Maurice Chevalier

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Maurice Chevalier Pour les articles homonymes, voir Chevalier. Maurice Chevalier Maurice Chevalier en 1959. Maurice Chevalier, né Maurice Auguste Chevalier [3] le 12 septembre 1888 à Paris 20 e et mort le 1 er janvier 1972 à Paris 15 e , est un chanteur, acteur, écrivain et parolier français. D'abord chanteur de « caf'conc' » dans le quartier de Ménilmontant, qu'il contribue à populariser [4] , Maurice Chevalier devient, dans les années folles, un des artistes les plus populaires du music hall français [n 2] , [5] , [6] , avant d'entamer une fructueuse carrière d'acteur à Hollywood dans les années 1930. Deux fois nommé à l'Oscar du meilleur acteur, il tourne notamment sous la direction d'Ernst Lubitsch et entame une liaison amoureuse avec Marlène Dietrich. De retour en France, il continue à tra- vailler pendant la guerre ; il est brièvement inquiété en 1945, sans pour autant perdre son succès. Alternant tours de chant et cinéma, en France (Le silence est d'or en 1947, Ma pomme en 1950) et à Hollywood (Ariane en 1957, Gigi en 1958), il fait ses adieux à la scène en 1968. Souvent affublé d'un canotier, d'une canne et d'un nœud papillon, Maurice Chevalier représenta au long de sa car- rière une certaine image de la France et du Français à l'étranger, et notamment aux États-Unis : celle du Parisien typique, gouailleur, souriant, désinvolte et charmeur [7] , [8] . Star internationale de son vivant, il est aujourd'hui en- core l'un des chanteurs français les plus connus dans le monde [9] . Plusieurs de ses chansons furent de grands suc- cès populaires, telles Prosper (Yop la boum), Dans la vie faut pas s’en faire, La Chanson du maçon, Ma pomme, Ça sent si bon la France, Ça fait d'excellents Français, sa version de Y'a d'la joie, Thank Heaven for Little Girls ou encore son dernier enregistrement, la chanson du film Les Aristochats. 1 Biographie 1.1 1888 - 1901 : Enfance et débuts scé- niques Maurice Chevalier naît le 12 septembre 1888, au 29 rue du RetraitParis, de l'union de Victor Chevalier (1854- 19 ?), peintre en bâtiment, et de Joséphine Van Den Bossche (1852-1929) [n 3] , [10] , [11] . Il est le dernier d'une fratrie de trois enfants. Il a deux frères : Charles (1877- Maurice Chevalier, photographie de jeunesse dédicacée. 1938) et Paul (1884-1969) [11] . Peu de temps après sa naissance, ses parents emménagent dans « un minuscule logement de deux pièces au 15 de la rue Julien-Lacroix, toujours à Ménilmontant » [12] . Il entre à l'école des Frères, au patronage, rue Boyer, pour y être instruit [13] . Alors que Maurice est encore très jeune, son père, hon- nête ouvrier mais alcoolique, quitte le domicile familial après une ultime scène, abandonnant sa femme et ses trois enfants. L'aîné de la famille, Charles, décide d'assumer le rôle de chef de famille mais se fait vite tyrannique. Il va jusqu'à frapper Maurice, chose que ce dernier ne lui par- donnera jamais [14] . « À partir de ce moment, le peu de senti- ment qu'il m'inspirait, car il n'avait jamais rien fait, rien dit, pour gagner mon affection, se dis- sipa pour laisser place à je ne sais quel espoir de revanche, un jour, plus tard. » — Dans la vie faut pas s’en faire (2012), page 21 Très vite, Charles, amoureux, quitte le domicile familial et se marie, abandonnant sa famille à son tour. La famille 1

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Maurice Chevalier

Pour les articles homonymes, voir Chevalier.Maurice Chevalier

Maurice Chevalier en 1959.Maurice Chevalier, né Maurice Auguste Chevalier[3]

le 12 septembre 1888 à Paris 20e et mort le 1er janvier1972 à Paris 15e, est un chanteur, acteur, écrivain etparolier français.D'abord chanteur de « caf'conc' » dans le quartier deMénilmontant, qu'il contribue à populariser[4], MauriceChevalier devient, dans les années folles, un des artistesles plus populaires du music hall français[n 2],[5],[6], avantd'entamer une fructueuse carrière d'acteur à Hollywooddans les années 1930. Deux fois nommé à l'Oscar dumeilleur acteur, il tourne notamment sous la directiond'Ernst Lubitsch et entame une liaison amoureuse avecMarlène Dietrich. De retour en France, il continue à tra-vailler pendant la guerre ; il est brièvement inquiété en1945, sans pour autant perdre son succès. Alternant toursde chant et cinéma, en France (Le silence est d'or en 1947,Ma pomme en 1950) et à Hollywood (Ariane en 1957,Gigi en 1958), il fait ses adieux à la scène en 1968.Souvent affublé d'un canotier, d'une canne et d'un nœudpapillon, Maurice Chevalier représenta au long de sa car-rière une certaine image de la France et du Français àl'étranger, et notamment aux États-Unis : celle du Parisientypique, gouailleur, souriant, désinvolte et charmeur[7],[8].Star internationale de son vivant, il est aujourd'hui en-core l'un des chanteurs français les plus connus dans lemonde[9]. Plusieurs de ses chansons furent de grands suc-cès populaires, telles Prosper (Yop la boum), Dans la viefaut pas s’en faire, La Chanson du maçon, Ma pomme,Ça sent si bon la France, Ça fait d'excellents Français, saversion de Y'a d'la joie, Thank Heaven for Little Girls ouencore son dernier enregistrement, la chanson du film LesAristochats.

1 Biographie

1.1 1888 - 1901 : Enfance et débuts scé-niques

Maurice Chevalier naît le 12 septembre 1888, au 29 ruedu Retrait, à Paris, de l'union de Victor Chevalier (1854-19 ?), peintre en bâtiment, et de Joséphine Van DenBossche (1852-1929)[n 3],[10],[11]. Il est le dernier d'unefratrie de trois enfants. Il a deux frères : Charles (1877-

Maurice Chevalier, photographie de jeunesse dédicacée.

1938) et Paul (1884-1969)[11]. Peu de temps après sanaissance, ses parents emménagent dans « un minusculelogement de deux pièces au 15 de la rue Julien-Lacroix,toujours à Ménilmontant »[12]. Il entre à l'école desFrères, au patronage, rue Boyer, pour y être instruit[13].Alors que Maurice est encore très jeune, son père, hon-nête ouvrier mais alcoolique, quitte le domicile familialaprès une ultime scène, abandonnant sa femme et ses troisenfants. L'aîné de la famille, Charles, décide d'assumer lerôle de chef de famille mais se fait vite tyrannique. Il vajusqu'à frapper Maurice, chose que ce dernier ne lui par-donnera jamais[14].

« À partir de ce moment, le peu de senti-ment qu'il m'inspirait, car il n'avait jamais rienfait, rien dit, pour gagner mon affection, se dis-sipa pour laisser place à je ne sais quel espoirde revanche, un jour, plus tard. »

— Dans la vie faut pas s’en faire (2012), page 21Très vite, Charles, amoureux, quitte le domicile familialet se marie, abandonnant sa famille à son tour. La famille

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n'entendra plus parler de lui. Seuls restent Maurice, Paul,qui est apprenti graveur sur métaux, et leur mère (sur-nommée la Louque) dont les finances souffrent de cesdeux départs soudains[15]. Cette dernière doit travaillerd'arrache-pied pour faire vivre sa famille, et, en plus dela passementerie, elle commence à faire le ménage chezdes voisines. Mais le surmenage l'affaiblit et l'oblige àêtre hospitalisée à l'Hôtel-Dieu de Paris pour plusieurs se-maines. Alors que Paul est assez âgé pour se garder seul,Maurice, qui n'a que huit ans, est placé à l'hospice desEnfants Assistés rue Denfert-Rochereau. Finalement, samère sort de l'hôpital et il est ramené chez lui[16].Quelques semaines après que la famille s’est retrouvée,Paul annonce que son patron avancera de trois mois sanomination d'ouvrier à plein salaire. Il touchera désor-mais sept francs par jour soit quarante-deux par semaine,ce qui permet à la famille une petite aisance. Le nouveausalaire de Paul couplé à celui de la Louque permet auxChevalier de déménager du troisième étage de leur bâti-ment vers le premier, dans un appartement avec une fe-nêtre sur la rue. Maurice entre à l'école communale de larue Julien-Lacroix, dans laquelle il restera deux ans, jus-qu'au certificat d'études[17]. C'est le début de leurs sortiesen famille. Tous les trois vont, tous les samedis et souventle dimanche, « soit au palais du Travail, soit au Cirqued'hiver, soit au concert du Commerce ou au Cirque Mé-drano »[18]. Là, il est fasciné par les chanteurs et les en-fants acrobates. Désireux de faire de même et d'ainsi pou-voir ramener beaucoup d'argent au foyer, il se met en têtede devenir acrobate. Après l'école et âgé de neuf ans, lui etdes enfants du quartier s’essayent à l'acrobatie sur des tasde sable de la rue Sorbier[19]. Et, à force d'en parler avecenthousiasme à table, Maurice convainc son frère Paul dele rejoindre dans son entreprise, et tous deux décident demonter un duo d'acrobates : les Chevalier Brothers. Sanssavoir que « brothers » veut dire « frères », Paul truque devieilles affiches pour y afficher le nom de leur duo[20]. Leduo d'acrobates va s’entraîner régulièrement au gymnaseArras, rue de Ménilmontant, mais la réalité les rattrapevite. Les deux frères manquent de force et de souplesse.Et ayant obtenu son certificat d'études, Maurice doit ap-prendre un métier. Paul le fait engager chez son patronpour y apprendre la gravure sur métaux mais Maurice estvite renvoyé, ce dernier n'ayant que l'acrobatie en tête.Son frère décide d'abandonner l'idée du duo d'acrobatesau vu des blessures et de la fatigue causées par cette acti-vité. Avant d'abandonner l'idée à son tour, Maurice tentede savoir s’il peut vraiment être acrobate et se fait prendreà l'essai, sans salaire, dans un trio acrobatique. Mais unexercice tourne mal et il finit le visage tuméfié, en sang.Sa mère lui demande de changer de projet, sous peine definir infirme[21].D'abord découragé, il pense ensuite à devenir chanteur.Il ne dit rien à la Louque concernant son nouveau pro-jet, attendant d'être sûr de lui, et nourrit le rêve d'êtrechanteur comique, inspiré par le comique paysan Car-los. Mais il doit maintenant trouver un patron qui accepte

de lui apprendre un métier. Les emplois vont et viennentcar Maurice est constamment renvoyé. Menuisier : il estrenvoyé pour cause de trop longs séjours aux toilettesoù il chantait devant un public imaginaire. Électricien :renvoyé car il préférait faire du lèche-vitrines devant lesboutiques vendant des chansons lorsqu'il était envoyé encourses. Peintre sur poupées : renvoyé pour avoir peintles visages de Mayol, Polin, Dranem sur celles-ci. Puisimprimeur, commis marchand de couleurs, et finalementfabricant de punaises[22]. Payé au millier de punaises fa-briquées, il gagne jusqu'à dix francs par semaine. Maisde moins en moins attentif à cause de son projet, il se faitmoins productif et ramène de moins en moins d'argentau foyer. Son manque d'attention finit par lui coûter cher,car il s’écrase le doigt avec sa machine, ce qui l'oblige àarrêter le travail jusqu'à sa guérison[23].Depuis plusieurs semaines, il a repéré le Café des TroisLions, au public essentiellement ouvrier, boulevard deMénilmontant. Lui et sa famille y sont allés un dimanche.Trois amateurs l'ont intéressé : Georgel, genre Mayol,Léon D., genre Polin et Brigham, genre Dranem. Mauricese rend chez un libraire, y achète deux partitions du genrecomique paysan intituléesV'là les croquants et Youp YoupLarifla qui font partie du répertoire de Carlos, et achèteun ensemble de vêtements et accessoires que ce dernierporte sur scène[24]. Prenant son courage à deux mains,Maurice se rend au Café des Trois Lions et en demandele propriétaire pour lui proposer de le laisser chanter sesdeux chansons sur scène le prochain samedi. D'abord in-terloqué, il consent à laisser Maurice chanter, mais ajoutequ'en fait de salaire, il n'aura droit qu'à un café au lait. Ex-tatique, Maurice prévient sa mère et son frère et ces der-niers lui assurent, en riant, qu'ils seront là pour assister àses débuts[24].Le soir venu, Maurice se rend en coulisses, enfile son cos-tume, se maquille et se barbouille le nez et les joues derouge. Il donne ses deux chansons au pianiste du café quilui demande dans quel ton il chantera. Maurice ne sachantpas de quoi il veut parler, lui dit : “dans le ton que vousvoudrez !". Le pianiste commence à jouer V'là les cro-quants et Maurice de chanter, déguisé en paysan. Il fixeun point du plafond et chante de plus en plus fort. Onlui crie des choses depuis la coulisse, et la salle toute en-tière commence à se tordre de rire. Maurice chante alorsplus fort encore et termine la chanson dans une ovationgénérale. Il sort de scène et voit Georgel, Léon D. et Bri-gham rire aux larmes. Croyant avoir eu un succès colossal,il veut retourner sur scène mais on le retient. On lui ex-plique ensuite que si la salle a autant ri, c'est parce qu'il achanté trois tons plus haut que le pianiste, et qu'il forçaitbeaucoup trop sur sa voix. On lui conseille de répéter avecle pianiste à l'avenir. Déçu car pensant avoir triomphé, ilrentre chez lui accompagné de son frère et sa mère quien rient encore. Mais ils le réconfortent en l'assurant qu'ilsera bien meilleur quand il aura répété à l'avance. Noussommes en 1901 et Maurice a 12 ans[25].

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1.2 1901 - 1904 : Début de la carrière de chanteur 3

1.2 1901 - 1904 : Début de la carrière dechanteur

Le lendemain, Maurice est la coqueluche de la rue Julien-Lacroix. La nouvelle de sa chanson de la veille s’est ré-pandue comme une traînée de poudre et il est sur toutesles lèvres. Le soir, il retourne au Café des Trois Lionset est pris sous l'aile de Georgel et Léon D., qui lui ex-pliquent qu'il est nécessaire que le chanteur et le pianosoient sur le même ton, que le rire qu'il a provoqué laveille n'était pas un “bon rire” (étant un rire à ses dé-pens) et que ça ne faisait pas “artiste”. Ces trois mots lemarquent. Il veut continuer à chanter mais la cicatrisationcomplète de son doigt approche, et il a promis à sa mèrede retourner travailler sitôt remis de sa blessure. Habi-tué du Concert du Commerce au Faubourg-du-Temple, ilcommence à fréquenter le chanteur Boucot, qui s’y pro-duit très souvent. “Je ne peux pas dire qu'une vraie amitiése noua entre le petit homme qu'il était, et l'enfant que jereprésentais encore, mais il me permit de le voir, d'allerle chercher chez lui...”[26]. Un jour, il descend avec lui“dans Paris”, où Boucot va se tenir au courant des dernierssuccès qu'il intègrera à son numéro. Ce jour-là ils vontvoir Henri Christiné, auteur-compositeur, Louis Maurel,chanteur, Gramet, auteur et éditeur de monologues co-miques et plus encore. Ils croisent également Mayol sor-tant du bureau de Christiné, avec qui Boucot échangequelques mots et auquel il présente Maurice. Maurice estadmiratif. Boucot ramène Maurice à Ménilmontant, quel'après-midi a rendu rêveur après avoir vu le monde dela musique de si près. Mais maintenant que son doigtest guéri, il doit reprendre le travail à la fabrique de pu-naises. Cela ne l'empêche pas d'aller aux toilettes de la fa-brique plus que de raison pour y chanter[27]. En parallèle,il continue de chanter tous les samedis et dimanches auCafé des Trois Lions. Même s’il fait moins rire qu'à sesdébuts, il sent qu'il progresse, et chante désormais dansle même ton que le piano. Mais des réparations et em-bellissements nécessaires au café obligent les chanteurs àarrêter de s’y produire. La troupe, constituée de Maurice,Georgel, Brigham et Léon D. découvre un petit café ruePopincourt, qu'ils surnomment “Les Folies Popincourt”et décident d'y chanter. Mais la salle, qui ne les connaîtpas et qui est occupée par des ouvriers enivrés est peuréceptive à la troupe. Les quatre artistes quittent le caféet Maurice apprend l'ouverture prochaine d'une salle desfêtes nommée "Élysée-Ménilmontant” dans un bureau detabac rue de Ménilmontant et va s’y présenter. La salle estdécrite comme présentant un spectacle mi-amateur, mi-professionnel. Il y est engagé sur sa réputation aux TroisLions, toujours sans salaire[28].Le soir de la première, Maurice passe avant Gilbert,l'imitateur de Mayol qui vient du Casino des Tourelleset également "étoile” de l'affiche. La Louque et son frèrePaul sont dans la salle. Les artistes s’enchaînent, Yvonnede Verlac, Léger le bossu... et c'est au tour de Maurice,de son nom de scène “Le petit Chevalier”. Ce soir-là, il

ressent pour la première fois un contact avec le public.Il termine sa chanson et est applaudi. Il est rappelé surscène mais n'a plus de chansons. On lui dit d'aller remer-cier le public et d'aller annoncer “Gilbert, le Mayol desTourelles.” Après son numéro, dans la loge, celui-ci de-mande à Maurice depuis combien de temps il chante etcombien il gagne en chantant ici. Après que Maurice luia dit qu'il ne gagne rien, Gilbert lui propose de se présen-ter dimanche au Casino des Tourelles, au 259 de l'avenueGambetta, à huit heures du soir pour une audition. S'ilplaît, il sera pris pour une ou deux semaines, et payé. S'ilne plaît pas, ses frais de d'omnibus lui seront remboursés.Maurice, abasourdi, accepte[29].Le lendemain soir, il est devant les portes du Casino encompagnie de son frère avec une heure d'avance. Fina-lement les portes s’ouvrent et il est décidé qu'il passe-ra en troisième sur scène, devant public, pour son au-dition. Son tour venu, il monte sur scène, mais ne res-sent pas de connexion avec le public. Il quitte la scèneen pensant avoir échoué mais Gilbert et le directeur de lasalle lui disent qu'il a plu, qu'il lui faudra certes beaucouptravailler mais que la salle l'a trouvé courageux et amu-sant. On lui propose de venir chanter le jeudi, samedi, di-manche et lundi soirs dès jeudi prochain. Le directeur luipropose un engagement de deux semaines, payée douzefrancs chacune. S'il a du succès, il sera gardé plus long-temps encore. Paul fait signe à son frère d'accepter, quel'offre est honnête. Alors Maurice accepte, fou de bon-heur. Il doit donc arrêter l'atelier pour se consacrer à larecherche de chansons et au travail de son numéro dé-sormais. Sa mère acquiesce à condition qu'il retourne àl'atelier dans le cas où il se retrouverait sans engagements,ce à quoi consent Maurice. Pour l'occasion, il s’achète unpardessus à col de velours et un Girondin, qu'il troque-ra bien vite contre une casquette après un incident qui lelaisse la tête coincée dans son chapeau[30].Ainsi, Maurice Chevalier commence sa carrière“d'artiste” et descend très souvent dans Paris d'abordavec Boucot, puis seul, dans l'optique de garnir son ré-pertoire. À l'occasion, il pose pour des cartes postales[31].Il devient un habitué des éditeurs de musique chezqui il va constamment chercher de nouvelles chansons.Néanmoins, au bout de trois semaines, le directeur duCasino des Tourelles lui signifie qu'il doit renouvelersa troupe, et remercie Maurice, auquel il dit qu'il serasûrement rappelé. Maurice décide de demander à Boucotsi celui-ci ne peut pas le faire entrer au Concert duCommerce. C'est ce qu'il fait et il lui obtient un numérode deux chansons qu'il fera entre deux tours de Boucot.Mais le directeur lui dit qu'il ne pourra pas être payé lamême somme qu'aux Tourelles, et lui propose la sommede cinq francs par semaine, contre douze au Casino etdeux fois moins qu'une bonne semaine à la fabriquede punaises. Maurice, le cœur gros, tente de négociermais le directeur reste inflexible. Il accepte malgré lui.Maurice rentre découragé chez lui et avoue tout à samère, qui reste compréhensive, et qui lui laisse un sursis

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de quatre semaines afin de voir si les choses s’améliorent.Sans quoi il devra retourner à l'atelier[32].Le lendemain matin, Maurice descend dans Paris etun café-concert, La Villa Japonaise, attire son attentionboulevard de Strasbourg. Il entre et en demande la pa-tronne, à laquelle il demande s’il peut auditionner en pu-blic. Amusée, elle accepte et lui demande de venir le soirmême à huit heures. Il auditionne et est engagé à raisonde trois francs par jour pour deux chansons matin et soir,tous les jours, soit vingt-et-un francs par semaine. Mau-rice est enchanté et signe[33].Malgré un public peu réceptif, Maurice y reste quelquetemps et, par envie de changement, se fait engager au Ca-sino de Montmartre, boulevard de Clichy, aux mêmes ap-pointements qu'à La Villa Japonaise. Son public, réputédur et cruel avec les auditions, accorde à Maurice le béné-fice du doute ainsi qu'"un peu de succès”[34]. Il trouve letemps de chanter trois soirs à la Fourmi, boulevard Bar-bès, et gagne trente-cinq francs pour sa peine. Ses revenuscommencent à augmenter et un agent lyrique du nom deDalos lui obtient un engagement de sept jours renouve-lable au Concert de l'Univers, avenue Wagram, où il ga-gnera trente-cinq francs pour la semaine. Il y reste douzesemaines grâce au plébiscite dont son numéro comiquefait l'objet[35].Après la fin de son engagement au Concert de l'Univers,Maurice enchaîne les salles et les engagements. Café desGaleries Saint-Martin, Café Persan boulevard Sébasto-pol, Café de la Presse rue Montmartre et plus encore. Unjour, Dalos obtient pour Maurice ses premiers contratsprovinciaux. Ainsi, Maurice va chanter au Havre (où ilvoit la mer pour la première fois), à Amiens, et doit chan-ter à Tours où lui arrive une mésaventure. Après y avoirchanté quatre soirs sur un engagement qui en comprenddouze, il fait la connaissance d'un commis-voyageur à sasortie de scène, qui lui propose de déjeuner ensemble lelendemain midi dans un bon restaurant de la ville. Mau-rice opine et tous deux se retrouvent le lendemain. Ilscommencent par boire trois apéritifs dans un café. Unpeu chancelant après cette mise en bouche, Maurice suitson hôte qui quitte le café pour se diriger vers le restau-rant. Ils déjeunent copieusement, et arrosent le tout devin. Puis ils quittent le restaurant pour se rendre dans unebrasserie, où le commis commande deux verres de rhumpour lui et Maurice. Puis deux autres, et ainsi de suite. Ilspassent l'après-midi à boire de l'alcool et ils ne sont arrê-tés que par l'horloge dont l'heure indique qu'il est tempspour Maurice d'aller se préparer pour son tour de chant àl'Alcazar de Tours. Tous deux ivres morts, ils quittent labrasserie tant bien que mal et Maurice quitte son cama-rade de beuverie, se dirigeant vers l'Alcazar en se tenantaux murs pour tenter de garder son équilibre. Il se traînejusqu'à sa loge, se change, puis s’effondre. Il se réveilledans son lit, dans la chambre qu'il a louée à la pensionlocale. On lui racontera qu'on l'a ramassé, évanoui, dansune abondante vomissure et qu'il a dû être porté jusqu'àsa chambre, où une chanteuse a pris soin de lui. Le len-

demain matin, il se rend à l'Alcazar pour présenter sesexcuses au directeur de la salle, mais ce dernier, furieux,renvoie Maurice car ce dernier n'aura pas pu honorer sonengagement. Maurice tente de s’excuser mais le direc-teur est catégorique. Il récupère sa paye des quatre pre-miers jours et quitte les lieux. N'ayant pas assez d'argentpour payer sa pension, prendre le train et ramener un peud'argent à sa mère, on lui suggère de quitter la pensionsans payer. C'est ce qu'il fait malgré lui, se jurant de rem-bourser l'établissement quand les choses iront mieux pourlui. Il monte dans son train avec la peur d'être recherchépar la police pour son méfait, et y sanglote longtemps dehonte et de chagrin[36].Comme pour s’expier de ses fautes, il se met à travaillerd'arrache-pied à son retour à Paris. La direction de Toursa écrit à Dalos pour se plaindre de Maurice et ce der-nier n'ose plus retourner le voir pour du travail. Il se faitengager au Casino de Montmartre pour cinq francs parjour, puis retourne au Concert de l'Univers aux mêmesappointements que la dernière fois. La vie redevenantplus clémente pour Maurice et sa famille, ils emménagentdans “un petit logement de deux pièces, sur la cour, au15 du Faubourg-du-Temple"[37] Mais son frère, Paul, arencontré une jeune fille qu'il veut épouser. Maurice etsa mère tentent de le retenir mais il dit devoir vivre savie désormais. Il les assure néanmoins qu'il leur verse-ra une partie de son salaire à la fin de chaque semainepour les aider un peu. Maurice et sa mère ne sont plusque tous les deux désormais, et il prend ses responsabi-lités très au sérieux. “Mon adoration pour elle était to-tale et le fait de savoir qu'elle dépendait de moi seule-ment et de mon travail me donnait le sens exact de magrave responsabilité.”[38]. N'aimant pas l'emplacement deleur logement actuel, Maurice trouve un deux-pièces au“118 Faubourg-Saint-Martin [...] au sixième, sur la cour,presque au coin du boulevard Magenta.”[38]

Après la fin de son second contrat au Concert de l'Univers,il se fait engager au Petit Casino, boulevard Montmartrepour y chanter matin et soir tous les jours. Le public yest réputé impitoyable, ce qui donne à cette salle une ré-putation de tremplin vers la gloire, car gagner la faveurdes spectateurs n'est pas chose aisée. Le soir de ses dé-buts sur la scène du Petit Casino, sa première chanson estaccueillie par un "étonnement sans sympathie” et la sallene répond pas aux efforts de Maurice. Les applaudisse-ment se font rares et anémiques à la fin de la chanson. Ildit ensuite son monologue comique Volonté d'fer qui jus-qu'à présent avait toujours fait un tabac sur scène, surtoutau Concert de l'Univers[39]. Un monologue que Mauriceprésente en ces mots dans ses mémoires :

« "Volonté d'ferJ'connais qu'çaQuand on est hommeFaut montrer qu'on en a !..."J'appuyais la fin du couplet parlé en met-

tant mes deux mains dans mes poches et en re-

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montant ainsi le pantalon et son contenu. Gestetrès vulgaire, qui, néanmoins, avait le pouvoirde verser l'hilarité [...]. Plus je faisais des gestesobscènes, plus je disais de gauloiseries, plusma petite taille et mon visage enfantin leur fai-saient trouver très drôles ces monstruosités. »

— Dans la vie faut pas s’en faire (2012), page 92Mais ce soir-là, au Petit Casino, ce monologue d'habitudesi apprécié crée le malaise. “Pas un sourire ne vint de lasalle et je crus même entendre comme un murmure suivrema sortie en place d'applaudissements.” Enfin, il entamesa troisième chanson V'là Monsieur Trottin, dans laquelleMaurice joue le rôle d'un livreur qui doit porter à unefemme “un carton contenant une chemise, un pantalon defemme et un corset.”[40] Maurice décrit le déroulement dela chanson comme suit :

« Au premier refrain - ouvrant le carton -j'enfilais la chemise par-dessus mon costumede comique. Au deuxième couplet, je plaçais lecorset autour de moi. Puis, au troisième, l'éclatformidable de rire devait être obtenu en enfilantle pantalon qui par ses larges ouvertures devantet derrière laissait passer la chemise. »

— Dans la vie faut pas s’en faire (2012), pages 92 - 93Au troisième couplet, une voix s’élève du public etclame “Assez ! c'est dégoûtant ! Qu'on envoie ce gamin àl'école.” Un brouhaha général prend la salle, dans lequelMaurice perçoit des “Honteux, absolument honteux, c'esttout !" et autres invectives acerbes. Personne ne prend sadéfense. Resté sur scène, stupéfié, il finit par sortir sansdire un mot. Il descend dans sa loge et y pleure pen-dant plus d'une heure. Craignant que ce genre d'incidentn'arrive à chaque représentation, il perd peu à peu de saconfiance en soi. Maurice retourne au Petit Casino pourson engagement du soir et est tant effrayé de faire desgestes obscènes qu'il ne tente plus rien. Même si la salle nele fait plus sortir de scène, la réception reste glaciale. Il yreste pour la semaine mais y est très malheureux. “J'avaisperdu la foi, la confiance.”[41]

1.3 1904 - 1913 : Passage à vide et renom-mée

Au début de la saison d'été, les engagements se font deplus en plus rares, et lui et sa mère n'ont pas d'économies.Maurice passe son temps à chercher à se faire enga-ger dans des salles mais rien ne se concrétise. Il passeplusieurs semaines sans travailler. En manque d'argentmalgré l'aide financière de Paul, ils se nourrissent depommes de terre et de tisanes de queue de cerises, et lesseuls engagements que Maurice peut obtenir ne durentqu'un jour. En parlant de ses chaussures, il décrit ce quel'impossibilité de les faire réparer le force à faire : “Je me

souviens que je mettais du papier de journal plié sur plu-sieurs épaisseurs pour éviter de marcher sur le fil.”[42]. Ilaccepte de chanter dans un café pour trois francs, plusl'argent des quêtes. Après chaque tour de chant, chaqueartiste fait la manche auprès des clients. Il avouera plustard dans ses mémoires qu'il n'avait jamais “ressenti unetelle honte.”[43]. Trop timide et honteux pour attendre devoir si un client va porter la main à sa poche, il retournetrès souvent dans la salle du fond avec une bien maigreobole. Découragé, il songe à arrêter sa carrière de chan-teur pour devenir apprenti, mais devenir apprenti signifiequ'il ne gagnerait qu'un franc par jour tout au plus, ce quiserait incompatible avec leur situation financière. Maisaprès des semaines de pauvreté, une lettre à en-tête dumusic-hall Parisiana arrive à son nom. Fébrile, il l'ouvreet découvre qu'il est prié de venir se présenter à la di-rection de l'établissement le lendemain. Lui et sa mèrelaissent éclater leur joie et il s’y rend le lendemain.Sur place, il découvre que Paul Ruez, qui dirigeait LaFourmi boulevard Barbès, où Maurice avait chanté troissoirs quelque temps auparavant, venait d'acheter la salle.En choisissant sa troupe pour sa revue d'automne, il a re-vu le nom de Maurice dans ses anciens programmes et l'afait demander. Maurice sort de son bureau avec un enga-gement pour la durée de la revue “Satyre Bouchonne”. Ily chantera en numéro quatre du programme, dans la par-tie de concert qui commence le spectacle puis remplirades petits rôles et y fera de la figuration. Il demande dixfrancs par jour, il s’en voit accorder neuf. Maurice rentrechez lui et annonce la nouvelle à sa mère, qui décide qu'ilfaudra à l'avenir faire des économies sur le salaire rame-né à la maison. Les revues de ce genre durant souvent sixmois, ils se sont assurés un revenu confortable et durable.Nous sommes en août 1904[44].La revue, qui a des artistes tels que Vilbert ou Fragson àl'affiche, est répétée pendant un mois. Puis vient le soirde la première, où nombre de célébrités de l'époque sontprésentes pour assister à la revue. Liane de Pougy, JeanLorrain, Mistinguett, Catulle Mendès... La revue se passesans encombre. Un soir, il est présenté à Mistinguett, quideviendra sa compagne quelques années plus tard. Cesoir-là elle l'assure qu'il percera dans la chanson, et déjà,Maurice est sous le charme[45]. Six mois après, la revueet son contrat prennent fin, et lui et sa mère ont cinq centsfrancs de côté[46].Se faisant désormais appeler “Chevalier M., de Parisia-na”, pour ne pas être confondu avec des chanteurs ayantle même nom de famille, il reprend ses visites chez lesagents lyriques à la recherche d'engagements. Peu debonnes opportunités lui sont offertes, et il accepte sansgrande conviction de chanter trois jours à l'Eden-Concertd'Asnières pour trente-cinq francs. Cependant le publicest extrêmement réceptif à son humour et à ses chan-sons. Les éclats de rires et les blagues improvisées fusent.“J'étais devenu jeune homme et les grivoiseries que, pru-demment, je lançais, ne choquaient plus personne.”[47]

On rappelle Maurice, la salle frappe du pied. Ce jour-là

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Maurice redécouvre le bonheur de réussir. De retour danssa loge, il est vite rejoint par le directeur de la salle et safemme qui lui proposent de rester une semaine de plus.Au total il y reste dix semaines supplémentaires et estaffectueusement surnommé “Le petit Jésus d'Asnières".Ce succès sans précédent dans sa carrière lui redonne ducœur à l'ouvrage et le rend plus confiant quant à ses capa-cités. On lui propose après cet engagement de chanter à laScala de Bruxelles pour vingt francs par jour. Il accepteet sa mère, fière de lui, fait savoir à son voisinage que sonfils va partir chanter en Belgique pour un très bon salairejournalier[48].Il chante à Bruxelles pendant un mois et y est égalementtrès bien reçu. Il va ensuite chanter à Lille pour quinzefrancs par jour où il obtient aussi beaucoup de succès,tant et si bien qu'il y reste deux mois de plus. De re-tour à Paris, il a désormais deux mille francs d'économieset “une réputation de jeune révélation qui se confirmesur le boulevard de Strasbourg.”[49] On commence à par-ler de lui, de sa réussite soudaine et l'administrateur del'Alcazar de Marseille, de passage à Paris, demande à levoir. Maurice ressort de son bureau avec des contrats pourune tournée provinciale de trois mois qui le fera passerpar Marseille, Nice, Toulon, Lyon, Alger, Bordeaux, etc.Suivant les villes, il touchera de vingt à trente francs parjour. Il voyage, découvre le Midi, est bissé partout où ilpasse, même à Marseille où les artistes ayant précédé sonpassage ont été humiliés par un public moqueur. Pendantses deux semaines d'engagement à Marseille, il trouveses premiers vrais amis dans le métier en la personne del'administrateur de l'Alcazar, Franck (Paul-François Es-posito), et de celle d'un artiste à l'affiche, Bertho le Gam-billeur. On demande à Maurice de revenir pour la saisonsuivante à raison de trente-cinq francs par jour. Il accepte.Partout où il passe en tournée, on le réengage pour la sai-son suivante avec une augmentation de dix francs à la clé.Inspiré par le comique anglais Little Tich qu'il a vu surscène à Paris, il commence à agrémenter ses passages surscène de quelques pas excentriques et de claquettes, cequi est apprécié par le public[50].De retour à Paris, on lui propose de chanter au CasinoMontparnasse, au Casino Saint-Martin qui sont des lieuxqui hiérarchiquement se trouvent juste en-dessous de laScala et de l'Eldorado, les plus prestigieuses salles de mu-sique populaire de l'époque. Il commence à être imité, etl'on commence à parler de “Genre Chevalier” et d'"ÉcoleChevalier”. De plus en plus intéressé par le monde dumusic-hall britannique, il va voir Norman French, dan-seur anglais qui est à l'affiche à la Scala. Maurice est im-pressionné par son élégance et sa tenue vestimentaire.C'est une révélation. Il décide de moderniser ses chansonsen y ajoutant tout un ensemble de fantaisies corporelles,mêlant danse et sport, avantagé par ses débuts acroba-tiques, et comédie. Nous sommes en 1906[51].Son succès ne se dément pas et il est constammentà l'affiche de nombreux établissements, à Paris où enprovince. Il gagne désormais une moyenne de cent francs

par jour en province et de vingt-cinq à quarante à Paris.À l'affiche à Toulouse, il rencontre et se lie d'amitié avecRaimu. De passage à Bordeaux aux Bouffes Bordelais en1907, il est en tête d'affiche avec Mayol, alors à l'apogéede sa gloire[52].Un soir qu'il se trouve dans un café rue du Faubourg-Saint-Martin qui était “le rendez-vous de toute ladeuxième et troisième classe du monde de la chanson”[53],il est pris à partie par un artiste éméché, jaloux de son suc-cès. Il couvre Maurice d'insulte et demande à se battre.Maurice refuse et quitte le café. Il se maudit d'avoir été,selon lui, lâche devant l'artiste bagarreur et décide deprendre des cours de boxe anglaise, qui venait de faire sonapparition à Paris. Après un mois de leçon et de progrès,Maurice, déterminé, décide de retourner au café et d'yprovoquer l'artiste en combat. Mais ce dernier s’excusepour son comportement et accuse l'alcool de l'avoir ren-du odieux. Son honneur lavé, il continuera néanmoins àprendre des leçons de boxe. Ainsi, de passage à Lille dansune salle de boxe, il rencontre le jeune Georges Carpen-tier alors âgé de quatorze ans, c'est le début d'une longueamitié entre les deux hommes[54].Maurice pratique tous les matins les claquettes et les pasde danse américano-anglais pour enrichir ses prestationset Henri Christiné lui écrit une chanson en 1908, Le beaugosse. Il s’agit de la première chanson qui est écrite pourMaurice. Sa mère et lui déménagent dans un logementplus grand à la même adresse, avec vue sur la rue. Pourremplacer Dranem, alors en tournée provinciale, il estengagé en tête d'affiche pour deux mois à l'Eldorado, àraison de mille francs par mois. Les répétitions com-mencent, avec les autres artistes à l'affiche, Bach, Georgelet Montel, et ce dernier se montre très hostile envers Mau-rice, jaloux de voir son nom au-dessus du sien. Mort detrac avant le soir de la première, Maurice mange dans unrestaurant et y boit une bouteille de sauternes à lui seul.Il se rend à l'Eldorado et se prépare, hilare et inconsé-quent d'alcoolémie. Mais Montel décide de ne pas retour-ner sur scène pour y chanter sa troisième chanson, afin decréer un climat délétère dans lequel Maurice ne pourraitchanter aisément. C'est au tour de Carmen Vildez, dont lachanson est entièrement couverte par les vociférations dupublic qui ordonne que Montel revienne. Il refuse. Mau-rice, saoul, est alors envoyé sur scène et commence à dan-ser, peu à peu le silence se fait dans la salle et Montel estoublié. Maurice triomphe[55].C'est à cette époque, en 1908, qu'il rencontre Fréhel, quicommence à se faire connaître. Leur relation dure un an.Celle-ci commence bien mais Fréhel révèle très vite sanature auto-destructrice et entraîne Maurice dans ses ha-bitudes nocives, le fait entrer dans sa vie nocturne et dé-bauchée. Il ne se sent pas à sa place, et Fréhel le fait tom-ber dans la drogue. Ils commencent à consommer de lacocaïne et à respirer de l'éther ensemble. Alors qu'il ar-rête l'éther rapidement car l'odeur qu'il laissait sur lui fai-sait souffrir sa réputation, il n'arrive pas à se passer de lacocaïne[56]. Il continue à en prendre modérément, selon

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1.3 1904 - 1913 : Passage à vide et renommée 7

La valse à la mode (1908), un des premiers rôles de MauriceChevalier au cinéma.

ses dires, après la fin de leur relation, jusqu'à la PremièreGuerre mondiale :

« Il fallut la guerre de 14-18 où je fus bles-sé et fait prisonnier de guerre pour me trouverdans l'impossibilité de me procurer mon poisondevenu habituel et par en être délivré au pointque, plus tard, quand un lieutenant major fran-çais ami me fit avoir le filon de devenir infir-mier du camp, que j'eus un lit à l'infirmerieet qu'il m'eût été facile alors d'obtenir de lacocaïne pour certains médicaments, je me sen-tis trop heureux de pouvoir m'en passer et n'enai par la suite jamais repris une pincée. »

— Les pensées de Momo (1970), page 50Durant ces deux mois à l'Eldorado, Montel se fait extrê-mement jaloux et n'adresse pas la parole à Maurice, quise joue de cette jalousie en y allant de ses remarques surla ferveur du public de ce soir, faisant en sorte d'agacerMontel, constamment de mauvaise humeur. Un soir, onannonce la présence du metteur en scène des grandesrevues d'hiver des Folies Bergère, P. L. Fiers. Toute latroupe se démène sur scène pour se faire remarquer, et lelendemain, Maurice reçoit une lettre à en-tête des FoliesBergère. Il est engagé pour trois saisons d'hiver consécu-tives aux Folies Bergère pour 1800, 2000, et 2500 francspar mois. Les Folies Bergère sont considérées comme lasalle la plus luxueuse de Paris, où la haute société se re-trouve, néanmoins moins pour admirer les nouveaux ta-lents que pour discuter[57].Avant la grande saison d'hiver, Maurice est engagé pourun numéro lors de l'ouverture de celle-ci, et avant sonpassage, il assiste aux numéros précédant le sien. Alorsqu'il trouve les numéros sur scène excellents, le publicne réagit pas car trop affairé à parler, bouger. Maurice,d'abord confiant pour ses débuts dans une telle salle, sefait anxieux quant à la réception de son passage immi-nent. Il monte sur scène et entame une parodie de la pièced'Henry Bataille “L'enfant de l'amour”. Alors que cette

chanson et ses pas excentriques provoquent toujours desrires, ici, ils laissent le public de marbre. La deuxièmeet troisième chanson confirment l'échec de Maurice, quidécrit le public comme étant “trop distingué pour mani-fester son agacement de façon bruyante, mais le faisantsentir douloureusement par une réserve méprisante.”[58].Il quitte la scène désemparé. Le lendemain soir, son nu-méro est raccourci d'une chanson. Le surlendemain, unecritique dans le Figaro, enthousiaste sur le reste du pro-gramme, se fait assassine :

« D'où sortait cette espèce d'escogriffe lâ-ché sur la scène de notre premier music-hall ?Qui avait engagé ce laborieux et pénible co-mique pour paraître ainsi au centre de nu-méros de premier ordre ? Et d'une vulgaritéen plus de tout cela !... Cette chanson sur lechef-d'œuvre de Henry Bataille : L'enfant del'amour... Quelle ordure ! »

— Dans la vie faut pas s’en faire (2012), page 148Maurice est atterré, déçu de n'avoir su toucher “le grandpublic”. Il va voir le metteur en scène des Folies Bergèreet lui demande de le renvoyer, ne se sentant pas assez bonpour cette salle. Le metteur en scène le rassure en lui di-sant que s’il écoute ses conseils, il sera le plus gros succèsde la revue d'hiver à venir. Les répétitions commencent,de grands noms de la musique sont de la partie : Clau-dius, Maurel, Morton, Gaby Deslys, avec laquelle Mau-rice s’entend très bien. Mais cette dernière tombe maladeet il faut lui trouver une remplaçante, qui sera trouvée enla personne de Jane Marnac, avec laquelle Maurice de-vra danser sur scène. Le jour de la première se passe àmerveille, et Maurice apprend à modérer ses effets co-miques, à saisir “la classe” qu'il voit en les autres artistesde la revue[59].Tous les matins, il prend des cours de step dance auprèsd'un danseur anglais, Jackson, pour cinq francs de l'heureet progresse sans cesse, ajoutant une nouvelle corde àson arc. Lui et sa mère vivant confortablement, ils em-ménagent dans un appartement au deuxième étage du 18boulevard de Strasbourg. Le reste de la revue se poursuitsans à-coups et Maurice s’entend bien avec ses collèguesféminines. Jane Marnac, devant quitter la revue, est rem-placée par Polaire. Elle et Maurice se lient d'amitié[60].Maurice est engagé pour trois saisons d'été auxAmbassadeurs, ce qui lui permet de ne jamais rester sanstravail. Il ne va plus qu'en province que deux fois par an,et c'est lors d'un de ses passages à Lyon qu'il rencontre lafuture écrivaine Colette, alors mime en tournée. Ils sym-pathisent, et Maurice découvrira plus tard que Colette l'adépeint à sa façon dans son roman La vagabonde, sous lestraits de Cavaillon[61].Mistinguett est engagée comme meneuse de revue auxFolies Bergère, et Maurice en devient le partenaire dedanse dans la scène comique de la revue, une scène

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nommée “La valse renversante”. Celle-ci commence parun dialogue comique, puis enchaîne sur des gifles deMistinguett à Maurice, et se finit par une danse enlacéeoù tous deux font tomber les chaises, table, buffet, pourtomber sur le tapis où dans lequel ils s’enroulent totale-ment. Puis ils se déroulent et quittent la scène par unefenêtre. Au fil des répétitions, tous deux se trouvent en ac-cord professionnellement, se comprennent et s’entendentà merveille et un jour, ils finissent par s’embrasser, en-roulés dans le tapis. Nous sommes en 1909[62].Quelque temps plus tard, son engagement auxAmbassadeurs, raccourci d'un été, est fini et il estsur le point de finir son engagement aux Folies Bergère.Maurice est engagé pour une revue d'André Barde etMichel Carré à la Cigale. La première de la revue est unsuccès colossal et tout va pour le mieux pour Maurice,mais les deux ans de service militaire obligatoire, pourlesquels il avait toujours obtenu des sursis, s’approchentinexorablement. Néanmoins Maurice est réengagé pourdeux revues à la Cigale, pour 4000 francs par mois.Finalement, Maurice apprend avec peu d'enthousiasmequ'il devra rejoindre le corps militaire auquel il a étéaffecté le premier décembre 1913[63].Avant les répétitions de sa dernière revue de l'année 1913et avant son service militaire, Maurice et Mistinguett dé-cident de passer une semaine de vacances à Londres. Tousles deux, ils assistent à beaucoup de spectacles, très inté-ressés par le monde londonien du divertissement. Mau-rice, voyant la tenue d'un artiste anglais, tout en com-plet et chapeau, décide d'abandonner le maquillage gros-sier et de continuer sur la voie de l'élégance sur scène. Àson retour d'Angleterre, il souffle l'idée à sa partenaire dedanse de la revue, Régine Flory. Il veut qu'ils soient tousdeux élégamment habillés de blanc lors de leur scène. Lejour de la première, il surprend les spectateurs de par lecontraste d'un tel numéro avec son comique grotesque ha-bituel, et prend confiance en soi, décidant d'intégrer unnuméro élégant à ses passages scéniques[64].Un soir, dans le groupe de gens qui attend la sortie desartistes, un homme salue timidement Maurice. Stupéfait,il reconnaît son père qu'il n'a pas vu depuis que celui-cia quitté sa famille il y a près de vingt ans. Il emmène sonpère boulevard de Clichy pour y parler. Son père com-mence la conversation, arguant qu'il voulait voir Mau-rice avant son départ pour le service militaire. Maurice,croyant que son père en veut à son argent, lui fait part deses doutes quant à la raison de sa venue. Son père, Victor,répond qu'il n'est pas venu pour lui demander quoi que cesoit mais pour s’excuser, espérant que Maurice ne lui enveut pas pour avoir abandonné sa famille. Maurice, qui re-pense à tout ce que sa famille a enduré après son départ,se braque. Il fait savoir à son père qu'il ne lui en veut plus,mais qu'il est trop tard pour retenter le dialogue et qu'il aété oublié. Il lui signifie également de ne plus venir le voir,mais de lui écrire si besoin est. Victor, ému, acquiesce. Iltend la main à un fils rancunier, qui reste de marbre. Sonpère finit par partir et Maurice regarde sa silhouette s’éloi-

gner dans la nuit de Paris. C'est la dernière fois qu'il voitson père, qui ne lui demandera jamais d'argent et qui nele contactera jamais plus[n 4],[65]. Aujourd'hui encore, sadate de décès reste inconnue[66].

« Plus tard, je fis tout pour obtenir sonadresse en le faisant rechercher dans tout Pa-ris. On ne le retrouva pas. Il eut tant de no-blesse dans son expiation qu'un des plus grandsregrets de ma vie est de n'avoir pu, en ca-chette, assurer sa vieillesse. C'en est même unremords. »

— Dans la vie faut pas s’en faire (2012), page 211

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Alors que les offres de travail affluent de partout, Mau-rice est obligé de toutes les décliner, devant rejoindre le35e régiment d'infanterie à Belfort. Il est mis en uniformeet prend possession de son lit. Dans un café de la ville, lecafé Danjean, où se trouve un tremplin où se produisentdes jeunes chanteuses, il rencontre un soldat pianiste quiaccompagne ces femmes sur scène. La chanson terminée,le pianiste s’approche de la table où Maurice est assis, etl'appelant par son nom, l'invite à boire avec lui. Il s’agitdu compositeur Maurice Yvain, qui dit à Maurice qu'ill'a souvent applaudi à Paris. Tous deux se lient d'amitié.Les deux Maurice décident de louer une chambre en villeet un piano, pour y faire de la musique tous les soirs[67].Quand on demande à Maurice de chanter pour un concertde bienfaisance, Maurice Yvain l'accompagne toujours.Le couple chanteur-pianiste sera invité à dîner par deriches industriels, parfois même payés pour chanter pources industriels. Un jour, ils sont invités pour chanter unsamedi soir à Nancy pour les employés des chaussuresAndré pour cinq cents francs pour Maurice et trois centspour Yvain. Ils continuent leurs prestations, Maurice pro-fite de ses permissions pour revoir Mistinguett et il est fi-nalement muté au 31e régiment d'infanterie de Melun. Ilest ainsi rapproché de Paris et y arrive en avril 1914[68].Les bruits annonçant une guerre imminente circulentmais Maurice n'y croit pas et y prête peu attention. Maistrès vite, c'est la mobilisation générale. Maurice est mo-bilisé mais n'est pas de l'enthousiasme ambiant. Il quittesa mère et Mistinguett à la gare, dans un train pour l'Estde la France. Sur place, on ordonne aux soldats de for-mer des couples avec un camarade, chacun devra proté-ger l'autre coûte que coûte. Maurice a pour partenaire unParisien, surnommé “la Taupe”, en mémoire duquel Mau-rice écrira la chanson Le p'tit père la Taupe en 1945. Le21 août, après cinquante kilomètres de marche, la sec-tion de Maurice arrive à Cons-la-Grandville, où l'on luisignifie que le village de Cutry à proximité est occupédepuis l'après-midi par les Allemands et qu'il faudra leleur reprendre[69]. Maurice et quelques hommes formant

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un groupe d'éclaireurs marchent vers Cutry, et Mauricecraint de plus en plus d'avoir à se battre. Ils découvrentavec soulagement que les Allemands se sont repliés. Mau-rice et la Taupe se couchent et le lendemain matin, le vil-lage de Cutry s’éveille lentement, espérant que l'ennemisoit réellement parti. Maurice et d'autres hommes sont en-voyés en patrouille et tombent sur le cadavre d'un soldatallemand. Sur le chemin du retour, une rafale allemandetouche plusieurs hommes du groupe de Maurice et lui etle reste de la compagnie s’abritent derrière un muret. Leshostilités s’engagent et plusieurs hommes de la compa-gnie sont abattus par les forces ennemies. Très vite, il nereste plus que Maurice, la Taupe et une poignée de soldatsfrançais face au déferlement germanique. Ordre est donnéde se replier, Maurice rampe pour récupérer son paque-tage, l'enfile, mais est touché par quelque chose au dos. Ils’effondre. Deux infirmiers accourent et l'aident à se dé-placer, se dirigeant vers Cons-la-Grandville, sous les tirsdes troupes allemandes. La Taupe est vraisemblablementmort. Maurice est amené au château du village, transfor-mé en Croix-Rouge, où sa blessure est examinée et pan-sée. Maurice s’endort alors que le château se trouve sousle feu des balles et des obus allemands. Après quelquesheures, le château est investi par les troupes allemandes.Maurice et les autres blessés alités sont faits prisonniersde guerre[70].En attendant la guérison des prisonniers, le château resteoccupé par les Allemands. Maurice apprend par les doc-teurs français qu'il a été touché au sommet postérieur dupoumon droit par un éclat d'obus, et qu'avec du repos,l'éclat pourrait s’enkyster sans avoir à tenter d'opérationdangereuse. Les jours passent et Maurice peut de nouveause tenir debout. Les blessés convalescents sont rassembléspuis conduits jusqu'à une gare. Des wagons à bestiauxles emmèneront en captivité en Allemagne. Après deuxjours de trajet, les prisonniers arrivent à Altengrabow,un camp situé près de Berlin, contenant des milliers deprisonniers venant des quatre coins de l'Europe. Une viemarginale se crée dans le camp, gérée en grande partiepar les prisonniers eux-mêmes. Ils assurent la bonne dis-tribution de la nourriture, ont leurs propres infirmiers etformes de divertissement. Une scène est improvisée surune petite estrade pour déjouer l'ennui du camp, sur la-quelle se produit Maurice mais également d'autres déte-nus artistes. Maurice arrive très vite à reprendre contactavec sa mère et Mistinguett par voie postale, qui lui en-verront des colis chaque semaine. Maurice, ayant été vusur scène en France par des infirmiers français du camp,est formé par ceux-ci et devient “pharmacien” du camp,ce qui lui octroie une petite pièce près des malades aveclit, draps, chauffage et nourriture facile d'accès[71].Maurice s’occupe ainsi des cas bénins dans les baraquesdu camp et des malades à l'infirmerie. Ce travail l'occupetoutes les matinées. Et pour occuper ses après-midis, ildécide d'apprendre l'anglais auprès d'un sergent britan-nique, Ronald Kennedy. Sans la prétention d'imaginerpouvoir se lancer dans une carrière internationale grâce

à la maîtrise de cette langue, il suit ces cours pour trom-per l'ennui inhérent au camp et pour, selon ses dires du-rant une interview à Radio-Nice bien des années plus tard,"épater les copains du boulevard de Strasbourg” mais éga-lement afin de bavarder avec les artistes anglais venant seproduire à Paris et ajoute, espiègle, pour pouvoir “flirteravec les petites girls anglaises”[72],[73].Le temps passe. Durant l'été 1915, une épidémie de fièvretyphoïde ébranle le camp et l'infirmerie est débordée. Du-rant cette période, Maurice est au chevet de nombreuxmalades et en accompagne beaucoup lors de leurs der-niers instants.

« Mon principal effort était de tout fairepour qu'ils ne se voient pas partir. Je faisaisun peu le confesseur. Je parlais avec eux, assissur leur lit, de leur mère, de leur femme ! "Çane va plus durer longtemps, tu sais maintenant.Quand tu seras guéri, je pense que tu rentrerasau pays. Elle va être heureuse ta petite femmede te revoir, hein ? Et toi, crois-tu que tu ne laserreras pas fort dans tes bras ? Et ta vieille ? Etceci, et cela...” [...] J'en ai vu plusieurs, grâce àcette tromperie dramatique de dernière heure,s’en aller en pleine vision d'espoir et ce sera leplus beau rôle que j'aurai joué de ma carrière. »

— Dans la vie faut pas s’en faire (2012), page 235À l'été 1916 apparaît un espoir de quitter le camp. Lespays belligérants, par l'intermédiaire de la Croix-Rougede Genève, font à échéance fixe des échanges de doc-teurs et d'infirmiers, et les prisonniers du camp qui pour-raient prouver leur titre d'infirmier aux autorités alle-mandes pourraient se trouver sur la liste de départ. Mau-rice s’y inscrit, et, en octobre 1916, il apprend que luiet d'autres infirmiers devront subir un interrogatoire dumédecin général allemand. Chaque personne est interro-gée et acceptée ou non en fonction de ses connaissancesmédicales. Quand vient le tour de Maurice, le médecinne pose pas de question et l'inscrit d'office sur la listedes admis. L'on mentionnera plus tard l'intervention deMistinguett, qui aurait usé de ses relations diplomatiquesavec le roi d'Espagne d'alors, Alphonse XIII, pour fairesortir Maurice[74],[75].Le lendemain matin, Maurice quitte le campd'Altengrabow avec son ami Joë Bridge. Ils passent parMersebourg puis y prennent le train et traversent Zurich,arrivent à Lyon puis à Paris. Il retrouve Mistinguett à lagare et rentrent voir la Louque. Les retrouvailles sontheureuses. Après deux années de détention, Mauriceest affaibli mais fait le choix de remonter sur scènedirectement. Il décide de commencer par chanter auCasino Montparnasse rue de la Gaîté. Le contact ne sefait pas ce soir-là, Maurice n'ayant eu pour public quedes soldats durant deux ans et ne se sentant pas assez enforme physiquement. Il ressent le même malaise dans lesvilles de province où il va chanter. Mais Léon Volterra,

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devenu directeur de l'Olympia, engage Maurice pourdeux semaines sur les conseils de Mistinguett. La santéde Maurice s’améliore peu à peu et il se sent capable decontinuer à chanter[76].Officiellement réformé pour blessure et après avoir reçu lacroix de guerre, il reprend complètement le travail, avecou sans Mistinguett, avec laquelle il se trouve de moinsen moins en accord. Une rivalité entre eux commence àse créer devant le public, ce dernier montrant de plus enplus d'intérêt pour Maurice au détriment de Mistinguett,constituant les prémices d'une rupture à venir. Le tempspasse et l'armistice est annoncé. Un soir, Elsie Janis, uneartiste américaine de passage à Paris voit Maurice surscène et demande à faire sa connaissance. Quand elle dé-couvre avec surprise qu'il parle anglais avec facilité, ellelui propose d'aller chanter dans une revue à Londres dontelle fait partie. Intéressé mais craignant de ne pouvoirsupporter la comparaison avec les artistes anglais, ElsieJanis le rassure en lui disant qu'il a quelque chose qu'ilsn'ont pas à son degré : du charme. Maurice, pensant avoirune dette envers Mistinguett et le Casino de Paris où il estactuellement à l'affiche, fait tout de même savoir à ElsieJanis qu'il viendra s’il arrive à se libérer[77].C'est en ces temps d'armistice que Lucien Boyer etCharles Borel-Clerc écrivent et composent la chanson LaMadelon de la victoire, que ces derniers veulent que Mau-rice crée sur la scène du Casino de Paris. Maurice est em-barrassé par ce que représente la chanson, lui qui n'a ja-mais réellement combattu, qui a vu sa foi en l'humanitéébranlée durant ce conflit, et qui a passé vingt-six moisen captivité. Il supprime la chanson de son répertoire aubout de huit interprétations[78]. Toutefois, il l'enregistreraà deux reprises dans les années 1960[n 5].Alors que les choses s’enveniment avec Mistinguett, unmatin, il envoie un télégramme à Elsie Janis pour lui direqu'il accepte la proposition. Il reçoit la réponse le jour-même : la revue commence dans quatre semaines et ilsera payé cent livres par semaine. Il annonce la nouvelle àMistinguett qui l'accueille très mal. Leur relation continuemais bat de l'aile. Nous sommes en 1919[79].Quelques jours plus tard, Maurice arrive à la gare Victoriaoù il est accueilli par un artiste, Tom Hearn. Maurice sé-journera à l'Hôtel Savoy. Maurice, dépaysé, occupe sonaprès-midi à visiter Londres. Le soir, lui et Tom Hearnvont assister à la revue Hullo America dans laquelle Mau-rice remplacera l'un des artistes. Durant toute la revue,Maurice est ébloui par le divertissement britannique, àdes lieues de celui de Paris, ce qui fait le fait douter quantà ses capacités. Après la revue, Elsie Janis lui assure qu'ilsera à la hauteur de ce qu'il a vu ce soir-là. Lors des ré-pétitions, Elsie corrige Maurice sur l'intonation des mots,et lui apprend les pas de danse nécessaires au spectacle.Ils travaillent sans relâche pendant quinze jours. Le jourde la première, Maurice est angoissé et pense ne pas avoirété à la hauteur. Il est rassuré par Elsie Janis qui lui dit quele public l'a trouvé charmant. Les semaines et les repré-

sentations passent et Maurice se fait petit à petit accepterpar le public londonien[80]. C'est d'ailleurs durant ses troismois d'engagement qu'il enregistrera sa toute premièrechanson à Hayes le 21 mars 1919 : On the Level You're aLittle Devil (But I'll Soon Make an Angel of You)[81], l'unedes chansons qu'il interprète durant la revue. Ce premierdisque sera un événement déclencheur car Maurice com-mencera à enregistrer des chansons en France en 1920.C'est le début d'une longue carrière discographique quis’étendra jusqu'en 1970[82].Même si les représentations se passent bien, Maurice nese sent pas à sa place et se fait rustre, de son propre aveu.Cependant, le soir de la fin de son engagement, le publicet ses camarades de scène lui font de telles démonstrationsd'amitié qu'il est très touché. Il quitte Elsie avec qui uneamitié s’est formée et l'Angleterre le cœur lourd[83].

1.5 1919 - 1928 : Opérettes, dépression etValentine

Revenu en France, il chante deux mois au Palace rue deMogador avant que la salle ne ferme. Puis il part chanterdix jours à Bordeaux où il veut tenter l'idée d'un tour dechant élégant, vêtu d'une jaquette marron, d'un pantalon àpetits carreaux beiges, de guêtres et gants clairs, d'un cha-peau huit-reflets d'une canne. C'est un franc-succès. Il aun nouveau succès à son répertoire : la chansonOh ! Mau-rice écrite par Albert Willemetz et composée par MauriceYvain[84].Après cette expérience, il retourne chanter au Casino deParis, où il fait de plus en plus d'ombre à Mistinguett. Leurrivalité s’accentue et leur relation vit ses derniers instants.

« Nous ne restions ensemble que par habi-tude ou peut-être parce qu'une sorte de veulerienous empêchait de reprendre notre liberté. »

— Dans la vie faut pas s’en faire (2012), page 268C'est à cette époque qu'il rencontre une jeune danseusebordelaise dans la troupe du Casino de Paris, Jane Myro.Tous deux entament une relation libérée et commencentrapidement à se retrouver régulièrement en cachette[85].Maurice enchaîne les revues à succès, et c'est lors du spec-tacle d'été nommé Dans un fauteuil qu'il décide de chan-ter pour la première fois en smoking et canotier. Devantle succès, cette tenue devient sa marque de fabrique. Àl'affiche de la nouvelle formule de programme de varié-tés à l'Olympia en 1921, il gagne, après un accord avecla direction, mille cinq cent francs par jour, du jamais vuà l'époque[86]. C'est grâce à ce succès colossal que Mau-rice est sollicité pour tenir l'un des rôles principaux del'opérette Dédé, d'Henri Christiné et Albert Willemetzet jouée au Théâtre des Bouffes-Parisiens. Maurice ac-cepte, bien que chanter, danser, et jouer la comédie surscène pendant trois heures soit quelque chose de nou-veau pour lui. La première est pour commencer froide-

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1.5 1919 - 1928 : Opérettes, dépression et Valentine 11

ment accueillie par le public, mais les rires se font sentiraprès l'apparition de Maurice, et sa chanson Dans la viefaut pas s’en faire obtient un grand succès. La rumeurde ce succès se répand dans tout Paris. L'opérette estune réussite critique et populaire, tant et si bien qu'ellese jouera à guichets fermés pendant deux ans. Concer-nant Maurice, la presse crie à la révélation[87]. Le lende-main de la première, le directeur des Bouffes-Parisiensfait passer le contrat de Maurice de six cents francs àmille par jour, et mille cinq cent pour la deuxième an-née. De nombreux invités de marque de passage à Parisviennent assister à l'opérette. Irving Berlin, Georges Ger-shwin, Douglas Fairbanks, Mary Pickford. Le soir de leurvenue, Douglas Fairbanks et Mary Pickford -que Mau-rice a déjà rencontrés lors de leur premier voyage enEurope- vont voir Maurice pour lui proposer de jouerDédé à New York dès son engagement terminé[n 6]. Mau-rice accepte, le contrat est signé, et après la fermeture es-tivale des Bouffes-Parisiens, part pour New York à titrede voyage d'études avec Mistinguett et Earl Leslie, par-tenaire “de scène et d'intimité" de cette dernière[88]. Ar-rivés sur place, ils entrent au St. Regis Hotel et Mauriceannonce à ses compagnons de voyage qu'il n'a aucune en-vie de les suivre dans leurs sorties nocturnes, préférantvoir le monde du music-hall américain. Ainsi, d'abordseul, puis avec son futur directeur américain C. B. Dillin-gham, il assiste à de nombreuses revues et opérettes. Mau-rice est impressionné par le rythme endiablé de la scèneaméricaine. Parmi ces trois semaines de spectacles, il voitJoséphine Baker sur scène, dans la revue qui la rendra cé-lèbre : Shuffle Along. Maurice trouve également le tempsde prendre des leçons de danse auprès du danseur Har-land Dixon[89]. Lors du retour, avant d'arriver au Havre,Mistinguett et Earl Leslie décident de passer par Londresavant de rentrer à Paris. Maurice ne les suit pas et retourneà la capitale. Leur relation prend officiellement fin.À son retour en France, Maurice passe quelques jourschez Mayol, à Toulon, puis va jouer Dédé à Vichy,Marseille et va chanter à Bordeaux. C'est là que lui etsa relation se recroisent et reprennent leur idylle. La sai-son reprend et Maurice doit retourner jouer Dédé auxBouffes-Parisiens. Lui et son béguin sortent souvent lanuit et son train de vie commence à lui jouer des tours.Des absences de mémoires commencent à venir à Mau-rice en scène, dues à son surmenage et à sa fatigue. Unjour, il invite de nombreux amis artistes à déjeuner chezlui, rue de la Bienfaisance. Le repas est copieux et trèsarrosé et Maurice se couche, très étourdi. À vingt heures,devant jouer Dédé ce soir-là, sa domestique le réveille.Maurice se lève avec difficulté et se rend aux Bouffes-Parisiens. Son état ne s’améliorant pas, il fait demander undocteur qui pense que l'excès d'alcool et de safran dans labouillabaisse du déjeuner ont provoqué une intoxication.Il lui donne une poudre à avaler et Maurice se préparepour entrer en scène. Vient son tour, il entre, mais ré-pond par des répliques d'actes différents. Ses camaradessont désemparés. Le public commence à s’agiter et l'undes comédiens lui souffle son texte, que Maurice répète

tant bien que mal. Le premier acte se termine, il en restedeux autres. Maurice est obligé de se répéter mentale-ment son texte avant de pouvoir l'énoncer, et bégaie, tré-buche sur les mots. À la fin de la représentation il quitte lethéâtre, tremblant et craignant d'oublier son texte. Il le ré-pète une bonne partie de la nuit, angoissé. Le lendemainil retourne au théâtre et n'oublie pas son texte, mais restehésitant, par peur des trous de mémoire[90].

« Depuis, j'ai conservé comme un mal in-fernal - et je l'ai éprouvé avec plus ou moins devirulence dans toute la suite de ma carrière -le désordre mental le plus douloureux pour unhomme qui travaille par sa mémoire : l'angoissedu texte. »

— Dans la vie faut pas s’en faire (2012), page 299Accablé et rongé par les doutes, Maurice fait demanderun souffleur pour son texte. Il est le fruit de discussions,ses camarades s’interrogeant sur son état. Il mène à bienson engagement mais en sort profondément en proie audoute. On commence à parler d'une prochaine opérette,l'on propose à Maurice l'un des rôles principaux de Là-haut, et l'on lui demande s’il accepterait que Dranem joueégalement l'un des rôles principaux. Dranem ayant étél'une de ses idoles de jeunesse, Maurice accepte avec joieet exige que son nom soit à la même taille que le sien surles affiches et programmes. Le soir-même, Dranem, ému,remercie Maurice de tout cœur. Les répétitions com-mencent mais Maurice s’aperçoit que Dranem est avan-tagé sur les chansons et scènes comiques. L'opérette estun succès et Dranem est encensé, alors que Maurice estmoins mis en valeur par les critiques. Des amis de Mau-rice lui racontent que Dranem le raille en privé. Mauriceest amer[91].C'est durant cette opérette qu'il fait la connaissanced'Yvonne Vallée, bordelaise comme Jane Myro, qui de-viendra sa femme en 1927. Elle et lui se rencontrent carils dansent ensemble durant la chansonOse Anna du spec-tacle. Ils commencent à parler en-dehors de la scène. Petità petit, Maurice se confie à elle concernant son état actuel,ses problèmes, ses doutes. Tous les deux entament unerelation, et Maurice met fin à celle qu'il entretient déjà.Angoissé sur scène, diminué moralement, persuadé d'êtreun artiste fini et se sentant toujours amoureux de cellequ'il vient de quitter, il se réveille un matin avec l'idée dese suicider. Il planifie tout : Il écrira son testament, feraconvaincre sa mère de partir vivre à la campagne pourêtre seul pour son forfait, qu'il mènera à bien avec un re-volver. Il se met à répéter l'acte pour que tout soit parfait.Mais un jour, il avoue toutes ses pensées à son docteurdans une crise de larmes. Lui qui n'avait jamais pris sesplaintes au sérieux, il ordonne à Maurice de cesser sur-le-champ toute activité et de partir se ressourcer en maisonde repos à l'extérieur de Paris. On lui découvre égalementune appendicite chronique qui pourrait être à l'origine dequelques-uns de ses maux. Ainsi, Maurice annonce à la

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12 1 BIOGRAPHIE

direction des Bouffes-Parisiens qu'il terminera le jour dela centième représentation de Là-haut. Les derniers soirsde spectacle sont les mêmes. Dranem se sentant en com-pétition avec Maurice, cela n'aide pas ce dernier qui esttoujours aussi malade. Deux jours après la centième re-présentation, Maurice est opéré de l'appendicite, mais ils’aperçoit à son grand désarroi que cela n'a rien changéà ses idées noires[92]. Après s’être remis de l'opération,Maurice est envoyé à Saujon, à la clinique du docteur Du-bois. Au programme : deux conversations hebdomadairesavec le docteur, repos et longues marches dans la cam-pagne. Maurice est beaucoup trop déprimé pour penserqu'un tel programme puisse le changer. Il essaye un jourd'en finir. Il se procure un pistolet, s’isole dans un coin,mais renonce au dernier moment.

« Je mis le canon dans ma bouche et com-mençai à jouer avec la gâchette... [...] Une étin-celle de raison m'arriva de ma bonne étoile et,la sueur au front, je cessai l'abominable flirt etrepris possession de mes esprits. J'avais aussiété trop lâche ou trop lucide pour aller jusqu'aubout de mon mal. »

— Les pensées de Momo (1970), pages 162 - 163Inquiétée par le ton des lettres de Maurice, Yvonne Valléequitte Paris pour le rejoindre à Saujon. L'état de Mauricene s’améliore pas mais se sachant incapable de se suicider,il se résigne à rester à la clinique sans grande conviction.Un jour, le docteur Dubois lui demande de chanter dansquelques jours à la salle des fêtes de Saujon lors d'unesoirée récréative. Maurice croit ne pas pouvoir, et clameque sa mémoire lui jouerait des tours, mais le docteur lelui ordonne, pour lui prouver qu'il peut chanter sans au-cun problème. Ainsi, Maurice commence à répéter avecYvonne deux numéros chantés et dansés pendant une se-maine. Le soir venu, rongé par le trac, il monte sur lascène de la petite salle, qui accueille sa prestation avecferveur[93].

« Avais-je repris confiance ? Non ! Je nedevais plus jamais retrouver mon ancienne as-surance : ni maintenant, ni jamais. Mais jerepris courage, et, à partir de cet instant, jedécidai de recommencer mon métier jusqu'aujour où ce qui chez moi, depuis le fameux soirdes Bouffes, n'avait été qu'angoisse, devien-drait réalité. [...] Car depuis, j'ai toujours eupeur, à chaque soirée, que ce soit celle du fa-meux moment. »

— Dans la vie faut pas s’en faire (2012), pages 308 - 309Son séjour à la clinique suit son cours, et il reçoit unjour la visite de son ami Franck, directeur de l'Alcazar deMarseille qu'il a rencontré il y a presque vingt ans lors deson premier passage dans la cité phocéenne. Celui-ci pro-pose à Maurice de revenir y chanter pour deux semaines

avant son retour à Paris. Maurice commence par refuseren avançant qu'il ne pense pas être assez reposé pour ho-norer un tel engagement, mais le docteur Dubois lui faitsavoir qu'il désire qu'il s’arrache à la solitude de Saujon,et lui assure qu'il est temps de reprendre son métier. Mau-rice finit par accepter le contrat de Franck et ira chanter àMarseille dans deux mois. Jusqu'à cette date, il retourneraà Paris remettre un répertoire sur pied et s’essaiera dansquelques villes de province avant de repasser “devant lepublic le plus houleux de France.”[94].Maurice regagne alors son appartement parisien et a tantpeur des problèmes de mémoire que sa concentrationest décuplée, ce qui a un effet bénéfique sur ses capa-cités mémorielles : il apprend une chanson par heure eten est contenté. Il ajoute trois numéros de chant et dedanse avec Yvonne Vallée entre ses chansons et se sentprêt à reprendre les tours de chant. Il décide cependantde s’entraîner trois jours durant devant public dans unpetit cinéma de Melun avant de rechanter à Paris. Mal-gré son stress aucun problème de mémoire ne le frappeet ses trois passages sur scène sont reçus avec enthou-siasme par le public. En dépit du succès, son estime desoi ne s’améliore pas et il se croit toujours diminué[95].Il part néanmoins chanter dans quelques villes de pro-vince et vient le jour de sa rentrée à Marseille, où unsuccès éclatant finit par le rassurer. Sa rentrée parisiennese fait en 1924 dans un nouvel établissement avenue deWagram : le théâtre de l'Empire, reconstruit et dirigé parOscar Dufrenne et Henri Varna. Tous deux avaient en-voyé un imprésario chercher Maurice pour le faire signerà n'importe quel prix. Redoutant d'avoir à affronter denouveau le public parisien, Maurice demande un salairede trois mille francs par jour, espérant en partie qu'unetelle somme les dissuaderait de l'engager. Mais sans au-cune négociation, sa demande est acceptée[96]. Le soir dela première, Maurice est accablé de doutes et de trac, maislors de son entrée en scène, il est accueilli par une longueovation qui le revigore pleinement. L'acoustique parfaitede la salle grise Maurice et achève de faire de sa pres-tation un triomphe. Il reste quatre semaines sur la scènede l'Empire, puis part en tournée en province, Belgique,Afrique du Nord, Suisse, Espagne, et retourne à l'Empirepour deux semaines. Il est ensuite engagé au Palace, ruedu Faubourg-Montmartre, et Léon Volterra l'invite à ve-nir jouer en tête d'affiche dans le prochain spectacle duCasino de Paris. Maurice demande dix pour cent de larecette brute et quatre mille francs par jour de garantie.Le contrat est accepté et Maurice est engagé pour troisans[97]. En attendant le début de la revue d'hiver, Mau-rice part chanter trois mois au théâtre Porteño de BuenosAires.Sur le bateau le menant en Argentine, son voisin de chaiselongue fait tomber un livre que Maurice ouvre par curio-sité. C'est un livre du chirurgien Victor Pauchet traitantdes maladies de l'estomac et des intestins. Les symptômesd'un mal intestinal lui correspondent parfaitement : irrita-bilité, troubles, angoisses, doutes, neurasthénie. Persuadé

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1.5 1919 - 1928 : Opérettes, dépression et Valentine 13

d'avoir trouvé l'origine de son mal, il projette de se rendrechez Victor Pauchet pour le consulter après son retourd'Amérique du Sud. À Buenos Aires, il se fait radiogra-phier le tube digestif et une sérieuse stase au niveau ducæcum provenant d'adhérences formées pendant les an-nées d'appendicite chronique de Maurice est découverte.Trois mois plus tard, à son retour à Paris, il se rend à laclinique du docteur Pauchet rue de Turin. Le docteur estquasiment sûr que son mal provient de ce problème in-testinal. Maurice accepte de se faire opérer et rentre àla clinique le soir-même. Il passe sur la table d'opérationdeux jours plus tard[98].Avant même d'être entièrement remis de l'opération,Maurice part chanter à Marseille, puis retourne à la capi-tale pour prendre la responsabilité de première vedette duCasino de Paris. Lors de cet engagement il interprète pourla première fois Valentine, d'Albert Willemetz et HenriChristiné. La chanson est une réussite totale et restera leplus grand succès de Maurice Chevalier. Il l'enregistre lamême année. Au total, il sera amené à l'enregistrer huitfois en studio au cours de sa carrière[n 7]. Maurice vit untriomphe ininterrompu. Certains soirs, il gagne jusqu'àdix mille francs de salaire. Lui et Yvonne habitent une vil-la avenue de la Celle Saint-Cloud à Vaucresson, nomméeQuand on est deux, du nom d'une des chansons de Mau-rice de l'époque. Leur existence se déroule sans excès ettous deux passent le moins de temps possible à Paris[99].Malgré la fortune, la célébrité et une compagne aimante,Maurice est insatisfait. Une part de lui ne demande qu'àvivre de façon passionnée mais il est trop raisonnable pourse laisser aller à des excès. En outre, il sent qu'Yvonne neserait peut-être pas la compagne qu'il lui faudrait, étantplus attiré par les femmes “phénomènes”. Vivre ensembleconstamment, que ce soit à la maison ou au Casino deParis sur la scène duquel ils partagent des numéros, faitpoindre les premières disputes et craintes d'Yvonne, quise fait jalouse[100].

« Tout cela est de ma faute. Je suis rem-pli de complexes que je ne puis analyser moi-même. J'étais sérieux, loyal, je ne trompais pasYvonne... physiquement. »

— Dans la vie faut pas s’en faire (2012), page 318Lors d'une tournée dans le Midi de la France, des amislui font connaître le quartier de La Bocca à Cannes, oùil achète un mas et un hectare et demi de terrain. Mau-rice caresse l'idée d'y faire bâtir une villa nommée “LaLouque” afin de s’y reposer l'été. Lui et Yvonne passentun premier été à Cannes et il se rend acquéreur de quinzemille autres mètres carrés de terrain[101].Durant la revue d'hiver suivante au Casino de Paris, deplus en plus d'Anglais et d'Américains assistent au spec-tacle. Par curiosité Maurice décide de chanter une chan-son en anglais un soir. La salle y réagit très favorablement.Un soir, un manager américain du nom de Lew Leslievient voir Maurice pour lui proposer d'être la tête d'affiche

d'un spectacle à Londres qu'il met en scène et dirige et quiaura pour titre “White Birds”. Maurice est d'abord hési-tant mais finit par accepter et demande cinq cents livrespar semaine. Sa demande est acceptée. Maurice se rendà Londres une fois la revue d'hiver du Casino terminée etconstate que Lew Leslie a redoublé de publicité excessivepour cette revue, tant et si bien que le soir de la premièreest jugé décevant par le public. La soirée n'est sauvée quepar Maurice et Yvonne qui sont pour leur part très applau-dis. Le reste des artistes n'est accueilli que par des siffletset des vociférations. La presse londonienne félicite Mau-rice mais est sans pitié pour le spectacle. Au bout de deuxmois, les recettes allant en diminuant, le spectacle est ar-rêté et Maurice et Yvonne rentrent à Paris[102].

Extrait du faire-part de mariage de Maurice Chevalier.

Sur les conseils de Victor Pauchet qui s’avère être sonvoisin, et pour le bien de son image, Maurice demandeYvonne en mariage. Elle accepte et tous deux passent de-vant le maire et le curé de Vaucresson le 10 octobre 1927.Cependant, leur mariage n'est heureux qu'en façade[103].Yvonne est la seule femme que Maurice épousera aucours de sa vie.Un jour, Irving Thalberg, directeur de la Metro GoldwynMayer, et son épouse Norma Shearer rendent visite àMaurice. Irving Thalberg propose à Maurice de pas-ser des essais photographiques, qui, s’ils sont concluants,pourront lui ouvrir les portes d'Hollywood. Maurice croitau bluff et rabroue l'homme. Le secrétaire de Maurice,Max Ruppa, indique à Maurice qu'il vient de mettre à laporte l'homme le plus important du cinéma américain.Maurice, confus, fait rattraper l'homme et accepte l'essaiqui se déroule le lendemain dans un studio de Vincennes.Il est pris en train de marcher, de sourire, de s’asseoir,de face, et de profil. Le lendemain on lui montre le filmpositif et pour la première fois Maurice se croit assez pho-togénique pour le cinéma. Les essais n'aboutissent pas àla signature d'un contrat mais Maurice conserve les pho-tographies. Deux semaines plus tard, un soir de représen-tation, on signale à Maurice la présence de Jesse L. Laskydans la salle, directeur de Paramount Pictures. Après sonpassage sur scène, Maurice reçoit la visite de l'hommede cinéma dans sa loge qui, après l'avoir entendu chan-

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14 1 BIOGRAPHIE

ter en anglais, est désireux de lui donner une chance. Lelendemain midi, après que Maurice lui a apporté les pho-tographies prises par Thalberg, Jesse L. Lasky fait signerau chanteur un contrat pour six semaines de tournage àHollywood dans les studios de la Paramount avec possi-bilité de renouvellement. Maurice part avec Yvonne en1928. La nouvelle du départ se répand et les discoursd'aurevoir de collègues artistes de Maurice fusent, ain-si que les manifestations d'affection des Parisiens qui sepressent à la Gare Saint-Lazare pour le saluer une der-nière fois avant son départ[104].

1.6 1928 - 1935 : Les années Hollywood

Maurice Chevalier et Yvonne Vallée en août 1928.

Le couple Chevalier prend le bateau au Havre, où uneautre foule les attend et leur fait part de leur affection.On leur octroie la meilleure chambre du bateau, garniede fleurs et de lettres. La traversée se poursuit sans en-combre et les Chevalier sont traités avec les plus grandségards. Le matin de l'arrivée du bateau à New York, unremorqueur ayant à son bord des journalistes et des per-sonnalités de la Paramount rejoint le navire afin de sou-haiter la bienvenue à Maurice. Les questions et les pho-tographies s’enchaînent et ce comité d'accueil apprécieMaurice pour sa simplicité. Le bateau finit par accosteret les époux Chevalier sont menés dans un hôtel donnantsur Central Park. Le soir même, les couples Chevalier etLasky passent la soirée à Broadway à un spectacle desMarx Brothers durant lequel Maurice ne cesse d'être im-pressionné. Le lendemain il voit son premier film parlant,The Singing Fool, avec Al Jolson dans le rôle principal.Bien qu'il ait déjà entendu parler de lui, Maurice est in-

timidé. La direction de Paramount a décidé d'organiserau Waldorf-Astoria une soirée où sont invités de grandsnoms de New York, artistes, journalistes, directeurs. Du-rant cette soirée Maurice est présenté à ces invités dans lebut de déterminer s’il est capable de plaire à l'Amérique.À la fin du repas, Maurice monte sur la scène de la salleet a l'idée de commencer par présenter en anglais ce dontil est question dans les chansons qu'il s’apprête à interpré-ter avant de les chanter en français. L'idée plaît beaucoupà l'assistance et Maurice comprend qu'il vient d'importerquelque chose de nouveau en Amérique[105].

« J'apporte aux U.S.A. des chansons qu'ilsne connaissaient pas, et une manière de chan-ter qu'ils n'ont jamais soupçonnée. Nouveauté !Ils ont, avec Al Jolson, Harry Richman, Geor-gie Jessel, de très bons chanteurs populaires àsuperbes voix et à extraordinaire dynamisme.Mais ma petite manière à moi, toute simplette,toute naturelle, ils ne l'ont pas. Je le sens, cesoir-là. Je rentre dans du beurre ! »

— Dans la vie faut pas s’en faire (2012), page 347Le lendemain matin, bien que sur la réserve, les jour-naux new yorkais se font mélioratifs à l'égard de Mau-rice. Quelques jours plus tard, Maurice et Yvonne quittentNew York pour Hollywood. Ils traversent Beverly Hills etaperçoivent des maisons de vedettes. Maurice est ému etrêve de rencontrer Emil Jannings et Charlie Chaplin aux-quels il voue une véritable vénération. Il a l'opportunité dedîner avec Charlie Chaplin qu'il saisit de suite mais réa-lise qu'il restera toujours décontenancé et rongé par uncomplexe d'infériorité face à l'acteur. Le lendemain ma-tin il visite pour la première fois les studios Paramount etest présenté à plusieurs vedettes telles qu'Adolphe Men-jou ou Clara Bow[106]. Un autre dîner conviant les grandspontes d'Hollywood est organisé à la fin duquel Mauricedoit aussi chanter. Il reprend sa formule d'introduction enanglais et de chant en français et la salle est conquise. Onlui prédit une grande réussite en Amérique[107].Peu après, il commence le tournage de son premier long-métrage : Innocents of Paris (La chanson de Paris). Ledoublage n'existant pas encore, il doit tourner deux ver-sions du film : l'une en anglais, et l'autre en français ;chose qu'il fera pour la majorité des films de ses annéesHollywood. Le film terminé, une avant-première devantle public de Los Angeles est organisée. Le scénario est ju-gé faible mais le comique du film est apprécié et Mauriceet son accent français charment la salle. Les chansons queMaurice interprète dans le film sont bien accueillies par lacritique et le public, particulièrement celle qui deviendrason deuxième plus grand succès : Louise[108]. En atten-dant la distribution à grande échelle du film aux États-Unis, Maurice, en guise de premier contact avec le publicaméricain et comme publicité est envoyé chanter quatresemaines au Ziegfield Roof, un cabaret mondain new yor-kais rassemblant le gratin de la ville. Peu avant son départ

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1.6 1928 - 1935 : Les années Hollywood 15

pour New York, le réalisateur Ernst Lubitsch vient trou-ver Maurice pour lui demander de jouer dans son pro-chain film The Love Parade (Parade d'amour). Ne se sen-tant d'abord pas l'étoffe pour jouer le rôle d'un prince carétant un homme du peuple, Lubitsch le convainc cepen-dant de passer des essais photographiques en tenue prin-cière afin de juger si l'uniforme lui siérait. Les résultatssont sans équivoque et Maurice accepte. Le scénario seraélaboré pendant ses quatre semaines de représentations àNew York[109].Maurice débute sur la scène du Ziegfield Rooftop etl'explication en anglais puis chant en français continuentde plaire ; le lendemain les journaux new yorkais sontunanimes quant à la réussite de Maurice. À la fin de sonengagement, il assiste à la première d'Innocents of Pa-ris au Criterion Theater de New York. L'accueil est lemême que lors de l'avant-première de Los Angeles. Mau-rice quitte New York pour Hollywood où le tournage deThe Love Parade l'attend. Il partagera l'affiche avec lajeune Jeanette MacDonald[110]. Maurice trouve le travailsous la houlette d'Ernst Lubitsch particulièrement plai-sant. Leur relation réalisateur/acteur s’avérera fructueusecar ensemble, ils tourneront au total cinq films en l'espacede six ans. Pendant le tournage, l'exploitation d'Innocentsof Paris est un succès à travers l'Amérique. Après troismois de travail, Maurice et Yvonne rentrent pour deuxmois en France, avec l'assurance que Lubitsch télégra-phiera à Maurice les retours de l'avant-première du film,quand celui-ci sera au point[111].

Maurice Chevalier en 1929.

Rentré à Paris, il est accueilli par des milliers de per-sonnes à la gare et est partout au centre de mouvements de

foule, la version française de son film Innocents of Paris(distribuée sous le titre : La chanson de Paris) ayant étéunanimement accueillie en France. Afin de se ressour-cer il séjourne au château de Madrid puis dans sa pro-priété de Cannes, La Louque. Après s’être reposé, il partchanter deux semaines au théâtre de l'Empire, dont lesplaces se sont toutes vendues à l'avance. Chaque soir àla sortie des artistes, Maurice doit se frayer un chemin àtravers les centaines d'admirateurs qui l'attendent afin deregagner sa voiture. Il est littéralement consacré par sesdébuts cinématographiques[112]. Avant la fin de ses deuxsemaines de tours de chant, il reçoit un télégramme deLubitsch : l'avant-première de The Love Parade a reçu unaccueil laudatif. Il termine son télégramme par ces mots :“You are sitting on top of the world Maurice.”[113].De retour à Hollywood, le salaire de Maurice est triplépour ses deux prochains films. Maurice est une révélationhors normes en Amérique :

« Invité partout, choyé. Il me semble, aufond, que je suis consacré grand as internatio-nal avec trop de facilité. Sincèrement, je necrois pas mériter de telles démonstrations. [...]Il n'y a pas, en Amérique, un théâtre, music-hall, cabaret, cinéma où un homme ou unefemme ou un enfant ne fasse mon imitationavec le chapeau de paille. C'est un engoue-ment démesuré. Je ne puis me trouver dans unendroit public sans être aussitôt l'objet d'unedémonstration de sympathie. Et de la Mar-seillaise. Et encore de la Marseillaise ! »

— Dans la vie faut pas s’en faire (2012), page 365Ayant un peu de temps libre, Maurice décide de chanterquelques semaines dans une salle de Broadway. Il chan-tera au Fulton Theatre et désire un spectacle en deux par-ties : la première où officierait un orchestre de jazz, etla deuxième où il chanterait accompagné par ce mêmeorchestre. À la recherche d'un orchestre, on lui parle decelui de Duke Ellington, que Maurice connaît déjà et ap-précie. Maurice fait part de son offre à Duke Ellington,que ce dernier accepte. Ce sera la première fois que sonorchestre jouera dans une salle “blanche”. Les critiquessont unanimes et toutes les représentations se font à gui-chet fermé[114].Après cette expérience musicale, Maurice commencele tournage de The Big Pond (La grande mare) avecClaudette Colbert comme partenaire. En parallèle, pouroccuper ses fins de semaine, Maurice chante et donne desleçons de français fantaisistes tous les dimanches à la ra-dio new-yorkaise. Ces émissions dureront six mois. De-vant le succès colossal de The Love Parade, le salaire deMaurice est de nouveau revu à la hausse. Désormais iltouchera un salaire égal à celui des plus grandes vedettesde Hollywood. Néanmoins, The Big Pond est un franc-succès en Europe mais est moins bien accueilli en Amé-rique. Son prochain film, que Maurice a demandé à faire,

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16 1 BIOGRAPHIE

est une adaptation anglaise de la pièce de Tristan Ber-nard : Le petit café. Il recevra un accueil médiocre et Mau-rice craindra son heure de gloire terminée. Après le tour-nage de ce film, Maurice et Yvonne rentrent en France sereposer à Cannes[115].En France, il est approché par Maurice Lehmann qui luipropose de chanter deux semaines au théâtre du Châtelet.Les places se vendront à trois cents francs chacune. Mau-rice accepte et touchera 80 % de la recette nette. Aussitôtaprès, il est engagé au Dominion Theatre de Londres pourdeux semaines également. Maurice touchera 50 % de larecette brute. Les appointements mirobolants de Mauricefont jaser et il est surnommé par les journauxThemost ex-pensive artist in the world[116]. Maurice, qui se voit offrirdes sommes astronomiques pour chanter partout, est du-rement critiqué par certains journaux pour l'argent qu'ilgagne avec ses représentations, mais ils ne mentionnentpas, à son grand dam, qu'il finance de sa poche une mai-son de retraite pour anciens artistes située au château Dra-nem à Ris-Orangis[117].Pour commencer, il part chanter à l'Eldorado de Nice oùun spectateur rit si étrangement que Maurice, échaudépar les critiques, le croit venu pour rire de lui. Il arrêtele spectacle et descend le voir mais le rieur l'assure ne pasrire pour saboter sa prestation, mais qu'il rit simplementainsi. Maurice, rassuré, lui dit qu'il n'a qu'à continuer àrire comme cela si c'est sa façon de rire, puis remontesur scène. La compréhension de Maurice lui vaut un ton-nerre d'applaudissements de la part du reste de la salle.Le lendemain, dans Le Journal de Paris, Clément Vau-tel signe un article qui clame que Maurice est descendude scène pour frapper un spectateur mutilé de guerre quiriait trop fort à son goût. Cet article, bien que menson-ger, ternit la réputation de Maurice déjà entachée par lesscandales concernant ses salaires, tant et si bien qu'il adu mal à remplir le théâtre du Châtelet. Il décide de re-noncer à une part de ses bénéfices. Le théâtre finit parse remplir et malgré les calomnies dont Maurice a faitl'objet, la salle l'accueille chaleureusement et la critiqueest dithyrambique[118].

« Paris ne m'avait jamais renié. Tout celaétait le travail de journalistes et de cabots hos-tiles. »

— Dans la vie faut pas s’en faire (2012), page 374Après Paris, Maurice se rend à Londres pour honorer sonengagement au Dominion Theatre, où il est accueilli à lagare de Londres Victoria par des milliers de personnesmaintenues tant bien que mal par plus d'une centaine depoliciers à cheval et à pied. Il serre de nombreuses mainset est mené à un micro dans lequel il dit quelques mots,auxquels répond une ovation. La police l'aide à s’extir-per de la foule pour rejoindre sa voiture le conduisantlui et Yvonne à l'hôtel, où il reçoit de nombreux ap-pels téléphoniques[119]. Le soir, il se rend à un spectacledans lequel Sophie Tucker officie, et se retrouve à nou-

veau au centre de scènes de liesse. Maurice est désem-paré et presque irrité par ces démonstrations d'affectiond'une telle envergure, auxquelles il n'était jusqu'alors pashabitué. Le lendemain soir, il commence au DominionTheatre et Maurice s’aperçoit que la ville est couverted'affiches clamant qu'il est l'artiste le plus payé au monde.

« L'impresario trouve que c'est une publi-cité sensationnelle. Moi, je trouve cela effarantet d'un mauvais goût total. [...] L'artiste le pluspayé au monde ! Vous n'allez pas me dire quecela pose le chanteur dans une lumière sympa-thique, non ? [...] J'ai beau expliquer mon pointde vue à l'impresario, il continue à trouver sapublicité géniale [...]. »

— Dans la vie faut pas s’en faire (2012), page 377Ses deux semaines de tours de chant sont un succèset Maurice, comme prévu, touche 50 % de la recettebrute. Toutefois, un peu amer, il avouera plus tard dansses mémoires qu'il ne touchait jamais la totalité dessommes colossales qu'on lui attribuait car il était forte-ment imposable. De par le fait, il économisait ce que lesimpôts lui laissaient par peur de finir pauvre, ce qui luivalut une réputation d'avare[120], qui perdure encore denos jours[121],[122],[123].Les journaux anglais parlent tant de Maurice quel'écrivain George Bernard Shaw demande à le rencontrer.Le Français se rend chez lui, intimidé d'avance, craignantque l'homme de lettres n'aborde des sujets sur lesquelsil n'a aucune connaissance. Cependant, lorsque GeorgeBernard Shaw lui avoue qu'il ne l'a jamais vu ni au ciné-ma ni sur scène mais qu'il voulait simplement rencontrerl'homme qui fait tant de bruit en Angleterre, l'ambiancese fait plus détendue et Maurice éclate de rire, n'ayant ja-mais lu un seul de ses livres. Il gardera un bon souvenirde cette rencontre[124].Devant la réussite de son tour de chant à Londres,l'imprésario de Maurice lui organise une courte tournéeen province britannique, qui se révèle être un fiasco : lesmouvements de foule qu'il déclenche dans chaque villeoù il se rend sont loin d'être proportionnels au nombre depersonnes dans l'assistance. Les salles ne sont rempliesqu'au quart, c'est une dégringolade inexpliquée. Une villeva jusqu'à annuler une de ses représentations, jugeant seschansons trop malsaines[125].Déçu, Maurice rentre à Londres où il voit le film L'Angebleu, avec Marlene Dietrich dans le rôle principal, qu'ilconnaît déjà pour l'avoir vue dans le cour du studiod'Hollywood. Il est très attiré par l'actrice[126]. Il finitpar rentrer à New York où l'on lui apprend que devantl'échec de Le petit café, le prochain film qu'il tournerasera, de nouveau, réalisé par Ernst Lubitsch. Il s’agit deThe Smiling Lieutenant (Le lieutenant souriant), et Mau-rice aura Claudette Colbert et Miriam Hopkins commepartenaires. Le tournage du film se fera dans les studios

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1.6 1928 - 1935 : Les années Hollywood 17

de Long Island. Comme à son habitude, le duo Cheva-lier/Lubitsch fait des merveilles et Maurice aime à tra-vailler avec le réalisateur, mais il émet quelques regretsdans ses mémoires concernant l'image que le cinéaste adonnée de lui[126] :

« Il a tant de talent et sait si bien ce qu'ilveut [...]. Presque trop même... Il vous imposesa manière à lui de voir les choses ou d'en sou-rire. [...] C'est du travail facile. Succès assuré !Et pourtant, comme résultat, on n'est pas telle-ment fier de soi-même. Qu'on ne voie pas dansces lignes une critique de ce bon homme degrand talent à qui je dois mes meilleurs films,mais plutôt le grand regret qu'il ne m'ait pasmieux compris. Il a fait de moi, en Amérique,un genre de “tombeur” sympathique, alors quej'ai toujours espéré être tout de même quelquechose de plus humain. »

— Dans la vie faut pas s’en faire (2012), page 383Le tournage terminé, Maurice doit chanter à un très grandgala au bénéfice des œuvres d'artistes au MetropolitanOpera de New York, où de nombreux autres artistesdoivent se produire. L'après-midi, avant son passage surscène le soir, il est pris d'une profonde angoisse, “plusdouloureuse que jamais”[127]. Il met cela sur le comptede sa peur de ne pas être à la hauteur. Il monte sur scèneet passe outre son état. Il va se coucher, toujours en proieà son mal. Le lendemain matin, au réveil, il reçoit un télé-gramme de Paris lui annonçant le décès de sa mère. Mau-rice est anéanti[128].

« Je ne semble pas bien comprendre,quoique j'aie senti en moi un choc terrible, ré-sonnant, comme la suite de mon état d'angoissede la veille. Je relis... Alors là je réalise.Une sensation de vertige me prend commesi la moitié de moi-même, de mes globules,m'abandonnait. La moitié de ma raison devivre, de travailler, me quittait. C'était phy-sique, extraordinairement. Mon cœur se vidaitcomme un bidon crevé. Ça a duré je ne saiscombien de jours où je n'ai su que sangloter.Lorsque, à la longue, la fatigue me prenait, celafinissait par se tarir, puis, sa pensée me revenaitcomme un coup et je repartais à pleurer, à chia-ler comme un pauvre môme. [...] Pitoyable,voilà ce que je me sentais et si loin avec ça ! Etpas possible de lui avoir dit le dernier adieu !Elle qui avait été ma vraie, ma seule grandecompagne. Mon étoile ! [...] Jamais plus, ja-mais plus je n'embrasserai son doux visage. Ja-mais plus, ses vieilles mains ridées ne cares-seront doucement, longuement, mes cheveux,comme lorsque j'avais besoin de son réconfort.[...] »

— Dans la vie faut pas s’en faire (2012), pages 384 - 385Plus tard, en 1941, l'une des premières chansons qu'ilécrira sera un hommage à sa mère : Toi... toi... toi....Malgré tout, il faut que Maurice reprenne les chemins desstudios de cinéma. The Smiling Lieutenant est un succèscritique et commercial. Maurice enchaîne avec un autrefilm réalisé par Ernst Lubitsch : One Hour with You (Uneheure près de toi) de nouveau avec Jeanette MacDonald.Yvonne Vallée étant restée à Paris pour une opération chi-rurgicale, il se sent libre de regarder les autres femmes.Un jour que Marlene Dietrich, habituellement distanteavec les acteurs, est seule à sa table de la cafétéria desstudios, Maurice s’assoit à côté d'elle et lui dit tout le bienqu'il pense d'elle, qui est flattée. Cela constitue le débutde leur amitié. Les rumeurs vont bon train les concernant,et Yvonne finit par rejoindre Maurice à Los Angeles. Lesdisputes dues à son amitié avec Marlene Dietrich abou-tissent à un divorce, quatre ans après leur mariage[129]. Deplus, l'amitié qu'il partage avec l'actrice se fait beaucoupmoins détendue, étant au centre de l'attention à cause deces événements, attention qui gêne Marlene, ce qui dé-çoit Maurice, bien qu'ils resteront de bons amis jusqu'à lamort de ce dernier.À Los Angeles sont souvent organisés des dîners entreFrançais, où Maurice rencontre plusieurs fois CharlesBoyer, autre acteur français venu à Hollywood, qu'il a dé-jà applaudi à de nombreuses reprises dans des théâtresfrançais. Une amitié franche se crée, ils se voient tous lessoirs et dînent l'un chez l'autre, et Maurice trouve en luiun confident idéal. Il est impressionné par la culture del'acteur, que Maurice n'a pas et qu'il envie. Charles Boyerdécide de lui dresser des listes de livres à lire afin qu'il semonte une bibliothèque. À quarante-trois ans, Maurice,qui n'avait jamais lu un livre de sa vie, se découvre unepassion pour la littérature qui ne le quittera plus[130].Maurice tourne quelques films, comme Love Me Tonight(Aimez-moi ce soir), A Bedtime Story (Monsieur Bébé),L'Amour guide, et d'autres encore. Chaque été, il revienten France dans sa propriété de La Bocca. En janvier1934, lui et l'actrice Kay Francis deviennent amants, leurrelation ne durera pas longtemps. L'actrice mentionne,entre autres, leur histoire dans son journal intime et yraconte qu'elle devient vite sa confidente[131]. La mêmeannée, Maurice, qui désire avoir l'actrice Grace Moorecomme partenaire à l'écran pour son prochain film, TheMerry Widow (La veuve joyeuse), a une discussion en-flammée avec Irving Thalberg pour la faire engager. Il estpersuadé qu'elle sera une révélation mais l'homme de ci-néma impose Jeanette MacDonald. Pendant le tournage,Grace Moore est propulsée au rang de célébrité nationaleen jouant dans One Night of Love (Une nuit d'amour),ce qui conforte Maurice dans l'idée que Thalberg auraitdû l'engager. Quelque temps plus tard, lors du tournagedu film Folies-Bergère, Irving Thalberg le fait demanderdans son bureau et lui propose de tourner un film avecGrace Moore, que la société Columbia daigne “prêter” à

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18 1 BIOGRAPHIE

la MGM pour un film, à une condition : que leur nou-velle vedette soit la vedette du film, ce qui veut dire queson nom se trouverait au-dessus de celui de Maurice surles affiches. Ce dernier refuse, car son contrat stipule queson nom doit toujours se trouver en tête d'affiche, qui quesoient les autres acteurs. Par fierté, Maurice campe sur sespositions et lui et Thalberg ne parviennent pas à trouver deterrain d'entente malgré plusieurs entrevues. Finalement,le représentant de Maurice lui obtient une indemnité pourrupture de contrat. Abasourdi, Maurice fait ses bagages etquitte les États-Unis quelques jours plus tard, des propo-sitions pour Hollywood et pour des apparitions dans desrevues à New York sous le bras, dont il ne profitera pascependant[132].

1.7 1935 - 1945 : Du retour en France à laSeconde Guerre mondiale

Rentré à Paris, la première chose que fait Maurice estd'aller sur la tombe de sa mère, au cimetière Saint-Vincent[133]. Puis, il se rend à La Bocca pour se re-poser avant de remonter sur scène avec, déjà, de nou-velles chansons qui feront partie de ses plus grands suc-cès telles Prosper,Quand un vicomte,Donnez-moi la mainmam'zelle. Il commence par chanter à un gala de charitéà Cannes, puis fait une courte tournée en France avantde revenir au Casino de Paris sept ans après son dernierpassage dans la salle[134]. Le soir de son retour sur sascène, il est longuement ovationné, et le public est tou-jours conquis. En assistant à une pièce de théâtre nom-mée Broadway, Maurice aperçoit sa future compagne surles planches : Nita Raya, âgée de dix-neuf ans. Alorsqu'il s’était juré de ne plus jamais entamer de relation sé-rieuse, il tombe sous le charme de la jeune fille, et sessentiments sont réciproques. Leur relation durera dix ans.Dranem venant de mourir, Maurice est nommé présidentd'honneur de la maison de retraite pour anciens artistesde Ris-Orangis[135].Après son engagement au Casino de Paris, Maurice partà Londres tourner un film : The Beloved Vagabond (Levagabond bien-aimé) et à son retour en France, tourneL'homme du jour et Avec le sourire. Tous trois sontdes insuccès et Maurice décide de se concentrer sur lachanson[136]. En 1937, Maurice encourage Nita à com-mencer à chanter sur scène et va un soir assister à unspectacle dans lequel elle officie. Avant elle passe uncouple d'artistes masculins, Charles et Johnny, passable-ment ignoré par le public qui ne sait pas que l'un des deuxhommes formant le duo est destiné à devenir une icône dela chanson française : Charles Trenet. Le lendemain, unéditeur de chansons informe Maurice que Charles Tre-net désire le rencontrer car il a une chanson à lui propo-ser : Y'a d'la joie. Un rendez-vous est convenu et Maurice,d'abord peu convaincu, finit par apprécier la chanson etla crée sur la scène du Casino de Paris, c'est un succèsconsidérable[137].

Les mois passent, et Maurice oscille entre tours de chantau Casino et tournées en Europe accompagné de NitaRaya. C'est une période de félicité professionnelle etpersonnelle pour le couple, mais l'Allemagne ne laissepersonne indifférent, pas même Maurice qui ne se sou-cie pourtant habituellement jamais de la politique. L'été1939 arrive et, malgré l'angoisse ambiante, Maurice estpersuadé qu'Hitler ne fera rien. Le 1er septembre, alorsqu'il dîne chez le duc et la duchesse de Windsor à Cagnes-sur-Mer, la tablée apprend l'invasion de la Pologne parl'Allemagne, ce qui implicitement scelle l'implication del'Angleterre et de la France dans le conflit. Le dîner estabrégé et Maurice et Nita prennent la décision de rentrerà Paris, croisant en chemin des troupes se dirigeant versla frontière italienne[138].Avec le concours d'Henri Varna, Maurice décide defaire monter rapidement un spectacle de music-hall avecJoséphine Baker pour partager la vedette. Avant que lespectacle ne soit au point, Maurice et Joséphine Bakerpartent en représentation au front. Ils chantent à Metz, àThionville et pour quelques unités des environs. Mauricea un nouveau succès à son répertoire, représentatif de lasituation cocasse que constitue la drôle de guerre : Ça faitd'excellents Français. Ils rentrent ensuite à Paris et fontrouvrir le Casino de Paris pour y lancer le spectacle. Lesreprésentations suivent leur cours durant l'hiver, et sansles journées ponctuées de fausses alertes aux bombarde-ments et les nuits sans lumières, rien ne laisse transpa-raître que le pays est en guerre[139]. Toutefois, tout changelorsque l'offensive allemande commence, le 10 mai etMaurice peut mesurer l'avancée de l'armée allemande ense basant sur la disparition graduelle du public du Casi-no, soir après soir. Maurice et Nita font partir les parentsde cette dernière, juifs, pour Arcachon. Le 20 mai, il nereste plus qu'une poignée de personnes dans l'assistance.La salle finit par fermer à la fin du mois de mai de parle manque d'artistes et de public. Le couple décide deprendre la route pour rejoindre un couple d'amis dan-seurs, Jean Myrio et Desha Delteil, en Dordogne, près deMauzac, faute de pouvoir rejoindre leur propriété de LaBocca qui a été réquisitionnée par l'aviation française[140].La maison héberge le couple, Joë Bridge, Maryse Marly,Félix Paquet et sa femme (secrétaires de Maurice), lesparents de Nita, Desha, une servante et la mère de JeanMyrio, ce dernier est absent car mobilisé. La maison n'apas l'électricité ni l'eau courante, et se tient au courant desactualités à l'aide d'une vieille radio à piles, par laquelleelle apprend l'avancée inexorable des forces allemandeset italiennes, puis la prise de Paris par l'Allemagne[141].Le 17 juin, le maréchal Pétain annonce la capitulationde la France. Ayant appris que la maison de Maurice estlibre, tous partent pour Cannes le 14 juillet et se réins-tallent à La Bocca. Des hommes de théâtres importants,mandatés pour chercher à ramener les vedettes françaisesà Paris tentent de convaincre Maurice de remonter surscène. Celui-ci refuse, voulant rester en zone libre et pro-téger son groupe, dont certains membres, tels Nita Rayaet sa famille, sont bien peu aryens[142]. En outre, de très

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1.7 1935 - 1945 : Du retour en France à la Seconde Guerre mondiale 19

nombreuses propositions pour du travail en Amérique luisont envoyées. Charles Boyer tente de le convaincre dequitter la France mais Maurice reste catégorique, arguantque « quand la mère est malade, ses fils ne doivent paspartir. »[143].Souhaitant néanmoins reprendre les tours de chant, ilcommence à répéter avec un jeune pianiste niçois, HenriBetti, qui restera son accompagnateur jusqu'en 1945, afinde chanter dans plusieurs villes et villages de province,ainsi que lors de galas de bienfaisance au profit des prison-niers et du Secours national[144]. Pour la première fois desa carrière, parce qu'il manque de nouvelles chansons etparce qu'il n'a pas d'auteurs sous la main, Maurice décidede commencer à écrire ses propres chansons en 1941,dont Henri Betti signe la musique. Une partie du textede l'une d'elles, intitulée Notre espoir, laisse penser à unecritique de l'Occupation :

« Un poète aurait trouvé les mots qu'il fautQui aurait rimé ses vœux l'espéranceMoi mon espoir c'est qu'le ciel redevienne

beauEt qu'on chante en paix dans notre vieille

France »

Une partie du refrain de la chanson, constituéd'onomatopées, vaut à Maurice d'être convoqué àla Kommandantur après avoir soumis le texte à la cen-sure allemande, l'occupant croyant que ces onomatopéesne soient une sorte de code des services secrets. Lachanson finit par être acceptée cependant[145].L'antisémitisme se fait de plus en plus palpable en zonelibre à l'égard d'artistes israélites, avec lesquels Mauricen'hésite pas à se montrer néanmoins[146]. En 1941, desjournaux et des artistes de Paris attaquent Maurice, luireprochant de bouder la capitale et de rester dans le Midi« avec ses juifs »[147]. Maurice ne démord pas pour autantet reste en zone libre, jusqu'en septembre, où il consent fi-nalement à passer quelques semaines seulement à Paris. Ilest l'un des tout derniers artistes à rallier la capitale. Il ar-rive le 2 septembre 1941 à la Gare de Lyon et est accueillipar des journalistes, des photographes et une foule com-pacte. Radio-Paris lui tend un micro, dans lequel Mauriceexprime son émotion et sa joie de retrouver les Parisiens,puis, il quitte la gare pour reprendre possession de sonappartement boulevard de Courcelles. Lors de son séjourà Paris, un journaliste du Petit Parisien lui demande cequ'il pense du maréchal Pétain, alors que Maurice avaitsignifié expressément à tous les journalistes qu'il ne dé-sirait pas de questions liées à la politique. Pris de court,Maurice dit qu'il est contre la guerre et que les choses se-raient meilleures s’il y avait plus de compréhension entreles peuples[148]. Maurice pense avoir évité le pire, maisdeux jours après, l'un des articles de la une du Petit Pari-sien du 15 septembre 1941[n 8] titre :

« Le populaire Maurice Chevalier qui va

chanter en France occupée nous dit qu'il sou-haite la collaboration entre les peuples françaiset allemand. »

— Maurice Chevalier, le chéri de ces dames (2012), page89Maurice, effaré que ses propos aient été déformés, reçoitla visite du journaliste l'ayant interviewé deux jours plustôt et ce dernier lui assure qu'il s’agit de l'œuvre du rédac-teur en chef et de la propagande allemande. Avec l'aide dejournalistes amis, Maurice fait paraître un démenti dansle journal Comœdia en prenant soin de ne pas heurter lesautorités et ainsi éviter les ennuis. Cependant, ce journaln'a qu'un très faible lectorat, le mal est fait[149]. Mauriceredébute au Casino de Paris, dans lequel il chante huitsemaines durant pour un public composé de Parisiens etd'officiers allemands, auxquels il est impossible de refuserl'entrée. En parallèle, on lui demande d'animer des émis-sions sur Radio-Paris de 13 h à 13 h 45. Il accepte pourquelques semaines, clamant qu'il doit bientôt retournerdans le Midi, sachant pertinemment qu'un refus catégo-rique lui vaudrait des ennuis de la part de l'occupant[150].

« Je pense m'en être tiré intelligemment.Ne pas les mettre en boule contre moi, tout enfaisait comprendre aux Français, par mon courtséjour à Paris, que je ne fais que ce qui est ab-solument obligatoire. »

— Dans la vie faut pas s’en faire (2012), page 473Les émissions se révèlent entrecoupées de messages durégime nazi, ce qui, pernicieusement, lie le chanteur à cesmessages dont il ne connaît pas la teneur[151].Peu après, les autorités allemandes lui demandent d'allerchanter dans les camps de prisonniers et kommandos detravailleurs volontaires français, où il est apparemmentdemandé. On lui suggère de chanter à la Scala de Ber-lin, mais Maurice refuse toutes ces offres. Il finit par ac-cepter d'aller chanter deux fois au camp d'Altengrabow,où il a été lui-même prisonnier lors de la PremièreGuerre mondiale. Il refuse tout cachet mais demande àce que dix prisonniers de Belleville et de Ménilmontantsoient libérés en échange de sa prestation. Il demandeen outre qu'aucune publicité ne soit faite concernant cevoyage[152]. Il arrive le 26 novembre 1941 accompagnéd'Henri Betti et repart le lendemain[153]. Quelques joursaprès son retour, les journaux français commencent àconsacrer de longs articles à son passage en Allemagne,aucun ne mentionne la libération des prisonniers et lefait qu'il n'avait chanté que dans un endroit. Des ru-meurs de tournée des camps et des villes d'Allemagnese font entendre et un quotidien londonien le qualifie depro-nazi[154]. Rentré à Cannes, Maurice et Henri Bet-ti reprennent les tournées des villages de zone libre etle chanteur s’aperçoit avec soulagement que la propa-gande n'a en rien changé les sentiments de la population

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à son égard[155]. Le 24 août 1942, l'hebdomadaire améri-cain Life publie en page 86 une liste d'individus présentéscomme des collaborateurs qui devraient être exécutés, oudu moins jugés. Parmi eux, le nom de Maurice[n 9],[156].En septembre 1942, le Casino de Paris est menacé defermeture et d'être transformé en cinéma à la dispositiondes soldats de la Wehrmacht si les spectacles ne sont pasmaintenus. Henri Varna, son directeur, fait appel à Mau-rice afin qu'il revienne y chanter et ainsi éviter la pertede son établissement[157]. Maurice accepte et co-écrit lachanson Pour toi, Paris avec le gérant de la salle. Les pa-roles se font résolument porteuses d'un espoir de fin del'Occupation :

« Il arrivera que notre beau PanameRetrouvera son éclat, sa beautéC'est pour cet idéal, cette oriflammeQue tous les Parisiens se joignent pour pen-

serPour toi, Paris !Pour la route qu'avec toi on a suivie !Pour toi, Paris !Pour la peine que pour toi on a subie !Pour toi, Paris !Pour attendre le soleil après la pluie ! »

Cette chanson donne son nom à la revue du Casino de Pa-ris durant laquelle Maurice chante jusqu'au début du moisde décembre. En sus de Pour toi, Paris, et pour doter larevue de quelques chansons, il en écrit deux : Loulou, Pol-ka des barbus et en co-écrit deux autres : C'est une petitemôme (qu'elle est trop belle) et la célèbre Marche de Mé-nilmontant. Après son engagement, Maurice prend la dé-cision de ne plus chanter sur une scène parisienne avant lalibération de la France et après une courte tournée en zonesud, décide de cesser toute activité musicale au début del'année 1943[158]. Néanmoins, les autorités le sollicitentsans cesse afin qu'il chante lors de nombreuses occasions.Il refuse tout systématiquement et prétexte être très ma-lade. De peur que la Gestapo vienne le chercher de force,Maurice et Nita Raya font cacher les parents de cette der-nière dans un quartier retiré de Nice, auxquels Mauriceobtient des faux papiers. Une enquête concernant Nitaest ordonnée en rapport avec ses origines juives, et desrumeurs annonçant un possible examen de Maurice pardes médecins allemands courent. Malgré tout, il ne cèdepas aux pressions[159]. Ne voulant pas rester inactif pourautant, il se lance dans la rédaction du premier tome deses mémoires intitulées Ma route et mes chansons. Au to-tal, il en publiera dix volumes[160]. Vers la fin de l'année1943, Maurice fait la connaissance de son voisin et nou-vel ami René Laporte, écrivain et journaliste résistant, quilui signifie que ses passages sur Radio-Paris pourraient luivaloir d'être arrêté par l'Armée secrète[161].Le 12 février 1944, il écoute Radio Londres, et plus par-ticulièrement Pierre Dac, qui jusqu'à maintenant l'amuse

toujours en fustigeant les collaborateurs notoires et le ré-gime nazi. Ce soir-là, alors que le chansonnier énonce uneliste de “mauvais Français”, il cite le nom de Maurice.Pierre Dac qualifie les susnommés de collaborateurs, etles menace à l'antenne[162] :

« Vous êtes repérés, catalogués, étiquetés.Quoi que vous fassiez, on finira par vous retrou-ver. Vous serez verdâtres, la sueur coulera survotre front et dans votre dos ; on vous emmè-nera et, quelques jours plus tard, vous ne serezplus qu'un tout petit tas d'immondices. »

René Laporte entend cette accusation et s’empressed'avertir Pierre Dac que Maurice n'est en rien un col-laborateur. Francis Leenhardt, nom important de laRésistance, appuie la déclaration du poète, et l'acteurRené Lefèvre achève d'innocenter Maurice aux yeux deDac en lui apportant également son soutien. Ce derniercesse alors toute accusation mais ne diffuse pas d'erratumconcernant ces allégations pour autant[163]. Bouleversé etpour plus de sécurité, Maurice décide de quitter La Boc-ca avec son entourage et retourne à Mauzac chez JeanMyrio et Desha Delteil. Les parents de Nita sont envoyéschez des parents de Jean Myrio[164]. Maurice craint que laRésistance ne s’en prenne à lui, mais décide de se rendreseul à Paris début avril afin de se fournir en faux certifi-cats médicaux, malgré les contre-indications de ses amisqui craignent que la Résistance ou l'Allemagne ne décidede le chercher. Au passage, il enregistre deux chansons :La fête à Neuneu et La leçon de piano[165]. Les documentsen poche, il quitte Paris et rejoint les siens[166]. Le 27 mai1944, un tribunal spécial se réunit à Alger et le condamneà mort par contumace[167].Le 6 juin 1944, le débarquement est annoncé à la radio etun vent de révolte soulève la Dordogne. Maurice et sonsecrétaire, Félix Paquet, descendent en ville afin de serendre à la poste et y écouter la radio. Ils sont vite rattra-pés par un homme et une femme qui leur font savoir quedes maquisards sont à leur recherche afin de les fusiller.Maurice décide de se réfugier chez les Delemarre, desamis artistes habitant Cadouin et demande aux deux pré-veneurs de faire savoir à Nita qu'ils ne rentreront pas[168].Nita et la femme de Félix Paquet finissent par les re-joindre. Ensemble, ils passent plusieurs semaines cloîtrésdans la maison, avec la peur que les Allemands ou quela Résistance ne les retrouvent[169]. En août, des journauxnationaux et mondiaux annoncent sa mort, pris à partiepar des maquisards[170]. Le 14 septembre, trois hommesarmés pénètrent en voiture dans la propriété et exigent,mitraillettes à la main, que Maurice leur soit remis. Nevoulant pas que ses hôtes soient blessés, il se montre etest emmené pour être interrogé à Périgueux[171].Arrivés à Périgueux, il est mené au troisième étage d'unemaison où l'attend un commandant de la Résistance, luiaussi originaire de Ménilmontant. Devant les explicationsde Maurice, son attitude se détend et il lui fait signer

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1.7 1935 - 1945 : Du retour en France à la Seconde Guerre mondiale 21

une déposition. Croyant en avoir terminé, l'interrogatoirede Maurice ne fait que commencer. Un homme de trèsgrande taille, surnommé “Doublemètre” entre dans lapièce afin de procéder à l'interrogatoire de l'artiste. Cedernier a à subir la haine que l'officier ressent pour lui,qui déplore le fait qu'il soit trop tard pour fusiller Mauriceet qui tente de tourner sa déposition en sa défaveur[172].Étant une célébrité, l'interrogatoire doit cependant sefaire de façon réglementaire malgré l'attitude de Double-mètre et, au terme de l'entrevue, Maurice est raccom-pagné à Cadouin. Le lendemain, Nita Raya revient deToulouse avec ordre de René Laporte de le ramener ur-gemment à Toulouse en compagnie de deux résistants.Là-bas, il est logé chez une parente de René Laporte,par mesure de sécurité, jusqu'à ce qu'il soit totalementinnocenté[173]. Cloîtré dans l'appartement, il contacte sonmanager, Max Ruppa, afin de lui décrire sa situation. Cedernier décide de contacter le correspondant de guerrebritannique du Daily Express, Basil Cardew, afin qu'il ré-colte la version des fait de Maurice. Celui-ci accepte et serend à Toulouse, accompagné de quelques aviateurs an-glais, auxquels Maurice se confie pendant quatre heuresquant à ses agissements sous l'Occupation[174]. L'articlede presse découlant de cette entrevue fait beaucoup pourle réhabiliter aux yeux de l'opinion publique[175].Un matin, René Laporte mène Pierre Dac à la cachettede Maurice, désireux d'innocenter ce dernier. À sa vue, lechanteur éclate en sanglots et les deux hommes finissentpar s’expliquer. Au terme de la rencontre, Maurice ré-dige une déclaration que le résistant ira lui-même porterdevant le Comité d'épuration national dans le but d'y plai-der en sa faveur[176].Trois jours après son échange avec Dac, Max Rupparetourne voir Maurice avec des aviateurs anglais et unofficier opérateur des Paramount News dans le but dele ramener chez lui à Paris, pour l'y filmer en train des’expliquer concernant les rumeurs qui ont circulé à sonsujet, afin de diffuser son témoignage direct dans descinémas[177]. Ayant appris son arrivée à Paris, le poèteLouis Aragon publie le 9 octobre un article dans le quo-tidien communiste Ce soir dans lequel il prend sa dé-fense, clamant qu'il était une cible facile pour la pro-pagande pour ainsi instiguer le doute dans l'esprit desFrançais[178]. Le poète appelle le chanteur à participerà un rassemblement de cent cinquante mille personnesau cimetière du Père-Lachaise, devant le Mur des Fédé-rés, ce qu'il accepte. La foule lui fait un triomphe sansprécédent[179]. Convoqué par la police judiciaire du 36,quai des Orfèvres, il s’explique devant un comité amicalet quitte les lieux blanchi à leurs yeux[180]. Des journa-listes l'accablent de critiques, auxquelles il préfère ne pasprêter attention[181] :

« Certains journalistes redoublent leurs at-taques. [...] De quoi m'accuse-t-on, en résumé ?De choses que les vrais Français ne retiennentpas. Que je croyais à Pétain au début de son

règne. Qui n'y croyait pas ? Je vous le demande,chez nous, et même ailleurs, puisque des am-bassadeurs d'Amérique, de Russie, et de par-tout, le voyaient intimement, chaque jour, à Vi-chy. Que j'ai chanté onze fois à Radio-Paris,en quatre ans. Alors qu'on insistait pour que jechante hebdomadairement. Que serait-il arrivési j'avais refusé catégoriquement ? Vous le sa-vez aussi bien que moi : une visite un matin,de très bonne heure. Moi et ma petite familleenvoyés Dieu sait où ! »

— Dans la vie faut pas s’en faire (2012), pages 502 - 503Après cela, Henri Betti le rejoint à Paris où tous deux re-commencent à répéter. Maurice remonte sur scène pourla première fois en presque deux ans devant son ancien ré-giment : le 31e d'infanterie de Melun, composé de maqui-sards engagés. Il est acclamé[182]. Puis, il chante devantles troupes américaines à Paris, où il est convoqué par lecomité d'épuration le premier décembre. Dac se présenteégalement devant le comité quelque temps plus tard etMaurice se voit complètement innocenté[183]. Il reprendalors pleinement sa carrière scénique et chante pour lafête des midinettes au palais de Chaillot, puis, le mêmesoir, au Luna Park de Paris, devant quinze mille per-sonnes qui le plébiscitent extraordinairement[184]. Aprèscela, lui comme bien d'autres artistes commence à chan-ter à de nombreuses soirées de bienfaisance au béné-fice d’œuvres variées, dans lesquelles il préfère chantergratuitement[185]. Maurice finit par remonter sur la scènedu Casino de Paris et triomphe. Très demandé, il se pro-duit à Nice, Cannes, Marseille, où les partis socialisteet communiste, et même la marine américaine le fontdemander[186]. Jack Hylton lui propose un contrat de huitsemaines de représentations à Londres, mais l'Angleterrelui refuse un visa car ce dernier est refusé à tout étran-ger ne venant pour l'effort de guerre, celle-ci n'étant pasencore terminée. Maurice part ensuite pour Lyon et yteste, pour quatorze récitals, sa nouvelle formule : seul enscène avec un pianiste pour tout accompagnement. La cri-tique et le public sont conquis. Ayant été désireux depuislongtemps de dépouiller au maximum ses prestations scé-niques, l'accueil critique et populaire réservé à ce qui nes’appelle pas encore un one-man-show conforte le chan-teur dans son rêve de continuer sur cette voie[187]. Sa car-rière allant, la grande majorité du reste de ses concertsseront des one-man-show.Menacé d'être fusillé à la Libération, il est finalementsauvé par le Parti communiste et lavé de tout soupçonde collaboration. Pierre Dac vint en personne deman-der au comité d'épuration que Chevalier soit entièrementet complètement “blanchi”. Le 30 novembre 1945, unrapport du comité national d'épuration des professionsd'artistes dramatiques et lyriques adressé au Ministre desBeaux-Arts conclut à la complète innocence de MauriceChevalier ; c'est par la chanson Fleur de Paris (1945) qu'ilaffirmera son blanchiment et son nouveau départ[188].

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22 2 POSTÉRITÉ

Très vite il renoue avec le succès, allant même jusqu'às’illustrer dans les années 1960 dans un genre inattendu, letwist, avec Le Twist du canotier, enregistré avec le grouperock français Les Chaussettes Noires. À cette époque, ilparraine également dès 1966 la jeune carrière de MireilleMathieu qui deviendra très vite une vedette internatio-nale.De sa seconde moitié de carrière cinématographique, ilfaut remarquer son passage chez René Clair (Le silenceest d'or) en 1947, Ariane de Billy Wilder avec Gary Co-oper et Audrey Hepburn, la comédie musicale Gigi deVincente Minnelli en 1958 (film aux 9 Oscars et 3 GoldenGlobe Awards), et sa participation à l'adaptation améri-caine de la trilogie de Marcel Pagnol : Fanny de JoshuaLogan en 1961, dans lequel il interprète le rôle de Panisse.C'est au cours de ses tournées qu'il invente le one-man-show en 1948[189].Il fut déclaré dangereux pour la sécurité des États-Uniset de ce fait interdit d'entrée sur leur territoire de 1951à 1955 pour avoir signé l'appel de Stockholm contrel'armement nucléaire.Il se produira en 1956 à Paris, à l'Alhambra (Paris) re-baptisé l'Alhambra-Maurice Chevalier, et fera passer enpremière partie un orchestre iconoclaste dirigé par sonjeune arrangeur talentueux de l'époque, Michel Legrand.

1.8 Retraite et décès

Maurice Chevalier est enterré à Marnes-la-Coquette auprès desa mère. Sous son nom, l'inscription Artisan de France, tel qu'ilaimait à se définir.

En 1967, Maurice Chevalier décide de mettre un termeà sa carrière et entame une tournée d'adieux à traversle monde. Le succès est au rendez-vous partout où ilpasse, dans près de vingt pays dont le Canada, la Suède,l'Angleterre, l'Espagne, l'Argentine et les États-Unis, oùil reçoit un Tony Award spécial, venant couronner saprestigieuse carrière. Il termine sa tournée à Paris, authéâtre des Champs-Élysées, où il se produit à guichetsfermés du 1er au 20 octobre 1968. L'année suivante, ilest honoré par Charles Percy lors d'une séance au Sénat

américain[190], et le réalisateur Wolfgang Reitherman luidemande d'interpréter la chanson du film Les Aristo-chats[191], ce que Chevalier accepte de faire, en françaiset en anglais, par amitié pour Walt Disney[191],[192], mortquelques années plus tôt. Il reçoit à Cannes un trophéeMIDEM pour célébrer ses 68 ans de carrière[192] et pu-blie le dernier tome de ses mémoires, Môme à cheveuxblancs.Abattu par le manque du public et l'ennui, dépressif, iltente de se suicider le 7 mars 1971 en avalant une grandequantité de barbituriques et en se tranchant les poignets.Il laisse un mot à son manager François Vals et à ses se-crétaires, les Paquet : « Mes chers enfants, j'ai eu la plusbelle carrière dont a pu rêver un gosse de Ménilmontant.Mais j'ai une fin de vie pitoyable. Je vous demande par-don. Vous êtes tous sur mon testament. Nous nous rever-rons un jour là-haut. Je vous embrasse, Maurice »[193].Il est sauvé, quitte l'hôpital encore plus affaibli, mais lesbarbituriques ingérés ont sensiblement endommagé sesorganes vitaux. Ré-hospitalisé à l'hôpital Necker pour unblocage des reins le 13 décembre 1971[192], il s’y éteint le1er janvier 1972 à 17 h, à l'âge de 83 ans.Aussitôt, des hommages affluent du monde entier et lapresse internationale se fait l'écho de la disparition decelui que Le Parisien surnomme « Le Roi du music-hall[194] ». Le président Georges Pompidou salue la mé-moire d'une « image de la France » dans laquelle « lesFrançais se reconnaissaient volontiers[195]. » Le 5 janvier,une foule d'anonymes et de personnalités (dont Grace deMonaco, Louis de Funès, Michel Simon ou Georges Car-pentier[196]) se réunit à l'église de Marnes-la-Coquette oùses obsèques sont célébrées. Maurice Chevalier est inhu-mé au « cimetière nouveau » de la ville, aux côtés de samère, et non loin d'Albert Willemetz, à qui il devait beau-coup de ses grands succès.Mise à l'encan de la seconde “Louque”.Sa dernière compagne, Odette Meslier, continua à vivredans une partie de cette maison bourgeoise de Marnes-la-Coquette acquise en 1952 et qui avait appartenu à Ri-chard Wallace (une fontaine publique de la série dont ilavait doté Paris ornait le parc), et à qui il donna, comme àsa villa cannoise, le surnom de sa mère, Joséphine Cheva-lier - auprès de qui il voulut être inhumé - et elle conservapendant 42 ans la demeure et son contenu dans l'état, touten la laissant visiter ponctuellement à de rares admira-teurs. Quelques mois après sa mort, les meubles et effetspersonnels du chanteur (dont des canotiers, des cannes,deux pianos d'étude, des photos dédicacées de MarilynMonroe, Marlene Dietrich ou encore Walt Disney, etc.)ou sa voiture ont été dispersés lors d’une vente aux en-chères publiques le 9 décembre 2013 à Drouot[197].

2 Postérité

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3.1 Filmographie 23

2.1 Hommages

Au début de l'année 1972, quelques jours après sa mort,Guy Lux anime une émission télévisée consacrée à Mau-rice Chevalier[198]. Plusieurs invités rendent hommage aufantaisiste (dont des amis comme Charles Trenet, ZiziJeanmaire ou Charles Aznavour) et Paul Anka, venu spé-cialement des États-Unis, interprète une version person-nalisée de My Way, qu'il intitule His Way. Quelques an-nées plus tard, en 1981, Sammy Davis Jr. interprète auLido un tour de chant hommage à Maurice Chevalier[199]

(avec Mireille Mathieu et Charles Aznavour), son ami,qu'il qualifia dans une interview de GREATEST [n 10] (leplus grand). La même année, le maire de Paris JacquesChirac inaugure une Place Maurice Chevalier[200] dans lequartier de Ménilmontant qu'il avait chanté et qui l'avaitvu naître.En 1988, le centième anniversaire de sa naissance estl'occasion d'une exposition au théâtre des Champs-Élysées[201] où Maurice Chevalier avait fait ses adieux àla scène. Une soirée de gala intitulée Maurice de Paris,cinq fois 20 ans est organisée sous la présidence de ZiziJeanmaire. Plusieurs artistes y participèrent : Andrex,Guy Béart, Henri Betti, Jean-Jacques Bricaire, JacquelineCartier, François Chalais, Philippe Clay, Annie Cor-dy, Jacques Crépineau, Jacqueline Danno, Pierre Dela-noé, Sophie Desmarets, Jack Dieval, Paul Guth, AndréHornez, Charles Kiffer, Michel Legrand, André Le-vasseur, Charles Level, Odette Meslier, Marcel Mou-loudji, Roland Petit, Roger Peyrefitte, Popeck, Jean-Michel Rouzière, Henri Spade, François Valéry, FrançoisVals[202]. Il y a également un numéro de l’émission LaChance aux chansons diffusée sur TF1 qui lui a été consa-crée où l’animateur Pascal Sevran est accompagné deHenri Betti qui fut son pianiste et compositeur de 1940 à1945.En France, il existe plusieurs rues portant le nom de Mau-rice Chevalier, comme dans le quartier de La Bocca àCannes, à Goussainville ou Niort, mais la plus célèbre setrouve à Marnes-la-Coquette, là même où l'artiste avaitacheté en 1952 l'ancienne maison du philanthrope bri-tannique Sir Richard Wallace. L'école communale porteégalement son nom[203].Un timbre est édité à son effigie en 1990[204].Dans le dessin animé La Belle et la Bête (1991), « Lu-mière », le candélabre, est un hommage à Maurice Che-valier, en particulier lorsqu'il interprète la chanson C'estla fête.Il fait partie des très rares artistes français à avoir été ho-norés par une étoile au Hollywood Walk of Fame à LosAngeles.

3 Carrière

3.1 Filmographie

Article détaillé : Filmographie de Maurice Chevalier.

3.2 Discographie

Article détaillé : Discographie de Maurice Chevalier.

3.2.1 Grands succès

Article détaillé : Liste des chansons de Maurice Cheva-lier.

En près de 70 ans de carrière, Maurice Chevalier enre-gistra un grand nombre de chansons, dont certaines (par-fois issues de films, de revues ou d'opérettes) sont restéesdans la mémoire collective[205] : Prosper (Yop La Boum),Paris sera toujours Paris, La Chanson du maçon, Dansla vie faut pas s’en faire, Ça sent si bon la France, Mapomme, Valentine ou encore Ah ! si vous connaissiez mapoule. D'autres, à l'image de Ça fait d'excellents français(caricature de la vie politique populaire sous la IIIe Ré-publique) ou Fleur de Paris (métaphore de l'espoir desfrançais à la Libération[206]) furent de grands succès ca-ractéristiques de leur époque. En outre, il fut le premierà interpréter le classique de Charles Trenet, Y'a d'la joie,et sortit de sa retraite en 1970 pour enregistrer, à 81 ans,la chanson du film Les Aristochats.

4 Œuvres

4.1 Livres

En 1943, Maurice Chevalier entreprit de rédiger sesmémoires pour s’occuper l'esprit[207]. Le premier tomefut néanmoins publié en 1946 et, devant le succès, il ré-digea jusqu'à 1969 dix volumes d'une série intitulée Maroute et mes chansons.

Ma route et mes chansons

• Volume 1 : La Louque, René Julliard, 1946, 275pages.

• Volume 2 : Londres, Hollywood, Paris, René Julliard,1947, 242 pages.

• Volume 3 : Tempes grises, René Julliard, 1948, 239pages.

• Volume 4 : Par ci, par là, René Julliard, 1950, 211pages.

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24 5 NOMINATIONS ET RÉCOMPENSES

• Volume 5 : Y'a tant d'amour, René Julliard, 1952,222 pages.

• Volume 6 : Noces d'or, René Julliard, 1954, 279pages.

• Volume 7 : Artisan de France, René Julliard, 1957,220 pages.

• Volume 8 : Soixante-quinze berges, René Julliard,1963, 285 pages.

• Volume 9 : Quatre-vingt berges, René Julliard, 1968,279 pages.

• Volume 10 : Môme à cheveux blancs, Presses de laCité, 1969, 279 pages.

Autres : document utilisé comme source pour la ré-daction de cet article.

• (en) TheMan in the StrawHat : My Story, New York,Thomas Crowell, 1949, 245 pages.

• (en) With Love, Londres, Cassell, 1960, 337 pages.

• Bravo Maurice, Paris, Presses Pocket, 1968, 313pages.

• Les pensées de Momo, Paris, Presses de la Cité,1970, 200 pages.

• (en) I Remember It Well, New York, W. H. Allen,1971, 315 pages.

• Ma route et mes chansons, Flammarion, 1998, 895pages. Ce livre rassemble les quatre premiers tomesdes mémoires de l'artiste et comporte une préface deCharles Aznavour.

• Dans la vie faut pas s’en faire : mémoires, Paris,Omnibus, 2012, 975 pages.Préfacé par Jacques Pessis, cet ouvrage publié en2012 reprend l'essentiel des dix volumes de Maroute et mes chansons[207].

4.2 Chansons

Durant l'Occupation, par manque de nouvelles chansonset d'auteurs à proximité de sa villa de Cannes, Mau-rice Chevalier se voit dans l'obligation de commencer àécrire ses propres chansons. À l'origine, il n'a recoursà l'écriture que par besoin de renouveler son répertoirepour une tournée prochaine en zone libre, mais écrire deschansons finit par faire partie de ses activités jusqu'auxannées 1950. Maurice Chevalier est également l'auteurde quelques sketches.

La rue Maurice Chevalier à Marnes-la-Coquette où vécut l'artistependant de longues années.

5 Nominations et récompenses

5.1 Nominations

Oscars

• 1930 : Oscar du meilleur acteur pour La GrandeMare et Parade d'amour.

Golden Globes

• 1958 : Golden Globe du meilleur acteur dans un filmmusical ou une comédie pour Ariane.

• 1959 : Golden Globe du meilleur acteur dans un filmmusical ou une comédie pour Gigi.

• 1962 : Golden Globe du meilleur acteur dans un filmdramatique pour Fanny.

Laurel Awards

• 1959 : Golden Laurel de la meilleure performancedans un film musical pour Gigi.

• 1960 : Golden Laurel de la meilleure performancedans un film musical pour Can-Can.

• 1963 : Golden Laurel de la meilleure performancedans un film musical pour Les enfants du capitaineGrant.

5.2 Récompenses

Oscars

• 1959 : Oscar d'honneur pour ses contributions aumonde du divertissement pendant plus d'un demi-siècle.

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6.2 Articles connexes 25

Golden Globes

• 1959 : Cecil B. DeMille Award.

Divers

• 1960 : Étoile sur le Walk of Fame à Hollywood (au1651 Vince Street).

• 1968 : Tony Award spécial.

• 1969 : Super Trophée MIDEM[192]

• 2002 : Disney Legend Award (à titre posthume)[208].

Distinctions

• 1917 : Croix de guerre.

• 1964 : Officier de l'ordre national du Mérite.

• 1969 : Officier de la Légion d'honneur[209].

6 Voir aussi

6.1 Bibliographie

: document utilisé comme source pour la ré-daction de cet article.

• (fr) André Rivollet, Maurice Chevalier, de Ménil-montant au Casino de Paris, Bernard Grasset, 1927,260 pages.

• (en) Percy Cudlipp, Maurice Chevalier’s Own Story,Londres, Nash & Grayon, 1930, 124 pages.

• (fr) Jean Boyer, La vie romanesque de Maurice Che-valier, Albert Lévesque, 1934, 228 pages.

• (fr) Pierre Juin, Roméo Carles, Maurice Chevalier.25 années de succès. 1925-1950, Paris, Continentaldiffusion, 1950, 78 pages.

• (en) Gene Ringgold et DeWitt Bodeen, Chevalier.The Films and Career of Maurice Chevalier, The Ci-tadel Press, 1973, 245 pages.

• (fr) André Fildier, Maurice Chevalier, 1888-1972,Fildier cartophile, 1981, 112 pages.

• (en) Michael Freedland, Maurice Chevalier, Mor-row, 1981, 287 pages.

• (fr) Fabien Sabatès,Maurice Chevalier, Paris, O. Or-ban, 1981, 203 pages.

• (fr) Gerty Colin,Maurice Chevalier, une route seméed'étoiles, Paris, Presses de la Cité, 1982, 283 pages.

• (en) James Harding, Maurice Chevalier : His Life,1888-1972, Wm Collins & Sons & Co, 1982, 240pages.

• (fr) Pierre Berruer, Maurice Chevalier raconté parFrançois Vals, Plon, 1988, 238 pages.

• (fr) Claudine Kirgener,Maurice Chevalier, itinéraired'un inconnu célèbre, Paris, Vernal/P. Lebaud, 1988,268 pages.

• (en) David Bret, Maurice Chevalier : Up On Top ofa Rainbow, Robson, 1992, 241 pages.

• (fr) Edward Behr, Maurice Chevalier : l'homme-légende de l'âge d'or du music-hall, Paris, Laffont,1993, 367 pages.

• (fr) Daniel Ringold,Maurice Chevalier : le sourire deParis, TF1 éditions, 1995, 438 pages.

• (fr) François Vals, Maurice Chevalier, Paris, Édi-tions Carpentier, 2002, 252 pages.

• (en) David Bret,Maurice Chevalier : The AuthorisedBiography, 2003, Robson Books, 246 pages.

• (fr) Jacqueline Willemetz, Albert Willemetz et Mau-rice Chevalier. Revues, sketchs et chansons au casinode Paris, Paris, L’Harmattan, 2011, 473 pages.

• (fr) Bernard Lonjon, Maurice Chevalier, le chéri deces dames, Paris, Éditions du Moment, 2012, 233pages.

6.2 Articles connexes

• L'Alhambra-Maurice Chevalier

• Place Maurice-Chevalier

• Liste des chansons de Maurice Chevalier

• Discographie de Maurice Chevalier

6.3 Liens externes

• (en) Maurice Chevalier sur l’Internet MovieDatabase

• (en) Maurice Chevalier sur l'Internet BroadwayDatabase

• Notices d’autorité : Fichier d’autorité internationalvirtuel • International Standard Name Identifier •Bibliothèque nationale de France • Bibliothèque duCongrès • Gemeinsame Normdatei • Base Léonore• WorldCat

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26 7 NOTES ET RÉFÉRENCES

7 Notes et références

7.1 Notes[1] C'est ainsi que Léo Ferré surnommait Maurice Chevalier.

(Dans la vie faut pas s’en faire, Paris, Omnibus, 2012, p.V)

[2] André Halimi écrit : « Son nom, c'est le nom du music hallpendant un demi-siècle. » (On connaît la chanson, Paris,Éditions L'Harmattan, 2005, p. 164.)

[3] 1931 selon les mémoires de Maurice Chevalier, ce queBernard Lonjon, auteur de Maurice Chevalier, le chéri deces dames, qualifiera de “déni” dans son livre.

[4] Maurice Chevalier raconte, entre autres, cette histoiredans son dernier album studio Maurice Chevalier raconteet chante ses 4 fois 20 ans. https://www.youtube.com/watch?v=Dzs5gu4fNlQ#t=992

[5] Une fois dans le triple album 60 ans de chansons publié en1965 et une fois avec l'orchestre de Raymond Legrand àune date inconnue.

[6] Le projet ne se concrétisera finalement pas à cause de sadépression proche.

[7] Le premier enregistrement date de 1925, les autres datentde 1928, 1929, 1947, 1958, 1962, 1965, et un autre datedes années 1960 mais la date précise reste indéterminée.

[8] Le journal de ce jour est lisible à l'adresse suivante : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k684474d/f1.zoom

[9] Le numéro de ce jour est lisible à l'adresse suivante :https://books.google.fr/books?id=fk4EAAAAMBAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false)

[10] Sammy Davis Jr. insista pour que le mot GREATEST soitécrit en majuscules dans l'article (François Vals, MauriceChevalier, op. cit., p. 179).

7.2 Références[1] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Paris,

Omnibus, 2012, p. VIII (Préface de J. Pessis).

[2] François Vals,Maurice Chevalier, Paris, Éditions Carpen-tier, 2002, p. 8.

[3] Acte de naissance de Maurice Chevalier

[4] Laeticia Bonnefoy, Le 20e arrondissement : itinérairesd'histoire et d'architecture, Paris, Action artistique de laville de Paris, 2009, p. 42.

[5] Theodore Zeldin, Histoire des passions françaises, 1848-1945 : Goût et corruption, Paris, Seuil, 1981, p. 396.

[6] Pierre Milza et Serge Berstein, Histoire de la France auXXe siècle, volume 2 : 1930-1945, Paris, Éditions Com-plexe, 2003, p. 91.

[7] Philippe de Comes et Michel Marmin, Le Cinéma fran-çais : 1930-1960, Paris, Éditions Atlas, 1984, p. 17.

[8] James Robert Parish et Michael R. Pitts,Hollywood Song-sters : Allyson to Funicello, Routledge, 2003, p. 157.

[9] Étonnez-moi, 18 février 2012, France Musique (avecJacques Pessis et Jacqueline Willemetz).

[10] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), p 12

[11] « Généalogie de Maurice Chevalier »

[12] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 12

[13] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 15

[14] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 14et 20

[15] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 21

[16] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 22 à25

[17] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 26-27

[18] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 27

[19] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 27-28

[20] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 29

[21] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 34-35

[22] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 35-36

[23] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 37-38

[24] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 39

[25] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 41-42

[26] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 42 à47

[27] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 48et 49

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7.2 Références 27

[28] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 50et 51

[29] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), rzerze

[30] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 56 à59

[31] « Maurice Chevalier - Biographie », sur Du temps des ce-rises aux feuilles mortes (consulté le 29 décembre 2014)

[32] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 59 à65

[33] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 65et 66

[34] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 76 -77

[35] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 78 à80

[36] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 84 à88

[37] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 89

[38] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 90 -91

[39] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 92

[40] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 92 -93

[41] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 92 à94

[42] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 94

[43] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 94 -95

[44] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 97 -98

[45] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 136

[46] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 100à 106

[47] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 109- 110

[48] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 110- 111

[49] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 111- 112

[50] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 112à 122

[51] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 123- 125

[52] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 126

[53] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 125

[54] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 127à 134

[55] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 137à 141

[56] Maurice Chevalier, Les pensées de Momo, Presses de lacité, 1970, 200 p., pages 49 et 50

[57] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 143à 146

[58] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 146- 147

[59] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 148à 150

[60] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 152à 154

[61] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 155à 157

[62] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 168- 169

[63] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 202à 207

[64] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 207à 210

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28 7 NOTES ET RÉFÉRENCES

[65] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 210- 211

[66] « Victor, Charles CHEVALIER », sur Geneanet (consultéle 9 janvier 2015)

[67] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 212à 216

[68] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 216à 220

[69] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 220à 224

[70] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire,Omnibus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3,[pages%20225%20à%20228 lire en ligne])

[71] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 228à 232

[72] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 233- 234

[73] « Interview à la radio de Maurice Chevalier – FondsADAM ‘’Documents sonores isolés’’ », sur Dailymotion(consulté le 9 avril 2015)

[74] Bruno Fuligni, Dans les archives inédites des services se-crets : Un siècle d'histoire et d'espionnage français (1870-1989), L'iconoclaste, 2010, 350 p. (ISBN 2913366295),p. Chapitre « Mistinguett, un cœur au service de laFrance »

[75] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 235à 237

[76] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 237à 242

[77] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 245à 251

[78] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 251

[79] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 252

[80] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 253à 260

[81] Livret Frémeaux & Associés, Maurice Chevalier 1919 -1930

[82] « Maurice Chevalier - Discographie », sur Du temps descerises aux feuilles mortes (consulté le 10 janvier 2015)

[83] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 261

[84] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 260- 263

[85] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 266à 270

[86] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 270à 272

[87] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 272à 276

[88] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 288à 290

[89] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 289à 292

[90] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 294à 299

[91] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 302à 304

[92] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 304à 307

[93] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 307- 308

[94] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 309- 310

[95] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 310- 311

[96] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 311- 312

[97] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 311à 314

[98] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 314- 315

[99] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 315- 316

Page 29: Maurice Chevalier

7.2 Références 29

[100] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 316à 318

[101] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 318

[102] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 328à 331

[103] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 332et 333

[104] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 334à 336

[105] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 337à 347

[106] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 347à 351

[107] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 352- 353

[108] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 354à 359

[109] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 359à 361

[110] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 362

[111] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 364

[112] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 364- 365

[113] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 365

[114] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 365- 366

[115] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 368à 371

[116] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 371

[117] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 372

[118] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 372à 374

[119] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 374- 375

[120] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 377- 378

[121] « Pas de fromage après les pâtes », sur DH.be, 1er janvier2012 (consulté le 27 avril 2015)

[122] « La chanson, c'est le dernier refuge de la tradition orale »,sur L'Express, 27 mars 2003 (consulté le 27 avril 2015)

[123] « Michel Legrand, mélody man », sur L'obs, 12 novembre2013 (consulté le 27 avril 2015)

[124] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 379à 382

[125] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 382- 383

[126] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 383

[127] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 384

[128] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 384-385

[129] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 386- 388

[130] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 388à 391

[131] Lynn Kear, John Rossman, Kay Francis : A PassionateLife And Career, McFarland & Co Inc, 2005, 256 p.(ISBN 978-0786423668), page 80 et 85

[132] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 393à 397

[133] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 425

[134] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 437

[135] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 439à 441

[136] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 450et 451

[137] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 452à 454

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30 7 NOTES ET RÉFÉRENCES

[138] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 455à 458

[139] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 460- 461

[140] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 463- 464

[141] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p., pages 464 - 465

[142] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 466- 467

[143] « Du côté de chez Maurice Chevalier », sur Le Figaro, 21novembre 2013 (consulté le 16 mai 2015)

[144] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 468

[145] Bernard Lonjon, Maurice Chevalier, le chéri de cesdames, Éditions du moment, 2012, 233 p. (ISBN 978-2-35417-139-1), page 83

[146] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 469

[147] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire,Omnibus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3,[page%20469 lire en ligne])

[148] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 470- 471

[149] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 472- 473

[150] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 473

[151] Bernard Lonjon, Maurice Chevalier, le chéri de cesdames, Éditions du moment, 2012, 233 p. (ISBN 978-2-35417-139-1), page 90

[152] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 473- 474

[153] Bernard Lonjon, Maurice Chevalier, le chéri de cesdames, Éditions du moment, 2012, 233 p. (ISBN 978-2-35417-139-1), pages 94 - 95

[154] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 474- 475

[155] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 475- 476

[156] Bernard Lonjon, Maurice Chevalier, le chéri de cesdames, Éditions du moment, 2012, 233 p. (ISBN 978-2-35417-139-1), page 97

[157] Bernard Lonjon, Maurice Chevalier, le chéri de cesdames, Éditions du moment, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-35417-139-1), page 98

[158] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 477

[159] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 478

[160] Bernard Lonjon, Maurice Chevalier, le chéri de cesdames, Éditions du moment, 2012, 233 p. (ISBN 978-2-35417-139-1), page 101

[161] Bernard Lonjon, Maurice Chevalier, le chéri de cesdames, Éditions du moment, 2012, 233 p. (ISBN 978-2-35417-139-1), pages 101 - 102

[162] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 479

[163] Bernard Lonjon, Maurice Chevalier, le chéri de cesdames, Éditions du moment, 2012, 233 p. (ISBN 978-2-35417-139-1), page 105

[164] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 480

[165] « Maurice Chevalier 3ème partie », sur http://afas.revues.org'' (consulté le 11 juin 2015)

[166] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 481

[167] Bernard Lonjon, Maurice Chevalier, le chéri de cesdames, Éditions du moment, 2012, 233 p. (ISBN 978-2-35417-139-1), page 106

[168] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 482- 483

[169] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 484- 485

[170] Bernard Lonjon, Maurice Chevalier, le chéri de cesdames, Éditions du moment, 2012, 233 p. (ISBN 978-2-35417-139-1), page 107

[171] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 486

[172] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 486à 488

[173] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 492

[174] Bernard Lonjon, Maurice Chevalier : Le chéri de cesdames, Éditions du moment, 2012, 233 p. (ISBN 978-2-35417-139-1), page 111

[175] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 493- 494

Page 31: Maurice Chevalier

7.2 Références 31

[176] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 494- 495

[177] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 495à 497

[178] Bernard Lonjon, Maurice Chevalier, le chéri de cesdames, Éditions du moment, 2012, 233 p. (ISBN 978-2-35417-139-1), page 132

[179] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 497à 500

[180] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 501

[181] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 502- 503

[182] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 504

[183] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012 (ISBN 978-2-258-09144-3), page 504

[184] Bernard Lonjon, Maurice Chevalier, le chéri de cesdames, Éditions du moment, 2012, 233 p. (ISBN 978-2-35417-139-1), page 119

[185] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), pages 505- 506

[186] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 508

[187] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, Omni-bus, 2012, 975 p. (ISBN 978-2-258-09144-3), page 509à 511

[188]

[189] « Quand Maurice Chevalier écrivait ses mémoires... - Fi-nistère », sur ouest-france.fr, 13 mars 2012

[190] François Vals, Maurice Chevalier, op. cit., p. 158-159.

[191] Jérémie Noyer, Entretiens avec un empire, rencontresavec les artistes Disney. Volume 1., Éditions L’Harmattan,2010, p. 71.

[192] François Vals, Maurice Chevalier, op. cit., p. 13.

[193] Bernard Lonjon, Maurice Chevalier : Le chéri de cesdames, p. 209-210, Éditions du moment, 2012, 233 p.(ISBN 2354171390)

[194] François Vals, Maurice Chevalier, op. cit., p. 170.

[195] François Vals, Maurice Chevalier, op. cit., p. 171.

[196] François Vals, Maurice Chevalier, op. cit., p. 175.

[197] Jacques Pessis, « Un p'tit air de Maurice Chevalier », inLe Figaro, encart « Culture », jeudi 21 novembre 2013,page 31.

[198] François Vals, Maurice Chevalier, op. cit., p. 178.

[199] François Vals, Maurice Chevalier, op. cit., p. 179.

[200] François Vals, Maurice Chevalier, op. cit., p. 180.

[201] François Vals, Maurice Chevalier, op. cit., p. 183.

[202] François Vals, Maurice Chevalier, op. cit., p. 182.

[203] École Maurice-Chevalier sur le site de Marnes-la-coquette

[204] François Vals, Maurice Chevalier, op. cit., p. 192.

[205] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, op. cit.,p. VII (préface de J. Pessis)

[206] A. Montandon, I.H. Birleanu et M. Constantinescu, Poé-tique de la tradition, Presses Universaires Blaise Pascal,2006, p. 155.

[207] Maurice Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire, op. cit.,p. VI (préface de J. Pessis)

[208] François Vals, Maurice Chevalier, op. cit., p. 256.

[209] Maurice Chevalier, Les pensés de Momo, Presses de lacité, 1970, 200 p., information inscrite sur la jaquette dulivre

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8 Sources, contributeurs et licences du texte et de l’image

8.1 Texte• Maurice Chevalier Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Chevalier?oldid=117640482 Contributeurs : Kelson, HasharBot, Alex-

boom, Roby, Okki, Webkid~frwiki, THA-Zp, Fafnir, Mu, Phe, MedBot, Luna04, Phe-bot, Ollamh, Khardan, Notafish, Vince92, Jef-Infojef, Doch54, Jmc1939, Bob08, Fourvin, Chris93, Gdgourou, Justelipse, Sbisolo, MisterMatt Bot, Holycharly, Stéphane33, Stanlekub,Zetud, Probot, Coyau, RobotQuistnix, FlaBot, YurikBot, Patch051, Litlok, Erdrokan, Huster, H2O, Teddyyy, Julianedm, Droit de retrait01, Aaton77, Sum, Mith, Pautard, Kormin, 120, Thidras, Sylenius, SashatoBot, Playtime, Freddo, NicDumZ, 307sw136, Donald B., Liquid-aim-bot, Vladib2, Silvius9, NicoV, Daniel*D, BARBARE42, Thijs !bot, Octave.H, Kazubon~frwiki, Pj44300, JAnDbot, Desaparecido,LeFit, Albert willemetz, Dfeldmann, In the laps of the gods, Wiolshit, DanRoz, Salebot, Benoit Rochon, MyBot, Le cyclone, Zorrobot,LPLT, Critias, Vincent Lextrait, Priper, TXiKiBoT, VolkovBot, Wikifrédéric, Manuel Trujillo Berges, Music Story, Ptbotgourou, Sie-Bot, Julien Morvan, MystBot, Iafss, Hxhbot, Johncmullen1960~frwiki, Vlaam, Hercule, JymD, Leparc, Pierregil83, DumZiBoT, Surveyor,Francis Vergne, Aruspice, Bourdet, HerculeBot, ZetudBot, Dauzier, CecilF, Adelache, Mike Coppolano, Ccmpg, Atpnh, LaaknorBot, CRU-ZEL, JRibaX, Rflock, Luckas-bot, Crayos, Jjosty, Celette, In Arcadia, Racconish, JmCor, DSisyphBot, Danglars, Peterbruce01, Cantons-de-l'Est, Rencontre Fortuite, JayJay22, Lachine83, Olivier BETTI, Xentyr, Lomita, RedBot, Philippe48, Hypperbone, Trissotin, RamessouMériamon, Salsero35, Tcharlze, Crochet.david.bot, Sisqi, Culex, Kvardek du, Artvill, Jules78120, Cardabela48, JoeyRamone, StarDeg,Paul.schrepfer, MerlIwBot, FTKFLM, LoveBot, Arsendis, Vanexia, GZ-Bot, Éric Messel, FDo64, Saturne160, Makecat-bot, Nicolas AN-CEAU, T Cannes I You, DiliBot, Addbot, AméliorationsModestes, Christian D'AUFIN, Bulbab, GratusBot, HunsuBot, LaVoiture-balai,Phonoscene, KasparBot et Anonyme : 59

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3.0 Contributeurs : <a href='//validator.w3.org/' data-x-rel='nofollow'><img alt='W3C' src='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/1/1a/Valid_SVG_1.1_%28green%29.svg/88px-Valid_SVG_1.1_%28green%29.svg.png' width='88' height='30'style='vertical-align : top' srcset='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/1/1a/Valid_SVG_1.1_%28green%29.svg/132px-Valid_SVG_1.1_%28green%29.svg.png 1.5x, https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/1/1a/Valid_SVG_1.1_%28green%29.svg/176px-Valid_SVG_1.1_%28green%29.svg.png 2x' data-file-width='91' data-file-height='31' /></a>iLe code de cefichier SVG est <a data-x-rel='nofollow' class='external text' href='//validator.w3.org/check?uri=https%3A%2F%2Fcommons.wikimedia.org%2Fwiki%2FSpecial%3AFilepath%2FBlason_paris_75.svg,<span>,&,</span>,ss=1#source'>valide</a>.Artiste d’origine : Manassas

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