Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

31
Mon amour Álvaro Siza, musée Nadir Afonso, 2003-2016, dessins de l’architecte

Transcript of Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

Page 1: Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

1

Mon amourÁlvaro Siza, musée Nadir Afonso, 2003-2016, dessins de l’architecte

Page 2: Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

2 3

Mon amour

DA SILVA LOUREIRO Léa

Session Février 2021Mention Espace

Mémoire niveau master 1

Page 3: Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

4 5SO

MM

AIRE

Fala atelier, Rua da Fábrica 38, sala 31, Porto, Portugal

CARACTÉRISATION DU PAYSAGE PORTUGAIS

1. Un paysage architectural diversifié

2. Une influence de culture romaine et musulmane dans l’architecture

3. Tremblement de terre de 1755, place à la reconstruction

4. L’architecture de L’Estado Novo

01

02 PRISE DE CONSCIENCE AU NIVEAU DES ARCHIECTES

1. De nouveaux groupes d’architectes

2. Fernando Tavora

3. Mise en place de l’école de Porto

4. Mise en place de ce modèle avec Alvaro Siza

03 UNE ARCHITECTURE CONTEMPORAINE

1. Le bureau Aires Mateus

2. Une application réfléchi

INTRODUCTION

PROBLÉMATIQUE

CONCLUSION

REMERCIEMENTS

BIBLIOGRAPHIE

P 6

P 8

P 10

P 30

P 50

P 56

P 60

P 61

Page 4: Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

6 7IN

TRO

DU

CTIO

NContrairement aux autres pays euro-péens, le Portugal a toujours été dans un état de tension entre sa propre culture et ses relations avec le monde extérieur.Dans l’exposition Les univer-salités, 50 ans d’architecture portu-gaise, celle-ci prend en considération ce fait et plonge le Portugal dans un choix identitaire, perdu entre une identi-té globale dans le monde et une identité locale chargée d’histoire. Le Portugal a choisi une fusion parfaite, combinant les contributions du colonialisme et des échanges internationaux, ainsi que ses caractéristiques locales historiques et culturelles uniques, fusionnant ainsi les caractéristiques mondiales.Dans les années 1960, l’histoire et l’en-vironnement bâti étaient extrêmement complexes. Le Portugal a été fortement influencé par ses relations extérieures à cette époque et a connu de grandes turbulences tant dans la politique que dans l’art.Les architectes Fernando Távora, Teotó-nio Pereira, Nuno Portas, Alvaro Siza Vieira, Edouardo Souto de Moura, Ál-cino Soutinho, Ruy d’Athouguia, Alber-to Pessoa et Pedro Cid ont formé un groupe d’architectes qui ont su travail-ler avec tout le monde. Tout en conser-vant l’important lien entre l’ancien et le nouveau, la culture, la tradition et le contexte portugais. Dans une certaine mesure, ils ont établi les bases des idées architecturales portugaises.Cette époque est marquée notamment par un dialogue qui s’établit doucement avec la scène internationale dû à l’entrée du Portugal dans l’Europe et à l’émergence

des échanges internationaux qui se sont fortement développés avec la naissance du plan Marshall . La nou-velle tendance artistique a remis en question les classiques et les savoirs, ancrés depuis longtemps dans la socié-té. Les styles internationaux continuent de se répandre et chaque pays essaie de s’exposer à la pointe de l’architec-ture.La question principale de l’époque pour les Portugais fut posée par Edouar-do Lourenço, essayiste portugais : « Existe-t-il une manière portugaise de concevoir et pratiquer l’architecture ? ». Cependant avec les CIAM1 qui prônent un style universel, ne prend pas en compte les conditions générales. Sauf qu’à l’époque le Portugal est sous le régime de António de Oliveira Salazar2. Il avait une vision rigide et arbitraire du Portugal et de sa culture refusant tout apport extérieur. Távora dans son livre « Le problème de la maison por-tugaise»3 comprend qu’il existe une possibilité d’allier la culture avec une at-tention particulière accordée aux sites, aux traditions et à l’histoire portugaise influencée par les apports internatio-naux et les évolutions technologiques.Il propose ensuite un style architectural qui fait preuve d’une grande humilité et de respect de l’environnement, tout en intégrant ce concept de patrimoine à l’émergence de styles internationaux.

1 CIAM : Les congrès internationaux d’archi-tecture moderne : Nés en 1928, ils ont pour but d’établir une nouvelle architecture qui se veut moderne et fonctionnelle. Ils rassemblent les grands noms de l’architecture comme Le Corbusier, Rietveld, Alto.

2 António de Oliveira Salazar (1889 - 1970) : Homme d’État portugais et professeur d’éco-nomie à l’université de Coimbra. Il est prin-cipalement connu comme étant inspirateur et figure centrale du régime autoritaire fasciste connu sous le nom d’Estado Novo de 1932 à 1968.

3 Collectif (2016). « La délicieuse souffrance d’une cruelle épine : l’architecture portugaise à l’aune du roman national » dans Les univer-salistes – 50 ans d’architecture portugaise. Marseille : Parenthèses, p. 7 - 8

Photographies personnelles de différents endroits au Portugal Croquis ruelle Evora

Page 5: Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

8 9

L’indépendance de certains architectes sous le régime de Salazar a ouvert de nouvelles perspectives sur la manière de comprendre l’architecture, notamment à l’École de Porto, où il avait une position intellectuelle.. Le collectif est aujourd’hui de renommée mondiale et a décerné des prix à des architectes tels que ses fon-dateurs Álvaro Siza et Eduardo Souto de Moura.Le choix du thème de ce mémoire repose sur la volonté de développer la conscience architecturale unique de la pratique d’architecture contemporaine. En accordant plus d’attention à ces deux protagonistes, j’ai découvert une architec-ture capable de répondre efficacement, tout en étant esthétique avec l’usage du blanc, une architecture simple et complexe à la fois, modeste et à l’écoute des Hommes, ancrée dans le site. Un retour à l’authenticité à l’époque de l’apparence.

L’architecture contemporaine portugaise s’inspire grandement de l’École de Porto.Cependant, diverses crises économiques et sociales ont poussé le pays à recon-sidérer la production de bâtiments afin de faire face à de nombreuses difficultés existantes. De nouvelles générations d’architectes s’appuient plus profondément sur ce principe sur la base du patrimoine existant pour répondre aux besoins d’infrastructure de la société défavorisée.Par conséquent, nous pouvons nous demander dans quelle mesure la doctrine établie lors de la création du collectif de l’École de Porto a influencé la production de l’architecture portugaise contem-poraine.Le but de ce mémoire est de comprendre comment l’École de Porto a influencé les architectes contemporains. Dans un premier temps nous verrons qu’elles sont les caractéristiques spécifiques de l’architecture portugaise, avec la particu-larité de l’École de Porto qui est aujourd’hui internationalement reconnue. Afin de comprendre dans quelle mesure la production architecturale a évolué depuis la création de l’École de Porto et comment continuera-t-elle d’évoluer.PR

OBL

ÉMAT

IQU

EArchitectes portugais en voyage à travers la Grèce, été 1976, entres autres Fernado Tavora et Álvaro Siza ( à droite)

Page 6: Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

10 11CA

RAC

TÉRI

SATI

ON

DU

PAY

SAG

E PO

RTU

GAI

S

Photographie, ruelle de Lisbonne

Page 7: Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

12 13

Le territoire portugais est un petit pays à l’échelle mondiale, mais présente tou-jours un paysage et un climat diversi-fiés. La région est située entre l’Espagne à l’est et l’océan Atlantique à l’ouest, et présente des avantages considérables dans l’échange de cultures différentes. Bien qu’il soit difficile de déterminer le degré d’influence des différentes ré-gions du pays sur l’architecture popu-laire portugaise, nous pouvons distin-guer trois régions principales.

Carte représentant les 3 grandes régions

relief plat, sols argileux et climat tempéré en hi-ver et forte chaleur l’été.

relief montagneux, sols rocheux composé de granite.

relief plat, sols argileux et climat tempéré.

La partie nord-est du Portugal est un plateau montagneux au climat froid, pluvieux en hiver et très chaud en été. Le sol de granit ou de schiste est utilisé pour construire des maisons.On trouve encore aujourd’hui des villages, figés dans le temps, entièrement construits en pierre avec des toitures en ardoise, sur les flancs des montagnes les plus inaccessibles comme le village de Pio-dao.

Photographie du village de Piodao, Portugal

Page 8: Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

14 15Le nord-ouest du Portugal est affecté par l’océan Atlantique. Le climat est froid, pluvieux en hiver et très chaud en été. Le sol ne pouvant fournir les pierres nécessaires à la construction des maisons, de nombreux villages de pêcheurs temporaires se caractérisent par l’utilisation du bois. Ces maisons sont appelées palheiros. Le problème de ces architectures reste la durabilité dans le temps, en raison de leur fragilité naturelle du bois, il reste aujourd’hui très peu de vestiges de

cette époque. En revanche, la volonté de conserver ces architectures reste importante, on peut retrouver à Costa Nova près d’Aveiro, le long de la plage des petites maisons colorées à colom-bages qui servaient autrefois pour stocker le matériel des pêcheurs. Cela est devenu le style local, car même les constructions récentes ressemblent à des palheiros. Devenu une station bal-néaire qui entretient ses petites mai-sons typiques aux couleurs vives. En respectant la traditions, les rayures vont

du rouge, au jaune, au bleu, alternées de rayures blanches qui font ressortir l’effet de la couleur.

Palheiros datant d’avant les années 60 Palheiros aujourd’hui

Page 9: Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

16 17

Maison typique de la région d’Algarve

Le sud du Portugal est caractérisé par des reliefs plats, de l’argile, un cli-mat tempéré en hiver et des étés très chauds. Ces maisons sont construites en pisé4 et leurs murs extérieurs sont peints à la chaux pour mieux refléter la lumière du soleil et ainsi mieux proté-ger l’intérieur de la chaleur.

4 Le pisé consiste à bâtir des murs en terre crue, que l’on dresse et compacte par blocs successifs entre deux panneaux de coffrage appelés « banches ». Cette technique millé-naire s’adapte à toutes les formes architectu-rales, tant modernes que traditionnelles.

Page 10: Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

18 19Il est évident que la localisation géo-graphique influe sur la construction des bâtiments au Portugal, un pays qui est de tous les côtés en relation. Face à cela on ne peut oublier le facteur de l’histoire ou de la culture qui est en permanence en relation avec l’œuvre architecturale. L’histoire architecturale portugaise est remplie d’apports signi-ficatifs provenant de cultures diverses. De nombreux peuples se sont installés avec leur culture sur le territoire actuel portugais. On compte parmi eux les Ro-mains, les Germains, les Arabes, mais aussi l’influence des principaux centres artistiques européens qui a introduit dans le pays les différents styles archi-tecturaux aussi bien roman, gothique, Renaissance, baroque que classique.Outre le fait que la présence de l’Empire romain instaure des réformes adminis-tratives et politiques, il introduit aussi de bon nombre de nouveautés techniques. La construction de routes, aqueducs ou ponts, dont certains aujourd’hui fonc-tionnent encore, permet le dévelop-pement entre les différentes villes. Au niveau architectural, la construction de temple, de thermes et villas permettent le développement de la construction en pierre qui aura une influence très forte dans l’architecture de certaines régions comme on a pu le voir précédemment. De nombreux vestiges de la présence romaine au Portugal sont encore vi-sibles comme le temple de Diane à Évora

Tour de Centum Cellas près de Belmonte (Nord-est en parallèle à Aveiro)

Temple de Diane à Évora

L’architecture des villes de l’Algarve, nom d’origine arabe qui veut dire ouest, est aussi fortement influencée par la présence musulmane. Les maisons construites en pisé enduites en chaux blanchie avec ses toits-terrasses ser-vant de séchoir pour les fruits, les che-minées d’origine islamique, les déco-rations arabesques et les rues étroites sinueuses nous font rappeler les médi-nas du nord de l’Afrique.

Vue aérienne d’un village dans l’Algarve

Page 11: Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

20 21Le tremblement de terre de Lisbonne de 1755. Peinture de João Glama Ströberle, datant de 1760,Musée National d’Art Ancien, Lisbonne.

Carte du plan de recons-truction de la ville de Lisbonne, par Manuel da Maia et Eugénio dos Santos

Page 12: Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

22 23Le 1er novembre 1755, à Lisbonne un tremblement de terre d’environ 9 degrés de magnitude sur l’échelle de richter plus un tsunami provoquent d’énormes dégâts dans la capitale. Avec la ville en ruine, il est urgent de re-construire les maisons pour reloger les habitants au plus vite. Cette tâche est at-tribuée, par le roi Joseph Ier, à Sebastiao José de Carvalho e Melo, à l’époque secré-taire des affaires étrangères et de la guerre. Celui-ci ordonne le déblaiement de tous les bâtiments détruits dans la catastrophe et utilisés comme remblais. Il charge alors Manuel da Maia et Eugénio dos Santos d’établir les plans de la reconstruction de la ville de Lisbonne. A la mort de ce dernier, Carlos Mardel, un architecte austro-hon-grois est nommé pour la supervision des travaux de construction5.Les plans de reconstruction du centre-ville présentent un caractère néoclassique et fonctionnel avec des îlots rectangu-laires, façades presque identiques et rues larges. Ils reflètent l’esprit des lumières de l’époque, les plans privilégient la sim-plicité, la cohérence et la fonctionnalité, ce qui s’explique par la formation interna-tionale de ces intervenants comme Carlos Mardel et Reinaldo Manuel dos Santos. L’azulejo, est privilégié car il ne propage pas le feu et protège de l’humidité, connaît un grand développement. De plus, le carreau de ciment est un élément de l’histoire qui s’est développé fortement puis qui a connu un essoufflement dû à la mondialisation d’autres matériaux. Cependant celui-ci pré-sente des caractéristiques qui ne sont pas négligeables, cela met en tension la moder-nité avec l’histoire, le patrimoine. La ville est complètement modifiée.

5 Il fallut un an pour que Lisbonne fut dégagée de ses ruines et la reconstruction commen-cée. Le roi voulait de grandes avenues et de grandes places pour éviter les encombre-ments, mais le marquis de Pombal disait qu’« un jour, elles seraient petites », ce qui s’est avéré : de nos jours, la ville connaît d’impor-tants embouteillages. Il fit construire des im-meubles selon des techniques antisismiques.

« Lisbonne, qui n’est plus, eut-elle plus de vices que Londres, que Paris, plongés dans les délices ? Lisbonne est abîmée, et l’on danse à Paris… »

Extrait du poème sur le désastre de Lisbonne, Voltaire, 1756

Page 13: Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

24 25Après le tremblement de terre de 1755, le Portugal connaît une longue période d’instabilité. Au début du xixe siècle, un quasi-arrêt des programmes artistiques est dû à la grande instabilité causée par une succession d’événements écrasant pour le pays. Marqué par les invasions napoléoniennes et la conséquente figure de la couronne portugaise vers le Brésil. S’ensuit une guerre civile, entre 1828 et 1834, pour la prétention à la couronne. La bourgeoisie libérale au pouvoir et amène avec elle une nouvelle culture architecturale, celle de l’Académie de Beaux-arts qui rompt totalement avec la tradition portugaise.La nostalgie d’un empire portugais puissant au niveau international est la cause principale de cette volonté de changement. S’en suit l’instauration de la répu-blique, mais l’instabilité politique et sociale ne cesse qu’en 1926 avec le coup d’Etat militaire et la progressive implantation de la dictature fasciste de Salazar, alors dénommée Estado Novo. L’état nouveau va avoir une influence considérable sur l’architecture.Toute cette période d’incertitude et de successifs renversements a comme conséquence l’oubli complet de la tradition architecturale portugaise. C’est à cette même époque que Raul Lino6 rentre du Portugal après plusieurs années en Alle-magne et s’apercevant des premiers effets de l’industrialisation sur la société, va se plonger sur une question : celle de la maison traditionnelle portugaise. “Aux yeux de Lino, l’Histoire n’était rien d’autre qu’une garantie d’authenticité et d’enra-cinement de l’architecture»7 Un concept idéalisé d’architecture, de planification et de style de vie résidentielle portugaise.L’État nouveau, est nostalgique de l’ancienne grandeur de l’empire portugais et veut son pouvoir sur la société, s’empare de cette doctrine pour combiner une architecture moderne et commencer à l’imposer dans la production architecturale publique. Cette dictature de Salazar se veut une architecture monumentale, signe de puissance de l’État, ainsi qu’une utilisation d’ornement rappelant les grandes découvertes maritimes. L’architecture est utilisée comme un outil de propagande célébrant un Portugal Impérial. Pourtant cette architecture ressemble très peu à l’architecture traditionnelle portugaise mais plutôt à l’architecture nationaliste et totalitaire de l’Italie. Afin de montrer cela, deux exemples sont parfaits pour illustrer cette nouvelle architecture de l’Etat Nouveau. D’une part, le Portugal se voit au devant de la scène avec la participation à l’exposition universelle de Paris en 1937, réalisée par Keil do Amaral. Le Portugal se retrouve à côté de l’URSS avec une architecture imposante. Le but étant de se montrer face à cette dicta-ture. Mais Salazar ne s’arrête pas là, en 1940 a lieu l’exposition du monde por-tugais réalisée à Lisbonne du 23 juin au 2 décembre. Un des objectifs de cette exposition est de mettre en avant l’État Nouveau, celui-ci étant alors en phase de consolidation. L’événement, a une dimension sans précédent, doit et deviendra l’événement politique et culturel le plus important pour le régime de Salazar.

6 Raul Lino da Silva , mieux connu sous le nom de Raul Lino ( Lisbonne , 21 novembre 1879 - 13 juillet 1974) était un architecte , designer, théoricien de l’architecture et écrivain portu-gais

7 Fondation pour l’architecture, Points de re-père : architecture du Portugal, Europia 91 - Portugal 1991

Plan officiel de l’exposition

Page 14: Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

26 27En effet, cette architecture a pour but essentiel de faire triompher le régime avec l’instauration d’un État autoritaire. L’expo-sition du monde portugais était divisée en 3 parties:-le secteur historique -le secteur de la vie populaire / ethnographique métropolitain-le secteur colonial La base de l’exposition était la représentation d’un grand pays, qui reposait sur le colonialisme, l’historicisme, le catholi-cisme et la ruralité du pays.

Dans cette première partie, nous avons pu mettre en place le contexte historique jusqu’aux années 50 qui s’est instauré au Portugal marqué par de nombreuses instabilités ainsi que l’arrivée au pouvoir d’ António de Oliveira Salazar qui instaure une dictature. Cela apporte une compréhension du paysage architectural portugais qui est multiple ainsi que les enjeux qui marquent la deuxième moitié du xxe siècle.

Exposition du monde Portugais, Pavillon de la formation et de la conquête

Exposition Internationale Paris 1937, pavillon Portugais.

Page 15: Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

28 29

“L’exposition du monde portugais en 1940 - en honneur de la force du régime et de sa volonté de maintenir l’«Empire» et étant l’illustration plastique du discours idéologique du salazarisme - table sur la collaboration des architectes modernes qui, ainsi, échouent de leur propre gré, n’ayant trouvé, ni probablement cherché, la synthèse que leur aurait permis, peut être, une apparition moins éphémère et superficielle”

Les prémisses et la naissance d’une tendance : École de porto, C.Quino Albino

Page 16: Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

30 31LA

PRI

SE D

E CO

NSC

IEN

CE A

U N

IVEA

U

DES

ARC

HIT

ECTE

SPhotographie d’archive en présence de Salazar et les équipes de l’ESBAP

Page 17: Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

32 33

Archives des couvertures de la revue Architectura

Au cours des années 40, un événe-ment majeur marqua le destin de toute l’Europe, la Deuxième Guerre mon-diale. La guerre a laissé derrière elle de conséquentes destructions dans de nombreuses villes d’Europe et la re-construction se fait urgente. La volonté réelle de faire rupture avec le mouve-ment moderne, afin d’avoir une voie vers le progrès et une réadaptation de la société. En revanche, la victoire des Alliés et la chute du gouvernement fasciste d’Europe rendent le régime de Salazar encore plus isolé dans le contexte inter-national. Cependant au niveau interne, il y a une insatisfaction sociale qui com-mence à progresser, les premières po-sitions critiques commencent à émer-ger et le gouvernement se renferme davantage. Les architectes ne sont plus d’accord avec les idées de Salazar. A Lisbonne, un groupe d’architectes diri-gé par Keil do Amaral, qui été en 1940, sous la direction de Salazar pour l’expo-sition du monde portugais, l’ICAT (Ini-tiatives culturelle, Arts et Technique), relance la revue Architectura pour divulguer et initier le débat autour de ce qui se faisait en architecture à cette époque.A la même période à Porto, se forme l’ODAM (Organisation des Ar-chitectes Modernes) qui se veut un pôle de débat théorique et culturel sur la base de la pensée du mouve-ment moderne.

Page 18: Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

34 35En 1945, Fernando Tavora, encore étu-diant à l’École Supérieure des Beaux-Arts de Porto, est un des protagonistes dans l’évolution de la réflexion archi-tecturale portugaise. Il écrit un article nommé “ O problema da casa portu-guesa” dans l’hebdomadaire Aléo. Dans ce texte il se montre très critique envers le régime et les architectes qui colla-borent avec Salazar en se pliant à leurs exigences. Il désapprouve l’idée d’une architecture mimétisme du gouverne-ment basée sur l’emploi d’éléments d’ornements inspirés de l’histoire por-tugaise. Il met aussi le point sur la perte d’identité de la maison portugaise.Pour lui, il existe des réponses afin de répondre à terme au problème de la maison portugaise. Ces réponses passent par l’étude de la réalité por-tugaise divisée en trois groupes: -L’étude du contexte portugais -L’étude de l’architecture portugaise existante -L’étude de l’architecture moderne dans le monde

L’époque est partagée entre le tra-ditionnel et le moderne, dans son article Fernando Tavora invite donc les architectes portugais, à prendre une troisième voie et à concilier les traditions portugaises avec les idées progressistes du mouvement moderne.

Couverture du livre O problema da casa portuguesa, Fernado Tavora, Lisboa, 1947

Fernando Tavora, travaillant sur un projet architectural

“O romantismo ainda latente nesses espíritos determinou que fos-sem procurar no passado todas as lições para a solução do seu problema e ei-los armados da História, ei-los armados de uma falsa interpretação da Arquitectura antiga para resolverem questões bem presentes e bem vivas...Era, pode dizer-se, uma Arquitectura de ar-queólogos e nunca uma Arquitectura de arquitectos...Por estranhos raciocínios estabeleceu-se que a nossa arquitectura «tradicional» era caracterizada por um determinado número de motivos decora-tivos cuja aplicação seria suficiente para produzir casas portugue-sas.” 9

“Le romantisme encore latent dans ces esprits a déterminé qu’ils devaient chercher dans le passé toutes les leçons pour la solu-tion de leur problème et être armés de l’histoire, être armés d’une fausse interprétation de l’architecture ancienne pour résoudre des problèmes qui sont très présents et très vivants...On pourrait dire, une architecture d’archéologues et jamais une architecture d’archi-tectes ... Par un étrange raisonnement il a été établi que notre archi-tecture «traditionnelle» se caractérisait par un certain nombre de motifs décoratifs dont il serait l’application assez pour produire des maisons portugaises.”

9 Texte integral: Fernando Távora – “O proble-ma da casa portuguesa”. Cadernos de Arqui-tectura n.º1. Lisbonne, 1947.

Page 19: Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

36 37

10 Texte integral: Fernando Távora – “O proble-ma da casa portuguesa”. Cadernos de Arqui-tectura n.º1. Lisbonne, 1947.

“As casas de hoje terão de nascer de nós, isto é, terão de representar as nossas necessidades, resultantes das nossas condições e de qualquer série de circuns-tâncias em que vivemos, no espaço e no tempo… A casa popular vai dá-nos grandes lições quando bem estudado, porque é o mais funcional e o menos fan-tasioso, enfim, o que melhor corresponde às novas intenções… Na arquitectura contemporânea não há não é difícil já ver uma solidez promissora; surge uma nova personagem, novas condições e porque essas condições também nos afec-tam, é nela que devemos ligar a arquitectura portuguesa sem medo de perder o seu carácter.” 10

“Les maisons d’aujourd’hui devront être nées de nous, c’est-à-dire qu’elles devront représenter nos besoins, résulter de nos conditions et de toute série de circons-tances dans lesquelles nous vivons, dans l’espace et dans le temps… La maison populaire nous fournira des grandes leçons lorsqu’elle sera bien étudiée ,car elle est la plus fonctionnelle et la moins fantaisiste, en un mot,celle qui correspond le mieux aux nouvelles intentions… Dans l’architecture contemporaine, il n’est pas difficile de voir déjà une solidité prometteuse; apparaît un caractère nouveau, de nouvelles conditions et parce que ces conditions nous affectent également, c’est en elle que nous devons connecter l’architecture portugaise sans crainte de perdre son carac-tère.”

Page 20: Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

38 39Après avoir fait le constat, avec Fer-nando Tavora, que l’architecture por-tugaise pendant la dictature de Salazar a totalement oublié l’esprit traditionnel. Intéressons nous plus particulièrement à l’enseignement que les architectes ont. Lors du Ier congrès national d’ar-chitecture on observe que dans les écoles d’architecture notamment au sein de l’ESBAP ( école des beaux-arts de Porto) il est enseigné l’architecture, la peinture, la sculpture mais pas d’ap-prentissage de la science exacte. Cela est critiqué, les architectes jugent alors qu’il ne promeut pas des profession-nels conscient de leur mission, les ren-dant plus inadaptés aux nouveaux défis qui se présentent à eux. A la suite de ce congrès, les années 50 voient apparaître une série de réformes de l’enseignement architectural. A cette époque un architecte enseignant se dé-marque des autres Carlos Ramos, qui lui contribue fortement à la modernisa-tion en ayant une action politique et pé-dagogique qui ne reste pas inaperçue.

“Carlos Ramos est peut-être le seul architecte et enseignant de sa généra-tion qui a une proposition pédagogique lorsqu’il commença à enseigner en 1940, une proposition d’école lorsqu’il commença à diriger ESBAP en 1952 et une proposition législative lors de la préparation de la réforme de 1950-57”11

Avec cette citation, il est essentiel de s’intéresser au rôle que va jouer Carlos Ramos dans le développement d’une culture moderne au sein de écoles d’ar-chitectures; Il faut donc identifier dans

quelle mesure sa contribution a eu un impact sur la culture et l’idéologie de l’École de Porto.

Malgré une formation sous le modèle des beaux-arts, Carlos Ramos est un des pionniers des idées du mouvement moderne du Portugal. On peut voir dans ses premiers projets une volonté d’appliquer les principes du mouvement moderne. Mettons ici en évidence deux projets, un non construit et un construit. Le Lycée D.Filipa de Lencastre de 1929 et le Pavillon pour l’Institut Portugais d’oncologie de 1933. Ces deux projets présentent une architecture moderniste pour son époque par ses volumes rec-tilignes, des toitures plates, et l’absence totale de décoration en façade.A la suite de ce Ier Congrès National d’Architecture, il entreprend alors des changements dans l’enseignement au sein de son atelier basé sur une ouverture idéologique et approfondi la conscience critique. Dans ce Congrès on peut voir des étudiants-architectes avec déjà un esprit critique comme Fer-nando Távora, Mario Bonito ou Viana de Lima.A la suite, Carlos Ramos expérimente de nouvelles formes d’enseignement et c’est sur cela que se passe l’École de Porto. Articulant l’enseignement du projet avec d’autres disciplines comme l’architecture et construction et plus tard la conjugaison de trois arts, archi-tecture, sculpture et peinture.

11 F. Keil do Amaral, La formation des archi-tectes, congrès national d’architecture: rap-port du comité exécutif, thèses, conclusion et votes du congrès, Lisbonne, Orde des archi-tectes, 2008

Basé sur le modèle du mouvement moderne, la réforme se traduit par de nouvelles approches de la pratique architecturale avec l’inclusion de dis-ciplines comme les sciences exactes, des sciences humaines et une inten-sification du travail en atelier au cours de la formation. Cependant, alors que la réforme de 1957 se base sur les prin-cipes de la charte d’Athènes pour adap-ter l’architecture portugaise à la réalité de son époque, le mouvement moderne est déjà remis en cause à l’extérieur du Portugal. Lors du CIAM réalisé en 1953 à Aix-en-provence dont le thème princi-pal est l’habitat humain surgit un conflit générationnel. Les jeunes membres du CIAM entrent en rupture avec leurs pré-décesseurs. Ils expriment la nécessité d’une architecture plus flexible capable de répondre aux diverses réalités et contextes culturels des populations. De ce fait, lorsque la réforme de l’ensei-gnement de 1957 est appliquée, ces principes se trouvent déjà caducs ne correspondant déjà plus à une société en pleine transformation ni au débat architectural international qui se tourne déjà vers la fonction sociale de l’archi-tecture. Carlos Ramos se voit donc confronté, malgré sa vision progres-siste de l’enseignement, aux problèmes créés par un diplôme qui n’est plus adapté aux aspirations profondes voire à la réalité de l’école ou celle du pays.

Photographie d’archive du Pavillon pour l’Institut Portugais d’Oncologie

Élévation du Pavillon pour l’Institut Portugais d’Oncologie

Page 21: Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

40 41A la fin des années 50, dans le domaine politique il y a une nouvelle transforma-tion. Deux événements accentuent le climat d’instabilité politique du Portugal et fragilisent le régime de Salazar. De plus, l’exode des populations provenant des régions rurales de l’intérieur du pays vers les régions du littoral plus industriali-sées pour trouver du travail, créent de sérieux problèmes d’habitation et urba-nistique. Au niveau de l’architecture, le début des années 60 représente également une pé-riode de transformations. Depuis la fin annoncée par le gouvernement moderne avec l’annulation des CIAM à Otterlo par la TEAM X12, il devient plus que jamais nécessaire de trouver une voie pour l’architecture capable de répondre aux défis contemporains.En effet, la société actuelle a déjà entrepris de profondes transformations avec l’industrialisation par l’Estado Novo qui provoquent l’exode de la population rurale de l’intérieur vers le littoral. L’État, débordé par la guerre coloniale qui se prolonge, a complètement délaissé l’investissement dans l’habitat social. ce qui a créé des bidonvilles en périphérie des grandes villes. La construction de nouveaux habitats se fait urgente et l’État entreprend une confirmation de la promotion immobilière de façon à combattre la pression démographique toujours grandissante. L’état entame des démolitions des bidonvilles dans plusieurs villes du pays afin de créer l’espace nécessaire à la construction d’habitat social.

12 Team X, Team 10 ou encore Team Ten est un groupe d’architectes issus du mouvement moderne ayant contribué à repenser l’archi-tecture et l’urbanisme en rupture avec les conceptions rationalistes de leurs prédéces-seurs, dans les années 1960 et 1970.

Photographie d’exemple de bidonvilles au Portugal

Parmi les rares projets urbanistiques réalisés à cette époque, mettons ici en évidence le projet pour le quartier Olivais au nord-est de Lisbonne. Conçu à la fin des années 50 et construit au début des années 60, le plan d’aménagement du quartier Olivais est fortement influencé par les principes du mouvement moderne. Prévu pour accueillir une population d’environ 50 000 habitants, il s’agit d’une tentative de réponse au besoin pressant de logements à Lisbonne. Le choix d’appliquer les idées de la charte d’Athènes est facilement compris par sa capacité de produire efficacement du logement rapide. Influencé par le Corbusier, lorsque l’on compare les barres de logement de Pires Martins et Palma Melo avec la cité Radieuse à Marseille. Le quartier de l’Olivais est ainsi un laboratoire de l’architecture moderne au sein de la ville de Lisbonne. Cepen-dant le quartier rompt radicalement avec le tissu urbain existant isolant les habitants du reste de la ville. Bien qu’il s’agisse d’une expérience intéressante et nécessaire pour son époque, ce quartier se réduit à un endroit pour dormir mais qui ne s’adapte pas à l’évolution de la ville et à la diversification des besoins architecturaux contemporains. Ce quartier démontre par l’exemple les limites urbanistiques de la charte d’Athènes et de la réforme de l’enseignement entamée en 1957.

Le 25 avril 1974, un coup d’État militaire pacifique renverse le régime en vigueur, restaure les libertés démocratiques et entame la décolonisation des territoires d’outre-mer. Les militaires sont accueillis dans les rues de Lisbonne avec des œillets et l’euphorie générale s’installe. Le pays qui rencontrait déjà des problèmes de logement avant la révolution voit sa situation devenir critique.

Photographie du quartier l’Olivais à Lisbonne

La cité radieuse de Le Corbusier

Page 22: Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

42 43

“Avec le 25 avril, du logement dans le pays devient impos-sible à dissimuler. Il suffisait de regarder les statistiques pour comprendre la gravité de la situation. Le manque de logements s’élevait à 600 000 avec une sérieuse ten-dance à la hausse.”13

13 Nuno Grande et J.A Bandeirinha, les Uni-versalistes : 50 ans d’architecture portugaise. Fondation Calouste Gulbenkian : Cité de l’ar-chitecture et du patrimoine, 2016.

L’Etat se voit donc obligé de réagir au plus vite pour résoudre le problème de l’habitation et décide d’avancer sur plu-sieurs fronts à la fois. Premièrement, le gouvernement décide de poursuivre et dynamiser les projets déjà existants fi-nancés par le Fonds de Financement de l’Habitation (FFH) en partenariat avec le secteur privé. Deuxièmement, il éla-bore des systèmes alternatifs se basant sur l’autogestion sociale de manière à répondre plus rapidement. Il s’agit du programme de Service d’Appui Mobile Local (SAAL). Cela consiste à travailler directement avec les habitants, il y a là un vrai échange entre architectes et habitants. Ce qui est plutôt intéressant pour savoir exactement ce dont ont besoin réellement les usagers. C’est ce qu’on va pouvoir voir avec la référence de l’Alvaro Siza, où il y a eu un échange considérable avec les habitants de ce quartier.

Page 23: Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

44 45

Álvaro Joaquim de Melo Siza Vieira, bien qu’il ait initialement voulu recevoir une formation en sculpture, a finalement reçu une formation d’architecture EBAP entre 1949 et 1955.Pendant la forma-tion, il a rencontré Carlos Ramos et Fer-nando Távora, ce qui affecte sa carrière d’architecte. En particulier, il a effectué son stage d’architecture avec Fernando Tavora, pendant lequel Siza a conçu son premier projet, le salon de thé Boa Nova à Leçada Palmeira, face à la mer. L’influence de Tavola est évidente, sur-tout en raison du fait qu’ils ont travaillé ensemble. De plus, on sent la volonté d’appliquer une architecture moderne à la tradition architectonique portugaise. Cependant, ce qui fait de ce projet une œuvre remarquable est assurément la capacité de Siza à l’intégrer dans son contexte topographique exigeant. En effet, il est difficile de dire avec pré-cision où s’arrête le sol rocheux et où commence exactement l’œuvre. Le pro-jet ne s’impose pas au contexte, mais il en tire parti. Le salon de thé se cache entre les roches et pourtant il s’ouvre totalement vers l’océan offrant une vue privilégiée à ses usagers. Coupe, Salon de thé Boa Nova à Leça da Palmeira Álvaro Siza

Photographie Salon de thé Boa Nova à Leça da Palmeira Álvaro Siza

“L’oeuvre de Siza s’inscrit dans une tendance qui “efface” l’architecture moderne au profit du respect des éléments préexistants, qui suggère ce qui est moderne”14

Tout au long de la carrière de Siza, a cette capacité d’adaptation à l’environ-nement qui est restée la même. C’est justement en raison de cette faculté que Tavora affirme que “Siza est plus hol-landais que les hollandais”. L’adaptation des œuvres de Siza rend chaque œuvre unique, variable selon le contexte non seulement géographique mais aussi temporel, rendant ainsi possible de la catégoriser dans un style ou courant architectural. En 1960, alors que Siza est encore un jeune architecte, ses œuvres sont déjà publiées dans la revue Architec-tura. Nuno Portas félicite la capacité de Siza d’apporter toujours de nouvelles solutions à chaque projet : “ De telles idées… ne sont pas dans les plans, les coupes ou les élévations, mais sont conçues de l’intérieur, c’est-à-dire pour ceux qui y circulent, vivent du détail dont lumière entre, de la transition du garde-corps avec le mur, du détail constructif que Siza Vieira aime exas-pérer”15

14 Fondation pour l’architecture, point de repère : architecture du portugal, Bruxelles,Europia 91 - Portugal 1991

15 N. Portas, 3 obras de Alvaro Siza Vieira, Architectura, n°68, juillet 1960

Page 24: Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

46 47

Croquis l’aménagement pour le quartier Quinta da Mala-gueira

Photographies du quartier Quinta da Malagueira

Entre 1973-77, Siza réalise le plan d’aménagement pour le quartier Quinta da Malagueira situé dans la zone sud-est d’Evora dans le sud du Portugal. Le projet prévoit la construction de 1200 structures financées par différentes en-tités : 407 par des coopératives, 100 par des organisations de locataires, 300 par l’État, 93 par des contrats de construc-tion et 300 par initiative privée. Dans ce projet, Siza montre une fois de plus sa capacité à appréhender le lieu.La situation géographique et topographie du site, des légères élévations typiques de la région de l’Alentejo, deviennent des éléments clés du projet. Celle-ci se réfère davantage à l’architecture du sud du pays. Maisons blanches, toitures plates et patios sont tous les signes de l’architecture méditerranéenne du sud du Portugal. La faculté de Siza d’inté-grer dans son architecture histoire et modernisme montre que sa relation à la tradition ne signifie donc pas simple stagnation. La topographie y joue également un rôle essentiel. En effet, bien que les maisons de deux niveaux semblent à première vue similaires, avec quelques variantes typologiques qui vont de la maison une chambre à la maison cinq chambres, la topographie du site ap-porte un dynamisme à l’ensemble. Pour se faire, Siza s’aide du dessin comme créateur d’espace. En effet, le croquis est l’outil de Siza pour appréhender le lieu. C’est à travers le dessin que Siza pense, se projette dans l’espace, teste des variantes, vérifie les échelles et imagine ses œuvres.

Cette caractéristique est d’ailleurs une constante parmi les architectes de l’École de Porto. Par conséquent, nous pouvons conclure qu’Alvaro Siza et ses bâtiments ont inté-gré l’idéologie de l’École de Porto. Il re-présente le dernier maillon d’un groupe de personnalités qui ont contribué au développement de la réflexion architec-turale tout au long de la seconde moitié du xxe siècle.

Photographie du quartier Quinta da Malagueira

Page 25: Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

48 49Cette partie de ce travail nous a permis de mieux saisir la réalité architecturale portu-gaise en déchiffrant notamment le déve-loppement de la culture architecturale de l’École de Porto. Elle nous permet aussi de comprendre que l’on ne peut pas se résoudre à parler d’une architecture por-tugaise d’un seul tenant puisqu’il en existe de multiples. Nous découvrons ainsi une architecture portugaise très diversifiée conditionnée par l’histoire et de multiples facteurs. Le climat, le sol, la topographie, les coutumes ou les influences de cultures extérieures ayant un impact sur la manière de vivre et donc la production architectu-rale d’une région ou d’un pays.Nous pouvons ainsi résumer que l’idéolo-gie de l’École de porto ne se base pas sur l’application stricte de principes architec-turaux ou l’utilisation d’éléments formels mais plutôt qu’elle fournit une série d’ou-tils en vue d’aider l’architecture lors de la conception de ses projets. Nous pouvons ainsi identifier ces outils en quatre groupes: -développement d’un esprit critique envers l’emploi de l’architecture contemporaine -intégration de l’architecture au contexte existant -application du rôle social de l’architecte-dimension artistique de l’architecture

En appliquant ces outils, l’architecture est capable de s’adapter à son contexte ainsi qu’à son temps. Résumer l’idéologie de l’École de Porto en un style ou un courant architectural serait caricatural puisqu’au contraire, de cette pensée découle une architecture très riche car variable et diver-sifiée.

Page 26: Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

50 51AR

CHIT

ECTE

S CO

NTE

MPO

RAI

NS

Vue de l’exposition Aires Mateus, François Fernandez

Page 27: Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

52 53Dans cette dernière partie de ce tra-vail, nous allons faire une analyse d’une œuvre d’un bureau d’architecture contemporain portugais. le musée du phare Santa Marta, œuvre du bureau Aires mateus. Le but étant de déter-miner la réflexion qui à été menée au cours de la deuxième moitiée du XXe siècle au sein de l’école de porto. Nous pouvons comprendre s’il y a influence de l’idéologie de l’école de porto dans la production architecture portugaise contemporaine. Le choix de ce projet porte sur des critères. Dans un premier temps, les architectes de ce bureau ont terminé leur forma-tion dans les années 83, ils ont donc commencé à exercer vers la fin du XXe siècle. Par conséquent, ces frères sont susceptibles de subir l’influence d’archi-tectes comme Fernando Tavora, Alvaro Siza ou Eduardo Souto de Moura dont la réputation est déjà très grande au Por-tugal à cette période. De plus, l’architec-ture qui a été choisie de ce cabinet à été construite en 2007, une œuvre récente qui représente la production architectu-rale contemporaine portugaise. Dans un second temps, le critère de sé-lection est le fait que cela soit un projet public. Puisque l’œuvre a été soumise à un concours, celui-ci est le résultat d’une volonté collective et donc plus représentative d’une tendance architec-turale d’une société que les projets pri-vés qui peuvent ne représenter que la volonté d’un seul individu. Et pour finir, le projet a obtenu un prix et à été publié dans des revues et sites internet dédiés à l’architecture. Visible par le monde entier.

Le bureau Aires Mateus est créé en 1988 par les frères Manuel et Francisco Aires Mateus. Tous les deux suivent leur forma-tion en architecture à la faculté d’architec-ture de l’université de Lisbonne en 1986 et 1987 respectivement. Ils travaillent au sein du bureau de Gonçalo Byrne avant de créer leur propre bureau. Dans les années 90, ils conçoivent essentiellement des projets de maison de petite ampleur leur permettant de gagner de l’expérience. Au cours des années 2000, leur carnet de commandes se diversifie et ils commencent à projeter des écoles, des musées, des hôtels. Leurs tra-vaux sont récompensés par plusieurs prix aussi bien au Portugal qu’à l’étranger. En 2009, leur projet pour le musée du phare de Santa Marta est sélectionné pour le Prix de l’Union européenne pour l’architecture contemporaine Mies Van der Rohe. Le projet se situe dans la municipalité de Cascais en périphérie de la ville de Lis-bonne. Le phare, construit au XVIIe siècle, se trouve en bordure de mer à quelques mètres de distance de la maison de Santa Marta édifiée par Paul Lino au début du XXe siècle. Au pied du phare se trouvent 3 bâti-ments. Ceux-ci servaient de maison au per-sonnel qui autrefois assurait la manutention du phare.Le programme consiste en la réhabilitation du phare, de ses installations ainsi que la construction d’un espace muséologique où sera exposée l’histoire de ce vieux phare. Les intentions des architectes se basent sur trois principes: -Restauration des installations existantes-clarification du processus historique -création d’un nouveau bâtiment en vue de son adaptation muséologique.

Page 28: Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

54 55Le programme est par conséquent décomposé en trois ensembles chacun avec sa matérialité propre. Le phare dont l’intervention se résume à sa restauration, les bâtiments annexes au phare qui comprennent les espaces muséologiques et un nouveau bâtiment destiné à accueillir les fonctions nécessaires au fonctionnement du musée. Le musée occupe donc les bâtiments préexis-tants au pied du phare. Les façades de ces édifices sont recouvertes d’azulejos blancs en référence aux azulejos qui tapissent les parois du phare. La clarté des façades extérieures contraste avec l’ambiance sombre qui règne à l’intérieur du musée. Les architectes ont pris le soin de mettre en évidence les encadrements des portes et façades comme vestiges de la tra-dition architectonique portugaise. Grâce à des jeux pleins et vides, cette construc-tion crée des niches qui protègent l’usager des vents forts. De plus, ce bâtiment-mur connecte les différentes fonctions programmatiques entre elles. Sa toiture est plate et le jeu de pleins et de vides renforce son aspect de muraille. Sa façade est d’un blanc immaculé uniquement interrompu par ses ouvertures. On constate ainsi le respect de l’architecte pour le patrimoine existant, dans lequel le phare est au cœur de l’œuvre. Les autres bâtiments par ses façades blanches s’effacent pour mettre celui-ci en évidence. Le concept temporel est également mis en valeur par les différentes matérialités appliquées à l’ensemble. Finalement le nouveau bâtiment apporte une atmosphère artistique mo-derne, laissant la marque de notre temps dans ce projet intemporelL’abordage critique dans l’apport d’une architec-ture moderne, l’intégration au site et la dimen-sion artistique par les architectes nous permet ainsi d’affirmer que les principes de l’École de porto s’appliquent dans ce projet.

L’architecte n’a pas seulement appli-qué naïvement les principes de l’École de Porto. Nous pouvons montrer une réelle réflexion architecturale par rap-port à celle produite au sein de l’école de porto jusqu’à la fin du XXe siècle. Ce type de réflexion est lié à la remise en cause des sites patrimoniaux dans notre société. Nous ne faisons pas réfé-rence ici au patrimoine produit par les grands maîtres de l’architecture que tout le monde admire. Mais nous par-lons ici plutôt de ce patrimoine moche, hideux, souvent en ruines que nous laissons détériorer aux abords de nos villes. Nous parlons ici de ce patrimoine que nous oublions jusqu’à ce qu’un promoteur avide d’argent facile le rase pour en faire un hôtel cinq étoiles. Le projet vu précédemment est une réha-bilitation de structures qui étaient en état de ruines. Pourtant, plutôt que de le raser pour imposer leur architecture, les architectes ont choisi de leur donner une seconde vie. Ils ont choisi de faire collaborer leur architecture avec celle déjà existante. Il en résulte une série de contraste qui, paradoxalement, dégage une certaine harmonie de l’ensemble. D’autre part, ce genre d’intervention a l’avantage de permettre de faire des économies d’argent, mais également de matériaux. De plus, comme il s’agit d’un projet public, nous pouvons en déduire que la société portugaise a,elle aussi, évo-lué. En effet, ce projet contraste avec les politiques de destructions massives effectuées dans les années 60 par les pouvoirs politiques.

Nous vivons également dans un XXIe siècle marqué par le réchauffement climatique, qui d’ailleurs, est créé par toutes ces technologies produites par l’homme. Ce XXIe siècle marque éga-lement le début de la lutte contre le réchauffement climatique par la re-cherche d’efficience énergétique, par une économie de ressources et une utilisation écologique des matériaux de construction. Ce sont ceux-ci les défis qui se présentent aujourd’hui aux architectes. Dans ce cadre, la question de ce patrimoine “ moche” prend de l’importance au sein de notre société. Allons-nous continuer de détruire pour reconstruire? Ce patrimoine oublié peut s’avérer une opportunité pour notre so-ciété. Il peut représenter une économie de ressources et ainsi diminuer notre impact sur le réchauffement climatique. Il serait également naïf de penser que tout le patrimoine doit être préservé. Cependant, en tant que designer d’es-pace de demain, nous avons le devoir de nous poser la question sur la place du patrimoine dans nos sociétés.

Page 29: Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

56 57CO

NCL

USI

ON

Papier Peint, Azulejos, Grès cérame décoré, FORMATS 20x60 cm ép. 8,5 mm, Indigo.

Page 30: Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

58 59Quand on parle de l’école de Porto comme d’un phénomène: beaucoup d’idées et de références depuis un de-mi-siècle. Nous ne définissons pas une «école» au sens de «tendance», c’est-à-dire les méthodes et son approche, mais considérons une période et un ar-chitecte spécifiques. Après les années 1960 et 1970, avec des changements politiques et une énorme demande de logements et d’installations, cette ten-dance est apparue. Pour parler d’école dans ces termes, il est nécessaire de comprendre les effets spéciaux des ar-chitectes portugais dans leurs œuvres et leur attirance pour les traditions modernistes, avec l’étiquette «école de porto». L’image externe de la singularité de l’écriture de Porto s’est renforcée par la reconnaissance internationale des travaux d’Alvaro Siza. Ce travail de réflexion nous permet d’appréhender la réalité de l’architec-ture portugaise à travers une interpré-tation particulière du développement de la culture architecturale de l’école de Porto. Cela nous a également fait com-prendre que nous ne parlons pas seu-lement d’architecture portugaise, mais que la beauté est en effet une variété d’architecture. Cette diversité est due à l’histoire, au climat, au sol, à la topogra-phie, aux coutumes ou aux influences culturelles extérieures du pays.Le moment crucial a été dans les an-nées 40, avec la construction de l’iden-tité portugaise avec l’école de Porto. En effet, cette période est caractérisée par le vide identitaire du régime autoritaire, les architectes qui sont au devant de

la scène sous Salazar joueront un rôle très important dans l’école de Porto car ils ne sont pas d’accord avec les élé-ments établis.Carlos Ramos est l’initiateur de la méthode pédagogique innovante de l’école de Porto. À partir des années 40, il utilise une méthode d’enseigne-ment basée sur le modèle du Bauhaus, qui se révèle être la base de toute une génération dans la seconde moitié du XXe siècle. C’est lui qui éveillera l’esprit critique de l’architecte Fernando Tavora.Bien que le débat architectural portu-gais à l’époque se soit concentré sur des questions traditionnelles ou mo-dernes, Tavora s’est inspiré des idées modernistes de son professeur et a proposé dans sa thèse “le problème de la maison portugaise” une troisième façon d’intégrer l’architecture tradition-nelle portugaise aux idées novatrices du modernisme.Tavora se révèle également décisif dans le développement de la réflexion archi-tecture portugaise avec la contribution de forme d’enquête à l’architecture régionale portugaise. Tavora et Alvaro Siza mettent en application, après la révolution des Oeillets, dans leurs pro-jets sociaux. Siza montre les différents avantages et richesse architecturale qui peuvent en découler quand l’architecte travaille en collaboration avec les dif-férents acteurs, tels que les habitants directement. Il nous montre également l’importance du dessin comme créa-teur et organisateur d’espace. Il donne ainsi à son architecture portugaise une dimension artistique nécessaire pour

qu’elle soit capable d’interpeller ses uti-lisateurs.En ce qui concerne une analyse de référence plus moderne, cela nous révèle comment l’idéologie de l’école de Porto ne se résume pas simplement à un style satirique ou à une tendance architecturale, car au contraire, l’archi-tecture issue de ce genre de pensée est très riche car il y en permanence du changement et de la diversification. Le travail du bureau d’Aires Mateus nous amène au niveau artistique de l’archi-tecture. Le musée du phare de Santa Marta exprime sa beauté à travers son jeu de pleins et vides, et la blancheur pure de ses murs extérieurs. Cepen-dant, le musée ne disparaît presque plus de notre concentration sur le phare. Nous pouvons conclure des architectes contemporains que les idées de l’école de Porto sont en constante évolution. Ce type de réflexion est lié à la remise en cause du statut du patrimoine indus-triel dans notre société. Cet héritage souvent oublié peut s’avérer être une opportunité pour notre société.

Dans le monde d’aujourd’hui peu d’ar-chitectes contemporains reprennent les azulejos, pourtant un élément patrimo-nial du Portugal. Un des enjeu sera de repenser les azulejos d’un nouvelle manière, repen-ser les épaisseurs, venir jouer avec le volume du carreau de ciment pourtant très simple. L’autre enjeu serait de venir travailler la matière, prendre des matières impor-tantes qui sont de la culture portugaise: tel que le textite, l’argile...

Photographies, de mise en scène de la marque Indigo

Ironique, décalée, provocatrice : Indigo reproduit les couleurs et la matière des traditionnels azulejos en les réinterpré-tant de façon audacieuse et contempo-raine. Composée d’un mix de 63 sujets qui évoquent des traditions iconogra-phiques stylistiquement éloignées les unes des autres, à travers dix siècles d’histoire. Réalisée en grès cérame émaillé, Indigo, outre au revêtement mural, peut être également utilisée pour la réalisation des sols. Indigo est égale-ment proposée avec le fond sans décor aux formats 20×20 Rect. et 20×60 Rect.

Page 31: Mon amour - lyc58-colas.ac-dijon.fr

60 61RE

MER

CIEM

ENT

Je tiens à remercier toutes les personnes qui ont contribué à l’aboutissement de ce mémoire.

Dans un premier temps, je voudrais remercier l’équipe pédagogique, M.Wampach, M.Marion, M.Kaczorowki et M.Labia pour leur écoute, leur aide et leur judicieux et précieux conseils qui m’ont permis d’étoffer ma réflexion tout au long de ce travail.

Dans un second temps, je tiens à remercier les différents architectes français qui travaillent au Portugal, pour le temps accordé lors d’entretiens téléphoniques, qui m’ont permis de ressortir des éléments essentiels.

Enfin, j’exprime ma reconnaissance envers mes amis et ma famille pour l’aide ap-portée concernant les corrections d’orthographiques et de grammaticales, ainsi que tout le soutien moral durant cette période. BI

BLIO

GR

APH

IE

Ouvrages bibliographiques

Nuno Grande et J.A Bandeirinha, Les Universalistes : 50 ans d’architecture por-tugaise, Fondation Calouste Gulbenkian : Cité de l’architecture et du patrimoine, 2016

Albert-Alain Bourdon & Yves Léonard, Histoire du Portugal, Chandeigne, 2019

Alvaro Siza, Imaginer l’évidence, parenthèses, 2012

Mémoires / Thèses

Margot Lacoste, Architecture et dictature : la politique du logement sous la dic-tature de l’État nouveau au Portugal, mémoire de fin d’étude, école supérieur d’architecture de Toulouse, 2018

Camille Rodriguez, Siza et le rapport au site, mémoire de licence, école d’archtiec-ture de Nancy, 2010

Vidéo

Conférence, Portugal -France, une relation particulière, partie 1, cité de l’architec-ture et du patrimoine, 9 juin 2016.

Articles

França José-Augusto, L’Art dans la société portugaise au xixe siècle. In: Annales. Economies, sociétés, civilisations, 1964, page 433-448.

F.Tavora, O encontro de Royaumont, Architectura, n°79, juillet 1963