Materialismes. N°11.A3.pdf

download Materialismes. N°11.A3.pdf

of 4

Transcript of Materialismes. N°11.A3.pdf

  • 8/12/2019 Materialismes. N11.A3.pdf

    1/4

    DU 2 AU 8AOT 2014 / http://materialismes.wordpress.com/ DIFFUSION MILITANTE

    (Vendredi 8 Aot. Au moment de conclure cet article, aprs 72 heures de cessez-le-feu, les ngocia-tions ont chou. Tirs de roquettes et frappes ariennes ont repris.)

    Hadar Goldin est le nom du sous-lieutenant isralien, prsum captur, mort au com-bat. Azim, le nom dun membre de lUNRWA, gardien de lentre dune cole de lONU Rafah,mort aprs un bombardement isralien1.

    Un juif. Un Palestinien. Deux mondes. Tous les deux, morts. Le Lundi 4 Aot, lan-nonce de lEgypte, nous sommes entrs dans une nouvelle squence, celle de la bor-dure protectrice diplomatique . Si cette date semble signer un cessez-le-feu prolong ngociations indirectes, rien nest conclure. Ni sur lavenir, tant les ngociations ap-paraissent fragiles. Ni sur ce qui a eu lieu. Seul est possible un dcompte macabre sansvainqueur, aprs quatre semaines de conit, sur la terre de Gaza : prs de 1900 morts,dont 80 % de civils, 9000 blesss et de 4 6 milliards de dgts (Le Monde, 7 Aot).

    Si lopration militaire terrestre bordure protectrice dIsral restera, dans notremmoire, une guerre Gaza , le peuple palestinien continuera dtre prisonnier deguerre la paix signe (Le Monde, dito, 4 aot). Car lorsque lon parle dIsral etde la Palestine, il y a un occupant et un occup (LHumanit, 5 Aot). Se pose, ds

    aujourdhui,la question du peuple palestinien : Si larme isralienne se retire et nouslaisse dans notre misre, sans nous accorder la leve du blocus, nous ne pourrons ja-mais nous relever. Autant nous achever maintenant ! (Le Monde, 5 Aot).

    Cest pourquoi, la mobilisation internationale doit tre maintenue. Le samedi 5 Aot,une srie de manifestations est prvue, pour maintenir notre vigilance et pression et crer les conditions dun cessez-le-feu et dune paix durable (LHumanit, 8 Aot).

    DEUX PEUPLESIci, Goldin. L, Azim. Face face deux peuples. Les deux lidologie et limagi-

    naire collectif saturs. Deux peuples, dont la coexistence semble impossible, chacunsinterpellant depuis un repli identitaire et le fantasme de lautre. En ralit, jamaislignorance entre les deux socits, isralienne et palestinienne, na t aussi profonde.Consquence des accords dOslo, des deux Intifadas, de la construction du mur et delchec rpt des ngociations de paix, les deux communauts ne se mlangent plus (Le Monde, 8 Aot).

    Ici, le peuple dIsral. Pour sa majorit, 87 %, Gaza est perue comme une menace.Les Israliens ne pensent pas Gaza comme un lieu, mais comme une chose, une bom-be dun million et demi de personnes, faite de misre, dintgrisme. Aussi, une guerreprventive Gaza est-elle facile faire passer auprs de lopinion publique, mme mo-dre (LHumanit.fr/7Aot). Attabls une table de caf, certains blaguent et rient : Que ferons-nous de la bande de Gaza quand tout y sera ras ? Un grand parc dat-tractions ! . Tmoin, Talia, une jeune architecte, bouleverse, convaincue que quelquechose a bascul, pour le pire, en Isral. Latmosphre est dltre. Pour la premirefois, dit-elle, je fais attention aux opinions que jexprime en prsence dinconnus. Mmeles ides humanistes les plus consensuelles peuvent susciter de violentes ractions ; Aprs lenlvement et le rapt de trois jeunes colons en juin, en Cisjordanie, le sentimentde vengeance sest rpandu dans la rue. Une atmosphre de guerre et de consensusavec le gouvernement sest installe. Pendant la premire guerre du Liban, dj, desmilitants de la paix ont t assassins, mais cette violence tait le fait de groupes extr-mistes marginaux. L, cest une mobilisation de toute la socit. Benyamin Netanyahoua tout fait pour entretenir ce climat de peur qui a rendu possible cette banalisationdes ides dextrme droite (Le Monde, 5 Aot). Lapplication tlphonique Red Alertajoute cette ambiance anxiogne ; Elle permet, chaque tir, lexpression de com-mentaires terriants. Florilge : Les Arabes sont le cancer de lhumanit , Chassezvite ces rats de leurs tunnels ! , Mort au Hamas, mort la Palestine, mort lislam !

    Amen ! Allluia ! , Le Hamas nest constitu que de lches qui se cachent derrire desfemmes et des enfants , Exterminez ce peuple de merde et ceux qui le soutiennent travers le monde ; (Le Monde, 5 Aot). Enn ce dernier tmoin qui trouve pour so-lution de faire venir encore plus de Juifs en Isral et en Cisjordanie. Quand les Pa-lestiniens auront compris que nous sommes l pour toujours et que le projet sioniste sepoursuit, alors ils sassiront la table des discussions. Nous devons continuer croireen nous et faire ce que nous avons faire. Et peu importe ce que le monde pense de

    1. Cet article fait le compte des forces en prsence dans le conit isralo-palestinien, par la reve darticlespblis dans la presse crite franaise. Ce cinqime Hors-srie a t rdig entre le 2 et 8 Aot 2014.

    nous. (Le Monde, 8 Aot)L, la jeunesse palestinienne de Gaza.

    Les rseaux sociaux y font lcho2de ladpression, la peur et lhorreur davoirchaque jour comptabiliser les victimes .Dans leurs messages, on est () danslmotion, lchange dimages et dinfor-mations sur le vif : qui, o, comment ? ; Il y a un mlange de haine et de dses-poir. Ils considrent tout le monde com-me des tratres : les Egyptiens, les chefsdEtat arabes qui les abandonnent leur

    sort, Mahmoud Abbas qui, estiment-ils, apactis sur leur dos avec Isral. Et bien srIsral lui-mme, quils accusent de com-mettre des massacres et un gno-cide .

    Tous se sentent pigs. O aller ? Ose rfugier ? Ils ne savent pas. Cest pourcela quils refusent de considrer quilssont des boucliers humains . Eux sont l. Nous sommes dans un ghetto , disent-ils. Ils parlent du ghetto de Gaza . Dansun tweet du 23 juillet, un jeune palestiniencrit : Je veux vivre et, si je meurs, sa-chez que je ntais ni un partisan du Ha-mas ni un combattant. Je ntais pas nonplus un bouclier humain. Jtais la mai-son. ; En fait, les Palestiniens de Gazadisent un triple non : non au Hamas, non

    Abbas et non Isral. Ils ne voient pasclair dans la suite des vnements, maisau moins ils savent trs bien ce dont ils neveulent pas . (Le Monde, 2 Aot). Pour-quoi ne se soulve-t-il pas ? : Descendredans la rue et manifester, ils connaissent.

    Aujourdhui, ils sont fatigus et ils ont peur.Gaza na rien dune dmocratie. Ceux quicritiquent sont jets en prison. Ils ne croientplus par ailleurs la rsistance par la vio-lence. Cest pour cela quils ninvestissentplus la rue. Lautre raison pour laquelle lesPalestiniens de Gaza ne se rvoltent pascontre le Hamas, cest quils ne voient pasqui pourrait prendre sa place. En rsum,le peuple palestinien est bout de forceset ses chefs sont faibles. La porte est

    donc ouverte tous les extrmistes. (Le

    Monde, 2 Aot)

    RAFAH ET LE GOT DE CENDRE Depuis vendredi 1 aot, chaque arrt

    provisoire des hostilits, chaque cessez-le-feu, sachve en nouveau bain de sang (Le Monde, 5 Aot). La guerre Gaza seconcentre sur Rafah, ville au sud, frontali-re avec lEgypte et Isral. Un conditionnelaura suft dclencher les foudres du cielet mettre un terme une trve acceptele matin mme par Isral et le Hamas. Unsoldat isralien aurait t captur par lesbrigades Ezzedine Al-Qassam, branchearme du Hamas. Sans conrmation of-cielle, prcipitamment condamne partoutes les diplomaties allies, dclare

    violation barbare par le secrtaire gn-ral des Nations Unis (Le Monde, 4 Aot),

    2 Nos reprodisons lintgralit de cet entretien avecOrit Perlov, pbli dans La Monde. 2 aot 2014 srnotre site : http://materialismes.wordpress.com/hors-serie/. Orit Perlov, 34 ans, est cherchese lInstitutdes tudes nationales stratgiques (INSS)de Tel-Aviv.Cette Isralienne, est ne spcialiste des socits ara-bes, qelle analyse, notamment, travers les rseaxsociax.

    Isral sest trouv lgitimit en engageantle protocole Hannibal . Celui-ci dnitles rgles dengagement en cas de captu-re prsume dun soldat : Lors dun en-lvement, la mission principale est de sau-ver nos soldats de leurs ravisseurs, mmesils peuvent tre blesss pendant lop-ration. Des tirs darmes lgres peuventtre utiliss pour abattre les ravisseurs oules arrter. Si le vhicule ou les ravisseursne sarrtent pas, un tir de sniper devraittre utilis pour les toucher, mme si cela

    signie toucher nos soldats. Du point devue de larme, mieux vaut un soldat mortquun soldat captif qui peut tre tortur etobliger lEtat librer des milliers de pri-sonniers pour obtenir sa libration. (LeMonde, 7 Aot).

    Du conditionnel, ce fait : Le soldat isra-lien Hadar Goldin a t retrouv mort aucombat, mais aprs un bombardementmassif de Rafah, entrainant la mort denombreux civils rfugis sous protectionde lONU.

    Dans une cole, pourtant, pendant quel-ques instants, quelques enfants, le sourireaux lvres, avaient retrouv la joie dtredes enfants, larrive de deux char-rettes transportant des bonbons et desbiscuits. Une vritable caverne dAli Baba

    pour ces gosses (). Ils sont l sousles yeux dAzim, employ de lUNRWA,charg de la surveillance de lentre decette cole de lONU (LHumanit, 5

    Aot). Azim les regarde et entend leurs ri-res frais aprs des semaines de pleurs .Mais soudain, jai vu une amme et desgens qui tombaient devant moi. Un droneisralien a tir ; Peu importe la foule,peu importe la proximit de ltablisse-ment des Nations unies. Dix personnessont tues. Le plus g dentre eux avait peine huit ans. Vingt-cinq autres gos-ses sont blesss . (LHumanit, 4 Aot).

    Azim sera retrouv mort lui aussi, tombsans vie (LHumanit, 5 Aot). Son prele pleure, comme des milliers dautres p-

    res et mres pleurent leurs enfants et exul-te : Isral mne une guerre contre tout

    N

    11

    GOLDIN CONTRE AZIMLA POLITIQUE DU PIRE OU

    LIMPUISSANCE DIPLOMATIQUE

    SOMMAIRE :

    - Goldin contre Azim, p.1-3- L et lire, p.2- Jars (extrait), p.4

    MATERIALISMES :http://materialismes.wordpress.com/

  • 8/12/2019 Materialismes. N11.A3.pdf

    2/4

    le peuple palestinien, avec le soutien desEtats-Unis qui fournissent les armes et lesmunitions. ; Azim travaillait pour lONU,Ban Ki-moon doit lui aussi porter plaintepour crime de guerre. Sil refuse, cestquil est complice de ces crimes (LHu-manit, 5 Aot). Encore inatteignable,mardi 5 Aot, lodeur y est dcrite insou-tenable. Des morceaux de corps y sontdgags et placs dans les draps . Cescorps vols leur terre sont jusque dansla mort en exil : quelle spulture leur don-ner ? (LHumanit, 5 Aot). Et si la terremanque la sacralit du deuil, ceux qui

    survivent, ont des rues entires rayesde la carte ; Les conditions sanitairessont dsastreuses. Les salles et les allescrasseuses des coles surpeuples af-chent le douloureux spectacle du dnue-ment et de la promiscuit (Le Monde, 5

    Aot). A ce spectacle dune terre souffran-te, celui des corps souffrants de faim, quine laisse dautres choix que le vol : Nousnavons quun repas par jour. Trois pains,un peu de fromage et un petit morceau deviande. Je dois le diviser entre mes quatreenfants et mon mari , soupire une mre,qui avoue en tre rduite au chapardage : Jai deux jumeaux gs dun an et ils ontbesoin de lait. Ds que je le peux, je vaisvoler des briques de lait dans les bureaux

    de ladministration. Je nai pas le choix. (Le Monde, 5 Aot).Ban Ki-moon condamnera : cette fo-

    lie dnonant un scandale du pointde vue moral et un acte criminel . LesEtats-Unis se sont dits consterns parce bombardement honteux . FranoisHollande jugera lattaque inadmissible ,appelant ce que les responsables ducarnage rpondent de leurs actes (LeMonde, 5 Aot).

    Nous en tirerons trois points danalyse.

    Mais avant, nous voudrions souleverune question : les accusations verba-les des diplomaties europennes et desEtas-Unis se sont faites entendre aprsle bombardement dun btiment sous

    convention internationale. Quel statut etquelle valeur diplomatiques accorder auxrues et maisons, celles des anonymes, dupeuple ? Les drapeaux blancs brandis parles familles dsuvres dans le chaos dela guerre, nont-ils pas droit une mmereconnaissance, une mme protection ?Faut-il conclure quun bombardementnest pas de mme nature dans son hor-reur et son nombre de morts, selon sonpoint dimpact ? Ici, des maisons, desrues et lappel la retenue. L, une colesous le drapeau de lONU, le scandaleinternational et le retrait de larme isra-lienne. Nous savons que lhistoire est faitede ces moments de basculement, de cessymboles martyrs, de ces acclrations

    qui dcident des vnements. Mais queserait aujourdhui cette guerre Gaza sicette cole navait pas t dtruite ? Quel-les auraient t les positions, gomtriesvariables des pressions internationales ?

    Aussi, devons-nous continuer faireentendre tous les tmoignages, ceux desoublis de la scne diplomatique. Les hors-lieux, ces drapeaux blancs sans lONU.

    Ainsi ce crime de guerre Khouza, vil-lage qui jouxte la frontire avec Isral. Cequils ont dcouvert a dpass toutes leshorreurs. Lorsque je suis revenu, je nar-rivai mme pas me reprer. On ne noustraite pas comme des tres humains . Des

    habitants coincs, incapables de fuir, prisau pige sous le dluge de bombes. Uncas de crime de guerre caractris. Mmeles secours nont pu accder la zone,empchs par larme isralienne. Lesol est dun noir de sang sch mlang de la poussire. Sur les carreaux blancsdes murs, des claboussures de sang etdes dizaines dimpacts de balles. lex-trieur, le mur ne prsente aucune trace.Cest l quAhmed a retrouv son ls Bilal,22 ans, couch sous un amoncellementde corps. Ils taient six. Ctaient descivils. Depuis 1967, jai vcu plus dune

    guerre mene par les Israliens. Mais ana jamais t comme a. Ils veulent nouseffacer de lhumanit. . Le jour de lin-vasion terrestre, beaucoup de gens duquartier se sont regroups. Nous tionsenviron 170, hommes, femmes, enfants,dans une maison o nous pensions tre labri des bombardements. Mais le patio at touch et nous nous sommes rfugisdans la maison mitoyenne o nous pou-vions entrer sans sortir dans la rue. Maisau milieu de la nuit, les obus sont tombsde faon encore plus intense. Nous avonstent de joindre la Croix-Rouge et desleaders palestiniens, qui nous ont dit queles Israliens nacceptaient pas notre va-cuation. Vers 6 h 30, le matin du 25 juillet,

    nous avons pris le risque de sortir. Nousavons brandi un drapeau blanc et avonscommenc marcher vers Abassane.Nous sentions des balles sifer au-dessusde nos ttes. Des clats ont bless lg-rement un homme du groupe. Cest alorsque nous avons aperu un char. On sesttous mis genoux, les mains en lair. Onest rest environ une heure comme a. Lechar tirait au-dessus de nous et lanait desbombes qui faisaient du bruit, sans clats.Mais un homme de 55 ans, Mohammed,a t touch au ct droit de la poitrine.Il tait juste ct de moi. Je nai rien pufaire. Il a agonis pendant dix minutes puisest mort. Par la suite, le char a avancvers nous. On pensait quon allait mourir.Un soldat est sorti de sa tourelle, nous a

    lms puis a demand, en arabe, que lundentre nous vienne discuter. Nous avonsenvoy Haytham Al Najjar avec un drapeaublanc. On nous a ensuite autoriss partiraprs que les hommes et les adolescentsont soulev leurs chemises pour montrerquils navaient pas darmes ni dexplosifs.Nous avons emmen le corps de Moham-med mais mme ce moment-l ils tiraientau-dessus de nos ttes (LHumanit,6 Aot). Tous aujourdhui pleurent leursmorts et la destruction de leur village.

    Ainsi, Khouzaa, dans un cauchemarde ruines ; (Le Monde 7, Aot). Auxmaisons dtruites, sajoutent les champs, labours par les obus et les bulldozersde larme isralienne la recherche des

    tunnels du Hamas. Il ne reste rien deschamps de bls, des cultures de toma-tes, des pieds doliviers. Dans lair ottelodeur pestilentielle des cadavres dani-maux (Le Monde, 7 Aot). Une cono-mie dvaste.

    Ainsi, Chedjaa, lest de Gaza-Ville, au got de cendre , le rseau urbain acompltement disparu. Les rues se sontvolatilises, remplaces par des dunesde poussire et de bton broy, formantcomme un linceul sur les btiments dvas-ts. Dans ce paysage lunaire, on imaginece que fut louragan de feu isralien. Ici,les cratres bants rsultant des frappes

    cibles des avions F-16 et au fond desquels stagne une mare nausabonde deaux

    uses ; l, des maisons cribles de trous dobus ou de mitrailleuses, rsultat dun pilon-nage continu par les chars israliens. Dans un silence impressionnant, trois enfantssavancent, aligns. Lun tient une pelle, lautre un jerrican deau vide, et le dernier unfond de sac de denres alimentaires de lUNRWA, lagence de lONU charge de laideaux rfugis palestiniens. Limage saisissante rsume les calamits de la bande de Gazaaprs le retrait des troupes israliennes (Le Monde, 7 Aot).

    Revenir dans ses terres est une arme de rsistance, une faon de conjurer lesort (Le Monde, 7 Aot) ; Rsister sans arme, voil ce quil reste au peuple pour quiles armes ne sont plus la solution. Nous ne sommes pas avec le Hamas, mais avecla rsistance qui est compose de tous les groupes palestiniens. Rsister, ce nest pasque prendre les armes. Le peuple a rsist. Les ouvriers de la compagnie dlectricitqui sortait rparer malgr les bombes ont rsist. Les ambulanciers ont rsist (LHumanit, 7 Aot)

    A total, cette guerre aurait dmoli plus de 10 000 maisons, des centaines dcoles, transformes en lieux de refuge, sont au bord de limplosion et ne seront plus opra-tionnelles pour la rentre scolaire, des routes entires sont dsormais impraticables .Le ministre palestinien des nances a chiffr entre 4 et 6 milliards de dollars (entre 3

    et 4,5 milliards deuros) les besoins les plus urgents de la reconstruction . (Le Monde,7 Aot) ; Ce que nous voulons maintenant cest louverture des passages pourquentrent les matriaux de reconstruction. Et nous ne voulons plus vivre comme avant.Le blocus doit tre lev parce quil a fait autant de morts que cette guerre cause dumanque de mdicaments, du manque de mdecins, des conditions de vie dplorablesqui nous sont imposes. (LHumanit, 7 Aot)

    LES CONDITIONS DE LA NGOCIATIONMais de tous ces villages anonymes de lhistoire de ces quatre dernires semaines,

    le nom que nous garderons est Rafah. Il a marqu le tournant de cette guerre. Il a d-cid du retrait graduel et unilatral de larme isralienne et son redploiement dfensif.Lundi 4 Aout, lEgypte annonce un cessez-le-feu et des ngociations au Caire.

    Sur leurs conditions de possibilit - ou dimpossibilit -, nous retiendrons ces troispoints :

    1) - Le premierconcerne le Hamas. Il y a une semaine, les analyses tendaient d-montrer une perte de contrle de la direction politique sur sa branche arme. Ellessoulignaient le peu de visibilit des leaders politiques sur les oprations militaires des

    combattants, laisss leur propre jugement et rpondant leurs propres objectifs .Deux lignes semblaient alors se dtacher : une direction politique normalise, sous lin-uence du chef du bureau politique Khaled Mechaal et une aile militaire revendiquant larsistance arme.

    Depuis des signes daffaiblissement et la pression internationale ont accul le Hamas, un accord de principe pour un cessez-le-feu de trois jours reconductible et sansconditions . Le rejet du Qatar et de la Turquie aux ngociations le 25 juillet, na laissdautre choix au mouvement islamiste que dassouplir ses conditions et de se rendre auCaire au sein dune dlgation palestinienne unie . Cette dlgation, intgrant des

    LuS ET LIREPALESTINE. Jean-Pierre Filiu, LHistoire de Gaza, Fayard, 2012.IRAK.Seuls les rebelles syriens et les kurdes dIrak uvrent sauver les chrtiens dOrient,Jean-Pierre Filiu. Le Monde, Lundi 4 Aot.

    FRANCE. JAURES au prsent. Sur les paules de Marx, G. Mordillat et F. Guda,LHumanit, 5 Aot.

    N11/ HORS-SERIE. MATERIALISMES

    J

    OSHMACPHEE..2014.

  • 8/12/2019 Materialismes. N11.A3.pdf

    3/4

    reprsentants du Jihad islamique et de lAutorit palestinienne, est dirige par Azzam Al-Ahmad, membre du comit central du Fatah, le parti du prsident Mahmoud Abbas etgrand rival du Hamas (Le Monde, 6 aot).

    Aux rivalits internes, sajoute la totale dance du Hamas envers le mdiateur gyp-tien, alli dIsral. Depuis la chute du prsident Morsi et la prise de pouvoir de larmele 3 juillet 2013, le gnral Al-Sissi a engag une lutte mort avec la confrrie islamistedes Frres musulmans, dclare organisation terroriste, et sa branche palestinienne, leHamas. Le mouvement frriste est accus par lEgypte et ses allis rgionaux, la Jor-danie, lArabie saoudite et les Emirats arabes unis, de menes dstabilistatrices dansla rgion ; Lanimosit du rgime gyptien envers le Hamas est devenue lun de sesintrts les mieux partags avec Isral. voulant isoler le Hamas au prot de lAutoritpalestinienne et du prsident Mahmoud Abbas ; Depuis la prise de pouvoir du Hamas Gaza en 2007, lEgypte refuse douvrir son point de passage de Rafah tant que les forcesde scurit de lAutorit palestinienne ne le contrlent pas. Cette dcision marque ga-lement le refus dentriner la scission de fait entre la Cisjordanie et la bande de Gaza. ;(Le Monde, 2 Aot).

    En somme, on demande au Hamas de sasseoir la table de son ennemi, lEgypte reprsent par le chef du renseignement gyptien, Mohammed Farid Al Tohamy, connupour son aversion pour le Hamas (Le Monde, 7 Aot)-, pour traiter avec son autreennemi, Isral, selon des conditions de ngociations unilatrales. On se demande com-mentAzzam Al-Ahmad peut garantir le maintien dun cessez-le feu et son prolongement Gaza. Pour le Hamas, accepter, cest admettre avoir perdu. Refuser, cest perdre toutelgitimit internationale et asseoir le discours Isralien sur le terrorisme islamique. Par cenon-choix qui lui est impos, le perdant reste le peuple palestinien, au risque que leshabitants de Gaza, nayant rien perdre, ne peuvent quadhrer au discours nihiliste du

    Hamas qui promet de punir lennemi invisible, abrit derrire ses drones et ses barrireslectroniques, en change dune vie ternelle. (Le Monde, 7 Aot).

    2) - Lesecond point. Pour Isral, la chose apparait plus confuse et semble stredroule en deux temps. Le samedi 2 Aot, la revendication des brigades armes du Ha-mas de lenlvement du soldat Goldin, a t pour Netanyahou une porte de sortie ines-pre aprs la tragdie de Rafah. Mettant un terme la trve dcide le matin mme,elle lui a permis dviter un face face au Caire avec le Hamas. Refusant de siger latable des ngociations de paix, Netanyahou opta pour une politique de la chaise vide .Lundi 4 Aout, au soir, aprs le retrait unilatral des forces armes de bande de Gaza,Netanyahou dclarait que lopration se poursuivrait, notamment par des moyens a-riens tant que lobjectif de restauration du calme contre calme ne serait pas atteint. Lacampagne Gaza se poursuivra et ne prendra n que quand les citoyens dIsral aurontrecouvr le calme et la scurit de manire prolonge . (Le Monde, 6 Aot). Pourtant,plus tard dans la nuit, sans informer le cabinet isralien de scurit, il accepta la proposi-tion gyptienne dun cessez-le-feu . (Le Monde, 6 Aot). Les raisons de ce choix seront claircir. Ofciellement, le retrait est justi par lobjectif atteint. La destrcution d un

    tiers des 9000 roquettes censes tre dtenues par le mouvement islamique palestinien,et une trentaine de tunnels . Par l, Isral estime avoir renvoy le Hamas cinq ans enarrire , les deux tiers de son arsenal ayant t dtruit ou utilis, la plupart des tunnelsneutraliss (Le Monde, 6 Aot). Mais la seule chose claire est que, contre la propositionde la diplomatie amricaine, Tel-Aviv a obtenu que lEgypte revienne au centre des n-gociations , les ngociateurs qataris et turcs, parrains du Hamas, ayant t relgus ausecond plan . Cela au risque que la convergence dintrts entre lEgypte et Isral mette en pril la russite des ngociations. (Le Monde, 2 Aot).

    Quelles sont alors les conditions de cette ngociation ? Au mieux un scepticisme,

    considrer les deux camps. Dun ct, ladlgation palestinienne a prsent une lis-te de demandes : - ouverture des pointsde passage, - passage des biens et despersonnes, - extension de la zone de pcheet accs aux terres situes dans la zonetampon avec Isral. De lautre, Tel-Aviv arefus de discuter la construction dun portet dun aroport et de la libre circulation en-tre la Cisjordanie et Gaza. La libration desprisonniers palestiniens devrait tre repor-te des ngociations ultrieures. . Parcontre, M. Ntanyahou sest dit favorable un allgement du blocus sur les passa-

    ges frontaliers et limportation de biens,en change de la scurit. Mais il condi-tionne la rhabilitation et le dveloppementde la bande de Gaza sa dmilitarisation.Cela suppose le dmantlement de larse-nal du Hamas, voire celui de sa branchemilitaire et des autres factions armes . LeHamas sy oppose. Isral prne aussi lamise en place dun mcanisme de super-vision internationale aux frontires et danslenclave pour empcher le rarmementdes factions palestinien. LEgypte et lAuto-rit palestinienne, voire lUnion europen-ne, pourraient tre charges du contrle dupoint de passage de Rafah. (Le Monde,7 Aot).

    Lquilibre de ce dialogue de sourds,tient dans le renforcement, prn par lesmdiateurs internationaux, de lAutorit pa-lestinienne Gaza, en dpit des ralitsdu terrain du Hamas. Il y a fort craindreque les parties ne parviennent sentendreque sur un accord de cessez-le-feua mini-ma, qui inclurait des garanties long termesur une leve du sige risquant fort de nepas tre mise en uvre une fois lattentionretombe (Le Monde, 7 Aot). Un cycledun retour prochain la violence sembleinvitable, dautant quaucune question defond nest sur la table, dont celle de la cra-tion dun Etat Palestinien. Ainsi un membrede la dlgation palestinienne a rappelvendredi : Sans rponse isralienne linitiative gyptienne, qui contient les exi-gences palestiniennes, plusieurs options

    sont possibles. En ce qui concerne uneprolongation de la trve, si on nous la pro-pose, nous y rchirons le moment venu,mais cela dpend de la faon dont les n-gociations se droulent . Ajoutant cettemenace : Il ny avait pas daccord pourprolonger le cessez-le-feu (LHumanit,8 Aot). Rien nest donc plus fragile que les

    jours prochains. Nous sommes toujours la croise des chemins et une nouvelleconfrontation est possible . (Le Monde,7 Aot)

    3) - Le troisime pointest limpuissancede la diplomatie internationale et nationale. La diplomatie est, pour lheure, anesth-sie soulignait ldito de LHumanit,du 4

    Aot, au point que Benyamin Netanyahouna cure des 1 800 morts dnombrs dansla bande de Gaza, dont plus de 80 % sontdes civils (). Il veut faire la guerre quandIsral le dcide et larrter son bon vou-loir. (LHumanit, 4 Aot).

    Les Etats-Unis nont donn, depuis unesemaine, que des expressions dindigna-tion degrs variables et symtriques, si-gnes de limpuissance laquelle sembletre rduit le plus puissant alli de lEtat juif (Le Monde, 6 Aot). Alors que le RoyaumeUni et lEspagne viennent de rviser et degeler leurs contrats darmement avec Is-ral, alors que Sayeeda Warsi, secrtairebritannique, a dmissionn de son gouver-nement, dnonant la politique pro-isra-lienne de Londres (Le Monde, 7 Aot), le

    Congrs amricain a vot, le 1 Aot, unerallonge de 225 millions de dollars pour leprogramme isralien Dme de fer . Pro-gramme qui a dj bnci en 2014 duneaide de 235 millions de dollars . Un votede 395 voix contre 8. (Le Monde, 6 Aot).Pris de court par lannonce gyptiennedun cessez-le-feu, les Etats-Unis ont indi-qus quils participeront probablement

    aux ngociations au Caire. (Le Monde, 7Aot).

    En France, nous retiendrons la paralysieet les propos dplacs de Hollande quilont menes une position intenable (Le Monde, 6 Aot). Aprs son chantdamour pour Isral et ses dirigeants ouprenant pour tmoin lhistoire de la Franceet de lAllemagne pour dmontrer que lavolont peut toujours triompher de la fata-lit et que des peuples qui ont t regardscomme des ennemis hrditaires peuventen quelques annes se rconcilier , (LHu-manit, 4 Aot), des voix se sont leves.

    Villepin, dans le Figaro. Par soumission la voix du plus fort, la voix de la France sesttue, () Comment comprendre aujourdhuique la France appelle la retenue quandon tue des enfants en connaissance decause ? (LHumanit, 4 Aot). ; Dansce conit, la France a perdu sa voix singu-lire, celle qui ne cde jamais devant les in-timidations et plaide en toutes circonstan-ces pour la reconnaissance des droits dupeuple palestinien. (LHumanit, dito,4 Aot). En somme, tout le monde a parlsauf celui qui aurait d tre notre voix. Uneexception tardive, lundi 4 Aot, Hollande,comme les autres, brandissant la menacedune solution politique () qui devra treimpose par la communaut internationale,puisque les deux parties, malgr dinnom-brables tentatives, se sont malheureuse-ment montres incapables den conclurela ngociation . Mais lhistoire sest jouesans lui. Il ntait plus temps dimplorermais de sommer au respect du droit inter-national (Le Monde, 4 Aot).

    En France encore, nous retiendrons lesamedi 2 aot. 20 000 personnes ont ma-nifestes, toute la gauche runie lexcep-tion du PS, rappelant qu il est impossiblede renvoyer dos dos Palestiniens et Is-raliens, cest le gouvernement de Neta-nyahou qui agresse Gaza . (LHumanit,4 Aot).

    Notons enn le silence du FN : Le re-trait de Marine Le Pen sur cette questionest videmment calcul. Cest la cons-

    quence dune division lintrieur du FNqui lempche de prendre parti pour lun oulautre camp sans mettre le feu aux pou-dres . Mais ce silence sur le plan interna-tional cache un discours national, celui duson soutien la LDJ, jeudi 31 juillet. Cetteposition est loin dtre inattendue. Elle ap-plique ladage : lennemi de mon ennemiest mon ami . Depuis des annes, MarineLe Pen tente de se rallier la communaut

    juive franaise se dnissant, comme unrempart aux ct de la LDJ - la vio-lence musulmane dans nos quartiers, etdnonant lincapacit et la dfaillance denotre Etat. Ainsi dclarait-elle en 2011, surla radio isralienne 90 FM : Le FN nestpas un danger pour les Franais juifs, bienau contraire. Je crois savoir, car jai un cer-tain nombre damis juifs, que leur situationdans certains quartiers est de plus en plusdifcile et quils comptaient sur le FN pouravoir une attitude protectrice leur gard. Dans un entretien au quotidien isralien degauche Haaretz, elle afrmait, quelques se-maines auparavant : Lantismitisme quise dveloppe de nos jours est islamique etli au conit isralo-palestinien. A quoi r-pondait ces derniers jours, le porte-parolede la LDJ : La communaut juive, il y avingt ou trente ans, tait arc-boute contrele FN. Aujourdhui, on voitque les gens quiagressent des juifs dans la rue, ce nestpas le FN. (Le Monde, 4 Aot)

    A la bassesse diplomatique de notreEtat, celle nausabonde lectorale de ce

    parti, qui invente, veut provoquer une riva-lit communautaire dans notre imaginairecollectif. Il devra faire avec ces formesdiverses dexpression qui apparais-sent, tels ces jeunes de confessions juiveou musulmane refusant ensemble la haine laquelle on veut les vouer tout comme laprtendue importation du conit (LHu-manit, dito, 5 Aot).

    N11/ HORS-SERIE. MATERIALISMES

    H

    AFEZOMAR,OH!TH

    EHOMELANDOFTHEREFUGEESISPERFECTLYUNIFIED.2014.

  • 8/12/2019 Materialismes. N11.A3.pdf

    4/4

    N11/ HORS-SERIE. MATERIALISMES

    UNE GUERRE JUSTE ?La question qui se pose est celle-ci : qui est responsable de ce dsastre dans la

    bande de Gaza ? Deux questions en une, celle dune responsabilit pnale, engageantle CIP, celle morale.

    - Quattendent donc les Palestiniens pour saisir la Cour pnale internationale (CIP) ? Pourquoi lAutorit palestinienne tarde-t-elle concrtiser sa volont maintes fois pro-clame de devenir un Etat partie ? . Aucun obstacle ne justie que la population pa-lestinienne soit maintenue en dehors du champ de la protection pnale internationale. LaCPI a t cre pour pallier la dfaillance des Etats dans la poursuite et le jugement desauteurs des crimes internationaux les plus graves. Or, lincapacit des autorits palesti-niennes engager un processus judiciaire national na dgale que labsence de volont,ct isralien. ; A linverse, afrmer leur volont de voir nommer, poursuivre et juger lescriminels, les Palestiniens deviendront enn des sujets de droit, acteurs de leur procs,

    qui les rparations seront dues et non plus consenties (Le Monde, 7 Aot)- Sur la question morale. Ban Ki-moon, dnonait, le bombardement de lcole de

    lOnu par Isral un scandale du point de vue moral et un acte criminel . Sur quel critrejuger ? Un article de Jean-Cassien Billier3, publi dans Le Monde, dat du 2 Aot, peutnous permettre dy rpondre. Ainsi, il sinterroge-t-il : la question de savoir si une opra-tion militaire mene par la dixime arme la plus puissante du monde, et dtenant rgio-nalement une supriorit crasante, faisant 74 % de victimes civiles par bombardementsselon lOrganisation des Nations unies est-elle moralement dfendable ?

    Pour justier moralement des pertes aussi insenses, iniges sciemment une po -pulation civile, il faudrait disposer dun argument absolument inou, capable de satisfaireau moins cinq des critres classiques de la guerre dite juste : une juste cause, une inten-tion droite, une justication solide du fait quun tel emploi de la force impliquant des pertesciviles massives constitue un dernier recours proportionn au but lgitime recherch, deschances raisonnables de succs, un respect de la discrimination entre combattants etnon-combattants.

    LEtat dIsral ne dispose pas de juste cause tant quil fait le choix colonial de la terrecontre celui de la libert des Palestiniens occups et, du coup, contre celui de sa proprescurit. Comment imaginer un seul instant que ces oprations rptes vont nir pardsolidariser le peuple palestinien dorganisations telles que le Hamas ?

    Il ny a pas plusieurs questions palestiniennes. Il ny en a quune. Larrt de la coloni-sation, labandon de lannexion de la Cisjordanie et le retour dans les frontires de 1967sont les conditions sine qua non dune pacication des relations entre Isral et tous lesPalestiniens. Le droit des Israliens davoir un Etat ne peut en aucun cas mener nier partous les moyens, y compris le massacre de populations civiles, ce mme droit pour lesPalestiniens. Isral tue des civils pour pouvoir continuer dannexer et doccuper impun-ment des terres. Laissons donc les juristes prendre le temps de savoir si lon peut qualiercet acte de crime de guerre . Ce que fait Isral aujourdhui aux Palestiniens nest passeulement une tragique erreur politique. Cest un crime moral. (Le Monde, 2 Aot) .

    3. Nos reprodisons lintgralit de cet article, pbli dans Le Monde, 2 aot 2014 sr notre site : http://materi-alismes.wordpress.com/hors-serie/

    JAuRSJaurs : Il parat que les peuples dAfri-

    que et dAsie sont une sorte de btailinnombrable et infrieur que les racesblanches peuvent exploiter, dcimer, as-servir. Voil un prjug barbare, un prjug

    dignorance, de sauvagerie et de rapine.Ces peuples sont composs dhommes etcela devrait sufre ; et ils sont composs

    dhommes qui ne sont pas rsigns subirindniment les violences dune Europe

    qui abuse de leur apparente faiblesse. Plus un jour dsormais sans que nousarrivent dAfrique, du Congo, du Maroc,des rcits accablants sur les actions denos soldats :

    Voix: (Linterrompant) Monsieur Jaurs, entant que Prsident de la Chambre, je doisvous le rappeler : Il nest pas de soldatplus gnreux et plus humain que le soldatfranais.

    Jaurs : assassinats sadiques, incen-dies de villages, pillages permanents, vio-lations de spultures et de lieux saints

    Voix : Ces Africains sont des fanatiques !

    Jaurs : Des fanatiques ? Alors l, mes-sieurs, je ne comprends pas : quand unFranais vous dit quil serait prt dfen-dre, jusqu la dernire goutte de sonsang, lintgrit de son pays, vous le flic-itez. Vous afrmez mme que des hommes

    qui refuseraient de mourir pour leur paysseraient les derniers des lches ! Maisquand ces hommes sont des Africains quivoient venir ce qui pour nous est la France,mais ce qui pour eux est ltranger, quivoient venir des hommes en armes et desobus pleuvoir ; quand eux se dfendent et

    dfendent leur pays, vous les dshonorezdu nom de fanatiques ! ? Ces hommes quevous insultez, messieurs, sont seulementaussi patriotes que vous ; et aussi atta-chs que vous dfendre leur pays et leurcivilisation.

    (Brouhaha fort)

    Jaurs: Une fois de plus, cest le prju-g dignorance qui vous mne. Cest vous, la France, toute la France pen-sante, quil faudrait enseigner ce questcette civilisation arabe que vous ignorez

    et mprisez, ce quest cette admirable etancienne civilisation. Ce monde musul-man que vous mconnaissez tant, mes-sieurs, depuis quelques dcennies prendconscience de son unit et de sa dignit.

    Deux mouvements, deux tendances in-verses sy trouvent : il y a les fanatiques,oui, il y a des fanatiques Mais il y a leshommes modernes, les hommes nou-veaux Il y a toute une lite qui dit : lIslamne se sauvera quen se renouvelant, queninterprtant son vieux livre religieux selonun esprit nouveau de libert, de fraternit,de paix. Et cest lheure o ce mouve-ment se dessine que vous fournissez auxfanatiques de lIslam loccasion de dire :comment serait-il possible de se rconcili-er avec cette Europe brutale ? Avec cetteFrance, qui se dit de justice et de libert,mais qui na contre nous dautres gestesque les canons et les fusils ?

    (Brouhaha trs fort)

    [...]

    Jaurs : (Une fois le silence revenu) Oui, mes-sieurs, si les violences auxquelles se livrelEurope en Afrique achvent dexasprerla bre blesse des musulmans, si lIslam

    un jour rpond par un fanatisme faroucheet une vaste rvolte luniverselle agres-sion, qui pourra stonner ? Qui aura ledroit de sindigner ?

    Voix : Ce nest pas servir la patrie, Mon-sieur Jaurs, que de nous accuser de

    Jaurs: Cest toujours servir la patrie quedviter que se renouvellent les blessuresquelle a iniges lhumanit et au droit.

    Que de lamener se demander quelles se-mences de colre, de douleur et de haineelle sme l-bas et quelle triste moissonlvera demain Et quand un jour

    (Coups de marteaux.)

    Voix : (Voix du prsident de la Chambre)Messieurs, je suis oblig dinterromprenos dbats. On vient dapprendre que Guil-laume II a dbarqu aujourdhui Tanger(brouhaha), dans le but dimposer laFrance de quitter le Maroc !!

    (Brouhaha fort)

    (CHAMBRE DES DPUTS, 1912)

    MATERIALISMESHORS-SERIE. PALESTINE

    N06 - INTOLRABLEN07- LES MOTS QUI PSENTN09 - RESISTANCEN10 - AD MARTYR ET LES OISEAUX DE MORTS

    DIFFUSION MILITANTEhttp://materialismes.wordpress.com/ ou http://www.lepartidegauche51.fr/

    AFFICHE POUR GAZA ATELIER - NOUS TRAVAILLONS ENSEMBLE