Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

60
PANORAMIQUE: NEW YORK NOV. 2015 #8 GASTRONOMIE: LES GOÛTS & LES COULEURS BABETTE DE ROZIÈRES GÉRARD LO-PINTO - NAOMI MARTINO FRÈRES LAUZEA - GAULT & MILLAU -THIRIET FOCUS: WENDY ANNONAY STEEK - APNÉE - CUR’CARAÏBES

description

GASTRONOMIE: Les Goûts & Les Couleurs Ce mois-ci LOUPE vous entraine en cuisine pour son Grand Angle sur la gastronomie avec les acteurs qui font les goûts et les couleur de l’univers culinaire. Suivez Babette De Rozières pour la cuisine Créole, le Traiteur Gérard Lo-Pinto, les chocolatiers Naomi Martino et les Frères Lauzéa, ainsi que l’enseigne Thiriet et le guide Gault & Millau. FOCUS sur Wendy Annonay, champion d’Europe de boxe thaïlandaise. Panoramique sur New York. A LA LOUPE avec Steek, Sophie Jacquin pour l'apnée et Cur'Caraïbes. Bruits de Couloirs consacrées à l’actualité régionale.

Transcript of Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

Page 1: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

PANORAMIQUE: NEW YORK

NO

v. 2

015

#8

GASTRONOMIE:LES GOûTS & LES COULEURSBABETTE DE ROZIÈRESGÉRARD LO-PINTO - NAOMI MARTINOFRÈRES LAUZEA - GAULT & MILLAU -THIRIET

FOCUS: WENDY ANNONAY

STEEK - APNÉE - CUR’CARAÏBES

Page 2: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

pubs LOUPE.indd 1 12/01/15 17:24

Page 3: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

DIRECTEUR DE PUBLICATIONDavid [email protected]

REDACTEUR EN CHEFDavid Dancre

JOURNALISTES3D-4.0, Mr. Chung, Ceebee

SECRETAIRE DE REDACTIONCécile [email protected]

PHOTOGRAPHESIguane Café (Couverture / Ouverture) Thierry Etenna (Gérard Lo-Pinto)YohanN (Naomi Martino)

MAQUETTISTESDavid Dancre, Charles Eloidin

WEBMASTERJuba Lamari

SITE INTERNETwww.loupe-magazine.fr

IMPRESSIONMSPC

REGIE PUBLICITAIRELOUPE REGIE05.90.555.415

Magazine gratuit - Numéro #08Novembre - Décembre 2015© LOUPE est édité par David Dancre97 118 Saint-FrançoisN° SIREN : 805 060 878Toute reproduction, adaptation totale ou partielle est interdite.

Ouvert tous les soirs et le dimanche midi et soir

Route de la Pointe des Châteaux97 118 SAINT-FRANCOIS

Tel : 05.90.886.137Fax : 05.90.892.340

Site: www.iguanecafe.comEmail: [email protected]

Page 4: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

EDITO05 Conte à rebours

BRUITS DE COULOIR09 Sneakers10 Actualités

PANORAMIQUE14 New York

FOCUS16 Wendy Annonay:le fruit de la passion

GRAND ANGLE23 Gastronomie: les goûtset les couleurs

à LA LOUPE!48 Culture: Steek50 Loisirs: Apnée52 Société: Cur’Caraïbes

CHRONIQUES 54 Cinéma56 Séries58 Jeux Vidéos

P.14

P.24

P.16

P.40

4

Page 5: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

5

Page 6: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

# A L W A Y S O N T H E R U N

N O I Z

Page 7: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

L’Histoire ne retient que les Grands Noms qui symbolisent des caps historiques: Gandhi, Che Guevara, Jean Moulin, Rosa Parks, Martin Luther King, Nelson Mandela... Derrière toutes ces personnalités s’est dressée une population qui s’est reconnue dans leurs idées, et sans laquelle leur combat n’aurait jamais abouti, au même titre que ceux qui ont échoué avant eux. Et dans l’anonymat, d’autres continuent d’avancer. L’océan a besoin de chacune de ses gouttes pour être entier.

par David Dancre

SOMBRES HÉROS

EDITO

7

Page 8: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015
Page 9: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

par Ceebee

Née à la fin du XIX° siècle avec la fabrication industrielle du caoutchouc (c’est Charles Goodyear, fabricant de pneus, qui créa la première semelle), la chaussure de sport fut d’abord adaptée aux performances physiques. Tandis que Reebok commercialisait des chaussures pour la course, Converse mettait au point un modèle pour le basket. Mais c’est surtout le Hip Hop qui popularisa les “sneakers”. Celles-ci deviennent alors partie intégrante du look des danseurs de breakdance et des rappeurs, le groupe Run DMC leur consacrant

même un titre, My Adidas, en 1986. Les stars des terrains, Ilie Nastase, Stan Smith ou Michael Jordan, garantissent le succès des modèles éponymes qu’ils ont inspiré. Le consommateur s’arrache et collectionne aujourd’hui ces objets, certains aficionados conservant chez eux avec soin et fierté plus de 200 paires! C’est ce phénomène de mode mais aussi de société que Max Limol retrace, des années 1970 à nos jours, dans un ouvrage ponctué d’anecdotes et d’interviews de personnalités emblématiques de ce milieu (Sidney, Thibault de Longeville...)

Conçue à l’origine pour le sport, la basket est devenue un accessoire indispensable, aussi bien portée pour le confort qu’elle procure que pour son style ou son design. Marché florissant pour les marques, les “sneakers” (baskets de ville) ont aussi leur histoire.

SNEAKERS

BRUITS DE COULOIRS

LA CULTURE SNEAKERSLe livre de Max Limol: Culture sneakers, 100 baskets mythiques, Hugo image, 2015Le documentaire de Thibault de Longeville, Just For Kicks: Le culte des baskets

9

Page 10: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

BRUITS DE COULOIRS

L’équipe de France a confirmé ses très bons résultats lors des championnats du monde de surf en Californie le mois dernier. Tessa Thyssen, de la Ligue Guadeloupe, est devenue championne du monde chez les juniors. Deux autres Français, les frères Mignot, ont décroché les médailles d’argent et de bronze, en junior et en cadet. En équipe, les jeunes surfeurs tricolores ont remporté l’épreuve de relais. Avec ces victoires, la France prend la seconde place des nations en surf, juste derrière les Etats-Unis et devant les Hawaïens et les Australiens. Les Guadeloupéens ont aussi rayonné lors des championnats de France qui se sont déroulés du 17 au 25 octobre à Biarritz. Thomas Debierre a pris la première place chez les cadets, juste devant Léo Paul Etienne et Thomas Doumenjou. Chez les juniors, Kim Véteau s’est classée première devant Tessa Thyssen et Titouan Boyer rentre avec une médaille d’argent. Une raison supplémentaire, s’il en fallait une, de juger que les spots de Guadeloupe constituent une très bonne formation pour accéder au haut niveau mondial et que l’investissement des jeunes sportifs et de leurs encadrants porte ses fruits.

FÉDÉRATION FRANÇAISE DE SURFFacebook: Fédération Française de SurfSite officiel: www.surfingfrance.com

SURF

par Ceebee

NOUvEAU TITRE MONDIAL

10

Page 11: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

ACTUALITÉS

SOLIDARITÉ INTERNATIONALEFacebook: la Semaine de la solidarité internationaleSite officiel: www.lasemaine.org

La 18ème édition de la Semaine de la solidarité internationale se déroulera du 14 au 22 novembre. A cette occasion, le public est invité à des conférences, des spectacles, des projections, des repas équitables ou des marchés solidaires. Parce que la solidarite n’est pas seulement l’affaire des ONG ou des Etats, chacun pourra découvrir le rôle qu’il peut jouer pour rendre le monde plus solidaire et faire avancer la société, que ce soit près de chez soi ou à l’autre bout du monde. Un temps fort pour s’interroger sur la citoyenneté au quotidien.

SOLIDARITÉ

par Ceebee

ÉvÉNEMENT

ANÉMONEPARFUMERIE

MARINA97118

SAINT-FRANÇOIS

TEL: 05.90.886.940

Page 12: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

Voyageurs du monde lance la deuxième édition de son grand prix photo sur le thème “My little paradise” (mon petit paradis). Pour participer, envoyez votre cliché du lieu que vous trouvez unique ou qui vous procure un profond sentiment de bien-être, accompagné d’une courte légende. Les meilleures photographies seront sélectionnées jusqu’au 15 décembre. A gagner: un voyage d’une semaine en Afrique du Sud, un séjour à Marrakech, un week-end à Londres, une croisière sur le Nil et bien d’autres prix.

BRUITS DE COULOIRS

Alors qu’il poursuit sa carrière d’acteur (il sera prochainement au casting d’une série policière, La main du mal), Joey Starr n’a pas pour autant délaissé la musique. Son nouvel album, baptisé Caribbean Dandee, sortira le 4 décembre prochain (en même temps que celui de Booba - Nero Nemesis et de Rohff - Le Rohff Game). Le rappeur martiniquais s’est associé pour cet opus au Guadeloupéen Nathy, avec lequel il partira en tournée dans toute la France. Trois titres sont déjà disponibles à l’écoute: Dans Mon Secteur II, Pourquoi Tu T’Enerves et 31 Secondes. On pourra également en avoir un aperçu le 27 Novembre prochain, lors d’un passage à l’émission Taratata.

JOEYSTARR

JOEYSTARR

Facebook: Caribbean Dandee

vOYAGEURS DU MONDE Facebook: Voyageurs du MondeSite officiel: www.voyageursdumonde.fr

CARIBBEAN DANDEE

PHOTOGRAPHIECONCOURS

12

Page 13: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

ACTUALITÉS

LILI GALERIEPointe des Châteaux - 97 118 Saint-FrançoisContact 06.90.37.87.52 / 06.90.722.132

Lili Galerie ouvre son espace à la Pointe des Châteaux et propose une nouvelle appellation “Art con tempo” pour une pulsation artistique made in Gwada. Rendez-vous le vendredi 4 décembre 2015 pour l’inauguration avec 4 artistes de l’île à partir de 18h.

ART CON TEMPOOUvERTURE

HYBRID FIGHTINGGRAND CAMP

HYBRID FIGHTING CLUB 971La plaine de Grand Camp - 97 122 Baie-MahaultFacebook: Hybrid Fighting Club 971

Désormais affilié à la F.F.K.M.D.A. (Fédération Française de Kick-boxing Muay thaï et Disciplines Associées), l’Hybrid Fighting Club rouvre ses portes à la Plaine de Grand Camp pour des cours de MMA, Kick-boxing et grappling tout niveau dès 14 ans.

SablEScrEolES

SaVEUrFrUITEE

GaSTroNoMIE aNTIllaISEPrESENTE SES

FabrIcaTIoN

loKal!!!100% FrUITS!!!

MaDE IN GWaDa

SaVEUr FrUITEEbelle allee - 97 118 Saint-Francois

[email protected]

Marie-Ket : 06.90. 599.104Dav : 06.90.985.208

Didier : 06.90.936.991

ParFUM

rEPaS ET DESSErTS PoUr rEcEPTIoNS

SEloN SaISoN

baNaNEGroSEIllE

aNaNaSMaracUDJa

caNNEllEGoyaVE

cUrcUMa

cocoGINGEMbrE

SPEcIal FETES

TarIF SPEcIal c.E.

rESErVEZ VoS GalETTES

(FraNGIPaNE ET coco)

bUcHES(GroSEIllE, PaSSIoN, coco, GINGEMbrE, VaNIllE)

PaNIErS caDEaU

Page 14: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

PANORAMIQUE

NEW YORK

Site incontournable pour découvrir l’un des monuments les plus célèbres au monde, mais aussi pour profiter d’une magnifique vue sur la “skyline” de Manhattan. La visite s’effectue en prenant un ferry qui donne aussi accès à Elis island, l’ancien centre national de l’immigration, abritant aujourd’hui un musée d’histoire.

LIBERTY ISLAND

Foyer principal de la culture afro-américaine et du mouvement pour les droits civiques au XX° siècle, cet ancien ghetto s’est transformé en quartier attractif en valorisant son patrimoine musical (jazz, gospel), les arts urbains (circuit graffiti) ou la “Soul Food” (cuisine traditionnelle afro-américaine).

HARLEM

Patrimoine, vueNote : ••••••

Culture, sorties nocturnesNote : ••••••

Ce centre mondial de la culture et du divertissement sera relié à Pointe-à-Pitre par des vols directs, dès le mois de décembre (à partir de 69 euros). Embarquement immédiat!

14

Page 15: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

Un lieu emblématique du “rêve américain”. C’est la partie la plus touristique de New York, pour ses gratte-ciel (Empire State Building, Chrysler Building...) et son activité trépidante (Wall Street, Central Park, Times Square...) Musées et salles de spectacle en font un pôle artistique majeur, mais aussi un lieu de mémoire autour de Ground Zero.

MANHATTAN

New York est un temple de la mode. Du luxe au vintage, il y en a pour tous les styles et les budgets. Des centres commerciaux de taille démesurée (Bloomingdales’s, Century 21...), des magasins de jouets, des disquaires, des boutiques de jeunes créateurs... satisfairont petits et grands.

SHOPPING

Attractions, divertissementsNote : ••••••

Mode, affairesNote : ••••••

NEW YORK

CONSEILLÉ PAR: WWW.CARIBHOLIDAYS.FRFACEBOOK: CARIB HOLIDAYS

15

Page 16: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

FOCUS

Page 17: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

Enfant prodige, Wendy Annonay récolte le fruit de ses deux passions: la boxe et les études. Un équilibre qu’il a acquis en conjugant clairvoyance et résolution, sur le ring comme dans la vie professionnelle.

A quel âge as-tu commencé la Boxe thaï?La première fois que je suis entré dans une salle de boxe, c’était à l’âge de 14 ans. Je n’avais rien dit à ma mère car elle aurait eu peur. Je suis de cette génération qui aime tout tester et se lancer des défis entre copains. Je m’y suis mis sérieusement quelques années plus tard.

Qu’est-ce que tu as trouvé dans ce sport que tu ne trouvais pas dans le judo ou le football que tu as pratiqués avant?Ce sport m’a donné les bases solides de la vie en communauté. Le respect, l’humilité, le dépassement de soi, se relever face à l’échec, gérer son environnement, apprendre à écouter son corps, forger son mental… et j’en passe.Toutes ces choses qui nous aident à avancer sur le ring m’ont aidé à gravir des étapes dans la vie. Et cela, je ne l’ai retrouvé dans aucun autre sport, même si tous les sports nous apportent forcement quelque chose.

Comment as-tu concilié ton parcours sportif et scolaire?Paradoxalement, c’est mon parcours scolaire qui m’a permis de me mettre à fond dans mon

sport. Ma mère tenait à ce que je finisse mes études et sois diplômé, et elle avait raison, car la carrière d’un sportif ne tient qu’à un fil (blessure, mauvais choix, contre-performance). J’ai donc passé mes diplômes (brevet des collèges, BAC STI, BTS Conception de produit, Licence Ingénierie de la Conception) jusqu’à obtenir une Maîtrise de Design industriel. Cela n’a pas toujours été facile, mais les bases acquises à l’entraînement m’ont permis de me surpasser dans mes études (révisions, recherche de stage, mémoire, soutenance à l’oral). J’ai dû faire preuve de courage, de persévérance, envoyer mon C.V. et passer des coups de fil des centaines de fois, vaincre la timidité. Mais aussi et surtout ma famille m’a toujours soutenu dans mes choix.

Tu t’entraînes cinq jours par semaine, mais tu as également une activité professionnelle: comment arrives-tu à mener à bien les deux?Grâce à Dieu, j’ai la chance d’exercer deux métiers (sport/travail) qui sont tous les deux des passions. Celle pour mon sport depuis tant d’années et celle pour mon travail de

par 3D-4.0

WENDYANNONAY

LE FRUIT DE LA PASSION

SPORT

17

Page 18: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

FOCUS

concepteur packaging cosmétique, qui est étroitement lié à mon cursus scolaire. Ces deux univers diamétralement opposés me permettent de trouver un équilibre que je ne changerais pour rien au monde. Ceci dit, j’ai dû me battre (au sens figuré!) dans le monde professionnel pour y faire ma place car malheureusement, les clichés et les préjugés restent ancrés solidement dans l’inconscient collectif… Les gens ont du mal à l’avouer, mais un Noir issu de quartier difficile, ayant un parcours honorable dans deux mondes que tout sépare, ça laisse dubitatif. J’ai toujours dû montrer davantage qu’un autre pour prouver mon niveau d’expertise dans le domaine dans lequel je travaille. Du coup, j’ai parfois un goût amer de mon pays qui est la France, ou plutôt de l’hypocrisie générale qui y règne.

Ton sport te permet-il de vivre?Mon sport me fait vivre et je sais que c’est une réelle chance car ce n’est pas le cas de tous. Mais ce n’est pas ma seule source de revenus. Je suis boxeur professionnel mais aussi concepteur CAO 3D pour une multinationale, et enfin designer et infographiste freelance. Grâce à mon sport, j’ai investi dans des domaines qui m’apportent une petite rente, donc merci Seigneur.

Tu es managé par Dany Bill qui est une légende de la Boxe Thaï et évolue aux cotés d’autres champions actuels tel que Gregory Choplin. La solidarité est-elle une des clés de la réussite?Je ne suis plus accompagné par Dany depuis bientôt 4 ans, mais il m’a transmis l’art de la

boxe thaï: la maîtrise technique et le coup d’œil, l’instinct; j’ai appris l’essence même du Muay grâce à Dany. La première fois que je l’ai vu, c’était à la télévision, dans un reportage du grand et défunt réalisateur Christian Poveda (Lève ta garde Bonhomme). Il m’avait fait rêver lors de son combat en Thaïlande contre Said Khan disputé pour l’anniversaire du roi. C’est ce jour-là que j’ai eu le déclic. Qu’il devienne mon entraîneur quelques années plus tard, c’était un rêve que je n’avais même pas imaginé. J’aibeaucoup de respect pour lui et il fait partie de

ma vie car il a participé à la construction de ma carrière. C’est un ami, tout comme Gregory Choplin qui vit aujourd’hui à Miami. Maintenant, c’est Chaouqui Ferradj, mon entraîneur et frère de cœur, qui a pris le relais et m’apporte tout ce qui me manquait: un “game plan” différent à chaque combat (la tactique), l’efficacité dans mes liaisons pieds/poings, la gestion de ma carrière. Nous sommes neuf professionnels dans mon club et les entraînements sont incroyablement difficiles, je ne m’ennuie jamais. Etant un grand enfant, mon coach n’hésite pas à “remettre les pendules à l’heure” quand je me laisse aller. C’est une équipe solide, nous sommes tous disponibles les uns pour les autres.

“Je suis boxeur professionnel mais aussi concepteur CAO 3D pour une multinationale...”

18

Page 19: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

SPORT

Tu étais à la première réunion MMA qui s’est tenue au cirque d’hiver le 19 septembre 2015. Quelles ont été tes impressions? Est-ce que tu es attiré par cette discipline?C’est exact, je ne pouvais pas manquer ce rendez vous. C’était très bien organisé, j’y ai pu constater que le MMA possède un public demandeur et des athlètes de haut niveau. L’Etat ne pourra pas indéfiniment laisser croire aux gens non avertis que ce sport est marginal, c’est radicalement le contraire. Il est très réglementé et les athlètes se respectent tous. Le ministère fait croire que ce sport ne respecte pas la dignité humaine, mais le point bloquant est bien plus profond et les lobbys du Judo et du Karaté n’y sont pas pour rien. Si le MMA venait à prendre le dessus sur ces sports bien ancrés en France, les fédérations risqueraient de voir leur nombre de licenciés chuter, c’est l’une des causes du frein mis à la progression du MMA en France, qui est l’un des derniers pays en Europe à refuser sa pratique. Je trouve ce sport magnifique, lorsqu’on connaît les règles du jeu, on ne peut que ressentir du respect et de l’admiration pour ces combattants du 21ème siècle. La boxe Thaï est passée par cette étape aussi, il y a une vingtaine d’années, c’était alors un sport “marginal” aux yeux de médias.

Il existe de nombreuses fédérations et donc beaucoup de ceintures différentes en boxe thaïlandaise, lesquelles sont pour toi les plus prestigieuses?Le côté positif de tout cela, c’est que cette discipline intéresse beaucoup de personnes et beaucoup de fédérations étant donné le nombre de ceinture que l’on voit naître chaque année. Mais il y a un côté néfaste aussi, c’est que le grand public n’y comprend rien… Aujourd’hui, ce ne sont plus les ceintures qui font le boxeur, c’est le boxeur qui fait les ceintures, mais aussi et surtout les adversaires qu’il a affronté sur son chemin. Pour répondre à ta

LES INTERvIEWS COMPLÈTES+ BONUS

RETROUvEZ L’ÉDITION

NUMÉRIQUE

SUR LE SITE OFFICIELWWW.LOUPE-MAGAZINE.FR

LOUPE MAGAZINE

Page 20: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

FOCUS

question, les plus prestigieuses à mes yeux sont la WBC et WMC (ceintures pouvant être disputées sur toute la planète), et surtout les ceintures des stadiums en Thaïlande que seuls les Thaïlandais peuvent se disputer avec quelques étrangers vivant sur place.

Quels sont tes points forts?On dit de moi que je suis fimeu (technique) et que j’ai un bon coup d’œil. Le public me voyant plus que moi en situation de combat, je suis d’accord avec eux (rires).

Quel est ton surnom et pourquoi?J’en ai plusieurs, mais si je devais n’en garder qu’un seul, c’est Dydy, le diminutif que ma mère m’a toujours donné. Ensuite, ce serait Chab, le surnom par lequel mes amis m’appelent, c’est le diminutif de chabin.

Tu vas combattre ton premier Thaï (Ekapop) le 21 novembre prochain à Paris? Comment se fait-il que tu n’en aies pas rencontré auparavant?C’est exact, je suis en pleine préparation d’ailleurs. J’ai boxé énormément de boxeurs européens et américains, pour la simple et bonne raison que les Thaï ne sont généralement pas au même poids (76kg), et ceux qui le sont, même s’ils restent très dangereux et très forts, ne sont généralement pas en début de carrière. Mais Ekapop demeure un adversaire redoutable, il a battu par K.O. plusieurs de mes amis français. Je me prépare pour le mettre K.O. à mon tour.

Participeras-tu à un combat pour un titre de champion du monde?Je possède trois titres de champion d’Europe WBC à mon actif, sans jamais avoir perdu le titre. Le Président de la fédération m’a dit que j’allais pouvoir prétendre au titre mondial cette saison. Alors je pense que dans les mois à venir, je pourrais annoncer que je combats pour ce titre.

Quels sont tes autres centres d’intérêt?En dehors du ring, je développe des projets avec les frères (évènementiel sportif, joaillerie entre autres). Je vais régulièrement au cinéma et j’écoute de la musique, en adaptant le style aux situations: pour courir je vais mettre un morceau de rap, dans les bouchons du zouk rétro et au travail un peu de piano ou du Balade créole. Parfois un peu de raï parce que j’apprécie la langue arabe.

Quelle place occupe la Guadeloupe dans ta vie?La Guadeloupe, c’est ma vie, mes racines, mes convictions et mon éducation. J’aime énormément lire et apprendre l’Histoire de notre île et de nos ancêtres. En ce moment, je lis beaucoup (Léon Gontran Damas et son ami Aimé Césaire pour ne citer qu’eux). Ma famille maternelle et paternelle vit en Guadeloupe, mais je n’y suis pas allé depuis plusieurs années. En 2016 si Dieu me le permet, j’irais y passer quelques jours pour voir ma grand-mère.

Est-il possible de te voir un jour combattre en Guadeloupe?J’ai boxé quatre fois en Martinique, mais jamais encore en Guadeloupe. J’aimerais vraiment, mais je ne sais pas si il y a des promoteurs susceptibles d’organiser un événement de boxe thaï qui attirerait le public et susciterait l’intérêt. En Martinique et à la Réunion, les évènements de boxe sont très populaires. Alors pourquoi pas en Guadeloupe, à ma connaissance il y en a déjà eu. D’ailleurs, j’aimerais beaucoup y animer un stage pour transmettre un peu de mon savoir.

“Le président de la fédération m’a dit que j’allais pouvoir prétendre au titre mondial....”

20

Page 21: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

SPORT

WENDY ANNONAYFacebook officiel : Wendy Annonay

21

Page 22: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

JARRY : IMPASSE GUSTAVE EIFFELDU LUNDI AU VENDREDI 9H30 - 12H30 / 14H00 - 18H00

TÉL. : 0690 00 78 99

INVITEZ LA MER À VOTRE TABLE

MALENDURE

BLANDIN

ORANGE

SOGUADIME

SOPROCHIM

STADE

STATIONSERVICE

BOURG DE

BOUILLANTE

Bld

HOUE

LBOU

RG

Imp.

G. E

IFFE

L

Rue J. CUGNOT

NOVE

Cap Créolevotre traiteur de la mer ouvre sa boutiqueà Jarry !DÉCOUVREZ NOS SAVEURS GOURMANDES • MARLIN, THON, THAZARD…

• POISSONS FUMÉS

• CARPACCIO, FILETS, STEAKS

• TARTARES ET MARINÉS

• RILLETTES DE LA MER

• CRABES FARCIS, FARCES

• ETC…

capcreole

Page 23: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

LES GOûTS ET LES COULEURSpar Ceebee & Mr. Chung

GASTRONOMIELa gastronomie est “l’art de faire bonne chère”, à savoir de préparer et de déguster un bon repas. S’y intéresser permet de toucher aussi bien à la culture, qu’à la société ou l’économie. La façon de cuisiner ou de s’alimenter est aussi diverse que le sont les humains, même si la mondialisation contribue à uniformiser nos goûts. Depuis 2010, le repas gastronomique des Français est inscrit au patrimoine culturel de l’humanité par l’UNESCO. Ce sont d’abord les élites qui ont élévé la gastronomie à un niveau supérieur, avec une nourriture riche en goûts et en couleurs. Le bon repas, élément essentiel des relations sociales, a toujours scellé les alliances ou agrémenté les festivités. Aujourd’hui encore, il est difficile d’envisager de célébrer un heureux

événement sans l’associer à des réjouissances alimentaires. Avant d’être cuisinés, certains produits parcourent des milliers de kilomètres, comme les épices, très prisées dans la gastronomie française depuis le Moyen Age. Mais c’est surtout l’âge industriel qui a révolutionné les techniques culinaires: l’apparition des conserves, la réfrigération ou la congélation ont multiplié les possibilités. Autour des “métiers de bouche” gravite enfin tout un secteur d’activités, en amont (production, transport) et en aval (distribution, marketing...) Pour ce dossier consacré à la gastronomie, nous avons interrogé des acteurs qui créent et diffusent les goûts et les couleurs de cet univers, pour le plaisir de tous les gourmands. Bon appétit!

GRAND ANGLE

23

Page 24: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

GRAND ANGLE

Page 25: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

En menant deux carrières, l’une en cuisine et l’autre à la télévision, Babette de Rozières a fait découvrir au public français les richesses des Antilles. Un délicieux mélange d’exotisme, de convivialité et de fraîcheur.

CUISINECRÉOLEBABETTE DE ROZIÈRES

GASTRONOMIE: LES GOûTS & LES COULEURS

Page 26: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

Après des études d’Histoire, vous vous êtes tournée vers la cuisine, pourquoi ce changement de parcours?J’ai suivi ce parcours d’Histoire-géographie pour quitter ma famille, après le Bac, il fallait absolument que je me sente libre. J’avais 17 ans et la seule façon de quitter le cocon familial c’était de faire des études. Mais j’ai trouvé que j’avais un don pour la cuisine, je cuisinais pour mes amis dans ma chambre d’étudiante, tout le monde trouvait cela bon, moi-même j’y ai pris goût et je me suis dit que c’est un métier que je pouvais faire. J’ai passé des concours pour pouvoir travailler et j’ai réussi celui de l’ORTF en 1968. Un jour, j’ai rencontré la directrice du Grand Hôtel à Paris, j’ai travaillé au standard pour faire des heures supplémentaires, et là je suis allée voir en cuisine, j’ai rencontré des chefs, j’ai appris la technique, tout en profitant du dîner et du petit déjeuner gratuits que l’on m’offrait! J’ai trouvé que c’était un métier convivial, généreux, de partage, c’est tout à fait mon état d’esprit. Cela n’a pas été facile mais j’ai réussi quand même. Je suis partie avec des handicaps car j’étais une femme, en plus antillaise, avec la prétention de devenir chef. J’ai affirmé mon caractère malgré les interdits et ma mère qui m’a lancé un ultimatum: “tu choisis la cuisine ou moi”! J’ai choisi la cuisine, je ne me suis pas démontée, tout en continuant ma carrière à l’ORTF. Cela m’a permis de rencontrer beaucoup de gens formidables.

Vous avez fait connaître la cuisine antillaise au grand public, est-elle considérée aujourd’hui comme un élément à part entière de la gastronomie française?Je suis la première noire à avoir fait de la cuisine à la télévision, à avoir parlé d’épices, de produits exotiques. Maintenant, les chefs qui me critiquaient lorsque je parlais des noix de coco, des fruits de la passion, des ananas et des mangues, ceux-là inscrivent à leur carte les mêmes produits, c’est le signe que la cuisine a beaucoup évolué.

Parmi vos recettes, quelles sont celles qui ont connu le plus grand succès?Nous avons une cuisine qui n’est pas très élargie dans la diversité mais je crée mes recettes aux connotations exotiques. Personnellement, le plat que j’aime par-dessus tout est le court bouillon de poisson à la créole, bien citronné, avec un piment dedans et une sauce un peu épaisse, accompagné d’un bon fruit à pain.

Au niveau de la pâtisserie, les restaurants antillais proposent généralement peu de choix (banane flambée ou flan coco...) Quelles alternatives proposez-vous à vos clients?Nous avons une multitude de choix parce que nous avons des fruits à profusion, mais nous n’avons pas l’habitude de fabriquer des desserts. J’aime le fruit nature qui conserve toutes les vitamines intactes, mais si l’on se penche sur les desserts, nous avons un moyen énorme de faire des choses que les Français ne connaissent pas. Une tarte à l’abricot “peyi” ou aux pommes cythère par exemple. Je fais des moelleux au chocolat aux patates douces, des soufflés au coco… Nous avons la matière première pour faire tout ce que l’on aime.

Dans votre restaurant de Maule, vous avez privilégié la convivialité (peu de couverts, pique-nique dans le jardin...) C’est un concept à contre courant de la tendance actuelle (toujours plus grand, plus vite)?Quand les gens viennent chez moi, je veux les faire voyager dans leur assiette, je leur

“...la cuisine, c’est un métier de convivialité et de partage...”

GRAND ANGLE

26

Page 27: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

dit qu’ils vont partir en voyage en outre-mer, sans décalage horaire! Il faut leur faire connaître notre cuisine. J’aimerai que tous les restaurants antillais aient au moins un menu créole à leur carte, car c’est notre identité que l’on a dans l’assiette. Je ne sais pas ce qui se fait aujourd’hui mais par définition, la cuisine, c’est un métier de convivialité et de partage, je trouve tout à fait naturel d’inviter les gens dans mon jardin. Le fait de créer un restaurant dans le cadre de ma propriété, cela veut dire que j’aime les gens, que je veux partager avec eux. Je ne suis pas la meilleure mais je suis différente à tout point de vue, j’ai un autre état d’esprit. Je suis née dans une île où il fait beau et où les gens sont conviviaux, je ne peux pas recevoir les gens autrement que dans la chaleur de nos outre-mer. C’est l’ambiance que j’ai créée, j’ai fait de ma maison un havre de paix créole.

La cuisine à la part belle à l’écran depuis quelques années. Comment expliquez-vous cet engouement? Quand j’ai commencé la cuisine, ce n’était pas à la mode, mais les gens ont compris que cela avait meilleur goût de cuisiner à la maison. Je n’aprécie pas beaucoup les émissions de télé-réalité, mais elles ont permis de prendre conscience qu’il fallait cuisiner. Les jeunes, les femmes, les maris s’y mettent, ils ne vont plus à la facilité comme avant avec le micro-ondes… Les enfants même apprécient, ils sont fiers de ce qu’ils ont préparé et le mangent. C’est une très bonne chose. Aujourd’hui, je suis reconnue comme un chef respecté et populaire, les gens aiment La cuisine de Babette et me le témoignent bien. Je suis inscrite sur une liste aux élections régionales pour créer des emplois, de la formation professionnelle pour les jeunes, aider les hôteliers, les petits producteurs, faire progresser la culture. C’est désormais ma mission.

BABETTE DE ROZIÈRES LES P’TITS PLATS DE BABETTESite officiel: www.lacasedebabette.com Sur France Ô, le dimanche à 11h15

GASTRONOMIE: LES GOûTS & LES COULEURS

27

Page 28: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

GRAND ANGLE

Page 29: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

Qu’est-ce qui vous a attiré dans le métier de traiteur?J’avais un beau-frère qui était boucher à l’époque, et il m’a conseillé de m’orienter vers ces nouveaux métiers. Quand j’ai commencé, le métier de traiteur n’était pas défini tel qu’il l’est aujourd’hui, et je ne savais pas vraiment ce que c’était. J’étais sur la vague, ce qui m’a permis d’évoluer rapidement. Car les plats préparés n’existaient pas, le fait d’aller acheter des crudités, des plats cuisinés chez le traiteur était nouveau. Dans les métiers de la bouche, il y avait le statut, les diplômes de cuisinier, boulanger, pâtissier, charcutier, et le métier de traiteur est venu se rattacher à celui de charcutier. Ensuite, c’est la passion qui m’a animé, j’étais en quête du savoir, et c’est d’ailleurs pour cela que j’ai fait le compagnonnage. J’ai pris mon baluchon et je suis parti dans ces grandes maisons parisiennes du type Fauchon, Lenôtre.

Quels sont vos diplômes?J’ai le CAP, le brevet professionnel, le brevet de maitrise et le titre de M.O.F. (Meilleur Ouvrier de France en 1994).

Y a-t-il des matières ou des saveurs que vous aimez particulièrement travailler? J’aime beaucoup travailler les fines herbes, je trouve que ces essences et leur coté odoriférant surprennent toujours le palais ou le nez. Ensuite, contrairement à ce qui se dit, le roi du légume est l’échalote, car pour moi c’est là que nous avons la plus grande longueur en bouche. J’aime beaucoup le combava, c’est un citron qui vient de l’ile de la Réunion, que nous avons ici aussi et dont nous utilisons juste le zeste, c’est délicieux. Cela a un goût de citronnelle, de citron vert, légèrement vanillé, c’est très subtil. Il y a également les graines d’épices, tels que le fenouil, l’anis verte, le cumin, toutes ces graines que l’on peut torréfier et tonifier en goût. Ce que j’aime c’est la transformation, dominer la matière pour en exalter le meilleur. Partir de quelque chose de simple pour en trouver la quintessence et c’est d’ailleurs ça la quête du M.O.F. : la quête du meilleur goût, partir de quelque chose de simple et l’anoblir en toutes circonstances, mais on ne peut pas le faire sans maitriser la matière. Dans l’esprit, il faut être alchimiste. Je fais partie des premiers à avoir pris la chlorophylle qui existait dans la nature comme dans le persil, l’épinard, et la fixer sur les protéines animales tels que les volailles, le porc. C’est-à-dire que la couleur elle-même est naturelle, sans colorant.

Proposer le fleuron des saveurs et transmettre son expérience aux jeunes générations, c’est la vocation qu’a choisi ce traiteur en créant le Rôtisseur des îles. Un métier qu’il exerce pour prolonger le plaisir des papilles, dans un esprit de quête du bien-être et de durabilité.

“Ce que j’aime, c’est la transformation, dominer la matière pour en exalter le meilleur.”

TRAITEURGÉRARD LO-PINTO

GASTRONOMIE: LES GOûTS & LES COULEURS

29

Page 30: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

Quelles sont vos sources d’inspirations pour créer de nouvelles recettes? Mes sources d’inspirations sont dans mon environnement familial, culturel, mes amis, cela peut être une photographie ou ce que la nature nous restitue. Nous avons le privilège dans ce métier d’être un peu comme des artistes, en imaginant, nous avons la mémoire olfactive qui travaille pour nous et tous ces goûts sont déjà dans nos têtes et sur nos papilles. Nous allons justement les chercher pour arriver à les mettre dans l’assiette. C’est cela qui est fabuleux.

Tout est subjectif dans le goût...C’est l’atout et la difficulté de notre métier. L’atout, c’est que nous savons très bien que nous ne plairons pas à tout le monde et la difficulté est de faire quelque chose qui plaît à tout le monde. L’humain par nature est un être unique, donc réussir à répondre à cette unicité est le véritable challenge de notre métier. Il faut aussi savoir travailler dans la longévité, car on peut faire un très bon plat un jour, mais la régularité est ce qui fait notre renommée.

Il existe aujourd’hui une uniformité commerciale dans les grandes chaines, dont les fast-food sont les fers de lance, en argumentant sur la rapidité à consommer. Comment palliez-vous à ce phénomène?Notre société est en mutation, plus nous avons d’outils pour gagner du temps, tels que les “smartphones”, plus nous courons après le temps. Or aujourd’hui, et je l’ai prouvé avec le Rôtisseur des Îles, on arrive à manger rapidement et très bon en se faisant plaisir dans la qualité sans être dans des prix extrêmes. Et puis il y a le temps de vivre, nous en avons besoin. Quand vous avez l’art de la table qui est dressé, les belles nappes, les belles verreries, un beau cadre, c’est agréable. Prendre le temps de mastiquer et de respirer entre chaque bouchée c’est aussi l’art de vivre. Selon moi, il y a un temps pour chaque chose en tout équilibre.

Quelle est votre implication par rapport à l’environnement, au développement durable?Nous avons une philosophie dans la maison, c’est que nous sommes au pays de la canne, nous avons des champs de canne à perte de vue… Donc toutes nos assiettes sont en fibre de canne, ce qui nous permet d’être en adéquation avec notre environnement. C’est maintenant à nous de le faire savoir pour que les gens comprennent que ce ne sont pas des assiettes en carton et que tous les êtres humains ont intérêt à y adhérer.

La formation au métier de traiteur en France est-elle à la hauteur de sa renommée? Oui. Je pense que nous avons fait d’énormes progrès mais il ne faut pas se satisfaire de ce que nous avons, il faut toujours évoluer et être sur cette vague de la recherche, de la perfection, de la transmission. Comme notre société évolue, il faut faire évoluer notre jeunesse, aujourd’hui nous avons des gens très compétents parmi ces jeunes qui arrivent et qui seront les chefs d’entreprise de demain. Il faut avoir foi en la jeunesse. Moi, je suis un perpétuel optimiste, car on voit des hommes et des femmes se révéler avec des velléités extraordinaires. Il faut y croire sinon c’est la mort d’un métier et d’une partie du patrimoine humain.

De quelles manière y participez-vous? Mon fils a fait son apprentissage avec nous. J’ai des jeunes aussi qui viennent du lycée hôtelier, d’anciens qui ont eu le BTS, d’autres qui ne l’ont pas eu mais pour lesquels nous sommes en train de valider les acquis. L’examen valide la compétence mais ensuite, il faut entrer dans la vie

“...notre expérience, la jeunesse en aura besoin. ”

GRAND ANGLE

30

Page 31: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

active. Je suis dans une transmission au quotidien pour expliquer ce qu’est notre métier. Nous travaillons avec de l’éphémère en permanence, c’est un métier dans lequel il faut savoir comment faire pour respecter le produit au maximum et satisfaire au mieux la clientèle.

Il y a un véritable engouement autour des métiers de la bouche avec les émissions télévisées du type Master Chef: comment le ressentez-vous à votre niveau?Je pense que pour nous, c’est tout de même porteur. En tant que M.O.F., cela m’a rendu service. Les gens n’étaient pas censés connaître ce qu’était un M.O.F. et aujourd’hui, grâce à ces émissions, nos métiers ont été mis en valeur, nos compétences aussi. J’ai d’ailleurs moi-même participé cette année à l’émission Le Lélé d’Or, c’est le premier concours à l’image de Master Chef organisé en Guadeloupe. Je faisais partie du jury final. Nous avions besoin de revaloriser les métiers de l’artisanat, manuels, car la France ne voulait faire que des cols blancs, mais on s’est aperçu

qu’avec le chômage, on gagnait parfois mieux sa vie en étant plombier, charcutier, traiteur ou autre… Et à ce rythme-là, nous finirons à la Fac, parce que notre expérience et notre vécu, la jeunesse en aura besoin. Ce sont des métiers de terrain, adaptés à l’équilibre de la vie.

Qu’est-ce qui pour vous définit un bon traiteur?C’est d’abord respecter les règles du métier, de l’hygiène, de la qualité, de la fraîcheur, et surtout le client au cœur de tout. Etre animé du feu sacré tous les jours et dans ce cas ce n’est plus un métier mais un plaisir.

Et un bon plat?L’amour… Avec tout ce que l’on a mis dedans. Parce qu’à chaque fois que l’on fait quelque chose, tout est amour.

Les prochains objectifs?Il y en a, mais comme pour le bon vin ou le bon pain, il faut leur laisser du temps… Mais des nouveautés arriveront très bientôt.

LE ROTISSEUR DES ÎLESSite officiel: www.lerotisseurdesiles.fr

GASTRONOMIE: LES GOûTS & LES COULEURS

31

Page 32: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

GRAND ANGLE

32

Page 33: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

Quand et pourquoi avez-vous décidé de vous lancer dans la fabrication de chocolat?J’ai créé mon entreprise en Juillet 2011. Mais cela fait huit ans que je suis dans le chocolat! Je suis agro transformateur et chocolatier, deux métiers aux contraintes différentes, mais avec une exigence similaire : la qualité. Ma mission est de concevoir un chocolat fin d’origine, en maîtrisant toute la chaîne de valeurs, à partir d’une sélection de fèves, et de créer des recettes innovantes avec les matières premières nobles de notre terroir. Je me suis lancée dans cette aventure par amour du bon chocolat.

Vous avez été récompensée par de nombreux titres, notamment celui de meilleur espoir du chocolat en 2013. Qu’est-ce qui vous a mené vers cette excellence? Je me suis formée à Paris aux côtés de Meilleurs Ouvriers de France. J’aime à dire que cela a été ma meilleure formation. Puis, il a fallu que je revienne en

Guadeloupe pour exploiter les produits du terroir. Ce fut un processus de recherche de trois ans, entre les échanges du savoir-faire de nos anciens, trouver les bons partenaires (agriculteurs) et l’innovation qu’est la transformation du cacao en chocolat sur notre territoire. Marier les saveurs et surtout équilibrer les recettes fut un vrai travail d’orfèvre. J’ai voulu, dès le départ, que mes chocolats soient la plus fine expression de la gastronomie guadeloupéenne, ce qui implique une concentration incessante de la recherche du goût. Le travail amenant la chance, j’ai été distinguée deux fois en Guadeloupe: 1er prix agro transformateur et prix de l’Innovation au concours Tradysion Péyi Gwadloup organisé par la Ville de Baie-Mahault en 2009 et 2011. J’ai eu la chance d’être la première Guadeloupéenne exposant au salon du Chocolat à Paris grâce à un groupe de partenaires privés et institutionnels ayant compris l’envergure de cet évènement. Après le Trophée d’Honneur de l’Académie Culinaire du Monde Créole en 2014, j’ai été distinguée parmi les 50 meilleurs chocolatiers du monde par le Guide des Croqueurs de Chocolat. Enfin, j’ai remporté la Tablette d’Or 2015 au Salon International du Chocolat à Paris. Etre Espoir a été une révélation, être distinguée parmi les 50 meilleurs chocolatiers du monde, l’année suivante, fût une véritable consécration. C’est l’association de la ganache Pure Origine Guadeloupe, du piment doux, de l’ananas bouteille et de la rose porcelaine qui m’ont permis d’accéder à cette distinction. Ce sont les produits iconiques de ma marque.

Après s’être formée auprès des Meilleurs Ouvriers de France, Naomi Martino a mis son savoir-faire au service de la gastronomie locale. Elle fabrique avec passion un produit noble et exquis, en mêlant les arômes du cacao et des épices.

CHOCOLATIER

“J’ai voulu que mes chocolats soient la plus fine expression de la gastronomie guadeloupéenne...”

NAOMI MARTINO

GASTRONOMIE: LES GOûTS & LES COULEURS

33

Page 34: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

GRAND ANGLE

C’était la première fois qu’une jeune femme caribéenne était récompensée: est-ce un succès personnel ou aussi une reconnaissance de la culture guadeloupéenne dans l’univers de la gastronomie?Les deux. Toutes ces distinctions m’ont été décernées pour la finesse du travail effectué sur le chocolat, la recherche du goût, le respect et la mise en valeur de notre culture. Depuis 2013, j’ai donc placé la Guadeloupe au rang des pays producteurs de cacao, une autre innovation. On retrouve dans ma chocolaterie des chocolats au romarin, à la passion, au gingembre, à la goyave, à la cannelle, au basilic… Au total, 18 saveurs qui manifestent la diversité des fruits, épices ou plantes de notre île. Si l’on doit rajouter à cela le fait d’être une femme dans un monde d’hommes…

Selon vous, l’identité gastronomique d’une région a-t-elle encore un sens, alors qu’on voit de plus en plus de grandes enseignes prendre des parts de ce marché, et qu’elles proposent des produits “standardisés”? Plus encore maintenant. De nombreux jeunes chefs d’aujourd’hui dont je fais partie, ainsi que des amoureux de nos savoir-faire culinaires, défendent avec audace et créativité notre patrimoine gastronomique. Non sans mal! C’est aux Guadeloupéens de permettre à ces talents de s’exprimer et de faire rayonner la Guadeloupe dans le monde entier. Mais beaucoup avant moi l’ont fait. J’ai eu la chance de rencontrer des gardiens de notre culture du goût qui exercent à Monaco, en Thaïlande, aux USA, en Allemagne, aux Bahamas et bien sûr en Guadeloupe.

Comment peut-on distinguer (sans le goûter!) un bon chocolat? Existe-t-il des moyens par exemple, dans l’énoncé de sa composition, de déceler une meilleure qualité?Les meilleurs chocolats sont fabriqués par des chocolatiers, des artisans animés de passion, capables de transmettre des émotions à la

première mise en bouche. Les meilleurs chocolats sont aussi des chocolats qui racontent une histoire, qui ont une origine… Tout mon travail de chocolatier est de la révéler aux amateurs. Ils cherchent généralement à apprendre et à comprendre les flaveurs du chocolat, c’est comme l’œnologie: pour moi, un grand chocolat est comme un grand vin. J’organise donc des Master Class sur la dégustation du chocolat.

Voilà plusieurs siècles que le monde a “découvert” le chocolat, que sait-on aujourd’hui de ses vertus? Elles n’ont pas changé depuis. Un bon chocolat réconforte toujours autant, c’est un aliment riche en magnésium, un stimulant grâce à sa théobromine et l’allié des petits plaisirs. Les femmes lui adossent souvent le mauvais rôle à cause des chocolats industriels. Mais le bon chocolat, le chocolat artisanal et noir de surcroît est très bon pour la santé. J’en mange moi même environ 300g/jour (l’équivalent de 3 tablettes)!

Vous travaillez uniquement avec des productions locales, les produits que vous utilisez sont-ils issus d’une agriculture biologique? Je mets un point d’honneur à la mise en avant de nos produits locaux. Mais il m’arrive de mettre en avant d’autres produits, comme la fleur de cerisier ou de jasmin que j’ai proposé en boutique pour la fête des mères 2015. J’utilise aussi des produits certifiés bio : le bois d’Inde par exemple est le fruit d’une collaboration avec l’association le Mapou, située à Terre-de-Bas aux Saintes. Les amandes, raisins et gingembre présents sur mes mendiants (disques de chocolat sur lesquels les

“le chocolat artisanal et noir est très bon pour la santé.”

34

Page 35: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

GASTRONOMIE: LES GOûTS & LES COULEURS

NAOMI MARTINOFacebook: Naomi Martino Chocolatier

chocolatiers disposent divers condiments et/ou épices), sont aussi bio. Notre cacao n’est peut être pas certifié biologique, mais pousse sur des sols totalement naturels. Ce qui m’intéresse, c’est l’histoire d’un produit, son goût et comment retranscrire le plus fidèlement celui-ci.

Votre activité doit certainement connaître un pic lors des fêtes, comment vous y adaptez-vous? Les fêtes de fin d’année sont effectivement propices au chocolat. Mon équipe et moi préparons la période des mois à l’avance. Je travaille avec “dame nature”, donc pas de tricherie possible! Je suis confrontée quotidiennement aux difficultés de la recherche et de la récolte des cabosses, ainsi que de ma torréfaction. J’ai compris très tôt que nous devions avoir une

gestion particulière de notre ressource qu’est le cacao. Ce qui suppose que je dispose d’un stock précis chaque année. Je choisis et prépare mes fèves à l’avance afin d’être sûre de présenter de l’hyper qualité à mes clients. Je ne propose que des “crus de prestige”, ce qui implique une quantité maîtrisée. J’insiste là-dessus, car ce qui pourrait être perçu comme une faiblesse, si mon entreprise était dans une stratégie de volume, se révèle être un atout dans notre stratégie de luxe. Chez moi, si c’est 500 kg, c’est 500 kg et c’est tout. Hors de question de rentrer dans une production de masse! Je propose à mes fidèles clients de passer commande, de réserver à l’avance, afin d’être sûrs d’avoir sur leur table d’excellents chocolats. Pour ma part, je commence le travail à 4h30 et n’ai pas d’heure de fin durant cette période.

35

Page 36: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

GRAND ANGLE

Page 37: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce métier?La gourmandise! La noblesse du produit a été un facteur très fort d’attraction du métier. Mais avant tout, je crois que les rencontres qui ont été faites, les gens que nous avons côtoyés nous ont vraiment donné envie de faire ce métier passionnant.

Comment s’est créée l’entreprise familiale, et comment vous répartissez-vous les responsabilités?L’entreprise familiale s’est créée en décembre 2004 quand Thierry a eu envie de faire autre chose de sa carrière professionnelle et a invité Jimmy a partagé ce moment de folie. Aujourd’hui, les responsabilités se répartissent entre Jimmy qui a en charge la gestion de la production et les secrets de fabrication, et Thierry qui en tant que gérant s’occupe du développement commercial.

Quelles sont les vertus du chocolat?Les vertus du chocolat sont multiples et elles ont été développées en long et en large par de nombreux intervenants: anti stress, anti

dépresseur, anti oxydant, aphrodisiaque…Et bien d’autres vertus insoupçonnées. Pour certains, ce produit est abordé comme un médicament. Pour ma part, je reste très basique sur ce produit que j’assimile au pur plaisir. C’est bien pour cela que nous nous considérons Jimmy et moi comme les artisans du plaisir!

Qu’est-ce qui fait un bon chocolat? La transition est toute trouvée. Le bon chocolat est le produit qui sait donner le vrai plaisir, le produit équilibré avec les justes arômes: il peut être amer ou doux, intense ou frais, fruité ou floral, crémeux ou acidulé, cacaoté ou caramélisé, l’essentiel est qu’il demeure équilibré, voluptueux et surtout élégant. Et gardons à l’esprit que noir, lait ou blanc, le plaisir n’a pas de couleur.

La chocolaterie belge et suisse doit-elle sa renommée à des produits plutôt destinés au grand public et non à des connaisseurs? Les Belges et les Suisses ont fait un travail extraordinaire de promotion et de démocratisation du chocolat autant auprès du grand public que des professionnels connaisseurs. Toutefois, l’on peut dire aujourd’hui, que d’autres pays comme la France ou le Japon se sont appropriés le produit dans une dimension plus d’excellence et plus artistique.

Artisans du plaisir, les frères Lauzéa ont associé leurs réalisations à leur identité caribéenne. Créativité, innovation et exploration artistique les placent aujourd’hui parmi les grands noms du chocolat.

CHOCOLATIER

“Le bon chocolat est le produit qui sait donner un vrai plaisir... ”

FRÈRES LAUZEA

GASTRONOMIE: LES GOûTS & LES COULEURS

37

Page 38: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

Vous êtes classés parmi les meilleurs chocolatiers au monde. Qu’est-ce qui vous a mené vers cette excellence? Le travail et l’audace! Jimmy s’est beaucoup formé avec des Meilleurs Ouvriers de France et nous récoltons les fruits de ces formations, la persévérance de nos équipes de production et la créativité qui transparaît dans nos créations.

Quelle est votre spécialité?Je pense que le chocolat au Colombo est le produit le plus surprenant de la gamme. La transposition d’un produit destiné à la cuisine créole dans l’univers du chocolat ne laisse pas indifférent après avoir attisé la curiosité.

Vous exercez également l’activité de confiseur en confectionnant des pâtes de fruits (avec des fruits issus de la Caraïbe). Pourquoi cette diversification?Les pâtes de fruits ont toujours fait partie de notre gamme primaire. Au début, elle n’était composée que de six ou sept saveurs. Depuis l’élargissement de la gamme à quinze saveurs et à l’arrivée de saveurs “Cocktail Tropical”, les pâtes de fruits ont connu un réel engouement de la part des consommateurs, elles sont sorties de leur confidentialité.

Votre identité se définit par des éléments caribéens, vous considérez-vous comme des ambassadeurs de l’archipel?Nous sommes fiers de porter haut les couleurs de la Guadeloupe et de la Martinique, et plus généralement fiers d’être Caribéens. Nous réapproprier noblement une matière agricole et en faire un produit d’excellence est pour nous notre manière de montrer que nos régions ont un réel talent.

La présentation, l’aspect esthétique sont primordiaux dans la gastronomie pour attirer le consommateur. Est-ce dans ce domaine que se joue la concurrence entre les chocolatiers aujourd’hui?L’aspect esthétique n’est qu’un élément de fidélisation… En matière de gastronomie seul le goût compte et construit la clientèle.

Le chocolat que vous fabriquez est uniquement issu de plantations en Guadeloupe et Martinique?Nos produits cherchent à valoriser la production locale. Cette production locale qui est dans sa phase de relance est une production confidentielle qui apporte une autre signature dans l’univers du cacao international. On y retrouve des goûts de fruits jaunes et une grande fraîcheur digne des cacaos fins.

Bien que la culture du cacao soit rarement associée à l’esclavage aux Antilles, les conditions de production dans beaucoup de pays sont souvent dénoncées comme inhumaines. Vos produits pourrait-ils prétendre à l’appellation “commerce équitable”?Nous avons pris le parti chez Frères Lauzéa d’acheter le cacao cher par rapport aux cours mondiaux car nous sommes un pays riche, en opposition aux principaux pays producteurs qui

“Nous nous ouvrons de plus en plus au monde artistique, la culture nous apporte une dimension encore plus raffinée...”

GRAND ANGLE

38

Page 39: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

sont des pays émergents, et nos agriculteurs ont besoin de tirer un revenu plus décent de leur métier. Je ne pense pas alors que nous soyons en situation d’équité mais plutôt en situation d’équilibre au sein de la filière que nous défendons.

Vous avez ouvert plusieurs boutiques, en Martinique en Guadeloupe, on vous trouve aussi en épicerie fine à Paris. Le chocolat est-il un produit en vogue ou une valeur sure?Je crois que le chocolat est une valeur sûre aujourd’hui dans laquelle il faut investir…Plus qu’un phénomène de mode, une affaire de plaisir, on y revient!

Sur votre site Internet, vous proposez la livraison sur le monde entier. Comment gérez-vous cette logistique pour des produits fortement périssables et sensibles aux variations de température?Un vrai travail d’équilibriste. Tout d’abord, nous privilégions les expéditions express

dans les zones tempérées voire froides et nous évitons les expéditions pendant les saisons estivales. Ensuite, nous n’hésitons pas à expliquer à nos clients pourquoi nous ne pouvons pas expédier et finalement, sans frustration, chocolats ou pâtes de fruits, nos clients gèrent leur plaisir.

Vous avez travaillé avec l’artiste plasticienne guadeloupéenne Eliza Albert pour réaliser “le Mantou de Pâques”, pourquoi cette collaboration? Aujourd’hui, nous nous ouvrons de plus en plus au monde artistique, la culture nous apporte une dimension encore plus raffinée dans notre approche de créativité. L’expérience avec Eliza a été un grand moment pour nous: c’était une première avec en plus un produit patrimonial, le crabe. Pour 2015-2016, nous poursuivons cette collaboration audacieuse avec l’artiste peintre Jocelyn Akwaba Matignon pour d’autres réalisations.

FRÈRES LAUZEASite officiel: www.frereslauzea.com

GASTRONOMIE: LES GOûTS & LES COULEURS

39

Page 40: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

GRAND ANGLE

Page 41: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

L’entreprise a débuté son activité avec les glaces puis les pâtisseries, des produits qui à l’origine, n’étaient consommés qu’occasionnellement. Pourquoi ce choix?Tout commence en 1966, suite au décès du père de Claude Thiriet, ce dernier rejoint la boulangerie familiale. Grâce à ses études comptables puis sa formation à l’école Ferrandi comme boulanger, il était en mesure de gérer l’entreprise familiale. C’est pour cette raison que nous avons débuté par des produits sucrés et des glaces. Mais les surgelés de nos jours, c’est un secteur porteur qui offre aux consommateurs un large choix de produits de qualité avec une fraîcheur irréprochable. C’est ce qui nous a permis d’être élue deuxième enseigne préférée des Français en alimentaire et quatrième tous secteurs d’activités confondus (étude OC&C réalisée en 2014).

Vous proposez aujourd’hui une gamme étendue de plats cuisinés, par qui sont élaborées les recettes? En effet nous avons à ce jour plus de 1200 références en vente dont 450 produits qui sont fabriqués à Eloyes (88), dans les Vosges. Pour les autres produits, nous faisons appel à des fournisseurs spécialisés et rigoureusement sélectionnés pour répondre au cahier des charges

Thiriet. En général, ce sont des entreprises de taille moyenne disposant de processus de fabrication artisanaux ou semi industriel afin de préserver au mieux la qualité des produits et des recettes. C’est une équipe spécialisée, composée de chefs dont un meilleur ouvrier de France (MOF), d’ingénieurs et également d’une diététicienne qui élabore tous les produits que vous retrouvez chez nous. Parmi nos meilleures ventes par exemple, notre best-seller, la brioche, pour laquelle nous avons conservé la recette historique et adapté notre outil pour arriver à la qualité souhaitée.

Vous contentez-vous de suivre les modes ou essayez-vous aussi de changer les goûts en proposant des nouveautés?Notre objectif est de répondre à la demande, nous avons donc, parmi nos produits, tous les

Créée en 1966 par Claude Thiriet, l’enseigne a évolué avec les goûts des consommateurs et leur façon de cuisiner. Ses produits surgelés, de l’apéritif au dessert, sont aujourd’hui vendus à travers 180 magasins répartis en France métropolitaine, dans les DROM, les TOM et au Bénélux.

“Nous avons de vrais créatifs qui dessinent et pensent nos nouveautés comme le ferait un designer...”

AGROALIMENTAIRE

THIRIET

GASTRONOMIE: LES GOûTS & LES COULEURS

41

Page 42: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

basiques et indispensables aux consommateurs tels que des poissons bruts de qualité, de la viande ou encore des légumes, mais c’est en effet par l’innovation que nous maintenons l’intérêt de nos consommateurs et que nous aimons les surprendre. Nous innovons sur les parfums, de glaces par exemple avec le citron meringué, par la forme avec des macarons revisités qui seront en vente en début d’année prochaine, par l’alliance de saveurs et textures avec des apéritifs toujours surprenants. Nous avons de vrais créatifs qui dessinent et pensent nos nouveautés comme le ferait un designer ou tout simplement un passionné! Nous ne nous limitons donc pas à suivre les tendances, nous essayons même d’être précurseurs. C’est actuellement la mode des produits à base de pâte à chou et nous avions déjà sorti il y a quatre ou cinq ans des mini-éclairs au foie gras et chocolat.

La production est-elle entièrement mécanisée ou certaines tâches restent-elles artisanales?Je vous invite à aller sur notre site www.lescoulissesdelaqualité.com, où vous pourrez voir comment nos produits sont fabriqués. Vous constaterez que de nombreuses étapes sont encore manuelles afin d’assurer la qualité de la finition de nos produits.

Lorsque l’on est cuisinier ou chef chez Thiriet, a-t-on la même carrière que dans la restauration? Vous associez-vous avec de grands noms de la gastronomie?Il faut être tout aussi passionné, mais il y a ensuite un réel travail d’apprentissage car il

faut connaître les outils industriels, ce qui est faisable ou non, en terme de machinerie mais aussi en terme de conservation et de tenue du produit. Nous avons décidé de ne pas associer la marque Thiriet à de grand chef car elle est, d’après nous, déjà gage de qualité. Cependant, nous avons à ce jour un Meilleur Ouvrier de France qui est chez Thiriet depuis plus de huit ans, et un compagnon du devoir qui a rejoint notre équipe de développement récemment.

Vous disposez de magasins dans toute la France et même en outre-mer, constatez-vous des différences dans les achats entre régions? Oui, nous avons des magasins dans toute la France mais les différences, d’une région à l’autre, ne sont pas si marquées, car nous soutenons tous les mois plus de 100 produits via notre communication. De nos jours, la promotion est vraiment un levier payant. Cela nous permet donc de maintenir un intérêt certain sur l’ensemble de nos familles de produit.

L’emballage et la présentation comptent pour beaucoup dans vos magasins, car on ne voit pas vraiment ce qu’on achète en rayon... Les visuels sont-ils vraiment des clichés de vos produits ou des réalisations non contractuelles? Non, en aucun cas nous autorisons la parution d’un visuel de produit n’étant pas le nôtre. Afin d’être vrai et juste avec le consommateur, le marketing de l’offre, l’ingénieur produit et la qualité valident le produit afin de ne pas le duper. D’ailleurs, Monsieur Thiriet goûte encore chaque nouvelle recette afin de la valider, entouré de l’équipe marketing et qualité.

“Nous voyons que les Français sont de plus en plus attirés par la cuisine...”

GRAND ANGLE

42

Page 43: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

Votre activité est largement dépendante pour la production, la distribution et la conservation, de l’énergie. Comment cherchez-vous à réduire ces coûts? La société investit-elle dans les énergies renouvelables?Nous cherchons à réduire les coûts énergétiques dans tous les secteurs de nos activités sur la base d’analyses (audit énergétique, bilan Carbone). Par exemple, par le choix de véhicules pour la livraison à domicile consommant moins, la mise en place d’éclairages leds, l’optimisation de la production de froid…

La chaîne du froid est un impératif et un gage de qualité pour les surgelés, comment vous assurez-vous de son respect? La traçabilité des températures jusqu’au client nous assure une maitrise parfaite de la chaîne du froid. Nous réalisons également de nombreux contrôles aux différentes étapes (stockage, transport, livraison à domicile, magasins) pour garantir la conformité des températures.

Ces dernières années, on a pu constater une revalorisation des métiers de bouche ainsi qu’une plus grande médiatisation de la cuisine. Votre entreprise a-t-elle perçue des répercussions notables dans ses ventes? Oui, nous voyons que les Français sont de plus attirés par la cuisine et le fait que nous puissions leur apporter des solutions, soit toutes faites ou alors juste les ingrédients nécessaires à l’élaboration des recettes et un réel plus. D’autant que depuis peu, nous éditons chaque mois un consumer magazine dans lequel nous proposons des recettes selon des thématiques bien précises mais aussi de réels sujets de fond sur l’actualité. Avec l’arrivée du drive, service que nous offrons dans l’ensemble de nos magasins, il suffit de passer sa commande en ligne et de venir au jour et à l’heure de son choix en magasin pour récupérer ses produits. Les consommateurs de nos jours souhaitent tout rapidement et surtout avoir le choix, nous intégrons donc le changement des modes de consommation.

THIRIETSite officiel : www.thiriet.com

GASTRONOMIE: LES GOûTS & LES COULEURS

43

Page 44: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

GRAND ANGLE

Page 45: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

Quelles sont les valeurs qui vous définissent?L’ADN de Gault et Millau est la découverte des jeunes talents et notre sport favori d’aller dénicher les jeunes chefs dont personne ne parle. Dans l’édition du guide qui vient de sortir, nous répertorions 700 nouveautés dont la moitié ne figure dans aucun autre guide. Cela peut être un jeune chef qui s’est mis à son compte récemment, un restaurant quii existe depuis des années mais dont personne n’a jamais parlé. A Nevers par exemple, il y a un restaurant qui appartient à un monsieur de 80 ans, passionné de bons produits et qui fait son marché tous les matins, alors que sa femme est en cuisine. Ils font la meilleure crème chantilly de Nevers, et des desserts très gourmands. Pourtant, il ne figure dans aucun guide. Je demande à mes enquêteurs de toujours faire 100 mètres de plus que leur rayon d’action habituel et cela nous a permis de découvrir des restaurants dont nous n’avions jamais poussé la porte en dégustation anonyme. Nous avons un très grand respect pour les chefs, nous sommes conscients du fait que leur vie est très difficile. Ils rentrent à 14 ans en cuisine, vont se former dans l’exigence, et une fois qu’ils pourront prétendre à ouvrir leur restaurant, vont être confrontés à la difficulté du financement. Il faut alors passer passer de chef de cuisine à chef d’entreprise et être capable de gérer les ressources humaines, la communication,

d’être un bon gestionnaire, un bon directeur des achats, et toujours un bon cuisinier. Tout cela fait que nous avons d’abord du respect pour eux et que notre envie est de promouvoir ceux que nous aimons. Nous ne sommes pas là pour mettre de mauvaises notes mais plutôt des bonnes notes à ceux que nous préférons.

Quelles sont vos méthodes de dégustation?Nous disposons de vingt enquêteurs anonymes. La spécificité de Gault & Millau est que ce ne sont pas des inspecteurs salariés, contrairement à nos confrères. Ce sont des personnes lambda, nous avons un chauffeur de bus, un professeur à la Fac, un jeune retraité, un directeur commercial, un chef d’entreprise, un médecin, un avocat... Ces personnes font des enquêtes mystères en tant que clients mystères. C’est très important d’avoir des gens de la vie courante et non pas des professionnels, parce qu’ils n’ont pas le goût déformé, ce sont juste de grands amateurs qui répondent à l’éthique Gault et

Directeur du célèbre guide gastronomique, Côme de Chérisey démystifie les méthodes d’évaluation et de classement des meilleurs tables.

GAULT & MILLAU

“Le bon est une chaîne qui démarre au potager, dans les champs, dans les élevages...”

CÖME DE CHÉRISEY

GASTRONOMIE: LES GOûTS & LES COULEURS

45

Page 46: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

GRAND ANGLE

Millau et qui utilisent une grille d’évaluation (la même dans les 12 pays où nous sommes présents), ce qui permet d’objectiver la démarche. Il y a 25 critères qui sont évalués: l’accueil, la qualité du menu, sa cohérence, le service, le cadre etc... C’est la combinaison de tout cela qui nous permet de donner une note sur 20.

Les nutritionnistes conseillent de manger équilibré, en tenez-vous compte dans vos critères?C’est un critère absolument déterminant. Nous avons comme conviction que le bon est une chaîne qui démarre au potager, dans les champs, les élevages, et qu’il n’y a pas de bonne table si il n’y a pas de bons produits. A tel point que nous avons lancé au Ministère des Affaires étrangères le 8 juillet dernier une application qui s’appelle Artisan gourmand, qui référence 3000 métiers de bouche d’excellence. Notre combat est presque militant sur ce que j’appelle la qualité pour tous. Comment les Français peuvent-ils bien manger? Cela commence par de bons produits, ensuite une bonne distribution et enfin une bonne transformation. La formation aux métiers de la bouche en France est-elle à la hauteur de sa renommée? Vous-même, comment y participez-vous? Nous y participons dans nos évaluations. Dans chacun de nos guides (métiers de

bouche, de table et des vins), nous mettons en avant les 5% meilleurs. Nous encourageons l’excellence, pas uniquement au niveau de la très haute gastronomie ou des très grand vins, cela serait réducteur. Je suis attaché à ce que dans les tables que nous présentons au public, il y en ait à 15 ou 20 euros, avec des vins à 3 ou 4 euros; à ce qu’il y ait des charcutiers, des boulangers qui proposent de bons produits pour le quotidien. Et pour cela les chefs sont un relais d’excellence, car ils sont les ambassadeurs du goût.

Selon vous, d’où vient la revalorisation des métiers de bouche?Jamais il n’y a eu autant d’articles, d’émissions sur les métiers de bouche. Le bon charcutier, le bon boucher aujourd’hui sont très importants pour les Français. Parce que nous savons que la qualité dans nos assiettes est un gage de la santé, de l’avenir de nos enfants. De la fourche à la fourchette, nous sommes donc attentifs à l’ensemble de la filière.

Comment avez-vous acquis cette rapide notoriété (depuis 1973, soit une quarantaine d’années)?En 1973, Gault & Millau s’est lancé dans une action d’éclat qui était les “dix commandements” de la nouvelle cuisine. Celle-ci étant une cuisine légère, avec une cuisson maîtrisée, des produits frais du marché, c’est comme cela que Gault & Millau a débuté. Un nombre incroyable de jeunes chefs ont été découverts et lancés par Gault et Millau. Nous avons créé il y a trois ans la dotation Gault & Millau, c’est une bourse matérielle et financière pour des chefs débutants qui veulent se mettre à leur compte. Nous avons déjà aidé 36 chefs. Cela montre bien notre spécificité qui est de découvrir les talents et de les accompagner.

“Plus il y a de personnes qui donnent leur avis, plus grande est la divergence. ”

46

Page 47: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

GAULT & MILLAUSite officiel: www.gaultmillau.fr

GASTRONOMIE: LES GOûTS & LES COULEURS

Comment se porte la gastronomie française? Elle est aujourd’hui classée seulement au septième rang des destinations culinaires dans le monde…L’économie de la restauration en France est à la fois extrêmement dynamique et en grande souffrance. Il y a tout une catégorie de restaurants semi-gastronomiques qui ont beaucoup de mal à s’en sortir. Aux deux extrémités, les petits établissements du type Fast-Food se portent très bien et les grands gastronomiques également. Ce qui marche aujourd’hui, ce sont les nouveaux concepts comme être proche du consommateur. Au niveau mondial, la France a laissé sa place de leader dans le classement 50 Best Destination qui a dévalorisé la cuisine française. Alors que la cuisine française est la plus puissante dans le monde, nous avons un vivier qui est plus important que dans n’importe quel autre pays, la plus grande variété de produits également. La méthodologie utilisée pour ce classement est extrêmement contestable et n’avantage

que ceux qui l’appliquent au détriment des talents.

Vous intéressez-vous à d’autres cuisines que la gastronomie française?Sur notre site, vous pouvez voir que nous avons des restaurants italiens, chinois, coréens. Toutes les gastronomies présentes en France sont représentées dans le guide, nous faisons preuve d’une véritable ouverture d’esprit.

Qu’est-ce qui pour vous définit un bon repas? Il n’y a rien de plus compliqué que de noter le goût. C’est plus simple de noter un hôtel, la chambre est calme ou ne l’’est pas, la salle de bain est propre ou non... Mais plus il y a de personnes qui donnent leur avis, plus grande est la divergence. Ce n’est pas pour rien que notre cuisinier de l’année 2014 arrive à la soixantième place sur Tripadvisor. Aujourd’hui, il y a beaucoup de gens qui savent déguster et qui partagent leurs émotions, mais les goûts et les couleurs...

47

Page 48: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

STEEKSon talent s’exprime aussi bien sur les murs, que sur la toile ou les corps. Steek enrichit l’univers du Street art et dévoile ses dernières créations à la Galerie T&T jusqu’au 11 décembre.

propos recueillis par Ceebee

Tu te définis comme un autodidacte, c’est en regardant les murs et les graffeurs en action que tu as appris toi-même?La rue est la plus belle et grande galerie au monde, c’est effectivement en voyant les graffitis sur les murs que j’ai eu envie d’essayer. Puis, le temps faisant bien les choses j’ai appris des graffeurs “old school” Guadeloupéens (Warner, Dougy, Basik, Clek, D-Tone, Xela, Locks, Tek…)

et internationaux (Noé Two, Mist, Done, Ceet, Keag, Marko 93, Pest) avec lesquels j’ai eu la chance de peindre mais aussi et surtout, des membres de mon crew qui m’ont transmis les codes et la technique. Je n’ai pas pris de cours “institutionnels”, j’ai appris dans la rue grâce à tout ce beau monde mais aussi de mes erreurs. Donc oui, je me définis comme un artiste autodidacte.

A LA LOUPE!

48

Page 49: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

CULTURE

STEEK www.steekoner.com

Tu es également bodypainter, un art très éphémère... Cela demande un contact particulier avec ton “sujet”, comment choisis-tu ces personnes? Le bodypainting est un art encore plus éphémère que le graffiti mais demande une plus grande préparation que ce dernier. L’artiste ne se retrouve pas juste face à un support qu’il doit peindre mais avant tout face à un être humain. Il doit trouver les bons mots, pour expliquer sa démarche, le déroulement de la séance, en montrant ce qui va être fait, en faisant signer un contrat en bonne et due forme, toujours dans le but de mettre le modèle à l’aise, mais aussi pour créer une véritable connexion avec les acteurs de la séance. Le choix du ou des modèles se fait en fonction de ce que l’on souhaite avoir comme résultat final, de ce fait les caractéristiques du corps deviennent des critères (cheveux, couleur de peau, taille, genre etc).

Tu t’es classé à la quatrième place lors des championnats du monde de bodypainting en 2014, sur quels critères se déroule cette compétition? Quelles motivations pousse un artiste à y participer?Mon objectif est de pouvoir un jour ramener un trophée en Guadeloupe, j’y étais presque l’an dernier avec cette 4ème place, et cette année, j’étais premier au classement des qualifications mais hors du podium après la finale. Les critères sont le traitement du thème, la vue d’ensemble et la qualité technique,

généralement jugés par huit jurés venus du monde entier. La compétition se déroule sur deux jours et les thèmes sont donnés des mois à l’avance afin d’être prêt le jour J. Ils viennent de sortir pour 2016: Propaganda – Control of the public mind et pour la finale : Metamorphosis – the art of transformation.

Tu passes beaucoup de temps à Montréal, en quoi la culture du “Street art” est-elle différente là-bas?A Montréal, le Street art fait partie de l’économie du pays, ce qui n’est pas encore le cas chez nous. En Guadeloupe, le Street art ou le graffiti sont encore beaucoup associés à l’art décoratif (rivière, coucher de soleil, papillons etc), ce que je respecte mais qui ne représente pas à mes yeux le Street art. Le problème vient aussi du fait que l’art n’est pas encore vu comme autre chose qu’un hobby. Des gens me demandent encore quel est mon vrai métier! A Montréal par exemple, tout commence toujours à l’heure: les artistes, les organisateurs, les sponsors, les institutions et le public sont prêts à temps. Cela peut sembler anodin, mais cela engendre automatiquement du respect des uns vis-à-vis des autres, et qui dit respect dit considération. L’art y est considéré comme respectable et peut beaucoup plus facilement faire partie intégrante de la vie du pays.

“... l’art n’est pas encore vu comme autre chose qu’un hobby.”

49

Page 50: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

APNÉEAncienne gymnaste, Sophie Jacquin a découvert l’apnée dans les eaux turquoises de la mer des Caraïbes. Elle est devenue le mois dernier vice-championne du monde en profondeur.

propos recueillis par 3D - 4.0

Comment as-tu découvert l’apnée? Qu’est-ce qui t’a plu dans ce sport?J’ai longtemps pratiqué la gymnastique. En arrivant à Basse-Terre en 2007, j’ai cherché s’il y avait un club, mais mes recherches sont restées vaines. J’allais régulièrement au phare de Vieux Fort pour faire des pirouettes aériennes et aquatiques et plonger dans le bleu profond de la mer des Caraïbes. J’avais 29 ans en 2009 quand

on m’a proposé de rejoindre le club d’apnée qui se montait au CNRBT. Les rencontres faites au phare lors de plongées loisirs en snorkeling sont à l’origine de toutes mes performances de ces dernières années. Ce qui m’a plu dans ce sport, c’est avant tout ce mélange de relâchement et de détermination qu’il requiert. Et contrairement à la gymnastique, sous l’eau, on ne pèse rien, le corps est libre d’aller dans les trois dimensions.

A LA LOUPE!

50

Page 51: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

LOISIRS

SOPHIE JACQUINFacebook officiel: Sophie Jacquin

C.N.R.B.T. Tel: 05.90.81.30.38

Tu pratiques l’apnée dynamique (palme et mono palme) et statique: dans laquelle des deux te sens-tu le plus à l’aise? J’ai commencé en 2009 par les épreuves en piscine et ce jusqu’en 2012 où je me suis orientée vers les épreuves en mer. En piscine, j’ai obtenu le record du monde CMAS en 2011 avec un temps de 6’38 mais ce n’est étrangement pas la discipline qui m’attire le plus. Les épreuves de dynamique palme et sans palme sont toutes deux très intéressantes en terme de glisse subaquatique. Aujourd’hui, que ce soit en mer ou en piscine, je réussi davantage à percer sur les épreuves sans palme. Je suis vice-championne du monde CMAS en profondeur depuis le mois dernier, et détentrice des deux records de France en piscine et en mer. Le sans palme peut être considéré comme la discipline la plus pure dans la mesure où l’apnéiste ne compte que sur sa force sans user “d’artifice”.

L’apnée en immersion libre et l’apnée No Limit (celle par laquelle les plus grandes profondeurs sont atteintes), exigent des normes de sécurité pour les pratiquants. D’ou viennent les financements pour assurer cette logistique humaine?Il est tout à fait juste de souligner que les épreuves qui se déroulent en mer nécessitent une logistique de précision, que ce soit au niveau matériel ou au niveau humain. Lors de mes entraînements, j’ai besoin d’être accompagnée par au moins cinq apnéistes pour une descente à plus de 50 mètres. Pour le matériel, le CNRBT met à disposition des apnéistes un bateau équipé d’une potence à l’avant sur laquelle nous installons le câble le long duquel

nous descendons; nous disposons également d’un bloc d’oxygénothérapie en cas de besoin. Les financements viennent soit de sponsors privés, soit de la FFESSM, soit du club lui même. Et parfois nous en sommes de notre poche pour l’essence du bateau par exemple.

Est-ce que l’apnée est considérée comme un sport extrême?Considérée comme telle oui, parfois, mais est-ce la réalité? Le grand public a soit l’image d’apnéistes prêts à tout pour battre le record des autres, descendre au plus profond à tout prix, soit l’image de yogis ascètes qui vivent de privation, or c’est loin d’être mon cas. La plupart d’entre nous évoluons avec beaucoup de sagesse, d’humilité, de respect de soi-même et des autres tout en gardant à l’esprit que nous ne sommes pas des “meriens” et que les terriens que nous sommes ont besoin aussi de vivre normalement. Bien que l’apnée puisse procurer des sensations inouïes lors d’une descente, je ne considère pas pratiquer un sport extrême. Marginal, peut-être, mais pas extrême, tout est mesuré.

Tes prochains objectifs?Le mois à venir sera consacré à la récupération, tout en retrouvant les copains dans la piscine de Rivière des Pères. Après, j’aviserai selon le calendrier qui sera proposé. Mais j’ai déjà eu confirmation de la tenue de la Caribbean Cup au Honduras au mois de mai 2016. J’avais pris beaucoup de plaisir à cette compétition en 2014. Je vais donc reprendre les chemins de la profondeur dès que possible!

“Je ne considère pas pratiquer un sport extrême...”

51

Page 52: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

CUR’CARAÏBESRéalisés à partir de ressources locales, les produits de Cur’Caraïbes s’exportent vers l’hexagone où ils remportent un franc succès. A base de curcuma ou de gingembre, ces sirops offrent de multiples utilisations.

propos recueillis par Ceebee

Vous vous êtes lancés dans la production de sirops à base d’épices, comment vous est venue cette idée? L’idée vient de mes parents qui fabriquent le sirop de curcuma et de gingembre en Guadeloupe depuis 2012 sous la marque Karupodha. Nous avons commencé à distribuer les produits sous la marque Cur’Caraibes en 2013 essentiellement

dans l’hexagone. Le sirop de gingembre existait déjà. Le curcuma est un ingrédient important dans l’alimentation indienne. Ma grand-mère en avait sur la propriété familiale. Pourquoi ne pas utiliser ce que la nature nous offre généreusement? C’est une recette familiale, la production est 100% locale et totalement artisanale. De la récolte à la mise en bouteille, tout est fait main.

A LA LOUPE!

52

Page 53: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

SOCIÉTÉ

CUR’CARAÏBES/KARUPODHASite officiel : www.karupodha.com

Vous mettez en avant les qualités de ces sirops pour la santé, comment évaluez-vous leurs bienfaits auprès des consommateurs? Nous savons la réputation que possède le curcuma pour la santé. Nous ne le vendons pas comme un médicament, parce que la législation au niveau des allégations thérapeutiques est stricte sur le sujet. Nous considérons simplement que nous proposons une façon différente et simple de consommer le curcuma et le gingembre. Nos clients nous sont fidèles depuis le lancement. C’est la preuve que ces produits s’utilisent au quotidien et peuvent satisfaire tous les membres de la famille quelle que soit leur motivation (cuisine, bien-être, cocktails...)

Quelles en sont les principales utilisation en cuisine?Le principe est simple: vous marinez toutes viandes et poissons avec un jus de citron et nos sirops. Il faut en mettre très peu car ils sont concentrés. Nous avons des exemples de recettes sur notre site. Je pense à des crevettes au Wok avec le sirop de gingembre, à du poisson grillé avec le sirop de curcuma-gingembre ou simplement du poulet avec le sirop de curcuma. L’avantage, c’est que les sirops caramélisent légèrement les viandes et les poissons et font une sauce agréablement sucrée. Vous pouvez aussi en mettre dans une vinaigrette ou simplement pour sucrer un yaourt, un thé, un café…

A quels types de clients proposez-vous vos produits? Nous avons choisi de distribuer nos produits dans des lieux où la dégustation est possible. Depuis peu, nous distribuons dans une des rares “épicerie fine” en Guadeloupe à Destreland. Vous pouvez aussi retrouver nos produits en distillerie parce qu’avec le rhum, c’est aussi très sympa!

Vous avez remporté un prix lors du Concours d’Epicerie fine, y a-t-il un engouement du public pour les produits d’outre-mer ou simplement pour des produits plus naturels?Nos produits ont reçu dès leur première année le 1er prix santé et bien-être de Guadeloupe. La société Cur’caraibes qui distribue dans l’hexagone a participé au concours national des produits d’Epicerie fine, et les sirops de curcuma et de gingembre ont été élus meilleurs produits dans la catégorie boissons non alcoolisées. Le curcuma a bonne presse, tous les magazines de santé en parlent. Mais ils ne parlent que des utilisations possibles de la poudre puisqu’il n’existe presque que comme cela. Nos produits sont vendus dans l’hexagone dans des épiceries fines et salons de thé comme des produits haut de gamme. Nous sommes d’autant plus fiers de montrer qu’en Guadeloupe, nous ne faisons pas “que” de la banane, du rhum et “parfois” du sucre. Nous savons faire d’autres choses très bien.

“ Le curcuma a bonne presse, tous les magazines de santé en parlent.”

53

Page 54: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

STAR WARS vII LE RÉvEIL DE LA FORCERéalisateur: J.J. AbramsAvec: Daisy Ridley, John Boyega, Oscar IsaacGenre: Aventure / Fantastique Date de sortie: 16 décembre 2015

En réalisant Chi-Raq (contraction de Chicago et Irak, le nombre d’homicides à Chicago dépassant actuellement le nombre de soldats des Forces spéciales américaines tués en Iraq), Spike Lee a voulu filmé une autre guerre, celle qui se joue sur le territoire américain et dont la majorité des victimes appartient à la communauté afro-américaine. Ce long-métrage consacré à la violence qui ravage la ville de Chicago relance la polémique sur la circulation des armes à feu aux Etats-Unis. Note: ••••••

CHI-RAQRéalisateur: Spike LeeAvec: Nick Cannon, Teyonah Parris, Anya Engel-Adams, Wesley Snipes, Samuel L. JacksonGenre: DrameDate de sortie: 4 décembre 2015

CINEMA

Le Réveil de la Force sera le premier film de la troisième trilogie Star Wars planifiée et annoncée après l’acquisition de Lucasfilm par The Walt Disney Company en octobre 2012. Le film est la suite de l’épisode VI, Le Retour du Jedi, et se concentre sur une nouvelle génération de héros. Plus de 30 ans après la bataille d’Endor, les membres de l’Alliance rebelle, devenus la “Résistance”, combattent les vestiges de l’Empire réunis sous la bannière du “Premier Ordre”. Note : ••••••

54

Page 55: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

AU COEUR DE L’OCÉAN

WWW.LOUPE-MAGAZINE.FR

Récit intégral de la catastrophe qui a inspiré l’auteur de Moby Dick, le film retrace le combat mené par l’équipage d’un baleinier, attaqué par une créature aux dimensions hors normes, durant l’hiver 1820. Il dépeint les conséquences humaines et morales de cet affrontement. Note: ••••••

Réalisateur: Ron HowardAvec: Chris Hemsworth, Benjamin Walker, Cillian MurphyGenre: Action / DrameDate de sortie: 9 décembre 2015

EL ABRAZO DE LA SERPIENTE

L’étreinte du serpent s’inspire des carnets de voyage d’un éthnologue allemand et d’un biologiste américain, les deux premiers occidentaux à avoir exploré le Nord-Ouest de l’Amazonie pour étudier les savoirs des populations autochtones. Un film aux décors fascinants. Note: ••••••

Réalisateur: Ciro GuerraAvec: Jan Bijvoet, Brionne Davis, Nilbio TorresGenre: AventureDate de sortie: 23 décembre 2015

007 SPECTRE / HUNGER GAMES: LA RÉvOLTE - PARTIE II

Page 56: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

THE MAN IN THE HIGH CASTLECrée par: Frank Spotnitz (2015)Avec: Luke Kleintank, Alexa Davalos, Rupert Evans Genre: Drame, Science fiction

Alors que l’Allemagne nazie et l’Empire du Japon ont remporté la seconde guerre mondiale et occupent les Etats-Unis, un groupe de résistants tente de faire passer un film secret créé par le “Maître du Haut Château”. Adaptée d’un roman de Philip K. Dick publié en 1962 en pleine guerre froide et produite par Ridley Scott, cette série uchronique nous plonge dans un univers très esthétique que l’on pourra découvrir à partir du 20 novembre. Note: ••••••

Inspiré par un roman chinois du XVI° siècle, Into the Badlands se déroule dans un futur indéterminé, post-apocalyptique. Les Etats-Unis sont devenus une société féodale divisée en sept zones, dirigées par des barons tout-puissants, qui font régner l’ordre grâce à des milices surentrainées aux arts martiaux. Un guerrier et un jeune garçon font équipe dans une quête spirituelle. Un cocktail détonnant qui mêle le Japon médiéval, le western et le Kung Fu, à suivre dès le 15 novembre. Note: ••••••

INTO THE BADLANDS

Crée par: Alfred Gough, Miles Millar (2015) Avec: Daniel Wu, Emily Beecham, Sarah Bolger Genre: Arts Martiaux, Action

SÉRIES

56

Page 57: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

FLESH & BONE

WWW.LOUPE-MAGAZINE.FR

Claire, une danseuse talentueuse au passé trouble, rejoint une prestigieuse compagnie de ballet à New York. Cette série limitée à une seule saison de huit épisodes rassemble de vrais danseurs dont l’héroïne, Sarah Hay, déjà apparue dans le film Black Swan. Note: ••••••

Crée par: Moira Walley (2015) Avec: Sarah Hay, Sascha Radetsky, Irina Dvorovenko Genre: Drame

WICKED CITY

Wicked City explore l’univers des tueurs en série à travers des crimes célèbres se déroulant à différents époques à los Angeles. La première saison nous plonge en 1982 sur le Sunset Strip. Une alliance entre détectives, journalistes et dealers se forme pour tenter de mettre fin à une vague de meurtres. Note: ••••••

Crée par: Steven Baigelman (2015) Avec: Jaime Ray Newman, Jeremy Sisto, Ed WestwickGenre: Drame, Policier, Thriller

BLOOD & OIL / MINORITY REPORT / JEKYLL & HYDE

C

M

J

CM

MJ

CJ

CMJ

N

GSFWI-120x80-oct2015-HD.pdf 1 29/10/2015 12:19

Page 58: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

JEUx vIDÉOS

Editeur: ActivisionCatégorie: Action / InfiltrationDate de sortie: Disponible

Le 6ème titre de la série Call of Duty vous amène cette fois en 2060, dans un monde de plus en plus avancé technologiquement. Un nouveau type de soldats, des “Black Ops”, voit le jour. Grâce à leurs armures et au système D.N.I. (Direct Neural Interface), leurs aptitudes sont considérables; ils peuvent se connecter à n’importe quel engin et ainsi en prendre le contrôle. Très réaliste, ce jeu de guerre est déconseillé pour les plus jeunes. Note: ••••••

RISE OF THE TOMB RAIDER / NEED FOR SPEEED 2015

StarCraft II est le jeu de stratégie en temps réel (RTS) qui possède une campagne des plus palpitantes. L’action de la série se déroule dans une zone de la Voie lactée appelée secteur Koprulu. Les Terrans, exilés de la Terre, sont gouvernés par un Etat appelé la Confédération, et dont l’autorité est contestée par plusieurs groupes de rebelles. Note : ••••••

STARCRAFT II: LEGACY OF THE vOID

Editeur: Blizzard EntertainmentCatégorie: StratégieDate de sortie: Disponible

CONSEILLÉ PAR:

CALL OF DUTY III: BLACK OPS

58

Page 59: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

LE PROCHAIN NUMÉRO EN JANvIER 2016

RETROUvEZ LES ANCIENS NUMÉROS SUR LE SITE

WWW.LOUPE-MAGAZINE.FR

LOUPE MAGAZINE

#1 #2 #3 #4

#5 #6

JAN

v. 2

016

#9

#7

Page 60: Loupe #8 Novembre / Décembre 2015

pub A5 TT JUN2015_LOUPE.indd 1 07/07/2015 11:27