Métiers porteurs : le rôle de l’entrepreneuriat, de la formation et de l’insertion...
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8/6/2019 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle (AFD/2011)
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Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de laformation et de linsertion professionnelle partir de lanalyse de trois pays en dveloppement
Sandra Barlet (Gret), Christian Baron (Gret) et Nicolas Lejosne (AFD)
Contact : Nicolas Lejosne, AFD
Agenc
eFranaisedeD
veloppement
111avril 2011
Agenc
eFranaisedeD
veloppement
Agence Franaise de Dveloppement
Direction de la Stratgie
Dpartement de la Recherche
5 rue Roland Barthes
75012 Paris - France
www.afd.fr
Dpartement de la Recherche
document
de travail
Agenc
eFranaisedeD
veloppement
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8/6/2019 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle (AFD/2011)
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Directeur de la publication : Dov ZERAH
Directeur de la rdaction : Robert PECCOUD
ISSN : 1958-539X
Dpt lgal : 2me trimestre 2011.
Mise en page : Laurence Wunderle
AFD Document de travail n 111 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle avril 2011
2
Avertissement
Les analyses et conclusions de ce document de travail sont formules sous la responsabilit de ses auteurs. Elles ne refltent
pas ncessairement le point de vue de lAgence Franaise de Dveloppement ou de ses institutions partenaires.
Remerciements
Les auteurs remercient les agences de Madagascar, du Congo Brazzaville et du Sngal pour leur disponibilit et leur intrt
manifest autour de la mise en uvre de cette tude. Nous remercions aussi toutes les personnes interviewes et la richesse
des changes que nous avons pu avoir avec elles, en esprant que cette tude demeurera fidle leurs propos. Enfin, nous
tenions plus particulirement remercier pour leur relecture et leurs conseils aviss : Sylvaine Bernard-Srinivasan, Gilles
Beville, Catherine Bonnaud, Mostefa Boudiaf, Isidore Boursier-Mougenot, Philippe Cabin, Olivier Cador, Herv Dubreuil,
Emmanuel Fourmann, Jean-Claude Galandrin, Herv Gallepe, Grard Gaveau, Alexandre Kolev, Annie Lopez-Portzert, Alain
Masetto, Alix Pinel, Daniele Rabenirina, Alain Ries, Armand Rioust de Largentaye, Camille Severac, Marie-Ccile Thirion,
Ccile Valadier, Richard Walther, Alain Widmaier et Laurence Wunderle.
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Sommaire
AFD Document de travail n 111 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle avril 2011
3
Rsum 5
Avant-propos 7
1. Cadrage de ltude 9
1.1 Cadre gnral 9
1.2 Mtiers porteurs , entrepreneuriat, formation et insertion professionnelle6 10
1.3 Mthodologie et objectifs de ltude 11
2. Les enseignements des tudes terrains 13
2.1 Des enjeux conomiques et sociaux communs dans les trois pays 13
2.2 Les mtiers et secteurs identifis comme tant porteurs 15
2.3 Les diffrentes voies de linsertion professionnelle 23
2.4 La cration dentreprise, une solution rarement accessible pour linsertion des jeunes 24
2.5 Les contraintes au dveloppement des entreprises 27
2.6 Etat des progrs raliss et poursuivre dans le domaine de la formation technique et professionnelle 29
2.7 Absence de dispositif dappui linsertion 33
3. Comment favoriser le dveloppement de mtiers porteurs ? 35
3.1 Identifier et appuyer des mtiers porteurs 35
3.2 Promouvoir linnovation dans les MPME 40
3.3 Promouvoir lentrepreneuriat 45
3.4 Gnrer la capacit dentreprendre 46
3.5 Appuyer la cration et le dveloppement des entreprises 49
3.6 Poursuivre et accentuer les efforts engags en matire de formation professionnelle 50
3.7 Prendre en compte la dimension territoriale 56
3.8 Renforcer larticulation et la cohrence entre les acteurs concerns 57
3.9 Favoriser la cration de dispositifs dappui linsertion 60
Conclusion 63
Annexe 1. Outil danalyse des filires 67
Annexe 2. Objectifs spcifiques des tudes terrain (extrait de la proposition technique du Gret) 76
Liste des sigles et abrviations 78
Bibliographie 82
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Les rvoltes qui ont agit de nombreux pays dans un pass
rcent, telles celles de 2011 au Maghreb ou celles de 2008
lors des meutes de la faim , apparaissent souvent
comme la manifestation du dsarroi ressenti par une part
trs importante dune population dsempare face une
situation socioconomique ne leur laissant entrevoir aucun
avenir. Dans ce contexte, une prise de conscience de plus
en plus forte sopre, au niveau international, des enjeux
qui entourent lappui au secteur priv et la formation profes-
sionnelle comme vecteur dinsertion socioprofessionnelle et
de stabilit sociale. Ce constat a conduit les pouvoirs en
place vouloir prioriser leurs secteurs dintervention pour
favoriser le dveloppement de mtiers porteurs , en vue
dune amlioration importante de lemploi. Cette perspecti-
ve sest accompagne dtudes visant dfinir des sec-
teurs porteurs de lconomie, ainsi que des mtiers que
la formation professionnelle devrait plus particulirement
favoriser. Alors mme que certaines actions sont mises en
uvre dans ce sens, un paradoxe apparat peu peu : les
secteurs porteurs et les mtiers porteurs qui taient
censs apporter des solutions aux problmes sociocono-
miques rencontrs semblent, lissue des actions dappui
au secteur priv et des formations dispenses par lensei-
gnement technique et la formation professionnelle (ETFP),
plutt alimenter les chiffres du chmage et de la frustration
sociale, alors mme que les formations traditionnelles telles
que lapprentissage reprsentent plus que jamais une sou-
pape sociale de scurit incontournable.
Un lment important de la comprhension des mtiers por-
teurs aurait-il t oubli ? Il ne suffit pas de dvelopper des
formations dans les nouvelles technologies de linformation et
de la communication (NTIC), par exemple, pour que lon
assiste au dploiement effectif, dans lconomie, de nom-
breux mtiers dans ce domaine. La mise en uvre dun
mtier ncessite plusieurs lments qui semblent avoir t
oublis par lETFP. Les formations classiques dispenses par
les Etats, mme bases sur lapproche par les comptences,
semblent en effet plus destines former des salaris dun
secteur moderne modeste, offrant 10 30 % des emplois,
alors mme que lauto-emploi et les trs petites entreprises
(TPE) du secteur informel reprsentent la trs grande majori-
t des emplois. De mme, la question de lappui au secteur
priv, et notamment de laccs au service aux entreprises,
apparat comme un des lments essentiels au dveloppe-
ment dactivits conomiques, sans pour autant tre en com-
plte adquation avec les besoins exprims par les TPE. Ces
paradoxes sont probablement au cur du problme actuelle-
ment rencontr par lETFP qui, de fait, ne permet le plus sou-
vent pas le dploiement de mtiers porteurs . Le rle de
lentrepreneuriat, de linsertion et de la formation profession-
nelle a t occult au profit dorientations macroconomiques
qui ne peuvent avoir de sens sans ces aspects.
Cest dans le cadre dune rflexion, engage depuis plu-
sieurs annes, visant explorer les articulations entre for-
mation professionnelle, dveloppement conomique et
accs lemploi dans les pays du Sud, que lAFD a men
cette tude. Son objectif est danalyser les besoins qui
entourent les mtiers pour quils deviennent porteurs dune
valeur ajoute, que celle-ci soit conomique, sociale,
humaine, voire cologique. Elle sappuie sur lanalyse de
trois pays (le Congo, Madagascar et le Sngal) caractri-
ss par des difficults conomiques relles, en dpit des-
quelles des expriences pilotes, tournes vers ces
mtiers porteurs , ont t mises en uvre. Leur descrip-
tion et leur analyse visent mieux cerner les lments
incontournables au dploiement dun mtier porteur ,
dont lentrepreneuriat, linsertion et la formation profession-
nelle reprsentent des aspects constitutifs essentiels.
Rsum
Un seul pilier ne fait jamais une maison.
Proverbe malink, Mali
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Avant-propos
Lexpression mtiers porteurs revt de multiples
facettes. Celles-ci varient fortement en fonction de la natu-
re des acteurs socioconomiques qui lutilisent. Ainsi, il ne
sera pas rare dentendre, par exemple, qu informaticien
est un mtier porteur. Pourtant, cette phrase sera compri-
se diffremment en fonction de lactivit de celui qui lutili-
se. Ainsi, lentrepreneur y verra lexpression dopportunits
daffaires ; un gouvernement, la possibilit de dvelopper
une filire forte valeur ajoute ; un jeune, un moyen din-
sertion socioconomique ; un centre de formation, un
module trs pris par les lves ou les parents. Cette diver-
sit de comprhensions ne signifie toutefois pas quune
analyse de ce sujet conduirait une impasse, ds lors que
lon souhaiterait mieux en apprhender la ralit. En effet,
si les tudes qui formulent des recommandations visant
privilgier les mtiers porteurs dans tel ou tel secteur
foisonnent, leurs dclinaisons en une action qui ait un seul
des sens relevs prcdemment semblent beaucoup plus
rares. Ds lors, il semble intressant de mieux comprendre
ce qui permet un mtier de dvelopper une relle valeur
ajoute, que ce soit en termes dinsertion, de nouvelles
activits, dinnovation, demplois, de revenus, etc. Les
mthodologies permettant de dterminer sur le plan
macroconomique des secteurs prioritaires de lconomie
sont en effet lgion, pourtant les besoins transverses que
ncessite le dveloppement de nimporte quel mtier sem-
blent msestims.
Lobjet de cette tude est de rendre compte de certains pr-
requis qui permettent, de manire gnrale, un mtier
dtre porteur et de dvelopper une valeur ajoute,
quelle quen soit la nature (conomique, sociale, humaine,
cologique, etc.). En effet, celle-ci ne dpend pas tant de la
mthodologie adopte mais bien plus de lobjectif vis par
lacteur impliqu. Cest donc cette question que nous
nous intresserons. Ainsi, alors que les entrepreneurs
pourront avoir des objectifs diffrents en fonction des
opportunits daffaires quils souhaitent dvelopper, cer-
taines caractristiques communes apparatront et permet-
tront de dfinir ces acteurs comme entrepreneurs. Ce sera
galement le cas pour des mtiers porteurs qui, bien
que dveloppant une valeur ajoute diffrente, prsente-
ront des points communs dans leur mise en uvre.
Le but principal de cette recherche est donc de rendre
compte de la ralit qui entoure cette terminologie couram-
ment utilise par les acteurs impliqus dans le dveloppe-
ment socioconomique de leur pays. Elle sappuie, pour
lessentiel, sur des exemples concrets rencontrs dans les
trois pays tudis qui mettent en exergue un certain
nombre dlments de comprhension utiles au dveloppe-ment de mtiers porteurs . Paradoxalement, la littratu-
re portant sur les pays du Sud na jamais rellement abor-
d cette question ni propos de dfinition. De ce fait, ce tra-
vail reste en partie exploratoire et est le reflet des para-
doxes et ambiguts qui entourent le sujet trait.
A titre dexemple, mme si ltude distingue clairement les
notions de secteurs porteurs et de mtiers porteurs1,
celles-ci apparatront parfois de manire beaucoup moins
distincte partir des tmoignages des acteurs rencontrs.
La complexit qui entoure la ralit de ces mtiers est pro-
bablement synonyme dune potentielle richesse danalyse.
Cette tude nest, de ce point de vue, quune premire
tape quil appartiendra aux diffrents acteurs concerns
de creuser et daffiner. Ce document nest, ce stade de
comprhension, que le reflet des diffrentes qualits mises
1 Un secteur peut tre dfini comme porteur ds lors quil apporte une vritable valeur
ajoute au dveloppement du pays mais ne pas tre constitu de mtiers porteurs avec
des emplois, par exemple peu qualifis, sinscrivant plus dans une logique de survie. A lin-
verse, dans un secteur considr comme non porteur, certains mtiers peuvent faire appel
un rel sens de linnovation, apporter une vritable valeur ajoute et tre ainsi perus comme
porteurs .
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en uvre par les acteurs socioconomiques pour dvelop-
per les mtiers qui leur tiennent cur. Dans ce contexte,
trois lments cls se dtachent pour le rle important
quils jouent dans le dveloppement de mtiers por-
teurs : lentrepreneuriat, linsertion et la formation profes-
sionnelle. Il sagit, dune certaine manire, du triptyque prin-
cipal ncessaire au dveloppement de mtiers por-
teurs . Ils sont le pendant des quatre capitaux ncessaires
au dveloppement dune activit socioconomique : le
capital humain, social, technique et financier.
Lobjectif de cette tude nest donc pas de dfinir les
mtiers quil sagit dappuyer ou de dvelopper de manire
prioritaire, mais bien plus dessayer de dterminer quels
sont les lments essentiels qui permettent un mtier
donn dapporter une valeur ajoute dans sa mise en
uvre. Une distinction forte est donc faite par rapport aux
actions aboutissant des mtiers que lon pourrait associer
une logique de subsistance (dans le secteur informel,
mais galement dans lconomie formelle ou administrative
subventionne) ou des logiques de court-terme sans
apport de valeur ajoute (telle que les formations noffrant
aucune insertion). Cette tude ne saurait prtendre lex-
haustivit, compte tenu du nombre important de facteurs
ncessaires la russite dun mtier porteur ; elle sou-
haite simplement faire apparatre certains lments qui
semblent primordiaux cette dynamique.
Avertissement
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1. Cadrage de ltude
LAFD mne depuis plusieurs annes une rflexion visant
explorer les articulations entre formation professionnelle,
dveloppement conomique et accs lemploi dans les
pays du Sud :
En 2004/2005, une premire tude a port sur les mca-
nismes de financement de la formation professionnelle
travers une comparaison Afrique-Europe2.
Une deuxime tude a port sur la formation profession-
nelle en secteur informel identifi comme le principal seg-
ment du march de lemploi en Afrique subsaharienne.
Diffrents documents de travail relatifs chacun des septpays concerns par cette tude et le document de syn-
thse3 ont permis de dresser un tat des lieux prcis de
la situation, de raffirmer le rle stratgique de la forma-
tion professionnelle comme lieu de dynamisation du sec-
teur informel et de proposer une srie de recommanda-
tions.
Une troisime tude portant sur les nouvelles formes dap-
prentissage en Afrique de lOuest4 identifiait plusieurs prio-
rits parmi lesquelles la ncessit de faire de lapprentis-
sage restructur une filire dexcellence et de favoriser son
volution vers des mtiers porteurs accessibles autant aux
hommes quaux femmes .
Enfin, une quatrime tude5 portant sur litinraire profes-
sionnel des jeunes Africains soulignait le fait quau-del de
la question des formations, labsence dinformation sur le
march du travail et ses perspectives dvolution ne faisait
que renforcer la difficult des jeunes trouver un emploi.
Les jeunes enquts soulignaient le fait quaccder au mar-
ch du travail passait par des formations des mtiers
existants ou en mergence .
Ces diffrentes tudes ont fourni un matriau de qualit
pour alimenter la rflexion de lAFD concernant ses inter-
ventions en matire de formation professionnelle dans les
pays du Sud. Elle a souhait poursuivre ce processus par
une tude intitule Mtiers porteurs, dynamiques entre-
preneuriales et insertion professionnelle .
Cette tude part dun constat largement partag : dans les
pays du Sud en gnral, et dans les pays africains en par-
ticulier, cest le secteur de la micro, petite et moyenneentreprise (MPME) qui est le principal vecteur dinsertion
professionnelle, notamment pour les jeunes. Or, cette rali-
t reste insuffisamment prise en compte dans les politiques
et, surtout, dans les stratgies de dveloppement de la for-
mation professionnelle dont loffre, que ce soit en termes de
contenu ou de modalits, ne rpond que partiellement aux
besoins de comptences des MPME. La dimension entre-
preneuriale, plus particulirement, est souvent absente des
formations proposes. Pourtant, la dynamique entrepre-
neuriale cest--dire la volont dentreprendre et la capa-
cit didentifier une opportunit et de la transformer en une
activit conomique gnrant un revenu dans un contexte
(conomique, social, technologique, administratif et fiscal)
donn est le moteur de ce secteur.
Lhypothse sur laquelle sappuie lAFD est que les
mtiers porteurs correspondent des ralits profes-
1.1 Cadre gnral
2 Cf. Walther (2005).
3 Cf. Walther et Filipiak (2007b).
4 Cf. Walther et Filipiak (2007a).
5 Cf. Walther et Tamoifo (2009).
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sionnelles qui mriteraient dtre mieux comprises pour
permettre de renforcer la cohrence et lefficacit des poli-
tiques et interventions dans les secteurs de lETFP, du
dveloppement conomique et de linsertion professionnel-
le des jeunes.
1. Cadrage de ltude
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1.2 Mtiers porteurs , entrepreneuriat, formation et insertion professionnelle6
Lexpression mtiers porteurs peut revtir diffrentes
acceptations : mtiers porteurs dintgration sociocono-
mique, de croissance conomique, dinnovations, de dve-
loppement durable (lide, dans ce dernier cas, tant de
transformer la contrainte environnementale en opportunits
de dveloppement de nouveaux mtiers : notion de mtiers
verts, de green business, etc.).
La notion de mtiers porteurs ne renvoie pas ncessai-
rement celle de nouveaux mtiers. Les proccupations
relatives la scurit alimentaire, qui animent la commu-
naut internationale, constituent, par exemple, une oppor-
tunit potentielle pour la promotion de mtiers traditionnels
du secteur agricole et agroalimentaire. Nanmoins, dans
un certain nombre de cas, les volutions technologiques
sont porteuses de nouvelles activits professionnelles
(mtiers lis aux NTIC, par exemple), ou dune ncessit
dvolution de mtiers existants (la matrise de llectro-
nique pour les mcaniciens automobile, par exemple).
De manire gnrale, on peut considrer que ces diff-
rentes acceptations sont complmentaires les unes des
autres.
La dimension entrepreneuriale est essentielle dans le sec-
teur des MPME, la plupart de ces entreprises relevant du
secteur informel ou semi-formel. Pourtant, les formations
existantes nintgrent que rarement des notions dentrepre-
neuriat appliques des mtiers dont la matrise passe par
des savoirs, des savoir-faire, un savoir-tre mais aussi par
une connaissance du contexte qui permet ces savoirs de
sintgrer dans une ralit socioconomique donne. De
mme, la formation doit permettre une relle autonomie de
lapprenant dans son activit, non pas seulement par la
mise disposition dun certain nombre de savoirs, maisgalement par la transmission dune capacit les actuali-
ser, les complter, les enrichir et pouvoir les adapter un
contexte volutif.
On retiendra la dfinition suivante, issue des premiers tra-
vaux liminaires cette tude : Il est entendu par mtier
porteur toute activit rgulire, occupation, profession utile
la socit, donnant des moyens dexistence celui qui
lexerce et dont le contenu favorise le dveloppement, tant
dun point conomique que social . Cette dfinition dis-
tingue ainsi les mtiers porteurs des activits conomiques
de survie ; la distinction est galement faite par rapport aux
mtiers noffrant pas de dbouchs ou aux mtiers noffrant
pas de perspective dvolution ou dadaptation au contexte
socioconomique. Les besoins en comptences et les
rponses associes ne se limitent donc pas aux seuls
aspects techniques, mais englobent une comprhension
systmique permettant de saisir ce quest la mise en uvre
effective et spcifique dun mtier porteur .
6 La partie qui suit rsume une note de N. Lejosne portant sur la dfinition de la notion de
mtiers porteurs .
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1.3.1 Objectifs
Ltude propose dapporter des lments de rflexion pour
mieux articuler formation, insertion professionnelle et dvelop-
pement socioconomique par lutilisation de la notion de
mtiers porteurs .
Lobjectif de cette tude est ainsi de comprendre la ralit de ce
qui constitue les mtiers porteurs et, plus particulirement :
- analyser comment sont compris et mis en uvre les mtiers
porteurs ;
- identifier les actions et les dispositifs permettant le dvelop-
pement de ces mtiers porteurs, que ce soit par le dvelop-
pement des comptences ou laccompagnement linser-
tion ;
- dfinir les conditions et les modalits permettant la mise en
uvre des mtiers porteurs.
1.3.2 Mthodologie
Le rapport de synthse de ltude sur les mtiers por-
teurs sappuie sur trois tudes de cas ralises au
Congo, Madagascar, et au Sngal. Ces trois pays ont
t slectionns de manire disposer de contextes pr-
sentant des caractristiques diffrentes, que ce soit sur le
plan dmographique (nombre dhabitants et densit de
population), conomique (poids relatif des grandes entre-
prises et du secteur informel, poids du secteur agricole) ou
sur ltat de la mise en uvre de leurs politiques publiques
relatives aux questions de formation professionnelle et
demploi (relativement avance au Sngal, intermdiaire
au Congo, inexistante Madagascar).
Les trois tudes pays sont parties de la mme dfinition
dun mtier porteur et de lhypothse selon laquelle le
recours cette notion pouvait permettre de faciliter larticu-
lation entre les rponses apporter aux problmatiques de
la formation professionnelle, de linsertion sociocono-
mique des jeunes et du dveloppement conomique (en
particulier par le dveloppement des entreprises du secteur
informel dans lequel les dynamiques entrepreneuriales
jouent un rle essentiel).
Il avait t initialement envisag de procder un travail tho-
rique pralable ; ce choix a finalement t abandonn, en rai-
son de la raret de la documentation sur la notion de mtiers
porteurs .
Pour chaque pays, une quipe a t constitue de trois per-
sonnes, dont un consultant national disposant dune bonne
connaissance de ces questions. Elles ont toutes trois suivi la
mme dmarche :
- identification et revue de la documentation pertinente dans le
pays (stratgie nationale de lutte contre la pauvret, documents
de politique nationale relatifs la formation professionnelle et
au dveloppement du secteur priv, tudes portant sur des th-
matiques voisines, etc.) ;
- identification et rencontre, sur la base dune grille dentretien,
avec :
- des reprsentants des ministres concerns,
- des reprsentants des bailleurs de fonds finanant des
projets dans ces domaines,
- des responsables des organisations professionnelles
dentrepreneurs (syndicats, associations profession-
nelles dartisans, etc.),
- des responsables dinstitutions financires (banques et
institutions de microfinance),
- des responsables de projets de dveloppement interve-
nant sur ces questions,
- des responsables de services dappui non financier aux
entreprises,
- des entrepreneurs (petites, moyennes ou grandes entre-
prises),
- des jeunes.
Les tudes terrain se sont attaches reprer les dynamiques
entrepreneuriales et les contraintes auxquelles elles taient
confrontes :
1. Cadrage de ltude
AFD Document de travail n 111 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle avril 2011
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1.3 Mthodologie et objectifs de ltude
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- les stratgies dentrepreneurs qui ont russi dvelopper
leurs activits, plus particulirement les stratgies pour
accder aux comptences techniques et entrepreneu-
riales ;
- les dynamiques des acteurs de la formation professionnel-
le : identification des besoins du march du travail (notam-
ment des MPE), rponses apportes en termes doffre de
formation adapte, prise en considration de la dimension
entrepreneuriale au sein des formations, orientation des
personnes sur les choix de formation, accompagnement de
linsertion ;
- les stratgies mises en place par les personnes en
recherche demploi (jeunes, chmeurs, personnes dsirant
crer leur entreprise) pour accder un emploi (dvelopper
une activit ou tre employes) et de meilleurs revenus.
Lanalyse des stratgies des diffrents acteurs dans leur
contexte respectif a permis, dune part, de dgager les fac-
teurs qui facilitent ou au contraire handicapent la cra-
tion demplois et de revenus et, dautre part, didentifier
comment mieux intgrer lentrepreneuriat et les besoins du
march de lemploi dans les cursus de formation profes-
sionnelle.
Les tudes terrain ont galement permis didentifier etdanalyser les contraintes politiques et institutionnelles la
promotion dune culture dentrepreneuriat et la prise en
compte concrte des besoins du march du travail dans les
dispositifs de formation professionnelle.
Enfin, elles ont cherch identifier les actions daccompa-
gnement en cours ou mettre en uvre pour faciliter le
dveloppement de ces activits.
Ce travail dtude repose donc largement sur des observa-
tions et des changes de terrain. Les rapports pays fournis-sent de nombreux exemples qui illustrent lorigine des l-
ments danalyse prsents dans le rapport de synthse.
Ltude sappuie notamment sur des success stories avec
pour objectif de voir quels ont t les facteurs cls de rus-
site dans la mise en uvre des mtiers porteurs .
La grille dentretien utilise, adapte chaque catgorie
dinterlocuteurs, visait identifier les lments principaux
qui influent sur la mise en uvre des mtiers por-
teurs , que ce soit en termes de processus, dindividus ou
de structures permettant leur dveloppement. Leur compr-
hension sest beaucoup appuye sur lanalyse des interac-
tions des diffrents acteurs impliqus dans la mise en
uvre de ces mtiers.
La mthodologie adopte dans chaque pays a galement
cherch identifier des liens entre des domaines (forma-
tion professionnelle, services dappui aux entreprises,
accompagnement de linsertion professionnelle) trop sou-
vent considrs de manire isole, alors que leurs interac-
tions sont sources de comprhension des obstacles ou
au contraire des facteurs favorables au dveloppement
des mtiers porteurs . Le croisement entre des compr-hensions micro et mso relve de la mme logique.
Lune des difficults mthodologiques auxquelles ont t
confronts les responsables de cette tude a t de distin-
guer la notion de mtiers porteurs de celle de filires ou
secteurs porteurs. Lincidence de cette distinction est pour-
tant essentielle dans cette tude. On constate en effet quil
ny a pas forcment de corrlation entre secteur et mtier
porteur. Il nest pas ncessaire ni suffisant dtre dans un
secteur porteur pour dvelopper un mtier porteur. On
constate que des business models originaux peuvent tout-
-fait tre mis en uvre sur des marchs saturs et gn-
rer une forte valeur ajoute ainsi quune insertion sociale
russie. Ds lors, la comprhension de ce qui fait le succs
de ces mtiers porteurs apparat aussi dterminante que la
capacit identifier un secteur porteur. Cette dernire
dmarche occulte le plus souvent la prcdente au risque
de ne rester que trs limite dans ses effets. De fait, la
notion de mtiers porteurs permet daffiner un niveau
micro socioconomique des choix oprs un niveau
mso ou macro socioconomique, et ceci de manire
transverse lconomie du pays.
La perception diffrente de la ralit des mtiers porteurs
selon les acteurs rencontrs justifie a posteriorique le focus
nait pas privilgi lun dentre eux, cette perception multiple
tant porteuse denseignements sur ce qui constitue un
mtier porteur dans ses diffrentes composantes.
1. Cadrage de ltude
AFD Document de travail n 111 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle avril 2011
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Les trois pays tudis prsentent bien videmment des spcifi-
cits historiques, dmographiques, sociopolitiques, cono-
miques et cologiques. Mais ils sont tous les trois confronts
des enjeux communs qui confrent une pertinence la rflexion
sur les mtiers porteurs .
2. Les enseignements des tudes terrains
Encadr 1. Donnes socioconomiques des trois pays tudis (2008)
Madagascar
Population : 19,1 millions habitants
Superficie : 587 041 km
Densit : 33 habitants/km
Taux de croissance de la population : 2,8 %
Population urbaine : 22 % Population de moins de 20 ans > 50 %
PNB : 7,9 milliards USD PNB/habitant : 420 USD Taux de croissance : 6,9 %
Pourcentage de la population vivant sous le seuil de pauvret : 69 %
Sngal
Population : 12,21 millions habitants
Superficie : 196 700 km
Densit : 62 habitants/km
Taux de croissance de la population : 2,6 %
Population urbaine : 53 % de la population a moins de 20 ans
100 000 jeunes entrent chaque anne sur le march du travail ; 3 % sont diplms de lETFP.
PNB : 13,21 milliards USD PNB/habitant : 1 081 USD Taux de croissance : 6,9 %
Pourcentage de la population vivant sous le seuil de pauvret : 54 %
2.1 Des enjeux conomiques et sociaux communs dans les trois pays
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Madagascar, le Sngal et la Rpublique du Congo doivent
faire face la pauvret dune partie importante de leur
population. Ils doivent ds lors dfinir et mettre en uvre
des politiques conomiques favorables au plus grand
nombre et viter de laisser se creuser les ingalits.
Les trois pays connaissent des taux de croissance dmo-
graphique levs (dans une moindre mesure pour leCongo) ; cette croissance, ainsi que lappauvrissement de
la population rurale (la plus vulnrable), entranent un
exode rural important et un afflux de population dans les
villes. Les milliers de jeunes qui arrivent chaque anne sur
le march du travail, en particulier dans les villes, sont en
demande dinsertion professionnelle. Cette demande est
dautant plus difficile satisfaire que leurs exigences et
leurs attentes ont volu sous linfluence des mdias (tl-
vision et Internet), maintenant trs largement rpandus. La
simple reproduction des vieux mtiers ou des mtiersdu village est souvent vcue comme un chec.
Loffre dETFP formelle existante, publique et prive, nest
pas en mesure dabsorber la demande manant des
jeunes. La plupart nont dautre solution, pour accder un
emploi, que dentrer en apprentissage dans les MPME.
Encore trs largement traditionnel, cet apprentissage joue,
certes, un formidable rle de formation et dintgration
sociale et professionnelle, mais prsente toutefois des
limites importantes et notamment une logique de reproduc-
tion de gestes plus que dapprentissage technique et tho-
rique des bases dexercice et de dveloppement dun
mtier.
Bien que la structure des conomies des trois pays diffre,
les MPME8 y reprsentent un poids important, que ce soit
en termes de contribution au PIB, lemploi et linsertion
des jeunes. De fait, ce sont dans ces entreprises que la
majorit des jeunes sortant du systme scolaire se forme et
sinsre.
2. Les enseignements des tudes terrains
AFD Document de travail n 111 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle avril 2011
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Rpublique du Congo
Population : 3,62 millions habitants
Superficie : 342 000 km
Densit : 11 habitants/km
Taux de croissance de la population : 1,8 %
Population urbaine : 60 % - Population de moins de 20 ans : 50 %
PNB : 10,7 milliards USD PNB/habitant : 2 955 USD Taux de croissance : 5,6 %
Pourcentage de la population vivant sous le seuil de pauvret : 50 %
Sources : Banque mondiale (2008)7; Agence nationale de la statistique etde la dmographie (2008) pour le Sngal (http://www.ansd.sn/publica-tions/annuelles/SES_2008.pdf)
7 Donnes disponibles sur le site Web de la Banque mondiale : http://ddp-
ext.worldbank.org/ext/ddpreports/ViewSharedReport?&CF=&REPORT_ID=9147&REQUEST
_TYPE=VIEWADVANCED
8 Dans les faits, il sagit surtout des micro et petites entreprises du secteur informel. Les
auteurs ont ici choisi de ne pas utiliser la notion de secteur informel principalement pour deux
raisons : tout dabord cause de la connotation ngative du terme, qui ne donne pas une
image fidle de ce qui constitue une part essentielle des conomies des pays du Sud ; mais
galement parce que la frontire entre informel et formel nest pas vidente pour de nom-
breuses MPME qui, mme si elles ne disposent pas dun statut juridique, vont souvent payer
un certain nombre de taxes.
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Si le rle de ce secteur est de plus en plus reconnu10 dans
les politiques nationales (politiques de dveloppement co-
nomique et/ou de dveloppement du secteur priv, de la
formation professionnelle, de lemploi, de dveloppement
du secteur de lartisanat, etc.), la dfinition et la mise en
uvre de programmes adapts restent limites.
2. Les enseignements des tudes terrains
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Encadr 2. Les MPME : des acteurs importants dans les conomies des pays
Madagascar
Sur les 213 318 entreprises officiellement dclares en 2005, 88 % taient des microentreprises, 11 % des PME et 1 % des grandes
entreprises.
Sngal
97 % des emplois crs entre 1995 et 2004 lauraient t dans le secteur informel.
Congo - Pointe Noire
La ville compte environ 1 million dhabitants soit 25 % de la population du pays. Selon le recensement des petites et moyennes
entreprises (PME) et industries (PMI) ralis en 2007, la ville comptait 5 642 entreprises ; 46 % dentre elles dclaraient employer
un salari et 39 %, entre 2 et 6 salaris.
Sources : Instat, 2005 (Madagascar) ; Moriset et al., 2007 (Sngal) ; Observatoire des marchs de lAssociation Pointe Noire industrielle 20089
9 Etude sur les besoins en main duvre dans les entreprises de Pointe-Noire.
10 On peut utilement se rfrer aux travaux que met en exergue la revue Lactualit des ser-
vices aux entreprises http://www.gret.org/ressource/bds.asp, cofinance par la DDC et lAFD
et publie par le Gret.
2.2 Les mtiers et secteurs identifis comme tant porteurs
2.2.1 Pour les acteurs directement concerns
Pour les dcideurs politiques
Les politiques nationales de dveloppement conomique
des trois pays identifient des priorits sectorielles.
Formules de manire trs gnrale et en termes de pers-
pectives davenir, elles sont voques par les responsables
politiques comme tant des secteurs porteurs. Pour les
identifier, les critres retenus concerneront prioritairement
la cration de valeur ajoute, la participation la cration
demploi et, ventuellement, la contribution aux exporta-
tions. Ces priorits ne sont pas dclines en termes de
mtiers.
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Pour les entrepreneurs
Mtier ou secteur porteur nest pas vraiment une
notion que les entrepreneurs utilisent spontanment. Ils
prfreront parler de march existant ou potentiel pour des
produits ou des services qui se vendent bien, ou qui pour-
raient se vendre. La notion de mtiers pourra tre utilise
ensuite en lien avec une comptence dont ils ont besoin
pour leur activit (ex : les entreprises ptrolires de Pointe
Noire disent avoir besoin dlectromcaniciens).
Pour les jeunes
Pour les jeunes, un mtier porteur est avant tout un
mtier qui gnre un bon revenu, qui garantit une certaine
scurit (contrat de travail, activit durable), qui offre des
perspectives de dveloppement long terme (i.e. qui per-
met dapprendre et dvoluer) et qui donne une bonne
image (mtiers modernes versus anciens ; mtiers intellec-
tuels versus manuels; mtiers de la ville versus mtiers du
village ; mtiers du tertiaire prfrs ceux du secteur pri-
maire ; etc.).
Concrtement, pour la grande majorit des jeunes, un
mtier porteur correspond un emploi salari formalis
dans une grande entreprise moderne . Cette aspiration
est dautant plus forte que le niveau de formation est lev,
certains jeunes nhsitant pas dire quils tudieront tant
quils ne trouveront pas un emploi rpondant leurs exi-
gences. Ltude mene Madagascar a, par exemple, mis
en vidence le fait que les jeunes issus de milieux aiss ne
sintressent pas aux formations techniques de niveau
intermdiaires (BT, BTS, etc.), alors que les entreprises ont
des besoins de recrutement important dans ce domaine : ilsprfrent poursuivre des formations suprieures offrant
moins de perspectives.
Pour les centres de formation
Pour les centres de formation, un mtier porteur est un
mtier demand par les entreprises. Cest galement un
mtier qui attire les jeunes, pour lequel ils vont souhaiter se
former. Cette perception est nuance pour les centres de
formation privs, pour lesquels un mtier porteur est
galement un mtier prsentant une demande solvable deformation manant des jeunes et de leurs parents. Cela ne
signifie pas toujours quil y a une demande des entreprises,
les parents pouvant avoir une vision errone du march du
travail ou illusoire de certaines formations presti-
gieuses .
2. Les enseignements des tudes terrains
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Encadr 3. Les secteurs porteurs identifis dans les trois pays
Madagascar :
mines, tourisme, agriculture et agro-industries, NTIC, transport, btiments et travaux publics (BTP)
Congo :
agriculture, industrie ptrolire, bois, BTP, tourisme, services
Sngal :
agriculture et agro-industrie, produits de la mer et aquaculture, textile et confection, tourisme et artisanat, NTIC.
Sources : Madagascar Action Plan, Document stratgique de rduction de la pauvret (Congo) et Stratgie de croissanceacclre (Sngal).
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2.2.2 Pour les dcideurs et les partenaires
techniques et financiers
Lorsque lon voque la notion de mtiers porteurs avec
des dcideurs politiques ou des acteurs sintressant cesquestions (personnes ressources, bailleurs de fonds, orga-
nisations non gouvernementales ONG, structures dappui,
etc.), ces derniers voquent quasi systmatiquement, dans
les trois pays, les trois secteurs dactivit dont ils ont pu
observer le dveloppement.
1. Le secteur de linformatique/internet a suscit la
cration de nouvelles entreprises et de nouveaux
mtiers lis la vente et linstallation des quipe-
ments et des logiciels, leur maintenance, la forma-
tion leur utilisation et la vente de services (cafs
Internet, bureautique, sites, etc.).
2. Le dveloppement de la tlphonie mobile a permis
de nombreux recrutements dans les compagnies tl-
phoniques (aux postes de techniciens, de commer-
ciaux ou des fonctions administratives) et dans les
entreprises qui se sont paralllement dveloppes
(vente de tlphone, vente de cartes, ventes de com-
munications, etc.11).
3. Le secteur du BTPa tir profit des taux de croissan-
ce relativement levs quont connu les pays ces der-
nires annes ; cela sest traduit par des investisse-
ments importants dans ce secteur, avec la cration et
le dveloppement dentreprises qui ont recrut diff-
rents niveaux pour tous les mtiers (maons, peintres,
plombiers, lectriciens, carreleurs, etc.).
Dautres secteurs sont galement voqus, de manire
plus ou moins rgulire, selon les pays :
- la cration dune offre prive dans les secteurs de la sant
et de lducation, pour pallier la dfaillance des services
publics, a t source de cration dentreprises (coles,
centres de formation, cabinets mdicaux, cliniques prives,
etc.) et de recrutement ;
- le secteur de la scurit et du gardiennage a galement
connu un essor important dans les trois pays ;
- la transformation agroalimentaire, destine lapprovi-
sionnement des marchs locaux, sest dveloppe (plusfaiblement Madagascar) avec lmergence dune petite
classe moyenne de consommateurs urbains plus exi-
geants (en matire de qualit, dhygine, demballage, etc.)
et disposant du pouvoir dachat leur permettant de payer
plus cher des produits quils vont en gnral se procurer
dans des petits magasins modernes ; les productions
agricoles priurbaines, intensives en main duvre (pro-
ducteurs marachers et petits levages priurbains) ont pu
participer lapprovisionnement de ce march.
Il existe ensuite des secteurs considrs comme por-
teurs parce quils permettent de valoriser les potentialits
spcifiques de chacun des pays (tourisme Madagascar et
au Sngal, mines Madagascar, ptrole et bois au
Congo), de participer la cration de la valeur ajoute et
aux exportations.
On peut cependant constater que les grandes entreprises
faible intensit de main duvre (mines, ptrole) ont un
faible impact en matire demplois directs car elles recou-
rent beaucoup aux quipements et aux machines et ontsurtout besoin de profils hautement qualifis, que loffre de
formation des pays dans lesquelles elles sont implantes
nest pas en mesure de satisfaire.
Le secteur industriel des trois pays est dimportance inga-
le : relativement important au Congo avec le secteur ptro-
lier et paraptrolier, modeste Madagascar (avec notam-
ment des industries dans les secteurs textile et minier qui
utilisent une main duvre trs faiblement qualifie) et trs
modeste au Sngal.
Les conomies des trois pays sont marques par le poids
important des activits commerciales dans lemploi total, et
des activits qui lui sont lies (transport des marchandises
et des personnes, stockage/entrepts, activits portuaires,
etc.).
2. Les enseignements des tudes terrains
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11 Les deux secteurs (informatique et internet dune part, tlphonie mobile de lautre) peu-
vent tre en partie assimils au secteur des NTIC.
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Par ailleurs, les interlocuteurs rencontrs dans les trois pays per-
oivent tous des potentiels de dveloppement demplois dans
lartisanat aussi divers que le sont les mtiers. On peut toutefois
dgager quelques pistes gnriques :
- la structuration et la rglementation des activits peu-
vent reprsenter une source de dynamisation des
MPME et,plus largement, de consolidation de filires :
les mtiers artisanaux sont souvent porteurs demplois
ds lors quils sont plus organiss, lexemple des
transports au Sngal ;
- lartisanat de production, tout comme lagriculture, se
trouve face lenjeu majeur de parvenir concurren-
cer les produits imports : fabrications dustensiles
divers, confection textile, produits alimentaires, etc. Lavalorisation des produits locaux pourrait permettre de
mieux tirer partie de lavantage comparatif que repr-
sente la prsence de matires premires locales
moins chres que celles importes. Un autre enjeu de
lartisanat de production, qui est fortement ressorti des
trois tudes, est de pouvoir faire voluer les comp-
tences et daccder des technologies adaptes pour
rpondre aux besoins des marchs qui voluent ;
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Encadr 4. La part des activits commerciales dans les conomies des trois pays
Congo - Pointe Noire : 58 % des entreprises recenses sont des entreprises commerciales.
Madagascar: 48 % des PME enregistres sont des entreprises commerciales.
Sngal : 32 % des entreprises dclares au Centre unique de collecte de linformation (CUCI) sont commerciales.
Sources : BDEF, 2005 (Sngal) ; MICDSP, 2007 (Madagascar) ; DSRP (Congo)
Encadr 5. Pape Senghane Diouf, un exemple de success storysngalaise dans lagroalimentaire
Aprs 10 ans dans la zone franche de Dakar, Pape Senghane Diouf quitte son poste de directeur administratif dune grande
entreprise, en recherche dun panouissement professionnel diffrent.
Cest par hasard que Pape Senghane Diouf se lance avec la collaboration de lInstitut de technologie alimentaire (ITA)
de Dakar sur le crneau de la transformation agroalimentaire. Un des ses proches travaille dans cet institut sur un projet
de production darraw base de mil (financ par Usaid). Cherchant prolonger cette exprience, Pape Senghane Diouf
cre le groupement dintrt conomique (GIE) de promotion des crales locales (Proceloc). Lentreprise se dveloppe etrapidement se pose le problme de laccs des technologies adaptes. Lentrepreneur se rend alors aux Etats-Unis, la
recherche dune solution. En vain : les quipements proposs y sont de trop grande capacit pour une activit semi-
industrielle. Pape Senghane Diouf dcide alors de faire fabriquer localement une machine. Il identifie ainsi ce qui deviendra
lactivit principale de son entreprise : la cration dunits de production et de transformation de proximit, utilisant des
matires premires locales, en substitution aux importations.
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- dans les trois pays, lartisanat de services dispo-
se datouts de taille : le cot de la main duvre y
est faible et ce secteur est difficilement concurren-
c par les importations. Les pays du Sud ont donc
tout intrt tirer profit de ces avantages dans
des secteurs comme ceux de linformatique ou de
la tlphonie (cf. ci-avant), en employant des
salaris forms aux diffrents mtiers.
Certains mtiers traditionnels de proximit tels que
les trois c (coiffure, confection, cuisine) pour les
femmes ou les trois m (menuiserie, mtal, mcani-
cien) pour les hommes exigent des adaptations pour
rpondre aux volutions de la demande locale. Pour les
trois c , ces adaptations sont lies aux volutions de
la mode ; pour les trois m , on constate aussi une
ncessaire adaptation technologique, notamment avec
lintgration de llectronique.
2. Les enseignements des tudes terrains
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Suite ce premier succs, il identifie dautres filires o une transformation locale pourrait se substituer des produits
imports, crant localement emplois et valeur ajoute. En parallle, il structure ces filires. Aprs la transformation de
crales (Proceloc et entreprise La Vivrire), il applique cette dmarche aux fruits et lgumes (entreprise Maria Distribution,Association des transformateurs de fruits et lgumes Transfruleg). Cette activit savre rentable, compte tenu du cot
peu lev de la main duvre (comparativement lEurope) ; il faut dsormais que stablissent de nouvelles habitudes :
la consommation de produits locaux.
Encadr 6. La ncessaire adaptation des mtiers traditionnels : les mcaniciens de Pikine face
llectronique embarque (Sngal)
Pikine, en banlieue de Dakar, est un quartier o travaillent de nombreux mcaniciens automobiles. Suite aux importations
de nouveaux types de vhicules (notamment ceux de la marque indienne Tata), ils nont dautre choix que de renforcer leurs
comptences. En particulier, la matrise des nouvelles technologies et de linformatique embarque devient une ncessit.
Les artisans se sont donc regroups en GIE pour pouvoir bnficier dappuis ; ils nont toutefois pas encore pu accder
des formations leur permettant de se mettre niveau sur ces nouvelles technologies. LONG Action Jeunesse
Environnement, active dans les domaines de lducation, de la formation et de lentrepreneuriat et prsente dans ce
quartier, intervient auprs deux. Sur les deux premiers volets, ses activits se concentrent sur lalphabtisation, la dfinition
du contenu de lapprentissage jusqu la libration (fin de lapprentissage) et linsertion. La structure a mis en uvre dans
le quartier le concept datelier-cole, tenant compte du rapport des apprentis et du patron, qui joue la fois un rle de pre
de famille, dducateur et de chef dentreprise. Si ces actions sont utiles, elles ne suffisent toutefois pas contrer le dclin
des activits, faute dune adaptation aux avances technologiques. Plusieurs entreprises du quartier voient ainsi leurs
effectifs baisser rgulirement.
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Quil sagisse du Congo, du Sngal ou de Madagascar, le
secteur du BTP manque structurellement demploys
qualifis. Pourtant, les expriences de lAgence dexcution
des travaux dintrt public contre le sous-emploi
(Agetip12) dans diffrents pays dAfrique ont montr que le
dveloppement de MPE/PME structures est possible sur
le long terme.
On peut galement noter que, dans les trois pays,
la fonction publique nest plus considre comme un
secteur porteur demploi. Ce nest plus un choix pour les
jeunes diplms : pour eux, laccs lemploi passe
videmment par le secteur priv.
Enfin, notons le rle demployeur que joue le secteur de la
coopration dans les trois pays : ONG locales et internatio-
nales, organisations internationales, bailleurs de fonds,
projets, etc., reprsentent une part non ngligeable de lem-
ploi des cadres diplms de lenseignement suprieur. Ces
employeurs sont gnralement recherchs, les conditions
de travail favorables quils proposent tant particulirement
attractives (conditions salariales, couverture sociale, accs
la formation continue, etc.).
2.2.3 Les cas particuliers des entreprises
rurales et des mtiers verts
Les entreprises rurales
Les entreprises rurales (dfinies par leur localisation plus
que par les produits et les services quelles fournissent) ne
sont que rarement mentionnes comme faisant partie des
secteurs porteurs , gnrant de lemploi. Elles reprsen-
tent pourtant un enjeu important13 en termes de rponses
une demande trs locale de produits et de services, de
valorisation des produits agricoles par une premire trans-
formation locale, de revenus complmentaires ceux tirs
de la production agricole pour les familles de paysans, et de
motivation des jeunes rester dans les zones rurales.
A partir de ce constat, des programmes dappui visant sp-
cifiquement les microentreprises rurales ont t mis en
uvre, avec lappui notamment du Fonds international de
dveloppement agricole (FIDA)14 au Sngal (Promer) et
Madagascar (Prosperer, cf. encadr 7).
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12 LAgetip est un outil de dveloppement mis en place en juillet 1989 par lEtat du Sngal,
avec lappui des partenaires de dveloppement, la tte desquels figure la Banque mondia-
le. Cette volont politique sest traduite par une nouvelle stratgie de mise en uvre des pro-
jets, travers la matrise douvrage dlgue (MOD), pour excuter de manire efficace des
travaux conomiquement et socialement rentables. Ainsi, pour la premire fois, lEtat a accep-
t de dlguer une partie de ses missions une structure en dehors du secteur public. Pour
permettre lAgetip de grer des fonds publics, lEtat du Sngal a sign avec elle une
convention cadre rgissant ses activits et lui a octroy un statut dassociation but non
lucratif rgie par la loi du 1er juillet 1901. Toutefois, elle fonctionne comme une entreprise du
secteur priv soumise des contraintes defficacit. En effet, elle ne reoit aucune subven-
tion de lEtat ou des bailleurs pour assurer son fonctionnement. Cest pourquoi, pour couvrir
ses charges de fonctionnement et dpenses dinvestissement, elle se fait rmunrer sur ses
prestations. Le modle institutionnel mis en place par lAgetip a incit le gouvernement du
Sngal procder une approche dagenciation dans les secteurs prioritaires de la vie
conomique et sociale du pays pour accrotre lefficacit des institutions charges de la mise
en uvre des projets/programmes de dveloppement. Au niveau international, dautres pays
ont entrepris de promouvoir cette forme de gestion prive des marchs publics. Ainsi, le
modle dorganisation a t dupliqu dans seize pays africains et Agetip Sngal en a assu-
r le leadership. Lensemble de ces agences africaines sont regroupes dans une associa-
tion dnomme Africatip (http://agetip.sn/about/).
13 Voir Broutin et Bricas (2006).
14 Le FIDA finance des programmes de ce type dans de nombreux autres pays africains.
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Les mtiers verts
Au niveau international, les enjeux des mtiers verts appa-
raissent tout--fait significatifs au regard des chiffres don-
ns par le rapport publi en 2008 par le Programme desNations unies pour lenvironnement (PNUE) : 148 mil-
liards USD ont t investis dans les technologies propres
en 2007, soit 60 % de plus que lanne prcdente.
Pour les pays en dveloppement, ces nouveaux domaines
dactivits reprsentent des espaces dinnovation et dop-
portunit dont limpact dpasse largement les aspects co-
nomiques, abordant des questions environnementales et
sociales tout--fait importantes que peuvent sapproprier
les MPME.
Les mtiers porteurs sont souvent constitus dactivits
qui existent depuis longtemps, accompagnes parfois de
quelques volutions induisant lapparition de nouveaux
domaines de production. Les mtiers verts reprsentent
une illustration significative de ce constat.
Lconomie informelle regorge dactivits qui sappuient sur
la valorisation des dchets comme matire premire de
production : les pneus sont transforms en semelles de
chaussures, les sachets plastiques sont recherchs pour
certains tissages, les dchets en aluminium servent la
fabrication dustensiles de cuisine, les dchets ferreux sont
utiliss tant dans lartisanat dart que dans les micro-fonde-
ries, le fer est rcupr par les forgerons. Le paradoxe rsi-
de dans le fait que la plupart de ces entrepreneurs, tout
comme les institutions tatiques, nont pas conscience que
ces diffrentes activits peuvent tre considres comme
sinscrivant dans une logique de green business. De ce fait,
elles demeurent pour lessentiel trs largement dvalori-
ses et ne bnficient daucun soutien spcifique. Ces
entreprises constituent pourtant des relais essentiels entre
les activits forte intensit en main duvre et celles per-
mettant le dveloppement dune valeur ajoute. En effet,
lutilisation et la valorisation des dchets gnre lapparition
dun march de la collecte des dchets, lui-mme crateur
de nombreux emplois. Outre le bnfice environnemental,
limpact social et conomique de ces activits mrite dtre
relev.
Quelques initiatives individuelles, clairement inscrites dans
ces domaines, ont t identifies au cours des tudes pays
(construction base de matriaux cologiques, production
de produits biologiques, dveloppement des nergies
renouvelables, etc.) ; elles restent cependant marginales.
2. Les enseignements des tudes terrains
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Encadr 7. Programme de soutien aux petites entreprises rurales et aux conomies rgionales (Prosperer)
Madagascar
Prosperer est n en 2008 afin dappuyer le dveloppement des petits mtiers non agricoles en zones rurales et de toucher
21 000 microentreprises rurales (MER). Il est mis en uvre travers cinq composantes : i) mobilisation des MPE rurales
et des associations ; ii) formation, alphabtisation et apprentissage ; iii) accs la microfinance ; iv) infrastructure et plan
de dveloppement de filires ; v) valuation et communication.
La formation, propose aux MER en exercice, porte sur la culture entrepreneuriale, la gestion simplifie et le marketing (ces
deux dernires formations ayant trois niveaux possibles en fonction du bnficiaire). Lapprentissage des mtiers concerne
les jeunes qui veulent crer ou trouver un emploi ; ils sont accueillis par des MER (pour linstant une dizaine pour environ
235 apprentis). Lalphabtisation permet un rattrapage scolaire avant lapprentissage ou la formation professionnelle (sur 13
mois maximum). Pour les adultes, il sagit plus dalphabtisation fonctionnelle (au maximum sur 6 mois) qui permet ensuite
daborder la recherche demploi ou la cration dactivit. La formation professionnelle (de 6 24 mois), quant elle, est plus
thorique et est combine des stages en entreprise (processus de formation initiale). Les conseillers dentreprise du
programme sont chargs didentifier les besoins des MER. A partir de ces besoins ou demandes, ils identifient des
prestataires qui dispensent des formations. La formation technique est galement externalise mais prend la forme dune
formation continue. Lapprentissage des jeunes dure 12 mois ; celui des adultes, 6 mois.
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2. Les enseignements des tudes terrains
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Encadr 8. Exemple dinitiative verte : Proplast (Sngal)
Lentreprise Proplast retraite les dchets plastiques en les transformant en granuls quelle vend ensuite trois industriels :
la Socema, qui fabrique des nattes ; Simpa, qui produit des raccords de tuyaux ; et FST, producteur dardoise. La raret de
telles initiatives conomiques justifie probablement que les partenaires techniques et financiers sont nombreux la soutenir,
notamment : Lay Volunteers International Association (LVIA), la rgion Lombardie, la coopration japonaise et lUnion
europenne (UE).
A lorigine du projet se posait un problme dinsalubrit du quartier o rien ne poussait en raison des dchets . En 1997,
une activit de ramassage est lance en vue de leur transformation. A ses dbuts, le ramassage cotait 25 FCFA/kg ; le
prix a presque doubl pour atteindre, en 2010, 40 FCFA/kg, permettant la cration de nombreux emplois.
Lactivit ne gnrait toutefois pas une marge suffisante pour permettre des investissements significatifs. En 1999, Proplast
a reu un appui de lUE pour construire la plupart des btiments actuels. Lentreprise a cr, dans ce cadre, un groupement
de promotion de femmes (GPF) constitu de quatorze membres paules par une dizaine demployes. Lentreprise a ainsi
pu mobiliser aussi un broyeur, une lessiveuse et plusieurs densifieuses .
En dpit de lexistence dun march local, lentreprise doit faire face deux difficults majeures qui peuvent freiner
gravement son activit :
- la premire porte sur la rgularit et le cot de lapprovisionnement en lectricit qui demeure trs fluctuant, au point
dentraner parfois des interruptions de la production durant plusieurs mois soit faute de trsorerie, soit faute dlectricit en
continu15 ;
- la seconde difficult porte sur le prix de vente, qui oscille entre 300 FCFA et 550 FCFA/kg, suivant les cours du ptrole.
Si cette variation permet de concurrencer limportation beaucoup plus onreuse de matire plastique pure (dont les prix
varient entre 600 FCFA et 2 000 FCFA/kg), la fourchette basse ne permet pas datteindre le seuil de rentabilit de
lentreprise, qui voit alors trs rapidement sa trsorerie stioler.
Contrairement aux pays industrialiss, il nexiste pas dans ce contexte de mcanisme local de garantie des prix avec
des systmes dassurance. De mme, les modes opratoires tels que ceux mis en uvre par les acteurs du commerce
quitable (qui garantissent notamment un prix minimum) ne font pas partie de lappui fourni par les partenaires impliqus
dans ce projet. La prennit de cette entreprise, dont lintrt en termes social, cologique et mme conomique semble
flagrant, se voit donc en permanence remise en cause par un environnement des affaires instable dans ce secteur.
15 La facturation, quant elle, ne tient pas compte de ces variations.
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Lexercice dun mtier repose sur deux pralables : des
entreprises qui recrutent, ou que lon cre, et des comp-
tences utiles et recherches que lon peut mettre profit
dans un contexte donn.
Les changes mens avec les diffrents interlocuteurs
dans les trois pays ont permis de mettre en vidence les
chemins que les jeunes empruntent pour accder lem-
ploi. Ces chemins dpendent trs largement des origines
sociales de ces jeunes.
Pour la grande majorit dentre eux, qui ne possdent que
peu ou pas de formation (qui sont parfois analphabtes), le
chemin le plus frquent est celui de lapprentissage tradi-
tionnel (sans alternance dans un centre de formation pro-
fessionnelle) dans le secteur des MPE16. Lapprenti
deviendra employ de lentreprise qui laura form. Ce che-
min ne dbouchera pas toujours sur l autonomisation par la
cration dentreprise (auto-entrepreneuriat). Une autre voie
dinsertion de cette population consistera accder des
emplois sans qualification dans les plus grandes entre-
prises ou leurs sous-traitants (manutention, gardiennage,
etc.). Un certain niveau dducation est cependant gnra-
lement ncessaire pour pouvoir accder ce type dem-
plois (pour pouvoir lire des consignes, des rgles de scu-
rit, des procdures respecter, des tiquettes demballa-
ge, remplir des fiches de prsence, des fiches de stocks,
etc.).
Pour les jeunes issus de milieux un peu plus aiss, dispo-
sant dun niveau dducation ou de formation plus lev,
laccs des emplois salaris peu qualifis devient envisa-
geable. Ces emplois seront proposs par des petites et
moyennes entreprises (boutiques, services, etc.). Cet
accs sera plus ou moins facilit par le rseau social consti-
tu par le jeune et, surtout, par sa famille : les patrons de
PME recrutent avant tout en recourant leur rseau de
connaissances.
Pour les jeunes issus des milieux les plus aiss (ou, ce qui
est plus rare, pour les jeunes issus de milieux dfavoriss
qui ont russi trouver les moyens financiers ncessaires),
la priorit sera donne lobtention dun diplme dtudes
suprieures (un diplme obtenu dans un pays du Nordtant un vritable ssame pour lemploi). Lobjectif sera
daccder un emploi salari dans le secteur moderne, for-
mel, dans des grandes entreprises. Ces jeunes peuvent
parfois passer de nombreuses annes en formation avant
dobtenir le diplme vis.
A ct de ces trois grands chemins, il existe bien entendu
de nombreuses autres voies plus ou moins frquentes
(reprise de lentreprise familiale17, alternance entre priode
de formation et priode demploi, migration, etc.).
Il nexiste pas, sauf au Sngal, de dispositif dappui
lorientation et linsertion des jeunes pouvant leur donner
laccs linformation et au conseil pour faire leur choix en
matire de formation puis de recherche demploi.
Linsertion professionnelle est plus complique pour les
jeunes filles : laccs aux formations leur est plus difficile, le
mariage et la naissance du premier enfant peuvent inter-
rompre ou arrter le parcours professionnel dans lequel
elles se sont engages.
2. Les enseignements des tudes terrains
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2.3 Les diffrentes voies de linsertion professionnelle
16 On ne traite pas ici du cas des agriculteurs (mtier qui se transmet de pre en fils), qui
reprsentent encore la part la plus importante de lemploi dans les trois pays. Le chemin est
toutefois plus ou moins le mme, lapprentissage se faisant sur lexploitation familiale.
17 Dans le secteur des MPE artisanales, on constate souvent une transmission de pre en
fils.
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La cration dentreprise est parfois voque comme solution
potentielle linsertion professionnelle des jeunes. Les trois
tudes pays ont permis dapprofondir et de mettre en question
cette hypothse.
Si la cration dentreprise peut tre considre comme une
alternative pour certains jeunes, lissue de leur priode dap-
prentissage (notamment dans le cas de reproduction de petites
activits artisanales peu sophistiques sur le plan technique et
peu exigeantes en capital de dmarrage), dans la plupart des
cas, elle est rarement envisageable pour des jeunes qui sortent
de formation car il leur est beaucoup plus difficile de runirtoutes les conditions pralables.
En effet, les expriences des crateurs dentreprises rencontrs
dans les trois pays ont mis en vidence les contraintes face aux-
quelles ils avaient d trouver des solutions en termes de mobili-
sation de diffrents types de capital.
La cration puis la gestion dune entreprise exigent de pou-
voir mobiliser un capital social , constitu du rseau de
relations indispensables au bon fonctionnement de lentre-
prise : relations commerciales avec les fournisseurs et lesclients, connaissance de leurs pratiques, matrise des
rgles informelles rgissant le fonctionnement dun
secteur18, comprhension des relations avec les adminis-
trations (fiscales, du travail, en charge de lapplication de la
rglementation propre un secteur dactivit, etc.). Il est
galement plus largement constitu dun rseau de rela-
tions (famille, amis, camarades de promotion, membres
dune mme organisation caractre professionnel, reli-
gieux, gographique, etc.) qui pourront, le cas chant,
fournir appuis et conseils. Lenvironnement familial joueraun rle souvent dcisif en incitant ou au contraire en frei-
nant les initiatives. Il constituera galement trs souvent
le premier vivier dans lequel ira puiser lentrepreneur pour
constituer les ressources humaines dont il aura besoin.
La cration dentreprise exige galement la mobilisation
dun capital technico-technologique . Il est en effet
ncessaire de matriser les procds etprocess dune acti-
vit, dvaluer la nature et la qualit des matires premires
ncessaires, de dterminer les quipements ncessaires et
de savoir auprs de qui les acqurir (un exercice complexe
en cas dimportation). Ce capital technique est propre
chaque mtier et pourra sacqurir par la formation et par la
pratique. Il devra tre complt par les comptences trans-
versales ncessaires la gestion dune entreprise (gestion
budgtaire, planification/programmation, organisation et
gestion des ressources humaines, gestion de stocks, etc.).
Enfin, la cration dentreprise nest possible que si le pro-
moteur a pu acqurir le capital financier ncessaire, non
seulement au financement de linvestissement et du fonds
de roulement, mais galement pour faire face auxdpenses familiales durant la priode comprise entre la
ralisation de linvestissement et lobtention des premiers
revenus.
Le niveau requis pour chaque type de capital dpend
videmment de la nature de lactivit et de son envergure.
Le dmarrage dune petite activit commerciale (boutiques)
nentranera pas les mmes exigences que celui, par
exemple, dune entreprise de ventes et dinstallation de
panneaux solaires. Les tudes terrain ont mis en vidence
le fait que la cration dentreprises de ce second type tait
souvent le fait de promoteurs qui avaient eu loccasion de
travailler dans un pays tranger (ex : au Congo avec les
entrepreneurs appuys par lAssociation Pointe Noire
industrielle APNI ou Madagascar avec les entrepre-
neurs membres du Jeune patronat malgache JPM ou
de Goticom) et/ou qui avaient eu loccasion doccuper un
emploi dans une grande entreprise (comme Challenge
Futura ou DES, au Congo), ce qui leur avait permis de
constituer le capital financier ncessaire et dacqurir une
bonne partie des comptences techniques.
Les tudes ont galement rvl que la cration dentrepri-
se ntait pas un parcours ncessairement linaire, tel
quon peut le concevoir avec une vision trop occidenta-
le . Lentreprise ne dmarre pas le jour du dpt du statut
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2.4 La cration dentreprise, une solution rarement accessible pour linsertion des jeunes
18 Le Boterf (in Le Boterf, 2000) identifie lensemble des rgles morales spcifiques la
communaut dappartenance comme lune des quatre caractristiques dun mtier (les trois
autres tant le corpus de savoirs et de savoir-faire, lidentit associe au mtier permettant
de se dfinir socialement, et la perspective dapprofondir ces savoirs et ces savoir-faire par
lexprience accumule).
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auprs du centre des formalits des entreprises : cest un
processus qui sinscrit dans la dure, constitu dtapes
plus ou moins longues (schma 1), parfois interrompues
par des priodes de retour au salariat.
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Encadr 9. Exemples de crations dentreprises au Congo et Madagascar
1. Parcours de crateurs dentreprise dans le secteur du BTP au Congo
Un jeune va gnralement dmarrer comme apprenti au sein dune entreprise du secteur ; il y apprendra alors les
rudiments du mtier. Pendant cette priode, il lui sera difficile daccumuler des ressources financires. Au contraire : au
Congo, la priode dapprentissage est surtout une priode dinvestissement sans revenus, parfois mme demprunt pour
rmunrer lentrepreneur formateur.
La seconde tape est celle de louvrier sac dos (journalier). Ce dernier passera ainsi dans plusieurs entreprises pour
des dures variables, en fonction de leurs besoins. Son niveau de qualification restera faible mais il pourra acqurir
quelques comptences supplmentaires. Il pourra galement, en parallle, commencer raliser quelques petits travaux
son compte qui lui permettront dacqurir un premier niveau dquipements de base.
Progressivement, il dlaissera les contrats de journalier pour se concentrer sur le dveloppement de sa propre activit, en
Schma 1.Les trois phases de la vie dune entreprise
Phase de cration
Durant cette phase lentreprise cherche surtout ne pas disparaitre. Le trs court terme est privilgi, la gestion se fait largement au
jour le jour de manire trs opportuniste. Cette priode ne permet rellement linsertion que du seul entrepreneur. Dans la trs grande
majorit des cas, lentreprise reste informelle.
Phase daccumulation
Lobjectif de cette priode est de dgager des marges suffisantes pour sortir de la logique de survie et permettre la mise en place dune
organisation plus structure et prenne autour dune activit principale. Elle passe souvent par laccs un march plus important qui,
travers les moyens financiers quil gnre, permet de dvelopper le rseau de relations et de renforcer la matrise des techniques uti-
lises. Lentreprise dbute sa formalisation en ayant pignon sur rue et paye les taxes les plus courantes (le plus souvent la patente ainsi
que la carte de commerant). Cette phase saccompagne des premiers recrutements de salaris ou dapprentis, amorant propre-
ment parler une participation effective loffre dinsertion professionnelle.
Phase de dveloppement et de diversification
Lentreprise cherche renforcer son avantage comparatif en accdant des marchs plus forte valeur ajoute, ce qui passe le plus
souvent par une amlioration significative de la qualit des produits, ou de ses services, et de loriginalit de sa production. Cette phase,
souvent source dinnovations, ncessite de complter la formalisation (pour accder aux marchs cibls) et de dvelopper les res-
sources humaines spcialises. Cette phase est certainement la plus porteuse dinsertion, dans la mesure o elle permet lemploi dune
main duvre plus diversifie, voire le dveloppement dune sous-traitance.
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combinant quelques petits travaux son compte et le dveloppement dune activit en tant que sous-traitant de plus
grandes entreprises. Il pourra alors toffer son rseau de relations professionnelles et ses comptences en gestion de
petits contrats. Il commencera alors lui-mme faire appel des journaliers ou des apprentis. Lun des enjeux majeurs
de ce secteur est daccder directement des marchs publics, ce qui suppose davoir formalis lentreprise, de disposer
des relations ncessaires et de lexprience de la gestion des contrats avec ladministration.
Au cours de ces diffrentes tapes, qui ne senchanent pas ncessairement de manire linaire (il y a parfois des allers-
retours dune tape lautre), le promoteur devra progressivement constituer les ressources financires pour investir dans
des quipements.
2. Parcours de crateurs dentreprise dans le secteur de la menuiserie au Congo
La premire tape consistera gnralement dvelopper une petite activit de rparation en parallle une formation par
apprentissage ou un emploi salari dans un atelier. La dotation en quipements que certains apprentis ont pu recevoir
lissue de leur formation semble avoir jou un rle de facilitation important : le menuisier va fabriquer des produits simples
avec loutillage limit quil aura pu acqurir. La deuxime tape visera se mettre son compte et capter des commandes
plus importantes. La troisime tape consistera acqurir un premier niveau dquipement (scie circulaire, tour, etc.) et
recruter des apprentis. La quatrime tape consistera acqurir des quipements pour assurer une meilleure qualit de
finition des produits et toffer lquipe pour pouvoir rpondre des commandes plus importantes.
3. Cration dune entreprise ddition Madagascar
Marie-Michle Razafintsalama a cr son entreprise ddition, Prdiff, aprs avoir travaill plusieurs annes au sein dune
librairie. Cette exprience lui a permis de mieux apprhender le march, de dcouvrir lensemble des activits de cette
profession ainsi que les erreurs qui ont conduit la faillite de lentreprise qui lemployait. Durant ces annes de salariat, elle
a galement pu suivre des formations la carte, en marketing, librairie, dition, et livres pour enfants. Initialement forme
lInstitut national de sciences comptables et de ladministration dentreprises (Inscae), elle matrisait par ailleurs dj la
gestion dentreprise.
Durant les deux premires annes de vie de lentreprise, lactivit a principalement consist vendre des revues par
abonnement (une activit ncessitant peu de trsorerie). Deux ans aprs, M.M. Razafintsalama sest lance dans
limportation de livres. Elle a cependant d restructurer son activit face une difficult imprvue : alors quelle avait pass
un gros volume de commandes ltranger (afin de bnficier de tarifs avantageux), la dprciation de la devise locale a
mis en difficult son commerce. Cette contrainte la incite dvelopper une activit ddition locale quelle avait depuis
longtemps envie de lancer mais sans oser franchir le pas afin de pouvoir substituer des livres dits localement aux
importations devenues inaccessibles aux consommateurs malgaches. Cette activit reprsente aujourdhui la part la plus
importante de son chiffre daffaires.
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Les jeunes sont finalement assez conscients des contraintes
de la cration dentreprise. Sils sont nombreux lenvisager
moyen terme, pour pouvoir disposer dune plus grande autono-
mie et de revenus plus importants, ils vont trs rarement se lan-
cer dans cette aventure ds la fin de leur formation. Il existe
cependant des projets qui visent les accompagner dans cette
dmarche en vue de leur permettre de franchir le pas plus rapi-
dement (cf. encadr 10).
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Encadr 10. Projet dappui la formation professionnelle fminine (Forprofem) - Sngal
Le Forprofem (financ par la coopration belge entre 2008 et 2010) sinscrit dans la rforme de lETFP et dveloppe des
dispositifs daccompagnement des sortantes vers lemploi, que ce soit en entreprise ou en auto-emploi et/ou activit
gnratrice de revenus (AGR). Il vise aussi amliorer loffre de formation via ladaptation des programmes existants aux
besoins potentiels du march du travail et le renforcement de la gestion et de linsertion des centres de formation dans leur
environnement, ainsi que de leurs comptences.
Des cellules dinsertion ont t cres au sein des centres de formation partenaires ; elles y ont notamment introduit la
ralisation dun stage au cours de la formation. Il est prvu que les lves qui ne seront pas embauches en fin de formation
y crent leurs activits sous forme de GIE.
Si elle permet aux lves daccder un certain degr de formalisation et dtre accompagnes, cette stratgie semble
toutefois risque pour ces jeunes femmes sans exprience, qui ne sont pas toutes des entrepreneures dans lme, et
qui ne sont quau dbut de leur vie dadulte. Certaines abandonneront probablement le GIE pour se marier, laissant
dventuels remboursements demprunts leurs collaboratrices.
2.5 Les contraintes au dveloppement des entreprises
Si lexistence dentreprises qui se dveloppent et qui recru-
tent est une condition pour crer des perspectives dinser-
tion des jeunes, force est de constater que, dans les trois
pays, les contraintes auxquelles elles doivent faire face res-
tent trs nombreuses. Si les politiques de dveloppement
du secteur priv y ont fait de substantiels progrs (avec, par
exemple, la mise en place de guichets uniques ddis ou
une simplification des dmarches administratives), leurmise en uvre reste encore trs partielle.
Les entreprises continuent dvoluer dans un environne-
ment qui leur est peu favorable, que ce soit en termes de
qualit des infrastructures (accs lnergie, leau, aux
moyens de communications moderne, etc.), de relations
avec les administrations, de fiscalit, de rglementation ou
encore dapplication du droit des affaires. Le recrutement
de personnel prsentant les qualifications recherches
(techniciens intermdiaires Madagascar, par exemple) et
le comportement des employs dans lentreprise (respect
des horaires, des consignes, capacit travailler de mani-
re autonome et prendre des dinitiatives, absentisme,
fidlisation, etc.) sont galement voqus comme tant des
contraintes importantes pour des entreprises disposantdj dune certaine taille et/ou dun potentiel de dveloppe-
ment.
Au Congo et Madagascar, et dans une moindre mesure
au Sngal (o il existe un plus grand nombre dinstitutions
financires19 ), laccs au financement reste une contrain-
te majeure dont les causes sont bien connues20 . Dun ct
19 Dans le domaine des PME, toutefois, ces institutions ne sintressent gure quau finan-
cement du commerce et du transport.
20 On parle ici des entreprises dont les besoins de financement se situent dans le crneau
de la msofinance, cest--dire entre ce que font habituellement les institutions de microfi-
nance, dun ct, et les banques, de lautre.
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les entrepreneurs ne connaissent pas et ne comprennent pas
les exigences des institutions financires (productions dinfor-
mations comptables, formalisation, exigence en fonds propres
et en garanties, prsentation dun plan daffaires prcis, etc.),
de lautre, les institutions financires ne veulent pas faire les
efforts ncessaires (structuration dun dpartement PME dispo-
sant des mthodologies, des outils et des produits adapts
cette clientle) pour toucher ce segment de march tant
quelles ne le considrent pas comme stratgique21 .
Dans les trois pays, laccs aux services non financiers de
dveloppement des entreprises22 (comptabilit, gestion,
conseil, accs linformation technique, commerciale, accs
au march, etc.) est galement peu dvelopp, alors que les
besoins sont importants. Les grandes entreprises arrivent se
doter de rponses internes ces besoins. Ce nest pas le cas
pour les PMI/PME qui doivent se dbrouiller avec les
moyens dont elles disposent.
2. Les enseignements des tudes terrains
A