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L a crise énergétique qui a frappé la planète au début 2008 n’est pas disparue. bien que dissimulée par la crise financière qui touche la planète depuis la fin de 2008, elle resurgira dès que l’économie

reprendra, nous rappelant que si le XXe siècle fut celui de l’énergie fossile abondante, la société du XXie siècle devra composer avec des énergies renouvelables si elle veut survivre. car, à moins d’être productrice de combustibles fossiles, elle devra s’étrangler économiquement pour seulement assurer ses besoins élémentaires en énergie.

Or, avec 50 % de son énergie provenant déjà de sources renouvelables, le Québec est particulièrement bien placé pour devenir la première grande économie à abandonner le pétrole et à atteindre l’indépendance énergétique. ce projet de société exaltant, mais réaliste, pourrait transformer le Québec en société phare de la planète, grâce à un recentrage du développement urbain et des transports en commun, mais aussi par l’adoption massive de la voiture hybride, la promotion de la géothermie et le développement à grande échelle de l’énergie éolienne.

écrit par normand Mousseau, professeur de physique à l’université de Montréal et auteur du livre Au bout du pétrole, tout ce que vous devez savoir sur la crise énergétique, ce livre explique pourquoi le Québec doit viser l’indépendance énergétique et comment il doit s’y prendre pour mener ce grand projet de société nécessaire écologiquement, mais aussi économiquement.

normand mousseau est professeur de physique à l’université de Montréal et chercheur de renommée internationale. il nourrit une grande passion pour la vulgarisation scientifique. il est l’auteur de plusieurs articles dans Québec Science et rédige le blogue de physique sur le site science, on blogue ! de l’agence science-presse depuis septembre 2005.

ISBN 978-2-89544-149-6

L’aveNir du québec Passe Par

l’indépendanceénergétique

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Avenir du Que�bec FINAL.indd 2 26/03/09 09:08:04

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Mousseau, Normand, 1966-

L’avenir du Québec passe par l’indépendance énergétique

Comprend des réf. bibliogr.

ISBN 978-2-89544-149-6

1. Politique énergétique – Québec (Province). 2. Énergies renouvelables – Québec (Province). 3. Économie énergétique – Québec (Province). 4. Ressources énergétiques – Aspect de l’environnement – Québec (Province). I. Titre.

HD9502.C33Q8 2009 333.7909714 C2009-940648-9


© Éditions MultiMondes, 2009 ISBN : 978-2-89544-149-6 Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2009 Dépôt légal – Bibliothèque et Archives Canada, 2009

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Les Éditions MultiMondes reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour leurs activités d’édition. elles remercient la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SoDeC) pour son aide à l’édition et à la promotion. elles remercient également le Conseil des Arts du Canada de l’aide accordée à son programme de publication.Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – gestion SoDeC.

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À ma mère, qui m’a toujours soutenu dans toutes mes aventures.


ix

Table des matières

AvAnt-propos ............................................................................... xiii

IntroduCtIon ................................................................................ 1

Le bilan énergétique mondial .................................................... 3

La crise du pétrole ..................................................................... 4

À la recherche de l’indépendance énergétique ........................ 6

Jeter les bases d’un débat national ........................................... 8

Chapitre 1 pAnorAmA CAnAdIen .................................................................11

un grand consommateur ......................................................... 13

Les sources d’énergie ............................................................... 15

Le pétrole .............................................................................. 16

Le gaz naturel ...................................................................... 20

La production d’électricité .................................................... 25

un scénario catastrophe pas si irréaliste ............................... 26

L’avenir énergétique du Canada .............................................. 28

Chapitre 2 un pAys éClAté : les CAs de l’AlBertA, de l’ontArIo et du QuéBeC ................................................................................29

L’exemple albertain .................................................................. 29

La spécificité ontarienne ......................................................... 31

Le cas du Québec ..................................................................... 34

Le choix hydraulique ............................................................... 35

L’énergie éolienne ..................................................................... 39

Bilan de la situation actuelle ................................................... 40

une stratégie spécifiquement québécoise .............................. 41

Le chacun-pour-soi continue ................................................... 44



x

Chapitre 3 le pétrole, tout sImplement pArfAIt ! ............................47

Le pétrole, source d’énergie .................................................... 47

Le pétrole carburant ................................................................ 51

La matière première de l’industrie chimique ......................... 56

Plus vert que l’on pense .......................................................... 58

Chapitre 4 le mythe de lA voIture éleCtrIQue ................................. 61

Le stockage de l’énergie ........................................................... 62

Les autres solutions ................................................................. 66

Les biocarburants ..................................................................... 67

Les améliorations techniques des moteurs ............................ 68

La fin des grandes orgues de foire ......................................... 70

La voiture hybride .................................................................... 70

La voiture du futur proche ...................................................... 72

Chapitre 5 lA solutIon mIrACle n’exIste pAs ...................................... 75

Le tout-technologique : le mirage apaisant ............................. 76

Comment fonctionne le développement technologique ....... 78

Les solutions non technologiques .......................................... 82

Changer nos habitudes ............................................................ 85

Prendre le contrôle .................................................................. 88

Chapitre 6 QuelQues éléments de solutIon : éConomIe d’énergIe, trAnsport en Commun et éleCtrICIté propre ............ 91

Les économies d’énergie .......................................................... 91

Le secteur résidentiel ............................................................ 94

Le secteur commercial ......................................................... 99

Le secteur industriel ........................................................... 100

Le transport ............................................................................ 101

Se déplacer dans les banlieues ............................................. 102


Table des matières

xi

Le transport en ville ............................................................... 105

Le transport en commun ................................................... 106

Le transport actif ................................................................ 108

Les régions rurales et les régions éloignées ........................ 109

Le transport interurbain ........................................................ 110

L’électricité .............................................................................. 111

Pas d’éolienne dans ma cour ............................................. 115

Tout est en place. ................................................................... 117

Chapitre 7 QuelQues sCénArIos pour fAIre fACe à lA CrIse ........ 119

L’autarcie ................................................................................. 120

Premier scénario : la continuité ......................................... 120

Deuxième scénario : le minimum ....................................... 122

Troisième scénario : l’indépendance énergétique .............. 124

un Québec au cœur de l’Amérique du Nord ........................ 126

Quatrième scénario : l’environnement ............................... 127

Cinquième scénario : le Grand Plan ................................... 129

Quel scénario choisir ? ........................................................... 131

Chapitre 8 AtteIndre l’IndépendAnCe énergétIQue ....................... 133

Le plan énergétique du Québec ............................................ 133

une proposition de stratégie réaliste ................................... 137

Le soutien à la recherche-développement (R&D) ............... 138

La mise en place de cibles réalistes, mais ambitieuses ..... 139

L’efficacité énergétique ....................................................... 140

Le développement de la filière éolienne et de la filière énergétique ................................................. 140

Un plan de transport intégré, marche, vélo, transports en commun et transports individuels ............................... 143

La révision des plans d’aménagement du territoire ......... 144

La conversion des combustibles fossiles aux sources d’énergie renouvelable ....................................................... 145



xii

Le développement de l’utilisation de la biomasse ............. 145

Un plan de formation d’une main-d’œuvre qualifiée ....... 146

Qui doit mener le plan? ......................................................... 146

Comment vendre le plan aux Québécois ? ........................... 147

Chapitre 9 un projet vIABle ou le physICIen et l’éConomIste ... 149

L’économie néolibérale et l’indépendance énergétique ....... 150

et si ce scénario n’avait pas une fin heureuse? ................... 153

Quand le salaire n’est pas proportionnel à la compétence ................................................................ 155

Redonner le contrôle aux citoyens ....................................... 157

Les changements prennent du temps .................................. 159

Quel modèle adopter? ........................................................... 160

ConClusIon ................................................................................ 163

liste des figures

Figure 2.1 Évolution de la consommation énergétique au Québec .................................................................. 38

Figure 3.1 Rendement énergétique de divers combustibles .... 52

Figure 3.2 Transformation de l’éthylène ................................... 57

liste des tableaux

Tableau A Contribution des diverses sources d’énergie pour quelques pays (en pourcentage de la consommation totale d’énergie de chaque pays) ............................... 3

Tableau 1.1 Évolution des niveaux de consommation canadienne de diverses sources d’énergie secondaire entre 1990 et 2005 ................................ 12

Tableau 1.2 État des réserves de pétrole, de gaz naturel et de charbon dans le monde et en Amérique du Nord ..................................................................... 15

Tableau 3.1 Quelques usages du pétrole ..................................... 48

Tableau 6.1 Consommation finale d’énergie par secteur ........... 93


xiii

Avant-propos

Ce livre est en quelque sorte la suite de mon premier, Au bout du pétrole, tout ce que vous devez savoir sur la crise énergétique,

paru il y a un an. Il n’était pas prévu, pourtant. Physicien, j’avais d’abord voulu offrir une analyse indépendante, basée sur les faits géologiques, de l’avenir des hydrocarbures fossiles que sont le pétrole, le gaz naturel et le charbon, en me tenant loin des spécu-lateurs et des fluctuations, rarement compréhensibles, du prix de l’essence à la pompe. une fois mon livre publié, je comptais bien retourner à mes recherches et à mes activités de vulgarisation scientifique sur des sujets plus traditionnels.

Au cours des mois qui suivirent la publication de Au bout du pétrole, j’ai découvert qu’il y avait un grand intérêt dans la population pour la question énergétique. Pour la plupart des gens, toutefois, mon analyse du problème ne suffisait pas ; on voulait avant tout savoir ce qui doit être fait pour éviter la crise énergétique qui nous attend au détour. Je me suis aperçu que je ne pouvais répondre à cette question correctement sans faire une analyse sérieuse du problème. Ce livre est le résultat de ces recherches. Il montre que, pour le Québec, la meilleure façon de se préparer à affronter la crise énergétique dont on a vu les premiers signes entre 2005 et 2008, est de viser l’indépendance énergétique. Il n’y a pas de recette toute faite pour y parvenir et chaque pays, chaque société qui le souhaite devra élaborer une stratégie qui tienne compte de ses ressources et de ses besoins, mais aussi de ses valeurs et de son héritage culturel. Ce qui est bon pour le Québec ne l’est pas nécessairement pour l’ontario, pour l’Alberta, pour le Nouveau-Brunswick ou pour les États-unis. L’inverse est aussi vrai : il est impossible d’importer une solution toute faite d’un pays plus visionnaire que le nôtre. Cette observation va au-delà de l’analyse technologique pour toucher directement à l’économie. elle implique que la seule façon de



xiv

travailler à l’intérieur des contraintes énergétiques imposées par la géologie et la physique est d’abandonner le modèle unique soutenu par l’idéologie néolibérale en faveur d’un modèle économique flexible qui allie à la fois interventionnisme de l’État et capitalisme pur.

Nul besoin de recherches approfondies, cependant, pour se con vaincre que le Québec est particulièrement bien placé, au niveau mondial, pour faire face à la crise énergétique. Notre province est déjà l’un des États les plus verts au monde : près de 50 % de l’éner-gie consommée sur son territoire est d’origine renou velable ! Cette proportion est beaucoup importante que dans les pays comme le Danemark ou l’Allemagne, qu’on nous propose pourtant régulière-ment comme modèle. en n’utilisant que des technologies disponibles aujourd’hui pour la production d’énergie propre – ce qui ne veut pas dire qu’on doive se contenter des investissements actuels en recherche et développement dans le domaine des énergies alternatives –, le Québec pourrait se sevrer presque complètement de sa dépendance aux hydrocarbures en 10 à 15 ans, et ce, sans difficulté majeure. Il ne manque qu’une direction politique claire et forte pour que la province s’engage résolument sur la voie de l’autosuffisance énergétique. une direction qui saurait poser le problème correctement tout en engageant une conversation à grande échelle avec la population québécoise sur le sujet. Car l’indépen-dance énergétique peut se faire de multiples façons et personne ne détient LA solution, Le plan qui fera entrer le Québec de plain-pied dans le xxie siècle.

C’est pourquoi ce livre n’est pas un guide pratique décrivant les procédures à suivre, étape par étape, pour parvenir à l’autosuffisance énergétique. Je présente, bien sûr, plusieurs scénarios possibles pour faire face à la crise qui s’annonce. J’identifie également certaines technologies qui m’apparaissent particulièrement appropriées pour relever ce défi. on ne trouvera pas, par contre, une liste exhaustive de toutes les technologies vertes disponibles sur le marché. Chaque semaine, ou presque, on annonce le développement de nouvelles approches écologiques qui promettent de révolutionner le monde de l’énergie. Après analyse, on découvre généralement que la plupart de ces inventions n’auront qu’un impact mineur sur la consom-mation énergétique globale. Même si la technologie annoncée est


Avant-propos

xv

crédible, le passage du prototype à la production industrielle, généralement parsemé d’embûches impossibles à prévoir, n’est jamais assuré. C’est pourquoi je ne mets l’accent ici que sur des technologies abor dables et compétitives aujourd’hui même. Ce qui explique, par exemple, que je ne discute pas du solaire photo-voltaïque, une source d’énergie alternative emballante, mais dont le déploiement reste encore très coûteux. Si on ne doit pas rejeter les solutions prometteuses qui ne sont pas encore au point, je pense qu’il faut, dans un premier temps, miser sur les technologies déjà disponibles et établies tout en procédant à l’évaluation des habitudes de consommation les plus susceptibles de modifier le bilan énergétique du Québec. Tout ce qu’on pourra récupérer en surplus par de nouvelles technologies ou des changements sociaux imprévus pourra alors être considéré comme une prime.

Ce livre tente donc d’établir les faits et d’identifier certaines des transformations technologiques et sociales qui devraient faire partie d’un plan visant à atteindre l’indépendance énergétique, sans pour autant choisir la combinaison à adopter. C’est à la société dans son ensemble – guidée, comme il se doit, par des politiciens visionnaires – que revient la tâche d’élaborer un plan précis qui respecte les limites qu’elle s’est données.

Le Québec souffre de plusieurs maux : santé, éducation, vieillis-sement de la population, corruption de notre classe politique, etc. Pourquoi, au lieu de s’y attaquer, devrait-on soutenir un projet de société, un Grand Plan, qui vise l’indépendance énergétique ? La réponse est simple : pour nous donner à nous-mêmes et à nos descendants, les outils nécessaires pour faire du Québec la société dont nous rêvons. L’énergie, les Américains l’ont compris il y a plus d’un siècle, est un élément clé du développement économique et de la sécurité nationale. La hausse des prix du pétrole a fait passer la balance commerciale du Québec dans le rouge en 2007. Les Québécois se sont vus forcés de jeter, presque littéralement, leur argent au feu pour se déplacer et se chauffer, dépensant trois fois plus qu’en 2002 pour la même énergie. Ces dollars supplémentaires sortis de l’économie n’ont généré aucune croissance additionnelle, contribuant plutôt à appauvrir notre province, une situation qui se répétera de manière bien plus marquée lorsque la fin de la récession



xvi

nous replongera dans la crise du pétrole. en visant l’indépendance énergétique, le Québec se donnera les outils pour s’affranchir des fluctuations mondiales des prix de l’énergie et de leur poids sur son économie. Il pourra même béné ficier de la crise s’il relève le pari de devenir un grand producteur d’énergie propre. La mise en place d’un tel projet servira, de plus, à développer un savoir-faire unique et à inventer des modèles de gestion et de développement ainsi que de nouvelles technologies qui redonneront le goût du risque à une société sclérosée par une série de crises financières et politiques et par des dirigeants sans envergure.

Pour autant, ce livre n’est pas un manifeste politique mais une analyse rationnelle du défi énergétique auquel nous faisons face et des moyens dont nous disposons pour le relever. Je cible avant tout les moyens d’atteindre l’indépendance énergétique dans un contexte de pénurie annoncée. Ce faisant, j’ignore complètement, par exemple, la question des profits démesurés des pétrolières et des spéculateurs. Profits qui ne manqueront pas d’exploser avec le retour de la crise énergétique. Ça ne veut pas dire que j’excuse cet appât du gain démesuré, bien au contraire. Puisque, comme société, nous n’avons jamais trouvé le courage d’attaquer de fronts ces vautours, le projet que je propose ici y parvient par la bande, en prônant une voie visant à nous défaire de notre consommation de combustibles fossiles et à entrer volontairement dans l’ère de l’après-pétrole.

Si je suis le seul responsable du contenu final de ce livre, celui-ci doit beaucoup à ma famille, à mes amis, à mes collègues au Département de physique de l’université de Montréal ainsi qu’aux étudiants et stagiaires postdoctoraux qui travaillent sous ma supervision. Ceux-ci m’ont accordé le soutien nécessaire pour me permettre d’écrire tout en continuant à poursuivre mes activités d’enseignement et de recherche. Je tiens tout particulièrement à remercier Charles Blattberg, Isabelle Lacasse, ainsi que Maria et Téodor Vérès pour leurs nombreux encouragements, de même que Luce Prévost et Stéphane Carré pour une lecture attentive de mon manuscrit et des commentaires pertinents bien que toujours amicaux. Ce livre bénéficie également de l’apport intellectuel de


Avant-propos

xvii

nombreux lecteurs, chercheurs et auteurs avec qui j’ai eu le plaisir de discuter depuis un an. Parmi ceux-ci, je désire mentionner plus particulièrement Pierre Couture, Pierre Langlois, Gaétan Lafrance, Hervé Philippe, Jean Provencher, Réal Reid et Bernard Saulnier qui m’ont éclairé sur de nombreux sujets. Je tiens aussi à souligner le travail exceptionnel et le soutien constant de Ginette Beaulieu, attachée de presse aux Éditions MultiMondes et maintenant amie, qui m’a permis de déborder du monde du livre et de prendre pied dans l’univers médiatique de la presse écrite, de la radio et de la télévision. Finalement, je voudrais exprimer ma plus profonde gratitude à mes éditeurs, Jean-Marc Gagnon et Lise Morin, pour leur promotion incessante des beautés de la science et des grands débats sociaux qu’elle suscite et éclaire. Grâce à eux, les Éditions MultiMondes occupent un créneau unique et essentiel au Québec. Je leur sais gré de m’avoir accordé leur confiance en acceptant de publier mon premier livre, Au bout du pétrole, une confiance qui s’est doublée d’un soutien indéfectible dans la publication du présent volume.


1

Introduction

Le marché de l’énergie nous a fait connaître des émotions fortes depuis cinq ans. Alors que les années 1990 promettaient un monde

dominé par une économie nouvelle, basée sur le virtuel, la réalité a fini par reprendre le dessus. Le non-événement du bogue de l’an 2000 s’accompagna d’une chute brutale des entreprises « dot-com » et d’un retour vers des valeurs plus tangibles telles que l’immo bilier et l’énergie, ce qui permit de relancer rapidement l’économie à l’échelle de la planète. Cette croissance mondiale causa une augmentation significative de la demande pour les matières premières y compris, bien sûr, pour le pétrole. Les prix de celles-ci montèrent en flèche pour atteindre des sommets historiques dans la première moitié de 2008 avant de s’effondrer lorsque la crise du papier commercial, causée par la bulle immobilière, se transforma en crise financière puis en récession. L’optimisme s’évapora aussi rapide ment que les centaines de milliards de dollars investis dans les banques par les gouvernements, nous laissant – citoyens-contribuables que nous sommes – pantois et à bout de souffle, ne sachant trop à quoi nous attendre après les montagnes russes des dernières années.

Ces bouleversements économiques se sont déroulés sur un fond de tempête environnementale. La climatologie a bien avancé depuis 30 ans et le réchauffement climatique est maintenant un fait accepté par la majorité des spécialistes et du grand public ; tous s’entendent, ou presque, pour reconnaître que la cause prin cipale de ce phénomène est la production de gaz à effet de serre associée aux activités humaines. on s’entend aussi sur ce qu’il y a à faire : diminuer ces émissions de manière draconienne. Malheu reu sement, les bonnes intentions promulguées par les signataires du Protocole de Kyoto en 1998 furent diluées par le temps et, à mesure qu’approchait la date de sa mise en application, les volontés se mirent à fléchir allant, dans le cas du Canada, jusqu’au reniement de son engagement.



2

Alors que tous les modèles indiquent que le réchauffement de la planète s’accélère, les Terriens baissent les bras et s’avouent vaincus. Presque aucun pays n’a vraiment réussi à prendre le tournant vert pour le bénéfice des générations à venir, démontrant que le nombril de chacun demeure la préoccupation principale des citoyens même dans les sociétés les plus avancées ; la catastrophe annoncée semble peser bien peu en comparaison avec l’inconfort au jour le jour des mesures qu’il faudrait mettre en place.

La crise pétrolière du début 2008 a rappelé à l’opinion publique que l’énergie et le réchauffement planétaire sont liés, relançant, de manière tout à fait inattendue, le débat sur les énergies alternatives et les gaz à effet de serre. Mêlant allégrement des concepts et des idées disparates, on en vint toutefois à confondre complètement ces deux crises. Au Canada, le parti libéral fédéral, sous la direction de Stéphane Dion, décida que la colère des citoyens, échaudés par un prix du pétrole à plus de 100 $ le baril, couplée à une économie en ébullition formaient une base assez solide pour soutenir un plan environnemental complexe ramenant le réchauffement planétaire au centre du débat politique. Mais les bons sentiments ne survécurent pas à la crise financière de l’été qui vit le baril de pétrole perdre 100 $ en quelques semaines. La question énergétique ne fut même pas discutée lors des élections provinciales et fédérales de l’automne 2008. Pour nos politiciens, ce problème n’existait plus.

C’est seulement avec l’arrivée en poste du président américain, Barack obama, que nos gouvernements se remirent à discuter du dossier de l’énergie. Faisant preuve d’une mémoire à plus long terme que nos politiciens, le candidat démocrate a gardé le cap durant toute la campagne présidentielle, répétant sans relâche que les États-unis devaient miser sur une énergie propre et renouvelable s’ils désiraient diminuer leur dépendance au pétrole étranger. À lui seul, le président américain remit la question énergétique à l’ordre du jour nord-américain, forçant les gouvernements de Stephen Harper et de Jean Charest à réagir, l’un pour sauver l’industrie des sables bitumineux, l’autre pour justifier l’accélération des projets de construction de barrages hydroélectriques. Pour autant, ni ottawa, ni Québec n’ont même commencé à discuter la mise en place d’un plan énergétique intégré qui tiendrait compte de toutes les facettes de la


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L a crise énergétique qui a frappé la planète au début 2008 n’est pas disparue. bien que dissimulée par la crise financière qui touche la planète depuis la fin de 2008, elle resurgira dès que l’économie

reprendra, nous rappelant que si le XXe siècle fut celui de l’énergie fossile abondante, la société du XXie siècle devra composer avec des énergies renouvelables si elle veut survivre. car, à moins d’être productrice de combustibles fossiles, elle devra s’étrangler économiquement pour seulement assurer ses besoins élémentaires en énergie.

Or, avec 50 % de son énergie provenant déjà de sources renouvelables, le Québec est particulièrement bien placé pour devenir la première grande économie à abandonner le pétrole et à atteindre l’indépendance énergétique. ce projet de société exaltant, mais réaliste, pourrait transformer le Québec en société phare de la planète, grâce à un recentrage du développement urbain et des transports en commun, mais aussi par l’adoption massive de la voiture hybride, la promotion de la géothermie et le développement à grande échelle de l’énergie éolienne.

écrit par normand Mousseau, professeur de physique à l’université de Montréal et auteur du livre Au bout du pétrole, tout ce que vous devez savoir sur la crise énergétique, ce livre explique pourquoi le Québec doit viser l’indépendance énergétique et comment il doit s’y prendre pour mener ce grand projet de société nécessaire écologiquement, mais aussi économiquement.

normand mousseau est professeur de physique à l’université de Montréal et chercheur de renommée internationale. il nourrit une grande passion pour la vulgarisation scientifique. il est l’auteur de plusieurs articles dans Québec Science et rédige le blogue de physique sur le site science, on blogue ! de l’agence science-presse depuis septembre 2005.

ISBN 978-2-89544-149-6

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l’indépendanceénergétique

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