Morgue du chatelet

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La morgue du Châtelet

A l’origine, une annexe des cachots du ChâteletA l’origine, une annexe des cachots du Châtelet

Depuis le Moyen Age, le Grand Châtelet était la résidence du prévôt de Paris.

Dépositaire de l’autorité royale à Paris, le prévôt était le chef de la police de la ville. Aussi, le Châtelet disposait de geôles destinées à accueillir les prisonniers.

A proximité de ces cachots, un espace fut dédié à la morgue : C’était là qu’on gardait les nouveaux prisonniers qui étaient alors surveillé par les gardiens. Surveiller était un euphémisme, car les prisonniers étaient alors «morgués» : ils étaient entièrement dévisagés afin que les surveillants fixent dans leur mémoire leurs traits en cas d’évasion.

Ces lieux étaient aussi appelés la basse geôle.

La morgue fut rapidement dédiée à l’exposition des cadavres trouvés La morgue fut rapidement dédiée à l’exposition des cadavres trouvés dans la Seine ou dans la rue. dans la Seine ou dans la rue.

Comme on peut s’en douter, chaque semaine, de nombreux corps étaient trouvés sans vie dans Paris, notamment dans la Seine.

Tous ces corps retrouvés furent envoyés à la morgue du Châtelet, lieu dédié à effet depuis au mois le XIVe siècle.

A certaines périodes, les greffiers du Châtelet pouvaient enregistrer 100 morts en moins de 4 mois.

L’assistance et les soins par les sœurs de Sainte CatherineL’assistance et les soins par les sœurs de Sainte Catherine

Depuis le Moyen Age, les Filles Hospitalières de Sainte Catherine devaient se charger de ces cadavres : les laver, leur donner une sépulture.

Comme souvent les corps étaient apportés nus, les religieuses fournissaient le linge du suaire et payaient le fossoyeur.

En effet, les statuts du couvent de Sainte Catherine leur imposait cette prise en charge. Ainsi, depuis le XIe siècle, elles accueillaient les filles sans maison et à la recherche d’un toit, et de donner sépultures aux personnes noyées ou trouvées mortes.

Les corps étaient apportés principalement au cimetière des Innocents

Religieuse de Sainte Catherine par Jacques Charles Bar

Un endroit sombre, humide... Un endroit sombre, humide... aavec une odeur forte due aux corps en vec une odeur forte due aux corps en cours de décomposition.cours de décomposition.

Depuis le XIVe siècle, sous la voute, la morgue était un réduit éclairé par une petite fenêtre pour exposer les corps noyés, qu’on regardait au travers d’une grille.

« C’était une espèce de salle basse où l’on exposait. On avait pratiqué à la porte une sorte de lucarne où, en se bouchant le nez, on regardait les corps qui étaient étendus. Ce lieu était rarement vide.Au bas de l’escalier était la Morgue... Tous les magistrats passaient journellement devant la Morgue et jamais ils n’ont montré sensibilité ni horreur pour ce spectacle. » L de Prudhomme en 1807

Les causes de la mort étaient toujours recherchées : Les causes de la mort étaient toujours recherchées :

Sous l’Ancien Régime, il n’était pas acceptable que les suicides soient impunis. Aussi, les officiers de la morgue devaient autopsier les corps s’ils ne disposaient pas de rapport de police.

Après l’exposition des trois jours, les corps étaient inhumés et les vêtements étaient conservées par la morgue. Si le corps était reconnu, la personne qui le récupérait devait s’acquitter des frais de repêchage et de morgue. Dans le cas contraire, c’était la police qui payait les morgueurs.

En 1800, ces frais étaient de 15 francs pour le repêchage, 5 pour la visite de l’officier de santé, de 3 à 5 pour le transport du corps

Quelques histoires autour de la morgue : Quelques histoires autour de la morgue :

« A la fin du XVe siècle, le chirurgien Philippe Roger vint pendant au moins 4 à 6 ans, jours et nuits, pour s’être chargés de corps apportés au Châtelet et morts noyés ou tués dans la rue. »

« En 1650, Monsieur du Verney venait à la Morgue pour ses ‘travaux en anatomie’. Il examinait alors cadavres, issus du gibet, dans les hôpitaux et au Châtelet. »

« En 1658, un hollandais Beck qui après avoir commis trois meurtres se suicida. Son corps fut apporté à la morgue. Il fut salé pour pouvoir être trainé dans la ville et pendu au Châtelet.L’ambassadeur d’Hollande obtint ensuite le corps en contrepartie d’une amende de 30 000 florins pour les victimes et 10 000 pour le Châtelet. »

Quelques histoires autour de la morgue : Quelques histoires autour de la morgue :

« Gérard Spifame, trésorier de Normandie fut embastillé. Un jour il se suicida en sautant de la fenêtre. Toutefois, comme ses biens avaient été confisqués, il fut considéré comme indigent et conduit à la morgue. »

« En 1657, un charretier fut assassiné sur le chemin de Bourg la Reine par un mousquetaire. Le corps fut trouvé le lendemain par des archets du guet et fut apporté en charrette à la morgue »

La destruction de la morgue du ChateletLa destruction de la morgue du Chatelet

En 1804, le dépôt des morts fut déplacé du Châtelet vers une ancienne boucherie du Marché Neuf.

Sur ordre du préfet de police, la morgue du Châtelet fut alors fermée : on avait lancé alors la destruction de la forteresse.

Commencée par les geôles en 1802, la démolition du grand bâtiment médiéval fut achevée en 1808 par les locaux des tribunaux d’instance.

Issue de la collection deIssue de la collection de Hippolyte Hippolyte DestailleurDestailleur

Le Grand Châtelet en 1800 Le Grand Châtelet en 1800

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Sources bibliographiques : ◦ Maillard Firmin, Recherches historiques et critiques sur la morgue

◦ Maxime Du Camp. La Seine à Paris, les Industries fluviales et la Police du fleuve

Crédits photo : Bibliothèque Nationale de France

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