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1 MAURRAS TOURNONS LA PAGE IL Y A MIEUX, BEAUCOUP MIEUX DIEU peut tout faire, mais Il ne peut ni Se tromper, ni nous tromper. JE SUIS LA VOIE, LA VERITE ET LA VIE. JEAN, XIV, 6. L’expérience m’a prouvé que convertir un maurrassien tenait du miracle. Il y a un phénomène difficile à comprendre (à mon avis, pas naturel) dans cette emprise des intelligences par le phénomène maurrassien. Seuls les habitués des Exercices dans une méditation profonde des Deux Étendards peuvent comprendre 1 . Je n’ai donc pas écrit ces lignes pour les maurrassiens, mais pour les jeunes générations, pour les mettre en garde contre celui qui, à mon avis, pollue les intelligences françaises depuis trop longtemps. Oui, il y a mieux, beaucoup mieux que Maurras. Pour comprendre Maurras, il faut l’étudier au niveau des principes, ne pas se perdre dans les détails : - bien voir et souligner ce qui est en jeu, - bien analyser la situation et les problèmes, - pour donner les seules vraies solutions efficaces. Si on est d’accord sur les principes, tout est possible. Sinon, on doit se poser des questions : - Pourquoi n’est-on pas d’accord sur ces principes ? - Y a-t-il donc d’autres principes ? - Quels sont ces autres principes ? Étudions-les et comparons. I. QUEL EST L’ENJEU ? Entrez par la porte étroite ; car la porte large et la voie spacieuse conduisent à la perdition, et nombreux sont ceux qui y passent ; car elle est étroite la porte et resserrée la voie qui conduit à la vie, et il en est PEU qui LA TROUVENT ! Matthieu, VII, 13-14. Pour chaque homme : une éternité de malheur ou une éternité de bonheur : LA DAMNATION OU LE CIEL. Le salut éternel ne peut s’obtenir que : 1. par la Foi catholique (et non par une foi œcuménique ou charismatique), et donc par tout ce qui est nécessaire à la vie de la Foi : l’enseignement, les sacrements donnés par la seule religion, la religion de la seule Eglise de DIEU, l’Eglise catholique ; 2. par la véritable charité (amour de DIEU plus que tout et du prochain, et non de l’humanité et de la nation) 2 ; 1 Nous ne répéterons jamais assez qu’il faut faire régulièrement les Exercices de saint Ignace (tous les ans minimum), car dans ce monde de fous qui nous agresse de partout, nous perdons vite les notions de bien et de mal, de vrai et de faux et donc nous risquons sans arrêt de perdre cette Foi qui procure la vie éternelle. Observons que chaque jour nous voyons nos proches, tentés par la tranquillité, se détourner du combat de la vérité. Malheureusement la conséquence est toujours la même : ils perdent la Foi en quelques années. Nous sommes dans l’Eglise Militante jusqu’à notre mort. 2 Si l'on parle de charité, on devrait rappeler auparavant, que cinq conditions s'imposent pour que la charité soit vraie : - 1. Être en état de grâce. - 2. Qu'elle soit mue par des motifs surnaturels. - 3. Qu'elle soit efficace : - a. en tant qu’elle se rapporte à DIEU, elle doit porter à accomplir Sa divine volonté ; - b. en tant qu'elle se rapporte aux hommes, elle doit nous porter à chercher le bien du prochain. - 4. Qu'elle soit ordonnée : - a. aimer DIEU par-dessus tout, et pas n'importe comment : Si quelqu'un M'aime, il garde d'abord Mes commandements ; - b. faire passer l'amour pour la patrie après l'amour pour l'Eglise ; - c. ne pas chercher le bien du prochain au détriment de notre propre bien spirituel ; - d. chercher d'abord le bien spirituel de l'âme de notre prochain et, après, le bien matériel de son corps.

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    MAURRAS TOURNONS LA PAGE IL Y A MIEUX, BEAUCOUP MIEUX DIEU peut tout faire, mais Il ne peut ni Se tromper, ni nous tromper. JE SUIS LA VOIE, LA VERITE ET LA VIE. JEAN, XIV, 6.

    Lexprience ma prouv que convertir un maurrassien tenait du miracle. Il y a un phnomne difficile

    comprendre ( mon avis, pas naturel) dans cette emprise des intelligences par le phnomne maurrassien. Seuls les habitus des Exercices dans une mditation profonde des Deux tendards peuvent comprendre1. Je nai donc pas crit ces lignes pour les maurrassiens, mais pour les jeunes gnrations, pour les mettre en garde contre celui qui, mon avis, pollue les intelligences franaises depuis trop longtemps. Oui, il y a mieux, beaucoup mieux que Maurras.

    Pour comprendre Maurras, il faut ltudier au niveau des principes, ne pas se perdre dans les dtails : - bien voir et souligner ce qui est en jeu, - bien analyser la situation et les problmes, - pour donner les seules vraies solutions efficaces. Si on est daccord sur les principes, tout est possible. Sinon, on doit se poser des questions : - Pourquoi nest-on pas daccord sur ces principes ? - Y a-t-il donc dautres principes ? - Quels sont ces autres principes ? tudions-les et comparons.

    I. QUEL EST LENJEU ?

    Entrez par la porte troite ; car la porte large et la voie spacieuse conduisent la perdition, et nombreux sont ceux qui y passent ;

    car elle est troite la porte et resserre la voie qui conduit la vie, et il en est PEU qui LA TROUVENT ! Matthieu, VII, 13-14.

    Pour chaque homme : une ternit de malheur ou une ternit de bonheur : LA DAMNATION OU LE CIEL. Le salut ternel ne peut sobtenir que : 1. par la Foi catholique (et non par une foi cumnique ou charismatique), et donc par tout ce qui est

    ncessaire la vie de la Foi : lenseignement, les sacrements donns par la seule religion, la religion de la seule Eglise de DIEU, lEglise catholique ;

    2. par la vritable charit (amour de DIEU plus que tout et du prochain, et non de lhumanit et de la nation)2 ; 1 Nous ne rpterons jamais assez quil faut faire rgulirement les Exercices de saint Ignace (tous les ans minimum), car dans ce monde de fous qui nous agresse de partout, nous perdons vite les notions de bien et de mal, de vrai et de faux et donc nous risquons sans arrt de perdre cette Foi qui procure la vie ternelle. Observons que chaque jour nous voyons nos proches, tents par la tranquillit, se dtourner du combat de la vrit. Malheureusement la consquence est toujours la mme : ils perdent la Foi en quelques annes. Nous sommes dans lEglise Militante jusqu notre mort. 2 Si l'on parle de charit, on devrait rappeler auparavant, que cinq conditions s'imposent pour que la charit soit vraie : - 1. tre en tat de grce. - 2. Qu'elle soit mue par des motifs surnaturels. - 3. Qu'elle soit efficace :

    - a. en tant quelle se rapporte DIEU, elle doit porter accomplir Sa divine volont ; - b. en tant qu'elle se rapporte aux hommes, elle doit nous porter chercher le bien du prochain.

    - 4. Qu'elle soit ordonne : - a. aimer DIEU par-dessus tout, et pas n'importe comment : Si quelqu'un M'aime, il garde d'abord Mes commandements ; - b. faire passer l'amour pour la patrie aprs l'amour pour l'Eglise ; - c. ne pas chercher le bien du prochain au dtriment de notre propre bien spirituel ; - d. chercher d'abord le bien spirituel de l'me de notre prochain et, aprs, le bien matriel de son corps.

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    3. par ltat de grce, et donc par le combat contre le pch, qui ne peut se faire que par une vie sacramentelle avec des sacrements non douteux ;

    4. par les uvres de misricorde temporelles et spirituelles ; 5. par lutilisation des talents donns chacun pour le service de la chrtient. Le tout de la vie, c'est la lutte contre les puissances infernales (Eph. VI, 10-17), et pour chacun, la lutte

    contre la triple concupiscence. Voil le vritable ennemi. Ceci est important rappeler pour deux raisons : a) parce que Maurras nen parle jamais et pour cause ; b) parce que nous aurons une autre approche des critres retenir pour le choix des lites. Pour la socit : 1. avant la Rvolution : faciliter par les lois, les rglements, ladministration, lducation, la vie sociale,

    familiale, etc., le salut du plus grand nombre1. 2. depuis la Rvolution : entraver par tous les moyens, surtout par la corruption intellectuelle et morale, ce

    salut, pour assurer la damnation du plus grand nombre. Le tout de la vie sociale est la lutte, l encore, contre les puissances infernales, mais dune autre manire que

    prcdemment, contre lerreur socialise : fausses religions, faux systmes politiques, fausses philosophies, faux ordres sociaux, fausses paix, fausses ducations, etc.

    Ceci est trs important rappeler pour deux raisons : a) parce que Maurras nen parle jamais et pour cause ; b) parce que nous aurons une approche trs diffrente et dans lanalyse des maux sociaux et dans les

    solutions. Tout cela est remarquablement enseign par Le Trait du Saint-Esprit de Mgr Gaume2. Cet ENJEU, cette fin, sont le souci primordial et constant du chrtien et de la socit chrtienne. Tout doit

    tre mis en place pour faciliter ce but ultime. - 5. Qu'elle se dploie dans la justice et la Vrit. Catchisme catholique par le cardinal Gasparri, Chabeuil 1959, p. 759 et sv. 1 Cardinal Pie : "Certes, cette socit eut ses vices, et les hommes encore demi barbares qui la composaient ne purent tre tous transforms jusqu' dpouiller leur premire nature. Mais ce qu'on peut affirmer, c'est que tout ce qu'il y eut de nobles sentiments et de grandes actions cette poque, et il y en eut beaucoup, fut le fruit des doctrines et des institutions, c'est que si le cur humain resta faible par ses penchants, la socit fut forte par sa constitution et ses croyances ; en un mot, c'est que le vice ne dcoula pas de la loi et que la vertu ne fut pas l'inconsquence et l'exception". (I, 66-67) Et encore : "Beaucoup de crimes, assurment, ont t commis alors comme aujourd'hui. L'humanit, depuis les jours de Can et Abel, a t et sera toujours divise en deux camps. Parfois mme les passions ont t plus violentes, plus nergiques en face des vertus plus fortes et de la saintet plus clatante. Mais personne de sens ne le niera : tout ce qui subsiste aujourd'hui encore de vraie civilisation, de vraie libert, de vraie galit et fraternit a t le produit du christianisme europen ; l'affaiblissement du droit chrtien de l'Europe a t le signal de la dcadence et de l'instabilit des pouvoirs humains ; enfin ce que I'uvre d'ailleurs si ngative et si dsastreuse des rvolutions modernes pourra laisser de bon et de salutaire aprs elle, aura t la raction contre des excs et des abus que rprouvait le rgime chrtien". Le pass, malgr ses vices et ses misres, reste donc la belle poque pour l'Europe. Jsus-Christ tait alors reconnu et proclam Roi des peuples et des nations. Et le prsent ? "Le prsent, c'est Jsus-Christ chass de la socit, c'est la scularisation absolue des lois, de l'ducation, du rgime administratif, des relations internationales et de toute l'conomie sociale. (V, 172) tudiant la politique contemporaine, Mgr Pie constate qu'elle n'est qu'une vaste conspiration contre le droit chrtien. "Vers quel but, crivait-il le 27 dcembre 1862 au comte de Persigny, ministre de l'Intrieur, vers quel but le monde nouveau fait-il hautement profession de tendre, sinon vers une complte scularisation, ce qui veut dire, dans le langage actuel, vers la rupture absolue entre la socit "laque" et le principe chrtien ? L'indpendance des institutions humaines par rapport la doctrine rvle est prconise comme la grande conqute et le fait culminant de l're moderne. Et comme notre sicle est hardi tirer les consquences, voici que l'alliance du pouvoir civil et de l'orthodoxie est spculativement et pratiquement attaque dans son dernier reprsentant et dans sa suprme personnification qui est le roi Pontife. La dmolition radicale et raisonne de ce qui reste de la chrtient europenne : voil le fait et la thorie qui se dressent en face de nous". 2 Disponible aux ditions Saint-Rmi.

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    II. LA REVOLUTION. CE QUI A ETE DETRUIT.

    SANS MOI, VOUS NE POUVEZ RIEN FAIRE. JEAN, xv, 5. Toute la socit chrtienne est attaque dans toutes ses parties. Tout sera mis en place pour faire oublier,

    contrer lenjeu de la vie chrtienne et pour assurer la damnation du plus grand nombre. Soulignons les principaux renversements : 1. La place de DIEU dans la socit : de DIEU Premier servi Jsus-Christ hors-la-loi1 ; 2. Son LieuTenant, choisi par DIEU2, dcapit. Maurras ne le dit pas ; ou pas assez fort, comme un Mgr Gaume dans sa brochure primordiale sur La

    Rvolution, ou sa Somme sur le mme thme et avec ce mme titre, en 12 volumes3. 3. Les commandements de DIEU remplacs par les droits de l'Homme. Maurras le dit, mais ne dit pas que ces

    droits de l'Homme sont le vrai dcalogue de Satan ; 4. La substitution de la rpublique la monarchie, - du prtendu gouvernement du peuple au gouvernement du roi -, n'est pas qu'un changement de forme politique, mais la substitution dun systme politique dmoniaque au systme politique chrtien.

    5. Dune socit qui facilitait le salut du plus grand nombre, on est pass une socit qui assure la damnation du plus grand nombre.

    6. LEglise, ses traditions, ses clercs, ses fidles, son culte, combattus et perscuts ; mme les uvres de charit sont limines, il faut oublier tout ce que la civilisation chrtienne a apport pour aider le genre humain. Maurras en parle, mais pas comme en parle un vrai chrtien et pour cause.

    7. La place de lEglise dans la socit : elle devient soumise lEtat, accepte au mme titre que les fausses religions, comme le protestantisme ; Maurras nen parle pas, il accepte mme toutes les religions.

    8. La FORME de gouvernement, monarchie de droit divin, catholique, hrditaire, sacre, remplace par des formes varies (monarchie, empire, mais surtout rpublique) dont le gouvernant vritable est celui des socits occultes, non pas athe (sans rfrence lexistence de DIEU), mais vraiment anti Jsus-Christ.

    9. Le remplacement de tous les gouvernements monarchiques catholiques par les socits secrtes. 10. Les rapports entre gouvernant et gouverns : avant la Rvolution, personne ne fait de politique, chacun

    nassume que ses devoirs dtat ; aprs, on incite tous les gouverns choisir le gouvernant4 et sexciter longueur de temps sur une prise de pouvoir jamais ralise car irralisable ; Maurras aura le mme objectif.

    11. Les lites chrtiennes remplaces par les lites dargent. 12. Llment moteur de la socit chrtienne : la vertu, lhrdit, le service, lhonneur, le don, la charit

    remplacs par llment moteur de la socit rvolutionnaire : largent, et donc la force primant le droit. 13. La loi soumise au christianisme remplace par les lois des coteries parlementaires. 14. La justice rendue au nom de DIEU remplace par la justice rendue au nom de la loi. 15. La prtendue lacisation de la socit, thme cher la hirarchie conciliaire, mais mensonge car Qui nest

    pas avec Moi est contre Moi (Matt. XII, 30), mme et surtout dans la socit civile5. 16. La socit divise en parties diriges par des partis, luttant sans cesse les uns contre les autres,

    engendrant des haines, des inimitis irrversibles. Ce systme impose une ambiance de vie sociale totalement contraire la vie catholique. Maurras lui-mme entrera dans ce jeu, devenant le parti royaliste dans le rgime dmocratique.

    17. La cration dun pouvoir mdiatique incontournable et important (journaux, puis radio, et tl aujourdhui) pour cacher la vrit et imposer les idologies.

    18. Une pluralit ethnique et religieuse imposant une vie "bablienne" multiraciale et multireligieuse pour finir souvent lathisme ou au paganisme.

    1 "Lorsqu'on lit dans Le Moniteur le compte-rendu des sances consacres la fameuse Dclaration, sur 291 ecclsiastiques (dont 48 vques, 35 abbs ou chanoines), membres de l'Assemble nationale, aucun n'ait propos de remplacer la vague dnomination de l'tre Suprme par le nom clair de Jsus-Christ". (abb Joseph Lmann). Combien d'vques ont vot cette dclaration ? 2 Le miracle des crouelles est la preuve, aprs le sacre, que celui qui vient dtre oint est bien le choisi de DIEU. 3 Disponibles aux ditions Saint-Rmi. 4 Mensonge, car le gouvernant moderne apparent est toujours choisi par les socits secrtes. 5 Thme cher au Cardinal Pie.

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    19. Les socits secrtes partout, choisissant et tenant les 30 000 cadres dirigeant la France. Ce sont elles qui les testent et promeuvent ou bloquent les carrires.

    20. Le pouvoir financier dominant, et de beaucoup, le pouvoir politique. Cest lui le seul et vrai matre. La force prime le droit. Le profit avant tout. 21. Un environnement scolaire imposant par ses contraintes (collation des grades), programmes, rglements,

    un carcan si redoutable quil dforme vie les intelligences. 22. L'usurpation par lUniversit de la chaire de Vrit tenue par lEglise. 23. L'obligation du diplme et donc du moule universitaire pour toute situation de cadre. 24. La perscution jusqu la disparition de toutes les traditions historiques. 25. La corruption de la vraie noblesse par une fausse noblesse ou pis par la noblesse rvolutionnaire

    dEmpire. 26. Une fiscalit dlirante dtruisant tous les patrimoines et nous opprimant tous. 27. Depuis 200 ans : mensonges, jalousies, haines, luttes continuelles, guerres civiles ou trangres, etc.

    Depuis deux cents ans 6 000 000 de franais morts pour et par les guerres1, alors que dans les 1 000 ans prcdents on arrive difficilement 2 000 000 de morts pour les mmes raisons. Aucune paix possible, car la paix cest la tranquillit dans lordre, cest Notre-Seigneur Jsus-Christ2.

    - etc. Liste non exhaustive. Le meilleur rsum des buts de la Rvolution c'est ce passage de Mgr Gaume :

    "Si, arrachant le masque la Rvolution, vous lui demandez : Qui es-tu ? elle vous dira : "Je ne suis pas ce que l'on croit. Beaucoup parlent de moi, et bien peu me connaissent. Je ne suis ni le carbonarisme qui conspire dans l'ombre, ni l'meute qui gronde dans la rue, ni le changement de la monarchie en rpublique, ni la substitution d'une dynastie une autre, ni le trouble momentan de l'ordre public. Je ne suis ni les hurlements des Jacobins ni les fureurs de la Montagne, ni le combat des barricades ni le pillage, ni l'incendie ni la loi agraire, ni la guillotine ni les noyades. Je ne suis ni Marat ni Robespierre, ni Babeuf ni Mazzini, ni Kossuth. Ces hommes sont mes fils, ils ne sont pas moi. Ces choses sont mes uvres, elles ne sont pas moi. Ces hommes et ces choses sont des faits passagers, et moi je suis un tat permanent.

    "Je suis la HAINE de tout ordre religieux et social que l'homme n'a pas tabli et dans lequel il n'est

    pas roi et DIEU tout ensemble ; je suis la proclamation des droits de l'Homme contre les droits de DIEU ; je suis la philosophie de la REVOLTE, la politique de la REVOLTE, la religion de la REVOLTE ; je suis la ngation arme ; je suis la fondation de l'tat religieux et social sur la volont de l'homme au lieu de la volont de DIEU ! en un mot, je suis l'anarchie ; car JE SUIS DIEU DTRN ET L'HOMME A SA PLACE. Voil pourquoi je m'appelle REVOLUTION ; c'est--dire renversement, parce que je mets en haut ce qui, selon les lois ternelles, doit tre en bas, et en bas ce qui doit tre en haut".

    Mgr GAUME, p. 18-193

    LA RVOLUTION, RECHERCHES HISTORIQUES Le meilleur rsum de la solution est donn par le Cardinal Pie dans son entretien avec Napolon III : "Dans une entrevue mmorable, avec un courage apostolique, le Cardinal Pie donna l'empereur des

    Franais, Napolon III, une leon de droit chrtien. "C'tait en 1856, le 15 mars. A l'empereur, qui se flattait d'avoir fait pour la religion plus que la

    Restauration elle-mme, il rpondit : "Je m'empresse de rendre justice aux religieuses dispositions de votre Majest et je sais reconnatre, Sire,

    les services qu'elle a rendus Rome et l'glise, particulirement dans les premires annes de son gouvernement. Peut-tre la Restauration n'a-t-elle pas fait plus que vous ?

    "Mais laissez-moi ajouter que ni la Restauration ni vous, n'avez fait pour DIEU ce qu'il fallait faire, parce que ni l'un ni l'autre vous n'avez RELEVE SON TRONE, parce que ni l'un ni l'autre vous n'avez reni les principes de la Rvolution dont vous combattez cependant les consquences pratiques, parce que l'vangile social dont s'inspire l'tat est encore la dclaration des droits de l'Homme, laquelle n'est autre chose, Sire, que la ngation formelle des droits de DIEU. OR, C'EST LE DROIT DE DIEU DE COMMANDER AUX TATS COMME AUX INDIVIDUS. CE N'EST PAS POUR AUTRE CHOSE QUE NOTRE-SEIGNEUR EST VENU SUR LA

    1 Ce chiffre peut se calculer dans le Quid, mais a t donn l'auteur par le Service des Archives Militaires. 2 Son premier mot aprs Sa rsurrection : la paix soit avec vous ! cest Moi, ne craignez point. (Luc, XXIV, 36). 3 Ce matre livre est disponible aux ditions Saint-Rmi et mrite une tude attentive.

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    TERRE. IL DOIT Y REGNER EN INSPIRANT LES LOIS, EN SANCTIFIANT LES MURS, EN ECLAIRANT L'ENSEIGNEMENT, EN DIRIGEANT LES CONSEILS, EN REGLANT LES ACTIONS DES GOUVERNEMENTS COMME DES GOUVERNES. Partout o Jsus-Christ n'exerce pas ce rgne, il y a dsordre et dcadence. Or, j'ai le devoir de vous dire, qu'Il ne rgne pas parmi nous et que notre Constitution n'est pas, loin de l, celle d'un tat chrtien et catholique. Notre droit public tablit bien que la religion catholique est celle de la majorit des Franais, mais il ajoute que les autres cultes ont droit une gale protection. N'est-ce-pas proclamer quivalemment que la constitution protge pareillement la vrit et l'erreur ?

    "Eh bien ! Sire, savez- vous ce que Jsus-Christ rpond aux gouvernements qui se rendent coupables d'une telle contradiction ? Jsus-Christ, Roi du ciel et de la terre, leur rpond : Et Moi aussi, gouvernements qui vous succdez en vous renversant les uns les autres, Moi aussi Je vous accorde une gale protection. J'ai accord cette protection l'empereur votre oncle ; J'ai accord la mme protection aux Bourbons, la mme protection Louis-Philippe, la mme protection la Rpublique, et vous aussi la mme protection vous sera accorde.

    "L'empereur arrta l'vque : "Mais encore, croyez-vous que l'poque o nous vivons comporte cet tat de choses, et que le moment soit

    venu d'tablir ce rgne exclusivement religieux que vous me demandez ? Ne pensez-vous pas, Monseigneur, que ce serait dchaner toutes les mauvaises passions ?

    "Sire, quand de grands politiques comme votre Majest m'objectent que le moment n'est pas venu, je n'ai qu' m'incliner parce que je ne suis pas un grand politique. Mais je suis vque et comme vque je leur rponds : "Le moment n'est pas venu pour Jsus-Christ de rgner, eh bien ! alors le moment n'est pas venu pour les gouvernements de durer"1. Voil en deux textes le plan du combat contre la Rvolution, le vrai combat contre-rvolutionnaire. Tout y

    est dit. La rvolution, cest le triomphe de Satan, cest DIEU dtrn, cest Jsus-Christ hors-la-loi. La seule solution cest Jsus-Christ Roi de France. Vous ne trouverez pas ces deux analyses dans Maurras, et pour cause !

    III. POURQUOI CET EFFONDREMENT A LA REVOLUTION ? Ce peuple M'honore encore des lvres, mais son cur est loin de Moi. Math., XV, 8.

    "Comme l'aimant attire le fer, le pch attire le chtiment. Les nations n'allant pas en corps dans l'autre

    monde, c'est sur la terre qu'elles reoivent la rcompense de leurs vertus nationales, ou le chtiment de leurs crimes nationaux. Mais Dieu est patient, longtemps Il avertit, Il supplie, Il menace : avant de frapper Il attend que la mesure soit comble. Les grandes poques de l'Histoire nous montrent l'application invariable de cette double loi de misricorde et de justice"2.

    A chaque poque, Dieu veut que les autorits politiques et religieuses qu'Il a mises en place exercent leur pouvoir et qu'elles l'exercent sans retard lorsque la situation l'exige. Lorsque ces autorits civiles et religieuses n'appliquent pas les directives du Ciel, Dieu s'en charge alors Sa manire, toujours terrible. Deux exemples suffiront :

    - Au XVIme sicle, l'Eglise devait se rformer sur un certain nombre de points. La hirarchie n'ayant pas cout les avertissements, Dieu a lch l'hrsiarque Luther3. Le Concile de Trente remettra de l'ordre comme l'exigeait Notre-Seigneur.

    - Au XVIIIme et mme ds 1689, le Trs-Haut avait demand au Pouvoir civil de prendre des mesures draconiennes qui auraient barr la route la Contre-Eglise envahissante. Louis XIV et ses successeurs n'ont pas rpondu aux demandes du Ciel. Un sicle plus tard, la Rvolution clatait. Non, une Rvolution aussi gigantesque nest pas arrive par hasard, mais elle fut permise par une juste

    justice de DIEU. De nombreux lments en furent la cause. Lenjeu chrtien tout fix sur la vie ternelle est de plus en plus oubli pour tre second par rapport la vie terrestre. On sinstalle, on veut jouir de tout. DIEU et Sa religion gnent de plus en plus, sont moqus et combattus. 1 Cit dans La Royaut sociale de Notre-Seigneur Jsus-Christ d'aprs la Cardinal Pie, du Pre Thotime de Saint-Just, disponible aux ditions Saint-Rmi. 2 Le Testament de Pierre-le-Grand par Mgr Gaume. 3 Voir note 1 page 9.

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    La grande cassure se fait lors du combat de la Ligue1 entre les Guise et les Mdicis. Les premiers sont les champions de la cit chrtienne, de la socit chrtienne, avec pour Matre remarquable, le thologien Jean Boucher2. Les seconds sont les partisans de la civilisation de largent3. Henri IV qui se prparait se marier avec Gabrielle d'Estres, avait une dette envers les Mdicis de plus d'un million d'cus d'or. Marie de Mdicis avait une dot d'un million d'cus d'or4. Tout est dit !

    La Ligue avait pour seul but la dfense de la Royaut chrtienne ; son chec permettra le triomphe de la Monarchie. Conception tout autre du Pouvoir royal. Les lites (monarques, vques, aristocratie), vraies responsables, ont mrit par leurs pchs, leur corruption, le CHATIMENT colossal et grandissant que nous subissons. La Rvolution est laboutissement,

    la sanction de fautes antrieures5. Rappelons quelques-uns de ces pchs : prvarication6, trahison des chefs, affiliation aux socits secrtes, haine et moquerie de la religion,

    philosophisme, jouissance, voltairianisme, non surveillance des subordonns, mollesse des bons, non encouragement des meilleurs, impunit pour les mauvais, arrivisme, promotion dincapables, pchs d'orgueil, de luxure7, d'gosme, de tideur, de dsobissance, non reconnaissance et aveu de nos pchs, dplacement des responsabilits, manque de Foi, de pit, de respect des choses saintes, ignorance entretenue, paresse, naturalisme, libralisme, modernisme dj, attachement aux biens8, esprit du monde, pchs cachs, communions sacrilges, sorcellerie, magie, peu de sanctification des mes, etc, etc. 1 Un grand ami, descendant de Ligueurs, mcrit : La Ligue est une phase extrmement importante et rvlatrice de la mise en place du monde actuel ; ce combat tait centr lpoque sur la lutte entre deux familles, Guise contre Mdicis. Toutes les ambiguts fondamentales Roi/Monarque sy trouvent clairement par loccultation (clipse) habile et progressive de la cause finale (au sens de saint Thomas). Nous en sommes toujours l dans le dbat, et dailleurs la critique de Maurras devient imparablement claire ds que lon pose la question : Maurras, soit. Mais alors : POURQUOI FAIRE ? POUR QUELLE FINALIT ? les dOrlans ? Un monarque musulman ? Tout est dit. Cest cet ami, de grande noblesse par sa mre, et qui en a gard toutes les vertus de magnanimit et dardeur au combat, qui ma fait comprendre la trahison, et des Bourbons, et de la noblesse. Il me rpte souvent : Depuis Versailles et le grotesque Louis XIV, nos familles sont pourries. Il sait de quoi il parle. 2 Sur Jean Boucher et la Ligue lire aux ditions Saint-Rmi, l'ouvrage que vient d'crire Jol Morin, dveloppant dune faon remarquable les faits et les enjeux de cette poque capitale. Son titre : Jean Boucher, Thologien de la Ligue, du tyrannicide la croisade . 3 On na plus destime que pour les richesses ; on ne fait des efforts que pour les acqurir et jouir sans mesure des satisfactions matrielles quelles procurent. Les nations sont en dcadence depuis, et de jour en jour se sont formes la servitude. A la place des relations anciennes de la religion et de la foi qui les rapprochaient, il nexiste entre les peuples que les intrts du commerce et de lindustrie dvelopps et exagrs chaque anne davantage. Ces intrts se concentrent de plus en plus entre quelques mains. A notre poque, 350 personnes dtiennent 50% de la fortune mondiale. 4 Georges Mongrdien, Lonora Galiga, Un procs de sorcellerie sous Louis XIII, Hachette, 1968, p. 14. Pour comprendre les Mdicis, cf. Les premiers Mdicis et l'acadmie platonicienne de Florence La rsurgence d'Herms, de Daniel Beresniak, ditions Detrad, 1984. Sa conclusion est remarquable et se rsume en cette phrase : L'homme est une fin pour l'homme. 5 "La grande rupture a donc t la royaut dHenri IV, qui, bien qu'elle ait t loin de garantir une volution ncessaire vers un tat absolutiste, n'en a pas moins t initiatrice d'une nouvelle philosophie politique qui cesse de penser lEtat comme une institution prioritairement proccupe d'amener les hommes leur salut dans le "bien public", mais qui le conoit comme la dtermination divine d'une ralisation terrestre". Denis Crouzet, Les Guerriers de Dieu, Champ-vallon, 1990, t. II, p. 623. 6 Prvariquer : manquer, par intrt, paresse ou mauvaise foi, aux devoirs de sa charge. 7 Lire tout le chapitre sur Louis XIV (Versailles surtout) dans le livre de Matre Godbout, Lorgueil et la dchance de la vieille France et de la Nouvelle France, ditions Saint-Rmi, dont un extrait significatif est donn en annexe. Lire aussi dans Le P. Aubry et la rforme des tudes ecclsiastiques par Mgr Justin FVRE, disponible aux ditions Saint-Rmi, le tableau probant quil fait du XVIIme sicle. Que nos milieux ont de mconnaissances, de prjugs et derreurs ! Vous ne lirez pas cela dans Maurras, grand admirateur des Bourbons. 8 La France ne gardait plus gure que les normes extrieures de la religion ; n'aimant plus DIEU ni patiemment, ni raisonnablement, elle tait bien prs de ne plus L'aimer mme sensiblement. A la fin du XVIl sicle, on pouvait dj lui appliquer ces paroles : Ce peuple M'honore encore des lvres, mais son cur est loin de Moi Math., XV, 8. Et la louange sur ses lvres tait bien prs d'expirer. La conservation d'un royaume chrtien est fonction de l'intensit de LA VIE MONASTIQUE qui prie, fait pnitence et maintient l'tat de perfection dans ce royaume.

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    Les rois, sacrs pour faire la guerre1 aux ennemis du nom de chrtiens - et non pour parader devant une cour -, partir de Louis XIV, sont parfois prsents sur le champ de bataille, mais jamais plus en premire ligne. Ils font faire la guerre, n'importe quelle guerre. Ils n'ont plus le sens de la guerre et le respect des gens qui se font tuer pour eux. Ils n'ont plus de raison d'tre le chef.

    Mais n'oublions pas aussi le gallicanisme de lpiscopat2 : lvque juge les enseignements pontificaux ; lvque est infaillible, le Pape ne lest pas ! Inspirs par les parlementaires calvinistes, bientt les piscopats seront soumis linfaillibilit de lEtat. Signalons encore les maux irrversibles causs par les jansnistes, grands responsables de la Rvolution.

    Enfin, noublions pas les refus aux demandes du Sacr-Cur3 : paramtre primordial pour un chrtien, car seul le rgne du Sacr-Cur sera celui de la Misricorde, un dluge de Misricorde. LA GRANDE ANNEE N'EST PAS 1789 MAIS 16894. Maurras ne fait pas cette recherche des pchs. Il sait parler des responsabilits des ennemis publics ou cachs de la France, mais, agnostique,5 ne sait pas reconnatre les pchs qui ont mrit, par juste justice, la colre de DIEU.

    Il faut tudier, mditer La conjuration antichrtienne6 de Mgr Delassus, Somme de la contre-rvolution, comme lcrivait Jean Ousset dans le Pour quIl rgne7 ; lire aussi de Matre Godbout Lorgueil ou la dchance de la vielle France et de la nouvelle France2, o lauteur tudie les graves responsabilits des trois derniers Bourbons qui ont refus de donner DIEU la premire place pour favoriser les puissances dargent qui allaient tout dtruire. Or, voici une statistique difiante ce sujet. Du X au XVIII sicle, 1686 monastres furent construits en France, se rpartissant ainsi par sicle : X, 157 ; XI, 326 ; XII, 702 ; XIII, 287 ; XIV, 53 ; XV, 53 ; XVI, 15 ; XVII, 46 ; XVIII, 4. Par contre, combien de constructions de palais piscopaux et de chteaux ? 1 Remarquons qu'aucun Roi de France n'est mort sur le champ de bataille. Ils taient protgs par leur sacre. 2 "Aussi, lorsqu' l'avnement de Louis XVI, il fut question de la crmonie du sacre, on dlibra dans son Conseil si cette crmonie aurait lieu, tant elle tait regarde gnralement comme inutile et superflue, d'aprs les gallicans. Cependant on dcida pour l'affirmative, et Louis XVI fut sacr ; mais le prdicateur eut soin, pendant la crmonie, de prvenir les consquences frappantes qu'on en pouvait tirer en faveur de la royaut temporelle de Jsus-Christ, et de la dpendance de nos rois l'gard de cette royaut, en annonant hautement, en prsence du peuple tonn et conformment la doctrine gallicane, que cette crmonie n'tait point obligatoire pour le roi, ni essentielle sa charge". Pour quIl rgne, Jean Ousset, d. 1959, note 25, p. 272. Ne voit-on pas un maurrassien en 1996, Philippe Prvost, prconiser en conclusion de son livre La condamnation de lAction Franaise vue travers les archives des Affaires trangres, La Librairie Canadienne, p. 163. : de reconstruire, sur le plan politique sentend, une Eglise gallicane ! Il na jamais lu Crtineau-Joly ! 3 Voici ce quen pense labb Aubry : "Toujours est-il qu'au moment de l'histoire o je me place, la France est dans un tat de civilisation trs remarquable mais malheureusement plus superficiel que profond. Ce qui brille, c'est le bel esprit, ce sont les tudes mondaines, et, parmi les tudes sacerdotales, celles qui supposent moins le labeur intime de la pense et produisent moins de fruits pour l'avenir. Le travail civilisateur s'opre dans un sens laque, dans une direction qui n'a rien de commun avec l'vangile, mais qui va au contraire s'en cartant, comme le prouve la suite de l'histoire. C'est la faute de notre triste XVl sicle, auquel j'attribue l'impulsion antichrtienne donne aux choses de l'intelligence, pour aboutir aux malheurs modernes. La France est encore chrtienne dans sa vie prive ; mais, prcisment, pour dire comment elle est chrtienne, je suis oblig de dire qu'elle l'est dans sa vie prive, c'est--dire dans les individus, et non plus dans le corps social. La politique, les institutions, le gouvernement se scularisent, et vous savez ce qu'on entend par l. L'ide thologique n'est plus l'inspiratrice premire, la rgle souveraine de toute vie sociale ; elle disparat pour faire place l'intrt terrestre de la dynastie. LE CHRISTIANISME, RESPECTE, NE GOUVERNE PLUS ; dj vous le voyez dans un domaine circonscrit, comme une institution particulire, et une des diverses religions possibles ; il semble vident qu'alors la France, encore chrtienne - parce qu'une nation ne perd pas si vite la foi - est en travail de se refaire un ordre nouveau, non fond sur l'vangile, une civilisation paenne". 4 Mme un historien universitaire comme Pierre Goubert dans Louis XIV et vingt millions de Franais, est oblig de remarquer qu'entre 1680-1690 se fait une sorte de rupture : "un souffle nouveau balaie la tradition la date charnire est voisine de 1690. Ce n'est qu'aprs cette date, tandis que se trane, grincheux et triste, le "grand rgne", que commence vraiment "le grand sicle, je veux dire le XVIII" (Michelet), qui voulut tre celui de la libert" (p. 145). Sous-titre : L'Histoire sans frontires, collection dirige par Franois Furet et Denis Richet, Fayard, 1966. 5 Si le mot agnosticisme (doctrine selon laquelle le fond des choses est inconnaissable pour lesprit humain) est ancien, le mot agnostique (du grec agnstos, ignorant) a t cr par Henry Huxley en 1869 pour se dmarquer de Darwin. Un agnostique a nexiste pas. Cest une chimre. 6 Disponible aux ditions Saint-Rmi. 7 P. 134. Je n'ai jamais compris que la Cit Catholique, aprs un tel loge, ne l'ait jamais fait rditer. Cette omission est au moins curieuse !

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    A la diffrence de lcole antilibrale, Maurras prtend que la cause dcisive de la chute de 1789 fut intellectuelle et morale (Rflexions sur la Rvolution de 1789 par Charles Maurras, 1948, p. 27 et 28) : sens de lautorit endormi, dcadence intellectuelle, triomphe de lanarchie, philosophie gnrale absurde, anarchie mentale, etc Toutes ces rflexions et dautres pour tre vraies, nanalysent pas lessentiel. Maurras met en avant le dtail, il nen vient pas aux principes.

    Le Pre Ubald, dans Les Trois France, tire l'ultime consquence : "La Rvolution n'est pas autre chose que le satanisme moderne, c'est--dire le rtablissement du rgne de

    Satan parmi les hommes ; et nous ajoutons que si la Rvolution parvenait raliser son plan, on verrait les dmons adors de nouveau sur la terre : la France n'ayant plus rien de chrtien deviendrait satanique".

    IV. LES REPONSES DE MAURRAS ET DE LACTION FRANAISE. A. Quelques repres importants de la vie de Maurras. Comme dans chaque vie, il y a des tapes bien observer pour bien comprendre un homme. a) Maurras fut lev chrtiennement, trs chrtiennement. b) Comme tout chrtien, il subit lpreuve de la seconde conversion, la plus importante, celle du chemin de

    Damas, celle de la complte conversion. DIEU permit une dure preuve : la surdit. Malheureusement, au lieu de se soumettre, il se rvolta et, par voie de consquence, il apostasia. Ce ne sera pas la seule rvolte de sa vie. Quelle erreur de dire et rpter quil est devenu agnostique ! Un chrtien bien form qui abandonne et rejette sa foi est un apostat1.

    c) Montant Paris, il ambitionne une carrire littraire. Cest alors quil est marqu par les frquentations et les auteurs qui seront ses principaux Matres, quil ne reniera jamais et qui influenceront toute sa pense et son enseignement : Taine, Renan (!), Nietzsche (!), Stendhal, Proudhon, et surtout Auguste Comte, son repre philosophique et plus, son Matre dans laction2. Retenons quil professe la construction de la cit en dehors de DIEU. Cest lantithse du Omnia instaurare in Christo, si cher au Cardinal Pie et que saint Pie X prendra comme drapeau de son Pontificat3. Il rdigera alors ses fameux crits paens, crits quil ne reniera jamais non plus et quil fera rditer toute sa vie. Citons Le chemin de Paradis, Anthina, les scandaleux Contes libertins.

    d) Puis ce fut sa grande uvre : la cration dune cole de pense et daction centre sur la vie politique, sur une recherche de solution politique au malheur des temps issus de la Rvolution. Son combat contre Dreyfus lui avait ouvert les yeux sur la volont avoue par de nombreux ennemis d'anantir la France. Il redcouvrit alors les bienfaits de la monarchie. Malheureusement celle qu'il choisit nest pas la Royaut trs chrtienne, et son prtendant est un dOrlans4, successeur de lennemi de cette Royaut trs chrtienne ! Pour lui, la vraie monarchie ne commence qu'en 987 aux Captiens. Oublis, nos premiers rois et omis, le pacte si cher entre saint Remy et Clovis ! Mais surtout, son analyse de la Rvolution, trop insuffisante, ne permet pas de tirer une bonne conclusion et de proposer une bonne solution.

    1 Une fois encore cette apostasie est due ltude frelate des auteurs grecs et latins et donne raison la thse que Mgr Gaume dfend dans Le Ver Rongeur, Ed. Saint-Rmi. A lire. 2 A la fin de sa vie, la fin, il apportera des nuances sur ces choix (dans Le Bienheureux Pie X), mais dans toute sa vie il ne reniera pas les choix de ses dbuts. Mettre une loupe sur ses derniers instants, oblige constater que toute sa vie il ne fut ni croyant, ni pratiquant. Il alla mme trs loin contre la religion. Voir plus loin quelques citations. Parler de sa conversion finale ne justifie rien. Au contraire. Les crits rpts sur ce problme tiennent de la manipulation ! 3 On na jamais vu Maurras enseigner et suivre ce programme de saint Pie X. Alors ? De qui se moque-t-on ? 4 Voir les confidences racontes par Paul de Pradel de Lamase dans ses souvenirs dits en 1942 par son fils, sous le titre Lgitimisme et Papaut (page 162-163). tant Rome en 1891, il eut une entrevue de trois heures avec Lon XIII dont il donne tous les dtails, et o le Pape lui expliqua les raisons du Ralliement, opinion partage, sans restrictions, par quiconque rflchissait Rome, Italiens et Franais, lacs et ecclsiastiques (p. 162). il fut vident aux yeux de tous que la stratgie politico-religieuse de Lon XIII tait dirige principalement CONTRE LES ORLEANISTES (p. 201), dont la prsomption et loutrecuidance fut toujours sans borne. Plus dpourvus de religion que nombre de rvolutionnaires, ils simaginaient quil suffisait de quelques affirmations de principe pour duper les dpositaires de la religion. Le Pape tait fix sur les sentiments de cette famille et ne devait plus garder aucun mnagement envers elle.

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    Remarquons cependant quil sut efficacement sentourer dhommes de qualit et eut une action si importante quon en parle encore aujourdhui.

    Quel malheur quun homme ayant de telles rarissimes qualits de chef ait entran tant de monde dans une fausse voie !

    e) Ensuite, sa lutte contre le sillonisme lui procura lestime des catholiques les plus fidles. Mais en rponse, les modernistes, se fondant sur lincohrence des auteurs cits plus hauts, commencrent le sige de Rome pour sa condamnation instruite et conclue sous saint Pie X. Ce fut le fameux damnabiles, sed non damnandos. Le chrtien retient le damnabiles, laissant le non damnandos la contingence.

    f) Lors de la Premire Guerre mondiale, il prna la scandaleuse Union sacre1. Une opposition la guerre, comme sapprtait la faire saint Pie X (ce qui lui valut en quinze jours une mort rapide trs douteuse) nous aurait peut-tre vit la boucherie de 14-18 (50 % des jeunes de vingt trente ans tus ou mutils), et la disparition du dernier pouvoir catholique, lempire austro-hongrois, la mise en place de gouvernements occultes dans toute lEurope et la cration de lintrinsquement pervers systme communiste.

    g) A la fin de cette guerre, ce fut le clbre : Prenons le pouvoir mme dune faon lgale. Il acceptait le jeu dmo(n)cratique et le vote, le seul acte dmocratique. En consquence : il ne pouvait plus combattre la dmocratie au niveau des principes. Il batailla seulement contre les mauvais effets du rgime.

    Telle sera aussi lerreur de ses successeurs : CRC, Cit Catholique, Action familiale et scolaire2, etc. Dune cole de pense, lA.F. devint un parti, le parti royaliste dans le systme dmocratique. Laction ne fut que journalistique et inefficace.

    h) La solennelle condamnation de 1926 engendra la seconde rvolte de Maurras. Un silence chrtien respectueux, une offrande sublime de lpreuve (comme lavait fait Marc Sangnier son poque) aurait permis une rapide absolution. DIEU merci, cette rbellion lenferma dans son erreur et interdit la solution monarchique orlaniste, la pire des parodies pour un monarchiste de droit divin. Combien nous louons cette condamnation par la Chaire de Vrit !

    i) La leve des condamnations, plus par charit que par justice, dcision misricordieuse, ne lui donne pas raison a posteriori comme voudraient nous le faire croire ses successeurs.

    j) De sa conversion finale, au dernier moment, grce obtenue par de nombreuses prires, qu'en est-il au juste? Sest-il rellement converti ? La rponse appartient DIEU. Cette conversion ne justifierait pas toutes les erreurs passes, cependant.

    Maurras ne se fte pas le 1er novembre, mais on prie pour lui le 2. B. Rponses de Maurras la Rvolution.

    Qui nest pas avec Moi est contre Moi Matt. XII, 30.

    Tout dabord, on est loin avec Maurras de lenjeu si essentiel pour le chrtien. Combat-il pour la vie

    ternelle ? pour une socit qui aura le souci de la vie ternelle ? Pour le chrtien, cette question est toujours la question primordiale. Pour le chrtien, cest le seul point de

    repre pour juger, accepter ou refuser de suivre un Matre. Malheureusement, jamais et pour cause, ce ne sera le souci de Maurras. Voil qui est capital. Ce point seul

    devrait permettre tout vrai chrtien de rejeter un tel faux Matre. Il est vident que Maurras fut attaqu, prit des coups, fut courageux. Ce nest pas suffisant. Dautres le

    furent tout autant. Il est vident que dans les crits de Maurras, il y a dexcellentes pages. Mais ces excellentes, sen ajoutent

    dautres bien plus mauvaises. On pourrait dire : ne parlons que des bonnes. Cest justement cet tat desprit qui est dangereux. Car, qui aura la formation, les connaissances, les lumires suffisantes pour faire un choix indubitable ? A voir le comportement de ses partisans, ce choix est bien difficile faire sans se tromper.

    Si une bonne bouteille de vieux Bordeaux vous ajoutez 1% darsenic, allez-vous parler des 99% de bons ou nallez-vous pas mettre en garde contre le 1% ? 1 Lire les pages remarquables qu'en fait Jean de Viguerie dans son excellent livre, Les deux France. 2 Ils ne savent pas appliquer le principe de non contradiction. D'o un mlange dans la pense politique, mlange que l'on retrouve entre la Foi catholique et la foi conciliaire, deux fois incompatibles. Tous ces mouvements suivront Vatican II d'une faon plus ou moins cohrente et donc apostasieront. Rappelons le principe fondamental de non contradiction : - sous sa forme mtaphysique : une mme chose ne peut la fois et sous le mme rapport, tre et ne pas tre ; - sous sa forme logique : il est impossible d'affirmer et de nier la fois une mme chose sous le mme rapport.

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    Il en est de mme pour les crits de Maurras : on est bien oblig de parler des mauvaises pages, des ides mauvaises.

    Oui, insuffisantes, tronques, mutiles surtout dans lapproche surnaturelle, ses analyses liminent le paramtre diabolique, si bien vu par les auteurs chrtiens.

    Oui, ses solutions : monarchie, nationalisme intgral, empirisme organisateur, etc., furent inefficaces, parodie de la solution voulue par DIEU, et pis, font laffaire de nos adversaires. Rflchissons.

    Du fait de son agnosticisme dclar1, lui manque llment primordial : lordre surnaturel de ce conflit. CHACUN VOULANT REGNER, cest donc le conflit entre Notre-Seigneur Jsus-Christ et Satan2 : la civilisation chrtienne a succd le dcalogue de Satan, la dclaration des droits de l'Homme. Il se joue entre les disciples de Notre-Seigneur Jsus-Christ et tous les autres. Son centre, le centre du combat est une fois encore Notre-Seigneur Jsus-Christ, non pas cette fois-ci comme Rdempteur du genre humain, mais comme Roi de la socit.

    liminant cette dimension, Maurras ne comprend pas qui est attaqu, ne comprend pas lennemi, et en consquence, il ne peut envisager la vritable solution. La solution nest pas un roi, nest pas la monarchie. Elle nest mme pas QUE la monarchie chrtienne. Elle est dans le choix du gouvernant. Pour Maurras, un dOrlans ! Pour nous, SON Lieutenant3. Pour Maurras, un roi choisi par les lecteurs, pour nous un roi choisi par Lui, le DIEU Tout-Puissant4. Pour nous un chef nayant en vue que la gloire de DIEU et le salut de ses sujets, pour Maurras et ses fidles un roi rtablissant Versailles et qui, comme Louis XIV, naura que le souci de sa gloire. Pour nous un roi ayant compris la liturgie du sacre : combattre les ennemis visibles et invisibles de la chrtient. Et pour Maurras ?

    Maurras a les apparences de la vrit, mais pour un catholique, il a TOUT FAUX. Agnostique, il reste naturaliste : il lui manque laction principale, laction dcisive, en fait la seule grande action : la prire. 1 Rappelons que saint Pie X dnonce dans lagnosticisme le fondement du modernisme religieux. Dautre part Maurras a t lev dans la Foi catholique, fut catholique, apostasia et vcut toute sa vie dans lapostasie. "Prenez garde, frres, quil ny ait peut-tre, en quelquun dentre vous, un cur mauvais, assez incrdule pour apostasier du DIEU vivant" Hb, III, 12. "Car il est impossible pour ceux qui ont t une fois clairs, qui ont got le don cleste, qui ont eu part au Saint-Esprit, qui ont got la douceur de la parole de DIEU et les merveilles du monde venir, et qui pourtant sont tombs, de les renouveler une seconde fois en les amenant la pnitence, eux qui pour leur part crucifient de nouveau le Fils de DIEU et Le livrent l'ignominie" Hb VI, 4-6. Terrible ! Comment prfrer un tel matre (?) de vrais matres chrtiens ? Comment conseiller des jeunes de suivre une personne qui na pas la Foi et qui est donc contre Lui ? 2 "Au reste, frres, fortifiez-vous dans le Seigneur et dans Sa vertu toute-puissante. Revtez-vous de l'armure de DIEU, afin de pouvoir rsister aux embches du diable. Car nous n'avons pas lutter contre la chair et le sang, mais contre les Princes, contre les puissances, contre les dominateurs de ce monde de tnbres, contre les esprits mauvais rpandus dans l'air" Ep. VI, 24. Nous le comprenons dans le combat individuel. Dans une socit matrialiste et naturaliste, nous oublions que le combat politique est identique. 3 R.P. Ayroles, La vraie Jeanne dArc, tome IV,, d. Gaume, 1890, pages 216-234 : les plus belles pages d'Ayroles. Suite la dposition de Jean Paquerel, confesseur de Jehanne, professeur de philosophie et de thologie Tours, Ayroles fait les commentaires fondamentaux suivants :

    "Le roi de France est dans le dessein de DIEU : locum tenens Regis clorum qui est REX FRANCI. Si le LieuTenant a droit au respect d Celui dont il tient la place, il n'a de droit que pour faire observer la loi de Celui qu'il remplace, ET TOUTE SA FORCE EST LA. S'il l'oublie jusqu' ne pas reconnatre le suzerain, il devient flon. Toute la mission de la Pucelle dans sa signification la plus haute est l.

    "Le sang ne donne droit la LieuTenance que lorsqu'il est vivifi par une me qui en reconnat le plus essentiel devoir, la dpendance du Roi des Cieux, l'obligation de rgner en Son Nom et pour Lui. Considrer le sang royal d'une manire purement matrielle, c'est ne pas connatre la signification du mot, lui enlever son sens lev, pour le ravaler une signification animale ; car, matriellement considr, il n'est que cela. Voil pourquoi, entre l'enseignement de Jehanne et la lgitimit professe par l'cole gallicane, il y a la distance de la terre au ciel, du Christianisme l'idoltrie. Le droit divin du sang matriellement considr est une idoltrie rprouve par la foi et la raison ; il en est le renversement". Nous sommes dans un monde compltement diffrent de celui de Maurras. 4 - "Mais alors jusqu'o allons-nous devoir remonter pour chapper cette glissade ?" - "Il faut, si l'on veut trouver un terrain solide, remonter jusqu'au Sacre de Clovis par saint Remy, Reims, le jour de Nol 496. C'est l que la race de nos rois a t DESIGNEE PAR DIEU qui a envoy une huile cleste pour servir dsormais de sacramental pour le Sacre. C'est ce moment-l que DIEU a fond une autorit temporelle chrtienne pour tre le rempart et l'pe de la Sainte Eglise. C'est jusque l qu'il faut remonter pour trouver une base ferme de raisonnement". Jean Vaqui, Lecture et Tradition n 126.

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    Agnostique, il limine, car il ne la comprend pas, LA VOLONTE DE DIEU : REGNER SUR LA FRANCE ET PAR LA FRANCE SUR LE MONDE. Pis, il refusera cette volont, il sen moquera (ta thocratie1 ! comme me le reprochait avec raillerie un indcrottable maurrassien tordu), il combattra Ses partisans, il cherchera occulter les crits des vrais Matres, il y parviendra avec les ennemis du nom de chrtien pendant plus de cent ans. (Si l'cole maurrassienne est combattue, lcole antilibrale, elle, est occulte, parce que hae). Quant aux disciples maurrassiens, - bourgeois ou de fausse noblesse souvent ou pis encore, de noblesse dempire, cette noblesse rvolutionnaire -, ils agiront pareillement, mme les clercs, mme en 2002. Observez, regardez : qui enseigne, diffuse, choisit, fait connatre srieusement le Cardinal Pie, Mgrs Delassus, Gaume, etc. ? Qui se moque deux ? Qui ne les cite jamais ou presque ?

    Une fois de plus sapplique la consigne de Notre-Seigneur : Qui nest pas avec Moi, est contre Moi, Matt. XII, 30.

    Faux matre, Maurras ne comprend pas la dmonologie et pollue les intelligences, bien souvent, dune faon irrversible, rendant ses fidles limits2, inintelligents3, aveugls, obstins dans lerreur, par manque dhumilit ; avec lui, ces derniers concilient lerreur et la vrit. Dans ceux, dits catholiques, on ne retrouve que des chrtiens de la deuxime classe dhommes, "...acharns CONCILIER la lumire avec les tnbres et LA VERITE AVEC L'ERREUR" (Pie IX, 21-5-1874), ceux qui sont parfaits, ceux qui parlent toujours de la faute des autres, ceux qui sont plus attachs aux biens de la terre qu leur Foi, ceux qui dans leur Pater, pensent plus demander DIEU d'augmenter et protger leur patrimoine4, les gens du : oui, mais, du : non, peut-tre etc, etc.

    Le catholique, ayant compris que la Rvolution est un chtiment, cherche connatre les raisons qui ont mrit une punition aussi grave et qui, plus de 200 ans aprs, dure encore. Ayant lu le cardinal Pie, Les Pourquoi de la guerre mondiale de Mgr Delassus, il sait ! Il sait quels en sont les responsables : les lites (vques, rois, noblesse). Il connat ceux qui ont tout dtruit : les ennemis du nom chrtien (voir La conjuration antichrtienne). Il sait qui, seul, restaurera la socit chrtienne : Notre-Seigneur Jsus-Christ (voir Thotime, Ayroles, Delassus). Il sait combien il faut demander pardon, combien il faut devenir un vrai chrtien. Il sait que le Rgne grandiose du Sacr-Cur demande des chrtiens soumis la volont de DIEU en tout.

    En dehors de cela, tout est faux, tout est mensonge. Il y aura quelques vrits parses, mais mlanges des erreurs gravissimes. Tout combat sappuyant sur les hommes, sur un homme, sera vain. Depuis 1789, aucun succs ! Un tel chec devrait faire rflchir ! Mme pas !

    Maurras et ses disciples attendent tout des hommes. Donc, ils chercheront le nombre et sappuieront sur les combinaisons humaines, y compris le vote. Ce vote est le seul acte de la dmo(n)cratie. Dans une socit en ordre, il ny avait que le Gouvernant et les gouverns. La politique, qui constitue la troisime partie de la morale5, est lart de grer la cit. Cet art, comme tout art, demande une norme comptence et des grces spciales (donnes par le Sacre). Cest le fait des gouvernants, et deux seuls. Lhomme est fait pour tre gouvern, non pas pour gouverner. Lobservation de tous les jours le confirme. En France, de par la volont divine, le gouvernant est le roi : un roi choisi par DIEU, un roi de droit divin. Laristocratie fait excuter les ordres royaux ; elle est parfois, mais rarement, vraiment gouvernante. Elle est, comme tout le reste de la nation, gouverne, et tous ne font jamais de politique au sens moderne. Chacun 1 Lire ce sujet le remarquable ch. V du livre IV dans Jehanne dArc sur les autels et la rgnration de la France, du R.P. Ayroles, ditions Saint-Rmi. Il est tonnant dobserver combien certains maurrassiens ont une haine, le mot nest pas trop fort, de la thocratie. 2 Et paresseux. Interrogez des maurrassiens : Honntement, quels livres de Maurras avez vous lus? Vous serez surpris de dcouvrir quils nen ont pratiquement lu aucun. Les maurrassiens sont en gnral des hommes qui causent, qui vivent dans des cercles ferms prtentieux et incultes, qui lisent des articles de journaux et qui sont trs superficiels. Cest avant tout un milieu de BLM (bourgeois, libraux, mondains), nostalgiques et paresseux. Pour eux la politique prime, la religion et la Foi sont secondaires, au service de leurs chimres politiques. 3 Il y a lintelligence naturelle, et lintelligence don du Saint-Esprit. Intelligere : lire au-dedans. Voir Trait du Saint-Esprit de Mgr Gaume, T. 2, le trs important chapitre XXXII sur la question de l'intelligence. 4 Dans une socit chrtienne, on savait qu' "Il n'y a qu'un seul propritaire qui est Dieu, crateur et souverain matre de toutes choses. Le riche n'est que le dpositaire, que le grant d'une partie des biens de Dieu, et la fortune qu'il ne dtient qu' titre de dpositaire, il doit, non en jouir selon son caprice et sa fantaisie, mais en user selon le prcepte divin" (Saint Thomas d'Aquin). Il en est tout autrement depuis la Rvolution. Bien souvent mme les clercs ont un attachement rvolutionnaire aux biens : C'est moi, j'en fais ce que je veux. 5 La morale se divise en trois parties : - lthique qui est la morale personnelle ; - lconomique qui est la morale familiale ; - la politique qui est la morale sociale. La politique est donc videmment lie la morale. Il faut tre d'esprit rvolutionnaire pour sparer la politique de la morale.

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    sa place assume le plus vertueusement possible ses devoirs dtat, personnels, familiaux, sociaux. Cest bien suffisant. La socit a fonctionn ainsi pendant 1300 ans environ.

    La socit chrtienne avait le souci du salut du plus grand nombre. La socit moderne fonde sur la dmo(n)cratie cherche damner le plus grand nombre. Cest le dernier souci des maurrassiens.

    La Rvolution a fait croire - et fait toujours croire - aux gouverns quils sont devenus gouvernants. Cest la pseudopolitique si bien vue par le Vnrable Holzhauser. Les gouverns nont jamais eu aucun pouvoir, hors celui permis par les loges, mais on les oblige sexciter longueur dannes sur une prise de pouvoir future ou sur une participation la vie politique. Le seul acte qui leur est impos, car il ny en a pas dautre, est celui de voter1. Voter, non pas comme sous la chrtient pour tel candidat trs prcis, mais aujourdhui pour le candidat choisi par un parti, souvent inconnu de l'lecteur. Car les gouverns ont t diviss en parties et les vrais gouvernants, qui sont inconnus et occultes, crent et tiennent chaque partie par des partis. Et les lus sont tenus. Ils obissent, non pas leurs lecteurs, mais aux chefs de leur parti. Sils dsobissent, ils nont plus l'investiture ncessaire lors de llection suivante. Les partis sont, bien sr, dirigs par les financiers. Ce qui fait que depuis deux cents ans le vote ne sert rien. Tout est mensonge. Le seul vrai pouvoir est celui des financiers. Le vote nest quune communion au systme dmo(n)cratique.

    Aux arguments de raison, sajoute largument historique : plus de 200 ans dchec prouvent quen aucun cas la solution ne se trouve dans les urnes. Ce sera pourtant le combat principal des maurrassiens pour rtablir leur dOrlans (!).

    Pire, les esprits sont tellement dforms que des maurrassiens catholiques2, veulent faire croire que le pouvoir temporel est le pouvoir des lacs, et que le pouvoir spirituel est le pouvoir des clercs, alors que le pouvoir temporel est celui du Gouvernant, le Roi, le pouvoir spirituel est celui des vques unis au Pape. Avec de telles erreurs, desprit rvolutionnaire, "on" passe son temps crire des articles et des livres compltement inutiles. On rentre bien dans le systme dmo(n)cratique moderne qui oblige ne penser qu cette inversion : de gouverns devenir des gouvernants. Cest la pseudopolitique : btise et orgueil.

    De tels esprits, fidles maurrassiens, en arriveront crire des blasphmes comme : la Rvolution n'a pas TROUVE DE PLUS GRANDS ALLIES DEPUIS DEUX SIECLES QUE LES HOMMES D'GLISE, Y COMPRIS CERTAINS PAPES, de par leurs erreurs politiques, et leurs interventions dans ce domaine, concrtises par des successions de ralliements3. Cest inique !

    Qui nest pas avec Moi est contre Moi (Matt, XII, 30). Avec Maurras, on nest pas pour le Rgne du Sacr-Cur, on est mme un obstacle ce Rgne. A chacun son choix !

    Analysons plus en dtail, au risque de nous rpter, les principaux choix de Maurras. 1 Sa monarchie : un dOrlans. Cinq remarques : a) Qui choisit le prtendant ? Maurras. Nous sommes dans le systme rvolutionnaire, o le gouvern choisit

    le gouvernant. Les troupes doivent suivre le prtendant choisi par Monsieur Maurras. b) Un dOrlans ! un dOrlans ? un descendant de celui qui a vot la mort du Lieutenant de DIEU, le seul

    qui a fait frmir toute lAssemble quand il a vot la mort. Quel blasphme ! quelle parodie ! Cela seul suffirait vomir Maurras.

    c) Et cette monarchie, est-ce bien la monarchie trs chrtienne, seule admissible pour un vrai chrtien franais ? Est-ce bien un Lieutenant du Christ que lon veut voir rgner ?

    On est oblig de constater que si, pour nous, un auteur comme le Marquis de La Franquerie est la rfrence par son ouvrage La Mission Divine de la France4, les maurrassiens non seulement vitent de citer et lauteur et le livre, mais, comme nous lavons maintes fois constat, ne cachent pas en priv le mpris qu'ils en ont. 1 Si lon vole, on est un voleur. On aura beau faire tous les discours pour sexcuser, expliquer son acte, on est un voleur. De mme, si on vote, on est un dmo(n)crate. On aura beau faire tous les discours pour dire quon est contre la dmocratie, on est dmo(n)crate. 2 Un maurassien catholique : est-ce possible ? 3 Adrien LOUBIER DE BONNET DE VILLER, Sous la Bannire, n 99, janvier 2002. Alors que les Papes furent les seuls (quels sont les autres ?) barrages efficaces aux raz-de-mare rvolutionnaires ! Lire LEglise Romaine en face de la Rvolution de Crtineau-Joly. De tels articles sont odieux ! Dignes de son anctre, anobli par Napolon, aprs stre fait remarquer comme officier au sige de Rome, ce qui lui a mrit comme tous les officiers de Napolon et comme leur Matre dtre excommuni, ceci explique peut-tre la haine constante de ce Maurrassien (vrai descendant de rvolutionnaires, comme les dOrlans !) pour les Papes. Ce type dhommes est inconvertissable, car il a fait le pch irrversible contre le Saint-Esprit, allant contre la Vrit connue et contre la Chaire de Vrit. Ces hommes ne mritent que les poubelles de lhistoire. 4 Disponible aux ditions Saint-Rmi. Il cite dans son livre tous les auteurs que nous aimons.

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    d) Et cette victoire monarchique doit tre acquise par le parti fond par Maurras, par les moyens dmocratiques. Finalement, lA.F., cest le parti royaliste dans le systme dmo(n)cratique.

    e) Souvent, surtout aujourdhui, les troupes qui dfendent Maurras sont non des serviteurs des serviteurs de DIEU, mais des personnages hautains, mprisants, prtentieux, suffisants, arrogants, ddaigneux, insolents, souvent de fausse noblesse, libraux, mondains, bourgeois, plus attachs leur patrimoine et leurs prtentions, fondes ou non, quaux devoirs chrtiens. Quelques braves types donnent le change, mais la clientle gnrale, identique celle des chtelains du XVIII, ne rve que de retrouver des chteaux et des honneurs.

    2 Son "nationalisme intgral"1. Cr par la Rvolution (cf. le Robert), ce mot recouvre une ide rvolutionnaire. Le nationalisme soppose par principe lide mme de chrtient. Il a son origine dans le gallicanisme qui voyait dans le Pape un tranger, chef des tats de lEglise. Pour nous, nous prfrons le mot de Patrie dans lequel il y a la notion de Pre, le vrai Pre tant DIEU et le pre apparent tant Son LieuTenant, le roi. Sil y a Pre, il y a fils et frres. Le lien est donc la charit et lamour. Dans une socit en ordre ce nest pas lindividu qui existe, mais des frres dune mme famille avec un seul Pre aim et servi.

    Cette approche sociale profondment chrtienne nest pas celle de Maurras. Elle dpasse les limites de la nation car tous les convertis de nimporte quel pays du monde, de nimporte quelle langue, tant Fils de ce Pre, sont concerns. Ne disait-on pas autrefois que les trangers ont deux patries : la leur et la France ? Est-ce possible avec le parti de lA.F. ?

    3 "Lempirisme2 organisateur". Les chrtiens prfrent le ralisme thomiste3. Comment peut-on avoir le sens complet de lexprience en liminant le paramtre essentiel et primordial du surnaturel ? On ne peut avoir quune vue superficielle des vnements et des hommes. Les gens de lA.F. sont limits, mutils dans leurs observations. Ils ramnent tout quelques discours, toujours les mmes.

    Cet empirisme naturaliste pollue gravement les intelligences, car il a pour consquence de penser la monarchie (et mme parfois la seule bonne) et en mme temps de communier au systme rvolutionnaire par le vote, donc dtre double, ce que DIEU honnit le plus. On voit de nos jours les "traditionalistes" dfendre la monarchie et dans le mme temps voter Le Pen. On na rien compris. On aboutit toujours (depuis plus de cent ans, on a lexprience et on devrait en tirer les conclusions) des dfaites lectorales magistrales et on souille

    1 Le mot nation date de Babel. On lit la page 9 de lHistoire de chacun des soixante-douze disciples de Notre-Seigneur Jsus-Christ, par labb MAISTRE, disponible aux d. Saint-Rmi : Le nombre des 72 Disciples, que N.-S. tablit d'aprs le nombre des peuples et des langues*, tels que les comptent La Gense et l'antiquit tout entire, et galement d'aprs le nombre des familles du peuple d'Isral et des chefs du Sanhdrin, tait l'image et le prlude des 72 cardinaux de l'Eglise (Dr Sepp.). La ville de David, au temps de Jsus, avait 12 portes. Ainsi les Aptres se tiennent-ils, pour ainsi dire, aux douze portes de la Cleste Jrusalem. Ils sont comme les 12 colonnes, les douze portes du Temple de DIEU, dont le Christ est la pierre angulaire, et les 72 Disciples sont comme les gonds, Cardines, de ces portes sacres. *La Chronique d'Alexandrie, p. 12, compte 72 peuples ou nations dans l'univers, correspondant aux 72 langues du monde : Hi sunt, inquit, (72) populi, quos Dominus Deus super faciem terr dispersit, pro numero duarum supra septuaginta linguarum. Par contre le mot nationalisme est rcent. D'aprs Jacques Ploncard d'Assac dans son avant-propos de Enqute sur le Nationalisme, il fut cr en 1786 par Weishaupt (Barruel, Mmoires pour servir l'histoire du Jacobinisme, Londres, 1797, T. III, p. 172) pour dsigner la raction contre le cosmopolitisme maonnique. Il est bien fils de la Rvolution : exaltation du sentiment national, attachement passionn accompagn parfois de xnophobie et disolement (Robert). Ce nest pas chrtien. 2 Empirisme : qui sappuie sur lexprience et non sur la thorie. 3 "Un des caractres de la philosophie thomiste est l'acceptation pure et simple des faits qui s'imposent l'exprience. () Quand on ddaigne la constatation des faits, comme indigne des spculations philosophiques, on est expos perdre pied dans des observations dont rien ne peut garantir l'exactitude. La dfinition clbre de la Vrit "ADQUATIO REI ET INTELLECTUS" est une consquence et une application de la mthode thomiste. Pour connatre il faut tudier les choses telles qu'elles sont en elles-mmes ; nous ne devons pas nous en former une ide priori. () Lorsque l'ide que nous nous formons d'un objet est conforme sa ralit, nous sommes dans le vrai : il y a quation entre la chose et l'ide qui la reprsente. Mais il ne suffit pas que l'quation existe, il faut que nous en ayons conscience ; cette conscience de la possession de la vrit s'opre par le jugement. Quand j'affirme que l'attribut convient au sujet, si mon affirmation est conforme la ralit et si j'ai constat cette conformit, non seulement je suis dans la vrit, mais de plus je sais que j'y suis. C'est pour l'intelligence, l'tat parfait, perfectio intellectus, dit saint Thomas, est verum ut cognitum. (I, q. XVI, a.1) Maumus, Les Modernistes, p. 176. Livre rditer.

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    les intelligences, on les infecte du virus rvolutionnaire. De gnration en gnration, on forme des chrtiens de plus en plus rvolutionnaires. Avec Maurras trois gnrations furent perdues, avec Le Pen une de plus.

    4 "Pays lgal, pays rel" ; l encore, fausse approche. Il y a les vrais chrtiens et les autres. Voil les deux camps. L'ide mme du concept "pays lgal et pays rel", est une chimre, une ide de style Signe de Piste.

    5 "Politique dabord". Non. La politique n'est pas l'affaire du commun des hommes. La politique est un art qui demande des artistes particulirement dous. Et ces artistes nont pas besoin dtre nombreux. Un seul suffit, mais choisi par DIEU. Il faut le Lui demander, Le supplier, et donc prires dabord, prires conformes la volont de DIEU, tout le reste tant donn par surcrot.

    6 "Rforme intellectuelle et morale". Mais o va-t-on la chercher : un peu dans lEglise ; pas trop quand mme puisquon accepte toutes les religions ; un peu partout pour le reste : Taine, Renan (!), Nietzsche (!), Stendhal, Proudhon, Auguste Comte, etc. mlangs au Syllabus Nimporte qui, nimporte quoi.

    7 Ses ennemis : les "quatre tats confdrs". Et Satan ? Je rpte : Et Satan ? Le seul, le vritable ennemi. Les autres ennemis ne peuvent tre compris sans leurs

    attaches et soumissions leur chef. Le combat qui ne se situe pas au niveau naturel, mais au niveau surnaturel, requiert la vie intrieure, l'tat de grce donc la prire, la rception des sacrements. Ce nest ni la science, ni la rflexion qui priment, cest la mditation.

    8 Son tat-major : (relire son collaborateur le plus efficace, Louis Dimier1) quelques trs rares bons catholiques, mlangs de faux nobles, des agnostiques, des viveurs, des athes, des mondains et surtout des libraux. Je le rpte, beaucoup de ses disciples sont des libraux, mlant lerreur et la vrit, et cest ce que Notre-Seigneur supporte le moins.

    9 Sa clientle : peu de lecteurs srieux. Demandez un maurrassien sil a quelques uvres de Maurras. Il sera trs fier de dire oui. Demandez-lui quelques minutes aprs ce quil a lu de Maurras, vous dcouvrirez quil nen a rien lu ou presque. La plupart des partisans ne lisent que des articles et causent, surtout. Comme les rvolutionnaires, ils pensent que dire cest faire. Observez leurs uvres : elles ne vont pas bien loin.

    Les quelques lites qui ont un peu plus travaill talent leurs prtentions, leur arrogance qui devient vite leur

    seule dfense quand ils sont en prsence de ceux qui ont vraiment travaill. Ils esquivent alors trs vite ces derniers.

    10 Son mot dordre aprs 1918 : Prenons le pouvoir mme dune faon lgale. Maurras rentrait par le vote, le seul acte dmo(n)cratique, dans le systme rvolutionnaire. Il ne combattait

    plus, n'attaquait plus la dmocratie laquelle il se ralliait. L'arrt d'un vrai combat tait dfinitif. Ctait accepter les rgles du jeu imposes par la Rvolution, devenir par un parti (le parti royaliste) une partie du systme. Ctait accepter le mensonge dmo(n)cratique. Ctait rentrer dans le camp de ladversaire, le menteur et le Pre du mensonge (Jean, VIII, 44).

    1 Le portrait qu'il trace du chef de l'Action franaise est peu flatteur : "Quant la facilit avec laquelle s'est accompli mon dpart, concevez bien qu'il y a chez Maurras trop d'enttement et trop d'orgueil pour qu'il s'en soit aperu. A ses yeux je suis certain de rester l'homme qui a voulu s'en aller. Il n'a pas pu comprendre que, m'ayant mis dehors de l'administration coups de pied (il n'y a pas d'autre mot), je ne sois pas rest l o il voulait bien me laisser, o il me faisait la justice ( ses yeux) de vouloir que je restasse. Je devais entrer dans ses raisons, ignorer son incomptence, voir dans son ininformation une garantie de libert d'esprit suprieure (et) puisqu'il y avait mis de la vivacit (comme il a bien voulu s'en accuser) l'oublier en considration de notre amiti ancienne. Maurras n'a aucun cur, ne ressent d'amiti pour personne. Tous ses mnagements ne sont que ceux de l'esprit. Comme dans la circonstance la question se posait entre sa conception de la vie, qui est le dsordre, l'inexactitude, le gaspillage et l'effort raisonnable pour limiter tout cela, il na pas pu admettre un instant que j'eusse raison. Rien donc ne pouvait le retenir".

    "Quant l'absence de toute autre rsistance, elle ne peut tonner que ceux qui croient la faade de l'Action franaise, d'une rpublique gouverne par des gaux.

    "En ralit, Maurras seul gouverne. Des chefs apparents ne subsistent auprs de lui que moyennant une insouciance parfaite de l'ensemble de l'entreprise. Daudet ne s'intresse qu' ses espions, Bainville qu' ses articles, Vesins rien du tout. Pujo a un petit train d'intrigues et de polmiques qui suffit remplir son temps encore plus gaspill que celui du matre. J'tais seul avec Maurras m'intresser toute l'Action franaise. Il le reconnaissait lui-mme". C'tait Louis Dimier que Maurras avait dit : "Avec votre religion il faut que l'on vous dise que depuis 1800 ans vous avez trangement sali le monde" (Vingt ans d'AF, p. 30). Maurras avait aussi un profond mpris pour la monarchie de droit divin : "A d'autres le vieux droit divin, solennelle sottise des courtisans inintelligents du pass" Revue de l'AF, 1-7-1900. Au moins c'est clair !

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    Ctait surtout refuser le plan de DIEU enseign par les vrais contre-rvolutionnaires. Ctait polluer les intelligences, et si gravement, que ceux qui ont communi par le vote au systme, nen comprennent plus la nocivit. On observe quune telle dmarche est en gnral irrversible.

    Oui, lintelligence est pervertie, car lhomme perd son unit, il devient double1. Il se veut contre-rvolutionnaire et il accepte le jeu rvolutionnaire ; il se veut antidmocrate et participe au seul acte de la dmocratie, le vote ; il se veut chrtien et il sinterdit dappliquer ce que Jsus-Christ veut ; il se veut catholique et il participe par la vie politique, lment li la morale (la troisime partie de la morale), avec pour chefs des agnostiques, des athes, des libraux ; il est oblig de mutiler son sens religieux pour accepter lunion sacre.

    Les autres, particulirement les rpublicains, agissent de mme, mais, la nouveaut, cest que maintenant ceux qui se veulent les meilleurs catholiques composent eux aussi avec le systme. La sanction est souvent la mme : la Foi devient seconde et nest pas transmise dans toute sa puret la gnration suivante. Remarquez combien les descendants des vieilles familles maurrassiennes ont perdu la Foi et militent dans nimporte quel mouvement politique.

    11 Cette perversion contre lunit de ltre a pour consquence de ne pas tre oui, oui - non, non, mais oui, peut-tre - non, mais. Ces tres ne savent pas appliquer le principe fondamental de la philosophie : le principe de non-contradiction2. Ils ne peuvent avoir une notion pleine et fidle de la Vrit. Il y a toujours chez eux un mlange dlments contradictoires, aussi bien dans la pense que dans laction. Lapproche maurrassienne fabrique des gnrations de personnes incapables mme de saisir la Vrit3.

    12 La contrefaon du message et de lenseignement de Jeanne dArc, si importants de leons pour les bons combattants des ennemis du nom chrtien. Le Pre Ayroles, historien de la cause de canonisation, lavait prvu et prdit. Jeanne, cest lenvoye du ciel pour obtenir que Jsus-Christ soit roi de France. LA.F. en fera seulement une sainte libratrice au service de la cause nationaliste.

    13 Enfin, l'limination du rgne de Misricorde, le Rgne du Sacr-Coeur. Avec Maurras nous irons jusquau bout du dsespoir et de la violence. Il ne dira ni ne rptera jamais que Quand DIEU ne rgne pas par les bienfaits de Sa prsence, Il rgne par les mfaits de Son absence.

    On comprend pourquoi labb Augustin Lmann, dans Le dnouement de la perscution, en 1886, annonce quun petit nombre, un tout petit nombre, ne trahira pas, restera fidle. Seuls ceux qui refusent tout libralisme, tout compromis, lexemple de notre Reine et de notre Roi, peuvent comprendre.

    LE BILAN

    Maurras et lA.F. cole de pense ? Maurras et lA.F. cole daction ? Non et NON. Le bilan est ngatif. Il na pas fait reculer la Rvolution dun pouce. Il y a mme coopr en tant une

    fausse antithse. La Rvolution a besoin dune opposition connue, tenue, strile, pour faire avancer ses plans. Maurras na pas form de vrais contre-rvolutionnaires. Il a mme occult, cach, touff, les vrais anti-rvolutionnaires, les vrais antilibraux, lcole antilibrale. Ou il rcupre les jeunes gnrations qui se devraient dtre catholiques ou il les annihile. Soulignons quil en est de mme aujourdhui.

    Il faut de vrais chrtiens, ni mous ni doubles, et seulement de vrais chrtiens pour combattre et vaincre la Rvolution satanique, des chrtiens qui comprennent cet enseignement de lvangile sappliquant particulirement Maurras : 1 Voir plus loin, le chapitre "Chrtien ou marrane". 2 Rappelons ce principe fondamental : - sous sa forme mtaphysique : une mme chose ne peut la fois et sous le mme rapport, tre et ne pas tre ; - sous sa forme logique : il est impossible d'affirmer et de nier la fois une mme chose sous le mme rapport. 3 Il ny a quun antidote : le chapitre XXIV du CATHOLICISME DANS LEDUCATION de Mgr GAUME : "En un mot, TOUT ICI-BAS EST UNITE ET TRINITE : tout ce qui existe est un, et toute unit rsulte d'une trinit de causes ; tel est le principe gnrateur de toutes choses ; telle est la loi universelle, la conservation, l'accomplissement de laquelle tout doit concourir, parce que de l dpendent la conservation et le perfectionnement des tres. Telle est donc aussi LA GRANDE VERITE constater, dvelopper, mettre au niveau de toute intelligence venant au monde philosophique. Il ne faut pas croire qu'en poursuivant ce but, la philosophie poursuive une chimre ou simplement une vrit belle sans doute, mais purement spculative. Non, elle ne court pas aprs une chimre, puisquelle cherche ce qui est ncessairement dans le monde ; le rsultat auquel elle aspire n'est pas non plus un rsultat sans utilit pratique ; c'est au contraire LA VERITE LA PLUS IMPORTANTE ET LA PLUS PRATIQUE qu'il soit possible d'imaginer". Mgr GAUME dveloppe ensuite, par de multiples exemples, cette notion dunit et de Trinit. Cest remarquable. Disponible aux ditions Saint-Rmi.

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    Nul ne peut servir deux Matres : car ou il hara lun et aimera lautre, ou il sattachera lun et mprisera lautre. Matth. VI, 24. Nous avons trop souvent observ chez les maurrassiens catholiques (?) un attachement dsordonn

    Maurras et un mpris (transform en haine chez les maurrassiens non catholiques) pour tout opposant Maurras. Il ny a quune explication : ce passage de lvangile. Sachons en tirer la leon.

    V. LA SEULE VRAIE ET COMPLETE SOLUTION CONTRE LA REVOLUTION.

    SEIGNEUR, A QUI IRIONS-NOUS, VOUS SEUL AVEZ LES PAROLES DE LA VIE ETERNELLE. Jean, VI, 68. OUI, il y a des Matres qui ont compris lenjeu chrtien, qui ont compris le combat de la Rvolution contre

    lenjeu chrtien, qui ont bien analys cette Rvolution et qui ont enseign la seule solution nos maux : cest LECOLE ANTILIBERALE. Perscute, elle devenait introuvable. Elle existait cependant. Pour ces auteurs pas 1% darsenic, pas une mauvaise page. On peut les dguster sans souci.

    Maurras ne les citera pas, mme ceux qui seront ses contemporains, comme Mgr Jouin, Mgr Delassus ou Thotime de Saint-Just ! Ce silence est rvlateur. Aujourdhui encore les maurrassiens ne les citent pas1.

    Cest un miracle davoir redcouvert ces auteurs, de les avoir sortis du tombeau. Cest un miracle voulu par DIEU, qui exige pour nous des devoirs, des devoirs redoutables. Et nous disons, fermement :

    MAURRAS, TOURNONS LA PAGE, IL Y A BEAUCOUP, BEAUCOUP MIEUX. IL Y A LA VERITE, NON PAS PARTIELLE, MAIS COMPLETE.

    A chacun des points souligns dans la partie prcdente, il y a une rponse des auteurs antilibraux, toujours plus remarquable, plus profonde, trs surnaturelle et donc complte.

    Il faut dabord refaire une gnration vraiment convertie, forme dans les trois puissances de lme : mmoire, intelligence, volont, par ces vrais Matres. Refaisons des intelligences antilibrales, aimant DIEU plus que tout, bien convaincues que sans Lui on ne peut RIEN faire, ne sappuyant que sur Lui, hassant toute erreur, combattant les vrais ennemis de notre foi, de nos mes, de nos familles, de notre socit. Ce fut dj en 1890 lanalyse quen fit le P. Aubry :

    "Ce qu'il nous faut, ce sont des chrtiens et des prtres radicaux dans le bien. Lorsque les ides rgnantes, les dsertions et les scandales, auront enlev l'glise la moiti, puis les trois quarts, puis les neuf diximes, puis les quatre-vingt-dix-neuf centimes, puis les neuf cent quatre-vingt-dix-neuf millimes de sa famille, si le millime demeur fidle est excellent et radical, tout sera gagn, car ce millime formera la petite mais vaillante arme de Gdon, la semence saine et irrprochable d'une nouvelle socit.

    "Combien serait plus puissante, pour la rgnration d'un peuple comme le ntre, une telle phalange, sortie d'coles thologiques solides, arme de toute la force surnaturelle de l'vangile, fortifie de principes srs et inbranlables contre l'esprit du sicle ! Elle se rpandrait partout, occuperait les positions sacerdotales, comme des postes militaires o elle doit faire sentinelle et combattre, saupoudrerait en quelque sorte la socit et lutterait avec ce bel ensemble contre l'erreur. Certainement elle vaincrait, moins que l'criture n'ait menti en disant : Hc est victoria qu vincit mundum, fides nostra (I Joan., V, 4).

    "On dit souvent : "Les hommes manquent !" Je n'en crois rien ; CE SONT LES PRINCIPES QUI MANQUENT, et il y a toujours assez de chair humaine. La France est trop fconde pour manquer d'hommes ; quand on a les bons principes, on fait des merveilles avec quelques hommes. Notre-Seigneur a prcisment voulu, par le choix des aptres, prouver que la pauvret d'hommes n'est pas un obstacle, mais une ressource souvent, toujours mme, moyennant des principes. "LE MAL, C'EST QU'IL Y A DES HOMMES, BEAUCOUP D'HOMMES, MAIS PEU DE PRINCIPES".

    J.-B. Aubry, Essai sur la Mthode des tudes Ecclsiastiques en France2, 1890, 1re partie, p. 265.

    1 Javais fait dcouvrir Adrien Loubier de Bonnet de Viller et lui avait fait diter Mgr Delassus et Thotime de Saint-Just. Maurrassien, jamais il ne les a cits dans sa revue et dans ses livres, pas plus que les autres antilibraux. 2 tudiez sa vie (par Mgr Fvre) et ses uvres, disponibles aux ditions Saint-Rmi. Docteur en philosophie, lve de lminent Cardinal Franzelin, il comprit vite quaucune restauration ntait possible en France sans un grand chtiment purificateur pour la France. Il comprit que les lites, mme au XIX, taient inconvertissables car imprgnes de faux

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    tudions, mditons, appliquons les enseignements des auteurs fondamentaux, comme Mgr Gaume, Mgr

    Delassus, le Cardinal Pie, Thotime de Saint-Just, Mgr Jouin, le R.P. Ayroles, les abbs Lmann, Don Sarda. Leurs uvres sont maintenant disponibles.

    Pour eux tous, au non (N - O - N) de la Rvolution, au Jsus-Christ hors-la-loi, il ny a quune seule rponse sociale possible : quIl rgne.

    Et QUIL REGNE SUR LA FRANCE ET PAR LA FRANCE SUR LE MONDE. Il ny a quune devise, - qui claque comme un drapeau - :

    JESUS-CHRIST ROI DE FRANCE. AU NON REPOND LE NOM1 VI. CONCLUSION

    Cest cela que tous connatront que vous tes Mes disciples, si vous vous aimez les uns les autres.

    Jean, XIV, 35.

    Rappelons-nous le fameux enseignement de saint Pie X, le 13 dcembre 1908 : "...De nos jours, plus que jamais, la force principale des mauvais, cest la lchet et la faiblesse des bons, et tout le nerf du rgne de Satan rside dans la mollesse des chrtiens ...Aussi votre retour,

    vnrable frre2, vous direz vos compatriotes que sils aiment la France, ils doivent aimer DIEU, aimer la foi, aimer lEglise, qui est pour eux tous une mre trs tendre, comme elle la t de vos pres.

    "Vous direz quils fassent trsor des testaments de saint Remy, de Charlemagne et de saint Louis, ces testaments qui se rsument dans les mots si souvent rpts par lhrone dOrlans : "VIVE LE CHRIST QUI EST ROY DES FRANCS !" "A CE TITRE SEULEMENT LA FRANCE EST GRANDE PARMI LES NATIONS ; A CETTE CLAUSE DIEU LA PROTEGERA ET LA FERA LIBRE ET GLORIEUSE ; A CETTE CONDITION ON POURRA LUI APPLIQUER CE QUI, DANS LES LIVRES SAINTS, EST DIT DISRAL : "QUE PERSONNE NE SEST RENCONTRE QUI INSULTAT CE PEUPLE, SINON QUAND IL SEST ELOIGNE DE DIEU".

    "CE NEST DONC PAS UN REVE QUE VOUS AVEZ ENONCE, VENERABLE FRERE, MAIS UNE REALITE. "JE NAI PAS SEULEMENT LESPERANCE, JAI LA CERTITUDE DU PLEIN TRIOMPHE. "...Je suis affermi dans cette certitude... par lintercession de Jehanne dArc qui, vivant dans le cur des

    Franais, rpte aussi sans cesse au Ciel la prire : "Grand DIEU, sauvez la France !" Nous sommes obligs de remarquer combien saint Pie X avait une connaissance approfondie de la vraie

    France. En quatre noms : saint Remy, saint Charlemagne, saint Louis3, sainte Jehanne dArc, il montrait quels taient les vrais et seuls matres que nous devions suivre. principes. Il en fut de mme au XX avec les pseudo lites formes par lcole maurrassienne. Puisse le XXI mriter la conversion de quelques lites formes par lcole antilibrale ! 1 Que Votre Nom soit sanctifi ! En Son Nom, les nations mettront leur esprance. Matth, XII, 21. Tout ce que vous demanderez au Pre en mon Nom, Je le ferai. Jean, XIV, 13. Quiconque invoquera le Nom du Seigneur sera sauv. Actes, II, 21. Et le salut n'est en aucun autre ; car il n'y a pas sous le ciel un autre Nom qui ait t donn aux hommes, par lequel nous devions tre sauvs. Actes, IV, 12. Cest pourquoi DIEU La souverainement lev, et Lui a donn le Nom qui est au-dessus de tout nom, afin quau Nom de Jsus tout genou flchisse dans les cieux, sur la terre et dans les enfers. Phil. II, 9-10. Si vous tes outrags pour le Nom du Christ, heureux tes-vous, parce que l'Esprit de gloire (ou de puissance), l'Esprit de DIEU repose sur vous. I Pierre, IV, 14. Tu nas pas reni Mon Nom (Apoc. II, 13). 2 Il sadresse Mgr Touchet. 3 Saint Louis dans son Testament : Si DIEU vous fait la grce dtre Roi. Louis XVI dans le sien : Si mon Fils a le malheur dtre Roi. Quelle diffrence ! Quelle perte de la Foi !

  • 18

    Saint Pie X, un an avant, lors du consistoire du 18 dcembre 1907 avait dj dit ces paroles : "Tous les catholiques de France doivent regarder avec affection Reims et Marseille, car, si Marseille reut

    le premier germe de la Foi que lui apportait la parole venue du Golgotha, encore toute chaude du sang de Jsus-Christ, Reims vit proclamer solennellement le rgne du Christ sur toute la France par le roi Clovis, qui, ne prchant que par son exemple, amena les peuples qui le suivaient rpter d'une seule et mme voix : "Nous renonons aux dieux mortels, et nous sommes prts adorer le DIEU immortel prch par Remy !" C'tait une preuve de plus que LES PEUPLES SONT TELS QUE LE VEULENT LEURS GOUVERNEMENTS". Quand on lit : "Ce nest pas un rve, mais une ralit", puisse chaque Franais comprendre limportance

    dun tel message. Quand on lit : "Je nai pas seulement lesprance, jai la certitude"..., ces mots prononcs par une telle bouche qui, ce jour-l parlait "avec vigueur et majest, comme le Christ parlait", on sait vraiment quelle est la seule marche suivre pour un chrtien et un Franais, quelle est la seule vraie dmarche politique qui mne au plein triomphe1.

    Que penser alors des matres, des chefs, des restaurateurs, des prtendants, des crivains, des historiens, des journalistes, des bulletins qui oublient un tel message ? Quil est vraiment navrant de les voir tout essayer, tout suivre, sauf le Christ Roi de France ! Ne se rangent-ils pas dans le camp de ceux dont le seul drapeau est : "Nous ne voulons pas qu'Il rgne sur nous" ? Luc XIX, 14. Car qui nest pas avec Lui est contre Lui. Tous ceux qui ne veulent pas de "ce titre seulement" : "Vive le Christ qui est Roi des Francs" sont dans lErreur et sont des ennemis.

    Merci la Rome enseignante, merci au saint Pape saint Pie X de nous avoir montr "la ralit du plein triomphe". Puissions-nous en tre dfinitivement convaincus. Puissions-nous abandonner toute autre solution. La vraie question qui se pose nest pas : tes-vous pour ou contre Maurras ? mais : tes-vous pour ou contre le rgne de NOTRE-SEIGNEUR JESUS-CHRIST ? Et que POUR LUI SEUL ? A vous de rpondre.

    Demain ce sera le Rgne du Sacr-Cur, Rgne tant promis ! Cela ne sera possible quavec de grands

    chrtiens. Devenons de grands chrtiens dignes de servir un si grand Roi. Mais pour cela : TOURNONS LA PAGE DE MAURRAS, IL Y A BEAUCOUP, BEAUCOUP MIEUX. ANNEXE I

    TROIS ECOLES2 Aprs le chtiment rvolutionnaire, on vit s'laborer trois sortes de ractions pour essayer de revenir une socit en ordre, deux connues, la troisime moins, celle dite, L'ECOLE ANTILIBERALE.

    Elle commence Mirari Vos (1832) et finit la mort de saint Pie X (1914). Depuis 20 ans une petite quipe3 l'a redcouverte avec beaucoup de difficults et d'obstination, ressortant du tombeau pas moins de 200 personnes, clercs et lacs de trs grande qualit, auteurs de 1500 ouvrages de premire importance sur 70 thmes essentiels. Combattue, conspue, touffe, enterre, et mme ridiculise, l'cole antilibrale semble avoir travaill en vain.

    EH BIEN ! NON. Cette cole, la seule vraiment et compltement catholique et contre-rvolutionnaire gagnera. Tout lui donne raison, et demain tout sera jug et condamn son aune.

    Ces crits font la joie des quelques privilgis qui les lisent et se passionnent pour cette uvre. Quand ils comparent les discours de ces vrais matres, arms des meilleurs principes, avec ceux des autres coles, ils sont tonns par la diffrence de qualit dans l'analyse, le jugement, les solutions. Maurras, par exemple, leur parat Le dsir de procurer le bonheur de la patrie doit lemporter sur la crainte des peines qui accompagnent la royaut. Un prince doit regarder comme une grce le rang qui le met en tat de se sacrifier. 1 Triomphe : victoire clatante sur tous ses ennemis. 2 Extraits, augments, de la prface de L-H Remy pour l'ouvrage de matre Godbout, L'Orgueil et la dchance de la vieille France et de la nouvelle France. 3 Cette quipe a le projet de faire connatre ses dcouvertes, mais manquant de tous moyens, la ralisation tarde. Elle demande de l'aide. Surtout, au contact de ces matres, elle essaie d'acqurir l'esprit antilibral - ce qui est difficile dans notre monde -, d'o l'importance qu'elle donne aux Exercices de saint Ignace prchs par un prtre vraiment antilibral.

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    maintenant un enfant brouillon, vaniteux, mdiocre et inintelligent. Ils ont compris que les deux autres coles taient trs limites et surtout striles. Elles l'ont prouv depuis 200 ans.

    Dans une socit en ordre il ny a que le Gouvernant et les gouverns. La politique, qui est la troisime partie de la morale1, est lart de grer la cit. Cet art, comme tout art, demande une norme comptence. Cest le fait des gouvernants, et deux seuls. Lhomme est fait pour tre gouvern, pas pour gouverner (lobservation de tous les jours le confirme). Chacun sa place assume le plus vertueusement possible ses devoirs dtat, personnels, familiaux, sociaux. Cest bien suffisant.

    En France, de par la volont divine, le gouvernant est le roi. Un roi choisi par Dieu. Laristocratie (l'lite) fait excuter les ordres royaux ; elle est parfois (mais rarement) vraiment gouvernante. Elle est comme tout le reste de la nation, gouverne, et tous ses membres ne font jamais de politique au sens moderne. La socit a fonctionn ainsi pendant 1300 ans environ.

    La Rvolution a fait croire (et fait toujours croire) aux gouverns quils sont devenus gouvernants. Cest la pseudopolitique2. Les gouverns nont jamais eu aucun pouvoir, mais on obli