Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST...

225
REVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e Volume 40 No: 137 Decembre 1982 Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST.DOMINGUt; (I 774-1 7Q3) par THESEE ateliers fardin 1982

Transcript of Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST...

Page 1: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

REVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE

58eme Ann6e Volume 40 No: 137 Decembre 1982

Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S

Dt;S CAYt;S A ST.DOMINGUt;

(I 774-1 7Q3)

par Fran~oise THESEE

ateliers fardin 1982

Page 2: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

REVUE DE LA SOCIETE HAITIENNE D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE

58eme Ann~e Volume 40 No: 137 D~cembre 1982

Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSlALt;S

Dt;S CAYt;S A ST.DOMlNGUt;

MICHELE ORIOL SPPIUMONT · CAMP-PERRIN

BP 14 • LES CAVES

HAITI W.l.

(1774-1 703)

- -par Fran~oise THESEE

ateliers fardin 1982

Page 3: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

SOMMAIRE

I es assemblees paroissiales des Cayes a Saint-Domingue (1774-

179:3) ·························································································· 5 I

Lnc paroisse a Saint-Domingue avant Ia Revolution. Sun ll-ganisation. Ses difficultes. Ses pretres ............................. 7

w ll I .a mise en place des nouvelles institutions (dec. 1789-avril 1790) ) l) l . .a tJUestion de Ia representation de Saint-Oomingue aux Etats

generaux.

2) Blancs et libres de couleur dans Ia partie du Sud. Premiers affrontements.

3) Formation rlu comite paroissial.

4) Formation des assem!Jiees provinciale et coloniale. Deuxieme cornite paroissial. Ia Garde nationale des Cayes ................................................. 23

lll La paroisse des Cayes et l'assemlllee de Saint-Marc. l) Reactions au decret et aux instructions des 8 et 28 mars 1798.

I .a premiere municipalitc des Cayes.

2) Soutien de Ia paroisse a l'assemblee de Saint-~rc.

3) Premiere prise d 'armes des hommes de couleur lib res (nov. 1790).

4) Dissolution de Ia municipalite (mars 1791).

5) Elections a Ia 2e assemblee coloniale (mars-aout 1791) ......... 50 IV

l.a guerre civile (septembre 1791-novembre l7"J2). 1) Echec de Ia politique des Concordats (dk 1791).

2) Le siege des Cayes par les hommes de couleur. L'attaque du camp \!ercy (fevrier 1792).

3) l.a mission d'Andre Rigaud (mars 1792).

4) Reactions a Ia loi du 4 avril1792.a

5) Blanchelande aux Cayes L'affaire des Platons (aoflt 1792)

6) La deuxieme municipalite des Cayes (novembre 1792).......... 9 v

Polverel aux Cayes (Jecembre 1792-fevrier 1793). 1) L'attaque des Pia tons (13 fevrier 1793).

2) L'QPposition au commissaire civil ........................................... 163 Conclution& Notices 6iographiques .•...•....•....•... ; ..............••.••.........•...... 181

Page 4: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

LES ASSEMBLEES PAROISSIALES DES CA YES A

SAINT-DOMINGUE (1774-1793)

Par Mme Ftanctoise THESEE

L'evacuation hative des archives de la colonie de Saint-Domin­gue en 1803, en pleine guerre civile et etrangere, leur dispersion a la Jamaique, ll Santo Domingo, a Cuba ou entre les mains des i:ilsurges, puis le rapatriement d 'une partie de ces dep6ts aux Ar­chives nationale&, via Londres,_ en 1820, expliquent qu 'indepen­dament des pertes et deteriorations inevitables, certains documents aient echappe a tout classement. (1)

Tel fut le sort d 'un registre des proces-verbaux des assemblees paroissiales des Cayes (2). Egare dans les papiers des greffes de cette ville (3), ce document a ete mis a jour par Melle Menier,

( 1) MelleM-A. MENIER, .:Le rapartriement des greffes de Saint-Domingue:~ dans La Gazette des Archives no. 100, 1o trimestre 1978.

(2) /Jeliberation • actes, ordonnances, reglerrients et autres pieces doni /'enre­gistrement fut ordonne. Fait en notre h6tel ti Saint-Louis, le 21 janvier 1774. Registre manuscrit, cartonne 186 folios ( 40 X 23 ). Archives natio­nales, section Outre-mer G2 128.

( 3) Au moment de Ia capitulation de Ia ville des Cayes devant les Anglais le 10 octobre 1803, le commissaire des gue"es de l'armee Leclerc obtint du commandement ennemi que les archives de Ia ville soient evacuees en meme temps que sa garnison vers Ia Jamaique. Hdtivemeent mis en bou­cauds, les papiers des greffes, des etudes de notaires et des depOtS d'actes publics, furent done deposes au Port-Royal ti Ia Jamaique dans une halle ou vinrent bient6t les rejoindre les archivesdePort-au-Princesaisiesenpar­tie par le s Anglais. Pries d 'a ller reconnoitre les boucauds venant de Port-au­Prince, les commissaires qui avaient ete charges de leur evacuation declare­rent qu'introduits dans Ia halle oil ils avaient ete deposes, le premier objet qui frappa leur regard fut «'Un enonne morceau de papiers epars et con{on­dus:~ qu'ils reconnurent pour etre des papiers de /'administration, les archives et les minutes des greffes des Cayes:~. (Mile MENIER, op. cit. page 17).

-5-

Page 5: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

LES ASSEMBLEES PAROISSIALES DES CA YES A

SAINT-DOMINGUE (1774-1793)

Par Mme Fran~oise THESEE

L'evacuation hative des archives de la colonie de Saint-Domin­gue en 1803, en pleine guerre civile et etrangere, leur dispersion a la Jamaique, ll Santo Domingo, a Cuba ou entre les mains des iiisurges, puis le rapatriement d 'une partie de ces dep6ts aux Ar­chives nationale&, via Londres, en 1820, expliquent qu 'indepen­dament des pertes et deteriorations inevitahles, certains documents aient echappe a tout classement. (1)

Tel fut le sort d 'un registre des proces-verbaux des assemblees paroissiales des Cayes (2). Egare dans les papiers des greffes de cette ville (3), ce document a ete mis a jour par Melle Menier,

( 1) MelleM-A. MENIER. ~.:Le rapartriement des greffes de Saint-Domingue~ dans La Gazette des Archives no. 100, lo trimestre 1978.

(2) Deliberation, actes, ordonnances, reglerrients et autres pieces dont /'enre­gistrement fut ordonne. Fait en notre hOtel a Saint-Louis, le 21 janvier 1774. Registre manuscrit, cartonne 186 folios ( 40 X 23 ). Archives natio­nales, section Outre-mer G2 128.

( 3) Au moment de Ia capitulation de Ia ville des Cayes devant les Anglais le 10 octobre 1803, le commissaire des gue"es de l'armee Leclerc obtint du commandement ennemi que les archives de Ia ville soient evacuees en meme temps que sa gamison vers Ia Jamaique. H4tivemeent mis en bou­cauds, les papiers des greffes, des etudes de notaires et des dep6ts d'actes publics, furent done deposes au Port-Royal a Ia Jamaique dans une halle ou vinrent bientot les rejoindre les archivesdePorto{lu-Princesaisiesenpar­tie par les Anglais. Priesd'aller reconnaitre les boucauds venant de Porto{IU· Prince, les commissaires qui avaient ete charges de leur evacuation declare­rent qu 'introduits dans Ia halle oU ils avaient ete deposes, le premier objet qui frappa leur regard fut «'Un enorme marceau de papiers epars et con[on­dus:» qu 'ils reconnurent pour etre cles papiers de /'administration, les archives et les minutes des greffes des Cayes». (Mile MENIER, op. cit. page 17).

-5-

Page 6: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

•·onscrvatri•·•~ en dwf de Ia section Outre-mer des Archives natio­nales, qui a bien wulu nous en confier Ia presentation.

c :e re~i:4re est It~ seul document de ce genre que conservent nos archives de Sami-Domin~ue. ll c:ouvre les annees 1774--1793, ou sur Ia fin St~ joua le destin de Ia colonie. On assiste alors a Ia defense d'interel:- locaux t•n une assemblee primaire eminemment politiquc, l'harge,: d'elire scs represcntants aux differentes assem­blees de Ia eolonit·. co mite paroissial, assemblee provinciale et as­sehlcc gcnerale. d1argec aussi de Ia formation de Ia Garde natio­nale et de h flllllli«~ipalite. De disnJssions portant sur les repara­tions de l'egli:-•~ des Cayes, on en vient a des debats que l'on devine parfois houleux :-;ur Ia reforme du regime de Ia colonie, sur l'organil'alion de Ia defense du quartier menace par les insur­ges, hommcs de eouleur libres ou esclaves. Ce sont les contre­coups de Ia Revolution dans Ia capitale du Sud, depuis les premiers mouvements des colons autonomistes jusqu 'a I 'insurrection des esclaves de Ia plaine du Fond, en passant par les prises d'armes des hommes de couleur libres luttant pour obtenir I 'egalite des droits politiques avec lcs hlancs, sans renoncer pour autant au regime de l'esdavage.

L 'as:o;cmblCc paroissialc ne tenait pas de se::>sion reguliere. Sa convocation rclevait de !'initiative du conseil de fabrique, de celle des autorites administratives, civiles ou militaires, et apres ) 789, de celle des assemblees de Ia colonie ou des commissaires civils. Suivant les necessites ou les circonstances, l'intervalle entre deux assemh!Pes paroissiales etait plus ou moins long, plus ou moins chargt~ d'evenements. Aussi, pour comprendre Ia suite de ccs proccs-verbaux. a-t-il fallu combler ces silences en faisant appel a d'autn·~ ~ourre~ : aux archives du Comite des Colonies (D X X\') et ii Ia pressc locale, apparues tardivement dans le Sud (1791). La "''~ri•~ incomplete de Ia Gazette des Cayes conservee a Ia Bihliotheqtw de la scetion Outre-Mer des Archives nationales (Bibliotheque !\loreau de Saint-Mery), ne nous eclaire qu'a partir de t'annee 1792. Les dossiers d.its de l'indemnite ont permis d'identifier de nombreux colons signataires de ces proces-verhaGx, mais les minutes notariales n 'ont apporte que trop rarement des \·lieS pn;1·i"' • Hlr ln1rs fortunes.

-6-

Page 7: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

-1

UNE PAROISSE A SAINT -DOMINGUE AVANT LA REVOLUTION

Aux Antilles fran~aises, pays de missions, Ia creation et !'orga­nisation des premieres paroisses avaient ete l'oeuvre des habitants. Ils reclamaient un pretre sans attendre de pouvoir lui offrir tous les moyens de son ministere, c'est-a-dire une eglise avec les objets du culte, une maison curiale, un jardin, un logement pour son domestique, un terrain pour le cimetiere, une savane pour son cheval. La gestion de ces biens fut placee sous Ia responsabilite d'un marguillier. Avec lui, le cure et quelques notables formaient le conseil de fabrique.

Lorsque les ncs passerent du ressort des compagnies colonia­les au do maine de la couronne, le roi , par l 'intermediaire de son Conseil superieur dans Ia colonie, fit office d '«eveque laique». ll autorisait Ia creation des paroiss~s, reglait, tres mal, leurs limi­tes, designait les religieux qui auraient a les desservir. Aux coutu­mes qui, au temps des compagnics et des gouverneurs-proprietaires avaient tant bien que mal regi Ia vie paroissiale, se substitua peu a peu toute une reglementation destinee a controler la gestion des deniers de la paroisse.

A Saint-Domingue,les premiers reglements furent etablis par le Conseil du Petit-Goave en 1712, en 1721 et le 21 janvier 1727. Les fonctions des marguilliers furent precisees. Peu remunerees, pourt.:mt sou vent delicates, elles n 'etaient pas enviees. Choisis parmi les paroissiens les plus riches et reputes probes; les marguil­m~rs etaient elus pour un an, au cours d 'une assemblee generale le 25 decembre. Au terme de leur mandat ils soumettaient au

' controle de commissaires verificateurs nommcs par l'assemblee, les deux registres de leur gestion, l'un reserve a la comptahilite, recettes et depenses de Ia fabrique, l'autre aux deliberations de l'assemblee paroissiale, a l'image de celui qui nous est parvenu de Saint-Domingue.

. 7-

Page 8: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Le registre des deliberations de I 'assemblee paroissiale des Cayes (1774·-1793) s'ouvre sur le «Reglement du Conseil souve­rain du Petit-Goave concernant Ia masse curiale de Ia fahrique et des marguilliers·•, du 21 janvier 1727, dont Ia stricte observa­tion aurait du assurer les ressources de Ia paroisse. Le document nous renseigne sur les recettes et les depenses d'une paroisse.

«La «masse curiale, etait faite des deniers perc;us par les mar­guilliers d'apres les recensements de }'administration. L'imposi­tion proportionnelle a Ia fortune de chacun etait annoncee par affichage. n fallait payer sous quatre mois. Des depenses extraordi­naires pouva.ient necessiter !'adoption par l'assemblee paroissiale de roles supplementaires. A ces revenus s'ajoutaient le prix des en­terrements et des services religieux les revenus des rentes et des fondations, Ia location des banes de 1 'eglise et le montant des quetes aux grandee fetes. ·

Sur cette masse, etaient preleves les pensions du cure (900 livres) du vicaire (300 livres),.du .eacristain, du chantre, le salaire du conseiller syndic elu tous les trois ans pour :ruivre Ia compta­bilite.

Aux Cayes, paroisse tres etendue a cette epoque, on elit deux marguilliers : un pour Ia ville, un pour Ia plaine. Avec l'autorisa­tion du magistrat du siege, le cure invite ses paroissiens a se trouver ~ l'issue de la messe de Noel, a Ia sacristie, lieu du scrutin. La pre­sence des officiers du siege est obligatoite cafin que tout se passe sans cahale et factions•. Les elus entrent en charge le 1er janvier. Au refus de cet honneur 'lllle amende est imposee~ de 500 livres. Le marguillier remet ses eomptes dans le mois qui suit sa sortie. Passe ce delai, il devra payer 3 livres par jour de retard a I' oeuvre de Ia paroisse. Le marguillier sortant remet au cure en presence de quelques notables tous les titres et papiers de la paroisse ainsi que l'inventaire general des effets appartenant ~ l'eglise dont il est dresse proces-verbal sur le registre de l'oeuvre, qui, avec celui des comptes, est d~pose a Ia sacristie dans le cbanc de l'oeuvre,, amenage en coffre et fermant a cle.

La foumiture du pain benit est a Ia charge des fidMes, a tour de role. Manquer a cette obligation est sanctionne par une amende de dix a vingt livres, le marguillier etant reMponsahle en demier. ressort, comme il l'est pour tous les deniers de Ia paroisse. Tous

-8-

Page 9: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

le8 trois mois, les notaires et les greffiers sont tenus, sous peine a:•amende, de remettre aux marguilliers un extrait des dons legs et adjudications faits aux eglises et aux paroisses.

Le conseil de fahrique se reunit tous les premiers dimanches de fevrier, d'avril, de juin, d'aout, d'octobre et de decembre. 11 examine la comptahilite et delibere sur les :depenses a venir. Le marguillier y doit assister. Le conseil a pouvoir de decision pour toute depense inferieure a 200 livres. Au dessus et jusqu 'a 400 livres, c 'est 1 'assemblee paroissiale qui decide, le premier dimanche de mars. Si le marguillier neglige cette consultation, il est passi­ble d'une amende. Toute depense superieure a 400 livres doit etre autorisee par le Conseil superieur, ici celui de Port-au-Prince.

Appliquee regulierement, cette organisation etait de nature a combattre negligences et malhonnetetes. Mais A cette epoque eta plus forte raison dans les colonies, la bonne tenue d~une comp­tabilite 11 'etait pas chose courante.

La paroisse doit fournir a 1 'eglise le bane des marguilliers, une armoire ou buffet fermant a cle pour serrer omements,. tinge et vases sacres, des serrures aux portes de l 'eglise et de la sacris­tie, et deux registres pour les baptemes, mariages et sepultures.

L 'inventaire et la garde des drnements et meubles de l'eglise sont places sous la responsabilite du chantre-sacristain. Les legs

"--- terre ou immeubles - faits a l 'eglise sont inalienahles. Les ·mar­guilliers ne peuvent les vendre ou les engager sans un ordre du Conseil superieur.

En 1774 six banes de l'eglise des Cayes etaient reserves aux autori­tes. lls appartenaient a la fabrique. Les autres etaient adjuges aux plus offrants apres trois criees. La fahrique percevait le prix des inhumations suivant qu'il s'agissait de sepultures dans l'egli­se ou dans le cimetiere.

r.: inobservance repetee de ces reglements provoque I' ordonnan­ce royale du 24 novembre 1781 qui voulut remedier ala gra.nde

-9-

Page 10: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

negligence constatee dans !'administration des biens des eglises.(l) J1 fallait accroitre ces biens dans Ia colonie. Lt>,s comptes des mar· guilliers durent etre rendus plus exactement et plus rapidement. Cn inventaire de tous les titres et biens de Ia paroisse dut etre ·etabli avant le 24 mai 1782, et en cas de defaillances dans leurs fonctions, les marguilliers purent etre contraints par corps. Le cure pour sa part dcvra adresser chaque annee les comptes de la paroisse a l'intendant et au procureur general. C'etait une reprise et un renforcement des dispositions du reglement de 1727, avec quelques prescriptions nouvelles.

r; ordonnance du 3 mars 1788 du gouverneur par interim Vincent et de }'intendant Barbe de Marbois, fixa les pensions des pretres desservant les cures de Saint·Domingue. L'administra­tion voulait «parvenir a la simplicite et a 1 'uniformite si desirabl:>S en matiere de comptabilite». La perception des «droits munici­paux» fut rcglee sur le pied de 3 livres par esclave dans toute la colonie:

«Cette fixation qui augmente considerablement, pour le ressort

de I 'ancien Conseil du Cap, le droit qui etait precedemment impose par celle cour, procurera neanmoins un veritable soul~gement au~ contribuables, attendu qu ·au moyen de /'imposition umque de tro1s livre.1 , lis Ieront desormais exempts de toute capitation sur les blancs et rens de couleur fibres pour les droits curiaux mais aussi de celle qu •1t1 5 'imposaient eux-memes sur leurs esc laves pour le meme objet.»

i a pen,;iou des cures passait de 900 a 2.000 livres, celle des vi­··:tin•, ;i 600 li'r~'~- Elle sera desormais versee par les caisses muni­··ipalt•:- qui pa~ I'I"Oilt cgalement 600 livres pour les ~frais de sa~ris­tie>>. lnterdidion elait faile aux cures de percevOir des parOISSCS 1111 "ll pplement de pent'ion.

( /.i Arc/til'£'~ nat., S.O.M. G2 12/!, fo 6o.

-10-

Page 11: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

La paroisse des Cayes fut creee en 1720, conune celles de Ca­vaillon, de Torbeck et des Coteaux, par Ia diVision de !'immense paroisse primitive du Fondde l'ile~a-Vaches. Elle contenait a elle seuie la moitie de Ia· plaine du Fond. Ses limites sont_ a l'Est Ia paroisse de Cavaillon, au nord la chaine de Ia Hotte · qui la se­pare du quartier de Jeremie, au sud, Ia rher. A l'Ouest, Ia paroisse de Torbeck occupe l'autre moitie de Ia plaine. La cote, semee de recifs, exposee a to us les vents, est inhospitaliere. Cependant~ c'est Ia que fut choisi !'emplacement de la future ville. «ll ne faut ·que jeter les yeux sur le plan (1) pour etre convaincu que le voi­sinage de la plaine des Cayes a en quelque sorte commande de prendre pour la ville cette position, puisqu 'il ne s'en offre pas d'autres depuis la baie de Cavaillon jusqu'a la ri~e -de l'Acul.» (2)

L'emplacement de l'eglise de l'ancienne paroisse nous est in­connu. En 1722 fut decidee la construction d'une nouvelle eglise sur un ilet du plan (3) de la future ville, vers le sud-ouest, face A Ia mer, sous !'invocation, comme l'ancienne, de Notre Dame de l'Assomption. Un projet de presbytere fut egalement elabore, mais dan~ I 'est, pres d 'un lagon. Les registres de I 'ancienne paroisse remontaient a 1690. En 1736 le presbytere, trop humid.e, trop proche des casemes et des boucheries, fut abandonne. ll devait etre etabli pres de l'eglise. Mais ce pro jet n 'avait pas abouti en 1788 quand Moreau de Saint,Mery passa aux Cayes, et le cure logeait dans une maison louee aux frais de Ia paroisse.

V ers Ia fin de 1775 des travaux importants furent entrepris

( 1) Plan de 1a plaine du Fond de /'isle ci vaches de l'Isle de Saint-Domingue avec les divers canaux d'arrosage par le sieur R. Philipeau, ingenieur geo­graphe, 17&6, Arch. nat. S.O.M. F3 296 B 18.

(2) Moreau de Saint-Mery, Description de Ia partie franfaise de Saint-Domin­gue, edition de Ia Societe de l'Histoire des colonies, 1958, 3 V, in-&o, Ill, p. 1304. (note 3 p.8)

( 3) Plan de Ia viUe des Cayes dans I 'Isle de Saint-Domingue, Paris, chez Pheli­peau, 1786.

-11-

Page 12: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

pour la restauration de l'eglise qui avait beaucoup souffert de l'ou­ragan du 27 aout. Un imp6t extraordinaire avait finance cette remise a neuf. Le 27 mai 1777, une assemblee de la paroisse re­ctut definitivement le .travail de }'entrepreneur dont nous avonsle de vis.

Moreau de Saint-Mery qui visita l'eglise des Cayes en 1788 en a laisse un~ description peu flatteuse. Elle etait

«de mafonnerie nrais de jbrt mauvais gout et tres obscure. Ses bas­cOtes n'ont que huit pieds de large (1). La chaire en bois d'acojou a eti sculptee en France avec quelque soin. Ses qlllltr.e faces represen­tent les quatre evangelistes avec leurs attributs .. Le dessus a un Saint­Esprit sous Ia forme d'une colombe et elle est surmantee d'un ange tenant une trompette. Le fond du choeur est gami de vieilles tapis­series dont les dessins sont devenus des enigmes. L 'eglise a des banes. La net est assez grande. A son extremite superieure est, a droite une petite chapelle· sous I 'invocation de Ia Vierge, a laquelle en co"espond une autre, sur le cote oppose, consacree a Saint-Pierre. (2)

Les inventaires des effets dresses entre 177 4 a 1790 confirment la pauvrete de cette eglise, 1 'abandon ou sont laissees ses chapelles. Ce sont des listes impressionnantes d 'objets «uses», «pourris», «hors de service», de «mauvais petits tableaux», des chandeliers casses. La tenture du grand au tel «d 'indienne pourrie fait horreur a la paroisse par sa malproprete» Celle de la chapelle de la Sainte Vierge est «bonne a jeten. En meilleur etat, semble-t-il, sont con­serves chez le marguillier quelques objets reserves pour les grandes ceremonies, des tapis et quelques tentures. L 'argenterie qui resiste a 1 'usure des ans garde encore quelque valeur.

Cette misere pese sans doute sur la conscience dP- quelques pa­roissiens. Les executeurs testamentaires de J.t dame Hugueville remettent au marguillier Legendre un devant d 'au tel, legs de la defunte (1777). Quelques mois plus tard, Jean Jeanquiet offre 500 livres pour l'achat d'un objet semblable. Le 29 mars 1785,

(1) 2 m.60

(2) Moreau de Saint-Mery, Description ... T.Il1, p. 1310.

-12-

Page 13: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

le sieur Perous prete pour deux an.s un retable a la fabrique. Mais ces gestes sont rares.

Les inventaires enregistrent quelques achats : une chasuble. \ ~ mars 1779, le cure avait reclame un confessionnal digne de ce , nom. Le meuble n'apparaitra qu'a l'inventaire du 1er mars 1784. ' On ne peut pas compter sur Ia generosite des paroissiens. Les que­~· tes rapportent fort peu, celles de Piques en sont un exemple : :156 livres en 1774, seulement 87 en 1776. €es maigres oboles ~soulignent l'indifference des fideles. 1 :

La liste des depenses a faire est toujours tres longue. En 1780, pour une meilleure tenue des registres de Ia paroisse et la repara­tion des anciens tres endommages, on fait appel a un copiste. n faut doubler le salaire du chantre, reparer le pont qui conduit au cimetiere et le surelever ainsi que la chaussee afin de «pouvoir enterrer les morts en cas d'inondation:., ce qui etait assez frequent. Et comment apaiser la colere du ptoprietaire de la maison curiale dont le Ioyer n'est pas paye, et qui menace de reprendre son bien?

L 'absolue necessite de se procurer les fonds indispensables a toutes ces depenses est a l'ordre du jour de toutes les reunions. Or personne ne connait Ia situation exacte des finances paroissia­les. Le nouveau syndic, Jacqueson a ete charge de l'etahlir (mars 1780). Sans plus attendre, ondecide Ia mise en valeur systematique de tous les biens de la paroisse restes improductifs, en premier lieu du terrain sur une partie duquel est batie l'eglise, cet ilet de 240 pieds au carre dont le pourtour reste lihre pour y placer des maisons locatives.

Le terrain est divise en emplacements disposes autour de l'egli­se, loues pour 9 ans, a charge d 'y poser des baraques demontahles en bois, uniformes et rapprochees a se toucher. n etait prevu que le jour ou la fahrique se trouverait en etat de construire 'l son profit des batiments sur le dit terrain, les baux seraient resilies de plein droit. Les premieres recettes devaient servir i decorer et a meubler 1 'egJise, a augmenter le Ioyer de la maison ~~ porte de 1.150 a 1.500 livres par an.

-13-

Page 14: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

On acquiert quelques nouveaux objets : dans Ia sacristie, un dais neuf, et Ia salle des deliberations dispose maintenant d'une grande table. d 'acajou de 26 places, de chaises neuves et de deux fanaux Le chantre peut utiliser un antiphonaire.

Le 6 octobre 1782, l'assemblee est reunie pour constater une fois de plus que les caisses sont vides. Faut-il poursuivre les debi· teurs de Ia paroisse ou faire un emprunt? Un paroissien rappelle que Ia paroisse possede··un terrain pres du cimetiere non encore exploite. Est acceptee sa proposition de l'affermer «au meilleur prix a charge d 'entretenir le cimetiere et de foumir un pare aux chevaux du cure»

La mise en valeur des terrains de Ia paroisse ne permet pas d'en- \. treprendre Ia construction d'un porche sur le devant de l'eglise «Ou les paroissiens pussent se mettre a couvert en attend;mt l'heu-re des offices», ni de reparer Ia charpente, les portes et fenetres, 1 'escalier du clocher, ni d 'assurer le transport en France de Ia gros-se cloche cassee, soit 170 ... Livres de travaux dont se chargera le sieur Aubineau le 1er juillet 1787.

Le 23 mars 1788 il n 'y avait que 2.000 livres en caisse. Les banes de 1 'eglise furent adjuges apr~ quelques annees de negli­gence et le 1er juillet 1788 Ia situation etait Ia suivante : Ducote de l'evangile Du cote de l'epitre

le bane du commandant de Ia paroisse

1) M. de Muraine La Grenoniere 1) M. Reynaud ~re 2) M. Maillet-Lacoste 2) Dame veuve Leclerc 3) 'fme Reynaud-O'Shiell 3) MM. Rousseau freres 4) MM. Pemerle freres 4) Mme veuve T:;fiet aine 5) Mme veuve Legendre 5) M. Jou~u 6) l\lme Langlois 6) M. Martm Bellefond 7) M. Serpnllie; 7) M. Perrin de Richemont 8) Zabeth Delombre 8) M. Marsan, negociant 9) M. Gouin aine 9) M. Pigeen 10) 1\1. Gentillot 10) Mme Veuve La Gautraye 11) Mme Hubert 11) Mme Veuve Dutruch

-14-

Page 15: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Qu 'ils soient de planteurs ou de negociants, to us ces noms re­couvrent des fortunes bien assises.

La ferme des chaises rapporte 2.250 livres qui s'ajoute­rent au Ioyer des baraques a l'entour de l'eglise dont les baux venus a expiration le 26 avril 1789, furent augmentes. Ces fonds ne furent consacres ni a l'eglise, ni au presbytere mais a la construction de baraques nouvelles, en maconnerie suivant les plans du nouveau marguillier Jean Duret, acceptes par l'assemhlee du 10 janvier 1790. On projette d 'amenager une «chambre d 'envi­ron huit pieds de large pour y deposer les corps avant leur sepultu­re).

***

n y a tout lieu de penser que ce programme ne fut jamais reali­se. Depuis quelques mois,les interets de la fabrique se sont effaces derriere ceux de Ia colonie tout entiere. La convocation en metro­pole des Etats Generaux promis par le roi le 6 aout 1788 pour le 1er mai suivant, a suscite chez les colons americains l'espoir de faire modifier a leur avantage le regime des colonies. Bien qu 1ls n 'aient pas ete officiellement appeles a prendre part a cette consul­tation, certains d 'entre eux ont decide de faire connaitre leurs doleances envers et contre tout. Tis organisent dans tous les quar­tiers de Saint-Domingue des reunions preparatoires clandestines. Aux Cayes 1 'heure des grands debats a sonne et c 'est sans nul dou-

te Ia raison pour laquelle l'assemblee paroissiale, appelee a de plus hautes responsabilites, decidera le 25 decembre 1789 d'eta­blir un «bureau» specialement charge de «suivre les diverses af­faires et interets de Ia fabrique». En feront partie les deux marguil­liers en charge, le cu're, deux commissaires verificateurs des comp­tes, quatre notables, les anciens marguilliers et, eventuellement, le notaire de Ia fabrique. Ce bureau se reunira le premier dimanche de chaque mois. Et pour donner plus d'eclat a ses seances, l'assem­blee decide Ia creation d''un poste de suisse a 600 livres par an, augmentees d'un «droit de fosse) (6 livres par fosse), les pauvres etant enterres aux frais de Ia fabrique. Ce meme jour est reglee, conformement a l'article 36 de l'Edit royal de novembre 1788, Ia

-15-

Page 16: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

question de Ia sepulture des «non-contorrnistes» : un lieu «clos et entoure» leur est reserve dans I 'angle nord-ouest du cirnetiere. Un foss~ separera leurs tomhes de celles des catholiques. (1)

L 'assemblee paroissiale des Cayes ne consacrera plus qu 'une seule seance aux interets de la fabrique, le 25 decernbre 1790, jour de !'election des deux derniers rnarguilliers : Malterre pour la ville et Rousseau de Ia Gautraye pour la plaine. Le cure y verra }'occasion de reclamer le remboursement des 4.600 livres qu 'il avait avancees pour Ia transcription des registres paroissiaux (2) Deux inventaires sont annexes a ce proces-verhal: celui des effets appartenant a l'eglise et celui des papiers de Ia paroisse mention­nant un livre de comptes tres sommaires des marguilliers depuis l'annee 1743. Pour Ia periode qui nous interesse, sont notes les noms des marguilliers des Cayes elus de 1774 a 1790 (3).

( 1) L 'ABI:'NON. «Malesherbes et !'extension aux colonies de /'edit de 17~i sur les protestants». Bulletin de Ia Societe d'histoire du ptotestantisme 1

franc;ais. juillet-sept. 197~. p. 399-409.

(2) J.a fortune personnelle du pere Tardif de La Borderie peut expliquer l'avance d'une telle somme.

( 3) Liste des marguilliers de Ia paroisse des Cayes de 1774 a 1790: p!Jur Ia ville pour Ia plaine

I 774 LEGENDRE Jacques 1775 DESPAUX 1776 FOURNIER 1777 GUILHEM J-B. I 77~ QUELARD Gabriel 1779 SALLES 17~0 RIBAIL 17~ 1 HUBERT Pierre I 7~2 PELLETIER 17lf3 TAP1A0 Jean 17M MARTIN BELLEFOND 17~5 SENECffAL 17~6 SUIRE Daniel 17~7 MULONIERE 17~~ MULONIERJ:: I 7,,9 DURET Jean 1790 OGIER Fram;ois

GENTILLOT Jean-Desire

LEVI Charles

CHAMPLOY GENSAC PEMERLE aine LABORDE Mlr;AUT MERCY ( comte de ) VERNET Charles CASTELPERS

Page 17: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

A dater du 25 decembre 1790,notre registre sera reserve cxd\1- · sivement aux proces-verbaux des deliberation~ de l'assemblt;t' paroissiale.

***

A s'en tenir aux proces-vcrbaux dt> ra~St'rnlllt'e paroissiale fl, .• Cayes, le role des cures parait negligeable. I .eur~ intervention> ~Oil· tre:_; rarement enregistrees. II leur rcwnait d 'infornl<'r en dtw r~.

les fidelel'.trois dimanches de suite.de Ia c·on\'(wation. II:_; as~i,;.taic·ttl au debat, mais le reglement leur prt'St'ri\ail dc• tiC prendre Ia JWroi:·

qu 'en dernier.

Cinq pretre~ desservaient Ia paroi::-~f' de·!' Caye" t'nlrt' 177 ~ 1'1

179::\. C:onfiee d'abord aux Carmes, elle recut t'nl"uile )(',.. Cap~t~ru­jusqu'en 1723, puis les Dominicains. Le P: Fran~oi" Thillin • tail 1 itulaire de la cure en 177 4. Cure de puis h· l :> juillel 1762, il :~va ·' ete c·ure des Cayes de jacmel, de l'Ar<'ahayc, de" Anse::-. 11 rc~r., cure des Cayes de 1761 a 1776. ll etait l.orrain, de l:Uainvillc. oi1

il etait ne en 1725. ll revint en France en 1776, sans doutc maladc· car il meurt a ~antes le 29 juin 1777. ( 1)

Son successcur le P. Benoit Carriere sigm· tous les pro•'CHil'r­baux du registre des Cayes du 1er dC<'cmLre 1776 au 16 ao(Jt 1783. Ne a Villeneuve d'Agen- aujourd'hui \'illencuve-sur-Lot, il venait d 'obtenir son doctor at «en SorLonne» quand il pari i I pour Saint Domingue ou il est vicaire a :-;aint-Mar(' du 22 rnai 1775 au 22 avril 1776. Nomme aux Caye:-; lc· :> mai 1776, il ~

meurt le 17 novembre 1784. On ne troll\ e aunm t-c·ho de ~~ 111 ck·­ces dans les proces-verbaux de l'assemblee de•,; Ca~c·,; I)Ui cl'aillc•tll~ ne sera pas convoquee du 25 decembre liB:~ au 2;, dcc~enllll•·

1784, date a laquelle apparait un nouveau c·urc'·. k pNc· ~~~ha~li··u

Lorrain.

( 1). Tous les renseignements relati[s aw: dominicaim nut ere tmure.' Jrm1 !' Cloud MERCIER La mission dominicaine Je1 Antilles · :!o t•urtl'' 1 "'

missionnaires. (Manuscrit a l'fllstitutum histurinun orJ. fii'Cllicau•rulti. Sainte-Sabine, Rome)

Page 18: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Ne a Bernecourt dans le diocese de Tout en 1791, le pere Lor­rain est predicateur ordinaire a Nancy en 1773. On le voit a Port-au-Prince de jui11 a octobre 1781. ll dessert la paroisse de l'Anse-a-Veau, de 1782 a 1784, puis celle des Cayes jusqu'en 1786, d'ou il est «deplace:. sans motif connu et remplace par le pere Sauvage «docteur en theologie:.. ll est possible que cette

sanction ait provoque des remous dans Ia paroisse. Le 30 juin 1786 le sacristain J.B. Calais etait a son tour destitue, en raison de «SOD peu d'exactitude» a remplir 8eS devoirs et d'un «manque­ment envers le P. Sauvage».

Celui-ci; ne a Bethune (Pas-de-Calais) en 1742, etudia au cou­vent de Saint-Jacques a Paris, fut ordonne en 1769, et apres avoir ete recu docteur de l 'universite de Reims resta dans cette ville jusqu'~n 1776. En i778.il est vicaire a Port-au-Prince, puis cure de Saint-Louis du Sud d'octobre 1778 a avril 1784, de Leogane (1784-1785) enfin des Cayes du 10 janvier 1786 a sa mort surve­nue le 3 novembre 1788. ll est enterre dans le cimetiere des Ca­yes, au pied de Ia Croix.

Le dernier cure des Cayes du temps de Ia colonie fut le P. J. B. Tardif de La Borderie qui desservit Ia paroisse du 19 novem­bre 1788 au mois d'aoiit 1793. Nous auronsl'occasion dele suivre d 'un peu plus pres que ses predecesseurs car son ministere est con­temporain des evenements qui bouleverserent cette colonie et il n 'etait pas homme a rester en marge de l'actualite. n etait ne a '1ontignac en Dordogne en 1745. Entre dans l'ordre de Saint-Do­n1ingue en 1763, pretre en mai 1769, il etait nomme en 1770 missionnaire apostolique pour les missions des Indes occidentales. Son ministere fut d 'abord a la Martinique, ou il exerca au Robert, puis de 1771 a 1775 a Macouba. ll passa a Saint-Domingue vers Ia fin de 1775 ou le commencement de 1776, sans en avoir re~u l'or­dre. Le P. Maubert, prefet apostolique, le declarait alors dugitif et a postal», ce qui ne l 'empechera pas de le nommer cure de Saint-Louis du Sud. n est ensuite A Portau-Prince et huit ans cure de Cavaillon (1780-1788). En 1784 il est nomme syndic de }a mission des Dominicains a Saint-Domingue.

-18-

Page 19: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Lorsqu'il prend la cure des Cayes en novembre 1788, le P. Tar­dif de La Borderie n 'est pas un inconnu pour ses paroissiens Cavaillon n 'est qu 'a cinq lieues des Cayes. L 'on parlait de lui dans tout le quartier comme un specialiste de la culture de l'indigo, et les colons en difficulte n 'hesitaient pas a le consulter sur cette matiere delicate. Dans un traite sur l'indigo batard (1) presente le 9 decembre 1791 a la Societe royale des sciences et des arts du Cap, il explique comment des 1776, alors qu 'il etait cure de Saint­Louis du Sud, «il fut appele pour constater la mortalite de l 'indigo marron (ou batard) survenue pour la premiere fois sur !'habitation Lafosse dans la Plaine du Fond» Il avait conjure le mal en pous­sant la fermentation et en pressant plus fortement qu 'il etait habi­tuell'indigo ainsi produit.

No us n 'avons pu preciser de puis quelle date le pere Tardif de La Borderie etait proprietaire avec son frere jean d 'une indigote­rie a Cavaillon, habitation pour laquelle ce frere et son neveu Joseph, ses heritiers, toucherent,a l'epoque de l'indemnite,11.250 francs (2).

Tout semble indiquer que ce cure des Cayes n 'etait pas un homme d'eglise ordinaire. Membre depuis 1780 de la loge ma~n­nique du Fond des Negres (3), la loge des Freres reunis aux Cayes ne devait pas avoir pour lui de secrets. A la fois planteur de renom, ma~on et pretre, Jean-Baptiste Tardif de La Borderie etait san3 doute mieux qualifie qu'un autre pour comprendre les preoccu­patitJilS de ses paroissiens.

( 1) Traite particulier de /'indigo marron, ou indigo bdtard, et sa manipula­tion oU l'on demontre par des raisons so/ides, appuyees d'une experience suivie, Ia faussete et les desavantages des procedes actuels: oU /'on donne les moyens les plus simples et les plus infaillibles d'eviter autant qu 'il est possible Ia degradation ... des te"es; d'avoir en quantite de belle herbe et d'en tirer toujours le meilleur parti possible, par Tardif de La Borderie, cure des Cayes du Fond et depute ti /'assemblee coloniale, Le Cap, 1792, in-8o, 40 p.

(2) Arch nat. section Outre-mer, lndemnite de Saint-Domingue, dossier Tardif de La Borderie.

( 3 J Fonds mar;onnique FM 2t44

-19-

Page 20: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

La commission qu 11 remettait le 19 novembre 1788 aux autori­t~s des Cayes lui recommandait «d '~tendre ses soins sur le trou­peau qui lui est confie, soit tibres, soit esclaves:.. C'etait voir de si haut ce «troupeau» qu 'on n 'en pouvait distinguer les couleurs ni la complexite des coinportements. Force nous est de constat~

1 que cette division de la,. societe coloniale en hommes libres et non libres n'est jamais evoquee dans ces proces-verbaux avant cette date, non plus que le metissage entre blancs et noirs. Si le regle­ment de 1727 ( chapitre Ill, art. 17) fait allusion a ces esclaves negres, bien meubles susceptibles d'etre legues ou vendus, a aucun moment n 'apparait la division des libres en hommes blancs et de couleur, noirs ou «sang-meles» La place de ces derniers dans Ia vie coloniale a Saint-Domingue n 'etait pourtant pas negligeable.

ll y avait a cette epoque aux Cayes plusieurs familles de couleur relativement aisees : les Rigaud, les Bleck, les C~vire, les Bois­rond, les Boury, les Prou, pour n 'en citer que queiques unes. Au­ctm de ces noms n 'est appose au bas des proces verbaux de l'assem­blee paroissiale avant 1792, aucun n 'est proprietaire d 'un bane a l'eglise. Leur presence en ces lieux a cote des blancs etait pour le moins indesirable. L 'administration des biens de la paroisse etait affaire de blancs. Cependant tous les libres etaient egaux devant le fisc.

IJ'apres les estimations de Moreau de Saint-Mery (1), dans Ia partie du Sud vivaient en 1788 10.000 blancs et 6.500 libres ou af­franchis qui occupaient 114 000 esclaves. Dans la ville pFOprement dite la proportion des blancs etait plus elevee : 1.250 pour 300 lihres ou affranchis et 3.000 esclaves, soit 27, 5%. Pour l'ensemble du quartier ;~e pourcentage tombait a 7,7% , la population de Tor­becket de Port-Salut etant essentiellement rural.-.

( 1) Description ... , III, p. 1165 et 1316.

-20-

Page 21: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Les Cayes 1786 600 15.000

Torbeck 600 860 11.000

Port-Salut 180 120 3.000

Total 2566 1580 29.000

Pourcentage 7,8 4,8 87,4

L 'ecart numerique entre les blancs et les hommes de couleur libres (1) a Ia veille de la Revolution etait en fait beaucoup plus reduit. L 'intendant par interim M. Proisy dans son Etat de Ia po­pulation de Saint-Domingue en 1789 avait laisse en blanc Ia case reservee aux lihres parce que des donnees de cette partie ne sont pas assez certaines pour trouver place ici». ll notait par ailleurs que dans ce groupe, le nombre des femmes etait «beaucoup supe­rieur a celui des hommes» (2). Les hommes de couleur, quant a eux, declareront des le debut de Ia Revolution que leur nombre egalait celui des blancs.

A I 'inverse de Torbeck ( ce bourg qui avait ete le principal centre du quartier au debut du siecle mais ne comptait plus qu 'une ving-

( 1} Pour simplifier notre expose, nous emploierons I' expression chommes de couleur libres», en sachant qu 'eUe recouvre les libres et les affranchis, qu'ils soient des sang-meles ou des noirs.

(2} Etat des Finances de Saint-Domingue par M. le chevalier de Proisy .... resume des recettes et depenses de toutes les caisses publiquea depuis le 1o janvier 1789, jusqu'au 31 decembre de Ia meme annie. Etat no X: Etat general de Ia population, des cultures et des manufactures de Ia partie franfaise de Saint-Domingue. Arch. nat. section Outre-mer, Blbl. Moreau de Saint-Mery, R.C 2o serie 12 (12} piece 31.

-21-

Page 22: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

taine de maisons), la ville des Cayes avait connu apres 1750 un developpement rapidP, : de 80 maisons en 1751 elle etait passee a plus de 700 en 1788. On y voyait deux quartiers bien distinc~s : a l'est, dans Ia zone marec.ageuse, etaient cantonnes les hommes de couleur. C'etait le quartier de Ia Petite Guinee. Les maisons·'y etaient en pierre jusqu 'a deux ou trois pieds d\;1 sol, puis en un clissage de bamhou et de torchis. Les coups de ventetaient sou­vent fatals a ces «haraques:., separees les unes des autres par des «entourages de bambou et des cloaques presque toujours impos­sibles a franchir si ce n 'est sur de petits ponts de bois qui ne ca­chent pas la vue de marais infects:. (1 ). Les hlancs residaient dans la partie occidentale de Ia ville ou Ia plupart des maisons etaient en charpente ou mac;onnees entre poteaux, avec un etage et des galeries. Quelques unes etaient en pierre.

Avant la periode revolutionnaire,la frequentation de l'assemhlee paroissiale etait reduite a 15 ou 20 personnes en moyenne, a 25 au maximum. Pour les annees 1780.nous avons releve une cinquan­taine de noms. La plupart de ces fideles, queUe que soit leur pro­fession, avocats, medecins, negociants, notaires ou planteurs ont generalement deux I residences, l 'une en ville ' qui peut n 'etre qu un pied-a-terre, l'autre en plaine ou dans les normes. Les plus riches ne sont pas les plus assidus. Journu, negociant aux Cayes et sucrier a la Ravine 5eche pres de l'Etang des Roseaux, ne signe qu'une fois. Walsh (700 esclaves), O'Shiell somptueusement etabli aux portes de Ia ville (2), Esmangard et les Reynaud, vieilles famil­Ies creoles, n'y mettent pas les pieds.

( 1) MOREAU DE SAINT -MERY, Description ... , Ill, p. 1306.

(2) dnventaire de tous les biens de M. O'Sheill en c~tte colo_nie ava'!t son depart pour Ia France~. Arch. nat. S.O.M. Notanat - Saznt-Dommgue. Me Martignat 19, 20, 21 juin 1775.

Page 23: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

II

MISE EN PLACE DES NOUVELLES INSTITUTIONS (decembre 1789 -avril 1790)

Entre le 26 avril et le 8 decembre 1789, l'assemblee paroissia­le ne fut pas convoquee; done rien de ce qui s est passe aux Cayes pendant cette periode n 'a laisse de traces dans le registre des deli­berations. Des evenements peu ordinaires s'y etaient pourtant deroules qu il convient d 'evoquer rapidement pour mieux com­prendre l'ordre du jour de rassemblee du 8 decembre.

De puis Ia promesse des Etats Generaux, Ia question de la repre­sentation de Saint-Domingue entret;·:nt dans Ia colonie une cer­taine effervescence Elle n 'a pas ete invitee a exprimer ses dolean­ces; mais un certain nombre de gros proprietaires et quelques co­lons intriguent en metropole depuis plusieurs mois pour que Saint­Domingue soit represente a Versailles. Le 30 septembre 1788, le comite des colons residant en France, ne en avril 1788, avait adresse a celui du Cap (1) Ia consigne de promouvoir dans Ia colo­nie Ia formation d 'assemblees electorales qui designeraient des de­putes aux Etats Generaux. Clandestinement des simulacres d 'elec­tions avaient ete organises sous l'egide de grands planteurs. Tenu a l'ecart de CtS operations irregulieres, le reste de Ia population, c'est-a-dire Ia grande majorite, n'y etait pas moins interesse. Chez les petits blancs, chez les negociants, chez tous ceux qui ne pou­vaient justifier d'une propriete de quelque importance, chez les hommes de couleur libres proprietaires de petites plantations, et jusque dans les ateliers d 'esclaves, on suivait de pres les nouvelles qui venaient de France.

( 1) Forme l'annee precedante pour protester contre Ia reunion des Conseils superieurs du Cap et de Port-au-Prince en un seul, dit de Saint-Domingue.

-23-

Page 24: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Avec un certain retard sur ceux du Nord (1), une vingtaine de colons des paroisses du Sud s•.etaient donne rendez-vous aux Ca­yes le 9 mars 1789 dans Ia maison de Jean Duret (2) pour former un comite provincial. Compose de 13 «electeuru, Marraud-Des­grottes, Redon, Drouet, Leaumont, des Rouauderes, Saint-Martin, J. B. Gerard, Duval-Monville, Gentillet, O'Shiell, J.B. Millet, Ducis et Duret, ce comite sera pendant quelques mois un «conseil per­manent de Ia province du Sud) (3 ). n ne represente cependant que les seuls proprietaires-planteurs. Jean Duret et J. B. Millet n 'y sont qu 'a ce titre.

Le lendemain le comite choisit, pour representer le Sud aux Etats Generaux, sept proprietaires-planteurs dont quatre residaient en France : le due de Choiseul-Praslin, le marquis de Perrigny, membre du comite colonial parisien, Le Gardeur de Tilly, Bodkin de Fitz-Gerald et trois presents aux Cayes, le chevalier Lomenie de Marme, Duval-Monville et J. B. Gerard.

Le 5 mai au milieu des ovations Gerard et Duval-Monville s'em­barquaient a hord du Tancrede. Le 7 juillet l'Assemblee nationale admettait a sieger avec voix deliberative six des trente et un dele­gues de Saint-Domingue, deux par province. Gerard et le marquis de Perrigny representaient Ie-~nd. Les colons avaient cru habile d'offrir leurs voix au Tiers-Etat dlins sa bataille pour obtenir le vote par tete. lis avaient, ce faisant, subordonne la reussite de leur leurs demarches aux decisions d 'une assemblee dont on pouvait craindre qu 'enchainee par un elan humanitaire elle n 'en vienne un jour a remettre en question non seulement le regime de Ia me­tropole mais aussi celui des colonies dont ces elus de Saint-Domin-

( 1) Les directives du comite des colons fraru;ais ne f .. ;ent transmises aux colons du Sud qu'apres Ia formation du comite provincial du Nord, dans une lettre du 29 novembre 1788 adressee a Saint-Martin, habitant de Torbeck.

(2) Negociant proprietaire de plusieurs maisons, magasins et dependances aux Cayes, rue Royale et rue de Conti, estimees 100.000 livres. Possede egalement une cafeterie au Cap-Tiburon.

(3) Bl. Maurel, Les cahiers de doleances de Ia colonie de Saint-Domingue pour les Etats Generaux de 1789, Paris, 1933, in-&, .399 p., p. 246 et 351.

-24-

Page 25: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

gue ne souhaitaient quant a eux qu'une reforme favorable a leurs interets. Tres rapidement leur groupe allait se diviser sur le prohle· me de Ia competence de l'Assemblee nationale en matiere de po-· litique coloniale. Tandis que ses collegues ralliaient le camp h~ ... tile a la Revolution et s'efforcaient de soustraire a l'examen de • l'assemhlee les questions coloniales en discutant directement avec Ie ministre du futur regime des colonies, Gerard fidele a ses engage­ments pres de ses commettants, faisait confiance aux travaux de l' Assemblee nationale. n etait d 'ailleurs soutenu dans ce sens

. par une lettre adressee au roi depuis le depart de Ia deputation. tile etait signee par plus de cent proprietaires du Sud. Tis attes­taient qu'ils ne voulaient tenir leurs lois que de l'Assemblee na­tionale (1).

A Saint-Domingue les opinions n 'etaient pas moins partagees. Bien recus par tous ceux qui voulaient en finir avec l'arbitraire de la metr~pole, Ia nouvelle de la prise de la Bastille avait alarme ~ux qui soutenaient !"administration. Aux Cayes des incident~ sanglants s'etaient produits~ 'Des cocardes nationales re~ues de France avaient ete distribuees, un jeune homme ayant refuse de norter cet insigne, avait ete b:le en duel, decapite et sa tete prome­de en ville au bout d 'une pique. Pour avoit au contraire ose l'arborer au meme titre que les blancs, des hommes de couleur avaient ete malmenes (2). Dans quelques ateliers, le mot de Iiberte avait ete entendu. Des sowevements avaient ete brutalement reprimes.

• ••

Les Iibres ne reconnaitront jamais dans ces deputes de Saint­Domingue leurs representants a 1' Assemblee nationale. D~s l'an­noace des Etats Generaux, ils avaient entrepris des demarches en vue d'exposer au roi Ia situation d'inferiorite intol6rahle dans

( 1) BL · Maure~ Le vent du large, ou le destin toumaente de lt!4n-/Ja[1tbte Gerard, colon de Saint-DomitJgUe, Paris, s.d. ( 1952 ), in-11, p. 115.

(2} Co"espondance de Julien Rllimond avec ses frires de Saint-Domingue, et les pieces qui lui ont ete adressees par eux, Paris, an II, Lettre no 1 'fje son j'rere Frarv;ois, d'A.quin du 1o octobre 1789.

-25-

Page 26: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

laquelle les maintenaient les blancs de Ia colonie. Leur porte­parole en France, Julien Raymond, riche quarteron proprietaire a Aquin dans le Sud, avait transmis au ministre leurs doleances. Vainement Raymond tenta d'obtenir par le canal de Necker une representation des americains de couleur A Versailles. Apres l'ouverture des Etats Generaux, cependant il trouva des appuis dans Ia presse, a l 'Assemblee nationale, et meme au pres du depute des Cayes, Jean-Baptiste Gerard, avec lequel il eut plusieurs entre­tiens (1 ). La promulgation le 26 aout de Ia Declaration des droits de l'homme et du citoyen autorisait l'espoir de voir satisfaite Ia principale revendication des hommes de couleur et negres li­bres : I 'egalite des droits civiques et politiques avec les blancs. Mais, a Ia realisation de ces esperances concues a Paris s'oppo­saient dans Ia colonie des tensions sociales et raciales accrues. Franc;ois Raimond ecrivait d 'Aquin a son frere :

« ... Au.x motl d'opprlmes et d'humonite, les troubles de France sont done parvenus jusqd'ici, les bklncs ont arbore Ill cocarde, cekl n'a pas ete, comme vous l'imaginez, sans quelques troubles et du MZng reptmdu entre eux. Tout est dans l'ordre; maisle plus terrible sont les noirs qui, entendant que Ia cocarde est pour Ill liberte et l'egalite ont voulu se soulever. On en a conduit plusieurl ti /'echaffaud dans les grands quartiers, cela a tout apaise. Grand dieu ! faut-il que notre interet nous force de soutenir Ia mauvaise cause et d'applaudir aux actes d'inhumonite exerces envers ces molheureu.x? Nous avon& adresse un memoire a Necker; outre Ill lettre que nous avons ecrite, nous vous recommondons de le voir et de tonner aux Ettlts Generaux en diMZnt que nous n 'y avons pas de deputes, et que

tout ce que pourraient demander les deputes blancs ne doit pas faire 1~i pour nous, attendu qu 'il y a ti Saint-Domingue deux cklsses bien connues, les bklncs et les gens de couleur; il faut leur rompre en visiere puifllu 'ils ont porte le mepris jusqu 'a ce point.

(1) BL Maure~ Le vent du ~fzrge ou 1~ destin tourmen~e de .[ean-Baptiste Gerard, colon de saint-Dommgue, Pans, ( 1952) 505 )., 111., p. 122.

-26-

Page 27: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Dans une nou••elle constitution chaque classe doit avoir ses represen­tants ... Nous n 'avons pas charge MM. les depute& bloncs de nos pou­voirs. ils demandent par un imprime que nous avons eu ici des lois ou nous restions dans l'avilissement. Non, nous ne souffrirons pas cela. Nous voulons etre traites comme tous les autres citoyens, ou il {era beau jeu dans Ia colonie; tous les esprits sont montes a ce point, lorsque Ia cocarde est arrivee ici, les blancs l'ont arboree et ont voulu rl~fendre aux gens de couleur de Ia porter. Ceux-ci, au nombre de quatre mille ont ete trouver le general, lui ont demande s 'ils etaient regardes comme ennemis ou amis des Francais; le genera/leur a de­mande pourquoi cette demande ? C'est parce que les blancs s'avisent de nous defendre de porter Ia cocarde nationale. Tout de suite le gene­ral et /'intendant ont donne ordre que les gens de couleur pourraient porter Ia cocarde. Tous les blancs craignent dans ce moment que le11 gens de cou!eur ne se mettent ti Ia tete des noirs pour les {aire revol­ter ce n 'est pas leur sentiment, il s 'en {aut bien, mais les blancs cher­chent cela en voulant trop tenir cette classe dans l'avilissement et les rapprocher des noirs. Voyant les choses ti ce point, le comite blanc des Cayes ( 1) vient de nous appeler: j'ai ete nomme depute pour m'y presenter et parter au nom de mes compatriotes; je vais leur dire que nous voulons adresser nous-memes nos doleances aux Etats-Ge­neraux et non sous leurs auspices. Je vous dirai l'effet de tout dans une autre lettre ;les moments sont trop precieux ici. (2)

G Tran Coulon, Jans son Rapport a la Convention sur les evene­ments de Saint-Domingue, eCJ1ra en ventose an V que «partout exclus», deu:• hommes de eouleur furent «admis ... au comite de la seule ville des Cayes ... » mais que «on ne les y laissa pas longtcmps» (3). Comprenons qu'il ne pouvait s'agir d'une admis­sion a sieger dans ee comite mais tout simplement de cette con­vocation pour obtcnir des informations sur les doleances des hommes de couleur et sur leur etat d'esprit. Une lettre de Fran­~ois Raymond a son frerc Julien indique que les blancs etaient bien elo'ignes d 'acet-der a leurs de man des :

( 1) Le comite du 10 mars. (2) Con-espondance de J Raimond al•ec ses freres de Saint-Domingue, Paris,

an II. Lettre no 1, Aquin a Saint-Domingue, le 1o octobre 17~9. p. 3-5. Arch. nat. section Outre-mer, Bibliotheque Moreau de Saint-Mery, R.C 2 35/3~.

(3) GARRAN-COULON, Rapport sur les troubles de Saint-Domingue ... , Paris, an V-VI/, -volumes, /p. 106-107.

-27-

Page 28: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

«On nous a ete ju&qu a lo faculte de nous reunir pour faire nos Cllhien de dole11nces et nommer nos deputes. Les comites forcent le1 penon· nes de couleur, les unes apres les llUtres, d'approuver les deputes bloncs et SOIIICrire pour une somme de tant chacun, pour leur entre· tien ... » (1)

«Observez bien les penonnes et les chose•; qu'on arrete· les suspects, qu'on misisse le1 ecrlts oil le mot meme LIBERTE est prononce ;· redoublez lo gttrde de vos h11bitations, dans les villes dans les bourgs; partout attachonlles gens de couleur libres; mefiez-vous de ceux qui vont 11rrlver d'Europe ... » (2)

De Paris, la deputation aux Etats Generaux encourageait cette attitude -intransigeante. Elle denon~ait un pretendu complot trame par la societe des Amis des noirs pour soulever les esclaves contre leurs mru."tres avec l'aide des Anglais. Elle recommandait aux Golons sejoumant en m~tropole de «voler a Ia defense de leur patrie» et s 'effor~ait d 'obtenir du ministre et des armateurs qu 'ils s'opposent au retour a Saint-Domingue des hommes de couleur venus en France Elle donnait a ces correspondants les consignes suivantes.

Ainsi s'organise la chasse aux suspects. Aux Cayes, le comite provincial nomme deux commissaires pour monter a bord des navires en provenance de France, et y enqueter sur les voyageurs et saisir les correspondances (3). Fouilles, interragatoires. parties de chasse a l'homme, jettent le trouble dans les quartiers. Ces operations de police parfaitement illegales se terminent parfois tragiquement comme au Petit-Coave, a Jacmel ou a Aquin d'ou Labadie, homme de couleur, ecrira a son ami Julien Raimond :

( 1) Co"espondance de J. Raimond ... Lettre no 2, du Fondle 16 decembre 17~9. p. 10-11.

(2) Ibid. note 2. Raimond reproduit Ia lettre du 12 aout 17~9. signee des deputes de Saint-Domingue a laquelle Gerard avait ajoute un post-scriptum destine a en attenuer /'agressivite.

( 3) «Precis historique des Annales», 2 vol. ms d'unllUteur anonyme contem­porain, vraisemblablement un magistrat de Port-au-Prince qui vecut d'assez DTeS CeS eveenemnts.

_?H_

Page 29: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

«Depuis que les blancs ont fait sauter Ia tete a M. Ferrand, pour avolr ftzit un memoire en faveur des hommes de couleur, nous sommes muets; j'ai ete fusille le 26 novembre 1789 ... parce qu 'on croyait que j'en avail une copie; ils se sont empares de mes papien, j'en af ete pour quelqua brochures qui etaient interellantes.» (1)

Lorsqu'on apprendra a Saint-Domingue qu'a la barre de l'As­semblee nationale, Julien Raimond, le 22 octobre, avait offert, au nom de ses freres de couleur, un don patriotique de six mil­lions, tout sera fait pour en empecher la collecte : entrave f la libre curculation des hommes de couleur, confiscation de leur courrier, menaces, aggressions, a tel point que les amis de Julien Raimond lui ecrivaient des Cayes :

«No~ sommes bien plus mtdtrrlltes aujourd'llui que nous ne l'etions il y a di:r ans.» (2)

•••

V ers la fin du mois de novembre 1789, le co mite des Cayes. qui agissait au grand jour depuis le depart des deputes. decide de convoquer l'assemblee paroissiale afin qu 'elle ,se prononce sur son action passee et sur les pouvoirs qu'il avait donnes aux deputes du Sud. C'est done au milieu d'une grande tension sociale et ra­ciale qu 'allait se tenir le 8 decembre 1789 Ia premiere assemblee des paroissiens des Cayes depuis la prise de la Bastille.

Assemblee paroissiale du 8 decemhre 1789 10 heures du matin

( 1 J Lettres de J. Raimond avec ses [reres ... Lettre no 6 de Labadie Ia colli-ne d'Aquin, 1r 17 mai 1791. '

(2) Ibid, no~· A MJI-!· de Jolly, president, Raimond, depute de Ia partie du Sud de Samt-Dommgue, par les hommes de couleur, a I'Assemblee natio­na~e, a Paris, 2 7 juillet 1790, signee : Remarai, electeur des Cayes, Braque­hazs, Bleck, N. Morel, Et. Bouet, Narcisse Rollain, Masse, S. Qezit (Giezil Elie Boury, A. Rigaud, secretaire.

-29-

Page 30: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Assemblee paroissiale du 8 decembre 1789 1 0 heures du matin

Aujourdlmi ... en l'eglise paroiiS~;iale de Notre-Dame de I'Assomption del' Cayes, les paroissiens (de toutes les classes) (1) y assembles extra­ordinairement en vertu de Ia convocation qui leur en a ere faite dans Ia forme des reglementll apres trois publications au prone, meme par affi­che;; aux endroit« les plus publics et au son de Ia cloche. Le R.P. cure, apre11 avoir chant~ lc V eni Creator, a ouvert Ia seance par un disoours relati£ ala circonstance et a rempli sea fonctions, presents MM. lea Commandant et procureur du Roi. De suite assisre des marguiUiers. en charge, il a propose qu'avant tout,il r:om·enait de se nommer un president pour recueillir le voeu general, et un se<:r<:taire pour dresser le proces verbal. L 'a!<semhlre a nomme Monsieur Rambaud, negociant, pour president et Monsieur Gavanon, aussi negociant, pour secretaire. Et l'un et l'au­lre ain;;i nomme;; par acclamations ont prete le serment en Ia forme ,., m•mierc ac:eoutumecs de se comporter dans ces impoit:mtes fonc­tion~ •l'unc manic~re dih'lle de Ia confiance generale. Cc~ fait, lc prc:sidenl a presente les commissaires nommes par les deli­beration~ p.crl ieulieres des vingt et ~ingt sept novembre demiers redi­gee:; sur cle~ feuilles detachees, et ce, pour le:; mettre a portee de con~ :;ommcr leurs foru:tion~'<; ce qu 'ils ont fait en representant et mettant sur le l.mreau:

lo.- Ce~ clc:Jihcraliou~ partieulieres et les pi~ces qui y ont donne lif'u:

2o. - Ic~ c·opic·~ c1uc• lc,. dil;: commissairet< ont retirees des archives du , . .,Illite: prmiucial du Sud, sayoir :

,i ., p••u,oir~ c·onfc:res aux d~putes de Ia province du Sud ck ··<"~It· , .,i .. uie auprrs de~ Etat;o generaux, oil ils ont ete d··pui· :ulru1~ c•n I'Assemhlee nalionale,

- d··- pou\ oir,. aussi donnes au Co mile provincial du Sud et d··~ c·ahi .. r" del; duleanees qui y ont etc fait!' et em·oyes p..tr le dil c·omilc: mx dit ... dep~te>~ (2)

(I) Mots raJ>es car ils pottJ•aient signifier que Ia <fclasse» des hommes de couleur et 11CgT£'S fibrt:'S at,ait ete ConVoquee. CC qui etait inexact. P/US que Ia richeue. Ia l·ouleur de Ia peau <fclassatt» les individus dans Ia societe cc 1/onia/e.

1::1 Ces caNers de do/eances n 'ont pas ete retroUl•es. Dans les papiers du dl;JIUte Gerard sc trou1•e un exemplaire du cahier de Ia colonie.

-30-

Page 31: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

3o- Leurs observations en forme de propositions.

Ce fait, Monsieur le President en repetant les dites propositions, a declare que Ia presente assemblee avait pour objet : lo.- de savoir s'il y avait lieu, en ce qui concernait Ia paroiBSe des

Cayes, de confinner des a present et en tant que besoin les dits deputes de Ia province .Ju Sud aux Etats gSneraux.

2o.- de prononcer sur le merite de Ia fonnation du dit comire· de Ia province du Sud, de sea statuts et de ses deliberations et arretes, soit des a present, soit en nopUJUUlt a cet effet des electeurs ou commissaires de Ia paroisse pour faire ce qui serait convenable, soit avec les electeurs des autres paroisses du Sud, soit tout autrement, lesquels comrnissaires de Ia pa­roiBSe d~ Cayes pounaient en composer le comite particulier.

Sur quoi, la matiere mise en deliberation, il a ete unanimement arre­te ce qui suit :

Premierement que l'assemblee confirme en tant que hesoin serait les deputes que nous avons actuellement en France, dans toute Ia plenitude des pouvoir;s qui leur orit ete ci-devant donnes, sans cepen­dant que penonne puisse pretendre a des distinctions et attributions exclusives en faveur dee colons planteurs, et rien induire d'exprea­sions equivoques a cet eprd, notamment du mot habitant qui ne pouna jamaie exprimer pour ces cas Ia qualite d'etat eynonyme a colon Planteur mail seulement le domicile, ainsi qu~on l'entend pour Ia France, ct ce pour que notre paroiue puiaee reclamer en tous tempe contre de pareilles distinctions de jouir sans opposition du droit common consacre par les decreta de I '8811emblee nationide qui admettetlt (toutes les autre• classes) {1) indistinctement I. tous les emplois quelconques tons les citoyens. Secondement qu'il sera nomme en Ia presente assemhlee, par Ia voie du scrutin. douze elec­teurs qui a~nt indistinctement le titre de commiseaires de Ia pa-

B. MA UREL ). Les cahiers de doleances ... op' cit., p. 263 ). Un cahier d'! doliances de Ia province Sud, etabli par le 6o bureau de l'~~&lembl;e provin­ciale, fut agree par cette derriere le 12 mars 1790 ~apres quelques correc­tions, additions et retranchemenw pour etre pmente d Ia future assem­blie c"Oloniale. (Proces-verbaux de l'assemblee provinciale du Sud de Saint­Domingue, Arch. nat. DXXC 63/637).

( 1) Comme precedemment, ces mots ont ete rayes. Les hommes de couleur sont exclus de toutes les operations electorales.

-3!-

Page 32: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

roisse, lesquels se reuniront avec ceux que toutes les autres paroisses ont nommes ou nommeront pour repeter Ia confmnation que nous avons ci-dessus faite de nos deputes aux Etats generaux et en outre pour choisir entre eux tous ou parmi lee autres citoyens, lee mem­bres du Comite de Ia partie du Sud. Et des cet instant, comme apres Ia formation du comite general, ces douze commissaires compose­root le comite particulier de cette paroisse, et serviront de bureau qui correspondra avec le dit comite general, et deux d 'entre eux qu 'ils choisiront, auront voix deliberative au 8118-dit comite general. Le dit comite de paroisse examil)era lee observations qui lui seront adressees par tous les citoyens et fera passer au cornite general celles qui paraitront admissibles.

Nous disons que les douze commissaires se reuniront avec ceux des autres paroisses ·de Ia partie du Sud, mais no us n 'entendons pas fi­xer definitivement leur nombre a douze si les autres paroisses en nomment ou en ont nomme plus, en raison de leur popula~on relativement a notre paroisse; dans ce cas nos douze commissaires pourront s'en adjoindre une telle quantile qu'elle puisse etre egale a celle des autres paroisses en raison de Ia population de chacune.

Si pour Ia formation du comite general quelques uns des men.bres du comite particulier etaient choisis, le restant pourrait se choisir des ·adjoints pour completer le nombre de douze. Ce qui aura egale­ment lieu a l't~d de ceux qui n."'accepteraientpoint ou se retire­raient.

Et attendu qu il n 'est plus question que de recevoir le scrutin en pre­sence du President et de Mellllieurs Duplante, Garigou, Carre et le Duff de Vanlord. l'assemblee a ete renvoyee d'une voix unanime et apres Ia proposition du President a ce meme jour quatre heures de relevee.

Et le dit jour quatre heures de relevee, par continuation de ce matin, les memes paroissien3 assembles en Ia forme ci-dessus et d'apres leur arrete, ont apporte aux president et commissaires susnommes leu~ . scrutins, lesquels ont ete deposes dans une petite cassette fermant a clef placee a cet effet sur le bureau .

. .. verification et depouillement du scrutin : Monsieur Rambaud a reuni en sa faveur

Chaisson Drouet Cavanon

105 voix 80 73 54

Page 33: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Demalval Gentillot Journu Carre Duret Muloniere Cambry Millet J-B, negociant

53 51 48 46 46 40 36 34

A ere en outre arrete que les tableaux au nombre de quatre conte­nant lee suffrages que chacon des citoyens a ohtenus seront annexes au registre paroissial sur lequel Ia presente deliberation a ete portee, jusqu'a ce qu'il en ait ere fait un particulier pour l'assemblee des Electeure commissaires, apres avoir eteJes dits tableaux signee et paraphes , ne varietur par le president et les coinmissaires susdits.

A tout quoi il a ete vaque jusqu 'au 9 du dit mois de decemhre cinq heures du matin sans interruption, et Ia plupart des electeurs com­missaires etant absents, le serment requis en pareil cas n'a pu etre prete sur l'heure, pourquoi il a ete arrete que lee dits Electeurs commissaires le preteront entre les mains du president de seance qui pourra prendre un greffier ad hoc et ce dans Ia sacristie de Ia paroisse. Lui-meme pretera son serment comme l'un des dix cornmis­saires entre les mains de I 'un des autres conunissaires a mesure qu ils se presenteront a cet effet, hore meme Ia presence des parois­siens. Clos et arretee Ia presente deliberation.... ont signe les citoyens composant l'assemblee avec Messieurele cure et marguilliere.

Nous avons releve 105 signatures et dechiffre celles de Fierville, Tardif de la Borderie, Maloniere, Vernet, Duplante, Payraud, Morel, Garrieau Leroux, Garrigou Carol, J. Duret Delaville jeUI'le, Gouin, Moreau, Braud, Leduff de van Lord, Carre, Goujou, Duvivier, Hugot, Miknem Wanchelet, Bellanger fils, Martin Belle­fond, Pic de Pers, Gavanon, Boucher, Tanguy de La Boissiere, Emery, Dura."ld, Daguilar, Merlier, Billard, Michard, Charpentier, Barriere, Brunet, Toirac, Genisson, Demalval, Reullon, Thomas, Guerin fils, Pironneau, Longue Epee, Dubreuil des Fourreaux, Ferrand, Potier, Thebaud, Loynes, Huay d 'Ailly, Bouffard, Gue­guen, Lejeune, Clerc de la Salle, Avril de Saint-Thomas, Vadereux,

-33-

Page 34: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Dubois, Michel le Bouez, Desclaux, Blanc jeune, Lambert, Lau­rent, Vve Pargon, Ogier, Gasteau, Renaud, Simon, Fonfrede, Dupin aimS, Gaclu~t, Gillette, Ren_eaume, Simonet, Journu, Olivier, Champeton, Frigattaud, Navaria, Delaville aine, B. Dubrusquet, Mathieu Goinhault, Rambaud l'aine ... Une vingtaine de noms sont illisibles.

Certains elus refuserent le mandat qui leur etait confie. lls fu­rent re.nplaces par ceux qui les suivaient sur Ia liste du scrutin. D'autres,. malades ou «en voyage» se presenterent a l'assemblee avec ret.ard Aussi fallut-il attendre. jusqu'au 14 janvier 1790 pour avoir la liste complete des douze commissaires de Ia pa­roisse de& Cayes et que chacun ait prete sermet de «se comporter dans les fonctions de sa place d 'electeur-commissaire de la ma­niere digne de la confiance generale» Ces operations se deroule­rent en seances restreintes dans la sacristie les 13, 20 et Q4 decem­bre 1789, 11 ef 13 janvier 1790. Qu'il nous suffise d'en donner le resulta~' Ia liste des elus :

Louis Gavanon Guillaume de Malval Pierre Carre Joseph Muloniere Jean-Michel Rambaud Jean-Claude J ournu

***

Pierre <;ambry Emerie Bergeaud Jacques Gof.ljou Joseph De Laval Mathurin Ollivier Durand (avocat)

Le 29 decembre 1789, le gouverneur-general Penier avait, con­formement aux directives ministerielles, pris un arrete relatif a la formation d'une assemblee coloniale. Il avait rectu le plan de convocation laborieusement mis en forme a Paris par la deputa­tion de Saint-Doiningue et les colons du club Massiac avec l'arbi­trage du ministre de la Marine. Celui-ci avait adresse a Peinier, en meme temps que l'ordre de convoquer les electeurs une lettre confidentielle l 'invitdnt a user de son influence pour «prevenir ou moderer la chaleur des esprits et faire nommer des partisans de la metropole». Un double de cette lettre fut saisi par l'assem-

Page 35: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

blee provinciale du 1-iord qui fit publier le document dans toute la colonie, en denoncant la conduite du ministre La Luzerne et celle des colons metropolitains.

Aux Cayes, sur le rapport de Jean Baptiste Millet, le comite provincial avait, le 19 janvier, solidement explique les raisons de son desaccord avec une ordonnance qu il considerait commetcnul­le et non avenue», le gouverneur n 'ayant pas selan lui le droit de la prendre : en reglant le mode et le regime de la future assem­blee, les administrateurs avaient exerce une partie du pm1voir legislatif, lequel desormais n'appartenait qu'a l'Assemblee nationa­le. Celle-ci ne paraissait meme pas avoir ete consultee. Le roi n 'avait pas· sanctionne 1 'ordonnance, or lui seul pouvait ordonner la convocation de la colonie. Nul dans sa forme, ce plan l'etait aussi_ dans son contenu juge contraire aux interets des colons : il n'accordait qu'une voix consultative aux habitants (art. 2), conservait au:ll. · adminsitrateurs generaux une autorite «exhor­bitante» qui ne devait plus appartenir qu 'au corps legislatif (art.3): la session (3 mois) etait jugee trop courte et Ie' nombre de deputes insuffisant (art. 9) .le nombre des electeurs compte arbitrairement defavorisait les villes au profit des campagnes (art. 10). Bref, ce ~,.;n de convocation serait un sujet de discorde et de desordre dans Ia colonie en privant de l'avantage d'etre elus ceux qui ne possederaient point d 'immeuble, quelle que considerable que fut leur propriete mobiliere», excluant ainsi la majorite des com­mer~an~s. (1)

Le comite provincial des Cayes exprima done son desaccord avec le plan de !'administration en s'opposant a sa publication

et en ordonnant aux procureurs des senechaussees de ne pas pre­senter l 'ordonnance du 29 decembre a l 'enregistrement.

Dans le meme temps, il appelait Ia colonie a « .. s 'assembler

( 1) Lettre du Comite provincial des Cayes a l'Assemblee provinciale du Nord du 21 janvier 1790. Extrait des deliberations du Comite provincial du Sud du 19 janvier 1790 (Arch. Nat. S.O.M. Bibl. Moreau de Saint-Mery R.C. 36 (3~). p. 21.

-35-

Page 36: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

pour deliherer sur divers objets.qui ne peuvent etre agites que dans son sein ... l'~oignement des lieux ne lui permettant pas d 'atten­dre Wl decret de Ia metro pole». Le co mite des Cayes considerait que !'admission des deputes de Saint-Domingue a l'Assemblee,­nationale autorisait une telle assemhlee. D n 'avait done pas attendu !'ordonnance du 29 decembre pour mettre en oeuvre son propre plan de convocation en invitant les paroisses de la province du Sud a «s'assembler seton le droit qu'en ont tous les citoyens ... pour le'.lr interet commun ... rediger leurs cahiers et nommer des deputes suivant leur population respective a l'assemblee provincia­le en cette ville des Cayes, laquelle ... reglera de concert avec les deux autres provinces de Saint-Domingue le mode qu'il convient d 'adopter pour la formation de l'assemblee generate de la colo­nil"... (1) le 21 janvier, le comite provincial du Sud avait done ROumis son plan adresse a celui du Nord : « ... Nous esperons, ecrivait-il, que vousle trouverez redige dans vos principes et nous desirons heaucoup qu'il ohtienne votre approbation». D annon­Gait l'ouverture de l 'assemblee provincialc du Sud aux Cayes le 15 fevrier.

L'assemblee provinciale du Nord donna son accord dans sa seance du 10 fevrier (2) sous reserve que le nombre des elus pour chaque province serait fixe suivant les propositions de la province de l'Ouest, savoir 80 pour le Nord contre 74 pour celle de l'Ouest. Le nombre des deputes du Sud apres une concertation entre les assemblees de l'Ouest et du Sud fut fixe a 58. Ignorant !arrete du gouverneur Peinier, les trois provinces donnaient rendez-vous a leurs representants a Saint-Marc le 25 mars 1790 (3). Peinier voyait dans ces decisions les signes precurseurs d 'un «soulevement

( 1) t,xtrait des deliberations du comite provincial du Suti uu 19 janvier 1790, (note 1 precedente). · · , . · · 1 d N d

(2) Extrait des registres des deliberat~ons de l_as~embleeprovmcza e u on de Saint-Domingue, au Cap, seance du 10 ~~~ner 1790. (ArFh. nat. S.OM. Bib/. Moreau de Saint-Mery, R C 36 ( 3~) pzece 24.

( 3) Ex trait des registres des deliberations de l'assemblee provinciale du Nord de Saint-Domingue, au Cap, seance du 10 [evrier 179n. (Anch. nat. S.OM. Bib/. Moreau de Saint-Mery, R. C 36 piece 24.

-36-.

Page 37: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

general» et deplorait dans une lettre au ministre de Ia Marine des delations que se permettent contre (lui) les trois comites du Cap, du Port-au-Prince et des Cayes ... qui .:: se reunissent pour meconnaitre les ordr~s que vous adressez lorsqu 'ils ne seront pas sanctionnes par le roi et Ia nation» II ajoutait en post-scriptum: «Les circonstances qui changent d'un moment a l'autre m'ohligent a suspendre l'assemhlee coloniale sans pouvoir determiner le mo­ment ou no us pourrons la convoquer». ( 1 )

C 'est done sous le signe de Ia subversion que se reunit l'assem­hlee paroissiale des Cayesle 4 fevrier 1790.

Assemblee poroissiale du 4 fevrier 1790 9 heures du matin

Sur com ocation du comite paroissial du 28 janvier. Le P. Tardif de Lahorderie ouvre Ia ~ance en presence du commandant, du procurcnr du roi et des marguilliers.

Ordre du jour : lo.- nommer des electeurs a 1 'assemblee provinciale et definir

leurs pouvoirs ; 2o.- deliherer ~ ... si on repetera les oppositions et protestations

deja faites au sujet de 1 'assemhlee coloniale suivant 1 'ordon­nance de MM.les administrateurs»;

3o.- ~deliherer enfin si on etablira provisoirement une municipa­lite».

Formation ,du bureau : Ramhaud negociant est elu president a Ia majorite. Durand avocat, est elu secretaire a Ia majorite. liB pretent ;,.::rment. Discussion sur le mode de scrutin. L 'assemhlee adopte Ia liste collec­tive «simple• par acclamation et «presque a l'unanimite>t.

Nombre d 'electeurs : cConsiderant que le nomhre des votants de toute Ia parois.'le s 'eleve a environ mille personnes; que Ia ville ... peut amender (2) pour environ les deux tiers, et Ia cam.pagne pour

( 1 ) Co"espondance du general Peinier. Lettre du 11 janvier 1790. (Arch. nat. Colonies F3 195.

( 2) Donner mandat ?

-37-

Page 38: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

}'autre tiers, il a ete arrete par acclamation, presque a l'unaninute ~t ne~nmoins ~ tir~r a consequence, que pour toute Ia paroisee il ser&lt nomme vmgt electeurs dont treize dans Ia ville et aept dans Ia campagne.

Co~~is pow rediger les tableaux des suffrages, Duplante, Guenin, DuVIVIer et Leduf de V anlord pretent serment. Resqltats du scrutin : Rambaud 125 voix

Chaillou 116 Demalval 90 Durand 89 Gentillot 79 Delaval 79 Beauzami 70 Dwet 70 Muloniere 69 O'Shiell 63 Bontant 59 Castelpers 58 Drouet 58 Cavanon 56 Millet J-B 54 Dome~e 48 Seoveaud 48

Saint-Martin de Bellevue 47 Cambry 47 V anduffet 42

Pouvoirs des electeurs : « ... pour se presenter et prendre place et seance dans Ia dite assemblee provinciale, pour faire corps avec les autres electeurs representant Ia province du Sud, y proposer, aviser et consentir tout ce qui peut concemer Jes besoins de Ia colonie, Ia .-Horme des abus et l'etablissement d'un ordre fix~ et dwable dans toutes les parties de l'administration, 1~> prosperite generale de Ia colonie, · et celle de Ia paroisse en particulier, le bien enfin de tous et chacon des colons, pour ce faire tous memoires et observa­tions, porter toutes motions. discuter avec les autres membres de l'assemblee toutes propnsitions qui pourraient etre faites par chacon d'eux; donner lear avis et leur voix, se revnir ou ceder' apres discus­sion, au parti de Ia maJorite; signer et consentir tous ies decrets et arretes qui- auront ete ~~~s et pris dans la dite assemblee, v preter

-38-

Page 39: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

le sennent de fidelite a Ia Nation et au Roi et a 1; Colonie dans Ia

forme qui y sera arretee~ faire enfin traiter et consentir tout ce qui, apres proposition et discussion sera arretee a Ia majorite, promet­tant avoir pour agreahle et approuver ce qui sera ainsi fait par nos dits sieurs electeun en Ia dite assembJee, encore que les cas ne fussent ici prevuM Relativement ~u 2o point de l'ordre du jour, l'assemblee adhere aux «oppositions et protestations• du comite paroissial et des reitere meme de plus forb. Quant au 3e point, l'etablissement pnwisoire d 'une municipalite elle declare qu cil n 'y a pas lieu a deliberer». La seance est levee «apres minuih. 80 signatures au bas du proces-verbal.

ASiemblres paroissillles des 9 et 14 fevrier 1790

Acceptation generate des elus et prestation du serment : «Je jure de remplir fidelement, avec zele, patriotisme et courage Ia mission honorable que les concitoyens ont daigne me ~'onfien.

Le proces-verbal du 4 fevrier ne permet pas de deceler Ia moin­dre opposition au sein d'une assemblee qui semble suivre docile­ment les directives du comite provincial. Les decisions y sont pri­ses «par acclamations et presque a l'unanimite». C'est dire que si opposition il y a , elle n 'ose pas s 'ex primer.

Entre le 14 fevrier et le 22 mars, date de l assemhlee paroissia­le !suivante, le centre de Ia vie politique dans la capitale du Sud va se de placer de la place Royale vers. celle des Tanneurs, au nord-ouest de Ia ville, ou, dans une maison de Ia loge des «Freres Reunis», l'assemblee provinciale a loue une salle pour y tenir_ ses reunions (1). Pour y avoir ete re~u et «adopte» avant Ia Revo­lution, Moreau de Saint-Mery avait decrit ce « ... lieu commode et tres agreablement decore par le pinceau de quelques membres officiers de marine» (2). C'est done dans cette salle que, du 18

( 1) Le choix de ce local n 'est pas etranger au fait que plusieurs rnembres du comite provincial etaient mafons, Saint-Martin, Gentillot et Duret, notam­ment (B. MAUREL, Le vent du large ... p. /H

(2) MOREAU-de-SAINT -MERY. Description ... III, p. 1309.

-39-

Page 40: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

fevrier au 13 mars 1790, l'assemblee provinciale jeta les bases d 'un pouvoir autonome de Ia partie du Sud. (1)

La revendication d 'une autonomie par I~ planteurs du Sttd n'etait pas nouvelle (2). Dans les annees 1769-1770, les heurts avec !'administration a l'occasion du retablissement des milices avaient ete jusqu 'a des prises d'armes, des rassemblements noc­turnes, sanctionnes par des arrestations brutales. Des abus d'auto­rite avaient mis en difficulte le comte d'Agoult, commandant du Sud. Du desir de controler les agents de la metropole..,~on en etait veriu a souhaiter un gouvernement autonome. Vingt ans apres, Barhe-Marbois, La Luzerne et ·Peynier retrouvaient en face d 'eux 1es memes adversaires : Des Rouaudieres, Marraud-Desgrot­tes et Saint-Martin. des vieux athletes des luttes coloniales» (3).

La premiere-demarche de l'assemblee provinciale fut de s em­parer de la gestion de!' finances de Ia partie du Sud, jusque Ia pa­rente pauvre, disait-elle, de la colonie. Le poste de tresorier de Ia ville des Cayes fut cree et confie a Jean Duret. Toutes les imposi­tions et taxes per~ues dans Ia province seront versees dans une caisse centrale et employees a satisfaire ses seuls besoins, etant de­montre que «<a province du Sud paye plus qu 'elle ne depense». Copies de ces decisions seront adressees au. procureur general du Conseil, aux assemblecs provinciales du Nord et de l'Ouest, au re~.:eveur-general de Port-au-Prince, a tow; les marguilliers et prevots de· marechaussee de Ia province. Le public en sera informe par voie d'impression et d'affichage dans toutes les paroisses. Le Sud dependant jusqu'alors de l'imprimerie du Port-au-Prince, l'assemblee decida Ia creation d'une imprimerie aux Cayes et le laneement d 'un periodique destine a rendre compte de ~....s tra-

( 1) Proces-verbaux des seances de /'assemblee provinciale du Sud de Saint­Oomingue, du 1 ~ fevrier 1790. Arch. nat. DXXV 63/637.

(2} Ch. FROSTIN, Les revoltes blanches a Saint-Domingue aux 17o et 1~o siecles. 1975, p. 297. G. DEB/EN, Les colons de Saint-Domingue et Ia Revolution, 1953, p.49.

( 3) B.MA UREL, Le vent du large ... p. ~3.

Page 41: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

vaux. La redaction en fut confiee aux sieurs Plainville et Bou­cher (l)

Le 23 fevrier, le president proposait ur. plan de travail limite J la «surete publique et aux premiers besoins de Ia province», savoir : lo constltuer une force publique chargee de faire respec­ter «les lois, les proprietes et le repos pu!:Jlic» ; 2o surveiller l'em­ploi des finances de la province, s 'assurer qu 'elles ne seront pas de­tournees «vers aucun objet etranger au bien general ... en atten­dant le reglement que fera l'assemblee coloniale» ~ 3o se pronon­cer sur le rapport des travaux du comite provincial; 4o donner aux paroisses les instructions relatives a I' election des deputes. a I assemhlee coloniale et a da forme de 1 'assemblee a tenir par leg gens de couleur pour dresser leur memoire», So presenter a l'as­semblee coloniale un «projet de constitution relatif ~ son orga­nisation, son siege, la duree de ses sessions, la tenue de ses sean­ceS, ses pouvoirs et ses fonctions»; 6o definir les interets particu­liers de la province et les inserer dans les cahiers des paroisses. Le plan est accepte et six commissions chargees de le mettre en oeu­vre.

La mise sur pied d 'une force de police avait pour premier objet

( 1) Lemery, t:seul imprimeur de Ia province du Sud», sort le premier numero de I'Observateur colonial en juin 1791. Bien que nous n ayons aucun exemplaire pour l'annee 1791, cette date peut se deduire d 'un Avis de Ia municipalite des Cayes relatif au paiement des imp{Jts, affiche le 16 octo­bre 1791 (Arch. nat. C 65 d 655 piece 10 ). n y est fait allusion au no 32 de ce periodique, date du 16 octobre 1791. Comme le journal paraissait le jeudi et le dimanche, le premier numero dtlt parattre vers Ia mi-juin 1791. En Fevrier 1792, le journal devient Ia Gazette des Cayes. La serie incom­plete de ce periodique conservee aux Archives nationales, section Outre­mer Bib/. Moreau de Saint-Mery, R.C. 175 comprend 6 numeros de l'Observateur colonial parus entre le 1o janvier et le 5 [evrier 1792, une cinquantaine de numeros de Ia Gazette dill c..,es parus entre fevrier 1792 et fevrier 1793. L ·· Public Record Office • Londres conserve 20 numeros parus entre le 11 octobre et le 30 decemb1e 1792 et 7 numeros parus entre le 27 mars et le 9 mai 1793. La photocopie de ces exemplaires a ete depo­see a Ia section OUtre-mer des Archives nationales. La· bibliotheque du Petit-8eminaire Saint-Martial a Port-au-Prince comervait les numeros 26 a 31 parus entre le 29 mars et le 16 avril 1792.

A.l_

Page 42: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

de contenir Ie tn~oaten.tement des .lwm1Jle41. de couleur et negres limes tenus systematiquement a l'ecart de la vie politique. A cet egard, le plan de convocation de l'assemblee coloniale qui venait de paraitre etait formel : «Ainsi qu 'il a toujours ete pratique, les mulatres, negres et autres gens de couleur libres, ne seront point admis a voter dans les assemblees paroissiales». (art. 9). D'autre part, l'assemblee provinciale, reprenant a son compte les directi­ves des deputes de Saint-Domingue relatives a l'interdiction de dCbarquer dans la colonie tout esclave ou homme de couleur libre venant de la metropole, avait le 23 fevrier decide la formation d'une milice speciale, recrutee parmi les citoyens des Cayes et chargee de visiter les navires mouillant dans la rade. Les incidents se multipliaient a !'occasion de ces controles improvises. Le climat social s 'alourdissait et 1 'assemblee provinciale avait convoque pour le dimanche 7 mars tous les citoyens de la ville des Cayes «la necessite des circonstances P-xigeant l 'etablissement d 'une force publique dans cette ville sans aucun delai»

Les gens de couleur ne disposaient pour se faire entendre que d 'un droit de petition. L 'article 9 du plan de convocation stipulait qu'ils pourraient «rediger ou faire rediger entre eux des memoires de leurs demandes et les remettre a l'un des deputes nommes dans chaque paroisse, a l'effet de les presenter a l'assemblee colo­nialt>». Ils pourraient meme «les faire appuyer ... par un seul dCfensPur. ou patron qu ils seront libres de choisir parmi les cito­yens blancs».

La question des relations avec les Libres etait du ressort du 4o bureau charge de la preparation des elections ~ l'assemblee 1·oloniale et dont le rapport fut discute devant l 'assemblee provin­ciale le 2 mars. Une longue discussion s'y engagea sur «la forme de l ;assem blee a tenir par les gens de couleur pour dresser leurE

' . memoires»' qui se poursuivit le lendemain. n est regrettable que le proces-verbal de la seance du 3 mars ne nous eclaire ni sur le con· tenu de ce rapport, ni sur les arguments developpes au cours du tfebat, ni nu~me .sur !'ensemble des deci&ions prises : Ia premiere partie de ce rapport a ete adoptee, nous dit-on, quanta Ia seconde «il a ete arrete qu<> dans _chaque paroisse, lors de Ia formation

Page 43: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

f

~ 1:

~ ~.

de contenir le mecontentement des hommes de couleur et negres libres tenus systematiquement a l'ecart de Ia vie politique. A cet egard, le plan de convocation de l'assemblee coloniale qui venait de paraitre etait formel : .:Ainsi qu'il a toujours ete pratique, les mulatres, negres et autres gens de couleur libres, ne seront point admis a voter dans les assem\>lees paroissiales». (art. 9). D'autre part, l'assemblee provinciale, reprenant a son compte les directi­ves des deputes de Saint-Domingue relatives a, !'interdiction de debarquer dans la colonie tout esclave ou homme de couleur libre venant de la metropole, avait le 23 fevrier decide la formation d'une milice speciale, recrutee parmi les citoyens des Cayes et chargee de visiter les navires mouillant dans la rade. Les incidents se multipliaient a !'occasion de ces controles improvises. Le climat social s'alourdissait et l'assemblee provinciale avait convoque pour le dimanche 7 mars tous les citoyens de la ville des Cayes «la necessite des circonstances exigeant l 'etablissement d 'une force publique dans cette ville sans aucun delai»

Les gens de couleur ne disposaient pour se faire entendre que d 'un droit de petition. L 'article 9 du plan de convocation stipulait qu'ils pourraient «rediger ou faire rediger entre eux des memoires de leurs demandes et les remettre a l'un des deputes nommes dans chaque paroisse, a l'effet de les presenter a l'assemblee colo­niale». Ils pourraient meme «les faire appuyer ... par un seul dCfenseur. ou patron qu ils seront libres de choisir parmi les cito­yens blancs»-

La question des relations avec les Libres etait du ressort du 4o bureau charge de la preparation des elections ~ l'assemblee roloniale et dont le rapport fut discute devant l'assemblee provin­ciale le 2 mars. Une longue discussion s'y engagea sur «<a forme de l;asRemblee a tenir par les gens de couleur pour dresser leurs

' . memoires», qui se poursuivit le lendemain. 11 est regrettable que le proces-verbal de la seance du 3 mars ne nous eclaire ni sur le con­tenu de ce rapport, ni sur les arguments developpes au cours du dehat, ni meme sur l'ensemble des deci&ions prises : Ia premiere partie de ee rapport a ete adoptee, nous dit-on, quant a Ia seconde «il a ete arrete que dans chaque paroisse, lors cle Ia formation

-4~-

Page 44: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

de contenir le mecontentement des hommes de couleur et negres libres tenus systematiquement a 1 'ecart de Ia vie politique. A cet egard, le plan de convocation de l'assemblee coloniale qui venait de paraitre etait formel : (Ainsi qu'il a toujours ete pratique, les mulatres, negres et autres gens de couleur libres, ne seront point admis a voter dans les assemplees paroissiales». (art. 9). D'autre part, l'assemblee provinciale, reprenant a son compte les directi­ves des deputes de Saint-Domingue relatives a, l'interdiction de dcbarquer dans la colonie tout esclave ou homme de couleur libre venant de l!l metropole, avait le 23 fevrier decide Ia formation d'une milice speciale, recrutee parmi les citoyens des Cayes et chargee de visiter les navires mouillant dans Ia rade. Les incidents se multipliaient a !'occasion de ces controles improvises. Le climat social s'alourdissait et l'assemblee provinciale avait convoque pour le dimanche 7 mars tous les citoyens de la ville des Cayes «Ia necessite des circonstances P-xigeant 1 'etablissement d 'une force publique dans cette ville sans aucun delai»

Les gens de couleur ne disposaient pour se faire entendre que d 'un droit de petition. L 'article 9 du plan de convocation stipulait qu'ils pourraient «rediger ou faire rediger entre eux des memoires de leurs demandes et les remettre a l'un des deputes nommes dans chaque paroisse, a l'effet de les presenter a l'assemblee colo­nialf'>). lis pourraient meme des faire appuyer ... par un seul dCfen~eur. ou patron qu ils seront libres de choisir parmi les cito­yens blancs».

La question d~s relations avec les Libres etait du ressort du 4o bureau charge de la preparation des elections ~ l'assemblee f'oloniale et dont le rapport fut discute devant l'assemblee provin­ciale le 2 mars. Une longue discussion s'y engagea sur da forme de l;as~~mblee a tenir par les gens de couleur pour dresser leurs men;oires»' qui 'se poursuivit le lendemain. nest regrettable que le proces-verbal de la seance du 3 mars ne nous eclaire ni sur le con­tcnu de ce rapport, ni sur les argumen~s. developpes au cours. du dt%at, ni nu~me sur !'ensemble des decl&~ons pnses : Ia premiere partie de ce rapport a ete adoptee, nous _dit-on, quant a Ia seco~de <<il a ete arrete que dans chaque parmsse, lors cle Ia formation

,4 "'

Page 45: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

des gens de coule~ en gardes nationales, illeur sera donne par les comites ou electeurs, connaissance de !'article 9 du Plan de con­vocation . de Ia colome ado pte. par les trois provinces et qu 'ils ~-~iont avertiS 'de s'y conformer» . · · · · · · ._._. . • <~.- -- . ...,. --v -~-- ·:,.~- ._ '·· ·'~- ,_·,,{_..., .. J~ (~;iv:· __ ,:;·-JJ.0 (,.._, __ . ,,.·

Les libres suivaient done de pres ~es travaux de l'asse~hik provinciale. Des le lendemain du jour on furent arretees les moda­lites de Ia formufion·deS' d>mpagniee de la'garde'rtitl'ioWdle (seance du 8 mars), Chalviere, l'un de. leurs porte,-yaroles, dew.se sur le ·bureau Urie "'«adtesse <lea' 'gens de''c()Uieur» tpie'"Silffif'-:Martin et Marraud-Desgrottes furent charges ~:etudi~r:,Il .~1'a~~t,d'une re­-~ei~o.fen~ant a.·,«eonnilltre !a c~.nduite :Rar e:~~·.~ 'en.~ pou~ la formation· de leurs compagrues en gardes nat10nales, l~, nomma-.tioiJ. de ,leurs officiers et la maniere. dont ils pour.rpnt W,:esser leurs "cahiers pour etre presentes a Ia .proqhaine asseniblee coloniale et le choix d'un patron pour appuyer leurs demandes» .

. ;_;~·; -c,,;j ·;.-, ~_~ ;·_;· :~-.--<"-~,; ·1uc-::: r:.·::·-.... ,: ub ~~·,;J~~-F--~-~~

L 'assemblee arreta ~·iJscseruent.smttiwi~d?mioir:J~' ~ trouver dimanche 14 du .courant sur~le place d'ai'~~rl.des Ca~ pour en presence des electeurs de llfparoisse, ~€d~ a Ia n()mination cle leurs officiers :pris dans lfHasse des ti1##?,s9.. Quatb a leur~' cahiers, ils devrai~tit s'inspirer;,~o~r les r~~~R.~9e l'ar;U;cle 9 du plan de convocation de l'assemblee colomale. tJpe coRae de ccf' decisions etait remise a Chal"i~e. Les ~lec.,~~r~:#~ ,~!9'~ devronl prevenir tous les hommes de couleur et n~~s libres d 'avoir ase rassembler le 14.

Sans attendre cette date, une compagnie de «grenadiers natio­naux gens de couleur», commandes par le capitaine Gentillot, se presentait le 10 mars devant l'assemblee pour se faire agreer. Elle le fut mais «Sous reserve de remplacer les porte-drapeaux et quartiers maitres (;halviere et Bleck par des titulaires blancs», conformement au reglement du 9 mars. La compagnie des chas­seurs nationaux ncgrcs libres recut Ia meme obser\ation. L 'assem­blee provinciale r~fusait obstineme~t la' ~oi'ndre .P~omotion des gens de couleur. · , : · ·. . ·., .. _.·.: , .

; : .... ·<c · .. -.j~.) tl' .~t;,.d.) .-:.,.,-; -~L :.•'·'{ H1ijl .. · · J

Elle avait, le 3 mars, 'fixe les modalite¥r.d~§1@~~filectora-

IE.'',

Page 46: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Ies qui devaient envoyer 58· d~putes . de Ia. partie du Sud i i'assem­hlk coloniale a Saint Marc dont 11 et 4 suppl6ants pour Ia parois­se des Cayes. Elle ·fit convoquer l'assembl~e paroissiale pour le 22 mars. Ces ~lections occuperent trois ~ces, les 22, 24 et 28 mars.

-·,,

Convoque~ conformement a l'arrete de l'auemblee prQvinciale do 3 mars .

. Lescretardatairen se font attendre jusqu 'a midi, hellfe apres lacp,t;l­le les presents &Ont en nonibre mff'I88Dt pour J 'ouvertUre de la sean-

' • • ~ I ,. ( '

~-

Ordre du jour·: io - ' nonimer · dee deputes et leU1'8 &Uppleairts a I' Assembtee coloniale,

2o ..... preciser leurs pouvoin. · Resultats du acrutin pour 1 election du premier depute : 1o etu J -B. Millet elu 81ec 47 TOiJI: sur 68 YOtants 2o Chaillou 33 73 3o Pic de Pera 25 8()

4o · O'SbieD 16 86 5o Delavitle 35 86 6o Delaval 30 77 . 1o Faugas 25 , 96 8o S8int~Martin Bellevue 30 . '' 88 9o Durand 30 78

1 0~ Grar.dchamp 32 68 1 lo Martin de Ca~telpers 29 68 Ces ooze deputes forment Ia representation de Ia paroisse des Ca­yes a l 'assemblee coloniale. Resultats du scrutin pour l 'election de quatre suppteants : lo elu Bergaud elu avec 29 voix sur 65 votants 2o Seovaud 19 70 3o Bourjoly aine, «habi-

tant de 11sleta Remi» ll 61 4o Fraisse aine 16 . 59 La plupart des elus etant absents, Ia prochaine reunion est fixee au Mercredi 24 mars 1790, 10 heures 0 'Shiell, Pic de Pers, Chaillou, Castelpers, Bergeaud et Bourjoly "efusent leur mandat.

Page 47: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

n est demande aux eitoyens presents de preter le aennent suivant : cNous, habitants et citoyens de le paroisse des Cayes, jurons et pro· mettons sur I 'au tel du patriotisme et sur I 'honneur de prendre sous notre sauvegarde les deputes qui sont et seront elus par nous pour cooperer a Ia re,gineration que nous decidons; promettons de nous opposer, au peril de notre fortune et de notre vie, a ce qu 'ilsoit porte Ia moindre atteinte a Ia liberte des deliberations de leurs as­semblees, de leurs personnes et de leurs proprieten . Serment des deputes : cJe jure de remplir fidelement avec zele, patriotisme et courage Ia mission honorable que mes coneitoyens ont daigne me confier; je jure 8U88i de n ~accepter du ministere ou de l'administration aucune place, grace ou faveur pendant le coors de dix annees, i moins d 'un consentement expres de l'assemblee coloniale ou, i son defaut, de 1'888emhlee provinciale du Sud,. Seovaud malade demande a differer son depart pour Saint-Marc jilsqu 'a son retablissement.

Le remplacement des elus «{efaillants est reporte au dimanche sui­vant,~e cure etant prie de liberer l'eglise pour 11 heures. Dimonche 28 mon 1790, 11 heure1.

Le· president Millet annonce qu il a demande par ecrit aux elus refusant de «repondre a l11 conflance de leurs coneitoyens», que Pic de Pers, Castelpers, Bourjoly accepteni; leur mandat mais que Chail­lou, Bergeaud et ·Fraisse maintiennent leur refus. Saint-Martin Bellevue, Delaville et O'Shiell hesitent e1acore. Chaillou sera remplace par un suppleant : .Bourjoly. Trois nouveaux suppleants sont elus :

Champel avec Rollain Bombaud

Tous pretent serment.

Apr~l-midi, 4 heure1.

18voix sur 18 17

71 71 71

Le president annonce le refus determine de Saint-Martin Bellevue O'Shiell et de Delaville. Ils seront rer'nplaces par les trois nouveau~ suppleants.

L 'un des deliberant& fait remarquer que le scmtin du matin c par acclamation» n 'etait pl8 cregulier,. L 'assemblee ne le suit pas. 11 manque trois suppleants. Sont elus Cambry, Cotelle "'t Labiche de Reignefort. Celui-ei refuse. Gerard aine est elu a s.a place. lis pretent serment.

-45-

Page 48: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Une copie de le1us pouvoirs est remise a chaque elu. (1)

Seance du 1oir, 7 heure1. Millet demande a l'assembUe de prendre acte que ses fonctions de president soot tenninees. Reneaume, secretaire, fait de meme. lis soot reconduits dans leurs fonctions «par acclamations».

Millet declare : «Messieurs, vous avez dans ce moment a vous occu­per de grands interets. Trois points principaux doivent d 'abord fixer votre attention. Le premier : Ia nomination de ceux qui doivent remplacer les membres de l 'assemblee provinciale nommes par vous deputes a l'assemblee coloniale, au nombre de six, savoir MM. De­laval, Castelpers, Cambry, Durand, Seovaud et Millet. Le second : Ia nomination d 'un representant a I 'assembtee provinciale au lieu et place de M. :3ontant qui a donne sa demission. Le troisieme est Ia formation d 'un co mite paroissial : je propose a I 'assemblee de pro· ceder par Ia voie de Ia liste simple. Soot nommes «commissaires scrutateurs» : Mar;~ol~, Laroqu~­

Dessources, Billard et Castera. Resultats du vote pour six representants dP Ia paroisse a ,l'assem­blee provinciale du Sud :

Millet Boisrond elu avec 36 voix Jacqueson Collet Reneaume

27

Dunezat 20 Lavignol 18

Gombaud, elu avec 30 voix remplacera Bontant. L 'assemblee etant trop peu nombreuse Ia ,eance est levee et repor­tee au samedi 3 avril a 10 heures.

Dans sa seance du 5 mar::-, l'assemblee Frovmciale avait decide le renouvellement du comite paroissial elu le 8 dec~rnbre 1789. Elle avait d'autre part porte devant l'assel!'.hlee paroissi_ale la question de la formation de l'etat major de la Garde nahonale et celle de la discipline a y observer. Ces questions sont a l 'ordre du jour de l'assemblee paroissiale du 3 avril.

( 1) Les tennes de ces pouvoirs sont calques sur ceux qu 'avaient refUS les elus de Ia paroisse a l'assemblee provincia/e. Cf p. 33.

-46-

Page 49: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

.411emblee ptJTOIIIItJie du 1 tJVTII/790

I 0 heure1 du m~~tln.

Ordre du jour: fQrmation du comite paroissial, c 'est-a-dire, declare le president , du cchoix ~ faire d'un nombre de vos concitoyens dont les moeurs, Ia probite et le patriotisme vous soient assez connus pour vous faire esperer qu '"ds rempliront au plus grand bien de Ia commune les fonctions importantes que vous allez leur confier. Que Ia brigue et Ia c8bale soient ·done loin dici et que le choix a faire ne soit diric,.S que par f;intime persuasion OU cbacun de VOU8

sera que celui a qui il donne son suffrage en est veritablement di­gne;,,) Millet annonce Je refus par ecrit de quelques elus a J'assemblee CO·

loniale. L 'assemblee renonce a proceder a un nouveau scrutin. Elle estime qu'elle a suffisamment d'elus, que le temps presse car l'as­eemblee coloniale est sur le point de s 'ouvrir a. Saint-Marc. Elle demand!l au president de faire une nouvelle demarche ·aupres des refusants. Journu qui venait apres Lavignol au scrutin du 28 fevner le rempla­ceta a l'assemblee provinciale.

• On allait passer a l'eection du co mite paroi88ial lorsque c quelques voix dans I 'assemblee ont donne a entendre q.ue Ia loi que I' on avait etablie de signer les bulletins etait contraire a I'ordre suivi a l'As­semblee nationale et qu 'elle genait Ia liberte des suffrages. D n 'a pas ete difficile de sentir que de pareilles observations ne pouvaient par· tir que d 'un esprit de cabale qui, en 8 'assurant de ~wtiplier a son -gre des bulletins non signee, ferait neceseairement pencher Ia bala1_1ce sur les membres qui Ia composaient ... » Millet replique qu 'a l'As­semblee nationale on connait le nombre des votants, alors que celui de Ia paroisse n 'est pas connu. Lore des premieres elections l'on s'etait bien rendu compte des inconvenient& de Ia non-signature. Comme pour l'election des deputes a 1'388emhlee coloniale, on adop­te le scrutin uninominal par bulletins signee. Resultats : soot elus successivement :

Suire Cordier Labiche de Reignefort

avec 49 voix 34

36

k suite du scrutin est reportee a l'apres-midi. Mais avant de se se­parer on fait remarquer qu'il y a bien une cabale et un complot

-47-

Page 50: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

«pour faire tomber Ia nomination des membres du comite paroissial sur to us ceux dont cette me me cabale est composee puisque ... mal­·gre Ia precaution des signatures ... il s 'en est trouve, dans le second tirage, 4 au pied desquels avaient ete, de Ia meme main de Ia meme ecriture, mis 4 signatures contrefaites qui, quelque perquisition qu 'on ait faites, n 'avaient ete reclamees ni connues par personne, et qui neanmoins portaient voeu pour le meme individu ... lt Ce qui donne raison aux partisans de Ia signature des bulletins.

Aprls-midi 4 heures. Suite du scrutin : Clerc

La Gautraye Hubert Billard Demuzaine Plainville Pelletier

41 voix sur 60 votants 35 41 55 49 60

(J

Beaudue 37 Ollivier 48 Longuefosse 57 Tuffet du Mesle 39 Gouin pere 46 Duplante 43

Dix des seize elus sont presents. lis pretent serment.

Le president annonce le deuxieme point a l'ordre dn jour : la forma­tion ~t Ia discipline de Ia Garde nationale. 1o- Comment doit-itre forme l'etat-major ? 2o- Quand doit-on le former ? 3o- Quelle «preseance des compagnies» adopter, «dans une cir­

con>~tance ou l'egalite absolue doit regnen? 4o- Les re~ues se tiendront,elles le matin ou l'apres-midi ? 5o- Devant quelle autorite Ia «troupe nationale» pretera-t-elle

son serment de fidelite?

•\pres en avoir delibere, l'assemblee arrete que «quant a Ia forma­tons les officiers deja elus dans chacune des compagnies formees dans Ia paroi>'~e. tant de personnes blanches que des gens de couleur qu 'a cet effet ... tous les officiers des ditcs compagnies s 'assemble­raient demain dimanche immediatement apres Ia grand-messe parois­siale, dans Ia salle ou le comite paroissial tient ses seanceb et v nom-

Page 51: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

meraient par Ia voix do scrutin on d'entre eux pour capitaine C?m· mandant de Ia. Garde nationale, lequd ... conserverait neanmdins sa Compagnie. On nommerait ensuite on second pour capitaine· aide-major et enfirJ. on troisieme pour lieutenant-sous-aide-major.» La preseance des compagnies serait etablie cde maniere a se rappro­cher autant que possible de cette noble egalite a laquelle nous pre· tendons justement tons. Lea compagnie& blanches seraient tirees au sort par nom eros... le numero 1 aurait a Ia revue do lendemain Ia droite do regiment, le no 2 premint sa place au trimestre suivant et ainsi de suite,. Pour les compagnies de negres et de mulitres, meme systeme. 1<Si dans le coors do trimestre Ia Garde nationale se trouvait forcee d'etre plusieurs fois' sons les armes, Ia compa· gnie qui aurait eo le pas sur lea autres au commencement do trimes· tre continuerait de le garder jusqu 'a Ia fin ... 11

La revue de Ia garde nationale se £era toujours a 4 heures do Mir sur Ia place Royale des Cayes. Le serment des officiers serait prete le lendemain a 4 heures du soir centre les mains du comite paroissial qui assisterait enmite a Ia be­nediction des drapeaux.» (1) 43 signatures.

L'ordre du jour est epuise. Les deputes des Cayes n'ont que le temps de se mettre en route pour gaWler Saint-Marc ou l'assembl6e coloniale, convoquee pour le 25 mars, attend les retardataires. Le 15 avril, Ia majorite enfin reunie, se declare cAssemhlee genirale de Ia partie franc;aise de Saint·Domingue,.

(1) 11 n'est fait ici aucune allusion a un serment special exigi des gardes nationales de couleur. Or le gouverneur Peinier ecrivait au ministre le 14 mars 1790 qu 'il n 'avait pu s 'opposer a Ia demande des electeurs de Ia pro­vince de /'ouest reunis en janvier 1790 a Port·au·Prince, d'ajouter au sennent dec rete par Ia nation qui devait etre prete par les gens de couleur f ~/'obligation de fidelite et de respect envers les blancs» ... D'accord avec cette formule, le gouverneur ecrit: t:Les ordres que je donnais en conse­tfuence [urent exactement suivis a !'Ouest et au Sud a /'exception des\; paroi~ses de~ V~rettes, et de Ia Petite-Riviere ou les muldtres assembles!; re[userent d obezr ... » Lettre du 14 mars 1790. Arch. nat. colonies F 3~ 195. Co"espondance. •

-49-

Page 52: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

m

LA PAROISSE DES.CA YES ET t'ASSEMBLEE DE SAINT ·-MARC

t Avec le decret du 8 mars 179<Mes colons n'av:rient plus a redou­ter !'extension chez eux de la legislation etablie pour la metropo­le. La colonie devenait maitresse de sa vie interieure, sans autres limites que le respect de la souverainete fran~ et la sauvegarde des iriterets bien' compri.s du grand commerce. Aux assemblees coloniales elues revenait le soin de modifier l'ancien etat de cho­ses. D'elles se!fles dependaien:t desormais le sort des esclaves et le 81:atut des hommes de cotileur lihres. n n 'est done pas surpre-

nant qu~,dans les trois parties de Saint-Domingu,e,le decret ait ete bien rec;u. Apres l'assemblee du Nord, qui l'avait approuve cd'une voix unanime» le 6 mai,celleduSudl'adoptaitkd6ccom­me la base de (sa) ~egeneration» et faisait connaitre a 1' Assemblee nationale cdans toute leur purete ... les sentiments d'allegresse universelle» que ce texte avait «repandus dans Ia province». '

_L Ordre etait donne de le celebrer dans les paroisses par des Te \ Deum P.t des illuminations. L'hommage rendu A l'Assemblee

nationale s'adressait egalement aux villes maritimes du royaunie qui avaient «franchi les temps et les distances pour nous donner ce temoignage eclatant de l'attachement qu'elles nous ont voue» affirmait l'assemblee provinciale dans sa seance du 16 mai (1).

Cependant des voix discordantes s 'etaient elevees a 1 'assemblee coloniale a Saint-Marc. Collet, president de 1 'assemblee provincia­le du Sud, le deplorait dans une lettre adressee aux deputes de Saint-Domingue:

f 1) Arch. nat. section Outre-mer, Bibl. Moreau de Saint-Mery, R.C.34 ( 36 ).

Page 53: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

• · · • «II y a eu quelques membres de'l'tUsemblee seante a Saint-Marc qui n'ont Pill pense ainsi et qui ont pousse plus loin leurs pretention&; mais Ill conformite de principes des trois 111semblees de cette colonie doit vous rassurer contre les opinions on peut dire insensees, tendantes soit a l'independance, soitafaire prononcer l'assemblee colonillle a l'instar de celle Nationale , legislative et administrative sans avoir besoin d'autre sanction que celle du Roi.» (1)

Lorsque furent connues quelques semaines plus tard les Instruc­tions d'application du decret, Ia plupart de ceux qui l'avaient approuve rallierent le parti des colons antonomistes de l'assemblee de _Saint-Marc. L 'article IV reglait le mode d 'election des assem-~ blees coloniales. Etait electeur ou citoyen cactif», toute personne .. ag¢e de vingt cinq ans accomplis, proprietaire d'immeuble ou a /\ defaut d:une telle propriete, domiciliee dans Ia paroisse depuis 1 deux ans et p~yant contribution. Or nombreux etaient les hommes \ de couleur libres qui remplissaient les., conditions requises. Cette evidence n'en etait pas une pour les colons reunis a Saint-Marc. Feignant · d'ignorer Ia nouvelle legislation, l'assemblee colonia-le ~·empressa d'adopter le 28 mai les «Bases constitutionnelles de Ia colonie de Saint-Domingue» et decreta le ler JUin qu'elle ne se conformerait aux lois du royaume que dans Ia mesure oil celles-ci ne seraient pas contraires a sa propre constitution. Son hosti-lite au decret de mars se concretisait par une serie de mesures prises a l'encontre des hommes de couleur libres (2).

*

En raison des conditions irregulieres dans lesquelles avait ete formee l'assemblee de Saint Marc,, l'Assemblee nationale avait exi­ge sa confirmation par de nouvelles elections. Dans l'etat de l'opi-

( 1) · Lettre du 19 mai 1790. Arch. nat. Colonies, Dxxv 63/637, piece 16.

(2) Notamment en interdisant le 4 juin !lUX hommes de couleur de porter les ( annes en dehors du service, en leur defendiJnt de sortir de leur paroisse sans laisser-passer du comite paroissial et en suspencLmt le~ affranchisse­ments.

-51-

' I

Page 54: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

nion..,le risque pour l'assemblee subversive de se voir rejetee etait inexistant. Aux Cayes ou elle avait de chauds partisans r&mis dans le Club patriotique des Cayes, le vote intervint le 22 juin. La con­firmation fut adoptee a l'unanimite.

Assemblee paroissiltle du 22 juin 1790.

Assemhlee des citoyens habitants de Ia ville et de Ia plaine des Cayes en l'eglise, sur convocation du comite paroissial et de M. Ogier, mar~lier, a pres_ affichage jusque sur· toutes les habitations de Ia

paroisse avec lecture des pieces envoyees par M. Je gouverneur general et l'assemhlee generale de Saint-Domingue.

M. de Plainville, secretaire du · co mite paroissial annonce I 'ordre du jour : «exprimer le voeu des citoyens sur Ia continuation ou discon­tinuation de l'assemblee generale de Ia partie franfiaise de Saint­Domingue, conformement it ce qui est prescrit par les instructions de I 'Assemblee nationale du 28 mars dernier et par le decret de l'as­semblee generale du lo de ce mois,

Bureau : Chaillou est designe president par acclamations, Plainvil­le et Gombault, secretaires. lis pretent serment.

Chaillou donne lecture des pieces suivantes : lo decret du 8 mars del'Assemblee nationale, 2o i'lstructions du 28 mars, 3o decret dn premier join de I 'assemblee generale de Saint­

Saint-Uomingue par lequel elle e'en remet aux voeux des paroisses pour sa continuation ou non,

4o d.ecret de l'assemblee generale ordonnant )'impression d 'une lettre a elle adressee par plusieurs citoyens des Cayes du 10 juin et

5o d 'une lettre de MM. de l'assemblee P"'·,inciale du Sud a MM. du comite paroissial des Cayes du 20 juin contenant le.voeu de cette assemblee pour Ia continuation de l'assem­blee generale «sans entendre influer sur I 'opinion des parois­sesJt

5o une d~liberation prise par plusieurs citoyens habitants de Ia paroisse des Cayes demt:arant dans les hauteurs de Ia Ravine du Sud, au nombre de 35, portant leur arrete

Page 55: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

;,i:;

poor Ia ootttinuation de 14Maemhlee generate etnoniination · de de~ eoDlt4iseairea'pour transmettre ce voeu a Ia paroie-se, attendu leur eloignement. '

.. -

Pfusieur8 feuillee ont dispOse , · portant : cL 'iaeembl~e gene-:ale aera-t-elle continuee ? c reponse : OUI, et Ia meme question, repon­se :-NON. CbiMJue citoyen doit signer eon voeu. Le president et lee aecnbtiree lipeDt pour ceu 'qui •De lllVent pas .eonre. . .R.esnltat: 319 ooi etO ilon. · · 11> 'i'- • , .1 :

La proposition d'un citoyen cd'adre88er deajnsttuetioJM a 1'888ern· blee generale pour l'engager a se conformer aux decreta de l'Aseem-

' blee nationale dp 8 man aatant:que lualuteda oolORie'tre li for­OII'ait :pae de e'en -eo.rteb, proposition.: Biptie, de ieux· ..... qito. yens csuppliaat l'~le~ ,Snkale d~ tc:.~nformer,:llllli dO~ de l'At!Femblee nationalet, n'est pas retenue. L'Aseembtee arrete

.. V.l'~i~ q~~ ~~~_.,bl~e ge,~~;de )~.~e fr~~,de. ~t­Dommgue. sean~.~ ,S~t-~. ~r!¥t ~~tW_ue~ .IIBils aucup,~ ~es~­~n et .. 8llll8 l~itatiQn' de po~qlr8, dech;ant · ~u8 le8 paro~ns qu~ds- I& confiimimt ~nt qllil est'en eu][, ets"~n rapj,(n1ent en-tierement i sa &age* ~t i'Be& ld~..es. · · · ' "q· · · ' • •

,,:,

Et a l~etant, 'tOu8 lfM 'citoyeill 'je aoilt ~~- de donner d~· ~ de Ia jOie ani¥enelht qUI regnait dAns t· ... amblee, 6Jl faiaat dt! Illite 100ner toutellea clochea. · , , Jn Arret;·en'Outl!lh ;par -...damationil;iqu~: aerait lllll'i lea-5 heureil;de l'apris-midi de ce ~ ~bante ,flO <~tion de ~ de l~lilrit8 ~ni venait d'etre pris, un Te Deum avec toute Ia pompe accoutumee au eon des cloches et au bruit de l'artillerie, auquel tousles citoyens seraient invites a 8888iter et qu 'a cet effet il serait annonce sur le champ au eon du tambour dans toute Ia ville . Arrete aussi qu 'il y aurait dans Ia nuit une illumination generale: Les cinq feuilles «portant les voeux des paroi88iens• seront deposees aux archives du comite paroi88ial. Le president annonce que, suivant le denombrement presente par le comite paroissial, Ia paroi88e compte 963 citoyens actifs.

L~ remplacement de Jacqueeon demi88ionnaire de l'asaemblie provinciale est remis a plus tard. L '888emblee procede au remplace­ment de trois demissionnaires du comite paroissial : Suire cpour cause de IIBiltet ' Plainville c a cause de see occupations trop multi­oliees dans HOD etat de procureur• et Cordier «pour C8UIIe d~mcom-

-5~-

Page 56: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

patihilite avec spn_ commerce». Sur 124. votants, Lal.oue Saint-Vic­t-o~ ?htienq~ yoi'x,,Saiq~t.23 ~t Guichard 20~ Ds soot elus. L 'assemhlee 'mete enqn T~~tv{;)i. iptmediat du proces-verbal a l'as­~~emhlee generale a Saint-Marc, sori impression a 500 exemplaires fonil.at in 4o et ~n insertion dansles Affiches de Ia coloni~. ~ ~1 1 ',i : .. r-t~J..:. . .. :~ •• l:: : ·:. ·· · ; .. ._; _.,..;.. . _ · ·.-. :

3'} j,; :I~~-~~:::·.':.;-< 'r •. ~ U:";.-~"·' ~H~ }.~H::li: ·:.1·,; ~ "\_-,)' .. ·,.;;,};;_,~.. 1 .~.J/

155 signat:Urea:sont.apposeas :m.haa dtr p-ocim.verbal;·:ainsi que Ia phrase suivante : cMM. HouS&ard et Etienne: Miohau ont declare

·:;:·:. rwil'avoirsigne•. ,~.;.i ... •. ::: -,_,,··· ;( .. ; '•. ':.- ••

·ffi'J . .,-· " -~ . ~·: .. ·l, .,,_ -.... :·I.Jl~·-:~ --~ ~-

f(; C'est un ·ralliementquasi-un.anime.a Ia politique subversive de J?assemblee;,tfe Saint-Marc.i'-cinq citoyens eeulement 'ont timide-<Wl~nt exprim~ leurs craib.te&·(Jtr'reur·~aecrQd: ::cvru· .. . }~(~- -:· . : . ;.: ~- ; . ' :~ .i_'l ' '•

! ·' 'Depuiid 'i.hstallation ·de :'l'ilSsemble€( g~ii~tale '=a·· ·Sainr.:Marc, le 15) avril ,'tousles efforts d~ l'adlriiiDSfit.tion.pour tii~ttre en oeu­We ')~I:,·-.olitique coi~ili8Ie'_ de;I(;c9. ~~t11AAt~ .. ~(;~t; S)f~t~matique­~en1: et'ouvertement COD;h:q~j~~·:~~"~s::P~R~~;~nt con-viees, en vertu d'un decret pris le 20 mai par l'assemblee de Saint-.MaJi'f,,rlllJ<!f~-'·~·.,mu,Wcipalj~54,~, Gi:JY.e_s,,A~aPF<JC+$-Verhaux _relatif~ ~·· .~te.,eledWa ... M;~.nt-pptl$o,fi.fta;kal)jjQifita, ~Je registre de l'assemblee paroissiale. n y·al·lfaili aUusioordan&tlB':ptoces-ver­bal de la seance du.~29 juillet:-oonvoquee-p,oUI';~des·mppleants :A tous les deputes a l'assemblee generale (l ); . : p , •. , . ;

;i·

( 1) · L 'arrete du 20 mai 1790 pris par /'assemblee de Saint-Marc pour Ia for­nation des municipalites specifiait dans son article 6 qu 'il fallait «etre blanc et non mesallie Franqais» pour jouir des droits du citoyen acti[. et dans son article 11 que les paroisses seraienLdivisees en sections d'au moi>Js 300 individus «blancs». 01aque citoyen devait voter.dans Ia section de :~on domicile, les resultats diiiant etre' regroupes enstiife a «fa matson de ville» au a l'eglise. Si les pr&ces~verbat.d: de ces' operations · n 'ontpas ete inscrits' · titms te registre

"paroissial des Cayeu:'est .. waisemblablemen~ parce q_ue'1eS resultttts ont ete _ :P!J.!clam~s dfl~le nouvel Mtel 4#. ville, la:mt~isdn dH migocrants Demalval, -rr!..l#./frfmf!I,,~~Jl.(W/If#:d,.,.h,: ' . .'jv ~::·w<q .'_li 'r.>• :t - <H;i. ~·~.•r\"

• ~· .. '

-5.4--

Page 57: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Assemblee paroissiale du 29 ]I.IUet 1790. Matin.

Convoquee en vertu du decret pris par l'assembJee de Saint-Marc le 5 juillet 1790, prescrivant l'election par les paroisees de deputes suppleants A teusleurs deputes a l'assemblee generale. Dcmuzaine de Ia Grenoniere est elu president, Paul Martignac, Bauduc Peyraud et Fatin scrutateurs.

Quelques citoyens ayant m1s en question quel serait le mode de scru· tin e t si les bulle tina seraient signes, l 'assemble e. de lib ere puis arrete «d 'une voix unanime que les bulletins seraient signes et que les sup­pleants a nommer, au nombre de 11, le seraient au scrutin indivi­duel».

Resultats : sont elus : Senechal avec 23 voix Paul Martip1ac (57), Fatin (61), Peyraut (31), le R.P. Laborderie (53), Bontems (39).

L 'arrivee de J-B. Millet, depute de Ia paroisse a l'aaeemblee generale interrompt les operations de vote. Celui-ci declare '111 'il etait de son devoir de «venir rendre a Ia commune compte de Ia mission qui lui avait ere confiee; qu il pouvait lui garantir que tous 8e8 representant~~ a l'assemblee generale etaient sans Ce88e occupes des interets de la paroisse et ne respiraient que pour lui faire obt~nir une bonne cons­titution; que des affaires particulieres et instantes l'avaient force .. de quitter I 'assemblee generale sur conge, mais que du moment qu 'elles seraient terminees, il prenait I' engagement vis a vis Ia paroisse d'aller reprendre ses fonctions. L 'assemblee applaudit vivement au zele patriotique de M .. Millet et lui a demande Ia continuation de ses soins».

Plusieurs citoyens ayant alors demande « s 'il n 't!tai t pas instant que leR membres composant Ia municipalite de la paroisse des Cayes, dont Ia nomination a fini bier, pretassent le serment qu'ils doivent a Ia commune pour entrer de suite en fonctiom, apres deliberation, l'assemblee se declare d 'accord mais souhaite que «cette ceremonie se fasse avec pompe» Afin d 'avoir le te_mps de Ia preparer, le jour en est ·fixe a dimanche prochain lo aout, 4 heures apres-midi. Le comite paroissial invitera «tous les corps de Ia ville ainsi que toutes les troupes nationales, ces derniers en armes, ensuite Te Deum au bruit de l'artillerie des forts, de Ia mousqueterie et du

Page 58: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

son deE cloches». Le soir, «illumination generate». Reprise du scrutin. Son elus Gavanon (30 voix), RoUain (14), Pellerin (46), Lalanne Beaumarais (21) et Tuffet du Mesle (14).

A11emblee paroi11illle du dimanche lo aout 1790. Dans l'eglise ont ere convoquees par le comite paroissiat toutes les classes (1), les troupes nationales et soldees, pour assister a Ia cere­monie du serment prere par le maire, les officiers et notables nom­mea par Ia paroisse dan8 les assembtees des 25, 26, 27 et 28 juiUet 1790 cpour composer Ia municipalite des Cayes», en vertu du decret de I 'assembtee generate de Ia partie francaise de Saint-Domingue du 20 mai 1790; pour ensuite recevoir le serment des suppleants elus a l'a&semhlee generate.

Discours du president Demuzaine Ia Grenoniere :

«Messieurs et chers concitoyens . ... Les dignes representants que VOUS VOUS etes choisis vont VO~S faire jouir de cette amelioration sensible, inseparable d'une bonne municipalite. Personne ne merite plus qu'eux l'estime generate Ia majorite ahsolue des suffr~es qu'ils ont presque tous obtenus est un temoi~ll2t!

authentique et infaiUihle de leurs vertus. C'est en meme temps une preuve de cette grande et incontestable verite que le peuple ne se trompe jamais. Nous avouons ici avec plaisir que c 'est en le consultant que nous avons ere assez heureux pour maintenir

.,. le bon ordre, Ia paix et l'union. PuisAP.nt-ils toujours regner et puisse Ia revolution n 'etre sensible que par le bien qu 'elle operera. Tel est le voeu'que nous formons eta n.ccomplissement duquel nous coo­perons toujours de tout notre pouvoir. Le bonheur de Ia commune que nous cessons des ce moment de representer, ne cessera jamais de nous etre cher. Notre amour pour elle et notre entier devouement pour ses inrerets seront eternels, de meme que notre respect et notre soumission pour ses augustes representant&.»

Ce discours a ete applaudi.

Formation du bureau : Demuzaine de Ia Grenoniere est elu presi­dent. Laloue Saint-Victor et PlainviUe secretaires, par accla-mations.

1) lei /'expression ctoutes les classes» n'a pas ete rayee. Est-ce parce que les compagnies de gardes nationales de couleur participaient a Ia ceremonie?

Page 59: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

. cPlusieurs citoyens ayant obeerve r/ie l'egliBe ne pouvait contenir le concoth-s immense des assistants; que d'ailleurs Ia chaleur y etait trop considerable et qu il convenait peut-etre mieux que le sennent qui allait etre prete fut prononce en place publique au milieu des troupes, et tout le monde s 'etantl range de cette opinion, le hureA1J. a ete transfere ·de suite sur Ia place d'annes en face de )'~lise et au milieu du bataillon quam; fonne par lea troupes nationales et trou­pes de Iigne ».

Plainville monte sur une table donne lecture des proces-verbaux d'assemhlees de Ia paroisse contenant nomination des membres com­posant Ia municipalite et des suppleants a l'assemblee generale puis cil a appele a haute voix M. Joumu , elu maire, lequel s'etant \\ presente, est monte sur le bureau et Ia, debout et la main droite levee. a pr~te, en presence de tous lea citoyens, le sennent qui suit :

. Je jure de maintenir de tout mon pouvoir Ia constitution de Saibt­Domingue d'etre fidele Ala nation ala loi, auroi, et de bien remplir mes fonctions.»

Des salves de mousqueterie, une decharge de l'artillerie et des ap­plaudissements universels se sont faits entendre».

Le meme sennent est prete par Longuefosse, Rambaud, Beauzamy et Demalval, officiers municipaux, Cotelle, procureur de la com­mune, Reneaume, substitut du procureur de la commune, Tapiau, Billard, Clerc, Desclaux, Bergeau, Carnbry, Drouet, Gombault, Gouin pere et Labiche de Reignefort, notables, Peydraa, secretaire grP-ffier et Hubert, tresorier.

Un incident se produit lorsque Cotelle veut preter sennent ... csous le pretexte de diverses qualites incompatibles qu 'il reunit, notam­ment a cause de 118 qualite de depute ~era l'aasemblee generale».

Le secretaire fait etat d'une emotion» queM. Montpellier a adressee au cclub patriotique des Cayes» et d'un «arrete du club qui porte que cette motion sera envoyee au comite paroissial• et d'une cadres­Be» signee Gentillon au comite paroissial.

cLa nuit s'approchant et l'assemhlee devenue trop bmyante a~ause du trop grand nombre de citoyens qui Ia composaient et des recla­mations pour et contre qui se faiaaient entendre, i1 a ete impossi-

-57-

Page 60: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

hle de donner lecture de cea motions et adressea; elles ont seule­ment ere indiquees .. _,

L 'incident Cote lie est clos de Ia facon suivante : Cotelle ann once qu 'i} a SOumis par ecrit &on cas a ) '~emblee generale et qu 'il se con­formera a son jugement. Accord general. Cotelle prete serment qui sera valable si l'assemblee generale confirme sa nomination.

Les elus suppleants a 1 'assemblee generale, sauf Bontems et Tuffet du Mesle en raison de leurs occupations «trop multiples», pretent serment. Rollain qui avait decline son election 11 J'assemblee generale cd~s un temps ou ses affaires personnelles J'empechaient d'en rem­p)jr lee fonctions~t, personne n'ayant ete nomme a sa place, cjaloux de 8, en rendre digne aujourd 'hui . qu 'il peut y vaquen ' de man de a preter sermenh en qualite de depute• quoiqu 'il ait ete elu supple

'ant. Cela lui est accorde «a I unanimite » .

Les suppJeants auront ml!mes pouvoirs que les deputes.

Puis· les memhres de Ia municipalite, avec le maire a leur tete, se rendent a J'eglise paroissiale. Le R.P. Ia Borderie est venu les rece­voir sur le parvis. En habits sacerdotaux, illeur presence J'eau benite. ells ee sont places dans le choeur et le Te Deum a ete chante et sui­vi de Ia benediction du Saint-sacrement. La joie universelle s 'est fait reseentir de toutes parts ; les citoyens melaient leurs chants it ceux du ministre des autels pour remercier Ia divine Providence du bien qu'elle nous fait esperer de Ia regeneration presente ... «Cioclies, decharges d 'artillerie dant de terre que de mer», salves

de mousqueterie ee font entendre «pendant le Te Deum et tors de Ia sortie de M. le maire et de MM. les officiers de Ia municipalite qui ont ere reconduits en Ia maison de MM. Demalval-Champel et Bouffard, negociants de cette ville, en laquelle reside M. le maire depuis sa nomination»

\\ ~\ ~~"\\\ \\t\\tt~ \\.\\ ~\t. \~\a"\\\\\\ ~\()bt_· \()\\'1> \e'i> ~\\()'jet\'!. a \'~l\­vie ont illumine le devant de leurs ma1sons dans tous les quartiers de Ia ,ille».

SignatureR au proces-verhal : Demuzaine Ia Grenoniere, president, Plainville, secretaire, Joumu, Reneaume Camhry, Desclaux, Demal­val, Billard, Longuefosse, Bergeaud, Clerc.

Page 61: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Pour Ia premiere fois appar&issent ilU .pr~es-verbal de serieuses divergences entre les citoyens; toutefois le secretaire de seance ne nomme personne. Par contre le Club patriotique des Cayes qui se disait «I' enfant cheri:. de I 'assemblee generale, denoncera des cabales qui ont preside ala nomination de la municipalite». n af­firmera que cCotelle n 'est revenu aux Cayes que pour etre nomme procureur syndic; que les portes des districts etaient gardees par Ies satellites de Ia justice qui disaient a tous les entrants : nommez M. Cotelle» ~ que ce dernier avait ose preter serment cau milieu des huees et des protestations verhales et ecrites:. ~que quelques jours. plus tard, Cotelle «avoua a Ia commune que l'assemhlee generale regardait ces places comme incompatibles et que, malgre cela, il a continue a l'occupen Les auteurs de cette diatribe denoncent egalement J-B. Millet qui aurait fait des plus grands efforts pour retarder de huit jours Ia prestation · de serment _des officiers municipaux», comme s'il connaissait par avance le sort qui att{mdait l'assemblee rehelle: « ... si ce retard avait eu lieu, ce tribunal n·existerait point» .. et «ce serait peut-etre ici !'instant de regretter le comite paroissial ... » ,(1)

Ce lo aout nous sommes au lendemain des echauffourees sur­venues au Port-au-Prince dans Ia nuit du 29 au 30 juliet. Aux Ca­yes cette affaire va diviser l'opinion.

*** La politique subversive de l'assemhlee de Saint Marc avait pro­

voque la reunion d 'un conseil de guerre au cours duquel sa disso­lution manu militari avait ete decidee. Tandis que les troupes du Cap et celles de Port-au-Prince se mettaient en marche vers Saint-Marc, un attroupement du parti de l'assemblee s'etait forme dans Ia nuit du 29 au 30 juillet devant le local du comite parois­sial de Port-au-Prince. Le commandant de la place, Mauduit, l'avait disperse sans menagements. II y avait eu des morts des deux cotes. Le 31, l'assemhlee de Saint-Marc ripostait en lan~ant un ap-

(1) ,;Messieurs du club patriotique des Cayes du fond de /'isle a Vaches, partie du Sud de Saint-Domingue ... », motion faite par le secretaire du club Bournissieux et envoyee a l'assemblee generale et a l'Assemblee nationale a Paris, datee du 30 sept. 1790 (Arch. nat. D xxv 65/655 piece 3).

-59-

Page 62: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

pel aux armes et faisait sonner le tocsin dans les paroisses. Pei­nier, Mauduit et leurs conseillers etaient designes a Ia vindicte populaire. Le 2·aout l'assemhlee «destituaib le gouverneur et lui nommait un successeur : le commandant de Ia place des Cayes Foliot de Fierville qui l'avait, par ecrit, assuree de son devoue­ment (1). Dans le meme temps ses partisans a Uogane forcaient Ia poudriere, tandis que dansle Sud,le Club patriotique des Cayes, anime par Gentillon, Maurel et Boumissieux son secretaire, se mohilisait et parvenait, non sans rencontrer de resistances a entrai­ner Ia municipalite dans une expedition armee «pour venir en aide aux freres massacres» a Port-au-Prince. Dans une motion proposee au club lc 30 septembre suivant, Bournissieux evoquera ce «Voya­ge a Loogane» (2).

« ... fid~lel a vos pro messes vous avez insiste. pour voter au secours de vos freres malgre les efforts des sieurs Millet, Collet et Cotelle et ceux de Ia munidpalite ... desoles de cette resistance, trois de ,.05 prindpaux membres M.M. Gentit:en, Maurel et Bournissieu ont demande un perm is porur partir avec leur annes .. . ce perrr.is

(I J Arch. nat. Colonies. Collection Moreau de Saint-Mery F 3 1~3. co"es­f)(lfldance de Peinier avec F'oliot de Fierville ( juillet-aout 1790 ). La collu­siml de Fiervillc avec l'assemblee de Saint-Marc compromit ses droits ala rC'l raite dans le grade de general de brigade quand il en fit Ia demande le ;:.~ juillet 1793. En juillet 1791, apres Ia suppression des £tats-majors de Saint-Domingue. il se trouJ!Qif en France en conge de maladie et reclamait \('\ appointements a compter du 12 aout 1790, date a /aquelle il avait I'('SSe de lcs toucher a Saint-Domingue. Sa demande de retourner a Saint­f)omingue jilt rejetee le 21 avril 1792 sous le pretexte qu 'il n'etait que licurcnanr-colonel et non colonel. Apres l'enquete faite sur son passe dans Ia colonie. le ministre de Ia gue"e fit savoir a son adjoint Xavier Audouin cltar,fl!} d'a!JfJU}'er sa demande de retraite que «le citoyen Fierville est de Ia ca.11e (~·-de rant pril>ilegiee ... que. quand meme if n 'en serait pas, son nom 'eul qui a £;tc cite p/usieurs [ois dans les troubles d'AmeriquP ''~mpeche de wumefl re sa demande au Conseil e.xecutif provisoire et~.nt necessaire aupa­ral'ant de 'imurer du role qu 'if y a joue et de Ia conduite qu 'il y a tenue» (Arch. 11a1. Colonies 1:." (Personnel) dossier Fierville ( Pie"e-Nicolas Foliot de) Fi, n·i/lc m·ait obtcnu Ia croix de Saint-Louis en juillet 17~1. Le 21 septemhrc 1793. de /'H(Jtc/ du Grand Cerf a Saint-Germain if ecrivait au ministrc de Ia g11erre que son brevet qui en constituait Ia preuve etait reste a Sain1-Do111inguc et q1dl al•ait rendu sa croix un moment ou il et'lit ((sans lc so11 "·

(:!) "Messieurs du cluh patriotique des Cayes ... » op. cit.

-60-

Page 63: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

D ete Dccorde DV« pdne mail ... ce depDrt D detnmine 1t1 munid­polite a1e llvrer DUx Dppritl d'une Drmee .»

Arrives a Leogane, les boutefeux du club perdaient le contro­

le des operations. L 'expedition toumait court a pres des tracta­tions que Boumissieux denoncait: .

«VOUI ne VOUI permettrez tlUCUne reflexion sur ce qui ~>'est ptllle a LeogDne». con.seille-HI ti 1e1 tluditeur.s. « Vou.s direz .seulement que le tnzite de ptlix elt ebtluche ptlr le sieur Deltlville, redige ptlr le &ieur Millet et qu "tlucun de vos membres ne l"tl iigne ... que In 1ieun Collet juge et JDcqueson &ubstitut du procureur du roi ont tl peine eu conntli&lllnce du traite de pDix que, de leur chef, ill ont lignifie Du mt~ire de ne plus &e meier de ce qui regordDit ci-dewznt I'Dmlnzute; que le mt~ire tl remi& se.s droit& .Stln& consulter ltl commune qui voit Dvec douleur l'intime litli&on de ce juge Dvec le mt~ire, et ... ne peut se dissimuler qu'il influe puisltlmment &ur touto?l In deliberations de ltl municipDlite.»

Cette motion qui sera adoptee par le club et envoyee, en signe de solidarite aux Ieopardins de Paris, marque bien l'opposition qui est apparue entre le club des Cayes et la municipalite, celle-ci etant plus moderee quant a la forme du soutien qu 'il convenait d'apporter a l'assemblee de Saint-Marc. Boumissieux deplore cette retenue : « ... tant que l'assemblee generale a existe a Saint-Marc, la municipalite a accueilli le club et l'a presse plus d'une fois de s'assembler, mais clepuis son depart elle a change ... ». Des affrontements furent a craindre entre compagnies de la garde na­tionale, celle des chasseurs «tres nombreuse et tres patriote», ecrit Boumisseau, et celle du sieur Collet, ce «partisan de l'ancien regime».

Dans un climat de suspicion et d 'agitation entretenu par le club, l'opinion surexcitee fit une victime aux Cayes : Codere, [ l'anciert major du regiment du Cap qui vivait retire sur son habi- i tation de la plaine du Fond d •'ou il entretenait une correspondance avec un conseiller du gouverneur a Port-au-Prince, Coustard, marechal de camp. Son courrier ayant ete intercepte, conforme- :; ment aux consignes de l'assemblee, Codere fut accuse d 'intelli-

-61-

.i

Page 64: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

\\. gence avec !'administration, enleve de son domicile, traine en vil­le et assassine le 4 aout:

~Deux cents. penonnes se transportent chez lui; mettent le feu a deux pieces de cannes.· pi/lent Sll maison ... se Sllisissent de lui et le trainent aux Cayes comme un criminel. Le premier cri fut de le pendre.. Des penonnes spges representent qu 'un citoyen ne peut etre execute Sllnl un jugement qui ordonne sa mort. La fureur qui avait paru s'apaiser se ranime. n est perce de plusieurs balles, sa tet .! coupee et portee dans toute Ia ville et avec affectation sous les fenetres des officien dv regiment de Port-au-Prince, detaches aux Cayes et detenus prisonniers pour avoir voulu s'opposer d Ia deser­tion "de leur troupe seduite par les agens de l'assemblee general e.» ( 1)

Le crime fut revendique par ses auteurs dans une lettre qu 'ils adresserent le lendemain au comite provincial de Port-au-Prince:

.«... hier a huit heures un quart du soir, nous avons recompense sur Ia place d'armes M. Cauden des bonnes in·tentions qu 'il avait pour nous ... Nous desirons, cflers concitoyens, d'appre;Idre que quelques times charitables nous debarrassent de trois ou quatre tetes qui t'ausent nos maux. N'epargnez rien : nous avonc ici cent mille livres a votre disposition ... «Signe : Bergobson, secretaire de Ia commune (}).

Apres ces evenements. quelques .-.gitateurs furent emmenes a Port-au-Prince ou ils resterent emprisonnes jusqu'au debut du mois de mars 1791. Le Club patriotique des Cayes dut mettre une sourdine a ses propos incendiaires sous peine de se voir inter­dit.

La dissolution de l'assemblee de Saint-Marc puis la fuite en 1 ranee sur le Leopard de 85 de ses membres affaiblirent le mouve­ment des autonomistes sans pour autant retablir l'ordre ni rame­ner les colons au respect des decrets de l'Assemblee nationale.

( 1) Adresse prononcee ·a I'Assemblee nationale, seance du 30 septembre au soir par les deputes des paroisses du: fort-au-Prince et de Ia Croix-des­Bpuquets. (venus en France pous s'opposer aux intrigues des Leopardins) imprimee sur ordre de l'4ssemblee nationale (Arch. nat. section Outre­mer, Bibl Moreau de Saint-Mery, R.C. 34 ( 36 ). &.

(2) Ibid.

Page 65: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Le 29 aoftt,le gouverneur avait appel~.les paroisses a elire une nou­velle assem.blee coloniale. Divisee. in quiets ou dans I 'expectative de l'accueil qui serait reserve aux deopardins:. par Ia Constituante, les colons opposerent la force d'inertie a ce decret de l'adminis­tration. Aux Cayes, ou Ia pression des automomistes est encore forte, l'assemhlee paroissiale n'est convoquee que pour le 3 octo­bre.

A11emblee paroissilzle du 3 octobre 1790. • Matin.

L'assemblee est clegalement convoquee» et «presidee par MM. les officiers municipaux.» cLecture faite des proclamations de M. le general, Ia premiere portant confir:nation de l'assemhlee generale (1), Ia seconde du 29 aout demier invitant les paroissiens a en former one nouvelle ... et Ia matiere mise en deliberation, l'assemblee considerant que l'as­semhl~e generale ci-devant seante a Saint-Marc ayant ete librement elue par les pouvoirs de ses constituants, approuvee par l'Assemblee nationale, confirmee par Ia majorite des paroissiens et promulguee par M. de Peinier lui-meme, il n 'a jamais pu avoir le droit d 'en prononcer Ia dissolution. Considerant que son depart pour France, necessite par les violences dont elle etait menacee, n'a eu pour but que d'eteindre le feu d'une guerre civile deja allumee dans Ia colonie par les proclamations pro­mulguees contre elle, de donner one preuve de sa soumission a l'Assemhlee nationale, de lui denoncer les abus d'autorite exerc;;s contre elle et de lui en deferer Ia connaissance ainsi que ses travaux considerant qu 'a ce moyen cette assemhlee existe toujours, qu 'elle est toujours active, qu 'on ne peut consequemment songer a en for-

( 1) Arch nat. Colonies, F3. 195 Collection Moreau de Saint-Mery. Co"es­pondance du gouverneur general Peinier. Lettres des 15 et 19 avril/790. Peinier n'avait pas /'intention de reconnaitre l'assemblee de Saint-Marc, s 'attendant de sa part a des decisions «hardies» ( 15 avril). Mais ayant eu connaissance d'une lettre ad res see par le ministre le 23 fevrier a Ia chambre d'Agriculture du Cap dans laquelle ce dernier soutenait que Ia forme adop­tee par les colons importdit peu, l'essentiel etant qu'il y ait une assemblee ou tous les colons soient representes et qu 'e/le fasse cesser les troubles, Peinier s'autorisa de «ce passage pour refonnaitre Ia legalite de l'assemblee et illui ecrivit en consequence» ( 19 avril).

-63-

Page 66: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

mer une nouvelle sans manquer au se.rment qui nous lie envers elle; considerant encore qu 'une pareille formation ne pouvait manquer -d'ex~iter le$-plus grands troubles dans Ia colonie; considerant enfin que M. de Peinier ayant fait l'exercice des pouvoirs qui lui etaient accordes par le decret du 28 mars pour Ia confirmation de l'assem­blee qui s'est trouvee existante, il est demeure des ce moment sans aucun pouvoir pour Ia formation d 'une nouvelle assemblee. L 'assemblee arrete a l'unanimite qu 'il n 'y a pas lieu de se rendre a l'invitation de M. de Peinier pour Ia formation d 'une nouvelle assem­blee: confirme de nouveau en tant que de besoin celle ci-devant seant a Saint-Marc qu 'elle regarde comme Ia seule l~ale et Ia seule existan­te; confirme egalement ses deputes. a Ia dite assemblee, ainsi que les pouvoirs qu 'elle leur a donnes, declare les prendre eux,leurs femmes, leurs enfants et leurs proprietes sous sa sauvegarde, et invite les autres paroisses a faire de meme : approuve le depart pour Franee de Ia dite assemblee generale et at­tend avec respect et confiance Ia decision de l'Assemblee nationa­le sur les travaux de ses representant& :

- jure de nouveau d'etre fidele ala nation, a Ia loi et au roi et decla­re ennemi de Ia patrie quiconque lui preterait des vues contraires a son serment; invite MM. les deputes et suppleants·a l'assemblee generale d'avoir A Ia rejoindre ; arrete en outre que par M. le marguillier en exercice copie de Ia pre·· sente sera envoyee aM. de Peinier et que par MM. les officiers muni­cipaux pareilles expeditions seront envoyees tant a l'Assemblee nationale qu'a l'Assemhlee generale de Ia partie fran~aise de Saint Domingue du present en France.t 255 signatures.

Le 12 octobre Ia Constituante condarime l'assemhlee de Saint­/\ M?·: et annule toutes ses decisions. Mais le decret ne sera offi­

ciel a Saint-Domingue qu'a Ia fin du mois de janvier 1791. Reta­blir 1 'autorite de !'administration mise a mal par les degislateurs:.

, \de Saint-Marc sera la mission ardue de Blanchelande, le comman­_,\ dant en second de Ia partie du Sud, qui vient d 'etre nomrile

e;ouvemeur par interim en rem placement de Peinier, rappele

-64--

Page 67: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

en metfopole sur sa demande (1 ). Blanchelande a debarque au Cap le 30 septemhre. · .

Pour l'heure, !'insubordination des assemblees coloniales est a la mesure de la combativite des hommes de couleur libres. Im­puissant, dans l'attente des secours annonces de la metropole, le nouveau gouverneur assiste au developpement incoercible du mou­vement des hommes de couleur pour obtenir 1 'egalite des droits avec les blancs. Dans le Sud, le camp Prou ou ils se sont retranches I-t e·· novembre 1790 devient leur quartier general. lis n'ont pas sui-vi les consignes de prudence que Julien Raimond leur adressait dP. France au debut du mois d'avril : agir «avec moderation» et amener ainsi l'Assemblee nationale a leur octroyer une «constitu­tion absolument flemblable a celle donnee a la France»: accepter la participation de trois des leurs aux travaux de l'Assemblee consti­tuante afin d'obtenir l'egalite devant l'imp6t et J'accession a tous les emplois, se rendre aux assemblees primaires et y elire leurs propres representants «atin de balancer les voix des blancs». Raimond ne doutait pas qu 'en suivant d 'esprit et la lettre:» des Instructions de mars,«ils n'obtiennent au moins autant d'electeurs que les blancs et meme plus». Tout devait se derouler dans l'or­dre et la legalite. Les citoyens actifs de couleur devraient preter serment de «maintenir la tranquilite notamment parmi les escla­ves» , de reconnaitre la constitution et les lois de l' Assemblee n'ationale et de souffrir toutes les vexations personnelles jusqu 'au moment ou les decrets nationaux leur parviendraient, sacri· fier lec!s fortunes et leurs vies a la conservation de la colonie, ala nation et au roi. (2).

Elaborees a tres grande distance des interesses, ces directives n'eurent pas l'effet moderateur escompte. Depuis l'ouverl:ure de

( 1) Dans une lettre au ministre datee du 11 janvier 1790, Peinier reitere sa demande de rappel, motivee par une <fmaladie de peau» mais surtout par le rejet du plan officiel de convocation de /'assemblee coloniale par les trois provinces de Ia colonie. Demande renouvetee le 14 mars 1790. Arch. nat. Colonies. Collection Moreau de Saint-Mery F2 195.

(2} Correspondance de Julien Raimond avec ses [reres ... op. cit. Instructions envoyees aux citoyens de couleur de Ia colonie de Saint-Domingue, dans Ia partie du.Sud, apres le decret du 24 mars 1790, par J. Raimond (Arch. nat. section Outre-mer, Bib/. Moreau de Saint-Mery.

--~e:;.-

Page 68: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

l'assemblee de Saint-Marc) les libres de 'ltOuleur sont fi.xes sur les intentions des blancs a leur egard. Ds ont ete avertis parle pre­sident Bacon de Ia Chevalerie que tout serait fait pom «replacer derriere 11mmuable ligne de demarcation du prejuge, tous ceux qui avaient tente de Ia franchir (1). Aux menaces verbales avaient succede les interdictions humiliantes, les entraves a Ia lihre circula­tion, !'exclusion de Ia vie politique par les Bases constitionnel­les. Aux Cayes, plusieurs notables de couleur avaient ete convo­ques ?ar l'assemblee provinciale le 9 mai, sur la proposition de Dubreuil des Fourreaux, qui se faisait fort d obtenir leur soumis­sion aux decisions de l 'assemblee generale. La demarche n 'avait rien de diplomatique : une doule de calamites» etait promise a qui oserait suivre les «suggestions que quelques uns ... cherchent a repandre eta communiquen. La «superiorite etemelle de 1 horn­me blanc» etait petemptoirement reaffirmee. «Gardez VOUS», leur declara Dubreuil des Fourreaux, «de faire des demandes qui seraient incompatibles avec l'etat de subordination dans le­quel vous devez rester et perseverer envers les blancs ... et n 'ayez pas l'orgeuil nile delire de croire que vous puissiez jamais marcher a l'egal de vos bienfaiteurs, vos anciens maJ.'l:res, ni de participer a toutes les charges puhliques et to us les droits publics;;. Sur cette seule base, la protection des assemblees de la colonie leur etait

, . acquise (2). Loin de leur fa~·re haisser les bras, les termes vexatoires de cet

avertissement fortifierent les hommes de couleur dans leur resolu­tion d'obtenir par tous les moyens, y compris les armes, 1 'application des decrets de mars. L 'interdiction de puis le 28 avril de se deplacer sans conge special etait l'origine d1ncidents multi­ples et souvent sanglants. La collecte du don patriotique offert par Raimond a l'Assemblee Constituante devenait irrealisable. L 'information selon laquelle la question de la proscription genera­le des hommes de couleur avait ete debattue a l'assemblee de

( 1) Discours prononct! le 15 avril a l'ouverture de l'assemblee coloniale a Saint-Marc.

(2) Extrait des registres des dt!liberations de l'assemb/ee provinciale du Sud de Sairit-Domingue ... seance du 9 mai 1790, cite par Raimond dllns sa Correspondllnce ... ,lettre no 4, note 1, p. 31 et 32.

££

Page 69: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Saint-Marc (l) accrut .leur insecurite. Boisrond, proprietaire de couleur etabli au Fond de 11slet, en reponse aux conseils de pa­tience de Raymond, decrit ce climat:

«Nous sommes obli,i1 de contenir les hommes de couleur poUT evi· ter un boulevenement, peut·etre mime incendiaire... Si quelques uns des natres dans differentl quartiers, ont ete rifractaires ci cette resolution, (IIICri/ier notre rellentime1't a Ia tranquilite necessaire pour attendre Ia regineration future) c'est qu'il n'est toujour., po11i· ble de souffrir les vexations imperieuses des blancs qui I'arroKent le droit de nous regir pGT des voies qui ne sont pas du tout legales ... 1

On nous refuse toujoun ici le nom de citoyen ou d'hobirant. On ne 1

veut noUJ reconnoitre que sous Ia denomination de gens de couleur, /1

ou ceUe injurieuse d'ennemis du bien publk ... Quant au:c humilia· tions arbitraires, jamais encore on en a tant eprouvees ... »

Boisrond certes serait heureux de venir en France repn~..;enter ses concitoyens comme l'a su~ere Raimond, mais comment l'oserait-il dorsque l'on court les risques d'un assassinat dans sa demeure meme, et qu 'il est impossible de fairc un pas sans dan­ger.:. (2)

Les hQmmes de couleur sont ainsi contraints de s'organiser dans la clandestinite. Les plus rcpresentatifs d'entre eux dans le Sud ont forme un «comite» dont Andre Rigaud est le secretaire. Le 23 juliet ils exposent leur situation dans une cadresse a '\IM. de Joly, president, Raimond, depute de la partie du Sud de Saint-Domingue par les hommes de couleur a l'Assemblee nationale a Paris. Ce texte, signe cRemarai, electeur des Cayes, Braqilehais, Bleck, M~ Morel, Et. Bouet, Narcisse Rollain, Masse, S. Glezil, FJie Boury et Andre Rigaud, secretaire,., est tm mani­feste de fidelite a la metro pole, un requisitoire contre l'assemblee de Saint-Marc, un hommage a l'abbe Gr~oire, le «consolateur ~,.~~ affli~s ... le restaurateur des malheureun. La colonie persis­tant dans !'injustice a leur egard, les signataires annoncent. quils

( 1) Lettre de Suire, depute du Sud a Saint-Marc du 30 avril 1790, citee pGT Raimond dans sa CorreJpOndance ... Lettre no 5 p. 35.

; :!) Lettre du 27 juiUet 1790 citee fXU .Rilimond dans sa Correspond/ln..·•~ ... no 4, p. 15 a 17 et 24.

Page 70: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

ont presente une requete au gouverneur general pour lui de mander d'execution pleine et entiere des d6crets dont il est responsahle:., lui assurant en revanche leur concours «pour le maintien de sa penonne et du bon ordre a sa premiere requisi­tion:.. Ds attendent sa reponse, chien r68olus d'avoir justice:..(!)

Apres les 6chauffour6es de Port-au-Prince.~ la tension raciale s'est encore accrue dans le Sud. Un contemporain temoigne:

«Lrs precaution• violmtes et predpitles .;~ e l'lu~emblee provincillle d11 Sud prlt contre eux (le1 hommes de couleur) dans 1on quartier le~~r foumit le pretexte de 14 nlcessitl de pourvoir ,; leur mrete individuelle. Ill fuimt 14 ville et 14 pllline, alHDtdon~~ant leun proprll­tes et tout ce qu 'ill avaient de phu cher, et ill se mllient en force sur l"hhlbitation Prou, l'rm d 'era, lituee dans les luluteurs de 14 pl4i­M •• .» (2)

Dans une lettre plus tardive, "?ran~is Raimond donnera quel-ques details sur cette premiere prise d'armes:

«Boury ... allflit recl4me l'artie'leiY des lmtructions;on le pounuit; il se 11111ve dans les montagnes: Bient6t six cmtl de ses canumules se joipant ci lui,.on va apres era avec des et~nons pour les detruire. Sans doute ill se defendent et repou11mt les bl4ncs (3), et se tien­nent cantonnes dims Ia montagne sam attaquer les blancs et leun poue11ions. Le gouvemement, sur 14 demande des blancs, envoie des troupes de ligne contre eU:K;ils remettent 111ns resistance au com­mandant des troupes (4) leun armes n'ayant jamais eu /'intention que de se defendre lonqu 'on vou14it les detruire; pDTCe qu 'il est auez malheureux qu'on r.herchc ci detrulre des hommes libres qui demandent D participer aux faveun de 14 nouvelle constitution. Le commandant de Ia troupe de ligne en conduiMJit lix au Port· au-Prince ou ils jUrent mis en prison et aux fen; et ils aumient 111•1s

( 1) Cite par Raymond dans sa Co"espondance ... no 5, p. 32 a 39. (2) Precis historique des Annales de Ia colonie fran~aise de Saint-Domingue,

I, p. 33. ( 3) Allusion a Ia defaite du capitaine Lefevre-Duplessis le 11 nov• 1790. ( 4) Mauduit du Plessis (Colonel du regiment de Port-au-Prince.

Ln.

Page 71: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

d~ute subi le 11Uilheureux sort d'Oge ( 1) et autres au Csp, qui ont peri sur l'echllfaud pour avoir reclame ce m -'me article IV, sans l'arrivee de Ill station (2). Dans ce moment toutes les prisons ont ete ouvertes : les prisonnien se sont sauves; ils se sont trouves du nombre quoique /'intention n'etait p111 d'elargir les gens de couleur. lis n 'ont pill ose retourne dans leur quarticr.» ( 3)

Les hommes de couleur des Cayes resteront campes dans les hauteurs de la Ravine 5eche, base principale de leurs futures operations. Ceux de Cavaillon denonC?aient le 9 juliet a Julien Raymond les «arrets imperieux» de l'aasemblee de Saint-Marc, affirmaient leurs droits d' «insulaires neu et lui donnaient pleins pouvmrs pour soutenir leur cause devant 1 '.Assemblee nationa­le (4).

(1 J Oge avait debarque secretement au Cap, venant d'Europe, le 12 octobre 1790.

(2) La station : zone ou se tiennent des bdtiments de gue"e charges de Ia police maritime. Par extension, l'escadre elle-meme.

(3) f.ettre du 25 mai 1792, citee par Raimond dans sa Co"e$(JOndance ... no 9,p. 50-51.

(4) Lettre du 9 juillet 1790, transmis a J. Raymond par Bra4uehais le 27, citee dans Ia Co"espondance ... no 4, p. 25.

--69-

Page 72: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

( .. - Toute cette effervescence n 'etait pas sans echos parmi les escla-

~ X ves. Dans la nuit du 24 a~ 2~ jan vier 1791 , de~ groupes se for­maient sur quelques habitations de la parmsse de Port-Salut afin de presenter a leurs maitres une reclamation collective. L 'un d'eux etait arrete, donnait les noms des meneurs responsables sur six habitations. La rev.endication etait d 'obtenir trois jours libres par semaine. Les deux principaux chefs appartenaient,

\

\/ l'un a !'habitation Lafosse, l'autre a la veuve Merlet. Ds avaient 1 • pris contact avec les mulatres du camp Prou. Ceux-ci auraient

promis d'accorder les trois jours des que les blancs s y seraient en­gages. Les esclaves auraient alors decide de faire, le meme jour, leur demande,Jatelicr par atelier, en declarant que «si les blancs s 'y refusaient, ils devaient tomber sur eux et les egorgen. Les escl~es de Port-Salut savaient que ceux des Savanettes ala plaine du Fond, etaient armes de fusils et de pistolets, qu'ils avaient of-

\ fert leurs services aux mulatres du camp PY:-ou ,mais que ceux-ci, craignant pour eux-memes, avaient refuse cet appui. (1)

Rassemblements clandestins chez les lihres, reclamations ouver­tes dans plusieurs ateliers, menaces de conjonction de tous ces mecontents vont desormais peser sur les debats de l'assemblee paroissiale.

' La po_litique ambigiie de la Constituante ne facilite pas la tache des agents de l'executif. Son decret du 12 octobre prodigue l'eau et le feu lorsqu'il proclame Ia decheance de rassemblee de Saint­.\tarc, annule toutes ses decisions mais, en contre-partie, accorde aux seules assemblees coloniales toute competence en matiere de legislation sociale.

( 1) Ex trait des minutes de Ia municipalite de Port-Salut. Arch. nat. DXXV 63/63~. piece 20, ms, 2fo et p. 21 ms 1 fo. Sur /'~affaire de Port-Salut, voir Carolyn Eliane Fick, cBlack masses in the San Dommgo Revolution 1791-1793», these de I'Universite de Con­cordia a Montreal, 1979, ch. VI, p. 155, dactyl.

Page 73: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Le nouveau gouverneur, Blanchelande homme sans fermete ni decision, est vite submerge par !'indiscipline generale. Pendant les cinq mois qui separent les assemblees paroissiales des 3 octobre 1790 et 11 mars 1791 aux Cayes, o11 cherch~ra!t_e!l __ vairt_cp.ti gou­verne Ia colonie.

Le decret du 12 octobre prevoyait Ia formation d'une nouvelle assemhlee coloniale. Le 21 fevrier 1791, Blanchelande invitait les 1

citoyens a y elire leurs representants. L 'ouverture de Ia session etait fixee au 20 mars a Leogane. La reaction toute passive des assemblees locales a ses directives am~ne le gouverneur a faire proceder localement a l'annulation de tousles pretendus decrets de l'assemblee dissoute, notamment celui qui avait decide de Ia formation des municipalites. ll fut done notifie le 3 mars au lieute­nant-general des Cayes, Reynaud de Saint-Felix, de transmettre cette decision a Ia municipalite des Cayes. Convoquee le 6 mars, celle-ci adoptait une motion tendant a demontrer l'illegalite de cette notification. L'assembiee provinciale consultee, s'etant de­claree «dans l'impossibilite de se reunir pour del:iberer sur une de­mande aussi instante», Ia municipalite sollicitera !'arbitrage de I 'assemhlee paroissiale.

A 11emblee paroi11itlle du 11 mar~ 1791. matin 8 heure1.

Convocation a Ia demande des officiere municipaux. Leur lettre du 9 mare au marguillier Malterre ... Sur Ia notification qui nous a ete faite dimanche dernier par M. Reynaud de Saint-Felix, de Ia part de M. le lieutenant general du gouvemement, d'avoir a cesser nos fonctions, nous avoDB cru devoir lee suspendre mais en protestant contre un acte 11U88i etrange. Nous demoDB instruire nos concito­yens de nos demarches. Nous vous prions done de convoquer ... pour le vendredi 11 du courant ... , Signe Joumu, maire, de Malval et Beauzamy, offici ere municipaux, Reneaume , procureur syndic et Poydras, secretaire greffier.

Formation du bureau : joumu est elu president, R~neaume secrebu­re «par acclamations•.

1'71

Page 74: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

L 'assemblee est appele~ a juger si Ia municipalite doit ou non reprendre ses fonctions. Celie ci rend compte de ses demarches et foumit les pieces it I appui :

lo Ia lettre du gouverneur a Reynaud de Saint-Felix.

Port-au-Prince , le 3 mars 1791 I.e decret de I'Assemhlee nationale du 12 octohre dernier, M ... declarant les actes emanes de l'aasemhlee constituee a Saint Marc sous le titre d 'Assemhlee generale de Ia partie franc;aise de Saint-Domingue, nuls et incapahles de recevoir aucune execution, et les municipalites etant un acte de cette aasemhlee, je vous prie de notifier de ma part a celles de votre commandement d'avoir a cesser leurs fonctions, ne pouvant plus les reconnai'tre d'apres le decret ...

2o Le proces-verhal du conseil municipal du 6 mars convoque a Ia demande de Reynaud de Saint-Felix pour )'entendre lire Ia lettre du gouverneur ...

3o La declaration adoptee par Ia municipalite apres en avoir cmurement dehattm:

, Les elus du Conseil municipal, cconsiderant que ce n'est point en , vertu des decreta de I 'aasemhlee generale ci-devant seante a Saint­, Marc que les municipalites ont ete etahlies dans Ia colonie, mais bien i en execution du decret de I 'Assemhlee nationale du 8 mars 1790 i 'lui porte expressement en son article 5 qu 'il est permis aux colons :. de s'appliquer le decret du 14 decemhre 1789 constitutif des muni­'. cipalites en ce qui pourra s'en adapter aux convenanceslocales, conlliderant que c'·est ainsi que M. de Peinier l'a entendu lorsque le 24 aout dernier, traitant avec les citoyens de Ia partie du Sud reunis a Leogane pour voler au secours de leurs freres du Port-au­Prince qu 'on y opprimait, il est demeure expresseP!cnt convenu que les municipalites deja existantes, telles qve celle de Ia paroisse des Cayes, seraient maintenues moyennant qu elles se renfermeraient ~trictement dans les fonctions qui leur sont devolues par le decret national du 14 decemhre 1789; et qu 'il n 'est pas raisonnahle de pen­~er que M. de Blanchelande ait pu ignorer ces conventions que Ia mu­nicipalite des Cay~s a executees a toutes rigueurs , considerant que M. de Peinier, fidele de son cote a cette partie du traite fait a Leogane, n 'a cease de reconnaitre juequ 'a son depart

_7')_

Page 75: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Ia municipalire des Cayes comme bien Jegalement constituee, puis­qu 'il a entretenu avec elle une correspondance suivie, ainsi qu 'il re­sulte de sea diverses lettres deposees au greffe de Ia municipalite; et·que dans t18 proclamation du 29 aout 1790, tendante a Ia fonna­tion d 'une nouvelle assemblee coloniale, apres le depart de celle seante a Saint-Marc, il a fonnellement declare qu 'il ne toucher:rit a4U(:UDe des municipalires deja etablies tant qu'elles se renfenne­raient strictement dans ce qui est prescrit par les decreta de rAssem­biee nationale du 14 decembre 1789 et autres suivanls, considerant que M. de Blanchelande lui-meme a adopte ces princi­pee ... puisqu'il a aussi entretenu une correspondence, suivie avec elle, ainsi que l'attestent seslettres multipliees, consiilerant que M. de Mauduit, colonel du regiment du Port-au-' Prince, ~nvoye par M. de Blanchelande dans Ia partie du Sud a Ia: tete d'un certain nombre de troupes, a confirme bien authentique- 1

ment I' opinion dans laquelle etaient les citoyens de Ia paroisse des Cayes sur Ia legalite de leur municipalit~ par les actee reiteres qu'il a fait vis a vis d'elle, et dont Ia plupart rt·vetus de sa signatu•e sont toujours dansles minutl',s du greffe.

considerant que ce n 'est que par une interpretation fauue et er· ronnee de Ia part de M. de Blanchelande du decret du 12 octo­bre demier qu 'il pretend induire que ce decret a~teantit les muni­cipalites existantes a Saint-Domingue, en cherchant a faire croi­re ... que cette decision du Senat de I'Europe a entendu que l'eta­blissement des municipalites etait un resultat des decreta de I 'as­semhlee generate de :Saint-Marc, lesquels sont aneantis; lorsque dans les faits, et comme il a ete ci-devant etabli, c'P.st proprement 1.\ par suite de I 'article 5 du decret du 8 mlll'8 1790 que ces corps pu- \ \ blics ont ete constitues. consid.Orant qu'une preuve incontestable que vraiment M. de Blanchelande ne se fonde ... que sur une interpretation fausse du decret du 12 octobre dernier. desquelles expressions il faut nece­sairement conclure qu 'il reconnaissait les municipalites pour un corps bien constitue, que s 'il en a ete autrement, et qu 'il eut reel­lement ete persuade qu 'elles etaient dissoutes par ce meme decret, il se f1it bien garde de faire aucune mention d'elles dans sa procla­mation, considerant qu 'a M. de Blancbelande n 'appartient nullement le droit d 'interpreter un decret et que d 'a pres cette verite certai­ne_.il doit absolument s'en tenir au sens Iitteral de celui du 12 oc­tobre demier qui ne parle en rien des municipalites, mait< en vou-

-73-

Page 76: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

I lant meme encore se permettre quelques observations sur ce meme decret, les arguments et les consequences seraient en fa­veur des municipaJites puisque le monarque, en y donnant sa sanction «mande et ordonne aux municipalites d'Jvoir a faire transcrire sur leurs registres, lire, puhJier et afficher dans leur res­sort le dwet du 12 octobre et le faire executer selon sa forme et teneur» preuve. bien respectable que les municipalites de Ia colonie sont reconnues par le chef supreme de la nation comme bien et Iegalement constitueee nonobstant le decret du 12 octo­bre, considerant d'un autre cote que ce n'est pas dans l'instant de Ia regeneration des· droits du citoyen que l'on peut se permettre de detruire des corps publics par eux legalement constitues dans les formes les plus regulieres et les plus strictes si l'on ne veut en­courir la juste animadversion de I 'Assemblee nationale, que Ia forme con~ue dans ce moment·d pour pouvoir se porter sans re­proches a une demarche aussi etrange, c'est d'avoir en mains ou un decret de Ia nation diiment sanctionne par le roi, ou ce qui re­vient a peu pres au meme, deslettres patentee de sa Majeste. ren­dues sur un decret de I 'Assemblee nationale, pieces essentielles indispensables, ce qui ne fait encore qu 'ajouter a 1 'extraordinaire

eta l'inconsequeuce ... de la demarche qu•, pesee au poids de Ia re­flexion, ne peut etre consideree que comme un nouvel acte de despotisme · affreux 80U8 lequel on se plait a ecraser Jes colons, considerant encore qu'en supposant a M. de Blanchelande les droits qu il n'a pas, de dissoudre une municipalite, c'etait a elle du moins ou aux officiers Ia composant, qu'il devait s'adresser pour leur notifier ses interpretations et ses intentions, et non pas par wn representant aux Cayes qui n 'a pu laisser qu 'une copie certifiee de sa lettre du 3 de ce mois en ce qu 'elle portait l'ordre destructif de toutet; les municipalites formees dans Ia dependance de son commandement aux Cay~, demarche qui n'est ni loyale, ni franc he de Ia part d 'un repre~entant de sa Majeste en ce qu 'il a agi dans !'impuissance de fournir des preuves de ses entreprise, ... considerant enfin que, d'apres les vices sans nombre que presen­te Ia notification a Ia municipalite de suspendre ses fonctions, elle pourrait formellement refuser d 'y acceder et continuer a remplir Ia mi..oion que sea concitoyens lui ont deferee; mais, considerant •ussi les troubles qui pourraient naitre de Ia demar­che impolitique de M. de Blanchelande, si dans ces temps d'cf­fercescence ..les citoyens se portaieat a user de leurs forces pour

Page 77: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

maintenir leurs repreeentant:a dans les postes ou ils l~ o~t places, et voulant tous les officiers composant le conseil genera! de la .Commune, d'un. cote aller au devant de ce malheur qu• re-

1 erait la paroisee des Cayes dans le trouble et la division, pong · · I · d t et d'un autre cote temoigner comh1en ~ sont p e1~s e ~esp?.c pour les intentions manifestees du repre~ntant. d,un r01 qu ils honorent et cherissent, quelque mal fondees et Illegales que se-raient les intentions de ce representant, . . d , 1 t d'abord pour la conservation des dr011:8 des c1toyens ec aren • 'il qu 'ils representent, protester formell~~ent. et autant qu est en eux contre la notification qui leur a ete fa~te de Ia part de ~·.de Blanchelande d 'avoir a cesser leurs fonctions, etant cette notiflca· tion illegale et absolument contraire a 1 'esprit des decrets de

l'Assemblee nationale,

Mais ensuite et pour Ia conservation de Ia paix et de Ia tranquilite ils declarent aussi arreter que les fonctions de Ia municipalite de Ia ville et paroisse de8 Cayes demeurent suspendues jusqu'a ce que I 'assemblee provinciale du Sud .. . ait delibere et prononce sur le merite de Ia notification, ou a defaut par I 'assemblee provinciale de prononcer, Ia question ait ete soumise a une deliberation et a un arrete de Ia Commune qui sera convoquee a cet effet par M. le marguillier. Arrete en outre que tous les officiers composant Ia municipalite, en s'interdisant pour le moment les deliberations et les arretes, n 'en surveilleront pas moins individuellemeint l 'ordre et Ia tran­quillite puhlique, chacun dans Ia partie qui lui etait confiee ce qu ils jurent et promettent ici sur Ia foi de I 'honneur et du patriotisme, rendant M. de Blanchelande responsable des e~enements qui pour­raient troubler les citoyens de la paroisse et auxquels, a cause de leur suspension, les officiers municipaux ne pourraient apporter les rc­medes nece:ssaires et prompt'!. Arrete encore qu 'il sera fait une adresse a I 'Assemhlee nationale pour se plaindre de l'entreprise faite contre un corps public ... Arrete finalement que le present arrete sera rendu public par la voie de I 'impression et adresse a toutes les paroisses de Ia colonie.

Journu, maire, Longuefosse, Rambaud, Beauzami et Demalval,

officiers municipaux, ·Reneaume, procureur syndic, Boucher, subatitut du procureur syndic, Tapiau Billard, Desclaud, Leclerc, Bergeaud, Camhri, Tuffet, Gouin, Labiche de R., notables Poidras, secretaire-greffier.

-75-

Page 78: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Lettre de Ia municipt~llte au gouveneur Bltmchelllnde :

Aux C8yes, le 6 mars 1791, M ... , le "silence que vous avez garde sur lee deux lettres que nous avons eu I 'honneur de vous ecrire les 6 et 27 fevrier dernier vient, nous l'avouerons, de s'expliquer d'une maniere bien etonnante. M: de Saint-Felix s'est rendu ce matin a Ia municipalite et nous y a donne lecture de votre lettre du 3 courant par laquelle vousle char­gez de notifier a Ia municipalite d 'avoir a cesser see fonctions. Ou noue noue trompons etrangement, ou lee moyene sur lesquele vous voue appuyez dans une demarche aueei extraordinaire eont bien erronee. Voue semblez etre persuade que le decret du 12 octo­'bre dernier voue donne le droit de dieeoudre lee municipalitee. Noue eommee en c~la d'un avis abeolument contraire ...

lecture 1o d'une lettre adreeeee le 6 mars par les officiers munici­paux a l'aesemblee provinciale du Sud pour l'engager a deliberer promptement sur I 'opposition de cee memes officiers;

2ode Ia reponse du meme jour de l'aeeemblee provinciale ... 3o d 'une 2o lettre du 9 mars a Ia meme aeeemblee pour Ia

prevenir que puisqu 'il parait qu 'elle est dane I 'impoeei bilite de ee reunir pour pouvoir deliberer sur une deman­de aueei inetante que celle qui lui a. ete faite par Ia lettre du 6, lee officiers municipaux ee determinent a deman­der a M. le marguillier Ia convocation d'une aeeemblee extraordinaire de Ia paroieee pour vendredi pro'rhain, a l'effet de deliberer sur leurs positions que lee cir~ons­tanees rerident tres critiques.

4o d'une lettre des officiers munieipaux du 9 portant invit. •tion aux citoyens de se reunir en plus grand nom­bre possible a l'aeeemblee extraordinaire eollicitee par M.le marguillier.

Intervention de Reneaume, procureur de Ia commW!'3: Messieurs et chers eoncitoyen~<, Ia municipalite a tenu a rendre compte de ees reactions a Ia notification d 'avoir a ceeeer see fonc­tions. Elle aurait pu garder le silence, chacon continuant ... a assurer les eoins qu 'il ~ait promis ... jusqu 'a ce que le tempe amenant un nouvel ordre de choeee prouvat l'injmtice que l'on ee permettait envers eux... Mais les circoniltance!l ou ee trouve pour l'instant Ia colonie, lee nou\·ellee arrh·ees par le demier courrier du _ro~-au-

Page 79: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Prince (l) qui peuvent occasionner une nouvelle fermentation dans les esprits et donner lieu a des mouvements qu 'il est intere88ant de reprimer, demandent de toute neceBBite l'existence d'un Tribunal actif qui puisse a toute heure et a tout instant donner des ordres et les faire executer contre tous individus qui tenteraient de troubler l'ordre public et de nous rejeter dans les funestes divisions dQDt nous sommes a peine sortie.

C'est done , MM. etchers concitoyens, a i'effet de vous engager a vous procurer cette force active qui vous est indispensable, en con­firrnant dans leurs fonctions les representants que vous aviez hono­ree de votre choix, si vous jugez que M. le lieutenant general au Gouvemement n'a pu leur ordonner de se dissoudre, soit en creant pour Ia circonstance et jusqu a nouvel ordre un bureau de police qui puisse suppleer aux fonctions suspendues des officiecs muniei. paux, et assurer Ia tranquilite et Ia paix dans Ia paroisse des Cayes. •.. ,.

( l J Sur l'assosn1Uit du colonel de Mauduit parses propm wldats du regiment)( ~ de Port-au-Prince le 4 man 1791, Cf Vte H. de Grimouard. L 'amiml de ""'\ GrimoUilrd au Port-au-Prince d'apres Sll co"espomlance et wn journal de · bord (mars 1791-juillet 1792), Paris, Societe de l'histoire des colonies Jranraises, 1937, p. 14-15. ·

-77-

Page 80: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Deliberation.

Intt>JWntion de DeJa, ille aine : il !: 'efforce de calmer 1- ·1 d d d . "'" t'~>pr• s e~an ~ e fa1re confiance a rA&oemblee nationale et aux loit!, me~~ "'' elle~ nt' donnen~ pato entirrt• ~atisfaction. II 11 'y a pas lieu ~e. t r~t-r une fo1~e de pohce. II faut ma\nlenir Ia municipalite qui a ete legale•~ent elnt·. II propose !'arrete :~uh·ant qui :~era adopte el applaud• :

« lo II !<era fait une adres~;e a I'Assemblee nationale en reconnais­~~nce des "e<·our,.. que Ia nation nous a donne8 par !'expedi­tion de Ia :<tation. (I)

:!o Jl t d :-t'ra \O e e,.. remerci~mento a' MM de Ia · · )' · . . • , ~ · ' . mumc1pa 1te

3o

14o

-0

6o

~"" c.~Y~"~ your Ia ('(~IH.Iuile sage et ferme qu'ils •.nt tenue JU:<q u a t'f' Jour dan!!' I f'Xcrcire de leur:< fonctions ...

En adherant ... a Ia protestation faite par le conseil general dr Ia communt• de~< Cayr,; le 6 du courant contrc la notifi­c·<~tion ... /e~ officier:,~ municipaux seront tenus, au nom du patrioti:>me. de l'ordre, au meme zele qui les a diriges jm;qu 'a ce moment. :\-1. Revnaud de Saint Felix, commandant de Ia garnison, et MM. let- officiers militaires en activite, sous-officiers, soldatt«, seront invites a preter le serment civique entre les main,. de M. le maire, en presence de MM. les officiers municipaux et de Ia Commune. (2) Le procrl'\-\'erbal de ce jour :~era livre a l'impression et tire ju>q u a millf' exemplaires pour . ensuite • etre adresse tant a J'Asscmhlee nationale qu'aux differentes municipa­lite~; de Ia colonie. Ft finalement arrete expresse~ent que pour colll!Olider a jamais Ia paix et Ia tranquilite de notre ville tant de fois troublee, aucune corporation militaire ou politique ne se­ra creee pour le moment.»

! ( 1) II s'agissait de Ia 6o escadre, sous les ordres du Commandeur de Village, . qui avait embarque a Lorientdes troupes des regiments de /rionnandie et

d'Artois et qui arriva devant Port-au-Ptince le 3 mars 1791. Ces troupes s 'etaient distinguees avant leur embarquement a Lorient par leur esprit d 'indiScipline.

(2) En vertu de Ia Constitution. les municipalites avaient le droit de requirir Ia garde nationale et Ia force armee.

-78-

Page 81: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

l.;ne lettre e~t compo~ee qui invite le commandant et tous le., mili­taires a se trouver l'apre~-midi meme a 4 heures «en grand unifonTif~ sur Ia place d 'armes en presence de Ia Garde nationale». Dela,ilJe mile, Sedon, Cordier et Gayet sont designes par l'assemblee pour aller porter cette invitation a Reynaud de Saint-Felix. lis re­viennent peu de temps apres, porteur!; de sa reponse : it accepte «aprel' avoir consulte les sentiments de Ia troupe en gamison dan~ Ia ville elle-m~me desircuse d'oublicr le passe et de retablir l 'union« (1 )-L 'assemblee charge Ia municipalite d ~m-iter les gardes nationales a «etre presentes au serment civique que doit preter M. le comman­.dant et le detachement du regiment du Port-au-Prince en presence de MM. les officiers municipaux «et a preter elles-memes serment d 'etfe fideles a Ia nation a Ia loi et au roi, et d 'obeir aux ordres de Ia municipalite toutesles fois qu 'elle le requerera pour assurer l'ordre et Ia tranauilite publique » .

Un Te Deum est prevu, apresla prestation de sennent, qui consacrP­ra le maintien dans ses fonctions de Ia municipalite, fetera I 'arrh·~., a Port-au-Prince, de Ia station envoyee par l'Assemblee nationale et da reunion qui s'y est operee et qui s'opere aux Cayes entre les troupes du regiment de Port-au-Prince et les citoyens de ces deux villes; en action de grace enfin de Ia delivrance des citoyens del' ~aves qui avaient ete enleves de leurs foyers ... ) (2)

Une illumination generale est prevue a Ia nuit.

Intervention de Delaval en faveur des deputes de l'assernblee generale de Saint-Marc retenus en France «sans moyens pecuniaires•. La com­mune doit les secourir. · (3) L 'assemblee decide d 'ouverture d 'une souscription patriotique a Ia municipalite ... pour le paiement des

( 1) II s'agissait d'un detachement du regiment de Port-au-Prince.

(2) /Is avaient ete arretes sur ordre du Conseil superieur apres Ia cmarche sur Leogane, au debut du mois d'aoot 1790. Dt!tenus depuis cette date, ils · venaient d'etre libt!res par l'ouverture des prisons a I 'occasion de Ia frater­nisation des troupes de Normandie et Artois avec le regiment de Port-au­Prince en rebellion contre ses ofjiciers, troubles au cours desquels le colo­nel Mauduit avait trorive Ia mort.

( 3) Les Leopardins des Cayes etaient Castelpers et Jevardat de Grandchamp; ceux de Torbeck, Berault. Guilhem, Le Goult, Mamzud des Grottes et

-79-

Page 82: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

depen:'t·~ de:> anciens deputes de Ia paroisse a I assemhlee generale».

lntt•nc>ntion de Dela,·al relath·e aux gen~ de couleun ... accuse;; d 'in'"~rre_etion dan!l cette partie et emmenes au Port-au-Prince deja d .. pul~ lnen longtcmpt> ( 1 ), ils denaient etre condamnc1l s 'ils etaient coupahleil et s 'ils ne l 'etaient pas, il fallait les rehicher, y ayant dan!' ce demier cas de l'inhumanite a les detenir dans les fers., 11

. demande un jugement definitif. ; La municipalite e~t chargee d'ecrire ·>~an<~ delai a celle du Port-au­

' I Princ_e pour I 'engager a prendre des infn-J lations sur I 'in1ltruction J.u 1 proce!< de to~ genii de coult•ur accuses.

Ont signe le proceHerhal : Maht~rrc marguillit~r; Tardif de Ia Borde­ric, cure ;}ournu, maire, Labil'he de Reignefort, notable; Beauzami, officier municipal; ·Languefosse, Demalval, officiers municipaux: Reneaune, procureur syndic; Boucher, son suhstitut, t:ambry. notahle;Poydras, t~ecretaire greffier.

A pres-midi

.• La municipalite du dit lieu, accompagnee des gardes nationales, de tou!l les corps civils et d'administration invites it Ia ceremonie, s 'el<t rendue au son des tambours, enseignes deployees, et precedes de I 'oriflamme nationale sur Ia place d 'annes de cette ville ou elle a trouve M. le commandant pour le roi it Ia tete du detachement du regiment du Port-au-Prince range en hataille. La municipalite ayant alors pris seance au tour d 'une table qui avait ete placee a cet effet au milieu de Ia place, ~e_s gardes nationales ~ ~9~· rangees en haie de maniere a faire face au detachement du re­giment du Port-au-Prin~e.

-:\-1. le maire ayant alors rappele aux troupes presentes I' objet de Ia c,;remonie, M. Delaville, citoyen responsahle pour son patriotisme, a demande Ia parole et a prononce un discours aussi eloquent que ci­' ique 8Ur les obligation respectables resultant des serments recipro­que~ qui allaient etre prononces ... It

Mo;eau; ceux de Cavatllon, Delmas, Rousseau · cie uz Gautraye, Suire et Venault de Charmilly.

( 1) II s'agit des chefs des hommes de couleur qui avaient pris leti armes en _\ novembre 1790. ns s 'etaient rendus sans resist~ce au colonel de Mauduit

-80-

Page 83: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Discoun de Delaville :

«Braves militaires, vous vous presentez pour proferer le ~erment ch-i­que, le serment saint, ce serment sacre que tous les corpl> de l'armee francaise renouvellent rhaque annee. Vous mettez dan~; ce jour le comble de Ia foi puhlique. Avec quel ravissement les citoyens de cet­te ville ne voyent-ils pas de braves guerriers renouveler sur r·autel de Ia patrie d 'etre fideles a Ia nation,i1 Ia loi et au roi. Citoyens militaires, milita:-:-es dtoyens, jurez tous ensemble a Ia face du Dieu des armees que -..-ous oubliez mutuellement tout ce qui s'est passe. Un moment d 'erreur vous avait egares. Le bandeau est dec hire et vos yeux soot ouverts, nous sommes tous freres, tous fran~ais; un seul interet doit nous animer a nous reunir a jamais. Benissons tous ensemble 1 'Assemhlee auguste de Ia nation. Elle s 'est occupee de votre bonheur, elle pourvoie ahondamment a -..os be .. oins par l'au­gumentation de votre paye. EUe vous soustrait a I 'arbitraire du com­mandement par un nouveau code militaire. Elle vou8 ouvre Ia porte des honneun. Le merite et l'anciennete du sen·ice \"OUS a..surent de parvenir aux grades superieun. Ares de ltels hienfaits, quel ~rait celui d 'entre vous qui ne henirait mille fois .les peres de Ia Patrie : Quel serait celui d 'entre mus qui ne versat jusqu 'a Ia demiere goutte de son sang pour ~outenir Ia Re­volution de I 'Empire franc;ais: Mais Ia nation comhle de fll\·eurs 1' annee francaise, elle a le droit d 'e~r d 'elle une obeissance passive et sans homes aux lois mili­taires. EUe exige Ia subordination envers vos chefs. Elle exige que vous soyez fideles a VOB drapeaux; elle proscrit la licence et Ia deser-

qui en avait fait emprisonner quelques uns a Port-au-Prince. fls profiterent de l'ouverture de Ia prison pour s'en{uir. cDans les premiers jours d'octo­br~:~. ecrit un contemporain, cplusieurs d'entre eux, Andre Rigaud, Boury, Bleck et Rey etaient poursuivis par Ia juridiction des Cayes pour le fait de cette prise d'amies. Pour les soustraire a Ia fureur du peuple de cette ville, 1

le colonel de Mauduit _les fit transferer, sous srlre garde en execution' d'arret du Conseil superieur. de Saint-Domingue, dans les prisons de Port-! au-Prince, ainsi que quelques perturbateurs qui lui furent designes par\ l'Assemblee proJ1nciale comme agitateurs, auteurs et complices de l'assassi- \ na-t du major de Codere. _L 'arrivee de Ia station le 4 mars suivant, en ouvrit \ les partes aux uns et aux autres, · comme a des victimes du despotisme. Les>soldats d'Artois et de Normandie ne crurent pas devoir distinguer les hommes de couleur des autres prisonniers ... » (Precis historique des Anna­les ... I, p. 33 et suivantes).

-81-

Page 84: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

tion et saurait les punir. Sans discipline i1 n'y a plua d'armee, sans subordination il n 'y a plus de soldat. Un guerrier n 'est. veritable­ment brave que lorsqu 'il est attache a ses devoirs et aux officiers qui le commandent. Et vous, M. le commandant, vous qui etes parmi nous, vous n 'oublierez jamais le serment sacre qui vous enga­ge a ne faire marcher vos troupes contre le people qu 'a Ia requisi­tion de Ia municipalite et de Ia loi. Une confiance entre le corps des officiers du detachement, des officiers municipaux et des gardes nationales cimentera I 'wrion et Ia concorde qui renaissent chaque jour.

Si I' amour pour le prince fait un brave, il n 'appartient qu 'a l'amour de Ia patrie de faire un heros.• Le commandant pour le roi s'est alors avance et cdu ton le plus a£­fectueux et le plus patriotique•, a prete le serment suivant :

«Je jure d'etre fidele A Ia nation, a Ia loi, et au Roi, et de ne ja­mais employer les forces qui me sont confiees qu'a Ia requisition de Ia municipalite et pour I' execution des loin .

Les officiers, sous-officiers et soldats du detachement pretent le meme serment. Le commandant general des gardes nationales prete le serment suivant:

«Je jure detre fidele a Ia Nation, i Ia Loi et au Roi et d'oheir aux ordres de Ia municipalite t9utes les fois qu 'elle le requerra pour assurer I 'ordre et Ia tranquillite publique. •

Apres lui, les officiers sous-officiers et soldats de Ia garde nationale pretent le meme serment. La municipalite se rend ensuite dans l'egtise paroiuiale cpour tenni­ner par des actions de grace cette heureuse journee qui reunit tous les coeurs ... t Ont signe : Journu, maire; Longuefosse, Rambaud, Beauzamy et Demalval, officiers municipaux, Reneaume, procureur syndic, Boucher, lo substitut, Tllpiau, Billard, Desclaux, Bergaud, Guerin et Labiche de R. notables, Reynaud de Saint-Felix, Reynaud de Chateaudun aihe, De· Bruyes, Devillejouin, Reynaud, Gayet, Adelon, Cousin, Quantin, Bourgeois, Cutin, Colin, Maseonneau, Reye (?).La Gautraye, Dapin, Delpy.

La municipalite, precedee de l'onflamme nationale et entouree de toU8 les corps civila et de toua lea officiers des gardea nationales etant entree dana l'eglise au bruit del'artiDerie, du 1100 des cloches et d'une eyuaphonie executee par une foule d'amateun patriotiquea, il a .

-82-

Page 85: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

• d'ahord ete procede a Ia benedicl.ion de l'oriflamme puis le Te Deum fut chante «avec Ia plus grande solennite».

La municipalite est eneuite reconduite «avec Ia meme pompe» a son hOtel oit upres plueieurs airs analogues a Ia circonetance exe­cutes par les memes musiciens natriotes. l'oriflamme nationale a ete deposee dans une des salles de Ia maison commune et tous Ies cito­yens, ne respirant que Ia joie et I 'allegresse ont alors ete se repandre dans les rues de Ia ville des Cayes ou des illuminations ingenieuses et multipliees ont annonce donner )'esperance flatteuse d'un retour sincere de r ordre et de Ia paiX» Tousles presents, environ 135 personnes, ont al01-s signe.

Cette manifestation d 'union sacree de Ia municipalite, illegale­ment maintenue dans ses fonctions, sera sans lendemain. Chacun feint d'ignorer en effet Ia question desormais explosive des gens de couleur.

***

Dans l'immediat, on ne saurait trop se hater d'elire des repre­tants de Ia paroi 3Se a Ia nouvelle assemblee coloniale convoquee pa!' Blanchelande a Leogane le 20 mars. Cn mauvais vouloir general repoussera le terme de ces oper&tions electorates jusqu'au debut du mois d'aout. Un contemporain explique ainsi ce retard: «.. Ie degout que !'experience de la premiere assemblee avait cause aux colons paisibles et qui redoutaient tout de !'agitation des esprits, tant dans Ia colonie que dans la metro pole, autant peut-etre que ropiniatrete des partisans de cette assemhlee qui persistaient a ne pas Ia considerer comme dissoute, et dont les me­'leurs attendaient l'effet des propo:"itions que deja ih avaient fait faire au cabinet de Saint-James, a\·aie11t retarde jusqu'alors les elec­tions.» (l)

( 1) Cf. Precis historique des Annales, 1. p. 44.

-80-

Page 86: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

A ssemblee paroissiale du 13 mars 1 791 Matin.

Ordre du jour : «nomination dl'>' memhrl"- d" Ia nouvelle a&~emblee colonial!". I'll \Ue de Ia n:unio11 getH:ral·· de LPogane le 20 mars, et ... edairer le~ cit oyens :<Ur f"ohjd dr Cl'tlt• a~,.t·rnbJee».

Pi~ce~ doni il t>•l donut: lo·t"lur•· : Ia lo•ltrt· du l!~nrral du 21 fevrier arrompal!nant ~a proclam.rtiotl tt"un,. nouwllo• a~~rmhlre coloniale; )e,. lettre" pall'nl••, du roi du :!:! ol'l .. loro• 171JO ... ur le decret du 12 ortohro·. «offi,.it•ll•·nwnt t•moy•: ;i :"aint-Dominl!nc, et>lui declarant l'a,.,..rm!JI,:,. ,.i-dnant ~eank a ::'aint-1\laro· dt;l"hue dr ~s pouvoirs et tou" It>~ nu·mlm·- clt:poniiJ,:, d·· leur o·aral'l•~r•· do· deput,:~ a ra. .. sem­hlt;,. o·oloniale ... -.

Formatin11 du bureau : .lournn ,:lu pre,.ident, Rcneaume lioecretaire.

l.o· rr,:,jd,•tll fail rt•marquer qu'on nc pt·ul prorcder a t'f'~ elections I ant cpw Ia !i,tP dt·~ c·itoyt•n• af'lif~ de Ia paroi1!1'1' II 'a pa>< cte etablie. l ru· c·"'""' j,,iort ,.,., nolillllt:t' a ct>l t>fll'l. E11 font partit~, pour Ia 'ilk. Ko•.rlfchrc. (;uidwrd. <:), . ..,. jt'UIIP 1'1 Cham (W-I, pour Ia plaine, Bo·r~··•~tcd. 'l~tHI'I I hmw,1 ... L,tltidH• do· Ht~i;.:ndort d Gouin pere. ( .llihJUt' ··it .. ~ I'll ,.,, pric; "' fain- \aloir -··- droitzs a Ia citoyennete .rdj,,. o·n apportant haux, ···mtrat" c..l'•" 'l"i~ition et autres pieces.

[ II eitoyen atlirf' a 11011\ t•au J'atlelllioll ~Uf Je llOrt malheureux de,.. I'X-tlt:pult:, it l'f'x-a.~:-~·mhl•:,. df' :-'aitlt-\1an· «exiles a Paris». Une

,ouscription ""ra or<~anil>et· pour leur \ .. uir •·n aidr.

On I signe 25 1·itoyen~, apre:' Journu, muir(' ef Malterre, marguil­

licr. Tant que le quorum requis pour l'ouvt·rt_ur(• ,des se~n~~s n'~t

pa:- atteint et que \a liste de:- t·itoyens a1·l1f.., n ~pas cte ctabh~, l"as,.,·•uhlee sera reporlt~c d'un diman~he a l'autre Jusqu'au 10 avr•l, dah' a laquellc lc~ operation,. flectora)ei\ pourrant commt!nccr.

A ssemblee por01ssiole du 20 mars 1 790

:-it-anee report•:,. au :!7 mar,.

:!-l .. ignature,...

Assemblee paroimale du 17 mars 179/.

-84-

Page 87: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Le president rappelle l'ordre du jour qui decoule du decret du 12 octobre dernier. II observe «avec douleur le peu d'empressement que mettaient les citoyens de Ia paroisse a se rendre 11u:x assemblees lorsqu 'un objet aus8i intereesant neanmoins elit du leur en faire un devoir ... le nombre de ceux qui se trouvaient reunis dans l'eglise semblait insuffJSant encore .x>ur proceder a Ia nomination ordon­nee». Les commissaires charges d 'etablir Ia liste des citoyens actifs de Ia plaine ont fait un rapport a Ia municipalite : ils n 'ont pas encore pu dresser le tableau des citoyens actifs de leurs cantons respectifs. La municipalite deliberera du parti a prendre. Comme il est impossi­ble de determiner le nombre de' representanu a elire en l'absence d 'une liste complete des citoyens actifs, Ia seance est repartee au ~anche 3 avril. 23 signatures;

Auemblee paroulillle du J tll'ri/1791

Pour laisser a l'assistance encore trop peu nombreuse le ~mps de croitre, le_ president donne lecture de~ pieces suivantes :

lo une lettre du club patriotique du Port-au-Prince a l'assem-

blee provinciale du Nord; 2o une deliberation de Ia paroisse du Petit-Goave relative

a Ia reinstallation de Ia municipalite; 3o un reglement arrete par celle du Port-au-Prince pour Ia

Garde nationale du dit lieu; 4o L 'adresse de Ia municipalite des Cayes a l'assemblee natio­

nale sur Ia revolution operee dans Ia colonie par l'arrivee de Ia station ;(1)

5o L 'adresse au roi sur le meme sujet; 6o L 'adresse aux diverses chambres de commerce de France

ayant pour objet de les rassurer sur les craintes mal fondees que I' on s 'est plu a leur inspirer sur les colonies.

Intervention de Journu. II deplore a nouveau «l'incontlCience» des citoyens, notamment ceux de Ia plaine qui oppo!lent un «refus constanb aux convocations. Etant encore aussi peu nombreux, il ne JX·nse pas pouvoir proceder a ces elections. Or, tarder da,'anta· €t serait, selon :lui, «S 'exposer a se faire passer pour refractaires

(1) Du20marsl791. C..'f Arch.nat.ColoniesDxxvC65d655,p. 7.

-85-

Page 88: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

aux decreta nationaux et aller peut-f!tre au devant de nouveaux malheurs... » L 'assemhlee doit decider que I' election aurait «irrevo­cablement» lieu le dimanche suivant, date a laquelle le tableau des citoyens actifs de\Ta etre etabti. Deja le Petit-Goave a elu ses de­putes. Le Port-au~Prince elit les siens aujourd hui. «La paroisse des Cayes ne doit pas mettre plus d'indifference que les autres a une election aussi interessa'lte sans passer pour desesperer de Ia chose puhlique)). ,\pres en avoir delihere.l'assemhlee arrete :

lo L 'election est irremcahlement fixee au dimanche 10 avril 2o Une convocation peNOnnelle sera adreS8ee a tous les citoyens

actifs de Ia plaine et de Ia ville. Les noms de ceux qui seront ab­sent~ ~eront affiche;;.

3o Ia municipalite et le~ commissaires designes acheveront le ta­bleau de,. citoyens actifs.

4o Let' citOyt'll~ non actifs Reront invites a ne pas se rendre a I' as· semLlee dimanche prochain «pour eviter Ia confusiom

Texte de Ia convocation : «Messieurs, c'est pour Ia quatrieme fois que l'a~"embh~e convoquee pour Ia nomination des d~putes a Ia nou­,·elle a;~,.emblt~e coloniale est remise faute par les citoyens d 'avoir justifie de leur activitc et de s 'etre reunis en nombre suffisant. II n 'est pa" po"~ible de Ia remettre sans exposer Ia paroisse a passer pour refraetaire aux decrets nationaux. Nous avons done l'honneur de mu,; pn:venir, M ... pour Ia derniere fois que dimanche prochain, dix du courant, il sera definitivement procede en l'eglise paroissiale a Ia nomination ordonnee. Nous vous engageons d 'ici Ia a justifier par devant le notable de votre quartier des titres etablissant votre

activitr. ~ ou~ ne croyons pas devoir \'OUS laisRe~ ignorer q~ 'au pr:_>Ce&- ve~~al de nomination que nous rendrons puhhc par Ia vme de IImpres"Ion sera joint le tableau des citoyens convoques qui ne se "cront pas

rendus a l'assemhtee. Nous vous prions de communiquer notre lettre ch.l~ ,person~es attachees a votre habitation et qui reunitosent }es quahte~ reqUI:;CS pour voter ... aux termes des decrets nation~ux, tou:s les <:itoyens ayant droit de voter ne peuvent le faire en habit de garde natwnale.»

38 signatures.

Assemblee paroissiale du 10 avril 1791.

Matin.

Page 89: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Ordre du jour : nomination des deJRlteB a Ia nouvelle assemhlee colo­niale en execution du decret du 12 octohre 1791. Meme hurean. Journu. ouvre Ia seance en annoncant que Ia paroisse compte 560 citoyens actifs. (1) Nouvelle lecture du decret du 12 octohre et des instructions du 28 mars 1790, et de Ia proclamation du gouverneur general.

A raison de 1 pour 100 citoyens, Ia demiere centaine devant etre de 50 au moins, Ia paroisse aura 6 dep:utes et 6 suppleants.

Le scrutin sera individuel a la pluralite des suffrages. Les bulletins seront !!ignes. Designation des scrutateurs : Poydras, Reneaume jeune, Billars notaire et Boucher aine .•

Resultat.. Ju scrutin : 1) Durand, avocat, elu avec 2) Grandchamp 3) Castelpers 4) Millet 5) Delaval 6) Fauga

Aprll·mtdt.

Election des suppleants : Resultats du scrutin :

79 voix'sur 195 94

145 139 138

81

1) Bourjolly , elu avec 65 voix sur 139 2) Champel 61 3) Rollain 52 4) Seovaud 42 5) Pic de Pers 37 6) Martignac (Paul) 39

Pouvoirs des elus : «enoncer le voeu de Ia paroi~se aupres de l'as­semhlee coloniale et demander l'etahlissement aes assemhlees ad­ministratives et des municipalites conformement aux decrets natio-

( 1) n faut croire que les auteurs du premier recensement etabli en juin 1790, qui avaient compte 963 citoyens actifs pour Ia paroisse des Cayes, avaient ete genereux.

-87-

Page 90: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

naux et ce, provisoirement sauf a presenter a l'Assemblee nationale le mode qui com·iendra a Ia localite sur les unes et les autres de ces &<'!lemblees. M. le maire rece\Ta le serment des deputes et les invitera

-... _.......,.._T..;e 1e~d;e "prorriptemerit a Ltogane. ,. · ,.

1 .a li~te det~ cit oyens pre8enbl avec leurs signatures, est annexee

• ~ _,.... .. 41 , •iu ~d.,~--~~r.~al; (1) On re~f-.~e 25T noms.

i 1) Ustc dPs citoyens actifs de Ia paroisse des Cayes presents ti l'assemblee varois~iale du 10 avri/1791. 255 presents:

ABADIE ACCAVEE AfJELON Al.ARD AIRFRT AR:VAJJERE

/J,J.\.1;1/ I>ARAJN HART/If.. Jean BAIL. H. BE4CDIN BEALZ4MY BETBFDER CJ/t!RNAL CIH RPtNTIER Cf/.tRPtWIIER CJIFJJ..tL ('1./.:HL.\'DOT COI.ONNA ( 'f J\1/JFL ('UIW/t:R ( UI~.\1FROT (0lRCHt1 cnR/JI,VJERE cN-tl r · . : I RPJ:NTIER

lite Oli•l 11./.ARD ! l.-!.1.' fU v;ER. J)A f '.H. I '>FI>..t t l FRE ; J/.1 ./l<Ji:

BILLARD ou BILLIARD BOURJOLLY--PA YS BILLARD notaire BRUN BILLETOUT BLOIS BONTEMS BOUCHER jeune BOUCHER, sub st. du pore svnd.

C.RR CAGNY CAMBRY CAR.RIEAU

BOURDET CARVILLON BOURGELA CASTAING BOUJ.ANGER CASTAING (Franfois) BOl 'RGEOIS CASTERA 801/RREE CHAILLOU BOURJOLLY(ChevaL) CAUDRON BOURJOLLY-EPIMACHE CAHIGNEAU BOURJOLL Y -GrandmaiSon CHAMPEL t~HENARDame LABORDE t"SHENARD, jeune LABORDERIE, cure ESHENARD, neuveu LABARRERE

FABVRE r"ATJN FAUGAS Dt:DON Ft:RRAND FOURREAUX FRAISSE. afne I-RA/SSE Jerome FORMONT de Ia Boulvar-

diere FOURNIER-DUVAL !-J~AJSSINET FUCHARD

CACHET

LABURAU LA CHAUX LA FARGE LAFERRANDIERE LORORET LALANDE LALANDE LALOUE LAMBERT LANGLOIS LAPORTE LAROQUE LAURENT LAVIGNOLLE LAVILLEAUD LACOUTURE

Page 91: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

DELAVAL GALAUD LABARRIGRE, neveu DELATRE GARIGOU LAFARGUE blf.~A VILLE, afjti GALLAIS LARROZE DELA VILLE jeune GASTEA U LEJEUNE DELCLOQUE GAVANON LETELLIER DEMALVAL GAYET LENOIR DEMUZAINE La GENERES pere LEMOYNE

Grenouillert GENTILLON LEVIS DEMUZAINE des GENSAS LONGUEFOSSE

Perches DEMl 1ZAINE pere GENDREAU LONGUEPEE DESCLAUX GILLET LONGCHAMP DES VERGERS fils GOBERT

afn¢ DES VERGERS fils GOU/Npere MARCHAND

cizdet DES VERGERS pere GOUVERNET MARIN DEBES GRAND MARTIGNIAT afne DEL/NO IS GUERIN MARIOITE DERVILLE(Pien-e) .GUEYE MARQUET DUBOIS GUION MARTIN DOUCHE MARTIN Bellefont DULONL HO MAUREL DUSSOLJER HOUMARD MEKNEM DOMERGUE HUBERT MER CENT DUPONT HURON MERCIER ou MERISIER? DURAND Jean, MIGAULT

avocat DUCHEMIN JA MILLAU ou Mll-HAU? DUGUE JACOTOT (Pie"e) MOUILLA DUPLANTE JACQUESON notaire Louis MOREL (LOUIS?) Dl.i?IN arne Henri MAL TERRE, marguillier DUPUYveuve JAVAIN DUTHILLET de Ia JONES NARBONNE

Motte DUVAL de Monville JOURNU maire NAVAR/A DUVEAU JUNKERRE NODEREAU

NOBLET KIERKOFF NOYER

(I) Lettre de Ia municipalite des Cayes a l'Assemblee nationale, en faveur du retour dans Ia colonie des membres de /'assemblee de Saint-Marc retenus a Paris. cArch. nat. colonies, Dxxv C 65, d 655 piece 7.

(2) Le 14 juillet, date anniversaire de Ia prise de Ia Bastille.

OGIER OLLIVIER

RAYNAUD R DEAU REULLON

-89-

SORHY SMITH SUIRE

Page 92: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

PARGON PAU PAYOT PAYEAU PELLETIER PEMERLE atnee PERRJNSde

Richemont PETIT PICdePERS PLAINVILLE

Thomas de pOT

RENEA UME jeune RICHARD RICHARD aini RWET ROLLAIN ou Rollin RONDEAU ROYER ROYNET RUINEAU

RIGOT

POYDRAS SAINET POT:ER BALD/VIA SAMSON PRA UD SALGUES

QUENILLE atne QUENILLE Jeune QU/TARD

SARRET SEOVAUD SERPOLLIER SIMON de SIREUIL

RAMBA UD Jean- SOUBIRAN Paul, npt(lire

RA YNA UD ou REYNAUD; RA YNA UD Saint-

Felix.

TAPIAU(Jean) TAURES TAUR TEMPLIER TOIRAC jeune (Pie"e) m4itre en chi · 'foiRAC-~ ~ arne TRAINQUILLE TRIGANT de Pre$sac

(Henri)

TRIG ALAND TUFFET Bellnoche TUFFET /JuT;tesle TUFFET Dents TUFFET La Ravine

VA CHON de Montpellier VERNE/'- VIDAL-

CAPOUL VIAUD- VIGNEAUDou

VIAUD- VIGNAUD

Page 93: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

C'est done ci peine la moitie du corps electoral qui a pris part au vote, mais elle a nettement marque sa volonte de poursuivi'e : dans la voie tracee par l'assemblee de Saint-Marc en faisant porter: \ son choix sur une majorite d 'anciens deputes dont trois sont en co- ,\· ' ' rea Paris. La municipalite des Cayes avait ecrit le 20 mars a l'As­st>mblee nationale en reclamant le retour de ces exiles dans leurs foyers. Tout en affichant des sentiments «patriotiques» de fideli-te envers la metropole, vivement remerciee pour l'envoi des ren­forts de:Jarques a Port-au-Prince, elle se livrait a une denonciation en regie de l'admiri.stration coloniale coupable de faire peser sur la colonie le cdepostisme le plus arbitraire» ... depuis environ sept mois:

« ... c 'etrit un crime que de mettre son opinion au jour ;nos gestes etaient remarques, nos demarches ponctuellement suivies, un nombre immense de citoyens de toutes les paroi11e1 dn parties de /'Ouest et du Sud etaient ~tenus dans les fers au Port-au-Prince pour cause d'opinion. Nos municipalites avaient ete arbitrairement casaees par le general ... Au moins cent decrets de . dse de corps ou d'ajoumement personnel avaient ete lances ... on ignore pour­quo/, contre des citoyens honnetes ce qui a force plusieurs d'entre eux a s'expatrler .. .»

La colonie n'a pas droit a d'heureuse regeneration »qui s'ope­re dans la mere-patriei et cependant elle demeure fid~le et c'est au nom de cette fidelite qu 'elle demande:

«justice pour nos malheureux deputes de l'assemblee de Saint· Marc qui sont a Paris. Vic times de leur patrlotisme, ils ont ete forces d 'une maniere horrible a se rendre auprls du senat franfais. Leurs proprietes exigent leur presence, leurs femmes et leun enfants pleu­rent sur le sort deplorable ... Daignez done, Messieurs, leur pennettre de se rendre dans le sein de leurs families ou leur presence est indis­peniiQble et necessaire ... » (1)

Mais l'assemblee nationale n 'est pas disposee a la clemence. La demarche reste .sans echo. On en deduit, aux Cayes. que la me­tro pole n 'a pas apprecie la reelection de tant de Ieopardins a Ia

-91-

Page 94: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

nouvelle assemblee coloniale, et pour obtenir le retour des pros­crits, on est pret a refaire ces elections. La municipalite fait convo­quer l'assemblee generale de la commune.

Assembfee poroissiale du 17 juillet 1791 Matin.

Journu donne lecture des lettres adre~<~ees a Ia municipalite par les assemhlees provinciale~ du Nord et de !'Ouest, par Ia municipalite du Port-au-Prince et par Ia deputation de~ Cayes a Ia Federation du Port-au-Prince (2). Ordre du jour : remplacement des 6 deputes et 6 suppleants elus le lO avril.

«... l'aasemhlee s 'etant particulierement decidee a renoncer a Ia precedente nomination faite dans Ia seance du 10 avril, parce qu '­ayant fait tomher son choix sur trois des anciens deputes de l'assem­blee de Saint-Marc actuellement en France, iJ se pouvait que ce choix eut fait prendre le parti de retarder le renvoi de ces memes citoyens dans Ia colonie, difficulte qui serait levee par Ia reilonciation que Ia paroisse se determinerait a faire de Ia dite nominatiO!l).

Comme il est «urgent» de se faire representer a hssemblee colo­niale, l'assemhlee decide d'adopter le ecrutin de liste plus rapide. n y aura deux listes, une pour les deputes, l'autre pour les sup­pleants. Resultats du scrutin : Millet J-B. est elu depute avec 126 voix

O'Shiell 125 Delaval 116 Drouet 91 Champel 59 Gouin fils -68

Drouet ayant refuse son election pour raison de sante est remplace par le pere Tardif de Ia Borderie, elu depute avec 56 voix. (1)

( 1) Cette election laisse croire que le cure des Cayes etait assermente. La Gazette des Cayes le confirmera dans son numero du 1 ~ octo~re 179.2 : « . .le Te Deum a ensuite ete chante par le pere Labordene, cure constrtu-tirmneb

nn

Page 95: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Aprf1-mldL Election dee deputes auppleants. Resultata clu IICnltin : Fatin, eiu avec 29 voix

Morel, ayocat 29 Bergeaud 22 Rollain 21 Labiche de Reignefort 20 Saint-Martin de Bellevue 18

Millet remet au preaident une lettre qu "d vient de recevoir de Ia mai· son Montant et Pluchard qui le charge d 'instruire Ia commune de l'offre qu'ila font de lui preter une somme de 6.600 livres pour sub­venir a une partie des frais de Ia deputation en cconsignant leurs regrets de ne pou~ir faire pour l 'instant une avanee plus forte,. . . La proposition est applaudie et aeceptee. D eat egalement charge de transmettre l'offre d'un pret de 3.300 lines de M. Pemerle. L'8888rnblee applaudit et accepte. Pouvoirs des deputes. Ila ont ete definis le 10 avril dernier, et ne sont pae modifies.

Ces pouvoirs seront etendus a la demande de la deputation qui ohtiendra des pouvoirs cillimiten le 10 aoiit 1791, au terme d'une breve seance de l'assemhlee paroissiale presidee par Tapiau, Montpellier etant secretaire. Entre temps,on avait procede aux Cayes au renouvellement de 1 'assemhlee provinciale.

A11emblee paroi11iole du 31 juillet 1791

Ordre du jour : Elections pour l'assemblee provinciale du Sud.• Bureau : president, Pargon, secretaire Maurel, avocat. L 'assemblee decide de rem placer tous les anciens deputes a cette assemblee prO\inciale» .. ayant cesse depuis longttmps leurs fonc­tions».

Scrutin de liPtt' double. Resultats ! Sont elu!i :

Maurel, avoeat MartijZDaC aint; La Barri.tre. ;,~meat Duehemin Ddt>tang Gt.•ntillon, habitant

-93-

92 voix 80 habitant 80 habitant 78 medecin du roi 67

Page 96: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Gombaud, habitant Seovaud, notaire Chaillou, procureur Mitamont, avocat Montpellier, habitant Duplante; notaire Gonjon, habitant

65 58 54 53 46 46 46

habitant habitant

La prestation de serment des cSlus est consignee sans commen· taire dans le registre paroissial a la date ciu lo aofrt. Le 6o, Gam­baud, etait absent.

Le 1o aout 1791 la nouvelle assemblee eoloniale avait ouvert sa session a Leogane. Elle decidait le meme jour son transfert au Cap, demiere residence du gouverneur et de son conseil depuis qu'ils s'etaient enfuis de Port-au-Prince au debut du mois de mars (1). La liaison entre la deputation des Cayes et ses mandants n'en sera pas facilitee. Plus que jamais isole, le quartier des Cayes doit faire face avec ses seules forces aux dangers qui le cement, au feu qui couve dans les ateliers et surtout a la pression accrue des gens de couleur determines a obtenir !'application du decret du 15 mai, serieux coup porte au prejuge par l'Assemblee nationale.

1 Ce redoutable decret dont chacun sait qu 'il pro met des droits civi.­/ ques aux hommes de couleur nes de pere et de mere libres,n'est

/ pas encore promuJgue. D reste dans les cartons du gouverneur. Malgr6 tous les efforts qui sont faits a Saint-Domingue et a Paris pour 1 'annuler, notamment le decret du 24 septembre 1791 , il va donner a la revendication d~ hommes de eouleur un ultime elan que rienne pourra plus empeeher d'aboutir.

( 1) Cf ci-dessus p. 68 note ( 1 ).

Page 97: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

MICHELE ORIOL SPftUMOMJ CAM,.·PERRIN

BP 1o4 LES CAVES HAITI W.l.

IV

LA GUERRE CIVILE (septembre 1791-novembre 1792)

Brusquement la revolte des esclaves de la plaine autour du Cap dans la ntrit du 22 au 23 aout 1791 posa Ia question en termes im­peratifs, montra aux colons Ia necessite evidente d 'un compromis. Chacun, qu 'il soit blanc ou de couleur, vit qu 'il avait tout a perdre dans un embrasement general des plantations. En septembre 1791, dans certains quartiers de l'Ouest, entre les gens de couleur armes, groupes et menacants, et les colons apeures, une politique de «Concordats:. avot fini par prevaloir contre l'esprit fanatique des corps constitues de Port-au-Prince. Le traite de Damien, signe au Cul-de-Sac le 23 octobre, reconnaissait les droits politiques aux hommes de couleur et negres libres et les laissait armes et en trou­pes constituees pour leur participation a Ia repression des escla-ves insurges. ·

Le decret, proclame constitutionnel, du 24 septembre 1791, pris sur !'initiative de Bamave, remettait tout en question : laisser aux assemblees coloniales existantes ou a venir le so in d 'appliquer J _,_

le dAcret du 15 mai revenait a confier le sort des gens de couleur a des areopages fortement marquee par le «prejuge)l>. n n'en J

fallut pas davantage pour que les hostilites reprennent a Port-au­Prince d'ou les hommes de couleur furent chasses le 21 novembre. Derriere eux s'allumaient des incendies qui detruisirent Ia ville aux trois quarts.

Le Sud n'est pas eloigne de t1arnber a son tour. Aux Cayes .. les assemblees n'ont pas cesse de s'opposer de la facon Ia plus ri­gide aux reclamations des libres. Aprea plusieurs tentatives mal­heureuses pour negocier avec les blancs, le changement de leur

-95-

Page 98: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

· statut, les hommes de couleur Cles Cayes ont quitte la ville vers le , : 21 novembre et rejoint lr. camp Prou. (1)

La premiere commission civile (~) d~b~cp~e au Cap le 28 novembre 1791. Elle a pour mission de ret~lir .l'ordre et de faire appliquer les decrets nationaux, le dernie~ en date etant celui du 24 septe~b~e: Ellene dispose pour reussir d"ilUtres armes que cel­les de «1 opmwn et de la raison» Aux Cayes, ou l'on se preparait a un affrontement avec les hommes de couleur du camp Prou, l'incendie de Port-au-Prince a fait mfuir ~-:.; tetes. Deja Torbeck a decide de reprendre Ia negociation. La paroisse des Cayes suit son exemple.

A ssemblee poroissiale du 4 decembre 1791

Matin.

En attendant que le quorum soit atteint pour pouvoir ouvrir la sean­ce, le maire communique:

lo) des polices adressees ala municipalite par le bureau de po­lice de Saint-Louis.

2o)

3o)

4o)

une lettre de Gouin, secretaire de Ia deputation envoyee a l'assemblee generale, du 21 novembre.., une copie imprimee d'une depeche du departement de Ia Marine a M.M. de Blcnchelande et de Proisy du 30 juillet demier, un arrete de l'assemblee generale du 17 novembre concernant le re­couuement des droits municipaux ... une lettre de Paul Martignac, depute a l'assemblee generate

du 21 novembre .. une lettre de M. Saint-Just a M. Labiche de Reignefort, notable, dab~e du Port-au-Prince le 29 novembre, conte­nant une partie des details sur l'evenement arrive le 21 du dit mois a Port-au-Prince ...

( 1) «Exposition que font MM. les commissa~res nommes et envoyes par l'assemblee provinciale du Sud, par les parozsses des Cayes e.t de Torb~ck, aupres de MM. les commissaires natioruzux civils, de l'a~semble~ c?IO,?wle, du lieutenant au gouvemement general, sur tous les fazts rela!if~ a l znsur­rection des gens de couleur de Ia partie du Sud. Le Cap, 5 fevner 1792.» Arch. Nat. Colonies Dxxv C 63, d 6:Jl5, piece 14.

(2) Composee de Roume, Saint-Uger et Mirbeck.

Page 99: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

5o) une lettre de Mangin Douence, commandant pour le roi et commandant general de Ia Garde nationale des Cayes a Ia municipalite, par laquelle il temoigne aux citoyens assembles combien il est sensible aux soupctons qu 'on a manifestes sur ses sentiments et sur les dispositions qu 'il a dirigees pour Ia defense de Ia ville. II offre ... d 'abandonner toute direction si ses intentions peuvent etre suspectees par la Commune et Ia prie de lui faire connaitre ses disposi­tions positives a cet egard.

6o) un paquet arrive a !'instant du bureau de police de Saint­Louis contenant copie de differents details de ce qui se passe a Port-au-Prince.

Ces lectures tenninees, Journu ouvre Ia seance. II lit Ia lettre adresscie le 2 decembre a Ia municipalite par l'assemblee provinciale. Apres avoir expose ~ 1etat de Ia paroisse «sur Ia question des gens de cou­leun, celle-ci invite Ia municipalite a convoquer promptement Ia commune pour deliherer cs'il y a lieu a nommer des commis­saires pour se joindre a ceu'\ dejA nommes par Ia paroisse de Torbf'ck pour se rendre au pres des hommes de couleun ... fixer le nombre de commissaires ... Proceder a leur nomination.»

Formation du bureau : Journu nomme par acclamations president, Reneaume secretaire.

Scrutin sur Ia question posee a bulletins signes. Sur 160, 97 soot pour l'envoi de commissaires aux hommes de couleur, 68 contre.

Apres·midi, 4 heures.

Deliberation sur Ia reponse a faire a Mangin Douence. La commune desavoue les propos «malintentionnes» qui l'ont alarme et lui renou­velle Ia confiance que lui ont temoignee les citoyens en le nommant «jeudi demien commandant general. Deliberation sur le nombre de commissaires qui formeront Ia delega­tion et sur sa composition. II est demande qu 'en {assent partie les capH:aines ·des navires en rade «a raison de l'interet qu 'ils doivent prendre. aux circonstancen. On leur ecrit dans ce sens. Accepte.(l) L 'assemblee decide que Ia delegation comprendra 5 commissaires

( 1) On faisait appel aux capitaines marchands dans l'espoir d'obtenir le sou­tien anne de leurs equipages.

_Q7-

Page 100: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

pour la ville : Adelon, Beauzamy, Campagnac, Ferrand, Reonaume, et autant pour la plaine : Vanduffel, Bergeaud, Fraisse aine, Tuffet Dumesle et Camhry, Maisonniere representera les capitaines de na­vires.

PoU\;oirs des commissaires : ils se homeront a se joindre a Ia delega­tion de Torbeck pour se rendre ensemble «<a ou soot rassemhles lei< citoyens de couleur (1) ... eJ,tendre et recevoir par ecrit leurs propositions et le tableau de leurs pretlmt>ons et des causes qui ont pu motiver leur ras!'emblement, conferer avec eux sur ces motifs,· leur dire tout <'e qui paraitra le plus convenable pour Ia rapprocher de nous et le~ porter a !'union, a Ia concorde et a Ia paix ... dresser pro<'es-verhal de leur operation et des demandes, dires et pretentions de~ eitoyent< de couleur, qui y apposeront leurs signatures)) ... II et<t ah,oolument interdit aux commissaires de nien arreter, ni preli­minairement ni difinitivement avec les dits citoyens de couleur 'lu'il n 'en ait ~te pris connaissance par la Commune et par elle deli­hi-~» ...

La forte opposition ;I toute reprise du dialogue (68 bulletins) explique les limites etroites de ces poti'Voirs.

La rencontre aura lieu le 6 decembre sur !'habitation Marie­Louise a Ia Ravine ~che. Le ll,l'assemblee communale entendra le rapport de Ia deleJ!;ation.

A ssemblee paroissiale du 11 decembre 1791 Matin.

Bureau : journu rt:elu president, Reneaume secretaire pour les deux parois~>es de!! Caye>' et de Torbeck. Lecture du proee~<-verbal de la reunion sur l 'habitation de Marie­Louise le 6 decembre des comrnissaires avec les citoyens de couleur, contenant les details circonstancies de leurs operations et des decla­rations et demandes et pretention& des citoyens de couleur comprises en sept articles differents; le dit proces-verbal signe des commissai­res de!! deux paroisses et des 14 comrnissaires des citoyens de cou­leur.

· ( 1) Pour la premiere fois les hommes de couleur libres sont designt!s par ces termes. Est-ce pour faciliter Ia negociation ?

Page 101: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Une minute du document a ete deposee le 7 aux archives de l'as­semldee provinciale du Sud. Journu fait lire une adresse de l'as­sembiee provinciale du 10 decembre aux ·communes de Ia provin­ceotJ.

apres avoir recherche et etabli les causes et les motifs des differents troubles qui ont agite et agitent Ia colonie et desirant prevenir qu ils n 'aillent a leur comble si l'on n 'adhere pas a une partie au moine des reclamations des dtoyens de couleur, (elle) propose aux <. :>mmunes de Ia province un plan de bases constitutionnelles sur l'etat politique des dits citoyens de couleur, sur leur activite et sur leur eligihilite (1 ). Pour ce plan s 'il venait a etre aecepte d 'un co­te· par les communes et de I' autre par les citoyens de couleur, etre ensuite adresae a }'adhesion de l'assemblee generale et a !"accepta­tion du lieutenant general au Gouvemement.

Au cours de Ia discussion, plusieurs petitions sont proposees. D¢8 citoyens evoquent les nouv;eaux malheurs qui menacent le quartier et souJ!_gnent da necessite indispensable d 'une coalition generale sincere et de bonne foi avec les citoyens de couleur». Les Bases constitutionnelles sont «pesees, mises en opposition avec les pretentions des hommes de couleur, rapprochees d 'elles, enfin_.apres plusieurs avis ouverts, combattues, amendees». Journu pose Ia question suivante :

MM. les commisSaires deja nommes par Ia commune dans f assem­blee de dimanche dernier ... auront-lls Ia faculte a eux seuls de pro·· poser et faire accepter aux citoyens de couleur les Bases constitu­tionneUes proposees par l'assemblee provinciale du Sud dans son adresse aux communes du 10 courant au lieu et place des demandes qu 'ont eux-memes faites les dtoyens de couleur ? ou a defaut de pouvoir parvenir a leur faire accepter ces memes Bases constitution­nelles, les commissaires pourront ils au nom de Ia commune accep­ter purement et aimplement les demandes etablies en sept artiCles dans le proces-verbal aigne le 6 du courant tant par les commissaires des citoyens de couleur?

( 1) On n 'a aucune precision sur les concessions qu 'on leur proposait. C'etait beaucoup moins que ce qu'avaient accepte les blancs par le concordat de Damien.

_()()_

Page 102: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Les citoyens qui repondent affirmativement se placeront du cote de la chaire; le cote oppose recevra leB reponses negatives. C'est un «oui a l'unanimite» Les commissaires sont done «ex­pressement»

autorises a se transporter de nouveau sur 1 'habitation de Marie­Louise on les conferences ont deja ete tenues, et ce .le plus tOt po!~sible; et hi, reunis a Ia coumission de Ia paroisse de Torbeck> faire part aux citoyens de couleur des dispositions et intentions de de Ia commune a leur egard, employer tous ler,. moyens possibles pour leur faire agreer et accepter les Bases consututionnelles ... leur faire ~entir qu 'elles se rapprochcnt plus de 1 'equite et de Ia raison que par­tie de leur~ dcmande!' qui peuvent meme toumer contre leurs inte­ret;. personnels "'i elle t;taient admises sans restriction telles que sont relle~ portee!' dan~ l'article 2 de leurs propositions. Et enfin, apres avoir t>rnploye toul'l Ie~ moyens que leur suggereront leur prudence, leur zP.It>, leur civisme t'l leur amour pour le bien public si MM. It·~ eommi><~aire!< ne peuvent parvenir a faire agreer et accepter par It>~ eitoyi'IJ~ de eouleur lcs dites bases contitutionnelles, alors MM. le~ commi;;"aire['l nomme;; ct a nommer, demeurent formellement aulori,e~ a at·t>eplt>r au nom de Ia commune les demandes £aites par le~ t~itoyen~> de eouleur et consignees dans le proces-verbal du dit jour 6 du muranl, lesqudles de~des MM.les citoyens ont declare LiNI eonnaitre, avoir bien compris toute leur etendue et toute leur porter; promettant ~ou.s Ia foi du serment le plus sacre d'agreer et reconnaitre tout cc qu ·auront fait MM. les commissaires a cette oceasion et exeeuter avec loyaute et franchise tout ce qu 'ils auront arrete avec les citoyens de couleur;MM.les commissaires demeurent specialement charges de faire exactement revetir les proces-ve_rbaux ue leur:~ operations de Ia signature des citoyeDB de couleur qm y au­rt•n• coopere et de faire le rapport de leur mission dans une assem­lllee de Ia commune qui gera extraordinairement convoquee a cet

effet.

Quelqu'un propose de joindre a la del~ation Billard (1), presi-

( 1) 11 s'agit vraisemblablement de Billard tEtienne-Josep.h) qui avait ~te vice-. 'd t puis president du club Massiac jusqu'en avnl1791 et_qw retour­

pres! esn. t-Doml'rtaue au debut de l'ete porteur d'un memOJre du club na a am ·oo- · ·z · · · 't · (G Massiac pour l'assemblie l!rovinci~le du Sud ou 1 eta1t propne arre . DEB/EN, Les colons de Samt-Domzngue ... p. 301-302)

Page 103: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

dent de l'aseemblee provinciale et Sercey, le commandant de la station. L 'assemblee accepte et decide enfin que les capitaines de navires seront tepresentes par trois commissaires au lieu d 'un seul.

Le proces-verbal de la seance est signe de 141 noms.

Assemblee paroissiale du 18 decembre 1791

Seance du matin. En presence des 15 commissaires, Joumu et Re­neaume sont reClus par acclamations pre1;ident et secretaire. Lectu­rt est faite des proc~s-verbaux dresseR les 12 et 13 decembre ~ur l 'ha­bitation Marie-Louise portant traite avec les citoyen~> de couleur et notamment acceptation pure et ~imple au nom de Ia commune du traite de paix des 19 octohre (I) ct jours suivants pa"~e entre les commill8airell ·ttl' Ia province de !'Ouest ainsi que les commi~~aire~ sus­d~nommes en avaient re~~u le pouvoir exprcs par Ia commune du 11 du courant dan~ le cas ou romme cela est arrive, il leur ~erait impo;~sihle de faire agreer par les citoyens de couleur les Base~ ron~­titutionneUes proposees par l a.-semhlet> provinciale dans ;;on adre~~e du 10 du courant. Les dits proces-verLaux de~ 12 et 13 du courant porlant egalement acceptation des au tres articles des demandes de"' eitoyens de couleur comprises dan" le proces-verhal dresse par le~>' commissaires smmommes le 6 du courant t>t convention de faire arrcter par de nouveaux commissaires qui ><eraient nommt:s a eel egard et qui Be joindraient a Ct'UX que nommeraient au~i Jes cito­yen>< de couleur, tout ce qui peut avoir rapport a Ia formation du camp mentionne a !'article !!ept du proces-\·erbal du 6 du courant. Dt:eJarant au surplul-4 tous M.l\1. letc~ commil;Saire:> avoir depo"e au gref­fe de Ia municipalite des Cayes Ia minute des proces-\·erbaux des l:! d 13 du courant ainsi qu 'il" en avaient souscrit !'obligation vis a vi,. dt':< citoyens de couleur.

1." as~emblce delibere. "ur le nombre de commissairt'>' t)U 'il ('tmvenait de nommer pour se n:unir a ceux que nommerait Ia paroito"'e de Torbeck eta tous ceux I JUt' nommeraient Je,. ritoyem• de. couleur pour, tous ensemble, exa­miner et arreter Ia •·ompositiou tle Ia troupe dt> :!00 homme;. de cou-, .

/1 J Le traite de Damien.

-101-

Page 104: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

leur mentionn6s en !'article 7 du proces-verbal du 6 decembre ainsi que pour determiner le lieu Ie plus convenable pour etablir dans Ia -circonstance le camp relate au meme article.

Six commissaires eeront elus, trois pour Ia ville et trois pour Ia plaine. Billard, notairei Fradin fils, Rivaud et Cherruaud sont nommes scrutateurs. Adelon, Martinon et Marzolas sont elus pour Ia ville; Labiche de Reignefort, Ia Gautraye et Demuzaine pere pour Ia plaine.

Les pouvoirs des commissaires seront de se concerter avec les commissaires de Torbeck et ceux des citoyen& de couleur «au lieu qui sera convenu» et de

conferer ... sur Ia fixation des depenses necesaaires pour parvenir A Ia composition d'un corps de 200 hommes pris parmi les citoyens de couleur pour, de Ia dite troupe une fois formee,~ en composer Ia garde d 'un camp qui sera etabli dans I 'endroit juge le plus conve­nahle par les commissaires des trois commissions reunies, pour por­ter des secours dans tous les endroits ou il y aurait du danger pour les differents 'flarliers des paroisses des Cayes ou de Torbeck : les dits commissaires au surplus devant prendre pour bases et pour guide de leurs operations tant le proces-verbal dresse sur I 'habitation Marie­Louise avec les citoyens de couleur le 6 du courant que Ia delibera­tion de Ia paroisse du 11 et des proces-verbaux dresses sur I 'habita­tion Marie-Louise les 12 et 13 du courant ... les interets de Ia parois­se leur etant formellement recommandes pour diminuer autant qu 'il sera en leur pouvoir les depenses que necessiteront Ia composition du dit corps de troupes, Ia formation du dit camp et eon appro­visionnement.

seance de l'apr~s-midi.

L • Assemblee delibere sur la demisssion de M. Marzo las de son poste de major-general de Ia g~~e nationale. Elle decide qu~ ~es circonstances exigent son mamtien, de calme et la tranquilite (n'etant) pas encore r~tablis».ll est ensuite donne lecture d'une lettre des citoyens de couleur datee du 14 decembre, assembles a la Ravine ~che, adressee a «MM. les citoyens hlancn t dans laquel-

-102-

Page 105: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

le ils engagent ces derniers a envoyer dansle yuartier de Jeremie(l) «.deux commissaires conciliateurs pour tacher d'y ramener lacon­eorde et la paix. L 'assemblee arrete «Qu 'il n 'y a pas lieu a delibe­rer».

Assemblee paroissiale du 25 decembre 1791 Matin.

Bureau reconduit par acclamations. Les commissaires donnent lecture du proces-verbal dresse sur I 'habi­tation Marie-Louise le 23 decembre , portant de~ande des citoyens de couleur, dans le cas ou le camp projete par le traite du 13 du cou­rant ne pourrait avoir lieu de suite avec deux pieces de canon. de quatre a Ia ~ostaing, de se reunir aux Cayes jusqu 'au nombre de 500 qu 'ils choisiraient parmi eux, mais a condition que ce nombre d 'hommes sera nourri et caserne seulement aux frais et depens des deux paroisses et que l'artillerie et les munitions necessaires seraient partagees entre les citoyens blanca de Ia ville des Cayes et eux, au moyen de quoi ils offraient de faice le meme service des citoyens blanca et de le faire sous lee ordres de M. le commandant pour le roi aux Cayes, demandant au dit cas les citoyens de couleur que lore de leur entree dans Ia ville, Ia Garde nationale vint lee joindre aux quatre chemins (2) sans artillerie de part et d 'autre, pour rentrer tous ensemble amicalement dansl'enceinte de Ia ville.

Deliberations sur ces «nouvelles propositions» «A l'unanimite ahsolue», l'assemblee repond :

qu 'il n 'y a pas lieu a deliherer sur Ia demande des citoyens de con­leur de rentrer en ville au nombre de 500 pour y faire le service avec

( 1) A Jbimie )es blancs avaient parque des hommes de couleur sur des navi­res infestes de petite verole sous le pretexte qu'il fallait les SIIUVer d'un massacre par les esc/aves dont ils auraient provoque Ia colere. Cf. Melle Fick, op. cit. p. 152.

(2) Ce ca"efour se trouvait au bout de Ia ~magnifique chaussee borrJee par des tosses servant a l'ecoulement de Ia ville et terminee par un pont de bois,, par laquelle on entrait dans Ia ville. Moreau de Saint-Mery, Dercrip­tion ... Ill, p. 1303.

·-103-

Page 106: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

les citoyens blanca, non plus que sur tous les autres points de leur" demandes relatives audit service. Arrete neanmoins que le camp de 200 hommes qu 'ils avaient offert et dont Ia formatio:1 a•ait ete acceptee aura son execution au,sit·-~t que Ia caisse publique pourra fournir les fonds necessaires a cett~ formation. En ce qui touche Ia demande des citoyens de couleur de leur fournir deux pieces de canons de quatre a la Tostaing pour Ia composition de leur camp arrete Ia commune qu 'elle ne yoit pas Ia neccs~ite de cette artillerie pour Ia formation du dit camp qui ne pent etre considere que comme un camp de police pour Ia plaine et neanmoins renvoye devant M. le commandant pour le roi Ia question de donner ou de ne pas donner les canons demandes.

Les pourparlers en resterent J.a. Les colons s'expliqueront plus tard sur leur refus de laisser entrer 500 hommes de couleur dans la ville des Cayes :

« ... c'eut ete mettre danB'la ville des (:ayes plus de 300 hommes qui n 'y etaient pas domicilies., En y recevant le nornbre de 500, c 'eut ete surpasser de beaucoup celui des blanes en etat de porter les annes et qu 'one fauese securite aurait conduits a Ia mort par defaut de forces et de surveillance. c 'elit ete risquer de donner lieu a une augmentation furtive de ce nornbre de cinq cents sans qu 'il eut ere possible de s'en apercevoir assez promptement pour conce­voir l'idee de s'y opposer. C'eut ete recevoir les Dominateurs dans Ia ville, des assassins et laisser leurs campagnes oil les habitants sont disperses aux mains du premier bourreau a qui il aurait plu de se presenter. C'eut ere recevoir les seducteurs des esclaves de Ia ville dont le nombre est beaucoup plus considerable que celui des autres classes reunies, et qui, plus rapprochee des mulitres et noirs libres par lea liens du sang et de !'habitude, auraient ete souleves par eux avec autant de facilite qu 'ils en ont trouve depuis sur les habitations. C'eut ere enfin subir volontairement le sort de Ia ville de Saint­Louis qui venait d'etre prise avec ses forts Par les mulatres.t (1)

( 1) cAdresse de l'Assemblte provinciole et provisoirement administrative du Sud ll l'assembUe nationtlle de France. :1 Les Olyes, le 23 j'tvrier 1792, Arch. nat. Dxxv 63/637, piece 11.

-104-

Page 107: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Cependant plusieurs documents prouvent qu 'a pres le r~jet par le8 hommes de couleur le 13 decembre des «Bases constJtution­nellf':S», les blancs des Cayes ne cherchent plus qu'a gagner du temps. Leur acceptation du traite de Damien n 'est pas ~incere. Tout en poursuivant les negociationsjls demandent a Ia metropole et particulierement au roi «au risque de l 'affliger», les lnoyens militaires de retablir une situation qu 'ils ne controlaient plus et de «contenir Ia force par Ia force» (1). En suscitant Ia pitie pour leur sort uffreux au dela de toute expression» ils es~rent hater l'en­voi des secours.

Cette tactique rejoignait celle des commissaires civils qui s'effor­caient, sans succes, d'ohtenir la reddition des hommes de couleur en leur promettant U.tle amnistie generale (2). Comme leurs freres de la Croix des Bo~quets, les hommes de couleur du camp Prou exigeaient des garanties (3) que les blancs des Cayes croyaient encore pouvoir leur refuser, preferant s'en remettrP. a la decision des armes. Tel etait du moins le parti-pris de ceux qui s'etaient reunis deux jours apres Ia rupture des negociations, le 25 decem­bre et qui avaient decide d 'armer un dixieme de leurs esclaves. La decision etait grave, voire dangereuse. Tis voulurent en parta­ger Ia responsabilite avec les assemblees locales.

( 1) cAdresse au roi par les membres de l'assemblie provisoirement adminis­trative du Sud:~ Dxxv 63/638, piece 18. cAdresse de l'assemblie provisoirement administrative de Ia partie du Sud de Saint·Domingue a l'Assemblie nationale:~ 18 decembre 1791 Dxxv 63/638, piece 19.

(2} ~Reponse des commissaires nationaux civils aux personnes reunies a Ia Ci'oix des Bouquets, Le Cap 21 decembre 1791, Dxxv 113/894, piece 22.

( 3) ddresse des cit oyens de couleur de Ia partie du Sud de Saint-Domingue a Messieurs les commissaires nationaux civils. Au Fond, le 24 decembre 1791:~. Arch. nat. Dxxv 1/17 piece 11. Ce texte porte 161 signatures .dont l'orthographe est parfois douteuse. Trois sont suivies du sigle mafon­nique f:f, Dufait, Rau1et Gellee. Un blanc des Cayes, Charles-Claude Gelee, hllbitant, capitaine de dragons (milice), etait membre de Ia loge de Frerf!l reunis aux Olyes en ].786 (Fonds ~onnique FM 2 44J B.N. manuscrits)

-105-

Page 108: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Assemblee paroiasillle du 26 decembre 1791 Seance du matin.

Journu annonce l'objet de Ia convention : ... deliberer sur un arrete pris bier par les habitants reunis des deux paroisses des Cayes et de Torbeck pour se rendre avec le dixieme de leurs negres aussi armes a l'effet de former un camp aux Savanet­tes pour s'opposer aux entreprises criminelles des citoyens de cou­Jeur; et sur un arrete de l'aasemblee provinciale du Sud pris bier au soir par suite du premier qui lui sert d 'autorisation, enfin sur un arrete de Ia municipalite de ce jour egalement relati£ a celui pris par les habitants.

Apres avoir ete reelu president et Reneaume secretaire, Journu fait lire l'arrete pris par les habitants Ia veille puis il attire !'atten­tion des citoyens sur un passage du texte :

... chargeons en outre nos commissaires de reCfUerir de Ia municipalite des Cayes Ia meme autorisation ( celle d 'armer le dixie­le de leurs negres), de requtrir encore d 'elle qu 'elle assemble de suite ll,l commune a l'effet d'etre demande dt:s secours d'hommes, de mu­nitions, d'armes et de vivres pour proteger le dit raasemblement et le seconder.

Suit une longue discussion:

M. le commandant pour le roi, ei• convenant de Ia ntScessite de secon­der les demarches de MM. les habitants, a observe de prendre gar de de ne pas trop diminuer les forces de Ia ville et a offert au surplus, quel que flit le detachement qui partirait, de se mettre a sa tete et de seconder I 'expedition de tous ses efforts.

Plusieurs citoyens font remarquer que sans exposer Ia ville, on

pourrait fournir un renfort assez consequent a la plaine. en ayant recours a Ia fregate et aux capitaines de la marine marchan­de qui sfuement se porteraient a fournir du monde. Nomh~ de citoyena ont aussi a· I instant offert de former un detachement

pour marcher sur le champ.

II est arrete a l'unanimite : lo qu'il sera Mvoye sur le champ un detachement de 150

a 200 hommee pour aller renforcer le camp que MM. lea habitants ont forme aux Savanettes, lequel nomhre d'hom-

Page 109: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

mes aera pris tant panni les citoyens de Ia ville que dans Ia troupe postee et dans Ia gendarmerie nationale . .. de Ia for­mation duquel detachement Ia Generale battue sur le champ pour faire rassembler tous les citoyens sur Ia place d 'annes et

y prendre I 'etat de ceux qui marcheront. 2o que M. le commandant de Ia station ainsi que Messieurs les

capitaines de Ia marine marchande seront invites a renforcer ce detachement du plus d 'hommes qu il leur sera possible

sans trop degarnir lee postea qu 'ils ont coutume de garder dans In ville non plus que leurs batiments;

3o que MM. les habitants refugies en cette ville des quartiers de J acmel, Beynet, Grisgris et autres lieux par les circonstan­ces seront invites a fournir quelques uns d 'entre eux pour ajouter au detachement qui va etre envoye en plaine;

4o et enfin que M. le commandant pour le roi sera invite ia. faire fournir de 8Uite a ce detachement Ia quantite de canons qu 'il jugera dans sa sagesse necessaire pour Ia defense tant du­dit. detachement que des habitants et de leurs negres deja reunis aux Savanettes, comme aUBSi d'envoyer toutesles m•mi­tions et ustensiles necessaires au service des dits canons.

Un citoyen declare :

Dans les circonstance critiques ou nous nous trouvons, tout interet devant cesser pour ne s 'occuper entierement que de Ia chose pubH­que, il conviendrait que les boutiques et magasins fussent fermes et les citoyens casemes . .. motion qui a ete vivement appuyee par le plus grand nombre de citoyens presents. L 'assemblee arrew que Ia municipalite ordonnerait aux particu­li~ de fermer boutiques et magasins et «a se tenir prets a etre caser­nes».

Le soir meme vers cinq heures , 300 hommes se mettaient en mar­che sous les ordres de Mangin Douence, capitaine general et de Rimbert aide-major de Ia garde nationale. L 'Observateur colonial rev~le Ia destination de ce corps :!'habitation Gerard ofl «MM.les habitants, par un arrete pris entre eux, doivent se reunir avec un dixieme de leurs forces:. (leurs esclaves). (1) ils ne purent s'y maintenir. et le 2 janvier ils rentraient en ville. Le 5 janvier 1792 l'assemblee provinciale informait l'assemblee coloniale que Ia cau­se principale de cet echec etait l'indiscipline des recrues :

( 1) no 1 du 1o janvier 1792.

I I

Page 110: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Nos .maux sont ti leur comble, notre patience, nos demarches nos propositions de paix aux hommes de couleur rrusembles en armes dans les hauteurs de Ia Ravine Sec hen 'ontservi qu 'd les encourager il tous les exces les plus inouis. Nous VOUS avons instruits, Messieurs, de Ill 1esolution qui fut prise le 25 du mois passe par les habitants de Ia plaine de se rassembler en armes et de reunir aupres d 'eux les nlgres de leurs ateliers auxquels ils avaient le plus de confiance, et que le lendemain Ia commune de cette villearma! trois cents hommes pour aller soutenir ·les commun~s de cette ville; ce rassemblement n 'avait pour but que leur surete j,ersoimei1e, ainsi que nous avons eu l'honneur de vous le dire. On notifia cette intention aux hommes de couleur, mais ce dernier acte de moderation n'a fait ,qu'exciter leur ferocite; bien tot nous avons appris en fremisSilnt que tous les ~a/heureux habitants qui avaient ete egorges_.chaque jour 110US a appris de nouveaux exces; nos forcenes ennemis ne connai11ent plus de /rein; les vols, les devastations se multiplient; ils sou/event nos ateliers; beaucoup de negres se joignent a eux, et chaque instant peut nous apprendre une revolte genera/e.

Notre camp etabli d'abord sur un local inacessible a ete force de se rapprocher de Ia ville par Ia crainte de voir couper les convois de vivres que notre faiblesse ne nous permettait pas de faire escorter par de forts detachements, a peine etabli a une lieue de cette ville, /'indiscipline. et /'insubordination ont encore force de l'abandonner et nous avons eu Ia douleur de voir rentrer notre armee en cette ville au moment oil nous Ia croyions a l'abri de toute insulte. Elle vient, Messieurs, de se reformer encore, et, sans doute, sousde meilleurs auspices. Un conseil d'administration etabli dans cette premiere annee paraissait 6ter d M. le commandant pour le roi /'influence qui lui est necesSilire. L 'assemblee provinciale l'a invite a etablir une severe discipline et l'assemblee provinciale le soutient de toutes ses forces, et pour donner ti son anneetoute l'energie dont elle est capable, i1 a ete a"ete que rous les hommes qui s'y sont enroles recevant par jour une gourde de pays s'ils /'exigent, payable a Ia fin de Ia campagne et que ceux qui seront blesses ou tues joui­ront pouY'eux ou pour leurs heritiers de Ia pension que vous avez fi­xee par votre a"ete. Mais, Messieurs, songez que notre position est a!freuse et que, si les secours que vous nous annoncez n'amvent incPuament, 1WUS ne pou"ons eviter une totale subversion. Salut. Delmas, president ad /roc. Vinches, secretaire. (1 I

(1 J ,rLcs Cayes, 5 iam•ier 1792. 'L'assemi:Jlee.TJrovinciale du Sud a l'assem-

-108-

Page 111: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

L 'Observateur colonial denonce le peu d 'ardeur, meme lalache­·te de ces citoyens-soldats parmi lesquels certains refusent de faire le service, ou «chaque soir vont s'embarquer avec les femmes .. ) Ceci explique cela :

« ... Le corps de troupes que nous avions en plaine est rentre en ville le 2 de ce mois ~ peu pres a Ia meme heure qu 'il en etait sorti) (1)

Le commandant Mangin Douence s'en prend au manque de ci­visme de certains planteurs qui refusent de couper leurs cannes qui genent les tirs de l 'artillierie. n expose ses difficultes dans une lettre adressee a l'assemblee provinciale (2) s'il avait reussi a dega­ger le camp Bourdet encercle par les brigands, c 'est bien grace a M. Bourdet qui avait accepte de couper ses cannes sur Ia lisiere, face a Ia barriere. ll avait pu alors, a la lumiere de Ia lune direr dans le tas:. des assaillants:

«Si tous MM; les lulbitants suivaien~ son exemple», decrlt-il, «ie pourmis, quoiqu 'en puisse dire ou penser un tien des patrlotes, j'aire des sorties avantageuses ci Ill plaine, sans exposer les braves gens que j'ai l'horrneur de commander, d tomber dans les embuscades ... »

Non contents de se soustraire au service, ces Messieurs de la plaine n 'ont: pas fourni la moitie des negres indispensables aux travaux d'amenagement du camp Bourdet. ll fallut se passer des commandeurs laisses a la garde des habitations desertees par les blancs. Tous, en effet, proprietaires, gerants et economes etaient restes en ville. Rappelant chacun a son devoir, le commandant «supplie l'assemblee de s'entendre avec la municipalite.

blee coloniJJle de Ia partie fraru;aise de Saint-Domingue,. Arch. nat. D xxv 63/637, piece 3.

(I) No 2 du 5 janvier 1792.

(2} Lettre du 12 janvier, publiee dans le no 5 de l'Observateur colonial du dimanche 15 janvier.

-109-

Page 112: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

« ... pour exiger que tous ces messieurs viennent me joindre, c e$t-d­dire ceux qui ne sont pas venus et ceux qui, au mepris du reglement de police pour le camp. ne s'y sont pas rendus ti /'expiration de leur conte.»

Mais ou trouver son courage lorsq_ue tout se defait autour de soi, que les refugies affluent de partout dans cette ville dont les re­serves s'epuisent, que les recits les plus effrayants circulent sur les atrocites commises par lee insurges; n a fallu creer un bureau de bienfais;:~nce, comme au Cap, pour secourir ceux qui ont tout perdu. Les dons patriotiques et les prets, en argent et en vetements y sont re~us. La caisse de !'octroi est vide. Ses debiteurs profi­tent de Ia situation pour cesser leurs paiements. Ceux qui en ont les moyens quittent le pays et emportent le numeraire. lls tom­bent sous·Ie coup d4· decret de l'assemblee coloniale du 18 octo­bre qui punitt les «capitalistes qui emportent avec eux leurs fortu­ne». Des mesures coercitives seront prises contre eux et contre les capitaines qui les auront aides a fuir. Pour ceux qui restent ce sera bientot Ia famine car les hommes de couleur font main basse sur tout ce qui est achemine vers Ia ville. Seules les habita­tions les plus proches livrent encore leurs productions.

Le 6 janvier uile nouvelle sortie permettra l'etablissement d'un camp sur !'habitation Ia Gautrais a moins d'une lieue des Cayes. Menace a plusieurs reprises, le camp tient cependant mais des escarmouches meurtrieres interdisent toute circulation en plaine. Les hommes de couleur occupent toutes les habitations laissees sans mailre et entrainent avec eux, de gre ou de force les ateliers. Le ravitaillement est de plus en plus difficile. Les secours promis n 'arrivent pas. La province est plus isolee que jamais. Les citoyens des Cayes ont meme eu «<a douleur am~re» d'apprendre que les 120 hommes du regiment de Provence a peine debarq-.168 au Cap, ont ete diriges sur Port-au-Prince. Redoutant m!e «horrible fami-

ne», les municipalites des Cayes et de Torbeck. ont envoye une de­legation a l'assemblee coloniale pour reclamer ~av~c l"ac~ent du desespoir» des secours en _to~s genr~-. Le 30 JanVIer arnves au Cap, ces envoyes e~traordinaues se JOJgnent aux _deputes du Sud pour exposer la situation tragique de leur pro'?"ce «aban­donnee». Apres les tlevastations subies dans les parties du Nord

-110-

Page 113: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

et de l'Ouest. ils avaient su differer leurs demandes de secours mais apres les malheurs qui viennent de dondre sur eux» ils ne peuvent plus attendre :

« ... soixante lieues de cotes sont desertes, les meurtres d'un grand nombre d, citoyens surprls ont donne l'alarme a des hommes qui jusqu '/1 ~I! moment avaient vecu tranquilles au milieu d 'une population nnmbreuse jadis fidele et soumise, aujourd'hui alteree du sang qui l'a produite, qui falsait jQdis Ia seule force de Ia provin­ce du Sud, et aujourd'hui est Ia tause premiere de tousles maux qui Ill devas mt. Lo j'Uite a ete Ia seule reiiOUTCe des blancs, dont les mains paisibles n'awdent jQmais manie le fer que pour le remettre entre celles de leun enfantl ingrats, qui etaient venus de­puis quelque temps le leur enlever .. . et plus ses auteun perj'ides (de Ia Jit·olte) connaiualent Ia faiblesse des blancs et leur entier denuement de moyens de defense, plus ils ont fait d 'efforts qu 'ils IIIVtlient ne pouvoir itre repousses. Rtse sont enfin rendus maitres de toutes les habitlltions que les proprletaires avaient abandonnees afin de le reunir dans del camps ... Lo ville des Coyes etant le seul point ofl les blancs pouvalent naturellement esperer de tenir quelque temps, 1111ez seulement pour recevoir des secoun, ils s'y sont enfe­mes .... Des ~nons poseJ. cJ quelques endroits of!rent plutot l'appareU de Ia force qu'une protection reelle, puisqu 'II n 'y a pas un seul CtJnonler, un seul sQidat de troupe de lipe dans cette ville.

Aucun poste avance ne pl'tlntit les avenues, et Ia premiere atm· que se /eiYI ti Ill ville elle-mlme, qui renferme dans son sein toute (II popullltion blllnche de Ill province du Sud ... Lo ville des Coye1, placee a l'extremite d'une pllline trb rase elt abordable de toul lei cotes. Aucun ravin, aucune gorge n'en dqendent /'approche. Saint· Louis, Torbeck, Ia pllline del Coyes, Cavtzillon, les C6teaux etc ... sont en Ia po1se11ion des ennemu .•. Ia mer seule semble offrlr des re11ources pour Ill retraJte nudlune rrule peu lUre et {ort.peu pmie seiYI plut6t le tombeau que l'aiUe de plus de sa mOle dma .• .» (1)

On notera avec interet ce curieux aveu d'incompetence des blancs du Sud en mati~re de maniement des' armes et comment ils . . .

(1) cLes diputes et commislaires extraordinaires de Ill partie du Sud a Messieurs les commilllllres ruztionaux civill, Le Clip, 30 jlmvier 1791:~. Arch. ruzt. Dxxv 63/63.7, p. 3.

-111-

Page 114: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

avaient coutume d'abandonner cette specialite a leurs batards de couleur. II est vrai que la police des esclaves etait souvent confiee aux milices de couleur.

Telle etait"la situation au debut du mois de fevrier 1792. Ce si­nistre tableau justifiait la pressante demiUlde de secours de la par­tie du Sud. L 'assemblee coloniale semhlait rc~voir compris, mais la province du Nord qui se croyait plus exposee avait la pretention de garder pour elle l'essentiel des secours. Indigoes, les commis­saires du Sud en appellent au gouverneur par le canal des commis­saires civils, le somment de faire regner la justice dans ce parta­ge et l'avertissent qu'il sera responsable enversla nation entiere.

«des malheurs que son indifference pou"ait occasionner ... Rienne pourra etouffer les voix qui s 'eleveront de toutes parts contre lui pour lui demander compte des peres, des meres, des femmes et des enfants qu 'il aurait laisse egorger ... en cedant tid injustes clameun, qu'il aurait traitees comme des etrangen ti Ia France qui se montre egalement protectrice enven tout Saint-Domingue.» r 1 J

La delegation invite les commissaires civils a appuyer sa «requi­sition». Le 5 fevrier, elle remet pour information, un expose signe d'Augy, de «tous les faits relatifs a !'insurrection des gens de couleur de Ia partie du Sud». (2) L'auteur, president de l'assem­blee provinciale, reclame haut et fort pour le Sud le tiers des se­cours envoyes de metropole. La del~ation a recu l'ordre formel de ne pas rentrer aux Cayes avant d 'a voir obteriu satisfaction. A dCfaut de reussir, les vieux rMlexes separatistes de Ia province ne manqueront pas de se manifester :

«Nous ne craignons pas de le dire, si un pareil systeme qui tend a des exclusives et ti des preferen~es qui tenaient ti l'e11ence mime de l'an­cien regime, continuaient ti prevaloir , II alitnerait infailliblement

et sans retour to us leF coeun .. . »

( 1) 30 janvier 1792. Lettre des deputes et commissaires du Sud aux commis­Sf';~cs civils. Arch. nat. Dxxv C 63 d 637, p.3.

· · s nommes et envoyes par (2} Exposition que font MM. les commJSsaJ!e ca es et de Torbeck,

l'assemblee provinciale du. Su~. par l~s paroJ~s~ d:e l'aisembtee coloniale, aupres de MM les €ommJSsa~res natzonaux cnn 'le fi . latifs a l'insur­le lieutenant ~u Gouvemement gene~al,dsuSr tdus n::xva:;/'63&, 14. 8 fo. rection des gens de couleur de Ia partze u u .»

-112-

Page 115: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Cependant la population du Cap s'oppose au depart des troupes vers le Sud. Les autorites, civiles et militaires, paraissent impuis­santes. ll faut frapper plus haut. Je~Pt-Baptiste Millet est a Paris membre de la commission envoyee par l'assmble.e coloniale pour hatt·r 1 'envoi de secours. 11 est charge de demander I' envoi direc­u;rnent aux Cayes des troupes attribuees au Sud. Qu'il sache t"t proclame que dans ces quartiers

« ... Les malheurs sont ~ leur comble ... les assassinats continuent .. tousles n~K"' sont en revolte ouverte ... le lode ce mois,leshabita-tions Picot ou dt->?~eurait M. Van Duffel, Pelerin, Ge/ee, Dutruch, Semens, Cottel, Labiche, Laurent, La Crq•4.traie et les deux habita­tions Esmangard etaient de/4 incendiees ... ils detruisent moulins, equipages et tous les bdtiments ... le tout est execute par les gens de couleur et noirs libres ... » (1)

V ers la mi-fevrier des secours en hommes sont enfin debarques aux Cayes .. Ils ne sont pas a la mesure des besoins mais rendent espoir. L 'assemblee provinciale se fait l'in'terprete des sentiments reconnaissants des assieges. On ecrit au ministre de la marine, (2) ilUX places de commerce (3) : «Nous commencons a respirer ... » mais « ... les flammes- continuent d'aneantir les surfaces:. et «deso­les spectateurs, nous sommes contraints d'attendre le moment )U de plus grandes forces nous conduiront sur nos proprietes ... :. m roi : «... le desespoir ne cesserait de nous accabler si nous ne ~omptions sur la continuation de la puissance tutelaire de Votre. ~ajeste ... »a l'Assemblee nationale enfin (4) :

(I) Le Cap 12 fevrier 1792. Dxxv 63/637, p. 7.

(2) Lettre de l'assemblee provinciale et provisoirement administrative du Sud aM. le ministre de Ia Marine. Les Cayes, 23 {evrier 1792. Dxxv 63/637, p.8.

( 3) A.dresse de l'assemblee prcvin.ciale ... a elle jointes les municipalites des Cayes, de Torbeck et de CavaiUon et autres membres de plusieurs munici­palites refugiees aux Cay.es aux places de commerce de France. Dxxv 63/637, p. 9.

'4) Adresse de l'as. prov .. a l'As. nat. de France, Les Cayes ~.i-2-1792. I>xxv 63/637, p. 11.

-113-

Page 116: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

«Rifugies dans ce lieu ou Ia faim allait bientot devorer de tristes restes echappes au fer meurtrier d 'une horde d 'assa$$ins, aux buchen allumes par une multitude d~incendiaires, presque tous les habitants de Ia province entasses dans Ia petite ville des Cayes et sur les vais­seaux de Ia rade, n'attendaient plus que le moment d'etre victimes eux-memes des ho"eurs dont ils avaient ete temoins dans le sein de leurs malheureuses families, lorsque 350 Francais armes sont ve­nus aborder le rivage et realiser enfin quelque Partie de cet espoir si vif et si longtemps detruit aussitot qu'il avait ete concu ...

Apres unt- denonciation radicale et fort imagee des Amis des noirs; « ... monstrueux ennemis de Ia patrie, vains dec/amateurs, detrac­teurs ignorants, viis calomniateurs, criminels enthousiastes, farouches ciniques, predicateurs insenses d 'une chimerique perfection ... »

on en vient ;m principal : l'impossibilite de traiter avec les homme~ de couleur, la justification de la rupture des negociations engagees en dec~mbre 1791 et !'obligation pour la metropole de livrer au Sud le tiers des secours destines a Saint Domingue.

***

A peine debarquees, ces troupes sont engagees dans l'attaque du camp Mercy, sur !'habitation du meme nom au centre de la plaine, ou les hommes de couleur sont retranches. Le commandant Mangin d'Ouhce a ete «requis» pour mener l'affaire de plus promptement possible» n dispose de :

2 pi~ces de 6 et 4 de 3 commandees par MM. Gubian et Saint-Cyr, 300 hommes du regiment de Provence commandes par Thiballier, lieutenant colonel de ce regiment, 115 volontaire& des Gardes nationales de Ia ville des Cayes comm~~n­dees par M. de Maupin, maire d'Aquin, 66 volontaires des Gardes'IJationaler de Ia plaine du Fond, comm~~n­decs par M. Montant, le cadet, 60 volontaires des citoyens du Grigri refugies aux CDyes comm~~n­

des par M. Roche, 11 A mericains, commandes par M. le Ctlpitaine Frezes, 20 hommes de Ia troupe soldee par Ia province, commandes par

M.Rey, 40 marins des fregates Ia Fine, Ia Surveillante, Ia Normande et dn

btUiments du commerce,

Page 117: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

10 canoniers du corps royal de l'artillerie des colonies employe.1 avec les marins au service du canon, 4 gendarmes de Ia gendarmerie nationale commandee par M. l.ama­letie, 60 negres armes.

Soit un total de 693 hommes dont 633 blancs, qui se mettent en marche le 15 fevrier a 5 heures et demie le matin.

Le camp Mercy est pris mais ne peut etre garde: Mangin d'Ouin· ce s'en explique dans le rapport qu'il adresse a l'assemblee provin ciale, du camp Bou~~et le 16 fevrier 1792 (1) : l'ennemi ayant in· cendie les cannes, da fumee gene Ia progression et le feu met en danger les munitions». L 'attaque est menee a partir des habita­tions Laborde en meme temps que du cote oppose. Un feu nourri oblige l'ennemi a_ se terrer, puis a battre en retraite laissant sur le terrain 30 cadavres dont 27 mulatres que le commandant recense lui-meme. ll faut porter 17 tetes en ville. De nombreux cadavres sont trouves dans une piece de cannes, presque tous muhitres. lis ont ete Ia cible du canon de M. Saint-Cyr et les victimes du deta­chement de M. Rimbert «poste du cote des cuisines au pied des retranchements». II fallut, ecrit Mangin d'Ouince, evacuer le camp «pour Ia raison qu'il n y a d'autre eau que celle fournie par un ca­nal qui peut etre rompti a plus d'une lieue de distance de ce poste et parce que Ia faiblesse de nos moyens 1 ne nous permet plus d'oc­cuper plusieurs points, ce qui nous diviserait trop» ll n 'etait pas question de «pousser plus avant ... manquant de munitions ainsi que de vivres, rna troupe etant a jfflln ct craignant que les commu­nications avec Ia ville ne fussent coupees». En partant,il a detruit uutant qu'il l'a pu» les fortifications du camp Mercy et brule Ia grand'case «pour que l'ennemi ne puisse plus s'y etablin. On a pris un canon de 4, un autre d 'une livre et demie, un obusier et quatre pierriers, peu de choses somme toute; mais, pour limi­te que soit ce succes,.,Mangin d'Ouince en attend le plus grand bien «relativement a 1 'insurrection des negres pour la raison que

( 1) . Lettre publiee par Ia Gazette des Cayes des ~ et 11 mars 179 2.

-115-

Page 118: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

les seelerats Joseph Bleck, (1) Narcisse Rollain, Marcumhe, Jac­ques Dasque, Reverseau, Charles Mace, Sixte et Charles Poulin dont les tetes font partie des 17 qui ont ete portees en ville etaient conn us pour les chefs qui avaient le plus d 'influence dans le quartier, tant sur leur infernale caste que sur les noirs ... »

Les pertes du cote des attaquants sont minimes : 2 citoyens des Cayes, 1 matelot servant le canon ·et un soldat de Provence, une vingtaine de blesses. Le commandant felicite ses troupes : « ... mues par un pur patriotisme et soumises aux lois de l'etah, elles sont «bien preferablcs a celles soumises uniquement au capri­ce et au despotisme de quelques individus» (allusion aux citoyens­soldats qui l'avaient si mal servi au debut du mois de janvier). Sont egalement cites pour leur courage quelques «particuliers» : MM. Buissy, Tuffet, Baupuis, Auducoeur, Lonichon et «un major de troupes anglaises venu sur Ia fregate qui a convoye des vivres de Ia Jamaique»

Le commandant est satisfait. II souhaite que l'on soit content de lui comme ill' est lui-meme de tous.

Encourage par ce succes relatif, Mangin d'Ouince tente une nouvelle sortie. Le 19 fevrier, 200 soldats du regiment de Proven­ce sortent de Ia ville tandis que 100 autres stationnent sur la placP. de Ia Fontaine «dans une maison particuliere» (2). T1 faut croire que J'ennemi s'est ressaisi car les troupes ne depassent pas le camp Bourdet et rentrent en ville le 21 au matin. Commentant ce rcsultat,le redacteur de la Gazette des Cayes ecrit :

«Le 20, nous remplissons porfaitement ce vieil adage populaire: Ia montagne est accouchee d 'une souris. Le• troupes parties d 'hier au soir n 'ont ete qu 'au camp Bourdet etsont rentrees ce matin. v ers les 9 heures le feu a commence dans Ia plaine, aux environs du camp Gerard. A midi, l'incendie etail beauCOU!! pius augmente -· A 6 heures nous appri'mes avec Ia plus vive clouleur que le nombre des habitations incendiees etait considerable.» ( 3)

( 1) Pris J•ivant Joseph Bleck fut rompu et bn2le vif(Gazette des Cayes du 23 jevrier 1792).

( 2) Gazette des Cayes, no 16 du 23· -2-1792.

(3} Ibid.

-116-

Page 119: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Le bilan de ces operations fait apparaitre de plus en plus claire­ment que les hommes de couleur, en depit d~ pertes qu'ils subis­sent, celles du 15 fevrie;. sont lourdes, condtiisent avec efficacite leur guerre d 'embuscades et de terre bnllee~ Leurs coups font beaucoup plus de mal que ceux qu ils recoivent. Les colons sont les seuls a rever encore d 'aneantir ces chordes de brigands.

***

£n metropole en effet la conception de l'aide qu'il convenait d'apporter a la colonie a evolue avec !'election de l'assemblee 1egislative qui compte sur ses banes d'illustres representants des Ainis des noirs. Une nouvelle politique a l 'egard des hommes de couleur libres se dessine avec le decret du 7 decembre qui sti­pule que les secours destines a Saint-Domingue seront utilises exclusivement a Ia repression des es~laves insurges. En aucun cas i1s ne favoriseraient.des atteintes qui .pourraient etre portees a l'etat des hommes de couleur libres tel qu'il a ete fixe a l'epoque du 25 septembre demien. (1) Cette reference aux concordats des parois-

ses de l'Ouest avec les gens de couleur equivalait a une reconnais­sance de facto de ces traites. On ne faisait plus confiance aux as­semblees de Ia color.ie pour decider du sort des hommes de cou­leur. Le dialogue avec eux etait au contraire encourage. Le decret du 24 septembre,..la demiere victoire parlementaire des colons, s'effacait derriere celui du 7 decembre 1791.

Or 'chez les blancs du Sud, pour qui ces concordats ne sont que le resultat d 'une «infemale coalition», prevalait l'idee que les li­bres de couleur etaient entierement responsables de la subversion des ateliers ; ils en armaient eux aussi une partie en promettant des libertes. D fallait done donner a la province du Sud les moyens militaires de vaincre ces «brigands:.. Cependant des le 13 janVIer 1792, les conseils des commissaires civils a l'assemblee provincia­le (2) s'inspirent du decret du 7 decembre. Ds annoncent l'envoi

( 1) Sur cet important de bat, Cf: G. DEB/EN, op. cit., p. 352, ti 356.

(2) Reponse {les commissaires ntJtionaux civils a l'assemble~ provinciale du Sud, Le Cap 13 jQnvier 1792. Arch. nllt. Dxxv 63/637, pike 4.

-117-·

Page 120: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

de M. de Saint-l.egcr dans l'Ouest et le Sud avec mission d'obtenir Ia cessation immediate des hostilitfs afin qu «a l'arrivee des trou­pes, nous n'en fassions usage que pour en impost·r .tux perturba­teurs du repos p••hlic pendant que nous emploierm ::; des mesures conciliatnires vis-a-vis des personnes raisonnables des deux par­ties ... »

L~ 4 janvier avrit ete pris un arrete relatif a la presse qui interdi­sait (art. 4) doute discussion aux gazettiers et journalistes sur les hommes de (·ouleur et n'oirs libres et su: les esclaves» (1). Le visa de ce11sure etait delivre par les niunicipalites.

Les colons des Cayes quant a eux n 'envisagent d 'autre politique que repressive et. ne voient leur salut que dans une sortie generale contre les camps des hommes de couleur. Au prealable il faut pro­ceder au renouvellement de l'assemblee provinciale. Le controle par les gens de cotileur d'une grande partie delaplaine, la peur et le decouragement, les departs dont on peut.suivre Ia progression dans Ies annonces de la Gazette des Cayes ont a coup sfu clairse­me les rangs de cette assemblee provisoire. La municipalite est priee de convoquer l'assemblee communale en vue de ces elections. On en profitera pour nommer UH rempla~ant au commandant par interim de Ia garde nationale, Marzolas, demissionnaire, prelude a l'organi-;ation d'une sortie generale destinee a reduire Ia pression des hommes de co .. deur sur la ville et A reprendre pied en plaine.

Assemblie paroissiale du 7 mars 1792 Seance du motin.

Ordr·· du jour : nommer 12 deputes et suppleants qui formeront Ia tl~putation de Ia paroisse a Ia nouvelle assembtee provinciale pro­vi,.oirt>numt administrative du St1d . Bureau : pff.~'ident, Martin Bellefont (electeur le plus age) secre­

taire, Gavanon o\Crutateurs:Guenin, Lemaitre et Garigou.

l.ecturl' P~t donnee de : I o un extrait des registres de Ia municipalite des Cayes portant

1l) La Gazette des Cuyc~ no 35 du 3 mai 1792 rappelle cet arrete tl propos du reiJjorc:ement de Ia censure par /'a"ete du 13 avri/1792.

_lHL

Page 121: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

convocation de Ia presente 888emblee aux fins que dessus enoncee.

2oune expedition de l'arrete de l'assemhlee provinciale et provisoi­rement administrative du Sud datee du 26 revner 1792 avec invitation a Ia municipalite de le £aire lire, publier et afficher eS lieUA aCCOUtUffiCs,

3o un extrait des minutes de Ia municipalite des Cayes portant copie d'une lettre du 25 £evrier ecrite par M. de Marsolas. ma­jor general de Ia Garde nationale avec priere de £aire assembler les sections pour nommer a sa place etant necessite de donner sa demission.

4o une instruction informe envoyee par Ia municipalite relative au mode de Ia presente nomiD.ation. Les sections 3 et 4 qui etaient invitees a Be rendre a l'auditoire aux fins d 'une 888em­blee tendante au meme objet, ne s'etant pas trouvee entiere­ment reunies dans le lieu indique, se sont jointes aux sections no let 2 pour ne former qtr'une seule et meme assemblee.

Le scrutin est ouvert , de liste simple. Mais en raison de l'heure avancee Ia seance est suspendue. Le president convoque les citoytMW pour quatre heures et emporte chez lui Ia boile avec les scrutins qui y ont ete deposes, Seance de l'apres-midi. Les citoyens continuent d'aller voter. A 9 heures du soir les bulle­tins de cote du camp Hourdet n 'etaient pas arrives, Ia seance est ren­voyee au lendemain· dans Ia salle de I 'hotel de ville, cattendu que Ia commune de Torbeck doit s'888embler le jour de demain dansl'egli­se pour nommer ses deputes a l'assemblee provinciale» ... Quant au rem placement de Marzolas, on ne peut encore y proceder. II est decide d 'ecrire aux capitaines des districts pour les inviter a assembler leurs sections afin de proeeder a Ia nomination de cette place. Les scrutins seront transmis a Ia municipalite.

Seance du 8 man a I 'Hotel de ville da Caye1. On apporte les serutins de Ia section du camp Bourdet. Resultat final : sont elus deputes, Drouet, Gentillot, Guenin, Gava­non, Morel, (avocat), Rollain, Bourjolly aine, Bontems, Campagnac, Mouchet, Duplante, notaire et La Barriere, avocat. Son elus supple­ants Simon Labacou, Senechal, Enault, Lemaitre, Laurent, Coydron et de Bau££res.

Seance du 9 """' En presence de MM. Deeclaux, Adelon et Campagnac capitaines des

-119-

Page 122: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

districts no 1, 2 et 3 et de M. Esmenard aine representant M. La 1 Forest commandant de l'artillerie nationale devant assister au de­pouillement, M. de Maupin est elu, avec 136 voix sur 188 votants, capitainegeneral de la Garde nationale de la paroisse des Cayes.

La Gazette des C<:yes du 11 mars puhlie une lettre adressee a «MM. les deputes et suppleants des Cayes et des paroisses de Ia province du Sud» auxquels l'auteur reproche d'avoir refuse leur mandat:

«Le voeu du peuple vous appelle d Ia formation d'une nouvelle assemblee provincitlle : tous vos concitoyens ont applaudi d cet /.leureux choix ... Nos esperances se sont ranimees d votre nomi1Ul­tion, mais votre refus nous plonge dans le plus profond abattement. Vous refusez de repondre a Ia confitlnce de 1101 freres ! ... V ous n QVez pas Ia Jiberte du refus ... Vous n 'etes pas d vous, vous ites a Ia patrie .. .»

II faut voir dans ce refus d 'assumer Ia lourde charge d 'elu en pleine guerre civile une aggravation des tensions entre colons. Les conditions dans lesquelles cette election a ete organisee n:e sont pas claires.

Loin d 'etre encouragee par les agents de 1 'executif, Ia politique belliciste des colons des Cayes est desormais combattue par les commissaires civils. Ceux-ci n'hesitent plus a s'appuyer sur Ia classe des hommes de couleur libres pour promouvoir Ia politi­que d'union avec les esclaves insurges. Quelques jours apres l'as­semblee paroissiale du 9 mars, arrive dans Ia plaine du Fond le mulatre Andre Rigaud qui avait joue un role important dans Ia negociation des premiers concordats dans !'Ouest. ll semble bien qu'il ait re~u du commissaire Saint-Leger Ia mission, non of­ficielle, dt> retablir le contact entre les colons et les hommes de couleur des Cayes, sa paroisse. Dans une lettre du 13 mars adres· see a l'assemblee provinciale et a la municipalite (1), il se presente comme son porte-parole:

'1) Lettre d'Andrc! Ripud a l'assemblee provinciale provisoirement adminis· trative du Sud et a Ia municipalite des Cayes. Au Fond, le 13 mon 1792. Copie. Arch. nat. Colonies, Dxxc 63/637, piece 12.

Page 123: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Messieurs. Je vous fais passer des paquets d l'odresse de Ia munid­palite et de I 'ossemblee administrative de votre ville, et aussi quelques lettres ci /'adresse de divers porticuliers, venant d 'Aquin · et de Ia Croix des Bouquets, malgre Ia difficulte qu 'il y a d'approcher de Ia ville. J'ai pense que ce pourrait etre des pieces interessantes. J'oi tout hasarde pour que vous puissiez les recevoir. Je serai tres charme que vous les receviez ... J'ai ecrit une lettre (1 ), Messieurs, aux habitants de Ia plaine des Cayes et je n ai point reru de reponse. Je suis veriu ici de Ia parr de M. de Saint-Leger, commissaire national civil, pour faire part -7 mes compatriotes (2) de Ia marche qu'i/s doivent suivre qui est Ia meme de ceux de /'Ouest. Je les ai tous trouves dans les meilleures disposi­tions du monde. Je leur aifait entendre qu'il n'y avait que Ia soumis­sion aux lois que /'on exigeait et que tant qu'a notre etat politique a Saint-Domingue, i/ etait invariable. Le decret de I'Assembtee nationale du mois de dicembre dernier (3} vient de nous le confir­mer. A insi ils son t to us prets d faire ce qu 'il faudra. 11 neres-te done plus qu'a retablirl'ordre et reporerles torts reciproques qu'on s·est faits. Le plus siir moyen est d'arreter les hostilites et de trovail/er peu a peu a ce grand ouvrage. Depuis mon arrivee ici, j'oi a"ete autant qu'il a ete possible les incen­dies ... le f/eau des cultivateurs. J'ai vu en amvant_.avec bien de Ia peine, plusieurs sucreries bnilees. C'est l'effet de Ia licence de tous ces ateliers abandonnes a leurs intlinations desastreuses. J'oi fait or­donner dans toutes les habitations oux commandeurs de contenir les negres et de les faire travailler et m~me d'y envoyerdes detache­ments quand ils ne veulent pas ecouter. II n y a que ceux qui ont ete armes par leurs maitres auxque/s il jtlut plus de menagement. Enfin, Mesaieurs, je /'ai dit et je le repete, c est ce qui flit toute Ia perte de cette partie du Sud, et il y a de grands sacrifices a faire pour Ia retablir, il y a encore du remede, mais il ne faudrait pas tarder. Le mal pourrait devenir irreparable.

Rigaud denonce le role nefaste des petits blancs des Cayes ces «hrigaads~ qui en 'ont rien a perdre ... versent mille calomnies»

• I I ,

( 1) Cette lettre n a pas ete retrouvee.

(2) Les hommes de couleur.

f3) Le dicret du 7 dicembre 1791.

-121-

Page 124: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

sur lui et ne veulent pas la paix. Lui s'adresse aux «honnetes gens», il les assure de la purete de ses intentions. ll n 'a aucune res­ponsahilite dans les troubles qui ont ravage la province du Sud :

« Vous savez, Messieurs, et toute Ia colonie de mime, que je n 'etais pas ici a l'epoque du renversement de Ia plaine et toutes mes lettres ... ne tendaient qu Cl preserver Ia partie du Sud des malheurs qui affligeaient celle du Nord, et je donnai d imiter Ia plaine du Cul­de-Sac, Saint-Marc, Leogane ... par /'union, Ia justice et Ia bonne JOides hab;tants blancs de ces quartiers .. .»

Rugaud_ veut rassurer ses correspondants sur le sort des prison­niers det~nus par les hommes de couleur. Malheureusement, aux Cayes on agit «bien differemmenb envers ses camarades et il est inquiet_ sur le sort de sa mere ( 1) :

« M a mere est aux Cayes en votre pouvoir. Je pense que VOUS etes trop justes pour lui faire un mauvais traitement. D'ailleurs c'est une femme qui est connue et estimee de tous ler honnetes gens, qui a rendu de grands services aux lilancs dans des mllladies dont elle leur a sauve Ia vie, et enfin qui n'est point du to!tt cause de Ia disunion des blancs et des hommes de couleur.»

Revenant pour finir a 1' objet de sa mission, il ecrit : «J'attendrai votre riponse, Messieurs, pour que j'ecrive a M. de Saint-Leger ce que j'ai pu obtenir ici tont des blancs que de mes camarades. J'aurais ete charme de pouvoir lui donner des nouvelles qui pourraient le satisfaire, etant ami de Ia Paix et venant Ia ritablir. Je suis avec respect, Messieurs, votre tres humble et tres obiilunt serviteur. Au Fond, le 13 mllrs _1 792. A. Rigaud».

Cette desinvolture dans la maniere de traiter d 'egal a egal avec eux indigne les colons pour qui ce serait dechoir que de prendre langue avec un «chef d'assassins» Des suggestions sont faites par le commandant de la province du Sud, Mangin d'Ouince, mise en garde adressee a I 'assemblee provinciale «pour le cas ou il" auraient !'intention de repondre A Ia lettre du scelerat RigaU(b(2).

( 1) Rose Dessa ou Bossi, veuve d 'Andre Rigaud, curateur aux successions vacantes de Ia juridication des Cayes, decedee le 12 messidor an V sur /'ha­bitation Lucker a Torbeck, laissant cinq en[ants majeurs dont Andre etait I' arne.

(2} Gazette des Cayes du 22 mars 1792.

-122-

Page 125: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

;

L 'assemhlee repondra en effet mais indirectenient en adressant au commissaire Saint-Leger un comll'lentaire detaille de cette lettre, qui traduit en termes violents la haine implacable des hlancs des Cayes pour ce~ui qui sera bientot le comiiUllidant en chef du departement du Sud : «Jactance mensongere» que cette pretendue mission, ou ce decret de decembre «que personne ici ne connaib. L'«impudent» a «tout invente» Le «harbare» parle d'hostilites>, entendez plutot «hrigandages, in~ndies, massacres». Le jour de son arrivee dans Ia plaine du Fond.

« ... II 1'tlnnonc11 pt1r une ctmon1111de d'un. mome ou il lt11it po&ti, 1ur le camp Charpentier ou 11nivben t plulieun bouletl : ce jour et ceux qui l'ont &uivi furent encore mtnfl,., pt1r de nouWGUx incen­die&. II II amene del canom de Saint-Louis. /Ia etllbli un noullftiU Cllmp .. .» ( 1)

Oser traiter les blancs de «brigands» est uincomparable lious la plume d 'un· scelerab Son allusion aux difficultes qu 'il rencontre a desarmer les negroes armes par '-urs maitres est un «horrible mensonge»:

«Lei mtdtrel qui .~.-ent entoure& de quelqua nl,ru a CGmp Gen~rd le1 renvoyirent ault6t et lh reprlrent tranqulllement leun travtrUJC».

Les muiatres en revanche ont arme les leurs, les ont «classes en compagnies» et leur ont mis «la torche ala main» Trois de leurs chefs ont ete «punis» .

«Le chef qui commandtdt Ia brllflndl IIU Ctlmp Mercy II ete pm vi~~t~nt dan& ce reptzire. Son proce& lui 11 ete fait : une multitude de preuve& l'ont conduit tJ l'echllfaud; deux tmtrel ont ete eralement condamne• ... Le giDive de 14 lot &eula puni en trois homme1 «&eule­ment».

Que Rigaud soit done rassure sur le sort de sa m~re : «cette negre&&e n'tl pill cew d'itre IIUX Cayel en toute nlrete, quoi· qu 'elle fUt 14 mere d'un chef de ctllte d 'tulllllilll et d'incendillirel. Betn~coup d'tlutre1 negre11e1 et mul4trelle& libre1, mm1, pt1rente1 de plu&ieun brllflndl nominlltivement connw pt1r de& fait& pmon-

. ( 1) L 'assemblee provincillle et provisoirement administrative du Sud a M. de Saint-Uger, commissaire national civil, delegr.u! par le roi aux isles fra~ai­ses de /'Amerique sousle Jlent. (s.d) .DxXv 63/637 piece 14.

-1~3-

Page 126: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

nels, dP.s n~gres fibres, des mul4tres portent une marque exterieure qui leur sert de Slluve-garde publique.» (1)

La conclusion est une fin de non-recevoir aux propositions de paix de Rigaud :

«D 'apres cet expose, Messieurs, vous ne pouvez pas vous dissimuler que les for[aits de ce Rigaud et de ses complices sont a leur comble et qu 'il n 'y a que les mesures les mieux combinees, et Ia justice Ia plus prompte qui puissent preserver ceife partie d'une ruine pro­chaine et totale.» .ligne : Maurel, vice-president, Rollain, secretaire.

Etant manifestement incapahles de l'emporter avec leurs seules forces contre un adversaire plus nombreux et strategiquement bien campe, les colons des Cayes reiteraient leur demande de secours, en chargeant deux des leurs d'aller au Cap exposer «l'hor­reur de (leur) position, rappeler avec insistance a Ia commission civile. a l'assemblee coloniale et au lieutenant general que les interets de Ia province sont lies a ceux du commerce metropoli­tain-(2)

La proclamation que Saint-Leger adressait le lendemain 5 avril du bord de la Galathee en rade de Saint-Marc, d l'assemblee pro­vinciale du Sud, comme a tous les corps administratifs, maires, officiers municipaux, chefs militaires et habitants:. avec «ordre de s'y conformer, de la faire imprimer et affichen, laissait peu rl'espoir de voir cette demiere demande satisfaite. Un appel a la raison, au bon sens, a une plus juste comprehension des in­terets particuliers, cettc proclamation est aussi une requisition (3):

«De grands troubles se succident dans les differerits quarriers de Ia colonie ... partout on volt l'appareil des combats, presque partout le sang coule et ce sont des Francais qui marchent les uns contre les autres.

( 1) On peut s'interroger sur le sort reserve a ceux qui ne portaient pas d'insi­gnc.

(2) Arcil. nat. Dxxv c2, d 17, pieces 17 : l'Assemblee provinciale provisoire­ment administrative du Sud a MM. les commissaires nationaux civils, Les Caycs. 4 a~·ril 1792.

( 3) ·Arch. nat. Dxxv c 63, d 63~. pieces 1 et 2. trA bord de Ia ftigate de l'Etat Ia Gala thee en rade de Saint-Marc. le 5 avri/1792:~.

-124-

Page 127: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

lmpt16sible comme Ia loi au milieu de tous lea partis, j'ai du, SDns par·. • tager eel hlllnes particuliires, parler a tous le lllngage de Ill raison et de Ill paix ... J'ai dri rappeler chllque individu a son devoir en lui montrant que son intent personnel l'exigeait .... Faut·il de plus grands mslheurs J'Our faire sentir cette importante verite? ... Que les corps adminhtratifs et municipaux se rappellent qu 'ils ne doivent point exercer des hostilites et que leur devoir est d 'apaiser les troubles qui peuvent s'elever dans l'etendue du territoire soumh ci leur administration. Le droit d 'hostilite n a lieu qu 'en etat de guer­re et contre dr-s ennemis declares tels, et sous Ia direction unique du pouvoir a qui le droit en est delegue par Ill constitution fran· caise ...

Je requiers done les corps administratifs, les maires, officiers municipaux des differentes parohses de Ia province du Sud et de Ill province de /'Ouest ... lea habitants de ces mimes paroisses et les chefs militaires qui s'y trouvent de ne rien negliger pour que toute hostilite ce11e immediatement, qu 'il ne s 'en commefte pas de nouvelles, qu 'il n'y ait plus de detentions arbitraires, que Ill surete, Ia liberte et Ill propriete de chaque citoyen soient scrupuleusement respectees et je les rends personnellement responsables devant Ia nDtion et le roi de toutes mesures dont ils seraient coupables aux yeux de Ill loi et qui pourraient compromettre Ill tranquilite publi· que.»

Comme ils ont meprise les avances de Rigaud, les colons des Ca­·es meconnaissent les consignee de Saint-Leger et poursuivent ~urs preparatifs militaires. Mais ils courent a un echec car aucun ·fficier n 'accepter a d.e prendre, contre les hommes de couleur bres, le f'ommandement d'operations declarees par avance illegales.

A.ssemblee paroissiale du 15 avrill792 Seance du matin.

Ordre du jour : «Delibeter des affaires de la plus haute importan­ce et particulierement de savoir s 'il n 'est pas instant de marcher contre les brigands»

Bureau provisoire : Sarret (le plus age), president. Tanguy La Boissiere, secretaire. Laferandiere, Morel et Maurel, avocat.

Bureau de l'assemblee : Mamel est elu president a Ia pluralite des voix (32) Tanguy La B~ere, secretaire (35 voix).

-125-

Page 128: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Maurel ouvre la seance et passe la parole a Rousse qui propose cd'inviter a l'assemblee Messieurs de Provence, de Royal­Comtois, de RoyaJ artillerie et des Gardea nationales ainsi que Messieurs de la Marine marchande ·et Marine americai­ne. M\)tion unanimement applaudie et _decidee sur le champ,.. Formation d 'une delegation pour se rendre au pres de ces mes­sieurs., compoeee de Esmenard mite, Maurel, Rousse, Siffet, Goujon, Brethons, Raudue et Chauson. RouBSe demande que les communes refugiees aux Cayes soient egalement invitees.

La municipalite sera chargee de placarder ces invitations. I

On arrete en outre que l'assemblee cne desemparerait pas qu'elle n 'ait definitivement statue sur les objets qui ont deter­mine Ia eoiJvocation.»

Les commissairet! revenue de leur mission se felicitent que les corps invites aient promis de se rendre incessamment dans 1 'assemblee. A l'unanimite. l'assemblee arrete :

lo Aprea Ia lecture applaudie de Ia petition de M. le Mercier, garde national, on en dorme J ~mpreBBion a 300 exempJai­res. Des remerciements sont votes a I 'auteur. (1)

2o Une sortie genera1e sera faite sur les Brigands. La ville et le camp suffisamment fardes, il sera reserve un nombre d'hom­mes necessaires pour leA convois de vivres.

3o Le drapeau rouge sera deploye sous l 'egide de Ia municipali­te -<-u de partie de see membres qui, en vertu de Ia loi mar­tiale, seront invites de marcher, revetus de leurs echarpes. M. Litrot membre de I 'assemblee provinciale a assure Ia commune que son assemblee avait arrete qu'elle marche­rait egalement. Grands applaudissements !

( 1) Adresse aux citoyens pour les inciter a operer sans plus de delai une sortie corrtre les brigands:~. Dxxv c 63, d 63&, piece 22, imp. 6 p.

-126-

Page 129: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

4o La Pret6te marchera avec Ia Gendarmerie a Ia suite de l'ar­mee pour faire executer let Brigands.

5o· L '888elllblee provinciale du Sud sera invitee a faire mettre inceseam~nt a execution son arrete qui ordonne I 'embar­quement des mulatres et negret;; residant dans cette ville.

6o M. de Thiballier sera invite a accepter le commandement de I'ai'mee qui lui est devolu par Ia loi provisoire du 18 jan­vier de:.nier.

Deux collllllissiUres pris dans le sein de I 'assemblee vont porter a Thiballier une lettre I invitant a venir sur le champ a I' assemblee. Ce militaire aurait par trois fois refuse cette nomination, Ia place etant tenue par M. D'Ouince. Afin de faire pression sur les citoyens, Charles le Jouanau, depute de Ia marine marchande, s'est presente a l'a.ssemblee et l'a assuree au nom de tout son corps qu 'il lui offrait 600 marins qui etaient prets a voler au secours de Ia province, mais a Ia condition tres expresse que M. de Thiballier commanderait l'armee ~t non M. D'Ouince. Son offre est applaudie et acceptee. ~ La motion suivante est alors faite : cLa c9mmune des Cayes et au­tre& paroisses d:e cette dependance, pour prouver qu 'elle saura tou­jours proceder honnetement avec M~ D'Ouince prennent en consi­deration l'offre faite par cet officier par sa lettre imprimee en date du dix mars demier de sa demission, qu'il offre lui-meme, avouant d 'avoir malheureusement perdu Ia confiance du people, et attendant du patriotisme de cet officier qu il verra sans regret passer le com­dement: general dans les mains de M. de Thiballier qui reunit et Ia loi et le voeu general pour Ia direction et I' emploi des forces, direc­tion d'ou depend entierement le salut de Ia province•. La commune te~oignera a M. D'Ouince cLe chagrin reel qu'elle eprouve d'etie obligee de ceder a Ia necessite du salut public; sa seule regie dans ces moments desastreun Mais M. de Thiballier est le seul capable de ctirer cetb; malheureuse province de l'abyme de mal­heurs dans lequel elle est plongee». ll a accepte, cedant au «VOeU general, a Ia loi, a l'offre de Ia brave marine marchande ... Des Vive Thihalliel' ! ont frappe Ia voute de I 'assemblee • Thiballier emu se retire. L 'assemblee compte sur lui pour, dans son conseil priri, et avec M. de Maupin commandant Ia Garde nationale •fixer le jour, le temps et le lieu de Ia susdite sortie». Ellelui propo­se de creduire, s'ill~ juge convenable, le camp Bourdette ·a sa desti-

• -127-

Page 130: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

nation premiere ' fixee a 150 hommes et a une artillerie proportion­nee par l 'arrete en date du 4 janvier demien. L 'assemblee enfin proteste cen tant que besoin serait, contre tous les arretes · tant de la precedente assemblee provinciale du Sud que des surprises faites a l 'assemhlee coloniale et au chef du pouvoir executif, concernant les titres et qualites deferes aM. D'Ouince con­tre le voeu de Ia loi de nppression des Etats-majors et commandants pour le roi, au desir des communes reunies ... » La seance est levee. II est sept heures du soir. Le proces-verbal est . atifie par 292 signatures.

L 'assemblee s'etant declaree la veille «permanente» est reunie _ le lendemain a quatre heuresl'apres-midi .

Assemblee de Ia commune des Cayes et autres communes reunies le 16 avri/1792.

Ordre avait ete donne le 16 au matin de battre le rappel de tous les paroissiens en vue de la sortie generale. Or, quel ne fut pas la surprise de l'assemhlee,

j;

«d'entendre ce88er le son de Ia cloche; d'apprendre qu'"tl y avait sur Ia place d'armes quelques mouvements dans les troupes de ligne, ce qui n 'a point intimide les citoyens qui n 'ont cesse de rester assem­bles. Mais le president ayant cru devoir en i!lstruire la municipalite, elle a repondu qu 'un manque de formalite etait cause de ce malen­tendu et que l'a&emblee pouvait continuer.» Pui~ l'assemblee prend connaissance d'une lettre adreesee a l'assem­hlec provinciale par M. de Thiballier de ce jour qui annonce son «ref us forme! ... d 'accepter le commandement qui lui a ete de£ ere hier et qu 'il avait accepte au milieu des acclamations du peuple ... Cette nouvelle a surpris et afflige I 'assemblee mais elle ne I a pas de­couragee. Elle est trop convaincue que son salut depend d 'une sortie generale, qu 'elle n 'a d 'espoir que dans son union, sa fermete et son courage pour revenir sur son arrete d'hier en ce qui conceme lamar· che arretee contre les brigands. Si elle restait plus longtemps inacti­ve, elle trouvel'ait une mort certaine et couteuse et Ia misere la plus effroyable, dont elle eprouve deja les horribles atteintes. serait le resultat inevitable de son Iache repou . Bien deddee a operer cette sortie, l 'assemhlee arrete «que la Munici

1,alite sera invitee et priee d'aviser plus promptement possible a tout! les moyens d'execution du susdit arrete ... que tousles

.. -128-

Page 131: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

citoyens indistinctement seront admis ainsi que MM. de Ia Ma­rine marchande a se presenter sur Ia place d 'armes pour Ia elite sortie a l'effet de quoi et pour manifester d'autant mieux que les communes ne sont occupees que d 'un objet unique, toutes profes­sions, arts, et metiers seront suspendus dans Ia ville des Cayesjusqu 'a Ia rentree de l'armee et que }'expedition du present arrete sera envo­yee de suite a Ia municipalite pour avoir son execution ainsi que l'execution de celui d'hier en ce qui n y a pas ete deroge ce jour par le refus formel de M. de Thiballier ... arrete de plus que Ia muni­cipalite est invitee de requerir, aux termes de Ia -loi du 19 mars dernier et rendue par I 'assemblee coloniale, nos braves freres de Pro­vence, de Royai-Comtois, de Royai-Artillerie et de Ia Marine natio­nale, pour que les dites troupes se tiennent pretes en cas de be-

soin ···•

Le lendemain 17 avril, l'assemblee provinciale reunie avec les municipalites des Cayes, de Torbeck et de Cavaillon a l'hotel de ville des Cayes, (1) recherche les moyens de «satisfaire le voeu bien exprime des citoyens ... qui~fatigues de l'inaction,ont arrete unanimement qu'ils se mettraient en campagne pour combattre l'ennemi commun». Comment confier a Thihallier un commande­ment «que Ia loi lui interdib sans le «compromettre ... vis-a-vis du chef militaire qu'il reconnait ... » Une delegation est envoyee vers Mangin D 'Quince pour lui demander de donner a Thihallier d'ordre de commander l'armee qui sortira de Ia ville». Journu, Berret, Saint-Martin, les trois maires, et trois representants de l'as­semblee provinciale sont designes pour cette mission.

11 est decide en outre que les capitaines des navires marchands et le commandant de la'\Station seront pries de fournir a l'armee et au commandant de Ia Garde nationale cun etat nominatif des citcyens sur lesquels on pourra aussi compter pour Ia campagne».

En ce qui concerne Ia decision de Ia commune relative au de­ploiement par Ia municipalite du drapeau rouge et a Ia proclama­tion de la loi martiale, l'assemblee «considerant que les brigands revoltes ne peuvent pas etre regardes comme des citoyens egares

(1) Deliberations de I'Assemblee provinciale du 17 avri/1792 (copie) Arch nat. Dxxv C63 d 63~. piece 4.

-129-

Page 132: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

et que l'appareil du drapeau rouge deploye leur offrirait encore un asile qu'ils ne sont plus dignes d'obtenir, arrete qu'il n'y aura pas liea.a proclamer la loi martiale).

Quant a la decision de declarer l'assemblee communale «perma­nente), elle est «inconstitutionnelle:.. Done d'aseemblee des com­munes est close et ne pourra se reunir sans une nouvelle convoca­tion legale par qui de droih.

Le commandant D 'Ouince fait porter une lettre du jour dans laquelle il invite l'assemhlee provinciale 8: lui delivrer un passe­port pour s'embarquer sur le premier batiment partant pour le Cap ou pour la metropole. Sans rancune, il felicite les citoyens de la province du Sud d'avoir trouve pour le remplacer «Un officier aussi distingue que M. de Thiballier par ses connaissances militaires et son patriotisme)

Le lendemain 17 avril, Ia delegation envoyee au camp Bourdet rapporte qu'apres avoir ete introduite sous la tente du comman­dant, son porte-parole Saint-Martin fils lui a remis l'arrete pris le matirr par l'assemblee. MB.DP.in D 'Quince a repondu que

«desirant toujoun· prouver son ptltriotisme et son devouement a Ia chose publique, lise ferait un devoir et un plaisir de donner l'or­dre demande a M. de Thiballier, mais, Ia loi a Ia main, il a prouve a .to commission que ptlr cette demarche.J il devenait responsable d 'une operation qu 'il n 'aurait ptiS eu lo faculte de conduire suivant ses lumieres .. . il serait mortifiant, meme humiliant pour un vieux militaire comme lui de rester spectateur des operations tandis que son devoir et ses principes dtvaient Je porter Je premier au danger».

II rappelle qu 'il a deja sollicite son rappel et demande un passe­port pour se rendre au Cap. Son depart, a-t-il fait observer, «~ais­sait naturellement M. de Thiballier commandant de cette partie:.. n peut, si on l'exige, «lui donner. l'o~dre dont;a ~-~~ le dis~~e».

Cependant la ville des Cayes n etrut plus qu un 11~t de resiSt~n­ce ou sevissait encore le fanatisme Ieopardin. Une clandestine Societe des amis de Ia Constitution qui avait pris le relai du Cluh patriotique des Cayes denon~ait a ses amis de Port-au-Prince le defaitisme des grands planteurs :

«liS ont tout perdu, ils sont chasses de chez eux, ils ont refu des brigands les plus sang/antes injures, ils sont ruines pt1r eux, assaisi­nes par eux, miserables par eux. et ils supportent cette foule de

-130-

Page 133: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

m1111x «« une IIJIIIthw ,.,,..,, inexpllct~ble ... A moln• que ce1 richlml• depouilU1 de leur opulence n 'olent, comme on le dlt, vendu et recu le priJc de leu,. poueuio111 del mabu del contre-revolution· mdrei, on n'expllquertJ}G,.,.l"'luoucillnce avec loquelle 111 1e volent redultt d coucher "'' une 1111ne et tJ ,.,,er le pain rare et doulou· rer~x de Ill ration provlndlllu. · (1)

Ces denonciations haigneuses alliees . ~ un racisme farouche n 'etaient plus de mise. La situation exigeait moins d 'outrance vei'·,ale. Ce qui venait de. se pa&ser • Saint-Louis le 17 avril meri­tai: ·efle:xion. Ia hommes de couleur qui occupaient la ville de· puis le mois de decembre avaient, sous Ia protection de Lefranc, leur cmajOr-generab et avec l'app~i d'Andre Rigaud, procede au renouvellement de la municipalite conformement au decret du 15 mai. Des citoyens hlancs et de couleur s'y cotoyaient. Demelval, un blanc, avait ete elu maire et d'armee en activi­te dans cette ville:. avait ete convertie en Garde nationale «pour le maintien du bon ordre, la tranquilite puhlique et la conservation des proprietes::.. Andre Rigaud qui pre­sidait la ceremonie avait declare que «SOD plus grand desir etant de voir renaitre Ia paix, il ferait tout ce qui dependait de lui ~ cet egard; que MM. de Ia municipalite le trouveraient toujours dispose a executer to us les ordres qu 'il recevrait pour 1 'utilite publique; et que, quoique pour se conformer aux decrets natio­naux, il fut oblige de faire sa residence dans la plaine du Fond, sa paroisse, il viendrait au secours de ce quartier quand il en serait requis». (2)·

Les pouvoirs d'Andre Rigaud n'ont encore rien d'officiel mais son autorite grandit incontestablement. Avec le grade de «colo· nel generab que lui donnent ses compagnons d'armes, il est le bras droit de Saint-Leger. dans la province du Sud, evitant a ce

( 1) d.A Societe des Amis de Ia Constitution des Cayes, suspendue d'exercice par les malheurs des temps, mlli3 existante dans le coeur de tow les bons citoyens. a Ia Societe des Amis de Ia Constitution du Port-au-Prince ., activitb, Arch. nat. Dxxv 75 f744, piece 14, datee des Cayes le 19 tnril 1792 signee Tanguy LabOBSiire· chDbitant aux Cayeu.

(21 Extrait des reg/Jtres de delibemtiom de Ia municipolite de Saint-Louis du Sud. 17 avri/1792. Arch. nat. Dxxv 63/638, piece 5.

-131-

Page 134: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

dernier d'avoir a s'y rendre. Le 19 avril.il ecrit a l'assemblee provinciale :

«Melliewrs. Revenu de Saint-Louis ou j'avt~is ete d /'invitation de MM. les habitants pour Ia fomuzlion de Ia municipalite, je vous en­vole un paquet venant de M. de Saint-Leger commissaire et deux de MM. de Ia municipalite de Saint-Louis.

Apres les deux lettres qwe je vous ai ecrites et qui sont restees sans reponse, je ne crois devoir rien vous dire de plus ... que nous sommes toujoun dans les memes senf. .. ~ nts de paix et de concilio­lion, et que nous declarons nous soumettre a Ia Proclam~~lion de M. de Saint-Lepr ( 1) et de tous les ordres qui ·emaneront de lui et de tous autres pouvoin legilimes. Yoilti notre profeslion de foi. Je suis avec respect ... Andre RiJGud. Au Fondle 19 avri/1792». (2)

La municipalite de Saint-Louis informait celle des Cayes qu'elle venait de se soumettre d la loi et aux volontes de MM. les com­missaires nationaux civils». «Nous esperons, que vous voudrez bien comprendre avec noun, ecrivaient Demalval, maire, et Le­gendre de Vinsny, secretaire greffier.» (3).

Aux Cayes,il n'est pas question de suivre l'exemple de Saint­Louis. La Proclamation de 1 'assemhlee provinciale aux communes de la province (4) invite les citoyens a s'unir dans la soumission «aux lois qui vont paraitre,, et qui vont «ramener l'harmonie dans toutes les parties, prevenir de nouveaux malheurs et ar;eter tous les exces» n s'agit d\me constitution nouvelle pour la co­lonie dont l'assemhlee coloniale a annonce la prochaine promulga­tion dans sa seance du 10 avril. On tourne deliherement le dos aux decrets nationaux.

( 1) Relative a Ia formation des municipalites, en date du 17 avri/1792.

(2) Dxxc 63/638, piece 7.

(3) Dxxv 63/638, piece 23.

( 4) ~Proclamation. L 'assemblee provinciale et provisoirement administrative au Sud. .. les municipalttes des Cayes, Torbeck, Cavaillon, Port-Stzlut et les Coteaux reunies, aux communes de Ia province, 2 mai 179 2,. Dxv 63/638 pieces 9 et 10.

_l':l')_

Page 135: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Cet appel .a l~cuil.ion» est curieueement assorti d'une violente denonciation des ho:riunes de couleur auxquels il est demande de deposer les alm.es et d'attendre «dans le silence,. de connaitre le sort que leur tft.pare 1 'as8emblee coloniale:

«:Rendez au ppuvoir e%1cudf les forts de l'Etat dont vous vous etes empares, aux proprlltaires leurs habitations ... Ne soutenez plus les esclaves en revolt~ ... alors, mats alors seulement nous pour· rons croire ci votre ioumusion au% lois et d votre amour de Ia paix ... »

1 .s hommes de couleur avaient d'autant moins de raisons de se soth.lettre qulls venaient d'etre informes par Julien Raymond que le vote d'un decret qui accorderait a tousles lihresla citoyen· nete etait imminent:

«:Je crois pouvoir vous donner /'assurance que le decret desas· treux du 24 septembre de l'annee demiere sera revoquee et que nous en obtiendrons un plus avantageux que celui du 15 mai 1791 ... au· jourd'hui /'esprit public est si forme a Paris, lei droits sacres de l'homme sont si profondement graves dans tous les coeurs, qu'on s'indigne que le decret du 15 mai ait laisse une difference entre des hommes libres ... Nos defenseurs se multiplient a l'infini ... Plusieurs ouvrages ont paru en faveur de notre cause ... Tout cela me donne le plus grand espoir et je brrile du desir de pouvoir vous annoncer bien tOt que nous serons enfin comptes au rang des citoyens.» ( 1)

Dans cette attente qui ne devait plus etre longue, ils restaient l'arme au pied tandis que l'assemhlee paroissiale etait convoquee pour entendre des informations relatives a la future constitution de Ia colonie et · pour organiser contre eux une ultime sortie ge· nerale.

AssembUe paroulillle du 6 mal 1792 SiGnee du matin.

President : Goujon, ccitoyen aetif~t, secretaire : Tauguy-Labos­siere.

( 1) No 13 de Ia Correspondance de Julien Rllimond avec ses {reres. Arch. nat. Dxxv 114. Cette lertre est dlltee par e"eur de Paris, le 15 avril} 79 2. II s'agit sans mute du 15 mars; car le dt!bat sur Ia ratiftcation des cottcor­dats avait commence ti Ia Legislative le 29 fevrier 179 2'

-133-

Page 136: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Les officiers municipaux se presentent et le proeureur de Ia commu-ne donne lecture: · 1o de Ia lettre officielle de I 'aseemblee provinciale du ~ud (1) 2o de I adresse de I 'assemblee coloniale du 4 avril demier ' Bel

constituants contenant I' analyse de ses travaux jusqu 'a Ia fin de mars.

3o une lettre de M. le lieutenant gouverneur general au Gouverne­ment de Saint-Domingue ll8fl8 date et celle de l'assemblee coloniale ... en repons~ et datee du 17 avril dernier.

4o le rapport de M. Dumas commissalre rapporteur de Ia commis­sion pour Saint-Domingue en date du 23 avril dernier.

5c. le developpement de I 'arrete. du 29 .decembre 17CI1 relatif aux municipalites en date du 18 janvier 1792.:-(2)

6o Ia deliberation de l'assemi:>Iee provinciale et des municipalites reunies en date du 17 avril dernier' sur les mesures prises par les dites municipalites pour satisfaire a Ia decision des deux demieres assemhlees des communes relatives l une sortie general e .

. 7o l'arrete de l'assemblee provinciale du Sud du 17 avril demier. II ~ ete unanimement arrete qu ~I soit vote des remerciements a J'assemhlee coloniale et une adresse serait a MM. Thihallier, de Mau­pin, Truguet de Sarcay et le commandant du corps d 'artillerie et

. de celui de Ia Marin~ marchande a venir apres-midi au sein de I 'as­semblee de commune a l'effet d'avoir leur ultimatum sur les moyens de sortir mardi au plus tard, ainsi que les chefs des corps populaires A trois heures et que cette invitation serait faite par la municipalite des Cayes. MM. Dupin, Morel, Fontfrede, Toirac Najac et Sanson ont ete nommes comrnissaires a l'effet de faite la dite invitation.

Seance de l'apres-midi. 3 heures.

On decide d imprimer a 100 exemplaires le projet de lettre de remer­dements a l'assemblee coloniale (3) dont le texte est remis a M.

( 1) Vraisemblablement Ia lettre de convocation de l'assemblee.

(2) Relatifau renouvellement des municipalites.

(3) Arch. nat. Dxxv cll3 d~94, piece 21, 4 p. imprimees. Ho~age aux 1ravaux de l'assemblie coloniale, inspire par Tanguy Labosszere dans le plus pur esprit /eopardin. 't:ontre /'octroi des deoits politiques aux hommes. de couleur ... cces hommes depraves pour qui resclavage politique est aussi nec~ire que l'eau /'est au poisson..,,

'l!l.AI

Page 137: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Sanson imprlmeur chez M. Lemerey pour etre imptime toutes w

vres cessailtes. Arrivent MM. les maires des municipalites, M. de Thihallier, l\i; de Maupin, de Truguet et auires chefs du pouvoir executif sur im tation expi.'esse et des corps populaires. M. de Thihallier est invite a faire rassemhler demain a 7 heures du matba sur Ia place d'armes et les armer, tousles citoyens qui de· vaient sortir, afin que ce chef put connaitre le nomhre d'hommes de bonne volonte. La seance est repartee a demain lundi a 3 heures du consentement de Ia municipalite des Cayes ici presente.

All~mblee paroi111tlle du 1moi 1792. 3 heure1 de releve1

M. de Maupin remet a Ia commune I 'etat des hommes qu 'il peut fournir soit 576 hommes sans compter lee troupes de ligne et autres. D'apres.la connaissance que Ia commune a positivement des autres forces, il a ete unanimement ~~'rite que Ia municipalite ici presente est requise, et sous sa ~sponsahilite, d'e requerir le chef de Ia force armee de soitir contre lei brigands dans le plus bref delai possible ... Trois coJJlJJlissaires sont depeches aupres de MM. les commandants des fregates et capitaines marchands nationaux et etrangers pour savoir d 'eux Ia quantite positive d 'hommes qu 'ils pourront fournir ... Ils en informeront le chef de Ia force armee, seront porteurs des ar­retes de l'assemblee coloniale et provinciale concernant lee pensions et gratifications accordees aux penonnes bleesees ... Lee commissai­res designee sont :Dupin, Lesens et Du Rocher. L 'assemhlee persiste dans ses .arretes des 15 et 16 avril dont Ia mu­nicipalite devra bien vouloir s 'occuper sans delai de I 'execution.

Une cinquantaine de noms ont paraphe le proces-verbal. La fai­ble participation ll cette wemblee indique que les citoyens des Cayes ne marquent pas un grand empressement a marcher contre les llommes de couleur. Pour attirer des volontaires.,il a fallu assu­rer l'avenir de ceux qui ne sortiraient pas indemnes de !'expedi­tion. Flus que sur les propres forces de Ia paroisse, on compte sur les secours exterieurs, sur les equipages de Ia marine notam­ment. ll n'est pas d'ailleurs plus question de sortir «mardi au plus tard,, c'est-8-dire le lendemain 8 mai, mais «sans delai•. D'autre part l'assemblee charge Ia municipalite de «requmn le chef de Ia

-135-

Page 138: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

force armee d 'operer cette sortie, mai.s aucun de ses membres n 'a signe le proces-verbal. Les citoyens sont tr~s divises sur l'opportu­nite de cette decision. En fait, personne n 'ose prendre la respon­sabilite d 'une operation militaire que desavouent les agents de l'executif. Tout se passe comme si le decret du 28 mars qui consa­crait les concordats etait deja connu aux Cayes. La lettre de Julien Raimond l'annonctait et elle n 'avait pas du rester secrete.

L 'octr'Ji des droits politiques aux hommes de couleur libres enlevait aux colons des Cayes tout espoir de retablir leur domina­tion sur des gens qui venaient d 'acceder a la citoyennete les armes

a Ia main. La subversion des esclaves dans toute Ia plaine du Fond allait imposer aux deux parties des alliances douloureuses mai.s necessaires.

• •• Le decret du 28 mars 1792 parvint officiellement dans la colo­

nie le 27 mai. L 'assemblee coloniale qui venait de reaffirmer le maintien de l'esclavage sans lequel da colonie de Saint-Do­mingue ne peut existen (1) et de soumettre a son acceptation toutes les demandes d 'affranchissement, declare s 'y soumettre d~ le 28 mai. L 'assemblee provinciale du Sud suit son exemple le 17 juin. Le proces-verhaux des assemblees paroissiales des 3, 18 et 23 juin montrent que les choses ne sont pas aussi simples au niveau des paroisses quand la paix avec les hommes de couleur n'est pasfaite.

L 'article lo du decret du 28 mars J 792 prescrivait qu 'immedia­tement apres sa publication cil sera procede ... a Ia reelection des assemblees coloniales et des municipalites, dans les forr.•;S prescri­tes par le decret du 8 mars 1790 et 1 'instruction de 1' Assemblee nationale du 28 du meme mois,. L'article 2 precisait que les hom-

( 1) Decret du 15 mai 1792. Elle enverra e,n Franc~ trois COf!Jmfs~ire_s. Lux, Page et Bruley, en demander Ia ratijicatwn par ~assemble~ I~K!slative. En declarant d'esclavage necessaire iJ Ia culture etc 1~ prospen~e ~e Ia colo­nie», Ia 2o commission civile donnera des aparsements a 1 assemblee coloniale des son arrivee dans sa proclamation du 24 septembre 1792.

-l~h-

Page 139: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

mes de couleur et negres libres remplissant les conditions requises par la loi, seraient admis a voter dans toutes les assemblees parois­~iales et eligibles a toutes les places.

Aux Cayes, des le 3 juin, !'election de representants de la com­muRe a l'assemblee coloniale est a l'ordre du jour de l'assemblee paroissiale dont le proces-verbal fort imprecis ne dit pas dans quel­les conditions ni par qui elle a ete convoquee. Voulait-on dis­cuter entre soi de la situation nouvelle creee par la loi du 28 mars et t''"endre quelque decision avant le retour desormais fatal de ceux qu'" ~a guerre civile tenait encore aux portes de Ia ville ? II apparait que Tanguy Labossiere est, ce 3 juin, le meneur de jeu.

A11emblee paroissiale du 3 juin 1792 1 0 heures du mati11.

Ordre du jour : l 'election des representant& de Ia commune des r.ayee a l 'assemblee coloniale. La seance est organisee par Sarret et Tanguy Labossiere. Rambaud est elu president de seance' .,t Tanguy secretaire. R.ambaud «decore ce jour de Ia croix militaire de Saint-Louis» offre «de depol!el" cette marque si elle pouvait lui aliener le coeur de ses concitoyenn. On lui repond «qu 'ilia garde» et I 'on applaudit. Lecture de Ia deliberation du conseil general de Ia commune du 31 mai 1792 qui a decide de protester «contre !'admission de M. Rollain A l'assemblee coloniale en qualite de depute de Ia commune des Cayes ... » ll reviendra prendre sa place a l'assemblee provinciale du Sud. L 'assemblee du Cap voudra bien recevoir le serment de M. Gom­bault, ce qui lui evitera un retour aux Cayeu.

Signatures : Journu, maire, Lefevre, Dulin, Mocel, Reneaume, Tanguy Labossiere, secretaire, Rambaud president, Malter, mar­guillier.

Ce proces-verballaconique ne laisse apparaitre aucune decision relative a l'ordre du jour. La tension entre blancs partisans resi­gnee ou adversaires obstines de la loi du 28 mars augmente en memt-: temps que les difflcultes de la vie quotidienne. Convoquer rassemblee pour une election a laquelle les hommes de couleur devraient participer alors que la paix avec eux n 'eJ~t pas faite,

-137-

Page 140: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

releve de manoouvres a retardement dont il faut chercher les au­teurs parmi les affi.des de cette Societe des Amis de Ia Constitution des Cayes. Mais l'assemblee provinciale parait acquise au dialogue avec les hommes de couleur. Elle demande a Ia municipalite de convoquer l'assemblee paroissiile pour Ia mise en oeuvre de Ia lot du 28 mars.

Assemblee paroiuillle du 18 juin 1792

President : Tapiau Secretaire : Reneaume.

La municipalite communique les pieces . qui lui ont ~ adressees par l'assemhlee provinciale: - une lettre de I 'assemhlee provinciale a Ia municipalite du 17

juin 1792 accompagnant les pieces suivantes : - expedition d 'une lettre adreuee par I 'assemhlee provinciale unie

aux municipalites refugies aux Cayes du 9 juin adressee aux cito­yens de couleur et negres lihres de Ia province, accompagnant l'envoi de Ia proclamation de M. le General du 28 mai dernier rendue par l'arrete de l'aseemhlee coloniale.

- copie d'une lettre d'A. Rigaud a l'assentblee provinciale du Sud datee de Saint-Louisle 10 juin 1792. (1)

- un arrete de l'assemhlee provinciale unie aux municipalites ac­tuellement refugiees ·~ Cayes pris dans sa seance d 'hier por­tant:

1-

2-

declaration formelle de soumission a Ia loi portee en Ia dite proclamation ct du voeu d 'une prom pte et sincere reunion des citoyens de couleur et negres lihres aux blancs pour faire cesser Ia revolte des esclaves. envoi de cette declaration a toutes les municipalites et a tous Ies citoyens de couleur et negres Iihres de Ia province.

3- nomination a faire par les communes de chacune un c'ommissaire, a l'exception de cette des Cayes qui en nommera deux dont un pour Ia ville et l'autre pour Ia plaine, a l"effet de porter les paquets contenant Ia dite

( 1) Cettre lettre n'a pas ete retrouvee.

Page 141: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

declaration a Saint-Louis et y remettre ceux destines a Ia municipalite du lieu, aux autres municipalites et aux citoyens de couleur des dites paro~ et a ceux reunis au camp Lacoste.

4- pouvoirs aux dits commissaires de convenir avec ceux des citoyens de couleur et n~eslibres du camp Lacoste et autres, d'un lieu dans Ia plaine du Fond pour ooncer­ter de I 'execution de Ia proclamation de M. le lieute­nant du gouvemement general a l'effet de faire rentrer les esclaves dans le devoir.

L 'assemblee nomme deux commissaires «pOur remplir seulement Ia mission portee au dit arrete et en se renfermant absolument dans les pouvoirs qui y sont contenus qu 'elle confirme tels qu "ds sonh. Sont elus Beauzamy (pour Ia ville) avec 15 voix sur 24 votants et Demuzaine (pour Ia plaine) avec 6 voix sur 21.

L 'assemblee est peu nombreuse. Le proces-verbal ne porte que 6 signatures. Le 20 juin des contacts ont ete pris avec les hommes de couleur a Saint-Louis. Les commissaires blancs sont informes que les hommes de couleur ont promis Ia liherte a 300 esclaves qui ont combattu dans leurs rangs contre leurs mailres. Ds refusent de discuter cette question)n 'ayant pas de pouvoir a cet egard. n semble que les hostilites aient ete suspendues a Ia suite de cette premiere reunion. (1) L 'assemblee provinciale reunie avec les municipalites le 22 juin decide, apres les debats houleux, de pour­smvre les negociations. L 'assemblee paroissiale est convoquee.

Assemblee paroi11illle du 23 juin 1792

President : F augas Secretaire : Lainet (?)

( 1) Memoire de l'assemblee provinciale et des municipalitis reunies du Sud a l'assemblt!e coloniale de Ia partie franfaise de Saint-Domingue ... Les Cayes le 26 septembre 1792, en reponse a Ia lettre de M. de Blanchelande en date du 16 a.oUt 1792 adressee a l'assemblee coloniale». Arch. nat. D xxv 63/63&, piece 15, ms 1& fo.

Page 142: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Le procureur de la commune donne lecture de : 1- une depeche du ministre adressee au gouverneur du 17 avril

1792; 2- la lt>i de I 'assemblee nationale concernant les gens de couleur

et negres libres du 28 mars, sanctionnee le 4 avril1792; 3- Ia lettre de M. de Blanchelande a Ia municipalite du 4 juin

qui lui remet les pieces enoncees ci-dessus; 4- Ia proclamation de M. le general du 29 mai; 5- le proces-verbal a Saint-Louis par les commissaires des parois­

ses voisines ... du 20 juin; 6- l'arrete de l'assemblee provinciale reunie aux municipalites

le 22 juin 1792' a laquelle etait jointe une lettre du 23 juin ... a l'effet de nommer des commissaires aupres des gens de cou­leur.

A pres examen de ces pieces et discussion, l'assemblee arrete : 1o qu 'il n y avait pas lieu de deliberer sur le dit arrete de l'assem­

blee provinciale et des municipalites reunies; 2o qu'au pouvoir executif seul appartient le droit de faire execu­

ter Ia loi; qu'en consequence M. de Thiballier commandant en cette partie, serait invite au nom de Ia commune et du salut public a faire executer de suite Ia dite loi .. . et de prendre de suite avec les citoyens de couleur toutes les mesures neces­saires pour faire rentrer sans convulsions les esclaves dans le devoir et retablir promptement Ia tranquilite publique.

Arrete en outre qu 'expedition du present sera adressee a Ia munici­palite de cette ville pour tenir Ia main de eon execution et qu 'une

seconde expedition sera remise au nom de Ia r.ommune par le president et le secretaire de l'a~:.emblee aM. de Thiballier, commandant pour le roi dans cet­te partie.

;\.;semblee paroissiale du 6 juillet 1792

President :Maillet-Lacoste Une soixantaine de citoyens ont signe'le proces-verhal.

L ·arrete pris par l'assemblee paroissiale de laisser aM. Thihallier Ie soin de faire appliquer Ia loi du 4 avril est considere pv ce~­tains colons comme une capitulation. Les pouvoirz:1 confies a Thi­hallier sont «illegaux et insolites:.. Mais selon eux de desir ardent

-140-

Page 143: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

de Ia paix est si puissant» que les assemblees ptoVInciaJe et munici­pale regardent passivement les demarches du pouvoir !executif. Thiballier est represente «volant aux camps L~tcoste et Gerard» ou il a des conferences avec les hommes de couleur. ll en revient avec la convictio'1 que ces derniers sont d.:.accord pour executer ia J~i. 11 demandc la convocation de l'assembfee paroissiale pour informer les citoyens de ses demarches. L 'opinion est partagee sur l'opportunite de cette assemblee. La municipalite cependant est convoquee pour le 6 juillet.

Assemblee paroissiale du 6 juillet 1792

President :Maillet-Lacoste Secrt!tair,- :Marin

Journu remet les pieces dont lecture est faite a l'asserrtblee: 1- une adresse des membres du Conseil de Paix et d 'union de

Saint-Marc (1) du 15 juin a MM.les citoyens des Cayes, signes Pinchinat, president Faribaut, secretaire,

2u- une lettre f].e M. de Thiballier a Ia municipalite du 4 juillet, deman'd.ant que Ia commune fut assemhlee aujourd'hui pour prendre connaissance de son adresse aux citoyens des Cayes;

3o- cette adresse renfermant le projet d'une creation de deux compagnies de gendarmes , I 'une composee de citoyens blancs, l'autre de citoyens de couleur et d'un corps de 100 hommes citoyenfl de couleur soldes;

4o- un arrete de ·l'assemblee provinciale de ce jour portant invi­tation a Ia municipalite de ne pas convoquer l'assemblee de commune demandee par Thiballier

5o- un arrete de Ia municipalite de ce jour portant que Ia convoca­tion sera suspendue;

6o- un proces-verbal dresse en I 'hotel de ville ce jour portant requi­sition de Ia part d 'un grand nombre de citoyens a ce que l'as­semblee de commune dejA annoncee ait lieu sur le champ,

( 1) Constitue le 30 mai, de blancs et d"hommes de couleur, preside par Pinchinat, homme de couleur, avec /'accord de Blanchelande et de Roume dans le but de renforcer le cordon de /'Ouest charge de t:irconscrire Ia revolte dans le Nord.

-141-

Page 144: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

dechargeant Ia municipalite pour les suites de Ia presente assemble e.

L'assemblee arrete qu'elle charge Ia municipalite de repondre A Ia lettre du Conseil de Paix et d'Union de Saint-Marc et de lui ma­nifester le desir ardent pour le retour de Ia paix et de Ia tranquilite. L 'assemblee approuve Ia tenue de Ia presente assemble e.

Quant au plan de Thiballier, l'assemblee CO'lsiderant qu'aux communes D 'appartient pas le droit de Creer des corps armes ... que deja elle a remis a M. le commandant le soin de l'execution pleine et entiere de Ia loi du 4 avril dernier, et que Ia forrRation qu 'il propose etant un des moyens a mettre en usage pour cette meme execution, c'est a lui a l'operer s'il Ia juge necessaire, sauf a Ia faire approuver par les corps qui en ont I~ droit ... arrete qu 'elle ne croit pas pouvoir deliherer sur Ia formation propo­see par M. le commandant de Ia place, mais que confirmant de plus fort Ia deliberation par elle prise le 23 juin demier par laquelle elle e'en est entierement remise aux soins de M.le commandant pour ra­mener I 'ordre et Ia tranquilite dans Ia pP.roisse elle invite M. le commandant a faire usage de tous les moyens qui lui paraitront les plus convenables pour y parvenir, 1 invitant eeulement dans le cas ou il jugerait indispensable la creation dee cbrps annes mentionnes dans BOD adrell8e, a considerer

lo qu 'il existe deja une compape de gendarmerie blanche et qu 'une aeconde compagnie compoeee de meme, si tel etait son projet, greverait la paroilee d'une depense tres conse­quente dans la circonstance;

2o qu 'il paraitrait convenable de compter la compagnie soldee dr 100 hommes de Ia meme maniere que Ia gendarmerie, c'est-8-dire moitie de citoyene blanca et moitie de citoyens de couleur, moyen qui irait au devant de toute division et exciterait 1 emulation des deux compagnies pour le service

Et attendu queM. le commandant ne propose cette formation que parce qu'il n 'e'xiste pas dans ce moment-ci des trol.lpes de lignes en suffisante quantite pour ramener 1 'ordre, arrete encore ... que M. le commandant sera invite, s'il opere cette formation, a ne le faire que provisoirement et jusqu 'a un nouvel ordre de choses et . .. que M. le commandant sera invite a prendre tous les m~y~n~ qui paraitront les plus siirs pour aller au devant de toute nvalttf'

_l A')_

Page 145: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

et de tous desordres entre ces corps annes, s 'il est decide a les creer ... qu 'expedition du present sera le plus tot possible adressee oar Ia municipalite aM. le commandant de Ia place auquella com-

mune vote les remerciements. Son adresse sera deposee au gre££e de Ia municipalite ... sans egard a I 'arrete de l'assemblee provinciale du matin de ce jour dont a ete ci-devant donne lecture.

L 'on redoute a coup sfu des heurts entre recrues blanches et de couleur, et l'on envisage ces mesures coiiteuses avec apprehen­sion et seulement ~ titre privsoire. Cependant les hostilites avec 1~ hommes de couleur ont pratiquement cesse. Depuis la fin du moiB de juin, Thiballier prepare leur retour aux Cayes. n a lance une proclamation a tous leurs commandants pour la mise en oeu­vre du decret du 28 mars, s'est rendu a nouveau aux camps Lacoste et Gerard, a passe leurs troupes en revue, leur a demande de faire rentrer les esclaves dans leurs ateliers respectifs.

Bien que les hommes de couleur se plaignent de n 'avoir pas ·les forces suffisantes pour remplir completement leur mission, une paix relative parait renaitre dans la plaine du Fond, Thibal lier invite de fa-;on pressante les planteurs a retourner sur leurs habitations :

« ... k1 afftdra ptmli11ent prendre une bonne toumure, les atelien semblent vouloir rentrer da111 te devoir ~·•ur ce1 appa,.,ces, ks habi­tantl en prmde partie 1e rendent sur leun habitatiOM des les pre­mini joun de jumet et y reprmnentdoucement leun travaux ... »(l)

Le retour au calme n'est qu 'apparent car clu cote des esclave&~ rien n 'est regie. Mettant a profit la detente entre blancs et hommes de couleurs libres, deux de leurs chefs, Armand, de !'habitation Berault et Martial, de !'habitation Pemerle se pr~tent en ville. Us viennent discuter avec leurs maitres et Thiballier qui les re~i­vent. Tis demanderaient, dit-on, aoo libertes et trois jours libres par semaine De part et d 'autre des pro messes auraient ete faites. A la surprise generale , il repartent libres, escortes par des soldats du regiment de Provence. Tis cessent leurs incursions. «C'est le chat qui d.orb disent les colons.

( 1) Journal exact de ce qui s 'est passe auc Cayes depuis Ia trop fatale equipee du 2J iuiUet 1792 ... Le Cap, 1o septembre 1792. Arch. nat. Dxxv 63/63~. piece 16 (6 Fo).

-143-

Page 146: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Le 14 juillet, Andre Rigaud qui a ete «confirme» dans son grade de colonel par Thiballier, fait son entree aux Cayes en ar­mes, avec une partie de sa troupe. Personne n'ose broncher.

«Les citoyens blancs ne u!moignent ni plaisir, ni crainte ... Le co-lonel R igaud et son major Bonfils dinent chez M. Thiballier ... » ( 1)

Deux compagnies de gendarmes de couleur ont ete mises sur pied. On leur a distribue des armes. L 'une, commandee par Pierre Pron «dont le nom seul fait frisonner d'horreur et d'effroi» est destinee a Torbeck, !'autre est cantonnee aux Cayes. Tres rapidemerit des incidents opposent blancs, hommes de couleur et esclaves, en ville et sur les habitations. Thiballier et Rigaud s'efforcent d'arbitrer ces conflits, sans succes. Thiballier fait alors une proclamation mena~ante aux esclaves. Armand et Martial y repondent en rassemblant leurs troupes, le premier aux Platons, l'autre dans lcs hauts de Ia Ravine Seche.

***

Telle etait Ia situation lorsque le gouverneur general Blanche-lande arriva aux Cayes le 23 juillet dans Ia soiree.

« Vers les 5 heures du soir, Ia place de Ia fontaine etait remplie de monde, un detachement de Ia garde nationale blanche commandee par M. Ledoux, major, fut se mettre en bataille pres Ia barriere du pont. Quelques instants opres, l'int un autre detachement de Ia Gar­de nationale de couleur qui fit Ia meme manoeuvre. MM. de Thibal­lier, de Maupin, le maire et les officiers municipaux se promenaient sur Ia ()haunee pour le recevoir. A six heures et demie environ, nombre de coups de canon annoncerent son entree et M. de Maupin, commandant Ia Garde nationale, lui presenta les clefs dl! Ill ville, en lui disant qu 'elle renfermait beaucoup de citoye;.s malheureux mais

qui tous lui offraient leurs coeurs sans partage. II fut recu avec les honneurs dus a son titre eta sa personne.» (2} .

f 1) Memoire de /'assemb/ee provinciale et des municipalites reunies du Sud it /'assemblee coloniale de Ia partie franraise de Saint-Domingue. Les Cayes, !e :!6 septembre 179:!.' en reponse a Ia lettre de M. de Blanchelande en date du 16 aout 1792 adressee a l'assemblee colonia/e. Arch. nat. Dxxv 6Jfo3~.piece 15. (l~fuJ

(2,1 Gazette des Cayes du dimanche 29 juillet I 792.

-144-

Page 147: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Le Gouverneur et~t accompagne de M. de Sainte-Croix qui avait auparavant commande Ia province du Sud et que d'on a revu avec plaisir » et de MM. Denard et Liejard, ses aides de camp. Blanche· Iande fut loge chez le commandant de Ia place Thlballier. La Ga­zette des Cayes retrace son emploi du temps :

«Le lende11Uiin 24,il montu ti cheval a 6 heures du matin et se trans· porta au camp Bourdet. II rentrG une heure apres et vuittJ les redou-

. tes et differents postes qui entourent Ia ville. A 11 heures_,il fut ill'lllsemblee provincilzle ou Ia municipalite s'eJilit rendue. M. Bon· tant, president temoigna aM. le lieutenant general au n~m de tous ses membres combien ils etaient satisfaits· et honores de le voir sieger au milieu d'eux. A son tout;.il donna des eloges ti Ia conduite de l'lllsemblee, de Ia municipalite et de tousles habitants et citoyens de ce quarrier pendant les troubles ... Le meme jour il recut Ia visite des differents corps. Le 25)1 partit de grand matin pour les camps

Lacoste et Gerard. II ne revint que le soir tres tard. Le 26 ti 11 heures, il se rendit une seconde fois au sein de l'lllsemblee a loquelle Ia muni­cipalite s'etait jointe. /Is tinrent seance a huis-clos. .. A midlles por­tes furent ouvertes et M. de Blanchelande se promenant seul dans Ia nef de l'eglise donna audience jusqu 'a l'heure du diirer a tous ceux qui pouvaient avoir quelques affaires d lui comtnuniquer. il les ecouta avec bonte et leur repondit avec toute l'amenite et l'at­fabilite possible... Nous pensons que l'epoque de son depart sera reculee de quelques jours a Ia satisfaction generale ,-et nous pourrions meme ajouter que si I' on consultait le voeu d 'un chacun a cet egard, il ne serait pas pr'l!s de nous quitter.» ( 1)

De fait)l fallait profiter de Ia presence aux Cayes du gouverneur pour monter une expedition contre les negres des Platons. Le dis­cours courtois du president de l'assemblee provinciale n'a pas d'autre but : Chacun connait l'attachement du gouverneur pour cette province oil il a exerce un commandement et ce n 'est pas sa faute si les secours indispensables a sa survie n 'ont encore pu lui parvenir. La province s'est soumise a la loi du 4 avril et, confor­mement aux instructions rec:ues du Cap, elle a confie au seul commandant des troupes de ligne.>le retablissement de l'ordre. Mais ce demier

-145-

Page 148: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

« ... n a pu encore le ntablir entiirement, mal~ sea aoina et son ac­tivite. II y a un nombre a11ez considerable de nos eaclaves attrou~1 en armes dans nos montagnes; nous allons lea voir dissipes et ninte­gres chez leurs maitres. lA pacification de Port-tlu·Prince que vow avez operee le fait esperer ... »(l)

Blanchelande promet a ses auditeurs «des jours plus heureun mais a deux conditions : lo eliminer ceux qui genent le retahlis­sement de Ia paix sociale, les adversaires du decret du 4 avril . .:Eloignez de votre sein les serpents q1,1e vous y nourrisseZ», leur dit-il, 2o participer nombreux aux cotes des troupes de ligne aux operations militaires:

«Lea bataillons de Provence, les compagnies de Royai·Comtois et le detachement d'artillerie ont ete lea defenseun des colons mtll· heureux ... /Is ont bien merite de Ia patTie ... mais illeur reate beau­coup a faire encore ,·lea citoyens leur tendent les bras,· ils ne sont pas encore retablis chez eux: les brigands les entourent ... /Is sont milituires-citoyens ,· ils trouveront dans cette province des citoyens· militaires dignes d'eux ... bravant lea dangers pour servir Ia patTie ... unis, travaillez tous au retablissement de Ia paix.» (2)

L 'appel de Blanchelande ne fit pas lever beau coup de volontaires: «On faimit monter Ia petite armee avec laquelle M. de Blanchelan· de devait attaquer les insurges au Platon ti 1400 hommes. Pour ne point faire d'erreur, nous avons mis 1200 hommes dans notre der­nier numero. Nous etions encore loin de Ia verite. Le fait est qu 'il n y avait que 700 hommes au rendez-vous general ... » (3)

Le general propose Ia formation d'une compagnie de jeunes gens, hlam:s et de couleur. Les hlancs refusent so us le pretexte qu 'ils servent deja d~s la garde_ ~ati~nale. ,Blanchelande par contre

e parait pas souhaiter Ia participation d esclaves armes par leurs ~aitres. n en est venu de Plymouth, de Tiburon. 11 en reste 20? aux Cayes touiours fideles. Ces recrues peu sfu-es ne seront pas uti-

( 1} Gazette des Cayes du 19 juillet 1792.

(2} Ibid. du 2 aout 1792.

(3} Ibid. du 12 aout 1792.

111~

Page 149: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

lisees par Blanchelande qui interdit a tout blanc·de «se faire sui· vre a l'armee par son domestique». (1)

Pendant qu 'on discute de Ia composition de l'armee, les insur­~es des Platons ont repris leurs incursions incendiaires. Le 27 ;>!J,.•t de feu fait des progres effrayants» Les colons s'impatientent 1es lenteurs du commandement, tiennent des propos malveillants sur le gouverneur qui perd au fil des joursla confiance de la popu­Ltion. Les habitants de Torbeck, particulierement exposes, par­viennent a vaincre les reticences du general qui prepare un plan pour l'attaque.

Blanchelande dec1de de diviser ses forces en trois colonnes qui attaquer<mt les Platons simultanement par trois cotes. Le succes d~pendait de la surprise et de la simultaneite. Or le plan est discu­te. Des indiscr0tions en. revelent les modalites aux insurges qui ont tout le temps de se preparer car on tarde a l'executer. Le 29 juillet) ils assaillent et enlevent le poste etabli sur 1 'habitation Berault. Un .sergent, un caporal, trois soldats et un citoyen blanc sont tues. Entre Blanchelande hesitant et les blancs des Cayes qui pou~sent a !'execution immediate du plan d'attaque, c'est un conflit ouvert. tes incendies debordent maintenant largement Ia plaine. Le 2 aout,on apprend qu~ des flammes vont en remontant jusqu'a Tiburon:.. L'opposition ~ Blanchelande gagne la gardena­tionale des Cayes. D entreprend de la reorganiser mais elle refuse de modifier son encadrement. Le 3 aotit illance une proclamation «qui ordonne A tous ceux qui ne veulent pas marcher avec M. de Blanchelande de marcher comme s'ils avaient confiance en lui et, en cas contraire, elle les ... decl!U'e traitres, infames et les condam­ne a 300 livres d'amende, le tambour l'annonce et Ia confiance si justement perdue ne revient pas:. (2)

C'est done dans des conditions psychologiques d6sastreuses que commence le 6 aotit l'attaque des Platons (3). Les trois colonnes

( 1) Mimoil'e de l'assembtee provinciale ...

(2) Memoire de l'assemblie pmvinciale. .. op.cit ( 3) Sur Ia bataiDe des Platons, cf. CFICK, Black Masses in the San Dominigo

Revolution ( 1791-1803 ). These dactylographiee, Universite Concorditz, Montreal1979. 300 p.

-147-

Page 150: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

parties des Cayes le 4 aout sont ralenties par ceux des gardes na­ti,maux qui, ayant l'occasion de voir ce qu'etaient dev~nues leurs plantations en leur absence, longue de plusieurs mois, s'y etaient atlarde~. Elles ne se presentent done pas en meme temps aux Pia­Ions et ~onl mises en deroute l"une apres l'autre. Les pertes sont "~ver•~~ : S officiers et 200 homwes t'.les. L 'expedition est man­•Iuee. Le 9 aout, lllanchelande quitte hativernent les Cayes, insul­te par ceux qui avaient fui ou n'avaient partage aucun risque dans nne affaire engagee trop rapidement a &on gre et seulement pour satisfaire !'impatience des colons (1).

A Ia colere des colons, Thiballier pour sa part oppose une justi­fication de sa propre action. Il rend hommage a ses soldats qui lui ont donne <<Une seconde arne» :

«le dois aux braves soldats qui ont marc.lre sous mes ordres a /'ana­que des Platons un temoignage de ma satisfaction sur leur conduite et leur bravoure. La province du Sud ne doit pas ignorer quell ont ete les generaux defenseurs qui se sont sacrifies pour elle : le 2o bataillon du 88o regiment ... Je suis parti du camp Prou avec 206 hommes, de 400 qui l'etaient destines. De ce nombre plusieurs n 'ont pu nous suivre. Apres une marche de 10 .'zeures et des plus penibles dans les momes, nous sommes arrives sur /'habitation Dallost. Le lendemain,.j'en suis reparti a 6 heures dans un chemin ou /'on ne pouvait marcher qu 'un de front. Arriw sur l'habitlltion des demoiselles de Sercey, nous avons trouve une embuscade de pres de cinq cents negres retranches derriln des rochers et des pricipi­ces a!freux dont le devant etait obstrue par des arbres entrelacelli de lianes. Le feu a dure trois quarts d'heure dans lequel temps j'ai fait faire cinq charges dans differents endroits du bois sans pou· voir y penetrer ... ... Mourant de faim et de soif et reduit a I extreme neceuite de faire retraite, je l'ai ordonnee. J'ai sauve des soldats pour lesqules il fau· droit des expressions qui puissent peindre assez fortement ce que toute Ia posterite doit savoir. Quant a moi, j'ai fait mon devoir. Ma vie est a Ia patrie et au roi.» (2)

( l) Precis historique des AnTUJles ... op. cit. T i, p. ~4.

(2) Gazette des Cayes, no 64 du 12 aoot 1792.

-148-

Page 151: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Ces eloges decemes aux seuls soldats de ligne sonnent comme un reproche aux oreilles des colons.

Blanchelande venait a peine de quitter les Cayes a la sauveite que les negres des Platona faisaient a la municipalite des offres de paix. Le maire Joumu convoquait immediatement une assem­blee generale des deux communes des Cayes et de Torbeck pour en discuter.

A11emblee du 11 aout 1792

President : F augnas. Secretaire : Bouche.

Le maire fait donner lecture d 'une lettre adressee a Ia municipalite «par les negres revoltes aux Platons, remises bier et datee par erreur de ce jour... annon~t les pretention& des rebelies qui proposent Ia paix a condition qu 'on accordera Ia liherte indistinctement et l11 propriete des Platons a ceux qui s 'y trouvent reunis ... MM. les citoyens, invites a manifester leurs voeux sur ces demandes ... unanimes ont (decide) ... qu'attendu les circonstances desastreuses et humiliantes de Ia part des revoltes qui, apres avoir incendie les pro­prietes, menacent nos vies, celles de nos femmes et de nos enfants, que l'assemhlee provinciale prenne toutes les mesures propres a faire Ia paix avec les revoltes en leur accordant un certain nombre de libertes, qu'a cet effet il sera choisi par Ia dite assemblee provinciale parmi les planteurs blancs et de couleur, quatre commissaires qui seront charges de traiter avec les revoltes sur les demandes qu '"us forment dans Ia lettre adressee le jour d"hier ala municipalite. Lec­ture ayant ete faite d 'un ecrit souscrit par plusieurs habitants et ci­toyens manifestant leurs voeux sur I' arrangement a faire avec les re­voltes pour parvenir a retablir l'ordre et ramener Ia paix, l'assemhlee a arrete que le dit ecrit serait annexe au present proces-verbal pour servir de renseignement et de memoire apres avoir ete paraphe ...

Piece annexee au proces-verbal, paraphee Faugas et Bouche :

Nous, proprietaires des paroisses des Cayes et de Torbeck, conside­rant Ia position affreuse ou nous nous trouvons , considerant que joumellement nos proprietes s incendient et que ceux de nos esclaves qui etaient restes fid~les &'insurgent; que nous n'avons aucune force

-149-

Page 152: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

a opposer a un ennemi qui devient de jour en jour plus nombreux et :plus agueiTi, l 'impossibilite o-tJ no us sommes d 'attendre les secours que Ia France nous fait esperer depuis si longtemps et l'in­suffisance de ces memes secours pour retablir l'ordre dans nos habi­tations et ramener nos esclaves dans le devoir; considerant que nous n'avons aucun moyen d'assurer notre subsistancejoumalierejusqu'a l 'arrivee des secours que nous devrions esperer de Ia mere-patrie ~

qu 'enfin Ia ville des Cayes qui est notre seule ressource peut a tout mo'llent etre inr~ndiee ou devenir Ia proic de notre ennemi, et qu 'alors nous devons nous attendre a voir nos femmes, nos enfants et nous-memes devenir les victimes d 'un ennemi cruel par caractere et qui le sera d 'avantage par le refus que nous aurons fait de traiter avec lui; considerant enfin que nos esclaves reunis et insurges, par leur lettre

a la municipalite des Cayes en date du (10 aout) demandent a trai­ter et qui si, des Ia premiere fois qu 'ils I 'ont. demande.,on avait con­senti de traiter avec eux, nous serions tranquilles sur q(>s proprietes que nous voyons maintenant aneanties; considerant enfin que si nous ne hatons pas d 'arreter l'insurrection elle va se pro pager et per­dre toute Ia partie du Sud, arretons que nous traiterons avec les negres revoltes reurris aux Platons, qu 'il sera nomme des commissai­res a cet effet. En consequence, nous avons nomme unanimement pour commissaires MM. Andre Rigaud, Bergeot, Bracahai et le comte de Colmain, en presence de M. de Thiballier, commandant pour le roi, auxquels nous donnons tous pouvoirs pour le necessaire, nous obligeant a payer chacun au prorata de nos fortunes lee dedomma­gements qui seront accordes a ceux d'entre nous dont on aurait ete obligti de sacrifier Ia propriete et a nous tenir reciproquement compte de Ia valeur de negres auxquels on sera oblige de donner Ia liberte sur le prix de 12.500 livres, dansle le cas ou il serait decide que Ia province du Sud ne devrait pas supporter ce sacrifice fait pour Ia conservatio.ln generale.

Nous occupant ensuite des informations qu'ilest neeessaire de don­ner aux dits commissaires, nous les avons arretes ainsi qu U suit:

ils accorderont le moins de libertes possible · se feront fournir un etat nominatif des individus, en pren­dront le si~alement et le nom de leur maitre . ils tachero~t de leur imposer Ia condition de former un corps arme pour maintenir 1 'ordre et empecher le marronage 8 'ils sont reduits a accorder des terres, ils bicheront de ne point

-150-

Page 153: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

ltcorder de terrell dfjl occupees et dlVIBerdnt autant qu 'il Bei'A poBBible afin d.'mter une montagne bleue (1) B'ilB BOOt reduita a accorder des terres dans un tenant, ils ta­cheront de n 'accorder que les terres derriere le mome Makaya, lesquelles n~ aont point encore occupees. Aux Cayes, 11 aodt 1792. (2)

U~e bonne centaine de citoyeDB et de couleur ont, pour Ia pre-. miere fois mele leurs noms au bas du proces-verbal. Parmi les hom­: ;es ~e couleur, citons : Charles Prou, Charles Dasque, Daniel : ·lee, P et H. B'i.eck, Sixte Poulain, Raphael Banatre et Banatre jeune etc. L'orthographe de certains noms laisse deviner d'autres hommes de couleur; Maturin, Geromme, Louis Hunzo ou Cadela Lepine.

D n'y aura pas de compte-rendu de cette negociation avec les negres des· Platona devant l'assemblee de,la paroisat car elle ne fut p.at' convoquee entre le 11 aout et le 8 novembre. Un groupe d 'ha­bitants faisant .a leurs deputes au Cap'un rapport sur !'affaire des Platori8, ·6eftwient le lo septembre :

( 1) Territoin · td~Mdonni aux negres marrons de Ia Jamaique. ttlins.

Blue moun-

(2} s~ du P:Jr. du 11 acnlt 1792 :

DUMONT De LANOZE REDON MAILLET-LACOSTE MOREL LEROUX VINCHE BRAQUE HOOKE S. GLEZIL J. LAROQUE BREBION DUBUSQUET LANGL()JS L. de PERRIGNY CAREA U TUFFET -DEMESLE EYRAUD ROBIN LAROQUEDES- BARJON

'SOURCES

FAUGAS.fi/3 DeLANOZA

DARRIBAGASAMI MERCERET SUIRE

1-1.51-

MARIN Dufourcq TUFFET-BELLEROCHE VACHON

. BILLARD PERRIN-de-SAINT -A UB/N MA TURIN GERORUME LAVIGNOLLE LEPRESTRE LABICHE de REIGNEFORT Raphael BANA TRE

Thomas DUVAL de MONVILLE FIGUIERE

Page 154: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

« ... Le 10 et le 11 (aO'Ut) les brigands tontinuent de briller; le 12 on ne voit que quelques fltlmmes damles momes eloignes; lettres aux a11emblees de lo part des brigands qui demandent 4 traiter. Un soldat prisonnier en est porteur. Leun propositions consistent d'abord a Ia liberte generale de Ia bande eta accorder trois joun par semaine · oux atelien. Ensuite, il demandent les Plotons en toute propriete. On a11emble lo Commune. Elle s'en rapporte ace que feron t 1tz provin­ciole et les municipalites des Cayes et de Torbeck. A11emblee a huts clos soir et matin. On ne 111it ti quoi se determiner. Le ca~ est difficile. On renvoie le soldat .:- rc des commismires. Ceux-ci de retour rapportent qu'on 1e contentera de 400 libertes et qu'ils rendront 900 fulih qu'ih disent avoir;,.qu'ils contrlbueront en outl'e a faire rentrer le reste des negtes dansle devoir ... Lo plus gran­de difficulte parait venir de ce que bien des gens semes et justes pretend que puisqu'on est force de recompenser le crime, on doit au moins quelque chose ti lo vertu: ils exigent que les 130 ou 160 nlgres de Ia ville qui ont ete armes par nous et qui ont toujoun ete fidlles aux blancssoient gratifies de lo liberte. Elle leui'est due.

MAILLET- LACOSTE LEROUX FONFREDE

GENTILLOT TRICOUCADET PERRIN de R/CHEMOND DUCIS MARTIN-de-BELLEVUE PRADINES ? RANDEL BANATREjeune FAURE REMARAIS Cadet GABRE de Ia GANDENIERE WFFET LABARR/ERE LONGUEFOSSE TUFFET BEA UPREY LAFRESCHERE GENERE'::, de MADEC B(IUCHE PREMERLE ~. DUROCHER GOUIN \ LEFEVRE DUPLESSlf\ REMARAIS Camil L. BLECK- H. BLECK SIXTE PUOLAIN CADELALEPL¥E Denis CAMBRY Pre DUFFAUX JA VERZAT i?. CORBINIERES Pour M. Charles DASQUES BOUCHE Sr de /'Ass. De GELLEE

-152.,....

MARTIGNAC

O'SHIELL MARTIN de BELLEVUE C. THOMAS E. CHARPENTIER lAPORTE TRICON

PLUNKETT BOURJOLY BERTRAND

ARNAUD de BELLEGARDE Charles PROU PROU J.FOUREAUX J. PELLETIER JOURNU

Page 155: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Les citoyens de couleur s'y opposent ... On voit bien pourquoi on ne prend aucune determination . . ... 14, 15, et 16, ces trois jour~ se son: passes d deliberer. Par I~

on a donne aux brigands le temp~ de Ia Tiflexion. lis en ont profite. On souscrivait a leurs derniere conditions. Ce matin les deux 1\.gaud (1), Bergeaud et Perrigny, accompagnes de plusieun autres o•tt ete porteun de parole. La conference a eu lieu sur l'hllbitation Perrigny qu 'un pavilion blllnc plante (on ne MZit comment ni par qui) dans Ia savane depuis longtemps a preservee MZns accident et au contraire faii rouler sans difficulte (2). lis sont de retour u1 '!C six soldats prisonniers et quatre citoyens.

D 'apres leurs rapports, les brigands veulent aujourd 'hui Ill liberte generate de toute Ia bande, et Ia posse11ion entiere de tous les Pllltons... C'est tout ce que nous avom pu savoir de cette conference. Cependant, penonne ne remue. L 'apathie est des plus grandes ...

Nous noterom que lei che/1 de couleur sont de toutes les deputations, que leur caste court Ill plaine et les momes mns au­cun rllque;ils sont en celll ausli heureux que le general et ses ad· judants. Leurs habitations entourees de feu sont les seules conser­vees,.leurs travaux n'en vontque mieux ... (3)

L 'un des prisonniers rendu par les rehelles, Laroque aihe decla­ra que Ia deputation des Cayes avait ete accueillie d 'une salve de cinquante rCOUp8 de canon et que comme lui Laroque s'etonnait aupr~ du chef Armand d'une telle profusion de munitions., ce demier aurait repondu : qu 'ils ne manquaient ni ne manqueront de poudre. Quant aux causes de la revolte, elles seraient liees aux evenements du Cap. Les negres des Platons disent que l'on a tue heaucoup de negres du cote du Cap; cC'est faute 11 hlanCS), que Le Cap.,~ Jacmel et les Platons ne font qu'un et ce que fera . .

( 1) /Is etaient quatre [reres : Andli, Augustin, Joseph et Franfois, et une soeur Angeli que, tous viVIlnts le 19 Frimaire an V (9 decembre 1 796 ), jour du mariage de Fraf1fois.

(2) C'est-4-dire laisser fabriftuer du sucre.

(J) Joumal exact de ce qui s'est passe aux Cayes ... op.dt.

-153-

Page 156: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

le Cap fera loi pour le reste de la colonie (1 ). Tis voyaient juste. La regociation ne progresse pas. Une letlre de l'a.ssemblee qui re­

tra~ait succintement au commissaire Roume la bataille des Pia­tons ne fait aucune mention des exigences des rebelles ni de la volonte affirmee de nombreux habitants de traiter avec eux.(2)

Devant la menace des negres des Platons d'incendier la ville, 1 'Assemblee provinciale aurait accorde la liberte a 700 esclaves armes par les hommes de couleur. Tis devaient etre aussitot enroles dans une milice speciale attachee a la surveillance des habita­tions (3). La moitie d'entre eux aurait refuse estimant qu'un acte de. liberte delivre par l'assemblee provinciale n 'avait pas l'authenticite de celui que delivrerait le maitre de l'esclave.

Les camps des Platons etaient intacts. Rien d'important ne sera enrerpris contre les insurges abandonnes a eux-memes, pendant cette periode de vacance du pouvoir qui precede l'arrivee de la deuxieme commission civile.

)

***

Les nouveaux commissaires, Polv~rel, Sonthonax, et Ailhaud debarquent au Caple 19 septembre 1792. Munis de pouvoirs a peu pres discretionnaires)ls vont briser toutes les oppositions en s'appuyant sur les hommes de couleur. Successivement Blanche­lande, puis d'Esparbes, le lieutenant general qui commandait le corps expeditiomuure de 6.QOO hommes, accuses de com­plot contre-revolutionnaire sont renvoyes en France pour y etre juges. L 'assemblee coloniale est dissoute et remplacee par une commission de douze membres , six blancs et six hommes de cou­leur. A la fin du mois d'octobre)es commissaires etaient les mai­tres et se consacraient chacun a une province. Ailhaud fut designe pour aller dans le Sud. ll y fut precede par le nouveau comman­dant de la province, le general MontesquieuFezansac qui debarque

(1) Ibid

( 2) Arch nat. Dxxxv 63/638, piece 17 (copie) du 21 aot2t 1792.

( 3) Melle FJCK. op. cit. p. 175 et suivantes.

-154-

Page 157: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

aux ~ayes le 10 octobre. Un temoin anonyme, vraisemblablement un homme de la garde nationale assiste a sa premiere prise de con­tact avec les autorites locales : •

Du jeudi 11 octobre a '11 heure1 du matin .lei officiers des gar­des natio1Uile1 del Caye1 ont ete rendre visite a M. de Montesquieu de FezenMic, commandant de cette partie, qui k1 a tre1 bien refus en leur promettant d 'employer tout ce qui e1t en 1on pouvoir pour ra­mener Ill paix et l'ordn dan1le pay1. La municipalite de cette ville y etatt, Ill !11Untcipalite de Torbeck et une ~ del habitantl del plu1 notable1 de cette meme parois1e et del plw aristocrates. en· traient chez lui comme le1 garde1 nationalei en 1ortaient, c'est-ti­dire lei officiers. Le1 officiers des gen1 de couleur 1e presentaient pour y entrer comme ce1 demters en 1ortaient, et les capttaine1 du commerce auui et beaucoup d'habitant&. M. de ThibaUter y etait et faisait fonction de mettre (lie) del ceremonies. J'at del diflicultes 4 croire que quand le1 geru de couleur 1e sont pre1entes.illes a fait voir sou1 un bon point de vue, comme 1e1 frerel, amis, 1e1 bienfai­teurs, se1 1outien1 dansle1 arme1 etc ... etc ...

A cinq heure1 du soir.le commandant a pa1d. Ill revue generale tant des troupes de ligne que du bataillon d'Aube (.1) et del gardes nationales de cette ville et de1 gens de couleur. Tout le monde y etait avec les drapeaux deployes. On a forme un bataillon cam et le com­mandant a pas1e daru tou1/e1 rangs. La musique d'Aube y etait. On a defile en faisant le tour de Ia place d'arme1. L 'artillerie avec ses pieces y etait. Les mulatre1 y etaient avec Ia mime figure etla meme encolure (2) que hier au deba1quement du commandant, excepte

--... qu Yls avaient un drapeau tres Mile, dechire, blllnc avec une apparence de peinture dans le milieu. II ne l'avaient point fait blanchir attendu

( 1) Ce bataillon faisait partie des 6.000 hommeN, pour un tiers, de troupes de ligne et pour deux tiers de volontaires nationaux, envoyes de metropole pour reduire l'insu"ection des esc/aves et faire appliquer le decret du 4 avril. La repartition se fit au Cap par tirage au sort. Les 600 hommes du bataiUon de l'Aube [urent &barques awe Ctiyes oU vinrent les rejoindre les 300 hommes du 3o demi-bataillon de Ia Seine-injerieure qui n'avaient pu aborder a Ia Martinique. Sur le sejour du bataillon de I 'Au be aux Cayes, lire le tres riche article de B.FOUBERT ~Lettres de combattunts aubois ( 1792-1793) ecrivant de Saint-DomingueJ dans La vie en Champagne octobre-novembre 1979.

(2) Encolure: allure.

-155--

Page 158: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

que le san~ dont il etait tache aurait sana doute trop paru. Ils avaient auasi une muaique qui faiaait trembler Ia volaille tant par lea viloins instruments que par ceux qui lea faiaaient agi_r ... leur muaique ... aemblait etre a l'agonie. Lea aons etaient ai lugubrea que l'on aurait dit qu'ilspleuraientden'avoirpaa lea moyena d'en commettre do­vantage.

La gendarmerie de couleur y etait a cheval. Phuieurs citoyens blanca y reconnaiaaaient leurs chevaux. Un a ete s'en plaindre au commandant qui lui a repondu : «Ce n 'est point lei, venez chez mt.·i». Au poate du cimetiere dana Ia nui., I est rentli trois negres. Les factionnairea ont fait feu desaw,-apparemment que ces ntgres ont peri ... ( 1 )

Ce temoignage illustre la force du prejuge antimulatre toujours aussi vivace dans cette partie en depit des decrets nationaux.

Selon la Gazette des Cayes (2), des le 13 octobre les n{gres des Platons auraient tente de plaider leur cause aupres du nouveau commandant qu 'ils assuraient de leur confiance. Leur missive etant signee : « Les capitaines commandant aux Platons, Armand, Ber-. nard, Mareehal et Jacques par main d'emprunh, ils s'atti.rerent Ia «reponse verbale:. suivante :

Dites aux votrea que je suis Gouverneur general de Ia province du Sud et que je ne reconnaia ici de commandanta que ceux que je nomme ,-que je leur conseille de se rendre chez leura maitres respec­tifs et d'y depoaer leurs armes; qu'd' ces conditiona..Je solliciterai leur grdce et que je me flatte de l'obtenir;1nais qu'autrement je dia­poaerai contre eux de touteales forcea qui me aont confieea pour les exterminer. (J)

Ces conseils avaient peu de chances d'etre entendus. D'ail­leurs les insurges ne cessaient de renforcer leur camp, faisaient de nouvelles recrues. lls descendaient sur les habitations capturer les esclaves restes fideles a leurs mm"tres. Sans plus attendre, le 15 octobre a 4 heures du matin, Montesquiou accompagne de

11) Arch. nat. Dxxv 75, 744. Notes manuscrites anonymes.

( 2) Gazette des Cayes, no 82 du jeudi 18 octobre 1792.

(3) Ibid

-156-

Page 159: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

quelques officiers mumcapaux condllisait ~ plaine le bataillon de l'Aube. n epililissait eon quartier general sur !'habitation Desrouaudieres (1), d'ou illanc:ait successivement deux operations., les 15 et 21 octohre, avec sucres si l'on en croit la lettre de felici­tations et de reconnaissance que lui adresserent a cette occasion, sous la plume de leurs maires, Journu et Saint-Martin, des cito­yens des Cayes, de Torbeck et de Port-Salut :. (2) :

La soumislion des esclllves revolt~• et kur rentree sur leurs habi­tatiom respective• ~tant·un del principauJt objets de lllloi du 4 avril~ vou1 vou1 et:re pressl de les aller combtltt:re, et quoique fort con­trtlrle J14T les pluies de Ill 1/lison, dljd dewc fou vow les avez repous­•~e• dam leur repaire ou vot:re projet, apres Ill reunion de toutes VOl fort:el, est de les attaquer et de les reduire Q mettre bas les armes.

Vos premien succes, Monsieur, m~rltent d'autant plus nos lloges et notre reconnai1sance que les brigand• ont perdu un grand nombre des leun et qu 'il ne vou1 en a ptU cout~ un seul homme : 4 ou 5 seulement ont ere blesses.

C'est aussi a lllsage11e de vos dispositions que plusieurs propri~tai­res·plllnteun doivent l'avantage d'avoir enfin, apres une absence foreee d 'environ dix mou, revu leurs bien• avec quelque securite ( 3 ).

Pleinement satisfaits, les -habitants font confiance au com­mandant, bien entoure par des officiers cbraves et instruits). L 'armee est «pleine d 'ardeur et de patriotisme:. et les citoyens de couleur se montrent cjaloux de se rendre dignes de ce que l'assem­blee nati01ihle a fait pour eux:. Montesquiou sera le «sauveun de la province du Sud mais ala condition qu'il ne s'expose pas inu­tilement:

( 3) Gazette des Cayes, no 34 du jeudi 1 o novembre 1792.

( 4) Ibid, rzo 36 du jeudi 1 o novembre 1792.

(5) Montesquiou-Fezensac avait adresse du camp [)egouaudiem le 21 octobre rm appel aux col()rtl rijUgia tZUJt Olyes pour qu 7ls reviennent sur leurs hllbitations oU leur presence etllit intlbpenlable.. cf. Gazette des Olyes, no 34 du 25 octobre 1792.

-157-

Page 160: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

... notre 1ort depend de votre eoJUervt~tion. A.wli ne c'ftllrru,u· now pt11 de vow dire; Moftlleur, que l'on 1 'e1t plldnt que d11111 lei octioJU du 15 et du 21 ou le1 .olontllire1 de l'Aube et Ia gendtmne~ bltznc1 et de couleur ont 1i bien 1econde vo1 effortl, vow vou1 itel trop expo1e ..•

• ••

LP. succes des operations conduites par Montesquiou-Fezensac et la detente relative qui en resulta allait permettre enfin !•organi­sation des elections municipale,s prevues. par la loi du 4 avru. Celles-ci se deroulerent aux Cayes du 8 au 13 novemhre apres con­vocation de tous les citoyens :Manes et de coulelir. Beau coup se trouvaient mobilises dans les differents camps etablis en plaine, d 'ou la difficulte de les rassembler en ville.

Assemblee paroissillle du 8 novembre 1792

La convocation a ete envoyee dans les difrerents c~p&· Les cito­yens soot assembles dans I 'eglise pour cconformement ala procla­mation de MM. les commissaires nationaux civils du 12 octobre 1792' proceder au renouvellement de Ia municipalite en conformite de Ia loi du 4 avrib La municipalite est presente. Afin que les citoyens se prononce.nt en connaissance de cause, le maire fait lire : 1o le decret de l'assemblee nationale du 10 mars 1790, accepte par le roi le meme jour;

2o les instructions ... sur le decret precedent, du 28 mars 1790 , sanctionne par le roi le 9 avril 1790,

3o Ia loi du 4 avril 1792 relative aux colonies et aux moyens d 'y apaiser les troubles, signee Louis et fondee sur le decret de I'Assemhlee nationale du 28 mars 92,

3o Ia proclamation de MM. les commissaires nationaux civile du 12 octobre 1792 ordonnant entre autres disposi­tions le renouvellement des municipalites

5o et enfin le decret de I 'Assemblee nationale du 14 decembre 1789, sanctionne par le roi, relatif a Ia constitution des municipalites et a ia forme de les elire.• Apres un discours du pro­cureur de Ia eommune, le maire demande aux citoyens de s'orga­niser en assemblee electoral~, la municipalite se retire. Journu fait fonction de president, Reneaume de secretaire. Lee trois

-158-

Page 161: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

plus vieux citoyens : Douche, Bleck et Dubrusquet procederont au depouillement des bulletins places dans une boite pour elire les scrutateurs. cQuelqu 'un remet en question s ,.d faut ou non signet son bulletin ... , On decide de remplacer Ia signature pour le numero du certificat delivre par Ia municiapalite a chaque votant pour justifier de son activite. Soot i'lus scrutate~ :Andre Rigaud avec 64 voix. Daniel Gellee 53 et Poydras 40, sur environ 157 citoyens presents. La seance est renvoyee a l'apres-midi, 4 heures pour l'election du maire. L'ap~s-midi, 265 citoyens participent a }'election du maire. Resultats : Beauzamy, 98 voix,

Bergeaud 1 Castelpers 12 Drouet 2 Delaval 139 Joumu 2

Tardif de Ia Borderie 1 Tuffet Dumesle 1 Maurel, avocat 9

Ddaval est proclame maire caux termes de }'article 20 du decret du 14 decembre 1789 • sousles vivats de l'assemblee. cVive Ia Na­tion, vive le patriote Ddaval ! , L 'elu a done obtenu Ia majorite absolue, 133 voix, plus 6.' cCertifie par nous president, scrutateurs et secretaire de l'assem­blee paroissiale des Cayes, ce 8 novembre 1792. Joumu president. A. Rijraud, scrutateur, Poydras, scrutateur, D. Gellee, scrutateur, Reneaume, secretaire de l'assemblee~t. Suivent trois pages de signatures, toutes classes melees.

Assemblee paroissillle du vendl'f!di 9 novembl'f! 1792 Matin 8 heures.

Election des officiers mumc1paux. Conformement a l'article 21 de Ia loi du 14 decembre 1789, ils seront elus «par liste double du nombre qu 'il y a a nommen. La commune aura droit a six elus, le maire y compris. On commence a voter mais Ia matinee tirant a sa fin, Ia seance est reportee a 4 heures. L 'apres-midi.La boite con tenant les premiers bulletins est scellee avec une bande de papier, deux ca­chets de eire soot poses, l'un par Joumu, le president, l'~utre par Andre Rigaud, premier scrutateur.

-159-

Page 162: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Apres-midi 4 heures. Le president lit une lettre du commandant general de Ia province a Ia municipalite des Cayes, datee du 8 novembre ou de chef mili taire peint avec energie l'embarras qui resulte pour lui d'un arrete pris par Ia municipalite deb Caymites (1) le 31 octobre demier qui suspend absolument 1 'effet de celui pris par cette meme municipa­lite le 21 octobre sur les de man des qu 'illui avait faites d 'un supple ment de forces armees pour l'aider a resserrer de tous cotes les brigands dans leurs repaires, forces armees que par son arrete du 21 Ia municipalite des Caymites lui avait promises et qu 'elle lui refuse par sa decision du 31. M. le commandant general fait sentir a la municipalite des Cayes combien etait interessant pour le retour de l'ordre dans le quartier, Ia reunion des forces qu 'il avait demandees aux Cayemites, il temoi­gne ses crainte11 de ne pas venir parfaitement a bout de ses projets si un supplement de secours lui manque et invite en consequence Ia municipalite des Cayes A s 'employer aupres de celle des Caymi­tes pour Ia determiner a revenir sur son arrete du 31 octobre demier qui ... paralyse toutes ses operations et pour !'inviter fortement a seconder ses vues pour l'entiere expulsion des brigands it laquelle cette paroisse a autant d 'interet au moins que Ia notre si elle ~?nt prevenir !'invasion totale de ces memes brigands sur son territoire». L'assemblee vote des remerciements a Montesquieu-Fezensac «pour les soins particuliers et continuels qu 'il s 'est donnes depuis son arrivee pour retablir l'ordre et la tranquilite dans le IJlartier, et de­jouer les manoeuvres criminelles des brigands reunis aux Platons, l'invite, au nom du patriotisme A persister dans ses heureuses disposi­tions, devant etre bien persuade que la commune est absolument confiante en lui et qu 'elle sera toujours prete a lui en donner des re­moignages non equivoques.» La municipalite promet de s 'employer activement a faire revenir celle des Cayemites sur son arrete du 31. Des commissaires y soot envoyes : Lemoyne, Mathurin, Jerome, DacunP :;t Simon Glezil. Le vote du matin est repris et poursuivi jusqu 'a 8 h. 30 le soir, puis remis au lendemain matin a 8 heures. 75 noms environ dont plusieurs illisibles soot apposes au bas du pro­~~;-verbal.

( 1) De Ia dependance de Jeremie, sur Ia cote septentrionale de Ia partie du Sud.

l&:.n

Page 163: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

· A•lll..,.,.s' W. du 10 .novembre 1792. Matin 8 'Murt:l.

Lecture de Ia Iettie adrell86e Ala municipalite des Caymites pour Ia mettre en garde contre les consequences d 'un refos de fournir un supplement de forces.

Le scrubn est repris pour l'election des cinq officiera municipaux. II y a 280 votants. D faut avoir Ia majorite absolue, 141 voix pour etre elu. Castelpers en obtient 197. II refuse son maridat par ecrit le jour meme. Sin~rement creconnaissanb, il regrette et ose esperer que l'assemblee ne confondra pas son refus «avec ceux qui naissent sur un fond de tiedeur ou de mauvaise volonte r'ur Ia chose puhli­que». n explique : « ..• a peine je suis de retour d une mission longue et penible pendant laquelle mes affaires ont ete en souffrance et qu'en dernier lieu j'ai ete une des malheureuses victimes que Ia flamme des brigands ale plus maltraitee et entierement ruitlee ... Oblig6 de tout refaire sur moo bien, seul et n'ayant aucun parent ni coheritier qui puisse me suppleer, mil presence est d 'une 'indis­pensable necessite sur moo habitatiod .... En outre, seul soutien de mes freres et soeurs qui soot en France avec de Ia famille, ils il 'ont d 'autre ressource pour vivre que let fruita de liiDIIl traviilBUf notre . habitation commune ... , PIUiieurs citoyeila insiltent pour qoe Cas­telpers reprenne sa decUion, Una delegation compoeee de Gouin pere, Andre Rigaud, Raymaraia ptn et Patin lui est envoyee. La sui­te de Ia seance i-4 heures &Jft&midi.

Apres.midi 4 heures. Afin de gagner du tempe, 1'.-emblee decide que Ies.procesverbaux ne seront plus signea que par le president et le secretaire de seance. De retour, Ia delegation envoyee chez Castelpers annonce qu 'il Dlaintient son refus. Le scrutin est repris. Fin de Ia seance a 8 heures du loir.

A~amblee ptZroullale du dilrumche llnovembre 1792

Reprise du BCrUtin. Avec 206 votants Ia majorite absolue est de 104 voix. Quatre citoy.._ obtiennent davantage, Reymarais est elu avec 133 voix, Gavanon, ~Wee 121 voix et Desclaux avec 120 voix. Cam­bry, 117 voix , refal8 1011 mandat. Apn.midi.

-161-..

Page 164: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Le scrutin se prolonge jusqu'a 7 heuree du eoir. Soot elus Duplante avec 102 voix et Tuffet Dumeele, 91 voix. La seance est renvoyee au lendemain pour l 'election du procureur de Ia commune.

Assemblee paroissillle du lundi 12 novembre 1792 Matin.

Duplante notifie eon acceptation par lettre du 12 novembre. Par contre, Tuffet refuse lll>n mandat en invoqnant le «derangement de see affairen. n se dit neanmoins pret a sacrifier see a«airee ill inte­ret public ei see concitoyenel 'eetiment neco:leeaire. On paese a l 'election du procureur de Ia commune. Votants : 222. Les six candidate en presence obtiennent respectivement , Reneaume 125 voix, Maurel avocat, 89, Gombault, 4, Tanguy de Ia Bossiere 2, Andre Rigaud 1 et Garigou l. Reneaume est elu mais il refuse sa ree­lection en raison du «heeoin pressant qu 'avaient de sa presence et ses affaires et sa famille dont il etait presqu'entierement ecarte de­puis plus de deux ans ... » On insiste. II promet une reponse le eoir meme. Sur l'insistance de plusieurs citoyens il finit par accepter mais seulement «jusqu 'au retour de Ia pain. II est done proclame elu. En raison du nombre insuffisant dbabitants, il n'y aura pas de subs­titut du procureur de Ia commune. On passe a l 'election des «notables» qui formeront avec le corps mu­nicipal le «conseil general de Ia commune de Ia paroisee des Cayes». Conformement a l'article 30 du decret du 14 decembre 1789, leur nombre sera double de celui des officiers municipaux. On en elit done 12, par liste simple. Le scrutin est reporte au lendemain.

Assemblee paroissiale du mardi 13 novembre 1792

Resultal du 10crutin pour }'election des notables de Ia commune "'nl elu~; Chalvire avec 91 voix, Braquehais 80,. Lamoureux. 65, Gaelan 6:-J-, Con!<tant 58, Francois Cupidon 50~Bleck 48, Pillard 46, Andre Rigaud 45, Geffrard 43, Goujon 41, Fatin 42. Onl ;;igne le proces-verbal : Journu, Longuefosse, Demalval, Ber­~aud, Gouin, Tuffet Dumesle, Cambry, Remarais, Gaubert, A. Higaud, Braquehais, D. Gelee Chalvire, Gaetan, Poydras . .LaBiche de Reignefort, Charruaud et Pillard.

Une municipalite prefigurant la paix sociale a done ete elue. Une dizaine d bommes de couleur y ont trouve place : Remarais,

-162-

Page 165: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

1o officier municipal; Chalvire, Braquehais, Constant, Gaetan, Franc;ois Cupidon, Bleck, Andre Rigaud et Geffrard, en qualite de notables. 11 n 'y a pas eu de candidat de couleur au poste de maire. Comme a Saint-Louis, un blanc parait avoir fait l'union sur son nom. A l'assemblee paroissiale du 11 mars 1791, Demalval etait intervenu en faveur des hommes de couleur emprisonnes a Port-au­Prince. Peut-etre en fut-il remercie par cette election. En revan­che,on peut s'interroger sur Ia popularite d'Andre Rigaud qui ras­semble a chaque scrutin moins de voix que certains de ses compa­gnons, Chalvire et Braquehais notamment.

v

POL VEREL, COMMISSAIRE CIVIL AUX CAYES ' ( decembre 1798-fevrier 1793)

La menace permanente d'un foyer insurrectionnel toujours actif et qui ne cessait d'augmenter ses forces au detriment des habita­tions (1 ), le difficile apprentissage de rapports nouveaux avec les hommes de couleur, genaient la reprise de l'activite economique. L'incertitude du lendemain se trouve encore accrue lorsqu'on apprend au mois d'octobre les evenements qui ont suivi en France la joumee du 10 aout 1792. La chute de Louis XVI ajoute a ta confusion des idees, complique une situation coloniale que cer­tains jugent desormais inextricable. C'est !'opinion du commissai­re Ailhaud. Arrive aux Cayes le 21 novembre, il estime, apres un tres court sejour, qu'on ne lui donne pas les moyens de remplir sa mission. D rejcint la metropole. Montesquiou-Fezensac demis­sionne a son tour.

Ces departs vont amener dans Ia province du Sud un homme decide a faire plier toutes les resistances, le commissaire civil Polverel qui a declare ne plus connaitre a Saint-Domingue que deux classes : celle des fibres et celle des non-fibres. D aura done deux cibles : les esclaves insurges et lea colons blancs qui s'oppo· sent encore sournoisement a Ia loi du 4 avril.

( 1) Melle FICK, op. cit., 178 et auivantes.

-163-

i

'I ! i

I

'i

Page 166: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

La rt;duf'!inn dP" ini'urges des Platons etait la question la plus urgeni: . : 1;!i·- d agitateur~ descendaient sur les plantations pol1r y faire de:,; reerues. Des ateliers entiers desertaient. La disci­pline se relachait danger~usement. Avant la fin de l'annee 1792 dans la plaine des Cayes, six ou sept habitations seulement etaient en activite. Apres avoir laisse passer Noel, epoque ou les negres marrons rentraient p.u-fois chez leurs ma!"tres avec l'espoir d'etre pardonnes, Polverel decida.de monter avec Harty, lieutenant-colo­nel du regiment de Berwick, arrive aux Cayes le 1o decembre pour remplacer Montesquiou-Fezensac, une deuxieme attaque des Platons. Les forces engagees etaient cette fois beaucoup plus importantes : 2.000 hommes de troupes, des volontaires des paroisses et 200 esclaves amenes de Tiburon par leur chef Jean Kina (1) un noir libre de fraiche date. L'assaut de'! Platons fut donne le dimanche 13 janvier. Mal armes, les insurges se battirent avec courage et ingeniosite. Quand les chefs Armand et Martial comprirent qu 'ils ne pourraient renouveler les cinq colonnes qui montaient vers eux, ils deciderent de se replier, avant l'assaut final, vers les hauteurs du Macaya, offrant a leurs compagnons de les suivre ou. de r~toumer chez leurs mm1res (2).

Les camps furent demanteles par les assaillants. (3) Tous ceux qui n'avaient pu fuir: malades, femmes, enfants, vieillards, environ 400 personnes furent massacres. De son cote, Harty deplorait dix mQrts et quarante blesses (4). L'operation mit fin pour un temps aux incursions des rebelles. !soles dans les momes, sans organisa­tion et sans nourriture, nombreux furent ceux qui vinrent frapper a Ia porte de leurs anciens mm1res. Les autres form~rent des grou­pes de marron~.

(1) David GEGGUS. ~sfavp. soldier, rebel, the strange career of Jean Kina», Journal Historial Review, X, 1970, p. 33-51.

( 2) .".ielle FICK, op. cit •• p. 192.

( 3) Sur /'organisation des esclaves aux Platons, cf B. FOUBERT, ~Colons et esc/aves du Sud de Saint-Domingue au debut de Ia Revolution» dans Revue {raiU;aise d'histoire d'ourre-Mer. no 223. 1974, p. 207.

(4) Precjs historique des Amwles, op. cit. t. 1, p. 99.

Page 167: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Les colons celehrerent cette victoire comme un evenement retentissant. La paix cependant restait fragile. Si Ia reprise du tra­vail se. dessinait sur quelques habitations, Ia prudence coil.seillait de rester sur le pied de guerre. n fallait se mefier des esclaves-qui avaient goute a la: liherte, compter avec l;agressivite des ho~mes de couleur jaloux de leurs droits cherement acquis et se prot~r contre les epidemies de fievres et de dysenterie qui decimaient Ia population civile et militaire (I). Pour les habitants des Cayes le - J.aintien sur plar..e de toutes les troupes stationnees dansle quar­t.i.er etait indispensable a leur securite. On les vit done s'oppoeer avec vehemence a Ia decision de Polverel de prelever SOO hommes du hataillon de l' Auhe pour l'accompagner a Port-au-Prince ou sa presence etait reclamee.

La convocation a ete ac:lreuee a toua lee citoyena de Ia paroiaee, vil­le et plaine, ainai qu'a ceux dea autrea paroi&eea de Ia dependance.J extraordinairement p~eenta en ville. President : Louis Jean-Bapti.ete Rollin. Secretaire :Jean-Louie CoteUe.

Ordre du jour relatif au cdepat du citoyen OOIIIIIlilllire national civil en tant qu 'il ee ~ de ee fai:re &ee4)mpapr de trois oo quatre centl boJDJDee do batailloa de I 'Aahe (2) ... IDe au citoyen commieaile clet reprilentatioaa lUI' le dean..-t et le danger ou cet e~ dea forces d.anee. • Ia defense do quartiea- allait lelaYser. cApde dilcullion de plaai •• motion~, 1'-.emblee cconeiderant que retinr Ia moiDdre patie dee forces nationalee qui ont ete envo­yeee et dettiueee a Ia redaetiaa des f.ildayee revottee dlbllla pnmnce du Sud, fiU.JBOJDeDt ala Ia htatoan de eee foreel teeOndeee de toua

( 1) Troilieme releve del penonna enuas • l'h6pital del Oryes depuis le 1o septembre 1792 ju3qu'au 30 urplflftbre 1193 • .Arch. I'Uit. Dxxr 26/270 .pikes 2, 3, 4, 5, 6, 7 et 12.

(2) E~ pour un !"'o ca volontllires devlllent wrtiT du ~glment le 4 11Uli 1793, mms pour btDUCoup, eptl1'g11i3 jJ3que ltl Pfl' Ia TIUIIheun de Ill guer­re, l'heure du retour etait atteru:lue. cf. FOUBERT, .~Lettres de comb(lt­tants auboiu ... op. cit nov. 1979, p. 14.

Page 168: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

les citoyens, et apres plusieurs victoires et de grands avantages rem­portes sur les brigands, allait enfin triompher des demiers efforts de ces brigands pour se perpetuer dans leur etat de revolte, ce serait absolument perdre le fruit de ces victoires et de ces avantages; considerant que l'on doit pr,;sumer que les intentions patemelles qui ont amene parmi nous le citoyen commissaire national civil n 'ont eu pour objet principal que de retirer cette malheureuse par­tie du cahos ou i'a plongee Ia revolte des esclaves; le surplus de sa mission ne lui laissant qu'a eprouver Ia douce satisfaction de voir ~ous les citoyens fondus dans une meme c·k 'Se, n 'avoir qu 'un voeu, celui du respect et de I 'obeissance aveugle A Ia loi; considerant que le citoyen commissaire national civil ne pourrait persister dans sa funeste resolution sans aggraver les calamnites du quartier, le livrer entierement A Ia discretion des revoltes et qu'il ne- resterait plus de salut aux citoyens que dans I' abandon qu 'ils seraient obliges de faire nou seulement de leurs proprietes rnais en­!.'.Ore du dernier asile qu 'ils pourraient trouver dans Ia ville des Cayes ou ils ne tarderaient pas a etre forces par les revoltes; car apres avoir abandonne tous les camps, il ne resterait pas meme assez de monde pour le service des forts (un mot illisible). considerant que cette partie n'avait reaiste jusqu'a ce jour que par fe secours des quartiers circonvoisins, secours qu "eUe est egalement menacee de perdre parce que les D..,l armes sous Ia conduite du citoyen Jean Quina demandent egalement a retourner chez leurs maitres ~~Ia defense deiquels il se sont plus particuli~ement devoues; conaiderant que IIi le dep!rt des trois cents hommes qui doivent accompagner le citoyen conunillaire ... s 'eflectue le citoyen Jean Quina ne pourra plus Be mapenser de se retirer avec 8eB negres armes pour aller couvrir les proprietes de leurs maitres menaces du meme sort que les notres auxquelles il faudra des ce moment renoncer sans retour; car il faut encore s'attendre A voir les negresqui s'etaientren­dus par l'effroi qu'ontjete danslenr parti leurs premieres defaites, aller rejoindre leurs compagnons revoltes et entrainer avec eux le reate des ateliers demeure fidele juaqu'i ce jour, mais que Ia convic­tion de notre faiblesse forcera a se jeter dans Ia revolte ~ considerant -que ce tableau effrayant doit faire sur le citoyen com­missaire ... l 'impression Ia plus profonde et qu 'il aura lui-meme peine a se persuader qu "d ait pu un instant concevoir un projet qui livre­rait i Ia rage des revoltes dee citoyens qui luttent depuis trop long­temps contre le malheur, des citoyens que Ia loi et son caractere lui i~posent le devoir de retablir au contraire dans leurs proprietes,

-166-

Page 169: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

de rendre i Ia paix et au bonheur; considerant enfin que si. ••• Ia presence du citoyen commissaire . ... est necessaire ailleurs, l'•ppareil impoeant d'une force armee et formidable lui est inutile pour -se presenter au milieu des autres ci­toyens de Ia colonie qui deji jouissent du bonheur depuis longtemps oublie dans cette malheureuse partie ... considerant enfin que s 'il etait arrive dea eveaementl aussi desastreux dans Ia plaine de Port-au-Prince •.. ces deustres supposes, une nouvel­le revolte des esclaves de Ia depen-..ce du Port au-Prince, :fussent-ils vrais, elle reunit bien plus de fon:es et "de moyeDB pour Ia faire cesser qu 'il n 'en a jarnais exiate daDS Ia putie qui en un mot epuiBe de toutes manieres, recevrait le demier coup par eette eouatraction de Ia ma­jeure partie des forces attaebeea a .. defense ... a arrete et arrete a I 'unanimite que lea citoyena, maire et officiers municipaux et membres du conseil genenl de Ia commune, lea ci­toyens, president et secretaire de l'lll!llelllhlee, lea citoyens Aupoix et Saint-Vincent, capitainea de navire du commerce de Ia Republi­que, se retireront aupnis du QOmmiauire national civil a l'effet de lui presenter lea alarmes trop :londees de toua lee citoyens relative.

ment a 88 disposition de se faire accompagner a BOD depart de trois cent militairea, citoyena attaches au service de Ia Republique dans ce quartier, le prier de peser de sa eagesse)e resultant inevitable ~'une pareille disposition et dans laquelle lea citoyens soot convamcus d 'avance qu 'il ne pourra persister;

- de lui presenter 6galement lea regreta de tous lee citoyens si des circonstances imprevuea l'obligeant a transporter ailleurs le siege de sea importantes fonctions et de lui exprimer que dans ce cas le citoyen commissaire civil sen partout bien plus cher aux citoyens et accueillis pai ·eux avec un.e confiance bien plus grande~accompa­gne de sea seules vertus civiques, du respect dii au caractere imposant dont il est revetu, qu'entoure d'une force armee, que si elle com­mande plus imperieusement ce respect, d 'un autre cote rappelle le souvenir ~ant de l'autorite arbitrairement exercee, produit Ia mefiance et ecarte Ia douce penuasion ... arrete que 1'88Bemblee eat continuee jusqu 'a ce qu 'elle ait recu une reponse ecrite et satis­fiUaante et qu 'elle fera prendre par le Plus ancien d'age. Vu l'urgence du cas, que le present arrete sera porte e-n minute sur le registre au citoyen commJuaire national civil pour ea prendre lecture.»

Pres de 200 nornB ont approuve cette protestation.

-167-

Page 170: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

« Les commissaires nommes dans Ia precedente deliberation etant rentres dans Ia seance, le president a dit ... que le citoyen commis­saire civil n 'a pas cru devoir se rendre aux voeux de Ia commune, qu,. cependant il. avait demande jusqu 'a le demain au matin pour faire une reponse a Ia deliberation de Ia commune assemhtee. Mais qu il semblait toujours persister dans Ia resolution qu il avait prise d 'ame­ner avec lui trois ou quatre cents hommes du bataillon de I 'Aube et autres. Alors lee citoyens officiers municipaux presents a l'assem­blne, un d 'eux a pris Ia parole et a dit qu il croyait que l'assemblee de Ia commune devait se dissoudre et s '.:; prner a demain pour rece­voar Ia reponse du commissaire civil ... » Sa proposition est mise aux voix. L'assemblee decide «Unanimement ... qu'elle restait permanen­te jusqu'!la reponse du citoyen comrnissaire» ... Un citoyen propose de demander au commiseaire civil da revocation de l'ordre donne par lui aux citoyens volontairee do bataillon de l'Auhe et autres de quitter leurs po~s des camps ·pour rentrer en ville et sa reponse par ecrit IIIli' Ia precedente deliberation.» Appuyee par une majo­rite de citoyens, la motion est adoptee. L 'assemhlee arrete cque le citoyen comrnieeaire civil serait invite au nom de nos malheurs, de nos patriotisme et de son civisme, d'avoir a revoquer l'ordre pu lui donne au citoyen commandant de Ia province du Sud de faire ren­trer nos braves defenseun pour lea amener avec lui et qu il serait pareillement invite de repondre par ecrit a Ia precedente delibera­tion.» Le president demllllde pour respecter Ia permanence de l'assemblee que soient nommes un vice-president et un deuxieme secretaire. Soot choisis par acclamations Andre Rigaud, vice-president et Emault, secretaire. Petit, Goujou, Fenaud, Lappujade, Dahenne, Duluc et Michel porteront l'arrete de l'assemblee au commissaire civil.

Auemblee p(lrounale du 29 janvier 1793 Matin.

· Les citoyens sont reunis cen grand nombre» cLe president et le secretaire ·'· ont repris Ia seance suspendue sur Ia confiance intime ou etaient lee citoyens qu ils ne pouvaient avoir a craindre du caractere auguste dont est revetu le citoyen commis­saire . .. aucune trahison, aucune manoeuvre contraire au voeu de Ia commune manifestee dans see divers arretes du jour d'hier, tous remia en expedition en diven arrete& du jour d'hier, tous remis en expedition en forme au dit citoyen commiasaire civil qui avait decla-

-168-

Page 171: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

re ne pouvoir donner de reponse que sur tes dites expeditions ... » Sur Ia proposition d'un citoyen, l'assemblee decide d'envoyer sur le champ six de se~> memhres pre'ldre Ia reponse du commissaire. Sur celle d 'un autre citoyen, elle decide d 'envoyer deux de ~es membres inviter le citoyen commandant de Ia garde nationale des Cayes A ve­nir dans son sein ainsi que le citoyen tambour-major des gardes na­tionales et de ctenir ses tambours tout prets a battre». De retou~)es commissaires cdisent que le citoyen commissaire civil leur a repondu qu'il l'(sa reponse) avait fait pa&aer par son hoc­ton (1) alors le citoyen hocton se presente et depose sur le bureau le pli». Arrive le general commandant de Ia province du Sud, accla­me aux cris de « Vive Harty, vive Ia loyaute, Ia franchise» ! Apres libre cours donne a ces epanchements, Ia plus belle recompen­se des depositaires de l'autorite qui ... en disant plus que le langage flatteur des compliments qui elevent 1 'idole qu 'il faut renverser le lendemain, le calme renait dans l'assemblee., Un secretaire lit Ia reponse du commissaire civil : cAu nom de Ia Nation. Etienne Polverel, commissaire civil, delegue aux isles francaises de 1 'Amerique !Ous le vent, pour y retablir • I' ordre et Ia tranquilite publique, vu Ia petition des municipalites des Cayes et de Torbeck du 28 du present mois, tendante a empecher le depart des volontaires du bataillon de l'Aube ,attendu que leur presence est necessaire pour maintenir Ia conservation des proprie­tes; Ia petition de la commune des Cayes a laquelle se sont reunis plusieurs citoyens de differentes autres paroisees, du meme jour ten­dante au meme but;

une copie certifiee de Ia declaration faite a Ia lm1Dlicipalite par le commandant de la province du Sud Ie meme jour portant qu& si les trois cenbl hommes du bataillon de l'Aube quittent leur poste, ,a ne peut plus tenir ni les campe des Platons -- ce qui serait une vic­toire COtJlplete pour les revoltee, ni les difierenbl camps de Ia plaine, lesquels il serait oblige de diminuer, ce qui favoriaerait l'enfree des revoltee dans Ia plaine, a moine que soua vingt quatre heures i1 ne lui soit fourni trois cents citoyens en etat de faire le service penible des camps qui resteront a poste fixe, sans lui faire craindre des deser­tions, et qu'avec ces moyens il ne pourra se tenir que sur Ia defensi­ve;

( 1) Hoque ton - bas ofjfder de ville.

li li~ I

lr.!

Page 172: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

une copie certifiee d'une lettre datee du Port-au-Prince du 23 du present mois, ecrite par le citoyen Labiche Gipoulon au citoyen Labiche de Reignefort, de laquelle il resulte qu 'il est sorti le dit jour 23 de ce mois 1500 hommes du Port-au-Prince tant des troupes de ligne que de gardes nationales pour aller £rapper le grand coup au Cui de Sac, y desarmer les negres et s 'em parer des chefs; un arrete de l'assemblee de Ia commune des Cayes portant qu'elle se declare permanente, je requiers le citoyen commandant Ia partie du Sud de suspendre l'f xecution de rna requisition du 27 du p • .:Sent mois sur le depart de 300 hommes du bataillon de l'Aube et neanmoins attendu qu'il ne peut rester sur Ia defensive sans perpetuer les alarme& des citoyens des·Cayes et des paroisses voisines et l'etat precaire de leurs proprie­tes et que Ia prolongation de cet etat purement defensif finirait par consumer les debris des troupes europeennes tant de ligne que de gardes nationales, je requiers le citoyen commandant de demander sans delai a Ia commune des Cayes et aux communes voisines tous les secours et renforts qu 'il jugera lui etre necessaires pour une expe­dition decisive et d'accelerer cette expedition autant qu'il lui sera possible. Fait aux Cayesle 29 janvier 1793, an 1o de Ia R.epublique. Polvereb

Le texte est mis en discussion. Un citoyen, avec beaucouo d'autres, s 'inquiete de Ia rentree en ville du bataillon de l 'Aube (1 ). Le com­mandant de Ia province du Sud cs'empresse de faire cesser une discussion qui aftlige tous les coeurs; il repond sur sa tete de tout attentat contre Ia silrete generale et individuelle, par Ia connaissance particuliere qu 'il 'a des dispositions fratemelles des citoyens du bataillon de l'Aube et cette parole d'un brave hornme dissipe cornme le vent fait voler Ia poussiere, ce premier mouvement d'inquietude. Aucun citoyen n 'hesite a se mettre sous Ia sauvegarde de Ia bravoure et de l'honneur fran«;ais ... L 'assemblee, satisfaite ... adhere a I' arrete du citoyen commissaire civil ... portant requisition ... pour une mobili-sation des citoyens en vue d'une expedition ... , Un citoyen previent r assemblee que le bataillon de l' Aube est en marche pour entrer en ville. Ues petitions proposent « d'aller au devant de lui et lui partici-

( 1 J Les Colons se mejiaient de ces volontaires nationau:x, patriotes vigilants, qui [reqentaient aux Cayes le Club des Amis de Ia Constitution forme sous l'egide de Ia Convention nationale. Cf. B. FOUBERT, cLettres des combtlttantsaubois op. cit., novembre 1979, p. 14.

-170-

Page 173: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

per Jes voeux de la commune pour le conserver et ~ontinuer de concourir a Ia 8Urett~ generale et individuelle de tous les citoyens et de leurs proprietes». .. . L'assemhJee, unanimc decide d'envoyer au 4evant du hataillon de l'Auhe. pour lui emettre le v~eu de Ia com~~Utl~ et sa satisfaction sur le changement du citoyen commissaire civil 'rdativement a l'eloigne­I"lent des braves frcres d'armel'l : :Rigaud, vice-prt-~ident de i'assem­hlee, Aupoix, Faubert, Gen:;ac, Willer (?), Deledocque, Rous8et, capitaine, de Launay, Me8t-onier, Laroque Petiton,· Arnaud de Selle­garde et Chalvit-e fds, auxqucls .se joindrait le t•ommandin't" de Ia garde nationale ou, a defaut. son major. Tou~ ~e t.Cunirent au corps de garde duPont. «pi;U~ ~~ mcttre en marche». . Arrivee des citoyens Desclaux ct Gavanon, off'iders rt11iniciparix. lis sont charges de remcttre officiellement a rasseitlb]ec l'experfition de ]'arrete du ritoyen commiAAaire civil et de dire que «Wn conltmu mettant fin aux alarme~ qui avaient porte Ia commune a s'assembler Ia municipalite attcndait que l'asse.mble~ se dissipe et 'que chaque citoyen rentre chez lui». Le president repond que «Ia commune assemlllee SOUil l'autorisation de Ia municipaHte ne pouvait se scparer :;an:; avoir redige son proces­verhal. qui ferait connailre a Ia municipalitc scs intentions ulterieu­rea.. Les officiers municipaux se retirent. Le general demande au presi­dent ,de donner lecture a l'assemblce d'une proclamation et o.-donnance du commissaire civil pour Ia forrnatioi1 des «·compagnies {ranches•··· (1 ). Aprcs l'~udition de plusieurs ritoyens sur cette question, l'assemblee arrete «qu'il n 'y a: pas lieu a deliherer; qu 'elle ohser1e seulement au citoyen commandant charge de !'expedition de cette ordonnance qui prcsente une institution utile si cUe pouvait

's'effectuer, d'avoir a s 'assurer des soldats eta former les compagnies ! susdites, de creer les officiers et un Etat-major dont les trrutements ~greveraient infructueusernen t le tresor; .qu 'elle invite (les citoyens) a Ffaire cesser cet ahus deja existant et qu 'elle charge plus particuliere-

ment le procureur de Ia commune de repeter cette observation

(I) Le 16 decembre 1792, Sonthono:x. . ordonnala creation de aix compllpiel . franches composees de 50 hommes de couleur pour maintenfi' 'Ia tlr.I1Jqf!llllte,

c'est-d-dire combattre les esc/aves rtvoltes et les blancs forcenis (Arm. nat. DJavS/44.

-171-

Page 174: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

importante juaqu 'a ce qu 'eDe ait ete prise en OODiideration par ceax qu'eUe (concerne)». Un citoyen propoee que 1'..-mblee cgarantiale Ia liherte individueUe de tous et ebaeun des citoyens de Ia commune. La proposition est aceueillie et arretee par une .OO.Oation generale et le sennent du cltoyen opinant est aussitOt repe.S par le cri : noUI le juroD8 sans distinction de eouleurS».

Un cltoyen ·rappeUe alors ... que deja plusieU1"8 citoyens ont ete, l'un enleve de son domicile et depose en rade a bord de Ia &egate La. Fine, lea autre& destituea ou suspendus de leur fonction publique par ordre du citoyen eonuniseaire national cim, 88118 instruction prella­ble et sans lea formes preacrites par laloi (1); que aauf le respect d6 au. citoyen eommi&Mire ... , on pournit qualifier de tela aetes d'arbi· traitea et scellea du cachet de Ia tyrannie ai on ne devait ,- suppoeer que Ia toi imperieuse du aalut public avait pu seule lui arracher de pareilles diapos:itioD8, l'llleUlhlee exprime dans une adresse au commiasaire civil da doulenr dont ont ete affectea tous lea citoyens a Ia vue des enlevements et destitution de plseU1"8 d'entre eun ... cCitoyen cornmissaire, lea communes des Cayes et des paroiases circonvoisines justement alarmees des actes de severite qui Be renou­vellent et des enlevementS que l'on execute sans motifs enoncea, craignent d'avoir a combattre au dedans des ennemis plus cruels que ceux qui ravagent nos malheureuses contrees. L 'intense calomnie exerce ses poisons. Le deuil nous environne. Au moment ou Ia confiance allait renaftre, l'on cherche a nous detolll'­ner de l'interet general, en nous faisant craindre pourlasO.rete indivi­dueUe. PeriSBent, nous y consentons, tousles auteurs des complots homici­des. PeriSBent les traitres qui encouragent et alimentent nos ennemis, quels qu'ils soient, fussent-ils revetus de Ia magistrature Ia plus auguste. lis ont merite Ia mort. Mais en prenant Ia noble attitude qui convient a des Fran~ais

( 1) J!arm_i les vic times de ces cabus de pouvoirs:~, citons ( d'apres le !Wcis h1•torzque ... op. ctf. p. 99) les citoyens Marsolas, greffier du tribuna~ Dei;Jtre et Laprade. Le meme auteur ecrit, page 1 OJ, que Polverel avait ere P'!venu_ pa_r des memb~es de Ia municipalite (vraisemblablement autour d'And_re R1x~d), que I on machinait de l'enlever pour le renvoyer de Ia c~lmue. Polv_ere~ en rendit responsable le presid~nt de l'assemblie parois­slale du 29 ]anvler, Rollain et les membres du bureau Cotelle et Esnault procureur. '

Page 175: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

regenerea, a desnipublicaine, nous vous di&ons que toute rigueur qui n 'eat pas abeolument neceBBaire au aalut public vous est interdite P'lr 1a loi. Na. vous diaona que toute resistance a I 'oppression eat legiti­me et que ai la Convention nationale a pu briBer Ia derniere emprein­te do deapotiame, si elle a pu poser le cachet de Ia liberte sur lea debris do trone et de Ia tyrannie, elle n'a pu vow. deleguer un pou­voir qui ne aerait pas limite par Ia loi. Citoyen commiaaaire, nous allons remettre aous vos yeux l'article 7 des Droita de l'homme : cNul homme ne pent etre accuse et lll'Iite ni detenu que dana lea cas determines par Ia loi et aelon lea formes qu' eUe a preacritea , . La loi qui doit peaer egalement sur toutea lea tete&, et qui n 'a point pronolice un vain mot dana le mot Responaabitite, prononce anatheme contre ceux qui oaeraient attenter aux droits sacres et imprescriptible& des citoyena. Ndus respectons vos droit&. Nous connaissona les notrea et nous vous conjurona au nom du saint publk: en danger, de revenir aux principes conciliatoires qui ont motive \lAin aission. La commune avut de ae separer voue .-prime son voeu pour Ia reunion de tous les individus a Ia defense de ses foyers en proie aux brigands; eUe vous exprime son voeu pour que le glaive de Ia loi ne se promene plus que sur les tetes coupablea. C'est a elles seules de trembler. Elle a pris dana Ia plus haute consideration l'embarqtle­ment aubit do citoyen Mareolas et sa situation critique; ceDes de tous lea citoyena destitues. La commune aime a croire que vous avez ete induit en erreur ou que vous ne vous portez a de pareils actes d'auto­rite que contre des coupablea (mot illisible) et convaincus. Dans le premier cas, vous devez instruire votre religion en ecoutant les accu­ses; dansle second, vous ne devez faire mettre vos ordres a execution qu'en leur dunnant une authenticite qui rassure chaque individu sur son "xistence et sa liberte ... Elle attend de vous l'enonciation des motifs qui vouP. ont determine. Salut. Rolain, president. Esnault, ae~etaire, Cotelle., II est deux heurea caonnee,. Suite de Ia seance a 4 heures apres-midi

.4pril·midl 4 heure1.

L 'adresse arretee le matin est lue et adoptee. Un citoyen previent l'assemblee que Polvml rend Ia municipalite cresponaable des evenementa ficheux que Ia continuation de l'assem­blee de Ia commune pourrait occasionner dana Ia villet. Le president repond que l'assemblee ccouvrait Ia municipalite de sa

!>

I: I li

~ ,, I!

Page 176: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

propre responsahilitet et passe a l'ordre du jour. Entre le citoyen lieutenant colonel commandant le bataillon de l'Aube (1).

Invite a prendre place pres Ju president, il declare qu'il est venu informer l'assemblee que le citoyen commandant general de Ia pro­vince lui a donne l'ordre de reprendre avec ses braves soldats leur poste et «terminer Ia carriere glorieuse qu 'ils unt commenceet. Satisfaite, l'assemblee constate que «les justes reclamations ont pro­duit l'effet qu'elle devait en attendret. Un citoven propose un amendement a l1adresse de Ia commune : «qu'aucun citoyen n'accepte les places des destitues sans qu'ils aient ete prealablement SOUmis a une in!ltru.Ction publique qui les mette a meme de faire tomber Ia delation tenebreuse et Ia calomnie par les­quelles Ia religion du depositaire de l'autorite supreme de Ia nation parait etre surprise.» Sa proposition est applaudie et acceptee. cLe citoyen Jean Quina se presente au bureau. II demande au presi­dent de donner communication a l'a~semblee du compte qu'il rend a Ia paroisse de Tiburon de Ia mission dont elle l'a charge ... » L'assemblee l'invite a «rester dans cette dP.pendance pour achever Ia reduction des negres revoltest. Le president ecrira dans ce sens au maire et aux officiers municipaux de Tiburon en faisant valoir Ia proposition de Jean Quina cd'accroitre son armee de negres de ceux foumis par les proprietaires de cette dependancet. Un citoyen demande si le moment n'est pas venu, puisque Ia commu­ne est assemblee, d'emettre son voeu relatif a Ia «prompte convoca­tion» d'une assemblee coloniale et a Ia nomination des deputes a Ia Convention. L'assemblee, considerant que Ia convocation de l'assemblee~ coloniale est necessaire «pour faire cesser J'anarchie qui se perpetue dans Ia colonie» et pour cia remise dans un ensemble qui efface lf'l disparat(e) scandaleux qui existe dans son administration actuelle; ... que Ia nomination de deputes a Ia Convention nationale est encore plus necessaire pour mettre Ia colonie sous Ia sauvegarde de cet auguste areopage et attirer sur elle les rayons protecteurst' arrete qu 'une expedition de son proces-verbal sera faite au commis­saire civil, a Ia municipalite ainsi qu 'au commandant general de Ia province «en temoignage de Ia vive reconnaissance que Ia commune a ~ssentie de sa conduite franche et )?yale dans une circonstance ou

Page 177: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

il ne s'agissait pas moins que du salut de Ia partie du Sud•, et une quatrieme &u commandant du bataillon de l'Aube «pour etre trans­mise dans Ia me me vue a son bataillom, Ia derniere en fin sera adressee par Ia municipalite des Cayes a Ia Convention nationale. L 'assemblee arrete cia publicite par l'impression du proees-verbal de ses travaux depuis.qu'elle s'est constituee» en 300 exemplaires. 200 seront distrihues aux cofficiers, corps et soeietes populaires» dans Ia colonie et 100 seront adresses par Aupoix et Saint-Vincent aux «corpsetsocietes populaires des villes de eommeree.et ports de mer de Francet. Une souseription en paiera les frais. Quelques citoyens donnent 21 gourdes en especes et trois bons de chacon 1 ·gourde. Les autres cs'obligent de continuer Ia souscription entre les mains de l'impri­meur a qui les 21 gourdes seront remises>~ ... La lecture rlu proees-verbal est reportee au 30 janvier. La seance est levee.

Le vent de contestation qui a souffle de plus en plus fort sur ces deux seances des 28 et 29 janvier n'etait pas pour plaire aux hommes de couleur. 11 n'est done pas surprenant que le nom d'An­dre Rigaud n 'apparaisse pas au bas du proces-verbal de l'assem­blee du 29 janvier, comme si Ia presence du negre Jean Quina, entierement devoue aux colons. avait evince le principal soutien du commissaire civil. Le proces-verbal de Ia prochaine assemblee confirmera cette hypoth~se. ll ne sera pas date du 30 janvier mais du 6 fevrier 1793 et sera le dernier inscrit dans ce registre de Ia paroisse des Cayes.

Auemblee pt~roi111Die du 6flvrler '793 Matin 10 heure1. La munieipalite a decide eette convocation dans sa seance du 4 fevrier. Le doyen d'Age, Queslard fait proeeder a l'eleetion du bu­reau. Est elu president : Cotelle (24 voix) eontre Martin Bellefond (1), Adelon (2), Rousse (1), Neau (1), Rollain (8), Bleck (1), Fau­gas (1), Benoist (1), Billard, entrepreneur (1), un nom illisible (1). Est elu seeretaire : Esnault. Ordre du jour : « Ia neee'88ite indispensable d 'augmenter Ia compagnie de Jean Kina, extremement diminuee par lee- maladies et par Ia mort de eeux qui ont peri par Ia suite emelle ou dans lea combats• .

-175-

I i

i

Page 178: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Uiscu!:sion. L'l88emhlee decicle d'aller demander au commandant en chef de Ia province le nomhre des negres dont jl peut avoir be­soin et de bien vouloir asaiter a Ia seance, I 'assemblee desirant profi­ter de see «<umieres». Seance repartee a l'apres-midi 3 heures.

A pres-midi. Le commandant a repondu qu'il fallait 360 negres esclaves des pro­prietaires de cette dependan~ pour venir a l'appui de 8e8 force8J, II se presentera i l'assemblee a 5 heures. La discussion reprend en presence du·commandant puis l'assemblee ~considerant qu 'il a dejA ete distribue des armes a dee negres dont le nombre n'est pas detennine e.t qu'il est de l'interet puhlic et parti­culier de ne pas multiplier de pareils armeknenta parmi lee esclaves, en sorte qu 'il faut absolument connaitre ceux a qui il a ete distribue des armes; t:onsiderant que si Ia ~tion de 360 africain& est faite par le cito­yP.n general pour effectuer Ia nouvelle sortie contre lea brigands et pour laquelle il a ete ex~ment requis par le citoyen commissaire national civil par son arrete du 29 janvier demier, notifie a Ia commune assemblee, l'llllelllhlee ee flatte que ce secours peut etre rendu inutile en presentant au citoyen general un tableau des forces !<uffi:-~antes pour seconder ses vuea, et qu 'il y a d 'autant plua lieu d 'y compter que tousles citoyens eeraimt affliP de voir cette F"rtie retardee par de nouveaux delaia .... arrete qu'elle persiste de phu fort-IOD pNcedmt Jftfte da dit jour 29 janvier, par lequel elle a m..ut.tB le YOeU le plaa lw..t de voir effectuer Ia sortie CODtre lee ~ et ..u.eraat a Ia ..Sqaiai­lion du citoyen cornmisaaire national cml, elle a decla.e que toua Ies citoyens se tenaient a Ia dispt'tlitidn du citoym general et d 'en accelerer l'execution ...

in\'ite expressement ses officiers municipaux de requerir dans lea :!4 heures le citoyen commandant de Ia garde nationale de donner de suite l'ordre a chaque compagnie de Ia garde nationale de lui fournir Ia situation de sa compagnie et lui faire connaitre le nombre tl'hommes en etat de marcher tous lesquels etata de situation reunis prt;~t·nlrrent le tabl~au des forces dont le citoyen general pourra di~pobCr ... charge de plus Ia municipalite de veiller a ce qu'il lui ,..oil preeente un etat de tous lee autre& citoyens qui, non enroles par compagnie&, n 'en soot pas moine dans le cas de prendre les ar­me~ dans cette circonstance, et de 8e faire rendre egalement compte

-17ft._

Page 179: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

dre Ia situation des africains .. eji enroles sousles ordre de Quacou(l) et de tous les autre& qui auront pu etre amtes ... arr6te que si apres tousi!'S prealables remplis, Ia contribution de 360 africaina est encore jugee indiepenaahle, elle 8 'en remet a cet egard ·:; Ia municipalite pour le mode d'execution de Ia dite contribution ~t Ia charge ue s'entendre avec les municipalites de Torbeck et de ~ayaillon, entre lesquelles Ia dite contribution doit etre aussi repar-tiet. ·

3ignatures : Bourgela, Dubuc, Cotelle, Emault, La B(u)ssiere (!), Leon, Flandin, Fonfrede, Pelle, LAborde, Rollain, Ledoux, Leduff, Gouin, Dubreuil de .Foureaux, Bordes, Goujon, Benard, Dubuisson, Dumas, Aupoix, Derrecard et quelques noms illiaibles.

On ne rel~ve aucun nom d'hommes de couleur panni les signa­taires de ce dernier proces-verbal. Une nouvelle tension entre blancs et hommes de couleur empechera-t-elle Ia mise en actes des r~olutions prises le 29 janvier? Une semaine s'est ecoulee et rien :Q 'a ete entrepris. Les proprietaires mettent des conditions a Ia fourniture des contingents d'esclaves demandes par le comman­dant, et marquent, cette fois encore, plus d'inclination pour les discours que pour le service militaire.

Aprea l'attaque- reussie do 13 janvier, l'occasion d'en finir avec ce foyer d'insurrection paraissait s'offrir au commmdant. Or •.ien d'important ne sera entrepris contre eux dans les semaines qui suivirent. Les principaux chefs, Armmd, Martial, Gilles Benech, Jacques Formon, Bernard et Felix restArent c~·en armes au Maeaya, vivant de ·~andage,. (2) . , . . .

Ce renoncement a pour&wvre 4uls ~a tamere un ennem1 affaibJi s'explique autant par cette repugnance a servir sous lea armes, maintes fois observee chez les colons des Cayes, que par !'obliga­tion pour le commmdement de menager des troupes et des equipa-

( 1) ou Coocou, chef noir au service des blancs, place· par eux a Ia tete dune troupe de negres fi<Ules, originaires du quartier des Cayes. II avait partici­pe a14 combats contre les hommes de couleur au debut de /'annie 1792. Cf s•n portrait par B. FOUBERT, ~:Les combattants de l'Aube ... » op. cit. novembre 1979, p. 12.

(2) MeUe FICK, op. cit., p. zgs.

-177-·

Page 180: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

ges decimes par les maladies (1 ). D'autre part, l'entree en guerre de Ia Grande-Bretagne et de I'Espagne au debut de ce mois de fevrier 1793 creait une situation nouvelle. Des hauteurs du Maca­ya le::; regards vont se porter vers les horizons marins. Dans quel­ques mois,ce sera !'intervention etrangere. Tout laisse supposer que ce registre acheve le 6 fevrier 1793 n'aura pas eu de suite.

*** n y 1 peu a retenir des proces-verbaux· de l'assemblee paroissia­

le des Cayes anterieurs a Ia Revolution : Ia frequentation tres clair­semee de ses reunions, les difficultes financieres de la fabrique, le delabrement de l'eglise, tout cela temoigne d'une ambiance irreli­gieuse, caracteristique d'un monde.ou le revenu prime tout.

Aux deux questions qui ltur etaient posees par Ia Revolution : quels liens etablir avec Ia metropole et queUe place accorder aux hommes de couleur libres dans Ia societe coloniale? Les colons des Cayes ont apporte des reponses non equivoques.

En sou tenant massivement, me me apres sa dissolution, I 'assem­blee de Saint-Marc, ils sont restes fideles au passe autonomiste de Ia province du Sud. Bamave etait bien informe qui declarait le 11 octobre 1790 devant l'Assemblee nationale : «C'est dansla provin­ce du Sud que les partisans de l'assemblee generale se sont montres les plus nombreux et les plus animes.» (2)

En refusant toute amelioration au regime discriminatoire qui frappait les hommes de couleur libres, ils ont cr66 les conditions d 'une guerre civile impitoyable qu 'ils n 'avaient pas les moyens, ni matieriels, ni moraux de soutenir. Leur defaite et Jeur ruine en furent les con~quences.

( 1) Troisieme releve des personnes entrees a l'htJpital des Olyes ... op.cit. Pour /es trois premiers.mois de 1793/es bataillons de l'Aube et de Ill Seine infi­rieu,.e avaient -eu respectivement 13 et 5 ofliciers, 247 et 205 volontaires hospitalisis, et 59 et 51 deces a l'Mpital. Voir egalement B. FOUBERT, f:Les combattants de l'Aube ... op.cit. octobre 1979, p. 6-8.

(2) Rapport sur les affaires de Saint-Domingue, fait a l'Assemblee natiolll:lle au nom du comite des colonie! les 11 et 12 ocotbre 1790 par M. Bamave Arch nat. S.O.M., Bibl. Moreau de Saint-Mery, R.C. 34, 36 a p. 82.

, "70

Page 181: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

A la determination des hommes de couleur qui faisaient de Ia Declaration des Droits leur «bible divine» et qui de surcroil avaient la. reputation bien etablir. de savoir se battre, ils opposerent des appels au secours vers une metropole dont ils rejetaient par ailleurs Ia legislation, et firent preuve d'un manque de combativite certain. Au pretexte avance par eux pour leur defense qu '«il n 'appartient nullement a I 'habitant a faire la guerre» (I), nous ajouterons cette circonstance attenuante que, pour nombre d'entre eu .. l'ennemi portait leur propre nom (2).

~ 1 liberation des esclaves que chaque parti n 'avait pas craint d'armer pour son propre compte, sera Ia suite logique de ces affrontements. Au debut du mois de fevrier 1793, en depit de la derfriere attaque reussie des Platons, elle est en bonne voie.

(1) G. DEB/EN, Un landais a Saint-Domingue, 1792-1793. L'Anse-0-Veau, 12 man 1792. Pierre-Fra~ois Fabre-Poirier a Sabots, fils a Bordeaux.

(2) C'etait notamment le cas des families Redon, Suire, Cambry, Bourjolly, Rollain, Magallon, Dessard, Queslard, Fabre, Collet etc ... etc ... .

1 '70

Page 182: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

,· Lj ' l; t*.)j)?:i,;,· ~l ·'' 'H )~ .. ;.·, ',r' -~~"l 'I{('; I ~<:h f1;,.: <:; ::t'rin·~f~·\\ (&i j

·:·~-~:~-tL.<t-~:-,~·:_. -~ .. ~~----.) -· -.,- ( '.·---~ ... ":. n.-~ >: '1 .. ·· . i~, ~ r: -~ f; ~ -~._, .... i~ ~ ·;_:- - . . - , i • ~~.·;·· ·.~· ::. -~· ·';; :_':.:~,~ •. :. __ ·" .. -.· .. ·.~_-.:.·:::_'~l·!.f.:.-J»! •. l---~.·.l:~.·.·,;.·."·.··, .• \.,;

··;~~·\:"';~~}~{~v ~r>:~:~'.d .. ·.~· '- ~·;.j~: ,::,~ .. :; __ ,\ .. l, .. · ·· ~- t<:, i~ •• ~, • .

1FTllT:m:.•·•i ··'· ::!L ~Hili> :•:~tJf!l-'!'li'H,H.'IIll.' ':1:-JV ?'L~'J 1·..,: U.t; ';!'Jrp;, <'.·..C: -~- '·, .- .. ~.·r:'• ·.· '" _.1 1. :~~ .. _:· • ·;.,).:t.7t_ i·-.!c.:.t~::·'_:·,·..... :·: ! ··;~-~-) ~:~ ;,~_~r;- • ..,~

~)~l~f ij ·~5J.Hf~;:; -~-~V '1HJ-'-H-~~u; JVJ ~h '"fMlltftt.~ Jf.J~;!.fl _ -~ ') r.:.J.rl) i ;~~_;.;-:._:_·.·:·:·: ~- i\J ~111~~1;__!·;. 1 ' •" • / ·. _- • '.,! · • , . I :: '!": . • • ! , ", _: • .. ~ , '· ;: ~- 1 . I .l) ; ,;_'!, •. ,1- • ,• .. • · 1.4- "::;

lL-·-· 1rp ~n:;t·-~.D 'tl.tt·:-5 l.HH~ xu~• 'l.IHJ \1nr~v1~ J ~<1/ .. ~J'n'~ t~t- .;ffuJ:~-~-:_· 1

;.;lf()(t l l). r,:',"'('!•,;r:,; £.1 'f'li.E't il, J.QJ3tid~;d'J f Jft'H:;<t\il;f~ fn'li;"'£Cll!l/ ;

~,,~,r··~·- ~ .. --:~~·~~~r::,~.:! .. ~~j J~J,.1_;:?Hr:· _ -~~t~~~~?f ~~ _.~r:·!:~~i ~n_~-=.:t!_.t~:, ·r t)?:' ff-~ ;:~-~--\~tJ~('~.e . ', ·., . _,,,> .. .!.;\~ !f.I.!Hr ~)"qnx•.l. 1V.~·i)·;,)J"•;)r-l!J;1.~w;'r, .. J.J'.'

. t.oiP;q.·~ .!l.!;lll. : mt:,·• ;J-o;pd-;i, 1~1 , :- ;;l<;i~~~ ~:)!! ndJ~'l:;,;,{;t'~ ·

·: .. '·~~, ·~~~-~~~i_P-;~~~~~:~~,: ··:/: · ~:.';;:~; .• :.:~i:~,:lo:;.: .. :.~·_-;;~ :·1:{~ '!l.:,9:L.:.:·r:+~· ~ liA. ~., ttf{ ,•~ :· , .. ,~ \, i, l>FI"';·" ,,{~~~ ~~ t>,UJ •,lf-,f~J ,. '' : :'1,1.<, . }Ef"'" • .·· '".1-- ,J_.,

... , .:Ji~p ;,~.~,~;;, •:i ~li• h·· ~~ •S,"'1S{)flii,~~'fh 7H·~<:.u~n ');;~:Jf> t!~ .f,';-t;rnsb

;Jl•I: ·.,

~ t- •

./

. .

· , · -~~'i -~i~~k:i · .t.~\ { --t.~·v·.~!i~~-~~~~-t. "'~"\)' ~~;'>~~\t'1\t\·•.u· I ~ 1 ,·:· <\.: _.,,,Lu:.: .. :.a-;o.:t'/'t~<• .. ....._~j~..,~~_.~.·~'ft'l~Jf.lt\liJ~\.

~~~ \l, ·U'\ .~. . ~' :·: ~::;.!.-:· ~;J>qt;._'·-~·,_: ,;·' ·.· ;~ !r·~ .. <'":t; •. < -:r: -·,;:()~.)- -; ~:)- -~ ·

i;'-i,l.\~tr~t;~,~ •• ~"\~i+~)1~~~\l.r~'\~~~? ~~.~. ~m~.:mJ~'l?~.. \.~\ . • . : ~ . . . _ ... 'lfil_ ... ')'\J l~WI\)-1 .~'\~'1 .. ~1tl\. ~ .. ~'4··~;~ .. ,.;1\\4\.nm-a{.l)\ :':' •. ,~ .w. ~~· J!•::l.'""" •1!;; ::t;d!<''·lr n.·}n·s. ! . .3 ~tflt ~·~-.I: 1 . .-c:• ,·nH\!,Ironii

·-~ ·unt· p~u~', tt: ,_>,·~1t;< ir!'p-i.t:\y;.;J-.!.": ~f''-!·i.t~ -~-l--TY •. ~i-rnt t .. ,_:,, A_;;:-: .. :J ,·~:·,~·.:.~~~; .. r~;

·' 1,.: '• ;.f ~ · .. l

·r.,4 tr<;: -: ::·rr·,·p~-~.-.::: · ,_;--..,..~,;. :-.

~~-.'::~~.~.~; •!!.';·.i·:;·l'~l !•"'~/ =·-~-·~-- ~-·. :· :!'t:~ . ~: _}{

·ry '. . ·'oil_,, ~.,j , i

·. ':iir~ ,-' ..,, .; h-!1f::( .

·:•_;'

~~· .. ~-...:.... ~·.. (~·x.u·

. "·""' ~:( ~·.~ ,;,t. ~1:/' . -·- ',' .·~ ;· ·. } ~ ~ .. : l:.. . . , __ · ~.--:: ---s

.-.- .. _. ·,···t .. 'l~ . '· (e ---/~-·

i ;;_r.;_·-~~,._~_J-..,:~ "'fft.: .; •. .-.">:-. ,-,·y·- •;.,;.· ."":!

, . -?6 .::

Page 183: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

NOTICES BIOGRAPHIQUES (1)

ADELON (Pierre), capitaine de navire et negociimt, associ6 aux Cayes a Castels et Marson (Joseph). Poss6de u~ qu~ dans une maison,..rue du Parapet aux Cayes, dana une caf~ a Cavaillon et dans un terrain dit Adelon et Manan dans lee hauts de Ia Ravine des Orangers aux Coteaux, acquise en 1788. Indemnit6: 6.300 F. (2)

o( AUGY (Louis.Constantin d'), originaire de Paris; avocat et procu­reur au Conseil sup6rieur du Cap, secret~ de Ia Chambre d'Agri­culture du Cap en o ctobre 1789, participe a Ia redaction des cahiers de doleances,. d6put6 du Cap, Mopardin, tres proche du club Massiac, d6put6 a Ia 2eme assemblee coloniale deport6 par Polvhel. en Espagne en 1794 comme prisonnier de guerre. Propri6taire a Plaisance. Caf6.

BARBE DE MARBOIS (Fran'iOis), succede a Bongars comme intendant a Saint-Domingue de nov. 1785 a oct. 1789. President du Conseil des Anciens sousle Directoire . En 1808 president de la Cour des Compte&. En 1813 56nateur. En 1815, ministre de Ia justice. D6c6de en 1834.

( 1) L'essentiel' de ces renseignements biographiques a ete ti1i des dossien de l'lndemnite de Saint-Domingue au.x Archives nationales, section Outre-mer eta ceux de Ia aerie E (Personnel) Colonies, au.x Archives nationales. Nous avons fait appel egalement a /'index qui accompagne /'edition de 1958 de lir Description de Ia partie frant;aise de l'isle de Saint-Domingue de Moreau de Saint-Mery, aimi qu'a /'index de 111 these dactylographiee de MUe Kahn: ~La premiere assemblee colvniole n!volutionnaire a Saint-Domingue : l'assemblee de Saint-Marc.> ( 19 70)

(2) L 'indemnite accordee aux colons representant le dixieme d'une estima­tion tres approximative de Ia valeur de leurs proprietes en 1789, nous en avons souvent, pour simplifier, arrondi le montant aux 100 ou 1.ooo F. pres.

-lRI-

I I

Page 184: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

BEAUZAMY (Jean-Baptiste), propr. aux Cayes d'une 1/J guildi­verie dite Caudron et B .. lndemnite : 1:876 F. Candidat A !'elec­tion du maire le B nov. 1792.

(I BERAULT (Toussaint), originaire d'Auxerre, procureur de Saint- , Louis, proprietaire d'une sucrerie A Torbeck. Depute de Torbeck,~ f'k >-r leoparrun. Inwntaire de sa succession (Me Siffait nov. 1793 ).

dt BILLARD (Etienne-Joseph). originaire de Nantes, proprietaire d une sucrerie a Torbeck valant 215.000 livres et divers autres biens dans le Sud. Vice-president puis president du club Massiae jusqu'en avril1791, date a laquelle iJ quitte Ia France pour Saint­Domingue. Se rallie aux Anglais en 1793 et devient conseiller du commandant des troupes d'occupation et gouverneur Williamson. Un notaire de ce nom aux Cayes.

BILLIARD (Fran~ois), entrepreneur aux Cayes. Proprietaire d'une maison rue Dauphine, de deux emplacen:ents et d'une por­tion d'emplacement aux Cayes, et d'un terrain a Cavaillon. Indemnite : 4.000 F.

BLANCHELANDE, (Louis-Philippe Roussel de); ne. a Dijon en 1735. Lt colonel du regiment d'Auxerrois est envoye a Ia Marti­nique en 1779, puis gouverneur de Tabago en 17RI. Commandant de Ia partie du Sud a Saint-Domingue. Succede a Peinier au gou­vernement de Ia colonie en dec. 1790. Accuse de menees contre revolutionaires Ia 2eme commission civile le renvoie en France devant le Tribunal revolutionaire qui le condamne a mort. Guillo­timHe 11 avril 1793.

BLECK, famille d'hommes de couleur libres, mulatres. Plusieurs freres : Pierre-Hyacinthe qui ep. Marie-Jeanne le 19 aout 1775, Guillanme qui ep. Anne-Marie-Louise fille de Madeleine, noire Iibre, le 19 fev. 1776, Hyacinthe, sellier aux Cayes et entrepreneur de hatiments, Joseph, tue a l'attaque du camp Mercy le 16 fevrier 1792.

?f. BODKIN-FITZ-GERALD (Robert -Etienne-Patrice), eonseil-

........

Page 185: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

ler au Parlement de Paris ou il reside rue Saint-Doniingue. Propne­taire d'une cafeterie a Aquin, valant 450.000L. Elu depute du Sud aux Etats generaux. Reconnu comme ae depute suppleant sans voix deliberative. -

BOISLANDRY (Robert-Charles le Grand de), originaire de Tou- \J raine, capitaine d'infanterie, habitant au Fond, ep. Antoinette CX Picault. Possede une cafeterie de 144 ex aux Platons. Depute de Tofheck a l'assemblee de Saint-Marc.

BOISROND, famille d'hommes de couleur libres, mulitres. Mathu­rfu, habitant le quartier de la plaine a Jacob; Franctois, possede avec Rene Boury une sucrerie au Fond estimee 250.000 livres d'Amerique en 1770, et Louis, correspondant de Julien-Raimond.

BONFILS, homme de couleur de !'entourage de Rigaud, son major en juillet 1790

BOUCHER (FranGois) substitut du pro.cureur de la commune· des Cayes et possede une maison rue de 1 'eglise aux Cayes. Indemnite: 10.000 F.

. BOURDET, proprietaire d)me sucrerie a Torbeck od fut etabli un camp pendant la guerre "'civile.

BOURJOLLY (Pierre-Charles le Pays de), ne aux Cayes en 1757. Officier de milice. Proprietaire d'une cafeterie a l'Etang des \ 1 Roseaux au nord delaplaine du Fond, et d'une maison aux Cayes. ()1. (Une autre branche de la famille possede une sucrerie a 1 'Islet dite Bourjolly aine.) Indemnite: 7.000 F. Depute des Cayes a l'assemblee de Saint-Marc. Un homme de cou.­leur de ce nom.

BOURNISSIEUX, secretaire du club patriotique des Cayes.

BOURY, famille d'hommes de couleur libres. Rene, quarteron, qui possede une sucrerie en societe avec FranGQis Boisrond, esti-

-183-

Page 186: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

mee 250.000 livres d'Amerique en 1770; Jean-Baptiste, ne a Tor­bee~ proprietaire aux Platons, decede a 40 ans en l'an VIII dans sa mai~on pres du.morne a Coquille, Jacques et Elie

BRAQUEHAIS, famille d'hommes de couleur. Procureur de Ia commune des Cayes en 1793.

BRUHIER DE VARVILLIERS, electeur de la paroisse de Torbeck Presiden~ de l'assemblee provinciale du S.;.l en 1791. Proprietaire a Ia Riviere des Momes d'une cafeterie. Indemnite: 13.000 F.

CALAIS (1.-B.), sacristain des Cayes en 1786.

CAMBRY (Pierre-Yves-Alain), capitaine de milice aux Cayes en 1773. Possede une sucriere a Ia plaine a Jacob. Indemnite : 45.225 F'. Membre du comite paroissial en 1789. Une famille de couleur libre de ce nom etait peut~tre proprietaire d'un terrain dit Cambry sous les Platons.

CAMPAGNAC, fait partie, pour Ia ville des Cayes, de Ia commis­sion chargee de negocier avec les hommes de couleur en decembre 1791. Elu depute des Cayes a l'as&;Qillblee provinciale le 8 mars 1792. ..

CANET CANARD, homme de couleur libre de Ia partie du Sud. Voir le testament d'un sieur Canard (Me Legendre a Saint-Louis 7 janvier 1770).

CARRIEF~E (Benoit), cure des Cayes de 1776 a 1784.

CASTELPERS (Louis-Auguste Martin Duvivier de), originaire de \ j La Rochelle, Aide-major du bataillon des milices des Cayes, entre­(} preneur de l'arrolidisaement de la plaine des Cayes oil i1 possede

une sucrerie et un terrain. Possede egalement pour moitie avec Vanduffel une cafeterie dans le haut de la plaine. Indemnite : 100.000 F .. Depute des Cayes a Saint-Marc~ leopardin.

CASTERA (Jean-Theodore), possede une maison aux Cayes et un

Page 187: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

terrain au Fond de l'ile a vaches. lnde~ite: 4.680 F.

CASTERA (Pierre-Valentin Davezac de), ne a Tarbes,-vint a Saint­Domingue ~n 1748. Procureur ala senechaussee de Saint-Louis en 1749, puis aide-major des milices en 1759. Entrepreneur de l'arro­sement de la plaine des Cayes en 1759, proprietaire a Aquin. Meurt en 1781. Ses enfants sont proprietaires aux Cayes et a Jeremie :trois cafeteries. Indemnite :42.000 F.

G. '.ILLOU, procureur du roi aux Cayes, habitant, membre dt' l'assemblee provinciale du Sud en 1791.

Chalvirt~ (Louis). mul.atre hbre, sellier aux Cayes. Porte-parole cY hommes de couleur libres pres l'assemblee provinciale du Sud k mars 1790.

CHALVIERE (Louis). Voir Chalvire? Homme de couleur, avait acquis de Hyacinthe Bleck en 1788 un emplacement aux Cayes, quartier de la Savane avec une maison (ma~onne et apenty for­mant equ~re ), pour 10.200 livres pris sur un billet que lui avait prete sa tante, la veuve Philipaux.

CHAMPEL, BOUFFARD & DEMALVAL, maison de commerce des Cayes, proprietaire de'£. maison ou est installe l'hotel de ville a pres I 'election de Ia municipalite des Cayes fin juillet 1790.

CHAMPLOY (Etienne Moreau de), ancien capitaine au regiment du Forez, chevalier de Saint-Louis, marguillier des Cayes pour Ia plaine en 1783. Proprietaire dans les hauts de Ia Ravine du Sud.

CHAPRON (Louis-Thomas), mulatre libre habitant au Fond.

CHARPENTIER (Jean-Bapt.--Daniel) ne a Bohin en Picardie en 1731. Regisseur de Ia sucrerie Picault dans Ia. plaine des (:ayes apres le depart en France des proprietaires, en 1776. Possede a l'lslet, paroisse des Cayes, une sucrerie et un terrain. Indemnite : 60.000 F. Affilie a Ia loge des Freres Reunis en 1786 en meme temps qu'un autre Charpentier (J.-J.Salomon).

-185-

Page 188: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

CHOISEUL-PRASLIN (Louis-Cesar due de), Lieutenant general du roi dans les eveches de Bretagne. Reside a Paris, faubourg Saint-Germain. Proprietaire d'une sucrerie aux Cayes valant 1 mil­lion et demi. Elu depute aux Etats Generaux par le sud et 1 'Ouest de Saint-Domingue. Y siege comme depute de Ia noblesse d'An­gers.

CODERE (Gabriel-Aphrodise), ancien major du regiment du Cap, chevali;3r de Saint-Louis. Commandant ~ Port-au-Prince en 1777 d 'oil il dirige des operations contre des negres marrons qui avaient

;j ravage le Fond-Parisien. Se retire aux Cayes oil il possede une cafeterie dans les hauts de Ia Ravine du Sud. Indemnite 10.000 F. Son epouse Ia veuve Leferon, nee Dauge possedait une grosse sucrerie dans la plaine des Cayes valant un million et demi. Assas­sine aux Cayes le 5 aout 1790.

COLLET (Philippe-Andre), avocat au ParJement de Paris, senechal et juge aux Cayes, lieutenant d'Amiraute, ne a Belleme, proprietai­re aux Cayes d'ua emplacement et maisons, angle r~ Royale et Grande rue valant 66.0001., et avec son epouse, fille de Saint-Mar­tin (Jacques-Joseph), conseiller au Conseil superieur de Port-au­Prince, d'une sucrerie et cotonnerie aux Cayes. Indemnite 71.200 F. pour le tout. Elu a l'assemblee pJOvinciale du Sud. Presidera cette assemblee. Refugie a Philadelphie en 1794. Collabore a Ia constitution de Toussaint-Louvcrture apres son retour a Saint­Domingue.

CORDIER (Vital), possede une maison rue des Casemes aux Cayes et une cotonnerie a Port-Salut. lndemninte : 8.000 F.

COTELLE (Jean-Louis), depute des Cayes a Saint-Marc. Possede une cafeterie a Ia Ravine du Sud. IndemLite : 3.500 F.

COUSTARD (Pierre-Jacques), commandant en second de la partie de l'Ouest, colonel diinfanterie, chevalier de Saint-Louis. En 1785 re~u conseiller au conseil superieur de Port-au-Prince. Possede avec son frere Guy, comte de Saint-Lo, une sucrerie ala Croix des

'A£

Page 189: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Bouquets valant deux millions, une autre a Leogane valant 600.000 L. DASQUE Jacques, homine de couleur tue a l'attaque du camp Mercy le 16 fevrier 1792.

DEJOLY, avocat des gens de couleur libres a Paris a partir d'octo­bre 1879.

DT>T.AVILLE (Victor-Marie)-, originaire de Nantes, negociant aux c~ . ~s ou il possede une maison en pierres dite da maison Delavil­le» et une cafeterie au Petit Trou. Passe a Philadelphie en ventose anlV.

DELMAS (Alexis-Guillaume), depute de Cavaillon a Saint-Marc, leopardin. Auteur d'une histoire de la Revolution a Saint-Domin­gue ecrite aux U.S.A .. dans l'hiver 1793-1794.

DELOMBRE (Elysabeth), veuve Dessenty Lhomaca, possedait deux maisons aux- Cayes et· 5/9 d'une cotonnerie au quartier de l'lslet dont elle avait fait la donation entre vifs aux huits enfants naturels qu'elle avait eu d'un sieur Rene Fresnel, originaire de Nan­tes. Indemnite : 13.000 F.. De Savanah ou elle s'etait refugiee avec six de ses enfants mineurs, eDe donnait procuration a Martin Lamothe, proprietaire a Cavaillon, pour gerer ses biens, le 24 fruc­tidor an X.

DEMALVAL (Louis), procureur a Saint-Louis. Elu maire de Saint-Louis le 17 avrill792.

DEMUZAINE DE LA GRENONIERE (Bonaventure), ne aux Cayes, epouse en 1756 la fille du notaire Jean de Laroque. Posse­de une sucrerie dans Ia plaine des Cayes, arrosee. Indemnite : 27.200 F. Commandant les milices des Cayes.

DENIS (Yves), homme de couleur libre, mulitre, Le 20 avril1777 il vend un emplacement aux Cayes au sieur Andre Rigaud, pere" d'Andre Rigaud, le mulatre. (Me Le GoUt aux Cayes).

-187-

Page 190: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

DESCURRES DE LESPARRE (Antoine) originaire de Coderot. Notaire general de la partie du Sud, epouse en 1754 Marie-Louise­Elys. Picot. ·Expulse de la colonie en 1771 pour sa participa~on aux troubles, autorise a rentrer en 1773. Possede une cafetene et une cotonnerie aux Coteaux et un terrain. Depute des Coteaux a Saint-Marc. Leopardin. Meurt a Paris en 1791.

DESPAUX, negociant aux Cayes. Marguillier en 1775.

DOMERGUE (Claude), possede aux Cayes une maiso~ donnant sur laplace d'Armes et quatre emplacements datU! les savanes de la ville. Indemnite : 9. 700 F.

DROUET (Jacques-Bernard), avocat en Parlement, du comit6 elu le 10 mars 1789 aux Cayes, epouse Renee-Emilienne La Gautraye. Posse de une part de sucrerie aux Cayes. Indemnite : 91.500 F.

DUBREUIL DE FOUREAUX (Amable), capitaine commandant les milices de Torbeck en 1757. De Marie-Jeanne Moisson eut tr.ois enfants. Possede une sucrerie arrosee a 1 'Acul et une cafete­rie au pied des momes.

DUCHEMIN DELETANG, medecin du roi aux Cayes. Elude Ia paroisse a l'assemblee provinciale le 31 juillet 1791.

DUCIS (Georges), originaire de Bayonne. Substitut du procureur du roi aux Cayes. Possede avec son epouse une sucrerie a Torbeck Indemnite : 64.000 F.

DUFOURCQ, ancien conseiller au Conseil superieur de Port-au­Prir ce. Posse de une sucrerie dite 1 'Abbaye a Torbeck et par sa femme, nee Smith~ une autre sucrerie a l'Acul de Torbeck. Indem­nite pour chaque : 30.000 F. Allie parses enfants aux Saint-Martin et aux Vergennes.

' ' ,. ' , I' .

DUMAS, deput~ des Cayes ~ la 2eme assemblee coloniale. Rap­porteur sur le plan d'organisation de Ia colonie a Ia 86ince du 23 mars1792.

1 DO

Page 191: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

DUPIN (Simon), possede aux Cayes partie d'une guildiverie, rue des casernes et partie d'une cafeterie et d'une guildiverie a Cavail­lon. lndemnite: 8.000 F.

D UPLANTE, notaire aux. Cayes.

pURAND (Jean), avocat. Originaire de Nantes. Depute des Cayes a Saint-Marc. Leopardin.

DURET (Jean), ancien capitaine du navire La.Catherine de Bor­deaux, negociant largement install~ aux Cayes depuis 1773. Y possede trois maisons, rues Royale et de Conti dont une boulange­rie acquise le 19 m~ 1788 (Me Carre). Possede au Cap Tiburon une cafeterie qu 'il exploite en societ~ av,ec un homme de couleur, Jacques Delaye. Emigre en d~cemhre (?) 1793 .

. DpV AL-MONVILLE (Pierre~ Thomas), habitant de Torbeck. Possede une sucrerie al'Acul. _Indemnit~: 50.000 F .. Elu depute suppleant pour le Sud aux E~ts Generaux.

DUVIVIER, peut-etre apparente a Ia tres ancienne famille Duvi­vier de Ia Mahautiere, originaire de Toulouse, etablie au Cul-de­Sac.

ESMANGARD, trois freres, Fran~ois, Charles et Claude, proprie­taires de Ia sucreri~ dite «Bagatelle, dans Ia plaine des Cayes, de Ia sucrerie dite «Rochesten _et d'une cafeterie a Torbeck (Voir inventaire de la 1ere du 13 juin 1777 Me Martigniat). Indemnite : 271.000 F.

FA TIN Thomas, possede une miison, nie Royale et rue de Fleury et un emplacemen.t aux Cayes. Indemnite 10.400 F.

FAUGAS (Isaac-Joseph), creole n6 en 1739 a Ia Martinique. Juge aux Cayes. Epouse Perrine de Laroque. Poeaede aux Cayes une \ / sucrerie au quartier de l'lsJet et un emplacement en ville, et a c?\5 Torbeck une caf6terie et une sucrerie. D6put6 des Cayes a Saint-

-189-

Page 192: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Marc. Refugie en Virginie a Norfolk. Meurt a Pointe-a-Prtre. Indemnite pour ses biens situee aux Cayes: 80.100 F.

FERAND DE BAUDIERF., ancien senechal du Petit-Goave, assassi· ne par des blancs qui lui reprochaient d 'etre favorable aux revendi­cations des hommes de couleur libres en decembre 1789.

FIERVILLE (Pierre-Nicolas Folliot de), originaire d'Alencton, Sert a Saint-Domingue depuis 1772. Commandant aux Cayes en 1783. Chevalier de Saint-Louis. Possede avec son epouse M.-L. de l' Ahbaye, une cotonnerie et indigoterie aux Anses et une cafeterie aux Coteaux. Indemnite : 6.250 F. Demar..de une concession en 1789. En conflit avec le gouverneur Peinier au sujet de ses rela­tions avec l'assemblee de Saint-Marc, il est menace du conseil de guerre. Se fait porter malade et rentre en France fin septembre 1790. Toutes ses demandes relatives a son retour a Saint-Domin­gue sont rejetees.

FONFREDE. Une sucrerie de ce nom interessee pour 120 car­reaux a la distribution de l'eau du bras gauche de Ia Ravine du Sud. Famille originaire de Bordeaux.

FONTANGES (Franctois, vicomte de), chevalier de l'ordre de Cincinnatus, chevalier de Saint-Louis, commandant en second pour Ia partie du Sud, reside aux Cayes (1789), apres avoir ete colonel du regiment du Cap. Signataire du traite de Damier: en octobre 1791.

FOURNIER, marguillier des Cayes en 1776.

FRAISSE (Marie-Etienne), fonde de pouvoir de messire Haudry seigneur de Sous fermier general proprietaire d 'une habitation a Ia plaine du Fond.

GAVANON, negoci;ptt aux Cayes.

&ELLEE, famille de couleur: Charles, (mac;on aux Cayes), Cyrille, Louis. Une famille d'origine nantaise de ce nom etablie aux Cayes.

Page 193: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

GENSAC (Louis), notaire aux Cay"~· Marguillier en 1784. Posse­de une cotonnerie aux Savanettes.

GENTILLON (Fran11ois), ne vers 1737. Entrepreneur aux Cayes. Possede une maison, un terrain et plusieurs emplacements aux Cayes et un terrain a Cavaillon a Ia Ravine aux Boeufs. Indemnite: 11.750 F. Son etablissement aux Cayes (cf. le plan de Ia ville), comptait comme une petite habitation sur laquelle se trouvait un n.~ 1ilin a vent pour moudre le mais, et des fours a chaux. Maison et 'ours a chaux furent detruits en l'an III sur i'ordre d'Andre Rigaud parce que, situes au-de88US du fort de Ia Tourterelle, ils en genaient le tir. Le 19 prairial an III (7 juin 1795),il obtint d'A. Rigaud l'autorisation de s'embarquer pour Ia Nouvelle Angleterre. Le "27 brumaire an IV1il debarque a Bordeau"JC (18 novembre 1795)

GENTILLOT (Jean-Desire), medecin aux Cayes. Marguillier en 1776. Possede aux Cayes une sucrerie et place a vivres a l'Islet une maison et deux emplacements en ville, et a Cavaillon une cafe­terie et un terrain au quartier de Ia Ravine aux Boeufs. Indemnite: 44.000 F.

GERARD afne (Sauveur), notaire au Cap, receveur des droits de l' Amiraute aux Cayes. Posse de a Cavaillon une sucrerie. Indemni­te: 13:000 F. here de

GERARD cadet (Jean-Baptiste), ne a Bayonne en 1737. Notaire aux Cayes de 1779 a 1785. Procureur des habitations Lameth, \ / Picot et Mercy-Argenteau. Posse<le aux Cayes dans Ia plaine a eX Jacob une sucrerie et une place a vivres au quartier du Pare. Indemnite , 93:330 F. Elu depute du Sud aux Etats generaux, admis a sieger. Membre du comite colonial de Ia Constituante, commissaire dans le departement du Sud en 1794. Arrete sur ordre de Polverel et Sonthonax le 3 mai 1794. Depute du Sud en avril 1798. Refugie a New-York en 1804. Meurt a Dreur le 3 juin 1815.

GLEZIL (Simon), homme de couleur libre.

-191-

Page 194: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

GOMBAUL T (Edrne), mort aux Cayes en 1795. Inventaire de aes biens le 21ventose an Ill (Me Siffait aux Cayes)

GOUIN (Jean-Bapti8te-Amhroi8e) cadet, et GOUIN (Joseph) l'alne. Le premier, capitaine commandant les milices de Ia paroisse des Cayes. Le second, lieutenant de dragons blanca aux Cayes. Creoles. Le cadet meurt aux Cayes le 5 p1·airial an VI (24 mai 1797). Possedaient une cotonnerie a la plaine du Fond et une eafeterie it Cavaillon. Indemnite : 23 :UOO ~

l;Ot:jON (Jatques), originaire des Charentes. Part pour Saint­! )om_ingue en 1775. Pharmacien du roi aux Cayes et negociant. \leurt a Sairtt-Domingue en 1798.

(;I{'\ N DCHAMP (Fran~ois Jevardat de), ongm8ll'e de Magnac­LavaJ en Limousin, avocat en Parlement. Possede une indigoterie a Ia limite des paroisses des Cayes et de Torbeck, interessee a 1 'eau de Ia riviere du Mesle. Depute des Cayes a l'assemblee de Saint­Mare. Leopardin. R.eelu depute a l'assemblee de Leogane le 10 avril1791.

GRIMOUARD (vicomte Henri de), ne a Fontenay-le-Comte en Vendee, en 1743. Fait sa c~re dans Ia Marine. Chevalier de Saint-Louis en 1779. Amiral commandant du Boree envoy~ a Saint-Domiftgue en octobre 1790. Victime de la Terreur a Roche­fort, son action dans la colonie de mars 1791 a Juillet 92 sera jugee contre revolu1ionnaire. Guillotine le 7 f~er 1 794.

GUILHEM (Jean-Baptiste) Originaire de Bordeaux~posaMe une sucrerie a Torbeck et une caf~erie aux Cayes. Marguillier des Cayes en 1777. Depute de Torbeck a Saint-Marc. L~opardin.

f!ARTY (Olivier), d'origine irlandaise. Lieutenant colonel du 1 88eme regiment de lip (ci-devant Berwick). Sucrecle a Montes­quiqp-Frezensac au commandement de Ia province du Sud en d.ecembre 1792.

HERARD (Georgea-Nicolas) muJitre libre habitant au bourg de Torbeck.

-192-

Page 195: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

HUBERT (Pierre), procureur de la senechaussee des Cayes. Marguillier en 1781. Maison et emplaceMents aux Cayes, terrain a l'lslet. Indemnite: 9.730 F.

HUBERT, epouse Pont, tenait une maison de commerce sur le quai face a la mer aux Cayes. Les Gerard frequentaient Ia maison d 'une dame Huhert,commerGante.

J <\CQUESON (Louis-Henry ou Pierre-Simon), notaire aux Cayes e+ ~ubstitut du procureur au siege des Cayes. Possede une coton­nerie a Baynet. Indemnite : 23.500 F.

JOURNU (heres), originaires de Toulouse, installes a Bordeaux sous Ia Regence. Negociants qui jouerent un grand role a Ia cham­bre de commerce de Bordeaux dans Ia seconde moitie du XVIIIe me siecle. Jean-Claude J. represente la maison Vve Joumu et fils '{Y de Bordeaux aux Cayes ou il achete en 1766 emplacement et magasin en ville, anW.e rue Rovale et rue des Casemes, 11 tetes de negres et partie d'une sucrerie au Fond pres de l'etang des Roseaux qui sera estimee 1 million 1/2 en 1789. Elu maire des Cayes le 28 juillet 1790, il participe activement ala vie publique. n meurt aux! Cayes le 1er no~mbre 1798.

KINA (Jean) probablement ne en Afrique vers 1752. Esclave a talent (charpentier ?) sur Ia cotonnerie Laroque·Turgeau, paroisse de Tiburon. D aurait ete lihere par son mw1re pendant la guerre \ ; civile pour commander un detachement d'esclaves armes contre les eX hommes de couleur lihres a 1lburon, puis :,e met au service des colons des Cayes en janvier 1793 pour combattre les insurges des Platons. Passe au service des Anglais apres leur debarquement a Ia Grande Anse en septembre 1793. Se distingue dans les combats pour conserver Tiburon aux Anglais. En janvier 1796 il est promu colonel daJUI l'annee anglaise et son fils, Zamor, est nomme capi-taine. II ne semble pas qu'il ait pris une part active aux operations qui aboutirent a !'evacuation du territoire par les.Anglais. n s'em­barque au Mole Saint-Nicolas en octobre 1798 avec le dernier deta­chement anglais. Apres quelques mois passes a Ia Jamaique, i1 arrive en Angleterre en avril 1799 oil il est acceulli avec les hon-

-193-

l· 1 I' i

Page 196: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

neurs par les coloRS de l'emigration groupes autour de Malouet a Londres. 11 est pensionne, ainsi que son fils, par le gouvemement anglais. En 1800 ce dernier 1 'envoie a Ia Martinique ou les colons franc;ais lui reservent un accueil plus que distant. n y epouse une jeune femme de couleur lihre Felicite Guimard, fille d'un ma~on de Port-Royal. Un decret anglais susceptible de remettre en ques­tion son affranchissement explique peut-etre sa participation a un complot fomente par des hommes de couleur lihres. Emharque avec sa faPrille, il est incarcere en mars 1801 a Ia prison de Newga­te. Aucune charge n'ayant ete retenue contre lui, il re~oit pour serv-ices rendus 300 livres sterling. n devient un personnage encomhrant pour les Anglais qui le liherent. Apres Ia paix d'Amiens_. il arrive en France oil son passe le classe parmi les suspects. D est incarcere avec son fils a Ia prison du Temple puis transfer.e au fort de Joux en janvier 1803, ingorant Ia presence dans cette meme forteresse de Toussaint-Louverture et d'Andre Rigaud. Jean et Zamor Kina furent lileres en juin 1804 a condi­tion de s'engager dans le bataillon des hommes de couleur de l'armee d'Italie.

LABAJ;>IE (Jean), homme de couleur libre possedant une habita­tion a la Ravine Seche dans les hauteurs de la plaine du Fond.

LABARRERE (Charles), possede une sucrerie ala plaine du Fond. Indemnite : 78.530 F.

LABARRIE RE, notaire aux Cayes.

LABICHE DE REIGNEFORE (Joseph-Nicolas), famille originaire du Limousin dont l'ancetre a Saint-Domingue fut le premier major des Cayes en 1724, puis lieutenant de roi en 1732. Meurt en 1743. Deux fils : Joseph-Nicolas qui meurt en 1776 et Gregoire decede en 1789. Un fils de ce dernier Bernard sera elu notable de Ia premiere municipalite des Cayes. Entre autres biens}es Labiche de R. possedaient une sucrerie dans les hauteurs de la Ravine du Sud. Indemnite : 41.60Q F.

LABORDE (Jean-Joseph marquis de }, ne a Jaca en Aragon en

Page 197: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

1724. Banquier de Louis XV et de Louis XVI. Ne reside pas a Saint-Domingue oil il possede dans Ia plaine des Cayes trois habita­tions faisant travailler L400 esclaves. Un marguillier de ce nom en 1786, soit l'un de ses procureurs, soit l'un de ses fils de passage dans Ia colonie. Guillotine en 1794.

LA~:OSTE (Pierre Maillet de) originaire de Nantes. Possede dans la plaine des Cayes une sucrerie arrosee sur laquelle les hommes de couleur etahlirent un camp en 1792, une cafeterie et une cotonne­rie. Indemnite : 37.000 F.

LAFOSSE (Jean-Baptiste Escolasse de) d'une famille originaire de Rouen, lieutenant de dragons-milices. Son here Charles, capitaine de dragons-milices puis major des milices des Cayes. Leur frere Jean-Jacques, negociant a Rouen. Proprietaires d'une cotonnerie a Cavaillon et d'une sucrerie a Torbeck. Une autre sucrerie a Port­Salut equipee d'un moulin a eau.

LAFRESSELIERE Famille originaire du Poitou. Georges-Damien Joseph epouse en 1788 Genevieve-Zoe Gentillot. Po~de une cotonnerie-indigoterie A Port-Salut et une demi sucrerie a Torbeck Indemnite: 88.500 F.

LA GAUTRAYE (Vve Boyer de), n~ Lefevre, possede une sucre-rie dans Ia plaine du Fond et quatre terrains sur Ia rue qui conduit l au fort de Ia Tourterelle a Ia Savane. Indemnite: 90.835 F. ,\ ,,

II LA LUZFRNE (Cesar-Henri, comte de), ne a Paris en 1737, mort \/ ~

( en Autriche en 1799. Gouverneur general de Saint-Domingue de (/(; J ~~,11 1786 a 1788. Nomme le 24 decemhre 1788 secretaire d'Etat a Ia Marine, il est remplace le 26 octobre 1790 par Fleuriau. ll emigre en Angleterre puis en Autriche.

LANGLOIS veuve de Jean-F. L., directeur de Ia compagnie des Indes, negociant, meurt a Paris en 1809 a 80 ~s. Possede en societe, avec son frere Laplace une cafeteri~. ~~~)~~eck.

LANGLOIS (Anne, nee Lis8alde)veuveld4fin~l.oces de Marti-

-1Q5-

Page 198: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

gniat. Ses heritiers touchent une indemnite de 20.000 F. pour 2/3 d'une sucrerie dite Martigniat et Toumes a l'Islet.

L<\TASTE (Bertrand) quarteror. lihre, demeurant au Fond. Avait ep..:use Amable Gerard, mulatresse libre a qui Marie-Jeanne, noire libre nago demeurant sur 1 'habitation Gerard avait, a 70 ans, mala­de, Iegue tous ses biens.

LAVAL (Joseph de), procureur du roi au siege des Cayes, possede avec son epouse Anne nee Bertin, une sucrerie dans Ia plaine du Fond et deux maisons aux Cayes. Indemnite :58.066 F. Depute des Cayes a l'assemblee de Saint-Marc et a ia deuxieme assemblee coloniale. Elu maire des Cayesle 8 novembre 1792.

LEAUMONT (Gabriel-Henri de) possede a ·Torbeck une sucrerie valant 600.000F. Membre du comite du 10 mars forme aux Cayes en 1789. Son frere Laurent-MarieJchevalier de Saint-Louis, aide de camp de M. de Fontanges a Saint-Domingue possede une cafeterie aux Cayes valant 20.000 1., passe au service des Anglais et meurt en 1806 a Santiago de Cuba. Un troisieme frere Nicolas-Marie possede avec ses deux freres une sucrerie au quartier de Jean Deze a Torbeck. D est membre du club Massiac en ·aout 1789.

LEDOUX, major c9mmandant un .detachemer..t de Ia garde natio­nale blanche aux Cayes en juillet 1792.

LEDUFF DE VANLORD

LEMERCIER, garde national des Cayes.

LEFRANC, homme de couleur «major general:. des hommes de couleur a Saint-Louis

LEGARDEUR DE TILLY (Armand), elu depute du Sud en 1789. Chevalier de Saint-Louis. Ne en 1733, mort en 1812. A servi pendant Ia guerr~'Amerique. Sa famille possede des biens dans le Sud valant 30Q,OJM>_lt Ne reside.pas a Saint-Domingue. Recon­nu depute sup~l~t~mhlee nationale.

. ~. .,

_101\_

Page 199: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

LEGEN"DRE (Georges), notaire et substitut du procureur du roi aux Cayes (1762) Epouse la veuve Maleval dont il a quatre enfants dont Legendre dit l'aft,e 2 cafeteries Legendre et Maleval a Saint­Louis et a Cavaillon liquidees pour 40.000 F.,· une sucrerie dite Maleval a la plaine du Fond, maisons et emplacements aux Cayes. Indemnite : 10.000 F.

LEGENDRE (Jacques) marguillier des Cayes en 1774.

LEGENDRE DE VINSNY, habitant de Saint-Louis, secretaire greffier de la mwricipalite elue le 17 avril 1792.

LE GOUT (Pierre-Toussaint), originaire de Vertdome, notaire aux Jt j Cayes et avocat, depute de Torbeck a Saint-Marc, leopardin.

LEMERY, imprimeur et editeur de la Gazette des Cayes.

LE PAYS DE BOUR10LLY (Pierre-Ch. Sermaize), depute des Cayes a Saint-Marc. Possede une maison aux Cayes, une cafeterie Y a l'Etang des Roseaux et une sucrerie dans la plaine rlu F-ond pour .J laquelle ses heritiers touchent une indemnite de 56.800 F.

LEVIS (Charles), marguillier des Cayes en 1779 .. Possede une maison sur la place d' Armes aux Cayes et une cafeterie dans les hauteurs delaplaine. Indemnite: 20.000 F.

LEYRITZ, lieutenant de vaisseau en station aux Cayes en 1790.

LONGUEFOSSE (Simon), maitre en chirurgie, possec'.e une habita- • tion au quartier de l'Islet.

LORRAIN (5ebastien), cure des Cayes de 1784 a 1 7'86.

MACE (Charles), homme de couleur tue a l'~ttaq}le d~.:~P,' Mercy le 16 fevrier 1792. '"ii''' ·,j~>1 £~j

• MAGALLON DES MAILLES (Pierre-Gab~,~~Uf~,~fJ• ~~~1flf}

-197-

Page 200: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

France. Possede des habitations, cafe et coton-indigo, aux Gonai­ves. Depute de l'Ouest aux Etats Generaux. Reconnu suppleant sans voix deliberative. Indemnite : 19.000 F. Un mulitre de ce nom dans la partie du Sud.

MAL TERRE, dernier marguillier des Cayes elu le 25 decembre 1790.

MAL VAL ~Guillaume-Vincent de), negociani. associe a Cham pel & Bouffard, possede une sucrerie arrosee dans la plaine des Cayes et autres biens en societe.

, MANGIN D'OINS (Jean-Baptiste) ou Douince, ou Douence. _j ;/ Commandant pour le roi Elu commandant general de la garde

nationale des Cayes en 1791. Possede un terrain a la Riviere du Sud. Indemnite: 1.000 F.

MARCOMBE (Jean-Baptiste Bedene dit), homme de couleur muJa­tre habitant au platon de Cadence, paroisse des Cayes, tue a l'atta­que du camp Mercy le 16 fevrier 1792.

MARME (Jean-Baptiste Lomenie, chevalier de), proprietaire d'une sucrerie dans Ia plaine des Baraderes au Petit-Trou. Depute du Sud aux Etats Generaux reconnu comme suppleant sans voix delibera­tive. Indemnite : 67.000 F.

MARRAUD CHARLOY DES GROTTES (Vincent-Marie), creole de Ia Martinique, possede des parts dans une sucrerie et une indigo­terie-cotonnerie a Torbeck, avec Louis-Juste Fereol de Leyritz qui

• epouse sa fille. Indemnite : 85.000 F. Membre du comit~ du 10 mars 1789. Depute de Torbe'sk a Saint-Marc. Leopardin ..

MARSAN, receveur de-l'octroi aux Cayes.

MARTIGNAC (Paul Lourde), negociant aux Cayes. Possede une cafeterie-,. Indemnite : 41.500

MARTIN BELLEFONT (Antoine-Martin), avocat en Parlemen!_et

Page 201: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

1yen des procureurs du Siege des Cayes ou il achete en 1785 une llison pour 38.000. Marguillier en 1784.

ARZOLAS, elu major general de Ia Garde nationale des Cayes tr interim en 1791. ·

IASSIAC (Mordant marquis de) proprietaire par sa femme, Ade-rltle de Bongars de plusieurs habitations dans les trois parties de c::l l 'Olonie. Ne reside pas. Loue un appartement au club forme par ;., ..:olons adversaires de Ia deputation de Saint-Domingue dans son totel de Ia place des Victoires a Paris.

~AUDUIT DUPLESSIS (Thomas-Antoine, chevalier de), ne en l753 a Hennebon. Commandant du regiment de Port-au-Prince en l787. Epouse a Saint-Domingue Ia niece d.'Aulnay de Chitry qui era depute de Ia Croix des Bouquets. Massacre a Port-au-Prince lar ses propres soldats le 4 mars 1791.

MAUPIN (Adrien-Guillaume) poesede avec son epouse Louise­Sainte Lerry une cafeterie dansles hauteurs d'Aquin. Indemnite : 5.833 F. Maire d'Aquin en 1790. Commandant de Ia Garde natio­nale des Cayes le 8 mars 1792.

MERCY ARGENTEAU (Jean-Ferdinand comte de), ne en 1727. Officier dans l'armee autrichienne, accompagne le comte de Kaunitz pendant son ambassade en France (1751-1753), ministre imperial a Turin (1754-1761), ambassadeur a Saint-Petersbourg (1761-1764), a Varsovie (1764)et a Paris (1766-1790). Achete une sucrerie a Ia plaine du Fond aux Cayes en 1778. Meurt a Londres en 1794.

MIGAULT (Jean), proprietaire d'une cafeterie a Ia limite des paroisses des Cayes et de Cavaillon, a Grand-Plaisance. Indemnite: 14.380 F. ll s'agit peut..etre de Migaut.,marguillier des Cayes en 1787.

1 MILLET (Jean-Baptiste), originaire de Nantes, ou son pere est negociar.t. Negociant et planteur. Secretaire du comite du 10

-199-

Page 202: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

doyen des procureurs du Siege des Cayes oil il achete en 1785 une maison pour 38.000. Marguillier en 1784.

MARZOLAS, elu major general de Ia Garde nationale des Cayes par interim en 1791. ·

MASSIAC (Mordant marquis de) proprietaire par sa femme, Ade­lai<le de Bongars de plusieurs habitations dans les trois parties de Ia 'olonie. Ne reside pas. Loue un appartement au club forme par le" 0olons adversaires de Ia deputation de Saint-Domingue dans son hotel de Ia place des Victoires a Paris.

'MAUDUIT DUPLESSIS (Thomas-Antoine, chevalier de), ne en 1753 a liennebon. Commandant du regiment de Port-au-Prince en 1787. :Epouse a Saint-Domingue Ia niece cl'Aulnay de Chitry qui sera depute de Ia Croix des Bouquets. Massacre a Port-au-Prince par ses propres soldats le 4 mars 1791.

MAUPIN (Adrien-Guillaume) possede avec son epouse Louise­Sainte Lerry une cafeterie dans les hauteurs d'Aquin. Indemnite : 5.833 F. Maire d'Aquin en 1790. Commandant de Ia Garde natio­nale des Cayes le 8 mars 1792.

MERCY ARGENTEAU (Jean-Ferdinand comte de), ne en 1727. Officier dans l'armee autrichienne, acco.mpagne le comte de Kaunitz pendant son ambassade en France (1751-1753), ministre imperial a Turin (1754-1761), ambassadeur a Saint-Petersbourg (1761-1764), a Varsovie (1764) eta Paris (1766-1790). Achete une sucrerie a Ia plaine du Fond aux Cayes en 1778. Meurt a Londres en 1794.

MIGAULT (Jean), proprietaire d'une cafeterie a Ia limite des paroisses des Cayes et de Cavaillon, a Grand-Plaisance. Indemnite: 14.380 F. ll s'agit peut.etre de Migaut..,marguillier des Cayes e.n 1787.

O{MILLET (Jean-Baptiste), originaire de Nantes, ou son pere est negociar.t. Negociant et planteur. Secretaire du comite du 10

-199-

.--/ -·-~

Page 203: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

doyen des procureurs du Siege des Cayes ou il achete en 1785 une maison pour 38.000. Marguillier en 1784.

MARZOLAS, elu major general de la Garde nationale des Cayes par interim en 1791.

MASSIAC (Mordant marquis de) proprietaire par sa femme, Ade­laii:le de Bongars de plusieurs habitations dans les trois parties de la 'olonie. Ne reside pas. Loue un appartement au club forme par le" ~olons adversaires de la deputation de Saint-Domingue dans son hotel de la place des Victoires a Paris.

'MAUDUIT DUPLESSIS (Thomas-Antoine, chevalier de), ne en 1753 a Hennebon. Commandant du regiment de Port-au-Prince en 1787. :Epouse a Saint-Domingue la niece d.'Aulnay de Chitry qui sera depute de la Croix des Bouquets. Massacre a Port-au-Prince par ses propres soldats le 4 mars 1791.

MAUPIN (Adrien-Guillaume) possede avec son epouse Louise­Sainte Lerry une cafeterie dansles hauteurs d'Aquin. Indemnite : 5.833 F. Maire d' Aquin en 1790. Commandant de la Garde natio­n ale des Cayes le 8 mars 1792.

MERCY ARGENTEAU (Jean-Ferdinand comte de), ne en 1727. Officier dans l'armee autrichienne, accompagne le comte de Kaunitz pendant son ambassade en France (1751-1753), ministre imperial a Turin (1754-1761), ambassadeur a Saint-Petersbourg (1761-1764), a Varsovie (1764) eta Paris (1766-1790). Achete une sucrerie a la plaine du Fond aux Cayes en 1778. Meurt a Londres en 1794.

MIGAULT (Jean), proprietaire d'une cafeterie a la limite des paroisses des Cayes et de Cavaillon, a Grand-Plaisance. Indemnite: 14.380 F. ll s'agit peut-etre de Migaut marguillier des Cayes e.n 1787. ~

· r)( MILLET (Jean-Baptiste), originaire de Nantes, ou son pere est negociar.t. Negociant et planteur. Secretaire du comite du 10

-199-

Page 204: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

mars 1789. Depute de la paroisse a Saint-Marc. Frere de Thomas, depute de Jeremie et leopardin. Elu depute ala deuxieme assem­blce coloniale le 17 juillet 1791. Fait partie de la delegation envoyee par cette assemblee pres de 1' Assemblee nationale pour reclamer des secours; quitte la colonie le 13 septembre 1791 et rentre le 12 janvier 1792 par Marseille sur le Federation. Un troi­sieme frere Jacques, dit Millet-Boistond, regisseur de la plantation Mercy, meurt en juillet 1790.

MOREAU (Claude-Edouard-Pierre), originaire d'Ancenis, medecin possede une sucrerie et une cafeterie a Torbeck. Indemnite : 52.800 F. Depute de Torbeck a Saint-Marc. Leopardin. Un notaire de ce nom aux Cayes.

MOREL (Louis), habitant et entrepreneur a Torbeck.

MULONIERE (Joseph), ne a Nantes en 1743. En 1758 s'embar­que com:rr.e pilotin volontaire a bord du corsaire le Courteuil, participe a plusieurs combats navals contre les Anglais. Enseigne a Bord de la Menette de Nantes en 1 760 puis aide-pilote sur la prame du roi, la Monique de Nantes oil il fait aussi fonction d'ecri­vain. En 1763, second lieutenant sur le Doyard de Nantes qui transporte trois cents hommes de troupes au Cap. Quitte Ia navi­gation et fait carriere dans !'administration : garde-magasin en second au Mole Saint-Nicolas, puis oontroleur de l'hopital militaire du Mole. Directeur des hopitaux militaires de Saint-Louis et des Cayes de 1769 a 1774. En 1778 il prend Ia ferme des Boucheries de toute Ia bande du Sud pour huit annees. Elu marguillier des Cayes en 1787, reelu en 1788. Passe en France en 1790 avec sa femme et ses six enfants. En avril 1793,il repasse a Saint:.Domin­gue sur un navire americain .avec sa femme et trois enfants. Un corsaire anglais interrompt le voyage, pille le navire qui est emme­ne a la Jamaique ou Muloniere reate prisonnier Jusqu 'en octohre 1801, date a laquelle il revient en France par Londres et Calak ll est a Paris le 13 decembre 1801. D obtient la mainlevee du sequestre de ses habitations dont le gouvemement avait dispose apres ~on depart en 1793, une cafeterie a Torbeck, au Fond-Joly, plusieurs maisons -aux Cayes, magasins, tannerie, rue de Fleury et

Page 205: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

rue Royale (Inventaire du 20 avril 1790, Me Seovaud aux Cayes). Indemnite : 168.395 F. En 1803Jil s'embarque a Nantes avec son fils ai'ne pour se reinstaller dans le Sud de Saint-Domingue gouver­ne par le general Laplume. Quand il approche des Caye~la guerre est partout. ll se refugie aux Etats-Unis ou il reside 11 ans a Baltimore. Sa femme reussit· a le rejoindre. II revient a Paris en 1815. Son fils Pierre est alors controleur des impc)ts indirects a Amiens. Age de 73 ans, de Vallet ou il demeure en Loire Infe­rieure, il formule, trois mois apres son retour, une demande de secours dans laquelle il expose comment il a ete «balotte par le sort depuis vingt cinq ans:.. (Dossier de l'Indemnite)

OGE (Vincent), mulatre, l'un des representants des hommes de couleur libres, present a Versailles en 1789. Echoue dans sa tenta­tive de soulevement des hommes de couleur de la partie du Nord. Condamne a mort et roue le 25 fevrier 1791. Sa mort galvanisa le mouvement d'emancipation des hommes de couleur dansles trois parties de la colonie.

OGIER (FranCf<>is), mmue chirurgien aux Cayes. Elu marguillier en 1790.

OLLIVIER (Mathurin-Fran~ois), dit Marc. Possede une maison aux Cayes et une cafeterie a Ia Ravine Blanche, a Cavaillon. In­demnite: 7.500 F.

O'SHEILL (Bamabe-Bemard) fils de Barnahe O'Shiell de noblesse irlandaise ,ne a Dublin en 1707, naturalise fran<;ais vers 1753, epoque ou il e&t deja installe a Saint-Domingue, et de Marie-There­ze Coustard d'une riche famille creole proprietaire dans la partie de l'Ouest. En 1775, Bamahe O'Sheill, ala veille d'un depart en France ou il espere obtenir la confirmation de ses titres de nobles­se, fait faire 1 'inventaire de sa fortune (Me Martigniat aux Cayes, 19, 20 et 21 juin 1775) comprenant pour l'essentiel une sucrerie acquise en 1744, de 212 carreaux dont 90 en cannes, etablie aux portee de Ia ville des Cayes sur laquelle, travaillent 163 esclaves. La description de Ia grand'case, le mobilier, le linge, Ia vaiselle, ·une nombreuse domesticite (sept hommes et 12 servantes) Ia liste

-201-

Page 206: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

des esclaves classes par speciidite, tout indique que le maitre reside sur son habitatkn et qu 'il y vit tres largement. D possedait en outre une sucr~rie dite Fossecave a Torbeck et un magasin au bord de Ia mer aux Cayes, biens pour lesquels ses heritiers touche­rent en 1826 une indemnit6 de 115.500 F. A sa mort en 1781, son fils Barnabe-Bemard lui silccede a Ia tete de son habitation Ne en 1754, il a 27 ans. Sa mere se remarie le 20· octobre 1783 avec son plus proche voisin, installe sur Ia rive droite de Ia Riviere des Ca:·es au bord de Ia mer, rade de Chateaudun: Pierre-Gregoire Reynaud., d 'une ancienne et riche famille creole,

B.-B. O'Shiell passe aux Etats-Unis (1793 ?), publie a Philadel­phie en 1794 une Introduction a un ouvrage. relatif aux hommes de couleur et negres libres desAntilles (s.d) dont le titre, si l'ou­vrage avait pam, resumait a ·lui seul toute sa pensee politique : «La necessite de Ia deportation des hommes de couleur et negres libres de tout age, de tout sexe, demontree par les faits et par le raisonnement, et quel que soit le regime futur de Ia colonie:.. En 1826, epoque de l'indemnite, il a 72 ans. Ses fils passent aux Anglais.Antoine obtient le 6 avrill796 un brevet de capitaine de cavalerie dans le regiment des Chasseurs du prince Edouard, meurt a Port-au-Prince le 15 septembre 1797 apres avoir fait son testa­ment en faveur de son trere Marcel d6tenteur d'tin brevet de major de brigade delivre a Saint-Marc le 10 juin 1795 par cson excellence sir Adam Williamson». Leur soeur, Ia -weuve Tuffet Belleroche, restee aux Cayes, fut autorish -a resider dans Ia Grand'case de !'habitation O'Shiell quand le bail a fenne en fut adjuge a Guillau­me Bleck le 12 ventose an vn.

PELLERIN DE LA BUXIERE (Louis-Jean), originaire d'Orleans. Medecin du roi aux Cayes. Possede une sucrerie avec son frere Pellerin de Ia Javeliere et avec le marquis de Lameth (Augustin­Louis-Charles), dite l'Hopital dans Ia plaine des Caves. lncJP.m­,~.e : 107.580 F.

PELLETIER, marguillier des Cayes en 1782.

PEMERLE (Joseph) possede avec son frere Jacques, une sucrerie

Page 207: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

dite Pemerle freres dans la plaine des Cayes et une maison en ville. Indemnite 150.060 F. Eut un proces en 1778 avec les interesses de la Cie d'Angole au sujet des biens de son epouse, Henriette Boyer (.e la Gautraye.

PERRIGNY (Charles-Leon de Taillevis, marquis de), chevalier de Saint-Louis, colonel d'infanterie, proprietaire planteur, reside en France. Possede avec son epouse Anne Lataste trois sucreries a la plaine du Fond a Torbeck et une cafeterie, cotonnerie et indigote­rie aux Cayes et a~ Coteaux. Indemnite 300.000 F. Eut six enfants. Elu depute du Sud. n fut reconnu et siegea.

PERRIN DE RICHEMONT (Louis), possede une sucrerie dite nuparc ala plaine du Fond. Indemnite :37.000 F.

PEINIER ou PEYNIER (Louis-Antoine Thomassin comte de), enseigne de vaisseau en 1751, lieutenant de vaisseau en 175 7, \ / capitaine de vaisseau en 1772, brigadier des armees navales en ~ 1782,chef d'escadre en 1784, gouverneur general de Saint-Domin-gue le 30 juillet 1789. Commandeur de Saint-Louis en 1791. Commandant a Brest en 1792.

PIC DE PERS (Nicolas), ne a Bordeaux, passe a Saint-Domingue en 1773 oil il postule pour une place dans la judicature. Le 5 \ _ juin 1789, procureur du roi en la senechaussee des Cayes. P~de tX ur.e cotonnerie dans la plaine tl.es Cayes et une maison en ville. Elu depute des Cayes a l'assemblee de Saint-Marc, quitte les Cayes le 16 mai 1792 sur le Duguesclin de Nantes oil il debarque le 3 juliet.

PLAINVILLE (Simon-Antoine Thomas de), epouse Aimee-Louise­Rosalie Delaunay, posse de une maison rue Traversiere aux Cayes. Indemnite 3.500 F. Une habitation a Tiburon ? Avoue aux Cayes. Decede aux Cayes.

POL VEREL (Etienne), syndic des Etats de Navarre de puis 1780, J;( avocat en Parlement a Paris en 1789, collabore a deux periodi-ques, la Gazette Nationale Etra.D.J!;ere et le Tableau des Revolutions

-203-

Page 208: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

du XVIIIe sitkle. Affilie aux Jacobins en 1790, ii devient le secre­taire du club. Electeur du departement de Ia Seine en octobre 1790. Au dehut de 1791, accusateur public du 1er arrondissement» Membre du Conseil general de Ia Commune de Paris en juin 1792 quand il est nomme commissaire civil en mission a Saint-Domin­gue par Roland. A Saint-Domingue, il agit surtout dans l'Ouest et dans le Sud. Associe a l'acte d'affranchissement des esclaves de Sonthonax en aout 1793. Mis en accusation avec ce demier par un decret (:e Ia Convention du 16 juillet 1793, ii est rappele le 4 juin 1794. Traduit devant une commission d'enquete, il meurt au cours des debats le 7 avril 1795 «dans un reel denuemenh (Mile '\'laurel, Les cahiers de doleances ... op. cit. index)

POTIER, jngenieur hydraulicien, arpenteur aux Cayes.

POULIN, famille d'hommes de couleur libres. Sixte et Charles tues a l'attaque du camp Mercy le 16 fevrier 1792.

POYDRAS (Alexis), d'origine nantaise, fils de Fran~ois P. et de Magdeleine P.ahnant. Secretaire greffier aux Cayes. Scrutateur a J'f~lection de Ia 2eme municipalite des Cayes. Fait son testament le 22 novemhrc 1792. lnventairc de ses biens apres son deces le 1er avrill793 (Me Duplantc aux Cayes)

PRO.'\ (Pierre), homme de couleur des Cayes. Y commande une cnmpa~nie de gendarmes de couleur en juillet 1792.

PROISY (Vincent-Rene, chevalier de), ne a Brest. Nomme inten­flant par interim a Saint-Domingue le 26 octobre 1789. Avait cpOLlS(~ Ull<' VeUVC proprietaire a l'Arcahaye.

QliELARD (Gabriel), marguillier des Cayes en 1778.

HAI.\10\D (Julien), quartcron lihre, ne a Bainet le 16 octobre 1744. Huitieme <i'unc famille de douze enfants, nes d'un pere originaire des Landf":-; 'deeede en 1772 et d'une m~re de couleur, mie Bc.')!asse. Pos~~~· une part dans une indigoterie de 282 car­reaux a Aquin. En l 771 il avait epouse sa cousine Marthe \'in cent

-204-

Page 209: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

qui meurt la meme annee. Epouse le 10 fevrier 1782;Fran~oise Dasmard, veuve Challe, fille naturelle de Pierre Dasmard et de Julie, ne~esse libre. A cette epoqueJil possede une indigoterie de 130 carreaux et une autre de 140 carreaux (Corail) a l'Asile, paroisse d'Aquin. ll vient en France pour defendre la cause des hommes de couleur, redige plusieurs memoires a 1 'intention du ministre. En 1789 il hahite Angouleme depuis deux ans. D a laisse !'administration de ses biens a Saint-Domingue a un gerant et a sr·n frere Fran~ois, ne comme lui a Bainet en mars 1747. En mars 1791 il est domicilie a Paris, rue Meslee. Fait partie de la 3eme commission civile nommee par le Directoire qui arrive au Cap le 11 mai 1796. Son role y est plus qu'efface, Sonthonaximposant a lous sa politique personnelle. Julien Raimond meurt au Caple 17 octobre 1801.

RAMBAUD, deux freres, Jean-Paul et Pierre, proprietaires d'une maison aux Cayes. Indemnite : 1.000 F. et une cafeterie en socie­te avec Texier (Jean-Jacques) Indemnite : 50.000 F. Pierre R. serait arrive a Saint-Domingue vers 1776 et y serait mort pendant Ia guerre civile. Jean-Paul etait notaire a Cavaillon.

REAUX ou Raud (Pierre), muhltre libre, habitant dans les hauts de la Riviere des Momes.

REDON Fran«;ois et Mathieu, habitant a Torbeck, et REDON DE MONPL.AJSIR (Jean) proprietaire a Cavaillon. Inventaire de sa succession le 26 avril 1793 Me Duplante aux Cayes).

RENEAUME (Pierre-Bertrand), notaire aux Cayes, et son epouse, Marie-Perine Douche, possedent deux emplacements aux Cayes, un troisieme au mome a Coquille .. proche de la ville et une habitation au Fond des Freres, meme paroisse. Indemnite: 7.800 F. Substi­tut du procureur de la commune des Cayes ,elu le 1er aout 1790, puis procureur en remplacement de Cotelle. Joue un role impor­. tant dansla municipalite aux cotes de Joumu.

REULLON (Jacques-Andre), chirurgien du roi aux Cayes, epouse une creole, Marie-Louise Saisac-Vincent. Possede une maison aux

-205-

;i j

l ! 1 1 I

I I 1 .

Page 210: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

--r""" ..... uemnue : 2.000 F. Emigre aux Etats-Unis oil il meurt a New-Yorken 1813.

ROLLAND, de ce nom un arpenteur-general de la Partie du Sud qui reside aux Cayes, fut pensionne par le roi pour des travaux d'utilite publique et notamr.ent un plan de la plaine des Cayes d'apreslequell'ingenieur Philipeau fit une gravure en 1786.

ROLL:N (Jean-Baptiste), originaire de Besan~on, epouse aux Cayes une creole Marie-Renee-Charlotte Le Pays de Bourjoly. P~de une sucrerie dans la plaine du Fond, arrosee. Un fils, Eugene ·Rollin. Indemnite: 25.600 F.

RON SERA Y (Pierre-Claude de), famille ongmaire de Nantes, avocat, conseiller du roi, senechal juge civil et crirninel a Port-au­Prince, proprietaire au Fond des Negres et a Torbeck notamment une sucrerie acquise en 1775 pour 500.000. Procureur de !'habita­tion Lucker. Decede aux Cayes le 4 fructidor an XI, age de 55 ans. Un homme de couleur de ce nom.

REVERSEAU, homme de couleur tue a l'attaque du camp Mercy le 16 fevrier 1792.

REY (Jean-Baptiste) dit Remarais, homme de couleur libre habi­tant au quartier de Ia Ravine du Sud. Epouse le 30 decembre 1793 Anne-Melanie.

REYNAUD (Joseph-Cyprien), creole ne aux Cayes, vers 1718 dit de Chateaudun, du nom de Ia baie qui borde au sud son habita- · tion sucrerie rres de I' embouchure de la Riviere des Cayes. Cheva­lier de Saint-Louis. De son epouse Marthe Nicolas,il eut au moins cinq enfants. Le 4 vendemiaire an VI }1 fournit pour lui et ses deux filles Louise'-Sophie et Marie-Florence, 28 et 30 ans, nees .,x Caycs liD ecrtificat de non-emigration. En l'an VII)e bail a fer !e de sa sucrerie fut adjw,.e a Gelee. Indemnite :43.000 F. Son fils ainti. Pierrc-Cregoire, ne aux Cayes en 1753, epouse en 1783 Ia veuve de ·'leur voisin O;Sheill. ll est alors proprietaire d '':ne maison et dependance de· plusieurs emplacements et d 'nne

-206-

Page 211: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

ildiverie aux Cayes. lndemnite : 9.253 F. Sert dansla guerre ndependance des Etats-Uiris. En !'absence d'un commandant ulaire,~ il com man de les milices du quartier des Cayes de 1787 a '93. Emigre aux Etats-Unis ou sans grands moyens1il enseigne le mctais dans un college a Alexandrie. Le 24 ventose an VIII 5 mars 1800).,son epouse qui est restee aux Cayes et reside alors ns Ia maison Reynaud, demande le divorce .:pour cause d'ahan­'n et de mauvais procedes de la part de son marl ... depuis plus de " ans:.. (Etat civil des Cayes). Sollicitant Ia croix de Saint-Louis puis 1791_,..Pierre-Gregoire R. l'obtient en 1828 i Philadelphie. :tte reception est !'occasion d'incidents qui revelent !'existence -relations ten dues entre certains colons fran~is et le consul de ance a Philadelphie, Pillavoine. Jean-Baptiste-Gilles, son 1quieme enfant, ne aux Cayes en 1763, dit Saint-Felix, lieute­nt du regiment de Port-au-Prince, commandant le detachement ce regiment aux Cayes en mars 1791. Quitte Saint-Domingue

ec sa famille et arrive a Nantes en novembre 1792.

BAIL (Jean), negociant, proprietaire d'une indigoterie aux 1yes, ala Riviere du Mesle. Marguillier des Cayes en 1780.

[GAUD (Andre) fils d'Andre Rigaud (huissier du siege de l'Ami­ute de Saint-Louis en 1775, puis curateur aux successions vacan­s de la juridiction des Cayes 1777, en 1795, huissier d'Amiraute :s Cayes) et Rose Dessa (ou Bossi), negresse libre, decedee en l'an sur !'habitation Lucker, avec laquelle il avait eu cinq enfartts :

r1dre ne en 1760, avait appris a Bordeaux le metier d'orfevre, 11gustin, Joseph, Fran~ois et Angelique. En l 'an V, Andre est neral de brigade, commandant en chef le departement du Sud, 11gustin est chef de brigade de cavalerie, commandant l 'arrrondis­ment des Cayes, Fram;ois est capitaine au 1er bataillon de Ia ~or: de l'Egalite· du Sud et entrepreneur des travaux de la Repu­ique. Joseph est egalement capitaine dans la legion de l'Egalite 1 Sud·.

mtilatre An<!re Riguad joua un grand role dans Ia lutte contre Anglais pour conserver la partie du Sud a Ia Republique. II ne

rvint pas a s'entendre avec Toussaint-Louverture qui, au terme me cru~Ue «guerre des couleurs» le chasse du Sud (1799).

-207-

\\ II \ i I I i

I \. \

\ \

Page 212: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Rigaud se refugie en France. ll revient a Saint-Domingue avec l'expedition Leclerc. On se mefie de ses intentions. Leclerc ne lui assigne aucun poste, lui interdit de correspondre avec son departe­ment du Sud et finalement le renvoie en France (29 mars 1802). Rigaud est interne au fort de Joux quelques mois avant que Tous­saint-Louverture y soit lui-meme conduit (octobre 1802). Elargi et place en residence surveillee a Montpellier, Rigaud s'echappe par le Havre en 1810 et rentre dans son pays devenu Haiti pendant son exil. Petion l'y accueille et lui conf..~ u~J,e mission de pacifica­tion a la Grande Anse du Sud. Apree une entente entre les deux hommes pour combattre Christophe qui regne sur le Nord, Rigaud entre en diBsidence et fonde un etat du Sud auquel il donne une constitution. 11 est finalement renverse, abandonne la lutte et se laisse mourir de faim le 18 septembre 1811.

RIMBERT, capitaine general, aide-major de la Garde nationale des Cayes.

ROLLAIN (Narcisse), mulitre, libre residant aux Cayes, tue a l'attaque du camp Mercy le 16 fevrier 1792.

ROUAUDIERES (Philippe-Alexandre des), or•g~na.J.re de La Rochelle, epouse en 1757 a Torbeck la fille de l'ancien directeur de la Cie des Indes, Catherine Renee Girard. Possede une cafeterie Indenmite: 70.000 F. Membre du comite du Sud en 1789, depute de Torbeck a Saint-Marc. Leopardin. Meurt a Paris le 25 mai 1791.

ROUSSEAU DE LA GAUTRAYE (Claude), originaire de Nantes. Possede avec son frere Pierre et son epouse Marie-Louise Deguerre sur la paroisse de Cavaillon une cafeterie, un terrain et deux habi­tations Daguerre. Indemnite : 56.200 F. Tis ont trois enfants : Louis ne en 1781, Lindane et Blanche. Tue pendant la guerre civile aux Cayes. Son epouse meurt a l'etranger.

SAINTE-CROIX (Jean-Baptiste-Gabriel-Amedee de Treille de),

-208-

Page 213: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

chevalier de Saint-Louis, commandant au Mole Saint-Nicolas en 1788. Accompagne Blanchelande aux Cayes en 1792.

SAINT-MARTIN Bellevue (Louis-Sebastien-Charles ), d 'une ancienne et notable fiunille de Torbeck ou il possede une sucrerie arrosee. Membre du comite prcvincial du Sud du 10 mars 1789.

SALLES, marguillier des Cayes en 1779.

SANSON (Laurent), imprimeur. Une maison aux Cayes. Indemni­te: 1.200 F.

SENECHAL, marguillier des Cayes en 1785. Un apothicaire de ce nom place du Pont.

SEOV AUD (Pierre), notaire aux Cayes. Une sucrerie en plaine. Indemnite : 22.000 F.

SERCEY (Antoine-Guillaume de) d'une famille originaire d'Au­tun, fils de Jean-Jacques deS. chevalier de Saint-Louis et de Marie­Madeleine Ducrest, avait epouse a Torbeck en 1762 Marie-Anne­Henriette Benech de Solon d'une importante famille de Ia partie du Sud proprietaire sur plusieurs paroisses.

SIFFAIT DE MONCOUR, notaire aux Cayes.

SONTHONAX (Leger, Felicite), ne le 17 mars 1763 a Oyonnax, fils de commer~ants. A vocat au Parlement de Paris en 1789. Avoue pres le Tribunal de Cassation en 1791. Membre actif des J acobins. Collabore aux Revolutions de Paris. Membre de Ia 2eme commission civile nommee par la Legislative en 1792 et de la 3eme nommee par le Directoire en 1796. Decrete l'affranchisse­ment des esclaves dans la partie du Nord de Saint-Domingue le 29 aout 1793 pour faire face a 1 'intervention anglo-espagnole. Mis en accusation devant Ia Convention,il quitte la colonie apres un debat qui dura de fevrier a octobre 1795. Depute de Saint-Domingue aux Cinq Cents en 1796. Suspect au gouvemement consulaire et imperial,il fut eloigne de Paris et surveille. 11 meurt le 23 juillet 1813.

-209-

~

il, I v I t:

fl I

!

' I i! ,, 'I

., ,, '

\i 1' i' j,

" j:

li

t' ,, tl 11 ' ' ·!

:J

Page 214: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

SIMON DE LABACOU (Jean) possede une maison,ruedes Caser­nes aux Cayes. Indemnite :480 F.

SUIRE (Daniel), creole, marguillier des Cayes en 1786, possede une maison aux Cayes sur Ia place d'Armes (indemnite: 3.180 F.) et autres biens a Cavaillon dont il est depute a l'assemblee de Saint-Marc. Leopardin. L 'Etat-civil des Cayes de I' an XI signale le deces le 30 fructidor de Marie-Rose Suire, 38 ans nee aux Cayes, proprietaire d'une maison, fille naturelle de Lucrece. Une veuve Suire touche en 1827 une indemnite de 2.240 F. pour une cafeterie et indigoterie Suire etablie a Aquin.

TANGUI DE LA BOISSIERE (Claude-Corentin), ne a Versailles, procureur en Ia senechaussee et amiraute des Cayes, epouse Marie­Madeleine Sicard de Lascaze . Possede une maison aux Cayes, rue de Ia place Royale (indemnite a sa veuve en 1832 : 2.000F.) et un terrain a Ia Ravine du Sud (indemnite : 5.430 F.).

T APIAU (Jean), marguillier des Cayes en 1783. Possede deux maisons aux Cayes (indemnite : 6.660 F.) et un terrain a Torbeck dit de Palmiste» (indemnite :2.900 F.)

TARDIF DE LA BORDERIE (Jean-Baptiste) dominicain (Monti­gnac 1744-1822). Cure des Cayes du 19 novembre 1788 au debut du mois d'aout 1793 ( derniere signature sur les registres paroissiaux : 6 aout 1793, Depute suppleant des Cayes a l'assem­blee de Saint-Marc le 29 juillet 1790 , puis depute a Ia 2eme assemblee coloniale au Cap le 17 juillet 1791. Emprisonne aux Cayes avec d'autres citoyens sur l'ordre de Polverel au debut du mois d'aout 1793, il est transfere a Ia prison de Saint-Louis puis

deporte aux Ftats-Unis. ll reside a Charleston (Caroline du sud) jusqu'au prairial an XIII. Apres douze ans d'exil il arrive a Bor­deaux en juillet 1805, d'ou il se rend a Montignac. Sa premiere \jsite est pour la Loge de Ia localite dont il devient membre actif dans le grade de Chevlllier Elu. Ses efforts pour obtenir une pen­sion alimentaire en juillet 1806 ne paraissent pas avoir ete couron­nes de sucres. II meurt a Montignac le 4 septembre 1822.

-210-

Page 215: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

ILLIER (Fran~ois), cure des Cayes de 1761 a 1776. A Ia veille son retour en France necessite vraisemhlahlement par Ia mala­' il vend, le 8 mai 1776 pour 4.800 1. a Marie-Magdeleine Y zy, ;resse lihre residant aux Cayes, le pere de cette demiere, son sinier : Jean dit Gerber, de nation congo, non etampe, age de

J.S et sa were, 8a hlanchisseuse : Rosette, de nation Iho, r: [k· Jean et Rosette etaient affranchis par leur fille Izy.

1] ~\.AC (Pierre), dit de jetme~. Chirurgien aux Cayes oil il ;sede quatre emr lacements.et plusieurs maisons et 200 carreaux terrain dont 100 cultives en cafe dans les hlll.lteurs de Cavaillon. ns pour lesquels ses cinq enfants vivants toucherent en 1830, 700 F. d'indemnite.

1IRAC (Joseph) dont nous ignorons s'il est un parent du prece­tt, possede aux Cayes, avec Simon Longuefosse, une Petite ce cToitau, une cotonnerie-indigoterie Longuefosse et une ison dans Ia Grande-Rue-Royale (Indemnite: 10.100 F.); et sur paroisse de Cavaillon, aux Perches, une cafeterie. Indemnite : .500 F.

fFFET, importante famille de colons de Ia plaine des Cayes ou possedaient plusieurs habitations, sucreries, cotonneries etc ..

I trouvait en 1789 des T. Dumesle dont l'un fut elu memhre du mite paroissial du 3 avril 1790, des T. Belleroche, des T. La vine et des T. Denis. La veuve Tuffet proprietaire d'un bane a ~ des Cayes, Caludine Fournier-Dumont, avait epouse Tuffet :an-Baptiste) l'aine qui possedait une sucrerie dans Ia plaine des yes. Indemnite: 4.000 F.

~DUFFEL (Jean-Baptiste) ne vers 1746, arrive a Saint-Domi'l­: vers 1768. Ne dans les Landes a Saint-Jean de Marsac, canton Saint-Esprit-lea-Bayonne, Coproprietaire avec Marin Duvivier de rtelpers d'une sucrerie et d'une cafeterie aux Cayes. Indemnite : ;oo F. Possede en propre une cafeterie au lieu-dit le Grand isance, paroisse du Petit-Trou. Indemnite : 11.719 F. Ses pro­etes furent incendiees pendant Ia guerre civile. ll rentra en mce et se refugia chez son frere le 22 novembre 1792.

-211-

Page 216: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

VENAULT DE CHARMILLY (Pierre-Franc;ois), ne a Paris, ou il fait ses etudes apres avoir passe son enfance en Angleterre. Depute de Cavaillon a Saint-Marc. Leopardin. Etait passe a Saint-Domin­gue en 1776, capitaine de dragons mulatres au Petit-Goave en 1781, capitaine de dragons blancs a Cavaillon en 1787. Y avait achete une sucrerie en 1778 qu 'il revend en rente viagere en 1791. Fervent soutien du club Massiac et partisan de 1 'Angleterre, il traite avec les emigres de Londres et le ministere britannique pour la livraibon de Jeremie. En relation avec les Anglais depuis 1791.

VERNET (Charles), possede une habitation proche de la ville des Cayes dont il est marguillier en 1789.

VINCENT (Michel-Etienne-Henri), habitant des Cayes. Ancien fermier des boucheries. Fils d'un Receveur des Domaines au Mans Epouse une creole le 4 fevrier 1772, Nicole-Catherine Bouche, nee a Torbeck.

WALSH (Jean-Baptiste-Paulin) dit Milord. Originaire de Nantes. Famille importante du Sud, proprietaire egalement dans le Nord. Possede deux habitations sur la paroisse de Torbeck, dites La Pote­rie et Thiverny. De Marie-Josephine-Dorothee Walsh de Serrant, nee a Cadix, il avait eu cinq fils dont Jean-Baptiste-Franc;ois­joseph, dit Theobald, qui fut membre du club Massiac et fut tue aux Cayes le 6 aoiit 1792. Mourut en emigration a Kingston, Jamaique le 26 aout 1798.

-212-

Page 217: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

rbala extnit l patir cba pur jus de caane

diltll6 et .. - boutiiiDI ,.J.P.~AO. - -

r 't

f. 'I '

I : ~ . .

I j

\ i \ ! i

_ ___)

Page 218: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

CITIBA.~(O

LA Cfl'IBANIC

MET A VOTRB SERVICE

UN

RESBAU INTERNATIONAL

COUVRANT

103 PAYS

Page 219: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

A VOTRE SERVICE TOUS LES SERVICES DE LA

BANQUE NATIONALE DE PARIS

A PORT -AU-PRINCE : RUE DU QUAl Tel: 2-3966 •2-3969 •2-2821 A PETION-VILLE : ANGLE RUE OGE ET RUE GREGOIRE •

AU CAP-HAITIEN: LE BOULEVARD 17 Tel : 693-8811

ET BIENTOT A LALUE • i

Page 220: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e
Page 221: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

.E1:N DE PARTICIPATION A LA SOCIETE HAITIENNE D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE

IUSSignlf! ....................................... demeurant a ................. . e souscrire comme:

- Membre adhl!rent a raison de Un dollar mensuellement ( ) Dix dollars l'an d'avance ( ).

- Soci~taire a raison de Deux dollars mensuellement ( ) ou ngt dollars l'an d'avance ( ).

- Membre bienfa•teur a raison de Trois dollars mensuellement ou Trente dollars l'an d'avance ( ).

•nforml!ment a I' article 4 des Statuts, cette souscription me !ra droit a un abonnement annuel gratuit a Ia revue de Ia tl! et aux autres privileges pr6vus.

SIGNATURE

- Priere de cocher les cat6gories de votre choix et d'adresser le Bulletin au tr6sorier de Ia Soci6t6, M. GeorgesCORVING­TON, 24 Rue Ch6riez, Pat-au-Prince, Haiti.

l I 4 :;

i I 'l I I i

Page 222: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

VIENT DE PARAITRE

Deux importants ouvrages d'Histoire d'Haiti :

Alain TURNIER Avec M6risier Jeannis une tranche de vie jacm61ienne et nationale.

lmprimerie «Le Natal» Port-au-Prince, p.p. 441. En vente dans les principales librairies de Port-au-Prince

Jean FOUCHARD.·­The haitian maroons Libertv or Death Grand Prix litt6raire des Caraibes Translated bv A. Faulkner Watts Ph. D. Pr6face by C. R. James, p.p. 386

S'adresser il Edward W. Blyden Press

P.O. Box 621 New-York N.Y. 10Q27

U.S.A.

Page 223: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

1EVUE DE LA SOCIETE HAITIENNE D'HISTOIRE

ET DE GEOGRAPHIE

TARIFS D'ABONNEMENT:

Annuel: HAITI: 5 dollars pour4 Numh'or

ETRANGER: 7 dollars pour 4 Numkos

LE NUMERO: 2 dollars

n.b. Toute correspondance et toute cotisation peuvent etre adress6es au Sii!ge Social

provisoire de Ia Soci6tl! :

/0 Georges Corvington, 24 Rue Chl!riez, Port-au-Prince, Haiti

f i ' ~- . '.

Page 224: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

Achevf d'lmprlmer sur lea Pre-s des AteUers Fardin. 27 Rue Dr. DouYon. FoJltamara Phone: 4-0144 Port-au-Prince, Haiti.

Page 225: Lt;S ASSt;MBLt;t;S PARO ISSIALt;S Dt;S CAYt;S A ST ...ciat.bach.anaphore.org/file/misc/APC_RevSocHaitienn.pdfREVUE DE LA SCCIETE HAlT/EN('/£ D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE 58eme Ann6e

LES ASSEA1BLEES PAROISSIALES DES CAYES

A SAINT DOMINGUE

. (1774-1793).

Notre _revue s'honore de publier, en present de fin d'annee, d nos abonnes et lecteurs, cette magistrale analyse de Francoise

s Thesee des Proc_es- Verbaux des Assem)Jlees paroissiales des CayeJ a Saint-Domingue. I . ' '

Voici une fenetre ouverte sur de nombreux aspects absolume11t inconnus de Ia vie coloniale et, en meme temps, une etude exemplltl­re, par Ia qualite et l'etendue de sa documentation autant que par Ia .pertinence de ses (Jnalyses. Ce livr.; est a Ia hauteur du grand talent de Franroise Thesee qui, dep•· dix ans deja, s 'est signa/ee au

_, nombre des grands historiens de Saint-Domingue, avec Ia publictt tion de son remarquable ouvrage sur les negociants borde/au et co· Ions de Saint-Domingue.

A tous nos abonnes et lecteurs, a nos Mecenes presents et futuTJ qui se r#ouiront avec nous de cette riche contribution a notre ptU­

sionnante histoire, nos souhaits les plus fervents de Joyeux Noel et d'heureuse annee nouvelle!

Puisse 1983 nous permettre, en plus de l·'animtltion de notre re~ vue d 'His to ire, Ia plus ancitJ'me d 'Haiti et des Caraibes, de pouvofr enfin olfrir a notre jeunesse, auxitudiants, historiens et chercheur1" dans le cadre d 'un organisme dependant de notre seule Societe d 'His to ire reconnue d 'uti lite publique, le Centre haiti en de Docu­mentation (Archives et Bibliothlques privees reunies) auquel now continuons, malgrl des obstacles ifulttendus, de consacrer le meil­leur .de notre enihousiasme pour"la ~efense et l'illustratio~ du Pa­trimoine culture/ de Ia Nation et pour l'honneur de l'intellectuali-te haitienne.