permet-tra d’attraper quelque chose, puis il commence à se tirer debout, à redes-cendre, à rester un peu en équilibre, à garder un pied au sol tout en tour-nant le corps, prémisse de la rotation. En jouant avec leur enfant par terre, les parents peuvent appliquer un concept que j’aime bien, celui de la zone proximale de développement: cela consiste, pour les parents, à demander à l’enfant quelque chose qu’il n’arrive juste pas à faire, mais presque. Pas quelque chose d’impos-sible qui découragerait et frustrerait l’enfant. Mais si on lui propose d’aller juste un peu loin, l’enfant développe des compétences, se sent encouragé, guidé. Et c’est génial parce que l’en-fant se trouve dans une spirale de succès qui le motive, il est content et s’amuse.v. D.: Avec les enfants qui ont du retard dans l’apprentissage de la marche à cause du trotteur ou youpala, je redé-marre avec des exercices en position basse puis, toujours au sol, on repart vers le quatre pattes avant de placer des objets en hauteur afin qu’ils ap-prennent à se hisser et à redescendre.

Et faut-il lui offrir nos mains?v. D.: Les parents et autres adultes ne devraient pas se casser le dos à tenir la main des petits apprentis. Surtout ne pas répondre systématiquement à la demande de l’enfant. Et si on lui tient la main, et jamais les deux, il faut faire en sorte qu’elle soit molle afin que le petit acquiert de l’équilibre.

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A la fois superman et puching ball, le père n’a pas un rôle facile. Marcel Rufo, pédopsychiatre et clinicien reconnu, se prête au jeu de l’interview et s’adresse à eux. une rencontre dont on ne ressort pas indemne.

Texte: Paul Lester

ans le salon feutré d’un hôtel genevois par une froide ma-tinée, Marcel Rufo, affable

et souriant, m’accueille en toute simplicité, avec cette chaleur médi-terranéenne qui est la sienne. Après une demi-heure d’entretien, il me tutoie, m’interpelle comme si nous nous connaissions depuis toujours. Il me dit en riant que rares sont les jour-nalistes qui, comme moi, renoncent à lui demander des conseils éducatifs personnels. Je quitte l’auteur de Cha-cun cherche un père* en me sentant un peu plus papa. Et je rentre à la mai-son chargé d’un dragon et d’un che-valier miniatures, cadeaux pour mes deux petits gars. Marcel Rufo me l’a rappelé, le lien se renforce aussi de petites choses.

bAbyMAg.Ch: Enfin un livre consacré aux pères. Est-ce une manière d’évoquer le vôtre? MARCEL Ruffo: Oui, sans doute. Je dis de lui qu’il est resté un «inconnu fa-milier». Il est mort en 1992. Il fallait peut-être que je prenne ce temps pour comprendre enfin ce qui m’avait uni à lui, et ce que je n’avais pas saisi tout de suite, notamment l’impor-tance qu’il avait joué dans ma vie.

On ne connaît jamais vraiment son père?Le père est souvent en planque. Il sait bien qu’il n’est pas le héros que son fils voit en lui. Même s’il veut le croire un peu, aussi. Se retrouver sur un piédestal, c’est plutôt agréable et le père se cache derrière cette auréole

de gloire. Sa planque va durer un bon moment. Un garçon doit admirer son père pour qu’un jour son père l’ad-mire à son tour. C’est un va-et-vient. Il y a quelque chose de très dialec-tique dans cette relation.

Un héros. C’est avant tout le rôle du père pour son fils, c’est cela? Oui, je pense même que si l’on peut se passer, dans une certaine mesure, du papa au quotidien, sa dimension symbolique, elle, demeure essen-tielle. Et c’est dans sa défaillance que s’organise le plus souvent la psy-chose. Nul ne saurait se passer d’une instance paternelle correspondant à une mosaïque d’images mêlant réel et imaginaire. Nul n’oublie jamais tout à fait le père-héros de l’enfance, ce père rêvé qui nous a transmis ses rêves de gloire. Vous avez cette belle expression du père qui «porte l’enfant-monde sur ses épaules.»Comme Atlas, le héros antique, oui. Il le hisse au-dessus des nuées, à la

hauteur des héros. C’est un marche-pied pour la gloire, «le plus fort du monde». Et c’est ainsi que l’enfant peut se construire: en idéalisant son père.

Même si, précisez-vous, il n’est jamais tout à fait dupe. Non, mais il sent qu’il a besoin de cet imaginaire pour grandir. Il a be-soin d’y croire. Tout comme le père accepte d’endosser pour son rôle cet habit qu’il sait trop grand pour lui.

Mais cela fonctionne-t-il avec n’importe quel père, même le plus mauvais ou le plus absent?Eh oui, c’est cela qui est éton-nant. Même le zéro pointé absolu est un héros total.

Et puis vient l’adolescence. Et là, patatras. Pour être libre, il faut déboulonner les idoles. Le père sert de punching-ball du doute. Et c’est une sacré pé-riode de doute, l’adolescence. Alors le jeune préfère douter de son père. C’est quand même plus commode. Il en fait l’origine, la cause de ses conduites à risque, de sa violence en-vers les autres ou envers lui-même. L’enfant, lui, cultive une sorte de pensée magique. La maman, prin-cesse toujours aimante et le père avec sa force mythique, autant d’élé-ments identificatoires sur lesquels il se construit. A l’adolescence, il n’en a plus besoin, il doit s’en libérer. La mère, elle, reste le contenant, le tout qui nous entoure.

D

Mon père, ce héros imparfait

« Notez qu’à l’adolescence, le jeune se trouve de toute

manière d’autres héros. Ce sont les posters qu’il

punaise dans sa chambre. Vous n’en trouverez aucun

qui affiche des photos de son père. »

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36 mois et plus

Le père et la mère. Deux rôles qui ne peuvent pas être confondus. Mais peuvent-ils être tenus par deux personnes du même sexe? Je suis pour l’adoption homoparen-tale. A une seule condition, c’est que ce ne soit pas seulement le couple, mais deux familles qui adoptent. Et cela vaut aussi pour l’adoption clas-sique. Mais trop souvent, tout comme le couple stérile, le couple homosexuel referme sur lui le désir d’enfant. Or ce désir là devrait au contraire naître de l’ouverture. Si le petit garçon adopté a une grand-mère, une tante, un grand-oncle, pourquoi pas, l’identification garçon-fille ne se fait pas de manière unilatérale. Il aura des images pour construire son identité et cela suffit. Cela mis à part, je reste convaincu que les homosexuels peuvent être d’excellents parents.

Et un père déjà âgé à la naissance? D’un côté, il aura des problèmes plus tôt. A la maternelle, les copains de son fils chuchoteront qu’il ressemble à un grand-papa. En même temps, il est possible que plus tard l’adolescent l’agresse moins qu’un père resté – ou qui se croit encore – tonique. Ils ne jouent plus dans la même catégorie. L’adolescence, pour le garçon, c’est l’affirmation qu’il est à égalité avec son père, qu’il n’a plus peur de lui.

Alors, est-il vraiment plus facile d’être père aujourd’hui? En tout cas les pères contemporains remplissent mieux leur rôle. Ils osent exprimer leur part féminine. Et ça, c’est génial, notamment avec les tout-petits. Ils sont plus démo-crates qu’avant. Par exemple dans le choix du métier par le fils. Et en même temps, ils manquent parfois de radicalité. Ils ne savent plus trop où mettre les limites. Mais c’est un peu le reproche de leurs progrès, ça.

Pas de papa copain, alors? Il faut arrêter de vouloir toujours sé-duire. Vous n’êtes pas là pour séduire vos garçons (ni vos filles, d’ailleurs.) Vous êtes là pour être leur père. Tout simplement. Si j’ose dire, parce c’est naturellement plus compliqué que d’être le papa idéalisé du petit gar-çon. Etre soi face au soi qui est en