mémoire TPFE

106
Maude Caron//TPFE juillet 2009 ENSAPL Sous les hauts fourneaux, une rivière

description

Sous les hauts fourneaux, une rivière...

Transcript of mémoire TPFE

Page 1: mémoire TPFE

Maude Caron//TPFE

juillet 2009

ENSAPL

Sous les hauts fourneaux, une rivière

Page 2: mémoire TPFE
Page 3: mémoire TPFE

Merci à :

Ali Fall pour sa disponibilité.

Armelle Varcin, Denis Delbaere, Claire Alliod, l’asso le Savoir Fer et l’espace Archive d’Arcelor-Mittal

La smala Delebecque-Caron-Hanriat-Quentin : merci d’être là !, Léa et Svetlin.

Page 4: mémoire TPFE
Page 5: mémoire TPFE

5

Note d’introduction

I. Anticiper la reconversion d’une vallée sidérurgique Le choix du sujet

Recherches et références

Exemples de reconversions locales

II. La vallée de la Fensch en Moselle Petite histoire de la vallée : la famille Wendel

Promenons nous ensemble : l’espace physque de la vallée

Les enjeux du territoire : le paysage comme moteur d’une reconversion

Recherches er références

Les travaux de l’OREAM Lorraine

Rudolph Schwartz et la ville paysage

III. Hayange, ville déclencheuse de nouvelles situations Le paysage moteur d’une reconversion

Comment tourner une vallée vers autre chose ?

IV. La cluse de Hayange : une géographie porteuse d’identité Quel devenir du cordon industriel si l’activité sidérurgique disparaît ?

Un paysage de transition qui instaure un nouveau rapport au territoire

Pour conclure

Bibliographie

Page 6: mémoire TPFE

6

Le choix de la vallée de la Fensch s'est fait tout

d'abord parce que je suis originaire de Lorraine,

mais surtout parce que ce territoire était porteur

d'imaginaire à mes yeux : vallée des anges (c'est

ainsi qu'on appelle toute la partie Nord de la Mo-

selle en raison des nombreuses communes dont

le nom se termine par –ange), bassin natal de

l'entreprise Arcelor, haut-fourneaux qu'on aperçoit

depuis l'autoroute, paysage fort marqué de val-

lonnements et de sites industriels plus ou moins à

l'état d'abandon.

Cette vallée possède une histoire. Non pas seule-

ment une histoire au sens d'une mémoire, d'un

passé lié au lieu, mais aussi une histoire au sens

d'un récit, d'une épopée humaine singulière.

Il s'agit d'un territoire colonisé il y a 4 siècles par

une famille, les Wendel, pour acheter les quelques

forges existantes et exploiter le fer présent dans le

sol. Famille qui s'est approprié la vallée, ses terres

comme ses habitants au point de la modeler dans

un seul but de rentabilité.

Il s'agit par voie de conséquence d'un territoire

exploité dont le sol a été creusé, fouillé, déplacé,

envahi et même annexé à plusieurs reprises par

l'Allemagne.

Il s'agit enfin d'une terre qui a accueilli, pendant

150 ans, de nombreux immigrants formant des

communautés encore très présentes : italiens,

russes, allemands, polonais, portugais. Ces dif-

férentes communautés se rejoignaient pour une

raison commune : la sidérurgie.

La vallée de la Fensch est un lieu à forte empreinte

symbolique, porteur d'images fortes et d'imaginaire.

Le patrimoine sidérurgique, très prégnant, a porté

l'identité de la vallée au fil du temps et a engagé

un rapport particulier au territoire, à la terre en tant

que socle.

Ici, tout devient binaire, exacerbé : un paysage

qu'on a exploité, mais paradoxalement un rapport

très fort entre ville et nature. L'urbanisation est sin-

gulière, avec un cœur de vallée formé du cordon

industriel, tandis qu'en périphérie, sur les coteaux,

Page 7: mémoire TPFE

7

se sont développées les villes. Les hauteurs sont

occupées par les jardins familiaux puis les forêts

qui ferment un peu plus la vallée. On sent une

forte imprégnation de la cité ouvrière jardinée, de

l'étalement urbain, du Stadtlandschaft (ville-pay-

sage) développé au début du siècle par l'architecte

allemand Rudolf Schwartz qui a dessiné le plan ur-

bain de Thionville et ses environs.

Aujourd'hui, la famille Wendel a quitté la vallée

mais reste propriétaire de nombreux terrains.

L'activité sidérurgique est en déclin : seul le haut-

fourneau de Hayange fonctionne, l'activité minière

s'est éteinte depuis une dizaine d'années. Les ha-

bitants se tournent vers le Luxembourg, à 20 km de

là, pour trouver du travail, tandis que la vallée tente

de perpétuer une activité ouvrière très ancrée.

Ainsi, on a affaire à un territoire en crise, tourné

vers une histoire qui se transforme peu à peu en

Histoire. On a affaire à une société locale qui s'est

construite autour de la vie ouvrière – organisation

économique, sociale, politique et territoriale – et

qui doit trouver une nouvelle identité, un nouvel "en

commun", un nouvel horizon.

Il s’agit, pour cette vallée, d’une reconversion.

Reconversion spatiale, industrielle et mentale.

Aujourd’hui, la vallée n’est plus vectrice d’emplois

et d’activités, mais devient plutôt un lieu emprunt

de nostalgie pour ses habitants.

L’industrie sidérurgique s’est installée au fil des

siècles le long de la rivière de la Fensch, dével-

oppant un cordon industriel linéaire en fond de

vallée et recouvrant une grande partie du cours

d’eau.

La sidérurgie occupe ainsi toute la place : elle est

la colonne vertébrale le long de laquelle s’articule

toute la vallée, et elle constitue le patrimoine com-

mun de tous ses habitants.

Si l’industrie subsistante venait à disparaître, que

deviendrait la vallée ? Quels seraient les moyens

à mettre en place pour y générer une nouvelle

attractivité ? Comment pourrait se maintenir une

cohérence territoriale ? Quels seraient les outils

pour aider une communauté à faire le deuil d’une

histoire passée pour mieux se tourner vers autre

chose ?

Page 8: mémoire TPFE

88

Page 9: mémoire TPFE

999

Page 10: mémoire TPFE

10

Elle est située dans le sillon mosellan, axe majeur

de communication et de développement de la Lor-

raine.

Ce qui réunit ces communes est la présence du

cours d’eau de la Fensch, affluent de la Moselle

et colonne vertébrale du développement industriel,

économique et social de la vallée.

Mon envie de départ était de travailler sur un site

à la portée humaine et symbolique très forte, avec

une sensation de confinement, d’enfermement.

Ma question initiale était en effet de savoir si le pay-

sage pouvait permettre de s’échapper. S’échapper

de la pesanteur sociale et physique d’un territoire.

S’échapper au sens d’aller vers autre chose, de

concentrer son regard et son énergie vers un autre

horizon.

En peinture, une échappée, c’est une perspective

entrevue par un espace libre réservé à cet effet.

Le paysage est-il un moyen de créer une possi-

bilité de s’échapper, de s’extraire?

La vallée sidérurgique de la Fensch, dans le nord

lorrain, qui est le lieu de naissance d’Arcelor-Mittal,

m’a permis de traiter cette question.

Située au Sud-ouest de Thionville en Moselle, la

vallée de la Fensch, au-delà de son existence

géographique, est depuis 10 ans une commu-

nauté d’agglomération dont la ville principale est

Hayange.

La vallée de la Fensch, ce sont 10 communes et 70

000 habitants répartis sur 86 km2.

Le choix du sujet

Page 11: mémoire TPFE

11

Thionville

LUXEMBOURG

TTTThhhhhioooooooThioooonvvvvvvvvvilleeeeeeeeeeeonville

Page 12: mémoire TPFE

12

Le c

ours

d’e

au d

e la

Fen

sch

à H

ayan

ge

Page 13: mémoire TPFE

13

L’identité de la vallée s’est forgée autour de l’activité

sidérurgique qui s’y est développée pendant 3 siè-

cles. On a affaire à un paysage très marqué par

l’industrie, mais qui tout à la fois conserve un rap-

port très étroit à la nature, sur lequel je reviendrai.

Investie dans un seul but de production et

d’exploitation, la vallée est aujourd’hui dans une

position délicate : les usines ferment progressive-

ment, Arcelor-Mittal met son personnel (3000 sala-

riés) au chômage technique pour une période d’au

moins 6 mois,... .

Contrairement au bassin minier du Nord où l’activité

industrielle est actée comme révolue et apparte-

nant à l’histoire passée (classement au patrimoine

de l’Unesco, reconversion des terrils, réhabilitation

de certaines usines), dans la vallée de la Fensch il

existe encore une activité industrielle (notamment

Corus Rail, à Hayange, qui fabrique les rails du

TGV, et Arcelor-Mittal dont l’avenir lorrain est plus

qu’incertain).

Page 14: mémoire TPFE

14

Page 15: mémoire TPFE

15 L’usine Arcelor-Mittal à Hayange, et

ses hauts-fourneaux inactifs depuis mars 2009

Page 16: mémoire TPFE

16

On est dans un processus de déclin et de déprise,

mais qui reste chuchoté. On en parle entre proches,

dans le cercle privé, sans que cette fin de la sidéru-

rgie ne soit officiellement et publiquement recon-

nue.

Pour les habitants de la vallée, le travail de deuil

s’enclenche progressivement, même si la chose

n’est pour l’instant pas acceptée.

D’ailleurs, élus et acteurs locaux, dès qu’ils en ont

l’occasion, ressortent leurs casques et chaussures

de mineurs/ouvriers. Tout ici est tourné vers cette

époque glorieuse de la sidérurgie. Que ce soit à

l’échelle collective, avec les ronds-points et au-

tres lieux stratégiques ornementés de chariots de

mineurs, ou que ce soit à l’échelle individuelle,

avec par exemple les clôtures de jardin faites de

bouts de tuyaux ou de morceaux de rails récu-

pérés à l’usine.

Le wagon de la mine comme identifiant à l’entrée de la Cité Bellevue - Hayange

Page 17: mémoire TPFE

17

Le sujet ici est bien de travailler sur la façon

d’anticiper la reconversion industrielle de la vallée.

D’utiliser les outils du paysage pour permettre

l’amorce, l’ouverture sur une nouvelle dynamique

de territoire.

“Il s’agit de prendre en charge proprement un tra-

vail de version par lequel le territoire va pouvoir

s’exprimer dans un nouveau style et une nouvelle

grammaire.”

Sabine Ehrmann, Cahier thématique n°9 Paysage,

Territoire, Reconversion, Éditions de la Maison des

sciences de l’homme, Paris

La situation socio-économique de la vallée de la

Fensch est en effet assez problématique : plus d’un

tiers des actifs (7 000 personnes) travaille au Lux-

embourg qui offre un plus large panel d’emplois et

de meilleures rémunérations, tandis que 10 % de

la population de la vallée vit en-dessous du seuil

de pauvreté.

Par ailleurs, depuis la crise sidérurgique de la fin

des années 70, la population est en diminution

constante. La vallée a perdu une moyenne de 2 000

habitants par an sur plusieurs années, taux toujours

en baisse mais qui se stabilise aujourd’hui et qui

bénéficie malgré tout d’un solde démographique

positif - nombre de naissances supérieur à celui

des décès.

Il reste cependant à noter un fort vieillissement de

la population et une désertification des jeunes qui

partent pour leurs études puis pour s’installer dans

des endroits où la qualité de vie est meilleure.

Aujourd’hui, la vallée est surtout un espace inter-

médiaire entre le bassin thionvillois tiré par la dy-

namique luxembourgeoise, et le bassin messin qui

s’appuie sur les fonctions administratives, universi-

taires et commerciales de la capitale régionale.

Page 18: mémoire TPFE

18

L’importance du dynamisme luxembourgeois se

fait de plus en plus forte, puisque le Luxembourg

compte doubler son effectif de travailleurs français

d’ici 2020 (70 000 aujourd’hui contre 140 000 en

2020).

Un projet de reconversion de site industriel situé

à la frontière concerne directement la vallée de la

Fensch : il s’agit de Belval, à Esch-sur-Alzette, qui

compte crée 25 000 emplois d’ici 2015.

Le projet comprend des logements, bureaux, salle

de spectacles, centre commercial, université, etc..

Le site de Belval - Luxembourg : un site industrei reconvertit en pôle d’activités

Page 19: mémoire TPFE

19

F

L

Thionville

Belval

Vallée de la Fensch

Moselle

7 000 actifs= 10 % de la population

= 1/3 des actifs de la vallée

25 000 emplois d’ici 2015

2009 : 70 000 transfrontaliers2030 : 140 000

20 000 emplois (dont 8 000 industriels)

Légendecommunes luxembourgeoises

cantons français

EFFECTIFS40 à 100

101 à 500501 à 1000

1001 à 3100

moins de 20km des frontières lux.

de 20 à 45 km des frontières lux.

Le travail des frontaliers français vers le Luxembourg

Metz

Hayange

tztetetetetzeeMee

HaHayHaHayaHayangegegeayanayanan eeeaH ngana enggegHa nga e

etzetetetzeeM

Luxembourg

Source : IGSS, Luxem

bourg, 2004.

Thionville

Belval

Page 20: mémoire TPFE

20

Ces emplois transfrontaliers, même s’ils bénéfi-

cient à l’économie de la vallée (consommation

courante locale, impôts, etc.) posent de nouvelles

problématiques : sur les 70 000 actifs travaillant au

Luxembourg, 90 % utilisent leur voiture pour se ren-

dre au travail, les 10 % restant utilisant le train. Le

principal axe routier, l’A31, se trouve chaque jour

engorgé par ces allers-retours quotidiens, tandis

que le réseau ferré français propose une offre très

limitée en termes de mobilité (seul un TER par jour

se rend à la frontière).

Pour encourager le transport en commun, la Com-

munauté d’Agglomération du Val de Fensch a initié

la mise en place d’un réseau de bus (une vingtaine

Frontières

Lignes de train

Lignes de bus t

Gare

Arrêt de bus

ThionvilleHayange

Metz

Hagondange

Frisange

Volmérange

Hettange

Audun le Tiche

Esch sur Alzette

Bettembourg

Rodange

Longwy

Longuyon

Conflans-Jarny

Montmédy

Luxembourg

Pétange

par jour) permettant de se rendre à Luxembourg

ville en 35 minutes (liaison Thionville-Hayange-

Luxembourg).

Cependant, cette liaison ne dessert que la capitale

luxembourgeoise et ne permet pas d’accéder aux

zones strictement transfrontalières.

Ainsi, on retrouve une très forte concentration des

infrastructures le long du sillon mosellan, entre

Nancy et Luxembourg, sans alternatives réelles de

réseaux secondaires.

Frontières

Lignes de train

Lignes de bus transfontalières

Gare

Arrêt de bus

Le transport en commun transfontalier

Page 21: mémoire TPFE

21

METZ

THIONVILLE

NANCY

LUXEMBOURG

MOSELLE

Rail + Route

Route

Rail

Aéroport international

Aéroport national

Port fluvial

Plates-formes logistiques

LUXEMBOURG

FRANCE

ALLEMAGNE

BELGIQUE

ESCH/ALZETTE

HAYANGE

A31

A30

Infrastructures de transport et de logistique le long du sillon mosellan

Page 22: mémoire TPFE

22

Recherches et références

La promenade verte le long des berges de l’Orne

La vallée de l’Orne se situe à quelques kilomètres

au Sud de la vallée de la Fensch et porte également

les stigmates de 150 ans d’exploitation minière et

industrielle. Depuis 1996, l’Etablissement Public

Foncier de Lorraine est chargé de mener les opéra-

tions de traitement des espaces les plus dégradés.

L’organisme a défini le traitement des berges de

la rivière et d’espaces publics y attenant comme

moteur de la revalorisation de la vallée. 23 km de

promenade ont ainsi été dessinés par l’atelier Al-

fred Peter, traversant 2 départements et 10 com-

munes.

En plus du ruban de 2,5 m de large qui accompa-

gne le cours d’eau, deux ponts ont été réhabilités,

tandis que 6 passerelles et 3 gués ont été constru-

its.

La promenade longe les jardins ouvriers, traverse

les centres villes, débouche dans des forêts. Son

succès a généré une multitude d’initiatives pub-

liques parallèles telles que ravalement de façades

ou restauration de places.

Page 23: mémoire TPFE

23

Amnéville se situe en Moselle, le long du sillon mo-

sellan, dans la vallée de l’Orne. La commune faisait

partie des cités sidérurgiques lorraines en déclin et

la question de la reconversion s’est très vite posée

au sein de la municipalité. C’est l’existence d’une

source chlorurée minérale associée à une équipe

municipale convaincue de l’intérêt médical et so-

cial d’une station thermale qui a permis de mettre

en place une stratégie de reconversion.

La commune, sous l’impulsion du maire, entama

à partir de la fin des années 80 un vaste chantier

d’aménagements touristiques : complexe thermal,

casino, zoo, hôtels, restaurants et centre d’art.

L’aménagement le plus spectaculaire reste cepen-

dant les 160 ha de crassier qui séparaient la ville

d’Amnéville et le pôle thermal. La commune en a

fait une station de ski couverte, accompagnée d’un

golf (18 trous) et d’une salle de concert.

Première piste indoor en France, suite à de ré-

cents travaux d’allongement, le « tunnel nival »

d’Amnéville est devenu en terme de domaine ski-

able la plus longue piste indoor au monde avec

620 m contre 400 m à Dubaï. Elle a accueilli en no-

vembre 2008 pour la seconde année consécutive

le championnat de France de ski indoor alpin (70

concurrents) et le 1er championnat international de

ski indoor alpin (24 nationalités).

La reconversion d’un site industriel en zone touristique et de loisirs : Am-néville

Le crassier en 1988, puis son aménagement : salle de concert et parking, centre thermal et golf.

Page 24: mémoire TPFE

24

Page 25: mémoire TPFE

25

Page 26: mémoire TPFE

26

L’histoire sidérurgique de la vallée de la Fensch

remonte au Moyen Age, même si celle-ci reste

avant tout une vallée rurale pendant plusieurs siè-

cles.

Des textes remontant au XIVe siècle font référence

à une mine et plusieurs forges présentes sur la

commune d’Hayange, mais leur essor reste incer-

tain et l’activité est soumise aux fluctuations des

guerres.

Le tournant a véritablement lieu au début du XVIIIe,

lorsque Charles Martin Wendel rachète les forges

d’Hayange. Ce premier personnage de la longue

lignée Wendel va arriver dans la ville comme un

véritable pionnier, faisant de la vallée son domaine

gardé, et fera immédiatement construire un châ-

teau à proximité des forges.

La vallée compte à l’époque environ 5 000 habi-

tants.

Pendant un siècle, la famille Wendel investit, ouvre

des galeries de mines et agrandit les forges. Les

ouvriers sont souvent des paysans qui travaillent à

la mine en famille durant les périodes creuses.

Une forge au début du XVIIIe siècle

Petite histoire de la vallée : la famille Wendel

Page 27: mémoire TPFE

27

A la fin du XVIIIe, François Wendel, très proche du

mouvement humaniste et des encyclopédistes,

participe à la création du Creusot auprès de la fa-

mille Schneider.

Au milieu du XIXe, les Wendel découvrent la

présence de houille dans l’extrême Est du départe-

ment, aux environs de Forbach, sur la frontière fran-

co-allemande. Cette houille, transformée en coke,

permet une très nette augmentation de la produc-

tion de l’acier. Les Wendel vont donc développer

un second pôle sidérurgique à Petite-Rosselle et

à Stiring-Wendel, installant sur place de grandes

cités ouvrières équipées et modernes.

Cet essor industriel se répercute dans la vallée de

la Fensch : il faut extraire plus de minerai et con-

struire de nouveaux hauts-fourneaux. Le site Saint-

Jacques ou celui de la Paix, la Platinerie, la Fende-

rie sont créés. Toutes ces installations s’étirent le

long du modeste cours d’eau de la Fensch, sur

plus de 17 km.

Les paysans sont priés de choisir entre activité

agricole ou sidérurgique et une grande majorité

d’entre eux décide de rejoindre l’empire Wendel.

La vallée connaît alors une première déprise ag-

Affiche placée à l’entrée des mines

La présence agricole à la fin du XIXe siècle :

le monde paysan va progressivement disparaître au profit de la sidérurgie.

Page 28: mémoire TPFE

28

Vue panoramique de Knutange et Nilvange au début du siècle : paysage typique de la vallée de la Fensch. Infrastructures, usines

teaux sont boisés.

L’industrialisation de la vallée au début du siècle : le noyau du village est éclaté avec l’apparition des logements ouvriers.

Les installations sidérurgiques : les hauts-fourneaux de Hayange en 1870, le téléphérique d’une douzaine de km reliant les mines

Jacques vers 1850.

Page 29: mémoire TPFE

29

et habitations s’installent dans le fond de vallée, tandis que les coteaux sont consacrés à l’agriculture et au jardinage. Les pla-

d’Aumetz aux usines de Knutange (transport du minerai), les hauts-fourneaux de Patural à Hayange en 1910 et l’usine Saint-

Page 30: mémoire TPFE

30

Edification de cités ouvrières à Algrange (ci dessus) et Knutange (ci dessous) à la fin du XIXe siècle.

Page 31: mémoire TPFE

31

ricole. Les terrains sont rachetés par les Wendel

qui deviennent progressivement propriétaires

de toute la vallée : ils possèdent les usines, les

mines, de nombreux terrains et les nouvelles ci-

tés ouvrières qu’ils font construire à proximité des

lieux de travail.

Parce que la main

d’œuvre locale n’est pas

suffisante, la famille fait

venir de nombreux mi-

grants via des centres de

recrutement créés en Al-

lemagne, Pologne, Italie,

Russie et Ukraine.

Toute une organisation so-

ciale et spatiale se met en

place : des cantines pour

célibataires sont créées, on délimite les quartiers

russes, italiens ou polonais, les cités construites

s’organisent en fonction du grade hiérarchique de

leurs habitants et différents lieux de cultes sont éri-

gés : mosquée à Florange, temple et synagogue

à Hayange.

Les Wendel offrent également de nombreux équipe-

ments : stades, piscines communales, écoles (ils

subventionnent les familles scolarisant leurs en-

fants jusqu’à leur 14 ans), crèches, etc.

Nationalité des mineurs de fer en Lorraine,

document du Musée de la Mine de Neufchef

L’union sportive de Hayange en 1926

Page 32: mémoire TPFE

32

Page 33: mémoire TPFE

33

Page 34: mémoire TPFE

34

Etat des frontières en 1815 Etat des frontières en 1870

Albert Bettannier, Les annexés en Lorraine, 1910. Metz, Musée de la Cour d’Or.

Page 35: mémoire TPFE

35

Pendant l’annexion, entre 1870 et 1918, la vallée

de la Fensch deviendra littéralement allemande :

les rues changent de nom, la langue officielle de-

vient l’allemand, les Wendel sont écartés de leurs

usines.

Cette situation recommence durant la 2e guerre

mondiale, sous une Allemagne nazie. La rue prin-

cipale d’Hayange prend d’ailleurs le nom d’Adolf

Hitler Strasse et plusieurs habitants sont déportés.

Au lendemain de la guerre, l’activité sidérurgique

reprend de plus belle. 3 nouvelles usines sont

créées sous l’égide des Wendel (Sollac, Sacilor,

Usinor) et les constructions continuent, notamment

dans les endroits plus dégagés : plateaux autour

d’Hayange (Saint Nicolas en Forêt) ou à proximi-

té de la Moselle, à Fameck, où la géographie est

beaucoup plus plane.

Dans les années 1960, la vallée de la Fensch at-

teint les 80 000 habitants et connait son apogée

sidérurgique. Les conditions de travail à l’usine et

dans les mines se sont considérablement amé-

liorées en raison des progrès techniques : mécani-

sation, électricité, carburants.

Cependant, le minerai local, qu’on appelle cour-

amment “minette de Lorraine”, n’est pas un min-

erai de grande valeur : sa concentration en fer est

de 15 % en moyenne, alors qu’on en trouve ailleurs

dont le taux atteint les 30 %.

A partir des années 70, la concurrence étrangère

devient donc de plus en plus forte, tout d’abord

parce que le minerai est de meilleure qualité, mais

aussi parce que le transport de fret à l’échelle inter-

nationale devient courant et enfin parce que dans

Saint-Nicolas en Forêt, sur les hauteurs de Hayange : une cité

ouvrière de 500 logements construite dans les années 50

Page 36: mémoire TPFE

36

de l’acier par l’Etat aggrave la situation. Cepen-

dant, en 1975, 72 % de l’acier brut français vient de

la vallée de la Fensch.

La famille Wendel tente des associations et des fu-

sions avec d’autres industriels, ce qui donne nais-

sance au groupe Sacilor, mais la Lorraine voit ses

sites fermer progressivement (bassin de Pompey,

Longwy, Forbach). Grèves et manifestations des

mineurs et ouvriers se multiplient et pour sauver

l’activité sidérurgique de la vallée, l’Etat décide de

nationaliser le groupe. A l’époque, le président est

Giscard d’Estaing ; sa femme Anémone est une

descendante Wendel.

De l’argent public est réinjecté dans l’entreprise,

ce qui n’empêche pas la fermeture définitive de

les pays moins développés économiquement par-

lant bénéficient d’une main d’œuvre à moindre

coût.

Les Wendel subissent de plein fouet cette con-

currence. Ils tentent de s’adapter, commencent à

réduire la main d’œuvre, mais la Lorraine reste de

toute façon peu équipée en terme de transport : un

seul axe autoroutier dessert l’Est français, il s’agit

de l’A31, le réseau ferré reste peu développé à

l’échelle européenne et le transport fluvial a depuis

longtemps était mis de côté par l’Etat. Ainsi, le ré-

seau fluvial en Lorraine ne permet pas le transport

des matières et produits finis (acier, pièces auto-

mobiles, etc.).

L’augmentation du prix du pétrole en 1974, la crise

économique qui en découle et le blocage du prix

Les grèves des employés de la sidérurgie en avril 1976.

Page 37: mémoire TPFE

37

tout le secteur minier au début des années 90 et

l’enfrichement qui commence à s’insinuer sur les

anciens sites industriels de la vallée.

Sacilor devient Arcelor en 2002, mais l’homme

d’affaire indien Mittal lance une OPA agressive

sur le groupe en 2006, promettant le maintien

de l’activité industriel et des emplois en Lorraine.

Sacilor finit par céder.

Comme il fallait s’y attendre, Mittal n’a pas tenu

ses promesses : seul un haut-fourneau reste al-

lumé aujourd’hui, et l’actualité récente va dans le

sens de la fermeture imminente d’Arcelor-Mittal

: les 3 000 salariés de l’entreprise ont été mis au

chômage technique jusqu’en septembre 2009.

Quant aux Wendel, toujours fortement présents

sur la scène économique et financière française,

leur activité s’est déplacée dans l’investissement,

avec la fondation du groupe Wendel Investisse-

ment en 2002, dirigé par Ernest-Antoine Seillière,

également fondateur du syndicat patronal MEDEF

et, forcément, héritier de la famille Wendel.

Wendel Investissement a successivement était ac-

quéreur du groupe Lagardère Editis, du fabricant

de matériel électrique Legrand, de la société Bu-

reau Véritas et possède une minorité de contrôle

auprès de Saint-Gobain.

La famille reste un important propriétaire foncier

dans la vallée : forêts, terrains, bâtiments, même si

la plupart des logements ont été revendus à leurs

habitants, tandis qu’un organisme lorrain, l’EPFL

– Etablissement Foncier Public de Lorraine – ré-

cupère les friches industrielles appartenant à la fa-

La famille Wendel pose, lors de sa réunion annuelle de 2004, pour le magazine Paris-Match au Musée d’Orsay

Page 38: mémoire TPFE

38

mille (souvent pour le franc symbolique) pour les

dépolluer et les réhabiliter.

Il existe un énorme ressenti de la part des habi-

tants vis-à-vis des Wendel, accusés d’avoir litté-

ralement “abandonné” la vallée sans préavis. Il est

vrai qu’on a affaire à un territoire tenu, développé,

aménagé et pensé par une famille. Qu’on a affaire

à des habitants pris en charge durant des généra-

tions de leur naissance à leur mort, qui vivait dans

une communauté très marquée et particulièrement

fermée (spatialement et en raison du travail effec-

tué) et qui se retrouvent aujourd’hui démunis de-

vant cette fin sidérurgique qui ne fait place à rien.

Page 39: mémoire TPFE

39

Promenons nous ensemble : l’espace physique de la vallée

Comme dit précédemment, la vallée de la

Fensch est une entité territoriale reposant à la fois

sur une réalité spatiale – un relief creusé par un

cours d’eau – et sur une réalité administrative –

création de la Communauté d’Agglomération du

Val de Fensch en 1998 -.

Cependant, je me suis surtout intéressée dans le

cadre de mon travail à la commune de Hayange.

Ceci pour plusieurs raisons : il s’agit tout d’abord

du berceau historique du développement sidéru-

rgique de la vallée – c’est ici que ce sont installés

les Wendel -, cette commune est aujourd’hui re-

connue comme “capitale” de la vallée – c’est la

plus importante en termes d’habitants – et enfin

elle constitue ce que j’appelle le “cœur de vallée”.

Il m’a en effet semblé opportun de diviser la vallée

de la Fensch en 3 secteurs bien définis (repris

des travaux de claire Alliod dans le Plan de Pay-

sage réalisé pour le compte de la Communauté

d’Agglomération du Val de Fensch, et qui identifiait

5 secteurs) :

Page 40: mémoire TPFE

40

Hayange

Algrange

Nilvange

Knutange

NeufchefSérémange

Ranguevaux

HAUTE VALLE

Page 41: mémoire TPFE

41

e

Fameck

Florange

Uckange

EE

BASSE VALLEE

COEUR DE VALLEE

Page 42: mémoire TPFE

42

La basse vallée, comprenant les communes de Flo-

range, Uckange et Fameck.

Ce secteur possède peu de relief et se trouve à

la confluence de la Fensch et de la Moselle. Il bé-

néficie donc de la proximité du sillon mosellan en

termes d’infrastructures (fluviales, routières, fer-

rées) et de mobilité, que ce soit pour les entrepris-

es ou les particuliers.

Le passé sidérurgique s’y ressent peu, et il n’est

pas déplacé de parler pour cette partie de la vallée

d’une reconversion presque établie : plusieurs

nouvelles zones d’activité s’y sont implantées, ac-

cueillant de nouvelles entreprises – notamment

Thyssen Krupp – et le seul haut-fourneau restant

à Uckange a été classé patrimoine de l’Unesco. Il

constitue aujourd’hui une attractivité touristique de

la vallée.

La basse vallée est le secteur le plus dense (1009

hab/km2) et le plus peuplé (31500 habitants) de la

vallée de la Fensch. La population y est relative-

ment jeune, avec une forte immigration récente

(Afrique du Nord). Une quarantaine de nationalité

est d’ailleurs présente au sein de la commune de

Fameck. La proximité de l’A31 permet aux habi-

tants d’accéder rapidement aux aires d’emplois

que sont Thionville et le Luxembourg.

Page suivante : les grèves chez Arcelor-Mittal - dont le siège social se trouve à Flo-

range - le 1er mai 2009, l’entreprise Thyssenkrupp qui s’est installée sur l’ancien site

de Daewoo à Fameck, et l’affiche 2009 du Festival du Film Arabe de Fameck qui

existe depuis 20 ans.

Le U4 à Uckange, un ancien haut-fourneau

classé patrimoine de l’Unesco et mis en

lumière réalisée par Claude Lévèque.

Page 43: mémoire TPFE

43

La vallée basse, vue aérienne depuis Hayange

Page 44: mémoire TPFE

44

Le musée de la mine de Neufchef, seul

d’anciens mineurs

La haute vallée, comprenant Algrange, Knutange,

Nilvange et Neufchef.

Secteur le plus éloigné à l’Ouest du sillon mo-

sellan, la haute vallée est très enclavée. L’industrie

y a presque disparu, sans pour autant faire place

à d’autres activités. Ici, on trouve de nombreuses

friches industrielles et quelques usines désaf-

fectées et abandonnées. Il est à noter la forte

présence de cités ouvrières assez remarquables,

mais il est difficile de s’installer aujourd’hui dans

cette partie de la vallée, que ce soit pour un par-

ticulier ou une entreprise, en raison de la mauvaise

desserte routière et l’inexistence d’alternatives en

termes de mobilité.

De ce fait, la population de ce secteur est vieillis-

sante et connaît une forte baisse démographique

(selon l’INSEE, Algrange a perdu plus de 40 % de

sa population en 50 ans).

Un fait qui m’a beaucoup marqué est la présence

de foyers ukrainiens, russes et polonais en grand

état de délabrement : après renseignements, il

s’agit de “mouroirs” accueillant les immigrés ve-

nus seuls travailler à l’usine ou à la mine et n’ayant

pas de véritables retraites.

Aujourd’hui, une reconversion de site industriel de

60 ha, le site de la Paix, est en projet afin de revita-

liser cette partie sinistrée de la vallée : logements,

parc, équipements et zone d’activité y ont déjà été

programmés.

Page 45: mémoire TPFE

La vallée haute, vue aérienne depuis Hayange

site touristique de la vallée, créé par Logements ouvriers à Nilvange

Page 46: mémoire TPFE

46

Le cœur de vallée, comprenant Hayange, Sérémange-

Erzange et Ranguevaux.

Il s’agit de la partie de la vallée qui nous concerne plus

directement.

Ce secteur est, comme dit plus haut, le berceau de

l’histoire sidérurgique de la vallée, et Hayange en con-

stitue la capitale administrative et symbolique.

Lieu charnière entre basse vallée ouverte et haute vallée

enclavée, on y trouve encore 2 importants sites indus-

triels : Corus Rail (fabrication, notamment, des rails de

TGV) et Arcelor-Mittal.

L’organisation spatiale y est spécifique : fond de vallée

encombré (centre ville, industrie, infrastructures, zone

d’activité), coteaux habités et plateaux boisés. J’y revi-

endrai plus loin.

La commune d’Hayange possède l’Office du tourisme

de la vallée et un centre ville relativement dynamique,

avec de nombreux commerces. C’est également la

seule ville de la communauté d’agglomération, avec

Uckange, équipée d’une gare.

C’est sur cette partie de la vallée que s’oriente mon

analyse de site.

Page 47: mémoire TPFE

47

Le viaduc de l’A30 qui domine Hayange Les bureaux centraux Wendel

Page 48: mémoire TPFE

48

D’un point de vue géologique, la vallée de la

Fensch est constitutive du plateau lorrain, lui-

même rattaché au bassin parisien. C’est cette

géologie qui a permis l’enrichissement de la

vallée : les réserves ferrifères, inscrites dans les

couches sédimentaires, affleurent au niveau de

Hayange grâce à la faille qui traverse la ville et

qui date des mouvements tectoniques anciens

du massif vosgien voisin.

Le relief de la vallée est peu marqué à l’Est, à la

confluence de la Fensch avec la Moselle, avec

des altitudes comprises entre 160 et 220 m et des

dénivelés maximums de 3 % à Florange, tandis

qu’à l’Ouest, à partir de Hayange, il est relative-

ment encaissé, sous l’action de la Fensch venue

“inciser” le plateau haut d’origine : les altitudes

vont de 180 m (fond de vallée à Hayange) à 420

m (plateaux d’Algrange) avec des dénivelés al-

lant jusque 30 % à Algrange et Hayange.

Il s’agit d’un relief de cuestas : le plateau calcaire

d’origine a été creusé durant la période glaci-

aire par les cours d’eau puissants qu’étaient la

Fensch, l’Orne voisine ou encore la Moselle.

Carte géologique

Page 49: mémoire TPFE

49

Faille

d’Hay

ange

Page 50: mémoire TPFE

50

Page 51: mémoire TPFE

51

Le relief et l’organisation géo-spatiale sur la commune de Hayange

Le relief au niveau de Hayange : c’est la Fensch qui a creusé le fond de la vallée aujourd’hui urbanisé.

Page 52: mémoire TPFE

52

Quant au cours d’eau de la Fensch, il prend sa

source à Fontoy, à 237 m d’altitude, et rejoint la

Moselle, à 158 m d’altitude, après un parcours de

13,5 km avec une pente moyenne d’environ 0,5%.

Cependant, le bassin versant de la Fensch est

en grande partie imperméabilisé en raison de

l’urbanisation et de l’industrialisation du fond de

vallée. Le tracé de la rivière a été remanié sur pr-

esque toute sa totalité, avec un lit mineur réaména-

gé, couvert ou canalisé pour répondre aux besoins

de l’urbanisation et des implantations industrielles.

De plus, le cours d’eau a longtemps pâti des rejets

des industries avoisinantes.

Aujourd’hui, environ la moitié seulement du cours

d’eau est à ciel ouvert, et sur cette moitié, les berg-

es sont privatisées.

Cette situation concerne également les 4 affluents

de la Fensch : le ruisseau d’Algrange a complète-

ment disparu tandis qu’un court tronçon de la pe-

tite Fensch qui va de Neufchef à Algrange est en-

core perceptible.

Aujourd’hui, seuls le Kribsbach – Ranguevaux à

Florange – et le ruisseau de Marspich – qui rejoint

la Fensch à Sérémange – ont encore une réalité

physique.

Page 53: mémoire TPFE

53

Page 54: mémoire TPFE

54

La Fensch dans le centre de Hayange :

ouvert.

Le tracé de la petite Fensch à l’entrée de Neufchef

Page 55: mémoire TPFE

55

un tronçon de quelques mètres à ciel Les abords privatisés de la Fensch à Nilvange

Page 56: mémoire TPFE

56

Cette géomorphologie de cuestas, associée

à la présence de minerai de fer, a déterminé

l’organisation spatiale de la vallée, et plus par-

ticulièrement au niveau de Hayange. La principale

caractéristique de cette organisation repose sur la

progression dans les échelles et sur la hiérarchisa-

tion des activités depuis le fond de vallée jusqu’aux

plateaux :

- le fond de vallée comporte les éléments

imposants et structurants, le long ou sur la Fensch

: usines et bâtiments industriels, réseau ferré in-

dustriel, zone d’activité et route départementale.

Ce “cordon” de la Fensch constitue la colonne ver-

tébrale de la vallée.

- le bas de coteau accueille le centre ville

(commerces, administrations et équipements prin-

cipaux) et les quartiers d’habitation, les circulations

sont dédiées à la desserte locale.

- le coteau haut est utilisé pour les nom-

breux jardins familiaux et quelques cités jardins

installées sur les courbes de niveau.

- le plateau est presque entièrement boi-

sé, avec quelques petites poches agricoles sub-

sistantes.

Cependant, cette organisation est à nuancer

puisqu’au milieu du XXe siècle, quelques poches

urbaines ont été créées sur les plateaux. Cette

nouvelle urbanisation, destinée aux ouvriers, suiv-

ait le plan de développement de “l’aire urbaine de

Thionville - Stadtlandschaft Diedenhofen - dessiné

par l’architecte allemand Rudolf Schwarz pendant

la seconde guerre mondiale. Schwarz prônait en

effet l’étalement urbain et un rapport privilégié à

la nature par la construction de petites unités ur-

baines distantes les unes des autres mais relié à

un centre urbain fort.

Ce plan fut appliqué dès la fin de la guerre et une

unité urbaine fut créée sur les hauteurs de Hayange

: il s’agit de Saint-Nicolas-en-Forêt.

D’autres quartiers sur les hauteurs furent dévelop-

pés, comme Marspich ou le Konacker, aujourd’hui

rattachés à Hayange.

Cette extension urbaine a cessé aujourd’hui, même

si un lotissement vient d’être construit à proximité

de Saint-Nicolas-en-Forêt, notamment en raison

de l’absence de foncier disponible sur la com-

mune de Hayange.

La tendance forte en terme paysager concerne

plutôt les coteaux, dont la fonction “tampon” entre

ville et forêt tend à disparaître : au fur et à mesure,

les constructions ont pris de plus en plus de hau-

teurs tandis que la déprise agricole du XXe siècle

a entrainé la disparition des vergers, vignobles et

maraichers sur les coteaux au profit de la forêt.

Ainsi, à travers des cartes montrant l’évolution de

la vallée, on observe très nettement le “grignotage”

progressif des coteaux au profit à la fois de la forêt

et de l’urbanisation, amenuisant l’espace tradition-

nellement dédié aux jardins ouvriers et aux verg-

ers.

Page 57: mémoire TPFE

57

PLAT

EAU

BO

ISE

CO

TEA

UH

AU

TJA

RD

INE

cité

s ou

vriè

res

jard

ins

fam

iliau

xch

emin

s pi

éton

s

ville

his

toriq

uequ

artie

s ou

vrie

rsco

mm

erce

svo

ies

de d

esse

rte

site

s in

dust

riels

RD

952

cour

s de

la F

esch

quar

tiers

ouv

riers

rése

au fe

rré

frich

es

BA

S D

E C

OTE

AU

UR

BA

NIS

EFO

ND

DE

VALE

EIN

DU

STR

IEL

CO

TEA

U E

T C

RA

SSIE

R

Le coteau de la vigne qui s’est enfriché depuis la disparition des vignobles, et la cité ouvrière Sainte-Berthe au premier plan.

Le fond de vallée encombré par le cordon industriel

La rue du Maréchal Foch à Hayange, principale rue commerçante.

La cité Bellevue et les jardins familiaux sur le coteau Sud de Hayange

Vue depuis Saint-Nicolas-en-Forêt sur les hauteurs de Hayange

Page 58: mémoire TPFE

58

Page 59: mémoire TPFE

59

Evolution des masses bâties et boisées entre 1810 et 2005 : le fond de vallée s’urbanise tandis que les pla-

teaux et les coteaux se boisent au fur et à mesure de la déprise agricole.

Page 60: mémoire TPFE

60

L’enfrichement du coteau de la Vigne, au Nord de Hayange : les vignes et vergers du début du XXe siècle ont laissé place à de la friche.

Page 61: mémoire TPFE

61

Le coteau Sud, ou côte des Moutons, consacré au paturage et au verger, a laissé place à une densification de l’espace forestier et à l’extension du tissu urbain - lotissements, cités ouvrières et logements collectifs.

Page 62: mémoire TPFE

62

Le tissu urbain de la vallée s’est développé le long

du linéaire de la Fensch et par voie de conséquence

du cordon industriel. Même si aujourd’hui ce cor-

don est mité en raison de la fermeture progressive

des usines, la structure originelle de la vallée se

ressent encore aujourd’hui.

Le mitage du cordon industriel prend différ-

entes formes : quelques reconversions en zones

d’activité se sont effectuées dans la vallée – les

haut-fourneaux et usines sidérurgiques limitent les

reconversions à des zones d’activité, plateformes

logistiques ou parcs en raison de l’instabilité du sol

(présences de nombreuses cavités souterraines

de stockage remblayées avec des gravats de

chantier) et des pollutions, ainsi que le classement

d’un haut-fourneau qui a permis la création d’un

site patrimonial et touristique à Uckange.

Cependant, l’activité sidérurgique aujourd’hui vac-

illante laisse supposer une désagrégation progres-

sive du cordon industriel, soulevant directement

le problème de l’organisation spatiale de toute la

vallée.

Sur Hayange, l’épaisseur de l’emprise industrielle

(jusque 200 m de largeur sur les 300 m de fond de

vallée) a repoussé l’habitat et certains équipements

sur les limites du fond de vallée et sur les coteaux.

Seul le centre ville, qui comprend la mairie, la place

centrale, les commerces et l’église principale de

la ville, se situe au milieu du fond de vallée. Il con-

stitue une rupture du cordon industriel et c’est par

cet unique “noyau” que communiquent, en termes

de mobilité, les habitants de Hayange.

Etat actuel de l’activité industrielle

Page 63: mémoire TPFE

63Répartition du type de construction selon la topographie à Hayange

Page 64: mémoire TPFE

64

Les infrastructures routières et l’accessibilité aux pôles d’activité depuis Hayange

Page 65: mémoire TPFE

65

En effet, à plus grande échelle, même si Hayange

est relativement bien desservie au niveau routier –

présence d’un échangeur de l’A 30 qui dessert la

ville et d’une route départementale historique qui

permet de relier les différentes communes de la

vallée de la Fensch entre elles -, il peut s’avérer

compliqué, pour les hayangeois, de relier rapide-

ment les pôles d’emplois et d’activités alentour tels

que Esch-sur-Alzette/Belval, Thionville ou Metz au-

trement que par la voiture.

Il existe une gare, complètement excentrée par

rapport au cœur de la ville et difficile d’accès.

Le cordon industriel constitue justement un mur

pour ce type d’équipement puisque la gare se situe

au Nord de la ville qui, elle, s’est plutôt développée

sur le secteur Sud.

Ainsi, pour se rendre à la gare, on est obligé de

passer par le centre de la ville pour ensuite ac-

céder à la gare au Nord.

Pour conclure, l’espace central de Hayange con-

stitue un “nœud” au niveau de la vallée de la

Fensch. Seul lieu de vie qui rompt le cordon indus-

triel, il est en outre le pôle commerçant de la vallée

et possède des qualités spatiales indéniables :

nombreux espaces publics – système de places

et passages piétonniers -, équipements, vie com-

merçante, marché, etc.

Page 66: mémoire TPFE

66

Façade commerçante

Placette au niveau de la rue du maréchal Foch

Place de la mairie

Page 67: mémoire TPFE

67

Depuis la cité Gargan : 40 minutes

Depuis la cité Bellevue :30 minutes

Depuis le centre ville :20 minutes

GARE D’HAYANGE = 1 TER / JOUR

Les trajets pour se rendre à la gare depuis différents quartiers

Page 68: mémoire TPFE

68

Recherches et références

L’OREAM Lorraine – Organisation d’Etudes d’Aménagement des Aires Métropolitaines : la définition d’une métropole lorraine dès la fin des années 60

L’OREAM officia en Lorraine de 1966 à 1970, et

son travail aboutit à la mise en place d’un “Schéma

d’aménagement de la métropole lorraine”. Penser

il y a 40 ans, ce schéma d’aménagement reste

d’une grande actualité et recense des probléma-

tiques encore actuelles sur le territoire.

Le principe général du schéma repose sur la créa-

tion d’une grande métropole lorraine à l’échelle

européenne. Cette orientation implique la mise en

place d’infrastructures répondant à cette ambition

– réseau ferré, viaire et fluvial – ainsi que la défini-

tion de zones de centralité existantes à densifier et

à orienter vers des domaines innovants. Ces zones

de centralité se trouvent le long de l’axe mosellan,

il s’agit de Nancy, Metz et Thionville. L’objectif n’est

pas de créer une aire urbaine longeant la Moselle,

mais au contraire de bien délimiter zones urbaines

et espaces plus naturels.

Voici quelques extraits du Schéma d’aménagement

de la métropole lorraine :

“Le développement de la métropole après 1985 ne

sera certainement pas tel qu’il remette en question

l’option fondamentale retenue : construire la mé-

tropole à partir des villes existantes et non par la

création d’une ville nouvelle ou d’une urbanisation

continue entre Metz et Nancy.

[…]

Deux objectifs principaux doivent être rappelés en

ce qui concerne Metz-Thionville et le Bassin Si-

dérurgique : créer des activités nouvelles qui per-

mettent, outre la solution des problèmes de con-

version industrielle, un développement important,

et promouvoir des services supérieurs accessibles

de tous les points de cette agglomération.

[…]

ORIENTATIONS POUR 2000 : Ménager aujourd’hui

les possibilités futures de développement

N° 7 – Bassin sidérurgique

L’héritage du XIXe siècle industriel et ses prolonge-

ments actuels laissent un passif difficile à résorber.

L’environnement est à ce point dégradé qu’il con-

stitue vraisemblablement un facteur limitant du

développement et étend son influence à l’ensemble

de la région Lorraine.

Cependant, la richesse du support naturel et par-

ticulièrement la présence de boisements assez re-

marquables autorisent à penser que, quelles que

soient les hypothèses de développement de la mé-

tropole, un réaménagement du cadre de vie est pos-

sible et qu’il peut précisément constituer l’un des

atouts de ce développement.

[…]

La restructuration et la rénovation de l’habitat

devraient être basées sur un desserrement systéma-

tique autour des établissements industriels et viser

une association habitat-espace naturel se substitu-

ant à l’ancienne association habitat-usine.”

Extrait du “Schéma d’aménagement de la métro-

pole lorraine”, OREAM Lorraine, Pont-à-Mousson,

1970.

Page 69: mémoire TPFE

69

Page 70: mémoire TPFE

70

Page 71: mémoire TPFE

71

Page 72: mémoire TPFE

72

Rudolf Schwarz est un architecte urbaniste al-

lemand de la première moitié du XXe siècle très

inspiré par l’idéologie catholique (il consacra sa

thèse aux églises rhénanes).

Travaillant durant la seconde guerre mondiale pour

le IIIe Reich, il fut missionné en Lorraine annexée

pour réorganiser la région de Thionville. Le but était

alors de réaménager le territoire en grand bassin

industriel par la mise en place d’infrastructures

adéquates et de zones résidentielles, mais aus-

si d’évincer progressivement les travailleurs de

souche étrangère – fremdstämmig – au profit de

travailleurs aryens de Lorraine ou de Sarre alle-

mande.

A partir de 1942, Schwarz élabora le concept

nouveau d’une Aire Urbaine de Thionville - Stadt-

landschaft Diedenhofen . Prenant en considéra-

tion que les mineurs parcouraient généralement

de faibles distances, et que les ouvriers sidérur-

gistes venaient au contraire au travail d’assez loin,

Schwarz projeta, au-dedans de son aire urbaine,

à des distances entre un et quatre kilomètres des

usines, de nouveaux noyaux d’habitation de 2500

habitants chacun, composés à 90% de maisons

individuelles avec jardin et en rapport direct avec

la nature avoisinante.

Le projet était basé sur la création de 4 cités –

Siedlungen – majeures dont une se situe au niveau

de Hayange : il s’agit de la Siedlung Volkringen, au

plan très géométrique.

Schwarz conçoit chaque Siedlung comme

“une étoile dans une galaxie” : indépendante

les unes des autres, elles possèdent des lieux

d’habitation et des lieux collectifs, de la vie pub-

lique. L’organisation de ces Siedlungen entre elles

est comparable à une arborescence et rappelle la

nervation des feuilles.

C’est de ce plan urbain nazi que découle

l’organisation spatiale actuelle de la vallée et le

privilège donné à Hayange, ainsi que la création

de poches urbaines en dehors du tissu urbain his-

torique du fond de vallée.

Rudolf Schwarz et le concept de ville-paysage - Stadtlandschaft - appliqué à l’aire urbaine de Thionville

Page 73: mémoire TPFE

73

Les quatre Siedlungen

du Stadtlandschaft Diedenhofen

La Siedlung Volkringen : on reconnait, en bas du plan, le cordon

industriel de fond de vallée à Hayange.

Page 74: mémoire TPFE

74

Page 75: mémoire TPFE

75

Page 76: mémoire TPFE

76

L’enjeu principal qui concerne la vallée de la

Fensch est bien l’accompagnement d’une transi-

tion, d’un passage vers une nouvelle page d’histoire,

un nouvel horizon social et économique.

On a affaire à un territoire enclavé qui a tendance

à se replier sur lui-même parce que sans réelles

perspectives ni stratégies d’avenir.

Le manque d’horizon concerne à la fois l’avenir

socio-économique de la vallée comme sa con-

figuration spatiale : fond de vallée encombré par

les infrastructures (chemin de fer, routes) et par le

cordon industriel qui coupe la vallée en deux et qui

empêche tout vis-à-vis entre les versants. Cette

situation d’enclavement découle également de

l’enfrichement et du boisement progressif des co-

teaux qui referment plus encore le fond de vallée.

Il s’agit d’un territoire où la situation spatiale fait

écho à la situation sociale : ce constat de repli

s’applique aussi aux gens qui vivent là. Chômage,

pas de perspectives d’avenir après des siècles de

sidérurgie, déprise, …

On étouffe !

Rencontrer les habitants et acteurs de la vallée

m’a permis de comprendre la très forte prégnance

d’une tradition paternaliste, héritée des Wendel,

qui subsiste. Aujourd’hui encore les habitants ne

sont pas capables de reprendre en main leur ter-

ritoire et restent dans une position passive vis-à-vis

des enjeux et de l’avenir de leur vallée – qui pour-

rait se résumer à l’attente de la fermeture du site

Arcelor-Mittal pour aviser de ce qu’il serait possible

de faire ensuite.

Cependant, la présence et la gouvernance de la

vallée par la famille Wendel durant 300 ans a tout

de même laissé des empreintes positives : les

équipements sont nombreux – stades, piscine,

hôpitaux, écoles, etc. -, les cités ouvrières de qual-

ité et le mélange culturel produit par plusieurs gé-

nérations d’immigrés peut être perçu comme une

richesse – peu de territoires peuvent se glorifier

d’une telle tolérance entre différentes communau-

tés qui vivent ensemble.

Ici, la crise, au-delà de l’aspect économique, est

avant tout identitaire : les habitants, d’origines mul-

tiples, se sont justement retrouvés autour d’un en-

commun qu’était la sidérurgie, et le territoire de la

vallée de la Fensch a toujours été associé au Bas-

sin Sidérurgique de Lorraine.

Bernard Lavilliers la chantait en 1976 :

Viens petite bourgeoise demoiselle

Visiter la plage aux de Wendel

Ici pour trouver l’eldorado

Il faut une shooteuse ou un marteau

La vallée d’la Fensch, ma chérie,

C’est l’Colorado en plus petit

Le paysage moteur d’une reconversion

Page 77: mémoire TPFE

77

Les infrastructures liées à la sidérurgie : réseaux ferré et hydraulique qui s’enchevêtrent à proximité du centre-ville

Page 78: mémoire TPFE

78

Aujourd’hui, tandis que la sidérurgie se délocalise

– Arcelor a été racheté il y a 3 ans par l’indien Mit-

tal qui transfert progressivement son savoir-faire

local en Inde, et Corus Rail, qui a fourni à la SNCF

l’intégralité des rails utilisés sur la ligne TGV Est, a

été racheté en 2007 par le groupe indien Tata Steel

et pourrait subir le même sort qu’Arcelor – se pose

la question de l’identité de la vallée.

Le rapport au territoire/sol/terre est très particulier

dans la vallée de la Fensch, comme dans d’autres

territoires industriels. Pas de tradition territoriale,

pas de culture ancestrale commune (culinaire, fes-

tive ou autre), pas d’attachement à une terre. Ce

qui faisait vallée et communauté, c’était le fait que

tout le monde allait au “charbon”.

Aujourd’hui, il s’agit donc de créer un paysage ca-

pable de fédérer autour d’une identité renouvelée,

des bouts d’héritage et de population épars, en

misant sur les atouts de la vallée. Retrouver un « en

commun » et un « quelque part », en somme. Que

cette vallée ne soit pas seulement une ancienne

vallée industrielle mais aussi « … ».

Contrairement au bassin houiller du Nord de la

France, à l’histoire similaire, qui subit une déprise

démographique et économique forte, ici de nom-

breux atouts sont présents pour repartir d’un bon

pied.

La vallée de la Fensch possède en effet des atouts

qu’il s’agit peut-être maintenant de valoriser.

Tout d’abord, une situation frontalière. A 20 km du

Luxembourg, 30 km de l’Allemagne et 40 km de

la Belgique, la vallée fait partie de l’euro-région

Saarlorlux qui tente de mettre en œuvre des coo-

pérations transfrontalières en termes d’emplois, de

transports, de développements économiques et

territoriaux.

Aujourd’hui, la vallée de la Fensch n’entre dans au-

cun projet transfrontalier, alors qu’elle est dans une

situation de grande interdépendance avec le Lux-

embourg en ce qui concerne le volet économique

et de l’emploi. Ce qui pose des problèmes de mo-

bilité, puisqu’il n’existe pas de liaison rapide qui

desserve aujourd’hui le Sud du Luxembourg et la

vallée – par la route ou le rail.

Située le long de l’axe mosellan, la vallée pour-

rait bénéficier du dynamisme régional et des

métropoles européennes proches : Metz, Luxem-

bourg, Saarbrücken, etc.

Ensuite, une qualité paysagère. Déjà soulignée par

l’OREAM à la fin des années 60, l’une des spéci-

ficités du lieu est bien l’imbrication qu’il existe en-

tre site et paysage, avec une forte présence de la

forêt. Etymologiquement, Hayange vient de Heiyin-

gen Villa, Hei signifiant “bois enclos”.

Ce rapport entre habitat et forêt est donc ancestral

et reste très ancré dans l’organisation urbaine de

la vallée, notamment au travers des cités ouvrières

construites sur les coteaux, à la lisière de la forêt.

L’espace transfontalier du Saarlorlux

Page 79: mémoire TPFE

79

La cité Bellevue et les jardins familiaux au Sud de Hayange

Page 80: mémoire TPFE

80

Ce rapport à la nature se traduit également par

l’usage notable des jardins familiaux sur les co-

teaux, mais aussi par les sentiers qui jalonnent les

communes pour rejoindre les espaces de nature.

Dans Hayange, cette qualité paysagère se lit aussi

par les nombreux espaces publics qui ponctuent la

ville : places, décrochés, passages, petits délais-

sés où des bancs ont été installés, etc.

De façon plus générale, le paysage de cuestas

qu’offre la vallée est en lui-même singulier.

Les enjeux de la vallée pourraient ainsi se résumer

en deux points :

- gérer le patrimoine sidérurgique à court, à moy-

en et à long terme. La question est, comme dans

nombre d’autres cas, de savoir s’il s’agit de le con-

server pour le dédier à un autre usage ou de le lais-

ser disparaître pour permettre l’apparition d’autre

chose. Dans ce cas, quel accompagnement ? Et

surtout comment valoriser une organisation so-

ciale et spatiale ouvrière spécifique sans pour au-

tant glorifier ce qui l’a vaincu, et qui a traumatisé

cet univers ouvrier – l’usine ? Le risque est en effet

de transformer les usines en objets patrimoniaux

alors que le véritable patrimoine de cette vallée, ce

sont ses habitants et la façon dont cette commu-

nauté (j’entends par là aussi bien les Wendel que

les employés de la sidérurgie) s’est construite.

- désenclaver. Il s’agit avant tout de redonner une

lisibilité au paysage de la vallée et que cette nou-

Le marché sur la place de la mairie

Page 81: mémoire TPFE

81

velle lecture permette d’installer un autre rapport

au territoire. Ce désenclavement passe à la fois

par le regard – mieux voir l’espace dans lequel on

vit, et par le déplacement – possibilité d’entrer et

sortir de la vallée de façon aisée.

- valoriser le cadre de vie. La qualité paysagère

de la vallée constitue l’un de ses atouts majeurs,

mais elle est de plus en plus altérée par des pro-

jets épars qui “diluent” son harmonie : zones

d’activités systématiques sur d’anciennes friches,

lotissements construits sans prise en compte du

site, etc. Il est peut-être temps de prendre soin

de ce territoire et de miser sur les éléments qui lui

sont liés : des villes à taille humaine, des forêts,

des plateaux, des cités jardinées, un cours d’eau.

Valoriser la qualité de vie qu’offre la vallée, c’est

aussi permettre l’arrivée de nouveaux habitants qui

donnent un souffle neuf et la création de nouvelles

façons de vivre ce territoire.

Page 82: mémoire TPFE

82

Comment tourner une vallée vers autre chose ?

Plusieurs orientations, hypothèses et recherches

ont nourri ma réflexion.

- laisser décroître la haute vallée pour concentrer les énergies sur Hayange

Le postulat de départ est que la vallée est en train

s’enfermer dans une dynamique de déclin : ce

qui la tenait jusqu’à maintenant (industrie tricente-

naire) se désagrège. Il s’agit maintenant de trouver

un autre moyen de faire vivre cette vallée et exister

ce territoire.

Il s’agit aussi de se re-concentrer sur l’essentiel :

une vallée qui se vide, une industrie qui disparaît, et

un potentiel paysager très fort. Le parti est de dire

qu’avec les pôles d’emploi tout proche (Metz, Thi-

onville et Luxembourg), il faut assumer la résiden-

tialisation de cette vallée (avec petits commerces et

équipements), mais surtout d’accepter l’idée d’une

décroissance urbaine. Abandonner ce qui périclite

(les communes-mouroirs de la haute-vallée) pour

mieux se concentrer en termes d’énergies sur ce

qui continue à vivre (la commune d’Hayange).

L’idée est de mettre en valeur ses atouts, en

valorisant la qualité de vie et l’extraordinaire mé-

lange culturel, paysager et historique de ce lieu, et

d’inciter diverses personnes à venir y vivre.

Cela passe par le fait de :

- accompagner la disparition de la haute vallée en

misant sur l’abandon comme gage de qualité spa-

tiale

= Travail sur la gestion des ruines, l’enfrichement

et l’abandon d’une partie de territoire.

- concentrer le projet sur Hayange en valorisant la

qualité de vie

= travail sur la place principale et sur les chemine-

ments qui en partent et qui vont soit jusque sur les

hauteurs de la ville, soit qui passent à travers les

anciennes galeries souterraines encore viables.

Etat actuel de la haute vallée au niveau de Nilvange

Page 83: mémoire TPFE

83

L’objectif est de donner une identité nouvelle à

la vallée, un nouveau “en commun” à travers les

espaces de cheminements, d’attirer de nouvelles

populations résidentielles (quoi de mieux que

de vivre dans un endroit où tout est concentré :

se promener, faire son marché, découvrir, être au

calme, etc.) françaises et luxembourgeoises et de

faire accepter l’idée que le développement futur de

cette vallée passe par une phase de décroissance

urbaine (en concentrant les énergies sur une ville

et en faisant le choix de laisser disparaitre ce qui

n’a plus de raison d’être).

Les recherches ont porté sur le concept de décrois-

sance urbaine, très développé en Allemagne de

l’est et aux usa (shrinking cities ou schtrumpferde

stadte), dans d’anciennes villes industrielles telles

que Détroit ou Leipzig.

- la conquête des hauteurs : rendre ac-cessible les plateaux boisés et y créer des points de vue privilégiés sur la vallée

Le repli, l’enclavement et le fait de rester bloqué sur

un passé sidérurgique idéalisé fonctionne de paire

avec l’enclavement spatial de la vallée. Il n’y a pas

d’horizon, pas de perspectives, que ce soit sur le

plan économique comme sur le plan paysager.

A ce stade, la première nécessité en termes de

paysage, c’est peut-être déjà de pouvoir s’extraire

de cette vallée pour prendre du recul et en ressaisir

la globalité, l’essence. De pouvoir la dominer phy-

siquement, la VOIR.

Il s’agit d’aller vers le haut, la lumière.

Comment accéder aux hauteurs, avoir des points

de vue sur la vallée (travail de déboisement des

plateaux à certains endroits, mais aussi sur les

cheminements à moitié abandonnés qui existent

Dans 25 ans : la haute vallée se désurbanise progressivement.

Page 84: mémoire TPFE

84

dans Hayange) ?

Comment avoir une lisibilité de versant à versant ?

Comment travailler la mobilité pour ne pas rester

étouffé dans le fond de vallée ?

Comment s’échapper, pour quelques instants, de

la pesanteur de ce territoire et offrir un nouveau re-

gard sur la vallée ?

L’accessibilité des plateaux pose la question du

futur développement urbain de la vallée : si je tra-

vaille sur les hauteurs, est ce que je veux en faire

des lieux de constructions privilégiés, ou au con-

traire cantonner l’urbanisme en fond de vallée ?

Ma position serait plutôt de cantonner l’urbanisme

en fond de vallée qui devient vivable parce que

justement il y a possibilité de s’échapper sur les

hauteurs.

Seulement, étant donné la situation économique et

sociale du site, rendre accessibles ces hauteurs ne

suffit pas. Qu’est-ce que je peux y proposer ?

Pour moi, ces hauteurs sont associées à quelque

chose de léger, à la fête. Il faudrait y instaurer des

usages nouveaux : jeu de clairières et promon-

toires? Sentier de randonnée? Grandes pelouses

dégagées?

- mettre en place un paysage qui soit le socle, le support d’une nouvelle page de l’histoire de la vallée.

Redéfinir l’identité de la vallée, c’est peut-être tout

simplement travailler avec ses éléments :

l’en-commun de la vallée de la Fensch, ce n’est

plus la sidérurgie, mais la vallée en elle-même. Un

relief, un cours d’eau, des masses boisées et des

poches urbaines de petites tailles et dispersées

dans ce paysage.

Orfeu Negro, Marcel Camus, 1959.

Dans ce film, qui revisite le mythe d’Orphée pendant le carnaval de Rio, les scènes sont tournées soit en fond de vallée, dans

la ville de Rio où tout abonde - les gens, l’alcool, les paillettes, etc. - , soit sur les hauteurs où vivent les pauvres.

C’est ici que se déroule la véritable histoire, loin de la ville étouffante. Là, on domine Rio, on chante, on danse, on joue de la

musique en regardant le soleil se lever.

Page 85: mémoire TPFE

85

Il s’agit alors de s’extraire du fond de vallée où les

choses se sont accumulées au point de débor-

der - Fensch, forges, voies ferrées, usines, hauts

fourneaux, habitat, routes, ponts, autoroute, etc.,

et tout cela sur une épaisseur allant de 100 à 300

m - et de se tourner vers les hauteurs.

Travailler non plus sur la longueur de la vallée mais

sur son épaisseur, ses liaisons (visuelles et phy-

siques) de versant à versant.

Redévelopper sur les plateaux et les coteaux une

activité agricole disparue (vignes, vergers, cul-

tures), peut-être en s’inspirant du modèle du kib-

boutz israélien : la ferme appartiendrait à un organ-

isme administratif et elle fonctionnerait sur le mode

de l’usine, avec mécaniciens, éleveurs, bergers,

etc.

La production pourrait bénéficier directement à la

collectivité locale (hôpitaux, écoles, et marchés lo-

caux).

Dans le fond de vallée, il s’agit de travailler sur la

mise en place d’un paysage évolutif qui permette

d’aboutir à la disparition progressive du cordon in-

dustriel sur plusieurs décennies.

Ce paysage à long terme n’est pas définitif, il est

justement le socle pour autre chose. C’est une

sorte de mise en réserve.

Scénario envisagé à l’horizon de 2050

1. Remettre en surface la Fensch enterrée.

2. Créer de nouvelles poches urbaines sur les hauteurs (selon le dével-

oppement urbain prôné par Schwarz).

3. Réduire les masses boisées et ouvrir les plateaux à une activité agri-

coledisparue.

4. Travailler les circualtions alternatives, non plus dans le linéaire de la

vallée mais dans son épaisseur (relier les poches urbaines et quartiers à

pied).

5. Mettre en place un “parc de la Fensch” sur l’ancienne emprise sidéru-

rgique avec dépollution des sols et mise en réserve des terrains pour une

autre fonction.

Page 86: mémoire TPFE

8686

Page 87: mémoire TPFE

87878787

Page 88: mémoire TPFE

8888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888

La singularité de Hayange est le contraste offert entre un fond de vallée industriel, marqué par les fu-

mées, le volume des usines, l’odeur très prégnante de brûlé dégagée par les cheminées, et le paysage

environnant de la Moselle, très rural, vallonné, bucolique.

Ce contraste accentue l’impression de dureté du cordon industriel, mais aussi l’enclavement de la ville,

comme s’il s’agissait d’un microcosme, d’un monde parallèle qui possède sa propre organisation. Toute

la ville semble fonctionner autour du noyau des usines.

Qu’est-ce qui rassemble les gens qui vivent là ? Comment supportent-ils au quotidien leur environnement

direct ? Quand l’activité sidérurgique cessera et que les usines disparaitront, que restera-t-il ? Qu’est-ce

qui permettrait de maintenir la spécificité de la vallée – vallée des anges ?

Quel devenir du cordon industriel si l’activité sidérurgique disparaît ?

Page 89: mémoire TPFE

89

La caractéristique première de la vallée de la Fensch est justement son statut de vallée : à la manière de

l’eau, tout gravite vers le fond et se concentre au niveau le plus bas, c’est-à-dire le thalweg.

On retrouve donc une organisation où industrie et cours d’eau se superposent au point le plus bas, et où

la densité décroit au fur et à mesure qu’on s’éloigne de la Fensch pour monter sur les plateaux.

Page 90: mémoire TPFE

90

CONCENTRATION DESSERREMENT

Cette densité ne dépend pas d’un rapport vides/pleins, mais plutôt de volumes et de concentration

d’activités.

Aujourd’hui, c’est bien le cordon industriel qui structure la vallée et qui en a organisé tout le développe-

ment. Lorsqu’on suit le linéaire de la vallée, il constitue une continuité, comme une colonne vertébrale qui

relie le chapelet de villes les unes aux autres.

Industries

Ville

Le linéaire industriel vu depuis le Sud de Hayange : à gauche, le site de Arcelor-Mittal et à droite, celui de Corus Rail.

Page 91: mémoire TPFE

91

Cités ouvrièresJardins

Bois

DISPERSION

Page 92: mémoire TPFE

92

Le linéaire industriel est uniquement rompu par le centre ville de Hayange sur environ 1 km (contre les 17

km de cordon industriel). Ce centre ville se retrouve ainsi cerné d’espaces hermétiques qui constituent des

barrières entre les parties Nord et Sud de la ville.M

osel

le

Fens

ch

Hayange

Nilvange

Sérémange-Erzange

Un paysage de transition qui instaure un nouveau rapport au territoire

Page 93: mémoire TPFE

93

Se pose alors la question du devenir de cette “colonne vertébrale” industrielle si l’activité sidérurgique

disparait. Qu’en reste-t-il ? Quelle armature pour la vallée ? Quelle cohésion spatiale ? Comment faire sub-

sister la dichotomie entre monstres d’acier et paysage rural environnant ?

Comment surtout permettre le passage d’une activité industrielle historique à une autre forme d’occupation

du territoire ? Comment gérer la période de latence, d’un point de vue spatial et humain ?

Deux options sont envisageables.

Tout d’abord, intégrer l’espace industriel devenu disponible au tissu urbain traditionnel et le fondre aux

villes attenantes.

Cette solution précipiterait cependant la disparition du caractère de la vallée.

Hayange

Hayange

Nilvange

Nilvange

Sérémange

Sérémange

Florange

Florange

Page 94: mémoire TPFE

94

La seconde solution serait de maintenir le linéaire dense du thalweg, en y installant un paysage de transi-

tion qui conserve une unité à l’échelle intercommunale et qui constitue un espace spécifique structurant

pour la vallée.

L’idée est de créer un espace qui conserve un statut particulier, tout en permettant une mise en réserve

foncière pour la création de futures activités.

Il s’agit d’un paysage provisoire, à la temporalité indéfinie – peut-être à l’échelle d’une génération, qui ac-

compagne la disparition progressive des installations liées à l’industrie.

Cette disparition nécessite du temps. Un temps qui permette une mise en jachère, un repos du sol

longtemps exploité. Un temps surtout qui constitue un délai, un sursis pour la communauté de la Fensch

qui s’est constituée autour de cette industrie.

Le temps de faire le deuil et d’envisager autre chose. Le temps de se réapproprier ce morceau de territoire

et de décider de son devenir.

Le cordon industriel rendu disponible et accessible permet trois actions :

1. profiter de l’ouverture de l’espace pour redonner un statut public à la Fensch. Cela passe par la décou-

verture maximale du cours d’eau et l’aménagement de ses berges afin de permettre d’approcher de la

rivière.

2. rendre praticable et traversable l’espace.

3. recycler les installations liées à l’industrie pour de nouvelles fonctions temporaires.

Nilvange

Hayange Sérémange Florange

Page 95: mémoire TPFE

95

... avec berges accessibles et pièces d’eau.

NilvangeHayange

Sérémange

Florange

La Fensch de demain mise à ciel ouvert...

Nilvange

Hayange Sérémange Florange

Nilvange HayangeSérémange

Florange

La Fensch à découvert aujourd’hui

1. Redonner un statut public à la Fensch

Page 96: mémoire TPFE

96

GARENilvange

Hayange

Sérémange

GARE

Les routes principales : le cordon industriel

n’est franchissable qu’au niveau du centre

ville de Hayange, rendant compliqués cer-

tains déplacements - notamment l’accès à

la gare.

La seconde solution, plus intéressante, consiste à

maintenir les routes principales telles quelles en renfor-

çant la mobilité par des circulations transversales sec-

ondaires, dédiées aux piétons et aux cyclistes, qui permettent de se déplacer

de quartier à quartier et d’accéder à la Fensch.

Nilvange

Hayange

GARE

Une fois le cordon ouvert, la première solution est de créer des

franchissement réguliers. Cependant, Hayange perd ainsi son

statut de centre.

Nilvange

Hayange Sérémange

Sérémange

2. Rendre Accessible et traversable l’espace.

Page 97: mémoire TPFE

97

Nilvange

Hayange

Sérémange

3. Recycler les installations industrielles

Les sites industriels en coupe longitudinale

L’idée n’est pas de conserver uniquement les constructions de l’ordre de l’emblèmatique...

... mais plutôt de conserver une continuité spatiale grâce aux volumes.

Page 98: mémoire TPFE

98

Comment recycler ?

Promenade végétalisée : le

gazoduc et les voies ferrées

deviennent de grandes jar-

dinières de plantation.

Profiter des réseaux de

transport existants pour les

transformer en voies de cir-

culations piétonnes, avec

le gazoduc comme prom-

enade haute.

Réseaux : voirie, gazoduc et

voies ferrées

Manifestations ponctuelles

comme spectacles, cirque,

évènements annuels, etc.

Réutilisation des matériaux

pour créer des espaces

de jeux : structures pour

enfants, acrobranche, par-

cours, etc.

Espaces de jardinage :

vergers, jardins familiaux,

vignes.

Page 99: mémoire TPFE

99

Les vides industriels : zones de stockage, etc. Les usines

Ferme et étable

Logements collectifs, hôtellerie

Equipements : salle de

spectacle, halle de sport

Activités commerciales et de logistique :

centre commercial, galerie marchande,

artisanat.

Page 100: mémoire TPFE
Page 101: mémoire TPFE

101

Le sujet ici est bien d’anticiper la future reconversion du cordon industriel en permettant un réinvestisse-

ment de l’espace par la communauté.

Il ne s’agit pas de prendre en charge tout l’espace, mais de faire se télescoper un passé industriel avec un

futur encore indéfini. De conserver des traces tout en faisant place à de nouveaux rapports au territoire de

la vallée. Il s’agit d’un travail d’acupuncture à partir de ce qui existe.

Pour cela, il est nécessaire de donner un statut public au cordon industriel et de permettre aux gens de

l’arpenter par un réseau de circulations douces. Ces circulations sont un moyen de réappropriation de

l’emprise industrielle par les habitants. S’y promener librement, cela signifie que le statut de cet espace

change et qu’il devient bien public.

Il est également nécessaire de réhabiliter - en le découvrant - le cours d’eau de la Fensch. Ceci parce

que le ruisseau constitue le fil conducteur de la vallée, mais aussi parce cela signifie qu’on passe à autre

chose, qu’aujourd’hui il s’agit de prendre soin du territoire. La Fensch n’est plus utilitaire, elle est la garante

d’un écosystème spécifique et d’une qualité paysagère pour la vallée.

La réhabilitation de la Fensch constitue l’aménagement pérenne du projet. Elle consiste à découvrir le

cours d’eau le long du cordon industriel et à révéler sa présence dans le centre ville d’Hayange. Une zone

de baignade attenante à la Fensch et accessible à tous est également créée en récupérant les cuves de

stockage d’eau d’Arcelor, sur un principe de piscine naturelle.

Une voie ferrée industrielle longeant la Fensch est recyclée en promenade douce, tandis que des circula-

tions piétonnes transversales permettent de traverser le cordon et facilitent la mobilité entre les quartiers

de Hayange et l’accès à la gare. Ces circulations peuvent préfigurer la future trame viaire lors de la phase

de reconversion du site. Il s’agit donc d’un aménagement temporaire pouvant se pérenniser.

Enfin, les installations industrielles – bâtis, réseaux de voies ferrées et zones de stockages – sont réin-

vesties temporairement avant leur destruction et proposent des fonctionnalités multiples : jardins, centre

équestre, résidences d’artistes (théâtres, cirques, studios de cinéma) et toute autre activité nécessitant de

l’espace.

Page 102: mémoire TPFE

102

Bibliographie

Ouvrages

CLUZET Alain, Ville libérale, ville durable?, Luxembourg, Ed. L’Aube, Coll. “Monde en cours”, 2007, 190 p.

BESSE Jean-Marc, Voir la Terre, Arles, Ed. Actes Sud, Coll. Paysage, 2000, 165 p.

BOURGASSER Alphonse, Hayange ou les métamorphoses d’une ville, Hayange, Editeur Hayange 1993,

182 p.

CERTU, Aménager des rivières en ville, Lyon, Ed. Certu, 2002, 161 p.

CLAUDE Henri, La lorraine vue par les peintres, Metz, Ed. Serge Domini, 2003, 167 p.

Collectif, Atelier Territoire et Industrie n°3 : France(Givors)-Allemagne (Forbach, Saarbrücken), Ecole

Nationale Supérieure d’Architecture de Saint-Etienne, Saint-Etienne, Publications de l’Université de Saint-

Etienne, 2008.

DA COSTA GONCALES Michel, GALAND Geoffrey, Se distraire en ville, Paris, coll. Autrement Junior, Ed.

Autrement, 2004, 61 p.

LOHRER Axel, Aménagement et eau, Bâle, coll. Basics, Ed. Birkhauser, 2008, 79 p.

MANTZIARAS Panos, La ville-paysage, Rudolf Schwarz et la dissolution des villes, Paris, Ed. Métis

Presses, Coll. “Vues d’ensemble”, 2008, 296 p.

OREAM Lorraine, Schéma d’aménagement de la métropole lorraine, Pont-à-Mousson, Ed. OREAM, 1970,

211 p.

ROBINSON Alexander, MARGOLIS Liat, Systèmes vivants et paysage, Bâle, Ed. Birkhauser, 2008, 191 p.

STEENBERGEN Clemens, Composing landscape, Bâle, Ed; Birkhauser, 2008, 429 p.

ZIMMERMANN Astrid, Constructing landscape, Bâle, Ed. Birkhauser, 2009, 533 p.

Page 103: mémoire TPFE

103

Articles, colloques, fiches

BRAUN Pascal, “Une promenade verte requalifie une ancienne vallée industrielle”, Le Moniteur, n°5502,

08 mai 2009, p. 40-42.

FAGNONI Edith, “Amnéville, de la cité industrielle à la cité touristique : quel devenir pour les territoires

urbains en déprise ?”, Mondes en développement, n° 1, vol 32, 2004, p. 51-66.

LELEVRIER Christine, “La mixité sociale et les politiques urbaines”, Dossier pourquoi les villes sont-elles

en crise ?, Passages, n°109-110, Mai-Juin 2001, p. 29-32.

TORNATORE Jean-Louis, “L’invention de la Lorraine industrielle”, Ethnologie française, Tome XXXVII,

février 2005, p. 679-689.

TORNATORE Jean-Louis, “Trou de mémoire, une perspective post-industrielle de la Lorraine sidéru-

rgique”, in DAUMAS Jean-Claude, La mémoire de l’industrie : de l’usine au patrimoine, Cahiers de la MSH

Ledoux, Besançon, Presses Universitaires de Franche-Comté, 2006, p. 49-80.

Documents divers

Les paysages et la trame verte dans les bassins miniers nord lorrains, Metz, Direction Régionale de

l’Environnement de Lorraine, dans les bassins miniers nord lorrains, 2003.

Etude préalable à l’élaboration du Plan de Paysage, Marc Verdier, Nancy, 2005.

Plan de Paysage du Val de Fensch, Agence Claire Alliod, Nancy, 2005-2006.

Dossier de presse du Parc du haut-fourneau U4 à Uckange, saison 2008, Communauté d’Agglomération

du Val de Fensch, Hayange, 2008.

Consultations Internet

http://www.belval.lu/fr/News/SMOT. SMOT - un nouveau schéma stratégique de mobilité transfrontalière

Page 104: mémoire TPFE

104

qui facilite la mobilité des frontaliers entre la Lorraine et le Luxembourg, auteurs multiples, licence de

documentation libre, consultable sur le site http://www.belval.lu, 14 janvier 2009, consulté le 28 janvier

2009.

http://transit-city.blogspot.com/search/label/Canyon%20city, Vers de nouvelles formes de ville-jardin, au-

teurs multiples, licence de documentation libre, consultable sur le site http://transit-city.blogspot.com, 14

novembre 2008, consulté le 3 février 2009.

http://transit-city.blogspot.com/search/label/jardin, The farm, the futur of suburbs?, auteurs multiples,

licence de documentation libre, consultable sur le site http://transit-city.blogspot.com, 14 mars 2009,

consulté le 20 mars 2009.

http://www.adrets.net/lieuxtouristiques2.htm, Amnéville : la bifurcation de l’industrie vers le thermalisme,

les loisirs et le tourisme, Edith Fagnoni, licence de documentation libre, consultable sur le site http://www.

adrets.net, consulté le 20 mars 2009.

Filmographie

Camus Marcel, Orfeu Negro, Production : Dispat Films (Paris) Gemma Cinematografica (Rome) Turpan

Filmes (São Paulo), distribution Lux Films, 1959, 105 min.

Merci pour leurs informations et/ou la mise à disposition de leur documentation à :

CAVF

Musée des Mines de Fer de Neuchef

Agence Claire Alliod

Mairie d’Hayange

Association Le Savoir Fer

Espace Archives Arcelor, Florange

AGAPE

EPFL

Page 105: mémoire TPFE
Page 106: mémoire TPFE

10610100010000066666666