Mallette pédagogique "Justice climatique" - Le guide de l'utilisateur

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justice climatique guide de l’utilisatrice/teur

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Guide d'utilisateur de la mallette pédagogique "Justice climatique".

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justice climatiqueguide de l’utilisatrice/teur

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2dossier02table des matières

Édito 03CNCD-11.11.11Questions/réponses sur mallette pédagogique

Partie I : repères de campagne 07Présentation de la campagne en 3 minutes

1/ Environnement et développement : « Je t’aime, moi non plus » 08Où l’on verra qu’environnement et développement forment un couple, mais qu’il est en danger. Si nous réchauffons le climat depuis 1860, rien de sérieux n’est encore fait pour éviter les catastrophes qui s’en suivent et s’en suivront ! De Stockholm à Rio.– Au menu des Nations Unies (1972)– « Cocoyoc » versus « Coyotes » (1974)– Brundtland rapporte (1983)– Sommet de la Terre (1992)– Rio + 20 (2012)

2/ Le climat, une urgence sans cesse reportée 12Où l’on verra que progressivement, à l’instar de l’environnement,le climat aussi devient une préoccupation des Nations Unies, mais que, de conférences en sommets, la Communautéinternationale ne semble pas prête à passer des paroles aux actes ! De Kyoto à Durban. – Création du GIEC (1988)– Protocole de Kyoto (1997)– En route vers Durban (2011)

3/ Des ressources naturelles essentielles : focus sur la terre, l’eau et la forêt 15Où l’on verra que les ressources naturelles sont au cœur ducouple environnement – développement et qu’elles sont à réfléchiren termes de gestion durable et équitable, car si elles constituenttoujours un enjeu économique, elles recouvrent aussi un enjeusocial et environnemental. – Terre – Eau– Forêt

4. Comment passer à l’action dans le cadre de la campagne? 27Où l’on verra que la campagne 11.11.11 propose de passer à l’action, que ce soit en soutenant des actions de plaidoyer, en participant à des actions de sensibilisation, à des actions desoutien aux partenaires Sud… ou encore, en agissant ici etmaintenant aux niveaux individuel ou collectif pour réduire sonempreinte écologique.– Plaidoyer – Sensibilisation– Opération 11.11.11– Agir ici et maintenantEffets de jeunes contre effets de serreQuelques références/sources bibliographiques/internet pour aller plus loin

Partie II : fiches de présentation et d’exploitation des 19 outils pédagogiques

7 outils « papier » ≥ 1. Jeu de rôles « Le climat change, et nous? » – CNCD-11.11.11≥ 2. Photo-langage « Environnement etinégalités Nord-Sud » – Frères des hommes≥ 3. Jeu d’images « La spirale desressources » – Dynamo≥ 4. Cartes à débat « Carrés genre et développement durable » – Le Mondeselon les Femmes≥ 5. Quizz : « Derrière l’écran. La facecachée du numérique » – Cellule Rise/CSC≥ 6. Quizz « Les agrocarburants : FBI (Fausse Bonne Idée)? » – CelluleRise/FGTB≥ 7. « Les Négociations Climatiques » SCI Projets Internationaux

8 outils « films-documentaires »≥ 8. La malédiction des ressources / 26’ – CNCD-11.11.11≥ 9. De plein fouet : le climat vu du Sud /52’ – CNCD-11.11.11≥ 10. Avis de tempête sur l’agriculture / 7’ – Entraide et fraternité≥ 11. Une question de développement / 13’ – SOS Faim≥ 12. La déforestation : si loin, si proche /3’ – Greenpeace≥ 13. La gestion environnementale desdéchets. Les solutions d’un Sud qui bouge /9’ – Ingénieurs sans frontières≥ 14. La era del buen vivir (Une nouvellevision du bien-vivre des paysans mayas) /52’ – Quinoa≥ 15. Palestine, une terre privée de son eau /11’ – CNCD-11.11.11

4 outils « internet »≥ 16. « Le jeu de la ficelle » – Quinoa≥ 17. « Pourvu que ça dure. L’eau et l’empreinte écologique » Oxfam-Magasins du Monde≥ 18. « Nous on se mouille » – Protos≥ 19. « Carrefour du monde Bolivie »Oxfam-Solidarité

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03édito

Vous avez à vos côtés la mallette pédagogiquequi accompagne la

campagne 11.11.11 2011-2013. Vous avez entre les mains leguide de l’utilisateur. Nous vous en souhaitons évidemmentune bonne lecture, mais aussi et surtout une très bonneutilisation ! Notre mallette offre des connaissances sur le Sudet les rapports Nord-Sud, mais aussi des pistes d’actions. Carà quoi bon prendre conscience des problèmes du monde si cen’est pas pour essayer de l’améliorer concrètement ?

Bonjour et bienvenue !

Cette mallette s’inscrit dans le cadre de la campagne 11.11.11 pour la « justiceclimatique », à savoir une vaste campagne de sensibilisation sur le climat et lesrelations Nord/Sud. Cette campagne s’étalera de l’été 2011 à l’été 2013. Pournous, le développement est non seulement un droit, mais également une nécessitépour le monde de demain ! Le développement doit être partagé, durable, juste…mais aussi et surtout construit avec les acteurs de terrain du Nord et du Sud, raisonpour laquelle nous vous proposons, avec cette mallette, d’agir avec le Sud pour nepas perdre le Nord !

Pour y arriver, une quinzaine d’acteurs belges de la solidarité internationale se sontmobilisés et ont réuni leurs compétences et expertises afin de vous proposer desoutils pédagogiques liés à la campagne 11.11.11. La question de la justice clima-tique est intimement liée à celle de l’environnement et du développement. Pourmieux comprendre l’enjeu, la présente mallette s’est centrée sur trois ressourcesnaturelles essentielles : la terre, l’eau et la forêt. C’est à travers la réalité concrètede ces ressources que sera résolument observé le binôme formé par l’environne-ment et le développement, binôme que certains intérêts économiques et courantsde pensée refusent de reconnaître, la notion de développement recouvrant poureux un contenu par trop « social ».

Si, pour sa survie, l’Humanité entière dépend de la terre, de l’eau et de la forêt,ces ressources sont également l’outil de travail de nombreuses personnes àsavoir, pour l’essentiel, des paysans. Ceux-ci représentent 40% de la populationmondiale et vivent, pour les neuf dixièmes, dans les pays du Sud. Ce groupe estaussi le plus pauvre de la planète. Il constitue, pour nous, une priorité en termesde développement.

Comme vous le découvrirez, tout porte à croire que ces ressources naturelles sonten quelque sorte aussi « maudites », tant elles sont, et continuent d’être, exploitéessans que les dividendes de leur exploitation ne retournent aux populations ! Alorsque ces richesses partent vers les pays du Nord, les populations locales des paysdu Sud restent dans la pauvreté. Comment dès lors défendre une gestion durable,participative et équitable de ces ressources?

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04édito

Il y a aujourd’hui une urgence dans le domaine de l’environnement qui doit attirertoute notre attention: le dérèglement climatique. Les pays industrialisés de longuedate, le « Nord », sont aujourd’hui responsables de 70% des gaz à effet de serreaccumulés dans l’atmosphère et provoquant un réchauffement dangereux duclimat. Les pays pauvres, qui n’ont quant à eux contribué que de très loin à cet effetde serre, en subissent pourtant les conséquences délétères : sécheresses prolon-gées, inondations plus fréquentes, insécurité alimentaire, etc. Le Nord a donc une« dette climatique » vis-à-vis du Sud ! Alors, allons-nous rester les bras ballantsface à cette situation, non seulement injuste, mais également dangereuse pourtoute l’Humanité?

La présente mallette poursuit donc le double objectif de partager des connaissancesvia une offre pédagogique large et variée, et des pistes d’action pour mettre la mainà la pâte! Elle est composée de 19 outils d’éducation au développement : 7 outils« papier », présents sous des formats différents, 8 films-documentaires de longueursvariables présents sur deux DVDs, et 4 outils téléchargeables via internet.

Pour chacun de ces outils, vous découvrirez une brève fiche de présentation etd’exploitation sur laquelle seront mentionnées les coordonnées de l’organisationqui l’a produit, ainsi que des références pour aller plus loin. Ces 19 fiches figurentdans la partie II du présent manuel d’accompagnement de la mallette, tandis quela partie I fixe des repères théoriques et politiques pour la campagne 11.11.11 surla justice climatique et analyse la façon dont environnement et développement sontétroitement liés. Cette partie I développe aussi différentes pistes d’action quipeuvent appuyer les missions du CNCD-11.11.11, et surtout démultiplier l’actionde la campagne 11.11.11 avec votre concours !

Nous vous souhaitons une bonne utilisation de la présente mallette, et nous espé-rons pouvoir compter sur votre soutien tout au long de la campagne 11.11.11 !

Amitié et Solidarité

ARNAUD ZACHARIE, secrétaire général

ALEXANDRE SERON, responsable campagne

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05© Ian MacKenzie

© UN Photo / Tim McKulka

Le CNCD-11.11.11

Le Centre National de Coopération au Développement (CNCD-11.11.11) est la coupoledes ONG de développement, des mouvements sociaux et d’éducation permanente enBelgique francophone et germanophone.

C’est un lieu de coordination des réflexions et des actions en matière de solidaritéinternationale et de coopération au développement, au travers de 3 missions :– sensibiliser les citoyens belges aux enjeux de la coopération internationale et du droit au développement, grâce à une campagne thématique bisannuelle ;– interpeller les décideurs politiques pour promouvoir des règles internationaleséquitables et un monde plus juste ;– financer des projets et programmes de développement dans le Sud grâce à l’organisation annuelle de la récolte de fonds « Opération 11.11.11 »

Pour aller à la rencontre des personnes et des projets soutenus en Amérique latine,en Asie et en Afrique, rendez-vous sur www.cncd.be/projets

Ecoles et CNCD-11.11.11 : un partenariat de sens Préparer tous les élèves à être des citoyens responsables, capables de contribuer au développement d’une société démocratique, solidaire, pluraliste et ouverte auxautres cultures est une des missions de l’école. Les relations Nord-Sud sont donc en soi intégrées dans les programmes scolaires, mais il arrive que les enseignant(e)sne se sentent pas suffisamment outillé(e)s pour aborder les questions de solidaritéinternationale. Le CNCD-11.11.11, au travers de sa mission d’éducation audéveloppement, peut, en collaborant avec les écoles, apporter une véritableexpertise sur ces matières et participer ainsi à la formation des élèves.

Une approche éducative en trois axes– Le CNCD-11.11.11 développe des partenariats avec des écoles ou desenseignant(e)s dans une optique de processus à long terme, pour favoriser des changements d’attitudes et de mentalités en vue d’un monde meilleur. – Le CNCD-11.11.11 répond aux demandes d’animations ponctuelles diverses sur la campagne 11.11.11 en lien avec la mission de financement de partenaires,c’est-à-dire dans le cadre de la récolte de fonds.– Le CNCD-11.11.11 sensibilise et forme les enseignant(e)s aux questions Nord-Sudafin qu’ils puissent être le relais de ces sujets dans le cadre d’activités et de misesen projets avec leurs élèves.

De bonnes raisons pour une école de faire appel au CNCD-11.11.11 – Pour son rôle de coupole pluraliste des ONG de développement, des mouvementssociaux et d’éducation permanente en Belgique francophone et germanophone,permettant ainsi une certaine cohérence du secteur. – Pour sa vision du développement qui se décline en 4 points cardinaux :l’accomplissement des droits humains fondamentaux, l’expansion de la démocratie,le respect de l’environnement et la diversité culturelle. Nous pouvons donc aider les élèves à devenir des citoyens critiques et responsables. Pour tout connaître de la Charte politique du CNCD-11.11.11 : www.cncd.be/charte – Pour ses compétences sur des thématiques Nord-Sud, qu’il propose de mettre au profit des écoles, dans le cadre des campagnes 11.11.11.

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Mallette pédagogique

Cette mallette pédagogique est un outil collectif « autoportant » permettant à son utilisateur de mettre en place des actions de sensibilisation autour des relations Nord/Sud et des enjeux de la campagne 11.11.11, tout en explorantdes pistes d’action avec les jeunes.

Pourquoi?Cette mallette vous permet de mener des actions de sensibilisation sur le thème« environnement et développement » en mettant en avant d’une part des constatset problématiques, et d’autre part des réponses et alternatives pour passer àl’action. Nous avons travaillé pour que les propositions soient complémentaires et variées, et, quand c’était possible, pour qu’elles puissent être mises en lien les unes avec les autres tout en variant les supports.

Quels mots clés?Environnement, développement, forêts, eau, terre, changements climatiques,relations Nord-Sud, justice, transition, alternatives, adaptation.

Quels outils ?Les outils existent sous 3 formats : – 7 animations en version papier.– 8 documentaires sur 2 DVDs.– 4 outils téléchargeables sur internet.

Comment ?Ces actions de sensibilisation peuvent être menées de façon autonome parl’utilisateur. Pour ce faire, le guide de l’utilisateur sera un accompagnateur utile.Mais deux options complémentaires, à mettre en place en fonction des demandes,sont à souligner : a) des formations sur la mallette et sur un/plusieurs outils peuvent être organisées,b) des animateurs expérimentés peuvent être sollicités auprès des organisationsqui vous proposent les outils.

Quels concepteurs ?Vous trouverez des propositions pédagogiques d’une quinzaine d’acteurs de la solidarité internationale, à savoir : Dynamo International, Entraide et Fraternité,Frères des hommes, Greenpeace, Ingénieurs Sans Frontières, Le Monde Selon les Femmes, Oxfam Magasins du Monde, Oxfam-Solidarité, Protos, Quinoa, SCI, SOS Faim, mais aussi la CSC et la FGTB, et enfin le CNCD-11.11.11.

Quels utilisateurs ?Cette mallette est destinée en priorité aux enseignants du secondaire supérieur,voire du supérieur universitaire ou non-universitaire. La pratique des mallettesprécédentes nous a cependant permis de nous rendre compte qu’elles peuventaussi servir à des animateurs hors cadre scolaire, que ce soit en maison de jeunes,maison de quartier, association d’accueil extra-scolaire, ou encore dans desmouvements de jeunesse.

Quels publics bénéficiaires ?Les différents outils peuvent être utilisés avec un public de jeunes ou d’adultes, de type 15 ans et +, dans un cadre scolaire secondaire, supérieur ou hors-école.

Plus d’infos ?www.cncd.be/malletteQui contacter [email protected]

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Merci à toutes celles/tous ceux qui yont contribué de près ou de loin à laréussite de cette mallette, à savoir :Alain, Alexandre, Alice, Anaële, Anne,Antonella, Aurélie, Claudine, Corentin,Emma, Estelle, Géraldine, Hugo, Jan,Jonathan, Kasper, Lydie, Mathilde,Michel, Pascale, Roland, Séverine,Stefanie, Tania, Véronica, et Virginie.

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La campagne 11.11.11 se propose de construire avec vous un seuil de connaissances sur la « justice climatique » etplus spécifiquement sur l’enjeu « environnement etdéveloppement » au regard des relations Nord/Sud. Pour ce faire, nous commencerons par rappeler quelquesbalises importantes qui sont autant de repèresinstitutionnels ou historiques, mais aussi et surtoutpolitiques et internationaux.

La campagne 11.11.11 pour la justice climatique en 3 minutes

1/ Le réchauffement climatique est aujourd’hui un fait incontestable et il n’y a guère de doute qu’il soit dûaux activités humaines. L’utilisation massive de pétrole, de gaz naturel et de charbon, la déforestationmassive et l’agriculture intensive ont déjà réchauffé notre planète de près d’un degré et ce processus vacontinuer si nous ne faisons rien.

2/ Le problème, c’est que les principales conséquences de ces changements climatiques se font et se ferontsentir dans les pays en développement, qui n’en sont pourtant pas responsables (les 4/5 des émissions degaz à effet de serre ont été faites par les pays du Nord). Sécheresses, hausse du niveau des mers, famines,migrations massives pourraient se multiplier dans les décennies à venir.

3/ Face à ce constat, la justice climatique implique que les pays et les citoyens du Nord s’engagent vis-à-visdu Sud, en (A) adaptant leur consommation pour diminuer leurs émissions de CO2, en (B) soutenantfinancièrement et techniquement les pays du Sud pour les aider à faire face au changement climatique et (C) en mettant en place des mécanismes internationaux de lutte contre le changement qui respectent les droits des populations locales, notamment leur accès à l’eau, aux forêts (dont 1/3 de l’Humanité dépenddirectement pour sa survie) et à la terre.

repères de campagne

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environnement et développement :

« je t’aime moi non plus »

1/

Environnement et développement forment un couple, mais il est en danger, et si nousréchauffons le climat depuis 1860, rien de sérieux n’est encore fait pour éviter lescatastrophes qui s’ensuivent et s’ensuivront !

© UN Photo / Eskinder Debebe

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091/ environnement

et développement

Si pour le CNCD-11.11.11 et ses membres, environnementet développement sont interdépendants, il n’en va pas demême pour certains gouvernements, en général ceux duNord. Les rapports de forces qui s’exercent au sein desNations Unies sont, à cet égard, édifiants ! Au final, leproblème est aussi et surtout le passage manqué de la paroleaux actes ! De Stockholm à Rio.

Au menu des Nations Unies (1972)À la fin des années soixante, alors que les pays industrialisésvivent l’apogée de la société de consommation de masse, lasituation environnementale devient de plus en plus préoccu-pante. Les premières marées noires, les pluies acides, lesessais d’armements nucléaires inquiètent et choquent. En même temps, à l’autre bout du monde, éclatent desfamines et autres misères. C’est dans ce contexte que, en1972, les Nations Unies organisent à Stockholm leur premièreConférence sur l’environnement. Si pour les grandes puis-sances la Conférence devait s’en tenir aux questions pure-ment environnementales, Indira Gandhi, Premier ministre del’Inde, amènera une surprise. Elle parviendra à infléchir l’ordredu jour vers les préoccupations des pays en développement,et affirmera même que la pauvreté est la pire forme de pollu-tion ! Certains principes édictés par la déclaration émanant dela Conférence pointeront clairement l’interdépendance entredéveloppement et environnement. L’article 10 demande parexemple que le Nord rétribue mieux le Sud pour ses produitsd’exportation afin qu’il puisse se développer et se donner lesmoyens de préserver l’environnement.

Le Programme des Nations Unies pour l’Environnement, lePNUE, fut créé immédiatement après la Conférence. Sa mission est d’impulser, dans les pays membres, des poli-tiques de sauvegarde de l’environnement, en les informant et en les aidant. Cependant, un courant parmi les experts des Nations Unies et certains gouvernements n’a pas vouluque le PNUE s’enferme dans les questions exclusivementenvironnementales.

« Cocoyoc » versus « Coyotes » (1974)Au-delà des avancées qu’il permit sur le plan strictementenvironnemental, comme la signature d’une série de conven-tions sur la protection des oiseaux, ou la création de réservesnaturelles, le PNUE sera amené à mettre en place uneréflexion qui intègre des préoccupations sociales. C’est ainsiqu’il organisera un colloque pour dresser la liste des facteurséconomiques et sociaux qui entraînent une détérioration del’environnement. Ce colloque a lieu en 1974 à Cocoyoc, auMexique. La Déclaration de Cocoyoc, rédigée au terme de larencontre, met en avant les notions de « limite interne » et de« limite externe » de la société humaine. Les droits humainsfondamentaux comme manger, habiter, être instruit, etc.forment la limite interne. Si ces droits ne sont pas respectéspour tout le monde, la limite interne est alors dépassée. La notion de limite externe, quant à elle, vise le fait que l’ac-tivité humaine ne peut aller jusqu’à mettre en danger l’inté-grité physique et biophysique de la planète. Un lien est ainsifait entre développement – arriver à ce que les droitshumains soient respectés pour tout le monde – et environ-nement. Or, nous dépassons sans cesse ces deux limites !

Pour les respecter à l’échelle du globe, il faut réviser lanature des relations Nord-Sud : selon la Déclaration deCocoyoc, lutter contre le « sous-développement » des payspauvres demande d’arrêter le « sur-développement » despays riches. Affirmation plus que jamais pertinente ! Et ladéclaration précise : « Nous avons besoin d’une redéfinitionde nos objectifs, de nouvelles stratégies de développement,de nouveaux modes de vie et, notamment, parmi les riches,de modes de consommation plus modestes ». Nous sommesen 1974 !

La réponse des États-Unis à cette déclaration ne s’est pasfait attendre. Ha les « coyotes » ! Pour eux, le PNUE ne doits’occuper que de dépollution, et non d’imaginer des modesalternatifs de développement économique et social! Il faudraattendre une dizaine d’années pour que les gouvernementsse remettent à croire qu’il est important de penser dévelop-pement et environnement ensemble.

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101/ environnement et développement

Brundtland rapporte (1983)Les Nations Unies créent ainsi, en 1983, la Commissionmondiale sur l’environnement et le développement. Dirigéepar Madame Gro Harlem Brundtland, ancien Premier minis-tre de Norvège, cette commission procédera à des auditionsdans le monde entier auprès de membres de gouvernements,de chefs d’entreprises, d’organisations internationales oud’organisations de la société civile. La Commission remettrason rapport en 1987. L’intitulé « Notre avenir à tous », ilrestera dans l’histoire comme le « Rapport Brundtland ».

Ce rapport fait date. Il constate que la pauvreté est à la foisl’effet et la cause de problèmes d’environnement mondiaux,et qu’il serait futile de s’attaquer à ceux-ci sans s’attaqueraux causes profondes de la pauvreté et de l’injustice. Le rapport Brundtland affirme, entre autres choses, que lacrise de la dette des pays du tiers-monde amène l’Afrique àsurexploiter ses sols agricoles pour exporter des produitsalimentaires afin de rembourser des créanciers étrangers,avec pour résultat la transformation de terres autrefoisfertiles en déserts. Le rapport signale également que les poli-tiques agricoles doivent changer, dénonçant par exemplel’agriculture intensive des pays riches, qui détruit le sol etpousse à l’exportation de produits agricoles bon marché.Ceux-ci ruinent, dans les pays pauvres, de nombreux agricul-teurs traditionnels incapables de soutenir une concurrenceaussi violente. Remarquons au passage qu’en 2011 cettesituation n’a pas tellement changé!

Le Rapport avançait la notion de « développement durable »en le définissant comme le développement qui satisfait lesbesoins des générations présentes sans compromettre l’ap-titude des générations futures à satisfaire leurs propresbesoins. Il spécifiait toutefois que les dispositions institu-tionnelles nationales et internationales existantes nepouvaient pas faire face aux exigences du développementdurable ! Depuis, le concept de développement durable a faitcouler beaucoup d’encre. Toujours est-il qu’il constitue unjalon dans l’histoire de la pensée sur les liens entre environ-nement et développement.

Vous avez dit développement durable ?

Le terme « développement durable » est la traduction de« sustainable development », terme anglo-saxon qui désigneune notion proposée par le rapport « Notre avenir à tous »rédigé par la commission Brundtland en 1987. Ce rapport diten substance que « l’humanité a la capacité de rendre ledéveloppement durable, de telle sorte qu’il puisse rencontrerles besoins du présent sans compromettre la capacité desgénérations futures de rencontrer leurs propres besoins ». Le rapport fait allusion à la notion de développement quiprévalait jusque là, c’est-à-dire essentiellement unemodernisation du monde fondée sur l’industrialisation.

La notion de développement durable pose donc la questionde l’épuisement des ressources naturelles, renouvelables ounon. Pêche-t-on par exemple trop de poissons ? Coupe-t-ontrop de bois ? Pollue-t-on trop l’atmosphère, la terre, etc. ? La prise en compte des ressources naturelles, et del’environnement en général, amène ainsi une notion de limitemais, selon le rapport Brundtland, l’évolution de latechnologie et de l’organisation de la société peutnéanmoins être façonnée de façon à mettre en place unenouvelle ère de croissance économique. Cette croissancedoit surtout avoir lieu dans les pays où la majorité des genssont pauvres, bien qu’elle doive être entraînée par lacroissance des pays riches. Pauvreté et environnement sontégalement liés dans le sens où un monde dans lequel lapauvreté est massivement répandue est propice auxcatastrophes écologiques.

Le développement durable requiert par ailleurs que lespopulations riches adoptent des modes de consommationadaptés aux possibilités écologiques de la planète tandisque les rythmes de croissance des populations, surtout auSud, doivent également y être adaptés.

La notion de « développement durable » ne vise pas unesituation idéale et en équilibre, mais plutôt un processus dechangement. Ce processus n’est pas facile et il requiert deschoix souvent douloureux. Il repose donc de façonincontournable sur une volonté politique.

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111/ environnement

et développement

Sommet de la Terre (1992)Le Rapport Brundtland convainquit les gouvernements qu’ilfallait renouer avec l’esprit de la Conférence de Stockholm de1972 en relançant une réflexion qui intègre environnement etdéveloppement. Vingt ans après Stockholm, c’est-à-dire en1992, on organise la Conférence des Nations Unies sur l’envi-ronnement et le développement. Elle a lieu à Rio de Janeiro etporte le nom de « Sommet de la Terre ».

Rio 1992 permit certaines avancées. Citons parmi les plusimportantes le fait que 150 pays créeront des institutionsnationales relatives au développement durable1, qu’uneConvention cadre des Nations Unies sur les changementsclimatiques sera adoptée2 et qu’un recueil de directivesconcernant l’environnement et le développement pour le 21e

siècle sera produit sous le nom d’« Agenda 21 ».

Si le Sommet de la Terre fut un grand événement, les effetsqu’on en attendait sur le plan des progrès sociaux et environ-nementaux furent plutôt décevants. L’Agenda 21 par exemple,aurait dû se décliner en milliers d’Agendas 21 locaux élaboréscollectivement, or à ce jour on n’en compte que très peu. Lemanque d’efforts de diffusion de l’Agenda 21 par les NationsUnies en est sans doute la cause. Au-delà de cet exemple, lesrecommandations du Sommet de la Terre furent généralementpeu suivies. Elles allaient, en effet, trop à contre-courant de laréforme néolibérale qui à l’époque battait son plein. Le déve-loppement socialement incluant et respectueux de l’environ-nement n’est pas compatible avec le laisser-faire économique!

Si le Sommet de Rio 1992 n’a pas vraiment changé la face dumonde, tel ne fut pas le cas de l’Organisation mondiale ducommerce (OMC) instituée trois ans plus tard. La construc-tion de l’OMC, dont le but est la libéralisation du commercemondial, s’est faite quant à elle dans l’indifférence la plusparfaite à l’égard du développement durable et de sescritères environnementaux et sociaux. Le commerce neconnaît ni la justice sociale ni le respect de l’environnement !

Rio + 20 (2012)À l’heure où nous écrivons ces lignes, le prochain Sommet dela Terre est en préparation. Il devrait se dérouler en mai 2012.Une Conférence « Rio + 10 » avait eu lieu à Johannesburg dixans après Rio, mais elle s’était contentée de palabres sansconséquences pratiques. Un intervalle de vingt ans et unretour dans la ville de Rio permettront-ils de recréer unsommet qui comptera dans l’Histoire du développement et dela sauvegarde de l’environnement ? Il semble pour le momentque les entreprises multinationales soient en train d’en acca-parer l’ordre du jour en cherchant à privatiser les enjeux telsque le climat, la biodiversité, les forêts ou le patrimoine géné-tique, et à en faire autant de marchés! Les mouvementssociaux, les syndicats, les mouvements paysans serontégalement au rendez-vous et tenteront, quant à eux, de fairevaloir un point de vue différent. À suivre…

1/ En Belgique le gouvernement créera un Service public fédéral deprogrammation (SPP) Développement durable et mettra en place unorgane de concertation multi-acteurs, le Conseil fédéral du développementdurable (CFDD) où sont représentés différents corps constitués, comme les entreprises, les syndicats mais aussi les organisations non gouvernementales d’environnement, comme Greenpeace, ou de développement, comme le CNCD-11.11.11. 2/ Deux autresconventions sont à signaler : sur la biodiversité et la désertification.

Outil pédagogique en lien avec l’environnement :≥ Photo-langage « Environnement et inégalités Nord-Sud »Frères des Hommes (FICHE 2)

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Progressivement, à l’instar de l’environnement, le climat aussi devient une préoccupation des Nations Unies. Mais deconférences en sommets, la Communauté internationale ne semble pas prête à passer des paroles aux actes !

le climat,

une urgence sans cesse

reportée

2/

12 © UN Photo / Tim McKulka

© UN photo Martine Perret

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132/ le climat

Si la Convention cadre sur les changements climatiquesadoptée par les États à Rio en 1992 fut une avancée histo-rique, elle n’en fut pas moins fort tardive. En 1957, des scien-tifiques avaient déjà donné l’alerte quant aux effets qu’auraitsur le climat le CO2 répandu dans l’atmosphère par les acti-vités humaines. Ces effets étaient même connus du mondescientifique depuis 1896, lorsque le savant suédois SvanteArrhenius publia un article sur la question. Arrhenius pensaittoutefois que le réchauffement du climat se ferait de façonextrêmement lente – sur des milliers d’années - et que globa-lement, ce réchauffement constituait plutôt un bienfait dansla mesure où il améliorerait les récoltes agricoles, ce qui estvrai au Nord… mais pas ailleurs ! De Kyoto à Durban.

Création du GIEC (1988)La communauté internationale sera donc extrêmement lenteà prendre au sérieux le problème du climat et le long cortègede catastrophes en tous genres qu’il promet. Ce n’est qu’en1979, soit une vingtaine d’années après l’alerte de 1957, queles Nations Unies organisent la première Conférencemondiale sur le climat. Celle-ci reconnait officiellement queles émissions de CO2 provenant des activités humainespouvaient avoir un effet à long terme sur le climat. Quel progrès !

Dix ans plus tard, en 1988, le PNUE et l’Organisation météo-rologique mondiale créent le Groupe intergouvernementaldes Experts sur l’Evolution du Climat, mieux connu sous lenom de « GIEC ». Le GIEC est une instance clé dans l’analysescientifique du problème climatique et dans l’élaboration desrecommandations sur les mesures concrètes à prendre. EnBelgique sa figure de proue est le climatologue de l’UCL,Jean-Pascal van Ypersele, également vice-président du GIEC.

Protocole de Kyoto (1997)Nous sommes déjà en 1992 lorsque la Convention cadre desNations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC)est adoptée à l’occasion du Sommet de Rio. Elle mentionne,dans son article 2, qu’il faut « stabiliser les concentrations degaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau quiempêche toute perturbation anthropique1 dangereuse dusystème climatique ». Le même article mentionne qu’il fautatteindre ce niveau dans un « délai suffisant » pour que,notamment, la production alimentaire ne soit pas menacée !C’est gentil d’y penser, mais on a réalisé si peu en termes delutte contre le réchauffement du climat qu’aujourd’hui ceseffets se manifestent déjà, en Afrique notamment!

1/ C’est-à-dire d’origine humaine.

L’atmosphère change !Oui, l’atmosphère terrestre change. Elle se charge de dioxyde de carbone qui s’y accumule depuis la révolution industrielle du XIXe

siècle et qui, avec d’autres gaz rejetés par l’activité humaine, renforce l’effet de serre. Le climat terrestre se réchauffe ainsi peu àpeu. Le dioxyde de carbone (CO2) joue le rôle principal dans le renforcement de l’effet de serre, car il est rejeté massivement dansl’atmosphère par les activités humaines. La nature produit également du CO2, mais le réabsorbe. L’être humain, par contre, vachercher du carbone enfoui sous terre – le charbon, le gaz, le pétrole, en d’autres mots, les « énergies fossiles » – et le brûle à lasurface du globe pour se chauffer, se déplacer, etc. En brûlant, ce carbone s’allie à l’oxygène de l’atmosphère pour former du CO2.L’effet de serre, indispensable à la vie (sans lui il ferait beaucoup trop froid), est un équilibre précaire dont une toute petiteaugmentation peut entraîner des conséquences incontrôlables. Or, il n’y a aujourd’hui plus de doutes à ce sujet : le climat seréchauffe ! La légère augmentation de sa température a déjà engendré, au cours des trente dernières années, une augmentationsignificative des vagues de chaleur – meurtrières pour les personnes âgées –, et des pluies violentes - qui provoquent desinondations, pour ne citer que quelques exemples.

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142/ le climat

Cinq ans plus tard, on arrive enfin à adopter, en 1997, le« Protocole de Kyoto », protocole nécessaire à la mise enœuvre de la CCNUCC. Bravo ! Mais cela ne suffit pas, il fautaussi que chaque État ratifie ce Protocole et qu’un quorumd’États signataires soit atteint pour qu’il entre en vigueur.Bref (si l’on peut dire), il faudra ajouter encore une petitedizaine d’années pour que « Kyoto » entre enfin en vigueur,en 2005. Le Protocole expirera en 2012. Mais il reste un petit« hic » : les États-Unis, premier pays pollueur au niveaumondial, refusent de ratifier le protocole…

Ouf ! Que d’efforts ! Mais pour quoi au juste? Le Protocole deKyoto prévoit des mesures de réduction des émissions de gazà effet de serre, mais selon certains, elles sont dix fois insuffi-santes comparé à ce qu’il faudrait réellement. Le GIEC lui-même recommande des engagements beaucoup plus forts !

Outils pédagogiques en lien avec le climat :≥ « Les négociations climatiques » – SCI ProjetsInternationaux (FICHE 7)≥ « Le réchauffement climatique : une question dedéveloppement » – Entraide et Fraternité (FICHE11)

Des responsabilités à reconnaître !En s’industrialisant au fil des XIXe et XXe siècles, les pays dits« développés » ont massivement utilisé les énergies fossiles.Ce fut le charbon au XIXe siècle et ensuite le pétrole et le gaznaturel au XXe siècle. Les pays d’Europe, d’Amérique du Nordet le Japon ont suivi cette voie, dégageant des quantitéstoujours plus grandes de CO2 dans l’atmosphère. Or, une foisque du CO2 est diffusé dans l’atmosphère, il y produit un effetde serre pendant une centaine d’années ! Ce sont donc lesquantités de CO2 accumulées au fil des décennies quirenforcent peu à peu l’effet de serre, et pas ce qui est émisseulement sur une année. Les pays développés sont à l’originedu réchauffement climatique, même si depuis 2008, avecl’industrialisation de pays comme la Chine et l’Inde, le restedu monde produit plus de CO2 chaque année que les paysdéveloppés. Globalement, les pays développés sontresponsables des 7/10 du réchauffement climatique, alorsqu’ils ne représentent qu’1/5 de la population mondiale.

En route vers Durban (2011)Un demi-siècle s’est maintenant écoulé depuis l’alarme de1957. Nous sommes en 2007, et la communauté internatio-nale se penche sur « l’après-Kyoto » ce qui, au vu de lafaiblesse du Protocole, n’est d’ailleurs pas une mauvaisechose. Cela se passe dans le cadre de la Conférence de Bali,une des conférences annuelles qui font le suivi du Protocolede Kyoto. On y adopte une « feuille de route » pour les négo-ciations autours de « l’après-Kyoto ». Cette feuille de routedéfinit 4 piliers dits « de Bali » :– La réduction des émissions de gaz à effet de serre par desmesures d’« atténuation » ;– La mise en place de mesures d’« adaptation » pour seprémunir contre les effets destructeurs des changementsclimatique d’ores et déjà inévitables;– Des transferts de technologies propres vers les pays endéveloppement pour les aider à réduire leurs émissions etfaciliter leur adaptation ;– La constitution des fonds nécessaires au financement desmesures précédentes.

C’est sur base de cette feuille de route qu’un nouveau protocolesuccédant à celui de Kyoto aurait dû être signé à la conférencede Copenhague en 2009. Mais ce fut l’échec qu’on connaît ! À la conférence suivante, qui se déroule à Cancun en 2010, onn’y arrive pas davantage. Des avancées réelles à divers niveauxy sont cependant enregistrées, mais aucun progrès dans ledomaine de la réduction des gaz à effet de serre!

À l’heure où nous écrivons ces lignes, la conférence deDurban en 2011 semble s’orienter vers une simple « prépa-ration » de la conférence suivante ! Faut-il rire ou pleurer ?

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15

des ressources naturelles essentielles :

focus sur la terre,

l’eau et la forêt

3/

Les ressources naturelles sont au cœur du coupleenvironnement – développement. Elles sont à réfléchir en termes de gestion durable et équitable, car si ellesconstituent toujours un enjeu économique convoité par les uns et les autres, elles recouvrent aussi et surtout un défi social et environnemental, défi que leschangements climatiques viennent encore compliquer.

© UN Ky Chung

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163/ des ressources naturelles essentielles

Nous mangeons, nous buvons, nous nous vêtissons, nous nous meublons, etc.Nous avons des besoins, nous avons des envies, et nous essayons de les satis-faire. Il faut pour cela produire de nombreuses choses. Production et consomma-tion assurent la survie de l’être humain sur terre et constituent ce que l’on appellel’« économie ». Quand l’être humain est producteur, il peut exercer son travail dansdes organisations grandes ou petites, puissantes ou modestes, ou encore travail-ler à son compte. Il peut aussi ne pas avoir de travail. Quand il est consommateur,il peut disposer d’un pouvoir d’achat grand, voire gigantesque, ou au contrairepetit, voire insuffisant à sa survie.

Comme on le voit, les forces de l’économie laissées à elles-mêmes ne garantissentpas la justice sociale, qui comme le voulait la « limite interne » de la Déclaration deCocoyoc, ferait que tous les êtres humains voient leurs besoins fondamentauxsatisfaits. On en est très loin : 1 milliard de personnes souffrent de la faim ! Lesforces de l’économie seules ne garantissent pas non plus que l’on reste en deçàde la « limite externe » de Cocoyoc, c’est-à-dire que l’on produise et consommesans épuiser la nature, donc en assurant la sauvegarde de l’environnement. On enest également très loin !

La terre, l’eau et la forêt sont trois ressources naturelles fondamentales dont nousdépendons. Or, elles sont en danger : la terre est de plus en plus polluée, l’eau sefait rare et la forêt primaire disparaît. Les changements climatiques viennentencore compliquer les choses en interagissant avec ces trois ressources fonda-mentales et ce de façon préjudiciable pour l’être humain. Une catégorie sociopro-fessionnelle pourrait garantir la sauvegarde de ces ressources et même aider àjuguler les changements climatiques. Il s’agit des paysans. Cet immense pan de l’humanité, qui en représente 40%, est localisé pour ses 90% dans les pays en développement.

Encore faut-il qu’ils soient décemment rémunérés pour le faire et qu’ils aient accèsaux ressources nécessaires à leur travail : la terre, l’eau ou pour certains la forêt.Or ce n’est pas exactement ce qui se passe aujourd’hui. Si les agriculteurs belges,et européens en général, vivent une situation de plus en plus difficile, les paysansdes pays en développement forment, quant à eux, la catégorie socioprofession-nelle la plus pauvre au monde : ils représentent 70% des cas de sous-alimentation!Un paradoxe. On ne peut donc pas parler de rémunération décente ! Nombre d’en-tre eux, comme on le verra, sont aussi privés des ressources naturelles néces-saires à leur travail : exclus de la terre, spoliés de l’eau, chassés de la forêt. Lesoutien, la défense et le développement des petits agriculteurs est un impératifsocial prioritaire vu l’ampleur du problème. Mais c’est également un impératifécologique, vu le rythme auquel la nature se dégrade, climat y compris. C’estencore un impératif écologique sur le plan urbain dans le sens où la croissancemonstrueuse des « bidonvilles » des agglomérations du Sud est alimentée, pourl’essentiel, par des paysans quittant les campagnes, la profession d’agriculteurétant devenue impossible. Cet « exode rural » concerne chaque année 50 millionsde paysans dans le monde. Le réduire est un enjeu essentiel pour une meilleuregestion de l’environnement urbain. C’est non seulement une question d’environ-nement, mais c’est aussi et surtout une question de développement !

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terre Aspects sociauxAgriculteurs et agricultrices qui travaillent la terre dans lespays en développement forment la catégorie socioprofes-sionnelle la plus pauvre. Les problèmes de sous-alimentationqui règnent chez eux constituent un fait inadmissible, uneinjustice sociale, car il y a assez de ressources sur terre pourpouvoir nourrir tout le monde. Une large part de la populationurbaine des pays du Sud souffre également de problèmesalimentaires comme on a pu le voir ces dernières annéessuite aux augmentations brusques des prix alimentaires.Chez nous aussi, les fluctuations de prix, toujours à lahausse, se font sentir dans le portefeuille des ménages, enparticulier celui des couches les plus démunies de la popu-lation. Les fluctuations de prix ayant lieu au Sud sont cepen-dant plus violentes qu’au Nord.

Aspects économiquesPlusieurs types d’agricultures coexistent. L’agricultureintensive, pratiquée dans les pays industriels et de plus enplus dans les pays émergents, utilise d’importants moyensmécaniques et chimiques, et de plus en plus des semencesgénétiquement modifiées. Elle existe aussi, mais dans desproportions encore réduites, dans toute une série de pays endéveloppement. Cette agriculture est souvent mise en œuvredans les pays du Sud par des acteurs économiques locauxpuissants, des multinationales ou encore des sociétésmixtes à capital local et multinational. Elle se pratique dans des exploitations agricoles dont la taille est fortementvariable. Les acteurs économiques puissants ont des mono-cultures s’étalant parfois sur des dizaines, voire de centainesde milliers d’hectares. Ces exploitations produisent engrande partie pour l’exportation.

Face à ces grands acteurs économiques, il en existe d’in-nombrables petits. Ceux-ci peuvent pratiquer une agricultureplus ou moins « moderne ». Les plus modernes d’entre euxsont ceux qui ont appliqué les méthodes de la « révolutionverte ». Cette « révolution », lancée dans les annéessoixante, visait à augmenter les rendements agricoles pourlutter contre les famines. Elle fut diffusée principalement enAsie et Amérique latine. Ce type d’agriculture se fonde surl’usage d’un « package » technologique comprenantsemences à haut rendements, pesticides et engraischimiques. Elle consomme de grandes quantités d’eau, ce qui nécessite l’irrigation des terres cultivées.

173/ des ressources

naturelles essentielles

© Tomas de Mul IRIN 2009

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183/ des ressources naturelles essentiellesterre

du Nord se tournent vers les agrocarburants (sans que soitremis en cause le fait qu’on utilise peut-être trop les véhi-cules à moteur !). Suite à une directive européenne par exem-ple, un agrocarburant sera mélangé au carburant habituel,tiré du pétrole, à concurrence de 1/10 de son volume d’ici2020. L’Europe n’étant pas à même de produire tous les agro-carburants dont elle a besoin, son choix a immédiatementdes répercussions sur des paysans à l’autre bout du monde.Selon une organisation d’agriculteurs touchés par la produc-tion d’huile de palme destinée à l’agrodiesel en Indonésie,« les décisions prises en Europe en matière d’agrocarburantsont des conséquences directes sur des millions depersonnes en Indonésie. Dans leur course folle, les puis-sants producteurs d’huile de palme n’hésitent pas à chasserles communautés des terres qu’elles cultivent depuis denombreuses générations… Si rien ne change, les pauvresseront de plus en plus nombreux et toutes les terres termi-neront dans les mains de quelques-uns. ». En Colombie, ence qui concerne la demande étrangère d’agrocarburants, l’ef-fet est le même, mais on opère dans un style un peu diffé-rent : on massacre par-ci par-là des paysans afin de créer unclimat de terreur. On exige ensuite des autres qu’ils vendentleurs terres, en général à bas prix, en leur rappelant lamenace qui pèse sur eux : « si tu ne me vends pas ta terre, jel’achèterai à ta veuve ! ». Les forces de l’économie ne s’em-barrassent pas de considérations « sociales »…

Manger ou rouler !Si l’être humain exploite traditionnellement la terre pour senourrir et se vêtir (coton, lin, laine, etc.), la demande d’agro-carburants constitue une nouvelle pression sur les marchésagricoles. En 2007, près de cent millions de tonnes de grainsont été transformées en agrocarburants, alors qu’à l’époqueprès d’un milliard de personnes souffraient de la faim ! Pour lafabrication des agrocarburants, on utilise aujourd’huidiverses matières premières d’origine agricole, comme lesmaïs, le soja, la betterave sucrière, la canne à sucre, l’huile decolza, les fruits du palmier à huile, etc. Les États-Unis et leBrésil sont les deux plus grands producteurs. La demanded’agrocarburants est une demande nouvelle qui s’ajoute à lademande habituelle pour ces produits, et en fait donc monterle prix. L’impact sur les populations démunies s’est vu claire-ment lors des émeutes de la faim qui ont eu lieu dans denombreux pays du Sud en 2008 et 2009. Pour Jean Ziegler,qui à l’époque était rapporteur de la Commission des droitsde l’Homme des Nations-Unies pour le droit à l’alimentation,« la fabrication de biocarburants est un crime contrel’Humanité ». Faudra-t-il à l’avenir choisir : rouler ou manger?

Enfin, la grande majorité de celles et ceux qui travaillent laterre dans les pays du Sud le font de façon traditionnelle,sans aucuns apports chimiques ni mécaniques. Les pluschanceux d’entre eux ont des animaux de trait, mais beau-coup sont tellement pauvres qu’ils doivent faire tout le travailà la main !

Un match inégalDifférents acteurs économiques sont donc de plus en plusmis en concurrence, notamment à cause du développementdu commerce international des produits agricoles. Cettemise en concurrence concerne des pays qui n’ont pas lemême pouvoir commercial, alors que l’OMC cherche à ôter àtous les « obstacles » au commerce (comme les droits dedouane), alors que ces obstacles représentent pour certainsun moyen de protection nécessaire à leur survie. Les petitsagriculteurs se retrouvent ainsi confrontés à la concurrenceinsoutenable de certains produits importés chez eux, pareilsaux leurs, mais bien meilleur marché car issus de l’agricul-ture intensive, souvent subsidiée. Il s’agit par exemple dumaïs étatsunien, du poulet d’élevage intensif européen oubrésilien, des tomates italiennes qui arrivent en Afrique. Laconfrontation avec l’agriculture intensive, quasi « indus-trielle » ruine la plupart du temps les petits agriculteurs, lesoblige à abandonner l’agriculture et constitue une descauses de l’exode rural.

Une autre cause réside dans le fait que pour développer desgrandes exploitations d’agriculture intensive, il faut chasserles petits paysans qui se trouvent déjà sur les terrainsconvoités. En général, ces paysans doivent alors vendreleurs terres, souvent pour un prix dérisoire, et sous lamenace. Ce genre de tractations fait souvent fi des droits del’Homme !

Ce que le Nord veut…Ce sont souvent les besoins des consommateurs des paysindustriels disposant d’un plus grand pouvoir d’achat maisaussi les choix des distributeurs dans ces mêmes pays quidéfinissent ce qui sera cultivé en grandes monocultures dansles pays du Sud. Notre désir de café, de cacao, de bananes,d’ananas, etc. a défini depuis longtemps ce qui serait cultivédans les « plantations ». Aujourd’hui les « agrocarburants »,carburants d’origine végétale, constituent une nouvellegrande demande des pays industriels. Anticipant progressi-vement la fin des réserves terrestres de pétrole et voulantréduire l’usage de combustibles fossiles afin de lutter contreles changements climatiques, les gouvernements des pays

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193/ des ressources

naturelles essentiellesterre

Aspects environnementauxLe secteur agricole est responsable de 14% des émissionsde gaz à effet de serre. L’agriculture intensive y participenotoirement. En effet, les engrais azotés qu’elle utiliseproduisent, une fois répandus sur les champs, un gaz ayantun effet de serre 300 plus fort que le CO2. La productiondesdits engrais nécessite par ailleurs l’usage d’énergiesfossiles qui diffusent de grandes quantités de CO2 dans l’at-mosphère. L’élevage, quant à lui, diffuse du méthane dansl’atmosphère, un autre gaz à effet de serre qui provient de ladigestion des ruminants.

L’agriculture intensive, si elle permet de produire desaliments bon marché, a donc un coût écologique important.Celui-ci est encore plus grand si on prend en compte d’au-tres détériorations qu’elle engendre, comme la pollution desnappes phréatiques, l’érosion des sols, la réduction de labiodiversité et de la fertilité de la terre. Face à la pollutionoccasionnée par certaines cultures d’agrocarburants, on esten droit de se demander s’il n’est pas moins polluant decontinuer à utiliser des énergies fossiles.

Si elle contribue aux changements climatiques, l’agricultureen subit aussi les conséquences, avec toutes les répercus-sions que cela peut avoir en termes de sécurité alimentairepour l’être humain. D’après les projections du GIEC, leréchauffement climatique augmentera de façon quasicertaine les sécheresses et les inondations dans la zoneintertropicale, ce qui affectera profondément la productionagricole. Dans de nombreux pays d’Afrique l’accès à la nour-riture sera sérieusement compromis et les famines devien-dront de plus en plus courantes. Il en sera de même danscertaines régions d’Amérique latine et d’Asie. Des variétésvégétales essentielles à l’alimentation humaine ne pousse-ront plus dans certaines régions déjà très chaudes et où latempérature a déjà augmenté de 1 degré. C’est le cas du rizen Inde ou de certaines céréales en Afrique.

Question de droitsLa mondialisation de l’économie renforce le fait que lapossession de la terre a tendance à concentrer dans lesmains d’un groupe toujours plus restreint de grands proprié-taires (qui de ce fait deviennent de plus en plus grands). Faceà cette tendance, il y a lieu d’opérer des arbitrages. Tel est le but des « réformes agraires », qui doivent permettre derétablir un équilibre en offrant des parcelles de terrecorrectes aux petits exploitants, et en en restituant aux« paysans sans terre ».

Le droit de posséder la terre à titre individuel, c’est-à-dire« privé », n’est pas nécessairement un droit naturel. Dans denombreuses sociétés à travers l’Histoire, la terre était lepatrimoine de toute la communauté et son usage agricoleétait attribué aux familles selon des règles précises garantis-sant l’équilibre de la société. Chez certains peuples, la terreappartenait aux dieux et aux ancêtres et ne pouvait dès lorspas faire l’objet d’un commerce entre les êtres humains.Aujourd’hui, de tels modes d’attribution de la terre existenttoujours dans certaines régions du monde. Les sociétés dontl’équilibre repose sur un mode de gestion collectif du sol ontle droit de maintenir ce mode de gestion. Mais ce n’est pasle point de vue d’institutions internationales comme laBanque mondiale ou le FMI.

La notion de « souveraineté alimentaire », élaborée par la ViaCampesina, mouvement mondial des paysans du Nord et duSud, vise le fait que chaque population puisse se nourrir et,pour ce faire, peser dans les choix des politiques agricoles etalimentaires de sorte que le droit à l’alimentation soit partoutrespecté. Dans le cadre des rapports Nord-Sud déséquili-brés, souvent soumis au joug des institutions internationalesdirigées par les pays du Nord, comme le FMI et la Banquemondiale, l’enjeu pour les pays du Sud est de pouvoir récu-pérer leur « souveraineté » en ce qui concerne leur agricul-ture. Ils devraient pouvoir définir eux-mêmes leurs politiquesagricoles, sans ingérence de la part d’institutions exté-rieures. Cette souveraineté doit pouvoir se traduire, entreautres, par le droit, pour les nombreux petits agriculteurs despays du Sud, d’être protégés contre les importations deproduits bon marché dont la concurrence annihile l’activitééconomique locale.

Face aux grands projets d’agriculture intensive, dont le déve-loppement est souvent aidé par l’État (qui construit les routeset les installations portuaires pour l’exportation par exemple),l’agriculture familiale devrait pouvoir jouir, elle aussi, desoutiens pour son développement.

Ce qu’il faut faireLe soutien aux petits agriculteurs est un impératif de justicesociale mais il permet aussi de rencontrer un impératif envi-ronnemental majeur. Pour autant qu’ils soient rémunérésdécemment pour leur travail et formés à des méthodes deculture respectueuses de l’environnement, les paysanspeuvent être les gardiens des trois ressources fondamen-tales que sont la terre, l’eau et la forêt. Celles-ci représentantleurs moyens d’existence, ils n’ont pas tendance à les

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203/ des ressources naturelles essentiellesterre

détruire. Au contraire, ils sont soucieux, en tant qu’acteurséconomiques, de préserver leurs moyens de production, poureux et pour leurs descendants. Les petits producteurs impli-qués dans la « révolution verte » l’ont souvent été malgré euxet ont vu en direct comment ces technologies ont pu détério-rer leurs terres ainsi que leur santé. Si aujourd’hui cesméthodes de culture, couplées aux OGM, continuent d’êtreprônées, c’est sous l’égide du lobby des multinationales del’agrobusiness infiltrées partout dans le monde.

La FAO (Food and Agriculture Organization) a mené l’une desplus vastes études scientifiques jamais réalisées, faisantappel à la collaboration de 400 scientifiques issus de diverspays. Elle a permis de démontrer qu’on pouvait nourrir l’en-semble de l’Humanité, compte tenu de son évolution démo-graphique, c’est-à-dire une stabilisation de la populationmondiale autour de 10 milliards d’êtres humains vers 2050.De plus, cet objectif est parfaitement réalisable sur based’une agriculture multifonctionnelle, durable et respectueusede l’environnement.

Même si aujourd’hui la production d’agroénergies (gaz, étha-nol, agrodiesel, etc) est, comme on l’a vu, problématique, ellepourrait évoluer et constituer une source valable d’énergiepour le futur. L’agroénergie ne pourrait toutefois pas à elleseule remplacer les énergies fossiles, et d’autre énergiesdouces restent nécessaires. Il faudra de toute façon appren-dre à limiter nos besoins, à changer en profondeur notremodèle de consommation et à utiliser plus efficacement lesproduits énergétiques. La possibilité d’utiliser les synergiesentre différentes cultures et élevages à l’intérieur desystèmes intégrés où sont produits à la fois aliments et agro -énergies est tout à fait possible. De telles entités pourraientcréer des emplois ruraux tout en respectant les critères du travail décent. La production intégrée d’aliments et d’agro -énergies permet d’éviter que des terrains qui pourraient servirà produire des aliments soient accaparés par la productiond’agrocarburants, les déchets de certaines productions devenant les matières premières des suivantes, etc.

Terre ≥ synthèse – Les personnes vivant du travail de la terre représententpresque la moitié de l’Humanité.– Elles vivent pour les 9/10 dans les pays en développementet sont souvent très pauvres.– Elles font partie de la réponse sur l’enjeu pourl’environnement – y compris pour ce qui est du climat – car elles pourraient, si elles étaient soutenues, préserverl’environnement par des méthodes agricoles durables. De taille familiale, cette agriculture préserve la biodiversité.– L’agriculture intensive à grande échelle produit à bonmarché mais avec de lourds coûts écologiques qu’on paie(ra)par ailleurs. Elle émet des gaz à effet de serre. Faisantconcurrence aux petits paysans, elle ruine ceux-ci et leschasse de leurs terres.– La lutte contre le réchauffement climatique et l’anticipationde la fin du pétrole provoque une nouvelle poussée demonocultures pour produire des agro-carburants.– Le développement des agro-carburants provoque la haussedes prix agricoles, donc des produits alimentaires, etprovoque des famines dans les pays pauvres.

Outils pédagogiques en lien avec la terre :≥ Jeu de rôles « Le climat change, et nous ? » – CNCD-11.11.11(FICHE 1)≥ Cartes à débat « Carrés genre et développement durable »le Monde selon les Femmes (FICHE 4)≥ Quizz « Les agrocarburants : FBI (Fausse Bonne Idée) ? »Cellule Rise FGTB (FICHE 6)≥ « Avis de tempête sur l’agriculture » – Entraide etFraternité (FICHE 10)≥ « La era del buen vivir (une nouvelle vision du bien-vivredes paysans mayas) » – Quinoa (FICHE 14)≥ « Le jeu de la ficelle » – Quinoa (FICHE 16)≥ « Carrefour du monde Bolivie » – Oxfam-Solidarité (FICHE 19)

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213/ des ressources

naturelles essentielles

eauAspects sociauxDans les pays riches, le consommateur ne perçoit pas l’eaucomme un problème. Moyennant le paiement d’une facture,on ouvre le robinet, on la fait couler à volonté, et elle estparfaitement potable. Pas loin de chez nous cependant, dansles pays d’Europe de l’Est, l’accès à l’eau est déjà probléma-tique pour une frange de la population. La proportion d’habi-tants n’ayant pas accès à l’eau potable dans les pays endéveloppement est, quant à elle, très importante : 15% enAmérique latine et en Inde, 25% en Chine, et 45% enmoyenne dans les pays d’Afrique subsaharienne. Lesproblèmes de santé liés à l’eau de boisson sont en généralaussi liés au fait que les habitants ne jouissent pas desystème valable d’évacuation des eaux usées, et que celles-ci contaminent l’eau de boisson. Selon le Programme desNations Unies pour le développement (PNUD), les insuffi-sances en termes d’eau potable et d’assainissement tuent1.800.000 enfants chaque année !

Aspects économiquesSelon l’Organisation mondiale de la santé, tout être humaina besoin de 20 à 50 litres d’eau potable par jour.Actuellement, 2 milliards de personnes vivent en deçà decette norme. Or il y a, selon le PNUD, assez d’eau doucedans le monde pour pouvoir offrir 20 litres d’eau potable àchaque être humain.

Ce qui manque dans beaucoup de pays en développement,ce n’est pas tellement l’eau, mais plutôt les ressources finan-cières pour la construction des infrastructures de distribu-tion. Globalement, les villes des pays en développementcomptent 60 millions d’habitants supplémentaires chaqueannée, habitants dont la très grande majorité provient del’exode rural. Or rien n’est fait pour accueillir ces nouveauxarrivants. Ceux-ci construisent des bidonvilles sans que lesautorités municipales n’aient les moyens de leur fournir desinfrastructures de distribution d’eau et des égouts pour l’éva-cuation des eaux usées. D’où les problèmes si répandus desmaladies liées à l’eau.

Dans certaines régions, l’eau est très abondante mais lesmoyens financiers manquent aux pouvoirs publics pourpouvoir offrir un accès à l’eau à la population. En Républiquedémocratique du Congo, plus de la moitié de la population n’apas accès à l’eau potable alors qu’un des plus grands fleuvesdu monde parcourt le pays. Les ressources en eau du Congo

© UN Photo / Ky Chung 2008

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223/ des ressources naturelles essentielleseau

pourraient même être diffusées vers d’autres pays d’Afrique.Dans d’autres régions, l’eau commence réellement àmanquer et on se met à puiser dans les nappes phréatiquesau point qu’elles ne peuvent plus se reconstituer. C’est le caspar exemple en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.

Où va l’eau ?Au cours du XXe siècle, à l’échelle mondiale, l’utilisationd’eau douce a augmenté deux fois plus vite que la population.Comment est-ce possible ? Cette croissance deux fois plusrapide est due au développement de l’agriculture irriguée etde l’industrie.

À l’échelle mondiale, l’agriculture est la grande championneen termes de consommation d’eau. C’est elle qui en acca-pare la majeure partie, à savoir les deux tiers ! Il s’agit del’agriculture irriguée par des canaux ou arrosée par des jetsd’eau pompée dans les rivières. Vient ensuite l’industrie, quien consomme un cinquième. Et enfin l’être humain qui, pourses besoins domestiques, n’en a besoin que d’un dixième.

On prévoit qu’en 2025 la majeure partie de la populationmondiale vivra dans des zones où il y aura pénurie d’eau. Lesressources en eau sont cependant mal utilisées. On estimeque 60% de l’eau prélevée sont aujourd’hui perdus à causede fuites dans les circuits de distribution et d’inefficacitésdans ses usages agricoles. Dans l’agriculture irriguée, moinsde la moitié de l’eau utilisée est réellement utile, et ce àcause des fuites dans les canaux et de l’évaporation.

Tensions autour de l’eauLes petits agriculteurs, qui comme on l’a vu sont nombreux,éprouvent de plus en plus de difficultés à se procurer l’eaunécessaire à l’agriculture, car celle-ci est captée par desacteurs beaucoup plus puissants qu’eux, comme les proprié-taires de grandes monocultures d’agriculture intensive – quiproduisent souvent pour l’exportation – ou encore ceux de l’in-dustrie, en ce compris l’industrie touristique. L’accès à l’eaudevient de plus en plus un rapport de forces entre acteurséconomiques, au désavantage bien entendu des petits agri-culteurs pour qui bien souvent l’agriculture cesse d’être renta-ble, ce qui les amène à grossir encore l’exode rural.

Aspects environnementauxSi l’accès à l’eau devient de plus en plus difficile en raison dela croissance démographique – qui a lieu principalement dansles pays en développement –, il le sera également dansdiverses régions du monde à cause des changements clima-tiques. Ceux-ci provoqueront l’augmentation des précipitationset du débit des cours d’eau dans certaines régions, et leurréduction dans d’autres. Si la Chine et l’Asie du sud-est rece-vront plus d’eau, le pourtour de la Méditerranée, le Moyen-Orient, le sud et l’ouest de l’Afrique en recevront moins.

Une part importante des deux milliards de personnes n’ayantactuellement pas accès à une eau ni à des installations sani-taires correctes vit dans des régions arides ou semi-arides.Le réchauffement climatique rendra leur situation encoreplus difficile, non seulement à cause du manque d’eau, maisaussi de l’accélération de la transmission des maladies liéesaux eaux polluées.

La baisse des précipitations affectera l’agriculture non irri-guée dans les régions tropicales et subtropicales, par exem-ple en Afrique, entraînant des baisses de rendement quiauront un impact en termes de famines. Le nombre depersonnes souffrant de la faim pourrait augmenter deplusieurs centaines de millions d’ici 2080 à cause du réchauf-fement climatique, particulièrement en Afrique. Si on n’agitpas pour freiner le réchauffement climatique, il y aura égale-ment plusieurs centaines de millions de personnes supplé-mentaires qui manqueront d’eau potable avant la fin du siècle.

Question de droitsAu-delà du problème climatique, l’eau se raréfie, comme onl’a vu, à cause de la croissance démographique et de l’in-dustrialisation (en ce compris l’agriculture). Face à cetterareté croissante ainsi qu’au manque de justice dans la distri-bution de l’eau, la question de faire de celle-ci un droituniversel est débattue depuis une quinzaine d’années.

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233/ des ressources

naturelles essentielleseau

L’Assemblée générale des Nations Unies a reconnu ce droiten juillet 2010. Le texte, voté par 122 pays (et 41 abstentions)« déclare que le droit à une eau potable propre et de qualitéet à des installations sanitaires est un droit de l’Homme indis-pensable à la pleine jouissance du droit à la vie ».

Ce qu’il faut faireUne part très conséquente de l’eau puisée par l’être humainest gaspillée en fuites dans les canalisations et en inefficaci-tés dans l’agriculture. Une meilleure gestion technique del’eau est donc nécessaire. Dans l’agriculture irriguée parexemple, des systèmes de « goutte-à-goutte » permettentd’économiser jusqu’à 70% de l’eau utilisée selon les cas,tout en augmentant très nettement la récolte. Cette conver-sion implique toutefois des coûts importants.

Très souvent, dans les pays du Sud, les pouvoirs publics n’ontpas les moyens de permettre l’accès de tout le monde à l’eaupotable, ce qui est cependant devenu un droit universel quel’État doit réaliser. Il faut dès lors que la solidarité internatio-nale prenne le relais et que les pouvoirs publics du Nord aidentceux du Sud à garantir l’accès de tous les citoyens à l’eaupotable et à des installations sanitaires correctes.

Mais au-delà de la solidarité, les options prises dans les projetsd’accès à l’eau ne sont pas innocentes. Ainsi, le choix de confierla gestion de l’eau à des multinationales occidentales dans ungrand nombre de mégalopoles du Sud (Manille, Buenos Aires,Casablanca…) tout au long des années 1990 a entraîné desconséquences pas toujours sympathiques pour leurs habitants.Ces entreprises investissent en effet là où elles peuvent faire dubénéfice, à savoir prioritairement dans les quartiers riches… ettant pis pour les pauvres ! Donner l’accès à l’eau n’est donc pasuniquement un choix technique, il a des conséquences socialesmajeures pour les populations du Sud.

eau ≥ synthèse – L’accès à l’eau potable et à des sanitaires corrects manquerespectivement à 900.000 et 2,6 milliards d’êtres humains.Chaque être humain a besoin au minimum de 20 litres d’eaupotable par jour pour survivre.– Dans de nombreux pays en développement, c’est davantageles moyens financiers pour amener l’eau potable auxpopulations qui pose problème, plutôt que le manque d’eau.– La croissance démographique exerce une pression sur l’eaudans certaines régions, mais le développement del’agriculture intensive irriguée et celui de l’industrieégalement.– L’agriculture utilise 2/3 de l’eau prélevée, l’industrie 1/5 etles usagers domestiques 1/10.– Les petits agriculteurs sont de plus en plus spoliés de l’eaunécessaire à leurs cultures par les grands acteurs, tantagricoles qu’industriels.– Une grande partie de l’eau est gaspillée à cause des fuitesdans les canalisations et des systèmes d’irrigation dansl’agriculture.

Outils pédagogiques en lien avec l’eau :≥ Jeu de rôles « Le climat change, et nous ? » – CNCD-11.11.11(FICHE 1)≥Cartes à débat « Genre et développement durable » le Monde selon les Femmes (FICHE 4)≥ « De plein fouet : le climat vu du Sud » – CNCD-11.11.11(FICHE 9)≥ « Palestine, une terre privée de son eau » – CNCD-11.11.11(FICHE 15)≥ « Pourvu que ça dure. L’eau et l’empreinte écologique »Oxfam-Magasins du Monde (FICHE 17)≥ « Nous on se mouille » – Protos (FICHE 18)

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243/ des ressources naturelles essentielles

forêtAspects sociauxDes millions de personnes habitent dans les forêtsanciennes de la zone intertropicale. Elles vivent de la chasseet de la cueillette, ou encore de formes adaptées d’agricul-ture complétée par celles-ci. La forêt équatoriale enRépublique démocratique du Congo, par exemple, compte 40millions d’habitants. Elle représente une ressource alimen-taire et médicinale d’une telle importance pour eux qu’ilsl’appellent « notre supermarché », ou « notre pharmacie ».Humour congolais ! En Indonésie, les communautés indi-gènes dépendant de la forêt représentent 100 millions depersonnes. Le déboisement de la forêt à des fins écono-miques met en péril ces populations, quand ce n’est pas pourles chasser, et ce par des méthodes faisant souvent fi desdroits de l’Homme, et bien sûr du droit coutumier local. Orrendre les forêts silencieuses, à savoir en chasser les habi-tants, ne fait qu’empirer la situation du couvert végétal quiperd ses défenseurs premiers et aggraver la situation despopulations qui une fois chassées perdent leurs repères, leurenvironnement et migrent vers les villes.

Aspects économiquesSi les petits acteurs économiques vivent dans les forêts de lazone intertropicale depuis toujours, ils sont confrontésdepuis plusieurs décennies à des acteurs économiques puis-sants qui viennent exploiter la forêt pour diverses raisons. Cephénomène s’est fortement accéléré ces dernières années.

La forêt recouvrait autrefois de très grandes parties du globe.C’était le cas en Europe jusqu’au Moyen-Âge, après quoi le territoire fut presque entièrement dégarni de sa forêt. Aux États-Unis, colonie de peuplement européen, la forêtprimaire a été rasée aux XVIIIe et XIXe siècles pour développerune agriculture de plantations et construire les maisons descolons. Ces pays ont épuisé leurs forêts pour construire leurdéveloppement. En Angleterre, berceau de la Révolutionindustrielle, la forêt a été dévorée dès le XVIIIe siècle par laproduction du fer, qui à l’époque était extrait grâce au char-bon de bois, comme on le faisait depuis l’âge du fer. C’est même la pénurie de bois qui a obligé les sidérurgistesanglais à se tourner vers le charbon comme combustible. La demande en bois des populations des pays industrielsn’en a pas disparu pour autant. Nous avons toujours besoinde meubles, d’escaliers, de charpentes, de parquets, etc.Dès lors, ce que nous ne trouvons plus ici nous allons lechercher ailleurs.

© UN Photo / Eskinder Debebe

Rainforest Action Network

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253/ des ressources

naturelles essentiellesforêt

Ce que le Nord veut…Si la déforestation a été intense dans les pays du Nord autre-fois, elle l’est aujourd’hui dans les régions boisées du Sud.Elle frappe l’Amérique latine depuis plusieurs décennies,surtout en Amazonie. Plus récemment, c’est l’Asie du Sud-Estqui s’est engagée sur la voie de la déforestation, principale-ment en Indonésie et en Malaisie. La déforestation y sévit àun rythme effréné ! La forêt d’Afrique centrale n’est bien sûrpas épargnée et risque de rattraper les deux précédentes.

Les causes de la déforestationElles sont de quatre types : l’agriculture intensive, l’agricul-ture de subsistance, le bois de chauffe pour les populationslocales et… le bois d’exploitation principalement destiné àl’exportation. Les causes économiques actuelles de la défo-restation n’ont en général rien de neuf. Comme autrefois, oncoupe du bois car on en a besoin, et on défriche pour faireavancer la « frontière agricole ». Cependant, avec la mondia-lisation, les acteurs économiques qui abattent la forêt le fontsouvent, que ce soit pour le tout ou pour une partie, en vuede l’exportation. Treize millions d’hectares de forêt primairedisparaissent ainsi chaque année.

Pour alimenter le commerce du bois et répondre à lademande mondiale en parquets, matériaux de construction,papier, etc. les zones forestières sont éventrées afin de faci-liter l’accès aux essences que l’on recherche. On coupe alorsles arbres, on transporte ce qui peut être vendu, et on laissese décomposer ou on brûle ce qui ne peut pas l’être. Par cesméthodes, la forêt est détruite à vive allure. En réalité, unegrande part des arbres coupés dans la forêt l’est de façontout à fait illégale. Stopper ces abattages illégaux permettraitdéjà de résoudre une partie du problème de la déforestation.Les gros importateurs de bois sont l’Union européenne, lesÉtats-Unis, le Japon et la Chine.

L’industrie agroalimentaire est le responsable numéro un dela déforestation. En Amazonie brésilienne par exemple, laforêt est détruite pour faire place en premier lieu à l’élevage.On dénombre sur ces pâturages près de 60 millions de têtesde bétail. Le Brésil est devenu le premier exportateur de bœufau monde. Vient ensuite la culture du soja, dont une grandepartie est exportée, notamment vers l’Europe où elle sert deplus en plus à nourrir le bétail. Un territoire équivalent àplusieurs fois la Belgique a été déboisé pour la culture dusoja ces 15 dernières années !

En Asie du Sud-Est, on déboise surtout pour planter despalmiers à huile. La demande mondiale pour l’huile de palmeconnait une forte croissance depuis une quinzaine d’années.L’Union européenne et la Chine en sont les principaux ache-teurs. L’huile de palme est un composant essentiel de l’in-dustrie agro-alimentaire : on en retrouve dans les marga-rines, les pâtes à tartiner, certaines huiles alimentaires, lesbiscuits, les glaces, le chocolat et autres confiseries. L’huilede palme est un produit traditionnel consommé depuis la nuitdes temps en Afrique. Les pays européens en ont importédès le XVIIIe siècle, et ce fut une des premières cultures d’ex-portation du Congo belge pour faire de la margarine.Aujourd’hui, ce sont toutefois essentiellement les plantationsd’Indonésie et de Malaisie qui alimentent le marché interna-tional. Ces deux pays exportent plus des trois quarts de leurproduction qui, à elle seule, représente les huit dixièmes dela production mondiale. Le développement de l’huile depalme se fait au détriment de la forêt que l’on coupe pour yplanter les palmiers à huile.

La dernière cause de déforestation en date est liée aux agro-carburants, ce qui constitue la plus parfaite aberration envi-ronnementale ! En effet la plupart du temps, pour déboiserdes pans de forêt en vue d’y planter les végétaux desquels ontirera des agrocarburants, on brûle la forêt, ce qui rejetted’énormes quantités de CO2 dans l’atmosphère ! Pour enle-ver du CO2, on en rajoute ! On n’est pas sortis de l’auberge !C’est le cas d’une partie du soja brésilien, qui sert à produireun agrocarburant remplaçant le diesel, ou « agrodiesel »,c’est le cas également de l’huile de palme. La demanded’agrodiesel a toutes les chances de croître car la tendancesur les marchés automobiles est de plus en plus aux moteursdiesel. En Malaisie, l’État s’est associé à des partenairesprivés pour construire trois usines de production d’agrodie-sel à base d’huile de palme destiné à l’exportation. EnIndonésie, l’avènement des agrocarburants entraîne lesinvestissements de firmes transnationales européennes,japonaises, chinoises et étatsuniennes. L’évolution de cesmarchés devrait entrainer la plantation de millions d’hectaresde palmiers à huile. Même si ceux-ci sont également desarbres, qui absorbent du carbone de l’atmosphère pour pous-ser, il faudra cent ans avant de retrouver l’équilibre qui préva-lait avant qu’on ne déboise la forêt primaire.

Aspects environnementauxLa déforestation est aujourd’hui responsable de près de 20%des émissions de gaz à effet de serre. C’est donc une causemajeure du réchauffement climatique. Lorsqu’on déboiseune forêt, si on coupe et emporte les troncs, on brûle et perdles branches et les feuilles, ce qui envoie du CO2 dans l’atmosphère. Si on ne les brûle pas, leur pourrissement surle sol émet de toute façon des gaz à effet de serre. Une foisdécouvert, le sol forestier, qui contient beaucoup de carbone,rejette celui-ci dans l’atmosphère.

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263/ des ressources naturelles essentiellesforêt

Qu’en est-il de l’absorption du CO2 par la nature ? Les végé-taux, tout comme l’océan, produisent et absorbent du CO2. Cesdeux systèmes sont équilibrés : sans modifications, ils réab-sorbent ce qu’ils rejettent. L’activité humaine rejette quant àelle environ 30 milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphèrechaque année, mais ne les réabsorbe pas. Il s’agit essentielle-ment de carbone extrait du sous-sol (pétrole et charbon) et qui,bien sûr, n’y retourne pas. Cependant, la moitié de ce CO2 estabsorbé par la nature sans que les scientifiques n’aient pudéterminer avec beaucoup précision comment. Une étudemenée dans les forêts amazonienne et d’Afrique centrale surune période de quarante ans a permis récemment de mettre enévidence le fait que les forêts tropicales absorbent du CO2. Enfait, l’augmentation de la concentration de CO2 dans l’atmo-sphère relance légèrement la croissance des arbres, qui pourconstituer leur bois absorbent du CO2. Selon les auteurs decette recherche, l’ensemble des forêts tropicales du mondeabsorberait 18% du CO2 émis par les activités humaines.

Pourrait-on planter des forêts pour absorber nos émissionsde CO2, puisque le bois des arbres capte du CO2 pour gran-dir? Pour répondre correctement à cette question, il faut voirce que la forêt remplace. Si elle remplace une prairie, l’opé-ration ne sert à rien car la prairie stocke autant de carboneque la forêt. L’opération permettrait d’absorber du CO2 si onplantait la forêt sur du sol agricole, ce qui reviendrait à provo-quer des problèmes alimentaires ! Pour absorber tout le CO2qu’on produira en 2020 si on continue à en produire aurythme actuel, il faudrait planter des arbres sur toute la super-ficie des terres actuellement consacrées à l’agriculture !N’oublions pas non plus le fait que le réchauffement lui-même entraîne la déforestation, ce qui boucle la boucle…

Question de droitsLa forêt est aujourd’hui devenue un patrimoine duquel toutel’humanité dépend. Chaque hectare déboisé provoque desémissions de gaz à effet de serre et réchauffe un peu plus leclimat qui est, lui aussi, un patrimoine commun de l’huma-nité, c’est-à-dire un bien collectif, duquel tout le mondedépend, et qu’il faut gérer ensemble. La forêt tropicalerenferme aussi une immense part de la biodiversité terrestre,qui constitue elle aussi un patrimoine commun. Il faut donc laconserver à tout prix. Car ce sont 2 milliards d’êtres humainsqui dépendent directement de la forêt. Les populationsautochtones vivant dans la forêt doivent être respectées etleur milieu de vie protégé.

Ce qu’il faut faireIl faut absolument conserver la forêt et arrêter le déboise-ment ! Il faut en premier lieu mettre fin à l’exploitation illégalede la forêt. À ce titre, on peut déjà agir à un niveau individuelen n’achetant que du bois certifié (FSC par exemple). C’estun premier pas sachant que les labels sur le bois ne sont pasencore assez exigeants. Globalement, il faut arrêter tout

forêts ≥ synthèse– Plus de 350 millions de personnes vivent dans la forêttropicale, 2 milliards en dépendent.– Leur existence est mise en danger par l’exploitation de plusen plus « industrielle » de la forêt.– La déforestation a lieu actuellement en Amérique latine,Asie du Sud-Est et l’Afrique centrale.– Les causes en sont l’exploitation pour le commerceinternational du bois, des produits agroalimentaires et des agrocarburants.– La déforestation est responsable de 20% des émissions de gaz à effet de serre.– La forêt absorbe une petite partie du CO2 diffusé par l’êtrehumain dans l’atmosphère.– La forêt doit donc impérativement être préservée.

déboisement. Or les pays du Nord ont déboisé leurs forêtsautrefois, il leur est donc difficile d’exiger que les pays duSud s’en privent aujourd’hui. Il est donc nécessaire que lespays grands émetteurs de CO2 offrent des compensationsfinancières aux pays ayant des portions de forêt primaire, afinde les encourager à préserver la forêt plutôt que de l’exploi-ter. Arrêter le déboisement ne veut pas dire s’abstenir d’ex-ploiter la forêt. On peut en prélever du bois de façon durable,notamment en replantant ce qui est prélevé.

L’Union européenne a entamé avec la République démocratiquedu Congo la négociation d’un accord sur le commerce du boiscongolais permettant d’aider la RDC à lutter contre l’exploita-tion illégale du bois. Cet accord devrait être finalisé en 2013.

Les États doivent reconnaître les droits des populationsautochtones vivant dans la forêt. Quand des projets d’exploi-tation de la forêt sont mis en place, elles doivent être consul-tées, et si ces projets sont de nature à modifier leur façon devivre et leur accès aux ressources, il faut leur proposer descompensations réellement équitables, conclure un accord etle respecter.

Outils pédagogiques en lien avec les forêts :≥ Jeu d’images « la spirale des ressources » Dynamo International (FICHE 3)≥ Quizz « Derrière l’écran. La face cachée du numérique »Cellule Rise CSC (FICHE 5)≥ « La malédiction des ressources » – CNCD-11.11.11 (FICHE 8)≥ « La déforestation, si loin, si proche » – Greenpeace (FICHE 12)≥ « La gestion environnementale des déchets, les solutionsd’un Sud qui bouge » – Ingénieurs sans frontières (FICHE 13)≥ Jeu de rôles « le climat change, et nous ? » – CNCD-11.11.11(FICHE 1)

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27

Passons à l’action :

signons un accord 11.11.11

en faveur du climat!

Agir ici et maintenant est un impératif. Il existe 1001 façons d’agir pour la justice climatique.

Ainhoa Goma Oxfam international 2010

4/

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28passons à l’action

Dans le cadre de la campagne 11.11.11, le CNCD-11.11.11 etses membres souhaitent sensibiliser sur les effets dans leSud des changements climatiques et sur leur impact sur lespopulations, sur l’environnement et plus largement sur ledéveloppement. La campagne 11.11.11 cherche aussi àmontrer les causes de ces dérèglements, raison pour laquellemener des actions de sensibilisation et de plaidoyer estfondamental. Il est également important d’agir directementdans le Sud via des partenariats solides et durables avec desacteurs de la société civile de pays en développement.

Enfin, des actes individuels et collectifs peuvent être poséspour réduire notre empreinte écologique. La campagne11.11.11 vous propose donc de passer à l’action !

La question que nous posons est la suivante : n’est-il pasextrêmement dangereux, pour tous les êtres humains, d’at-tendre que la « communauté internationale » parvienne à semettre d’accord sur des mesures réellement efficacespermettant d’éviter que le climat terrestre devienne bientôtinvivable? En effet alors que, de conférences en sommets,les discussions continuent sans passage à l’acte, au Sudl’impact des dérèglements climatiques fait déjà des dégâts !Donc, c’est le Sud qui paie la facture climatique du train devie du Nord. C’est évidemment injuste et c’est pour cetteraison que la campagne 11.11.11 défend la « justice clima-tique ». Du coup, ne faut-il pas aussi s’engager rapidement,

à un échelon individuel et au sein de petites collectivitéscomme une classe, une école, une entreprise, voire unecommune, dans une réforme du mode de consommation,afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre ? Cartout le monde peut contribuer à freiner le réchauffementclimatique. Nous vous proposons donc de passer à l’acte etde signer un accord dont le leitmotiv est : « Le climatchange… mais nous aussi ! ».

Évidemment en utilisant la présente mallette pédagogique,nous sommes déjà en pleine sensibilisation sur l’enjeu de lajustice climatique dans les relations Nord-Sud. D’autresactions de sensibilisation peuvent être menées au sein devotre établissement par vous-mêmes, voire mieux par laclasse avec laquelle vous travaillez.

Le CNCD-11.11.11 vous propose trois modes d’actioncomplémentaires : – Soutenir les revendications politiques et interpeller desdécideurs politiques– Soutenir des partenaires au Sud et financer leurs actions – Réduire son empreinte écologique

La signature de cet accord est symbolique. Mais dans unmoment où la communauté internationale peine et où nosgouvernements tremblent, il est important d’envoyer unmessage à nos dirigeants : nous attendons un accord clima-tique au niveau international, mais nous commençons déjà àagir ici, maintenant et à notre niveau ! Nos homologues néer-landophones (11.11.11) nous emboitent le pas dans cettedémarche. Nous espérons ainsi pouvoir envoyer un messagepolitique fort – en Belgique, la population s’engage aux côtésdes pays du Sud pour la justice climatique – et un signalcitoyen à nos responsables politiques de sorte qu’ils promeu-vent des mesures audacieuses et ambitieuses, tant entermes de coopération internationale que de politiques nationales ou européennes.

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29passons

à l’action

Nous signons un accord 11.11.11 « le climat change… mais nous aussi ! »

En lien avec le jeu de rôle proposé par le CNCD-11.11.11, « le climat change… et nous ? », il est proposé à la classe de signer un accord où sont inscrits les engagements qu’elle s’engage à respecter durant l’année scolaire en cours.

Un accord ?À l’heure où les négociations internationales patinent, de sommet en conférence, au niveau international ou européen, il est important de montrer à une classequ’arriver à un accord peut être certes laborieux, mais possible quand on partage la compréhension commune de l’enjeu climatique, la conviction de l’urgence etsurtout l’envie d’y arriver ! Signer un accord avec la classe puis en faire la publicitévia www.cncd.be/accord , c’est aussi un message à nos décideurs politiques ! Nous devons, nous pouvons et nous voulons y arriver !

Quel modèle d’accord ?Cet accord va plus loin que la traditionnelle pétition, vu qu’il propose que le groupes’engage non seulement à soutenir des revendications politiques, mais aussi à participer ou organiser des actions de sensibilisation et/ou de récolte de fonds, et surtout à poser des actes pour réduire son empreinte écologique, tant en termesindividuels que collectifs.

Comment le signer ?Vous trouverez dans la présente mallette des accords-types. Vous pouvez également les télécharger sur www.cncd.be/accord .Vous pouvez faire signer ces accords dans la foulée d’une ou plusieurs actions de sensibilisation. Vous pourrez ainsi poursuivre la démarche avec votreclasse/groupe en proposant de déterminer ensemble quelles actions mettre enplace. À cet égard l’outil « Le climat change. Et nous ? » du CNCD-11.11.11 permet de donner quelques idées. Il existe aussi des appels à action chez Oxfam-Magasin du Monde et Oxfam-Solidarité, SOS Faim ou encore Entraide et Fraternité.

Quels engagements prendre ? Quels actes poser ?Ma classe s’engage à sensibiliser l’école en organisant une projection-débat sur un temps de midi. Ma classe s’engage à organiser une action de récolte de fonds enfaveur de l’Opération 11.11.11. Ma classe reçoit pendant les cours un intervenantd’une ONG ou un partenaire Sud pour approfondir l’enjeu de la justice climatique. Ma classe interpelle la direction sur les actes à poser collectivement pour mieuxrespecter l’environnement et le climat au sein de l’établissement. Ma classe organiseune rencontre, voire un débat au sein de l’établissement avec des décideurspolitiques pour mesurer leur engagement en faveur de la justice climatique.

Comment faire vivre cet accord ?Nous vous proposons de le visibiliser/médiatiser à travers notre site internet www.cncd.be et en organisant un moment de restitution sur l’évolution de vosengagements.

NB : sur www.cncd.be/accord , vous pourrez prendre connaissance des accordssignés ailleurs, par qui, et avec quel type d’engagement.

Quelques exemples« 11.11.11, je participe » :

≥ Nivelles : projection-débat du documentaire « De plein fouet : le climat vu du Sud », organisé à pourcertaines classes du secondaire.≥ Comines : grâce à l’appui du Centreculturel, projection d’un documentaireet animation via l’outil « le climatchange… et nous ? ». ≥ Audegherm : mobilisation pour vendre du cacao chaud durant la récréation au bénéfice de l’Opération 11.11.11.≥ Mons : réalisation par une classe de secondaire d’un petit calendrieravec les caricatures de Kroll en venteau bénéfice de l’Opération 11.11.11.

Des classes et écoles réduisent leurempreinte écologique !

Plusieurs associations peuvent vouspermettre de poursuivre le travail avecla présente mallette pédagogique :≥ Green : www.greenbelgium.org≥ Inter Environnement Wallonie :www.iewonline.be≥ IBGE : www.ibgebim.be≥ ASBL Empreinte : www.empreinteasbl.be≥ Réseau éco-consommation : www.ecoconso.be≥ Autre Terre : www.autreterre.org ≥ …

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30passons à l’action

L’Opération 11.11.11. soutient :

– Le Réseau Ressources Naturelles (RRN), une organisationde la société civile en RDC a pour but de lutter contre l’ex-ploitation illégale du bois en RDC en formant les populationsvivant dans la forêt sur leurs droits et sur la valeur réelle dubois prélevé sous leurs yeux par les sociétés multinationales.Les populations locales sont amenées, grâce au RRN, soit àrefuser l’exploitation du bois, soit à exiger des retombéeséconomiques correctes pour leur développement. Le soutien financier du CNCD-11.11.11 permet au RRN dedévelopper la traçabilité du bois coupé dans la forêt afin quedes fonds pour le développement soient restitués aux zonesoù le bois a été prélevé.

– En Amérique centrale, comme dans beaucoup de régionsdu Sud, les populations pauvres n’ont pas les moyens de sefournir en eau potable alors que les riches en ont autant qu’ilsle veulent. De plus, les entreprises multinationales pompentl’eau du sous-sol et privent de celle-ci les populationsvoisines. Oxfam-Solidarité reçoit un appui du CNCD-11.11.11

pour développer en Amérique centrale un programme visantà rendre les populations d’une trentaine de communesconscientes de leur droit à l’eau potable. Ce programme,mené avec des organisations locales de défense desconsommateurs, vise également à aider ces populations às’organiser pour faire valoir leur droit à l’eau auprès des éluspolitiques locaux et nationaux. Ceux-ci devront opérer unarbitrage entre les différents acteurs utilisant l’eau afin quecelle-ci soit répartie avec plus de justice.

– La culture sur brûlis se pratique depuis la nuit des temps.Elle consiste à brûler une partie de la forêt pour y cultiver, lescendres servant d’engrais. Cette opération se reproduit deparcelle en parcelle, et au bout de 20 ans on recommence àl’endroit initial, quand la forêt a repoussé. Toutefois, lorsquela population s’agrandit, la forêt est de plus en plus déboiséeet elle disparaît peu à peu. C’est ce qui se passe actuellementdans toute la zone intertropicale, et constitue une causeimportante de déforestation. L’ONG Service laïc de coopéra-tion au développent (SLCD), qui travaille en partenariat avecdes organisations paysannes en République démocratique duCongo, reçoit un financement du CNCD-11.11.11 pour mettreen place des alternatives à la culture sur brûlis. Il s’agit d’unprogramme de diffusion de l’agroforesterie, une méthode quipermet de sauvegarder la forêt tout en répondant aux besoinsalimentaires de la population en développant l’agriculture.L’agroforesterie permet, en effet, de faire pousser des arbreset de cultiver sur une même parcelle.

– Pour les très nombreux petits paysans du Sud, l’achat d’en-grais et de pesticides chimiques afin d’exercer une agricul-ture « moderne » est très cher, et souvent source de suren-dettement. C’est par ailleurs une cause de pollution del’environnement et de dégradation de la terre. Or celle-ci estleur moyen de survie. Ils n’ont donc pas envie de la détruire.Les engrais chimiques comportent par ailleurs de l’azote qui,lorsqu’il est répandu sur les champs, se diffuse ensuite dansl’atmosphère sous forme d’oxyde et constitue un gaz à effetde serre très nocif! L’ONG Aide au développement –Gembloux mène au Pérou, en partenariat avec des organisa-tions paysannes et écologiques locales, un programme depromotion de méthodes de culture entièrement naturelles.Celles-ci permettent aux paysans de produire eux-mêmesleurs engrais de façon naturelle et de ne plus devoir se ruinerà acheter des produits chimiques. La méthode utiliséepermet d’augmenter les rendements des cultures de 20% aumoins, tout en luttant contre la dégradation des sols et leschangements climatiques.

Revendications politiques

1/ Réduire les émissions de gaz à effet de serre– Au Nord : réduction de 30% à 40% d’ici 2020– Au Sud : gestion durable et participative des forêts (REDD)2/ Développer des stratégies d’adaptation– Une eau potable de qualité – Une transition juste– Un accès à la terre et un appui à une agriculture familialedurable3/ Favoriser le transfert de technologies – Développement et transfert solidaire de technologies– Accès aux droits de propriété intellectuelle4/ Financer l’adaptation et l’atténuation– Nouvelles sources de financement– Gestion des fonds au sein des Nations Unies

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31passons

à l’action

« Effet de jeunes contre effet de serre : en action pour le climat »

Pour lutter contre les effets des changements climatiques au Sud, nous devons agir au Nord. Voici une campagne, lancée par GREEN, qui vous propose de vousengager pratiquement et simplement, ici et maintenant !

La campagne « Effet de jeunes contre effet de serre » mobilise les écoles sur le thème des changements climatiques grâce à 5 journées d’action collective. Le même jour, tous les participants réalisent un geste concret et symbolique ayantun impact sur les émissions de CO2. Ce geste est simple pour rallier le plus grand nombre.

Une année scolaire = cinq actions climat

Octobre : Action « Croque ta pomme » ≥ Collation fruits de saison Novembre : Action « Récup’ Attitude » ≥ Collecte de livres & vêtements pour le réseau de seconde main Février : Action « Gros Pull »≥ Diminution du chauffage de 1°C Mars : Action « Eau Secours » ≥ Diminution des déchets de boissons et valorisation de l’eau du robinet Mai : Action « Bouger CO2 léger » ≥ Valorisation des transports en commun, co-voiturage et vélo

Les dates précises changent chaque année, référez-vous au site www.effetdejeunes.be pour les connaître. Ces journées sont l’occasion de menerune réflexion sur divers thèmes : alimentation et transport, récupération etprévention des déchets, chauffage et électricité, consommation et énergie grise,mobilité…. Le CO2 se cache derrière toutes ces activités et nous pouvons agir pour en diminuer la production.

GREEN asbl vous accompagne tout au long de cette aventure. Nous vous soutenonsdans la préparation et le suivi des actions : dossier d’accompagnement, affiches de promotion, newsletters... Nous médiatisons aussi les actions afin de valoriser les jeunes et d’inviter le grand public à leur emboiter le pas.

Ce projet est à la carte, vous pouvez participer à une seule action ou aux 5, à vous de choisir. Amplifiez l’ « Effet de jeunes contre l’effet de serre » !

Plus d’informations ?www.effetdejeunes.be et chez GREEN asbl au 02 893 08 08 – www.greenbelgium.org

© UN Photo / Eskinder Debebe

© CNCD-11.11.11

© Alexandre Seron

© CNCD-11.11.11

© CNCD-11.11.11

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Quelques références et sourcesbibliographiques pour aller plus loin

Environnement et développement ≥ Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) : www.unep.org ≥ Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) : www.undp.org

Climat≥ GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) : www.ipcc.ch≥ Centre de recherche sur la Terre et le climat Georges Lemaître : www.uclouvain.be/teclim≥ Coalition climat : www.climate.be ≥ Conseil fédéral du développement durable : www.cfdd.be

Terre ≥ Plate-Forme pour la Souveraineté Alimentaire :www.pfsa.be ≥ Rapport IAASTD :www.agassessment.org

EauInstitut Européen de Recherche sur la Politique de l’Eau (IERPE) : www.ierpe.eu

ForêtFAO (Food and Agriculture Organization) : www.fao.org/forestry/publications/fr

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