MISSIONS D’OBSERVATION ELECTORALE DE …...2015 au 6 janvier 2016, une première MOE a été...
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COMMISSION DE L’UNION AFRICAINE
MISSIONS D’OBSERVATION ELECTORALE DE
L’UNION AFRICAINE DES ELECTIONS
LEGISLATIVES ET PRESIDENTIELLE
REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
RAPPORT FINAL
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TABLE DES MATIERES
LISTE DES ACRONYMES........................................................................................................................ 3
SOMMAIRE EXECUTIF ............................................................................................................................ 4
I. INTRODUCTION ................................................................................................................................. 9
II. OBJECTIF ET MÉTHODOLOGIE .................................................................................................. 10
III. CONTEXTE DES ELECTIONS DE DECEMBRE 2015 ET FEVRIER 2016 ........................... 11
IV. OBSERVATION DE LA PHASE PREELECTORALE ............................................................... 13
(a) Cadre juridique des élections présidentielle et législatives du 30 décembre 2015 et du 14 février 2016.................................................................................................................................... 14
(b) Gestion et administration électorale ...................................................................................... 15
(c) Inscription des électeurs ........................................................................................................... 16
(d) Désignation des candidats ........................................................................................................ 17
(e) Campagne électorale et financement ..................................................................................... 17
(f) Participation des femmes .......................................................................................................... 18
(g) Education civique et électorale ................................................................................................ 19
(h) Médias ............................................................................................................................................. 19
(i) Etat des préparatifs de l’organe de gestion des élections .............................................. 19
(j) Société civile ................................................................................................................................. 20
Résumé de l'observation de la phase pré-électorale…………….……………..………...……..21
V. OBSERVATION DU SCRUTIN ET DU DEPOUILLEMENT ................................................... 21
a. Ouverture des bureaux de vote ............................................................................................................. 21
b. Accessibilité des bureaux de vote ........................................................................................................ 21
c. Participation électorale ............................................................................................................................ 22
d. Déroulement du scrutin ........................................................................................................................... 22
e. Matériel électoral ........................................................................................................................................ 23
f. Secret du vote ............................................................................................................................................. 23
g. Personnel électoral ................................................................................................................................... 23
h. Participation des femmes ........................................................................................................................ 24
i. Représentants des candidats et observateurs nationaux .............................................................. 24
j. Sécurité ........................................................................................................................................................ 25
k. Fermeture et dépouillement .................................................................................................................... 25
Résumé de l'observation du scrutin et du dépouillement……..….…………...………...……..27
VI. OBSERVATION POST-ELECTORALE ..................................................................................... 27
(a) Transmission et centralisation des résultats ....................................................................... 27
(b) Résultats des élections .............................................................................................................. 28
(c) Résolution du contentieux électoraux ................................................................................... 29
(d) Environnement politique post-électoral ................................................................................ 30
VII. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS .............................................................................. 31
ANNEXE……………………………………………………………………………………………….....34
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LISTE DES ACRONYMES
A.A.C.E Autorité d'Ambassade ou de Consulat des Elections
A.L.E Autorité Locale des Elections pour les Communes
A.N.E Autorité Nationale des Elections
A.R.E Autorité Régionale des Elections pour les Régions
A.S.P.E Autorité Sous-préfectorale des Elections pour les Sous-préfectures
BV Bureau de Vote
CADEG Charte Africaine de la Démocratie des Elections et de la Gouvernance
CC Cadre de Concertation
CCT Cour Constitutionnelle de Transition
CEEAC Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale
CNT Conseil National de Transition
CTD Centre de Traitement des Données de l’Autorité Nationale des Elections
CV Centre de Vote
EISA Electoral Institute for Sustainable Democracy in Africa/ Institut Electoral pour une
Démocratie Durable en Afrique
EUROFOR European Union Force Chad/Central African Republic
HCCT Haut Conseil de la Communication de Transition
IRI Institute Republican International
MIAE Mission Intégrée Assistance Electorale de la MINUSCA
MICOPAX Mission de Consolidation de la Paix en République Centrafricaine
MINURCAT Mission des Nations Unies en République Centrafricaine et au Tchad
MINUSCA Mission Intégrée multidimensionnelle de Stabilisation des Nations Unies en
Centrafrique
MISCA Mission Internationale de Soutien à la Centrafrique
MOEUA Mission d’Observation Electoral de l’Union Africaine
NDI National Democratic Institute for international affairs
OCT Observateurs Electoraux de Court Terme
ONE Observatoire National des Elections
OSC Organisation de la Société Civile
PACE Projet Appui au Cycle Electoral du PNUD
RCA République Centrafricaine
UA Union Africaine
UE Union Européenne
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SOMMAIRE EXECUTIF Les Centrafricains et Centrafricaines ont été conviés aux urnes les 30 décembre 20151 et 14
février 2016 pour élire leur Président de la République et leurs représentants à l’Assemblée
Nationale. Ces élections organisées par l’Agence Nationale des Elections (ANE) ont constitué
pour la République Centrafricaine (RCA) un passage obligé vers le retour à l’ordre constitutionnel
normal. Elles ont été, pour le peuple centrafricain, une belle opportunité de se choisir les futures
autorités légitimes qui prendront en mains les destinées du pays et restaurer l’autorité de l’Etat
sur toute l’étendue du territoire.
Sur décision de la Présidente de la Commission de l’Union Africaine (UA), Son Excellence Dr
Nkosazana Dlamini ZUMA, conformément aux directives de l’Union Africaine pour les missions
d’observation et de suivi des élections de 2002, deux Missions d’Observation Electorale (MOE)
de courte durée fortes de 40 observateurs chacune ont été déployées en RCA. Du 21 décembre
2015 au 6 janvier 2016, une première MOE a été déployée à l’occasion du double scrutin du 30
décembre 2015. La deuxième Mission a été dépêchée du 9 février 2016 au 17 février 2016 dans
le cadre du second tour de l’élection présidentielle couplée au premier tour des élections
législatives2 du 14 février 2016.
Les deux MOE de l’UA étaient conduites par Son Excellence Souleymane Ndéné NDIAYE,
ancien Premier Ministre de la République du Sénégal. Elles étaient composées chacune
d’ambassadeurs accrédités auprès de l’Union Africaine à Addis Abeba, des parlementaires
panafricains, des responsables d’organes de gestion des élections et des membres
d’organisations de la société civile africaine. Représentant 20 pays lors du premier tour et 19
pays pendant le second tour, les personnalités qui composaient la MOE venaient des pays
suivants : Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Éthiopie,
Gabon, Guinée, Libéria, Mali, Maurice, Mauritanie, Niger, République Démocratique du Congo,
Sénégal, Tchad, Togo, et Tunisie.
Les MOEUA avaient pour objectif principal d’évaluer en toute indépendance, impartialité et
objectivité la qualité des élections présidentielle et législatives en RCA, conformément à la Charte
africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance (2007), à la Déclaration de
l’OUA/UA sur les principes régissant les élections démocratiques en Afrique (2002), à d’autres
instruments internationaux pertinents régissant l’observation électorale et au cadre juridique
régissant les élections en République Centrafricaine.
Composée de 19 équipes, la MOEUA avait visité 180 bureaux de vote pendant les élections
législatives et présidentielle du 30 décembre 2015, dont 26,1% dans la zone rurale et 73,9% dans
la région urbaine. Lors des élections du 14 février 2016, la MOEUA avait visité 120 bureaux de
vote dont 21,1% de la zone et 73,9 dans la région urbaine. Les MOEUA ont mis l’emphase sur
l’observation du déroulement du scrutin, du dépouillement et de la phase post-électorale qui a
suivi immédiatement le jour des scrutins. Outre l’observation pré-électorale et l’observation du
jour des scrutins, les MOEUA ont suivi la phase post-électorale.
1 Le premier tour initialement prévu pour le 27 décembre 2015 2 Les résultats des élections législatives du 27 décembre 2015 avaient été invalidés sur décision de la Cour Constitutionnelle.
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La première MOEUA a rendu public sa déclaration préliminaire au cours d’une conférence de
presse le 2 janvier 2016. Dans le cadre des scrutins du 14 février 2016, la MOEUA a présenté
son évaluation préliminaire lors de sa conférence de presse du 15 février 2016.
La MOEUA a fait les constats préliminaires suivants :
En dépit de nombreux défis observés dans le cadre de l’organisation des élections
présidentielle et législatives du 30 décembre en RCA, la MOEUA a considéré que ce
double scrutin s’est déroulé dans le calme, la sérénité et la transparence ;
Le second tour de la présidentielle et le premier tour des élections législatives du 14 février
2016 en RCA représentaient, aussi bien pour les Centrafricains que pour la communauté
internationale, une étape décisive vers le retour à un ordre constitutionnel normal, gage
de stabilité, du développement économique et social de la Centrafrique ;
Les Centrafricains se sont rendus massivement aux urnes et ont voté en toute liberté pour
choisir leur Président de la République et leurs Députés. Les nombreux
dysfonctionnements constatés n’ont pas été de nature à entacher la crédibilité de ces deux
scrutins ;
Des organisations de la société civile centrafricaine se sont constituées en plusieurs
plateformes de veille de l’intégrité, de l’équité et de la conduite apaisée des élections
présidentielle et législatives. Des associations centrafricaines, telle que la plate-forme des
organisations religieuses avec des représentants de l'Église catholique, des Églises
protestantes et des musulmans, ont uni leurs efforts pour pacifier le pays et promouvoir la
cohésion sociale ; L’Autorité Nationale des Elections (A.N.E) a rencontré d’énormes difficultés financières,
logistiques et sécuritaires qui ont d’une façon ou d’une autre affecté ses opérations
électorales. L’A.N.E a aussi eu d’énormes difficultés pour le recrutement des ressources
humaines compétentes. En dépit de toutes ces difficultés le personnel électoral a été
recruté dans les délais ;
Pour l’élection présidentielle du 30 décembre 2015, 30 candidats dont une femme étaient
en lice. Pour les législatives, l’A.N.E a annoncé que 1639 candidatures dont 174 femmes,
avaient été retenues pour les 141 postes de Députés de la nation. La MOEUA n'a reçu
aucune plainte relative au des candidatures ;
La MOEUA a constaté que suite à la décision d’annuler les élections législatives du 30
décembre 2015, plusieurs candidats qui s’étaient présentés aux élections législatives se
sont désistés. En effet, des 1639 candidats aux législatives de décembre 2015, dont 174
femmes, 111 candidats se sont retirés de la course ; Les élections des 30 décembre 2015 et 14 février 2016 interviennent dans un contexte de
crise politique aigue provoquée par l'attaque par des rebelles Séléka qui a conduit au
renversement du président François Bozizé par Michel Djotodia en Mars 2013. Pour
remédier à la situation et pour un retour à un ordre constitutionnel normal, un
gouvernement de Transition a été mis en place, avec le soutien de la communauté
internationale. Une feuille de route a été adoptée en Octobre 2013. Elle prévoyait
l’enregistrement biométrique des électeurs, l’organisation du référendum constitutionnel,
et des élections présidentielle et législatives en RCA au plus tard en février 2015 ;
Des organisations de la société civile centrafricaine se sont constituées en plusieurs
plateformes de veille de l’intégrité, de l’équité et de la conduite apaisée des élections
présidentielle et législatives. Des associations centrafricaines, telle que la plate-forme des
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organismes religieux avec des représentants de l'Église catholique, les Églises
protestantes et les musulmans, ont uni leurs efforts pour pacifier le pays et promouvoir la
cohésion sociale;
Les Missions ont aussi noté avec satisfaction la couverture de la campagne par les médias
qui, malgré leur partialité, ont fait preuve de beaucoup de retenu et ont invité la population
à participer massivement au double scrutin ;
Les MOEUA ont constaté l’implication des organes de la presse écrite, audiovisuelle et
des médias sociaux durant la campagne électorale mais également lors de l’attente des
résultats et ce, pendant les deux tours ;
Les Missions déployées lors des deux premiers scrutins ont noté que les Centrafricaines
et Centrafricains ont voté dans une atmosphère calme et conviviale au premier tour comme
au deuxième. Les scrutins couplés du 30 décembre 2016 ont abouti à l’annulation des
élections législatives par la Cour Constitutionnelle de Transition suite à des nombreuses
irrégularités relevées par plusieurs candidats. L’Union Africaine n’a cependant pas
observé le deuxième tour des législatives du 30 mars 2016;
Des files d’attentes à l’entrée des postes de vote ont été observées plus au premier qu’au
second tour;
La plupart des postes de vote visités ont ouvert en retard ;
Le double scrutin du 30 décembre 2015 a connu d’énormes difficultés de démarrage suite
à l’arrivée tardive de matériel électoral dans certains bureaux de vote;
Lors du premier tour, la Mission a observé que dans la majorité des cas, les agents des
bureaux de vote n’ont pas fait preuve d’une grande maitrise des opérations de vote
notamment par manque de formation suffisante. Certains agents des bureaux de vote
visités ne savaient ni lire ni écrire. Ce manque de maitrise des procédures électorales a
retardé le déroulement du double scrutin dans plusieurs bureaux de vote visités et a été
cité parmi les raisons qui ont conduit la Cour Constitutionnelle à annuler les législatives du
30 décembre 2015 ;
Au second tour du 14 février 2016, la Mission de l’Union Africaine a noté l’amélioration de
la prestation du personnel électoral quant à l’application des procédures électorales.
Toutefois, la MOEUA a observé un manque de communication aisée entre l’A.N.E et ses
démembrements. Ce qui a causé quelques confusions dans l’application de certaines
décisions ;
Les MOEUA ont déploré la faible participation de la femme centrafricaine comme
personnel électoral mais a noté une mobilisation satisfaisante des femmes en qualité
d’électrices ;
Les MOEUA ont observé que la grande majorité des candidats n’a pas déployé de
représentants dans tous les bureaux de vote visités ;
Les MOEUA ont constaté une participation continue jusqu’à l’heure officielle de
clôture pendant le premier tour. Ceci n’était pas le cas lors du deuxième tour;
Les Missions ont noté que la présence discrète des forces de sécurité dans la plupart des centres de vote visités particulièrement en milieu urbain;
Les MOEUA ont noté qu’au moment de la fermeture, l’atmosphère aux alentours de tous
les bureaux de vote visités étaient calme et paisible ;
Les bureaux de vote visités ont fait usage des mécanismes de transparence prévus par la
législation électorale en vigueur bien qu’au premier tour le manque de maitrise des
procédures de clôture a aussi conduit à l’annulation des législatives du 30 décembre 2015.
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Au regard des insuffisances relevées au cours de leur évaluation, les MOEUA ont fait les
recommandations suivantes dans le but de contribuer à une meilleure conduite des prochaines
élections présidentielle et législatives en République Centrafricaine :
a. Au Gouvernement
Doter l’Autorité Nationale des Elections (A.N.E) de moyens financiers et humains
adéquats pour un bon déroulement des activités électorales ; et
Assurer une présence adéquate des forces de l’ordre aux alentours des centres de vote,
aussi bien en milieu rural qu’en zone urbaine, tout au long des scrutins.
b. A l’Autorité Nationale des Elections (A.N.E)
Régulariser la situation des électeurs détenteurs d’un récépissé mais dont les noms ne
figurent pas sur les listes électorales ;
Etablir un plan de communication efficace entre l’A.N.E et les démembrements ainsi que
la formation de ces derniers sur l’assistance électorale;
Renforcer les capacités du personnel électoral en vue d’une appropriation des procédures
et des outils de travail;
Afficher les listes électorales pour permettre aux électeurs de s’assurer que leur inscription
a bien été prise en compte ;
Intensifier les campagnes d’éducation civique et électorale en vue de renforcer les bases
de la culture de la participation citoyenne;
Afficher la liste électorale à l’entrée des bureaux de vote en vue de favoriser une meilleure
orientation des électeurs vers leur bureau de vote ;
Eviter d’utiliser des locaux exigus comme bureau de vote et garantir l’éclairage pendant le
dépouillement afin de permettre un bon déroulement des opérations de vote;
Renforcer les capacités des membres de l’A.N.E pour une bonne supervision des
opérations électorales; et
Faciliter l’accès aux bureaux de vote à toutes les catégories d’électeurs et donner la priorité
aux personnes vivant avec handicap, aux personnes âgées et aux femmes enceintes ou
avec enfant.
c. A la société civile
Poursuivre ses efforts en vue de la promotion d’une plus grande participation des citoyens
dans la consolidation de la démocratie en République Centrafricaine; et
S’impliquer davantage dans la sensibilisation des populations en vue de recréer la culture
de la participation citoyenne.
d. Aux Candidats et Partis politiques
Prendre garde de toutes déclarations ou attitudes de nature à semer la confusion et la
panique dans le pays avant la proclamation officielle des résultats par les organes dédiés;
Respecter le verdict des urnes et privilégier le recours aux moyens légaux en cas de
contentieux en vue de préserver la paix et la stabilité;
S’investir dans l’éducation civique et électorale des membres afin de constituer des bases
électorales avisées;
Renforcer les capacités des représentants dans les bureaux de vote pour s’assurer qu’ils
jouent pleinement et effectivement leur rôle;
Instaurer un cadre de dialogue et de concertation permanent pour une résolution
consensuelle des différends ;
Eviter tout discours qui pourrait nuire au climat de paix constaté le jour du vote.
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e. A la communauté internationale
Continuer d’appuyer la RCA afin de lui permettre de faire face à ses nombreux défis.
Au regard des observations effectuées, les MOEUA en République Centrafricaine ont conclu que
le déroulement des scrutins du 30 décembre 2015 et du 14 février 2016 s’est globalement passé
dans des conditions de transparence malgré quelques insuffisances qui n’ont pas entamé la
crédibilité des scrutins. Les Missions ont noté que l’Autorité Nationale des Elections a fait face à
plusieurs défis mais a néanmoins démontré une aptitude certaine dans sa gestion globale du
processus électoral.
Les MOEUA saluent le peuple centrafricain pour sa détermination à exercer ses droits civiques
et politiques en allant voter les 30 décembre 2015 et 14 Février 2016 pour un nouveau destin
pour une RCA unie et prospère. Les Missions ont appelé au sens du civisme et à la
responsabilité de tous pour sauvegarder le climat de paix ayant prévalu tout au long du
déroulement du double scrutin.
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I. INTRODUCTION Sur décision de la Présidente de la Commission de l’Union Africaine (UA), Son Excellence Dr
Nkosazana Dlamini ZUMA, deux Missions d’Observation Electorale (MOE), forte de 40
observateurs chacune, ont été déployées à l’occasion du double scrutin du 30 décembre 2015 et
du second tour de l’élection présidentielle couplée avec le premier tour des élections législatives
du 14 février 2016.
Les MOEUA étaient conduites conformément à la Charte Africaine de la démocratie, des
élections et de la gouvernance (2007), à la Déclaration de l’OUA/UA sur les principes régissant
les élections démocratiques en Afrique (2002), à d’autres instruments internationaux pertinents
régissant l’observation électorale, à la Constitution et au cadre juridique régissant l’élection
présidentielle et législatives en République Centrafricaine.
Conduite par Son Excellence Souleymane Ndéné NDIAYE, ancien Premier Ministre de la
République du Sénégal, les deux Missions étaient composées chacune d’ambassadeurs
accrédités auprès de l’Union Africaine à Addis Abeba, des parlementaires panafricains, des
responsables d’organes de gestion des élections et des membres d’organisations de la société
civile africaine. Dans le cadre du premier tour de la présidentielle et des législatives du 30
décembre 2015, ces observateurs provenaient de 20 pays3. La Mission était présente en
République Centrafricaine du 21 décembre 2015 au 6 janvier 2016. Pour le second tour de la
présidentielle et des élections législatives du 14 février 2016, les observateurs, qui ont séjourné
en RCA du 9 au 17 février 2016, provenaient de 19 pays africains4.
L’Union Africaine n’a cependant pas observé le deuxième tour des législatives du 30 mars 2016. Ce rapport final présente l’évaluation détaillée des MOEUA dont le contenu émane des entretiens
avec les acteurs du processus électoral sur le plan technique et politique, des constats sur
certaines principales étapes du processus électoral faits à travers l’observation de la fin de la
campagne électorale, des procédures d’ouverture des postes de vote, des opérations de vote,
des procédures de fermeture des postes de vote, de dépouillement des voix, de transmission des
résultats et de l’annonce des grandes tendances par l’A.N.E pendant les deux tours de l’élection
présidentielle. Au regard de cette évaluation détaillée, les MOEUA offrent dans ce rapport final
des recommandations en vue de l’amélioration de la qualité des processus électoraux à venir en
République Centrafricaine.
3 Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Éthiopie, Gabon, Guinée, Libéria, Mali, Maurice, Mauritanie, Niger, République Démocratique du Congo, Sénégal, Tchad, Togo, et Tunisie. 4 Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée Conakry, Libéria, Mali, Maurice, Niger, République Démocratique du Congo, Rwanda, Sénégal, Tchad, Togo, et Tunisie.
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II. OBJECTIF ET MÉTHODOLOGIE
a) Objectif
Outre leur objectif principal, qui était d’évaluer la régularité, l’équité et la crédibilité des scrutins
couplés du 30 décembre 2015 et du 14 février 2016 en République Centrafricaine en toute
indépendance, impartialité et objectivité, les Missions de l’UA se sont fixées les objectifs
spécifiques suivants :
Se prononcer sur le caractère du double scrutin du 30 décembre 2015 et du 14 février
2016 et s’assurer que la conduite de ces scrutins réponde aux exigences du cadre
juridique régissant l’organisation des élections en RCA, et aux normes continentales
et régionales en matière d’administration électorale ; et
D’accompagner la RCA vers un retour à l’ordre constitutionnel normal et dans son
processus de démocratisation.
Pour atteindre ses objectifs, les MOEUA ont entrepris certaines activités conformément aux Directives de l’Union Africaine pour les missions d’observation et de suivi des élections.
b) Méthodologie
Les observateurs ont, préalablement à leur déploiement pour les scrutins du 30 décembre 2015,
été formés aux techniques de l’observation électorale. Ils ont également pris part à une session
d’information sur le contexte politique et électoral de la République Centrafricaine le 24, 26 et 27
décembre 2015.
Cependant, suite à des difficultés logistiques, la MOEUA n’a pas pu organiser la session
d’information et d’orientation pour ses observateurs avant leur déploiement pour le double scrutin
du 14 février 2016.
Pour la collecte des informations pertinentes et des faits saillants sur le processus électoral, les
MOEUA, en étroite collaboration avec le Représentant Spécial de la Commission de l’Union
africaine en RCA, le General Jean Marie-Michel Mokoko, a rencontré les parties prenantes du
processus électoral notamment la Présidente de la Transition, le Premier Ministre, le Ministre des
Affaires Etrangères, les responsables de la Cour Constitutionnelle, la présidente de l’Autorité
Nationale des Élections, les membres du G8, les responsables des confessions religieuses et les
organisations de la société civile ainsi que les représentants des candidats et des partis
politiques. De plus, la MOEUA a également échangé avec d’autres missions d’observation
internationale, le forum des ambassadeurs accrédités à Bangui ainsi que les médias, le
Représentant Spécial du Secrétaire General, le Chef de la division électorale et le commandant
des Forces onusiennes de la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la
Stabilisation de la République Centrafricaine (MINUSCA).
Par ailleurs, la MOEUA déployée dans le cadre du double scrutin du 30 décembre 2015 a été
conviée à la rencontre initiée par la Présidente de la Transition au Palais Présidentiel, au cours
de laquelle il a été décidé de reporter de 3 jours les élections initialement prévues le 27 décembre
2015, au 30 décembre 2015 pour des raisons organisationnelles.
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Pour l’observation du double scrutin du 30 décembre 2015, la MOEUA a déployé vingt (20)
équipes à Bangui dans toutes les seize (16) préfectures5 de la RCA. Ces équipes ont observé
les différentes opérations du jour du scrutin dans 180 bureaux de vote.
Contrairement au premier tour au cours duquel des équipes d’observateurs avaient été
déployées sur l’ensemble du territoire national, la MOEUA n’a, pour des raisons d’ordre logistique
et technique, déployé des équipes qu’à Bangui et dans 11 des 16 préfectures de la RCA pour le
double scrutin du 14 février 2016. Elles ont observé l’ouverture des bureaux de vote, le vote, la
fermeture des bureaux de vote et le dépouillement dans 120 bureaux de vote.
La transmission téléphonique des données par les équipes d’observateurs de leurs zones de
déploiement au secrétariat des MOEUA à Bangui a connu d’énormes difficultés liées aux
problèmes de réseaux de téléphonie mobile.
La MOEUA déployée pour le double scrutin du 30 décembre 2015 a rendu public son évaluation
préliminaire au cours de sa conférence de presse du 2 janvier 2016. Celle déployée dans le cadre
des scrutins du 14 février 2016 a tenu sa conférence de presse le 15 février 2016 pour publier
son évaluation préliminaire.
III. CONTEXTE DES ELECTIONS DE DECEMBRE 2015 ET FEVRIER 2016 La République Centrafricaine, pays situé au cœur du continent africain, couvre une superficie de
623 000 Km2. Elle est limitée au Nord par le Tchad, à l’Est par le Soudan, à l’Ouest par le
Cameroun et au Sud par le Congo Brazzaville et la République Démocratique du Congo (RDC).
Depuis l’indépendance, l’histoire politique de la RCA est jalonnée de crises militaro-politiques et
de multiples périodes de transition politiques. L’alternance au pouvoir était faite à coup de ballette
à la suite de coups et de tentatives de coups d’état.
C’est après des tentatives de putsch que le Général Bozizé renversera, par un coup d’Etat, le
régime d’Ange Felix Patassé le 15 mars 2003 et qu’il deviendra Président de la RCA.
Outre la crise économique à laquelle le régime Bozizé et la population centrafricaine font face,
d’importantes réformes et un calendrier électoral ambitieux sont initiés et adoptés en 2004. En
effet, un code électoral, une ordonnance sur les partis politiques et le statut de l’opposition sont
adoptés, la Cour constitutionnelle de transition, le Haut conseil de la communication et une
commission mixte électorale sont créées. La crise politique qui éclate le 30 décembre 2004, après
la validation de cinq candidatures seulement par la Cour constitutionnelle, trouvera une solution
en janvier 2005 à Libreville. L’Accord de Libreville donnera à onze candidats l’opportunité de se
présenter à la présidentielle de 2005, à l’exception de Patassé accusé pour les crimes commis
après la tentative de coup d’Etat de 2001.
Soutenu par la Convergence nationale Kwa na Kwa6, Bozizé, malgré la situation économique
difficile et les conditions sociales précaires, sera élu au deuxième tour de l’élection présidentielle
du 8 mai 2005 avec 64% des voix contre Martin Ziguelé, le leader du M. L. P. C.
5 Ombella M’poko, Lobaye, Sangha Mbaere, Kemo, Ouham, Ouham Pende, Nana Mambere, MambereKadei, Ouaka, Haute
Kotto, Nana Grebizi, Basse Kotto, Vakaga, Bamingui Bangoran, Mbomou, Haut Mbomou. 6 « Le travail rien que le travail » en langue sango, langue centrafricaine.
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Malheureusement, entre 2006 et 2010, des groupes politico-militaires, dirigés par des anciens
soutiens du Président Bozizé déçus par le partage du pouvoir, feront des incursions dans le Sud-
Est. Ces incursions mettront en lumière les difficultés de l’Etat centrafricain et surtout des Forces
armées centrafricaines (FACA) à faire régner l’ordre et la sécurité. Parmi ces groupes politico-
militaires, il y avait le Front démocratique du peuple centrafricain d’Abdoulaye Miskine, le l’Armée
populaire pour la restauration de la démocratie de Jean-Jacques Demafouth, l’Union des forces
démocratiques pour le rassemblement (U. F. D. R.) de Zacharia Damane et Michel Djotodia et
l’Armée de résistance du Seigneur des rebelles ougandais.
Malgré les interventions des forces internationales, notamment les forces de l’Union Européenne
pour le Tchad et la Centrafrique (European Union Force Chad/CAR ou EUFOR CHAD/CAR en
sigle), les forces de la Mission des Nations Unies en République Centrafricaine (MINURCAT en
sigle), et la Mission de Consolidation de la Paix en République Centrafricaine et le Tchad
(Micopax en sigle), pour arrêter les exactions des groupes armés, la signature des accords et un
dialogue inclusif sur les blocages tant du pouvoir que de l’opposition, et des rebellions exacerbent
les tensions. C’est dans ce contexte d’insécurité croissante marquée par l’intransigeance du
gouvernement centrafricain que François Bozizé est élu Président de la RCA le 23 janvier 2011.
Son règne sera de courte durée parce qu’une coalition des groupes rebelles fédérés autour de
Michel Djotodia (Seleka), reprochant à François Bozizé son intransigeance et de ne pas mettre
en œuvre les recommandations des accords signés depuis 2007, s’emparera des villes dans le
Centre et l’Est du pays. Mais le régime ne survivra que suite à l’intervention de l’armée tchadienne
et de la Micopax qui stopperont les rebelles forcés de négocier et de signer à Libreville, en janvier
2013, un accord de paix.
La formation d’un gouvernement d’union nationale issue des accords de Libreville n’empêchera
pas la rébellion Seleka de reprendre les armes en mars 2013, de s’emparer de Bangui, de
renverser le président Bozizé et de pousser Michel Djotodia à se proclamer Président de la
RCA. Ce sera suite aux condamnations et protestations de la communauté internationale que la
CEEAC organisera la rencontre de N’Djamena au cours de laquelle le Conseil national de la
transition (CNT), jouant le rôle de Parlement, élira Djotodia Chef d’Etat de la transition. L’objectif
de cette rencontre était de trouver les voies et moyens de stabiliser le pays et de ramener la RCA
à l’ordre constitutionnel.
Contrairement aux vœux du sommet de N’Djamena, une coalition des groupes armés, nommée
Anti-balaka7, composée notamment des anciens coupeurs de route de l’Ouest centrafricain se
constituera. En représailles aux attaques de la Seleka qui cibleraient en priorité les chrétiens,
cette coalition prendra principalement en cible les musulmans. La détérioration de la situation
sécuritaire, les affrontements confessionnels et la crise politique que cette instabilité et crise
avaient engendré forcera plus de 450 000 personnes, en majorité des musulmans, à chercher
refuge dans les pays voisins.
Pour remédier à la situation et pour recouvrer un ordre constitutionnel normal, un gouvernement
de Transition a été mis en place, avec le soutien de la communauté internationale. Une feuille de
route a été adoptée en octobre 2013. Elle prévoyait l’enregistrement biométrique des électeurs,
l’organisation du référendum constitutionnel, les élections législatives et présidentielle en RCA
au plus tard en février 2015. Le 10 janvier 2014, sous la pression des chefs d’Etats membres de
7 Anti-machette en langue sango.
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la CEEAC, Michel Djotodia est contraint de démissionner et un gouvernement de transition civile
est désigné pour continuer la transition avec l’assistance de la communauté internationale.
Face aux difficultés financières, la communauté internationale, bailleur de fonds du processus
électoral, a sollicité une réduction du coût : l'enregistrement biométrique des électeurs a été
remplacé par l'enregistrement électronique simple et la tenue des élections présidentielle et
législatives par des élections couplées et non séparées comme le prescrit le Code électoral.
D’abord prorogée jusqu’au 31 décembre 2015, la fin de la transition avait été une fois de plus
reportée, à la suite du sommet des chefs d’Etat membres de la CEEAC, au 31 mars 2016.
Initialement prévues pour le 27 décembre et reportées au 30 décembre 2015 pour des raisons
d’ordre logistique et technique, les élections s’étaient déroulées dans un climat apaisé.
Cependant, la proclamation progressive des résultats partiels avait suscité beaucoup de
protestations et de contestations de la part des candidats et des partis politiques. C’est dans ce
contexte électoral sensible et cet environnement politique marqué par des suspicions que quatre
cent quatre (404) requêtes en annulation ou en redressement des résultats ont été introduites
auprès de la Cour pour les élections législatives et six (6) requêtes en annulation ou en
redressement des résultats ont été introduites auprès de la même Cour pour le premier tour de
l’élection présidentielle.
Parmi les candidats à la présidence, 18 ont émis des inquiétudes sur la tenue du processus
électoral et sur les capacités de l’A.N.E à organiser des élections crédibles et transparentes. Un
discrédit a ainsi été jeté sur le système informatique du Centre de traitement de données par les
partis politiques et les candidats qui ont estimé que le système n’était fiable et était sujet à des
manipulations. La décision de la Cour constitutionnelle d’annuler les élections législatives, parce
que de nombreuses irrégularités avaient été constatées et l’implication des candidats dans ces
irrégularités a été interprétée différemment par les candidats. Pour certains, l’annulation des
élections législatives pour cause d’irrégularités devrait entrainer l’annulation de la présidentielle,
entachée aussi d’irrégularités. D’aucuns, ont salué l’annulation exclusive des résultats des
législatives.
Au-delà des diverses interprétations de la décision de la Cour constitutionnelle, les doubles
scrutins du 30 décembre 2015 et du 14 février 2016 constituaient, pour le peuple centrafricain,
un passage obligé vers le retour à l’ordre constitutionnel normal. Ces élections étaient pour le
peuple centrafricain, le moment de choisir les autorités légitimes qui prendraient en mains les
destinées du pays et restaureraient l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du pays. Elles mettent
fin à une longue période de transition.
IV. OBSERVATION DE LA PHASE PREELECTORALE Cette section renferme les analyses et les observations faites sur le cadre juridique du double
scrutin du 30 décembre 2015 et du 14 février 2016, le système électoral, l’administration
électorale, l’inscription des électeurs, la campagne électorale, la participation des femmes,
l’éducation civique et électorale, le rôle des médias, les préparatifs de l’organe de gestion des
élections et le rôle de la société civile.
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(a) Cadre juridique des élections présidentielle et législatives du 30 décembre 2015 et du 14 février 2016
Les élections du 30 décembre 2015 et du 14 février 2016 en RCA étaient organisées
conformément à la loi No 13.001 du 18 Juillet 2013 portant la Charte Constitutionnelle, Loi No
13.003 du 13 novembre 2013 portant Code Electoral amendée et la loi No 13.002 du 18 juillet
2013 sur l’organisation et le fonctionnement de la Cour Constitutionnelle de Transition ; de la Loi
No 14/002 du 20 mars 2014 sur l’organisation et le fonctionnement du Haut Conseil de
Communication de Transition, et du Décret nº 15-402 du 10 novembre 2015 convoquant le corps
électoral le 27 décembre 2015 en vue de procéder à l’élection du Président de la République et
à celles des Députés à l’Assemblée Nationale.
La Charte Constitutionnelle consacre les droits et libertés fondamentaux servant de base
juridique à l’expression de la souveraineté politique du peuple Centrafricain. Elle reconnait le
principe démocratique sacré du suffrage universel, libre, égal et secret, ainsi que l’exercice de la
souveraineté populaire à travers des référendums et par le biais des représentants élus. Le droit
de vote, reconnu aux nationaux des deux sexes âgés de 18 ans révolus, est consacré en son
article 30. De plus, elle reconnait également aux partis et groupements politiques le droit de
participer et de concourir à la vie politique.
Garant de la Constitution et des engagements internationaux, le Président de la République est
élu à l’issue d’un scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour un mandat de cinq ans. La
limitation du mandat présidentiel est érigée en principe par l’article 35 de la Charte
Constitutionnelle et l’article 36 édicte les conditions d’éligibilité pour le Président de la République
Centrafricaine. L’article 68 stipule que les députés sont élus pour un mandat de cinq ans
renouvelable au suffrage universel direct et au scrutin majoritaire, secret, uninominal, à deux
tours. L’article 150 du Code électoral définit les conditions d’éligibilité aux fonctions de Député.
Les Missions ont pris connaissance de la révision de la loi portant Code électoral adoptée le 8
décembre 2015 ainsi que l’adoption de la Constitution à 93% par voie référendaire le 13
décembre 2015.
La décision du 25 janvier 2016 de la Cour Constitutionnelle de Transition relative à la
proclamation définitive des résultats de l’élection présidentielle du 30 décembre 2015 dispose
qu’aucun candidat n’a recueilli la majorité absolue des 1.132.886 suffrages exprimés au premier
tour. Dans ces circonstances, et conformément à l’article 120 du code électoral, les deux
candidats ayant obtenu le plus grand nombre de voix, Monsieur Anicet Georges Dologuelé
(23,74%) et Monsieur Faustin Archange Touadera (19,05%), ont été habilités par la Cour
constitutionnelle à se présenter au second tour de l’élection présidentielle du 14 février 2016.
Le cadre légal est constitué en outre des textes règlementaires de l’A.N.E ainsi que d’autres lois
et décrets portant sur les mesures pratiques pour le déroulement du processus électoral.
La Constitution de la RCA reconnait les libertés individuelles et les droits de l’Homme, notamment
les libertés d’opinion, d’expression, de pensée, de mouvement et le droit d’association définis par
la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et la Charte Africaine des Droits de l'Homme et
des Peuples. La loi fondamentale réaffirme le principe démocratique de l’égalité entre le
centrafricain et la centrafricaine devant la loi. Tout centrafricain, ayant l’âge de la majorité et
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jouissant de ses droits civils et politiques, dispose du droit de vote qu’il peut exercer, soit par voie
référendaire soit par ses représentants élus. Le droit de vote s’exerce sur la base du suffrage
universel, égal et secret tel que le prévoit l’article 84 du code électoral centrafricain.
La scène politique en RCA reste dominée par les hommes. Les MOEUA ont noté la présence
d’une seule femme candidate à la présidentielle et de 174 candidates aux législatives en dépit du
fait que les femmes représentaient 48,36% de l’électorat.
(b) Gestion et administration électorale
Les institutions chargées de la gestion et de l’administration des élections en RCA sont l’Autorité
Nationale des Elections (A.N.E) et le Cadre de Concertation (C.C).
Institué par l’article 24 de la loi n°13.003 du 13 novembre 2013 portant Code Electoral de la
République Centrafricaine, le Cadre de Concertation est composé par les différents acteurs du
processus électoral que sont les partis politiques, les pouvoirs publics et la société civile.
Le CC est un organe chargé du suivi des élections, de la médiation et de la prévention des points
d’embrasements potentiels des conflits préélectoraux, électoraux et post électoraux. Le Cadre de
Concertation tient ses assises soit à l’initiative de l’Autorité Nationale des Elections (A.N.E), soit
sur demande d’un tiers (1/3) de ses membres. Espace d’échanges, d’information et de suivi des
opérations électorales, le Cadre de Concertation est aussi un organe chargé de la médiation et
de la prévention des conflits préélectoraux, électoraux et post électoraux. Il se réunit à la
demande de l’Autorité Nationale des Elections ou encore à la demande d’un tiers (1/3) de ses
membres.)
L’Autorité Nationale des Elections (l’A.N.E) a été instituée par la loi No13.003 de novembre 2013.
L’article 6 du Code électoral la consacre comme organe technique, permanent, indépendant,
neutre chargé de la préparation, de l’organisation, de la supervision des élections présidentielle,
législatives, ainsi que du référendum constitutionnel et d’en assurer la publication des résultats
provisoires au vu des procès-verbaux provenant des centres de compilation.
L’article 12 du Code électoral stipule que l’A.N.E est composée de sept membres dont au moins
deux femmes, qui sont mandatés pour une période de sept ans renouvelables une fois et
inamovibles. Ils sont issus des partis politiques, de l’administration et de la société civile. Après
sélection d’un comité représentatif les membres proposés sont nommés par le Chef de l’Etat de
la transition. Au regard de leur composition, les MOEUA ont relevé un déséquilibre en termes de
représentation numérique des membres des deux sexes.
L’article 7 du Code électoral confère à l’A.N.E le mandat d’exécuter entre autres, le recensement
électoral; l’élaboration des listes électorales informatisées; l’impression et la distribution dans les
délais des cartes d’électeurs; l’enregistrement et le contrôle des dossiers de candidatures aux
élections présidentielle et législatives; l’édition de bulletins de vote conformes aux couleurs et
signes retenus par les candidats; l’organisation de la campagne de sensibilisation et d’éducation
pré-électorales; la publication des résultats provisoires des élections présidentielle et législatives;
la supervision et le contrôle de tout le processus d’établissement et de gestion du fichier électoral;
la formation appropriée en matière électorale des membres de ses démembrements ainsi que
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tous autres acteurs électoraux qui s’y intéressent; et la publication des résultats provisoires des
élections présidentielle et législatives.
La composition de l’A.N.E est spécifiée à l’article 12 du Code électoral qui prévoit une A.N.E composée de sept (7) membres dont au moins deux (02) femmes et disposant d’un mandat de 7 ans renouvelable une fois. Conformément à l’article 22 du Code électoral, l’A.N.E. met en place ses démembrements au début des opérations électorales comme suit:
- Autorité Régionale des Elections (A.R.E.) pour les Régions ;
- Autorité Sous-préfectorale des Elections (A.S.P.E.) pour les Sous-préfectures;
- Autorité Locale des Elections (A.L.E.) pour les Communes ;
- Autorité d'Ambassade ou de Consulat des Elections (A.A.C.E.).
Les démembrements de l’A.N.E. cessent toute activité 60 jours après la fin des opérations électorales ou référendaires.
(c) Inscription des électeurs
L’enregistrement des électeurs ainsi que l’établissement du fichier électoral est réglementé par
la loi portant Code électoral. Pour l’inscription sur la liste électorale, l’article 3 du Code électoral
dispose que seules les personnes des deux sexes ayant la nationalité centrafricaine, âgées de
dix-huit ans révolus, et jouissant de leurs droits civils et civiques peuvent s’inscrire. La législation
reconnait aux Centrafricains de la diaspora ainsi que ceux qui sont sous protection des
organismes d’assistance aux réfugiés, le droit de participation à l’élection du Président de la
République.
En vue de se faire enregistrer, toute personne remplissant les conditions requises par la loi, doit
se munir soit d’une carte nationale d’identité, d’un acte de naissance ou d’un jugement supplétif,
d’un passeport, d’un livret militaire ou d’un livret de pension civile ou militaire, soit encore d’une
carte de réfugié ou tout autre document dûment établi, tenant lieu de pièce d’identité.
Pour le double scrutin du 30 décembre 2015 ainsi que celui du 14 février 2016, l’A.N.E a lancé
les opérations d’enregistrement des électeurs le 26 Juin 2015 qui ont pris fin le 30 septembre
2015 avec les Centrafricains de l’étranger et le 12 novembre 2015 avec les réfugiés. La liste
électorale définitive publiée par l’A.N.E compte 1.954.433 électeurs dont 1.009.305 électeurs et
945.128 électrices.
L’inscription sur la liste électorale est attestée par la délivrance de la carte d’électeur dont la
présentation est obligatoire au moment du vote. Le Code électoral mentionne en son article 47
que les électeurs n’ayant pas reçu leur carte d’électeur peuvent voter avec leur récépissé. Le
Code électoral autorise l’A.N.E à mettre les cartes non retirées à la disposition des électeurs au
niveau du bureau de vote.
Le double scrutin du 14 février 2016 s’est déroulé sur la base du fichier électoral utilisé pour les
élections présidentielle et législatives du 30 décembre 2015. La Mission avait constaté, lors des
élections du 30 décembre, que les agents des bureaux de vote avaient confectionné une liste
des électeurs détenteurs de cartes d’électeurs ou des récépissés dont les noms étaient omis sur
la liste électorale. La Mission a constaté que l’A.N.E. n’a pas actualisé le fichier électoral par
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l’inclusion, sur la liste générale, des noms des personnes omises. La MOEUA, déployée dans le
cadre du double scrutin du 14 février 2016, est d’avis que la non actualisation de la liste électorale
n’a pas permis à ce que toutes les personnes concernées exercent leur droit de vote.
(d) Désignation des candidats
L’article 109 du Code électoral dispose que pour être candidat à l’élection présidentielle, un
Centrafricain doit être âgé de 35 ans au moins, tandis que pour les législatives, il doit être âgé de
25 ans au moins conformément à l’article 150. Les candidats doivent en outre présenter un titre
foncier ou un certificat d’une propriété de parcelle. Les MOEUA notent que cette mesure est de
nature à limiter la participation des femmes et des jeunes qui, pour la majorité, ne disposent pas
d’un titre foncier et ne peuvent pas, par conséquent, participer au processus électoral en tant que
candidats.
Pour l’élection présidentielle du 30 décembre 2015, 30 candidats dont une femme étaient en lice.
L’A.N.E a annoncé que 1639 candidatures, dont 174 femmes, ont été retenues pour les 141
sièges à pourvoir aux élections législatives. Les partis politiques et les candidats indépendants
sont autorisés par la législation en vigueur à concourir aux élections présidentielle et législatives.
Les MOEUA n'ont reçu aucune plainte sur le processus de dépôt des candidatures.
Les MOEUA ont constaté que suite à la décision d’annuler les élections législatives du 30
décembre 2015, plusieurs candidats qui s’étaient présentés aux législatives se sont retirés de la
compétition. En effet, des 1639 candidats aux législatives de décembre 2015, dont 174 femmes,
111 candidats se sont retirés de la course pour des raisons financières.
(e) Campagne électorale et financement Le Code électoral reconnait aux candidats, partis et groupements politiques le droit de battre
campagne. En son article 60, il est mentionné que c’est le même Décret, qui fixe le jour du scrutin
et qui convoque aussi le collège électoral, qui fixe également la date du début et de clôture de la
campagne. Elle dure 14 jours et se termine 24 heures avant le jour du scrutin. Toute propagande
électorale est interdite en dehors de la période fixée pour la campagne électorale. L’article 61 du
Code électoral dispose, par ailleurs, que des emplacements spéciaux sont réservés, par l’autorité
administrative locale, en collaboration avec l’A.N.E, pour le les modèles d’affiches, leurs
dimensions et positionnement.
Un Code de bonne conduite des partis politiques a été signé par certains candidats aux élections
présidentielle et législatives de 2015. Ce code de bonne conduite reprend un certain nombre
d’engagements des parties prenantes vis-à-vis des scrutins. Les MOEUA ont noté que les
principes d’accès équitable aux médias et du pluralisme d’opinions politiques ont été respectés
de manière générale.
La campagne pour les élections présidentielle et législatives a débuté le 12 décembre et s’est
achevée le 29 décembre 2015 à minuit, conformément aux dispositions du Code électoral. Les
MOEUA ont été informées des actes de destruction des affiches de certains candidats ainsi que
des propos d’incitation à la haine qui ont été tenus par d’autres.
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La campagne pour les élections présidentielle et législatives du 14 février 2016 a débuté le
samedi 06 février 2016 et s’est terminée le vendredi 12 février 2016 à minuit, conformément aux
dispositions du Code électoral. La campagne pour les élections législatives a été timide. Faute
de moyens financiers, les candidats en lice ont opté pour une campagne de proximité et du
porte à porte. Par contre, les deux candidats à la présidentielle ont organisé de grands
rassemblements et ont sillonné l’intérieur du pays et rencontré les populations. La MOEUA,
déployée dans le cadre des élections du 14 février 2016, a suivi avec satisfaction la campagne
électorale qui s’est déroulée dans un climat apaisé et dans un environnement non violent.
Les Missions de l’UA ont noté l’absence de dispositions juridiques relatives au financement de la
campagne électorale. Elles sont d’avis que ce vide juridique ne contribue guère à la promotion
du principe d’égalité des chances et à la conduite d’une campagne électorale équilibrée.
(f) Participation des femmes
La Constitution centrafricaine érige le principe d’égalité entre l’homme et la femme. L’article 3 du
Code électoral de la RCA reconnait les droits d’électeur aux personnes des deux sexes ayant la
nationalité centrafricaine, âgées de 18 ans révolus au moment de l’inscription, jouissant de leurs
droits civiques, et qui sont régulièrement inscrites sur la liste électorale.
Les MOEUA ont noté que l’A.N.E a enregistré un effectif total de 1 954 433 électeurs à l’intérieur
et à l’extérieur du pays dont 46,36% d’électrices, record jamais atteint auparavant.
Les MOEUA ont ainsi noté que la République Centrafricaine n’applique pas encore suffisamment
la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes qu’elle
a formellement ratifiée et qui promeut une représentation égale des personnes des deux sexes
dans tous les domaines relevant des affaires publiques.
Par ailleurs, le faible taux de participation des femmes en qualité de candidates aux élections sur
le plan national est encore à déplorer. La liste des candidatures retenues par l'A.N.E aux élections
législatives ne comptait que 174 femmes. A l’élection présidentielle, pour un ensemble de 30
candidats en lice au 1er tour du 30 décembre 2015, une seule femme s’est courageusement
portée candidate, ce qui représente un taux de 0,3%.
L’explication du faible taux de candidature des femmes aux élections en RCA est liée à des
facteurs hétérogènes et au taux élevé de l’analphabétisme parmi les femmes. Les Missions ont
noté que les traditions et coutumes du pays ne favorisent pas l’accès des centrafricaines aux
terres. Celles-ci se retrouvent ainsi dans la difficulté de remplir la condition de posséder une
propriété bâtie sur le territoire national pour être candidate8. Outre ces raisons, les difficultés
financières et les dispositions9 contrariant les candidatures féminines au sein des partis politiques
contribuent également à la faible visibilité des femmes sur la scène politique.
8 Art 109, Code Electoral de la République Centrafricaine. 9 Par exemple l'absence de disposition genre au sein des partis politiques.
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(g) Education civique et électorale
Bien que la charge de l’organisation de la campagne de sensibilisation et d’éducation pré-
électorales revienne à l’A.N.E10, les Missions d’observation électorale de l’Union Africaine ont
observé la forte participation de la société civile dans l’éducation civique et électorale avec la
participation les autorités locales et les organisations internationales11.
Les MOEUA ont noté que le démarrage timide et tardif de la sensibilisation n’avait pas empêché
les centrafricains à s’enregistrer en nombre élevé pour élire leur Président de la République et
leurs représentants à l’Assemblée Nationale.
La forte participation au premier tour des scrutins et la maitrise par les électeurs des procédures
de vote sont les résultats du succès de la campagne d’éducation civique et électorale.
(h) Médias
L’article 13 de la Constitution de la RCA reconnait et garantie la liberté de la presse. Les modalités
de répartition sur les médias publics et privés des tranches d’antenne entre les candidats lors des
campagnes électorales sont déterminées par le Haut Conseil de Communication de Transition
(H.C.C.T)12.
Pendant la période de la campagne électorale, les candidats bénéficient d’un accès égal aux
organes gouvernementaux de presse écrite et de l’audiovisuel. Le Haut Conseil de
Communication de Transition (HCCT), conjointement avec l’A.N.E, veille au respect de ce
principe démocratique.
Par ailleurs, la presse a fait beaucoup d’efforts pour produire des articles suffisamment instructifs
appelant les candidats à attendre sereinement la publication des résultats définitifs par la Cour
Constitutionnelle. La presse a aussi invité la population à la retenue et à la cohésion sociale. La
plupart des articles avaient une orientation positive. Cependant, beaucoup d’efforts restent à faire
pour produire des articles de qualité, plus professionnels et impartiaux.
Les MOEUA ont constaté l’implication des organes de la presse écrite, audiovisuelle et des
médias sociaux durant la campagne électorale mais également lors de l’attente des résultats et
ce, pendant les deux tours.
(i) Etat des préparatifs de l’organe de gestion des élections
L’A.N.E dont le rôle est la préparation, l’organisation, la supervision des élections présidentielle
et législatives ainsi que du referendum, a connu beaucoup de problèmes dans les préparatifs des
scrutins du 30 décembre 2015 et 14 février 2016.
L’A.N.E a rencontré d’énormes difficultés financières, logistiques et sécuritaires qui ont d’une
façon ou d’une autre affecté ses opérations électorales. Elle a aussi expérimenté d’énormes
difficultés pour le recrutement des ressources humaines compétentes.
Cependant, les MOEUA saluent les efforts de l’autorité électorale qui a réussi à organiser les
deux scrutins en dépit de toutes les difficultés susmentionnées dans les délais convenus13. 10 Art 7, Code électoral de la République Centrafricaine 11 PNUD/PACEC, l’Institut Républicain International (IRI) 12 Art 65, Code électoral de la République Centrafricaine 13 Le gouvernement de transition et la communauté internationale tenaient à ce que les élections se déroulent avant la fin de
l’année 2015.
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(j) Société civile
Des organisations de la société civile centrafricaine se sont constituées en plusieurs plateformes
de veille de l’intégrité, de l’équité et de la conduite apaisée des élections présidentielle et
législatives. Des associations centrafricaines, telle que la plate-forme des organismes religieux
avec des représentants de l'Église catholique, les Églises protestantes et les musulmans, ont uni
leurs efforts pour pacifier le pays et promouvoir la cohésion sociale.
Les MOEUA ont observé que certaines organisations de la société civile se sont impliquées dans
la sensibilisation des Centrafricains à la cohésion sociale, tandis que d’autres ont mobilisé la
population dans les domaines de l’éducation civique et de l’observation citoyenne des élections.
C’est le cas de l’Observatoire National des Elections (O.N.E) et du réseau Arc-en-ciel constitué
d’une vingtaine d’organisations de la société civile sous l’égide de l’Institut Electoral pour une
Démocratie Durable en Afrique (EISA), qui a formé 1550 observateurs, musulmans et chrétiens,
sur l’ensemble du territoire centrafricain.
Résumé de l'observation de la phase pré-électorale
L’Autorité Nationale des Elections (A.N.E) et le Cadre de Concertation (C.C) sont les organes en charge
de la gestion et de l’administration des élections en République Centrafricaine (RCA).
Les élections présidentielles et législatives du 30 décembre 2015 et du 14 février 2016 se sont déroulées
conformément aux textes légaux relatifs à l’organisation des élections en RCA.
La RCA dispose d’un cadre juridique conforme à la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples
et la Charte Africaine de la Démocratie, des Elections et de la Gouvernance. Cependant, un effort reste à
fournir pour la mise en œuvre de certains aspects du Pacte international relatif aux droits civils et
politiques et de la Convention sur l’élimination des toutes les discriminations à l’égard de la femme.
Les MOEUA ont noté que la confection et l’affichage des listes électorales, ainsi que l’établissement et la
délivrance des cartes d’électeurs ont constitué la source majeure des dysfonctionnements techniques
relevés lors du déroulement de l’élection référendaire. Bien que le manque d’actualisation de la liste
électorale ait pénalisé les électeurs omis de la liste, les Missions tiennent à saluer les efforts que la RCA
a fourni pour la participation effective des refugiés centrafricains et ceux vivant dans la diaspora. La
reconnaissance juridique du droit de participation des centrafricains, refugiés et vivant à l’étranger, ainsi
que les mesures administratives prises par l’A.N.E, sont entre autres des dispositions que véhicule la
Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance.
Toutefois, les Missions ont salué le climat apaisé qui a caractérisé la campagne électorale en dépit de la
situation sécuritaire volatile que connait le pays.
Les Missions ont noté avec satisfaction que les médias, malgré leur partialité, ont fait preuve de beaucoup
de retenu et ont invité la population à participer massivement aux doubles scrutins en assurant une
couverture assez équilibrée de la campagne électorale.
Les MOEUA ont salué l’implication de la société civile centrafricaine dans la sensibilisation des citoyens
pour les scrutins couplés du 30 décembre 2015 et du 14 février 2016, une implication qui pourrait aussi
avoir contribué au taux de participation électorale et à la réduction des bulletins nuls le jour du vote
Les MOEUA ont observé que les organisations de la société civile centrafricaine se sont impliquées dans
le processus électoral de 2015, conformément à la Charte Africaine de la Démocratie, des Elections et de
la Gouvernance (CADEG). Elles ont noté avec satisfaction que la société civile a mobilisé des efforts pour
une participation effective des citoyens au processus démocratique et à la gestion des affaires publiques.
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V. OBSERVATION DU SCRUTIN ET DU DEPOUILLEMENT
Les Centrafricains sont allés aux urnes les 30 décembre 201514, 14 février 201615 et 30 mars
201616. Les Missions de l’Union Africaine déployées aux deux premiers scrutins ont noté que les
Centrafricaines et Centrafricains ont voté dans une atmosphère calme et conviviale. Les scrutins
se sont déroulés en un seul et même jour comme le prévoit le Code électoral à l’article 75. L’Union
Africaine n’a pas observé le deuxième tour des législatives du 30 mars 2016.
Dans la majorité des bureaux de vote visités par les MOEUA, le scrutin était ouvert sans
interruption de six (6) heures à seize (16) heures comme le prévoit le Code électoral à l’article
78.
Forte de 40 observateurs lors du scrutin couplé du 30 décembre 2015, la MOEUA a visité 180
bureaux de vote dont 26,1% en milieu rural et 73,9% en milieu urbain. Cependant, au scrutin du
14 février 2016, la Mission de l’Union Africaine, composée à nouveau de 40 observateurs, n’a
visité que 120 bureaux de vote suite aux multiples difficultés logistiques.
a. Ouverture des bureaux de vote
L’article 78 du Code électoral prévoit l’ouverture des bureaux de vote de six (6) heures à seize
(16) heures. Des files d’attentes devant les bureaux de vote ont été plus observées au premier
tour qu’au second.
La MOEUA a constaté qu’au premier tour 61,5 % des bureaux de vote visités par ses
observateurs n’ont pas ouvert à l’heure. Dans 38% des cas, les bureaux ont ouvert avec plus de
30 minutes de retard à cause de l’arrivée tardive du matériel et dans 50% des cas suite à
l’aménagement tardif des bureaux de vote.
Au second tour, la MOEUA a observé que 21,3% des bureaux de vote visités par ses
observateurs ont ouvert avec un retard de moins de 15 minutes, 35,5% avec un retard allant de
16 à 30 minutes et 28,4% avec un retard de 31 à 60 minutes. Le retard a été généralement causé
par l’arrivée tardive du matériel électoral, spécifiquement les bulletins de vote et les scellés.
b. Accessibilité des bureaux de vote
L’accessibilité d’un bureau de vote le jour du scrutin est un l’un des facteurs déterminants de la
participation des électeurs aux élections. La MOEUA a noté que 77,7% des bureaux de vote
étaient accessibles le jour du scrutin couplé et étaient aménagés de manière à assurer la fluidité
des opérations de vote.
Au deuxième tour, la Mission de l’Union Africaine a noté une amélioration quant à l’accessibilité
des bureaux de vote. La MOEUA a noté que 88% des bureaux de vote étaient faciles d’accès
aux personnes vivant avec un handicap.
14 Premier tour du scrutin couplé 15 Deuxième tour de la présidentielle et premier tour des législatives 16 Deuxième tour des législatives
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Les écoles ainsi que les mairies des différents arrondissements ont été utilisées dans la plupart
des cas pour abriter les bureaux de vote tenant compte de la proximité des lieux de résidence
des électeurs. Cependant, les équipes d’observateurs des MOEUA ont observé que certains
bureaux de vote ont été placés dans des bâtiments de l’église Batiste dans la sous-préfecture de
Kaga Bandoro. Dans 85% des bureaux de vote visités, l’aménagement a permis un vote ordonné
bien que dans quelques cas, les locaux utilisés étaient très exigus et moins éclairés.
L’inaccessibilité, bien que très négligeable, était liée aux bureaux de vote qui se trouvaient à
l'étage ou par manque de rampes pour personnes à motricité réduites.
c. Participation électorale
Au premier tour du scrutin couplé du 30 décembre 2015, la MOEUA a noté une forte participation
des Centrafricains surtout à l’ouverture des bureaux de vote visités par les observateurs. Bien
que cette affluence se soit réduite vers la fin de la journée, un certain nombre de bureaux de vote
avaient encore des files d’attente à l’heure officielle de la fermeture du scrutin.
Les scrutins du 14 février 2016 ont vu une affluence relativement faible d’électeurs à l’ouverture
des bureaux de vote visités par les équipes d’observateurs. Cependant, ce manque d’affluence
s’est aggravé à la mi-journée jusqu’à la clôture du scrutin.
D’après les informations obtenues auprès de l’A.N.E au deuxième jour du dépouillement, le taux
de participation au double scrutin du 30 décembre 2015 était estimé à 78,18%. Au lendemain
des scrutins du 14 février 2016, le Rapporteur Général de l’A.N.E a confié à la MOEUA que le
taux de participation était estimé à 63%.
d. Déroulement du scrutin Les MOEUA ont noté la quiétude et le calme qui ont accompagné le déroulement des scrutins
du 30 décembre 2015 et du 14 février 2016 qui n’ont connu aucune perturbation.
Tel que prévu dans l’article 84 alinéa 2 du Code électoral, la MOEUA a noté qu’une assistance a
été apportée aux électeurs qui en avaient besoin dans 78,3% des bureaux de vote visités au
premier tour. Dans 89% des bureaux de vote visités au second tour, une assistance était
également apportée aux électeurs qui l’ont sollicitée, soit par le personnel électoral soit par une
personne de leur choix. Dans certains bureaux de vote, les personnes étaient assistées par les
mandataires des partis politiques de leur choix.
Les MOEUA a relevé que des affiches de campagne n’ont pas été observés à l'intérieur des
bureaux de vote visités, mais que la tentative d’influencer les électeurs était régulière aux
alentours de plusieurs centres de vote.
Au second tour, dans la préfecture de Nana Mambere, la MOEAU a noté que certains bureaux
de vote visités ont fait usage de la liste des personnes omises sur la liste électorale en dépit de
la directive de l’A.N.E l’interdisant.
Dans 98% des cas, lors du premier tour, les électeurs n’étaient pas autorisés à voter sans avoir
présenté leur carte d’électeur et une pièce d’identité valable. Dans certains cas, les récépissés
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étaient acceptés si l’électeur était muni d’une pièce d’identité avec son nom figurant sur les listes
électorales. La vérification de l’encre sur le doigt de l’électeur dans 100% des cas.
Les MOEUA a noté que le secret de vote a été garanti dans 97% des bureaux de vote visités.
e. Le matériel électoral
Au premier tour, la MOEUA a noté que dans 79,5% des bureaux observés, le matériel électoral
était disponible. Cependant, il y avait des bureaux de vote qui ont connu une certaine agitation
suite à l’arrivée tardive du matériel électoral dans certains cas, et la mise en place tardive du
matériel électoral dans d’autres cas. Parmi le matériel manquant dans les bureaux visités, la
Mission a noté : les urnes, les bulletins de vote, la liste électorale, les procès-verbaux, l’encre
indélébile, l’isoloir ou la fiche des résultats. La Mission a aussi noté que dans la grande majorité
des cas, les listes électorales n’étaient pas affichées à l’entrée des bureaux de vote.
La MOEUA a noté au premier tour que certains bureaux de vote n’avaient pas de bulletins pour
les législatives, mais dans la préfecture de Mbomou tous les bureaux de vote visités n’avaient
pas suffisamment des bulletins pour l’élection présidentielle.
La MOEUA a constaté que les urnes n’étaient pas convenablement scellées dans plusieurs
bureaux visités au premier tour. Certains bureaux de vote n’avaient pratiquement pas reçu des
scellés et étaient contraints de commencer le scrutin avec des urnes non scellées.
Au deuxième tour, 93% des bureaux de vote visités avaient le matériel électoral disponible en
quantité suffisante. Cependant, certains bureaux de vote visités avaient retardé l’ouverture des
scrutins suite à l’arrivée tardive du matériel électoral dont les bulletins de vote et les scellés.
La Mission a été informée qu’à l’ouverture des scrutins au deuxième tour, dans toute la sous-préfecture de Bambari, non seulement les urnes et les scellés manquaient mais aussi les couvercles. Les équipes d’observateurs de l’UA ont fait le même constat dans d’autres bureaux de vote visités.
f. Secret du vote Les Missions ont noté que le secret du vote était garanti dans 97% des bureaux visités et dans
95% au second tour.
AU premier tour, les isoloirs ont rendu possible le respect du secret du vote soutenu aussi bien
par les agents des bureaux de vote ainsi que par les représentants des partis politiques et par
les personnes qui ont porté assistance aux électeurs qui avaient besoin d’aide.
Dans 5% des bureaux de vote visités au second tour, le secret de vote a été compromis par la mauvaise position de l’isoloir d’une part et par la présence nombreuse des représentants des partis et candidates dans locaux exigus d’autre part.
g. Le personnel électoral
L’article 69 du Code électoral prévoit trois (3) agents électoraux dont un (1) président et deux (2)
assesseurs. Lors des deux tours, les MOEUA ont noté que cette disposition du Code électoral
était bien assimilée dans les bureaux de vote visités.
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Les MOEUA ont noté que le personnel électoral était facilement identifiable par leurs gilets
distinctifs.
Les MOEUA ont aussi noté une très bonne interaction entre les agents électoraux et les
observateurs, les délégués des candidats, les représentants des partis politiques et les électeurs.
Lors du premier tour, la Mission a observé que dans la majorité des cas, les agents des bureaux
de vote n’ont pas fait preuve d’une grande maitrise des opérations de vote notamment par
manque de formation suffisante. Certains agents aux bureaux de vote visités ne savaient ni lire
ni écrire. Ce manque de maitrise des procédures électorales a retardé le déroulement des
scrutins dans plusieurs bureaux de vote visités et a été cité parmi les raisons qui ont conduit la
Cour Constitutionnelle à annuler les résultats des élections législatives du 30 décembre 2015.
Au second tour du 14 février 2016, la Mission de l’Union Africaine a noté l’amélioration de la
prestation du personnel électoral quant aux procédures électorales. Toutefois, la MOEUA a
observé un manque de communication aisée entre l’A.N.E et ses démembrements. Ce qui a
causé quelques confusions dans l’application de certaines décisions.
h. La participation des femmes
Au premier tour, la Mission a noté la présence d’une seule femme candidate à la présidentielle
et de 174 candidates aux législatives en dépit du fait que les femmes représentent 48,36% de
l’électorat.
La Mission a observé que même si les femmes sont minoritaires comme candidates et ne
représentent que 26,8% du personnel électoral rencontré le jour du scrutin et 12,3% de délégués,
elles ont été très présentes pendant la campagne électorale et elles ont participé massivement
au double scrutin du 30 décembre dernier.
Au deuxième tour, la Mission a observé non seulement le manque de représentation féminine
parmi les deux candidats en lice à la présidentielle et la faible participation de cette dernière aux
législatives ainsi que la sous-représentation des femmes en qualité de membre des bureaux de
vote.
Les Missions ont noté la faible représentation des femmes membres du personnel électoral qui ne représentaient que 25% à Bangui et 2% en province.
i. Les représentants des candidats et observateurs nationaux
Aux scrutins du 30 décembre 2015, la Mission a observé que tous les candidats n’ont pas déployé
des représentants ou des délégués dans la majorité des bureaux de vote visités. A ce premier
tour, la Mission a observé dans les bureaux de vote visités plus la présence des observateurs
nationaux qu’internationaux en dehors de l’OIF et de la CEEAC.
La Mission a noté une forte présence des observateurs du Réseau Arc-en-ciel dans la majorité
des bureaux de vote observés tant au premier qu’au deuxième tour, et une présence relative des
observateurs de l’Observatoire National des Elections et de la Cour Constitutionnelle de
Transition.
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Au deuxième tour, dans la majorité des bureaux de vote visités, la Mission de l’Union Africaine a
constaté que l’attention des délégués des partis politiques et candidats était plus portée sur
l’élection présidentielle que sur les élections législatives. De ce fait, ils observaient davantage les
procédures relatives à l’élection présidentielle en dépit du couplage des scrutins. Cependant, la
MOEUA a déploré la présence d’un mineur qui représentait des candidats aux législatives dans
la localité de Bossangoa.
En dehors des observateurs qui étaient présents au premier tour, la Mission de l’Union Africaine
a noté la présence des observateurs suivants au deuxième tour: l’Observatoire National des
Elections, l’OIC, ainsi que la MINUSCA.
j. La sécurité
En dépit de la situation sécuritaire volatile en République Centrafricaine lors du double scrutin du
30 décembre 2015, la Mission a observé la présence des forces de sécurité plus en milieu urbain
que rural. Certains bureaux de vote, dans le milieu rural, étaient sans sécurité tout au long du
scrutin. Des forces présentes étaient essentiellement composées des Forces onusiennes et des
Forces de défense et de sécurité centrafricaine.
Au deuxième tour du 14 février 2016, la Mission a observé la présence des forces de sécurité
aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural. L’absence totale des agents de sécurité dans
plusieurs bureaux de vote visités en milieu rural est à déplorer. Parmi les forces présentes, la
Mission a noté les Forces onusiennes, les Forces de défense et de sécurité centrafricaines ainsi
que les forces françaises en Centrafrique (SANGARIS).
La Mission a constaté que ces forces étaient discrètes et aucun incident majeur n’a perturbé le
déroulement de deux scrutins.
k. Fermeture et dépouillement
Le Code électoral dans son article 78 prévoit la clôture du scrutin à seize (16) heures. L’heure de
la clôture peut être retardée par la délibération du bureau en cas de troubles ayant entrainé la
suspension des opérations électorales d’une durée équivalente. Il en est de même en cas de
retard indépendant du bureau dans le démarrage du scrutin. Mention en est portée au procès-
verbal.
Lors des premier et deuxième tours, les MOEUA ont noté que la majorité des bureaux de vote
visités par les équipes de la MOEUA ont fermé à l’heure légale de clôture. Les MOEUA ont
observé que les opérations de vote ont été prolongées dans les bureaux de vote qui avaient
ouvert en retard au regard de l’article 78 du Code électoral.
La MOEUA a noté qu’au moment de la clôture, l’atmosphère dans tous les postes de vote
observés était calme et paisible.
Au premier tour, la Mission a observé les électeurs encore présents dans les files d'attente à
l’intérieur des centres de vote au moment de la clôture qui ont été autorisés à voter. Au deuxième
tour, la MOEUA n’a pas observé des files d’attente au moment de clôture comme c’était le cas le
30 Décembre 2015.
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Au premier tour, la Mission a noté que bien que, dans certains cas, le personnel des bureaux
visités ne maîtrisait pas les procédures de dépouillement, cela n’a pas affecté le bon déroulement
des opérations de clôture.
La MOEUA a observé que dans tous les bureaux de vote visités au premier tour, le président du
bureau de vote a annoncé les résultats à l’assistance. Les procès-verbaux ont été signés par les
délégués des candidats présents dans les bureaux de vote visités. Le procès-verbal leur a été
remis conformément à la loi dans tous les bureaux de votes visités.
Dans la majorité de cas des bureaux de vote observés au deuxième tour, les résultats n’ont pas
été affichés.
Résumé de l'observation du scrutin et du déploiement Somme toute, dans tous les bureaux de vote observés par les MOEUA pendant les deux tours,
l'environnement était calme et paisible. Les équipes d’observateurs des MOEUA ont noté qu’il n’y
avait pas d’activités de campagne autour des bureaux de vote visités durant les deux scrutins.
Ce bon déroulement des scrutins est un indicateur de l’intérêt de la population centrafricaine pour
le rétablissement de l’ordre constitutionnel en République Centrafricaine.
Dans certains bureaux de vote visités, tant au premier qu’au deuxième tour, seul le procès-verbal
de l’élection présidentielle a été affiché, conformément aux dispositions de l’article 96 du Code
électoral.
Les Missions se sont réjouies de la présence des observateurs citoyens aux deux scrutins. Leur
présence est nécessaire pour l’appropriation du processus électoral par la société civile et pour
la crédibilisation du scrutin.
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VI. OBSERVATION POST-ELECTORALE Cette partie porte sur la transmission et la centralisation des résultats, le contentieux électoral et l’environnement post-électoral.
(a) Transmission et centralisation des résultats
L’article 96 du Code électoral explique la transmission et la centralisation des résultats comme suit:
Les exemplaires du procès-verbal sont transmis comme suit :
- un à la Cour Constitutionnelle de Transition;
- un affiché à l’entrée du bureau de dépouillement ;
- un à l’A.N.E. ;
- un au Ministère de l’Administration du Territoire, de la Décentralisation et de la
Régionalisation;
- un à la sous-préfecture pour y être conservé comme archive administrative ;
- un au démembrement local pour servir au recensement provisoire des résultats de la
circonscription électorale ;
- un pour chaque candidat.
Le Président du bureau de dépouillement une fois les opérations de dépouillement
terminées, met les bulletins nuls dans des enveloppes inviolables.
Il met les enveloppes inviolables, les listes électorales, les bulletins non utilisés et tout
autre matériel dans l'urne scellée.
Il les fait acheminer dans les meilleurs délais au siège du démembrement local de
l'A.N.E. qui sert de centre de compilation des résultats de l'ensemble des bureaux de
la circonscription.
Les résultats provisoires de la circonscription électorale sont transmis à l’A.N.E. qui
procède au recensement général en présence des représentants des candidats et des
observateurs.
L’article 124 du Code électoral présente aussi la transmission et la centralisation des résultats comme suit:
- L’A.N.E. procède au recensement général des votes en présence des représentants des
candidats dûment mandatés et des observateurs. Elle les rend public, au fur et à mesure,
circonscription par circonscription.
- Le recensement définitif des votes est effectué dans un second temps par la Cour
Constitutionnelle de Transition en présence du représentant dûment mandaté de chacun
des candidats. Cette opération est constatée par un procès-verbal.
Les forces internationales de la MINUSCA ont escorté les convois qui transportaient les résultats des premier et deuxième tours qui ont été transmis progressivement au Centre de Traitement des Données (CTD) de l’A.N.E pour la centralisation et compilation.
En effet, la Cour constitutionnelle de transition a déploré, dans sa décision du 25 janvier 2016 le fait que certains procès-verbaux ne soient pas parvenus à l’A.N.E., que certaines enveloppes parvenues à l’A.N.E. étaient vides ou que certains procès-verbaux des élections législatives étaient mélangés aux procès-verbaux de la présidentielle. Bien plus, les Missions ont noté, le constat de la Cour constitutionnelle selon lequel des manipulations malveillantes diverses impliquaient directement les membres des bureaux de vote et que parfois certains documents
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électoraux n’étaient pas remplis. Le manque d’une formation adéquate du personnel électoral au premier tour a contribué aux dysfonctionnements majeurs suivants : procès-verbaux difficiles à lire car non lisibles, réception par l'A.N.E des enveloppes vides, envois à l’A.N’E des fiches de résultats et procès-verbaux non remplis, des procès-verbaux des législatives mis dans une même enveloppe avec des procès-verbaux de l’élection Présidentielle. Les Missions ont noté que plusieurs facteurs et faits ont entaché l’intégrité des élections et la transparence des scrutins. C’est le cas de la qualité déplorable des PV mal remplis, du non-respect des dispositions prévues pour la remontée des résultats des bureaux de vote jusqu’au Centre de Traitement des Donnés de Bangui, de la déclaration de l’ANE de n’avoir reçu que 86% des PV, de la disparition des 228 000 des voix (soit 13,7% des voix) déclarée par la Cour constitutionnelle le 25 janvier 2016 et de la déclaration par la CCT de n’avoir pas reçu des PV des bureaux de vote qui n’avaient pas été ouverts.
Les difficultés du premier tour ont amené l’ANE à:
Restructurer les modules de formation du personnel ;
Améliorer la remontée des PV ;
Sanctionner les personnes à la base de la disparition des PV toutes celles qui ont saboté
le processus ;
Passer en revue les bulletins de vote de toutes les 140 circonscriptions électorales du pays ;
Vérifier les listes des candidatures et à corriger les erreurs rencontrées ;
Solliciter l’assistance des infographes de la MINUSCA pour arrêter la liste définitive des
candidats et à la publier en attendant les réclamations éventuelles des candidats
Faire superviser par un commissaire le processus d’impression des bulletins à Dubaï pour
assister au processus d’établissement du bulletin de vote (signature du bon à tirer, colisage
avec mention des circonscriptions lors de l’emballage)
Vérifier tout le matériel et à le compléter, en cas de besoin, avant de le dispatcher
Faire respecter certaines dispositions légales qui n’ont pas été observées lors du premier
tour telle la publication des résultats des bureaux de vote par bureau de vote, la remise des
PV aux représentants des partis politiques ou des candidats et l’affichage des résultats
dans les bureaux de vote ;
Décaisser, sur ordre du Premier Ministre, l’argent pour payer les démembrements
de l’ANE.
La Mission de l’Union Africaine a noté une forte amélioration aux scrutins du 14 février et a salué les efforts du personnel électoral et de l’A.N.E qui se sont appliqués aux procédures de dépouillement, au remplissage des procès-verbaux de vote et à l’envoi des résultats.
(b) Les résultats des élections
Les grandes tendances du premier tour de l’élection présidentielle
En vertu de l’article 124 du Code électoral, le résultat de l’élection du Président de la République est proclamé par la Cour Constitutionnelle de Transition quinze (15) jours après la date du scrutin.
L’article 120 du Code électoral stipule que si aucun candidat n’a obtenu la majorité requise, il est procédé au second tour de scrutin le deuxième dimanche suivant la décision de proclamation des résultats définitifs par la Cour Constitutionnelle de Transition. Sont admis à se présenter à ce second tour, les deux (2) candidats arrivés en tête au premier tour.
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Le résultat du premier tour de la présidentielle publié par la Cour Constitutionnelle le 25 janvier
2016 a confirmé le deuxième tour opposerait M. Anicet Georges Dologuélé à M. Faustin
Archange Touadéra qui ont respectivement obtenu 23.7% et 19%.
Les résultats des législatives du 30 décembre 2015 ont été annulés par la Cour
constitutionnelle suite aux multiple requêtes introduites par quelques candidats.
Les grandes tendances du deuxième tour de l’élection présidentielle
Le 20 février 2016, l’Autorité Nationale des Elections a annoncé les résultats du deuxième tour
de la présidentielle du 14 février comme suit :
Electeurs inscrits : 1 954 433
Votants : 1 153 300
Taux de participation : 61%
Bulletins blancs : 20 795
Bulletins nuls : 27 094
Bulletins valides : 1 110 411
Suffrages obtenus :
- DOLOGUELE : 476 352 votes or 37.27%
- TOUADERA: 695 059 votes or 62.71%
Proclamation des résultats définitifs par la Cour constitutionnelle
En vertu des articles 104, le 20 février 2016, la Cour Constitutionnelle de Transition (CCT) a rendu
le 23 février 2016 sa décision confirmant l’élection du Pr. Faustin Archange TOUADERA, comme
le Président élu avec 62,69% des voix.
Les alliés de Monsieur Anicet Georges DOLOGUELE qui a obtenu 37,31% des voix ont introduit
les recours que la Cour constitutionnelle de transition a rejetés étant donné que le candidat lui-
même avait choisi de ne pas contester les résultats provisoires.
(c) Résolution du contentieux électoraux
Conformément aux termes du chapitre cinq (5) du Code électoral, la Cour Constitutionnelle de Transition contrôle la régularité des opérations de vote, de dépouillement et de recensement des suffrages. Tout candidat ou mandataire dûment habilité, tout parti politique, toute organisation, tout groupement de partis politiques légalement constitué ayant présenté un candidat à l’élection présidentielle, peut saisir la Cour Constitutionnelle de Transition d’une requête tendant au redressement des résultats provisoires ou à l’annulation des opérations électorales. Les contestations sont déposées dans un délai de dix (10) jours après la publication des résultats provisoires, au Greffe de la Cour Constitutionnelle de Transition, contre récépissé. Les réclamations sont présentées sous forme de requête écrite, motivée et comportant les noms et prénoms, l’adresse et la signature des demandeurs. Sous peine d’irrecevabilité, lesdites requêtes comportent un exposé sommaire des faits et l’articulation des moyens qui soutiennent les demandes.
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Notification de toute requête est faite par les soins du Greffier en chef dans les cinq (5) jours qui suivent l’enregistrement de la requête, au candidat ou à son mandataire dûment habilité, à l’organisation ou au groupement politique intéressés et légalement constitués, l’informant qu’il dispose de dix (10) jours pour déposer son mémoire en défense au Greffe de la Cour Constitutionnelle de Transition.
La Cour Constitutionnelle de Transition statue dans un délai d’un mois à compter de la date d’enregistrement de la requête à son Greffe. La décision rendue en la forme habituelle est publiée par voie d’affiche au Greffe de la Cour Constitutionnelle de Transition et notifiée à l’A.N.E. Dans tous les cas, lorsqu’une requête implique la solution préjudicielle, la Cour Constitutionnelle de Transition est exceptionnellement habilitée à la trancher au fond. L’annulation de l’élection est prononcée si des irrégularités avérées sont susceptibles d’inverser les résultats eu égard à leur ampleur et au faible écart de voix qui sépare les candidats ou si les circonstances du déroulement des opérations électorales ont pour effet d’empêcher l’exercice de tout contrôle sur la sincérité des résultats. La Cour Constitutionnelle de Transition procède au redressement corrélatif des résultats si l’impact des irrégularités constatées peut être déterminé. Le cas échéant, la Cour Constitutionnelle de Transition proclame les résultats ainsi redressés. Le rejet des contestations vaut proclamation définitive des résultats. En cas d’annulation de l’élection, le corps électoral est convoqué par Décret pris en Conseil des Ministres sur proposition de l'A.N.E., dans un délai de quarante-cinq (45) jours au moins et quatre-vingt-dix (90) jours au plus.
(d) L’environnement politique post-électoral
Le premier tour
Aux termes des élections couplées du 30 décembre 2015, l’Autorité Nationale des Elections (ANE) acheminait au Centre de Traitement des Données (CTD) les plis électoraux sous protection des forces de la MINUSCA. La compilation des résultats partiels a commencé le 1er janvier 2016 et les résultats annoncés au fur et à mesure par l’ANE directement sur les ondes de la radio nationale. Cependant, le 03 janvier 2016, deux jours après le début de la publication des résultats partiels par l’ANE, 18 des 30 candidats en lice ont désapprouvé le processus électoral et demandé son arrêt au profit d’un processus électoral concerté. Il s’en est suivi une vague de contestations des résultats provisoires par les partis politiques, en violation du Code électoral et du code de bonne conduite. Ces derniers soupçonnaient des manipulations frauduleuses sur le système informatique de l’ANE dans le but de favoriser un candidat. Les formations politiques comme l’Union pour le Renouveau de la Centre-Afrique (URCA) du candidat Anicet Georges DOLOGUELE et les candidats réunis au sein de l’Alliance des Forces Démocratiques pour le Transition (AFDT) dont, Martin ZIGUELE du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC) et Désiré Zanga KOLINGBA BILAL du Rassemblement Démocratique du Peuple Centrafricain (RDC) ont diligenté des audits du système informatique du Centre de Traitement des Données (CTD) dont les résultats n’ont pas pu démontrer les présumées fraudes. L’ANE a publié les résultats provisoires des élections législatives et présidentielle couplées contre lesquels plusieurs recours ont été formulés devant la Cour Constitutionnelle de Transition (CCT). Celle-ci dans sa décision du 25 janvier 2016 a proclamé les résultats définitifs pour les deux scrutins du 30 décembre 2015.
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Le deuxième tour
Les MOEUA ont salué le bon déroulement de la phase post-électorale du premier et du deuxième tour de la présidentielle. Elles ont noté la mobilisation dans le calme et la sérénité du peuple centrafricain ainsi que l’attitude du candidat malheureux qui a accepté les résultats de la Cour Constitutionnelle sans protestation aucune. Les Missions saluent le calme qui a suivi l’annonce de la Cour Constitutionnelle de Transition a confirmant l’élection du Pr. Faustin Archange TOUADERA comme le Président élu de la République centrafricaine. En outre, à l’issue de son audience publique du 14 mars 2016, la Cour Constitutionnelle de Transition a déclaré quarante-cinq (45) députés élus au premier tour des législatives. Elle a redressé certains résultats et ordonné l’annulation des élections législatives dans 10 circonscriptions pour des graves irrégularités et violations massives des droits de l’homme. Initialement prévues le 27 mars 2016, le second tour des élections législatives a été reporté au 31 mars 2016 pour des raisons logistiques. L’Union Africaine n’a pas observé le second tour des élections législatives du 31 mars 2016. L’investiture du président élu, Monsieur Faustin Archange TOUADERA, a eu lieu le 30 mars 2016. Elle a ainsi marqué la fin de la transition en République Centrafricaine.
VII. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
I. CONCLUSION
Les Missions d’Observation Electorale de l’Union Africaine ont noté que les doubles scrutins du 30 décembre 2015 et du 14 Février 2016 se sont déroulés dans le calme, la sérénité et la transparence. Ils ont, certes, connu des difficultés logistiques et organisationnelles, mais cela n’a pas empêché les Centrafricains de se rendre aux urnes pour voter. Les Missions ont noté que les difficultés rencontrées par les scrutins n’ont pas été de nature à entacher la crédibilité de ces deux scrutins. Le second tour de la présidentielle et le premier tour des élections législatives du 14 février 2016 en République Centrafricaine représentaient une étape décisive vers le retour à un ordre constitutionnel normal, gage de stabilité. Les MOEUA félicitent les autorités de transition et la communauté internationale, en particulier le G8, ainsi que toutes les parties prenantes au processus électoral qui n’ont ménagé aucun effort pour la tenue de ces élections présidentielle et législatives, conformément aux recommandations du sommet des chefs d’Etat de la CEEAC. Les Missions saluent le peuple centrafricain pour sa détermination à exercer ses droits civiques et politiques en allant voter les 30 décembre 2015 et 14 Février 2016 pour un nouveau destin pour une Centrafrique unie et prospère. Les Missions félicitent l’Autorité Nationale des Elections qui, en dépit des contraintes logistiques, est parvenue tout de même à organiser ces doubles scrutins dans les délais. Les Missions exhortent les partis politiques et les candidats à respecter le verdict des urnes et à sauvegarder le climat de paix qui a prévalu tout au long du processus électoral.
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Les Missions remercient et félicitent la MINUSCA pour son assistance logistique lors du déploiement de ses observateurs à l’intérieur du pays. Les Missions voudraient toutefois faire les recommandations suivantes :
II. RECOMMANDATIONS
Au Gouvernement
De doter l’Autorité Nationale des Elections (A.N.E) de moyens financiers et humains
adéquats pour un bon déroulement des activités électorales ;
D’assurer la présence des forces de l’ordre dans des centres de vote, en nombre
suffisant, aussi bien en milieu rural qu’en zone urbaine, du début du scrutin jusqu’à
l’enlèvement des urnes vers l’A.N.E.
Au Parlement
Revisiter la condition d’éligibilité faisant mention à la possession d'une propriété
bâtie sur le territoire national afin d’encourager la participation politique des femmes
et des jeunes;
Décourager toute disposition discriminatoire qui impacte la participation politique
des femmes et des jeunes.
A l’Autorité Nationale des Elections (A.N.E)
De régulariser la situation des électeurs détenteurs des récépissés mais dont les
noms ne figurent pas sur les listes électorales pour leur permettre d’accomplir leur
devoir civique;
Actualiser les listes des électeurs afin d’éviter des omis le jour du scrutin sur les
listes définitives ;
D’établir un plan de communication efficace entre l’A.N.E et les démembrements
en vue d’améliorer l’administration des élections par les démembrements locaux de
la centrale électorale afin d’éviter les surprises de dernières minutes et de donner
plus de crédibilité au processus électoral;
De renforcer les capacités du personnel électoral en vue d’une appropriation des
procédures et des outils de travail;
D’afficher les listes électorales pour permettre aux électeurs de s’assurer que leur
inscription a bien été prise en compte ;
D’intensifier les actions d’éducation civique et électorale en vue de renforcer les
bases de la culture de la participation citoyenne;
D’afficher la liste électorale à l’entrée des bureaux de vote en vue de favoriser une
meilleure orientation des électeurs vers leur bureau de vote ;
D’éviter d’utiliser des locaux exigus comme bureau de vote et garantir l’éclairage
pendant le dépouillement pour un bon déroulement des opérations de vote;
De renforcer les capacités des membres de l’A.N.E à travers la formation de ces
derniers sur l’assistance électorale pour leur permettre de jouer efficacement leur
rôle durant le processus électoral;
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De faciliter l’accès aux bureaux de vote et donner la priorité aux personnes vivant
avec handicap, aux personnes âgées et aux femmes enceintes ou avec enfant.
A la société civile
De poursuivre ses efforts en vue de la promotion d’une plus grande participation
des citoyens dans la consolidation de la démocratie en République Centrafricaine;
De s’impliquer davantage dans la sensibilisation des populations en vue de recréer
la culture de la participation citoyenne.
Aux Candidats et Partis politiques
De prendre garde de toutes déclarations ou attitudes de nature à semer la
confusion et le désordre dans le pays avant la proclamation officielle des résultats
par les organes dédiés ;
De respecter le verdict des urnes et privilégier le recours aux moyens légaux en
cas de contentieux en vue de préserver la paix et la stabilité;
De s’investir dans l’éducation civique et électorale des membres afin de constituer
des bases électorales avisées;
De renforcer les capacités des représentants dans les bureaux de vote pour
s’assurer qu’ils jouent pleinement et effectivement leur rôle;
D’instaurer un cadre de dialogue et de concertation permanent pour une
résolution consensuelle des différends ;
D’éviter tout discours qui pourrait nuire au climat de paix constaté le jour du vote ;
D’adopter des dispositions de promotion des candidatures des femmes au sein
des partis pour rehausser la participation politique des centrafricaines.
A la communauté internationale
De continuer d’appuyer la République Centrafricaine afin de lui permettre de faire
face à ses nombreux défis.
ANNEXE : PLAN DE DEPLOIEMENT DES OBSERVTEURS
NOM & PRENOM Contact Tel EQUIPE Préfectures de Déploiement Contact des
autorités et ANE
Nº du Véhicule/Nom et
Tel. du Chauffeur
1 SE Souleymane Ndene Ndiaye
Equipe 1
Commune de Bangui
2 Me Azis Diop
3 M. Kane Mouhamadou Sadibou
4 M. Ernest Dolo Equipe 2
5 M. Mohamed Bah
6 SE Dharmraj Busgeeth Equipe 3
7 M. Mombo Charles
8 M. Victor Gabikini Equipe 4 Ombella M’poko
9 Mme Meite Namizata Sangare
10 M. Amadou Dia Equipe 5 Lobaye
11 M. Demba Diallo
12 M. Komi Lokadi Equipe 6
Sangha Mbaere
13 Mme Nora Christabelle
14 M. Pierre Kadi Sossou Equipe 7 Kemo
15 Mme Khadri Rahma
16 Mme Soilihi Chadia Equipe 8
Ouham
17 M. Vincent De Paul Taty
18 M. Amadou Maleine Niang Equipe 9
Ouham Pende
19 Mme Francine Mwinja Bahaya
20 M. Dieudonne Mirimo Equipe 10
Nana Mambere
21 Mme Nadia Yougone
22 M. Luc Omer Gandemey Equipe 11
Mambere Kadei
23 Mme Hynda Ahmed Cherif
24 Mme Diaby Rabiatou Equipe 12
Ouaka
25 M. Traore Faguimba
26 M. Gideon Taboh Equipe 13
Haute Kotto
27 Mme Falana Gwladys
28 M. Mathias Tankoano Equipe 14
Nana Grebizi
29 Mme Hilarie Mukamazimpaka
30 M. Henri Nouagovi Equipe 15
Basse Kotto
31 M. Francis Ogedengbe
32 Hon. Yamba Malick Sawadogo Equipe 16 Vakaga
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NOM & PRENOM Contact Tel EQUIPE Préfectures de Déploiement Contact des
autorités et ANE
Nº du Véhicule/Nom et
Tel. du Chauffeur
33 M. Ajavon Ayite
34 M. Abdoulaye Mahamat Equipe 17
Bamingui Bangoran
35 M. Auguste Adjin
36 M. Joachim Bagnan Equipe 18
Mbomou
37 Mme Sonia Nsengiyumva
38 Mme Marie Louise Zabre Equipe 19
Haut Mbomou
39 M. Lancine Magassouba
EQUIPE DE SOUTIEN
Equipe 20
40 Mme Karine Kakasi Siaba
42 M. André Kabunda
43 M. Mukenyi Badibanga
44 M. Baruti Munda Simamba
45 Mme Hiwot Debebe
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