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Ministère de la culture et de la communication 3, rue de Valois 75033 Paris Cedex 01 www.culture.gouv.fr www.culture.fr LA LETTRE D’INFORMATION Ministère de la culture et de la communication N° 138 - mensuel - juin 2006 ISSN 1255 - 6270 LE MUSÉE DU QUAI BRANLY, PREMIER MUSÉE DU XXI e SIÈCLE DERNIERS PRÉPARATIFS POUR LE CENTRE NATIONAL DU COSTUME DE SCÈNE DE MOULINS

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Ministère de la culture et de la communication

3, rue de Valois75033 Paris Cedex 01

www.culture.gouv.frwww.culture.fr

LA LET TRED’INFORMATIONMinistère de la cultureet de la communication

N° 138 - mensuel - juin 2006

ISSN 1255 - 6270

LE MUSÉE DU QUAI BRANLY,PREMIER MUSÉE DU XXIe SIÈCLE

DERNIERS PRÉPARATIFS POUR LE CENTRE NATIONAL DU COSTUME DE SCÈNE DE MOULINS

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2/Actualité

LETTRE D’INFORMATIONMINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION30 janvier 2001

Directeur de la publication : Henri Paul Rédacteur en chef : Paul-Henri DoroComité de rédaction : Jacques Bordet, Emmanuel Boutier, Manuel Candré, Marc-Antoine Chaumien, Robert Fohr, Pierre Fournié, Xavier Froment, Nicole Gasser, Marie-Christine Hergott, Vincent Lorenzini,Sylvie Perruchon et Astrid RocheConception graphique : Jeanne VerdouxMaquettiste : Emmanuel Boutier Impression : PLB CommunicationN° de commission paritaire : 1290 AD, nouvelle sérieTirage : 35 000 exemplaires 0,30 s le numéro Pour recevoir la lettre d’information :Adresser une demande écrite au DIC, ministère de la culture et de la communication3, rue de Valois, 75033 Paris Cedex 01 Fax : 01 40 15 81 72 internet : http://www.culture.gouv.fr

Dossier

SOMMAIRE

Dossier Page 7Le musée du Quai Branly, le premier musée du XXIe siècle

Actualité Page 4Derniers préparatifs pour le Centre national du costumede scène de Moulins

Page 6La France a signé un accord sur le patrimoine de l’Europe

Page 11Les Editions du patrimoinefêtent leurs dix ans

Page 12Un rapport se penche sur lesressources du spectacle vivant

Page 15Deux décors de Prud’honentrent au Louvre

PortraitPage 16Emmanuel Hoog : « Un rendez-vous historique entre l’INA et legrand public »

En couverture : sculpture zoomorphe namau,Papouasie-Nouvelle-Guinée, © musée duquai Branly / P. Gries / B. Descoings

La bataille pour l’emploiculturel, la valorisationdes richesses de notrepatrimoine et un soutienconstant apporté à lavitalité de la créationen France constituentquelques uns desterrains d’élection del’action du ministère dela culture et de la com-munication. Panorama.

1/ La culture et la communicationau cœur de la bataille pourl’emploi» En renouant le dialogue avec tous les partenaires, en menantune politique dynamique de l’emploi culturel, en accompagnantet en favorisant une vraie négociation entre les partenaires sociauxsur les conventions collectives, ainsi que sur le régime spécifiqued’assurance chômage des artistes et des techniciens du spectaclevivant du cinéma et de l’audiovisuel, et en mettant en place unfonds transitoire qui a permis de réintégrer dans leurs droits prèsde 25 000 allocataires, en annonçant que la solidarité nationalecomplèterait la solidarité interprofessionnelle, le Gouvernementa prouvé sa détermination à placer l’emploi culturel au cœur deses priorités. » L’examen par le Parlement du projet de loi relatifau droit d’auteur et aux droits voisins dans la société de l’infor-mation participe de cette reconnaissance du travail et de la ré-munération des créateurs, des auteurs, des artistes et des techni-ciens qui sont des acteurs essentiels de notre rayonnement culturel.» Grâce à la mise en œuvre des crédits d’impôts en faveur ducinéma et de l’audiovisuel et du soutien de l’Etat en complémentde celui des régions, des dizaines de milliers d’heures de tournageset quelque 3 000 emplois ont été créés ou préservés en France. Laproduction cinématographique et audiovisuelle n’a jamais été aussiflorissante dans notre pays, comme l’illustre le nombre de filmsréalisés, et le succès du cinéma français qui, pour la première fois,a rassemblé plus de spectateurs à l’étranger qu’en France.

Le 20 octobre 2005, la conférence générale de l’Unesco a adopté à la quasi unanimité la convention internationale sur la diversité culturelle.Décembre 2005, signature par le Premier Ministre, au nom de l’Etat, de laconvention avec TF1 et France Télévisions, créant la nouvelle chaîne françaised’information internationale, qui entre dans sa phase de lancement opération-nelle en 2006.Le 22 mars 2006, l’Union européenne a validé le dispositif français de soutien au cinéma et à l’audiovisuel, lui donnant ainsi stabilité et pérennité.Mai 2006, pus de 50 % de la population française est couverte par la TélévisionNumérique Terrestre. Dans le domaine de la communication, l’événement qui a bouleversé le quoditien des Français est en effet le lancement et l’extensionréussis de la Télévision Numérique pour Tous sur une grande partie du territoirefrançais. Aujourd’hui, deux millions de foyers disposent ainsi de 18 chaînes gratuites et 85 % de nos concitoyens pourront y avoir accès dès le printempsprochain, grâce à un maillage de 110 émetteurs.

RÉUSSIR L’ALLIANCE DU PATRIMOINE ET DE LA CRÉATION Une année d’actions au service de la culture et de la communication

© Didier Plowy

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2/ Le Gouvernement a mené uneffort exceptionnel en faveur de lavalorisation de notre patrimoine

» Publication, le 20 juillet 2005,des quatre décrets d’applicationpermettant de mettre en œuvrela loi de décentralisation du13 août 2004 dans le domaine dupatrimoine. » L’Etat remet, le28 mars 2006, près de 3000œuvres d’art et de biens culturelsà plus de 250 collectivités (cesdépôts de l’Etat sont des collec-tions de tout type, aussi bien despeintures et des sculptures quedes objets d’art et d’archéologie).

Ce transfert s’inscrit dans le cadre de la politique de décentrali-sation culturelle dynamique relayée notamment par les prochainesouvertures du centre Pompidou à Metz et d’une antenne du Louvreà Lens. » Modernisation et simplification du droit et des procé-dures dans le domaine du patrimoine : tel est l’objet des ordon-nances du 28 juillet 2005 sur les secteurs sauvegardés, du 26 août2005 sur les espaces protégés et du 8 septembre 2005 sur les mo-numents historiques. » Rentrée universitaire 2005 : mise en œuvrede la réforme de l’enseignement de l’architecture et création d’unefilière licence / master / doctorat dans cette discipline.

Lancement de nouveaux projets dans le domaine du patrimoine :

13 juillet 2005, Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la culture et de la communication installe le comité de pilotage de la bibliothèque numériqueeuropéenne,initiative du Président de la République, qui permettra de rendre accessible à tous notre immense patrimoine écrit sur Internet.26 juillet 2005, annonce par le Président de la République du projet desarchitectes Rudy Ricciotti et Mario Bellini, lauréats du département des arts de l’Islam du Louvre. 26 septembre 2005, choix par le conseil régional du Nord-Pas-de-Calais du cabinet d’architecture japonais Sanaa pour la réalisation de l’antenne du muséedu Louvre à Lens.Janvier 2006, lancement par le Premier Ministre, à Strasbourg, du nouveau projetde label européen du patrimoine. 27 avril 2006, lancement du site de l’institut national de l’audiovisuel,ina.fr, permettant de rendre accessible en ligne une grande partie de notre patrimoineaudiovisuel et télévisuel.

Ouverture de nouveaux lieux emblématiques de la richesse de notrepatrimoine :Réouverture au public du Grand Palais, entièrement restauré, après10 ans de fermeture et de travaux, à l’occasion des 22e Journéeseuropéennes du patrimoine : plus d’un demi-million de visiteursdu 17 septembre 2005 au 2 octobre 2005 : le Grand Palais hébergedésormais de grandes manifestations culturelles (jours de fêtes auGrand Palais, FIAC, Biennale des Antiquaires).

28 septembre 2005, ouverture de la Cinémathèque française dans ses nouveauxlocaux, au 51 rue de Bercy.4 mars 2006, réouverture du musée Granet d’Aix-en-Provence, après un chantierde près de dix ans, à l’occasion de l’exposition Cézanne en Provence, dans le cadre

3/ L’action de l’Etat au service de la vitalité de la création en France

» Parce que notre patrimoine s’enri-chit sans cesse des créations contem-poraines qui l’ouvrent sur l’avenir, parceque, comme l’a souligné le PremierMinistre dans son discours prononcéà la FIAC, le 10 octobre dernier, « unpays qui crée va de l’avant, s’adresse à sontemps et au reste du monde », le Gou-vernement a donné des impulsionsnouvelles pour stimuler dans tous lesdomaines le dynamisme de la créationartistique et culturelle.

Juillet 2005, relance de la commande publique (communication du ministre de laculture et de la communication en conseil des ministres), qui concerne les artsplastiques, mais aussi l’urbanisme, l’architecture paysagère, le design, legraphisme, les métiers d’art, la musique.Octobre 2005, annonce de mesures nouvelles permettant, en 2006, de mieuxaccompagner les artistes et les compagnies indépendantes dans le domaine duthéâtre, de la danse, et de la musique (doublement du plancher de l’aide à la production dramatique, de 10 000 euros à 20 000 euros pour la création d’uneœuvre nouvelle, en particulier celle d’un auteur vivant ; création et nouvelle aideà la maquette pour les compagnies ou les artistes indépendants ; valorisation des projets individuels et du compagnonnage).Février 2006, lancement des nouveaux albums des jeunes architectes etpaysagistes.10 mai-25 juin 2006, exposition « La force de l’art » au Grand Palais.

» Toutes ces mesures permettent à l’Etat de mieux identifier et devaloriser les jeunes talents dans tous les domaines de la culture.

10 octobre 2005, annonce par le Premier Ministre de mesures fiscales nouvelles en faveur des jeunes créateurs : abattement de 50% sur les revenus tirés de lavente de leurs œuvres pour les cinq premières années de déclaration, extension de la notion fiscale d’œuvres d’art aux nouveaux supports artistiques, admissiondes œuvres d’artistes vivants en dation.10 novembre 2005, installation du conseil d’experts chargé d’étudier l’aménagement de l’île Séguin et notamment le centre européen de la créationcontemporaine annoncé par le Premier Ministre le 10 octobre 2005.

» L’Etat est aussi intervenu pour soutenir les formes les plus innovantes de la création audiovisuelle et numérique.

Novembre 2005, création du fonds d’aide à l’innovation audiovisuelle, doté par le CNC de 4 millions d’euros, pour favoriser la qualité et le renouvellement des programmes audiovisuels.

Lancement de l’étude sur la création d’un fonds de soutien auxjeux vidéos.

de l’année Cézanne, ouverte par le ministre de la culture et de la communication.2 mai 2006, inauguration du musée national de l’Orangerie, après six ans de travaux, et nouvelle présentation au public des Nymphéas de Claude Monet, àl’occasion de la Nuit des musées, le 17 mai 2006.9 mai 2006, inauguration de la Force de l’Art au Grand Palais, première triennaleconsacrée aux artistes contemporains travaillant en France.Juin 2006, ouverture du musée du Quai Branly, institution sans équivalent sur lesarts et les civilisations du monde pour le patrimoine, la recherche.

© DIC/MCC

© D.R.

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4/Actualité

LETTRE D’INFORMATIONMINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATIONjuin 2006

InaugurationDERNIERS PRÉPARATIFS AVANTL’OUVERTURE DU CENTRE NATIONALDU COSTUME DE SCÈNE À MOULINS

Installé à Moulins(Allier), le Centrenational du costume de scène et de lascénographie (CNCS) va être inauguré débutjuillet. L’occasion pourla Lettre d’informationde revenir sur ce nouveléquipement quipermettra de mettre envaleur les plus beauxcostumes et élémentsde scénographie del’Opéra national deParis, de la Comédie -Française et de laBibliothèque nationalede France.

Après une longue gestation dedouze années, le Centre natio-nal du costume de scène(CNCS) va ouvrir ses portes aupublic le 1er juillet. Rassemblantdes collections uniques aumonde, qui comprennent no-tamment les somptueux cos-tumes de l’Opéra national deParis, une partie de ceux de laComédie-Française et de ceuxconservés par la Bibliothèquenationale de France, cette nou-velle institution, située à Mou-lins, en Auvergne, fait d’ores etdéjà figure de « pionnier », selonMartine Kahane, sa directrice.A double titre. Il s’agit du « pre-mier centre au monde dédié au costume de scène » et l’un des

« grands projets régionaux du mi-nistère de la culture ».

Le costume de scène commeobjet artistiqueRemontons le temps. « Pendantlongtemps, la conservation du cos-tume de scène n’a pas été de mise,explique Martine Kahane. Puis,les choses ont lentement évoluégrâce entre autre à une prise deconscience de l ’importance du pa-trimoine scénique et aussi au dé-veloppement des musées de la mode,notamment en France. C’est surcette toile de fond que le CNCS aété élaboré ». Il est né d’un par-tenariat fort entre l’Opéra na-tional de Paris, la Comédie-Française et la Bibliothèquenationale. « Ce sont les trois ins-titutions fondatrices », précise-t-elle. Elles décident, à l’initiativede l’Etat, selon une dynamiqueimpulsée par le ministère de laculture (direction de la musique,de la danse, du théâtre et desspectacles), et avec le soutien descollectivités territoriales, de

confier leurs fonds respectifs, entout ou en partie, à un centrespécialement dédié au costumede scène. Le costume de scènedevient un objet artistique àpart entière, dont la conserva-tion est assurée, qu’on peut ainsiétudier et exposer. Il faut biensûr, et c’est là qu’intervient l’ori-ginalité du projet de Moulins,essayer d’évoquer le contextedans lequel il a été produit, lescostumiers qui l’ont dessiné, lesateliers qui l’ont fabriqué, les ar-tistes qui l’ont porté, toutcomme les spécificités liées à sanature, le textile, la coupe, l’or-nement... En somme, il s’agit defaire resurgir la magie de cet art,le spectacle, qu’on disaitéphémère et dont on s’aperçoit,soudain, qu’il ne l’est pas tantque cela, en prenant commeappui le travail des artistes et desartisans de la scène. La média-thèque, le centre de formation,l’auditorium de cent places quifont partie du CNCS seront lesoutils nécessaires à ce travail de

pédagogie.Conserver, valoriser et trans-mettreSous la vigilance de ces institu-tions fondatrices, le CNCSbénéficie, en la personne deMartine Kahane, qui a notam-ment dirigé la bibliothèque-musée ainsi que le service cul-turel de l’Opéra de Paris, d’unedirectrice rompue aussi bien à larigueur de la conservation qu’àla souplesse de la valorisationdes fonds et de la pédagogie.« Car tous ces projets sont liés »,insiste-t-elle. Et d’en apporterla preuve avec, comme exemple,la première exposition, consa-crée aux Bêtes de scène, qui doitouvrir courant juillet. « La ques-tion de la représentation de l ’ani-mal à la scène, souligne-t-elle,ouvre toute une série de problé-matiques - esthétique et pratique,comment traite-t-on au théâtre lepoil et la plume ? - relevant de laconvention théâtrale et du jeu del’acteur, suffit-il de quelques plumespour devenir cygne pendant

© D.R.

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5/Actualité

LETTRE D’INFORMATIONMINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATIONjuin 2006

quelques heures ? - technique : com-ment conserver les matériaux composites qui sont fréquents dansles costumes de scène ? Ce sera le rôle du centre de restaurationtextile qui est un des équipementsdu CNCS » qui s’attachera éga-lement à « mettre en avant le rôlefondamental des ateliers de cos-tume, qu’ils soient liés à un théâtreou privés ». Quant à la présen-tation des costumes, « il n’y aurapas d ’exposition permanente,prévient-elle, mais des expositionstemporaires en permanence ».Pourquoi ? « Pour des raisons évidentes de conservation despièces, qui sont fragiles et commetout élément textile ne peuvent êtreexposées pendant de longuesdurées ».

Les liaisons fatalesSe pose alors la question du public attendu à Moulins. Legrand public est-il amateur decostumes ? « Certainement, sou-venez vous du succès remporté parl’exposition de costumes que nous

BUDGET DU CNCSEtat : 80 % / Collectivités locales : 20 % / Sur les 22,4 Ms de l’opé-ration de réhabilitation architecturale du corps principal par FrançoisVoinchet et la construction d’un bâtiment neuf par J.M. Wilmotte,18 Ms ont été pris en charge par le ministère de la culture et de lacommunication. Structure associative pour sa préfiguration, leCentre national du costume de scène devrait prochainement devenirun établissement public de coopération culturelle.

UN PROGRAMME D’EXPOSITIONS DANS UN ESPACE RENOVEAvec l’arrivée des 8 500 costumes et autres éléments descénographie, le CNCS vit actuellement des heures intenses d’amé-nagement de ses réserves. Tout en réglant les derniers détails de lamédiathèque, de l’auditorium, du centre-école de restauration textileet, bien sûr, des salles d’exposition. Après Bêtes de scène, qui se tiendrajusqu’au 5 novembre 2006, sera présentée, en collaboration avec lemusée de l’Armée, une exposition consacrée aux costumes militairesvus par la scène : J’aime les militaires (novembre 2006-mars 2007),complétée par une exposition dossier sur le tissu de camouflage.

avons réalisée avec le ministère de la culture dans les vitrines duPalais Royal », souligne MartineKahane. « Chacun a un corps, cha-cun, à un moment ou un autre deson existence, a souhaité être unautre. Le costume est intime et pu-blic, privé et social », explique-t-elle. Mais pas seulement. Aucroisement des arts de la modeet du spectacle, le costume descène intéresse aussi au premierchef les créateurs et les amateursde mode. Yves Saint Laurent,Jean-Paul Gaultier, tout com-me le président du CNCS,Christian Lacroix, ont créé des costumes pour le spectacle.« D’ailleurs, le premier don reçupar le CNCS sera celui d ’une partie des costumes dessinés parJean-Paul Gaultier pour des chorégraphies de Régine Chopi-not », poursuit-elle. Dernierpoint non négligeable, le visi-teur sera accueilli dans le cadresomptueux d’un ancien quartiermilitaire dont l’aménagementintérieur a été réhabilité par

l’architecte Jean-Michel Wil-motte, sur un site de 4 hectares… « Derrière une architecture classique, presque austère, le visi-teur sera surpris par la chaleur desespaces intérieurs, avec leurs en-duits colorés et leur bel appareil-lage de pierres veinées ». Un écrin

idéal pour découvrir des piècesmagnifiques.

Paul-Henri Doro

Centre national du costume de scèneet de la scénographie, Quartier Villars,route de Montilly, 03 000 Moulins,www.cncs.fr

Le chien de feu, costume de Matias pour Zarathoustra © Collec-tion de la BNF, Fonds Renaud-Barrault

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6/Actualité

LETTRE D’INFORMATIONMINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATIONjuin 2006

Lors des Rencontres pour l’Europe de la culture qui se sont tenues,les 27 et 28 avril, à Grenade (Espagne), la France, l’Espagne et laHongrie ont signé un accord afin de mettre en place un classementconcernant le Patrimoine de l’Europe. Renaud Donnedieu deVabres a appelé, le 18 mai, à Bruxelles, ses collègues européens à« se joindre à cette initiative ».

Poursuivant le processus engagé à Berlin, en novembre 2004, puisà Paris et à Budapest, qui vise à relancer l’Europe de la culture,Grenade a accueilli les 27 et 28 avril les Rencontres européennesde la culture. Autour du thème : « L’Europe pour le dialogue inter-culturel », elles ont rassemblé les délégations de trente-deux pays,des représentants de la Commission européenne, du Conseil del’Europe et de l’Unesco. La Conférence de Grenade a notammentexaminé la proposition de la Commission européenne de désignerl’année 2008 comme l’année du dialogue interculturel. En margedes différentes tables rondes, les ministres et chefs de délégationse sont réunis pour étudier les initiatives nationales et européennesfavorisant le dialogue interculturel. L’une d’entre elle visait à classer différents sites sur une liste « Patrimoine de l ’Europe ».

Pour une liste « patrimoine de l’Europe »Renaud Donnedieu de Vabres, Carmen Calvo, ministre espagnolede la culture, et András Bozóki, ministre hongrois du patrimoinenational culturel, ont en effet signé un accord, le 28 avril, afin de mettre en place la création d’un classement du Patrimoine del’Europe. Son objectif est de mettre en valeur les lieux témoins de

BRUXELLES APPROUVE LE CRÉDIT D’IMPÔT POUR LE DISQUE DÉFENDUPAR LA FRANCERenaud Donnedieu de Vabres s’est « réjoui », le 18 mai, de l’accord donné par les autorités de la concurrence de la Commissioneuropéenne concernant « l ’innovation majeure » que constitue le crédit d’impôt en faveur de la production phonographique défenduepar la France. Cette mesure fiscale, présentée au dernier MIDEM,s’appliquera aux dépenses artistiques, de développement et de numérisation des nouveaux talents dans la limite d’un plafond de500 000 s par entreprise. Une centaine d’entre elles devraient pouvoiren bénéficier. Par ailleurs, cette mesure a été inscrite dans le projetde loi sur les droits d’auteur en discussion au Parlement, avec uneffet rétroactif au 1er janvier 2006. Elle fera l’objet d’une évaluationau 31 décembre 2009.

Union européenneUN LABEL POUR LE PATRIMOINE DE L’EUROPE

l’histoire de l’Europe, emblématiques de l’identité européenne etqui sont, à ce titre, susceptibles de renforcer le sentiment d’appar-tenance des citoyens à l’Europe, mais aussi de renforcer l’attracti-vité des sites et monuments qui bénéficieront de ce classement. Ceprojet se distingue des outils déjà en place pour mettre en valeur le patrimoine, comme le Patrimoine mondial de l’Unesco ou lesItinéraires culturels du Conseil de l’Europe. À cet égard, le choixde l’Alhambra pour l’ouverture des Rencontres est hautement symbolique. Les biens et sites sélectionnés devront en particulierfaire l’objet d’une signalétique appropriée et respecter certains en-gagements en matière d’accueil et d’information du public, ainsiqu’en matière de qualité de la présentation et de mise en valeur dela dimension européenne du patrimoine. Les pays qui le souhai-tent sont appelés à rejoindre cette initiative.

L’Alhambra © photo Tourisme espagnol

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7/Dossier

LETTRE D’INFORMATIONMINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATIONjuin 2006

N° 137 - mensuel - mai 2006

DOSSIER

LE MUSÉE DU QUAI BRANLY,LE PREMIER MUSÉE DU XXIe SIÈCLE

Après des années de constitu-tion des équipes, de travail surles collections, de réflexion surla muséographie et de construc-tion des quatre bâtiments quicomposent le nouvel établisse-ment, le musée du Quai Branlyva ouvrir, le 23 juin, ses portesau public après avoir été inau-guré par Jacques Chirac. Aveclui, c’est un nouvel établisse-ment qui va venir s’ajouter à latrès riche constellation degrands musées situés au cœur de Paris. Mais ce sont aussi des milliers de grandes œuvres de l’humanité, en provenanced’Afrique, d’Asie, d’Océanie etdes Amériques et trop longtempsrestées dans l’ombre, qui vontsoudainement se trouver ins-tallées en pleine lumière. Avec

son utilisation des techniquesles plus pointues, sa longuepalissade de verre, sa réserved’instruments de musique trans-parente et son mur végétal, lenouveau musée constitue unesorte « d’instantané » de ce quiconstitue, en ce début du XXIe

siècle, la modernité architectu-rale. Et ce n’est pas tout. De laconception d’un vaste plateaud’exposition sans cloison à cellede réserves visibles, de l’intro-duction dans ses murs de l’artvivant à la réalisation d’unprojet multimédia ambitieux,c’est dans de très nombreuxdomaines que le nouvel établis-sement, tout en assumant plei-nement ses responsabilitéspatrimoniales, révolutionnel’idée même de musée.

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8/Dossier

LETTRE D’INFORMATIONMINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATIONjuin 2006

« LE MUSÉE DU QUAI BRANLY EST UNE INSTITUTION CULTURELLE AUX MULTIPLES FACETTES »entretien avec Stéphane Martin,président de l’établissementpublic du musée du quai Branly

Un nouveau musée apparaît. Que va-t-il apporter qui n’existait pasjusqu’alors dans la très riche constellation du musée parisien ?Voulu par Jacques Chirac, président de la République, le musée duquai Branly s’attache à donner la pleine mesure de l’importancedes arts et civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amé-riques à la croisée d’influences culturelles, religieuses et historiquesmultiples. Il se veut un lieu de dialogue scientifique et artistique,carrefour d’échanges entre le public, les chercheurs, les étudiantsou encore les créateurs contemporains.

Comme tout musée, le musée du quai Branly sera d’abord un lieu d’exposition. Mais quelles autres fonctions aura-t-il ? Le musée du quai Branly a pour vocation de développer la connais-sance des arts et civilisations non occidentales. Parallèlement auxcollections permanentes et aux expositions temporaires, nous avonsvoulu proposer au plus grand nombre ainsi qu’à des publics plusspécialistes, une offre digne de cette nouvelle institution culturel-le. A travers le spectacle vivant, les espaces d’étude et de recherche,les ateliers « découverte » ainsi que l’Université populaire et sesnombreuses conférences et colloques, nous comptons réunir unlarge public d’étudiants, de chercheurs ou d’individuels. Le muséedu quai Branly entend par ailleurs jouer un rôle dans l’édition. Dèsla saison 2006-2007, livres et catalogues fourniront au public desapproches différentes.

Visiter un musée, c’est à la fois un plaisir et un travail. Comment avez-vous pensé ce rapport ? Le musée du quai Branly a été conçu par Jean Nouvel autour deses collections. Les œuvres y sont accueillies, exposées et acces-sibles sur un vaste plateau des collections permanentes. Uneapproche à la fois esthétique et didactique y est proposée.La muséographie, imaginée par l’architecte et Germain Viatte, apour vocation de susciter de nouvelles émotions et d’éveiller lacuriosité du public tout en reconnaissant le génie des civilisationsnon européennes. Prises en compte des la genèse du projet, l’émo-tion et la subjectivité contribuent à faire accepter et comprendrel’altérité. A travers différents dispositifs - cartels, textes, écransmultimédia - la présentation permet de contextualiser l’œuvre etde transmettre aux visiteurs des connaissances scientifiques sonl’histoire. Plus qu’un simple, musée, le quai Branly se veut une ins-titution culturelle aux multiples facettes : spectacles, concerts, pro-jections, conférences visites guidées et ateliers permettent aux visi-teurs de découvrir les arts d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et desAmériques sous toutes leurs formes.

Propos recueillis par Jacques BordetStatue anthropomorphe, plateau de Bandiagara, Mali. Statue dogon de style djennenké Xe-XIe siècle, acquise par l ’État français grâce au mécénat du groupe AXA ©musée du quai Branlyphoto Patrick Gries

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9/Dossier

LETTRE D’INFORMATIONMINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATIONjuin 2006

« UN PARCOURS CONTINUDIVERSIFIÉ, COLORÉ, RYTHMÉ »entretien avec Germain Viatte,conseiller auprès du Présidentpour la muséographie Avec son grand espace sans cloisons, n’est-ce pas un parcours biendifférent de celui de la plupart des autres musées que propose lemusée du quai Branly ? Ce n’est pas en effet, comme dans les autres musées où l’on passede salle en salle, une suite de lieux que propose le musée mais unparcours continu diversifié, coloré, rythmé au sein d’un seul espace.Le visiteur suit un chemin - dont il peut évidemment s’évader àtout moment - qui s’apparente un peu à un sentier de forêt, avecune clairière ici et puis une autre là, dans laquelle, au gré de sonhumeur, il peut faire halte plus ou moins longtemps.

Comment s’est effectué le choix que vous avez fait d’une présenta-tion dans l’ensemble plutôt géographique ? Nous avons eu, au sein des équipes du musée, de grands débats surl’organisation de ce parcours et notamment sur le point de savoirsi la présentation devait être thématique, chronologique ou biengéographique. Et finalement, nous avons choisi de « tresser » cestrois dimensions… Les séquences sont certes plutôt géographiquesavec quatres grands espaces consacrés à l’Océanie, l’Asie, l’Afriqueet les Amériques, mais les autres approches sont également pré-sentes, et notamment l’approche thématique, avec les « transver-sales ».

Que pourra-t-on découvrir dans ces « transversales » ? Les « transversales » sont des espaces thématiques qui sont consa-crés pour l’essentiel aux techniques ou bien à certains types d’ob-jets particuliers. L’une de ces « transversales » est consacrée aux cos-tumes d’Asie, une autre aux masques et tapa en Océanie, une autreencore aux instruments de musique et aux textiles en Afrique…Ces espaces intermédiaires éclairent certains grands thèmes liésaux collections

Vous présentez plus de 3 500 œuvres. Est-ce peu ou beaucoup ? C’est une offre importante, voire même très importante, mais qui,me semble-t-il, peut être découverte et en quelque sorte « digérée »en une seule visite. D’autant que le parcours est très varié… Lemusée du quai Branly n’est pas un musée immense : c’est un muséeà taille humaine et que l’on peut aborder à son rythme.

L’exposition permanente sera-t-elle de temps à autre renouvelée ? Nous présenterons, chaque année, une dizaine d’expositions tem-poraires qui nous permettront, entre autres, de montrer des piècesordinairement conservées dans les réserves. Mais l’exposition per-manente a été conçue pour être pérenne. Elle ne bougera pas oubougera peu. Elle comprend les plus belles pièces de notre collec-tion et nous nous devons de présenter en permanence ces chefs-d’œuvre à nos visiteurs venus parfois de fort loin pour les admirer.

Propos recueillis par Jacques Bordet

Les collectionsLes collections du musée du quai Branly sont issues à 90 % de celles du labora-toire d’ethnologie du musée de l’Homme et à 10 % de celles du musée nationaldes arts d’Afrique et d’Océanie. Enrichies de 4 500 œuvres acquises par lemusée lui-même, elles comptent aujourd’hui près de 300 000 pièces, toutes inventoriées, nettoyés et dans de nombreux cas restaurées, avant d’êtrenumérisées. Plus de 3 500 œuvres, sélectionnées dans ce fonds, serontexposées de façon permanente sur le plateau des collections.

Les expositions temporairesEn même temps que le musée ouvriront, le 22 juin, trois expositions : Qu’est-ce qu’un corps ? : conçue par l’ethnologue Stéphane Breton et uncollectif d’anthropologues, l’exposition compare les différentes façons depenser le corps à travers ses représentations, en Afrique de l’Ouest, enNouvelle-Guinée, en Amazonie et en Europe ; Nous avons mangé la forêt : conçue par Christine Hemmet, ethnologue et responsable de l’unité patimoniale Asie du musée du quai Branly, l’expositionrend hommage à la collecte réalisée par l’ethnologue Georges Condominas au Vietnam en 1948 et 1949 ; Ciwara, chimères africaines : conçue par Lorenz Homberger, conservateur et directeur adjoint du Rietberg Museum de Zurich, l’exposition rassemble trente-six masques cimiers antilopes Ciwara de l’art bamana du Mali. Toutes les informations sur : www.quaibranly.frLes hasards du calendrier font que quelques jours après l’ouverture de ces troisexpositions ouvre parallèlement ses portes, au musée d’Archéologie national à Saint-Germain-en-Laye, l’exposition « Objets de pouvoir en NouvelleGuinée ». Elle présente une importante partie de la collection d’ethno-archéologie provenant de Nouvelle-Guinée donnée récemment au musée parAnne-Marie et Pierre Pétrequin, chercheurs au CNRS (« Objets de pouvoir enNouvelle-Guinée », musée d’Archéologie nationale, Saint-Germain-en-Laye,du 30 juin 2006 au 7 janvier 2007).

Masque cimier zoomorphe, Mali © musée du quai Branly / Patrick Gries

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10/Dossier

LETTRE D’INFORMATIONMINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATIONjuin 2006

A partir d’un programme qui présentait plusieurs difficultésmajeures, Jean Nouvel a élaboré un projet ambitieux et composi-te, puisqu’il comprend quatre bâtiments qui ont chacun leur signa-ture architecturale.

Le bâtiment principal, placé sur pilotis à dix mètres du sol et lais-sant intacte la nature en dessous de lui, abrite le plateau des col-lections tandis que les trois autres bâtiments accueillent, entre autres,l’administration, les magasins de la médiathèque, les ateliers de res-tauration, les ateliers pour adultes et enfants, et la librairie-bou-tique... Certains éléments de cette architecture complexe et raf-finée retiendront sans doute plus particulièrement l’attention dupublic. Parmi eux, figurent notamment :

» les « boîtes » : au nombre de trente, ces boîtes qui, à l’intérieur,constituent autant de lieux d’exposition plus intimes au sein duplateau des collections, ont déjà beaucoup fait parler d’elles. Del’extérieur, elles évoquent un peu des cabanes perchées dans lesarbres et sont très visibles : elles le seront moins à mesure que lesarbres du jardin auront poussé.» la palissade de verre : de 200 mètres de longueur sur 12 mètresde hauteur, cette ligne de verre courbe qui longe le quai a été conçueet fabriquée par Saint-Gobain et représente une véritable perfor-mance technique. Parallèle à la Seine et épousant sa courbe légère,elle sépare le musée de la ville… et tout particulièrement de sesbruits.» les plafonds peints : dans un geste emblématique de la placeimportante et permanente qui sera donnée dans le musée à l’artd’aujourd’hui, trois plafonds du bâtiment « Université » ont étéconfiés à des artistes aborigènes contemporains. Leurs fresques -qui se réfléchissent sur les encadrements de fenêtres en inox poli -sont visibles de la rue et seront éclairées pendant la nuit.» le jardin : en proposant la création d’un jardin de 18 000 m2, JeanNouvel est allé bien au-delà du cahier de charges du concours quien prévoyait un de 10 000 m2. L’aménagement de ce vaste espace- qui sera en accès libre - a été confié au paysagiste Gilles Clément :le côté nord a été planté de grands arbres et le côté sud, d’arbustes.» le mur végétal : la façade du bâtiment « Branly », qui abrite l’administration du musée, a été habillée d’un mur végétal de 800 m2. Quelque 15 000 plantes y prolifèrent sur un feutre poly-amide accroché au mur, selon un procédé inventé et mis en œuvrepar le paysagiste et botaniste Patrick Blanc. Le système d’arrosa-ge, placé au sommet du mur, entretient une humidité permanenteet diffuse une solution nutritive.» la réserve d’instruments de musique : point de repère et d’an-crage pour l’ensemble du bâtiment principal qu’elle traverse de hauten bas, la tour de verre abrite la réserve d’instruments de musiqued’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques. Les instrumentssont visibles de l’extérieur… et la tour émet d’étranges et sédui-sants « murmures » musicaux lorsque l’on s’approche d’elle.

» le toit terrasse : le bâtiment principal offre à son sommet une ter-rasse de 2 500 m2 offrant une vue exceptionnelle sur la Tour Eiffel,toute proche, la colline de Chaillot, ses jardins, et les bords de Seine.Le restaurant - installé sous une verrière en forme d’aile de libel-lule et accessible directement depuis le jardin - y est installé.

ArchitectureLES « BOITES », LE JARDIN, LA TOUR AUXINSTRUMENTS, LE MUR VÉGÉTAL… OU COMMENTJEAN NOUVEL A IMAGINÉ LE MUSÉE

LE BUDGET DU MUSEE DU QUAI BRANLYL’enveloppe d’investissement financée par l’État s’élève donc, au total, à 232,5 Ms décomposée comme suit : » bâtiment : 204,3 Ms» informatique : 12,4 Ms» campagne de traitement des œuvres (inventaire, restauration, numérisation) :5,7 Ms» médiathèque : 6,4 Ms» multimédia : 3,7 MsAttribué à parité par le ministère de la culture et de la communication d’unepart, et le ministère de la recherche et de l’enseignement supérieur d’autrepart, le budget de fonctionnement pour l’année 2006 est de 44 Ms hors amortissement et crédits d’acquisition, ces derniers représentant 2 Ms.

Le bâtiment musée, vue côté Seine © muséedu quai Branly Photo Antonin Borgeaud

Plafond de la librairie-boutique rue del ’Université peint à partir d ’une oeuvre JohnMawurndjul © musée du quai Branly, photoNicolas Borel

Mur végétal conçu par Patrick Blanc © musée du quai Branly

Mur végétal conçu par Patrick Blanc et lapalissade de verre © musée du quai BranlyPhoto Nicolas Borel

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11/Actualité

LETTRE D’INFORMATIONMINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATIONmai 2006

Si l’on dit patrimoine, on penseplus fréquemment châteaux,monuments ou sites que…livres. Pourtant, depuis dix ans,les Editions du patrimoine réa-lisent un travail de fond pourporter à la connaissance de toustravaux de recherches et de vul-garisation concernant le patri-moine. Entretien avec DenisPicard, responsable éditorialaux Editions du patrimoine.

Les Éditions du patrimoine fêtentleurs dix ans. Quel bilan tirez-vous de votre activité d’éditeursur le patrimoine ?Le bilan se révèle très positif.Au terme de ces dix années, noséditions disposent d’un cata-logue de quelque 400 titres dis-ponibles, notre marque est bienconnue, nous avons rejoint leSyndicat national de l’édition etnous sommes entrés dans le pal-marès des 200 premiers éditeursde France… De surcroît, diversprix (sept pour les trois dernièresannées) sont venus reconnaîtreplusieurs de nos réussites édito-riales. Bref, désormais les Édi-tions du patrimoine comptentdans le paysage éditorialfrançais. Bien sûr, il reste encore

beaucoup à faire. Plébiscité parle public, le patrimoine n’est pasencore suffisamment servi parle livre, et les livres traitant dupatrimoine éprouvent encore desdifficultés à trouver leur placeen librairie.

Les titres que rassemble votrecatalogue révèlent la grandediversité des sujets patrimo-niaux. Comment prenez-vous encompte cette diversité sur le planéditorial ?Le champ patrimonial est eneffet très vaste, et ses approchesle sont tout autant. Nous ap-préhendons cette richesse po-tentielle à travers une quinzainede collections. Certaines sont« grand public », d’autres d’ordreplus scientifiques. Certaines sefocalisent sur des édifices,d’autres sur des architectes,d’autres encore sur un champpatrimonial particulier. Parmiles trois dernières collections quenous avons créées, l’une se dé-finit par la provenance desconnaissances : les thèses pu-bliées par des chercheurs en his-toire de l’art et de l’architecture ;les deux autres par les publicsspécifiques auxquelles elles sont

destinées : les aveugles et mal-voyants, les sourds et malenten-dants.

Comment conciliez-vous votremission de service public avec lanécessité de tenir un équilibrebudgétaire?Nous sommes en effet éditeurpublic à double titre : commedépartement éditorial du Centredes monuments nationaux maisaussi comme éditeur délégué dela Direction du patrimoine et del’architecture. Le but premierd’un éditeur public est de pro-duire les livres que l’édition« commerciale » ne produit pas.Pour autant, nous ne saurionsnous abstraire des réalités éco-nomiques. Aussi, quand nouspublions tel ou tel travail de re-cherche dont les espoirs de dif-fusion ne permettent pas d’at-tendre un équilibre entre lescoûts de production et les re-cettes, cherchons-nous cet équi-libre dans l’édition d’ouvragesplus accessibles tout en conser-vant nos « frontières » d’éditeurpublic. C’est de cette péréqua-tion, qui mise aussi sur la duréede vie de certains ouvrages (deréédition en réédition, les guides

2006 : PLUSIEURSNOUVEAUTÉS AUX ÉDITIONSDU PATRIMOINE » Collection Guides des Villes et pays d’art et d’histoireMenton / Rennes / Sarlat» Collection ItinérairesLe Château de Talcy / Le Haras du Pin / La Chapelle expiatoire» Collection Lex’signes (langage des signes, pour sourds)Le Moyen Âge» Collection Minitinéraires (pour enfants)Le Château de Chambord / L’abbaye de Cluny» Collection Monographies d’édificesLe Conseil d’État» Collection PhotographieLes Orients de Pierre Loti /L’odyssée de Nadar au Turkestan /Eastman et Nadar» Collection Sensitinéraires (pour aveugles)Le Panthéon» Hors collectionLe dernier visiteur de George Sand(bande dessinée)

SuccèsLES ÉDITIONS DU PATRIMOINEFÊTENT LEURS DIX ANS

de visite, par exemple, trouventleur rentabilité), que naît l’é-quilibre. De plus, nous saisis-sons chaque opportunité de par-tenariat, nous avons un politiqueactive de recherche de préachats,et nous n’oublions pas Internet,qui peut constituer un très puis-sant vecteur de diffusion.

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12/Actualité

LETTRE D’INFORMATIONMINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATIONjuin 2006

En réalisant un panora-ma complet des centresde ressources dans lesecteur du spectaclevivant, le chercheurEmmanuel Wallonrépondait à unecommande du ministrede la culture qui voulaitéviter que « les centresde ressources n’agissenten ordre dispersé ». Aprèsla publication de sonrapport sur le site duministère, il revient sur les principauxenseignements de son étude.

Le recensement que vous avezeffectué des centres de re sourcesdans le secteur du spectaclevivant en France a révélé plus dedeux cents lieux. Vous attendiez-vous à cette profusion ?Sachant la variété de ce qu’en-globe la notion de spectacle vi-vant, il me paraissait logique queles ressources concernant le sec-teur soient, elles aussi, multipleset plastiques. Il fallait prendreen compte plusieurs notions :l’hétérogénéité des disciplines(musiques de tous styles, théâtre,danse, opéra, marionnettes,cirque, arts de la rue), le dé-ploiement d’une offre territo-riale, enfin la diversification dessources et des supports d’infor-mation. A côté des organismesqui assurent un rôle structurantdans un domaine défini, commele Centre national du théâtre(CNT), le Centre national de

la danse (CND), la Cité de la musique, Information et res-sources pour les musiques ac-tuelles (IRMA) et HorsLes-Murs pour les arts de la rue etde la piste, eux-mêmes entourésde nombreux pôles de moindreimportance, j’ai élargi ma re-cherche aux services documen-taires dépendant des établisse-ments d’enseignement (parexemple les bibliothèques desconservatoires) ou des collecti-vités territoriales (notammentles agences régionales pour lespectacle vivant et les associa-tions départementales pour lamusique et la danse). Au total,j’ai donc décrit plus de deuxcents pôles d’information, dedocumentation et de conseil,selon la définition que je pro-pose de la ressource immaté-rielle.

On découvre un paysage trèscontrasté. Il existe une grande disparité demoyens entre des structures soustutelle de l’Etat et des initiativesassociatives. Mais la palette desspécialités couvertes (du conteau théâtre itinérant, de l’écrituredramatique à la compositioncontemporaine) est aussi ouverteque la gamme des publics visés(spectateurs, amateurs, élèves,étudiants et chercheurs, profes-sionnels débutants ou confirmés)et des services offerts (rensei-gnements, bibliographies, ar-chives, guides et annuaires, pu-blications, assistance juridiqueou technique, formations). C’estun trésor de connaissances et decompétences qu’il convient demieux valoriser. Il s’agit d’entirer le meilleur parti, non pasen renforçant tel centre en

particulier, mais en mettant cesressources à la disposition del’ensemble des usagers.

Justement, comment peut-on,selon vous, rationaliser la miseen œuvre et l’emploi de la res-source documentaire dans lespectacle vivant ? « La » solution ne se trouve nidans un centralisme tatillon nidans la dispersion des efforts. Ilfaut favoriser la coordination etles partenariats afin de mettreen évidence la spécificité de cha-cun, tout en facilitant la tâchede l’utilisateur qui souhaite viteaccéder aux renseignements ouaux références dont il a besoin.On l’aura compris : il s’agit d’in-tensifier les échanges de donnéeset de répartir les tâches d’intérêtgénéral. A la mise en réseau descentres de ressources au seind’une discipline ou à l’échelledes régions s’ajouterait donc lamutualisation de certaines deleurs fonctions pour l’ensembledu spectacle vivant. Pour ce faire,je préconise la création d’uneinstance permanente de coopé-ration à laquelle la direction dela musique, de la danse, duthéâtre et des spectacles serait

étroitement associée. Son but ?Adopter et encadrer des pro-grammes concertés, dans le res-pect de l’autonomie de chacun:conduire à plusieurs des inven-taires d’archives et de fonds(comme le Centre national desvariétés et le Hall de la chansonont commencé à le faire), orien-ter le grand public en lui indi-quant les gisements de res-sources et les lieux d’information,fournir aux bibliothèques deproximité (municipales, sco-laires, universitaires, spécialisées)des bibliographies et publica-tions adaptées, mettre au pointdes instruments et des servicescommuns - en particulier pourle conseil (juridique, adminis-tratif, fiscal, technique) aux com-pagnies et l’assistance indivi-duelle aux professionnels.

Est-ce que l’Internet et, demanière générale, la révolutionnumérique, ne permettent pas deréaliser cette mise en réseau ? La numérisation permet de préserver des œuvres et de com-biner des données de diversesnatures (texte, son, image).L’Internet autorise leur circula-tion fluide et rapide. C’est donc

EtudeUN RAPPORT SE PENCHE SUR LESRESSOURCES DU SPECTACLE VIVANT

E. Wallon, professeur à l ’université Paris X © D.R.

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13/Actualité

LETTRE D’INFORMATIONMINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATIONjuin 2006

SOURCES ET RESSOURCES POUR LE SPECTACLE VIVANTCe rapport a plusieurs portesd’accès. Avec une analyse trèsfine et diversifiée de lasituation des centres deressources dans le spectacle vivant, il frappe, d’abord, par la précision et la richesse deson information. Des grandsétablissements parisiens à demodestes documentations en région, chaque organismetrouve grâce à ses yeux et il en montre l’intérêt. A partir de cette étude, il livreégalement ses préconisationspour améliorer la situationd’ensemble de la ressource documentaire dans le spectaclevivant (voir entretien). Mais,en dehors de ce dossier admi-nistratif et méthodologiquetrès argumenté, l’étudecomprend d’autres richessesqu’il serait coupable de ne pasmentionner. Qu’on en juge :une base de données surcinquante centres et pôles de ressources, un répertoire deplus de deux cents organismescités, des tableaux comparatifsentre cinquante centres de ressources, une bibliographiegénérale, la liste de leurs publi-cations récentes et un annuairedes sites Internet.

SpectaclesLES PREMIERS LAURÉATS DUDIPLÔME D’ÉTAT D’ENSEIGNEMENTDU THÉÂTREPour développer de manière plus vigoureuse les actions de forma-tion au spectacle vivant, Renaud Donnedieu de Vabres avait décidéde lancer en 2005 « la création d’un diplôme d’État d’enseignementdu théâtre » destiné à assurer la « transmission de l ’art du spectacle ».En remettant, le 15 mai, au théâtre national de Chaillot, leurdiplôme aux trois cent dix-neuf premiers lauréats, il a insisté, lorsd’un débat avec quelque deux cent cinquante professionnels, surl’importance de la notion de « service public » dans l’enseignementdu théâtre. Au total, ce sont autant de comédiens, de metteurs enscène, voire d’auteurs qui vont désormais pouvoir se reconnaître à travers un réseau d’initiatives et de pratiques au service d’unedécouverte de l’art théâtral, dans toutes sa diversité, son exigenceet son actualité.

une double mutation qui imposed’inventer de nouveaux outils et de nouveaux usages. Dans ce champ comme dans lesautres, les têtes de réseaux quesont les cinq principaux centresénumérés tout à l’heure, doiventdévelopper une vision prospec-tive et stratégique de l’accès àl’information.

Quelles réalisations concrètesenvisagez-vous pour cette miseen réseau ? Cinq grands chantiers réclamentl’impulsion de l’Etat. D’abord,il devient urgent de constituerun appareil statistique, qui pro-cure sur le secteur des chiffresfiables et des indicateurs régu-liers. Comment ? En prélevantdavantage de données à la source(subventions aux équipes et auxstructures, contrats de cession,recettes de billetterie et rede-vances sur les spectacles, verse-ments de droits d’auteur, etc).Deuxièmement, l’aménagementdu droit d’auteur à l’heure de lanumérisation - dans le strict res-pect du droit moral mais aussien fonction des impératifs deservice public des bibliothèqueset documentations liées à l’en-seignement ou à la recherche -doit être assuré dans le cadre desdirectives européennes. Troisiè-mement, il faut renforcer l’in-formation du grand public àpartir d’un socle commun deressources documentaires. Qua-trièmement, il s’agit de réaliserl’inventaire du patrimoine duspectacle vivant, et d’abord lacartographie de ses ressourcesmatérielles et immatérielles,avec l’appui des institutionscompétentes (Archives natio-nales, BnF, INA, musées natio-

naux…). Enfin, il importe dedévelopper l’offre de formationcontinue, en songeant aux at-tentes des artistes, des techni-ciens et des interprètes en ma-tière de qualification ou dereconversion, mais aussi de va-lidation des acquis de l’expé-rience. Sur ces cinq dossiers lescentres de ressources paraissentprêts à se mobiliser avec leurspartenaires, si on les y invite.

Le rapport d’Emmanuel Wallon,Sources et ressources du spectacle vivant est en ligne surwww.culture.gouv.fr(rubrique Actualités/Rapports)

LE GRAND PRIX DE LITTÉRATUREDRAMATIQUE A ÉTÉ REMIS ÀDENISE BONAL ET DANIEL DANISCréé en 2005, le grand prix de littérature dramatique a été remis,le 24 avril, pour sa seconde édition, aux écrivains de théâtre DeniseBonal, dans la catégorie « auteurs français », pour sa pièce Dedimanche en dimanche (éditions théâtrales), et Daniel Danis, dansla catégorie « écrivains francophones », pour e (L’Arche éditeur /éditions Leméac). Ils recevront la dotation de 2 500 s chacundécernés par le ministère de la culture et de la communication, leCentre national du livre, la SACD et Exclamation Productions.Les douze écrivains membres du jury, qui était, cette année, dirigépar le romancier Eduardo Manet, ont dû départager des travauxd’auteurs français et francophones publiées en 2005 et qui n’ontpas fait l’objet d’une mise en scène figurant dans le catalogue desMolières 2006. Rappelons que ce prix répond à la volonté deRenaud Donnedieu de Vabres de mettre en lumière un secteur richede plus de 50 éditeurs qui publie et diffuse plus de 200 pièces dethéâtre chaque année.

© Didier Plowy

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14/Actualité

LETTRE D’INFORMATIONMINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATIONjuin 2006

PublicationLES CHIFFRES CLÉS DE LACULTURE EN 2006Publié annuellement depuis 1991,l’annuaire statistique Chiffres clés,publié par le département desétudes, de la prospective et desstatistiques (délégation au déve-loppement et aux affaires interna-tionales) met à la disposition deslecteurs les dernières données dis-ponibles, et permet de dégager lesgrandes évolutions de la vie cultu-relle en France. Cette année, y fi-gurent les principaux résultats dela nouvelle enquête sur lesdépenses des collectivités localespour la culture. Ainsi, apprendra-t-on notamment qu’en 2005, lescommunes de plus de 10 000 ha-bitants ont dépensé 4,1 milliardd’euros pour leur action dans ledomaine culturel, lesdépartements 1,1 milliard d’euroset les régions 0,4 milliard d’euros.Un outil clair, complet,synthétique et facile à parcourir.

Chiffres clés - statistiques de laculture, édition 2006, JeannineCardona, Chantal Lacroix, est en venteà La Documentation Française, 2006,216 pages, 20 s.www.ladocumentationfrancaise/cata-logue/9782110061034/index.shtmlet www.culture.gouv.fr/dep

PublicationGODARD ET CINDY SHERMAN AU SOMMAIRE DE ZEUXIS« Godard ? » C’est avec cettequestion, aussi elliptique quechargée de sens, que le mensuelZeuxis (n°22, avril 2006) présentele dossier consacré à l’expositiondu cinéaste du Mépris et de Pier-rot le fou au Centre Pompidou(jusqu’au 14 août). Exposition« problématique », Voyages enutopie, Jean-Luc Godard, 1946-2006, se présente comme étant en perpétuelle construction. Dansson numéro de mai, on trouveranotamment un article consacré àl’exposition de la photographeaméricaine Cindy Sherman au Jeu de paume (jusqu’au 3 septembre).

Zeuxis, n°22 et 23, avril et mai 2006,est diffusé en kiosque (3,50 euros)

SéminaireCOMMENT CONSTRUIRE UN PROJET TERRITORIAL D’EDUCATION ARTISTIQUEDu 8 au 12 juillet à Villeneuve-lez-AvignonA partir de différents spectaclesprésentés cette année à Avignon,comme ceux d’Edward Bond ou de Peter Brook, le séminaireorganisé par l’ANRAT avec lesoutien de la direction de la mu-sique, de la danse, du théâtre etdes spectacles (DMDTS) et ducentre national de la recherchepédagogique (SCEREN-CNDP)abordera une question : quel projet culturel bâtir à partir d’unestructure culturelle ou d’un spec-tacle ? Avec des représentants etacteurs de terrain de l’éducationnationale, de la culture et des collectivités territoriales.

Contacts : [email protected] [email protected]

Exposition« NOTRE MEILLEUR MONDE » AU FRESNOYJusqu’au 14 aoûtAvec Notre meilleur monde, le critique d’art Philippe Dagenprésente, au Studio national desarts contemporains, uneexposition de travaux qui ontpoint commun : ils ont étéréalisés avec les infrastructuresdernier cri du Fresnoy, cette« conjonction de l ’archaïque et dutechnologique ». Travaux d’artistesconsacrés, comme ChantalAckermann, François Rouan ou Jean-Marie Straub et DanièleHuillet, mais aussi résultat des recherches d’étudiants qui « don-nent forme à des idées et des désirsstrictement personnels » en « brico-lant des souvenirs d’enfance, desfantasmes intimes, des fables singu-lières ou des pièges à sensations ».Rendues publiques, ces« opérations semi clandestines » sontà voir sans faute.

« Panorama 7 » est présenté au Studionational des arts contemporains, 22, rue du Fresnoy, BP 179, 59202 Tourcoing Cédex,www.lefresnoy.net

ColloqueL’AVENIR DE LA BIBLIOTHÈQUEAVEC L’ABFDu 9 au 12 juin à la porte de Versailles, à ParisPour fêter son centenaire,l’association des bibliothécairesfrançais (ABF) organise, du 9 au12 juin, un salon professionnel,avec deux pays invités, la Colom-bie et la Finlande et un colloqueinternational sur l’avenir de la bi-bliothèque. Subventionnée par leministère de la culture, l’ABF estla plus ancienne et la plus largedes associations de bibliothé-caires. En l’espace de 100 ans, lemétier a considérablement évolué.« Le métier de bibliothécaire, quiétait considéré au XIXe siècle commeun passe-temps ou une sinécure, estdevenu beaucoup plus complexe, plustechnique », analyse Gilles Eboli,président de l’ABF et directeur dela Cité du livre d’Aix-en-Provence.Sa mission principale est aujour-d’hui d’apporter au plus large pu-blic les besoins documentaires enmatière de formation, d’informa-tion et de culture. Dans le contex-te actuel d’évolution technologique,un colloque, « demain, la biblio-thèque... » portera sur l’avenir des bibliothèques. « On vit actuel-lement une période charnière, unemutation à trois niveaux, expliqueGilles Eboli. La révolution numé-rique, d’abord, qui bouleverse notremétier. Demain, on aura la biblio-thèque matérielle (livre et disques)ainsi que la bibliothèque immaté-rielle (toutes les données numériques),ce qui constitue la bibliothèque hy-bride. Le deuxième axe est la néces-saire poursuite de l ’élargissement denos publics : il y a encore du cheminà faire pour que la bibliothèque soitutilisée par tous. Enfin, il fautcontinuer à faire de la bibliothèqueun forum dans la cité, un lieu demédiation, de partage des savoirs ».

ABF, 31, rue de Chabrol 75010 Paris,www.abf.asso.fr

Michael Kummer (Inde), Aditi Single ©D.R.

CélébrationUN COMITÉ POUR LE CENTENAIREDU POÈTE RENÉ CHARA la demande du Premierministre, Dominique de Villepin,Renaud Donnedieu de Vabres ainstallé, le 24 mai, le ComitéRené Char chargé d’organiser lacélébration du centenaire de lanaissance du poète, le 14 juin1907. Ce comité coordonnera notamment de nombreuses manifestations : expositions (à laBibliothèque nationale de Franceet à l’Isle-sur-la-Sorgue), lectureset spectacles (à l’Odéon, à la Cité

de la Musique, à Avignon),conférences, colloques,programmes audiovisuels et biensûr tout un programme d’édition(catalogues, anthologies,monographies). Siègeant auCentre national du livre, il estcomposé de André Velter,Marie-Claude Char, LaurentGreisalmer, Bertrand Marchal,Paul Veyne, Michèle Gazier, Pas-cal Charvet, Jean-Pierre Siméon,Daniel Abadie, Daniel Rondeau,Roch-Olivier Maistre et OlivierPy. Sa présidence est confiée àYves Peyré, conservateur de la bibliothèque Jacques Doucet et lesecrétariat général à YannickPompidou, professeur agrégé.

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LETTRE D’INFORMATIONMINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATIONjuin 2006

Sommets de l’art décoratif duXIXe siècle, les Décors du Salon de la Richesse et du Salon desSaisons de l’Hôtel de Lannoyde Pierre-Paul Prud’hon vien-nent d’entrer dans les collectionsdu Louvre grâce au mécénatd’Eiffage.« Dans l ’œuvre de Prud’hon, in-dique Sylvain Laveissière,conservateur au département despeintures du Louvre, les décorsde l ’hôtel de Lannoy furent long-temps comme l’Arlésienne de Bizet: on en parlait toujours, mais per-sonne ne les avait vus ». Ce sontdésormais des millions de visi-teurs qui vont pouvoir les dé-couvrir et les admirer avec l’ac-quisition par l’État pour lemusée du Louvre, grâce aumécénat d’Eiffage, de ces chefs-d’œuvre de la décoration inté-rieure autour de 1800.Commandés en 1798 par Marc-Antoine-Joseph de Lannoy,fournisseur aux armées et fi-nancier, les décors qui ornaientdeux salons d’apparat de l’hôtelde Lannoy avaient respective-ment pour thèmes : la Richesse(vingt-huit compositions peintessur bois et sur toile, quatre des-sus-de-porte et un ensemble decompositions ornant le bas desmurs du premier salon) et lesSaisons (une frise courant toutautour de la pièce en haut desquatre murs du second salon).Leur acquisition a été renduepossible grâce aux dispositionsfiscales de la loi du 4 janvier2002 relative aux musées deFrance qui créent des conditionsfavorables à l’entrée dans les col-lections publiques - grâce aumécénat d’entreprise - d’œuvresreconnues « Trésor national »par la commission consultativedes trésors nationaux.

MécénatDEUX DÉCORS DE PRUD’HONENTRENT AU LOUVRE

Prud ’hon Pierre Paul (1758-1823) Décor du Salon de la Richesse de l ’Hôtel de Lannoy, huile sur bois © Photo RMN -Thierry Le Mage

MuséesLA COLLECTION MARIE-ANTOINETTE DE LA RMNAvec la sortie du film très attendu de Sofia Coppola et lapublication de nombreuxouvrages sur la dernière reine deFrance, la figure historique deMarie-Antoinette connaît un regain d’intérêt qui a séduit laRéunion des musées nationaux(RMN). Elle sort un ensembled’objets d’art témoignant du goûtprononcé de l’épouse deLouis XVI pour la mode, la fantai-sie et le raffinement de la décora-tion. On trouvera, dans cette« collection Marie-Antoinette »,deux parures de bijoux, des tassesen porcelaine, des chemins detable… le tout aux armes de lareine.

En vente dans les boutiques du réseaude la RMN. Pour plus d’informations :O8 20 20 00 62

ExpositionsFRANCE-BAVIÈRE : ALLERS-RETOURSRésultat de la collaboration entre l’Allemagne et la France,la nouvelle exposition du Centrehistorique des Archives nationaless’inscrit dans le programme decoopération internationale du ministère de la culture et de lacommunication. Son ambition est d’offrir au public des allées etvenues permanentes et à doublesens sur une histoire riche, com-plexe et mouvementée, celle de laFrance et de la Bavière, à traversplus de 200 pièces d’exception(documents d’archives,enluminures, dessins, partitions,objets, mobilier, peintures, sculp-tures, photographies, témoignagesoraux et films) provenant d’insti-tutions patrimoniales françaises etallemandes.

Exposition jusqu’au 7 août au Centrehistorique des Archives nationaleshttp://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/

Art contemporainLA COLLECTION DE VIDÉOS DEPIERRE HUBER AU « MAGASIN »Jusqu’au 3 septembre à Grenoble

Pour le célèbre galeriste genevoisPierre Huber, qui présente à Gre-noble une partie de sa collectionprivée sur ce support, la vidéo« est devenue l ’outil d ’expressionprivilégié de la générationactuelle ». Avec des pièces de NamJune Paik, Fishli & Weiss, RinekeDijkstra ou Candice Breitz quiillustrent son propos : « la vidéoest importante tant qu’elle a l ’artcontemporain comme adresse etqu’elle développe un langage quin’est ni celui du cinéma ni celui de latélévision ».

www.magasin-cnac.org

Nam June Paik, Main Channel Matrix,1993-1996 Installation vidéo, musique deDavid Bowie © DR

Page 16: N° 138 Ministère LA LETTRE D’INFORMATION - Culture...Ministère de la culture et de la communication 3, rue de Valois 75033 Paris Cedex 01 LA LETTRE D’INFORMATION Ministère

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LETTRE D’INFORMATIONMINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATIONjuin 2006

Un mois après l’immense succèspublic rencontré par le lance-ment du site Ina.fr, qui met unpan entier de notre histoiretélévisuelle en libre accès,Emmanuel Hoog, à la tête de l’Institut national de l’au-diovisuel (INA) depuis 2001,explique les raisons de cetteréussite, qui a reçu le 1er juin le« Clic d’or » pour la section« divertissements ».

Avec le lancement du site del’Ina, vous avez fait l’expériencede la diffusion d’une offre cultu-relle à destination du grandpublic. Comment envisagez-vousson avenir ?Avec près de 5 millions de visi-teurs la première semaine, larencontre que nous avions silongtemps attendue entre legrand public et sa mémoire au-diovisuelle s’est transformée enun rendez-vous historique.L’avenir, c’est bien évidemmentde prolonger et de nourrir ceformidable engouement. Plu-sieurs éléments vont être pri-vilégiés dans les prochaines semaines. La mise en ligne ré-gulière de nouveaux contenusd’abord, de manière à s’inscriredans une sorte de work in

progress qui, chaque année, verrale site s’enrichir de 50 000 nou-veaux documents. ConforterIna.fr dans sa dimension de car-refour des savoirs et des connais-sances, ensuite. Et c’est pour-quoi, dès la rentrée 2006, le sitedéclinera une offre éducative etpédagogique capable d’éclairerpar le son et l’image une grandepartie des programmes scolaires,de la 6e à la terminale. Enfin,instaurer un vrai dialogue avecles internautes, car Ina.fr doitêtre un lieu d’échange et de par-tage. Le désir d’archives quivient d’être exprimé s’accom-pagne de suggestions et d’idéesnouvelles et c’est aussi au tra-vers de cette réciprocité avec lepublic qu’Ina.fr doit seconstruire et se façonner.

Le futur de nos grandes institu-tions archivistiques et patrimo-niales ne passe-t-il pas aujour-d’hui par la plus-value d’uneoffre culturelle « intelligente »pour un large public ?Avec la généralisation du hautdébit, Internet est entré dansune nouvelle étape de son déve-loppement. Aussi, je suis per-suadé que la dimension « intel-ligente » d’une offre sera demainl’une des composantes essen-tielles pour s’affirmer durable-ment sur la toile. Or, à l’instarde l’Ina, toutes les grandes ins-titutions archivistiques et patri-moniales disposent d’un formi-dable atout : la mémoire qu’ellesont en charge et tous les savoir-faire qui s’y attachent. L’enjeu,c’est de transposer cette doublerichesse sur le web, de l’édito-rialiser, de la scénariser même,pour faire en sorte que chaquepatrimoine s’ouvre et se raconteau plus grand nombre. C’est

également un domaine auquelle projet de bibliothèque numé-rique européenne peut donnerun élan décisif.

En effet, c’est en constituant unevéritable offre éditoriale, et nonune simple banque d’images oude données, que vous avez puatteindre un large public.L’offre vidéo sur Internet étaitjusqu’ici relativement pauvre. Laréponse de l’Ina est une réponseinstitutionnelle et de service pu-blic. Face à l’approximatif, à l’é-phémère et à la culture « clipée »,Ina.fr inscrit sa consultationdans la durée et propose uneoffre structurée donnant du senset une perspective historique auxdocuments mis en ligne. Onpourra par exemple visionnerl’intégralité des 475 heures duprocès Papon (à partir du24 mai) et bénéficier des com-mentaires d’historiens. Face ausensationnel et à la perte derepère, Ina.fr se conçoit commeun témoin privilégié dans lequelchacun peut se reconnaître etdécouvrir les autres. A l’anony-mat, à la violence gratuite ou dégradante, Ina.fr oppose plusd’un demi-siècle de mémoire,d’émotions et de créations col-lectives. Face à la mise en ligne sauvage des contenus et au phé-nomène de piratage, Ina.fr pro-pose un dispositif innovant etd’une grande transparence,conjuguant à la fois visionnagegratuit, téléchargement payantet juste rémunération des auteurs.

Justement, comment avez-vousintégré la question des droitsd’auteur des archives audiovi-suelles dans le cadre du projet deloi discuté en ce moment au Parlement ?

Plus de 300 000 ayants droitsont concernés par les fonds del’Ina et, dès lors, il n’était pasquestion que le lancementd’Ina.fr se fasse au détriment deleurs intérêts légitimes. Les ef-forts de concertation menés parl’Ina depuis plusieurs années ontporté leurs fruits. Aujourd’hui,de nombreux accords ont été si-gnés ou sont en cours de dis-cussion, qui permettent deconcilier ouverture des fonds aupublic et juste rémunération desauteurs. Le projet de loi sur lesdroits d’auteur discuté au Par-lement valide et renforce ce dis-positif. Il prévoit en effet d’ins-crire dans la loi les accords déjàconclus ou à conclure par l’Inadans ce domaine.

Vous avez été aussi une victime« technologique » de votresuccès… comment comptez-vousremédier à cela ? Les équipes de l’Ina avaienttablé sur un doublement de l’audience au démarrage du site.En réalité, l’audience a été multipliée par 80 ! Pendant latempête, nous avons cependantréalisé une prouesse technique :une augmentation considérablede la « bande passante », celle-ciatteignant successivement 100,250 puis plus de 500 mégabitspar seconde. Aujourd’hui, nousavons dû accélérer la mise enœuvre d’une architecture ex-ceptionnelle pour porter la ca-pacité à 1 gigabits par seconde.De fait, l’Ina est non seulementdevenu le site audiovisuel le plusimportant au monde mais aussila seule entreprise de sa taille àdisposer d’une telle infrastruc-ture technique sur la toile.

Propos recueillis par Paul-Henri Doro

EMMANUEL HOOG : « UN RENDEZ-VOUS HISTORIQUE ENTRE L’INA ET LE GRAND PUBLIC »

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